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© Editions Nature & Progrès 68, bd. Gambetta 30700 UZÈS www.natureetprogres.org ISBN : 2-904738-25-8 Maquette et mise en page : Claude George 04 66 84 10 81

© Editions Nature & Progrès 68, bd. Gambetta 30700 … · Maquette et mise en page : Claude George 04 66 84 10 81. OGM, sécurité, ... VI-2- Argumentation pro-OGM 48 VI-3- Point

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  • Editions Nature & Progrs68, bd. Gambetta 30700 UZS

    www.natureetprogres.org ISBN : 2-904738-25-8

    Maquette et mise en page : Claude George 04 66 84 10 81

  • OGM,scurit, sant

    CE QUE LA SCIENCE REVELEET QUON NE NOUS DIT PAS

    Synthse des publications scientifiques concernant limpact des cultures OGM

    sur lenvironnement, la sant et la biodiversit

    Par Lilian Ceballos et Guy Kastler

    18 octobre 2004

  • Table des Matires

    Introduction 5Rsum 6

    Dfinitions 11Abrviations des termes employs 13

    I- Quest-ce quun OGM ? 15II- Dissmination des transgnes par pollinisation croise 19III- Dissmination des transgnes dans les sols 23

    III-1- Introduction 23III-2- Argumentation pro-OGM 23III-3- Point dtaill sur les travaux publis 23III-3-1 Dissmination de transgnes aux microorganismes 23

    - Persistance de lADN dans le sol- Transferts horizontaux et transformation

    naturelle des organismes du solIII-3-2 Exudation de toxines Bt par les racines de mas Bt 26III-3-3 Contamination des parcelles par lADN recombin 26

    IV- Risques alimentaires 29IV-1- Introduction 29IV-2- Argumentation pro-OGM 29IV-3- Point dtaill sur les travaux publis 29IV-3-1- Effet dune alimentation OGM sur les rats : laffaire Puszta 29IV-3-2- Lquivalence en substance, une notion trompeuse et errone 32IV-3-3- Toxicit avre des toxines Bt et dautres constructions 33IV-3-4- Transfert au niveau du tractus gastro-intestinal 34IV-3-5 Allergnicit et immunognicit des plantes transgniques 36IV-3-6 Des mdicaments dans nos assiettes 36

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  • V- Impact des OGM sur la biodiversit 39V-1 Introduction 39V-2- Argumentation pro-OGM 39V-3- Point dtaill sur les travaux publis 40V-3-1 Effets des OGM sur la faune locale 40

    - Effet du pollen sur le comportement alimentaire et la survie des larves de monarque

    - Toxicit de la toxine Cry1Ab sur Chrysoperla carnea- Interactions entre trois espces par lalimentation dites tri trophiques

    V-3-2- Contamination du mas au Mexique 44V-3-3 Contamination des lots de semences traditionnelles 45

    VI- Instabilit des constructions gntiques 47VI-1 Introduction 47VI-2- Argumentation pro-OGM 48VI-3- Point dtaill sur les travaux publis 48

    VII- Pesticides et cultures OGM 57VII-1- Introduction 57VII-2- Argumentation pro-OGM 57VII-3- Point dtaill sur les travaux publis 57

    VIII- Impact du Roundup sur les cosystmes et la sant humaine 63VIII-1- Introduction 63VIII-2- Argumentation pro-OGM 63VIII-3- Point dtaill sur les travaux publis 63

    IX- Questionnaire : Mensonges et Manipulations 69IX-1 OGM et Agriculture 69IX-2 Alimentation et sant humaine 72

    Conclusion 79Bibliographie 83

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  • Synthse sur limpact des cultures OGM sur lenvironnement, la sant et la biodiversit

    Lilian Ceballos Guy KastlerPharmacien Paysan et charg de mission et cologue Nature & Progrs

    Introduction

    Depuis 1996, la culture de plantes GM sest dveloppe massivement dansquelques pays (Etats-Unis, Canada, Argentine, Chine, et plus rcemment, Inde etBrsil). Lensemble des dcisions rglementaires, politiques et juridiques, qui concer-nent le dveloppement de ces cultures ainsi que la consommation de leurs produits,reposent sur une expertise scientifique dite officielle. Cette dernire semble ignorer len-semble des connaissances scientifiques acquises depuis le dbut des mises en culture.Elles reposent encore sur trois dogmes tablis antrieurement :

    - Le transgne, comme tout gne, serait dgrad ds quil est libr dans lenvi-ronnement, le sol ou le systme digestif, ce qui garantirait son innocuit totale.

    - En dehors des flux de pollen, matrisables grce des prcautions de culture adap-tes, aucune dissmination de transgne ne serait craindre.

    - Le transgne, comme le gne, serait une construction stable, dfinitivement fixeune fois intgre dans son organisme hte.

    Ces trois dogmes constituent le fondement de la notion d quivalence en sub-stance qui veut quun organisme gntiquement modifi ne diffre de son homolo-gue non modifi que par la construction gntique qui lui a t ajoute. Ainsi, unefois cette construction gntique connue et matrise, aucune prcaution supplmentai-re, autre que celles dj prises pour son homologue non modifi, nest ncessaire pourautoriser la dissmination ou la consommation dun OGM. Ces thories sont aujourd-hui srieusement branles par de nombreux travaux scientifiques, ce qui ouvre unimmense champ dincertitude quant la scurit des OGM et aux risques quils fontcourir la sant et lenvironnement. Le comportement de ceux qui dissminent ouautorisent les dissminations dOGM ressemble de plus en plus celui dun chauffeurqui grille un feu rouge en fermant ses yeux et en bouchant ses oreilles. Nous sommes

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  • tous sur les mmes routes queux. Il est temps dagir en fonction de ce quindiquent cesclignotants qui sallument les uns aprs les autres. Il est temps que le politique et lelgislateur en tiennent compte, cest pourquoi nous tentons dans ce travail de rendrecompte de lessentiel des publications connues.

    Malgr la contamination de semences et de denres alimentaires et limpossibilitpratique dune sparation des filires OGM et non-OGM, les OGM nont pas t sou-mis une valuation rigoureuse de leurs effets potentiels sur la sant humaine et ani-male, sur la biodiversit ou encore sur les flux de gnes (pollinisation, transferts hori-zontaux). En effet, ignorant les publications montrant des impacts importants desOGM sur la sant ou sur la biodiversit qui saccumulent rgulirement depuis plu-sieurs annes, les pouvoirs publics ne prennent aucune mesure pour quenfin les OGMsoient soumis une relle valuation de leurs effets. Ce texte offre dabord une revue laplus exhaustive possible des publications scientifiques menes dans des institutionspubliques ainsi que des travaux de groupes dexperts indpendants sur les OGM.LIndependent Science Panel et lInstitute of Science in Society ont alert depuis plu-sieurs annes les communauts scientifiques et politiques sur ces nouveaux travaux, sanseffet semble-t-il. Leurs travaux ont parfois t contest parce que non publis dans desrevues scientifiques comit de lecture. Pourtant, la plupart de ces travaux ont tconfirms par la suite par dautres travaux publis eux dans des revues officielles. Parmidautres, leurs publications sont ici largement reprises, leur importante contribution at dterminante pour la mise en lumire des lments du dbat. Quelques rflexionsaccompagnent la prsentation des rsultats de ces divers travaux. Ces derniers sontensuite repris pour apporter des rponses simples aux questions les plus courammentposes propos des OGM. Chacun pourra vrifier les rfrences qui sont systmatique-ment indiques dans la bibliographie la fin du document, et nous attendons des auto-rits politiques et judiciaires quelles prennent en compte ce nouvel tat des connais-sances pour argumenter leurs dcisions.

    En rsum :La communaut scientifique et certains Etats, surtout europens, sinquitent des

    risques de dissmination des gnes manipuls par transferts dits verticaux , cest--dire entre les parents et leur descendance. Cest pourquoi diverses mesures sont prisespour viter les contaminations par le pollen qui est la semence mle des plantes. Cesmesures paraissent souvent vaines : on vient en effet de constater que des herbes gazontransgniques plantes sur un golf ont contamin leurs cousines plus de 21 kilom-

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  • tres de distance (1). Certains prconisent de rsoudre dfinitivement ce problme en necultivant des plantes transgniques quaprs les avoir rendues striles. Cest ignorerdlibrment que, depuis que le monde existe, les gnes savent aussi passer dun indi-vidu un autre, despces semblables ou diffrentes. Ces transferts dits horizontaux sont plus rares car limits par des rgles prcises qui ont t baptises thorie de l-volution , barrire des espces et systme immunitaire . Ce sont ces barriresqui sont allgrement franchies dans le laboratoire lors de la transgnse et il apparat deplus en plus clairement que les fruits de ces bricolages conservent par la suite une capa-cit transfrer des gnes par cette voie horizontale bien suprieure la moyenne desorganismes vivants non manipuls (2).

    La dissmination de transgnes dans le sol, par les racines ou les dbris de plantesmodifies, est en effet susceptibles de provoquer des transferts horizontaux de gnes versdes bactries du sol. Contrairement aux affirmations des firmes biotechnologiques, lapersistance de lADN dans le sol peut provoquer la transformation gntique de bact-ries du sol, cest--dire lintgration de lADN contenu dans le transgne par la bact-rie. Certaines bactries du sol ont ainsi incorpor leur gnome des gnes de rsistanceaux antibiotiques utiliss dans les OGM. De plus, toutes les plantes prlvent dans lesol une partie de leur nourriture et y relchent une partie de leurs dchets , appelsexsudats racinaires, qui vont nourrir les microbes et champignons qui vivent dans le sol.Une plante manipule pour que toutes ses cellules produisent en permanence une toxi-ne relchera cette mme toxine avec ses exsudats racinaires. Or lexsudation par les raci-nes de toxines Bt perturbe lquilibre dlicat des communauts de microorganismes dusol, ce qui a des rpercussions sur la fertilit du sol.

    En ce qui concerne les risques alimentaires, la notion dquivalence en substance,dnonce par de nombreux scientifiques, sest pour lessentiel substitu une valuationrigoureuse base sur des tests toxicologiques de longue dure qui peuvent seuls garan-tir une absence deffets ngatifs sur lalimentation humaine ou animale. Selon cettenotion, les substances chimiques constitutives dun organisme gntiquement modifisont les mmes que celles du mme organisme non modifi, hormis ventuellement lasubstance produite par le gne transfr. Linsertion du transgne dans lorganismegntiquement modifi naurait aucun autre effet que ceux dj connus de son homolo-gue non modifi et du transgne. Les anomalies anatomiques constates par Puszta surle systme digestif de rats consommant une alimentation faite dOGM et les anomaliesdveloppementales rapportes par dautres chercheurs nont jamais t tudies endtail. Par ailleurs, il a t montr rcemment que des transferts de gnes la micro-flore buccale et intestinale seffectuent in vivo. Ces bactries et champignons qui viventen permanence dans notre bouche et nos intestins sont indispensables notre digestion

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  • : les modifier nest pas anodin. Enfin, des publications montrent une augmentation dal-lergies, ce qui laisse prsager que les OGM (en particulier les plantes Bt) sont immu-nognes, cest--dire quils perturbent et font ragir anormalement notre systmeimmunitaire.

