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Un recueil des textes publiés dans "Notre Amitié" par Jean ou Catherine… Notre amitié c'est le Journal trimestriel des anciens des auberges de jeunesse de la Région parisienne
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Textes de Jean et Catherine Bernard(ordre chronologique)
Table des matièresECHOS DE LA FETE DES JARDINS! 3
C’est la fin de l’été déjà !! 4
Des échos de la fête de l’AnaAJ 2004! 5
TRIBUNE LIBRE! 7
Editorial! 9
Connaître l’ajisme ! 10
Les valeurs de l’ajisme! 11
Défense du Plein Air Un seul cri… 50%! 12
TRIBUNE LIBRE! 13
Les valeurs de l’Ajisme! 14
Connaître l’Ajisme! 15
Une longue marche pour la laïcité! 17
Le mot de la Présidente! 20
La maladie DADA (Suite)! 21
Edito! 22
Souvenirs… pour aujourd’hui! 23
Vacances idylliques à Ravensbrück! 26
En 1943, l’Ajisme était vivant…! 27
Est-ce offenser un dieu que d’en discuter la légitimité ?! 28
« Au secours, la maison brûle »! 29
Du sang dans le métro…! 30
Le prix du sang et des larmes! 32
La forêt de Fontainebleau! 34
Identité citoyenne! 35
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 1/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Editorial! 37
Le parler européen! 38
A PROPOS DU DRAPEAU EUROPÉEN ! 39
Instruction civique! 40
Plus belle la vie…! 41
Des Ajistes à la Foire !! 42
Une enfance martyrisée! 43
Editorial! 44
Leur credo! 45
Les bombes ou une colombe! 46
Quel ajisme pour demain ?! 47
Copains disparus! 48
Robert Mérigaud! 48
Roland Beauramier! 48
Balade! 49
Le syndrome de la grenouille! 50
Quel avenir pour les enfants ?! 51
L’insupportable infamie! 52
Un parcours ajiste exemplaire : Dominique Magnant! 53
Ceux qui marchent contre le vent! 54
Edito! 55
9e Rassemblement national 2011! 56
Chanson souvenir du Rassemblement! 57
« Ce petit chemin, qui sent la noisette »! 58
TAUTOGRAMMES! 59
Prière d’un incroyant ! 61
Résistance… au bourrage de crânes.! 63
Une ignominie intolérable! 64
Echos de la Pentecôte 2012 en Anjou! 65
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 2/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
ECHOS DE LA FETE DES JARDINS
Faire à nouveau une fête alors que nos forces s’amenuisent pouvait passer pour une gageure. Le thème des jardins entraînait vers une nouvelle ambition. Eh bien le résultat fut probant. Comme à l’habitude, ces dames ont rivalisé d’imagination pour confectionner robes et corsages avec beaucoup de fraîcheur. Fleurs des champs multicolores (en crépon) ici et là, une récolte de potager à faire pâlir d’envie un cours des halles, des sapins en ligne d’horizon et surtout – le bouquet d’imagination – des arbres de bonne facture (réalisés par Catherine) délimitaient un espace nature qui n’était pas sans mérite.
Un discours bidon de Monsieur le Maire, passablement chahuté, ouvre le spectacle. Puis tout s’enchaîne par un jardin extraordinaire (Trenet/Cuesta). L’ami Brassens est chez nous avec Une jolie fleur (Debève-Sevelle) et les bancs publics (Seytor-Ridard). Suzon s’est livrée à une frénétique chasse aux papillons menée par Griffette. Pouvait-on oublier J.-B. Clément ? Non, bien sûr. Janine Cuesta s’exerça au difficile Temps des cerises, Denise Seytor évoqua le nostalgique Temps du muguet, Paulette Aixala et Janine Cuesta ont chanté les difficiles amours du marin et de la rose avec beaucoup de délicatesse.
André Souche, en paysan beauceron, nous parla des Gourgandines de Gaston Couté. Quant à Bébé Mercier, une fois de plus, il a captivé l’auditoire par ses merveilleux poèmes. Des sketches, des intermèdes, des poésies, des bluettes reprises en chœur ont émaillé le spectacle dans une ambiance sympa.
Le clou de la fête fut bien entendu la spirituelle parodie de Jeannette Skapowski dont nous vous engageons à fredonner les quatrains entraînants.
Le rapporteur de service, Jean Bernard.
2003-1
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 3/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
C’est la fin de l’été déjà ! Ramatuelle est encore présent dans nos mémoires et le restera certes longtemps ; ce fut un grand rassemblement : le lieu, le nombre de parti-cipants, la très bonne organisation que l’on doit aux « Marseillais », la joie de se retrouver, le final teinté d’émotion de la dernière soirée ajiste en chansons et farandole, tout fut pour le mieux. Et maintenant, continuons à espérer, dans trois ou quatre ans, un autre rassemblement à l’image de celui-ci.
Nous avons profité de cette rencontre pour distribuer à chaque participant le n° 100 de « Notre Amitié », numéro spécial avec bien sûr ses qualités, mais aussi ses défauts et oublis que nous tenterons de corriger ou de réparer dans les prochaines publications.
Et voici qu’arrivent la fin de l’été et les retrouvailles d’après vacances en de nombreuses occasions : la journée sur l’eau, un concert à l’Opéra Bastille et une rencontre avec les anciens de la Hacquinière, les randos, les projos et le cinéma. Que d’activités ! Et le programme 2005 est en route… Ouf ! Que d’occasions de nous voir et d’échanger souvenirs et photos.
Mais si ces souvenirs existent, c’est qu’ils résultent de beaucoup d’énergie et d’imagination des copains, trop peu nombreux à notre avis, pour rendre attractives nos activités. Espérons que les forces accumulées pendant les vacances aideront à révéler de nouvelles initiatives très vivement souhaitées.
Catherine. 2003-‐3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 4/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Des échos de la fête de l’AnaAJ 2004
Encore une fois, l’AnaAJ est en fête. Et quelle Fête ! Celle du 40e anniversaire de l’association. 64 participants. On tient la route !
Sur un air de Lakmé, Jeanine C. et Griffette rivalisent de trémolos. On se serait vraiment cru à l’Opéra… comique.
Ce garçon timide qui veut déclarer sa flamme à une belle, c’est Coco S. Mais, hélas, quand il se démasque, l’aimable Dulcinée prend peur : la brève rencontre se termine en pugilat, la plantureuse Liliane F. ferraillant ardemment de son parapluie pour se débarrasser du dégingandé disgracieux. Qu’il est difficile d’aimer !
Quand Paulette A. et Eliane D., en sauvageons de banlieue plus vrais que nature déblatèrent en verlan, ça déménage grave.
Quels étaient ces trois lions rugissants qui firent irruption sur la scène ? Le dompteur, débordé, eut bien du mal à contrôler de tels fauves. Quel cirque !
Sœur Annette en tête à tête courtois avec notre curé Gil, c’est ça l’œcuménisme… L’Eglise bouge ! Qui s’en plaindrait ?
Georges B., notre vaillant ancêtre gaulois, évoque spirituellement sa bonne ville de Lutèce. Fluctuat nec mergitur.
Guy M. et Jeannette M. s’illustrent dans une chanson très drôle, Une place pour Tartempion, sur un air entraînant.
Ces dames aux chapeaux verts n’ont pas tort de se poser des questions, leur papotage suspicieux dévoile une énigme mystérieuse.
L’amour, toujours l’amour ! L’âge ne fait rien à l’affaire, même si l’on est octogénaire. Jeanine C. et Bernard T. ont revêtu leurs plus beaux atours pour convoler en justes noces. Suzon et Marylène, les demoiselles d’honneur, rosissaient d’émotion. Alors, André S., en maire binoclard et bedonnant, déclama un discours malicieux tandis qu’Eliane D., en prêtresse égyptienne énigmatique, prédisait au jeune couple une longue vie pleine de promesses.
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 5/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Les pensionnaires de la Maison Tellier ont encore de beaux restes et bien des souvenirs à évoquer. Nul doute, Maupassant aurait aimé retrouver une aussi charmante compagnie.
La vieillesse est un naufrage. Un jeune coq sémillant sème l’émoi dans un poulailler, au grand dam d’un Chantecler vieillissant. Les poulettes font assaut de civilités pour attirer le nouvel élu en puissance. Changement de grain réjouit l’oiseau, tel est le dicton populaire.
Enfin, Gisèle B., en comptable avisée, jongle avec les chiffres. Pas simple de faire payer une note de restaurant à une tablée disparate lorsque chacun ne veut payer que son écot. Désopilant.
Un anniversaire, ça s’arrose. Et comment ! Jamais de mémoire d’Ajiste on ne vit de gâteau si superbement décoré avec ses quarante bougies. Il fallut bien se résoudre à le dévorer. Le moëlleux nous en reste encore dans la bouche.
Comme d’habitude, tout se termina en musique.
Un grand merci à l’ami Bébé qui fit l’introduction et les enchaînements des sketches avec beaucoup de poésie et d’humour. On l’écoute toujours avec grand plaisir.
Le soir venu, une veillée nous a réunis. Bébé a tenu l’assemblée en haleine avec ses contes et ses poèmes. Marcel A. a dirigé les chœurs avec maestria. Il y a longtemps que nous n’avions pas chanté d’aussi belle façon.
Ne manquons pas de signaler que nos amis Marseillais Rémy et Gisèle Nace, Marcel et Irène Andujar, étaient venus se joindre à nous pour cette fête mémorable ainsi qu’Eugène et Marie-Thé Kuntz.
Oui, ce fut une belle fête.
Le petit reporter rapporteur.
2003-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 6/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
TRIBUNE LIBRELes propos de cette rubrique n’engagent que leur auteur.
En 2004, on a célébré le 60e anniversaire du Débarquement. On a reparlé des pendus de Tulle, du massacre d’Oradour-sur-Glane. On a revu à la télévision de sombres images de guerre, d’une guerre qui fut victorieuse. Libération, oui, mais aussi destructions. La guerre sème la mort et laisse des ruines sur son passage. 22.000 civils tués par le fait des bombardements alliés en 1944 !
Toute commémoration est utile, nécessaire, pour que le tragique de l’Histoire soit connu des générations suivantes, pour que le souvenir soit toujours présent, non pas glorifié, mais pour qu’il serve d’exemple à l’avenir.
Certains diront : « C’était hier ». Voire. Faiblesse de raison-nement, abandon coupable de réflexion. L’oubli vient vite. Si vite que des forces occultes se réveillent sournoisement et mettent en avant des idées pernicieuses qui, petit à petit, font leur chemin. Le racisme, la xénophobie trouvent là un terrain propice à des « déviations » que l’humanisme doit combattre.
Plaie honteuse, le racisme existe encore de nos jours et malheureusement se développe. Racisme, antisémitisme, islamo-phobie, xénophobie, la vérification s’en fait presque quotidien-nement : un cimetière juif alsacien profané, un monument aux morts souillé près de Verdun, une mosquée à Valenciennes, des stèles du carré musulman à Strasbourg barbouillées de slogans raciaux, une bombe factice couverte de croix gammées placée dans un jardin du Val-d’Oise, une fresque mémoriale exécutée par des enfants juifs avant leur déportation irrémédiablement saccagée au burin pour qu’il n’en reste plus trace, dans l’ancien camp d’inter-nement de Rivesaltes, des jeunes filles beurs malmenées dans certaines cités, des contrôles d’identité suspicieux, la discrimination au logement et à l’emploi sur des critères ethniques, la multipli-cation sur Internet de sites néo-nazis, la tenue ici et là de rassemblements de « crânes rasés » d’extrême-droite célébrant un « ordre nouveau » à l’emblème de la croix celtique, la falsification quand ce n’est pas la diffamation ou l’occultation de l’histoire de la Résistance, la négation pour certains des camps d’extermination, une certaine façon de banaliser le fait social pour mieux temporiser le mouvement ouvrier, le rejet de l’« étranger » qui viendrait manger le pain des Français,
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 7/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
la peur de l’« autre » qui dérange parce qu’il est différent, autant de faits irréfutables, parmi bien d’autres, qui nous imposent d’être sans cesse vigilants.
Lorsqu’une synagogue brûle, c’est inadmissible. Quand une mosquée est incendiée, cela l’est tout autant. Quand un enfant est molesté parce qu’il est juif, cela n’a aucune excuse. Quand un jeune, basané ou noir, est défoncé de coups ou suriné, cela n’a aucune justification. Ce qui par ailleurs est vraiment dramatique, c’est la confusion qui règne dans beaucoup d’esprits ; on mélange tout : Israël et Juif, Palestine et Arabe, religion et nationalisme. Intoxication est source d’incompréhension.
Persécutions ethniques. Extrémisme. Terrorisme. Escalade de la violence. Décidément le monde va mal. Le Bien ? Le Mal ? Le Juste ? L’Infidèle ? C’est de l’intolérance que naissent les conflits.
Tout cela nous commande de ne pas baisser les bras, d’être à l’écoute pour dénoncer la moindre déviance, d’être en perpétuelle vigilance et réflexion, d’être lucide et résolu face aux manipulations de l’opinion, d’être présent auprès des jeunes qui peuvent facilement se laisser circonvenir en toute ignorance. Ne les laissons pas connaître un jour « la bête immonde ». Sachons leur insuffler la foi que nous avons eue autrefois dans l’avenir pour qu’ils participent, à leur façon, à la construction d’un monde où ils iront, à leur tour, « au-devant de la vie ».
Rien n’est jamais acquis. L’Histoire nous le prouve tous les jours. Nous, anciens Ajistes, avons encore des combats à mener. Ne nous laissons pas gagner par la résignation. Sachons témoigner quand il le faut. Les valeurs de l’Ajisme doivent perdurer.
Jean Bernard. 2003-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 8/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Editorial
Avez-vous lu le chiffre sur la couverture du présent numéro ?… 99 !
Si je sais compter, le prochain sera le n° 100. Un numéro que nous souhaitons hors norme de façon à marquer notre trace dans la continuité du mouvement ajiste.
2004 est une année particulièrement bien remplie pour notre association : après la Fête de l’AnaAJ où nous avons célébré les quarante années de vie de notre groupe, voici, en mai, le Rassemblement national de Ramatuelle qui va permettre de nous rencontrer, d’échanger nos idées ou points de vues sur l’actualité, sur les élections et leurs conséquences, les projets de loi et aussi et surtout les restrictions dans le social, tous sujets qui nous tiennent à cœur, mais toujours avec « l’esprit ajiste » qui se doit de respecter les idées de tous.
Amitié, un grand et beau nom que nous tâcherons de développer dans nos rencontres futures, en pensant aussi à ceux qui ne peuvent plus y participer : lettres, coups de fil, visites les aideront à supporter leurs activités réduites.
Ne les oublions pas.
Catherine.
2004-1
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 9/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Connaître l’ajisme
Pour tout savoir sur ce que fut l’ajisme, il faut lire le livre de Lucette Heller-Goldenberg Histoire des Auberges de jeunesse en France. On peut encore se procurer cet ouvrage essentiel (en deux volumes) auprès de Daniel Bret (04 79 88 21 32).
L’ajisme a été pluriel. Plusieurs courants philoso-phiques, politiques, techniques l’ont animé, chacun ayant sa conception d’une jeunesse à organiser. Le mouvement a connu beaucoup de dissensions, de déchirements, de querelles de personnes au gré des rapports de forces. Il n’en reste pas moins qu’il a marqué de son empreinte toute une époque et que peut-être il vit encore.
Depuis sa naissance en France, en 1930, les appel-lations du mouvement ajiste ont été multiples. C’est ce que recouvre la multitude de sigles dont il est amusant de dresser la liste :
LFAJ CLAJ Cam’ Route MLAJMTAJ OCCAJ AIAJ UFAJ
CLAJ-PA MUAJ IFAJ UCCAJ UMAJ FFAJ AFJ MIAJ UCAJ FNAJet enfin… FUAJ
Pas toujours facile de s’y reconnaître.
Ajoutons qu’il y a eu un projet de FLAJ et même d’ALUMAJ !
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 10/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Les valeurs de l’ajismeL’ajisme, né en France dans les années 30 sous l’impulsion de Marc Sangnier, a
trouvé son plein essor dans le raz de marée social de 1936.
1936 : Conquête des loisirs, des vacances chèrement acquises, quinze jours de congés payés, de meilleures conditions de vie et de travail… tels sont les acquis dont nous restons redevables au démocrate militant éclairé qu’était Léo Lagrange, initiateur d’un comité de la jeunesse s’écartant des vieilles notions paternalistes (tels le scoutisme) pour aboutir aux bases des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire négligés par les pouvoirs en place. Il fallait jusqu’alors encadrer la jeunesse, la guider, il la libère, l’invite et lui fournit des moyens de s’émanciper. Pour éviter la médiocre facilité offerte par le débit de boissons, il fallait organiser les loisirs, trouver une orientation saine. La jeunesse était avide d’air pur, de liberté, elle voulait briser ses chaînes, développer des valeurs porteuses d’espoir. D’où l’essor des activités de plein air, du sport, des trains de vacances et de neige, le développement élargi d’un réseau d’Auberges de Jeunesse.
