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Union europeenne et droits de l'homme en Colombie
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Faculté de Science Politique
Master 2 Relations Internationales
Séminaire : L’Europe dans les Relations Internationales
Le rôle de l’Union Européenne face à la situation
des droits de l’homme en Colombie.
Présenté Par:
Carolina Hernández Páramo
Présenté à:
Monsieur Jacques SOPPELSA
Paris, le 5 février 2009
PLAN
I. L’Union Européenne : un acteur international global?
A. La conceptualisation du rôle de l’Union Européenne
1. Actorness et presence
2. Une conception de l’Union Européenne en tant que puissance civile, soft power ou
puissance globale dans les relations internationales.
B .La mise en cause de la puissance civile, douce et globale.
1. La « militarisation » de la politique étrangère de l’Union Européen.
2. L’écart existant entre le potentiel d’action internationale de l’Union Européen et les
résultats que le monde attend d’elle.
II. L’Union Européenne dans le conflit armé colombien : diplomatie active, coopération
rénovée, association faible.
A. Les premières approximations européennes au conflit armé en Colombie
1. L’Union Européenne et l’Amérique Latine, la Communauté Andine et la Colombie :
des relations non prioritaires.
2. La consolidation de la présence de l’Union Européenne en Colombie: face aux
problèmes de coresponsabilité internationale.
B. La construction du schéma d’actorness européen face au conflit colombien.
1. L’opposition européenne face au Plan Colombie : l’orientation d’une stratégie propre.
2. La définition des priorités de la coopération européenne autour des sujets
fondamentaux pour la Colombie
III. Une association politique entre l’Union Européenne et la Colombie encadrée par des valeurs
et des normes.
A. Des actions diplomatiques de coopération et soutien.
1. Le conditionnement de la coopération européenne au respect des normes.
2. Des déclarations de soutien et d’action humanitaire
B. L’incidence de l’Union Européenne dans la lecture du conflit, la définition des solutions
et des acteurs impliqués.
1. La perspective européenne sur la nature et les solutions du conflit colombien.
2. La perspective européenne sur les acteurs qui doivent participer à la solution du
conflit colombien.
2
CONCLUSION
INTRODUCTION
L’Europe affronte aujourd’hui un monde extrêmement complexe qui a changé
énormément durant les dernières décennies marquées notamment par la chute du
communisme et la dissolution du bloc soviétique. Suite à la fin de la guerre froide, les
européens croient vivre dans une monde démocratique et pacifique régi par des valeurs
universelles, la norme, le droit et la prévention des conflits et jugent impératif de
répandre ces propres valeurs aux autres.1 Etant reconnue dans le monde pour sa
diversité culturelle, une prépondérante sensibilité aux questions environnementales et
un engagement fort en faveur de la promotion des droits humains, l’Europe joue une
multiplicité de rôles dans une diversité de domaines où le monde attend qu’elle agisse.2
Des interrogations persistent toutefois sur la place et le rôle de l’Europe dans le système
international.
La déclaration conjointe du Parlement européen, du Conseil des Ministres, de la
Commission Européenne et des représentants des États membres sur la politique de
développement de l'Union Européenne (en avant UE) intitulée «Le consensus
européen», du 20 décembre 2005, définit le cadre de principes communs dans lequel
l'UE et ses États membres agissent. L’objectif primordial, étant la réduction de la
pauvreté dans le monde dans le contexte du développement durable, s'appuie sur les
objectifs complémentaires de promotion de la bonne gouvernance, la démocratie, le
droit international, la participation de la société civile et du respect des droits de
l'homme, valeurs communes qui sont à la base de l'UE.
C’est justement dans ce contexte que s’encadre sa stratégie envers la Colombie 3
qui, depuis plus de 50 ans, est victime d’un conflit armé complexe à l’origine de la plus
grave crise humanitaire que connaît l’Amérique latine, comme l’a reconnue la
Commission Européenne.4 Selon la présidence colombienne, ce conflit armé « a fait
1 VEDRINE, Hubert, Continuer l’histoire, Fayard, Paris, 2007, P.212 BRETHERTON, Charlotte et VOGLER, John, The European Union as a Global Actor, Routledge, 1999, p. 15 Les auteurs
soulignent spécialement quatre domaines : les relations commerciales d’échange, la sécurité et la défense, le développement et l’environnement.
3 Country strategy paper 2001-2006, Colombia. Dans : ec.europa.eu/external_relations/colombia/csp/02_06_en.pdf, P. 16
4 Communiqué de presse de la Commission Européenne, « La Commission décide d'accorder une aide humanitaire de
12 millions € aux victimes du conflit interne qui sévit en Colombie », Brussels, Rapid Presse Releases, Europa, 23 mars 2007,. Dans : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/07/406&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en
3
payer un lourd tribut à la nation en vies humaines, femmes et enfants compris. Le trafic
de drogue a renforcé la position de la guérilla et des autodéfenses qui rançonnent,
séquestrent et assassinent les citoyens, menaçant les institutions publiques. Des
centaines de milliers de Colombiens ont dû abandonner leur foyer suite aux menaces,
aux persécutions et à la violence exercées par la guérilla et les groupes d'autodéfense.
En Colombie, tous les ans, 30.000 personnes sont victimes de la violence et de la terreur
– ce qui équivaut à presque dix attaques annuelles similaires à celle du 11 septembre.
En effet, il y a eu, en 2002, plus d'attaques terroristes en Colombie que dans tout le reste
du monde».5
La question est donc de savoir quel rôle joue l’UE face à la situation des droits de
l’homme en Colombie en identifiant si elle agit comme un acteur global significatif.
Pour aborder cette problématique et conceptualiser le rôle de l’UE, nous nous
intéresserons dans un premier temps à la conceptualisation du rôle de l’UE à travers les
notions d’actorness et presence, l’analyse de l’UE en tant que puissance civile et douce
dans les relations internationales et le décalage existant entre ses capacités et les attentes
que le monde a d’elle. Puis, nous avancerons dans l’analyse de l’action extérieure de
l’UE et la consolidation de sa présence et de son action face à la situation des droits de
l’homme dans le conflit armé colombien. Et finalement, nous étudierons l’incidence de
la perspective européenne dans la lecture du conflit, la définition des réponses pour y
faire face et l’indication des acteurs qui doivent être impliqués dans la solution.
Avant de poursuivre cette étude, il convient tout d’abord de préciser la difficulté
existante autour de la définition de l’Europe. Comme l’explique Christopher Hill,
l’Europe peut se comprendre à la fois et parmi d’autres possibilités, comme un
continent, un nucleus de celui-ci, une communauté de sécurité, un ensemble des
économies capitalistes développées ou une entité culturelle.6 Dans le cadre de cette
recherche, nous allons la comprendre, comme le fait Hill, en tant qu’entité semi-
supranationale qui travaille côte à côte avec des Etats souverains.7 Cependant, la
construction d’une définition précise devient à chaque fois plus difficile, notamment en
raison du processus constant d’élargissement. Il semble donc indispensable de souligner
ici une caractéristique déterminante: l’UE n’est pas un acteur unitaire ou monolithique
car elle obéit à la somme des intérêts et des priorités des 27 Etats membres et à un
5 Présidence de la République de la Colombie, Département des Communications, « La Colombie : une surprise ? », 2003. Dans :
http://www.colombiaemb.nl/es/colombia/documents/Colombiaunesurprise.pdf6 HILL, Christopher, « The Capability-Expectations Gap, or Conceptualizing Europe’s International Role », Journal of Common
Market Studies, vol. 31, No. 3, 1993. P. 3087 Ibid..
4
processus d’intégration qui inclut d’autres acteurs. De ce fait, quand nous parlons de
l’UE il faut prendre en compte non seulement les institutions communautaires et ces
Etats membres mais aussi d’autres acteurs comme les organisations non
gouvernementales (ONG) européennes.
I . L’Union Européenne : un acteur international global?
A. La conceptualisation du rôle de l’Union Européenne
1. Actorness et presence
Sur le rôle de l’UE dans les relations internationales en tant qu’acteur global, il est
indispensable d’aborder deux notions. La première actorness ou la capacité d’agir de
l’UE dans les relations internationales peut se déterminer à partir d’une multiplicité de
contraintes et d’opportunités internes et externes –comme le cadre légal, institutionnel
et économique international dans lequel elle se situe.8 Cette notion permet d’établir si
l’UE est un acteur véritablement indépendant de ses constituants internes et de son
environnement externe et de voir si son rôle est ou non significatif dans le contexte
international.9 Cette capacité, comme l’explique Franck Petiteville est déterminée par
quatre caractéristiques: a) une reconnaissance internationale par des acteur externes qui
acceptent sa compétence internationale dans un certain domaine, b) une
autorité juridique pour agir dans un certain contexte global (conforme parmi d’autres
aux traités et à la volonté des Etats membres de transférer leur souveraineté), c) un
degré d’autonomie dans le processus de prise de décisions, et d) un minimum de
cohésion dans l’action vers l’extérieur.10 Quant à elle, la notion de presence fait
référence à sa présence et à son impact dans les relations internationales.
Ces deux notions nous permettent une meilleure compréhension de la notion
d’acteur international établie par Sjostedt : une entité délimitée par d’autres acteurs et
par l’environnement mais toujours autonome du fait qu’elle définit ses propres normes,
prends ses propres décisions et a une structure comprenant une capacité juridique, des
agents diplomatiques et une capacité de négociation sur l’agenda international.11 La
conceptualisation de l’UE comme acteur international a mis en évidence un débat très
captivant que nous analyserons par la suite.
8 BRETHERTON, Charlotte et VOGLER, John, Op. Cit., P. 299 Ibid. et HILL, Christopher, Op. Cit. P. 30910 PETITEVILLE, Franck, «L’Union européenne, acteur international « global » ? Un agenda de recherche», Revue internationale et stratégique, N° 47, 2002- 3, P. 14711 HILL, Christopher, Op. Cit. P. 309
5
2. Une conception de l’Union Européenne en tant que puissance civile, soft
power ou puissance globale dans les relations internationales.