    Limpact sur la biodiversit a t illustr par les effets des OGM sur la survie deslarves du papillon monarque. Des tudes montrent aussi une toxicit des toxines Bt surdes prdateurs naturels utiliss en lutte biologique contre les insectes qui dtruisent lesplantes et une perturbation des interactions entre la plante, les insectes et animaux quila consomment et leurs prdateurs (interactions dites tri trophiques).

    La contamination des varits locales de mas au Mexique, la contamination mas-sive des champs de colza au Canada et surtout la contamination gnralise des lots desemences traditionnelles aux Etats-Unis sont des menaces lourdes pour la biodiversitdes plantes cultives qui pourraient provoquer de graves crises agricoles. Notre alimen-tation se rduit de plus en plus la consommation dune dizaines de plantes et de leursdrivs. La gnralisation des cultures transgniques acclre cette rduction drastiquede la biodiversit alimentaire. Comment pourra-t-on ragir si on dcouvre soudainquun gne qui a contamin lensemble de la chane alimentaire a un effet toxique ?

    Linstabilit gntique des varits GM constitue un tabou suprme pour la com-munaut biotechnologique qui maintient que linsertion du transgne dans le gnomeest stable dans la cellule transforme et sa descendance. Pourtant, les preuves de rar-rangements gntiques divers sont de plus en plus nombreuses et les caractrisations desconstructions gntiques autorises entreprises par des chercheurs franais et belgesmontrent au-del de toute quivoque la ralit de ces rarrangements. Ce qui veut direconcrtement que lorganisme cultiv ou consomm nest pas le mme que celui qui at formul dans le laboratoire et a obtenu une autorisation de commercialisation. Alinsu des chercheurs, dautres gnes sy expriment et peuvent gnrer lapparition denouveaux produits toxiques ou de nouveaux organismes pathognes. Linstabilit dupromoteur viral gnralement employ est maintenant tablie, et les consquences decette instabilit pourraient tre graves (activation de pro-oncognes ou de virus dor-mants avec comme consquence plausible, une augmentation des cancers).

    En outre, la diminution des quantits de pesticides souvent avance par les parti-sans des OGM ne semble pas se confirmer et la tendance des dernires annes est uneaugmentation des quantits de pesticides utilises sur les parcelles OGM pour diversesraisons (facilit des traitements, prix des semences lev, volution des communauts demauvaises herbes vers la slection dune rsistance accrue au dsherbant employ, le plussouvent le Roundup, baisse du prix du Roundup).

    Des travaux rcents montrent une incidence des maladies fongiques (maladies pro-

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  • voques par des champignons) suprieure chez les sojas tolrants au Roundup par rap-port aux sojas conventionnels. La fixation de lazote queffectuent les bactries symbio-tiques au niveau des nodules racinaires est perturbe, ce qui augmente dautant lesquantits dengrais azots quil faut apporter. Les concentrations en flavonodes des sojastolrants au Roundup sont diminues. Ces molcules jouent un rle essentiel dans lasymbiose ainsi que dans la dfense de la plante contre les pathognes : la diminutionde leur concentration dans les sojas tolrants au Roundup explique laffaiblissementde la symbiose bactrienne qui nourrit la plante en azote ainsi que laugmentation despathologies fongiques. Enfin, ce sont ces mmes flavonodes qui sont responsables deseffets bnfiques du soja sur la sant humaine. Ces rsultats montrent que le gne ins-r dans les sojas tolrants au Roundup interfre ngativement avec les processus essen-tiels qui garantissent le dveloppement et la sant de la plante et de ceux qui la consom-ment.

    Le Roundup est le dsherbant le plus utilis avec les varits GM actuellementcultives. Il nest pas un produit aussi bnin que son fabriquant le suggre. Non seule-ment, contrairement aux publicits qui veulent le faire passer pour un produit bio ,il persiste dans le sol, mais de plus des tudes pidmiologiques suggrent une associa-tion entre son utilisation rgulire et le lymphome non-Hodgkinien. Trs rcemment,des chercheurs ont montr que le Roundup perturbe la rgulation du cycle cellulaire,favorisant ainsi la transformation de la cellule en cellule cancreuse. Les concentrationsutilises en vaporisation par les agriculteurs sont de 500 4000 fois suprieures laconcentration seuil partir de laquelle la division cellulaire est perturbe. Lajout deproduits adjuvants dans les formulations commerciales augmente cet effet.

    Dans le texte, les paragraphes entre guillemets et en italique sont des traductions lit-trales des articles originaux. Les numros des citations dans le texte darticles publisdans des revues scientifiques avec comit de lecture sont suivis dun astrisque (*). Dansla bibliographie en fin douvrage, le titre des articles a t traduit en franais dans unsouci dintelligibilit.

    Remerciements : Claire Julien, Frdric Prat, Ccile Lambert et Michel Dupont pour leur relecture

    attentive et Jacques Hallard pour la traduction et la diffusion rgulire auprs du public franais des publications de lI.S.P.

    Inf OGM a t une des sources de notre documentation en franais, GMWATCH en anglais.

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  • Quelques dfinitions

    ADN (Acide dsoxyribonuclique) : molcule dont la squence est constitue de 4nuclotides et que lon trouve dans le noyau de la cellule.ARN (Acide ribonuclique) : molcules intermdiaire entre lADN et les protinessynthtises, dont la squence est constitue de quatre types de nuclotides. Ses formesvaries transmettent linformation de lADN aux protines. Leur rle respectif dans laconstruction des protines partir de lADN est largement connu. Leur rle dans lin-tgration par lADN dinformations gntiques dorigine virale a t dcouvert plusrcemment. Artfact : phnomne dorigine accidentelle, artificielle ou rsultant dune erreur deprotocole ou de manipulation, rencontr au cours dune observation ou dune exprien-ce scientifique.Bactries symbiotiques : bactries dont linteraction avec les plantes est bnficerciproque. Elles trouvent dans les racines un milieu sans comptiteur et se nourrissentdes rejets des racines de la plante (lments carbons, sucres). En change, elles fixentlazote de lair ou dautres lments du sol sous une forme assimilable par la plante.Bt : provenant dune bactrie du sol, Bacillus thuringiensis, qui possde de nombreuxgnes capables de produire des toxines ayant un effet insecticide naturel, notammentchez la famille des Lpidoptres (chenilles et papillons). Par extension, les molcules,produites par synthse artificielle ou suite des manipulations gntiques et qui sontassez semblables celles provenant de la bactrie naturelle, sont dites aussi Bt.Conjugaison : processus dchange de plasmides entre deux bactries. Ce mcanismencessite que lADN transfr contienne une squence appele origine du transfert(oriT), les autres fonctions pouvant provenir de sources diverses. Ainsi, des plasmidesnon fonctionnels peuvent tre secourus par des plasmides assistants qui portentle gne codant pour les fonctions manquantes. Ces gnes assistants sont prsentschez de nombreuses bactries pathognes. Dltion : perte par un gnome dune squence dADNCytoplasme : milieu complexe consistance de gel qui entoure le noyau et constitue lecorps de la cellule. Cultivar : varit de plante cultive.Eucaryotes : les organismes vivants appels Eucaryotes ont un ADN contenu dans unnoyau dlimit par une membrane nuclaire. Ils apparaissent il y a 2 milliards danneset leur organisation cellulaire, plus complexe que celles des procaryotes, permet une nou-velle volution qui conduit aux organismes pluricellulaires (vers 500 millions dannes).

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  • Evnement gntique (ou spcifique) : caractre gntique concern.Epissage alternatif : remaniement de la transcription de lARN qui, au lieu de coderpour la production dune protine, en gnre de multiples diffrentes les unes des autres.Flavonodes : toutes les plantes vasculaires produisent ces molcules prsentes dans lesfruits, lgumes, tiges, racines, feuilles, fleurs, graines. On en trouve dans les pices,mais aussi dans le vin rouge et le th. On y inclut les tanins, les anthocyanes et autrespigments vgtaux (flavones, flavanones, chalcones). Ils interviennent dans la biochimiedes cellules vgtales dans lesquelles ils remplissent de multiples fonctions : cran UVau niveau des feuilles, pigments au niveau des fleurs (attraction des pollinisateurs),dfenses anti-pathognes au niveau du bois, des racines ou des graines (tanins), rgula-teurs de la croissance ou inducteurs de nodulation mais aussi antioxydants, inhibiteursenzymatiques ou prcurseurs de substances toxiques (rpulsion des herbivores).Gne : squence dADNGlyphosate et Glufosinate : pesticides qui permettent de contrler les mauvaisesherbes dans les cultures. Le glyphosate est lagent actif du Roundup.Lymphome non-Hodgkinien : cancer atteignant les cellules sanguines. Sur la baseanatomo-pathologique, les mdecins distinguent deux grands types de lymphome :Hodgkinien et non- Hodgkinien.Plante adventice : plantes sauvages prsentes dans les cultures sans y avoir t semeset considres, parfois tort, comme des mauvaises herbes .Plasmides : petits anneaux circulaires dADN prsents dans les bactries. Les bactriespeuvent schanger ces brins dADN et acqurir les nouvelles comptences pour les-quelles ils codent : par exemple, un plasmide de rsistance aux antibiotiques est sus-ceptible de transmettre laptitude de dgrader les antibiotiques une bactrie qui najamais rencontr dantibiotique.Point chaud de recombinaison : emplacement de lADN propice accepter ou gn-rer des recombinaisons gntiquesProcaryotes : les Procaryotes comprenant les Eu bactries et les Archobactries ontun ADN qui nest pas inclus dans un noyau individualis. Ce sont les premiers orga-nismes vivants qui apparaissent il y a plus de 3,5 milliards dannes et leur organisationcellulaire est simple : un brin dADN qui flotte dans le cytoplasme.Recombinaison : rarrangement du gnome pouvant impliquer lintgration de nou-veaux gnes ou la dltion de gnes prsentsSauteur (gne) : ou rtrotransposon ou transposon. Squence dADN mobile, qui aaptitude particulire se dplacer pour se rinsrer en dautres points du gnome.Scurit : dans ce texte, scurit indique une absence de risques sur la sant lors de laconsommation alimentaire par les tres humains ou les animaux.

