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09 & 10 octobre 2012

09 & 10 octobre 2012 - CNBA Transport Fluvial filela vallée de la Seine, de Giverny à la mer, ... troisième colloque Axe Seine, Acte III, ... pour le tourisme ? Le second défi

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09 & 10 octobre 2012

L’Axe Seine est un formidable atout pour le terri-toire normand et aujourd’hui au coeur de toutes les réflexions. Désormais, il est acquis qu’un projet ambitieux pour ce fleuve passera nécessairement par une approche collective, partagée par l’en-semble des acteurs de cette vallée. Ainsi, avec Grande Seine 2015, démarche de projets le long de la vallée de la Seine, de Giverny à la mer, le Dépar-tement de Seine-Maritime s’est déjà engagé avec ses partenaires dans une dynamique de concerta-tion qui porte aujourd’hui ses fruits. Parallèlement, le 25 septembre 2012, au Palais des Congrès à Versailles avaient lieu les deuxièmes Rencontres Economiques Paris Seine Normandie ® organisées par les Chambres de commerce et d’industrie d’Ile-de-France et de Normandie et le 22 novembre 2012, à l’Hôtel-de-Ville de Paris, le troisième colloque Axe Seine, Acte III, organisé par la Ville de Paris.

Dans le cadre de ces différentes initiatives et pour les prolonger, les Assises des fleuves ont donc été organisées, les 9 et 10 octobre 2012, à l’Hôtel du Département, à Rouen.

Deux journées d’échanges et de débats qui ont réuni une trentaine d’experts et ont été l’occasion de mettre en lumière des expériences variées de reconquête des fleuves, en France et à travers le monde. Sur la question de la gouvernance, sur les enjeux de valorisation économique, culturelle, environnementale, des idées nombreuses ont été mises, sous le regard aiguisé de deux grands témoins, l’un représentant le continent africain, Jean-Bosco Bazié, Directeur général adjoint de l’ONG Eau Vive, l’autre, le continent américain, Serge Demers, Directeur de l’Institut des Sciences de la Mer à Rimouski. Ces idées vont désormais faire leur chemin, nourrir la réflexion des acteurs locaux, à l’heure où se met en place une étude pour une nouvelle gouvernance partagée, avec la création annoncée à cette occasion, d’une struc-ture de gestion du grand cycle de l’eau sur l’axe Seine (section aval).

Assises des fleuves9 et 10 octobre 2012 à l’Hôtel du département à rouen

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ouverture des assises

introduction pAr didier MArie, Président du Département de Seine-Maritime

A la fois sources d’énergie et de vie, les fleuves ont joué un rôle décisif dans la naissance et l’histoire des civilisations. De la même façon, notre région s’est construite dès l’époque des Vikings autour de cette colonne vertébrale qu’est la Seine. Des villes se sont implantées le long de ses méandres, des marais ont été asséchés, une activité est née dans cette vallée fertile. Devenue par la suite un axe de communication, de commerce, d’échanges et finalement de développement majeur pour la Haute-Normandie, la Seine nous invite désormais à relever trois défis. Le premier est économique : l’avenir est au transport par bateau, moins gour-mand en énergie que la route. Comment déve-lopper le fluvial ? repenser aussi les activités industrielles et agricoles pour les rendre moins polluantes ? imaginer une nouvelle approche pour le tourisme ? Le second défi est environne-mental : pendant une partie du XXe siècle, nous

avons laissé un certain nombre d’espaces naturels s’abimer, se dégrader. Il faut aujourd’hui restaurer la biodiversité, les écosystèmes, protéger la res-source en eau. Enfin, le troisième défi est citoyen. La Seine est un bien commun qui doit être partagé entre tous ses usagers, acteurs de son développe-ment. Lancé à l’initiative du Département, le projet Grande Seine 2015 partait déjà de ce constat pour engager une démarche collective, permettant à près de 80 partenaires de se mettre autour d’une même table afin d’échanger et de mutualiser leurs efforts en faveur d’un projet de développement du-rable pour ce territoire. L’objectif de ces Assises est d’élargir encore notre champ de vision, de parta-ger nos expériences, de faire connaître les pra-tiques innovantes dans la gestion de nos fleuves et de relier l’ensemble des enjeux, économiques, naturels, culturels et humains.

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dAniel leho, Vice-Président Eau, assainissement et environnement du Département de l’Eure. Il représente Jean-Louis Destans, Président du Département de l’Eure. Convaincu que la Seine est un enjeu majeur pour la région, et partie prenante de la démarche Grande Seine 2015, le Département de l’Eure se sent aujourd’hui particulièrement impliqué dans le débat qui entoure le fleuve et à plusieurs titres. En premier lieu sur la question de l’eau, domaine dans lequel il conduit en effet une politique ambi-tieuse. Chaque année, le Département investit à ce titre près de 10 millions d'€ dans les projets de développement des collectivités, et récemment, la création d’un Observatoire de l’eau a été proposée, pour rendre compte des progrès réalisés. Parallè-lement, le Conseil général travaille également à la question de la gouvernance de l’eau. Le Schéma Départemental d’alimentation en eau potable a permis par exemple aux 160 syndicats d’eau de se regrouper en une soixantaine de structures (40 à court terme). Ensuite, la vallée de la Seine constitue, pour le Département de l’Eure, un véritable enjeu patri-monial et environnemental, autour notamment de Giverny. Ce nouveau musée des impressionnismes qu’il a initié et porté, connaît aujourd’hui, avec ses 240 000 visiteurs en 2011, une affluence exception-nelle. Et pour la saison touristique 2012, la nou-velle Maison du Tourisme Normandie Giverny a ouvert ses portes, avec le soutien du Département de l’Eure. Dans le même temps, une étude a été commandée sur le développement du potentiel touristique sur l’Axe Seine. Enfin, le Département de l’Eure a également engagé en 2010 une réflexion autour de la place de l’Eure dans l’axe Paris Seine-NormandieR et

l’aménagement de l’ouest du bassin parisien. A ce titre, le Département réaffirme son attachement au projet de Ligne Nouvelle Paris Normandie, volet structurant de ce projet de territoire.

nicolAs MAyer-rossignol, Vice-Président aux entreprises, à l’emploi, à l’éco-nomie et à l’énergie de la Région Haute-Normandie. Il représente Alain Le Vern, Président de la Région Haute-Normandie.

La Seine est le plus grand atout de ce territoire et son aménagement durable est l’affaire de tous : collectivités, entreprises, aménageurs, acteurs culturels... Parce qu’ils ont des projets à mener, parce qu’ils ont l’avantage de la proximité, ces acteurs ont en effet toutes les capacités pour assurer eux-même et porter ensemble le dévelop-pement de cet Axe Seine. Ce qui pose à ce stade la question de la gouvernance : comment avancer collectivement et efficacement, imposer une vision globale.Les enjeux sont en effet multiples : enjeu écono-mique tout d’abord, avec le développement des fi-lières, le regroupement des ports dans un contexte mondialisé; enjeu environnemental ensuite : la création du GIP Seine-Aval qui regroupe les collec-tivités mais aussi les ports, les acteurs industriels et l’Agence de l’eau Seine-Normandie, est à ce titre une démarche exemplaire de coordination des études environnementales sur ce territoire de l’es-tuaire; enjeu d’aménagement durable également, à travers le Schéma régional d’aménagement et de développement des territoires ou les démarches de contractualisation avec les territoires ; enjeu culturel enfin, avec Giverny, l’Armada, le festival Normandie Impressionniste, le tourisme fluvial ... Si l’on prend un peu de recul, la Seine fait partie des mots qui résonnent à travers le monde et c’est à l’évidence sur sa mise en valeur qu’il faut s’ap-puyer. C’est en tout cas la conviction de la Région, qui en a fait l’une de ses principales préoccupa-tions.

Daniel Leho

Nicolas Mayer-Rossignol

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s’ajuster à de nouvelles formes d’organisation sociale, économique et politique

lAurence leMouzy, Directrice de la revue Pouvoirs Locaux, Directrice des études de l’Institut Supérieur du Management Public et Politique (ISMaPP), Co-fondatrice de l’Ins-titut Supérieur du Management Public et Politique (ISMaPP), Laurence Lemouzy y préside le Conseil des programmes. Depuis 2010, elle dirige les travaux de la Chaire de la Gouvernance Publique (publications récentes : «Glossaire de la Gouvernance publique», «Ethique et action publique», «Les collaborateurs politiques en Europe»). Elle intervient régulièrement à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) sur l’action publique territoriale et la décentralisation.

Le monde d’aujourd’hui est de plus en plus in-terconnecté. Il fonctionne en réseau, de manière horizontale et non plus verticale et les gouvernants éprouvent une difficulté croissante à s’ajuster à certaines formes d’organisation sociales. A l’avenir, les institutions vont devoir passer pro-gressivement d’une logique «de production de

services publics» à une logique «de construction de l’action publique» qui permet seule de répondre à des problèmes devenus complexes. Ainsi, plutôt que de mettre en oeuvre des compétences, il s’agit davantage de les articuler de façon à faire émer-ger des solutions collectives. Dans ce contexte, la gouvernance peut dès lors être définie comme étant «la coordination d’acteurs, de groupes sociaux, d’institutions, dans le but d’atteindre des objectifs discutés collectivement». Et l’efficacité de l’action administrative résidera pour une large part dans la qualité de la coordination des interventions publiques.

Ce qui nous amène à penser que la question du pilotage des politiques publiques et celle de la coordination de l’action publique, dans un contexte d’interdépendance généralisée, sont aujourd’hui au centre du débat. Face à ce que les anglo-saxons appellent des problèmes « indivisibles», il est désormais très difficile de distinguer avec clarté ce qui doit relever du niveau central de gouverne-ment ou au contraire du niveau local. Une nouvelle étape dans la décentralisation devra donc intégrer le fait que l’action publique se meut de plus en plus dans des univers sans hiérarchie véritable qui

quelle gouvernance aujourd’hui pour les fleuves ?

MArdi 9 octobre 20129h30 – 12h00 Première table ronde : En 2012, « la « bonne gouvernance » ne s’exerce plus dans une société verticale hiérarchisée mais dans une société post-moderne horizontale ». Des plans fleuveà Grande Seine 2015 et à Loire 2020, en passant par le fleuve Niger et le Saint-Laurent, cette nouvelle forme de gouvernance peut-elle s’appliquer ?

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poussent inexorablement vers des formes d’ajus-tement plus souples. Pour les collectivités, cela implique d’arriver à concilier flexibilité dans l’ac-tion et stabilité institutionnelle. Le secteur public découvre ainsi que la capacité à gouverner dépend de plus en plus de la capacité à s’organiser. C’est tout l’enjeu de la gouvernance publique.

www.idecentralisation.asso.frwww.ismapp.com

le droit des grands fleuves, un défi pour une approcHe intégrée

bernArd drobenko, Professeur des Universités- Droit Public, Campus International de la Mer et de l’Environnement Littoral, PRES Lille Nord de France, Université du Littoral Côte d’Opale, Membre du Centre International de Droit Comparé de l’Environnement de Limoges, participe à de nombreux programmes de recherche sur la clarification des compétences institutionnelles dans le domaine de l’environnement, sur le changement climatique, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, l’avenir des littoraux et la gouvernance des risques littoraux. Auteur de nombreux articles et ouvrages dans le domaine des droits de l’eau, de l’urbanisme et de l’environnement, il vient de publier, en juin 2012, la deuxième édition de l’ouvrage : “Le droit de l’eau : une urgence humanitaire”, aux Editions Johanet.

Les questions liées à l’eau -et en particulier celle des fleuves- restent aujourd’hui très présentes dans le monde, avec des enjeux à la fois écono-

miques, écologiques et humains. Chaque jour 28 000 êtres humains dont 6 000 enfants meurent ainsi pour des questions liées à l’eau potable. Comment garantir l’accès à une eau de qualité ? Assurer la préservation des milieux, sachant que 80% des pollutions marines sont aujourd’hui d’origine terrestre ? Des conventions internatio-nales existent, en particulier la convention de New -York de 1997 qui régit l’utilisation des cours d’eau internationaux, jamais entrée en vigueur cependant, faute d’Etats suffisants pour la ratifier ; ce qui montre les difficultés à mettre en place un véritable droit international. Au niveau régional, on constate en revanche plusieurs avancées. Ainsi les deux directives cadre sur l’eau (2000) et sur le milieu marin (2008) adoptées par l’Union euro-péenne privilégient une approche intégrée de la politique de l’eau, et visent dès 2015 le bon état de toutes les eaux douces de l’Union et pour 2020, le bon état des eaux marines.