Dans les années soixante-dix, les premiers essais de conceptualisation de l’UE
comme acteur international ont été réalisés sur la base de deux notions clefs: puissance
civile et puissance douce.12 Ces notions ont permis d’expliquer sa politique étrangère sur
la base des institutions, de la coopération et des moyens économiques plutôt que
militaires. La communauté européenne se montrait comme une civilian diplomacy et
non comme une force militaire.13 L’UE a ensuite été qualifiée de soft power dans les
relations internationales par Joseph Nye.14 Ainsi nous l’explique Franck Petiteville en
affirmant que ces notions ont montré un mode d’action international fondé «sur la
capacité d’attraction plutôt que sur la coercition, sur l’exportation de normes et de
valeurs, et enfin sur la capacité de s’ériger en modèle pour le reste du monde».15 Le
dernier concept qui s’impose est celui de puissance globale. Ces notions mettent toutes
en évidence l’étendue du champ d’action international de l’UE qui comprenne: «la
régulation de la globalisation, la diplomatie de la PESC, l’établissement d’un réseau de
relations institutionnalisées avec les grandes puissances, les agences onusiennes, les
pays en développement, l’action humanitaire, la gestion des problèmes
environnementaux, la défense des droits de l’homme, ou, encore, la gestion civile des
crises, en attendant la concrétisation d’une capacité de projection militaire».16 Une
situation qui donne à l’UE le rôle de stabilisateur démocratique développant ce que
Mark Leonard nomme une nouvelle «puissance transformatrice» qui cherche à
remodeler le monde à travers des normes, traités et constitutions.17
Une identité européenne s’est construite donc autour de l’éventail d’activités de
l’UE (diplomatie, commerce, défense, aide au développement, environnement, action
humanitaire et droits de l’homme parmi d’autres) avec: «une conception des droits de
l’homme excluant la peine de mort et incluant des droits sociaux avancés, le respect du
multilatéralisme et du droit international dans les relations internationales, le principe de
précaution en matière environnementale et l’exception culturelle dans le commerce
international».18 Nous pouvons le constater ainsi dans le Rapport Annuel des Droit de
12 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international » dans HELLY D. et PETITEVILLE F (Eds) L’Union Européenne, acteur international, L’Harmattan, Paris, 2005. P. 1613 HILL, Christopher, Op. Cit. P. 30514 NYE, Joseph, « Soft Power », Foreign Policy, No. 80, 199015 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit. P. 1616 PETITEVILLE, Franck, «L’Union européenne, acteur international « global »? Un agenda de recherche», Op. Cit. P. 15717
LEONARD, Mark, « Europe's transformative power », Centre for European Reform CER Bulletin, Issue 40, février-mars 200518 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit., P. 16
6
l’Homme de 2007 du Conseil de l’UE qui cherche illustrer la façon dans laquelle les
valeurs communes de l’UE se mettent en évidence dans les activités relatives aux droits
de l’homme dans des pays tiers, des forums internationaux et d’autres questions.19 Ce
rapport affirme que l’UE se fonde et se définie en vertu de son
adhésion aux principes de liberté, de démocratie et de respect des
droits de l’homme et de l’état de droit constitutives de la paix et la
stabilité de toute société. Il déclare que l’UE est un acteur mondiale
dans plusieurs domaines notamment l’économique du fait de sa
contribution à l’aide humanitaire et la promotion et la protection des
droits de l’homme qui constitue sa responsabilité mondiale. Selon ce
rapport, l’UE développé plusieurs instruments de promotion des droits
de l’homme et la démocratie comme le dialogue politique, un
instrument financière (l’instrument européen pour la démocratie et
les droits de l’homme), des directrices, des gestions et l’intervention
dans des forums multilatéraux. Elle a notamment doublé ses efforts
dans l’application des directrices concernant la peine de mort, la
torture, les enfants, les conflits armés et la protection de défenseurs
des droits de l’homme. Elle a développé aussi une nouvelle initiative
sur les enfants soldats.20
Néanmoins, cette vision de l’UE en tant que puissance civile a été mise en cause
en raison des efforts qui ont été fait autour d’une intégration européenne en matière de
défense ou la nommée « militarisation » de sa politique étrangère.21
B .La mise en cause de la puissance civile, douce et globale.
1. La « militarisation » de la politique étrangère de l’Union Européen.
La conceptualisation qui a historiquement positionnée l’UE en tant que puissance
civile et douce dans le monde a été mise en cause, notamment à partir de 2004, suite à la
prétention de mettre en place une intégration européenne en matière de sécurité et de
défense (voyons la PESC et la PESD).22 Néanmoins, même si quelques progrès ont été
faits dans cette matière, des recherches sur les relations extérieures de la communauté 19
Consejo de la Unión Europea, “Informe Anual de la UE sobre derechos humanos -2007”, Bruselas, 18 de octubre de 2007 (05.11), (OR. en), 13288/1/07, REV 1, COHOM 88, Dans: http://www.humania.tv/globoteca/Informe.pdf20
Ibíd., Pp. 34-3521
SMITH, Karen E. « Beyond the Civilian Power EU Debate », Politique européenne, No. 17, automne 2005 22
CHARILLON, Fréderic, « La PESC, une réinvention de la politique étrangère », dans HELLY D. et PETITEVILLE F. (Eds) L’Union Européenne, acteur international, Op. Cit., P. 63
7
européenne ont mises en évidence des difficultés d’une gouvernance externe.23 Cela
s’explique surtout en raison d’un manque de cohérence entre les différentes politiques
externes des Etats membres qui varient selon l’Etat, les décideurs au pouvoir, l’état de
la dynamique européenne et les contextes politiques autant nationaux
qu’internationaux.24 De ce fait et suite à des événements internationaux -comme la
guerre en Irak de 2003-, mettant en évidence les oppositions existantes entre ces Etats
membres, un scepticisme autour de l’UE en tant qu’acteur international s’est
développé.25
En outre, une politique étrangère européenne de sécurité commune peut sembler
utopique -au moins à court terme- puisqu’elle suppose l’abandon de la part des Etats de
leurs souverainetés.26 Stelios Stravridis considère que la politique européenne de
sécurité et de défense «serait trop limitée pour permettre à l’UE de se transformer en
acteur stratégique et pour réduire sa dépendance à l’égard de l’OTAN en matière de
sécurité ».27 D’autre part, les ressources pour les politiques de sécurité de l’UE trouvent
leur source majoritairement dans les Etats membres car l’Union ne lève pas d’impôts et
son budget reste très inférieur à celui de la plupart des Etats membres. Comme l’affirme
Magnette, « s’il existe un embryon de corps armé européen et l’ébauche d’un parquet et
d’une police commune, ces forces coercitives ne sont encore que la réunion de divisions
nationales. L’Union n’a, en propre, ni armée, ni douaniers, ni forces de police, ni
administrations d’exécutions, ni cours et tribunaux ordinaires. De plus, dans ces
domaines, les Etats s’engagent seulement à coordonner leur politiques nationales, en
recourant à des méthodes souples qui ne leur imposent que de faibles contraintes».28
C’est pourquoi, pour certains, comme Hill et Petiteville, l’Union n’est pas en
mesure d’être un acteur stratégique29, elle n’aura pas un rôle sérieux dans les relations
internationales si elle ne développe pas sa capacité militaire et, comme la conjoncture
internationale l’a mise en évidence, elle « n’est pas un acteur international effectif » car
23 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit., P. 1224
CHARILLON, Fréderic, Op. Cit., P. 6225
BARBÉ, Esther, “La Unión Europea en el mundo: entre el poder de transformación y los límites de la Constitución”, Observatorio de Política Exterior Europea, Revista Valenciana de Estudios Autónomicos, Especial “Europa en la encrucijada”, Universidad Autónoma de Barcelona, No. 43/44, 2004, P. 16226 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit., P.1527 STRAVRIDIS, Stelios, “Militaraising the EU: the Concept of Civilian Power Europe Revisted”, The International Spectator, Vol. XXXVI, No. 4. octobre-décembre et PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit., P. 1728 MAGNETTE, Paul, Le Régime Politique de l’Union Européen, Paris, Presses de Sciences Po, 2ème édition, 2006, P. 51-5229 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit., P. 15
8
elle n’a pas la capacité de produire des réponses collectives et n’a pas un véritable
impact dans les événements.30
Nous constatons ainsi une vision marquée par la théorie réaliste des relations
internationales selon laquelle l’Etat est l’acteur principal et où l’existence d’une force
militaire inégale parmi ces acteurs peut déterminer des positions puisqu’elle signifie une
menace pour les autres Etats. C’est justement cette vision réaliste qui limite la
construction d’une vision de l’UE en tant que force puissante et progressive dans le
système international. Un facteur qui explique l’écart existant entre le potentiel d’action
internationale de l’UE et les résultats que le monde attend d’elle.31
2. L’écart existant entre le potentiel d’action internationale de l’Union
Européen et les résultats que le monde attend d’elle.
L’UE représente une présence forte et un impact important dans les relations
internationales face à une conjoncture complexe. Jusqu’à présent, elle a accomplit des
fonctions importantes, entre autres, autour de la stabilisation de l’Europe de l’ouest, la
gestion du commerce mondial et a joué comme une voix importante avec les pays du
sud et de deuxième force dans la diplomatie internationale (derrière les Etats-Unis).32
Toutefois, dans l’avenir le monde attend d’elle la réalisation d’une multiplicité d’autres
fonctions. Ainsi l’explique Hill en faisant référence au replacement de l’Union
Soviétique dans la balance mondiale du pouvoir à travers la prise du rôle de
pacificatrice régionale et médiatrice de conflits dans les domaines politiques,
économiques, sociaux et militaires dans le monde.33 Toutefois, l’accomplissement de
ces fonctions semble difficile puisqu’elle ne dispose pas des compétences suffisantes,
des ressources nécessaires ni des instruments indispensables pour ce travail.34 Une
réalité qui peut la mener à l’élaboration de politiques en dehors du possible et même
excessives en termes de risques. Dans le domaine de la défense, comme nous l’avons
souligné précédemment, il semblerait que seule à travers la création d’une dimension
militaire, l’UE pourrait se constituer en véritable acteur international et changer ainsi les
attitudes externes existantes.35 Cependant, cela semble encore peu probable.
Néanmoins, nous ne pouvons pas nier que même faute du développement de cette
capacité de défense, l’UE a joué et peut continuer à jouer dans le champ international
30 HILL, Christopher, « The Capability-Expectations Gap, or Conceptualizing Europe’s International Role », Op. Cit. P. 306
31 Voire: HILL, Christopher, « The Capability-Expectations Gap, or Conceptualizing Europe’s International Role », Op. Cit., P. 30632 Ibid., P. 310-31233 Ibid.34 Ibid.35 Ibid.