Mais, si le camping a ses vertus, l’évasion son charme, la randonnée son plaisir, l’Auberge de Jeunesse ne doit pas être seulement un lieu de passage où l’on couche une nuit, où l’on rigole entre copains, elle doit être un lieu d’échanges, d’ouverture, de rencontres, de discussions, où l’esprit démocratique prévaut ainsi que la tolérance. Si l’ajisme doit être découverte, il est aussi une prise de conscience, il est ouvert sur les réalités de la vie sociale, il milite pour la mixité, l’égalité des sexes, il s’intéresse à l’environnement, il est hostile à toute forme de racisme.
S’il s’est parfois teinté d’antimilitarisme, il est opposé au colonialisme et défend l’internationalisme. Il le prouve en favorisant les rencontres avec de jeunes Allemands déjà sur le chemin de l’embrigadement nazi. Le social le motive quand il constate l’injustice et connaît la précarité, le chômage et le mal de vivre.
L’ajisme lutte à fond pour la laïcité et récuse les querelles religieuses et l’obscurantisme. L’ajisme participe activement à l’élaboration de nouvelles méthodes d’éducation populaire, il agit et milite pour développer une véritable culture émancipatrice et libératrice, il aide à former des consciences capables de se déterminer en toute circonstance et en toute indépendance selon le fruit de l’analyse et de l’expérience personnelles, faisant fi des bourrages de crânes.
Les efforts des foyers ajistes portent sur l’orga-nisation des loisirs par les usagers eux-mêmes et prêtent un intérêt certain au développement culturel en organisant des sorties mais aussi en participant, en animant des activités dans divers domaines, tant dans le cadre du foyer qu’en entreprise ou dans le milieu social : théâtre, musique, ciné-club, expositions en plus des groupes de danse et les chorales...
L’ajisme nous a appris le sens de la collectivité. Un des aspects essentiels de l’ajisme a été de favoriser la gestion des AJ par les usagers eux-mêmes, la participation de chacun étant la pierre angulaire de la vie de chaque foyer militant. S’il y a eu, certes, des échecs, il y a eu malgré tout des réussites probantes qui ont fait honneur aux objectifs fondateurs.
L’ajisme a été vivant, symbole de liberté, de fraternité, d’humanisme.
2004-2---------------------------------------------------------
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 11/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Défense du Plein Air Un seul cri… 50%
Octobre 1948. Le gouvernement de l’époque, à court d’argent (ça, c’est bizarre), décide une série d’augmentations qui tape au portefeuille de la classe ouvrière. La SNCF, notamment, augmente brutalement ses tarifs de 33 % (une paille !) Elle remet en cause un acquis social : le billet Bon Dimanche et le billet collectif (réduction de 50 % pour un groupe de dix voyageurs).
Les pratiquants du plein air (ajistes, campeurs, scouts…) sont contraints de restreindre leurs activités. Le coup est dur. La direction de la SNCF expose des arguments d’ordre commercial. Notre revendication est d’ordre social : la pratique du plein air est une nécessité vitale pour la jeunesse. La SNCF a maintenu la réduction qu’elle accordait avant la guerre aux mutilés et aux familles nombreuses. Elle maintient la réduction de 50 % aux seuls groupes sportifs déclarés (quelle absurdité !) Pourquoi les pratiquants du plein air seraient-ils seuls désavantagés ?
C’est pour lutter contre cette injustice qu’à l’appel du CLAJ, quarante-huit organisations, regroupant la totalité des mouvements de plein air se sont regroupés dans un Comité d’Action pour le Collectif à 50 %.
La bataille pour les 50 % s’amplifie (la province aussi est concernée et solidaire). Pendant plusieurs semaines, les jeunes se retrouvent dans les gares et font entendre bien fort leur volonté d’obtenir satisfaction à cette revendication. Si la SNCF était moins bornée, elle accepterait de discuter car elle pourrait compter sur un apport accru de clientèle. Nous sommes dans la période de « guerre froide ». De guerre chaude en Indochine. La situation sociale est tendue. Les va-t-en guerre exercent une forte pression sur le gouvernement qui prêche l’austérité en tout. La lutte est donc aussi « politique ». Des milliards pour la jeunesse, pas pour la guerre ! C’est un slogan rassembleur. Les jeunes l’ont compris. Le 22 avril 1950, plusieurs milliers de jeunes ont manifesté pacifiquement à la gare Saint-Lazare. Avec férocité (comme à l’habitude) la police a chargé. Il y a 17 arrestations, des amendes, de la prison. De nombreux copains ont eu à soigner des blessures graves (un cogne, ça cogne sans états d’âme). Heureusement, la population, nombreuse à cette heure-là, apporte une aide spontanée aux blessés. Le ministre de la Jeunesse et des Sports refuse l’audience demandée par une délégation (un ministre ne discute jamais en tête-à-tête). Tous les manifestants sont indignés de voir comment ils sont traités. Cela ne fait que renforcer leur détermination pour imposer leurs revendications.
En fin de compte, le gouvernement louvoie, lanterne quelque peu puis, devant l’ampleur de l’action menée qui ne faiblit pas (et qui risque d’avoir des prolongements sociaux importants), accorde une réduction de 30 %.
Certes, nous n’avons pas eu totalement satisfaction, mais nous sommes fiers d’avoir mené cette lutte. Un acquis social est toujours le fruit d’une action. L’ajisme nous a appris cette leçon.
2004-2 -------------------------------------------------
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 12/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
TRIBUNE LIBRELes propos de ce7e rubrique n’engagent que leurs auteurs.
Qu’est-ce qui se cache derrière le voile ?
La ques=on du port du voile est un sujet d’actualité qui, alimenté par les médias, partage l’opinion au risque de devenir source de division. Que faut-‐il en penser ? Depuis peu de temps, on assiste à l’émergence d’un mouvement intégriste qui agit dans l’ombre et en fait son cheval de bataille, ce qui est curieusement nouveau car bien des musulmanes, depuis leur arrivée en France, ne portaient plus le voile. Leur intégra=on dans la société française leur perme7ait de se débarrasser de ce carcan. Le pouvoir de religieux extrémistes essaie d’imposer, par des mo=fs discutables, de nouvelles règles de vie qui ressemblent fort à des brimades pour les femmes. Les vieux démons du patriarcat resurgissent pour faire barrage à l’émancipa=on des femmes. Peut-‐on jus=fier de nos jours le port de la burka ? la lapida=on ? l’excision ? Que la honte soit sur ces nouveaux sorciers, ins=gateurs d’une morale rigoriste d’un autre âge. Une manipula=on habile et soutenue déstabilise notamment la vie scolaire et professionnelle. Des exemples de la nocivité de concepts religieux incompréhensibles sont nombreux. Par exemple, le refus de faire examiner une femme musulmane par un gynécologue homme, de faire pra=quer une ausculta=on ou un accouchement par un docteur masculin. En France, les grenouilles et les crapauds de béni=er de l’associa=on SOS Tout-‐Pe+ts cherchent à regagner du terrain en réac=vant des réseaux an=-‐IVG. Les extrêmes se rejoignent pour me7re à mal nos ins=tu=ons. La vigilance est plus que jamais nécessaire. L’insistance mise par des « barbus » à faire porter le voile à des étudiantes est une contrainte à respecter un « ordre moral » qui a surtout pour raison de maintenir la femme dans un statut de dépendance qui l’assujeYt à l’homme. Celui-‐ci étant toujours le décideur, il est donc le maître absolu de leur devenir.
L’école laïque – base de notre République – aura fort à faire pour endiguer l’assaut. Pourtant, il faut qu’elle fasse respecter la loi. On peut invoquer toutes sortes de mo=va=ons propres à chaque fille ou femme qui se voile un jour (iden=té, mode, respect du Coran, foi absolue…) le fait est que ce symbole apparaît comme celui d’une soumission de la femme à la religion et à la société. Il faut faire preuve de persuasion, de partage, de dialogue, de sou=en éduca=f plutôt que le rejet, pour que ces femmes échappent à la domina=on masculine. Des femmes musulmanes d’ailleurs ne sont pas les dernières à ruer dans les brancards et à s’affirmer par la lu7e. C’est le cas notamment de l’associa=on Ni putes ni soumises. Elles ont bien du courage.
Il est du devoir de chaque citoyen de s’informer, de comprendre, d’être aux côtés des femmes qui veulent échapper à l’emprise d’une religion rétrograde. Il n’est de liberté que si l’on peut briser les chaînes de l’asservissement patriarcal. Le combat des femmes – de toutes les femmes – pour leur émancipa=on doit être soutenu pour que soient détruits les tabous, pour que l’ignorance, l’obscuran=sme n’aient plus force de loi, pour que le droit des femmes à être des citoyennes libres et non dépendantes soit défini=vement reconnu.
Le combat féministe est toujours à mener. Jean et Catherine Bernard.
2004-‐4
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 13/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Les valeurs de l’AjismeL’Ajisme, né en France dans les années 30 sous l’impulsion de Marc Sangnier, a trouvé son plein essor dans le raz de marée social de 1936.
1936 : conquête des loisirs, des vacances chèrement acquises, quinze jours de congés payés, de meilleures conditions de vie et de travail… tels sont les acquis dont nous restons redevables au démocrate militant qu’était Léo Lagrange, initiateur d’un comité de la jeunesse s’écartant des vieilles notions paternalistes (tel le scoutisme) pour aboutir aux bases des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire négligés par les pouvoirs en place. Jusqu’alors, la jeunesse était guidée, encadrée, soumise. L’archevêché, le patronat la préparent à devenir de bons sujets. Léo Lagrange la libère, l’invite à participer, lui fournit les moyens de s’émanciper. Pour éviter la médiocre facilité offerte par le débit de boisson, il fallait créer et organiser des loisirs, trouver une orientation saine. La jeunesse est avide d’air pur, de liberté, elle veut briser ses chaînes, développer des valeurs porteuses d’espoir. D’où l’essor des activités de plein air, du sport, des trains de neige, des trains de vacances, le développement élargi d’un réseau d’Auberges de Jeunesse. Mais, si le camping a ses vertus, l’évasion son charme, la randonnée son plaisir, l’Auberge de Jeunesse ne doit pas être seulement un lieu de passage où l’on couche une nuit et où on rigole entre copains, elle doit être un lieu d’échanges, d’ouverture, un lieu de rencontres, de discussion, où l’esprit démocratique prévaut ainsi que la tolérance. Si l’ajisme doit être découverte, il est aussi une prise de conscience, il est ouvert sur les réalités de la vie sociale. Il milite pour la mixité, pour l’égalité des sexes, il est hostile à toute forme de racisme, il s’intéresse à l’environnement. S’il est parfois teinté d’antimilitarisme, il est opposé au colonialisme et défend l’internationalisme. Il le prouve, en favorisant des rencontres avec de jeunes Allemands déjà sur le chemin de l’embrigadement nazi. Le social le motive quand il constate l’injustice et connaît la précarité, le chômage, le mal de vivre. L’ajisme lutte pour la laïcité et récuse les querelles religieuses et l’obscurantisme. L’ajisme participe activement à l’élaboration de nouvelles méthodes d’éducation populaire, il agit et milite pour développer une véritable culture émancipatrice et libératrice, il aide à former des consciences capables de se déterminer en toute circonstance et en toute indépendance selon le fruit de l’analyse et de l’expérience personnelles, faisant fi des bourrages de crâne. Les efforts des foyers ajistes portent sur l’organisation des loisirs par les usagers eux-mêmes et prêtent un intérêt certain au développement culturel en organisant des sorties mais aussi en participant, en animant des activités dans divers domaines, tant dans le cadre du foyer qu’en entreprise ou dans le milieu social : théâtre, concert, ciné-club, expositions en plus des groupes de danse et des chorales. L’ajisme nous a appris le sens de la collectivité. Un des aspects essentiels de l’ajisme a été de favoriser la gestion des AJ par les usagers eux-mêmes, la participation de chacun étant la pierre angulaire de la vie de chaque foyer militant. S’i y eut, certes, des échecs, il y a eu malgré tout des réussites probantes qui ont fait honneur aux objectifs fondateurs.
L’ajisme a été vivant, symbole de liberté, de fraternité, d’humanisme. J. Bernard.
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 14/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Connaître l’Ajisme Pour tout savoir sur ce que fut l’ajisme, il faut lire le livre de Lucette Heller-Godenberg Histoire des Auberges de jeunesse en France. On peut encore se procurer cet ouvrage essentiel (en deux volumes) auprès de Daniel Bret (04 79 88 21 32). L’ajisme a été pluriel. Cette pluralité a été en fait un des facteurs de son évolution, de son adaptation. De nombreux courants de pensée, philosophiques, politiques, techniques l’ont approché, chacun ayant sa conception d’une jeunesse à organiser. Le mouvement a connu beaucoup de dissensions, de déchirements, de querelles de personnes au gré des rapports de forces. Il n’en reste pas moins qu’il a marqué de son empreinte toute une époque et que peut-être il vit encore. Depuis la naissance, en France, en 1930, du mouvement ajiste les appellations ont été nombreuses. C’est ce que recouvre la multitude de sigles dont nous tentons ci-dessous de dresser la liste :
LFAJ CLAJ MLAJ MTAJ MUAJ
OCCAJ Cam’ Route AIAJ OCCAJ
CLAJPA MIAJ UCCAJ UMAJ IFAJ FFAJ UCAJ FNAJ
et enfin… FUAJ.
Pour tenter de nous y retrouver… la page suivante nous donne la traduction de ces sigles qui, à l’époque, avaient leur signification très particulière.
AFJ Auberges Françaises de la JeunesseAJMN Auberges de Jeunesse du Monde NouveauCAM’ROUTE Les Camarades de la RouteCLAJ Centre Laïque des Auberges de Jeunesse
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CLAJPA Centre Laïque des Auberges de Jeunesse et de Plein AirFFAJ Fédération Française des Auberges de JeunesseFFAJ Fondation Française des Auberges de JeunesseFIAJ Fédération Internationale des Auberges de JeunesseFUAJ Fédération Unie des Auberges de JeunesseLFAJ Ligue Française des Auberges de JeunesseLFAJ GE Ligue Française des Auberges de Jeunesse Gîtes d’EtapeMIAJ Mouvement Indépendant des Auberges de JeunesseMUAJ Mouvement Uni des Auberges de JeunesseMTAJ Mouvement Trotskiste des Auberges de JeunesseOCCAJ Organisation Centrale des Camps et Auberges de JeunesseUCAG Union des Clubs Ajistes de GuyenneUCCLAJ Union des Clubs du Centre Laïque des Auberges de JeunesseUFAJ Union Française des Auberges de Jeunesse
Notons encore :ACF Ajistes et Campeurs de FranceCIAO Comité d’Initiative pour un Ajisme OuvrierUn groupe de la région parisienne a très sérieusement créé l’ALUMAJ Association Laïque d’Usagers et Militants des Auberges de JeunesseADAJ Association Départementale des Auberges de JeunesseARAJ Association Régionale des Auberges de JeunesseDes associations d’Anciens et amis des Auberges de Jeunesse existent dans plusieurs régions : Paris - Ile-de-France, Poitou, Rhône-Alpes, Marseille-Provence, Sud-Ouest, Nord-Picardie, Loire-Atlantique…
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Une longue marche pour la laïcité
Une loi votée en 1905 dite « de séparation des Eglises et de l’Etat » oblige à un rappel à l’Histoire.
! Cette loi s’inscrit dans le courant de la pensée humaine. Déjà, dans l’Antiquité, les philosophes grecs Aristote et Socrate prônaient l’affirmation de l’autonomie de l’individu. Le musulman Avicenne et l’Andalou Ibn Ruchd ont développé cette pensée aux Xe et XIIe siècles. Pendant plusieurs siècles la société française a obéi à des hiérarchies et des règles définies par la religion. Le roi est de droit divin, l’Eglise est la puissance spirituelle sans partage. C’est le temps de l’Inquisition (1250-1770). Toute pensée qui s’écarte de la règle établie est considérée comme hérétique. Tout opposant doit se soumettre, renier sa foi ou connaître la torture et le supplice du bûcher comme Michel Servet (1553), le chevalier de La Barre (1766) ou encore l’astronome et physicien Galilée qui, condamné à l’abjuration en 1616 par le Conseil du Saint-Office, déclara : « Et pourtant, elle tourne » et écrivit : « de toutes les haines il n’en est pas de plus grandes que celle de l’ignorance contre le savoir ».
! « Hors de l’Eglise, point de salut » était le credo clérical. La Réforme naît au XVIe siècle d’une nouvelle interprétation des Evangiles et de la critique des pratiques de l’Eglise romaine. Cette opposition théologique fut violemment réprimée par un bain de sang. La Saint-Barthélemy (1572) fut l’apogée de cette volonté d’anéantir le protestantisme. « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Drôle de morale. Les exactions commises par les dragonnades (1680) ne parvinrent pas à endiguer les idées nouvelles.
! L’Edit de Nantes (1598) fut la première idée de tolérance en France. Le combat fut long et difficile. Le négociant toulousain Calas fut injustement supplicié en 1762 et Voltaire n’obtint sa réhabilitation que trois ans plus tard.
! Depuis toujours, l’Eglise catholique d’alors est dominante et revendique toute autorité spirituelle. Elle exerce un pouvoir civil et religieux sur la société. Elle est oppressive. Elle a soutenu l’Ancien Régime, elle s’est opposée à la Révolution de 1789, elle a été un adversaire résolu contre la République de 1848, elle était aux côtés de Thiers et des Versaillais et elle vilipenda la
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Commune. Plus tard, en 1940, elle soutiendra Pétain lorsqu’il dissoudra les organisations laïques et rouvrira l’instruction publique aux congrégations.