Aujourd’hui, les défis du droit de l’eau sont com-plexes et multiples. Défi environnemental qui doit prendre en compte l’interaction entre les différents milieux : sol/sous-sol, mer/terre, amont/aval. Défi social : comment satisfaire les besoins, répondre aux problématiques de santé ? Défi d’aména-gement pour structurer et établir des priorités dans les usages. La politique de l’eau exige une approche transversale, impliquant de nombreux intervenants et qui doit prendre en compte à la fois le grand cycle de l’eau et le petit cycle de l’eau, ce qui explique sa difficile mise en oeuvre. Il est indispensable pourtant de définir aujourd’hui un véritable statut de l’eau au niveau international et de renforcer aussi bien le droit régional, que le droit national qui doit le compléter. Mais il faut

Bernard Drobenko, Jean-Bosco Bazié et Serge Demers

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aussi appliquer les règles existantes et ne pas hé-siter à mettre en oeuvre les sanctions lorsque des dysfonctionnements sont constatés.

www.univ-littoral.frwww.campusdelamer.fr

construire un mécanisme de participation des usagers à la prise de décision dans le bassin du fleuve niger

JeAn-bosco bAzié, Directeur général adjoint de l’ONG Eau Vive. Jean-Bosco Bazié, diplomé en ingénierie de la re-cherche et de l’exploitation des eaux souterraines et en sociologie du développement est Directeur général adjoint de l’ONG Eau Vive en charge des politiques et partenariats. Basé à Ouagadougou au Burkina Faso, il dirige depuis janvier 2007 le Bureau Afrique de la Direction Générale de l’organisation. Il s’occupe particulièrement de la coordination stratégique des programmes d’Eau Vive en Afrique et assure des mandats sous régionaux pour le compte des Etats, d’Organismes de bassins versants du fleuve Niger, du fleuve Sénégal, du fleuve Congo ainsi que pour des organisations régionales telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CE-DEAO). Il est également Secrétaire général associé au Secrétariat International de l’Eau et coordonne à ce titre la publication du “Livre Bleu” instrument de monitoring citoyen du secteur de l’eau et de l’assainis-sement.

La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) doit inclure la participation des citoyens qui sont les premiers usagers de ces ressources et vivent au quotidien les effets de décisions prises au plus haut niveau. Mais cette notion récente « de participation» n’est cependant pas aisée à mettre en oeuvre, notamment dans les bassins des fleuves transfrontaliers. L’expérience menée dans le bassin du Niger en est une démonstration. En 2002, les 9 pays partageant le bassin de ce fleuve long de 4200 km, troisième grand fleuve africain, ont engagé ainsi un processus de vision partagée qui a conduit à l’élaboration d’un plan d’action de développement durable à l’horizon 2025. Dans ce contexte, l’Autorité du bassin du Niger a été amenée à construire un mécanisme permettant au citoyen de suivre les débats et d’être associé au processus de décision. Aujourd’hui, cette prise en compte de l’avis des usagers est désormais ac-quise. Néanmoins, il a fallu au préalable surmonter plusieurs difficultés : conflits de leaderships, diffi-culté à appréhender un espace aussi large et des enjeux globaux. Par ailleurs, la nécessité d’intégrer à ce mécanisme un volet accompagnement, voire une véritable assistance technique des populations consultées, souvent très largement analphabètes, est vite apparue.

Une autre expérience a été menée cette fois dans le Bassin du fleuve Sénégal. En 2010, l’Organi-

sation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) a entrepris en effet l’élaboration d’un Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE). Là encore, l’objectif était d’in-former et d’impliquer les populations riveraines dans la définition du SDAGE afin de les associer à la démarche. Une stratégie de communication et de vulgarisation des contenus, avec la mise en place de 28 Comités locaux de concertation (CLC) et d’outils (boîte à images présentées par des animateurs relais, émissions de radio, théâtre-fo-rum, plaquettes, films etc.) a donc été développée auprès des populations sur les quatre portions nationales du bassin du fleuve, en Guinée, au Mali, en Mauritanie et au Sénégal.

www.eau-vive.org

aménager et protéger un écosystème caractérisé par une grande diversité écologique, des conditions climatiques extrêmes, des Habitats fragiles, un large bassin de population, de nombreuses activités socio-économiques : le saint-laurent

serge deMers, Directeur de l’Institut des Sciences de la Mer à Rimouski, Président de l’Observatoire Global du Saint-Laurent, Président de la Technopole maritime du QuébecOcéanographe biologiste spécialisé en écophysiologie du phytoplancton, détenteur d’un doctorat en biologie marine de l’Université Laval, Serge Demers a dirigé, au cours des trente dernières années, plusieurs mis-sions océanographiques dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, dans la baie d’Hudson, en antarctique, dans l’arctique canadien et dans différents milieux océaniques et côtiers dans le monde. Après plus de dix ans comme chercheur au ministère des Pêches et des Océans, il s’est joint à l’Université du Québec à Rimouski où il a contribué activement à la création de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) qu’il dirige depuis 1999. Il a contribué à la mise en place du Centre de recherche sur les biotechnolo-gies marines (CRBM), du Centre interdisciplinaire de développement en cartographie des Océans (CIDCO), d’Innovation Maritime, de la Technopole maritime du Québec (TMQ) et de l’Observatoire Global du Saint-Laurent (OGSL), qu’il préside.

Le Saint-Laurent, le « grand fleuve » canadien, ir-rigue sur 3260 km environ un million de kilomètres carrés depuis la région des Grands lacs jusqu’à l’Océan Atlantique en traversant les provinces de l’Ontario et du Québec. Il est encadré par les hautes-terres Laurentiennes au nord et les Appa-laches au sud, dessert les plus grandes villes dont Québec et Montréal et forme la frontière avec les États-Unis à Cornwall (Ontario). Le Saint-Laurent est un système physique hydrolo-giquement complexe du fait du mélange des eaux océaniques avec les apports des rivières, de ses

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courants, de la présence de glace en hiver et des marées et abrite une biodiversité riche d’environ 27 000 espèces. Malheureusement, comme beau-coup de grands fleuves, le Saint-Laurent a subi les conséquences d’un développement économique mal maîtrisé avec un fort impact sur l’environ-nement, de nouvelles pollutions qui mécanique-ment ont entraîné une restriction des usages. Très vite il est apparu que les réponses à ce défi passeraient par une démarche de concertation qui a été engagée dès 1988, avec une approche participative. Plusieurs plans d’actions ont été été mis en place, dans un premier temps pour réduire les rejets et les pollutions industrielles, puis pour travailler sur la protection des écosystèmes et la santé humaine, enfin, sur la question des accès. Ces plans ont d’ores et déjà eu des retombées qui ont été mesurées dont notamment une diminution des concentrations de contaminants toxiques ou le retour de certaines populations animales tel le fou de Bassan, quasi disparu dans les années 60.

Aujourd’hui, le plan Saint-Laurent 2011-2026 propose désormais une véritable gestion intégrée du fleuve combinant trois enjeux : le premier, préserver la biodiversité; le second, assurer la pé-rennité des usages dont notamment la navigation, l’agriculture et les usages touristiques avec plus de 480 événements répertoriés chaque année autour du Saint-Laurent; enfin, dernier enjeu, l’améliora-tion de la qualité des eaux. A ces enjeux, s’ajoute également un enjeu transversal qu’est le change-ment climatique avec une diminution constatée des glaces de mer et une augmentation du niveau de l’océan qui provoque une remontée des eaux salées vers l’amont et perturbe les écosystèmes. Ces différents plans menés autour du Saint-

Laurent l’ont été aussi en lien étroit avec les représentants du milieu scientifique, sans lesquels il aurait été impossible d’agir efficacement en faveur notamment de l’assainissement des eaux du fleuve. De nombreuses données ont ainsi été recueillies à travers des études, analyses, partages d’expertise permettant de mieux comprendre les écosystèmes et d’apporter une aide précieuse à la prise de décision. Ces données sont aujourd’hui accessibles de façon transparente sur le site de l’Observatoire global du Saint-Laurent.

www.ismer.cawww.uqar.cawww.tmq.ca

développer la vallée de la seine, de paris à la mer , en s’appuyant sur la ricHesse du territoire : paris seine normandie

Pour poursuivre l’émergence du projet « Seine Métropole » de l’équipe d’architectes d’Antoine Grumbach, pour faire du Havre «le port du Grand Paris» et pour désenclaver le bassin de la Seine grâce à une nouvelle ligne ferroviaire, Antoine rufenAcht a été nommé, le 21 mai 2011, Commissaire général pour le développement de la vallée de la Seine.

La question du développement de la vallée de la Seine porte l’ambition de relancer l’économie maritime et portuaire en en faisant un des atouts du Grand Paris de demain. Ce projet constitue le plus grand défi d’aménagement du territoire que la France se soit lancée depuis des décennies et à ce

David Lamiray, Laurence Lemouzy et Antoine Rufenacht

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titre, doit être considéré comme d’intérêt national. Le 15 février 2012, un rapport de mission a ainsi été remis au Premier Ministre qui préconise plu-sieurs axes de travail, parmi lesquels : le renforce-ment de nos ports avec à terme la fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris dont la constitution du groupement HAROPA pourrait être une préfi-guration et ceci, dans l’objectif de faire de la vallée de la Seine l’une des principales portes d’entrée de l’Europe de l‘Ouest. C’est dans ce contexte que s’inscrit en particulier le projet de nouvelle ligne ferroviaire Paris-Normandie (LNPN), nécessaire à l’acheminement du fret et dont l’enjeu dépasse le simple plan régional. Un deuxième grand axe concerne la réindustria-lisation de la vallée qui devra s’appuyer notam-ment sur les grands pôles de recherche. Enfin, la valorisation du fleuve Seine à travers en parti-culier le tourisme constitue un troisième axe de développement important. Pour mener à bien ce projet, il est proposé une gourvenance fondée sur trois collèges de 13 membres chacun; le premier représentant l’Etat et les différents ministères, le second, les collectivités et le troisième regroupant le monde économique. Si ce dossier met en lumière certaines contra-dictions lourdes auxquelles ce territoire est aujourd’hui confronté (protection de l’environne-ment, protection contre les risques et impératifs d’un développement économique par exemple) et s’il pose, dans le contexte actuel d’une crise économique profonde, la question de la disponi-bilité des importants moyens financiers qu’un tel projet requiert, il est indéniable que la vallée de la Seine constitue un atout de premier ordre qui doit être exploité de façon partagée par l’ensemble des acteurs concernés.

faire vivre une stratégie et un pro-gramme d’actions opérationnels pour la vallée de la seine, entre giverny et la mer : grande seine 2015

dAvid lAMirAy, Conseiller général chargé de la valorisation de l’Axe Seine au Département de Seine-Maritime, David La-miray est maire de Maromme et Vice-président de la Communauté d’agglomération Rouen Elbeuf Austre-berthe, en charge des transports.

Depuis 2007, le Département de Seine-Maritime pilote Grande Seine 2015, démarche concertée et collaborative de projets le long de la vallée de la Seine. Cinq enjeux prioritaires ont été définis dans le cadre de cette démarche : la préservation et la restauration des éléments naturels du territoire, la protection des personnes et des biens, la valorisa-tion des atouts environnementaux et paysagers en lien avec le processus de classement à l’UNESCO de la vallée de la Seine, la recherche d’un dévelop-pement économique durable et enfin, la maîtrise du foncier pour le développement des projets en bordure de Seine.

La réflexion menée avec les partenaires a per-mis la réalisation, en 2009, du Schéma Grande Seine 2015 (150 actions planifiées, estimées à 400 millions d’euros), qui témoigne de la mobilisa-tion des acteurs de la vallée de la Seine (Région Haute-Normandie, Départements de l’Eure et de la Seine-Maritime, agglomérations, communautés de communes, communes, Grand Port Maritime de Rouen, entreprises etc.). Depuis la signature du Pacte Grande Seine 2015, le 2 avril 2010, le Dépar-tement et ses partenaires poursuivent maintenant la construction d’une stratégie partagée et d’un programme d’actions et s’efforcent d’animer le réseau social de la Seine (participation aux travaux d’étude et de suivi des projets, partage des re-tours d’expérience et des savoir-faire, groupes de travail, portail internet de ressources et de veille, échanges et partenariats extérieurs, organisation de colloques …). Face à des problématiques qui parfois s’opposent, le défi est d’arriver à dégager des axes, des priorités communes qui conduisent à un aména-gement cohérent du fleuve. Ce travail fructueux déjà engagé doit donc être poursuivi. C’est en tout cas le souhait unanime du Département et de ses partenaires.

www.grandeseine2015.fr

mettre en place une démarcHe concer-tée sur le devenir du territoire ligérien : loire 2020

JeAn-pierre le scornet, Président de la Commission aménagement du terri-toire et environnement de la Région Pays de la Loire et christophe dougé, Conseiller régional, chargé de la délégation sur la Loire de la Région Pays de la Loire. Jean-Pierre Le Scornet, ancien journaliste au Télégramme de Brest, est Vice-président de la Région des Pays de la Loire et Adjoint au maire de Mayenne. Il préside la Com-mission de l’aménagement du territoire et de l’envi-ronnement de la Région. Christophe Dougé, qui a fait de la protection de l’environnement, de l’eau et des rivières sa priorité, est Conseiller régional, membre de la Commission de l’aménagement du territoire et de l’environnement de la Région Pays de la Loire et élu délégué à la Loire de la Région. Il préside le Conserva-toire régional des rives de la Loire et de ses affluents (CORELA).