9
sans perdre son actorness. Comme l’affirme Loïc Azoulai lors d’un entretien
(professeur de l’Université Paris 2, maitre du séminaire «L’UE et les Droits de
l’Homme» et auteur du livre «L’autorité de l’Union Européenne»), l’UE n'a ni les
moyens de la puissance, ni les attributs de la souveraineté mais l'emprise de son action
sur la vie des affaires internationales est un fait incontestable. Pour lui, l’UE n’impose
pas seulement ses propres normes dans les ordres juridiques internes mais elle a le
pouvoir d’imposer la reconnaissance et l’autorité des normes de tout État membre dans
les autres États, notamment à travers de la persuasion et de la coopération. De ce fait,
parmi les différentes types de tentative de diriger le système international à travers la
politique étrangère identifiés par Hill (l’hégémonie, le multilatéralisme directif et
l’exemplarisme), nous pouvons établir que l’UE mène une stratégie de multilatéralisme
directif.36 Ceci, en menant des actions pour stimuler et persuader des groupes d’Etats à
poursuivre des fins communs. La difficulté ici tourne pourtant autour de l’autonomie: si
les Etats membres restent à la tête des décisions, ils continueront à limiter l’action de
l’Union.
Cette analyse de l’UE en tant qu’acteur international peut se développer au travers
de l’étude de cas du conflit armée colombien comme nous le ferons par la suite.
II. L’Union Européenne dans le conflit armé colombien : diplomatie active,
coopération rénovée, association faible.
A. Les premières approximations européennes au conflit armé en Colombie
1. L’Union Européenne et l’Amérique Latine, la Communauté Andine et la
Colombie : des relations non prioritaires.
Pendant presque tout le XXème siècle, les différents gouvernements de
l’Amérique Latine ont privilégié une relation plus étroite avec les Etats-Unis ou avec les
pays voisins. De ce fait, les relations avec d’autres acteurs comme la communauté
européenne ou avec ses Etats membres ont été distants. Malgré certains développements
économiques, politiques et commerciaux achevés lors de cette période, c’est seulement
dans les années 1990, dans le cadre de la post-guerre froide, que les relations
commencent à se consolider véritablement.
36 HILL, Christopher, “What is to be done? Foreign Policy as a site for political action”, Foreign Affaires, Vol. 79, No. 2, mars 2003. Cet
article, qui apparaît dans la revue Foreign Affaires en 2003, P. 243
10
Ni l’Amérique Latine, ni la Communauté Andine, ni la Colombie ne représentent
une priorité pour l’UE. Il s’agit d’une zone libre d’armes nucléaires, dépourvue d’armes
de destruction massive, qui affronte un phénomène de terrorisme croissant mais
d’action plutôt locale avec des flux migratoires vers l’Europe en augmentation mais ne
représentant pas un problème comparable à d’autres migrations. D’autre part, le majeur
approvisionnement de drogues illicites provient d’autres régions du monde différentes
de l’Amérique Latine.37 De plus, à la différence de l’Afrique, il n’existe pas en
Amérique Latine d’Etats voyous qui pourrait devenir une menace pour la sécurité
globale.38
L’attention de l’UE se dirige plutôt vers les pays de l'Association européenne de
libre-échange (AELE), l’Est, le Moyen Orient, la Méditerranée, les anciennes
républiques Soviétiques, les Balkans, le Nord de l’Afrique et le Sud-est asiatique.39 De
ce fait, même si certains pays européens peuvent prendre distance de ces priorités pour
considérer avec plus d’attention le reste du monde, il n’est pas certain que l’Amérique
Latine puisse être considéré une priorité. L’UE semble plus importante pour l’Amérique
Latine que ce qu’est l’Amérique Latine pour l’UE, notamment en termes économiques.
En ce qui concerne la Colombie, son conflit armé ne semble pas représenter une
menace pour la sécurité européenne. De plus, les relations avec l’UE sont précédées par
le lien qui existe avec les Etats-Unis, les pays de la Communauté Andine et d’autres
pays de l’Amérique Latine. Toutefois, malgré cette marginalité dans la politique
internationale, la région et le cas colombien constituent pour l’UE un certain intérêt
dans la consolidation de son rôle en tant qu’acteur international qui défend des valeurs
propres à partir desquelles elle promeut la construction des régimes internationaux qui
régulent l’action sur la scène internationale. Un rôle qui lui permet de se différentier des
Etats-Unis sans assumer un cout trop élevé pour s’opposer à la puissance unipolaire.40
Par conséquent, malgré la distance du conflit colombien, qui n’affecte pas
fortement sa politique ni ses intérêts stratégiques, l’UE et ces Etats membres sont
devenus des acteurs fondamentaux qui incident, en partant de leurs propres valeurs et
37 KLAVEREN, Alberto Van, « Las relaciones políticas europeo-latinoamericanas », Nueva Sociedad, Caracas, No.189, 2004, P. 5438
HILL, Christopher, “What is to be done? Foreign Policy as a site for political action”, Op. Cit. ,P. 24339 WHITEHEAD, Laurence, « La relación biregional », Nueva Sociedad, Caracas, No. 189, p. 69-79, 2004 et SANIN, Javier, “Colombia-Unión Europea: de la incertidumbre política al posicionamiento estratégico”, Colombia Internacional, Bogota, janvier 2004, p. 240
Mark Leonard compare l’action de l’UE et des Etats-Unis avec des exemples affirmant par exemple que lorsque l’UE est fortement impliquée dans la reconstruction de la Serbie, les Etats-Unis n’offrent pas à la Colombie un espoir d’intégration avec des institutions multilatérales ou des investissements structurels mais ils assistent temporellement avec des missions et du soutien militaire. LEONARD, Mark, Op. Cit.
11
intérêts, dans la caractérisation du conflit colombien, dans les politiques optées pour y
faire face et dans la définition des acteurs qui participent à sa solution.
2. La consolidation de la présence de l’Union Européenne en Colombie: face
aux problèmes de coresponsabilité internationale.
A la fin de la guerre froide, de multiples expectatives apparaissent sur la
construction d’un nouveau schéma de sécurité et de nouveaux régimes internationaux
pour réguler des affaires de l’agenda globale.41 Suite à la deuxième guerre mondiale et à
la fin de la guerre froide et de la bipolarité, les relations et le droit internationaux ont
suivi un processus d’humanisation. Le nouveau scénario mondial définit la rentrée en
vigueur croissante de la démocratie et des droits de l’homme dans les relations
internationales et notamment dans les relations de l’UE avec des pays tiers. Avec le
Traité de Maastricht les valeurs démocratiques et les droits de l’homme prennent un
caractère essentiel dans le processus d’intégration en tant que principes cadres des
relations extérieurs communautaires.42
Dans ce contexte et face à l’importance acquise par le problème de la drogue dans
le monde, le gouvernement colombien de Virgilio Barco (1986-1990) a insisté sur le
caractère transnational du problème ainsi que sur ces délits connexes et sur la
coresponsabilité de la communauté internationale dans la recherche de solutions. Pour
cela, il a formulé un programme spécial de coopération et a sollicité les instances
multilatérales comme les Nations Unis43 et les gouvernements notamment des Etats-
Unis et européens pour leurs soutiens économiques afin de combattre le problème.44
En avril 1990, le président Barco demande à Bruxelles le soutien de la
Communauté européenne au Plan spécial de coopération économique élaboré par son
gouvernement afin de faire face à la production et au trafic de drogue et atténuer les
effets économiques négatifs de la lutte contre la drogue. Le plan envisageait un budget
de 1.180 millions de dollars pour quatre ans cherchant à investir dans le renforcement
41 RAMÍREZ, Socorro, Intervención externa en los conflictos internos. El caso colombiano (1996-2003), Bogota, Universidad Nacional de Colombia, 42 DEL ARENAL, Celestino, “Democracia y derechos humanos en las relaciones entre América Latina y la Unión Europea”, Revista electrónica Iberoamericana, Vol 1. No. 1. 2007, Instituto de Estudios de Iberoamerica, Universidad Complutense de Madrid, pp.2-4 43
Le 29 septembre 1989, un mois après l’assassinat à Bogotá d’un candidat présidentiel par des groupes liés aux trafiquants illicites de drogue, l’ex président Barco a proposé à l’Assemblée Générale de l’ONU un plan d’action global en six points, dont les quatre premiers faisaient appel à prendre des mesures contre les demande sans fins médicales ou scientifiques, le contrôle des éléments chimiques utilisés dans l’élaboration de cocaïne, la vente illicite d’armes et contre le blanchiment d’argent. Il a aussi appelé à une rencontre multilatérale pour discuter tous les aspects du problème de drogues qui a été remplacée par la réalisation le 15 février 1990 d’un sommet, organisé par le gouvernement colombien, entre les présidents des pays concentrant la consommation et la production de la drogue: les Etats-Unis, la Bolivie, la Colombie et le Pérou. Dans : GIOVANNI MOLANO CRUZ, « Inter-régionalisme, sécurité et politique mondiale. Le rôle des groupes interrégionaux dans la régulation globale de politiques contre le trafic illicite de stupéfiants », UNU-CRIS United Nations University Working Papers, septembre 2008, p. 2544 SANIN, Javier, Op. Cit., P. 3
12
de l’économie, l’élimination de la drogue et la défense de la démocratie.45 A ce sujet, le
président Barco a argumenté que la solidarité internationale sollicitée était nécessaire et
qu’elle s’inscrivait dans une stratégie globale pour contrer «un grave problème d’échelle
globale».46 Le Conseil de l’UE a approuvé la coopération intégrale avec la Colombie,
spécialement en ce qui concerne la vente et le prix du café et d’autres produits de
substitution et a destiné 87 millions de dollars pour quatre ans afin de mettre en place
des mesures de coopération économique et de développement. D’ailleurs, le Système de
Préférences Généralisées a été accordé pour les pays de la Communauté Andine (SPG-
Andin) affectés par le trafic de drogue (rentré en vigueur en 1991). Ceci favorisait
l’entrée des produits andins dans l’UE en éliminant ou réduisant au minimum les tarifs
douaniers et en compensant les dépenses faites dans la lutte contre le trafic de drogue.
Le SPG est un accord d’échange à travers lequel l’UE octroie aujourd’hui des
préférences non réciproques d’accès au marché européen à 176 pays et territoires en
voie de développement comme nous le verrons plus tard.47
Selon le directeur des affaires politiques multilatérales de la Direction Générale
des Relations extérieures de la Commission européenne, Luigi Boselli, le soutien
européen au Plan Barco a été la première intervention active et solidaire de la
Communauté européenne dans la coopération internationale anti-drogue.48 C’est donc à
partir de ce moment que commence le rapprochement des gouvernements européens à la
situation colombienne. Le Plan Barco a ainsi préfiguré les positionnements de
coopération entre la Colombie et l’UE -ainsi que des Etats-Unis - pour lutter contre la
drogue. Si des Etats-Unis le gouvernement colombien a trouvé l’engagement d’un
soutien de 200 millions de dollars pour cinq ans, plus une subvention de 65 millions
pour des équipements militaires, l’appui des européens a été au niveau bilatéral et
communautaire.49 Alors que de l’Allemagne, de l’Italie, du Luxembourg, du Danemark,
de la France, des Pays Bas et du Royaume-Uni, le Plan a obtenu l’engagement du
financement de quelques projets de développement, des institutions communautaires il a
reçu des préférences commerciales dans le marché européen pour les produits
colombiens et de l’aide au développement. Nous pouvons constater ici que les Etats-
Unis ont privilégié le financement pour le domaine militaire tandis que les Européens
45 GIOVANNI MOLANO CRUZ, Op. Cit., P.4746 Ibid., P.4847Document de la Commission européenne 139872 sur le SPG, juillet 2008. Dans : http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2008/july/tradoc_139872.pdf48 GIOVANNI MOLANO CRUZ, Op. Cit., P. 5149 Ibid.
