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« Il faut nommer chaque chose par son vrai nom,et si on n’ose pas le faire dans la vie,

alors, on doit pouvoir le faire dans les contes »

Hans Christian Andersen

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Création décembre 2010

Ce dossier à été réalisé par Philippe-Michaël Jadin. Les photos sont d’Erik Duckers et la mise en page et les illustrations sont de David Cauwe.

La Compagnie a également participé à la réalisation de ce dossier.

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Créé pour Noël au Théâtre en décembre 2010d’après le célèbre conte de Hans Christian Andersen

adaptation : Régis Boyer (Editions Gallimard 1992, Folio Benjamin)

Avec Martine Godard et Benoit de Leu, mise en scène : Vincent Raoult,

création musicale : Pirly Zurstrassen, scénographie : collective sous la

direction de Christine Flasschoen et Coline Legros,

costumes : Coline Legros, création lumière et son : Joël Bosmans,

régie : Bruno Guns. Construction du décor : Atelier Berton,

Maria Brouillard, Myriam Deldime, Robert Delcour,

Stéphane Cassoth, Joseph Jorssen, Arlette Fairon,

Jeannine Bouhon, Anne-Françoise Mouchette,

Clara Materne, Coline Legros, Christine Flasschoen,

Alain-Max La Roche et Olivier Waterkeyn.

Dossier pédagogique : Philippe-Michaël Jadin.

Photos : Erik Duckers, Graphisme : David Cauwe.

soldatUn petit

de plomb

D'après le conte d'Andersenpar la Cie Arts & Couleurs

Par la Cie Arts & Couleurs(Belgique)

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Un conte... une recette.

Suzanne, la cuisinière, aidée d’Hubert, l’homme à tout faire,

vous accueille dans son laboratoire culinaire et fantaisiste.

Un peu de popote, un peu de papote.

La femme au tablier et l’homme aux papiers pliés émincent,

amusent, nous font monter en neige.

Sous nos yeux, se prépare le festin incroyable et le destin

bouleversant d’un petit soldat de plomb.

Marine et farine.

Il brave la pluie, la rivière, la mer, le troll, les garnements,

l’égout, le poisson, ...

A feu doux, à feu vif.

Une destinée émouvante, soufflée par des courants d’air qui

plongent dans les mésaventures l’intrépide figurine au

garde-à-vous.

Entre émotion et émulsion. La suite... en cuisine !

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Table des matières

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1. IntroductionLe dossier qui suit a comme but de proposer aux professeurs des pistes de réflexion autour du spectacle Un petit soldat de plomb, ainsi que des suggestions pour des activités en classe.

Les spectateurs entrent dans un lieu fermé : la cuisine de Suzanne. Celle-ci, aidée d’Hubert, va raconter le conte d’Andersen. Les spectateurs vont donc entendre et voir le récit de deux histoires : celle de Suzanne et d’Hubert, ainsi que celle du petit soldat et de la danseuse. On assiste ainsi à une mise en abyme, les deux histoires présentant des similitudes.

Si on lit le conte d’Andersen, on se rend compte que l’histoire n’est pas facilement interprétable, les significations peuvent être nombreuses, rien n’est évident, rien n’est expliqué clairement. C’est cela qui fait d’ailleurs la richesse de ce conte. L’histoire de Suzanne et d’Hubert est aussi peu univoque que le conte. Cette liberté d’interprétation est voulue. C’est pourquoi dans ce dossier nous ne voulons pas « clarifier » les histoires, mais seulement proposer des réflexions qui peuvent être utiles en classe, du moins nous l’espérons ! Ce spectacle ouvre la porte à une réflexion chez les élèves et à la confronta-tion de leurs points de vue.

Plusieurs possibilités s’offrent aux professeurs. Soit les élèves lisent le conte d’Andersen avant de voir le spectacle : il y a ainsi le plaisir de la reconnaissance et de la comparai-son, plus la découverte de l’histoire de Suzanne et d’Hubert qui sera inédite pour eux. Soit ils ne lisent pas le conte et découvrent la double histoire au moment du spectacle. Dans ce cas, peut-être serait-il bien, selon les âges, que certains mots de vocabulaire soient expliqués en classe ? Les deux options présentent toutes les deux des avantages. A chaque professeur de décider ce qui est préférable.

Signalons que les différentes traductions du conte d’Andersen présentent de légères différences. Celle retenue pour le spectacle met en scène un troll alors que dans d’autres versions c’est un diablotin. Nous avons préféré gardé le troll afin de moins désigner ce personnage comme étant le mal incarné et afin aussi d’enlever un aspect un peu trop religieux. L’aspect équivoque du conte est ainsi accentué.

Vous trouverez dans ce dossier d’abord un historique de la Compagnie Arts et Couleurs qui produit ce spectacle, ensuite une analyse du conte d’Andersen autour duquel le spec-tacle est organisé, enfin une analyse du scénario et de la mise en scène. Chaque partie du dossier est suivie par des propositions d’activités.

Bonne lecture et… bon spectacle !

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Cie Arts & Couleurs

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2. La Compagnie

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3. Le conteL’adaptation utilisée pour le spectacle est celle de Régis Boyer (éditions Folio Benjamin)

Le conte(traduction de Régis Boyer aux Editions Gallimard Jeunesse)

Il y avait une fois vingt-cinq soldats de plomb.Ils étaient tous frères car ils étaient nés d’une vieille cuillère de plomb. Ils avaient le fusil au bras, faisaient la même figure et, pour leur uniforme, rouge et bleu, ils avaient bon effet. La première chose qu’ils entendirent en ce monde, quand le couvercle de la boîte où ils étaient couchés fut enlevé, ce fut : « Des soldats de

plomb ! » C’était ce que criait un petit garçon en battant des mains.Il les avaient reçus en cadeau et il les aligna sur la table. Chacun était le vivant portrait de l’autre, il n’y en avait qu’un pour être un peu différent : il n’avait qu’une jambe parce que c’était lui qui avait été fondu le dernier et qu’il ne restait plus assez de plomb.Pourtant, il se tenait aussi ferme sur son unique jambe que les autres sur deux et c’est précisément lui qui va mériter notre attention.Sur la table où ils avaient été alignés, il y avait toutes sortes de jouets, mais ce qui frappait le plus le regard, c’était un ravissant château de carton.Par les petites fenêtres, on apercevait l’intérieur des salles. Dehors, de petits arbres en-touraient un minuscule miroir qui était censé avoir l’air d’un lac ; des cygnes de cire y nageaient et s’y miraient.L’ensemble était charmant, mais le plus charmant était encore une petite demoiselle qui se tenait dans l’embrasure de la porte du château. Elle aussi était découpée dans du carton, mais elle portait une jupe de linon transparent et un mince petit ruban bleu autour de la taille comme une ceinture, avec, au beau milieu, une paillette aussi grande que son visage.La petite demoiselle étendait les deux bras, car c’était une danseuse, et elle levait l’une de ses deux jambes si haut que le soldat de plomb ne la découvrit pas et crut qu’elle n’avait qu’une jambe, comme lui.« Voilà une femme pour moi, pensa-t-il, mais elle est distinguée, elle habite au château, et moi, je n’ai qu’une seule boîte et nous sommes vingt-cinq dedans, ce n’est pas un endroit pour elle. Il faut tout de même que je tâche de faire sa connaissance ! » Il s’étendit de tout son long derrière une tabatière qui se trouvait sur la table. Là, il put regarder la petite dame délicate qui continuait de se tenir sur une jambe sans perdre l’équilibre. Quand la soirée fut avancée, tous les autres soldats de plomb entrèrent dans leur boîte et les gens de la maison allèrent au lit. Alors les objets commencèrent à jouer.s