La Région des Pays de la Loire a affirmé à diverses reprises sa volonté de contribuer au déploiement d’une vision globale et partagée quant au devenir du territoire ligérien. Cette volonté s’est notam-ment exprimée dans l’Agenda 21 régional voté en 2009 puis dans le projet politique régional en 2010 : une Commission aménagement du terri-toire et environnement, présidée par Jean-Pierre Le Scornet a donc été mise en place ainsi qu’une délégation sur la Loire confiée à Christophe Dougé.

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Au travers de ses politiques publiques, la Région des Pays de la Loire mène d’ores et déjà diverses initiatives affectant l’aménagement et le dévelop-pement de l’axe ligérien et accompagne comme partenaire certains acteurs (collectivités locales, PNR Loire Anjou Touraine, Grand Port Maritime, GIP Loire Estuaire, Mission Val de Loire, CORELA, etc…). Aujourd’hui convaincue que la Loire est au coeur de l’identité régionale, la Région a initié un processus de concertation des acteurs investis sur ce territoire dans le but de définir un programme d’actions pour ce fleuve à l’horizon 2020. Huit ateliers thématiques de réflexion ont ainsi été mis en place dans le cadre des Assises régionales de la Loire et de l’estuaire qui ont fait l’objet d’une resti-tution à l’automne 2011. Plusieurs pistes d’actions ont alors été proposées et en janvier 2012, un pro-jet, portant une véritable stratégie de développe-ment a ainsi été soumis aux différents partenaires. Ces Assises régionales de la Loire et de l’estuaire résultaient d’une triple ambition : faire émerger une vision commune sur l’avenir de la Loire, afin d’éclairer pour la décennie à venir la voie sur laquelle l’ensemble des parties prenantes souhai-taient s’engager. Fédérer et mobiliser les acteurs autour d’une ambition commune. Enfin, définir le rôle et la place de chacun dans l’action publique autour de la Loire. En l’occurrence pour la Région, il s’agissait aussi de s’interroger sur les actions à impulser, piloter ou soutenir dans le cadre de ce projet concerté en faveur de la Loire et de l’estuaire.

www.paysdelaloire.fr

le fleuve moteur du renouveau des ter-ritoires, pour réinventer et reconquérir des lieux à vivre

la maison du fleuve rhône. stéphAnie beAuchêne, Ethnologue, Directrice de la maison du fleuve Rhône. Docteur en Sciences humaines et sociales (Université Lumière Lyon 2), Stéphanie Beauchêne dirige la Mai-son du fleuve Rhône depuis janvier 2011. Elle a consa-cré un certain nombre de recherches et d’études sur le Rhône soit dans le cadre de recherches universi-taires ou d’études menées par la maison du fleuve Rhône. Ses travaux ont principalement porté sur le fleuve dans la structuration urbaine et territoriale.

Dans la longue histoire des relations qu’ont entre-tenu les hommes avec leurs fleuves, on pourrait identifier trois temps. Le premier temps serait celui de «l’enchantement». Une époque où les

riverains entretenaient une relation de familiari-té avec leur fleuve, à la fois fleuve ressource et espace de loisirs vécu au quotidien. Après guerre, l’emprise industrielle a créé une rupture, marquant le deuxième temps, celui du «désenchantement». Le fleuve semble alors poursuivre une «mono ambition», celle d’un développement économique inscrit dans une ambition nationale. Or, depuis les années 1980-1990, une prise de conscience écolo-gique a réveillé l’envie des populations de renouer avec leur fleuve. Ce troisième temps que nous vivons est celui du «réenchantement». Comme s’il y avait quelque chose à REtrouver, à REstaurer, à REhabiliter. Et cette nouvelle approche est apparue comme un levier fort pour engager, en l’occurrence sur le Rhône, une nouvelle dynamique collective, prônant non pas un retour vers un passé idéalisé, mais plutôt une vision d’avenir du fleuve et de ses enjeux.

Stéphanie Beauchêne

comment se réapproprier le fleuve, lieu de mémoire ?

MArdi 9 octobre 201214h00 – 16h30 Deuxième table ronde :

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Lancée dès le début des années 1990, cette dy-namique vise ainsi à redonner au fleuve toute sa dimension et sa complexité. De nombreuses ques-tions ont été mises alors en débat : la question du développement économique et du projet industriel mais aussi celle de la valorisation touristique, des programmes urbains de réhabilitation des rives, de la gestion des sites naturels, la question de la gouvernance enfin. Aujourd’hui, les conditions d’échange et de négociation possible ont été créées pour permettre aux différents acteurs de travailler ensemble selon une nouvelle logique. Ainsi, la réappropriation du fleuve tant souhaitée par les populations est désormais en marche.Initié en 2004, le Plan Rhône 2007-2013 est en effet un projet partagé entre les différents acteurs de ce territoire, une démarche globale qui prend en compte à la fois le fleuve mais aussi la relation qu’il entretient avec sa vallée et ses habitants. Ce plan est composé de six volets que sont la préven-tion des inondations, la préservation de la qualité des eaux et de la biodiversité, le développement de la production d’énergie renouvelable, le trans-port fluvial. Enfin, deux volets centrés autour de la culture et du tourisme tentent depuis quelques années de faire émerger de nouvelles propositions artistiques et culturelles, témoignant aussi d’une vision contemporaine du fleuve. De nombreuses animations qui d’ailleurs souvent existaient déjà, ont été rendues «visibles» grâce à la constitution d’un agenda qui répertorie désormais quelque 150 événements, dont 80 en période estivale sur près de 500 km de fleuve. Exemple concret de l’inté-rêt qu’il y a à travailler ensemble et à mener des actions concertées.

www.maisondufleuverhone.org

le paysage , source d’attractivité du fleuve

autour des rives de la garonne à bordeaux, Michel desvigne, Paysagiste, Grand Prix de l’urbanisme 2011 Michel Desvigne est un architecte paysagiste internationale-ment renommé pour son travail rigoureux et contem-porain. Ses projets s’échelonnent de l’aménagement de jardins et places publics à celui de territoires urbains ou régionaux. Actuellement, son activité se partage entre différents pays européens, mais aussi aux États-Unis, en Asie et au Moyen-Orient. Il colla-bore régulièrement avec des architectes de renom tels que Sir Norman Foster, Herzog & de Meuron, Rem Koolhaas, Renzo Piano, Jean Nouvel, Richard Rogers. Parmi ses réalisations, on mentionnera no-tamment le Dallas Center for the Performing Arts ; le parc Draî Eechelen à Luxembourg, un plan de dévelop-pement urbain et paysager à Burgos ; la place centrale d’Almere aux Pays-Bas ; le jardin de préfiguration de l’Ile Seguin ; le plan d’aménagement de Bordeaux rive droite ainsi que les réalisations concernant la Keio University de Tokyo. Michel Desvigne a remporté en tant que paysagiste mandataire, la consultation lancée pour l’élaboration d’une stratégie de mise en oeuvre et de développement du cluster Paris-Saclay (7700 ha), la maitrise d’oeuvre paysagère et urbaine pour l’aménagement d’Euralens (1200 ha), ainsi que celle du Vieux-Port à Marseille. Les recherches et réalisations de Michel Desvigne ont fait l’objet de nombreuses publications, expositions nationales et internationales. Il a enseigné dans plusieurs universi-tés d’architecture à travers le monde. Il est intervenu en tant que professeur invité à l’Université de Harvard. Depuis 2000, il enseigne à l’Accademia Svizzeria de Mendrisio, au Tessin. Michel Desvigne a été récom-pensé en 2011 du Grand Prix de l’Urbanisme.

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Depuis 10 ans, la rive droite de la Garonne est en transformation. Le déplacement des activités portuaires et industrielles a donné à la ville de Bor-deaux l’opportunité de recréer un lien majeur avec son fleuve, à travers un vaste parc de centre-ville, tourné vers la façade historique de la rive gauche et ses récentes promenades jardinées. A noter que ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans un choix politique fort et préalable qui a été de rendre inconstructibles l’ensemble de ces terrains.Pour constituer ce cordon boisé de 6km, l’idée de départ était d’entrer dans un processus très pragmatique de «substitutions progressives» : à savoir que chaque parcelle libérée était immédiate-ment plantée de pelouses et de prairies destinées dans un premier temps à matérialiser l’espace. L’objectif ici n’était donc pas de créer un parc défi-nitif, répondant à une vision arrêtée mais bien au contraire de concevoir un projet appelé à s’inscrire dans un temps long : 30 ans semblent en effet né-cessaires pour achever véritablement la mutation d’un territoire. Dès lors, le parc est apparu comme une sorte de «nature intermédiaire» qui accom-pagne les mutations et introduit progressivement de la qualité dans ce lieu appelé à accueillir les futurs quartiers, véritable enjeu de la requalifica-tion de ce territoire.

Un deuxième projet a été présenté : celui de Lyon Confluence pour lequel Michel Desvigne a été appelé en 1999. Il s’agissait cette fois de transfor-mer 150 ha entre le Rhône et la Saône. Dans un premier temps, une promenade provisoire très modeste de 2,5 km a été créée, dans le simple but de préfigurer un usage. Puis le choix a été fait non pas de réaliser un parc mais plutôt une série de

parcs destinés là encore à accompagner les mu-tations; avec une volonté à ce stade de s’adapter aux contraintes de terrain. Ainsi, le principe d’un port-parc a été retenu par exemple pour aménager les bords de Saône où il a été décidé de conserver les infrastructures présentes (estacades) sur les berges, soumises à une forte érosion et d’installer le parc plutôt à l’arrière, dans un quartier qui sera en partie construit.

le val de loire. isAbelle longuet, Directrice de la Mission Val de Loire Depuis le mois de septembre 2010, Isabelle Longuet remplace à la tête de la Mission Val de Loire, Dominique Tremblay, qui en a assuré la direction depuis sa création, et qui a cessé ses activités professionnelles en juin dernier. Isabelle Longuet était auparavant chargée du suivi de la Convention du patrimoine mondial (UNESCO) au ni-veau national, au sein du ministère de la culture et de la communication ; elle était également responsable de la Convention France-UNESCO pour le patrimoine, accord de partenariat destiné à mobiliser les sa-voir-faire français au service d’actions de sauvegarde et de valorisation du patrimoine architectural, urbain et paysager, dans d’autres pays du monde.

Depuis le 30 novembre 2000, le Val de Loire - une portion de 280 km de Loire moyenne - est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial au titre des paysages culturels. Pour animer et valoriser ce site, les deux régions Centre et Pays de la Loire ont créé une structure interrégionale, la Mission Val de Loire, présidée depuis le mois de juin, par Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire. Cette Mission s’est fixée pour objectif de promou-

Isabelle Longuet et Michel Desvigne

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voir et mettre en oeuvre un projet de développe-ment global et durable à l’échelle du site. Pour mener à bien ce projet, son rôle est à la fois de coordonner les actions existantes mais aussi d’être force de proposition, de fédérer et d’accompagner les acteurs de ce territoire. Le paysage ligérien a connu des mutations pro-fondes à travers l’histoire, sous l’effet des évolu-tions économiques, suite à l’abandon de la naviga-bilité et le repli sur les terres. Aujourd’hui, la Loire est un fleuve densément peuplé, riche en activités - on constate la présence d’un port environ tous les 3 km- et porteur d’une histoire et d’un patrimoine culturel exceptionnels. Comment préserver tout en valorisant ce site remarquable ? Concilier ses diffé-rentes fonctions - à la fois espace de loisirs, objet touristique, réserve de biodiversité et support de mémoire ? C’est là le principal enjeu auquel s’est attelé depuis dix ans la Mission Val de Loire.

www.valdeloire.org

le fleuve, lieu de création et d’animations

le festival normandie impressionniste, JérôMe cléMent, Commissaire général de Normandie Impressionniste. Personnalité du monde de la culture et des médias, également écrivain, Jérôme Clément a dirigé le Centre national de la cinématographie, puis la chaîne de télévision franco-allemande ARTE depuis sa création. Il est actuellement Président de la société de ventes publiques volontaires PIASA S.A. et Administrateur de plusieurs entreprises à caractère culturel comme le musée d’Orsay, l’Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son, la Femis, et préside le conseil d’administration du Théâtre du Châtelet.En France, deux fleuves ont joué un rôle décisif dans l’imagination collective : la Loire qui a connu aux XVe/XVIe siècles une effervescence poétique toute particulière, autour de Ronsard, Du Bellay puis au XIXe siècle a marqué l’oeuvre de Balzac, ou encore au XXe siècle celle d’Hervé Bazin ou de Julien Gracq. Et la Seine, très présente dans la littérature du XIXe siècle avec Flaubert et Maupas-sant mais également dans l’oeuvre des peintres à

travers le courant impressionniste. En 2013, aura donc lieu la deuxième édition du festival Normandie Impressionniste autour cette fois du thème de l’eau et de ses reflets. Plus de 600 projets ont d’ores et déjà proposés couvrant les deux Normandie et au-delà de l’Impressionnisme, de nombreuses autres formes artistiques comme la photographie, la musique ou le cinéma. Un festival qui comme la précédente édition, s’apprête donc à mobiliser de nombreux acteurs et un très large public.

www.normandie-impressionniste.org

l’impressionnisme au fil de la seine. JeAn-frAnçois derquer, Directeur d’Eure Tourisme. En début de carrière pro-fessionnelle, il est pendant 15 ans, travailleur social en France et en Afrique de l’Ouest. Il mène ensuite une action dans une Organisation Non Gouvernementale d’Aide au Développement française. Depuis plus de 15 ans il travaille dans le tourisme après un Master en Développement Territorial. Dans ce secteur, il est Directeur de l’Office de Tourisme de Lisieux et du Pays d’Auge (1995-2002), Directeur du Comité Dépar-temental du Tourisme de la Meuse, Directeur d’Eure Tourisme depuis octobre 2011. Auteur du nouveau Plan d’actions pour le développement de l’écono-mie touristique du Département de l’Eure qui porte le nouveau positionnement touristique territorial en particulier en mettant en valeur les ressources autour de l’eau (Seine/Eure/eau).