! Les encyclopédistes et la philosophie des Lumières (1700) préparent 1789. La Déclaration des Droits de l’Homme met fin à l’alliance du trône et de l’autel. Le pouvoir civil devient l’émanation du peuple qui secoue le joug ancestral. Science et connaissance brisent quelques barrières. Danton affirme : « Après le pain, l’instruction est le premier besoin du peuple ». La liberté de conscience est reconnue, les actes de la vie civile sont soustraits à l’emprise religieuse.
! La IIIe République (1870) assure la primauté de l’enseignement public, la formation des maîtres, la neutralité confessionnelle de l’enseignement. L’instruction devient obligatoire, l’école est déclarée laïque et gratuite. On enlève les croix dans les écoles et les établissements publics. Ce bouleversement culturel et social est impulsé par Jules Ferry, Jean Macé, Ferdinand Buisson, Jules Guesde, et Jules Grévy.
! L’Eglise reste franchement antirépublicaine, elle accepte mal de se voir déposséder du pouvoir qu’elle détenait de toujours. Dans l’affaire Dreyfus elle est à fond du côté de l’état-major et des antisémites groupés autour de la Ligue pour la Patrie française et de l’Action française tandis que les Républicains prennent la défense du capitaine juif, innocenté en 1899 après le magnifique « J’accuse » d’Emile Zola. Les passions politiques et religieuses divisèrent la France en deux camps irréductibles.
! L’Eglise refuse la laïcisation progressive. Les protestants et les juifs furent d’ardents défenseurs de la laïcité qui les protégeait contre la domination et la persécution. En 1905, le gouvernement du Bloc des gauches exigea l’inventaire des biens de l’Eglise et fit voter la loi « de séparation des Eglises et de l’Etat ». Les républicains veulent réduire l’influence exorbitante des congrégations et des ordres religieux. Le clergé et les évêques provoquent des incidents violents. Finalement, c’est sur le terrain idéologique et social que les évolutions eurent lieu. La notion de laïcité est affirmée dans notre Constitution
! La question scolaire continue néanmoins de diviser républicains et catholiques. Une loi Falloux autorise à subventionner les établissements d’enseignement privé à hauteur de 10 %. Voyant qu’il y a là du grain à
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moudre, l’Eglise va habilement soutirer des subventions de plus en plus exigeantes de l’Etat pour son enseignement privé. En 1954, Michel Debré autorise des contrats avec l’enseignement privé (belle aubaine pour les cathos qui en représentent 96 %). En 1984, le gouvernement de gauche mitterrandien recule devant l’ampleur des manifestations en faveur de « l’école libre » (manipulation politique sous-jacente qui rassemble toute la droite intégriste). En 1994, le gouvernement Chirac élargit encore la brèche. Aujourd’hui, la loi Fillon s’attire les foudres des élèves, des enseignants, des chercheurs, de l’université tant sa réforme est contestée.
! L’école est mise à mal. Incapacité ou calcul politique ? A vous de juger. C’est dire combien la lutte pour la laïcité est une chose difficile, toujours remise en question. La défense de l’école laïque et républicaine ne souffre aucun répit. Les crédits de l’Etat doivent d’abord aller à l’enseignement public, une véritable volonté de gérer le système éducatif pour le bien de tous doit prévaloir. Supprimer des classes, fermer des écoles ce n’est pas favoriser l’enseignement de base, ne pas créer de centres d’apprentissage, restreindre la recherche c’est obérer l’avenir et appauvrir le pays.
! Si une partie très marginale de l’Eglise, proche du peuple, s’est coulée dans le courant social – Résistance, prêtres-ouvriers, actions humanitaires, Emmaüs, droit au logement, aide au tiers-monde… - il n’en reste pas moins que la hiérarchie catholique dans son ensemble – pape en tête – est en décalage constant avec une réalité sociale cruciale. Cela est dû sans doute à son attachement viscéral à des dogmes dont l’infaillibilité supposée rend perplexe l’esprit d’un penseur libre.
! Dialogue et concertation plutôt qu’invectives et querelles stériles. La laïcité est avant tout un principe de vie dans le respect de l’autre. Aussi peut-on être anticlérical et pas antireligieux. Etre laïque c’est sauvegarder l’acquis social que représente l’enseignement pour tous en toute égalité. La laïcité n’est pas une religion de plus. Elle est un pilier fondamental d’une société de droits et de devoirs dont les valeurs sont : Liberté, Justice, Solidarité.
Jean Bernard.
2005-1
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Le mot de la Présidente
Encore une année de passée qui fut riche pour notre Anaaj. Mouvementée aussi sur la scène européenne, avec des oui et des non qui ont partagé les Français et fait couler beaucoup d’encre. Chacun défendant son point de vue, en bons anaajistes nous avons librement partagé nos différences d’opinion.
Dans la région parisienne, des jeunes banlieusards vivent mal leur avenir incertain, le chômage, la difficulté de leur intégration, un certain mal de vivre leur jeunesse. L’explosion de leur colère mériterait d’être mieux canalisée. Brûler des voitures, caillasser des pompiers, cela fera-t-il comprendre leurs difficultés ? Certes, il faudrait qu’ils soient entendus mais aussi que leur action aille dans le sens d’une revendication sociale affirmée et maîtrisée.
Une répression mal dirigée ne peut qu’inciter des provocateurs de tout poil à se présenter comme leaders et à dévoyer le malaise des banlieues. Oui, il faut à ces jeunes du travail, des écoles, des stades, des maisons de jeunes, des animateurs et surtout une écoute plus attentive. Cette jeune génération se doit d’aller elle aussi « au-devant de la vie » pour conquérir à son tour « des lendemains qui chantent ».
L’optimisme nous anime. Que cette nouvelle année qui s’en vient vous soit douce et légère, avec beaucoup d’occasions de nous rencontrer pour échanger nos idées et, bien sûr, le plaisir de partager l’amitié.
Alors, joyeux Noël et Bonne Année à tous. Catherine.
2005-‐4
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La maladie DADA (Suite) La maladie DADA (voir Notre Amitié n° 106), si elle cause de sérieux désagréments quotidiens à ceux qui en sont atteints, ne doit pas être considérée comme une maladie inexorable. Ça se soigne très bien, croyez-moi, à partir de quelques remèdes pratiques, à savoir :
l Ne jamais laver sa voiture, attendre qu’il pleuve (c’est gratuit et c’est écologique).l Prendre une corbeille à papier beaucoup plus grande (au besoin, rentrer la poubelle directement dans la maison, on gagne ainsi du temps).l Garder les lunettes sur son nez toute la journée et toute la nuit (vous les aurez ainsi sous la main).l Ne pas régler ses factures dans l’immédiat (attendre trois ou quatre relances, voir même le dernier papier bleu valant injonction de régler).l Ne jamais boire de Coca-Cola (privilégier les nombreux crus français).l Fleurissez-vous de préférence avec des fleurs en plastique (il en existe de fort belles, vous éviterez ainsi l’arrosage donc vous réalisez des économies d’eau). l Pour ne pas égarer votre télécommande, laissez allumée la télé 24/24 ou ne l’allumez jamais (rien ne vaut un bon livre !).
Si vous utilisez ces quelques mesures d’une simplicité confondante, vous verrez que vous retrouverez facilement votre calme, votre sérénité, vous ferez moins d’efforts, vous gagnerez du temps, vous serez plus détendus, vous aurez l’esprit plus libre, vous serez plus disponibles pour les activités ludiques qui vous tentent. Vous serez plus zen et votre entourage n’en reviendra pas. Une vie en rose s’offre à vous alors, n’hésitez pas !
Signé : le Docteur Machin-Chose, Psychologue confirmé, es sciences insolites.
2006-1----------------------------------------------
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Edito
Non, nous ne sommes pas une agence de voyages, nous n’avons pas de GO rétribués. Non, nous ne sommes pas un club de retraités mais des anciens, oui, des 3e et 4e âge, des vieux, quoi, des papys et des mamies, oui, mais des anciens des Auberges de Jeunesse. Nous avons fréquenté ces auberges et adopté leurs principes : l’amitié, la fraternité, la tolérance, le respect de l’autre quelles que soient ses opinions. Puis, normal, nous avons vieilli. Avons-nous perdu toutes ces bonnes dispositions ? Non, elles sont seulement un peu atténuées. L’âge, n’est-ce pas ?...
Oui, nous faisons des voyages, des rencontres, des sorties, oui, nous avons des organisateurs (faut-il rappeler qu’ils sont bénévoles ?) qui sont comme nous tous, apprécient de vous faire partager ces activités, aussi ne les ennuyons pas avec des problèmes qui n’en sont pas. Facilitons leur travail d’organisation, acceptons de bon gré les décisions qu’ils ont prises dans l’intérêt de tous.
Un petit effort et nos sorties seront un vrai paradis.
Catherine.
2006-‐2
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Souvenirs… pour aujourd’hui
C’était il y a soixante-‐dix ans : juin 1936.
Juin 36 est tout un symbole dans l’histoire de la classe ouvrière. Hormis la Commune, jamais un mouvement social n’a porté si haut les aspira=ons du monde du travail. Ce fut un coup de tonnerre qui ébranla la société française. Depuis le début des années 30, le chômage sévissait, de plus en plus de gens ne pouvaient survivre que grâce à la soupe populaire, aucune aide ne venait de l’Etat, les condi=ons de vie et de travail étaient par=culièrement pénibles, les salaires au plus bas. La Bourse, par contre, accumulait des profits substan=els qui engraissaient ces messieurs des « 200 Familles ». Un patronat intransigeant et arrogant, représenté par le très puissant Comité des Forges, imposait une loi de domina=on sur la vie économique.
Un grand besoin de dignité.
La pression monte. Au printemps de 1936, des élec=ons législa=ves propulsent en avant le premier gouvernement de gauche de la IIIe République, le gouvernement de Front Populaire. L’Histoire va changer son cours. Sous les regards effrayés d’une bourgeoisie corrompue par des scandales financiers et gangrenée par la montée de ligues d’extrême-‐droite, le monde du travail relève la tête, exige d’être reconnu comme principale source de la créa=on des richesses et réclame sa part du gâteau.
Au-‐delà d’une revendica=on de salaire va se développer une prise en main de l’appareil économique. Des grèves sur le tas dans les usines vont montrer la volonté de tenir, dans un grand esprit de responsabilité, en gardant matériel et machines en bon état de fonc=onnement. Le souvenir de ces occupa=ons d’usines reste dans l’esprit de ceux qui y par=cipèrent comme un grand moment de fête, de solidarité, de confiance en soi, de dignité affirmée aussi.
La naissance de la civilisation des loisirs.
Devant l’ampleur du mouvement de grève qui gagne tout le pays, le patronat, qui redoute une explosion révolu=onnaire, se résout à négocier avec les syndicats ouvriers unis. Des augmenta=ons de salaires confortables – 10, 15, parfois 20 % – cons=tuent pour beaucoup une manne bienfaisante. Des acquis sociaux découleront
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de ces accords qui seront des droits nouveaux, inscrits dans les textes, pour les travailleurs : reconnaissance des délégués du personnel, créa=on des premières conven=ons collec=ves ; dorénavant ils régiront le droit du travail et – cerise sur le gâteau – l’obten=on de deux semaines de congés payés ! C’est surtout ça le symbole de 1936 : les congés payés. On allait enfin profiter du temps bien à soi pour s’éclater, pour savourer un peu de liberté jusque-‐là aliénée. Ce sera la ruée sur les routes de la découverte du pays tous azimuts vers la mer, la campagne, la montagne. Une ivresse de vivre qui libère les corps et les esprits et dont on profite à plein temps.
Cet accès inespéré aux loisirs va marquer les esprits et donner une force supplémentaire aux convic=ons sociales. Profiter des loisirs, certes, mais aussi les créer. Ce sera le point de départ de l’organisa=on du sport, de l’éduca=on physique pour tous, de l’éduca=on culturelle populaire. Léo Lagrange, nommé sous-‐secrétaire d’Etat aux sports, apporte alors toute son aide, sa convic=on, sa compétence et son efficacité à la créa=on de stades, de centres de loisirs, de maisons pour les jeunes, de bibliothèques, de lieux pour le théâtre, la musique… Il va mul=plier les contacts entre hôteliers, professionnels, SNCF, compagnies mari=mes et d’avia=on afin que s’établisse un tourisme social à la portée des bourses modestes.
Le rôle et l’essor des Auberges de Jeunesse
Pour répondre au besoin de vitalité des jeunes, le modeste réseau des Auberges de Jeunesse qui existait alors va connaître un développement fantas=que grâce à l’impulsion de Léo Lagrange. La LFAJ et le CLAJ s’appliqueront à le structurer pour faire face à la demande. Dans un élan d’enthousiasme inhabituel, des jeunes de tous milieux se rassemblent en foyers ajistes, décident de se prendre en charge et élaborent en commun une concep=on nouvelle d’organisa=on des loisirs : randonnée, ski, vélo, montagne, escalade, canoë, voile, spéléo, avia=on légère, vol à voile…
Aucune entrave à leur désir de découvrir le monde à leur manière. Unissant leurs forces, ils rénovent de vieilles bâ=sses, construisent même parfois en dur des locaux qui seront mis à la disposi=on de tous les jeunes venus de tous pays car l’ajisme se veut interna=onal. Ils en assument eux-‐mêmes la ges=on. De ces ac=vités partagées en commun se formera un « esprit ajiste » basé sur la tolérance, l’ami=é, la fraternité. La mixité, impensable avant 1936, sera le prélude à l’émancipa=on des filles, le point de départ des idées féministes qui seront défendues plus tard.
Le mouvement ajiste, qui s’est développé ensuite, doit beaucoup à ce7e époque favorable où chacun pouvait rêver de changer le monde en apportant sa modeste contribu=on. L’accueil fraternel ressen= en entrant dans une AJ, la chaleur communica=ve du groupe chantant à la veillée, laissaient une marque profonde de
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fraternité. On était fier d’être ajiste, de faire par=e d’un monde qui allait au-‐devant de la vie. S’en souvenir n’est pas nostalgie puérile mais reconnaissance d’une éthique qui a tenu sa place de façon originale dans la vie sociale de notre pays. Hélas ! l’embellie du Front Populaire sera de courte durée. Le gouvernement Blum s’essouffle, l’Europe s’enflamme, nos voisins bo7és et casqués lancent des défis, l’Espagne républicaine livre un combat qui ne =ent pas ses promesses. En France, la droite reprend peu à peu les rênes. Elle combat le spectre rouge en s’acoquinant idéologiquement avec le mouvement na=onal-‐socialiste nazi : « Plutôt Hitler que le Front Populaire ! » entend-‐on tandis qu’une 5e colonne mine les rouages de l’Etat. La guerre vient annihiler une belle espérance. Le combat est à refaire.
Echec ? Non, renaissance
Soixante-‐dix ans ont passé. Depuis, le monde a changé, il a connu bien des vicissitudes, des échecs même. De nouveau des condi=ons de vie difficiles pour beaucoup de gens. Le chômage sévit, n’épargnant personne, le travail est précarisé, lycéens et étudiants sont soucieux de leur avenir incertain. Par contre, la Bourse con=nue d’enrichir des ac=onnaires plus a7achés à leur fric qu’à l’humain. L’ouvrier, l’employé, sont devenus pour eux un produit marchand que l’on presse sans vergogne et que l’on reje7e ensuite sans ménagement. Les écarts se creusent entre les riches et les pauvres, les acquis sociaux sont ba7us en brèche et le gouvernement, assujeY aux ordres du Medef, fait la sourde oreille à la colère qui monte. Il est des similitudes qui rappellent aux jours anciens. Vivrons-‐nous des jours meilleurs ? Nous voulons plus de jus=ce sociale.
L’Histoire ne se récrit pas. Un juin 36 sera-‐t-‐il possible un jour prochain ? A chacun de l’espérer et de le préparer. Notre vie ne doit pas se résigner. Il y va de notre avenir. La jeunesse y aura sa place, toute sa place, à sa manière. Si le loup veut nous mordre, nous lui casserons les dents.
Car on entend déjà la révolte qui gronde…
Jean Bernard.
2006-2
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Vacances idylliques à Ravensbrück
Les auberges de jeunesse du land de Berlin-‐Brandebourg font la promo=on du dernier établissement qu’elles ont ouvert dans un dépliant vantant l’a7rait du site et son poten=el touris=que. Le problème, c’est que ce7e auberge se trouve juste à l’entrée du camp de concentra=on de Ravensbrück et occupe une par=e des bâ=ments jadis habités par les SS. Certes, celui-‐ci indique le voisinage du Mémorial qui confère à l’auberge un caractère par=culier, les possibilités de visite du camp et de séminaires consacrés au nazisme et au sort des déportés. Mais l’essen=el du texte et des photographies insiste, outre sur les excellentes condi=ons d’accueil des bâ=ments historiques, sur le charme idyllique de la région de Fürstenberg avec ses nombreux lacs propices à la pra=que des sports aqua=ques, ses beaux paysages et ses cités historiques à découvrir lors d’excursions à pied ou en vélo. D’anciennes déportées à Ravensbrück avaient déjà émis des réserves quant à l’ouverture de ce7e auberge et d’un centre interna=onal de rencontres pour la jeunesse sur le territoire du camp. Ils existent aujourd’hui et, peut-‐être, espérons-‐nous, les jeunes qui y séjourneront auront-‐ils à cœur de visiter le mémorial et de prendre toute la mesure de ce que fut le nazisme. La manière dont est présentée ce7e auberge dans le dépliant suscite néanmoins un malaise tant elle banalise ce lieu de mémoire. Les paysages enchanteurs qui l’entourent ne sauraient faire oublier les crimes commis. Transmis par Jean Bernard.