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Ils se mirent à organiser des réceptions, à faire la guerre, à danser. Les soldats de plomb cliquetaient dans leur boîte mais ils ne parvenaient pas à soulever leur couvercle. Le cas-se-noisette faisait des culbutes, le crayon écrivait des plaisanteries sur l’ardoise. C’était un tel vacarme que le canari se réveilla et entama la conversation et en vers, qui plus est. Les deux seuls qui ne bougeaient pas, c’étaient le soldat de plomb et la petite danseuse : elle se tenait bien droite sur la pointe du pied, les deux bras étendus, lui était tout aussi intrépide sur son unique jambe, pas un instant il ne détachait d’elle son regard.Minuit sonna et clac ! voilà le couvercle de la tabatière qui sauta. Or il n’y avait pas tabac dedans, non, il y avait un petit troll, c’était une de ces boîtes à surprises avec leurs tours de passe-passe !- Soldat de plomb, dit le troll, veux-tu regarder ailleurs !Mais le soldat de plomb fit comme si il n’entendait pas.- Fort bien, attends un peu demain ! dit le troll.Quand ce fut le matin et que les enfants arrivèrent, on posa le soldat de plomb à la fenêtre et, est-ce que ce fut le troll ou un courant d’air, la fenêtre s’ouvrit soudain et le soldat tomba, tête la première, du deuxième étage. La vitesse fut épouvantable, il avait la jambe en l’air, il se retrouva tout droit sur sa casquette, sa baïonnette enfoncée entre deux pa-vés. La bonne et le petit garçon descendirent aussitôt le chercher. Mais ils eurent beau manquer de lui marcher dessus, ils ne l’aperçurent pas. Si le soldat de plomb avait crié : « Je suis ici ! » ils l’auraient sûrement trouvé, mais il estima inconvenant de crier puisqu’il était en uniforme. Et voilà qu’il se mit à pleuvoir, les gouttes tombaient de plus en plus dru, c’était une sérieuse averse. Ils abandonnèrent.Lorsque la pluie fut passée, deux gamins arrivèrent.- Regarde, dit l’un, voilà un soldat de plomb ! On va le faire naviguer !Avec un journal, ils firent un bateau, y mirent le soldat de plomb et le voilà qui descend le caniveau. Les deux garçons couraient à côté en battant des mains. Dieu ! les vagues qu’il y avait dans ce caniveau, et quel courant ! Il faut dire qu’il avait plu à verse. Le bateau de papier tanguait, virant parfois de bord si brusquement que le soldat de plomb en trem-blait. Mais il restait intrépide, ne changeait pas d’expression, regardait bien droit, l’arme au bras.Tout à coup, le bateau passa sous sous une longue dalle recouvrant le caniveau. Il y faisait aussi noir que s’il avait été dans sa boîte.« Où est-ce que je vais arriver, pensa-t-il, c’est de la faute du troll ! Ah si seulement la petite demoiselle était dans ce bateau, il pourrait faire deux fois plus noir encore, ça me serait égal ! »A cet instant surgit un gros rat d’égout qui logeait sous la dalle.- Tu as un passeport ? demanda le rat. Montre-le !Le soldat de plomb se tut et serra encore plus son fusil. Le bateau cingla, suivi du rat. Hou ! comme il grinçait des dents, criant aux bouts de bois, aux brins d’herbe :- Arrêtez-le ! arrêtez-le ! Il n’a pas payé la douane ! Il n’a pas montré son passeport !Mais le courant devenait de plus en plus fort !Le soldat de plomb apercevait déjà la lumière du jour à l’endroit où finissait la dalle, de-vant, mais il entendait aussi un grondement bien capable d’effrayer un brave. Pensez donc, s

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à l’endroit où finissait la dalle, le ruisseau se précipitait dans un grand canal. Pour le sol-dat, ce serait aussi dangereux que, pour nous, d’être entraînés dans une grande cascade. Et il en était si près déjà qu’il ne pouvait s’arrêter. Le bateau fut projeté, le pauvre soldat de plomb se tint aussi raide qu’il put, personne ne pouvait lui reprocher d’avoir battu des cils ne fût-ce qu’une seconde. Le bateau tournoya trois ou quatre fois et se remplit d’eau jusqu’au bord, il ne pouvait que couler. Le soldat de plomb avait de l’eau jusqu’au cou, le bateau ne cessait de s’enfoncer, le papier se défaisait de plus en plus.Maintenant, le soldat de plomb avait de l’eau par-dessus la tête … alors, il pensa à la char-mante petite danseuse qu’il ne verrait jamais plus ; et une chanson résonna aux oreilles du soldat de plomb :

Passe, passe, passera,La dernière, la dernière,Passe, passe, passera,La dernière restera !

Et le papier creva, et le soldat de plomb le transperça pour être, au même instant, avalé par un gros poisson.Oh ! Comme il faisait noir la-dedans !C’était encore pire que sous la dalle du caniveau, et puis, on était tellement à l’étroit. Mais le soldat de plomb était intrépide, il s’étendit de tout son long, l’arme au bras… Le poisson frétilla en tous les sens, il fit les mouvements les plus épouventables; finalement, il resta tout à fait immobile, il fut comme transpercé d’une sorte d’éclair.Il y eut une lumière très claire et quelqu’un s’écria: - Un soldat de plomb !On avait pêché le poisson, on l’avait apporté au marché, il avait été vendu et voilà qu’il était parvenu à la cuisine où la bonne était en train de l’ouvrir avec un grand couteau.Entre deux doigts, elle prit le soldat par la taille et le porta délicatement au salon où tout le monde voulait voir un homme aussi remarquable qui avait voyagé dans le ventre d’un poisson. Mais le soldat n’était pas fier du tout.On le mit debout sur la table et… vraiment, comme il peut se passer des choses extraordi-naires en ce monde !Le soldat de plomb se retrouvait dans le salon même ou il avait été auparavant, car il vit les mêmes enfants et, posés sur la table, les mêmes jouets ; le joli château avec la charmante petite danseuse. Elle se tenait encore sur une seule jambe et levait l’autre très haut, elle aussi, elle était intrépide. Le soldat de plomb en fut ému, il fut sur le point de verser des larmes de plomb, mais ce n’était pas convenable. Il la regarda et elle le regarda, mais ils ne dirent rien.A cet instant, l’un des petits garçons prit le soldat et le jeta dans le poêle, sans donner aucune raison : c’était sûrement le troll de la tabatière qui en était la cause.Le soldat de plomb était tout ébloui et il sentit une chaleur épouvantable l’envahir soudain, mais sans savoir si cela venait réellement du feu ou de l’amour.s