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  • Symbiose : association bnfice rciproque dans laquelle deux ou plusieurs organis-mes diffrents tirent de leur collaboration des avantages pour chacun deux.Transfert horizontal : un transfert horizontal de gnes met en jeu un change dADNentre des organismes, sans que cet change ne se produise par les voies naturelles de lareproduction. En biologie, on restreignait jusqu rcemment ces aptitudes de transfertaux bactries qui peuvent schanger des morceaux dADN (par exemple, plasmide dersistance aux antibiotiques) : cest un des mcanismes importants permettant lvolu-tion de ces organismes qui ne connaissent pas les brassages gntiques permis par lasexualit. Des barrires spcifiques ces changes horizontaux, officiellement rputestotalement tanches pour les organismes suprieurs reproduction sexue, taientpostules sans avoir t dmontres dans bien des cas. Or, les preuves saccumulent etlon retrouve ces transferts horizontaux, des degrs divers, chez limmense majorit desorganismes vivants, y compris chez les organismes suprieurs .. Transformation ou manipulation gntique ou transgnse : ensemble de mani-pulations qui consistent intgrer artificiellement de lADN recombin dorigine(s)diverse(s) dans du matriel vivant receveur.Transgne : information gntique provenant dADN artificiellement recombin pargnie gntique ou ADN recombin. On parle aussi de manipulations gntiques,notamment chez les plantes gntiquement modifies ou transformes, encore appelesplantes transgniques. En bref, il sagit de squences dADN qui sont intgres dans legnome des plantes gntiquement modifies.Transposon : voir (gne) sauteur

    Abrviations employes :

    ACRE : Advisory Committee for Releases to the Environment (Comit Consultatif surla Dissmination dans lEnvironnement)AFSSA : Agence Franaise de Scurit Sanitaire des AlimentsCGB : Commission du Gnie Bio molculaireEFSA : European Food Safety Authority (Administration Europenne de ScuritAlimentaire).EPA : Environmental Protection Agency (Agence de Protection de lEnvironnement).GM : gntiquement modifiISIS : Institute of Science in Society (www.i-sis.org.uk), Institut anglais de recherche

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  • scientifique et sociale.ISP: Independent Science Panel (www.indsp.org), ou Jury pour une science indpen-dante. Il est constitu dun ensemble de scientifiques impliqus dans de nombreusesdisciplines et qui sont engags dans la Promotion de la Science pour le Bien Public OGM : Organisme Gntiquement Modifi.TH : caractre de tolrance certains herbicides, introduit par gnie gntique chez desplantes gntiquement transformes ou modifies (OGM), afin de leur confrer unetolrance ces herbicides.USDA : Ministre (littralement Dpartement) de l'Agriculture des Etats-Unis.

    Nous prsentons ci-aprs diffrents faits exprimentaux concernant les OGM enmettant en lumire leurs consquences sur les mtabolismes cellulaires desorganismes transforms mais aussi sur la sant humaine, animale et sur la stabi-lit des cosystmes suite leur introduction. Parce que les vgtaux sont auto-trophes (capables de synthtiser leurs constituants partir de la lumire), tousles organismes, animaux, parasites et saprophytes (vivant sur des matriaux endcomposition) dpendent de la ressource vgtale, et toute modification decette ressource peut avoir des rpercussions graves sur la survie de ces autresorganismes.

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  • I- Quest-ce quun OGM ?

    Un OGM est un organisme obtenu par modification gntique de son patrimoinehrditaire. Cela est possible grce des manipulations cellulaires qui consistent crerdes constructions gntiques composes dADN dorigines diffrentes et transfrer cesgnes synthtiques par transgnse. Ces OGM sont gnralement prsents commetant issus dun transfert de gnes entre un organisme donneur et un organisme rece-veur, mais la transgnse est bien plus complexe.

    Le transgne comprend :- un gne promoteur qui dclenche le mcanisme par lequel la cellule copie la

    squence codante quil prcde pour fabriquer la protine, - un gne principal ou gne dintrt, associ un gne marqueur, qui porte lin-

    formation ncessaire pour fabriquer la protine, - un gne terminateur qui provoque la fin de la lecture du message port par le

    gne qui le prcde. Ces trois lments proviennent le plus souvent de diffrentes sources. Le gne prin-

    cipal lui-mme peut-tre compos de diffrentes squences dADN, souvent constituesartificiellement au laboratoire (3). Un gne marqueur est ainsi systmatiquementassoci au gne dintrt La transgnse tant une opration alatoire qui ne russit quesur quelques cellules parmi toutes celles qui sont prsentes, ce gne marqueur sert trier celles qui ont intgr le transgne. Il sagit la plupart du temps dun gne de rsis-tance un antibiotique ou un dsherbant. En mettant lensemble des cellules sur les-quelles la modification a t tente en contact avec un antibiotique ou un dsherbant,seules survivent celles qui ont intgr, avec lensemble du transgne, ce gne marqueur.

    Par ailleurs, le systme immunitaire qui garantit lintgrit physiologique de toutorganisme vivant fait quun gnome naccepte pas spontanment lintgration dungne tranger : son fonctionnement dans la cellule est entrav. Pour franchir cette bar-rire naturelle, les manipulateurs de gnes doivent avoir recours un promoteur trsagressif qui contraint la cellule fabriquer la protine. Ces promoteurs nexistent paschez les organismes dits suprieurs (champignons, plantes, animaux, hommes).Leur volution repose essentiellement sur la sexualit : chaque gnration, le croise-ment sexuel leur permet dinventer de nouvelles combinaisons gntiques suivant desrgles que la science commence dcouvrir. Le phnomne de coadaptation gnomique

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  • garantit le fonctionnement concert des gnes transmis par les deux parents. En effet,lappariement des gnes de deux parents est optimal lorsque ceux-ci ont longuement co-volu tout en conservant une diversit suffisante.

    Les microbes (bactries, virus), qui ne se multiplient que par division cellulai-re lidentique, ne connaissent par contre que la mutation gntique (plus rare) et leschanges de gnes (transferts) pour voluer. Les virus, qui ne possdent quun des deuxacides nucliques (ARN ou ADN), ne peuvent se multiplier que dans les cellules dau-tres organismes. Parasites obligatoires, ce sont les tres vivants qui dveloppent lameilleure capacit pntrer une cellule trangre pour y faire exprimer leurs propresgnes et changer du matriel gntique, cette capacit tant la condition de leur exis-tence et de leur volution. Cest pourquoi les manipulateurs de gnes sont alls chercherleurs promoteurs chez les virus. Le promoteur 35S du Virus de la Mosaque du Chou-fleur (CaMV) est le plus communment utilis, et il est souvent accompagn par dau-tres amplificateurs de diverses origines. Nous verrons plus loin quelles sont les cons-quences dune utilisation gnralise et incontrle des mcanismes dvolution propresaux organismes dits infrieurs chez les organismes dits suprieurs . Ces derniersne les utilisent naturellement que rarement et dans le respect de rgles dont nous igno-rons quasiment tout. La mdecine, qui commence dcouvrir lexistence de ces rglesmais trbuche sur son ignorance de leur fonctionnement, sait par contre quel pointleur perturbation peut savrer dangereuse.

    Dautre part, sauf exceptions et sauf pour les bactries, ce nest pas le gne pr-sent dans le chromosome du donneur qui est transfr, mais un ADN synthtique sim-plifi (dit ADNc). On sait que les chromosomes sont constitus de squences dADNcodantes, impliques directement dans la synthse des protines et de squences noncodantes dont la proportion varie selon le rgne considr : absentes chez les bactries,elles reprsentent 70% de lADN chez les plantes et 98% de lADN humain ! On igno-re aujourdhui le rle exact de ces squences non codantes, ce qui ne veut pas dire quel-les nen ont aucun : il a rcemment t propos quelles participent la stabilisation desautres squences. Alors que le mme gne natif (naturel) du donneur comporte, pour leschampignons, les plantes et les animaux, des squences non codantes, lADN synth-tique transfr dans lOGM ne comporte que les squences codantes, les autres ayant texcises. Cest ce gne synthtique simplifi (avec le reste de la construction, car il nya jamais un seul gne transfr) qui sera transmis aux gnrations suivantes, ce quidiffre fondamentalement de la slection par fcondation ou multiplication naturellesou provoques.

    Que deviennent les transgnes dans la nature, lorsque des plantes gntiquementmodifies ont t cultives au champ ? Une question simple comme celle-l ncessite

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  • de prendre en compte de multiples niveaux danalyse (concentration dans le sol, polli-nisation croise avec des espces apparentes, transfert horizontal des bactries du sol,sort de lADN GM dans lalimentation). En raison mme de linnovation que constituela trangnse, les connaissances scientifiques taient insuffisantes pour apporter unerponse et de nombreux travaux ont t publis, qui apportent un clairage nouveau.Cette synthse dtaille aborde successivement les problmes poss par les OGM auniveau du sol, du risque alimentaire, de la biodiversit, de la conservation de varitstraditionnelles et de linstabilit des constructions gntiques.

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  • II- Dissmination des transgnes par pollinisation croise

    Argumentation pro-OGMLes transgnes de plantes gntiquement modifies (GM) peuvent migrer grce

    la pollinisation dautres varits de la mme espce, en particulier de plantes non gn-tiquement modifies. La culture en milieu ouvert de plantes GM rend ce risque de pol-lution gntique invitable. Les promoteurs des OGM ladmettent, mais prtendentpouvoir contrler ces flux de pollen grce des distances de scurit sparant les champsdOGM des cultures non GM et grce quelques prcautions de culture inapplicablesdu type dcalage des dates de semis ou destruction des repousses gntiquement modi-fies pour tre rsistantes aux dsherbants. Le mas est rput la plante la plus sre parceque son pollen est lourd, donc difficilement transport sur de longues distances par levent, parce quaucune plante sauvage europenne ne peut se croiser avec lui (il est ori-ginaire dAmrique du Sud, continent o ses parents sauvages existent encore), enfinparce quen Europe, les repousses spontanes sont dtruites naturellement par lhiver.

    Des contaminations invitables Pourtant, mme avec le mas, les pollutions gntiques sont invitables.

    LAssociation Gnrale des Producteurs de Mas, fer de lance franais de la communau-t pro-OGM, le reconnat explicitement dans un courrier envoy le 22 mars 2004 auxmembres de la Commission Europenne : comme la indiqu le Comit Scientifiquedes Plantes dans son rapport du 7 mars 2001, un seuil trop bas [de prsence de gnesmodifis dans les cultures ou les semences non GM] deviendra de plus en plus difficile respecter dans un environnement contenant une part croissante de mas O.G.M. des-tin la consommation. Pour gagner la confiance du public, l'industrie biotechnolo-gique entreprend plusieurs tudes. Ainsi, la distribution et la densit du pollen de massont observs en champ : la densit est maximale dans le champ de mas (171 grains /cm2) et dcrot progressivement pour atteindre 14 grains / cm2 2 m (4*). Y. Brunet aretrouv du pollen viable de mas en concentration importante jusqu 1800 mtresdaltitude (5*), ce qui laisse supposer des risques de contamination dpassant trs large-ment les quelques mtres de distances de scurit prconises par les promoteurs desOGM. Linstauration par lUnion Europenne dun seuil de tolrance de gnes modifisdans les produits non tiquets GM constitue une reconnaissance officielle de ce cons-tat, valable pour toutes les espces, et une capitulation devant ceux qui veulent impo-ser sa ralisation. Sa fixation 0,9% est par contre le rsultat dun compromis politique

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  • sans aucun fondement scientifique. La pollinisation croise entre des plantes GM et des espces apparentes, biologi-

    quement proches et sexuellement compatibles, a t amplement documente. En parti-culier, il a t rapport la possibilit de croisements entre les betteraves cultives et desplantes apparentes sauvages et spontanes dans les champs de culture (6*, 7*, 8*). Chez lecolza, les distances de dispersion du pollen ont t tudies, ainsi que les possibilits decroisements avec le navet, la moutarde brune et le radis sauvage. La dissmination destransgnes du colza vers des espces proches, souvent des plantes adventices dans les cul-tures, a fait lobjet de travaux importants en France, notamment par les quipes delINRA et elle est maintenant bien documente.