Source : Le Patriote résistant, journal de la fédération des déportés.
Buchenwald, connais pas !
Savez-vous qu’en Allemagne les cartes routières n’indiquent pas le nom de Buchenwald. Seul le mot Gedenkstatt est mentionné, qui veut dire Mémorial. Peut-on à ce point ignorer ce lieu qui fit partie de l’univers concentrationnaire nazi ? Il est honteux de faire l’impasse sur ce nom tragique. Dénoncer une telle « anomalie » - sûrement pas innocente – c’est faire un rappel au devoir de mémoire et se souvenir que des copains ajistes ont laissé leur vie dans ce camp sinistre.
J.B. 2006-3
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En 1943, l’Ajisme était vivant…
1943. Rue Réaumur. C’était l’entrepôt inhabitable d’un chapelier en faillite, avec une concierge qui n’avait d’aises que pour son mironton. Heureux temps où l’on se nourrissait de mironton et où l’on vous empêchait de travailler du chapeau.
Là-dedans, un beau jour, arrivèrent des ajistes venant de clubs de la région parisienne. Avec des chansons, des truelles, des pots de colle, des gros souliers à clous – ô concierge ! – ils transformèrent la maison à l’aide d’une fée kidnappée à Bleau.
Ils aménagèrent alors une grande salle de réunion avec les tableaux muraux de tous les clubs, réalisèrent une cuisine, des bureaux, un réfectoire, une bibliothèque, un amour de scène dans un coin. Dans les plis du rideau s’élaboraient des déclamations enflammées. L’ajisme d’alors se cherchait mais jetait le feu de ses quatre fers.
Il y eut des scènes bruyantes, des chutes dans l’escalier, de grandes flammes de joie montaient de la cour pisseuse les soirées du dimanche, au retour de partout. Les réunions étaient journalières, les cercles d’étude dressaient les assises de l’ajisme.
Dans le coin le plus sombre, l’équipe des copains conduite par Jean Wertheimer préparait les spectacles resplendissants d’un art dramatique nouveau.
De là sortaient les nouvelles auberges de groupes, les rassemblements avec ces trains spéciaux. Les spectacles ajistes essaimaient ici et là un peu partout même pour des soirées réservées en des théâtres subventionnés.
Cette maison-là, telle quelle, était le foyer du Centre d’information et de coordination des ajistes de la région parisienne.
Depuis, bien sûr, on a fait des maisons de jeunes…
Transmis par Jean Bernard.
Source : Bulle=n des Cam’ Route, janvier 1943.
2006-3
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Est-ce offenser un dieu que d’en discuter la légitimité ?
Quelle vanité que de prétendre posséder LA vérité et de l’imposer aux autres. L’intégrisme est la pire des idéologies. Il doit être combattu. Il n’y a pas de tolérance à avoir pour l’intolérance. Quand le sang coule au nom de dieu, c’est intolérable. Car « il n’est pas de sauveur suprême ». Le rire est le propre de l’homme, a dit Rabelais. Dans la période médiévale, les bouffons du Xe siècle moquaient le roi. Plus tard, Daumier, par ses dessins grotesques, amplifiait les travers de la bourgeoisie du XVIIIe siècle. Dans L’assiette au beurre du début du XIXe siècle des caricaturistes réputés malmenaient par des dessins vengeurs l’armée sanguinaire, l’Eglise opulente, les rois au pouvoir absolu, les richards parvenus et les hommes politiques dévoyés. Oui, au pays de Molière, de Voltaire et d’Hugo, on a le droit de critiquer la religion par la confrontation des idées. Ce ne sont pas les dessins parfois dérangeants ni les mots qui tuent, mais les bombes et les assassinats d’incroyants. Ceux qui font usage de cette violence pour imposer une loi divine devant laquelle chacun devrait s’incliner sont bien mal placés pour donner au monde des leçons de morale. Ils tuent la liberté. La critique d’une idéologie ou d’un état sociétal n’implique pas pour autant une déclaration de guerre ouverte. La confrontation des idées dans le respect mutuel devrait être la règle. Une critique n’est pas un désaveu, elle permet à chacun de se faire une libre opinion et de déterminer son choix en conséquence. C’est le principe même de la laïcité. En France, nous sommes attachés à ce concept. Y déroger serait fatal à la démocratie. Notre credo, c’est les valeurs républicaines. Oui, nous devons être attentifs à la montée de l’intolérance. Menaces de mort à l’encontre d’écrivains (Salman Rushdie, en Iran), bannissement d’intellectuels (Soljenitsyne en URSS), d’artistes (Rostropovitch), assassinats d’opposants politiques ou de journalistes ici et là, femmes lapidées au Moyen-Orient pour avoir enfreint la loi des hommes, martyrisées en Afrique pour s’être élevées contre l’excision, coups de force de militants anti-IVG contre des cliniques américaines (et même en France), crimes d’honneur en Turquie pour refus de mariage libre, exécutions sommaires en Chine, femmes vitriolées pour avoir refusé des avances, cri de colère de femmes maghrébines dans certaines cités pour revendiquer une saine émancipation : depuis Giordano Bruno, la liste est longue des atteintes à la liberté d’être et de s’exprimer. L’insoumission est l’honneur de ceux qui luttent. Oui, quand au nom de Dieu on voile, on viole, on tue, on emprisonne, la conscience doit s’insurger face au fanatisme.Oui, quand au nom de Dieu on dicte un mode de vie astreignant, on doit se rebeller. A chacun sa vie privée. Oui, quand des diktats religieux, sous couvert de pureté morale, imposent des préceptes régressifs, c’est de l’obscurantisme. La liberté de penser ne peut être muselée. Oui, c’est pour cela que nous, Anaajistes, serons toujours du côté des défenseurs de la liberté d’expression.
Jean Bernard. 2007-1
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 28/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
« Au secours, la maison brûle »
L’écologie, tout le monde en parle. C’est le sujet bateau. Pour les journaux, les magazines, les médias, la télé, c’est l’antienne à la mode. Pierre, Paul, untel et untel se croient obligés de donner un avis sur la question. Même les politiques – mais oui, mais oui – ont saisi la balle au bond et, toutes couleurs confondues, inscrit la chose à leur programme (période électorale oblige !). C’est un excellent sujet de dissertation, on peut en parler à tort et à travers, cela n’engage à rien, on peut en blablater à longueur de pages ou de fenestron. Sujet en or, surtout depuis que, récemment, Nicolas Hulot a mis les pieds dans le plat, secouant vaillamment le cocotier pour bousculer l’inertie des décideurs en alertant l’opinion avec son « plan écologique ». Déjà, il y a plusieurs décennies, des hommes de renom, pleins de raison (le sociologue René Dumont, le volcanologue Haroun Tazieff, le commandant Cousteau, le scientifique Théodore Monod, le philosophe Edgar Morin, le photographe Arthus-Bertrand, d’autres aussi) avaient fait savoir par leurs écrits et leurs actions combien la Terre était en danger et que, pour préserver l’avenir, il fallait avoir conscience de l’urgence des remèdes à y apporter. Hélas, ils n’ont été que peu entendus, quand ils ne passaient pas pour de doux rêveurs dérangeants. Pourtant, la réalité est là. Durant des siècles, l’homme s’est érigé en maître absolu de la nature. Au fil du temps, les besoins accrus de la société ont abouti à un développement technico-économico-scientifique dont on n’a pas su maîtriser l’usage. Une industrialisation à outrance épuise peu à peu les richesses naturelles ; le non-contrôle sérieux des nuisances accélère encore les défaillances gestionnaires. On a beau faire des déclarations oratoires (Stockholm, 1972), des séminaires brésiliens (M. Chirac dixit : « Au secours, la maison brûle… »), réunir des sommités politiques ici ou là en Amérique ou au Japon, il ne semble pas que la prise de conscience soit partagée et que les décisions à prendre soient efficaces. La Chine argue de la nécessité pour elle de se développer industriellement, les Etats-Unis s’assoient sur les accords de Kyoto ; l’ex-URSS a littéralement détruit la mer d’Aral et la région de Bakou se meurt sous les pluies acides ; la forêt amazonienne est décimée par une déforestation intensive ; en Afrique le désert avance inexorablement ; aux pôles, la banquise recule et pourrait un jour disparaître. Les pays du Tiers Monde sont systématiquement pillés de leurs richesses naturelles par des groupes surpuissants qui de plus régissent les marchés mondiaux. Périodiquement, nombre de tankers pétroliers s’échouent sur les côtes océanes, causant une pollution maritime gravement domma-geable. Mais, de cela, Total et autres compagnies pétrolières n’en ont cure. Le constat général de l’état de la Terre est affligeant, alarmant. De plus en plus de scientifiques se mobilisent pour dire leur angoisse du devenir du monde. Le monde va mal. Ecoutons-les. Quant à nous, pauvres Anaajistes sans parole et sans pouvoir, que pouvons-nous faire ? Peu de choses à vrai dire, sinon être chacun à sa façon respectueux de son propre environnement, participer au tri sélectif des déchets, éviter le gaspillage coûteux de l’eau et de l’électricité, privilégier un mode de vie responsable en ne sacrifiant pas aux exigences d’une société de consom-mation mercantile avide de profits. C’est peu mais pas inutile. L’écologie est sociale, économique, culturelle. Elle se doit d’être défendue. Nous ne devons pas en ignorer l’importance. C’est un devoir moral, civique, citoyen. S’informer, réfléchir, s’indigner et agir autant que faire se peut. Nous sommes responsables de l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Leur laissera-t-on un monde invivable ? Aidons, modestement, à sauver la Terre. Ce faisant, nous poursuivons notre rôle d’Ajistes, défenseurs de la Nature. Je ne doute pas que vous tous, mes copains, en soyez conscients.
Jean Bernard. 2007-1
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Du sang dans le métro…Charonne, un crime d’Etat
Souvenons-nous de ce mois de février 1962. A partir de novembre 1954, en plusieurs régions d’Algérie commence une révolte contre le joug colonial. Au fil des années, le pays entier s’embrase. De maintien de l’ordre en « pacification », le gouvernement français ne connaît qu’une chose : la répression. « L’Algérie, c’est la France ! » clame-t-il à longueur d’antenne. « De Dunkerque à Tamanrasset » a même dit François Mitterrand, ministre de l’Intérieur de l’époque.
Vient la Ve République. De Gaulle est élu Président. Calculateur, manipulateur, il fut contraint par les faits à la négociation. Les colonialistes enragent. Une partie de l’armée galonnée veut « sa » guerre, la sécession est dans l’air. En 1961-62, l’OAS regroupant les jusqu’au-boutistes multiplie les attentats et cherche l’épreuve de force.
En France, les yeux se sont dessillés. Le contingent est contre la guerre. La lutte pour la paix en Algérie prend de l’ampleur. En février 1962, les attentats de l’OAS se font de plus en plus nombreux et sanglants. L’un d’eux visa André Malraux, ministre de la Culture, un autre blessa grièvement l’écrivain Vladimir Pozner. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, perdit la vue à la suite d’une explosion.
Il fallait en finir. Comme souvent, depuis plusieurs mois, le peuple de Paris descendit dans la rue pour crier son indignation et affirmer sa lassitude de la guerre. Le 8 février 1962, plusieurs cortèges convergent vers la Bastille, pacifi-quement mais résolument. Sur le boulevard Voltaire police, CRS et groupes de choc interviennent avec une rare violence. La station de métro Charonne fut le théâtre d’un massacre organisé. On vit des policiers s’acharner sur des blessés à terre, d’autres lancer de lourds projectiles sur une masse de gens bloqués dans la bouche du métro que le chef de station avait reçu l’ordre de fermer.
L’histoire est terrible : on comptera neuf morts dont un gamin de 15 ans et demi. Notre ami Edouard Lemarchand, très connu et apprécié dans
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le milieu du plein air (Amis de la nature FSGT) fut au nombre des victimes ainsi que Maurice Pochord, également AN.FSGT.
Toutes les victimes étaient des gens du peuple, de ce peuple qui se lève en conscience chaque fois qu’il est devenu nécessaire de crier : « Halte au fascisme ! » et « Justice et Liberté ». En face d’eux, Roger Frey, ministre de l’Intérieur, Maurice Papon, préfet de police – qui avait couvert l’odieuse ratonnade du 17 octobre 1961 – avaient la bénédiction de Michel Debré, Premier ministre, couvert par le général de Gaulle, Président de la République. Il n’est pas inutile de rappeler ces noms, c’est l’Histoire, de l’Histoire écrite avec du sang.
Tout a été fait pour masquer la vérité. Le cynisme, le mensonge, l’impunité sont de règle, la honte est tenace sans doute car, quarante ans après, les responsables politiques se voilent la face et les archives restent obstinément bloquées.
Le jour des obsèques des neuf victimes, un million de Parisiens leur rendit hommage. Ce 8 février 2004, quelques dizaines de personnes seulement se sont retrouvées pour fleurir la plaque commémorative au métro Charonne. Le sang séché, les morts s’oublient vite.
On ne peut ignorer le passé. L’oubli serait une injure aux victimes. Le rappel au souvenir est nécessaire. Il est le garde-fou du présent. Rien n’est jamais vraiment terminé : le racisme, la xénophobie s’étalent insidieusement sous nos yeux tous les jours ici et là. Soyons donc attentifs et responsables si l’on ne veut pas que des jours sombres reviennent. Se souvenir, 40 ans après, que des hommes, des femmes, un enfant sont morts – assassinés – parce qu’ils manifestaient contre la guerre, qu’ils luttaient pour la paix, ce n’est pas faire preuve de sensiblerie. Faire entendre la voix de l’Histoire, c’est chercher la vérité, dénoncer l’injustice, défendre la liberté, réaffirmer les valeurs de la République.
Souvenons-nous de Charonne.
Jean Bernard.
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Le prix du sang et des larmes
1940-1945. Une période tragique de notre histoire. L’esprit d’expansion de l’Allemagne hitlérienne avait enflammé toute l’Europe. Durant quatre ans la France a subi l’Occupation. Notre génération a eu à connaître ce qu’il en fut, chacun a encore en mémoire ces années ô combien difficiles (restrictions, privations, persécutions...).
Le gouvernement de Vichy ayant honteusement capitulé livra le pays aux appétits exorbitants de l’Allemagne. Devançant les désirs des nazis, il institua la chasse aux juifs, n’épargnant ni les femmes ni les vieillards, ni les enfants. Par milliers, ils disparurent dans les camps d’extermination. La milice, auxiliaire de la Gestapo, traquait impitoyablement : syndicalistes, militants ouvriers, universitaires, républicains, étrangers antifascistes, simples quidams pris au hasard des rafles. Fusillés, torturés, déportés, assassinés lâchement eux aussi.
Un peu partout en France, une résistance s’organisait, d’abord isolément, puis structurée. Au fil des mois elle devint une force qui mena la vie dure aux nazis. A partir de la fin de 1943, la donne changea. Stalingrad avait sonné le glas de l’armée allemande, notre armée d’Afrique progressait, les maquis harcelaient l’occupant qui recula peu à peu sur tous les fronts. La radio gaulliste de Londres entretenait l’espoir.
Enfin, juin 1944, le débarquement des armées alliées, après bien des atermoiements militaro-diplomatiques, jeta des milliers d’hommes dans l’ultime bataille. Vint alors le moment tant attendu de la Libération. Celle-ci ne fut acquise qu’au prix de lourdes pertes en hommes. Les destructions de villes firent beaucoup de morts. La guerre est toujours terrible même quand la victoire paraît certaine.
Harcelée sans répit, l’armée allemande recula partout, elle jalonna sa retraite de crimes de sans inqualifiables : assassinats au jugé, cent pendus à Tulle, le massacre d’Oradour-sur-Glane, village incendié (600 victimes), la division Das Reich sema la mort sur sa route.
Ville après ville, l’insurrection nationale prenait corps. Le Conseil national de la Résistance ayant enfin fédéré les différents courants qui avaient pris part à la lutte eut fort à faire pour imposer un objectif politique de reprise en main du pays face aux pressions des forces militaires extérieures dont les buts étaient disons autoritaires et antidémocratiques
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(AMGOT). Les archives montrent que l’avance des armées alliées fut freinée par certains militaires de l’état-major tant ils redoutaient, par exemple, une insurrection parisienne qu’ils désiraient contrôler (toujours cette méfiance viscérale envers le peuple). Le 17 août 1944, une affiche signée du chef FTP Rol-Tanguy proclame la mobilisation générale. Des barricades se dressent aux points stratégiques, les combats de rue s’intensifient, les drapeaux tricolores fleurissent les balcons. L’armée allemande est aux abois. Hitler donne l’ordre au colonel Von Choltitz de détruire tout Paris au canon. M. Nordling, consul de Suède, entame des négociations pour que le bain de sang soit évité. Du 15 au 25 août, Paris combattra pour la victoire.