Au-delà de l’image trop souvent véhiculée de fleuve industriel, la Seine recèle en réalité de nom-breuses richesses patrimoniales et paysagères (les falaises notamment) qui restent encore largement méconnues. En coordination avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Eure, Eure Tourisme et Eure Expansion ont reçu ainsi mission d’établir un projet de développement touristique le long de la Seine. Un premier constat a permis de montrer qu’il existait déjà une offre touristique abondante mais qui manquait de fil conducteur. Trois horizons de travail ont donc été définis. Le premier visait à rattacher l’Eure, souvent vécue comme une exten-sion de l’Ile de France, davantage à la Normandie, le second à réfléchir sur la thématique de l’Impres-sionnisme dont on connait la résonance internatio-nale, le troisième enfin à utiliser la ressource eau comme élément de promotion touristique. Différentes actions ont ainsi été lancées, parmi lesquelles, la création de la serre zoologique Biotropica à Poses ou le projet de déploiement de « L’Impressionnisme au fil de la Seine » en coopé-ration avec les Départements concernés. Il s’agit de montrer comment l’axe Seine a servi de fil conducteur aux artistes avec une mise en perspec-tive des mutations observées dans les modes de vie, les moyens de transport,… Sur ce parcours, des prestations ont été développées jusqu’à l’es-tuaire (Auvers, Giverny, Rouen,…). Des opérateurs assurent des visites (Croisières, visites guidées Impressionnistes, Vélo Routes Voies Vertes le

Jérôme Clément et Jean-François Derquer

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long de la Seine, …) ou des services (les Escales, les guinguettes, …). Un film en 25 épisodes sur l’Impressionnisme, destiné aux chaînes nationales a même été tourné par une société audiovisuelle de Bernay, «Néo-Digital». Enfin, l’ouverture d’une Maison du Tourisme Normandie Giverny doit permettre d’exploiter les retombées de la fréquen-tation touristique de Giverny et de son nouveau musée.

www.eure-tourisme.fr

le futur musée de la seine normande à caudebec-en-caux. dAniel delAune, Vice-Président de la Communauté de communes Caux Vallée de Seine (CVS) et gilles cArpentier, Directeur du pôle tourisme et loisirs de la Commu-nauté de communes Caux Vallée de Seine (CVS) . Daniel Delaune est élu depuis 1989. Il a été en 2001 Vice-Président de la Communauté de communes de Port Jérôme, en charge des enseignements artis-tiques du territoire, et depuis 2008 Vice-Président de la Communauté de communes Caux Vallée de Seine. Professeur de sciences naturelles à la retraite, il est très attaché à l’histoire de son territoire dont il a connu les évolutions marquantes telles que la disparition du mascaret ou la construction des ponts. Il est d’autant plus sensible à la question de l’aménagement du fleuve qu’il a, par sa formation initiale, une approche pluridisciplinaire de la Basse-Seine dans ses aspects tant culturels, que naturels et de développement.

Le musée de la marine de Seine passe le relais à un nouvel équipement : Muséoseine dont l’ouver-ture est prévue pour 2014. Ce projet s’est fixé pour ambition, au-delà de la présentation d’une riche collection d’objets liés à la Basse-Seine, de racon-ter avant tout l’histoire des gens du fleuve, d’hier à aujourd’hui et à travers l’évocation des paysages de la vallée. Car loin d’être figé sur le passé, le Mu-séoseine souhaite au contraire s’ancrer et s’ouvrir sur son territoire, celui de la Seine normande.

L’établissement, qui reproduira la forme d’un méandre sera ainsi largement tourné vers le fleuve. On y évoquera différents thèmes, dont l’histoire gallo-romaine autour de Lillebonne, les Abbayes, le pilotage en Seine et le mascaret, la croissance industrielle avec les chantiers du Trait, Port-Jérôme etc. Une politique d’animations sera également mise en place, dans le but notamment de développer les installations « hors les murs », sur les sites emblématiques du territoire et en pro-longement de la visite du musée. Enfin, d’autres évènements sont projetés tels par exemple l’orga-nisation de régates, créant ainsi un lien direct entre le musée et le fleuve.

www.cauxseine.fr

le potentiel touristique de la vallée de la seine.vincent peilleron, Cabinet Bande à part. Vincent Peilleron est directeur associé de l’Agence Bande à Part. Autodidacte, il a commencé par travailler au sein de radios privées avant de se tourner vers la publicité et d’intégrer l’agence Providence en tant que concepteur rédacteur. Il devient ensuite directeur de création de l’agence Amazonie puis décide d’exercer en indépendant pour de nombreuses agences et clients en direct. En 2004, afin d’accompagner le développement de ses clients, il crée Bande à Part, agence conseil spécialisée en marketing touristique et territorial. L’agence compte déjà de nombreuses expériences de travail aux côtés de l’Agence de développement touristique du Puy-de-Dôme, Calvados Tourisme, le Comité Régional de développement touristique d’Auvergne, les Conseils Généraux des Hautes-Alpes, du Lot, de la Nièvre, la Route des vins de Provence, ou encore Vulcania. L’équipe est spécialisée dans la définition d’identités touristiques (positionnements et codes de marque), dans la production de contenus (sites Internet, news-letters, magazines, brochures, films, radios) et dans l’animation de l’offre par des opérations marketing. Vincent Peilleron est actuellement missionné pour définir le positionnement touristique du Département de Seine-Maritime et sa déclinaison par destination. À ce titre, il a analysé le potentiel touristique de la Vallée de la Seine.

Le territoire de la Seine-Maritime a tout pour être une destination touristique en phase avec les nouvelles attentes des clientèles : un patrimoine exceptionnel, des activités de pleine nature variées et accessibles, un terroir savoureux... Pourtant, malgré ces atouts et le travail de structuration et d’animation déjà entrepris, il reste encore de nombreux défis à relever pour que ce territoire exprime tout son potentiel touristique. A partir d’un diagnostic préalable, trois enjeux ont ainsi été identifiés pour la Seine-Maritime. Le premier est un enjeu d’aménagement et s’interroge sur la façon de faire cohabiter des usages très différents. Le second concerne plutôt l’hébergement : com-ment mieux accueillir les visiteurs, proposer une offre d’hébergement adaptée et qui s’inscrive dans l’identité du territoire? (On pense par exemple à la

Daniel Delaune et Gilles Carpentier

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création de la marque «Nattitude» en Auvergne). Enfin, dernier enjeu : comment mieux animer ? Le manque d’animations a en effet été souligné dans l’enquête menée comme principal point d’insatis-faction des habitants. En réalité il semble davan-tage lié à un manque d’information qu’à une in-suffisance réelle de l’offre. L’objectif de cette étude et de cette démarche sera donc de créer pour la Seine-Maritime une marque touristique bien identifiable par la clientèle, déclinée en supports, outils de communication mais également porteuse d’imaginaire, d’histoires et qui contribuera ensuite au rayonnement de ce territoire.

www.bandeapart.fr

le projet urbain en bord de fleuve. frédéric sAnchez, Président de la Communauté d’Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe (CREA)

Depuis quelques années, la Communauté de l’Ag-glomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe (CREA) et la ville de Rouen mènent un vaste projet urbain sur 800 ha autour de la Seine, baptisé « Seine Cité ». Ce nouveau coeur de ville moderne efface peu à peu les traces d’un passé industriel tout en faisant resurgir une mémoire plus ancienne, à travers la restitution notamment d’espaces naturels. Son objectif est de positionner l’agglo-mération de Rouen comme centre de gravité de l’Axe Seine en tirant partie d’un site exceptionnel (les deux rives entourées de falaises et de collines boisées). Autour du pont Flaubert entré en service en 2008, l’installation d’ores et déjà de nouveaux équipements comme le Palais des Sports, le 106,

scène de musiques actuelles, le centre commercial Docks76, deux opérations d’envergure s’apprêtent à voir le jour prochainement : au nord, le quartier Luciline mixant logements et bureaux, et au sud, le futur éco-quartier Flaubert avec la création d’un parc écologique sur la presqu’île Rollet autrefois dédiée au charbon et appelée à devenir le poumon vert de la CREA.

réactions des grands témoins : jean-bosco bazié rappelle qu’en Afrique, l’équilibre ville-fleuve n’a pas encore été trouvé. La ville, source de rejets polluants, est ainsi davantage perçue comme un danger pour les fleuves alors que les populations rurales ont au contraire su conserver avec le fleuve perçu comme une ressource, un lien étroit. De son côté, serge demers confirme qu’à Rimouski, ce n’est que depuis 15-20 ans que les habitants se réapproprient le fleuve qui a longtemps servi de «poubelle». Traditionnellement, les habitations étaient d’ailleurs tournées vers la forêt et non vers le fleuve.

echanges avec la salle : la Seine n’est pas seu-lement un couloir, a-t-on fait remarquer. Elle est aussi composée d’affluents qui méritent également d’être inclus dans la réflexion. Autre observa-tion : le paradoxe de notre époque qui consiste à exprimer à la fois un besoin croissant de nature tout en vivant de plus en plus dans les villes nous invite à travailler sur la question d’un continuum ville-campagne. Enfin, il a été rappelé que les enjeux touristiques ne concernaient pas seulement les personnes extérieures au territoire mais au contraire en priorité les habitants eux-mêmes.

Serge Demers, Jean-Bosco Bazié et Frédéric Sanchez

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Attendu comme grand témoin, erik orsenna n’a malheureusement pas pu assurer l’intervention qu’il avait prévu à l’occasion de ces Assises des Fleuves mais à travers une lettre, a tenu à faire part de sa tristesse et de son inquiétude quant à la situation dramatique du Mali, pays dont il revient juste. La navigation vient en effet d’être interdite sur le Niger, coupant les populations riveraines de leur lien avec le fleuve. Erik Orsenna a ainsi rap-pelé à travers cette lettre à quel point ce pays qu’il connait bien, souffre et les menaces qui pèsent sur cette nation de haute culture. «Ces menaces nous concernent» a-t-il averti en invitant chacun à se mobiliser, avant de conclure par ces mots : «si ce verrou cède, je ne donne pas cher de l’âme de l’Afrique».

Economiste, écrivain et membre de l’Académie française, erik orsennA est l’auteur d’une dizaine de romans. Ancien conseillé culturel de François Mitterrand, le « grand reporter » Erik Orsenna revient depuis plusieurs années à la vulgarisation de l’écono-mie. Il entame en 2006 une série de «Petits précis de mondialisation». «Sur la route du papier», le troisième opus publié en 2012, est une balade historique, géo-politique et humaine sur la filière du papier. Erik Orsen-na a été membre de la commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali. Il anime depuis 2010 « Le Cercle du développement durable » créé par BNP Paribas. Il a également écrit le récit d’un voyage en Antarctique avec la célèbre navigatrice Isabelle Autissier. Il préside le Centre Inter-national de la Mer.

comment appréhender les évolutions possibles de ses usages au bénéfice du développement éco-nomique des territoires de la vallée de la seine, de paris à la mer ?

logistique, seine gateway®, enjeux et perspectives du corridor seine

yAnn Alix, Délégué général de la Fondation SEFACIL, logistique, portuaire, maritime. Depuis novembre 2010, le Dr. Yann Alix occupe le poste de Délégué Général de la Fondation SEFACIL, pôle mondial de recherche en prospective stratégique maritime, portuaire et logis-tique. Au cours des 4 dernières années, Yann Alix fut le directeur de l’IPER (Institut Portuaire d’Enseigne-ment et de Recherche). Il fut également professeur

invité au Transportation College de la Dalian Maritime University en Chine, à la Caribbean Maritime Institute (Kingston – Jamaïque) ainsi que chercheur associé pour le compte du groupe Logistel au Portugal. Yann Alix a collaboré avec la cellule de coopération inter-nationale du Port autonome du Havre sur plus de 40 projets de formation dans les secteurs logistique et portuaire en Afrique de l’Ouest et du Centre. Titulaire d’un PhD de Concordia University et d’un doctorat en géographie des transports de l’Université de Caen en France, Yann Alix a commencé sa carrière comme consultant pour Innovation maritime à Rimouski, me-nant des activités de recherches appliquées pour les autorités portuaires, les armements et les ministères du Québec et du Canada. Le professeur Alix a présen-té plus de 80 conférences internationales. Sa dernière production est un ouvrage collectif qu’il a initié et supervisé sur les Corridors de transport.