    Jusquici, peu dtudes ont tudi les flux gniques au del de quelques centainesde mtres : des pollens de radis ou de tournesol ont t retrouvs 1 km, des pollens decourge 1,3 km ou des pollens de colza 3 km. Rcemment, Lidia Watrud et collabo-rateurs ont montr que le pollen de plantes gazon GM utilises pour les golfs a tdissmin par le vent et a pollinis des plants distants de 21 km (1*). La varit GM tes-te sur les golfs est modifie pour la tolrance au Roundup : Watrud trouve une conta-mination gntique massive 2 km sous le vent des champs exprimentaux. Cettevarit de plante gazon pousse ainsi naturellement dans de nombreux habitats et secroise avec dautres espces du genre Agrostis. LEPA craint que la varit GM nenva-hisse les habitats naturels. Ce gazon tolrant au Roundup est une gramine proche des mauvaises herbes que les agriculteurs aimeraient chasser de leurs champs avec cemme Roundup . Sa dissmination ne serait donc pas sans consquences.

    Ds 1991, des travaux pionniers dEllstrand montraient que les plantes cultivespouvaient facilement shybrider avec les plantes sauvages apparentes. Klinger etcoll. (9*) montrent que lhybridation spontane entre le radis sauvage et le radis cultivest forte, mme si elle diminue avec la distance (un faible niveau est encore dtectable 1 km de distance). De plus, les hybrides produisent 15% de graines en plus (9*), ce quiaugmente la dissmination de lallle cultiv dans les populations naturelles. Arriollaand Ellstrand (10*) rptent ces expriences avec un autre couple. Ils choisissent le sorgho(Sorghum bicolor) et Sorghum halepense, une des pires mauvaises herbes : ce sont desespces distinctes, ayant un nombre de chromosomes diffrents, et, alors que le radis estallofcond et pollinis par les insectes, le sorgho est autofcond et pollinis par le vent.Les deux sorgho shybrident spontanment, jusqu une distance de 100 m (11*). La valeurslective des hybrides est identique celle des plantes sauvages (12*). Des expriences sem-blables ont t menes avec des plantes cultives comme le tournesol, le riz, le millet etle navet : toutes montrent que lhybridation spontane avec les plantes sauvages appa-rentes, pour autant quelles sont prsentes dans lenvironnement de la culture, est un

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  • trait gnral de la plupart des plantes cultives, de la framboise au champignon de Paris(13*). Le transfert de transgnes des varits sauvages a t de la mme manire observentre la betterave cultive et sa cousine sauvage (8*), entre le colza et la ravenelle ( 14*), letournesol et ses cousins sauvages aux Etats-Unis ( 15)

    Les divers projets de rglementation sur des seuils de tolrance de contaminationdes lots de semences non GM sorientent entre 0,1 et 0,05 ou 0 lincidence de ce typede propositions pour une espce comme le bl : Chaque plante de bl produit en gn-ral 450 000 grains de pollen. Si vous semez 100 livres (un peu plus de 4O kg) de semen-ces par hectare et que chaque graine donne une plante, comme il y a 7.000 grains de blpar livre, ce 1% de plantes transgniques est capable de produire plus de trois milliardsde grains de pollen qui peuvent se disperser sur de vastes tendues . Avec un seuil de0,5%, on est encore un milliard et demi de grains de pollen, avec un seuil 0,3 %,presqu un milliard de grains de pollen Le bl, pas plus quaucune autre plante, nest 100% autogame. Il parat en consquence difficile de garantir lefficacit du moindreseuil, mme avec les plantes autogames. Quant aux plantes allogames, cette efficacitsera encore bien moindre. A partir du moment ou le paysan exerce son droit inalina-ble de ressemer une partie du grain rcolt dans son champ, le risque de le transformeren multiplicateur involontaire et contre son gr dOGM parat invitable.

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  • III- Dissmination des transgnes dans les sols

    III-1- IntroductionLes risques de contaminations par flux de pollen sont les seuls pris en compte par la

    plupart des tudes et des diverses rglementations mises en place. Lquipe du Pr. Arnaud(Universit de Lille) a pourtant dmontr que le risque de dissmination de gnes modi-fis de betteraves transgniques dautres champ de betteraves non transgniques ou des plantes sauvages apparentes est plus grand avec les semences quavec le pollen, dufait essentiellement de transports de terre et de poussires issues du champ GM (8*).

    Dautres voies, non prises en compte officiellement aujourdhui, sont largementdocumentes. Encore faut-il les rechercher. En effet, afin dvaluer limpact global de ladissmination de transgnes au niveau du sol, il est ncessaire de connatre le sort delADN dans le sol : est-il dgrad ? A quelle vitesse ? Les bactries du sol peuvent-ellesintgrer lADN GM leur gnome par transformation naturelle ? Lemploi dun pro-moteur viral dans la construction du transgne favorise-t-elle cette transformation desbactries du sol ? Si oui, avec quelles consquences sur les processus de rgnration dusol ? Mais encore, dautres questions se posent : la persistance dADN GM perturbe-t-elle les communauts animales, fongiques et bactriennes dont laction est ncessaire la fertilit du sol ? La prsence dADN GM est-elle susceptible de perturber lquilib-re de ces communauts, en favorisant des parasites au dtriment des organismes sym-biotiques ?

    III-2- Argumentation pro-OGMLa communaut biotechnologique a longtemps soutenu que lADN tait rapide-

    ment dgrad, que ce soit dans lenvironnement ou que ce soit lors de la digestion. Cetteprtendue dgradation rapide supprimerait les risques de transformation des bactriesdu sol, ainsi que de transfert horizontal de transgnes notre microflore (buccale ouintestinale). La perturbation de la composition ou du fonctionnement des communau-ts du sol ou du mtabolisme digestif est, pour eux, improbable. Par ailleurs, lutilisa-tion dun promoteur viral naggraverait pas les risques de transfert dADN GM desorganismes non cibles.

    III-3- Point dtaill sur les travaux publisIII-3-1 Dissmination de transgnes aux microorganismesCertains scientifiques ont estim ncessaire de sintresser la dispersion des trans-

    gnes dans la rhizosphre (environnement racinaire), notamment au niveau des sols

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  • ayant support une culture dOGM, et de prendre en compte le passage possible detransgnes vgtaux vers des microorganismes du sol.

    Persistance de lADN dans le solDepuis 1994, il est tabli (16*) que de lADN extracellulaire de haut poids molcu-

    laire est souvent dtect dans divers compartiments cologiques, incluant des cosyst-mes terrestres et aquatiques. LADN des organismes Eucaryotes et Procaryotes passedans le milieu naturel pendant la croissance et la dcomposition des individus. Il estactivement scrt par les cellules vivantes : dans le cas de cellules en culture, cettescrtion abondante peut atteindre 40% du poids sec de la culture.

    Dans lenvironnement, leau douce en contient entre 0,5 et 7,8 mg/l et sa concen-tration dans les sdiments atteint 1 mg/g (17). Il a t prouv exprimentalement que delADN introduit dans un milieu aquatique, a une demi-vie (temps ncessaire pourdgrader la moiti de lADN) de quelques minutes quelques heures. Au contraire, delADN introduit dans un sol ou dans un sdiment peut persister pendant des priodesallant de quelques mois quelques annes. En effet, malgr la prsence denzymes dedgradation de lADN (DNase) dans lenvironnement, lADN est protg de sa dgra-dation ds quil peut se lier aux dtritus, aux acides humiques, et, en particulier, auxparticules dargiles et de sable. LADN ainsi adsorb conserve son potentiel de transfor-mation. Cest pourquoi, la frquence des transformations gntiques spontanes est sou-vent plus leve en milieu naturel quau laboratoire (2*).

    En rsum, la persistance de lADN dans lenvironnement dpend du milieu : sademi-vie est de 9,1 h. dans un sol riche en terreau, 15,1 h. dans un sol argilo-limoneuxet 28,2 h. dans un sol argileux. La demi-vie de lADN dans leau (douce ou sale) est de3 5h, elle atteint 45 83 h. la surface de locan, et 140 235 h. dans les sdimentsmarins (16*).

    Transferts horizontaux et transformation naturelle des organismes du solLa transformation naturelle des bactries par capture dADN dans le sol est une

    voie majeure de transfert horizontal : la trs rapide pntration superficielle de lADNdans les particules du sol le stabilise et prolonge sa capacit de transformation. Ainsi, ledogme de la fragilit de lADN extracellulaire en milieu naturel, partout rpt par les scientifiques pro-OGM et prsent comme preuve de linnocuit dune librationincontrle dADN dans lenvironnement, est contredit par de nombreuses publica-tions (18*, 19*, 20). Ds 1994, il a t propos que lADN extracellulaire prsent dans deshabitats microbiens puisse constituer un pool de gnes dynamique, dans lequel des bac-

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  • tries comptentes pouvait puiser de linformation gntique par les procds habituels,et bien connus, de transformation bactrienne naturelle. Lorsque lADN dune plantemigre, via le pool de gnes extracellulaire, vers des bactries (Eu bactries et Arches),les mcanismes habituels et classiques de transformation et de conjugaison, peuventpermettre cet ADN dentrer dans des chanes de transferts gntiques horizontaux,cest dire des changes gntiques entre espces diffrentes, avec franchissement desbarrires despces. Ces changes gntiques sont des composants essentiels des proces-sus dadaptation et dvolution des microbes.

    Dune manire plus prcise, un transfert direct de transgnes et gnes marqueursdes plantes GM des champignons du sol a t observ (21*). Dautres auteurs (22*) ontdmontr un transfert de transgnes et gnes marqueurs des plantes GM des bactriesdu sol : transfert du gne de rsistance un antibiotique, la kanamycine vers une bac-trie, Acinetobacter, par des dbris vgtaux de feuilles de tabac, mais aussi de bettera-ve, de pomme de terre ou de tomate. Rcemment, Daane et al. (23*) ont montr que laprsence de vers de terre augmentait significativement la frquence et les distances surlesquelles seffectuent les transferts de gnes entre des espces de bactries du sol spa-tialement spares.

    Par ailleurs, il existe de nombreuses preuves circonstancielles de transferts hori-zontaux entre bactries dans un environnement marin (24*, 25*, 26*), dans un environnementdeau douce (27*) et dans le sol (28*, 29*, 30*, 31*). Le transfert horizontal a lieu prfrentiellement linterface entre leau et lair et dans les sdiments, et spcialement dans des condi-tions de manque de nutriments disponibles (32*), ce qui rfute laffirmation que desmilieux riches en nutriments seraient ncessaires pour favoriser le transfert horizontal.Le transfert horizontal de gnes de rsistance aux antibiotiques a t dmontr dans lesbassins de traitement des eaux uses dont les effluents sont de plus en plus utiliss pourlirrigation dans les pays en voie de dveloppement (33*).