La 2e DB est aux portes de Paris, à Arpajon, à Rambouillet, elle contourne Paris, établit un front entre Aulnay et Montmorency. Dans Paris, l’hôtel de ville est pris, la préfecture de police se « républicanise », la grève des cheminots désorganise et bloque la retraite allemande. Le 20 août, le général de Gaulle débarque à Cherbourg. Lorsque les chars de la 2e DB entreront dans Paris, ce sera une explosion de joie. La liberté tant attendue était enfin reconquise, la République nous revenait. Restait un pays à reconstruire.
En ce 60e anniversaire, ayons une pensée pour ceux qui ont laissé leur vie sur le dur chemin de la conquête de notre liberté : fusillés de Chateaubriand et du Mont-Valérien (4.500), torturés des prisons de Lyon, internés de Romainville et de Drancy, maquisards du Vercors tombés les armes à la main, déportés assassinés dans les camps, soldats avec ou sans uniformes dont les stèles mémorisent le sacrifice, tous les combattants de la liberté qui ont donné leur vie pour qu’un jour le soleil se lève sur un monde nouveau.
Le souvenir est un devoir d’avenir. Jean Bernard.
2007-1
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La forêt de Fontainebleauun atelier grandeur nature
Jean-‐Baptiste Oudry fut un des premiers peintres, en 1738, avec Chasse aux cerfs, peint à Franchard, à s’intéresser à la forêt de Fontainebleau comme sujet d’étude. D’autres suivirent (Lantara, Bruandet) qui, sur le chemin de la Suisse ou de l’Italie, venaient observer la nature dans ses « détails ». Dès 1830, tout le gotha du romantisme, peintres, graveurs, photographes s’y déplace. La forêt devient un vaste atelier, Corot campe un artiste passant dans un chaos de rochers, Charles Jacque une bergère dans un creux de rocher, les Scieurs de long, de Jean-‐François Millet n’en font qu’un avec l’énorme tronc ; quant à Théodore Rousseau, il met une ombre dans un coin de ses prodigieux paysages.
La variété de ses paysages fut l’atout maître de la forêt. Plus tard, les peintres d’histoires continueront d’emprunter à la forêt ses paysages, non par routine mais parce qu’elle aura été pour eux le « pays natal », le lieu de leurs premiers apprentissages.
S’enfouir dans la forêt, saisir le fourmillement de la végétation, en percer le désordre apparent, le mystère, dans la solitude et le silence indispensables à tout travail d’observation, Théodore Rousseau en rêvait tout comme Michelet lorsqu’il écrit L’insecte, en 1857.
Des centaines d’artistes, français et étrangers, ont travaillé à Fontainebleau, quelques-‐uns d’entre eux se contentaient d’y passer quelques jours : « La forêt de Fontainebleau, c’est la véritable école du paysage contemporain » a écrit Frédéric Henriet.
La réputation de Barbizon, ce petit village presque une succursale de l’école de Rome dont l’auberge Ganne peut passer pour la Villa Médicis était faite. Barbizon a séduit les peintres par son authenticité.
La forêt développa sa propre mémoire et devint un « musée de plein air » grâce aux artistes qui obtinrent pour elle, en 1861, un statut qui en ait le premier site naturel protégé au monde.
Catherine Bernard.
Extrait des commentaires de l’exposition Forêt de Fontainebleau au musée d’Orsay.
2007-2
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Identité citoyenneL’un des termes abordés par les candidats à l’élection présidentielle portait
sur l’identité citoyenne. Qu’en est-il exactement ? Que faut-il en penser ? Je vous livre ma modeste réHlexion.
L’histoire de la France témoigne que la formation de cette nation a été façonnée, de toute éternité, par les apports et les mélanges, les rencontres et les croisements migratoires. Des liens se sont créés sur notre territoire entre gens du Nord, de l’Est et du Sud, entre terres et mers, entre Orient et Occident. Il n’y a pas de nation historiquement basée sur une « essence » ethnique ni sur une préséance du sol. Ne serait-‐il pas risible et dérisoire de se revendiquer Néandertalien ou partisan indéfectible de notre ancêtre Cro-‐Magnon ?
« La France aux Français ! », slogan qui est le fonds de commerce favori de l’extrême-‐droite est un thème discutable. Un repli nationaliste et outrageusement protectionniste concernant la notion d’identité va à l’encontre de l’évolution du monde et des idées de rapprochement entre les peuples. En outre, désigner les immigrés comme boucs émissaires responsables du chômage et de notre mal-‐vivre, c’est cultiver le racisme et la xénophobie. Il est illusoire de penser que leur éviction remettra la France sur pied et que sans eux tout ira mieux chez nous.
La nation américaine s’est créée par l’apport de nombreuses nationalités extrêmement diverses, poussées à l’exil pour des raisons économiques. Au siècle dernier, des populations sont venues d’au-‐delà de nos frontières pour vivre et travailler en France et se sont parfaitement intégrées à la nation. Les disciples de Charles Maurras et de l’Action Française qui se drapaient alors de nationalisme claironnant et de chrétienté vertueuse brandissaient des slogans : « Pas de Ritals, pas de Polacs, pas de Bougnoules, pas de Chinetoques chez nous ! » et aussi : « Pas de Métèques ! » ont alors empoisonné la vie sociale. Dans un passé récent, les mêmes ultranationalistes lançaient une odieuse campagne antisémite. Rappelez-‐vous : « A bas les Juifs ! » qui a jeté le trouble dans les esprits et conduit aux pires excès. Que l’on s’en souvienne.
Un peu d’histoire
Nombre de Français d’aujourd’hui ont des origines italiennes, espagnoles, portugaises, maghrébines, orientales, juives d’Europe Centrale ou d’Afrique du Nord. Des gens sont venus d’ailleurs et ont fait souche chez nous. Le devenir de la France n’a pas été mis à feu et à sang pour autant. Pourrait-‐on imaginer qu’il n’est de pur Parisien digne de vivre dans la cité que celui qui a des ancêtres 100 % montmartrois ou faubouriens ? Bretons, Marseillais, Auvergnats, Picards et
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Bourguignons, Savoyards et Pictons, gens du Nord et gens de l’Est ont émigré un jour de leur province, trouvé leur place en Ile-‐de-‐France et formé ensemble une population homogène. Pourquoi n’en serait-‐il pas de même aujourd’hui alors que, statistiquement, l’immigration est à peine plus forte qu’au siècle dernier. J’ai peine à croire que nos gènes tricolores soient menacés et corrompus par des globules gloutons étrangers. Ceux qui souhaiteraient en venir un jour à une « pureté ethnique » sont de diaboliques maîtres à penser. Le passé doit nous donner à réaléchir. Est-‐ce une tare que de naître « bronzé » ? Il est inconcevable de rejeter l’Autre au prétexte qu’il est différent et qu’il « pourrait » représenter un danger.
L’esprit de la nation est une construction politique, pas une déainition ethnique. C’est une idée « utopique » qui s’est réalisée en acte, une conception qui est issue de la Révolution française. Elle implique une reconnaissance de droits humains, une pratique de devoirs citoyens, une afairmation de valeurs laïques, une exemplarité de principes républicains. Ainsi se réalise une communauté soudée qui se reconnaît et se rassemble quand il le faut. Le critère d’une assimilation acceptée et d’une intégration véritable implique un droit au travail, au logement, à la santé, à l’instruction, au respect de l’individu, l’égalité des chances, l’acceptation, aussi, sans ambiguïté, de valeurs républicaines, hors de tout ghetto ou commu-‐nautarisme.
Un nationalisme outrancier et exacerbé, d’inspiration lepéniste ou villiériste, relayé par une droite musclée ne peut être une perspective satisfaisante en regard des difaicultés de la société française. Ce n’est pas le grand-‐père chinois qui met en péril l’ordre établi. Par contre, groupes ainanciers occultes, fonds de pensions étrangers et une économie décapitée par les délocalisations affaiblissent notre capacité sociale.
Jean Bernard. 2007-3
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Editorial
Un grand moment se prépare pour notre association : l’occasion
d’une rencontre avec des amis de toute la France, des quatre coins de l’hexagone : avec les Marseillais, les Lyonnais, les Bretons et les Vendéens, les Nancéens, les Toulousains et autres membres de la gent ajiste éparse en
France.
C’est notre Rassemblement national, le VIIIe, qui se tiendra à La
Rochelle, du 20 au 23 mai. Nous pourrons confronter nos idées, réaffirmer les valeurs qui sont les nôtres : la laïcité, la citoyenneté républicaine, la fraternité, la solidarité. De bien grands mots, penseront certains, mais qui
doivent toujours être réaffirmés, surtout quand les acquis sociaux, notamment, sont quelque peu malmenés.
Nous sommes heureux, cette année encore, de participer très nombreux à cette rencontre. A cette occasion, l’AnaAJ vous offre, ainsi qu’aux amis de province, l’autocollant souvenir.
Je souhaite que ce Rassemblement nous apporte de joyeuses discussions et laisse dans toutes les têtes de très bons souvenirs.
A bientôt à La Rochelle, bien sûr.
Catherine.
2008-1
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Le parler européen Depuis 1947 l’Europe se construit petit à petit. L’idée européenne est en marche bien que des considérations politiques, économiques, parfois culturelles en retardent l’établis-sement. Ne soyons pas naïfs, il faudra encore bien du temps pour qu’une entente générale en assure un fonctionnement profitable à tous. Même si l’idée a pu paraître utopique à certains, il est louable de penser que c’est un progrès. Que la discussion l’emporte sur les querelles, que la notion de paix prévale sur les dissensions nationalistes et guerrières, c’est cela qui ouvre la porte à un peu plus de fraternité. Au fait, savez-vous comment s’écrit ce mot dans chacun des pays membres ? En voici l’énumération. Il est temps de se familiariser avec ce vocable qui peut être une clé pour la compréhension entre les peuples. Aux Auberges, nous avions déjà le sens de la formule avec notre slogan :
Jeunes du monde entier, salut !Continuons sur la même voie en approfondissant le concept.
PAYS MEMBRES
Allemagne BRUDERLICHKEITAutriche BRUDERLICHKEITBelgique BROEDERSCAPBulgarie BRATSTVOChypre ADELPHOTITADanemark BRODERSKABEspagne FRATERNIDADEstonie VENDLUS VENNASKONDFinlande VELJEISFrance FRATERNITÉGrèce ADELPHOTITAHongrie TESTVERISEGIrlande BRAITHREACHAS
Italie FRATELLANZALettonie BRALIBALituanie BROLYBELuxembourg BRIDDERLECHREETMalte FRATERNITAPays-Bas BROEDERSCHAPPologne BRATERSTWOPortugal FRATERNIDADERoumanie INFRATIRERoyaume-Uni FRATERNITYSuède BRODERSKAP
PAYS NON MEMBRES
Albanie VELLAZERIMBosnie BRAATSVOCroatie BRATSTVOIslande BRODERNIMacédoine BRATSTVONorvège BRORSKAPTchéquie BRATSTVOSlovaquie BRATSTVOSlovénie BRATSTVOSuisse fr. FRATERNITÉSuisse al. BRUDERLICHKEITSuisse it. FRATELLANZASuisse ro. FRATERNIDADTurquie KAVDECHLIKYougoslavie BRATSTVO
Esperanto FRATECO
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A PROPOS DU DRAPEAU EUROPÉEN
Tout le monde l’a vu flotter en haut d’un mât lors d’une manifestation. Sa création mérite d’être relatée. Rien de plus simple apparemment qu’une couleur et des étoiles pour élaborer une signalétique. Pourtant, d’après l’abbé Pierre Caillon, ces symboles ne seraient pas dus au hasard : la religion catholique n’est pas absente de sa création. Le fond bleu n’est pas innocent : c’est sur fond bleu qu’en général la Vierge est représentée et les étoiles représenteraient l’auréole au-dessus de sa tête.
Tout esprit éclairé peut s’étonner – voire s’indigner – de cette implication religieuse dans la conception de l’emblème. Si les Etats ont retenu ce graphisme, c’est tout simplement que, lorsqu’il fut créé, la majorité du Conseil de l’Europe était de tendance démocrate chrétienne. Leur conviction religieuse a pesé d’un poids décisif, la laïcité a été bernée. Aviez-vous remarqué que celle-ci n’était pas mentionnée dans la Constitution qui nous a été proposée ?
Décidément, ils sont bien malins les promoteurs de certains concepts. Ni vu ni connu, je t’embrouille. Méditons sur ce joli tour de passe-passe.
Le service de presse du Conseil de l’Europe désigne M. Arsène Heitz (agent dudit conseil et fervent catholique de surcroît) comme étant l’auteur du projet du drapeau européen établi en 1955 et adopté en décembre par les institutions européennes réunies à Paris. Si le Conseil est prudemment muet sur l’utilisation de l’idée religieuse ayant prévalu pour la réalisation du logo, il signale néanmoins que le cercle d’étoiles est symbole de perfection et de plénitude (sic), qu’il évoque aussi bien les apôtres que les fils de Jacob (re-sic) que les mois de l’année ou les douze signes du Zodiaque (ah bon !). Curieux concept, non ?
Jean Bernard. 2008-1
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Instruction civiquePetit Pierre rentre de l’école et demande à son père : « Papa, je dois faire
un devoir sur la politique et expliquer le fonctionnement de notre gouvernement, peux-tu m’expliquer ?
« Rien de plus facile, répond le père. Il suffit de comparer le gouvernement et notre société à notre famille. Tu vois, moi je ramène de l’argent, je suis le capitaliste. Ta mère gère notre famille et les dépenses, elle est le gouvernement. La femme de ménage, qui travaille pour nous, est la classe ouvrière. Toi, tu es le peuple. Ton petit frère Hector représente la génération future. As-tu compris ?
« Oui, je pense, répond petit Pierre.
Dans la nuit, petit Pierre est réveillé par Hector qui pleure. Il se lève et va voir son petit frère qui a besoin que l’on change sa couche. Il se rend dans la chambre de ses parents et tente de réveiller sa maman qui dort profondément. Voulant réveiller son papa, il constate qu’il n’est pas dans le lit avec sa maman. Il le cherche et le trouve faisant de la gymnastique tout nu dans le lit de la bonne. Entre-temps, Hector fatigué s’est rendormi. Petit Pierre se recouche.
Le lendemain, au petit déj’, petit Pierre dit à son père :
« Tu sais, papa, j’ai tout compris de la politique.
« Ah oui, et qu’as-tu compris ?
« C’est simple, le capitalisme baise la classe ouvrière pendant que le gouvernement roupille, restant sourd aux appels du peuple et laissant la future génération dans la merde ».
raconté par Jean Bernard à la fête de l’AnaAJ.
2008-1
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Plus belle la vie… Pas facile de faire un édito. J’aurais aimé que celui-ci fût serein, voire rigolo. Hélas, je n’ai pas le cœur à l’ouvrage. Signe des temps ou… coup de vieux ?
Il fut un moment de notre vie ajiste où notre insouciante et pétulante jeunesse nous poussait sur les routes en chantant. Quel plaisir c’était que d’« aller au-devant de la vie ». Ce temps heureux est derrière nous. Et je me pose la question : que sont nos espérances devenues ?
Mon trois quarts de siècle passé, je regarde la vie en face. Il me faut être réaliste : envolées mes illusions de voir changer le monde. Au Qil des jours je me sens marginalisé. Pas encore dans le monde des exclus mais sur la route qui mène à la pauvreté. Je n’ai pas faim de caviar mais, quand je fais mon marché, je suis horriQié d’avoir à hésiter pour acheter telle ou telle denrée pourtant essentielle.
En outre, j’ai le sentiment profond que le social dont je rêvais a du plomb dans l’aile. Le recul est partout ; les soi-disant réformes laminent notre vie : retraite minimale, santé coûteuse, emplois préca-risés, éducation incertaine, loyers prohibitifs, hausses continuelles, etc. Toujours plus d’argent à sortir, toujours moins de besoins à satisfaire.
Et puis, comment rester serein quand le monde est embrasé ici et là, quand des gens sont pris en otage, emprisonnés, torturés en raison de leurs opinions, quand la faim risque de décimer des populations déjà défavorisées. Oui, le monde va mal et nul ne peut l’ignorer.
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, les copains. Peut-être passez-vous au travers des difQicultés. Tant mieux pour vous.
Comme je suis d’un naturel optimiste, je vais surmonter mon désappointement. Car c’est en pensant à la jeune génération qui nous suit que je veux que les choses changent vraiment. Pour eux et en souvenir de ce que nos espoirs avaient de fraternel.
Ça y est… Le moral me revient. Salut la vie ! Et que les prochaines vacances vous soient salutaires.
Jean Bernard.
2008-2
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Des Ajistes à la Foire ! En ce mois de septembre 1952 s’ouvrait à Arpajon le 21e Foire aux Haricots. Foire réputée s’il en fût qui porte haut le renom respectable du phaseolus vulgaris. On vient de loin pour honorer cette légumineuse aux vertus reconnues qui fait honneur à notre gastronomie.
En ce temps-là à Arpajon il y avait une AJ, très modeste, située au milieu du village et installée dans l’ancien local des pompiers. Le foyer parisien Résurrection en assurait la gestion, c’était une AJ très fréquentée à l’époque.