Le concept de Gateway («porte d’entrée») n’est pas nouveau mais a changé d’échelle. Nous sommes aujourd’hui dans un contexte de globalisation des échanges et de massification des flux. Le transport s’est «oligopolisé» avec quelques acteurs clés qui pèsent sur l’organisation des flux terrestres. Dès lors, la pérennisation d’une attractivité territoriale ne passe plus seulement par la construction d’in-frastructures. Le concept du Gateway en est une démonstration. Un Gateway, c’est une porte sur un corridor…le port comme pivot fort et structurant entre flux maritimes et flux terrestres. Ainsi, la plupart des grands ports revendiquent aujourd’hui le statut très convoité de porte d’entrée continentale… ! De fait, ce n’est qu’en atteignant une taille suffisante que les ports peuvent, par leur pouvoir de négo-ciation et d’impulsion, impliquer les acteurs locaux dans la structuration des corridors terrestres.

Le Gateway, c’est donc aussi un projet politique…une gouvernance articulée autour d’une ambition collective partagée au plus haut niveau de l’État; un programme cohérent sur le long terme pour un déploiement structurant d’infrastructures et de services. Plusieurs exemples en témoignent. Celui du Yang Tse et du port de Shanghai par lequel transite chaque année près d’un milliard de tonnes de marchandises. Celui aussi de l’Alameda Cor-ridor et le Twin Ports Gateway au sud de la Califor-nie. Dans un espace très contraint, les deux ports de Los-Angeles et Long Beach ont en effet engagé une réflexion dans les années 80 pour dévelop-per une stratégie commune qui leur permette de

quels usages du fleuve pour un développement économique durable ?

Mercredi 10 octobre 2012 9h00 – 11h00 Troisième table ronde :

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se positionner comme le Gateway du commerce en provenance de Chine. Dix ans ont ensuite été nécessaires pour voire naître l’un des plus impor-tants projets de transport de ces dernières années, sous l’égide de l’Alameda Corridor Transportation Authority : une ligne de fret express reliant sur 32 km le réseau ferroviaire national aux ports de Los-Angeles et Long-Beach, (divisant par deux les temps de transport vers Chicago notamment). Enfin, une analyse similaire a également été menée par le Canada il y a dix ans pour faire de la côte ouest du pays le point de passage obligé des marchandises en provenance de Chine vers les Etats-Unis. Alors que jusque là la plupart des infrastructures équipaient surtout la côte est, les Canadiens ont donc développé en quelques années une nouvelle vision stratégique portée par l’Etat (ministre de la Gateway de l’Ouest canadien) et centrée sur la valorisation des ports de la côte ouest. Exemple enfin du port de Rotterdam qui s’est fixé un objectif stratégique à l’horizon 2030 de devenir l’unique Gateway européen. En conclusion, il ne faut jamais perdre de vue que ce sont les forces du marché qui font et défont les Gateway et les corridors avec un poids déci-sionnel considérable des opérateurs privés (lignes régulières, opérateurs globaux de terminaux, prestataires logistiques, transitaires, etc.). D’où la nécessité d’inscrire dans les priorités nationales ce projet de Seine Gateway, qui est de nature à contribuer à la compétitivité et au redressement productif de la France. Ce projet doit passer par le décloisonnement des services de transport et l’in-novation commerciale avec HAROPA comme chef d’orchestre à l’écoute des besoins logistiques des investisseurs industriels. Il nécessitera de mettre

en place une gouvernance d’envergure ministé-rielle avec l’implication très étroite des représenta-tions professionnelles dans une vision stratégique à moyen/long termes.

www.sefacil.com

Juliette duszynski, Juliette Duszynski est actuellement chef de projets Economie à l’Agence d’urbanisme de la région du Havre et de l’Estuaire de la Seine, en charge des sujets économiques, logistiques et portuaires. Depuis 2010, elle apporte sa vision économique et spatiale au projet «Grand Paris - Vallée de Seine», notamment en portant une approche de Gateway comme stratégie de développement territorial et économique pour la vallée de Seine («Seine Gateway»). Titulaire d’une maitrise de géographie (Université des Sciences et Technologies de Lille 1) complétée par une formation d’urbaniste (DESS «Ville et Projets» à l’Institut d’amé-nagement et d’urbanisme de Lille), Juliette Duszynski a d’abord travaillé au sein de l’équipe développement économique de l’Agence de Développement et d’Urbanisme de Lille Métropole (2000-2001) sur le processus de métropolisation et les dossiers liés à l’économie dans les documents de planification. Elle a ensuite rejoint un bureau d’études lillois avant de poursuivre en 2002 son parcours professionnel au Havre, à l’AURH. Ses 10 ans d’expérience à l’AURH lui ont permis de conforter sa connaissance des sujets économiques (ex : zones d’activités, logistique, mar-ché immobilier, emploi,…) dans différentes échelles d’analyse territoriale (et dans différentes échelles de temporalité). Juliette Duszynski a développé une expertise sur les dimensions portuaires, maritimes et logistiques, qu’elle met depuis quelques mois en

Serge Demers, Jean-Bosco Bazié, Gilbert Marsac, Christian Feuvre, Christian Hérail, Walter Schoch, Philippe Deiss, Juliette Duszynski, Marina Labeylie et Yann Alix

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pratique dans un projet européen INTERREG IV B - Europe du Nord-Ouest. Seine Gateway®.

Les ensembles formés par les ports, leurs hinter-lands et leurs foreland fonctionnent comme des circuits de flux massifiés, interdépendants et mis en relation par des systèmes d’intelligence parta-gés. C’est ce que l’on appelle un Gateway. Dans une approche plus complète, le rôle du Gateway dépasse largement les composantes portuaires, les infrastructures de transport et les activités logis-tiques. Au-delà de sa fonction de passerelle, il met le développement au service de l’aménagement d’un territoire et joue un rôle de moteur en fédé-rant, animant et stimulant la dynamique écono-mique, sociétale et environnementale autour d’une ambition territoriale.

L’exemple du Thames Gateway, désigné priorité nationale et porté par le Grand Londres, les ré-gions du Kent de l’Essex dans le but de revitaliser l’est de Londres et l’estuaire de la Tamise, est inté-ressant car il présente de nombreuses similitudes avec le projet développé autour de la Seine. De la même façon en effet, la vallée de la Seine possède tous les éléments constitutifs d’un Gateway. D’un côté un grand bassin de production qu’est la vallée de la Seine, de l’autre, un bassin de consommation, la Région parisienne, avec Paris ville-monde, le débouché maritime offert par Le Havre et Rouen, (l’estuaire de la Seine) et le littoral normand, occupant une position stratégique à l’Ouest de l’Europe. Ce futur Gateway reposant d’une part, sur une unité de territoire, conférée par la Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN), indispensable pour une desserte efficace du fret et d’autre part, sur un socle industriel intéressant, composé de filières emblématiques comme l’aé-ronautique, l’automobile, la chimie/pétrochimie, l’énergie et l’agroalimentaire dont certaines sont même en mesure de tirer l’économie nationale ou d’être des leviers forts en matière d’innovation. Voilà donc tous les ingrédients d’une véritable «machine de guerre économique» qu’un projet de Gateway pourrait rendre visible à l’international. Par ailleurs, ce serait aussi pour la Normandie l’occasion de saisir l’opportunité de s’inscrire dans le projet européen Weastflows (INTERREG IV B – Europe du Nord-Ouest) qui vise à fluidifier le passage des marchandises dans cette région du Nord-Ouest de l’Europe et à identifier de nouveaux itinéraires. Inscrite dans le schéma fret européen, la Normandie pourrait se mettre ainsi dans une po-sition pivot en se connectant aux grands corridors de transports européens. Seine Gateway® apparait comme la pièce centrale de ce réseau en cours de création et ferait le lien avec le Thames Gateway.

www.aurh.asso.frwww.weastflows.euwww.aurhinweastflows.com

philippe deiss, Président du Directoire et Directeur général du Grand Port Maritime de Rouen, Président du GIE HAROPA.

Début 2012, les Grands Ports Maritimes du Havre et de Rouen et les Ports de Paris ont décidé de mettre en place une structure commune, le GIE HAROPA. Cette structure répond au besoin de regrouper les forces et de se positionner dans la bataille des ports mondiaux. La création de ce GIE était en soi un défi pour réunir des ports dont l’his-toire et les enjeux industriels sont loin d’être iden-tiques, obtenir le soutien des différents acteurs, économiques, associatifs, collectivités, et trouver les moyens de travailler ensemble. Les retombées sont néanmoins majeures en propulsant brutale-ment les ports normands et parisiens au 4ème rang dans la hiérarchie des grands ports européens, dotant ainsi la France d’une façade maritime de dimension internationale. Ainsi, HAROPA c’est désormais 160 000 emplois directs et indirects, l’intégration de toute la chaine logistique avec une desserte compétitive de l’hinterland et un potentiel de développement économique considérable pour ces territoires du Nord-Ouest de la France.

www.rouen.port.fr

gilbert MArsAc, Vice-Président de la Communauté d’Agglomération de Cergy-Pontoise ; Créée en novembre 2011, l’associa-tion «Confluence Seine Oise» regroupe la Commu-nauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, la Commu-nauté d’agglomération des 2 Rives de Seine, Poissy, Achères, Conflans-Sainte-Honorine et Maurecourt.

Quatrième pôle de l’Axe Seine avec un bassin de 375 000 habitants, 150 000 emplois et le pôle uni-versitaire de Cergy, la Confluence Seine-Oise dé-veloppe aujourd’hui un projet territorial ambitieux dont la plate-forme multimodale Seine-Métropole, futur Grand port de Paris est la clé de voûte. Ter-ritoire stratégique, à l’articulation du Grand Paris et de la vallée de la Seine, la Confluence construit son identité sur sa vocation fluviale, autour de Conflans-Sainte-Honorine, capitale de la batellerie. Sa position charnière entre la Seine, l’Oise, et le

Philippe Deiss et Juliette Duszynski,

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futur canal Seine-Nord qui potentiellement pour-rait tripler les échanges avec le Nord de l’Europe, permet de porter une double ambition : à la fois faire de la Confluence un pôle de rayonnement, et non une seule zone de transit. Avec au centre, le projet du Grand port de Paris : 420 ha répartis sur 4 communes, 3 à 5 000 emplois directs, 25 000 emplois induits, une activité économique qui pour-rait se développer autour de l’éco-construction. Mais également, deuxième ambition, engager un rapprochement avec les pôles normands afin de soutenir la compétitivité des filières portuaires et logistiques françaises. Avec la promotion du transport fluvial, en lien avec les enjeux de développement durable, le territoire de la Confluence, situé aux portes de la capitale, a à l’évidence une carte à jouer. Des investissements lourds seront certes nécessaires pour permettre à ce territoire d’exprimer tout son potentiel écono-mique(raccordement de la Nationale 104, Ligne Nouvelle Paris Normandie, Canal Seine Nord) investissements qui ne pourront être pris en charge par les seuls fonds publics et nécessiteront la mobilisation des acteurs du marché. Après avoir fait l’objet d’un arbitrage, dans le cadre du Grand Paris .

WAlter schoch, Président de Logistique Seine Normandie (LSN) et Directeur Général de l’entreprise EUROPORTS France. Walter Schoch dirige depuis 2004 l’entreprise EUROPORTS France, implantée sur la zone portuaire de Rouen. Un des leaders français de la manutention portuaire et de la commission de transport, cette so-ciété s’est spécialisée dans le traitement des importa-tions par voie maritime et fluvial de produits forestiers. Doté d’une très forte expertise en gestion et manage-ment d’entreprises dans le domaine de la logistique, il a pu préalablement mettre à profit son savoir-faire notamment au sein de l’entreprise SEA INVEST en tant que Directeur des sites logistiques ou encore de EUROPA DISCOUNT (groupe Carrefour) en tant que Responsable des exploitations. Walter Schoch aime relever les défis. C’est pourquoi il accepte en 2008 de présider aux destinées de Logistique Seine-Nor-mandie. Cette association professionnelle regroupe aujourd’hui 150 adhérents et est l’une des principales filières d’excellence régionale, véritable support de la compétitivité des acteurs et du territoire.