13
ont concentré leur soutien dans l’aide financière et la coopération économique.
Toutefois, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude qu’il existe une division claire
entre l’aide nord-américaine et européenne. En 1991 le premier a ajouté à son aide
financière pour des équipements militaires des programmes de développement de
préférences commerciales pour dix ans aux produits en provenance des pays andins
comme soutien à la lutte contre la drogue (comme l’avait fait l’UE une année
auparavant) et d’autre part, en 2001, les gouvernements du Royaume-Uni et de
l’Espagne ont soutenu l’ensemble du Plan Colombie avec un fort composant d’aide
militaire comme nous le verrons plus tard.
Lors de l’administration de César Gaviria (1990-1994) l’UE a vu d’un bon
œil plusieurs dimensions de la politique colombienne comme l’accord achevé par le
gouvernement avec certains groupes armés illégaux, l’identification du problème de la
drogue comme de type transnational, la réalisation de l’Assemblée Nationale
Constituante et le caractère protecteur des droits fondamentaux dans la nouvelle
Constitution de 1991. C’est pourquoi en 1993, après une visite à la Commission
Européenne, les termes de la coopération économique et technique commencent à se
définir soutenant des projets des ONG et d’aide humanitaire. La Commission a signé un
accord relatif à l’établissement d’une représentation de la Commission en Colombie qui
s’ouvre à Bogota.
Au milieu des années 1990, la dégradation du conflit colombien et sa plus grande
relation avec les problèmes de l’agenda globale comme les drogues, les violations des
droits de l’homme, les migrations et les crises humanitaires permettent d’expliquer
l’agissement de différents pays de l’UE et d’autres non membres. Leur présence
commence à prendre forme lors du gouvernent d’Ernesto Samper (1994-1998) quand la
crise nationale s’aggrave et exige la présence internationale en donnant plus de visibilité
au conflit.
Ainsi les mécanismes de coopération et les relations bi-régionales se renforcent.
La stratégie de 1995, élaborée pour la période 1996-2000 le montre bien.50 La
commission souligne ici l’intérêt stratégique de l’UE dans sa consolidation des liens
avec la région du fait des facteurs historiques et culturels qui rapprochent les deux
régions, le contexte politique favorable de l’Amérique Latine et l’amélioration de sa
situation économique étant le marché le plus dynamique pour les exportations
50 Comunicación de la Comisión al Consejo y al Parlamento Europeo, de 23 de octubre de 1995: Unión Europea-América Latina -
Actualidad y perspectivas del fortalecimiento de la asociación (1996-2000) [COM (95) 495 - no publicada en el Diario Oficial], Activités de l’Union Européenne, Législation, Europe. Dans: http://europa.eu/scadplus/leg/es/lvb/r14003.htm
14
européennes à ce moment. De plus, l’UE devient la première source d’aide publique au
développement de l’Amérique Latine et l’une des principales sources d’inversion
étrangère directe dans la région. Ce document établit trois axes prioritaires d’action –la
consolidation démocratique, la lutte contre la pauvreté et le soutien aux reformes
économiques- et trois thèmes transversaux d’intérêt commun -le soutien à l’intégration
régionale, l’éducation et la formation d’interdépendances Nord-Sud. En ce qui concerne
la démocratie et les droits de l’homme, la stratégie définit une série d’objectifs pour la
consolidation des relations politiques comme l’intensification du dialogue sur le
maintien de la paix et la stabilité régionale, le soutien à la démocratisation (avec
l’ancrage des institutions législatives, judiciaires, de police et de défense des droits de
l’homme, la promotion de la bonne gouvernance et la décentralisation) et la promotion
et protection des droits de l’homme. Pour sa part, le communiqué « Une nouvelle
association Union Européenne- Amérique Latine au début du XXI siècle » de 1999
confirme ces objectifs51 soulignant que le dialogue avec la Communauté Andine se
centre notamment autour du trafic des drogues.
Ces déclarations nous permettent de constater l’importance de la promotion et de
la protection des droits de l’homme, comme valeurs de base, dans les relations de l’UE
avec la Communauté Andine et avec la Colombie. Toutefois, dans la pratique, la
participation européenne s’est traduit, pendant les années 1990, par des déclarations
pour la paix et contre le trafic de drogues, le compromis d’un bureau des droits de
l’homme et par certains projets humanitaires soutenus par quelques pays européens, la
Commission ou le Parlement. Des résultats qui se voient affectés par la perte de
crédibilité du gouvernement Samper qui n’arrive pas à renouer les dialogues de paix,
ainsi que par d’autres difficultés européennes dans la définition de sa politique
extérieure et de sécurité.
B. La construction du schéma d’actorness européen face au conflit colombien.
1. L’opposition européenne face au Plan Colombie : l’orientation d’une
stratégie propre.
A la fin des années 1990, l’UE apporte son soutien au gouvernement d’Andrés
Pastrana (1998-2002) qui propose un dialogue avec les groupes armés illégaux
disposant d’un territoire démilitarisé à cette fin (plus grande que la Suisse : 42.000km2).
Lors de sa présidence, les relations bilatérales avec l’UE (ainsi qu’avec les Etats-Unis)
51 Activités de l’Union Européenne: la législation, Europa. Dans : http://europa.eu/scadplus/leg/es/lvb/r14004.htm
15
se sont accélérées dans le cadre de la coopération. Cela dans l’objectif de mettre fin aux
problèmes concernant le trafic des drogues mais aussi le conflit armé et les violations
des droits de l’homme et du droit humanitaire dans le pays. Menaces qui, suite à un
processus de globalisation croissante deviennent plus dangereuses pour la stabilité des
relations internationales non seulement au niveau régional mais aussi au niveau
international.52
L’ex président Pastrana a présenté au Parlement Européen le Plan Colombie en
tant que stratégie ayant pour but l’instauration de la paix. Les représentants du
Parlement se sont opposé au Plan Colombie allégeant qu’il s’agissait d’un projet de
guerre et non d’un programme de paix dans lequel l’UE ne devait pas s’impliquer.53
Puis il a approuvé en 2001 une résolution d’opposition au Plan Colombie décidé par
474 votes contre 1 avec 33 abstentions.54 Ce rejet a été effectué suite à l’approbation de
la part des Etats-Unis du «US Aid Package». Dans cette résolution, l’UE critique
l’initiative du Plan Colombie en disant que la situation et le conflit dans le pays ne sont
pas de caractère armé mais de dimension économique, sociale et politique et que le sens
profond se trouve dans l’exclusion économique, politique, culturelle et sociale. De plus,
les solutions militaires ne peuvent pas conduire d’elles mêmes à la paix durable mais à
une plus grande militarisation de la lutte avec le risque d’escalade du conflit dans la
région et ces frontières. Elle établit également que le Plan a des effets contraires aux
stratégies européennes de coopération et à ces programmes. Finalement, elle clame un
rôle plus actif des mouvements sociaux, des ONG et des collectivités locales dans le
processus de paix. Ainsi, l’intervention européenne suivit sa stratégie propre, non
militariste, neutre et transparente.
Le Parlement a donc proposé de maintenir le processus de paix, mais par le biais
d’une stratégie européenne mettant l’accent sur l’aide sociale et évitant toute sorte de
coopération militaire.55 La Commission, elle, à travers le commissaire Chris Patten a
exprimé au Ministre des Affaires Etrangères colombien de l’époque -Fernández de
Soto- sa préoccupation autour du composant militaire, l’absence
d’implications des différents groupes armés illégaux et le manque de
52 Voir : MARCHESIN, Philippe, Les nouvelles Menaces : Les Relations Nord-Sud des années 1980 à nous jours, Karthala, 2001
53 JELSMA, Martin, Europe Rejects Plan Colombia, The Progressive Response, 12 February 2001. Dans: http://www.tni.org/detail_page.phtml?act_id=1592&username=guest@tni.org&password=9999&publish=Y54
Résolution du Parlement Européen sur le Plan Colombie, 1 février 2000, Le Monde Diplomatique. Dans : http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/resolupar55 GAVIRIA, Andres, Les régions comme acteurs de la coopération entre l'Union européenne et la Communauté Andine de Nations. Euryopa, Institut européen de l’Université de Genève, juin 2005, p. 46
16
traitement des droits de l’homme parmi d’autres limites.56 Toutefois,
l’Espagne et la Grande Bretagne se sont manifestés en faveur du
projet. La France, de son coté, a joué un rôle important dans la prise
de décision européenne autour du Plan. L’ex Ministre des Affaires
Etrangères a signalé que le Plan était contradictoire avec la stratégie
de développement économique et social et au soutien du processus
de paix.57
Comme nous pouvons le constater, le Plan n’a pas eu l’accueil attendu de
l’Europe mais l’initiative a ouvert le débat sur l’orientation de la coopération
européenne vers la Colombie. La Commission Européenne a nommé un groupe de
soutien au processus de paix et a proposé d’animer un plan de soutien européen via des
tables internationales de négociation et de coopération pour la Colombie.58 Les
dénommés «tables de donation» qui constituent un instrument de promotion de projets,
de coopération et de dialogue avec plusieurs coopérants se composent, parmi d’autres,
de plusieurs pays de l’UE.59
2. La définition des priorités de la coopération européenne autour des sujets
fondamentaux pour la Colombie
La première réunion de ces tables internationales de coopération et de négociation
ou de donation a eu lieu à Madrid en juillet 2000, puis à Bogota en octobre 2000, à
Bruxelles en avril 2001, à Londres en juin 2003, à Cartagena en février 2003 et
finalement à Bogota en novembre 2007.60 En 2001, le Commissaire Européen des
Affaires Extérieures du moment, Chris Patten, a annoncé le compromis de l’UE de
338 millions d’euros pour la période 2000-2006 dont 140 viendraient de la
Commission.61 En réalité, 100 millions d’euros provenaient du budget de l’UE à
56ROY, Joaquín, “La asistencia europea a Colombia: ¿una contribución virtual a un plan virtual de paz?”, Colombia Internacional, 2001, No. 51, p.1157
LABROUSSE, Alain, “Rapport de mission (16 au 30 août 2001) sur la coopération française avec la Colombie dans le domaine des drogues », OFDT, février 2002, pp. 23. Dans: LABROUSSE, Alain, “La cooperación en materia de drogas entre la Unión Europea y América Latina”, Proyecto Geopolítica de las Drogas, Francia, p. 1158
CASTRO, Lourdes, “A propósito de la mesa de coordinación y cooperación para Colombia: algunas claves para la discusión”, ALOP/Grupo Sur, Bruselas, 2003, P.1 59
Les tables sont diversement composées. Ainsi par exemple celle réunie à Londres en 2003 a été composée par les gouvernements de la Colombie, les pays de l’Union Européenne, l’Argentine, le Canada, le Chili, le Brésil, le Mexique, le Japon, la Norvège, la Suisse, les Etas-Unis, la Commission Européenne, l’ONU et ces institutions, la Corporation Andine du Développement, la banque Interaméricaine de Développement et des organisations de la société civile. Dans : Mesas para la paz, “Declaración de la Mesa de Donantes 2003”, 10 juillet, 2003, http://www.mediosparalapaz.org/index.php?idcategoria=164060 Proceso Londres, Cartagena, Bogotá y G-24, Colombia, Programa de las Naciones Unidas para el Desarrollo, PNUD. Dans: http://www.pnud.org.co/sitio.shtml?apc=i1-----&s=g&m=a&cmd%5B333%5D=i-333-f472d05a93e6bb5fcb906bf3205a632361
ROY, Joaquín, Op. Cit., Ce rapport a été présenté lors de la Conférence "Implementing Plan Colombia: Strategic and Operational Dimensions for the U.S. Müitary," à Miami, entre le 31 janvier et le 2 février 2001 par le U.S. Army War College et le North-South Center de la Université de Miami. En anglais, l’article s’appel "European Perceptions of Plan Colombia". L’auteur explique que plusieurs fonctionnaires des gouvernements de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne ainsi que plusieurs membres de la Commission Européenne ont contribué avec des commentaires et des informations.