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Il avait perdu ses couleurs : personne n’aurait pu dire si cela s’était produit pendant son voyage ou si c’était le chagrin.Il regardait la petite demoiselle, elle le regardait, il se sentait fondre mais restait encore intrépide, se redressant autant que possible, et toujours le fusil au bras.Alors, la porte s’ouvrit, le vent s’empara de la jolie petite danseuse en carton qui s’envola comme une sylphide tout droit dans le poêle auprès du soldat de plomb.Elle s’enflamma et disparut ; puis le soldat de plomb fondit, devint un petit bloc de plomb.Le lendemain, quand la bonne enleva les cendres, elle le trouva sous la forme d’un petit cœur de plomb.De la danseuse, en revanche, il ne restait que la paillette calcinée, noire comme du charbon.

Fin.

Passeport : rappelons qu’il convenait encore à l’époque d’Andersen, de posséder un pas-seport pour passer d’une partie à l’autre d’un même pays.

Sylphide : cette « sylphide » se souvient certainement d’une célèbre ballerine, Lucile Grahn (1819-1907), qu’admirait beaucoup l’auteur.

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Présentation de l’éditeurL’histoire met en scène la passion du vaillant petit soldat de plomb unijambiste (le handi-cap et la différence dans un milieu très standardisé : celui de l’armée et de l’uniforme). Passion pour la danseuse qui elle aussi n’a recours qu’à une seule jambe pour tenir de-bout. Ils se sont reconnus, se sont trouvés par le hasard de la vie. Des péripéties les séparent momentanément. Elles sont l’occasion pour le lecteur de mesurer d’une part la bravoure du petit soldat au cœur pur – jamais il ne faillit –, et d’autre part la sincérité absolue de son amour pour la danseuse à laquelle il ne cesse de penser au cœur de ses mésaventures et du grand danger qu’il traverse (le caractère sordide des égouts et du personnage du rat-contrôleur fait contraste avec l’aspect aérien, subtil et virginal de la danseuse). Un séjour dans le ventre du poisson nous suggère bien d’autres récits, dont l’aventure de Jonas dans celui de la baleine, ou celle de Pinocchio avalé par le requin.Réunis à nouveau par le fruit du hasard là encore, c’est la cruauté enfantine, car elle existe, qui les séparera (on pourra s’attarder ici sur les hypothèses des responsabilités proposées par Andersen, avec le personnage du diable surgissant de sa boîte). Mais rien ne saurait vaincre la puissance de l’amour et les circonstances, d’une certaine manière, seront réunis dans une apothéose de la mort.(…)Une noble histoire pouvant susciter un débat sur l’essentielle question du sentiment amoureux, de la vérité de soi et des épreuves de la vie qui donnent prix à celle-ci.

Résumé du conteUn soldat de plomb unijambiste est attiré par une danseuse. Il croit que celle-ci n’a qu’une jambe mais il se trompe. Un troll lui demande de détourner ses regards de la danseuse. Le lendemain, un courant d’air (ou la volonté du troll ?) ouvre la fenêtre et emporte le soldat qui tombe au sol. Il pleut. Des gamins le mettent sur un bateau en papier qui l’emporte jusque dans le canal (dans certaines traductions, c’est une rivière). Un poisson l’avale. On pêche ce poisson. Une cuisinière ouvre le ventre du poisson, le soldat en sort. Il est revenu dans la maison du début. Un garçon le jette au feu (la volonté du troll ?). Un courant d’air entraine la danseuse rejoindre le soldat dans le feu. Tous les deux sont calcinés. Restent à la fin le cœur en plomb du soldat et une paillette que la danseuse avait sur elle.

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Biographie d’Andersen

La dernière biographie de Hans Christian Andersen commence par cette phra-se : « Ma vie est un beau conte de fées riche et heureux. » Il faut toujours croire ce qu’écrivent les auteurs. En tout cas, la première ligne d’un livre est souvent lourde de sens. Quand le petit Hans Christian est arrivé au Danemark en 1805 à Odense, sa mère avait été contrainte par sa propre mère - qui la

battait et lui imposait des clients - à se prostituer. La fille s’était enfuie, enceinte de Hans Christian et avait épousé M. Andersen, pauvre cordonnier. Cette femme était prête à tout pour que son fils ne connaisse pas la misère. Alors, elle est devenue blanchisseuse et le père s’est fait soldat sous Napoléon. Alcoolique et illettrée, elle est morte dans une crise de delirium tremens tandis que le père se tuait en pleine démence. Le petit garçon a dû travailler dans une draperie, puis dans une usine à tabac où les relations humaines étaient souvent violentes. Pourtant, Hans Christian, né dans la prostitution, la folie et la mort de ses parents, dans la violence et la misère, n’a jamais manqué d’affection. « Très laid, doux et gentil comme une fille », il a d’abord baigné dans le désir de sa mère qui sou-haitait le rendre heureux, puis dans le giron de la grand-mère paternelle où il fut tendre-ment élevé avec l’aide d’une voisine qui lui apprit à lire. Odense était fortement marquée par la tradition des conteurs. Le petit monde du petit Andersen devait s’organiser autour de ces deux forces : une « obscure clarté » ou un « merveilleux malheur ». Ces mondes opposés étaient liés par l’art qui transforme la boue en poésie, la souffrance en extase, le vilain petit canard en cygne. Sa mère qui le réchauffait par sa tendresse, baignait dans l’alcool et mourait dans le vomissement du delirium. Une de ses grands-mères incarnait la

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femme-sorcière, celle qui n’hésite pas à prostituer sa fille, tandis que l’autre personnifiait la femme-fée, celle qui donne la vie et invite au bonheur. C’est ainsi que le petit Hans apprit très tôt la représentation d’un monde féminin clivé qui fera de lui plus tard un homme intensément attiré par les femmes, et terrifiés par elles. A quatorze ans, il arrive à Copenhague, vit dans le quartier des prostituées, s’essaie au chant, à la danse, à l’art dramatique, tombe amoureux d’une petite bossue, plus tard d’une prestigieuse cantatrice, sans d’ailleurs avoir avec elles ni avec aucune autre femme le moindre rapport. Le vilain petit Hans avait rencontré, au cours de son enfance terrifiante, les deux principaux tuteurs de résilience : des femmes l’avaient aimé et des hommes avaient organisé un en-tourage culturel où les contes permettaient de métamorphoser les crapauds en princes, la boue en or, la souffrance en œuvre d’art.Des romans, des poèmes, des pièces de théâtre. Puis les merveilleux contes. Très vite, il devient un des hommes les plus célèbres d’Europe ; traduit en 15 langues (et jusqu’en ben-gali!), il est invité par les souverains dans leurs châteaux, accueilli à Weimar comme Goethe et, lorsqu’il va à Londres, c’est chez Dickens qu’il descend. Le conte de ma vie s’achève en 1875, au moment où « Le vilain petit canard » va rejoindre au pays « La reine des neiges » « La petite marchande d’allumettes » « La petite sirène » et « La fée au sureau ».

