Confiance santé publique enjeu_Lalli

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Confiance: enjeu de séductionou expérience de vie?

Pina Lalli(Université de Bologne - Italie)

Colloque ACSSSSQ - Québec - 4 octobre 2012

« La confiance envers le système de santé et de services sociaux - Qu’en est-il? »

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Plan

Les acteurs et les relationsLes enjeux

Conclusion

Confiance: quelle définition?Médecine et quête de sens: de l’asymétrie auxformes plurielles

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Qu’est ce que la confiance? (1)

chargée au niveau cognitifet émotionnel dépasserle seuil de simple espoir

Attente d’expériences à valeur positive pourl’acteur sous conditions d’incertitude

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Qu’est ce que la confiance? (2) (3)

Facilitation des processus deprise de décision acceptation de l’ordre effort de réduire la complexité etl’opacité sociale

(compliance ? coopération?)

Enjeu lié à l’interaction attentes mutuelles dereconnaître et partager le même ordre de règles

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Qu’est ce que la confiance? (4)

la forme de l’échangeimporte autant que le contenu lien entre qualité perçue etsatisfaction

Modalité efficiente de coordination destransactions ( tant économiques que sociales)

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Qu’est ce que la confiance? (4 bis)

en présence d’incertitudepar rapport aux informationsincomplètes et à la difficultéd’anticipations parfaites sur lescomportements ou les résultats(Phanuel 2005)

Déterminants de la confiance signes oumessages présents dans les relations (plus oumoins perceptibles)

Exigence de “Reliance”=

Confiance + Relation

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Qu’est ce que la confiance? (4 ter)

la confiance fait partie dessoins elle se construit àmesure que les occasions decontact se multiplient confiance « vigilante »: lesintervalles sont des moments devérification

La confiance émerge au cours de la relation et parla relation tout au long de la chaîne relationnelle(Phanuel 2005)

ConfianceSoins

Relation

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Qu’est ce que la confiance? (4 quatuor)

compétence technique information attitudes etpostures et modalitéd’expression ainsi que de stylede communication

Différence entre confiance« relationnelle » et confiance« rationnelle » interdépendantes

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Qu’est ce que la confiance? (5)

tout en gardant la possibilitéd’un jugement saufl’exercice d’une confiance« aveugle »

Engagement / soumission en faveur de l’autre obligation face à ce qu’on ne connaît pasdirectement (Quéré 2005)

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Qu’est ce que la confiance? (5bis)

elle va de pair avec unevigilance discrète uncontrôle qui n’aboutit pas ausoupçon

Engagement / délégation en faveur de l’autre attitude sociale pratique (Quéré 2005)

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Quelques éléments communs

Coopérationmutuelle

ValeursAttitudepratique

Ordrecommun

Prise dedécision

Risque

DélégationObligationIncertitude

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Quelques paradoxes

DROIT À LACRITIQUE

Institutionpubliquedémocratique

ENGAGEMENTPERSONNEL

Attitude socialepratiqueMICRO

MACRO

La méfiance imposeune obligation depublicité (bureaucratie)

Suspension de ladélégation basilairesles arguments

VALEURS

NORMES

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Des dispositifs à l’oeuvre

Le cas de la médecine: quels dispositifs micro etmacro pour s’assurer la confiance?

Le contenu de la connaissance médicale n’échappe pasaux dépendances « culturelles » montrant les facteurssociaux implicites dans la structure de cette connaissance

Par exemple: l’histoire de l’expérimentation clinique est aussiune histoire de méfiance envers le patient (désireux deguérir), envers le chercheur (désireux d’avoir un résultat),envers les entreprises pharmaceutiques (cachant les effets)

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Des dispositifs à l’oeuvre

Pistes de solution à la méfiance envers le danger devariables « externes » peu contrôlables lesstatistiques (avec leur calcul de l’intervalle de « confidence »),le tri randomisé, les données épidémiologiques ou lecontrôle en double aveugle, etc. (Marks 2000)

La médecine emprunte donc le même chemin culturel detransformation sociale moderne et progressive du« danger » en « risque » calculable, englobant dans sadéfinition les solutions possibles face aux incertitudes

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Des dispositifs à l’oeuvre

Garder le contrôle sur les trois suspects le subjectif du malade,le subjectif du chercheur, la partialité du marché (Marks 2000)

Il en resterait donc qu’une véritable confiance pourrait-elle serattacher à la recherche de certitude par des procéduresrationnelles

Le sens social de la pratique médicale scientifique va s’impliquerdans la conquête sur le doute (et - pourquoi pas - sur la mort)

La compte des morts peut devenir un indicateur d’inefficacité, voir deméfiance ou de soupçon

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Des dispositifs à l’oeuvre

Autre exemple: médicaliser la déviance en substituant à lamorale la connaissance médicale

La maladie comme responsabilité « morale » de l’individuvis-à-vis de la société– (et ensuite envers le Welfare State et ses dépenses, avec ses

décisions de plus en plus « néoliberales » concernant les malaises etles remèdes donnant ou pas le droit à l’engagement public collectif)

La maladie comme état de déviance tolérable car surmontable sile patient confie sa définition et son traitement à l’expert(médical) préposé par la société (T. Parsons 1951)

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Des dispositifs à l’oeuvre

Une partie de la connaissance se mobilise surles thèmes de la médecine dite prédictive

les styles de vie « sains » - par exemple -négligent souvent les inégalités sociales ets’alignent dans une opération hégémonique l’on finit pour partager une définition desanté (et de maladie) comme si elle était sanscontraintes sociales et ne serait pas issue d’unimaginaire de bonheur et bien être socialmodélisé ailleurs

ex. :cadrage post-moderniste del’individualismeresponsable etindividualisationde la maladie

L’expérience se laisserait séduire par une quête de certitude oùl’oubli voire l’exclusion de la mort et de la douleur sont implicites

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Il cielo puòattendere

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Bref… en premier résumé

Méfiance vers le subjectif peu fiable et vers lapartialité des intérêts

Piste rationnelle de légitimation: calculer lesrisques, établir des procédures contrôlables,mesurer / prédire /prévenir les causes demalaise, responsabiliser l’individu citoyen entant que malade potentiel, poursuivre deschemins de certitude, évacuer le doute enfaveur de la prise de décision experte…

La confiance… qu’en est-il ?