    La transformation naturelle (absorption dADN extracellulaire suivie de son int-gration dans le gnome) constitue un mcanisme majeur de transfert horizontal chez lesbactries. De Vries & Wackernagel (34*) tudient lintgration dADN tranger (gne dersistance la kanamycine) lors de la transformation naturelle dAcinetobacter.Lintgration dADN tranger saccompagne souvent de leffacement (du dlestage)dune longueur comparable dADN de lhte. Ils soulignent que les rsultats mont-rent que des recombinaisons illgitimes facilites par homologie favorisent lacquisitionde gnes trangers par transformation gntique, ce qui pourrait expliquer les vnementsde transferts horizontaux de gnes entre organismes non apparents Ce mcanismeexpliquerait lintrogression dADN dans les gnomes procaryotes sans laide dlmentsgntiques mobiles .

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  • III-3-2 Exsudation de toxines Bt par les racines de mas Bt (35*)

    La toxine Bt se fixe aux complexes argilo-humiques, ce qui la protge des dgra-dations microbiennes. Ainsi lie, elle peut persister jusqu 234 jours dans diffrentssols, tout en conservant son activit. Les auteurs confirment lexsudation de la toxine Btpar un essai immunologique et vrifient son activit par un essai insecticide. Modle delactivit antilpidoptre (tude de lefficacit des traitements ou procds destins combattre les chenilles papillon), des larves du ver du tabac Manduca sexta levesdans un milieu contenant les exsudats de mas Bt cessent de salimenter et commencent mourir 2 jours aprs. A 5 jours, la mortalit atteint 90-95 %. Il faut noter que la toxi-ne Bt exsude par les racines dans le sol sajoute aux quantits introduites par le pollenet les rsidus vgtaux. Cette persistance favorise la slection dinsectes rsistantspuisque la pression de slection (toxine) est intense et continue.

    N. B. : Rcemment, propos dun essai de plants de vigne transgniques, un scien-tifique affirmait quil ny avait aucun danger de dissmination car seul le porte-greffe estGM et que les responsables de lexprimentation empchent la floraison. Les coles da-gronomie napprennent-elles plus leurs lves que les plantes exsudent en permanencedans le sol des substances dont lADN GM ou bien cette affirmation est-elle une mani-pulation de plus, mais celle-l mdiatique ?

    III-3-3 Contamination des parcelles par lADN recombin (36*)

    Une tude rcente montre que la pollinisation croise nest pas la seule source decontamination transgnique : en effet, lADN transgnique est dtect dans des champso aucune culture OGM na t ralise, et des chantillons de sol contamin avec dupollen transgnique peuvent transfrer cet ADN aux bactries du sol.

    Dans cette tude, Meer & Wackernagel ont tudi la dissmination dADNrecombinant partir de parcelles dessais de betteraves sucrires GM cultives auchamp. Ces betteraves sucrires sont soit des lignes porteuses dune tolrance lher-bicide Phosphinotricine , (par expression du gne synthtique pat), soit des lignestolrantes au Virus de la Mosaque Jaune Ncrotique de la Betterave encore appel Virusde la Rhizomanie. Ce virus se maintient et se propage par un champignon du sol : lePolymyxa betae.

    Pour contrler la dissmination de lADN recombinant dans lespace et dans letemps, ces auteurs tudient deux sites et font appel deux mthodes exprimentales: latechnique de PCR (Polymerase Chain Reaction) pour amplifier et identifier lADNrecombin prsent ltat de molcules extracellulaires dans des chantillons de sols etune nouvelle mthode dessai biologique qui mesure le potentiel de transformation delADN recombin chez la bactrie Pseudomonas stutzeri. Neuf semaines aprs les semis,

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  • 80 et 85 % des chantillons, respectivement pour les deux lieux, se sont rvls positifspar PCR. A dix sept semaines aprs le semis : 15 et 1 % des chantillons taient posi-tifs. Plus tonnant, trois semaines avant le semis, 30 et 70 % des chantillons de terreanalyss se sont avrs positifs contre toute attente puisque le milieu navait jamais sup-port de plantes transgniques auparavant : les auteurs suggrent le transport de peti-tes particules de terre comme source de la dissmination. La prsence de cet ADNrecombin avant le semis, dans les deux parcelles exprimentales, semble pouvoir sex-pliquer par le fait quau cours de lanne prcdente, des floraisons de betteraves sucreGM et des croisements de plantes possdant la construction dADN recombin, avaienteu lieu dans un champ distant denviron 50 mtres.

    Ces analyses ont t compltes avec le test biologique. Les chantillons de sol pro-venant de parcelles consacres aux essais officiels de betteraves GM, rcoltes avant lafloraison, nont montr aucun rsultats positifs de transformation, aussi bien une semai-ne avant, quune semaine aprs la rcolte. Par contre, parmi les chantillons de sol pro-venant des parcelles consacres la production de semences (donc avec mission degrains de pollens), et prlevs cinq mois aprs la rcolte, tous les chantillons se sontrvls positifs, cest--dire quils contenaient de lADN recombin De plus, les auteursnotent que tous ces rsultats positifs ont rvl la prsence de la combinaison gntiquede la protine de la capside dnomme p35S-BNYVV, qui est hautement spcifique desbetteraves transgniques tolrantes la rhizomanie une maladie virale des betteravesutilises dans ces expriences : cela exclut donc toute possibilit que les analyses etcontrles effectus aient pu tre pollues par du pollen provenant dautres plantes trans-formes des espces mas et colza qui sont aussi cultives dans cette rgion.

    Les auteurs ont tabli que lADN recombin, prsent dans un sol, provient dumatriel vgtal transgnique prcdemment cultiv, et quil y subsiste plusieurs moisaprs la rcolte, y compris en priode hivernale. Il est galement prsent sous formedADN libre, extracellulaire, en provenance des cellules vgtales transgniques. CetADN extracellulaire peut persister dans le sol en association avec des composs min-raux du sol, qui assurent sa protection contre les dgradations enzymatiques. Il se retro-uve ainsi proximit des plantes, sous forme de molcules extracellulaires, durant lapriode de dveloppement de la culture suivante. Cet ADN recombin est galementretrouv dans des sols nayant jamais port de plantes transgniques. Dans ce cas, lemcanisme principal de la dissmination de lADN recombin donc potentiellementde transgnes - dans lenvironnement, rside essentiellement dans la dispersion desgrains de pollen, qui rend possible le maintien de lADN recombin pendant au moinsune anne dans le milieu naturel. De lADN recombin, sous forme de molcules extra-cellulaires, est dtectable la surface du sol et il est capable de provoquer la transfor-

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  • mation gntique dune souche bactrienne pendant au moins cinq mois. Il est ainsiprouv que lADN recombin passe des plantes cultives gntiquement modifies, des microorganismes, par un mcanisme biologique tout fait naturel. Ce phnomne,qui tait largement document propos de lADN non recombin, est maintenantincontestable aussi avec les plantes transgniques.

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  • IV- Risques alimentaires et pour la sant

    IV-1- IntroductionLa culture de plantes GM pour lalimentation humaine et animale pose des ques-

    tions videntes de scurit sanitaire. Malgr un manque dtudes publies, lvaluationdes OGM sest faite essentiellement sur la base de la notion dquivalence en substan-ce, considrant que linsertion dun gne est sans autre consquence sur la qualit nutri-tionnelle de la plante. En Europe, quelques tudes toxicologiques officielles sur ani-maux de laboratoire ont t menes, mais la plupart sur des dures trop courtes pourpermettre un rsultat valide. Pourtant, des publications montrent que certaines plantesGM diffrent des varits non modifies, que la consommation dOGM engendre deseffets pathologiques sur des animaux, ou encore que certains OGM (Plantes Bt parexemple) sont allergisants. De plus, la possibilit de transfert horizontal de transgnes la microflore intestinale est trs peu tudie alors quelle peut avoir des consquencessanitaires graves, par exemple si des gnes marqueurs de rsistance aux antibiotiquesprsents dans certains OGM sont transfrs aux bactries intestinales.

    IV-2- Argumentation pro-OGMLes plantes GM sont quivalentes en substance aux varits non modifies et

    seraient consommes sans inconvnient majeur dans les pays o ces OGM sont autori-ss (Etats-Unis, Canada, Argentine ou Chine). Certains OGM pourraient permettre da-mliorer la composition daliments (exemple du riz dor). Enfin, le transfert horizontalde transgnes serait improbable, et de plus, la CEE a pris des mesures pour interdire lesconstructions gntiques contenant des gnes de rsistance aux antibiotiques. Les exp-rimentations menes sur ce sujet et rvlant des risques rels seraient toutes contesta-bles, bien que nayant jamais t refaites.

    IV-3- Point dtaill sur les travaux publisIV-3-1- Effet dune alimentation OGM sur les rats : laffaire Puszta Arpad Puszta et ses collgues ont trouv que des pommes de terre gntiquement

    modifies avec la protine lectine dune fleur, le perce-neige, affecte ngativementchaque organe de jeunes rats nourris avec ces pommes de terre : le revtement de les-tomac et de lintestin grle prsente une paisseur correspondant au double de celui destmoins (37*, 38, 39* & 40*).

    Pusztai est un spcialiste mondial des lectines, molcules insecticides produites par

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  • les plantes pour leur dfense. En 1990, ses travaux sur la lectine GAN (lectine deGalanthus nivalis qui renforce la rsistance aux insectes et nmatodes) en avait dmon-tr linnocuit sur des rats nourris des doses plusieurs centaines de fois suprieures celles prsentes dans les plantes transgniques. L'entreprise Axis Genetics utilisa doncle gne GAN en l'insrant dans des plantes transgniques. En 1995, les autorits bri-tanniques lancent un appel d'offre portant sur un programme d'tude visant dmon-trer l'innocuit des plantes transgniques. Parmi 28 autres projets, celui de Puszta estretenu et financ hauteur de 4 millions de livres (2,45 millions d'euros). Il dirige doncau Rowett Institute le projet d'valuation des effets de pommes de terre transgniquessur l'environnement et la sant lanc par l'Office Ecossais de l'Agriculture, del'Environnement et de la Pche (SOAEFD). Une des tudes de ce projet valuait l'im-pact d'un rgime constitu de pommes de terre transgniques sur la croissance de jeu-nes rats (40*) : les rsultats mirent en vidence un effet "facteur de croissance" caractrispar une production accrue des cellules gnratives de la paroi stomacale et une morta-lit accrue des rats consommant le rgime OGM.

    La prolifration de mucosits gastriques n'apparat que dans le lot nourri depomme de terre transgniques : les rats nourris de pommes de terre ordinaires aux-quelles la lectine est ajoute ne prsentent pas ces symptmes. Les auteurs en concluentque l'effet de prolifration est d soit l'expression d'autres gnes de la construction,soit un effet de position provoqu par l'insertion du gne GAN dans le gnome de lapomme de terre (40*).

    Pusztai prit alors la dcision d'alerter lopinion publique en relatant, lors dunemission tlvise, ces premiers rsultats. Dabord flicit par Philip James, son sup-rieur au Rowett Research Institute, son contrat avec le Rowett Institute nest pas renou-vel fin 1998. Les rsultats gnants de Puszta sont d'emble dcrdibiliss par desattaques portant sur le traitement statistique (composition des groupes de rats et lenombre de rptitions). Plus modr, Maartin Chrispeels, de l'universit de San Diego(Californie), estimait en mars 1999 que les expriences taient de bonne qualit maisles rsultats encore insuffisants pour les publier. Il s'interrogeait en particulier sur lesvariations apparaissant dans la composition des trois lots de pommes de terre - un lottmoin, un lot avec ajout de lectine et un lot transgnique - les deux premiers tantquivalents en composition mais pas le troisime (41).