Une partie de la biographie est tirée du livre «Le murmure des fantômes» de Boris Cyrulnik

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Les 4 éléments & pistes pédagogiques

Les quatre éléments

1. L’AIR ouvre la fenêtre (ou la volonté du Troll ?) et emporte le soldat. Celui-ci tombe à terre. A la fin, un souffle emporte aussi la danseuse qui « rejoint » le soldat dans le feu.

2. Le soldat est fiché en TERRE, le garçon et la servante le cherchent et ne le trouvent pas. Deux gamins des rues vont le retirer du sol et le mettre sur un bateau de papier.

3. L’EAU qui coule à terre, puis la pluie de plus en plus forte, entraînent le soldat jusque dans les égouts puis dans la mer (ou une rivière). Un poisson le sauvera en l’avalant.

4. Enfin, le soldat et la danseuse se retrouvent dans le FEU qui va les réunir et les trans-former.

1. AIR

2. TERRE

3. EAU

4. FEU

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Pistes pédagogiques

a. Demander que les enfants citent les 4 éléments. Demander quand et comment ces éléments interviennent dans l’histoire, ainsi que les conséquences.

b. Demander aux enfants sur un petit panneau de dessiner le petit soldat et/ou la danseuse. D’y dessiner et/ou de coller ce qui pourrait représenter les 4 éléments (par ex. : une allumette pour représenter le feu, etc…)

Chevalier et Gheerbrant, dans leur Dictionnaire des symboles :

« Pour les Grecs et la plupart des traditions, les éléments sont au nombre de quatre. Gaston Bachelard, dans ses travaux, montre que l’air est la base d’une psychologie as-censionnelle qui a ses contraires dans l’envol et dans la chute. Bachelard considère les quatre éléments comme les hormones de l’imaginaire. (…) En particulier, l’air imaginaire est l’hormone qui nous fait grandir psychiquement. Le feu est souvent considéré comme l’élément moteur qui anime, transforme, fait évoluer de l’un à l’autre les trois états de la matière : solide (terre), liquide (eau), gazeux (air). L’être de feu symbolise l’agent de toute évolution. » Chevalier, Gheerbrant, Dictionnaire des symboles (DDS), éd. Laffont, coll. Bouquins, 1982

L’air entraine le soldat de plomb. C’est ainsi qu’il va pouvoir finalement « s’envoler » vers la danseuse (même si cela lui demande du temps et des épreuves) et évoluer dans les deux sens du terme. Il tombe au sol, s’y fige encore plus (il était déjà figé auparavant). L’eau (qui dans la symbolique maçonnique, correspond à l’âme et à la religion), élément féminin va entrainer le soldat et permettre que le poisson le fasse revenir vers la danseuse.Le feu, élément masculin, dans lequel ils se retrouvent va les transformer, les faire évoluer l’un et l’autre (à discuter : la danseuse évolue-t-elle vraiment ?), l’un vers l’autre.Notons aussi que l’air et le feu sont les deux principes actifs : ils permettent l’évolution de l’histoire et des personnages ; la terre et l’eau sont les deux principes passifs : la terre reçoit le soldat et l’eau le transporte.

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Les éléments du schéma narratif & pistes pédagogiquesLe SN est la structure d’un récit. Il est important de bien l’identifier. Cela permet de mettre en évidence les points importants d’une histoire.

Il est intéressant de comparer le début et la fin de l’histoire : au début, le soldat et la danseuse sont isolés ; à la fin, ils sont réunis dans le même lieu, le lieu du foyer (de leur foyer ?).

L’élément perturbateur, va lancer l’histoire : c’est l’intérêt du soldat pour la danseuse, sa volonté de la séduire. Intérêt d’ailleurs basé sur une mauvaise observation de la situation : la danseuse a en réalité deux jambes, mais ne soldat n’en voit qu’une ! C’est parce qu’il est persuadé qu’elle est comme lui qu’il veut la séduire. Ainsi, le début de l’histoire est déjà faussé : ils ne se ressemblent pas.

L’histoire se clôture grâce à l’élément équilibrant : un garçon jette le soldat au feu et le vent y envoie la danseuse. Ainsi, on peut dire que la volonté du soldat est accomplie : il partage un même foyer avec la danseuse.

Une série de péripéties mènera le soldat de l’élément perturbateur (EP) à l’élément équi-librant (EE). D’abord, il s’éloigne de la danseuse. Puis, il s’en rapproche. Le moment où s’inverse le mouvement est le moment où il pense à elle (+ il se rappelle d’une chanson). A ce moment, le poisson « se charge » de le ramener vers elle.

Le soldat doit quitter la maison, franchir des épreuves à l’extérieur, pour pouvoir rejoindre la danseuse à l’intérieur. Si ce passage vers l’extérieur (la pluie, le cours d’eau…) ne s’était pas opéré, la situation du soldat et de la danseuse n’aurait pas été modifiée.

1. Situation initiale (SI) : Un garçon reçoit comme cadeau d’anniversaire une boite

avec 25 soldats de plomb dont un qui n’a qu’une jambe. Devant un château en carton,

il y a une danseuse en papier.

2. Situation transitoire/ Elément modificateur (EM): le soldat veut séduire la dan-

seuse car il croit qu’elle est comme lui, avec une seule jambe.

3. ST/ péripéties (P) : le soldat s’étend derrière une tabatière pour la voir.

4. ST/P : la nuit, tous les objets inanimés s’animent.

5. ST/P : un troll sort de la tabatière-attrape et menace le soldat. Il lui demande de

détourner les yeux de la danseuse.

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6. ST/P : le lendemain, la fenêtre s’ouvre (vent ? troll ?), le soldat tombe du 3ème étage.

7. ST/P : deux gamins le trouvent et le mettent sur un bateau en papier. Il pleut de plus en plus.

8. ST/P : le bateau avance et tombe dans les égouts.

9. ST/P : un rat demande au soldat ses papiers et lui court après.

10. ST/P : le bateau arrive dans la mer et coule.

11. ST/P : Le soldat pense à la danseuse, il a une chanson en tête.

12. ST/P : un poisson l’avale.

13. ST/P : celui-ci est pêché, acheté et ouvert : le soldat est revenu dans le salon de la SI.

14. ST/ Elément équilibrant (EE) : un garçon jette le soldat au feu et le vent y emporte

aussi la danseuse.

