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Système scolaire, genre et stéréotypes sexistes
en éducation
N Nicole Mosconi
Professeure émérite en sciences de l’educationParis Ouest Nanterre La Défense5 février 2014
« Et puisque la femme est la raison première du péché, l’arme du démon, la cause de l’expulsion de l’homme du Paradis et de la destruction de l’ancienne Loi, et puisqu’en conséquence, il faut éviter soigneusement tout commerce avec elle, nous défendons et interdisons expressément que quiconque se permette d’introduire quelque femme que ce soit, fût-ce la plus honnête, dans la dite université ».
(Décret de l’Université de Bologne, 1377 ; cité par Duché, 1972 : 375)
PLAN
Brève histoire du genre dans les recherches en éducation
La perspective de genre dans la socialisation scolaire et dans la transmission des savoirs
Que faire pour éduquer à l’égalité des sexes?
I Brève histoire des recherches sur le genre en éducation
Les années 1960-1970 : les inégalités sociales
Les années 1980: Différences et inégalités
Le genre
Le sexisme
1) Les années 60-70 : variable sexe, variable
« secondaire »
Dans la Préface des Héritiers, en 1964, Bourdieu et Passeron écrivent qu’ils ont négligé la variable sexe « pour saisir le problème fondamental », à savoir les inégalités sociales.
L’INETOP et les recherches sur les différences d’orientation: Cendrine Marro et Françoise Vouillot
L’influence du mouvement féministe : la « variable sexe » cesse d’être considérée comme secondaire.
Les « différences » recouvrent des inégalités
Différent s’oppose à identité: concept ontologique
Inégalité s’oppose à égalité: concept politique
2) Les années 80 : des différences aux inégalités
3. Les années 90: ouverture de la « boîte
noire » de l’école
L’école est-elle en avance sur la famille et l’entreprise, parce que les filles ont de
meilleurs résultats scolaires que les garçons ?
3) Les années 90 : nombreuses publications
1989, Nicole Mosconi, La mixité dans l’enseignement secondaire: un faux-semblant?
1990, Marie-Duru-Bellat : L’école des filles
1991, Baudelot-Establet : Allez les filles
1994, Georges Félouzis : Le collège au quotidien
1994, Gilles Moreau, Filles et garçons au lycée professionnel
1994, Nicole Mosconi, Femmes et savoir. La société, l’école et la division sexuelle des savoirs
1996, Claude Zaidman, La mixité à l’école primaire
Sexe et genre
Hurtig Marie-Claude, Kail Michèle, Rouch Hélène, 1991, Sexe et genre. De la hiérarchie entre les sexes, Paris, CNRS.
De la croyance idéologique selon laquelle les différences psychologiques et sociales entre les sexes découleraient « naturellement » du sexe biologique à l’affirmation : les rapports sociaux déterminent les différences psychologiques et même les idées sur le sexe biologique.
Le genre: un concept pas une théorie
Le genre est le système social qui institue un rapport de pouvoir entre les groupes de sexe et un ordre socio-sexué de domination d’un sexe sur l’autre
Qui se traduit au niveau symbolique par un système de normes de sexe (distinction féminité-masculinité)
construit socialement et culturellement par chaque société et chaque époque historique.
Sexisme
Le sexisme est facteur, comme le racisme, de discrimination, de subordination et de dévalorisation.
Il concerne l’ensemble des institutions (socio-politiques, économiques, juridiques, symboliques) et des comportements individuels et collectifs. Il perpétue et légitime le pouvoir des hommes sur les femmes.
Perspective de genre dans la socialisation sexuée et la transmission des savoirs
II. 1 Genre et stéréotypes sexistes
II. 2 La socialisation par les pairs
II. 3 Relations Enseignant-e élèves F et G
II. 4 La transmission des savoirs et la socialisation sexuée
II. 5 conclusion : le curriculum caché
II. 1Genre et stéréotypes de sexistes
Le stéréotype, c’est un ensemble de croyances rigides voire caricaturales, concernant un groupe social, qui sert à un groupe dominant à catégoriser et dévaloriser un groupe dominé.