    A l'Institut Rowett, le contexte de cet t 1998 tait trs particulier : financ hauteur de 1,5 millions de francs par Monsanto, l'Institut Rowett tait en ngociationpour un gros contrat avec cette multinationale au moment de l'mission tlvise. Lescandale est aggrav par le fait qu'en 1998, les Britanniques consomment des alimentstransgniques depuis deux ans sans qu'aucun de ces aliments n'ait subi de tests toxico-

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  • logiques. Pusztai se trouve alors pris dans une campagne de diffamation : le John InnesCentre se trouve au cur de ces attaques. Phil Dale, directeur associ au JIC (interac-tions industrielles), insinue que la mortalit des rats est due la toxicit des lectinespour les mammifres. Or, la lectine choisie par Puszta (GNA) tait, bien sr, dpour-vue deffets sur les mammifres (42). D'autres attaques visent disqualifier les rsultatsde Pusztai en lui reprochant d'voquer des rsultats non valus par des pairs alors quel'article tait dj soumis. Toutefois, ses dtracteurs n'ayant d'autres critiques que sta-tistiques se rabattent sur des arguments dont on peut lgitimement se demander cequ'ils apportent aux problmes scientifiques. Ainsi, Richard Sykes, PDG deGlaxoWellcome, minimise la porte des inquitudes publiques en dclarant le 13 sep-tembre 1999 : il est maintenant fort probable que les consquences de l'actuelle cam-pagne anti OGM portent prjudice notre pays. Cela conduira l'chec de dvelopperde nouvelles compagnies britanniques bases sur la technologie dveloppe ici, la perted'expertise technique, et un dsavantage pour l'agriculture britannique .

    Suite au toll mdiatique, Blair nomme lord Cunningham la tte dune commis-sion parlementaire sur les biotechnologies : le rapport publi en mai 1999 blanchit lesaliments et semences transgniques (43). Pour achever la controverse, la Royal Societypublie un rapport trs dfavorable Puszta (44).

    Toutefois, les membres de la Royal Society n'apportent aucune explication satis-faisante aux observations histologiques d'Ewen et Pusztai (40*), pas plus qu'aux diffren-ces observes entre deux lignes de pomme de terre qui n'taient substantiellementquivalentes en composition ni aux lignes parentales, ni entre elles. Le rapport de laRoyal Society passe aussi sous silence des analyses statistiques multivaries menesindpendamment par les Services Ecossais de Statistiques Agricoles qui suggrent queles effets potentiellement nuisibles de pommes de terre transgniques soient en partieseulement causs par la prsence du transgne de la lectine, et que la mthode de trans-formation gntique, et/ou les perturbations du gnome des pommes de terre contri-buent aussi aux changements observs.

    Le 29 mai 1999, la prestigieuse revue mdicale The Lancet fait son ditorial surlaffaire Puszta : la manire dagir de la Royal Society lgard du Dr Puszta est qua-lifie de stupfiante impertinence . Cette revue stonne que la Royal Society repro-che Pusztai dvoquer des rsultats non publis alors que les essais cliniques de phaseI ou II font quotidiennement lobjet de communiqus de presse, sans que la RoyalSociety ne sen meuve. En quoi Pusztai mrite-t-il un traitement particulier, dautantque ses travaux taient dj soumis une revue ? Lancet publie un article de Horton,Pusztai et Ewen sur les effets dune alimentation modifie (40*). Depuis, aucun de ses cri-tiques na tent de reprendre ses expriences pour dmontrer quelles auraient t mal

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  • menes. Puszta quant lui continue ses travaux et a obtenu le soutien du Prince deGalles. Le rapport de lISP (15) aborde la question de la sret alimentaire des alimentstransgniques en dtail.

    IV-3-2 Lquivalence en substance, une notion errone et trompeuse (45*, 46, 47)

    Au niveau de la scurit sanitaire des OGM, les firmes biotechnologiques nes-saient pas de dvelopper une argumentation solide qui pourrait convaincre les espritscritiques. Par exemple, au lieu dtudier de manire srieuse leffet dune alimentationtransgnique dont linnocuit ne peut tre garantie quen ralisant des tests toxicolo-giques, les firmes biotechnologiques se replient derrire le concept mal dfini d qui-valence en substance . Or, ds 1999, un article (45*) paru dans Nature rejetait ce conceptcomme tant sans valeur scientifique relle : lquivalence en substance est un conceptpseudo-scientifique parce quil est un jugement commercial et politique se faisant passerpour scientifique. De plus, il est antiscientifique de manire inhrente parce quil a tcre essentiellement dans le but de servir dexcuses pour ne pas exiger les tests biochi-miques ou toxicologiques. Il sert donc dcourager et inhiber une potentielle recher-che dinformations scientifiques . Malgr la svrit de cet argumentaire, les firmesbiotechnologiques, appuyes par lOrganisation Mondiale du Commerce, continuent utiliser ce miraculeux concept tort et travers sans avoir jamais trouv le temps oulutilit de rpondre aux critiques exprimes pour le dfendre scientifiquement. Plustroublant, les politiques et dcideurs ne sont pas plus actifs dans le domaine de la dfen-se de la sant publique, et prfrent souvent faire la morale leurs concitoyens sur lancessit et lurgence de plonger aveuglement dans le monde merveilleux du transg-nique, sous peine de condamner le pays larchasme.

    Tout le monde sait que les gnes codant pour les protines Bt sont synthtiques oursultent de constructions hybrides, avec des modifications importantes par rapport auxgnes bactriens dorigine naturelle (46). Pourtant les dossiers prsents par les firmesavec les demandes dautorisation de mise en culture en plein champ de varits GMsappuient sur le fait que la toxine Bt naturelle est utilise depuis de nombreuses annes,notamment en agriculture biologique, sans quon nait constat le moindre effet nga-tif. Les tests de toxicit, sur lesquels sappuient ces autorisations de mise en culture dela Communaut Europenne, ont t raliss en routine partir des toxines naturelles,et non pas avec les toxines produites partir des plantes gntiquement modifies (47).

    L'Agence Franaise de Scurit Sanitaire des Aliments (AFSSA) a rendu un avisdfavorable une demande de mise sur le march de mas doux Bt 11 le 4 dcembre2003 (48) car elle estime que les tests sont largement insuffisants. Selon lAFSSA, cet

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  • OGM issu dun croisement entre une varit conventionnelle de mas doux et une vari-t grain Bt 11 gntiquement modifi, na pas fait lojet des tudes permettant de don-ner toutes les garanties requises : Le dossier est incomplet, en fait il ne correspond pasau produit mis sur le march. () Dventuels effets inattendus, lis une interfrencede la transformation gntique avec le mtabolisme spcifique du mas doux ne peuventtre carts . LAFSSA conclut que le mas de Syngenta doit tre test lui-mme surdes rats et des animaux dlevage comme le poulet en croissance. Il rsulte de tout celaque les toxines Bt chez les plantes gntiquement modifies (OGM), sont presque com-pltement inconnues et que leurs effets ne sont, en fait, que trs peu tudie.

    Il existe une preuve que les toxines naturelles ne sont pas les mmes, ou pas qui-valentes en substance aux toxines du matriel vgtal dOGM. Un insecte entomo-phage (qui se nourrit dautres insectes), le green lacewings ou Chrysoperla carnea,prsente une survie rduite et un dveloppement retard lorsquil est nourri avec unparasite de la famille des lpidoptres qui a t pralablement lev et aliment avec dumas gntiquement modifi qui contient la toxine Cry1Ab. Ces troubles du dvelop-pement chez linsecte entomophage (mangeur dinsecte) napparaissent pas lorsquil estnourri avec le mme insecte trait avec des doses beaucoup plus leves de la toxinenaturelle (49*, 50*). Malgr ces rsultats bien documents, ces chercheurs prsentent lesrsultats de manire suggrer que les protines Cry1Ab ne nuisent pas aux insectesprdateurs bnfiques (51*). Pourtant, cette protine va se perdre dans la chane alimen-taire, et dautres laboratoires dmontrent que ceci nest absolument pas anodin (52*, 53*).Pour de plus amples dtails, voir V-3-1 (Effet du pollen de mas Bt sur le papillonmonarque) .

    IV-3-3- Toxicit avre des toxines Bt et dautres constructions transgniquesDes incertitudes importantes demeurent quant la scurit sanitaire des produits

    obtenus par transgnse, incertitudes qui ne peuvent tre leves sans que ne soient rali-ss des tests toxicologiques appropris. A linverse, des preuves et des faits que nousallons passer brivement en revue soulignent lexistence de risques toxicologiques. : lesprotines Cry, aussi appeles toxines Bt, sont produites par diffrentes souches de bac-tries du sol Bacillus thuringiensis. Des rapports scientifiques montrent que les sporesbactriennes de Bacillus thuringiensis contiennent un mlange de diffrentes toxinescapables de causer des ractions allergiques chez les travailleurs agricoles. Comme cer-taines de ces toxines sont immunognes chez les animaux, en particulier la protineCry1Ac, elles sont identifies comme potentiellement immunognes, avec le mmepotentiel que la toxine du cholra (5, 55). Chez les rats, les cellules du revtement de lin-

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  • testin grle possdent des protines capables de se lier avec les toxines (56*, 57). Il a tmontr en outre que, chez les porcs, 92% de la protine Cry1Ab nest pas dgrade parla digestion.

    - Entre 2001 et 2002, douze vaches sont mortes dans une ferme de Hesseen Allemagne aprs avoir mang du mas Bt176 de Syngenta, et le reste du troupeau ad tre abattu cause dune mystrieuse maladie (58). A ce jour, malgr les requtes rit-res de Greenpeace, aucun dossier dautopsie dtaill et valable na t disponible, alorsmme que Syngenta prtend que ces morts et ces maladies ne sont pas lies au masBt176.

    - Des chercheurs travaillant en Egypte ont trouv des rsultats similaires dans lesystme gastro-intestinal de souris nourries avec des pommes de terre gntiquementmodifies avec la toxine Bt (59*, 60).

    - LAdministration Amricaine pour lAlimentation et les Mdicaments (FDA) pos-sde des donnes qui indiquent que, depuis le dbut des annes 1990, des rats nourrisavec des tomates gntiquement modifies avec un gne antisens, destin retarder lamaturation des fruits, prsentent de petites perforations au niveau de leur estomac (37*).

    - La socit Aventis a relev 100% daugmentation de dcs chez des poulets d-levage nourris avec du mas T25, un OGM tolrant au Glufosinate, en comparaison avecles tmoins (61).

    - De nombreuses anecdotes dleveurs indiquent que le btail, les animaux sauva-ges et les animaux de laboratoire vitent de consommer des aliments provenant de plan-tes gntiquement modifies, et quils ont du mal se dvelopper ou quils meurent sion les contraint en consommer (61, 62).