15. Situation finale (SF) : les deux personnages sont calcinés, seuls restent un cœur et

une paillette.

Pistes pédagogiques

a. Est-ce que l’histoire se termine bien ou mal ? Pourquoi ?

b. Quelles différences y a-t-il entre le début et la fin.

c. A quels moments le troll intervient-il ? Pour quelles raisons ?

d. Quel est l’événement qui va lancer l’histoire ?

e. A quel moment le soldat a-t-il la possibilité de revenir vers la danseuse ? Quel est l’événement qui va lui permettre de revenir ?

f. Décris le cadre présenté dans la SI (salon, boite avec des soldats, château en carton, miroir sur lequel on trouve des cygnes en cire, une danseuse en papier…)

g. Rappelle-toi les matériaux utilisés : le soldat, la danseuse, les cygnes, le château, …

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Les éléments du schéma actantiel & pistes pédagogiquesLe schéma actantiel est l’ensemble des différents actants d’une histoire.

Le héros, le petit soldat, poussé par le sentiment de sa différence, veut séduire la dan-seuse. A la fin, l’a-t-il séduite ? Partage-t-elle ses sentiments ? On ne peut pas en être sûr. En tout cas, le but du soldat est atteint et le résultat « profite » aux deux personnages.

Des obstacles et des aides (opposants et adjuvants) surgissent sur son chemin.

Le destinateur (ce qui pousse le héros dans sa quête) : Le sentiment de sa différence, il veut quelqu’un comme lui

Le héros : le petit soldat de plomb

Le but de sa quête : séduire la danseuse

Le destinataire (à qui profite le but de la quête) : le soldat et la danseuse (cela se discute)

Les opposants à la quête : le troll, le rat…

Les adjuvants à la quête : le poisson, le bateau (les deux gamins)…

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Pistes pédagogiques

a. Quel est le but du soldat ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui le motive?

b. Réfléchir sur les adjuvants et les opposants. Insister surtout sur la justification. Un même élément peut être défendu comme adjuvant ou opposant. Exemples : le troll, le poisson, les deux gamins, le rat, la pluie, etc…

c. Comparer le conte avec l’adaptation par les studios Disney dans Fantasia 2000 :

Le petit soldat de plomb est mis en images dans ce dessin animé. Le tout sur une musique de Dmitri Chostakovitch (Concerto pour piano n°2 Allegro).

Il est intéressant de comparer le texte d’Andersen avec cette adap-tation. On y verra bien sûr beaucoup d’éléments communs : l’amour du soldat pour la danseuse, les égouts et le rat, etc…

Mais d’importantes différences existent :

a. le diablotin (selon les traductions c’est un diablotin ou un troll) a un rôle plus important ;b. il n’y a pas d’enfant qui reçoit les soldats pour son anniversaire ;c. dans la SF, c’est le diablotin qui tombe dans le feu alors que le soldat et la danseuse peuvent vivre heureux. L’ambiguïté de la SF choisie par Andersen est remplacée par une happy end très (trop ?) évidente. Notons que dans ce cas le feu n’a plus une valeur de transformation et de révélation, mais une valeur destructrice.

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Réflexion sur le soldat et la danseuse & pistes pédagogiquesAndersen insiste beaucoup sur l’immobilité de ces deux personnages, alors que le troll parle et que les autres objets s’animent pendant la nuit.

La danseuse ne bouge pas. Elle ressemble fort au soldat, même si (nous le verrons plus loin) des différences existent. Le soldat est présenté comme étant « stoïque ». Andersen dit à propos de la danseuse : « Elle aussi était stoïque ». Ou bien : « Il la regardait et elle le regardait, mais ils ne disaient rien. »

La danseuse est peu mise en évidence. Le soldat est le héros, on se concentre sur lui. Mais pourquoi serait-il un héros puisque finalement il n’agit pas ? Il n’agit pas mais il regarde et il pense. Ses regards ont une influence (la colère du troll). Ses pensées, aussi : au moment où, dans le canal, il pense à la danseuse et qu’il se souvient d’une chanson, le poisson l’avale et il peut ainsi revenir auprès de la danseuse.

Le soldat ne parle pas : a. « Mais lui ne trouvait pas convenable de crier très haut puisqu’il était en uniforme. » b. « Le soldat de plomb demeure muet, il serre seulement un peu plus fort son fusil. »

Le soldat ne bouge pas : a. « Il demeurait stoïque, sans broncher. » b. « Le pauvre soldat de plomb se tenait aussi raide qu’il le pouvait. » c. « (…) et il était bien à l’étroit, notre soldat, mais toujours stoïque il resta couché de tout son long, l’arme au bras. »

Le soldat regarde la danseuse : a. « Pas un instant il ne la quittait des yeux. » b. « Veux-tu bien mettre tes yeux dans ta poche ? »

« Les deux seuls à ne pas bouger de leur place étaient le soldat de plomb et la petite danseuse, elle toujours droite sur la pointe des pieds, les deux bras levés ; lui, bien ferme sur sa jambe unique. »

Le soldat est figé à cause de sa fonction de soldat qui doit monter la garde, mais on peut aussi avancer que l’amour les fige sur place et les rend muets. Tout s’agite autour d’eux (les autres jouets, le canari, les éléments naturels, le troll,…). Eux sont stoïques et restent muets. Le soldat, hormis le fait de regarder et de penser, n’agit pas (mais nous avons vu que ses regards et ses pensées ont une influence). Ce sont les événements qui agissent pour lui, c’est la vie qui se charge de le transformer et de la rapprocher de la danseuse.

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Ils sont néanmoins différents l’un de l’autre. Lui n’a qu’une jambe. La danseuse l’intéresse parce qu’il pense qu’elle n’a qu’une jambe comme lui, ce en quoi il se trompe. Lui est mi-litaire, il habite dans une boîte avec d’autres soldats. Elle, elle est distinguée, elle habite un château. Malgré cette différence, il veut faire sa connaissance. Peut-on être sûr que la danseuse répond à son amour ? Peut-être oui (attitudes communes ; le vent qui l’entraîne à la fin dans le feu, idée du foyer commun), peut-être non (on ne connaît rien de ses pen-sées ; dans le feu, il reste sa paillette qui, finalement, n’est qu’un objet extérieur à elle, alors qu’il reste le cœur du soldat, ce qui est quand même plus « engageant » !) Il n’est pas nécessaire de trancher. Juste se poser des questions et garder la richesse du conte.