17
proprement dit et le reste de ses pays membres et de 10 organisations internationales
convoquées par la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Un an avant les
Etats-Unis avaient promis $1.300 millions de dollars dont seuls 250
devaient se destiner aux programmes sociaux et institutionnels.
Chiffre auquel le pays a ensuite ajouté 800 millions de dollars pour la
dénommée Initiative Régionale des Andes. L’initiative européenne,
elle, a eu l’Espagne en tête avec une offre de 110 millions d’euros62
suivi d’autres pays comme la Suisse (avec 15 millions de dollars) et le
Portugal (avec 300.000 dollars).63 Le soutien officiel de la Commission pour la
période 2000-2006 a été finalement établit pour 105 millions. La contribution totale des
organismes communautaires allait jusqu’à environ 300 millions d’euros. 64
Les aides tournaient autour de trois priorités: le développement socio-
économique, le renforcement institutionnel au travers de la stimulation des réformes
administratives et judiciaires et la protection et la promotion des droits de l’homme.65
Une bonne partie a été destinée au soutien des personnes déplacées et aux dénommés
«laboratoires de paix» instaurés d’abord à Magdalena Medio puis à Chocó, Putumayo,
Caquetá et Nariño.66 Ces projets, financés par la Commission, canalisent leur aide dans:
la construction d’une culture de paix fondée sur le dialogue, la promotion et la
protection des droits de l’homme, le développement socio-économique soutenable et le
renforcement institutionnel.67 Des critères en grande partie contraires à ceux inclus dans
62 Il convient ici de souligner une multiplicité de facteurs qui peuvent expliquer le soutien espagnol. Tout d’abord il semble raisonnable du point de vue du compromis historique et culturel de l’Espagne envers le développement de l’Amérique Latine. D’autre part, il faudra prendre en compte le soutien mis en évidence de la part du gouvernement Espagnol envers la politique de lutte contre le terrorisme du Président Bush et le fait que ce pays a été directement touché par ce phénomène lors des attentats de mars 2004. Finalement, il ne faut pas négliger son intérêt économique car même si ces inversions en Colombie ne dépassent pas celles qu’ils ont en Argentine ou au Chili, elles ne sont néanmoins pas négligeables. Voir, ROY, Joaquín, Op. Cit., P.14-1663
Pour sa part, le FMI à proposé US$1.000.000 millions, la Banque Mondiale le BID et la Communauté Andine US$300 millions, les Nations Unis US$131 millions du programme de protection à l’enfance et le Japon US$70 millions. ROY, Joaquín, Ibid., P.51.64
ROY, Joaquín, Op. Cit. 65 Multi-annual support program for Colombia. Brussels, sec 1547/5, 17 octobre 200066 Laboratorios de Paz y Proyecto Paz y Desarrollo. Dans: http://www.laboratoriodepaz.org/67 Les projets doivent tenir en compte le soutien du processus de paix et d’une solution négociée, la reconnaissance de la société civile et des communautés locales comme des acteurs fondamentaux, le soutien financier du gouvernement colombien aux projets, la non intervention des groupes armés, la neutralité et la transparence, le respect à l’état de droit, les droits de l’homme et le droit international, la recherche de la redistribution de la richesse, la protection de la biodiversité et de l’environnement et l’insertion des projets dans le contexte international de lutte contre la production et le trafic de drogues et dans la concertation et la coopération régionale dans ces domaines.
18
le Plan Colombie.68 C’est ainsi que l’Europe a peu à peu spécifié sa coopération
économique technique et humanitaire.69
Toutefois, les attaques du 11 septembre 2001 ont eu des répercutions dans les
positions du gouvernement colombien et de l’UE. La Colombie a été le seul pays de
l’Amérique Latine à soutenir ouvertement et publiquement les Etats-Unis dans la guerre
en Irak mettant en évidence son orientation politique extérieur. Sous l’argument de
lutter contre le terrorisme international, son idée a été de lier les priorités de nature
interne avec les internationales et de solliciter l’aide des Etats-Unis et de l’Europe. Face
au nouveau contexte et au manque de compromis des FARC avec la négociation, le
gouvernement colombien a mis fin aux dialogues. Après avoir retiré la force publique
d’un énorme territoire pour développer le processus de paix, avoir reconnue le caractère
politique des FARC, avoir patronné le tour d’Europe des négociations en compagnie des
hauts fonctionnaires de l’Etat et même avoir assumé les connotations politiques des
délits atroces commis par ce groupe afin de faciliter les négociations, ce même
gouvernement, face au changement conjoncturel international plus qu’à la situation
interne, a demandé l’inclusion du même groupe dans la liste des terroristes. L’UE finit
par accepter cette qualification (comme les Etats-Unis auparavant), d’abord pour les
Autodéfense Unis de la Colombie AUC puis les FARC et finalement l’ELN sous le
gouvernement d’Alvaro Uribe (2002 - présent).70 Face au contexte international, marqué
par la menace du terrorisme, le gouvernement du président Uribe revendique une
deuxième phase du Plan Colombie avec une dimension plus vaste, qui va au-delà de la
coresponsabilité dans la lutte contre le trafic de drogues, pour s’encadrer dans la
stratégie globale contre le terrorisme. C’est ainsi, qu’à partir de l’inclusion de ces
groupes armés illégaux dans la liste européenne des organisations terroristes, nous
pouvons constater un changement dans l’approche et dans le langage de la part de
l’UE.71 Certes, l’aide se canalise encore vers des projets de renforcement de la société
68 Nous ne pouvons pas négliger, néanmoins, que l’UE reconnaisse l’importance que joue l’axe militaire. Ainsi a été démontré lors
de la réunion dénommée “Alineamiento político para la cooperación internacional en Colombia”, réalisée en mars 2003 par le Centre Européen de Pensée Stratégique Internationale CEPEI avant la table de Londres. Lors de cette réunion, on a affirmé que la Colombie a besoin de soutien militaire pour permettre à l’Etat de contrôler le territoire et de soutien pour développer la présence institutionnelle et sociale de l’Etat dans les territoires du conflit car la stratégie militaire n’est pas suffisante. Dans : Reflexiones e inquietudes respecto a la cooperación internacional y la pre-mesa de donantes, de la Coordinación Alemana para los Derechos Humanos en Colombia, 24 de junio 2003, CASTRO, Lourdes, Op. Cit., P. 369 Country strategy paper 2001-2006 pour la Colombie. Dans : ec.europa.eu/external_relations/colombia/csp/02_06_en.pdf70 Posición Común 2004/309/PESC del Consejo, de 2 de abril de 2004, por la que se actualiza la Posición Común 2001/931/PESC sobre la aplicación de medidas específicas de lucha contra el terrorismo y se deroga la Posición Común 2003/906/PESC.- Diario Oficial n° L 099 de 03/04/2004 p. 0061 – 0064. Il convient ici de noter que la liste des groupes et des entités qualifiés de terroristes est de 36 dont les 3 groupes colombiens mentionnés : FARC, AUC et ELN. Dans: La Guardia Civil contra el Terrorismo. http://www.guardiacivil.org/terrorismo/grupos/lista.jsp
71 SANAHUJA, José Antonio, “ Paz, democracia y desarrollo en las relaciones UE -AL: el caso de Colombia en papeles de
Cuestiones internacionales”, Separata CIP, No. 83
19
civile, l’aide aux personnes déplacées et la promotion et la défense des droits de
l’homme, mais la divergence sur le traitement qui doit être donné au conflit a été mis en
évidence.
En tout cas, le Plan Colombie a marqué l’occasion pour que les gouvernements
européens et les institutions communautaires, puissent définir une position commune
face au conflit, de construire un schéma propre à partir de ses lectures du conflit, de ses
priorités pour la solution et de définir les acteurs qu’ils croient devoir participer (comme
les ONG). C’est donc à partir de ce moment que l’UE, malgré sa distance du conflit, a
augmenté sa présence, son incidence et sa capacité d’agir en Colombie.
III . Une association politique entre l’Union Européenne et la Colombie encadrée
par des valeurs et des normes.