La veille de la Foire, le badaud arpajonnais fut intrigué par les allées et venues devant l’auberge d’une bande d’individus des deux sexes, mollets nus, braillant, chantant, courant sous la pluie, portant des panneaux, clouant, vissant, rafistolant de bric et de broc, se démenant comme de beaux diables en affichant une activité fébrile, suffisante pour perturber le sommeil d’une bonne partie des habitants d’alentour.
Le lendemain, au passage du cortège officiel, les ajistes étaient fiers de présenter un stand de taille respectable avec exposition de photos de nature, de matériel de plein air et, surprise… des modèles réduits de trains ! La sonorisation était parfaite, l’ambiance était à la fête et Dieu sait qu’en la matière les ajistes savent donner le meilleur d’eux-mêmes.
Hélas ! le Comité de la Foire avait interdit toute vente, loterie ou jeu payant. Cruel dilemme quand on sait que les finances ajistes ont besoin de fonds pour exister. C’est alors qu’ignorant les directives municipales, on vit quelques cama-rades proposer discrètement aux passants contre de la menue monnaie des briques récupérées sur un chantier (pas volées), destinées, disaient-ils, à monter une cloison en dur dans leur local ; d’autres colportaient timidement quelques journaux ajistes récupérés à la Fédé. D’abord intriguée, la population fit néan-moins bon accueil aux solliciteurs. L’ambiance aidant, on vit même se vendre des dépliants… et des tracts ; des insignes du sigle AJ furent modestement monnayés et accrochés aux revers du veston de messieurs qui ne pouvaient refuser l’offre joliment accompagnée d’un sourire féminin obligeant ; des écussons symboles de provinces françaises, des fanions multicolores ramenés de quelques pays étrangers trouvèrent facilement preneur auprès de personnes surprises de voir de si jeunes gens ayant voyagé aussi loin à travers le monde et se montrant prolixes en anecdotes dignes de grands explorateurs.
Si financièrement la recette ne fut pas un pactole mirobolant (tout de même mieux que des… haricots), ce fut un joli travail de propagande.
A partir de ce jour, quand un ajiste traversait Arpajon, l’habitant ne disait plus : « Tiens, voilà un scout ! » mais : « Salut, p’tit gars ! » L’auberge en retira un prestige accru. Débrouillards, les copains militants de Résurrection.
Donner une belle image d’une jeunesse parfois turbulente, souvent en marge des idées établies mais qui savait se rendre sympathique par une allégresse de bon aloi, c’était ça l’esprit ajiste.
Souvenirs transmis par Jean Bernard. 2008-2
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 42/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Une enfance martyrisée En Iran, lapidation de femmes, pendaisons en public, torture, exécutions sommaires, c’est la règle appliquée au nom de la loi divine. Qui dira la malfaisance de chefs religieux qui se livrent aux pires turpitudes tout en brandissant le drapeau d’une foi rédemptrice.
L’horreur n’en ainit pas de vous prendre à la gorge. Sur Internet, je viens de voir des images insoutenables. Un gamin de six ans a volé un pain, la punition est immédiate : on lui écrasera le bras. L’enfant est maintenu allongé sur le sol, le bras gauche tendu, posé sur un coussin (délicatesse suprême !) devant la roue d’une voiture. Le véhicule se met en marche, lentement, il avance inexorablement et broie le membre de l’enfant. Celui-‐ci sera irrémédiablement mutilé, donc invalide à vie. Insoutenable. Ecœurant. On a envie de crier.
Comment des hommes peuvent-‐ils être aussi inhumains tout en prêchant par ailleurs les vertus d’une religion qu’ils voudraient voir admise par tous. Pour cet acte odieux on voudrait qu’ils soient foudroyés à leur tour. Il ne peut y avoir de pardon pour de tels criminels. Il faut que le monde entier connaisse les turpitudes insensées de quelques chefs de guerre qui exercent un pouvoir sanguinaire en toute impunité sous le masque de la religion. Halte aux barbus et à leur charia. Qu’ils soient dénoncés pour leurs crimes. Quand les instances internationales mettront-‐elles un terme à tant de cruautés ? Je ne sache pas que les médias se soient fait l’écho de cet incident. La presse pipole est plus prompte à magniaier les amours de Nic’ et Carla ou quelques croustillants ébats salaces de starlettes que de traiter de sujets se rapportant à la vraie vie. Silences, informations déguisées ou proprement escamotées, un nouveau mode de pensée s’installe en douce qui fait l’impasse sur l’essentiel. Est-‐ce cela que nous souhaitons ?
Camarades qui me lisez, vous devez penser : que peut-‐on faire, nous, Anaajistes vieillissants ? bien sûr, je n’ai pas de réponse, je ne vais pas vous demander de partir sac au dos pour aller prêcher ailleurs des idées de liberté. Simplement je pense que malgré notre âge et nos misères quotidiennes il ne faut pas fermer les yeux. Continuer de s’informer, de réaléchir, de s’indigner, de protester autant que faire se peut, c’est être en règle avec notre conscience qui a choisi de revendiquer la fraternité et non à une guerre absurde qui engendre la peste brune. Notre conscience révoltée exige la justice. Pour ma part je n’aurai de cesse de raconter partout où je le pourrai cette ignominie. Faites-‐en autant si vous le souhaitez.
Jean Bernard. 2008-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 43/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Editorial L’année 2009 a commencé sous le signe de la crise. Laissons aux élus le soin
de la résoudre. Quant à nous qui n’avons aucun poids sur l’événement, que pouvons-nous faire ? Déjà réHléchir.
En effet, comment est-il possible d’accepter avec indifférence la situation scandaleuse d’hommes, de femmes et d’enfants se pressant, de plus en plus nombreux, aux portes d’associations caritatives nées du refus de la misère (Restos du Cœur, Mie de Pain et autres…) pour recevoir juste un peu de quoi subsister quelques jours encore. Et comment supporter que beaucoup d’entre eux, même quand ils travaillent, soient obligés de coucher dehors quel que soit le temps. Sommes-nous revenus au XVIIIe siècle où la misère noire s’étalait au grand jour ? Auguste Blanqui, Jules Vallès, Victor Hugo stigmatisaient déjà l’ordre des riches écrasant le peuple.
Anaajistes vieillissants que pouvons-nous faire ? Prendre conscience qu’il ne faut pas se fermer les yeux ni se replier sur soi. Aidons les initiatives locales qui organisent le soutien aux pauvres (soupes populaires, collecte de vêtements, aide au logement, etc.).
Certes la tâche est ardue et nos moyens faibles. Mais n’est-ce pas à nous aussi, les Anciens, de continuer par notre action, d’exister et d’afHirmer notre fraternité et notre solidarité d’ajistes.
J’aurais aimé faire un édito rigolo. Nous aurons d’autres occasions de nous réjouir ensemble. Amitiés,
Jean Bernard.
2009-1
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 44/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Leur credoL’année 2008 a été remarquable par l’accumulation de désordres financiers. Alors qu’ici-
bas les gens vivent au milieu de difficultés toujours croissantes, en haut lieu on patauge dans les scandales découlant de manipulations éhontées. Journaux et médias n’en finissent pas de dévoiler les inconséquences des jeux d’argent en Bourse. Des sommes astronomiques sont dilapidées en un clin d’œil. On reste pantois devant l’habileté de banquiers de haute volée consciemment indélicats à berner même des spécialistes de la finance.
Certes, on sait que la raison d’être du capitalisme est de faire fructifier l’argent. Depuis que monsieur Thiers avait, en 1870, lancé son slogan : « Enrichissez-vous ! », les gens de la finance s’en sont donné à cœur joie. Aujourd’hui, c’est sans vergogne que des escrocs de haut vol ont franchi la ligne blanche. Faire un maximum de fric dans un minimum de temps – fut-ce en contournant la loi – aiguise leur appétit insatiable.
Que le monde s’écroule un jour autour d’eux leur importe peu. Après nous le déluge ! semble être leur credo. Comment ne pas être outré par tant de cupidité et de volonté d’être la puissance majeure. Privilégier le dogme du fric plutôt que l’organisation sociale, spéculer pour obtenir toujours plus en faisant des montages sophistiqués et périlleux, piquer le pognon du quidam abusé par le gain, c’est aller à l’encontre de toute morale. Que nous sommes loin de la morale vertueuse que l’on nous a enseignée à l’école de la République. Que certains ont été naïfs de croire en des promesses mirifiques de mieux-être par l’argent. Ceux qui ont eu la faiblesse de boursicoter s’en mordent les doigts aujourd’hui. Des milliards d’euro, de dollars, dilapidés en pure perte, auraient pu satisfaire aux besoins de gens qui peinent à vivre. Le hic c’est que, la débâcle venue, la crise s’abat sur le monde du travail, désorganise la société et que c’est nous, le bas peuple, qui payons les pots cassés au prix fort. Chômage accru, vie chère, disparition quasi-totale des acquis sociaux, marginalisation des gens sans ressources et sans logement, perspectives incertaines pour les jeunes, disparition progressive du tissu industriel qui est délocalisé, chacun d’entre nous est à même de constater la dégradation réelle de nos conditions de vie. Oui, le Veau d’or est toujours debout et le coupable c’est lui.
L’avenir est incertain. Est-ce cela dont nous rêvions aux beaux jours de notre jeunesse ? Qu’il est loin le temps où nous chantions Allons au-devant de la vie… Il y a de quoi être amer, désabusé, décontenancé. Pourtant, l’heure n’est pas au découragement, il n’est jamais trop tard pour se reprendre en mains. L’espoir d’une amélioration radicale doit être notre objectif de citoyens. Nos anciens ont eu eux aussi en leur temps des moments difficiles. Rappelons-nous que leurs luttes ont éclairé notre chemin. Aurons-nous la force de reprendre le flambeau et de faire en sorte d’assurer un avenir sinon radieux, du moins décent à la jeune génération qui vient ?
Etre réfractaire à un système qui malmène nos conditions de vie c’est résister au chant des sirènes et engager notre avenir pour d’autres valeurs. Mieux qu’un souhait pieux, c’est à cela que nous devons nous attacher. L’ajisme tel que nous le voulions nous assigne ce devoir.
Jean Bernard.
2009-1-----------------------------------------------------
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 45/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Les bombes ou une colombeJeunes du monde entier, salut ! Tel a été de tout temps le slogan des Auberges de Jeunesse. L’ajisme nous a appris l’internationalisme. S’ouvrir aux autres, ne pas se couper du monde, s’intéresser à ce qui se passe ailleurs que dans notre sphère douillette, être attentifs aux événements. Nos anciens n’ont pas ignoré l’Espagne républicaine de 1936 ; pendant la dernière guerre bien des copains ont laissé le sac à dos et pris le maquis pour lutter contre Vichy et le nazisme. On ne peut pas vivre retranché du monde, fermer les yeux sur ce qui se passe. L’ailleurs est près de nous.
Nous qui rêvions d’un monde fraternel, quelle déception. Les hommes n’ont pas su tirer les enseignements de l’Histoire. Les poilus de 14-18 avaient pourtant dit : « C’est la der des der ! », les déportés avaient clamé : « Plus jamais ça ! »
Le sang n’arrête pas de couler ici et là : Afghanistan, Irak, Liban, Somalie, ailleurs aussi en Afrique. Torture, lapidations, meurtres gratuits, violences sexuelles, disparitions, etc. Quelle abomination ! Au Moyen-Orient l’affrontement Israël-Palestine est l’exemple du déchirement entre deux communautés. Lorsque des roquettes s’égarent sur une palmeraie israélienne, c’est domma-geable, mais quand une semaine de représailles menée par Tel-Aviv sur Gaza en faisant 1.300 morts – en majorité civils – comment rester indifférents ? Chacun peut avoir son avis sur les causes du différend et choisir son camp. Pour moi une chose est claire, il faut que cesse la guerre où qu’elle soit, proclamer notre volonté de Paix doit être notre objectif, c’est notre devoir de citoyen. Ne laissons pas se propager une gangrène anti-juive, islamophobe ou xénophobe. Evitons qu’elle gagne notre pays. Se sentir concerné, être vigilant, s’opposer chacun à sa façon – au moins moralement – aux toujours va-t-en-guerre, c’est continuer d’avoir l’esprit ajiste. La colombe symbole de la paix aura bien un jour le dernier mot. Peut-être pensez-vous que puisque les guerres se déroulent au-delà de nos frontières il n’y a pas lieu de s’en faire et que de toute façon nous n’y pouvons rien. Oui, sans doute, la solution ne viendra pas de nous. Pourtant n’oublions pas, camarades et amis, que par le jeu des alliances notre pays est engagé en divers conflits et que des bidasses français restent parfois sur le carreau au cours de missions armées. En tant qu’anciens ajistes notre contribution à la cons-truction d’un monde où chacun pourra vivre sans peur, dans la continuité de l’internationalisme de notre jeunesse c’est d’aider ou de soutenir au moins moralement les associations qui se sont donné pour mission de faire respecter et progresser les droits humains. Celles-ci sont nombreuses et bien connues sur le plan national par leur action contre la violation des droits fonda-mentaux. C’est grâce à elles que 127 pays ont aboli la peine de mort pour « délits » politiques. Mais il reste 150 pays où ces droits sont inexistants et bafoués en toute impunité. Je me souviens d’un poème qui se disait autrefois au cours de nos veillées ajistes où l’on ne dédaignait pas d’aborder des sujets brûlants :
Tant qu’il y aura sur terreUn homme battu, enchaîné, Je remuerai le ciel et la terrePour qu’il retrouve sa vie, sa liberté.
Le temps a passé, le poète a montré le chemin. Puissent un jour les hommes enchaînés trouver leur état de liberté.
Jean Bernard. 2009-2
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 46/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Quel ajisme pour demain ? Les journées de La Rochelle, en mai 2008, furent une belle rencontre qui mit du baume au cœur à tous. Notre passé laisse un témoignage d’amitié qui est une référence dans un monde où l’égoïsme prend le pas sur la solidarité.
Pourtant, un petit malaise fut ressenti par quelques copains, ce qui pose une question qui reste dans l’ombre et que nous n’avons pas eu le courage d’aborder sur le fond. Quelques copains soutiennent que les Anaaj ne doivent avoir pour adhérents que des gens issus du mouvement ajiste, la porte étant tenue fermée à ceux qui viennent de l’extérieur, fussent-ils adeptes du plein air. D’autres copains sont disposés à accueillir ceux-ci que nous appelons « les amis des Auberges » en raison de leur acceptation de nos valeurs et de notre action. Chaque Anaaj a son avis et procède comme bon lui semble, c’est notre démocratie.
La question n’est pas franchement abordée, on en parle peu et toujours en apartés plus ou moins secrets. On se garde bien de trancher et on laisse la réponse en suspens. C’est pourquoi, dans cet édito de rentrée, je vous pose ouvertement la question : pensez-vous que le fait d’avoir été membre des Auberges de Jeunesse ouvre automatiquement la porte à l’Anaaj ? Pensez-vous que nous ayons raison d’accueillir en notre sein des personnes qui n’ont pas été ajistes mais qui nous sont sympathiques ?
Ma position est que le fait d’avoir été ajiste n’est pas forcément un brevet de vertu (j’ai connu des ajistes qui étaient d’incurables ramiers ou d’affreux pique-assiette, des profiteurs à tout crin). Par contre, il y a des copains qui, venant du plein air (Amis de la nature, voire Eclaireurs ou adeptes du plein air) ont toute leur place à nos côtés, surtout lorsqu’ils apportent leurs compétences dans l’organisation de nos activités et participent à la vie de l’association. Il serait dommageable de se priver de leur présence, ils sont « de la famille ». Irait-on jusqu’à refuser un frère, une sœur, un conjoint ? Un ajiste 100 % pure laine est-il d’une essence supérieure à un quidam sans étiquette ?
Voulons-nous assurer la pérennité de l’Anaaj et ne pas devenir une coquille vide ? Si oui, anciens et nouveaux adhérents doivent se retrouver amicalement afin de transmettre ce qui est notre spécificité : l’amitié, l’entraide, le désir d’être encore actif, la volonté d’être attentif au présent social, l’ambition d’être dans le courant de l’histoire pour un devenir meilleur.
Je pense qu’il ne faut pas être trop rigoriste. Sachons nous montrer ouverts à qui peut apporter son esprit humaniste, quitte à trancher quand un mauvais larron se montre infréquentable. Il nous reste peu d’années à vivre, faisons en sorte que cela se passe dans la bonne entente. Les querelles intestines ont été néfastes au mouvement ajiste, évitons le retour des querelles anciennes.
Je souhaite que chacun réfléchisse à cette question et que l’on en parle sérieusement à la rentrée, à l’AG par exemple. Il n’est pas bon de laisser un abcès en suspens, si petit soit-il, il ne faut pas qu’il finisse par empoisonner l’atmosphère.
Jean Bernard.
2009-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 47/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Copains disparusRobert Mérigaud
Nous avons appris le décès de notre ami Robert Mérigaud en juin dernier. On l’appelait le Cousin. Bien que Champenois, on le voyait souvent à nos fêtes, séjours et parfois randonnées. Ces dernières années, il s’était rapproché de sa famille, Guy et Jeannette qui l’ont beaucoup soutenu. Qu’ils en soient remerciés et reçoivent nos amitiés.
Jean et Catherine.