Pistes pédagogiques

a. Mettre en évidence dans le texte les mots qui montrent l’attitude du soldat et de la danseuse.

b. Pensez-vous que la danseuse aime aussi le soldat ?

c. Mettre en évidence l’importance du regard dans les relations (pas seulement amoureuses).

d. Réfléchir sur le fait que le troll ne veut pas que le soldat regarde la danseuse.

e. Quand le soldat aurait-il pu parler ? Qu’est-ce qu’il aurait pu dire et à quels moments ?

f. Pourquoi le soldat n’a-t-il qu’une seule jambe ? Pourquoi croit-il que la danseuse n’a qu’une seule jambe ?

g. Est-ce que des différences entre les gens peuvent créer des difficultés de communication, des difficultés pour s’aimer ? (Mettre en évidence les différences religieuses, sociales, physiques,… Voir ce que cela peut avoir comme conséquences et réfléchir sur le moyen de franchir les difficultés…)

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Pourquoi ce moment est-il important ?

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Réflexion sur le poisson & pistes pédagogiquesLe moment où le poisson avale le soldat est le moment où la situation s’inverse pour celui-ci : il s’éloignait de la danseuse, maintenant il retourne vers elle. Le poisson est un moyen, il permet l’union.

On trouve un poisson dans Pinocchio. Dans la Bible, Jonas est avalé par une baleine (= le prophète Yunus dans le Coran).

« Le poisson est associé à la naissance ou à la restauration cyclique.(…) Il est à la fois Sauveur et instrument de la Révélation. » (Dictionnaire des Symboles)

Il est aussi le symbole de la vie et de la fécondité : un nombre infini d’œufs et une grande faculté de reproduction.

« Dans l’imagerie extrême-orientale, les poissons vont par couples et sont en conséquence symboles d’union. » (DDS)

Ici, le poisson va donner sa vie (oui, on peut aller jusque là) involontairement pour rendre le soldat à la danseuse.

Pistes pédagogiques

a. Le poisson est-il un adjuvant ou un opposant ? Pourquoi ?

b. S’il n’y avait pas eu le poisson, que se serait-il passé pour le soldat ?

c. Connais-tu d’autres histoires dans lesquelles on trouve des poissons ?

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Pourquoi ce moment est-il important ?

KL

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2 thèmes : l’amour et les jouets & pistes pédagogiques

1. L’amour

Dans ce conte, l’accent est mis sur la transformation vécue par les deux protagonistes. L’amour (si amour il y a ) a un impact sur eux :- ils restent en silence, immobiles, le temps s’arrête ;- le soldat n’a pas de mots pour exprimer ce qu’il ressent ;- ils sont même modifiés complètement par le feu qui les noircit, ils perdent leur immobilité, l’essentiel reste : le cœur et la paillette.

Le feu qui transforme est associé à l’amour. Ainsi :- le feu est le foyer, mais le foyer est aussi le lieu de vie d’un couple : c’est dans le foyer

du feu que se trouve leur foyer;- on parle du feu en soi (« Etait-ce le feu ou son grand amour ? ») ;- on brûle d’amour, de désir, on s’enflamme pour quelqu’un ;- on peut faire fondre le cœur de quelqu’un ;- on sent la chaleur, le feu aux joues, etc…- les feux de l’amour.

a. Souligner les passages où on parle de chaleur. Faire réfléchir sur le rôle du feu dans le conte.b. Retrouver les expressions françaises intégrant l’idée de chaleur, de feu… (voir ci-dessus).c. Opposer la chaleur du salon et les intempéries (la pluie) du dehors. Ré-fléchir sur la nécessité pour le soldat d’être passé par l’extérieur pour mieux revenir à l’intérieur.d. Y a-t-il de l’amour entre eux ? Justifier.

Pistes pédagogiques

a. Souligner les passages où on parle de chaleur. Faire réfléchir sur le rôle du feu dans le conte.

b. Retrouver les expressions françaises intégrant l’idée de chaleur, de feu… (voir ci-dessus).

c. Opposer la chaleur du salon et les intempéries (la pluie) du dehors. Réfléchir sur la nécessité pour le soldat d’être passé par l’extérieur pour mieux revenir à l’intérieur.

d. Y a-t-il de l’amour entre eux ? Justifier.

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2. Les jouets

Les jouets dans le conte et les matériaux utilisés: le soldat de plomb, la danseuse en pa-pier, les cygnes en cire, le château en carton, le miroir comme lac, la paillette, la batiste.

« Les jouets se mirent à jouer à la visite, à la guerre, au bal… »

Les jouets ici jouent eux-mêmes. Ils sont autonomes pendant la nuit.

Rôle des jouets :Le jouet permet l’identification : le petit garçon qui joue est le soldat, la petite fille est la maman qui s’occupe de son bébé, etc. L’enfant procède par comparaisons, imitations et inventions. Son jeu est le résultat de ce qu’il a observé dans la réalité ou dans la fiction (films, dessins animés, etc.) Il va s’inventer des comportements, des situations devant lesquelles il va réagir. Ce n’est donc pas étonnant qu’il soit absorbé par son jeu, et qu’il n’entende rien de ce qui se passe autour de lui ! On dit souvent qu’il est dans son monde. On pourrait dire que le moment du jeu lui permettra de mieux vivre dans le monde en-suite. Jouer permet le développement : développement de l’imagination, des sentiments, des comportements à acquérir, etc.Dans le spectacle proposé, les deux personnages (Suzanne et Hubert) s’identifient au soldat et à la danseuse. C’est ainsi qu’ils se développeront à leur tour.

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Pistes pédagogiques

a. Amener en classe un jouet (ancien ou pas) à soi et en parler devant les autres.

b. Demander aux élèves l’importance passée ou actuelle des jouets pour eux.

c. Si possible, montrer aux élèves d’anciens jouets afin de montrer les différences de matériaux. Ce serait bien qu’ils puissent voir un vrai soldat de plomb.

d. Créer une maquette reproduisant les éléments du conte (changer certains matériaux : par exemple, des cygnes en papier plutôt qu’en cire !)

e. Parler du dessin animé TOY STORY. Pourquoi ces dessins animés (I,II et III) dégagent-ils un tel charme ? Arriver à ce que les élèves puissent l’exprimer.

f. Peut-on être triste de perdre un jouet ? Pourquoi ? Peux-tu jeter des jouets ?

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Vocabulaire

Définitions extraites du Petit Larousse.

Stoïque : se dit de quelqu’un qui supporte la douleur, le malheur avec courage.

Une sylphide : femme gracieuse et légère.

Une paillette : petite lamelle d’une matière brillante.

Une tabatière : petite boite pour le tabac à priser.

Un troll : lutin du folklore scandinave, habitant les montagnes ou les forêts.

Un esquif : petite embarcation légère.

De la batiste : toile de lin très fine et très serrée utilisée en lingerie.

Batifoler : s’amuser à des choses futiles, à des jeux folâtres.

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4. La mise en scène

Résumé du scénario

Suzanne, aidée d’Hubert, donne des cours de cuisine. Elle accueille les spectateurs chez elle pour leur raconter la recette d’un conte. Aujourd’hui, c’est la recette du Petit soldat de plomb. Ils n’ont pas envie de raconter ce conte-là, mais il le faut bien, alors après bien des réticences, ils se lancent. Suzanne se sert des objets à sa disposition pour raconter l’histoire. Au fur et à mesure du récit, des sentiments d’attirance réciproque se dévelop-pent entre elle et Hubert. A la fin du spectacle, les spectateurs reçoivent la recette du conte et des petits biscuits en forme de poisson qui sortent du four.