A. Des actions diplomatiques de coopération et soutien.
1. Le conditionnement de la coopération européenne au respect des normes.
En ce qui concerne le système de préférences généralisées (SPG), il évolue en
2006 vers le SPG Plus. Il se compose aujourd’hui de trois régimes parmi lesquels: a)
l’arrangement général qui prévoit un accès préférentiel pour 176 pays et territoires
bénéficiaires; b) le SPG Plus qui offre des droits ou des réductions de tarifs douaniers
aux pays en voie de développement et c) l’initiative ‘Tout sauf les armes’, qui offre aux
pays les moins avancés (PMA) un accès au marché de l’UE à tous les produits sauf les
armes.72 En décembre 2006 la Commission Européenne a présenté des directives pour
établir le SPG Plus avec la Communauté Andine, six pays de l’Amérique Centrale
(Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Panama), Moldavie,
Géorgie, Mongolie et Sri Lanka.73 Avec ce système, la Commission aspire à impulser
une association politique plus profonde avec ces pays fondée sur la promotion du
développement durable, l’éradication de la pauvreté, la démocratie, la bonne
gouvernance et la protection et la promotion des droits de l’homme.74 Conforme à
l’article 8 du Règlement (CE) No. 732/2008 du Conseil de l’Europe, le système spécial
s’accorde seulement aux pays qui ont signé, ratifié et qui appliquent de façon effective
72 Document de la Commission européenne 139872 sur le SPG, juillet 2008; http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2008/july/tradoc_139872.pdf73 Communiqué de presse de la Commission européenne du 21 décembre 2005 http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/05/1678&format=PDF&aged=1&language=EN&guiLanguage=en74 Communiqués de presse. Europa. Dans : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/06/1689&format=HTML&aged=0&language=ES&guiLanguage=fr
20
27 Conventions Internationales des droits de l’homme, de travail, relatives à
l’environnement ou à la bonne gouvernance (voir annexe 1) parmi lesquels 16 font
référence spécifique aux Droits de l’Homme.75 Cela afin d’assurer qu’aucun pays ne soit
bénéficiaire d’un avantage injuste en conséquence de la non-exécution des ces
Conventions. Ces pays doivent donc accepter la révision périodique de l’application des
Conventions conforme aux mesures législatives adoptées à cette fin.
Il convient ici de mentionner ces 16 Conventions en précisant qu’elles ont été
signées dans le cadre des Nations Unies et de l’Organisation Internationale du Travail:
1. le Pacte International des Droits Civiles et Politiques, 2. le Pacte International des
Droits Economiques, Sociaux et Culturels, 3. la Convention sur l'élimination de toutes
les formes de discrimination raciale, 4. la Convention sur l’Elimination de toutes les
formes de Discrimination à l’égard des Femmes, 5. la Convention pour la prévention de
la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, 6. la Convention sur les
Droits des Enfants, 7. la Convention pour la prévention et la répression du crime du
Génocide, 8. la Convention concernant l' âge minimum d'admission à l' emploi , 9. la
Convention concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants et l’action
immédiate en vue de leur élimination, 10. la Convention sur l'abolition du travail forcé,
11. Convention concernant le travail forcé ou obligatoire, 12. la Convention sur l'égalité
de rémunération entre la main-d’œuvre masculine et la main-d’œuvre féminine pour un
travail de valeur égale, 13. la Convention concernant la discrimination en matière
d'emploi et de profession, 14. la Convention sur la liberté syndicale et la protection du
droit syndical, 15. Convention concernant l'application des principes du droit
d'organisation et de négociation collective et 16. la Convention sur l'élimination et la
répression du crime d'apartheid.
Afin de respecter la date exigée par la Commission Européenne pour leur
ratification (31 octobre 2008), de pouvoir ainsi rentrer dans le marché européen et
d’avoir accès à ce système entre 2009 et 2011, la Cour Constitutionnelle colombienne à
du examiner de façon vertigineuse toute une série de lois promulguées par le
gouvernement autorisant la ratification et menant à la mise en place de ces Conventions.
Ce compromis accompli (sans négliger qu’il conviendra d’examiner en profondeur leur
mise en œuvre), la Colombie a obtenu le 29 octobre 2008, le renouvellement de sa
75 La Réglementation du Conseil (CE) N° 732/2008 du 22 juillet 2008 appliquant un régime de préférences tarifaires généralisées pour la période allant du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2011 et amendant les Réglementations (CE) N° 552/97, (CE) N° 1933/2006 et les Réglementations de la Commission (CE) N° 1100/2006 et (CE) N° 964/2007, a été publiée dans le Journal officiel de l’Union européenne, le 6 août 2008 (JO L211, 6.8.2008, p. 1). Dans : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:211:0001:0039:ES:PDF
21
qualité de bénéficiaire du système SGP Plus.76 Avec des échanges d’un montant de 57
milliards de dollars au titre de ce régime en 2007, c’est le système préférentiel le plus
largement appliqué dans le monde.77 Comme l’a affirmé le ministre du Commerce, de
l’Industrie et du Tourisme de la Colombie, Luis Guillermo Plata, pour l’année 2007, les
exportations vers l’Union Européenne ont augmenté de 31% par rapport à l’année 2006
dépassant les 4.383 millions de dollars et les produits inclus dans le système ont
représenté pour la même année 22,5% de la totalité exportée vers l’Union.78
Cette position montre le compromis de l’UE avec la promotion des droits de
l’homme dans le cadre d’une relation plus étroite avec la Colombie ainsi qu’avec les
autres pays bénéficiaires du système. Toutefois, pour la réalisation de ces objectifs, il
conviendra d’inclure la réalisation des droits de l’homme dans les objectifs des accord,
créer un comité des droits de l’homme dans les institutions des accords et établir un
engagement des parties afin de conduire des évaluations d’impacts des accords dans les
droits de l’homme.79 Comme l’affirme Antoine Bernard -directeur exécutif de la
Fédération Internationale des Droits de l’Homme FIDH- lors d’un entretien, ces accords
devraient inclure l’obligation de la ratification aux différents pays de l’UE, étendre la
liste des Conventions Internationales à ratifier pour y inclure trois nouveaux instruments
adoptés par l’ONU (la Convention pour la protection des travailleurs migrants, la
Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et
la Convention de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux), inclure une clause sur
la justice internationale et la Cour Pénale Internationale et aller au-delà de simples
déclarations en établissant des programmes d’action avec la participation des ONG
spécialisées en droits de l’homme.
2. Des déclarations de soutien et d’action humanitaire
Lors des dernières années, l’UE n’a effectué aucun changement sensible dans le
panorama d’aide générale au pays malgré la difficile conjoncture nationale. Ainsi le
confirme la réunion de 2007 à Bruxelles du Conseil de l’Union Européenne autour de la
situation en Colombie.80 A cette occasion, le Conseil a déclaré son soutien absolu au
76 Ministère du Commerce, Industrie et Tourisme de la Colombie, Communiqué de Presse, « Colombia, tras la renovación de beneficios del SGP Plus de la UE, por tres años más », https://www.mincomercio.gov.co/econtent/newsdetail.asp?id=6728&idcompany=177 Document de la Commission européenne 139872 sur le SPG, juillet 2008; http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2008/july/tradoc_139872.pdf78 Ministère du Commerce, Industrie et Tourisme de la Colombie, Communiqué de Presse, Op. Cit79
Acuerdos de asociación de la UE con las Repúblicas de América Central de Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras y Nicaragua FIDH, http://www.fidh.org/spip.php?article527980
Council Conclusions on Colombia, 2830th General Affairs Council meeting, Brussels, 19 November 2007, Dans: http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressData/en/gena/97126.pdf
22
gouvernement dans la recherche d’une solution négociée au conflit et a souligné
l’importance de l’implémentation de la Loi de Justice et Paix et le développement du
processus de démobilisation, désarmement et de réinsertion des paramilitaires dans le
cadre de cette loi. Tout en applaudissant le travail du gouvernement, de ces institutions
et de la Commission Nationale de Réparation et de Réconciliation (CNRR) et sans
négliger les efforts faits pour améliorer la situation des droits de l’homme, le Conseil
met en évidence la situation de violation des droits de l’homme en Colombie. Il
souligne des préoccupations éminentes qui se centrent autour de cinq grands problèmes,
à savoir : a) les infractions continues au droit international humanitaire de la part des
groupes armés illégaux, b) l’émergence de nouvelles structures paramilitaires et de
bandes criminelles, c) les violations des droits de l’homme par les forces armées et de
sécurité incluant des meurtres extrajudiciaires; d) le manque de mesures adoptées face
au nombre augmentant des déplacements forcés ; et e) les menaces et attaques existantes
contre des témoins, des syndicalistes, des journalistes et défenseurs des droits de
l’homme qui devraient être protégés.81 Sur ce dernière point l’UE s’est prononcé à
nouveau en mai 2008 à Brussels, mettant en évidence sa grave préoccupation pour les
homicides et menaces de meurtre reçus par des leaders des organisations sociales, des
dirigeants de l’Eglise et des défenseurs des droits de l’homme, notamment ceux liés aux
programmes européens de coopération dans le pays comme le programme de
développement et paix à Magdalena Medio. Depuis février 2008 cinq leaders et
membres de ces associations ont été tués et plusieurs ont été qualifiés d’« objectifs
militaires » par des groupes armés illégaux.
Dans ce contexte, le Conseil de l’UE a clamé la mise en œuvre de multiples
recommandations faites par le Bureau du Haut Commissariat des droits de l’homme des
Nations Unies en Colombie (qui sont d’ailleurs devenu le chemin d’action pour faire
pression) et il a aussi manifesté sa préoccupation quant à la décision présidentielle
d’extrader 13 chefs paramilitaires aux Etats-Unis mettant en risque les droits des
victimes à la vérité, la justice et la réparation, interrompant l’agissement des
investigateurs et bloquant le droit à la participation des victimes dans les procès.82
Notons ici que le Conseil à réclamé aux groupes armés illégaux d’arrêter les
enlèvements et tous les autres actes de terrorisme ou de violence contre la population
civile. Il a souligné l’importance d’une négociation entre le gouvernement et ces
81 European Union @ United Nations: partnership in action, “Colombia: EU Presidency Declaration on the situation of human
rights defenders”, 18 mai 2008. Dans: http://www.europa-eu-un.org/articles/en/article_7880_en.htm 82
Council Conclusions on Colombia, 2830th General Affairs Council meeting, Op. Cit.
23
groupes afin de parvenir à un accord humanitaire, assurer la libération de tous les
otages, dépasser le conflit armé et achever la paix en Colombie. Dans cet esprit, l’UE
salue toutes les initiatives prises avec le soutien du gouvernement colombien afin de
réussir dans le processus de paix. Elle a confirmé sa préparation à travailler avec le
gouvernement colombien dans la lutte contre le trafic de drogues qui reste un facteur
significatif du conflit et qui exacerbe la difficulté de la situation des droits de l’homme
dans le pays.