Roland Beauramier
Ajiste « historique », Roland Beauramier est décédé en avril. Lorsque le CLAJ fut interdit, fin 1941, il anima autour de Mme Grunenbaum-Ballin un comité clandestin afin de regrouper des ajistes hostiles à la collaboration germano-vichyste et organisa la solidarité pour encourager les jeunes à refuser le STO. En 1943, il créa le « timbre de la solidarité » pour l’aide aux ajistes prisonniers. 100.000 furent vendus. Entré dans la Résistance, il participa à la mise en œuvre d’un réseau de protection de jeunes israélites en les cachant dans certaines AJ. Au travers des « Jeunes Laïcs Résistants », il anima des stages de formation de cadres ajistes. Il créa le « Centre de Culture Populaire » qui permit, en la période troublée de la guerre, d’exprimer une éducation artistique clandestine et il poursuivit un travail acharné pour améliorer le sort des ajistes emprisonnés (aidé en cela par un autre ajiste, notre camarade Raymond Dedonder, décédé en 2007).Avec Roland, l’ajisme a favorisé la fraternité universelle et la camaraderie, même au travers de luttes idéologiques parfois intenses. Il fut un homme d’honneur, membre un certain temps de l’AnaAJ.
Jean Bernard.
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 48/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Balade Une Auberge de Jeunesse
Lors de notre séjour tourisme avec Griffette en Périgord, Jacques, notre guide, nous apprend, lors de la visiteà Beaulieu-‐sur-‐Dordogne qu’il y a en cette ville une Auberge de Jeunesse. « Ah ? Oh ! Où ?... « Eh bien, nous passerons tout près.
Quelle ne fut pas notre surprise de la découvrir sur une petite place, face à la chapelle des Pénitents, cette belle maison classée en 1949, de style quercynois du XVe siècle, avec une galerie, un balcon garni de vigne et un pigeonnier-‐tourelle qui abrite depuis 1938 les jeunes de passage dans cette ville touristique.
La responsable de l’Auberge nous ouvre et nous reçoit très gentiment (ce n’était pas ouvert).
Tous très heureux de nous retrouver dans des lieux amis, nous chantons Amitié sur les marches du perron et posons pour la photo.
Encore une bonne journée passée ensemble. Les séjours de l’Anaaj sont toujours une source d’intérêt et de découvertes.
Catherine Bernard.
2009-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 49/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Le syndrome de la grenouille
Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Un feu est allumé sous la marmite. L’eau commence alors à chauffer doucement, elle est bientôt tiède. La grenouille ne trouve pas cela très agréable mais elle continue néanmoins à nager. La température continue à grimper. L’eau est maintenant assez chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue bien un peu mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est cette fois vraiment très chaude. La grenouille commence à trouver cela assez désagréable, mais comme elle s’est affaiblie alors elle supporte et n’a plus de réaction. La température continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais avoir fait quelque chose pour s’extraire de la marmite. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°C, elle aurait immédiatement donné un coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.
Quelle est la morale de cette horrifique histoire ? Cette expérience montre que lorsqu’une dégradation de conditions de vie s’effectue d’une manière suffisamment lente, elle échappe à la conscience et prépare une perte inéluctable. Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décades, nous assistons à une lente dérive que nous subissons insidieusement en douceur. Des choses qui nous auraient horrifiés il y a vingt, trente ou quarante ans ont été peu à peu banalisées, édulcorées, cadenassées même sans que l’on en ait été informés et consultés. Au nom de la « nécessité de réformer » les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité de l’homme, à l’intégrité de la nature, au bonheur de vivre s’effectuent lentement mais inexorablement sans que nous ayons les moyens de réagir. Participent à une subtile désinformation journaux, radios, télévision et autres médias qui anesthésient notre libre arbitre. Les noirs tableaux qui sont annoncés pour l’avenir ne font que préparer psychologiquement le populo à accepter les conditions de vie décadentes.
Y aura-t-il un jour prochain une réaction salutaire à l’embrigadement moral qui nous est imposé en souplesse mais de main ferme ? Déjà des signes de ras-le-bol se manifestent un peu partout tant la situation devient invivable pour qui connaît le chômage, les licenciements, l’absence de logements décents, les restrictions à l’éducation, à la santé. La précarité prépare à la misère pour beaucoup. Trop c’est trop : oui, il y a beaucoup de choses qui deviennent inacceptables. Alors le ressentiment s’organise, la colère monte quand le désespoir n’a plus d’issue, les manifs se multiplient… On ne peut plus continuer ainsi à se laisser bouffer la laine sur le dos.
Méditons sur le sort affreux de la grenouille.
Le temps de la réaction, de l’opposition, de la révolte a sonné. Amis et camarades, en serez-vous ?
Jean Bernard. 2009-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 50/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Quel avenir pour les enfants ?
Le 20 novembre 1959 l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration des droits de l’enfant, qui prenait acte de toutes les atteintes à ces droits perpétrés pendant la Seconde Guerre mondiale – enfants discriminés et persécutés par les nazis – séparés de leur famille, traqués, maltraités, déportés, affamés, assassinés. Cette déclaration déainissait dix grands principes qui n’avaient toutefois pas de valeur juridique contraignante pour les Etats. Une fois de plus vœux pieux mais néanmoins une avancée appréciable.
Il a fallu attendre le 20 novembre 1989 pour que les Etats membres de l’ONU s’accordent pour la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, un texte contraignant pour les Etats qui le ratiaiaient. Il énonce des droits fondamentaux qui sont ceux de tous les enfants du monde : la non-‐discrimination, le droit de vivre, de survivre et de se développer, le respect absolu de l’enfant.
Peut-‐être certains de nos amis Ajistes auront-‐ils le réalexe de se poser la question : qu’est-‐ce que cela a à voir avec notre activité ? Nous dont l’enfance est issue de la guerre, avons dès 1945, en entrant aux Auberges de Jeunesse, eu conscience de préparer un monde meilleur pour permettre à chacun de se développer librement, d’avoir les moyens de trouver sa vraie place dans la société.
Tels étaient nos objectifs. Ainsi la génération qui allait nous suivre aurait-‐elle une bonne possibilité d’accéder à un meilleur bonheur de vivre.
Etions-‐nous utopistes ? Certes il est bien vrai que le monde dont nous rêvions n’a pas réalisé les progrès souhaités. Il reste encore un avenir à construire pour l’enfance. De par le monde des millions d’enfants ne sont pas scolarisés, dans certains pays des milliers d’enfants soldats sont utilisés dans des conalits armés sanglants, dans d’autres ils sont honteusement exploités comme main-‐d’œuvre à bon marché, maintenus dans un réel esclavage, ailleurs ils subissent la violence, souvent sexuelle, avilissante. Leur avenir est à jamais obscurci.
C’est notre rôle d’ajistes d’avoir toujours présente à l’esprit la nécessité de faire en sorte que cela ne puisse pas durer. Oui, mais que peut-‐on faire ? On se sent bien désarmé, on ne peut plus guère, compte tenu de notre âge, courir de meetings en meetings ou arpenter les rues pour clamer notre désir que cela change. Mais quand, en France, par exemple, des enfants de sans-‐papiers sont enlevés dans leur école par la police nationale et sont arrêtés avec leurs parents, placés dans des centres de rétention indignes, expulsés vers des pays où ils n’ont jamais mis les pieds et dont ils ignorent la langue et les usages, notre conscience de citoyens doit être alertée et l’on doit s’indigner car cela se fait en notre nom.
Avoir conscience de l’injustice c’est nécessaire, faire connaître les abus c’est un devoir, dire qu’on ne peut rien faire c’est laisser les choses aller (dans le mauvais sens). Les enfants attendent des adultes qu’ils leurs préparent un avenir serein.
Nous sommes comptables de l’avenir des enfants, il faut rester aidèles à nos principes humanistes, ce doit être notre honneur d’ajistes.
Il y a du pain sur la planche. Jean Bernard.
2010-‐1
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L’insupportable infamie
Inqualiaiables autant qu’inacceptables sont les propos tenus à l’automne dernier par le PDG de France Télécom, déclarant : « Il faut en ainir avec la mode des suicides ». Rappelons que dans ladite société il y a eu vingt-‐huit suicides en deux ans.
Qu’un président-‐directeur général ose, sans vergogne et toute honte bue, déclarer de tels propos est chose infamante et mérite le bâton. Cela montre – ô combien – on méprise en haut lieu celui et celle qui n’ont que leurs bras pour vivre. Après avoir entendu : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, on ajoute aujourd’hui l’odieuse objurgation : « Bosse, boucle-‐la et je te presse comme un citron ».
Quelqu’un – le chef suprême de l’Etat – a même dit à l’un de nos conci-‐toyens : « Casse-toi, pauv’ con ! » Faut-‐il que les conditions de travail soient à ce point insupportables pour qu’un ouvrier, poussé à bout par la pression du rendement à tout prix en arrive à se donner la mort.
Considéré comme un objet dépersonnalisé, rabaissé dans son professionnalisme, humilié dans sa condition de citoyen responsable, ballotté d’un point à un autre, déclassé, autant d’éléments qui ont poussé certains au découragement.
Que d’aussi dramatiques événements se produisent doit nous faire réaléchir nous qui avons connu des jours meilleurs. C’est pourquoi nous devons être solidaires moralement de ceux qui sont – pour combien de temps encore ? – broyés par le système impitoyable du capitalisme.
Jean Bernard.
2010-1
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 52/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Un parcours ajiste exemplaire : Dominique
Magnant
Qui d’entre nous a connu Dominique Magnant, décédé à l’âge de 96 ans en décembre
dernier ? C’était un ajiste « historique » dont le parcours mérite d’être mentionné.
Engagé socialement dès avant guerre auprès de Marc Sangnier, il s’est consacré totalement à
l’élaboration d’un certain ajisme dans un esprit d’ouverture et de tolérance malgré les
antagonismes de divers courants d’après guerre.
Fait prisonnier en juin 1940, il s’évade dès juillet et rejoint la zone sud où il prend la direction
des Auberges de Jeunesse interdites par Vichy. Ingénieur chimiste de qualité, il a, en outre,
joué un rôle majeur dans la Résistance en Cévennes. Il a consacré toute sa vie au combat
pour la paix, la liberté et la fraternité des hommes et des peuples, en militant européen
convaincu. En cela, il a été un ajiste exemplaire, fidèle à ses conceptions humanistes.
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 53/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Ceux qui marchent contre le vent
Indignez-vous !
C’est le titre d’une petite brochure de 25 pages, écrite par Stéphane Hessel, 93 ans. il témoigne de ce que fut son engagement, dès 1940, ses années de résistance, son perpétuel combat pour un réel statut des droits de l’homme. Son credo : « La responsabilité de l’homme ne peut s’en remettre à un pouvoir ni à un dieu. Au contraire, il faut s’engager au nom de la responsabilité humaine. »
S’adressant aux jeunes, il écrit : « La pire des attitudes est l’indifférence. Ayez la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence ».
Ex diplomate, toujours sur la brèche, ce grand monsieur, à la fin de sa vie nous montre le chemin. Dix minutes de lecture salutaire, un encouragement à continuer son combat.
Indignez-vous !, de Stéphane Hessel, Ed. Indigènes, 3 €.
J. Bernard.
2010-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 54/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Edito Ouf ! ça y est, c’est terminé. Respirons enfin !
Le Rassemblement national nous a tenus en haleine durant plusieurs mois. S’il ne fut pas le rassemblement champagne-paillettes que nous aurions souhaité c’est qu’il a bien fallu tenir compte des possibilités finan-cières pour ne pas alourdir le coût du séjour. Néanmoins, le « staff » a fait ce qu’il a pu pour que tout se passe dans de bonnes conditions.
Il n’est pas dans nos habitudes de nous auto-féliciter quand nous organisons quelque chose mais pour une fois nous devons dire un grand merci aux quelques copains et copines – Lucette, Jeannette, Denise, Catherine, Janine, René, Roger, Gut – qui n’ont pas ménagé leur peine et donné beaucoup de leur temps avec dévouement. Remerciements aussi à André Souche, Claude Bertrand et Marcel Andujar pour leur contribution graphique.
Notre récompense est d’avoir satisfait les copains.
Jean Bernard. 2011-2
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9e Rassemblement national 2011
Nous étions 95 copains et demi (la demie est Griffette qui, après avoir raté les marches devant le FIAP, nous a faussé compagnie avec de charmants pompiers), 19 Marseillais, 9 Bretagne Vendée, 12 Rhône-Alpes, 6 Sud-Ouest, 1 de Nancy et 48 ½ de Paris, tous très heureux de se congratuler.
La sortie en bateau sur la Seine et le canal Saint-Martin, suivie du restaurant à la Cité des Sciences a réuni 46 copains de plus qui se sont joints à nous pour cette journée ensoleillée, soit 142 copains sur un beau bateau.
Le vendredi, après une erreur d’aiguillage, un de nos deux cars a emmené ses passagers vers Versailles, qui n’ont même pas pu apercevoir le château, retrouvailles de tous sur les marches de l’Arche de La Défense, chants, photos sous la banderole, déjeuner et visites.
De retour au FIAP règlement du solde : 85 € (nous avions déjà versé 100 et 150 € d’acompte) ce qui amène le séjour à 335 €, un peu plus pour ceux qui avaient une chambre seule et un peu moins pour les Parisiens qui rentraient coucher chez eux. Bonne surprise car dans nos prévisions nous l’avions estimé autour de 390 €. Nous avons pu rembourser les acomptes versés aux copains qui ne sont pas venus.
Les comptes du rassemblement ont fait l’objet d’un compte spécial « Anaaj rassemblement » qui sera soldé puis présenté à l’assemblée générale.
Après des adieux temporaires (25 copains ont prolongé leur séjour au FIAP), 43 amateurs de spectacles sont allés à la Comédie Française voir « Le fil à la patte ».
Le dimanche re-retrouvailles de 42 copains en car pour Fontainebleau, petite randonnée, visite du château, promenade, restaurant 52 convives (certains nous avaient rejoints en voiture), retour en chansons vers Paris dans les embouteillages.
Ce furent cinq jours bien remplis, dans la joie et l’amitié.Catherine
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Chanson souvenir du Rassemblement
Sur l’air de La complainte de Mandrin
Ils furent d’abord cinquante et puis encore cinquanteTous des Ajistes anciens et même… pré… vous m’entendezTous des Ajistes anciens et même préhistoriens
Des quatre coins de France de Lyon et de ProvenceDe Toulouse et de Nantes d’un peu partout… vous m’entendezEt de Paris itou plus un qui v’nait d’on n’ sait d’où
Dans Paris capitale la chose est bien normaleOn s’est donc rassemblés ah ! quel plaisir vous m’entendezOn s’est donc rassemblés ah ! quel plaisir c’était
Après quelques visites découvertes sympathiquesFallut se restaurer on ne s’est pas fait vous m’entendezFallut se restaurer on ne s’est pas fait prier
Pour nos veillées ajistes gloire aux copains artistes Nos chants en chœur repris tout l’ répertoire vous m’entendezNos chants en chœur repris tout l’ répertoire fut dit
Durant cette rencontre il faut bien rendre compteOn peut s’ l’imaginer qu’elle fut marquée vous m’entendezOn peut s’ l’imaginer d’une jeunesse passionnée
Car pour ces retrouvailles il n’y a qu’une chose qui vailleC’est la fraternité la joie de vivre vous m’entendezC’est la fraternité et surtout l’amitié
Tous membres des Anaaj on ne fait pas notre âgeOn reste jeunes d’esprit comme aux AJ… vous m’entendezCar même si on vieillit pour nous c’est ça la vie
J.B., le petit Rimailleur2011-2
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« Ce petit chemin, qui sent la noisette »
L’Ile-‐de-‐France était autrefois une « terre de loisirs ». Qu’en est-‐il aujourd’hui ? Une urbanisation débordante a repoussé les limites de la vraie nature, les prairies herbeuses sont presque toutes disparues dans un rayon de 50 km autour de Paris, les surfaces agraires sont accaparées par des grossiums céréaliers qui détruisent haies, boqueteaux et petits bois pour s’agrandir. La construction d’une autoroute a vite fait de massacrer déainitivement un paysage. Si certaines forêts ont favorisé des aires de pique-‐nique, on a supprimé par contre les emplacements de camping près des maisons forestières, elles-‐mêmes vendues parfois par l’Etat. Des domaines privés se sont agrandis et sont impénétrables (par exemple la Sologne). Une spéculation immobilière outrancière a favorisé l’explosion ainancière du prix de la terre, rendant quasiment impossible l’acquisition d’un carré de verdure pour un modeste salarié.
Le réseau des AJ a complètement disparu et peu de structures populaires d’accueil existent qui favoriseraient les rencontres de groupes. Heureusement, grâce à la persévérance des bénévoles de la Fédération des sentiers de grandes randonnées il est quand même possible d’arpenter notre belle région et de passer d’un site à l’autre pour le plus grand plaisir de la découverte de la nature. Marcher conserve la santé.
Si les conditions de se promener à sa guise dans la nature sont devenues plus difaiciles que par le passé, faut-‐il pour autant désespérer ? Non, heureusement, car les copains anaajistes organisateurs de randonnées ont beaucoup de ressources et savent, pour notre plus grand plaisir, nous emmener sur des petits chemins qui sentent bon la noisette et où l’on peut encore garder le contact salutaire avec la nature que nous aimons tant.