Biographie du metteur en scène, Vincent RaoultA la fois comédien, compositeur, auteur et metteur en scène, on retrouve Vincent RAOULT sur scène depuis 1996 dans le secteur du théâtre « jeunes publics » : « Ficelles » m.e.s. Véronique Dumont, août 2008, « La faute à qui? » m.e.s. Eric de Staercke, 2006, « Le Sim-plomatipique » de et m.e.s. par Véronique Dumont, 2003, « La dernière fée » de Philippe Léonard et Sylvie de Braeckeleere, 1999, « Coupons-lez-Pont » de et m.e.s. Véronique Dumont, 1999, « Le Petit Creux » de et m.e.s. Ariane Bubinder, 1997, « Emilie Jolie » DEL Diffusion & ADAC, Cirque Royal, Bruxelles, 1996.Avec Benoît Verhaert, il parcourt les cafés-théâtres : « Tribune », La Samaritaine, 2006, « La chute » d’Albert Camus, Le Cercle, 2002, « Une Histoire Passionnante » Le Cercle, 1999, « Badineries » 1995, produit à nouveau par l’ADAC en 1997. Au théâtre, on l’a vu ré-cemment dans la reprise de « Noces de vent » m.e.s. Eric de Staercke, et avant cela dans « Oncle Vania » m.e.s. Elvire Brison ou dans « Le roi se meurt » m.e.s. Stephen Shank.Parallèlement, il compose & réalise les bandes sonores de nombreux spectacles. Plus récemment, il signe des mises en scène : « Sincères complaisances » (2006) et « Charges comprises » (2008) de et par Odile Matthieu et Thierry De Coster, « Où sont les hommes? » de et par Nicolas Dubois et Patrice Mincke (2008), « De l’autre côté de la haie » de Geneviève Damas (2010).

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Introduction du metteur en scène «Bienvenue dans la cuisine de Suzanne où elle vous accueille avec Hubert.La cuisine, c’est le lieu de la transmission : les mères y transmettent à leurs enfants leurs recettes personnelles, le goût, le plaisir.La cuisine, c’est aussi le lieu des tranformations : on y transforme les produits de la nature en mets succulents. Les légumes dans la casserole deviennent des potages, les fruits dans la marmite deviennent des confitures, la farine et l’eau dans le four devien-nent du pain. Le four, matrice de la transformation… comme le ventre de la mère, comme le ventre du poisson pour Pinocchio, Jonas ou le Petit soldat de plomb. La cuisine, c’est encore le lieu de l’improvisation et de l’adaptation : quand il nous man-que un ingrédient, on improvise, on s’adapte, on prend ce que l’on a sous la main. Les contes, comme les recettes, se transmettent de parents à enfants, les contes se racon-tent, nous racontent et nous transforment. De conteurs en conteurs, ils se transforment. Et quand le conteur ne se souvient pas de tous les details, il improvise, s’adapte, opère une recréation, une récréation.C’est aussi à la cuisine et à table (chez moi on mangeait à la cuisine), que l’on commu-nique, que l’on partage le récit de sa journée, que l’on décide de ce que l’on va faire demain, de son destin. C’est donc tout naturellement que Suzanne et Hubert transmettent, transforment, se transforment et nous transforment, nous, les spectateurs invités dans cette cuisine très personnelle...»

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Interview du metteur en scène

Vincent Raoult, le metteur en scène

Le choix du conte d’Andersen et l’historique du spectacle ?

L’idée de raconter ce conte vient de Martine Godard, directrice d’Arts et Couleurs et actrice (elle joue ici le personnage de Suzanne). Elle a été touchée par cette histoire du Petit soldat de plomb. Elle avait en tête l’image d’une cuisinière avec dans la main le cœur en plomb du soldat et la paillette de la danseuse. C’était comme un flash. A partir de là s’est développée l’idée de mettre en parallèle le conte et une cuisine. Dans le conte, c’est la cuisinière qui « accouche » en décou-pant le poisson qui a été pêché et qui permet au soldat de « naître à nouveau » afin de vivre sa nouvelle vie.

Le lieu du spectacle ?

D’abord, il y a eu l’idée de mettre les spectateurs autour d’une grande table, mais cela aurait limité le décor et la visualisation de celui-ci par le public. D’où l’idée de la cuisine.Les spectateurs entrent dans un espace hexagonal. Ils s’asseyent sur des gradins déguisés en meubles de cuisine. On est presque à la même table mais ainsi ils peuvent mieux voir le décor. On entre chez quelqu’un. On est dans la cuisine de Suzanne. C’est pour cela qu’elle accueille les spectateurs (et cela, les mains pleines de farine !). Il y a une table qui est le lieu de la représentation. Sur cette table, Suzanne placera les personnages du conte et différents objets. Les acteurs montent à certains moments sur cette table qui devait donc être solide. Elle recèle quantité de surprises. Elle devait permettre certaines astuces et être esthétique.La cuisine est le lieu où dans le conte la cuisinière découpe le poisson. C’est le lieu des transformations : les aliments cuisinés deviennent des repas. Cela évoque les cycles de la vie. Suzanne transmet la recette aux spectateurs.

Les personnages ?

Suzanne raconte et Hubert l’aide comme il peut. Tous deux ont des blessures qui leur viennent de leur passé et qui ne sont pas expliquées clairement. On devine que Suzanne a envie de danser. Hubert ne dit pas grand-chose au début, il est là pour aider Suzanne. Au fil du spectacle, Suzanne et Hubert se rapprochent

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progressivement. Leurs regards l’un sur l’autre changent. Leurs sentiments se transforment. Ils entrent peu à peu dans la peau du soldat et de la danseuse. Ils incarnent les personnages du conte. Les vêtements de la cuisinière ont du blanc qui peut faire allusion à la danseuse et ceux d’Hubert ont un peu de bleu, de rouge et de jaune, couleurs qui rappellent la figurine du soldat. A un moment, Hubert et Suzanne dansent ensemble. Pour cela ils montent sur l’espace de jeu (la table), là où normalement se trouvent les personnages du conte.

Pour que le scénario soit intéressant, nous avons voulu créer un déséquilibre. Régulièrement, Suzanne donne des cours de cuisine. Mais ce jour-là n’est pas un jour comme les autres. C’est le jour où il faut raconter Le petit soldat de plomb ! Ils n’en ont pas envie. Cette histoire les touche trop. Ils l’ont déjà racontée dans le passé mais on comprend que cela s’est mal passé. Hubert n’a rien préparé. De plus, il n’y a aucun objet prévu pour ce conte. Nous n’avons pas voulu préciser pourquoi ils ne veulent pas raconter cette histoire afin de garder le côté équi-voque. Lorsque finalement Suzanne prend sur l’étagère la danseuse (qu’elle n’a pas voulu voir au début), Hubert, lui, reprend le soldat. Ils savent tous les deux qu’à la fin les figurines seront brûlées. On comprend qu’ils s’y identifient. Mais ils s’efforcent de dépasser leur peur. Ils iront jusqu’au bout. Ils jouent le jeu !