Les stéréotypes de sexe : ce sont ces croyances concernant les groupes de sexe masculin et féminin qui contribuent à créer des différences entre les sexes et aussi - et surtout - à les hiérarchiser, conformément à l’ordre social inégal des sexes (Marie-Claude Hurtig et Marie-France Pichevin)
Les effets des stéréotypes de sexe
Les stéréotypes de sexe « orientent et altèrent le regard sur autrui, les jugements, les interprétations, les attentes, les conduites » aussi. Ces effets se produisent sans que le sujet en ait une conscience claire, c’est la « cognition sociale implicite » (Marie-France Pichevin, 1995, in La place des femmes, Éd. La Découverte)
Le stéréotype masculin
Sois un chef
Sois un chêne vigoureux
Si tu me cherches, tu me trouves
On n’est pas des gonzesses
(Robert Brannon)
Raewyn Connell, 1995 (2è éd. 2005), Masculinity, Berkeley, University of California Press
Le stéréotype féminin
Ne cherche pas à concurrencer les garçons
Sois féminine, séduisante
Ne sois pas agressive. Sois empathique
Sois docile et soumets-toi au pouvoir (surtout masculin)
II. 2. Les relations entre pairs à l’école
Groupes mixtes: « saillance du sexe »
La cour de récréation: garçons en mouvement, filles statiques
Dans la classe, l’espace sonore occupé par les garçons
La dominance de certains garçons
II. 3. Les relations enseignant/e-élèves
Des interactions avec les filles et les garçons: inégalité quantitative
Des attentes et des jugements stéréotypés
Le « double standard »
L’effet Pygmalion: baisse du sentiment de la confiance en soi chez les filles à l’adolescence
II. 4 Socialisation sexuée par la transmission des savoirs
1. Les stéréotypes dans les manuels et la littérature de jeunesse
2. Les biais sexistes des savoirs
les biais sexistes dans les programmes :
Les « grands hommes »
Le génie est masculin
Les femmes sont invisibles
Conséquences sur les filles…
et les garçons.
II. 4 Socialisation sexuée par les savoirs
3. Les stéréotypes des disciplines scolaires : la bicatégorisation sexuée des disciplines
4. Le silence sur les inégalités sexuées et les inégalités en général
II.4 Les savoirs que l’école ne diffuse pas
Absence des savoirs critiques sur les inégalités de sexes
« on n’apprend pas des femmes ce qu’il faut penser des femmes » Michèle le Doeuff, Le sexe du savoir
conforter l’ordre sexué ou penser par soi-même
II. 5 Curriculum caché
Curriculum formel: les programmesCurriculum réel: situations réelles d’apprentissageLe curriculum caché ou latent désigne la différence entre les contenus, les finalités, les objectifs prescrits et « ces choses qui s’acquièrent à l’école (savoirs, compétences, représentations, rôles, valeurs) sans jamais figurer dans les programmes officiels ou explicites » sans que personne ne veuille les enseigner.
FORQUIN Jean-Claude, 1985, «L’approche sociologique des contenus et programmes d’enseignement», Perspectives Documentaires en Sciences de l’Éducation, n°5, p.31-70.
III Que faire pour éduquer à l’égalité des
sexes?
III Que faire pour éduquer à l’égalité des
sexes?1. Innovations curriculaires
2. Décrypter les stéréotypes de sexe dans les manuels et la littérature de jeunesse
3. Les interactions en classe
4. L’éducation au respect de l’autre
ConclusionLa mixité est une condition nécessaire mais non suffisante de l’égalité des sexes
Les élèves filles et garçons apprennent à l’école aussi leurs positions sociales inégales
Cet apprentissage se fait aussi par les savoirs transmis
La politique volontariste de l’Éducation Nationale ne réalisera l’égalité si elle n’est pas reprise par les enseignantes et les enseignants.
La question de l’égalité concerne aussi les statuts des personnels.
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