    IV-3-4 Transfert au niveau du tractus gastro-intestinalEn 2004, Netherwood et al. (63*) tudient le transfert du transgne epsps (rsistan-

    ce au glyphosate) la microflore intestinale in vivo aprs consommation de soja GM :ils comparent un groupe de sujets ayant subi une ilostomie ( suppression dune partiede lintestin, de lilon, ou du colon -colostomie- avec drivation et abouchement lapeau) un groupe tmoin. Chez les sujets tmoins, lADN est dgrad aprs passagedans le colon alors que les squences dADN transgnique se retrouvent dans les diges-tats des 7 ilostomiss qui nont pas travers le colon. De plus, chez 3 des 7 ilostomi-ss, un transfert de gnes de faible frquence entre le soja GM et la flore intestinale estmis en vidence avant le dbut de lexprience : daprs ces auteurs, ce flux gniquereflte trs probablement une consommation long terme dune alimentation OGM .

    Heritage (64*) souligne la pnurie de travaux sur les possibilits de transfert duntransgne des animaux ou leur microflore digestive, ou plus encore sur le sort de

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  • lADN vgtal dans le tractus digestif humain. Commentant les travaux deNetherwood et al. (63*), il note que dassez gros fragments dADN peuvent survivre aumilieu gastrique et atteindre le petit intestin . Toutefois, il relativise en soulignant ladiffrence entre les 2 groupes, ce qui suggre limportance dun tractus intestinal intactpour une dgradation complte de lADN.

    Plus significative lui parat la dcouverte que lADN transgnique ait franchi lesbarrires spcifiques : le transfert dADN transgnique entre le rgne vgtal et le rgnebactrien a lieu avant le dbut de lexprimentation. Il crit : les rsultats prsentsdans cet article supportent la conclusion quun flux gnique entre les plantes transg-niques et la microflore intestinale se produit. En outre, puisque des vnements de trans-fert ont eu lieu chez 3 des 7 sujets examins, il se peut que les transferts de gnes entrergnes ne soient pas aussi rares que suggrs par le comit britannique Science ReviewPanel . Dans son rapport (65), ce groupe dexperts proches du gouvernement britanniquerejetait la possibilit de transfert et concluait que le transfert dADN entre rgnesdune plante transgnique des bactries est trs improbable cause dune srie de bar-rires bien tablies . Vive la ligne Maginot de la biotechnologie !

    Au niveau de lvaluation des risques, Heritage (64*) nuance les conclusions pruden-tes de Netherwood et al. (63*). Il crit : Je crois que les auteurs ont frapp au bon endroit.Ils proposent que les vnements de transfert de gnes des plantes transgniques lamicroflore intestinale pour lesquels ils apportent des preuves sont peu susceptibles dalt-rer la fonction gastro-intestinale ou de mettre en danger la sant humaine. Je conclurai,toutefois, que bien que cela puisse tre vrai pour la construction examine par le groupede Gilbert, cela peut se rvler faux dans dautres cas, comme pour les gnes qui codentla rsistance aux antibiotiques utilises en mdecine humaine .

    En bref, le transfert de gnes vgtaux des bactries naturellement comptentesa t observ (66*). Des squences dADN chloroplastique (ADN dlments ou organitescellulaires spcifiques aux vgtaux) sont retrouves dans les tissus de poulets (muscle,foie, rate, rein) et dans les lymphocytes de vaches (67*). Chez la souris, lADN ingr passedans la circulation gnrale (68*). Cet ADN se retrouve au niveau des globules blancs, dufoie et de la rate des souris et peut se lier lADN de souris de manire covalente (69*).De plus, la transmission travers le placenta de lADN ingr au ftus a t dmontre (70*).

    Enfin lADN plasmidique, spcifique aux bactries, soumis la salive de mammi-fre conserve la capacit de transformer Streptococcus gordonii (71*) et Escherichia coli (72*),deux bactries toxiques ds que leur prolifration nest plus contrle, lchange dADNprocaryotique, spcifique aux microbes, sopre dans le tractus gastro-intestinal desoiseaux par conjugaison (73*).

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  • IV-3-5 Allergnicit et immunognicit des plantes transgniquesDes observations cliniques montrent que les travailleurs agricoles qui pulvrisent

    les prparations Bt subissent une sensibilisation allergique de la peau qui se traduit parla production danticorps IgE et IgG. Rcemment, une quipe a montr que la toxineCry1Accontenue dans certaines plantes Bt provoque des ractions allergiques desmuqueuses et de lensemble du systme immunitaire par sa capacit pntrer lorga-nisme suite un simple contact sur la peau. Cest un immunogne aussi puissant quela toxine cholrique (74*). Une souche Bt, qui cause une ncrose svre chez lhomme, pro-voque la mort des souris en 8h. La mort est due un syndrome de choc toxique chez lessouris immunocomptentes (75*).

    En 2003, une centaine dhabitants dun village du sud des Philippines, situ prsde parcelles de mas OGM, ont eu souffrir de symptmes daffaiblissement lorsque lemas OGM se mit fleurir (76). Les symptmes (maux de tte, vertiges, allergies, vomis-sement) apparaissaient au moment de la pollinisation du champ de mas.

    Le professeur Terje Traavik de lInstitut Norvgien dEcologie des Gnes deTromsoe a mis en vidence des anticorps de la protine Cry1Ab produite par le mas etactive contre la pyrale, dans le sang des trente huit habitanrs de ce village (77). Ces per-sonnes, prsentant des symptmes (fivre, diarrhe, saignements du nez), ont t dia-gnostiques comme pralablement exposes la toxine Bt (74). Le cultivar de mas taitDekalb 818 YG, un hybride ralis entre le mas Monsanto Mon 810, encore autorisaujourdhui en Europe, et un cultivar local adapt (Dekalb 818) (78, 79).

    IV-3-6 Des mdicaments dans nos assiettesSur la question des plantes GM pour produire des molcules thrapeutiques, le

    risque que ces molcules se retrouvent dans la chane alimentaire ou dans lalimentationhumaine est illustr aux Etats-Unis par laffaire Prodigene. En 2002, la contaminationde sojas et de mas non-GM par un mas transform par Prodigene pour produire unvaccin exprimental destin aux cochons montre la vraisemblance dune contamination(80).

    Pourtant, les firmes biotechnologiques sobstinent transformer les plantes deconsommation humaine les plus courantes comme le mas pour la production de mdi-caments, augmentant considrablement la probabilit quune de ces plantes finissentdans la chane alimentaire, si ce nest dans notre assiette. Rien ne semble pouvoir lesarrter. Ainsi, la socit canadienne SemBioSyc Genetics Inc cherche des candidats pourexprimenter et produire du colza gntiquement modifi pour synthtiser de lhirudi-ne. Le Pr Joe Cumming, membre de lISP qui donne cet information dans une note du

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  • 18 fvrier 2003 prcise : Lhirudine est un mdicament anticoagulant obtenu par-tir de sangsues; il est capable de produire des hmorragies internes sil est utilis de faoninapproprie. Le gne pour la synthse de lhirudine de la sangsue a t employ pourcrer un colza transgnique dans lequel la protine active saccumule dans les globuleshuileux des graines de colza (81*). Lorsque les rglementations nationales de protectionde lenvironnement ou de la sant contrarient leurs projets, elles tentent de les raliserdans les pays moins protgs, souvent du Sud : La base de donnes du Biopharming inclut les candidats pour la production de plantes usage pharmaceutique : la listerecense un certain nombre de zones intressantes pour ce genre de production, bases surdes critres disolement et de scurit. Les offres comprennent les pays suivants :Zimbabwe, Pakistan, Panama, Roumanie, Tunisie, Indonsie et Guine, parmi denombreux autres pays . Il est remarquable quelles puissent agir ainsi au nom de lascurit !

    Les raisons de cette obstination ne sont certes pas mystrieuses : sils veulent utili-ser des mas ou des colza transforms comme usine pharmaceutique, cest simplementparce que le mas et le colza produiront beaucoup de biomasse, donc beaucoup de mol-cules pharmaceutiques un moindre cot (82*). Largument ultime des firmes biotechno-logiques est le profit personnel, sans aucune considration scientifique ou dontolo-gique sur les consquences de leur choix. Cela a amen la revue pro OGM NatureBiotechnology publier un ditorial incendiaire dans lequel le rdacteur en chef sirri-te de lavidit et de linconscience de lindustrie biotechnologique. Il crit : Il semblequune industrie dans laquelle le PhD (doctorat) est la norme intellectuelle soit incapa-ble dapprendre une leon simple du pass, soit ne peut se rsoudre agir de manireapproprie, en dpit de ce quelle a pralablement appris .

    Un clair de lucidit permet certains promoteurs des OGM de raliser qu tropen vouloir, ils pourraient bien tout perdre. Il faut souligner que le risque nest pas poureux seuls, mais aussi pour lensemble de la population qui subit leurs inconsquences.

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  • V- Impact des OGM sur la biodiversit

    V-1 IntroductionLeffet de lintroduction des cultures dOGM sur la biodiversit commence tre

    mieux connu. Au niveau des espces animales, laffaire du papillon monarque a alarm lopinion

    publique sur les consquences de la consommation dOGM sur une espce par ailleursmenace par la rduction de son habitat sur le continent nord-amricain.

    De plus, lventuelle toxicit des OGM peut perturber des processus indispensa-bles lagriculture (pollinisation) et remettre en cause les pratiques de contrle biolo-gique des prdateurs.

    Au niveau des espces vgtales, la contamination des semences est un problmeimportant qui touche autant la gestion de lagrobiodiversit (conservation des varitstraditionnelles) que la coexistence avec lagriculture biologique.

    Par ailleurs, le march des semences est un march colossal, alors mme que 80 %des paysans dans le monde rutilisent une partie de leur rcolte pour ressemer.

    V-2- Argumentation pro-OGMSuite la publication de Losey (83*) montrant leffet nfaste du mas Bt 176 sur les

    population de papillon monarque, des firmes biotechnologiques ont subventionn denombreuses tudes qui ont relativis leffet du pollen GM sur la survie des larves demonarque.

    Au-del des dbats qui demeurent, les firmes biotechnologiques ont abondammentcit ces tudes comme la preuve dun impact mineur sur la survie despces naturelles.En ce qui concerne les menaces des cultures OGM sur lagrobiodiversit, le flux gniqueconstat entre plantes GM, varits cultives non GM et varits sauvages chez le colza,le soja et le mas nest pas considr comme inquitant puisque des flux gniques se pro-duisent entre diverses varits sauvages sans consquences majeures : ce qui revient prtendre quil ny a aucune diffrence entre des flux de gnes naturels et la dissmina-tion de transgnes artificiels et tronqus.

    Les travaux de Quist et Chapela (94*) qui dmontrent une contamination de varitslocales par des squences transgniques ont t vivement critiqus : le retrait de larti-cle par la revue Nature suite dintenses pressions a t immdiatement prsentcomme la preuve des failles dnonces par les firmes biotechnologiques.

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  • V-3- Point dtaill sur les travaux publisV-3-1 Effets des OGM sur la faune localeEffet du pollen de mas Bt sur le comportement alimentaire et la surviedes larves de monarque (83*) Le mas Bt est manipul et vendu pour dtruire la pyrale et non le papillon

    monarque qui ne lui porte aucun tort. Ce papillon est dit espce non cible . La des-truction par les insecticides d espces non cibles fait peser dnormes menaces surla biodiversit et est de plus en plus rglemente. Au del de son aspect purement sym-bolique et culturel, cette polmique sur la papillon monarque cache en fait de trs grosenjeux commerciaux.