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Des dispositifs « mobiles »

Quelques étapes qui compliquent le jeu méfiance-confiance

L’ère médicale:“monologue”

Le terrain:“dialogue”

L’ère stratégique:de la maladie à la santé

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Négociation sociale des soucis de santé: les médias

Emetteur initial Emetteur relais Recevant

- Opinion Leaders- Spécialistes-Médecins- Organisations sanitaires- ONG, Associations- Industries (alimentaires,- pharmaceutiques, wellness business, etc.)- Politiciens, partis,syndicats,mouvements....

N

O

R

M

E

S

Etat de santéFacteurs socio-économiques etculturelsCodes de perception(saillance/pertinence)Codes interprétation(sens de santé bien-être, etc.)Appartenance socialeet enjeu identitaire…

MEDIA

CONTENU

FORMAT

AUTEURS

Enjeux de normes et valeurs d’action. Un exemple de “transmission”médiatisé sur le thème “santé” parmi des sujets différentes et aux effetscomplexes (Source: mon élab. de Renaud L., Mode du façonnement des normes par les processus médiatiques, inMongeau et Saint-Charles (eds.), 2005, 235-254)

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Un exemple - La santé: acteurs dans un contexte moderneDes arènes de batailles symboliques

Lay definitions: différenceshistoriques, socioculturelles,économiques

Définitions médicales - scientifiques(occidentales) Médecine evidence-based - Médecine predictive based

Définitions économiques-sociales (lescoûts, le prévisions épidémiologiques,les services, le système établissant lespriorités pour l’allocation des ressources,la recherche, les soins, les PR, etc.…)

Définitions économiques -structurelles ou fonctionnels (ex.:intérêt des parties prenantes)

Modèles médiatisés de bien être etsanté: espace directs et indirects

Définitions juridiques - légales etrègles en général (assurances, lesimpôts, les responsabilités…).

Nombre d’opinion leaders, alliances et collusions possibles

Définitions d’autres marchés de lasanté (médecine douce et similaires)

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Enjeux?

Dans cet horizon aussi large depossibilités, quels sont lesdispositifs de mobilisation del’engagement ( personnel etcollectif)?Comment serait il possible departager des valeurs communespouvant régler d’une façonmutuelle le jeu public entreméfiance et confiance?

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Enjeux? Du RC à l’étage 1

Convaincre et construire unconsensus sur les choixrationnelles améliorer leschoix gestionnaires, produire desdonnées de plus en plus fiables,négocier parmi des intérêts,coopérer pour trouver descertitudes…

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Enjeux? De l’étage 1 au RC et retour

Prévenir ce 80% des malaises quiseraient évitables faciliter la santéen donnant aux individus des calculsraisonnables sur le bien être possible

Mais comment aborder ce« maudit » 20% qui reste?Cela ne nous oblige-t-ilpas à remonter sur la cotede l’expérience et dudoute, en misant sur…. laconfiance?

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Expériences de vie? Monter - redescendre -remonter - tomber - se lever

La confiance comme attitude pratiqueactive délégation et à la foisrespect mutuel de ses limites

acceptation située de vulnérabilité

Si les institutions l’exigent ellene sera plus confiance maisefficacité du contrôle persuasifde la « gouvernementalité » à laFoucault

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Expériences de vie?

Préalable aux croyances et aux valeurs,la confiance se joue dans un équilibrefragile entre délégation et vigilance

dans la situation pratique on accepte dese confier, vulnérables, on s’engage pardes dispositifs de jugement et depromesse, en attendant que l’autre neprofite pas de cette vulnérabilité(temporaire)

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Expériences de vie?

Jugement par l’expérience

Promesse qui ne demande pas la« transparence » mais plutôt la possibilitéde rendre compte l’accountability non pas celle « stupide » (O’Neill 2002)des indicateurs de performance voired’excellence c’est la demande decongruence située entre le bien communaffiché et l’action accomplie

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En guise de conclusion (1)

Est-il possible de préserver nos prétentionsscientifiques et gestionnaires à une confianceaveugle à sens unique, se concentrant soit sur lapersuasion soit sur le contrôle des procédures?

Ou bien est-il vrai ce que disait un journaliste(Labayle 1988):

«La structure, le malade s'en fout. Il veut juste unmédecin en qui il a confiance et une technicité qui le

rassure » ?

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En guise de réflexion

eux mêmes engagés dans l’équilibre précaire de leurscompétences, de leur contraintes organisationnelles, enfin…de leur condition humaine

Car finalement la confiance, elle, existe, malgré tout

elle s’engage et nous engage dans les pratiques quotidiennes

dans les communautés de pratiques qui défient - sur le terrain -l’équilibre fragile entre délégation et vigilance

Les enjeux mutuels concernent l’adhésion concrète au biencommun qui est rétabli à chaque fois par la relation personnellebien que précaire parmi des citoyens d’un même monde social etpourtant dans les positions différentes de soignants et soignés

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pina.lalli@unibo.it

Merci

http://www.compass.unibo.it

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