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Réflexions sur les personnages

Dans le conte d’Andersen, lorsque le soldat tombe à l’eau, il pense à la danseuse et il se souvient d’une chanson. Dans le spectacle, la chanson est remplacée par une danse entre Suzanne et Hubert. Ce moment de rêve est important. C’est le moment où les rap-ports entre Suzanne et Hubert basculent.Auparavant, c’est Suzanne qui dirige. C’est elle qui décide d’aller jusqu’au bout même si elle a des craintes à l’idée de raconter cette histoire. Hubert, lui, tergiverse. Suzanne est parfois énervée par l’attitude d’Hubert qui est un peu maladroit.

Pourtant, à certains moments déjà, elle félicite Hubert. Par exemple, lorsqu’il construit le château, de quatre bouteilles et d’entonnoirs, etc … On peut voir aussi la crainte de Su-zanne lorsqu’elle ne veut pas utiliser la figurine de la danseuse pour raconter l’histoire. C’est Hubert qui la force à s’en servir, sous peine de ne pas utiliser non plus le soldat.Après leur danse (c’est Hubert qui prend l’initiative d’inviter Suzanne), tout change entre eux. Hubert participe au récit de l’histoire au même titre que Suzanne. C’est Hubert qui pousse à continuer le conte jusqu’au bout. Ils se complètent, ils se regardent, on sent l’amour se développer entre eux.

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Pourquoi ce moment est-il important ?

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Pistes pédagogiques

a. Pourquoi Suzanne et Hubert ne veulent-ils pas raconter ce conte ? A quoi voit-on qu’ils n’ont pas envie ?

b. Est-ce que vous avez aimé ce spectacle ? Pourquoi ?

c. Pourquoi Suzanne utilise-t-elle les objets de sa cuisine pour raconter l’histoire ?

d. A la fin du spectacle, qu’est-ce qui a changé entre Suzanne et Hubert ? Comparez avec le début.

e. Pourquoi Suzanne s’adresse-t-elle aux spectateurs ? Pourquoi les accueille-t-elle et pourquoi leur donne-t-elle à la fin un papier et des biscuits ?

f. Qu’avez-vous remarqué comme effets spéciaux (qu’est-ce qui était bizarre) dans le spectacle ?

g. Faites l’inventaire des objets utilisés pour raconter l’histoire.

h. Possibilité avec les élèves : raconter aux autres un conte en re plaçant les différents actants par des objets (théâtre d’objets). Par exemple : un casse-noix peut évoquer un loup, etc… Cela nécessite de bien connaître l’histoire, d’avoir fait un choix d’objets. Cela développe de plaisir du jeu (dans le deux sens du terme).

i. Autre possibilité : le travail sur la mise en abyme. Raconter une histoire à la classe. Et créer une histoire entre les conteurs qui présente des similitudes avec l’histoire racontée.

j. Et pourquoi pas un atelier cuisine afin de fabriquer des biscuits en forme de poisson ?

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Biographie du compositeur, Pirly Zurstrassen

www.pirlyzurstrassen.netwww.myspace.com/pirlyzurstrassensolo www.myspace.com/trictractrioPirly Zurstrassen débute le piano en autodidacte. Il compose pour le théâtre, la danse, la télévision et pour ses propres groupes. Il a effectué des concerts tant en Europe qu’en Afrique et il a sorti une quinzaine d’enregistrements à son nom. En août 2005 il a créé Musicazur au Gaume Jazz Festival. Outre PiWiZ trio qu’il partage avec la chanteuse Bar-bara Wiernik et Jacques Pirotton, il dirige également « Tric Trac Trio», un trio de musique contempopulaire pour lequel il joue exclusivement de l’accordéon.En outre, il enseigne l’harmonie pratique, la lecture, l’arrangement et la composition dans la section Jazz au Conservatoire de Musique de Bruxelles.

Présentation de la musique par le compositeurComposer la musique d’un spectacle est à chaque fois un plaisir renouvelé, plaisir de travailler avec une nouvelle équipe, plaisir de découvrir un nouvel argument.

« L’intrépide petit soldat de plomb » offre un univers riche, mêlant le réel et le merveilleux. L’histoire se situe au plein cœur du XIXe siècle dans une maison bourgeoise pour ensuite se dérouler dans la ville, sur les pavés des rues, dans les égouts, dans un canal et revenir dans cette maison. Les jouets qui prennent vie offrent un univers merveilleux et parfois terrifiant, c’est un univers parallèle en dehors de la réalité humaine. La musique se voudra sérieuse et populaire, mélancolique et énergique, à l’image de la tradition musicale russe de l’époque.

La première étape de travail a été de composer différents thèmes et motifs qui servent à élaborer l’ensemble de la musique. Il y a le « thème de la Ballerine » et le « thème du Jeu », le « motif du Petit Soldat de Plomb » et le « motif de l’amour».

Le « thème de la Ballerine », pour boîte à musique, est une mélodie simple et modale à caractère populaire. Composer pour boîte à musique avec bandes à perforer impose des contraintes mélodiques (15 notes sur 2 octaves), rythmiques et stylistiques.

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Cette mélodie revient plus tard dans la pièce, complétée par un « pont », dont la mélodie est composée à partir du « motif du PSP » martial et claironnant. Ce pont se termine sur le « motif de l’amour », un motif lyrique et déchirant. Le thème du jeu est composé de deux motifs, un motif rythmique et sa réponse à l’octave et un motif lyrique et nerveux. L’ensemble donne un sentiment léger, frais et joyeux.

L’instrumentation représente également un outil pour illustrer ce conte. Le célesta a un son d’une très grande pureté qui n’est pas sans rappeler les boîtes à mu-sique. Je l’utilise pour des effets féeriques, merveilleux et célestes.

Le violoncelle exprime notamment le « motif de l’amour » par son chant, et « le Vol de la Ballerine » par des trémolos rapides et aériens.

Le trombone chante le « motif du PSP ».

La clarinette au son chaud et clair illustre parfaitement le « thème du Jeu ».

Le piano est le lien central entre les instruments.

Le conte s’articulant dans une cuisine, choix du metteur en scène, j’utilise naturellement la vaste gamme d’ustensiles sonores que l’on retrouve dans lesdites cuisines.

Pour la séquence, « les objets s’animent », la musique s’articule autour de casseroles, couvercles et bouteilles frappées par des fourchettes, cuillères en bois…

Pour la séquence « noyade », l’instrumentation musicale utilise des verres en cristal frot-tés et des bouteilles comme instruments à vent.

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Notes

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