Le transport de marchandises par voie fluviale est une composante essentielle du développement de nos territoires et de nos ports mais demeure dépendant de l’augmentation des trafics portuaires maritimes. Il nécessite entre autres, de la massifi-cation (des bateaux plus grands et mieux chargés), des infrastructures performantes (écluses, ponts mobiles...), des terminaux adaptés et bien situés (ex : électrification, aménagements frigo...) et bien entendu des chargeurs localisés de manière pri-vilégiée en bord de voie d’eau (moins de rupture de charges). Mais pour permettre au mode fluvial d’être plus compétitif et de se développer dans un environnement propice, la question de l’attractivité

du territoire et donc du marketing territorial fait partie des sujets à traiter en priorité. Comment pouvons-nous collectivement mieux promouvoir nos forces, nos services ? Comment pouvons-nous agir ensemble pour que nos contraintes de-viennent nos atouts et pour que nous puissions sereinement envisager le développement des activités économiques dans le respect de l’environ-nement ? La prise de conscience et une volonté collective doivent permettre de proposer rapidement des esquisses de solutions ou d’encourager des prises de décision sur des thématiques essentielles telles que, les disponibilités foncières (adaptées aux besoins et attentes des entreprises), les aménage-ments fluviaux au sein des ports (et notamment le GPMH), la réglementation (environnementale notamment), le coût des charges sociales, le ré-seau navigable (tirants d’eau/d’air, dimensions des écluses) ainsi que les conditions d’accès au réseau fluvial (péages et droit de port, temps de parcours, disponibilité).

Le modèle de Gateway a prouvé son efficacité ailleurs dans le monde et doit être développé de façon urgente en France. Mais la vraie question aujourd’hui, s’agissant de l’Axe Seine, est celle de la gouvernance. Pour faire aboutir le projet, il faut qu’un acteur émerge rapidement, s’impose pour piloter le dossier et le mener dans la durée. La naissance d’ HAROPA est déjà une première étape qui a fait beaucoup de bruit en Europe en plaçant cet ensemble portuaire au 4ème rang européen. Pour faire venir les investisseurs, il est indispen-sable de proposer des projets attractifs. Et de notre capacité à appréhender efficacement ces éléments dépendra notre développement...

www.logistique-seine-normandie.com

christiAn feuvre, Directeur délégué aux transports terrestres et au passage de la marchandise du Grand Port Maritime du Havre. Christian Feuvre qui a travaillé dans le domaine du transport ferroviaire de marchandises est au-jourd’hui Directeur délégué aux transports terrestres et au passage de la marchandise du Grand Port Mari-time du Havre.

Aujourd’hui le fluvial se porte plutôt bien sur l’Axe Seine : + 10% de croissance par an depuis une dizaine d’années. Néanmoins, les chiffres montrent qu’une bonne partie du trafic échappe encore à cet axe (concurrence des ports du Nord combinés à la route). Ainsi, si nous voulons demain augmenter notre part de marché et maintenir la croissance du fluvial, il va falloir être capable de faire bouger les lignes en travaillant sur toute la chaîne logis-tique, de sorte que celle-ci réponde réellement aux besoins des opérateurs. Sur ce point, l’idée est donc de travailler en direct avec ces derniers pour comprendre où sont leurs attentes, et voir quelles améliorations concrètes il est possible d’apporter. Pendant longtemps, les ports ont raisonné princi-

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palement en termes d’infrastructures. Ces aména-gements sont bien sûr toujours nécessaires mais nécessitent de mobiliser des fonds qui ne sont pas toujours au rendez-vous. En revanche, sans moyens importants, il est possible d’apporter une vraie valeur ajoutée en travaillant sur la qualité des services. L’approche est nouvelle pour les ports mais nécessaire pour que le mode fluvial gagne en attractivité. Par exemple, on peut imaginer alléger les opérations administratives de façon à réduire au maximum le laps de temps qui s’écoule entre le moment où les navires arrivent à quai et celui où les conteneurs sont déchargés, mettre en place des logiques de contrat unique pour faciliter les passerelles entre les différents modes de transport, ou encore faciliter l’échange d’informations entre les acteurs de la chaîne fluviale (chargeur, logisti-cien, commissionnaire, transporteur) afin de mieux anticiper l’organisation du travail, améliorer la traçabilité et favoriser la dématérialisation.Aujourd’hui, la route représente 85% de parts de marché. Demain, on peut imaginer faire tomber celle-ci à 75% si l’on sait être réactif et suffisam-ment attractif pour faire venir les investisseurs.

www.havre-port.fr

MArinA lAbeylie, Chef développement voie d’eau de Voies Navigables de France Boucles de la Seine (VNF). Responsable de l’Agence Développement Boucles de la Seine de VNF depuis mars 2006, Marina Labeylie assure la promotion du transport fluvial et mène des actions de lobbying auprès des ports maritimes et fluviaux, des chambres de commerce et d’industrie, des collec-

tivités territoriales, des EPCI et des institutionnels portuaires. Elle exerce par ailleurs des missions de prospection commerciale et d’assistance auprès des chargeurs, mène des études prospectives d’aménage-ment et de développement de filières et gère le Plan d’aides à la modernisation.

En tant que gestionnaire des infrastructures, Voie Navigable de France (VNF) a pour principale mission de fournir un réseau de transport fiable adapté aux besoins de ses clients. Mais parallèle-ment, VNF assure également la promotion et le dé-veloppement de la voie d’eau à travers différentes actions. Ainsi, en apportant par exemple conseil et assistance aux chargeurs qui souhaitent étudier un report modal de leurs flux vers la voie d’eau, en accompagnant des porteurs de projets publics ou privés dans le cadre du développement d’activités touristiques liées à la voie d’eau, en informant et en sensibilisant les acteurs de la chaîne logistique à l’utilisation de la voie d’eau ou encore en faisant valoir auprès des acteurs institutionnels les atouts du transport fluvial. Un écocalculateur libre d’accès a par ailleurs été mis en place sur www.vnf.fr rappelant les liens entre fluvial et développement durable.

Fort de ces différentes missions, VNF est donc un partenaire naturel des projets liés à l’Axe Seine, aux côtés des grands ports maritimes et fluviaux (GPMH, GPMR, PDP). Près de la moitié du trafic fluvial français passe aujourd’hui par la Seine, soit plus de 23 millions de tonnes transportées (+ 3% par rapport à 2010). En l’état actuel, les infrastructures entre Paris et Le Havre pourraient absorber un quadruplement

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de ce trafic, sachant qu’un seul convoi poussé de 5 000 tonnes est l’équivalent de 220 camions ou de 4 trains complets.La qualité du service apporté aux usagers et les efforts pour fluidifier la chaine logistique sont aujourd’hui des priorités si l’on souhaite que le transport fluvial se développe. La généralisation de systèmes comme l’AIS Automatic Identification System, système d’identification des bateaux et de transmission de données, peut par exemple y contribuer.

www.vnf.fr

christiAn herAil, Président de la CCI de Rouen, Réseau des chambres de commerce et d’industrie d’Ile-de-France et de Normandie

Paris Seine Normandie® ambitionne de doter l’ag-glomération parisienne d’une façade maritime as-sociant la Haute et la Basse Normandie. Ce projet d’envergure pour le développement économique de l’Ile-de-France, de la Normandie et, au-delà, du territoire national a été initié en 2009 sous l’appel-lation Axe Seine. Face à ces enjeux, les Chambres de Commerce et d’Industrie de l’ensemble de ce territoire qui représente aujourd’hui 730 000 entre-prises (les CCI de la vallée de la Seine – de Paris, de Versailles Val-d’Oise / Yvelines, du Havre, de Rouen, de Caen et de l’Eure, les CCI régionales de Basse- Normandie, Haute-Normandie et de Paris Ile-de-France) n’ont pas hésité en effet à s’asso-cier et à se mobiliser. Leur objectif : faire de Paris Seine Normandie® la marque internationale d’un territoire d’excellence. Pour faire venir les inves-tisseurs, il est indispensable en effet de porter des projets clairs et attractifs. Ce territoire a toutes les capacités de mener à bien un tel projet, et dispose de nombreux atouts : la présence d’un bassin comme l’Ile de France, l’ouverture au monde avec les deux ports du Havre et de Rouen etc. Depuis deux ans, les CCI ont donc travaillé sur un plan d’actions destiné à valoriser les cinq filières d’excellence de l’Axe Seine que sont l’énergie, la valorisation des déchets, la mobilité, le tourisme, l’aéronautique et l’aérospatiale. C’est dans l’inno-vation, la formation, la promotion à l’international que se trouvent les clés de la réussite de ce projet. En impulsant des actions et à travers la mise en réseau des entreprises, les CCI y participent active-ment. En novembre 2011 et septembre 2012, elles ont également organisé les rencontres des acteurs économiques de Paris Seine Normandie® afin de mettre en valeur les témoignages de chefs d’entre-prises et d’acteurs des filières déjà mobilisés sur ce territoire.

www.paris-seine-normandie.fr

réactions des grands témoins : serge demers : pour aboutir, un projet de cette envergure exige quatre conditions : une vision commune, une dé-marche de concertation pour impliquer les acteurs,

des partenariats pour apporter les financements et enfin un porteur de projet qui prenne en mains le plan d’actions. jean-bosco bazié : les préoccupa-tions de l’Axe Seine restent très éloignées de celles du Niger par exemple où les enjeux principaux aujourd’hui sont la paix et l’accès à l’eau potable.

l’économie plurielle de la vallée fluviale

le développement économique par le fleuve, la réindustrialisation et le trafic de vracs. philippe deiss, Président du Directoire et Directeur général du Grand Port Maritime de Rouen, Président du GIE HAROPA.

L’horizon que nous devons maintenant nous fixer est 2030 pour structurer les filières qui font la richesse de cette vallée de la Seine : l’agroalimen-taire avec Rouen comme 1er port céréalier euro-péen, les conteneurs (HAROPA 1er port français), le BTP, l’industrie du recyclage, la logistique et la distribution, l’énergie et la pétrochimie, les véhi-cules automobiles, enfin, moins connues mais très intéressantes, les colis exceptionnels et le trans-port des passagers.

le maintien de l’agriculture en vallée de la seine,frAnçois fihue, Président de la Chambre d’agriculture de la Seine-Ma-ritime. François Fihue agriculteur à Osmoy St Valéry, Président de la Chambre d’agriculture 76 depuis 1999 et vice-président de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie, membre de la commission «agricul-ture» du Conseil économique et social de Haute-Nor-mandie.

La vallée de la Seine présente une agriculture diversifiée tant sur les types de production que sur les modes de commercialisation (polyculture-éle-vage lait et viande, arboriculture, transformation fermière ...). Par cette activité de production, les exploitants agricoles contribuent à la valorisation économique et à la gestion de ce territoire soumis à de multiples enjeux. Or depuis quelques années, l’emprise foncière croissante, les mesures com-pensatoires imposées dans le cadre du développe-ment de projets économiques ont tendance à faire de l’agriculture la variable d’ajustement. Il est donc temps aujourd’hui que ce secteur économique sur lequel repose tout un pan d’activités secondaires et tertiaires s’impose de nouveau dans le débat avec pour principal enjeu, la préservation de notre potentiel économique agricole.

www.seine-maritime.chambagri.fr

le développement du tourisme sur la seine. véronique vergès, responsable du tourisme, des territoires et des ser-vices aux usagers à la direction du développement, Voies navigables de France (VNF) Urbaniste, en poste au siège des Voies Navigables de France (VNF) depuis 4 ans, en tant que responsable du tourisme, des

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territoires et des services aux usagers à la direction du développement, elle a déroulé sa carrière entre entreprises privées du type SEM (société d’économie mixte), association et au sein d’organismes publics, de collectivités territoriales, principalement en maîtrise d’ouvrage et plus rarement en maîtrise d’oeuvre. Une spécialisation sur le développement des territoires fluviaux et du rapport villes-ports, notamment aux Pays-Bas et en France, à l’occasion d’une période de 6 ans passée au laboratoire de recherches du LATTS (laboratoire technique, territoires et société), lui a per-mis d’acquérir une dimension de développement et planification stratégique des territoires «mouillés».

En 2011, 34 paquebots fluviaux circulaient en France dont 9 sur l’Axe Seine. Avec une grande diversité de paysages traversés (paysages naturels mais aussi industriels), une connexion au réseau européen, l’Axe Seine possède de réels atouts mais manque de visibilité. D’où la nécessité de créer «une marque» qui devra identifier cet itiné-raire, à l’instar de ce qui a été fait par exemple sur le Rhône, itinéraire qui pourra ensuite être proposé aux acteurs du tourisme fluvial. Deux segments méritent notamment une attention particulière : celui des paquebots fluviaux avec des croisières de 5 à 6 jours et celui des bateaux-promenades. Plusieurs pistes de travail pourraient ainsi être explorées, dans le cadre d’une véritable démarche d’innovation en matière de tourisme : la création d’escales estampillées et disponibles avec pos-sibilité de réservation très en amont, le dévelop-pement de produits touristiques diversifiés, d’un système de guichet unique et d’un comité des croi-sières (avec l’ensemble des acteurs qui participent à l’organisation de la croisière), la mise en cohé-rence des itinéraires terrestres et fluviaux contri-

buant au développement d’un tourisme « fluvestre » à forte valeur ajoutée etc. Dès lors, l’objectif ne serait plus simplement de répondre à la demande des croisiéristes mais de «vendre» véritablement le territoire avec en perspective évidemment des retombées économiques importantes (1 bateau = 1,1 million € de retombées primaires et au moins le double en retombées secondaires par an) qu’il serait nécessaire de partager équitablement entre les différents acteurs impliqués : territoires, opéra-teurs et gestionnaires d’escales.

www.vnf.fr

didier perAltA, Vice-Président en charge du tourisme de la Commu-nauté de communes Caux Vallée de Seine (CVS) Maire de la commune de Gruchet-le-Valasse depuis 2001, Didier Peralta est Vice-Président de la Communauté de Communes Caux Vallée de Seine depuis 2008, en charge du pôle Tourisme, qualité de Vie & Loisirs. Siégeant aux conseils d’administration de la Fédéra-tion des Pays d’Accueil Touristiques de Normandie, du Comité Départemental du Tourisme de Seine-Ma-ritime et de l’Union Départementale des Offices de Tourisme de Seine-Maritime, il contribue parallèlement aux travaux et réflexions développés dans le cadre de l’association Tourisme Seine Estuaire.