En ce qui concerne la situation des otages, Benita Ferrero-Waldner, membre de la
Commission européenne chargée des relations extérieures et de la politique européenne
de voisinage, a présenté sa consternation après la mort de onze députés colombiens
détenus par les FARC en exigeant que tous les otages détenus par les groupes armés
soient libérés. Elle a aussi appelé «…tous ceux qui œuvrent en faveur de la paix pour
qu’ils poursuivent leurs efforts en vue d’une solution humanitaire mettant fin à la
situation dramatique que vivent les otages et leurs familles. Je demande également que,
dans l'intervalle, tout soit mis en œuvre pour préserver la sécurité et la vie des otages».83
Un effort poursuivi par plusieurs pays européens. A cette occasion le gouvernement
colombien a réaffirmé son refus d’une zone démilitarisée et a invité la communauté
internationale à « condamner avec la plus grande fermeté le groupement terroriste des
FARC».84 Puis, Mme. Ferrero-Waldner a applaudit la libération de quatre ex
parlementaires en février 200885 et d’Ingrid Betancourt et des 14 autres otages des
FARC en juillet86, en félicitant les autorités colombiennes pour leur opération réussie et
en soulignant toutefois que l’Union attend la libération immédiate et inconditionnelle de
tous les otages dans le chemin d’un accord de paix. L’UE a ainsi soutenu les efforts
pour la libération des otages mais en se situant derrière le soutien individuel de la
France, de l’Espagne et de la Suisse qui ont joué un rôle plus prononcé.
Une multiplicité de visites ont été effectuées mettant en évidence l’intérêt de
l’UE de renforcer les liens politiques et de contribuer à la paix et au développement
économique et social et de la situation humanitaire. Ainsi par exemple seulement en
2008, la visite, parmi d’autres, de sept députés européens, dont Javier Solana le haut
83 Déclaration concernant la mort de onze députés colombiens détenus par les Forces armées révolutionnaires de Colombie, 2 juillet 2007, Press releases Europa. Dans : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/07/985&format=HTML&aged=1&language=FR&guiLanguage=en84 Ibid. 85
European Union @ United Nations: partnership in action,, EU Commissioner Ferrero-Waldner on the release of four FARC hostages, 28 février 2008. Dans: http://www.europa-eu-un.org/articles/en/article_7740_en.htm 86 Commission Européenne, Commissaires, Benita Ferrero-Waldner, Discours et déclarations, 3 juillet 2008. Dans : http://ec.europa.eu/commission_barroso/ferrero-waldner/speeches/index_fr.htm
24
représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et le chancelier
allemand Angela Merkel. Les sept députés du Parlement européen87 ont effectué un
sondage du panorama politique, social et économique, puis ont établit des dialogues
avec les leaders nationaux en passant par le président Uribe et ces ministres au parti
d’opposition, en outre des organisations non gouvernementales des droits de l’homme,
les familles des otages, des communautés indigènes et des représentants des
programmes européens de développement et de paix. Pour sa part, Javier Solana a
promu la coopération multilatérale pour résoudre des problèmes comme le terrorisme et
a souligné l’intérêt de l’UE dans l’approfondissement des relations diplomatiques,
interinstitutionnelles, commerciales et sociales avec la Colombie. Ce point a été
réaffirmé par Angela Merkel qui a établit des dialogues spécifiques avec le président, le
maire de Bogota et le Procureur de la Nation.
D’autre part, en avril 2008, le 12ème Plan Global d’Assistance de l’Office d’Aide
Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO) a été mis en place avec un
montant de 12 millions d’euros destiné a assister plus de190.000 personnes victimes du
conflit incluant 30.000 déplacés qui se trouvent en Equateur, Venezuela et Panama (une
aide sera apportée, principalement par l’intermédiaire du HCR, aux réfugiés et
demandeurs de ces pays), 50.000 nouveaux déplacés internes. Ainsi 80,000 personnes
verront leurs conditions de vie améliorées et 3,000 enfants bénéficieront d’assistance et
de protection (environ 14 000 enfants de moins de 18 ans participent aux groupes
armés clandestins; raison pour laquelle cette aide vise à lutter contre tout nouveau
recrutement d'enfants).88 A propos de ce Plan Global, le commissaire au développement
et à l’aide humanitaire Louis Michel a déclaré: «cette crise oubliée, et déjà ancienne,
provoque encore le déplacement de plus de 200 000 personnes chaque année. Depuis le
début du conflit, plus de 3,5 millions de Colombiens ont dû abandonner leur foyer et
s'enfuir vers les zones urbaines ou les pays limitrophes. La Commission européenne
reste déterminée à les aider à soulager leurs souffrances».89 Le compromis de la
87 Alain Lipietz (France), Iñigo Méndez de Vigo (Spagne), Daniel Hannan (Royaume-Uni, Oldøich Vlasák (Repúbliqie Tchec); Gabriela Cretu (Rumanie), Armando França (Portugale) et Vitorio Agnoletto (Italie).
88 Communiqué de presse, « La Commission décide d'accorder une aide humanitaire de 12 millions € aux victimes du conflit
interne qui sévit en Colombie », Rapid Presse Releases, Europa, 23 mars 2007, Bruxelles. Dans : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/07/406&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en
89 Ibid.
25
Commission avec la population déplacée a augmenté énormément après sa première
activité d’aide humanitaire en 1993 dépassant désormais les 100 millions d’euros.90
Les rapports annuels de l’UE sur les droits de l’homme nous permettent de
constater, depuis 2001, la façon dans laquelle les valeurs communes de l’UE se mettent
en évidence dans les activités relatives aux droits de l’homme dans des pays tiers
comme la Colombie.91 Ainsi, le rapport de 200792 nous donne une idée claire de son
action et sa présence en Colombie. Lors de cette période l’UE : a formulé multiples
déclarations sur les droits de l’homme en Colombie, a mené des gestions diplomatiques
en matière des traitements inhumains, travail avec le COHOM93 sur une série de
Directives de l’UE relatives aux droits des enfants afin d’intensifier
son actuation politique dans le pays (ayant la Colombie parmi les 13
pays prioritaires), mène des campagnes de protection des défenseurs
des droites de l’homme (notamment des femmes) et finance des
projets dans le pays qui fomentent l’égalité des sexes à travers des
instruments communautaires de coopération extérieur (comme le
IEDDH94). D’autre part, elle envisage des projets concernant des
clauses relatives à la compétence de la Cour Pénale Internationale
CPI dans les accords de coopération avec les pays de la Communauté
Andine, comme l’Accord d’Association révisé de Cotonú qui contienne
désormais cette clause. Elle a aussi donné à 15 pays, dont la
Colombie, les bénéfices du SPG Plus dont nous avons parlé
précédemment. Finalement, elle a initié des programmes concernant
le renforcement du secteur de la justice afin de combattre l’impunité
en Colombie en bénéficiant par cette voie à plus de 150.000
indigènes comme résultat de l’intégration de leurs droits dans le
programme.
90 European Commission Humanitarian Aid, Aid in Action: Colombia. Dans: http://ec.europa.eu/echo/aid/central_south_america/colombia_en.htm91
Europa, Actividades de la Unión Europea, “Informe anual de la Unión Europea sobre los derechos humanos: 2007, 2006, 2005, 2003, 2002, 2001”. Dans: http://europa.eu/scadplus/leg/es/s20000.htm 92
Consejo de la Unión Europea, “Informe Anual de la UE sobre derechos humanos -2007”, Op. Cit.93 Le groupe de travail sur les droits humains du Conseil94
Règlement (ce) no 1889/2006 du Parlement Européen et du Conseil du 20 décembre 2006 instituant un instrument financier pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme dans le monde, Journal Officiel de l’Union Européenne, 29/12/06. Dans : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2006:386:0001:0011:FR:PDF
26
B. L’incidence de l’Union Européenne dans la lecture du conflit, la définition des
solutions et des acteurs impliqués.
1. La perspective européenne sur la nature et les solutions du conflit.
Conformément aux changements internes et internationaux, à la dynamique du
conflit et aux tentatives pour définir la position européenne, l’UE a gagné de la présence
dans la caractérisation du conflit, la définition des mesures nécessaires pour l’affronter
et la détermination du rôle des ONG.
En ce qui concerne la nature du conflit, plusieurs divergences ont été mises en
évidence lors du gouvernement du président Uribe qui insiste dans le fait qu’il s’agit
d’une menace terroriste pour l’Etat, la société et la démocratie en Colombie plus que
d’un conflit armée. Cette position a été rejetée par l’UE notamment -parmi d’autres
points- par son incidence dans la protection des droits de l’homme et le respect du droit
international humanitaire. L’UE insiste dans le caractère politique, économique et social
de l’affrontement affirmant qu’il est un produit des injustices sociales face à une inégale
répartition des ressources. C’est pourquoi, fondée sur des valeurs démocratiques et
pacifistes, l’UE a nié des pétitions d’aide militaire requises par le président Uribe
(contrairement au soutien de l’Espagne et de la Grande Bretagne). Dans les domaines de
l’intelligence et de la police, des accords ont été faits avec l’EUROPOL pour partager
des informations nécessaires dans la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues et la
traite des femmes.95
Dans la même mesure, cherchant à avoir une incidence sur la définition des
mesures adoptées pour faire face au conflit, l’UE a souligné l’importance d’une solution
négociée au conflit et a soutenu un accord humanitaire. De leur coté, certains pays
membres ont pris des mesures spécifiques comme la France en proposant d’accueillir
des guérilleros des FARC dans son territoire si cela facilite le rapprochement entre le
gouvernement et les groupes armés illégaux96 ou signant des accords bilatéraux relatifs
par exemple à la coopération en matière de sécurité, la lutte contre le trafic et la
consommation de stupéfiants ou de soutien aux forces armés et à la police colombienne
comme l’affirme, lors d’un entretien, le lieutenant-colonel Jérôme Cario chef du bureau
recherche du Centre de Doctrine de l’Emploie des Forces et aussi maître du séminaire
«Conflits armés» à l’Université Paris II Assas-Panthéon, venant d’arriver d’un mission
en Colombie.
95 SANIN, Javier et PASTRANA, Eduardo, Las relaciones Colombia- Unión Europea: de la incertidumbre al estancamiento”. Op.
Cit., P. 596
« Fillon : "La France est disponible pour accueillir des guérilleros des Farc" », Le Monde, 19 décembre 2007
27
2. La perspective européenne sur la définition des acteurs qui doivent
participer à la solution du conflit.