« Marchons, marchons, qu’un air bien pur emplisse nos poumons ».
Jean Bernard.
2011-2
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TAUTOGRAMMES Suite à l’article de présentation paru dans « Notre Amitié » n° 128 de juin, je me suis livré à l’exercice suivant :
DIVERSITÉS DÉMOGRAPHIQUES
Daisy Danica, divette dramatique de Dunkerque, déclamait : « Dame Didon, dîna dit-on, du dos d’un dodu dindon ». Dany Deutschland, dite « Doubles Doudounes », disgracieuse dondon de Düsseldorf, demanda : « Dindon d’où ? » Douchka Davaï, douce donzelle délurée de Dniepropetrovsk, daigne dire : « Da, da, dindon doux ! » Doňa Diaz, divine dulcinée de Don Diegue, décoratrice dadaïste du Douro, débita : « Din don, din don, din don ». Demoiselle Dorothée Duplessis, dite « Dodo Doberman », drôlement dégourdie, décomposa : « Disons doux dindons, don d’un doux dingue d’Inde ». Dagobert Delacroix, délégué départemental des dentistes du Doubs, déclara : « Dindons d’Inde ?... Des dindonneaux d’Auneau d’abord ! » Damien Durocher de Dampierre, dernier duc destitué d’une dynastie de Deauville, darwiniste déterminé, disciple du dalaï-lama, dit : « Dieu ! dix dindons, dix ducats ? Dites donc, dotation dérisoire ! » Docteur Désiré Duchose, diététicien dynamique, diplômé de Dublin, décréta dédaigneusement : « Diable ! Dîner du dos demi-deuil d’un daim ? Dégoûtant, défendu. Damnation du déplaisant discours doctoral… dur, dur… Décourageant. D’où désespérance : dégustation d’une daube de daguet délaissée ? Difficile ! Drugstore dorénavant ? Diantre ! » David Davidovitch, distingué diabétologue de Dubrovnik, docteur du dispensaire Dupuytren, déporté du district de Drancy, disparut discrètement (dix décembre dix-neuf cent quarante-deux). Dimitri Dianelopoulos, discobole décevant, déclaré dernier du décathlon Discobole d’Or de Delphes, distribue dorénavant des disquettes dématérialisées dans Disneyland. Démosthène Damoiseau-Delaroze, débonnaire directeur du domaine Dumoulin-Delalande de Domrémy, détient des diptyques de Dada dans divers dictionnaires dactylographiés dédicacés.
Doriane Delarombière, duchesse déchue d’Anjou, douairière décatie dépourvue d’un dentier d’or, donne des douillettes déchirées datant du Déluge.
Donatien Donadieu, diacre débutant, dépêché d’un diocèse dauphinois, déclame dignement Dominus deo dolorem, dodécaphonie délicatement délicieuse du dominicain Domenico Darago descendu du Dodécanèse dans du drap de Dalmatie décoré d’un dragon.
Delphinien Dombrowski, dissident décabriste, diplomate disgracié, descendant direct de Droujba Dimitriovna, discutailleur disert, distingua deux drôles de documents divergents, Dualisme/Dualité, discours délirants, discordants, du doyen Dietrich Dankejhonson, député démocrate du Danemark (décédé dernièrement d’une diphtérie).
Dédé D’Hoop, de Domps, dévoué délégué des AJ, dormant dehors, diseur de dictons drolatiques, dénonce : « Dope, dope, dope… dopage devient dommages. Dites donc, dégustez d’abord dorénavant des doucettes, délicates douceurs délicieuses du débitant Duduche de Dijon ».
Daniel Dupontel, dur à cuire du Xe détachement divisionnaire de Djibouti, débarrassé d’un dolman damassé, déguerpit dare-dare devant de dangereux dragons.
Doudou Driss Dasmane, douanier dévoyé de Djerba, débarquant du Dahomey, dévalisait des douars dogons, distribuant, désinvolte, des défenses d’ivoire dépareillées d’animaux divers.
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Dancing de Draguignan : deux danseuses drôlement dessalées dandinent du derrière. Divertissement désuet. Duo démodé. Décevant.
Dyck Dieffensberg, distingué diamantaire, débonnaire, débrouillard, dissimule des diamants dérobés dans des darboukas damasquinés d’un déplorable délinquant débraillé, dévergondé, dissolu, devenu dingue des drogues dures d’un dealer délirant.
Doutant du destin, déplorant des défaites, des désordres, des déroutes, des déculottées dégradantes, Déroulède, député désorienté, désespérément découragé, dépressif, débagoulait, du dôme de Douaumont, des discours déclamatoires devant des déserteurs défaitistes, durant des défilés dantesques.
Dumas Durandeau, député du département des Deux-Sèvres, défendant des droits démocratiques, déclame depuis des décennies des discours dithyrambiques dans des débats démystificateurs, divulguant dans des défenses désabusées des défaillances d’aujourd’hui, déontologiquement dommageables, destructrices de déclarations décisionnaires.
Denis Dumont, démonstrateur, démonta des Diesel dans des dépôts désaffectés de Douai durant des décades.
Dimanche dernier, Dodin, délicat dégustateur douarnézien, déjeuna d’une demi-douzaine d’oursins ; dînera demain de darnes de daurades de Dinard, dorées doucement dans des daubières Delux (Duxelle de disciatis, déposée dedans).
Didier-Dominique Dianélou, diocésain de Dieppe déclaré dogmatique, discours : dorénavant déboursez directement des devises. Dieu donnera des dédommagements durables. Darcos, Debré, Delanoé, David Douillet, Devedjian, Delebarre, Dumas, Dupont-Aignan débattent durant des décades dans des décors dorés, déclament dans de désolants déserts, décrètent des dispositions désormais désuètes, déposent diverses directives dépourvues de date d’application, délimitent des dépenses dérangeantes des déficits du développement durable. Désolant !
Damien Denecourt. Diplomate directif, dilettante discipliné, découvreur des douze dioramas diablement détaillés des diverticules déclarés désormais durablement d’usage direct d’une forêt domaniale divine et diverse dite de Fontainebleau. Dessinateur doué d’une délicatesse du détail descriptif, décidant des directives données du débroussaillage dans diverses directions douteuses dictées d’ailleurs d’un doyenné doublement dantesque, déclara derechef dîner avec douze descendants de druides du domaine. Damien, devenu définitivement diabétique, douloureusement dévoré de dettes, décéda durant décembre. Dérisoire dépouille déposée dans des demeures délabrées, déclassées, dangereuses, dramatiquement détruites d’outrages de détracteurs décadents.
Denis Diderot, d’Alembert, Dumont d’Urville, démocrates décidés dignes de Démosthène, dressèrent des doutes durement déclamés devant des dogmes désuets, dogmes déclarés désormais définitifs durant des décennies. Découragés, des détracteurs décontenancés durent défourailler dans des discussions désinvoltes, désordonnées, dépourvues de direction. Dorénavant, Dieu dogmatique, devenu dérisoire, déguerpit derechef devant des déclarations dialectiques déchirantes d’une définitive droiture.
Délassement dilatoire d’un débateur dubitatif. Diatribe désordonnée. D’une discussion décousue davantage de débats dérisoires, de délibérations débiles défiant des définitions démentes d’un destin démoniaque.
Dédé Duchnoque. Ce texte est de Jean Bernard.
2011-3
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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 60/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Prière d’un incroyantÔ toi, Dieu créateur de toutes choses
– du moins à ce que disent tes laudateurs – maître du monde, ordonnateur de l’Univers,
je te lance un appel : Où es-‐tu ? que fais-‐tu ?
montre-‐toi, ne serait-‐ce qu’une fois, juste un geste, un seul petit geste,
le monde a besoin de toi, il n’a que trop attendu.
Des hommes crient dans les prisons, que l’on réduit au silence, que l’on torture, dont on brise à la fois le corps et l’esprit…
Des bébés meurent par milliers, exsangues, accrochés au sein desséché de leur mère, d’autres s’épuisent, hors de l’enfance, à des travaux exténuants d’adultes…
Des adolescents sans espérance sont livrés aux turpitudes de la luxure,
des jeunes succombent aux paradis artiaiciels, des hommes et des femmes, toujours plus nombreux,
descendent peu à peu dans l’ordre socialet se clochardisent, sans toit, sans travail,
sans perspective de remonter un jour la pente…
Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 61/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne
Solitude de personnes âgées et de malades dont la souffrance et la douleur sont muettes…
Guerres, violences, génocides, exodes, famines, la mort est partout, dans le bruit des armes…
Ô toi qui vois tout (sacré veinard !) toi qui te tiens peinard, dit-‐on,
sur un petit nuage au plus haut des cieux, entouré de tes anges adorateurs,
seras-‐tu insensible à tant de misère ?
Moi, sur terre, je fais ce que je peux pour qu’un peu de douceur entre dans nos vies,
c’est peu car il y a beaucoup à faire, c’est pourquoi j’implore ton aide :
il faut une force dynamique, fût-‐elle céleste, pour remettre les choses en bon état de marche.
Toi qui es Dieu le Père tout puissant, descends de ton piédestal : Interviens. S’il te plaît. Vite !
Alors, je dirai : « Merci mon Dieu ». Pari tenu ? Chiche !...
Jean Bernard.
2011-4
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Résistance… au bourrage de crânes.
Le résistant Raymond Aubrac, qui vient de nous quitter à 97 ans, déainissait ainsi l’acte de résistance : « Essayer de comprendre ce qui se passe dans la société qui nous entoure et, quand on a le sentiment qu’on est devant une injustice, réagir à l’injustice ».
Certes, ce n’est pas toujours simple de réaléchir, d’analyser, de faire un choix. Mais cela s’impose comme un devoir pour tout citoyen. Refuser que la seule perspective de l’humanité soit celle de la haine prônée par certains et le chaos organisé pour d’autres. Le monde dérape, les valeurs de l’argent, les tribulations économiques hasardeuses, la cupidité spéculative, les coups de Bourse ont pris le pas sur le sens du bien commun.
Les hautes sphères qui détiennent le pouvoir n’ont aucun scrupule à nous passer à la moulinette. Elles organisent la crise et la conséquence en est le recul de toutes les conquêtes sociales obtenues de haute lutte par nos anciens et qui mettaient du beurre dans les épinards.
Doit-‐on subir sans réagir ? Non, bien sûr. Laisser faire, c’est accepter, c’est reculer. Cela implique un esprit de résistance – du moins moralement. Bien sûr, nous, anciens des Auberges qui croyons toujours à la possibilité de changer le monde, ne sommes pas en mesure d’être très actifs dans les luttes sociales, mais l’important c’est d’être aux côtés de ceux qui œuvrent obstinément pour ne pas se laisser tondre la laine sur le dos.
En cela nous continuons d’être présents sur le chemin de ceux qui ont tout donné – jusqu’à leur vie – pour insufaler un esprit de résistance libérateur. Du fond des ténèbres, ils sont parvenus en des temps difaiciles à allumer une lumière. Ne laissons pas la alamme s’éteindre.
Jean Bernard.
2012-2
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Une ignominie intolérable En guise d’édito, je voudrais pousser un cri de colère.
A Bollène (Vaucluse), comme il est de tradition tous les ans, les anciens combattants commémorent le 18 juin en souvenir de l’Appel du général de Gaulle. En ain de cérémonie, ils entonnent le Chant des partisans. Cette année, la municipalité d’extrême droite dirigée par Marie-‐Claude Bompart (mariée au député Front National, maire d’Orange, dont elle épouse forcément les idées) l’a fait interdire au prétexte qu’il n’était pas programmé. La police pour arrêter un chant patriotique. Il fallait oser le faire. Elle l’a fait.
Je ne sache pas que madame Marine Le Pen, si prompte à brandir le drapeau tricolore, ait élevé une protestation. Qui ne dit mot consent. Nul journal national (hormis Le Patriote résistant) n’a signalé le fait. La télévision non plus. Il est plus facile de broder sur les amours de telle vedette, de traiter des émoluments prohibitifs de tel footballeur ou d’en rester aux chiens écrasés. C’est une façon de désinformer. Est-‐ce le rôle de la presse ?
Peut-‐être pensez-‐vous qu’il s’agit là d’un fait divers isolé, limité au plan local. Détrompez-‐vous. Il montre le vrai visage de ceux qui n’hésitent plus à s’attaquer sans vergogne à la liberté républicaine en ce qu’elle a de plus profond, en foulant aux pieds le symbole le plus évident de la Résistance. Cette dérive – osons le mot fascisante – nourrie du racisme et de l’intolérance.
Un grand résistant, Charles Parlant, a écrit : « Il faut dénoncer et combattre le racisme, tous les racismes, le racisme obtus des imbéciles, celui coriace des méchants, le racisme intéressé de ceux qui en font leur fonds de commerce politique ».
Le Chant des partisans était le chant de la Résistance, de toute la Résistance, unie dans sa lutte implacable contre l’hydre hitlérienne. Il reste actuel car il est le symbole de ces hommes et de ces femmes, héros malgré eux, qui, au péril de leur vie, ont contribué à la libération du sol français de l’occupant nazi. Leur sacriaice mérite le respect.
N’en déplaise à certains nostalgiques, ce chant ne disparaitra pas de notre répertoire. Notre vigilance républicaine ne doit pas aléchir. Veillons-‐y.
« Ami, entends-tu le cri sourd du pays qu’on enchaîne ? »
Jean Bernard. 2012-3
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Echos de la Pentecôte 2012 en Anjou
C’est au pays de la douceur angevine que s’est déroulé le Rassemblement de Pentecôte 2012 qui a regroupé 34 participants.
Sitôt pris possession des chambres, on se retrouve au salon-bar. Et alors
là, ce sont les effusions, les embrassades, les étreintes cordiales, la joie des retrouvailles, une cacophonie s’élève, s’amplifie, qui augure bien de la santé vocale de ceux qu’on dit Anciens.
34 participants : deux Parisiens, deux Rhône-Alpins, quatre Vendéens, un Marseillais, un de son Maine-et-Loire, une escouade du Sud-Ouest et de nombreux territoriaux nantais pure laine. C’est dire combien le brassage des terroirs favorise la convivialité.
Le dimanche, à pied d’œuvre dès neuf heures. Un car nous conduit à Saint-Saturnin en passant par Les Pont-de-Cé (abréviation de César, nous dit l’historienne locale Mimi Chalon). Là, embarquement dans trois calèches (répliques à l’identique de ce moyen de transport en usage à Angers en 1880-1900). Le confort est spartiate. C’est une longue promenade à travers le vignoble angevin et les champs de lin bleus. Bucolique à souhait. Bien sûr, la chanson de circonstance : « Une petite diligence, sur les beaux chemins de France, s’en allait en cahotant… » Ça, oui, il y en eut des cahots, que le guide nous a fait oublier en nous contant, chemin faisant, des histoires drolatiques dans son parler local, notamment celle du gendarme verbalisant un « ouvrier caléchier sans papiers ». Il y a du Rabelais là-dessous.
Arrêt au château de Bois-Brinçon, maison de maître, pour une dégustation de vins de Loire. Une larmichette de rouge, puis de rosé, puis enfin de coteau du Layon (savoureux) humecte nos glottes. Nos papilles apprécient cette « spécialité » locale dont le jeune maître-vigneron s’oblige à observer strictement la culture biologique raisonnée. Pas d’insecticides, pas de pesticides, retour à des techniques naturelles qui s’avèrent bénéfiques. Un dur métier.
Le loisir, c’est bien, le savoir c’est intéressant, maintenant la gastronomie nous attend à Port-de-Loire. Un repas fin nous est servi dans une guinguette au bord de l’eau. Imaginez un repas pris en terrasse, face à la
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Loire large de 800 m qui coule dolente, sous un ciel parfaitement bleu. C’est un décor de rêve qui donne des envies de peindre ce site enchanteur. Il n’y a pas de guinguette sans musique, un air d’accordéon accompagnait nos agapes.
Par une jolie route serpentine, à travers le bocage, le car nous conduit à Saint-Mathurin où nous embarquons pour une croisière d’une heure sur la Loire, cette Loire fantasque et imprévisible qui, parfois, n’a que 50 cm d’eau en son lit alors que les hautes eaux peuvent atteindre 5 à 7 mètres.
Cette promenade fluviale donnait une impression de plénitude, de sérénité mais aussi d’une puissance irrésistible. Sur le chemin du retour, un coucher de soleil irradiait le flot impétueux de paillettes d’or, ce qui ne pouvait que réjouir nos yeux d’amoureux de la nature. Quel spectacle !
Le dimanche soir nous a réunis pour une veillée. Fifi passa un montage de son cru avec des chansons nostalgiques des années cinquante. Puis s’ensuivit une veillée dans la tradition ajiste avec le répertoire que l’on aime. La mémoire ne nous fait pas défaut.
Le lundi matin étant quartier libre, une promenade sur les bords du lac de Maine – magnifique plan d’eau – ou dans le parc boisé ne pouvait qu’aiguiser les appétits.
Photos de famille faites, il fallut bien se séparer. Chacun est reparti vers son chez soi, avec dans la tête plein de belles images et, dans le cœur, la chaleur de l’amitié qui est notre raison de vivre.
Nous nous reverrons, ça c’est sûr.
Félicitations aux Fitamant et aux Picard, toujours sur la brèche pour le plus grand plaisir des copains.
Jean Bernard, Paris. 2012-3
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