    En 1999, Losey et al. publient dans Nature un article qui soulve de vives inqui-tudes sur limpact cologique des cultures de mas Bt (83*). Cet article met en videnceles effets dltres du pollen de mas transgnique sur la survie du papillon monarque.Au moment de sa migration printanire vers le nord, ce magnifique papillon traverselAmrique par essaims de millions dindividus en direction du Canada, et en sensinverse lors de la migration dautomne. Sa nourriture se compose de plantes de lafamille des Asclpiadaces, en particulier de milkweed ou laiteron (Asclepias curassavi-ca). Les laiterons (84) contiennent des glucosides toxiques pour limmense majorit desinsectes mais pas pour le papillon monarque. Les larves du monarque, qui se nourris-sent exclusivement de plantes de ce genre, absorbent et concentrent ces substances chi-miques qui les protgent en les rendant toxiques pour leurs prdateurs. Sur le continentamricain o son aire de rpartition est trs tendue, le monarque est un symbole de la biodiversit, ce qui explique que la publication de Losey a soulev beaucoup d-motions.

    Sur la base dessais en laboratoire, cette tude montre que les larves du papillonmonarque, nourries de laiteron recouvert par du pollen de mas Bt (Cry1 Ab), mangentmoins, se dveloppent moins vite, et subissent une plus forte mortalit que les larvesnourries de laiteron sans ce pollen ou avec du pollen de mas non transform. Aprs 4jours, 56% des larves de monarque nourries de feuilles de laiteron saupoudr de pollenBt survivent, tandis que 100 % des larves de monarque nourries de feuilles de laiteronsaupoudr de pollen non transform survivent. Le comportement alimentaire est modi-fi : le lot nourri de feuilles de laiteron saupoudr de pollen Bt consomme moiti moinsde nourriture que le lot nourri de feuilles de laiteron saupoudr de pollen non transfor-m. Le faible taux de consommation des larves nourries de laiteron saupoudr de pollenBt entrane une diminution du taux de croissance de ces larves, ce qui se rpercute surle poids des larves aprs 4 jours (0,16 g au lieu de 0,38 g pour le lot tmoin).

    Les rsultats de cette tude mettent en lumire les insuffisances du systme d'va-

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  • luation des risques par les compagnies tel qu'il est pratiqu aux Etats-Unis. Aussi, cesconclusions sont-elles immdiatement contestes par le lobby pro-ogm sur plusieurspoints : 1) les quantits de pollen ne sont pas quantifies prcisment, 2) lextrapolationdes donnes de Losey et al., qui ne concerne quun type de pollen transgnique, dau-tres types de pollens transgniques, 3) lextrapolation dessais en laboratoire au milieunaturel. Cependant, en 2000, une tude de l'Universit d'Iowa publie par la revueOecologia confirme en milieu naturel que le pollen de mas Bt tue jusqu' 70% des lar-ves du papillon monarque (85*). Pour regagner la confiance du public, l'industrie bio-technologique entreprend plusieurs tudes avec l'aide des autorits fdrales et cana-diennes.

    La toxicit des pollens est galement value. D'aprs ces tudes, tous les pollenstransforms nont pas la mme toxicit : les gnes Bt Cry1Ab affectent significative-ment le dveloppement et la survie des larves de monarque, alors que Cry9C et Cry1Fsont relativement moins toxiques (86*, 87, 88*). En raison de sa nocivit, le pollen Cry1Ab(vnement 176) utilis par Losey et al. (83*) ne reprsente plus que 2 % des surfaces cul-tives en mas aux Etats-Unis et son habilitation na pas t renouvele (88*, 89*).

    En 2001, Stanley-Horn et al. (89*) comparent, en milieu naturel, les effets sur les lar-ves de monarque de pollens transforms toxiques (Cry1 Ab) et moins toxiques (Bt11 &Mon810), aux effets de pollens non transgniques avec application dun pesticide usuel(_-cyhalothrine). Mme de trs faibles densits, ces travaux confirment les effets dl-tres sur les larves de monarque du mas Bt 176 utilis par Losey et coll., alors que leseffets du pollen dautres mas Bt sont ngligeables. Ils concluent que la culture des cul-tivars moins toxiques de mas Bt reste prfrable lapplication conventionnelle de pes-ticides qui gnre une diffusion de pesticides autour des cultures. Toutefois, ils ne pren-nent pas en compte la possible diffusion du pollen, ni le fait que le mas transgniquesynthtise continuellement la toxine Bt, contrairement aux insecticides conventionnelsqui, entre deux pandages, laissent un temps de rpits permettant aux populations din-sectes de se multiplier. Enfin, dans une autre tude en milieu naturel, Zangerl et al. (91*)

    concluent que le mme mas Bt 176 utilis par Losey et al. (83*) a aussi des effets subl-taux (presque mortels) sur le papillon queue noire (Papilio polyxenes).

    En conclusion, la controverse autour du papier de Losey et al. (83*) a eu le mrite destimuler des tudes complmentaires qui nauraient srement pas t menes sans cela.De lensemble de ces tudes, certaines conclusions fermes se dgagent : 1) le mas Bt(vnement 176) utilis par Losey et al. (83*) a bien un effet dltre pour les larves dupapillon monarque, et probablement dautres espces (voir ref. 91*, Papilio polyxenes),2) le pollen dautres cultivars de mas Bt semble moins, voire pas toxique, sur les larvesdu papillon monarque, ce qui ne veut pas dire quil ne lest pas pour dautres espces.

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  • Ces quelques tudes ne comblent pas ltat actuel du dficit de connaissances sur lascurit cologique des cultures transgniques : elles se sont focalises sur limpact dequelques varits transgniques sur une ou deux espces dinsectes non cibles. Si ces tu-des montrent quil nest pas lgitime dextrapoler les rsultats de Losey et al. (83*) tou-tes les varits Bt, elles montrent, contrario, que limpact de chaque varit sur chaqueespce non-cible doit tre valu systmatiquement, et quon ne peut dduire de lin-nocuit de certains mas Bt sur les larves du papillon monarque que la culture de plan-tes transgniques est cologiquement sre. Ainsi, bien que l'industrie biotechnologiqueprsente ces tudes comme des preuves de l'innocuit du mas Bt, elles ont surtout rv-l aux citoyens amricains que le mas Bt avait t plant et est toujours cultiv auxEtats-Unis sans une valuation rigoureuse des risques (90*).

    Les auteurs de ces tudes le rappelaient trs poliment dans leur conclusion: Il estimpratif que les futures conclusions concernant les impacts sur l'environnement et surles espces non cibles des plantes transgniques soient bases sur des mthodes appropriesd'investigation et des procdures d'valuation des risques rigoureuses " (90*). Un douxeuphmisme pour reconnatre que jusqu'ici, les procdures d'valuation des risquesenvironnementaux n'taient pas rigoureuses ! Malgr cela, la communaut scientifiquepro OGM ne change pas son attitude : la confrence qui s'est tenue Mexico le 29-30septembre 2003 (92), Klaus Amman affirmait que le mas Bt constitue un risque mini-mal pour le monarque aux Etats-Unis . Jorge Soberan, directeur de la CONABIO(Commission Nationale pour la Biodiversit du Mexique), lui rappelait que la com-paraison entre les conditions au champ aux Etats-Unis et au Mexique n'est ni perti-nente, ni valide . En effet, les Etats-Unis abritent environ 60 espces de papillons,alors que le Mexique en a plus de 2000". Soberan concluait en demandant une applica-tion stricte du principe de prcaution.(92)

    Toxicit de la toxine Cry1Ab sur Chrysoperla carnea Les larves de Chrysoperla carnea sont utilises en lutte biologique dans de nomb-

    reux systmes agricoles en tant quimportants ennemis naturels de nombreuses espcesnuisibles (pucerons et larves de lpidoptres). En raison de la voracit des larves et deleur importance en lutte biologique, Chrysoperla carnea est une des espces les plus tu-dies en ce qui concerne les effets nfastes des pesticides. De mme, la toxicit de plan-tes GM produisant la toxine Bt a t value sur cette espce. Puisque les plantes Btproduisent continuellement la toxine des concentrations leves et sous une formeactive et tronque (par rapport linsecticide), linnocuit long terme des cultures Btdoit tre rvalue. Ainsi, Hilbeck et coll. (52*) ont montr que la mortalit immdiatedes larves consommant la toxine Cry1Ab est suprieure celle des larves tmoins ne

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  • consommant pas la toxine (57% vs 30%). De plus, la mortalit long terme des larvesconsommant la toxine Cry1Ab est suprieure celle des larves tmoins (29% vs 17%).

    Interaction entre trois espces, par lalimentation, dite tri trophiques Dans une autre publication (53*), ces auteurs tudient la survie de larves de C. car-

    nea nourries de proies consommant des toxines Cry1Ab. Alors que la mortalit des lar-ves de C. carnea consommant directement les toxines Cry1Ab est de 57% (41*), les larvesde C. carnea qui se nourrissent de proies consommant les mmes concentrations detoxines Cry1Ab ont une mortalit de 78%. Ces rsultats montrent que les interactionsentre toxines Bt et proies herbivores augmentent la toxicit de la proie pour le prdateurtandis quelles affectent la proie dans une moindre mesure (53*). Ces auteurs concluent : la slectivit des toxines et protoxines Bt ne peut tre dduite dun long usage din-secticides Bt dans le pass qui ntaient prsents dans le champ que pour de courtespriodes aprs application (53*).

    Les interactions tritrophiques accroissent galement la toxicit de pommes de terreGM pour les coccinelles, via leur consommation de pucerons. Ainsi, lexpression dungne de lectine dans la pomme de terre GM a des effets adverses sur les coccinelles viales pucerons (93*) : aprs 12 jours, la fcondit, la viabilit des ufs et la longvit descoccinelles consommant des pucerons colonisant des pommes de terre GM est signifi-cativement diminue. Bien quon n'observe pas de mortalit immdiate, la longvitdes coccinelles adultes est rduite de 51%.

    La signification de ces expriences est primordiale : au-del des effets sur une esp-ce particulire, ces rsultats dmontrent la perturbation des chanes alimentaires queprovoquent les cultures OGM. La consquence sur les procdures dvaluation scien-tifique des risques environnementaux relatifs aux OGM est directe : il est impossiblede limiter lanalyse des effets dOGM aux seules espces vises. Comme dans le cas depollutions chimiques, la perturbation des chanes alimentaires se traduit par le passagedu transgne dans des organismes diversement affects par ce transgne, avec lventua-lit de phnomnes de concentration.

    Ces rsultats montrent que la concentration dans la chane alimentaire dune toxi-ne issue dun OGM peut accrotre sa toxicit: une absence deffets dmontre par uneconsommation directe des toxines ne prsagent pas de linnocuit dans le milieu naturel.

    De plus, cet impact ngatif des OGM sur les populations de prdateurs bnfiquessouligne le risque de restreindre les possibilits dutilisation dautres mthodes plusnaturelles de lutte phy