Comme nous l’avons affirmé précédemment, l’UE a souligné l’importance d’un
rôle plus actif des mouvements sociaux, des collectivités locales et des ONG dans le
processus de paix. Face à l’importance donnée à ce rôle, les dures critiques du président
Uribe contre certaines ONG de défense des droits de l’homme ont été fortement
controversées en Europe.97 Cela a été le cas quand le gouvernement colombien a
expulsé des membres des ONG étrangères, critiqué des rapports qui questionnaient les
indices de protection des droits de l’homme et d’aide humanitaire dans le pays98, associé
le travail des ONG avec le prolongement de l’action de la guérilla et accusé Amnistie
Internationale et Human Rights Watch d’agir de façon partielle dans leurs rapports sur
la Colombie.99 L’UE a donc insisté dans la nécessité du gouvernement colombien à
reconnaitre les ONG comme partie de la solution et non du problème.
Les ONG sont en directe communication avec l’UE et jouent un rôle important
dans l’influence de prise de décisions notamment autour du domaine de coopération. De
plus, elles jouent un rôle déterminant dans la mise en œuvre des politiques d’aide au
développement et de promotion de la démocratie et des droits de l’homme. C’est
pourquoi, leurs positions deviennent déterminantes.
Nous pouvons faire référence à leur positionnement à travers deux exemples. En
ce qui concerne la situation des otages en Colombie, la Fédération Internationale des
Droits de l’Homme FIDH a exigé à plusieurs reprises aux autorités de l’UE d’insister
dans la négociation d’accord humanitaire qui mène à la libération de tous les otages aux
mains des acteurs armés comme les FARC. Ainsi par exemple, la carte ouverte à Javier
Solana (haut représentant de l’UE pour la Politique Extérieur et la Sécurité Commune),
le président français Nicolas Sarkozy, le président espagnol José Luis Zapatero et les
autres autorités européennes qui allaient se réunir avec le président colombien en janvier
2008.100
Pour sa part, en ce qui concerne la Loi de Justice et Paix, des ONG appartenant à
la Plateforme des Organisations de Développement Européennes en Colombie
97 Consejería en Proyectos (PCS), consorcio internacional de agencias europeas y canadienses de cooperación de 1979, Colombia
Brief, “Se deterioran las relaciones entre el presidente Uribe y las ONG colombianos”, 26 septembre 2003, Bogota. Dans: http://www.pcslatin.org/publicaciones2/12/Relaciones%20Uribe%20ONG%20ESP.pdf98
Ainsi le livre “El embrujo autoritario: primer año de gobierno de Álvaro Uribe Vélez” de 2003 écrit par 80 des ONG plus influentes dans le pays et l’informe du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD “El conflicto callejón con salida” de la même année. Ibid.99 Ibíd.100 Fédération Internationale des Droits de l’HOmme FIDH, Carta abierta: visita del presidente de la República de Colombia en Europa, 21 janvier 2008. Dans: http://www.fidh.org/spip.php?article5121
28
(PODEC)101 ont désapprouvé l’application de la Loi. Elles considèrent que cette loi
instaure un processus qui cause une nouvelle victimisation à faute de proportionnalité et
d’articulation dans la législation interne avec les standards internationaux et que le
gouvernement est incapable de garantir la sécurité des victimes et de ces défenseurs ni
d’assurer le démantèlement des structures paramilitaires avant l’application de la loi.
Elles ont donc recommandé au Conseil de continuer le soutien économique et politique
dirigé vers des associations de victimes mais d’arrêter le soutien politique et
économique au gouvernement pour le processus de démobilisation, de désarmement et
de réintégration.102 Cela en tenant compte de l’inaccomplissement des conditions
définies dans cette loi comme la dévolution des mineurs reclus, la remise totale des
biens, des actions effectués contre les libertés et les droits politiques et la non
participation de la loi aux activités de trafic de drogues. Toutefois, l’UE continue à
soutenir politiquement et économiquement la Colombie certainement étant en faveur
des initiatives d’une solution négociée au conflit et la possibilité d’implémenter un
accord humanitaire.
CONCLUSION
En guise de conclusion nous pouvons affirmer que l’UE en tant que puissance
civile et douce est à la tête de l’établissement de normes et de valeurs communes à partir
desquelles elle promeut la construction des régimes internationaux qui régulent l’action
sur la scène internationale. De ce fait, nous ne pouvons pas nier son rôle en tant
qu’acteur international global. Cela, malgré le fait qu’elle soit encore loin d’être un
acteur tout-à-fait autonome avec une forte capacité de négociation, notamment dans les
domaines de la politique étrangère de sécurité et de défense.
Toutefois, malgré des difficultés et des faiblesses mises en évidence au long de
l’histoire contemporaine et l’écart entre sa capacité potentielle d’agir et les résultats que
le monde attend d’elle, il faut souligner l’importance du processus de socialisation
diplomatique qui a lieu au sein de l’UE et qui vise à faire converger les politiques
étrangères des Etats membres (une tache très difficile à achever si l’on considère ses
différentes histoires et intérêts).103
En ce qui concerne le conflit armé colombien, l’UE a peu à peu consolidé son
action, sa présence et ainsi son rôle en tant qu’acteur international. Cela, en cherchant à
101 Plataforma de organizaciones de desarrollo europeas en Colombia PODEC: Dans: http://www.podec.org/102 Boletín informativo de la PODEC, 26 mars 2006, Dans: http://www.podec.org/index.php?id=120103 PETITEVILLE, Franck, « De quelques débats relatifs à l’Union européenne, acteur international », Op. Cit., P.15
29
mieux comprendre la nature du conflit, les mesures nécessaires pour y faire face et les
acteurs qui doivent participer à sa solution. Ainsi, au travers de la conditionnalité des
aides (comme pour la prolongation du SGP Plus conforme à la ratification de 27
Conventions Internationales des droits de l’homme, du travail et de l’environnement),
de la pression exercée par des acteurs européens (comme autour du Plan Colombie,
d’un accord humanitaire pour la libération des otages, la Loi de Justice et Paix ou un
solution négociée au conflit), l’intervention dans des événements destinés à établir des
priorités dans la coopération (le cas lors des tables de donation notamment à Londres) et
le soutien aux projets développés souvent par des ONG européennes (comme les
Laboratoires de Paix financés par la Commission Européenne et mis en œuvre par des
ONG dans différentes régions du pays).
L’UE ne se limite plus aux simples déclarations de soutien moral à la lutte contre
les drogues et en faveur de la paix, comme elle le faisait auparavant, mais elle
conditionne, fait pression, dénonce et donne des ressources nécessaires pour des projets
qui respectent des critères minimums définis dans les lignes stratégiques de l’UE
comme la promotion et la protection des droits de l’homme. L’UE fait sentir sa vision
sur la nature économique, sociale, politique et donc structurelle du conflit, sur la façon
négociée dans laquelle il doit se résoudre donnant les conditions de paix nécessaires
pour achever le développement économique et social du pays avec la participation
indispensable des ONG comme partie de la solution et non du problème.
La capacité d’agir (actorness) et la présence croissante de l’UE en Colombie
montrent que son rôle en tant qu’acteur international global devient de plus en plus
important. Toutefois, l’importance en hausse de ce rôle ne correspond pas à l’aide
économique et technique octroyée qui, étant indispensable, n’est pas suffisante et
s’interprète encore comme une donation sans coresponsabilités de la part du
gouvernement colombien. De ce fait, l’UE est encore dans le chemin pour passer d’une
source importante de coopération internationale à un véritable acteur politique et
commercial indispensable associé au pays.
Pour devenir un véritable acteur international influant dans le conflit armé
colombien il conviendrait que l’UE développe une stratégie commune avec le
gouvernement des Etats-Unis, plus influant dans la politique colombienne. Un
actorness européen plus vaste, soutenu par des fonds d’assistance au développement et
d’inversions plus importants –possibles seulement dans un climat économique plus
favorable-, offrirait à l’UE la possibilité de faire plus de pression sur le gouvernement
30
colombien et les groupes armés illégaux dans le but d’une solution négociée au conflit.
Une condition de paix nécessaire pour que les ONG puissent mettre en œuvre les
politiques européennes de développement dans le pays et ainsi améliorer la situation
amenant la paix en Colombie.
Avancer dans ce sens permettrait un renforcement de l’UE en tant qu’acteur
global relevant dans la politique mondiale, capable d’agir en transformant le monde et
d’impulser le multilatéralisme dans les relations internationales. C’est pourquoi, même
si la Colombie ne constitue pas une priorité politique extérieure pour l’UE, l’Union doit
développer une stratégie de paix en réaffirmant les principes de respect des droits de
l’homme et de coopération pour le développement, la paix et la démocratie. Cela en
consolidant sa puissance civile, éthique, normative et transformatrice dans le système
internationale. Si elle n’agit pas ainsi, le gouvernement colombien, continuera à
s’aligner avec la stratégie plutôt militaire que soutiennent les Etats-Unis. Et dans ce cas,
que se passerait-il avec la situation des droits de l’homme en Colombie ?
ANNEXE 1
CONVENTIONS RELATIVES À L’ARTICLE 8 DU REGLEMENT (CE) NO. 732/2008 DU CONSEIL DE L’EUROPE
Les Conventions de l’ONU et de l’OIT relatives aux droits de l’homme et des travailleurs.1. Pacte International des Droits Civiles et Politiques, 2. Pacte International des Droits Economiques, Sociaux et Culturels, 3. Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, 4. Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes, 5. Convention pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants,
31
6. Convention sur les Droits des Enfants, 7. Convention pour la prévention et la répression du crime du Génocide, 8. Convention concernant l' âge minimum d'admission à l' emploi , 9. Convention concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de leur élimination, 10. Convention sur l'abolition du travail forcé, 11. Convention concernant le travail forcé ou obligatoire, 12. Convention sur l'égalité de rémunération entre la main-d’œuvre masculine et la main-d’œuvre féminine pour un travail de valeur égale, 13. Convention concernant la discrimination en matière d'emploi et de profession, 14. Convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 15. Convention concernant l'application des principes du droit d'organisation et de négociation collective 16 Convention sur l'élimination et la répression du crime d'apartheid.
Les Conventions relatives à l’environnement et au principe de bonne gouvernance.17. Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone18. Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets Dangereux et leur Elimination19. Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants 20. Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.21. Convention sur la diversité biologique 22. Protocole de Cartagena sur la biosécurité23. Protocole de Kyoto à la Convention-cadre sur le changement climatique 24. Convention unique sur les stupéfiants de 1961 convoquée par l'ONU25. Convention sur les substances psychotropes de 1971, convoquée par l'ONU26. Convention des Nations Unis de 1988 sur le trafic illicite de substances psychotropes 27. Convention des Nations unies contre la corruption (Mexique)
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