Dans un territoire marqué fortement par l’em-preinte industrielle, la communauté de communes Caux Vallée de Seine a relevé le défi d’une diversi-fication de ses activités économiques. Ainsi, depuis quelques années, le développement du tourisme contribue à changer l’image de ce territoire avec deux grands axes retenus : au Nord, l’émergence

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d’un tourisme vert autour de l’Abbaye du Valasse, au sud, la valorisation de la Seine dont témoignent trois opérations menées récemment à Caudebec-en-Caux par la communauté de communes : la rénovation d’un ponton et la réhabilitation du bac n°10 à usage de ponton, le lancement d’une étude marketing pour la mise en service d’un bateau-pro-menade qui répond aujourd’hui à une vraie demande et la réhabilitation engagée du musée de la marine de Seine en Muséoseine ouvert sur le fleuve.

www.cauxseine.fr

réactions des grands témoins : jean-bosco bazié a insisté sur l’importance de décloisonner les acti-vités: par exemple entre tourisme et agriculture... De la même façon, il existe pour serge demers des passerelles dans cette économie plurielle qu’il faut prendre en considération: entre agriculture et environnement, tourisme et industrie etc.

Aujourd’hui, pour garantir le meilleur équilibre entre préservation des écosystèmes aquatiques, satisfaction des usages et protection contre les inondations, la gestion intégrée de l’eau sur un fleuve nécessite une concertation, une organi-sation de l’ensemble des acteurs, ainsi qu’une coordination de leurs différentes actions d’aména-gement et de gestion.

le grand cycle de l’eau appliqué à la seine. Michèle rousseAu, Directrice général de l’Agence de l’Eau Seine-Norman-die

L’Agence de l’eau Seine Normandie, établissement public de l’Etat, au travers de son programme d’intervention financière, contribue à la mise en oeuvre de la politique en faveur de la qualité de l’eau. Pendant longtemps son domaine d’interven-tion a concerné davantage le petit cycle de l’eau à travers notamment les aides aux travaux d’assai-nissement, la gestion de l’eau potable et des eaux pluviales. Mais de plus en plus, il se déplace vers le grand cycle de l’eau qui lui, porte sur la gestion des eaux brutes et des milieux naturels, la préven-tion des risques et prend en compte les enjeux lit-toraux et maritimes. Aujourd’hui, l’atteinte du bon état des eaux, les nouvelles orientations nationales motivées notamment par des évènements d’inon-dation récurrents, parfois dramatiques, imposent désormais une logique de résultats pour la gestion

du cycle de l’eau, des milieux aquatiques et pour la sécurité des populations.Toutefois, contrairement au «petit cycle», il n’y a pas de maitres d’ouvrages organisés pour assurer la mise en oeuvre de l’ensemble de ces missions, qui dépassent souvent les limites administratives habituelles, ni de financement adapté. En effet, la plupart de ces missions répondent à des compétences nouvelles qui n’existaient pas il y a trente ans. Il est donc indispensable qu’un opérateur territorial soit mis en place pour gérer les enjeux fluviaux et estuariens sur l’aval du fleuve (il en existe déjà un à l’amont) et assurer la maitrise d’oeuvre d’études et de travaux de projets interdépartementaux et interrégionaux. Les actions et travaux à l’échelle départementale et infra sur ce territoire étant tou-jours réalisés par les maîtres d’ouvrages locaux. Cette organisation permettrait de garantir à terme la cohérence de l’action publique et la solidarité du territoire de l’eau et des hommes, à la bonne échelle, au regard des pressions multiples qui l’af-fectent. Son périmètre, centré sur l’Axe Seine, sera à préciser en fonction des enjeux et des parties prenantes.

En réalité, il n’existe pas de frontière entre le petit et le grand cycle de l’eau. Tous deux participent d’une même politique de préservation d’un envi-ronnement, enjeu qui doit être pris en considéra-tion le plus en amont possible, pour permettre en-

le fleuve, un équilibre entre risques et patrimoine naturel

Mercredi 10 octobre 2012 14h00 – 16h30 Quatrième table ronde :

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suite aux activités économiques et touristiques de se développer sereinement. Ainsi, dans le contexte spécifique de l’Axe Seine, il semble difficile de parler d’attractivité et de compétitivité du territoire, sans envisager au préalable le risque inondation ou travailler à la qualité de l’eau, des paysages et des milieux aquatiques. L’Agence de l’eau Seine Normandie peut contribuer au financement d’une grande partie de ces enjeux.

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l’aménagement des berges et la gestion du risque inondation. JeAn-pierre gAutier, Directeur général du Syndicat Mixte d’Aménagement des Digues du Rhône et de la Mer (SYMADREM) Jean-Pierre Gautier, Administrateur territorial hors classe, maîtrise de Sciences économique, débute sa carrière administrative en 1981 comme chargé d’études au Syndicat Mixte des pays du Verdon sur les questions d’aménagement du territoire dans le Haut Verdon. En 1984, il rejoint la Région Provence Alpes Côte d’Azur comme Chef du service forêt jusqu’en 1993 puis du service Risques Naturels Ma-jeurs, chargé de développer une politique de préven-tion jusqu’à sa nomination au SYMADREM en 2008 comme DGS.

Suite aux inondations de la Camargue en 1993 et 1994, au cours desquelles 14 brèches dans les digues du Rhône furent recensées, une mission interministérielle sur les inondations a été diligen-tée. Le rapport DAMBRE du 5 avril 1994 préconi-sait «la dissolution des associations et la création d’une structure publique qui soit capable de faire un diagnostic des digues et d’assurer la maîtrise d’ouvrage d’un programme de renforcement … Le 6 décembre 1996 naissait ainsi le SIDRHEMER composé des trois communes de Arles, Port Saint Louis du Rhône et les Saintes Maries de la Mer. En 1999, avec l’adhésion de la Région PACA et du Dé-partement des Bouches du Rhône, le SIDRHEMER est devenu le SYMADREM. Puis après les inonda-tions de décembre 2003 (700 millions d’euros de dégâts, 12 000 sinistrés) qui ont montré la nécessi-té de créer une solidarité entre le nord et le sud, les rives droite et gauche du couloir Rhodanien, l’idée s’est imposée de regrouper sous une seule maî-trise d’ouvrage la gestion des deux rives du Rhône et du petit Rhône (Gard et Bouches du Rhône), de Beaucaire/ Tarascon à la mer, jusque là assurée par deux entités. Le SYMADREM est donc devenu interrégional avec les 2 Régions PACA et Langue-doc-Roussillon, les 2 Départements du Gard et des Bouches-du-Rhône et 15 communes. Fruit donc d’une volonté politique forte des collec-tivités membres, le SYMADREM conduit plusieurs missions : études, travaux, gestion, entretien des ouvrages et activation d’une cellule de crise en cas de crues. A ce titre, il a en charge 220 km de digues, 6 km de quais et 25 Km de digue à la mer construits après les crues de 1840/1856; l’ensemble de la zone protégée comptant une population de

100 000 personnes. En outre, il est aussi maître d’ouvrage du programme de sécurisation issu du Plan Rhône. Cette coopération interrégionale a eu très vite des retombées positives. On peut citer notamment la mise en oeuvre du Plan de Gestion des Ouvrages en Périodede Crues qui permet désormais de détecter les désordres très rapidement et de les traiter par des interventions d’urgence. En revanche, parmi les points négatifs à relever : la mauvaise appréhen-sion juridique des limites de responsabilités lors de l’élaboration des statuts qui vaut aujourd’hui au SYMADREM des contentieux. Enfin, un point à améliorer : la prise en compte des contraintes envi-ronnementales lors de l’élaboration des projets.

www.symadrem.fr

à la reconquête des milieux naturels

la reconnexion de l’ancien polder d’erstein sur le rhin. MArc lebeAu, Ingénieur des travaux publics de l’Etat, Voies Navi-gables de France (VNF), Direction Interrégionale de Strasbourg et pierre ozenne, chargé d’étude, Voies Navigables de France (VNF), Direction Interrégionale de Strasbourg

Les aménagements du Rhin, effectués depuis le milieu du XIXe siècle jusque dans les années 1970 ont profondément modifié la physionomie du fleuve, ses capacités de débordement, mais égale-ment le régime de ses hautes eaux et leurs effets aggravés à l’aval du dernier ouvrage sur le Rhin (Iffezheim). Devant ce constat, un groupe d’experts international s’est réuni de 1968 à 1978 et a remis ses conclusions dans un rapport qui a servi de base à la rédaction d’une convention franco-alle-mande signée le 6 décembre 1982. Actuellement, la France et l’Allemagne partagent en effet 185 km du cours du Rhin. Cette convention prévoit ainsi l’aménagement de 18 bassins de rétention appelés ici «polders» (d’un ancien terme rhénan), permet-tant d’absorber les eaux en cas de crue, dont 2 se situent sur la rive française : le polder de la Moder, au Nord de Strasbourg et le polder d’Erstein au Sud. En France, la réalisation des infrastructures nécessaires à cet aménagement a été confiée à l’établissement public Voies Navigables de France (VNF).

A une quinzaine de km au sud de Strasbourg, sur le ban des communes d’Erstein, de Plobsheim et Nordhouse, le polder d’Erstein est constitué d’une sorte de presqu’île recouverte de forêts alluviales, et entourée par les eaux du Rhin et du Plan d’eau de Plobsheim (ouvrage hydraulique mis en place en 1970 dans le cadre de l’aménagement de la chute de Strasbourg). Les terrains du polder sont

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ainsi en contrebas des masses d’eau qui l’en-tourent. L’aménagement du polder d’Erstein aura duré 18 ans en raison de sa complexité technique, administrative et écologique : 13 années d’études et 5 années de travaux (1997-2002). Son coût s’élève à 25 millions d’euros, supporté par la Ré-publique Fédérale d’Allemagne dans le cadre des accords financiers inscrits dans la Convention du 6 décembre 1982. Sa première mise en eau a eu lieu en janvier 2004 et son inauguration a suivi, le 22 novembre 2004.Le polder se remplit en environ 12 heures et se vide (en cas de remplissage complet) en environ 5 jours. L’ensemble du site est d’une superficie de 600 ha dont environ 530 ha sont inondables, 70 ha étant réservés comme refuge pour la faune lors des inondations.

Dans une première phase, le polder d’Erstein per-met de stocker environ 6,5 millions de m3 d’eau ; et en phase de «rétention dynamique» (on continue à remplir le polder mais l’eau circule dans le site), ce sont environ 7,8 millions de m3 d’eau qui sont alors stockés ; En août 2007, la mise en eau du polder d’Erstein a été l’occasion de mesurer sa capacité de rétention : il s’est avéré ainsi qu’il avait permis d’écrêter la pointe de crue d’un débit estimé entre 110 et 130 m3/s.

Depuis 1996, un suivi scientifique a par ailleurs été mis en place. Ce suivi était destiné, d’une part, à mesurer les impacts de la mise en eau du polder sur les milieux naturels, tant terrestres qu’aqua-tiques, ; d’autre part, à ajuster éventuellement les règles de gestion écologique en fonction des enseignements tirés.

Le suivi s’est déroulé en deux phases : la première a dressé un état initial du polder avant sa mise en eau en 2003 ; la seconde a vu la mise en place du suivi proprement dit sur 5 ans, de 2003 à 2008. Un comité de pilotage du polder rassemblant les acteurs concernés (collectivités locales, services de l’Etat, associations de protection de la Nature, Fédérations de pêche et de Chasse, Etablissements publics, personnalités scientifiques) a également été créé.

Quel est le retour d’expériences sur cette opéra-tion ? Depuis 2004, le polder est mis en oeuvre en cas de crue. Tous les ouvrages ont fonctionné sans problème. Cependant, le suivi scientifique a relevé l’insuffisance des mises en eau au titre de submer-sions écologiques (inondations volontaires, pério-diques et rapprochées, qui permettent d’habituer la faune et la flore aux inondations pour rétention). Par ailleurs, la dynamique alluviale semble égale-ment insuffisante, provoquant un envasement aval des cours d’eau et le temps de vidange trop long entraînant un préjudice en cas de survenue d’une crue. Sur tous ces aspects, des réflexions sont donc en cours.

www.vnf.fr

la restauration écologique sur la garonne, sylvie rocq, Directrice générale des services du Syndicat Mixte d’Etude et d’Aménagement de la Garonne (SMEAG)

Créé en 1983, le SMEAG (Syndicat Mixte d’Etudes et d’Aménagement de la Garonne) est un syndicat mixte regroupant les Conseils Régionaux (2) et les

Jean-Pierre Gautier et Martine Blondel

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Conseils Généraux (4) traversés par la Garonne. Il a pour mission de favoriser l’aménagement coordonné de la Garonne, de garantir la solidarité des territoires et des usages, d’aider les collecti-vités à la prise de décision et d’oeuvrer pour le transfert des expériences et des connaissances. Il mène ainsi des études et a élaboré notamment un Schéma directeur du lit et des berges de la Garonne, un plan de gestion d’étiage (en cours de révision), une étude de dynamique fluviale sur la Garonne amont. Il porte également le Sage « Val-lée de la Garonne » sur tout le corridor du fleuve (8 000 km2).

En 2008, le SMEAG a également mené un chantier expérimental très emblématique de restauration de la Garonne, à Gensac-sur-Garonne. L’objectif était double : servir d’exemple et inciter les maîtres d’ouvrage potentiels et les acteurs de la Garonne à une gestion raisonnée du fleuve conformément aux orientations du schéma directeur d’entretien de la Garonne. Eduquer et sensibiliser le grand public aux enjeux de la restauration des milieux naturels de notre fleuve. Enfin, ce chantier permet-tait d’évaluer l’intérêt de mettre en place une telle action de restauration dans un contexte de forte contrainte hydroélectrique. Situé sur un méandre, au pied du barrage hydroé-lectrique de Cazères en amont de Toulouse, ce site est en effet représentatif d’un problème récurrent sur la Garonne : le creusement du lit et la dispa-rition du matelas de galets (du fait de la présence du barrage et des extractions de granulats dans

les années 80), entraînant le dépérissement de la ripisylve, et l’appauvrissement des habitats aqua-tiques.

Ce chantier innovant a été mené dans le cadre d’un programme de coopération transfrontalière avec l’Espagne (programme Interreg : «Gestion intégrée des rivières européennes). Les travaux ont consisté à traiter un banc de galets (décompactage et éta-lage dans le lit) avec création d’un chenal de crue et reconstitution des berges. Parallèlement, un boisement de berge et une zone humide d’espèces locales ont été replantés.Le coût de ce chantier s’est élevé à 100 000 € financé en partie par l’Agence de l’eau et des fonds européens.Un suivi pluriannuel sur 4 ans (2008 – 2012) a été mis en place pour mesurer les effets enregistrés sur l’état physique (notamment au ni-veau des écoulements dans un contexte fortement modifié par la présence du barrage), la qualité des eaux et la biologie (amélioration des habitats et de la biodiversité) . Aujourd’hui, vitrine pédagogique à destination des scolaires et des élus, ce chantier pilote montre qu’il est possible par des interven-tions ponctuelles, d’obtenir des résultats tout à fait intéressants sur l’environnement. Il permet également de prendre conscience de la globalité des enjeux. Une poursuite du suivi scientifique sur plusieurs années pourrait être programmée pour observer les effets de crues plus importantes.

www.eptb-garonne.fr

Jean-Pierre Morvan, Marc Lebeau et Pierre Ozenne

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la restauration écologique de l’estuaire de la seine. loïc guézennec, Directeur du Groupement d’intérêt public Seine-Aval (GIPSA)

Le Groupement d’Intérêt Public (GIP) Seine-Aval a été constitué en 2003 dans le but de coordonner l’ensemble des travaux de recherche sur la restau-ration écologique de l’estuaire de la Seine, dégra-dé notamment par l’accumulation des sédiments et la disparition des habitats. Il est aujourd’hui administré et financé par onze acteurs : la Région Haute-Normandie, l’Agence de l’eau Seine Nor-mandie, les Grands Ports Maritimes du Havre et de Rouen, la Région Basse-Normandie, les Dépar-tements du Calvados, de l’Eure et de la Seine-Ma-ritime, l’État, l’Union des industries chimiques de Normandie (UIC Normandie), et l’Association syndicale de l’industrie et du commerce pour l’environnement normand (ASICEN). Concrète-ment, le rôle du GIP Seine-Aval est de renforcer les coopérations entre chercheurs, gestionnaires et décideurs du territoire et de porter sur l’estuaire, une vision partagée et cohérente dans laquelle, les porteurs de projets pourront ensuite s’ins-crire.. Dans ce cadre, le GIP Seine-Aval peut être amené à apporter appui et expertise aux maîtres d’ouvrage et à gérer des projets. Il mène aussi des programmes de recherche scientifique, centralise et met à disposition des décideurs, aménageurs, de la communauté scientifique et du grand public les connaissances acquises et ce, dans de nom-breux domaines : le fonctionnement physique de l’estuaire, la qualité de l’eau et des sédiments, l’état de santé de la flore et de la faune, les rela-tions hommes-estuaire, la restauration écologique … Ces différentes connaissances sont d’ailleurs disponibles sur le site internet du GIP Seine-Aval.Sur les opérations de restauration menées en estuaire de Seine - une quarantaine de projets au total réalisés ou en cours de réalisation - un retour d’expériences a mis en évidence plusieurs ten-dances récentes : une tendance d’abord à «décom-partimenter» l’estuaire, autrement dit à recréer des liens entre les écosystèmes. Ensuite, on constate une augmentation de la diversité des habitats et une tendance à la revégétalisation des berges avec la création d’îles ou d’îlots. Sur le plan scientifique, on voit également émer-ger depuis peu une nouvelle approche qui amène à s’interroger davantage sur «la fonction» des habitats que les habitats eux-mêmes. Par exemple, un programme de recherche a été l’occasion d’étudier les «filandres» (petits filets d’eau) milieux d’une grande richesse biologique et qui se sont révélés d’une grande importance dans le système estuarien. Cette évolution correspond aussi à une attente des gestionnaires qui souhaitent au-jourd’hui en savoir plus sur la fonction très précise de l’estuaire (quels sites, quels types d’habitat jouent par exemple un rôle dans les fonctions d’épuration ou de nourrisserie et dans quelles pro-portion etc.). Dans la continuité de ces travaux, une synthèse a ainsi été réalisée sous la forme d’une

cartographie spaciale, mettant en évidence les relations habitat/fonction à l’échelle de l’estuaire et selon les espèces. Cet outil SIG «Habitats fonction-nels» s’avèrera ainsi très utile pour tous les acteurs qui s’intéressent à l’estuaire et sera mis en profit dans le cadre de réflexion ou de mise en place de projets.

www.seine-aval.fr

l’amélioration des accès maritime du port de rouen. régis soenen, Directeur de l’aménagement territorial et de l’en-vironnement du Grand Port Maritime de Rouen. Ingénieur de l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat, Régis Soenen a commencé sa carrière en tant qu’adjoint aux conseillers Transports-Equipement à la Représentation Permanente de la France auprès de l’Union Européenne. Il a ensuite poursuivi sa carrière à la Direction du Transport Maritime, des Ports et du Littoral où il assura un suivi technique, économique, environnemental et financier des grands projets portuaires tels que «Port 2000» au Havre, «Donges-Est» à Nantes, «Euroméditerranée» à Marseille ou du «programme d’approfondissement du chenal de navigation» à Rouen. Après 4 ans passés à la direction de la subdivision territoriale des Andelys à la Direction Départementale de l’Equipement de l’Eure, il arriva au Port Autonome de Rouen en 2004 en tant que res-ponsable du service domanial. Depuis 2007, Directeur de l’aménagement territorial et de l’environnement, il assure la gestion de l’ensemble des problématiques liées à la valorisation économique et portuaire des 4000 hectares du Grand Port Maritime de Rouen. Il est en charge également des relations avec les terri-toires et de la gestion environnementale du domaine de Rouen à Honfleur.

Régis Soenen

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A partir de 2004, face à un contexte de forte concurrence internationale, la question s’est posée de la préservation et de l’amélioration des accès maritimes du port de Rouen pour lui permettre d’accueillir les navires de nouvelle génération et pérenniser ainsi son développement et sa com-pétitivité économique. Très vite un débat a donc été lancé, mobilisant les différents acteurs écono-miques, publics, associatifs autour de ce projet. Il s’agissait en l’occurrence d’araser les points hauts du chenal de navigation entre Rouen et l’estuaire pour améliorer le tirant d’eau et adapter les infrastructures portuaires au gabarit des nou-veaux navires de transport en vrac. Ce projet s’est inscrit ensuite dans un cadre collectif plus global, «Rouen Port Maritime», dans lequel les pouvoirs publics ont souhaité intégrer un volet développe-ment durable de ce territoire, dans la lignée des orientations fixées par le plan de gestion global de l’estuaire de la Seine. Le projet «Rouen Port Maritime» visait ainsi trois enjeux : un enjeu éco-nomique avec l’amélioration des accès maritimes et une réflexion sur les liens avec le Port du Havre, un enjeu environnemental (pour la gestion des sédiments, des berges), et un enjeu paysager (en lien avec le classement des boucles de la Seine au titre des sites).

Le projet a donc débuté par une première phase de concertation avec les différents acteurs concernés, élargie au public. En 2008, une étape est franchie lorsque le port autonome devient Grand Port Maritime suite à la loi portant réforme portuaire et visant à restaurer la compétitivité des ports mari-times français. Le rôle du port comme acteur dans la gestion et la préservation du domaine public naturel dont il est propriétaire (2500 ha s’agissant du Grand Port Maritime de Rouen) est en effet reconnu à l’occasion de cette loi.Parallèlement, le dossier avance. Quelques actions sont déjà menées mais surtout, des stratégies collectives commencent à se dessiner, tant sur le volet environnemental (élaboration du projet stratégique 2009-2013 du GPMR qui met en place une stratégie globale de gestion et de valorisation du patrimoine naturel à l’échelle du territoire) que sur le volet économique (avec par exemple la nais-sance d’HAROPA).Enfin, fin 2011, le feu vert sera donné pour démar-rer ce vaste chantier de «Rouen, Port Maritime», qui prévoit un budget de 185 millions € et pour lequel 7 ans de réflexion auront été nécessaires.

la charte du parc naturel régional des boucles de la seine normande : un outil pour concilier déve-loppement du territoire et restauration des zones humides. JeAn-pierre MorvAn, Directeur du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande (PNRBSN) Jean-Pierre Morvan est in-génieur en chef des Ponts, des Eaux et des Forêts. In-génieur agronome de formation (INA Paris-Grignon), et titulaire d’un DEA analyse et politiques économiques de la Faculté de Dijon, il a été successivement direc-

teur d’un établissement de formation du ministère de l’Agriculture, puis directeur adjoint du Parc national des Cévennes de 2007 à 2011. Depuis septembre 2011, Jean-Pierre Morvan est directeur du Parc natu-rel régional des Boucles de la Seine Normande.

La mission d’un Parc régional est d’oeuvrer, sur un territoire délimité et doté d’un patrimoine remar-quable, à la préservation de ce patrimoine mais aussi à sa mise en valeur, y compris sur le plan économique. Il doit donc trouver des solutions pour concilier à la fois une approche de conserva-tion du patrimoine et une approche de développe-ment. Ces solutions passent nécessairement par la concertation et la mise en place de partenariats.

Cette mission donne au Parc des responsabilités à l’échelon local, bien sûr, mais aussi à l’échelon glo-bal. L’exemple de la trame bleue illustre cette réa-lité. Aujourd’hui les scientifiques nous expliquent que nous sommes dans une période d’extinction massive de la biodiversité et les causes de cette extinction sont en partie connues : la réduction des surfaces naturelles et la fragmentation des milieux liée notamment à l’urbanisation, au développe-ment des infrastructures etc. Lutter contre la perte de biodiversité, c’est donc lutter contre cette frag-mentation et sur un territoire très contraint comme celui du Parc, soumis à une pression foncière parti-culièrement forte, l’enjeu est d’autant plus impor-tant. Le Parc a donc profité du renouvellement de sa charte (établie pour la période 2013-2025) pour mettre en avant cette question de la trame bleue. Quel est l’état des lieux à l’heure actuelle ? Le réseau hydrographique du Parc est composé de nombreux cours d’eau, dont la Seine, de marais, d’étangs mais aussi de zones humides. Cette «trame bleue» est soumise à un certain nombre de pressions liées à l’activité humaine (artificialisa-tion des sols, développement des infrastructures «fragmentantes» autrement dit qui empêchent le passage de la biodiversité comme les autoroutes par exemple, de l’agriculture etc.). La difficulté ici est donc d’arriver à concilier des enjeux de pro-tection de l’environnement et un développement économique nécessaire. La démarche a donc été la suivante. En premier lieu ont été identifiées les zones qui potentielle-ment peuvent à l’avenir avoir un impact sur cet environnement comme les projets industriels, les zones d’activités, les ports, et certains points noirs que sont les sites pollués. En regard, le Parc a cher-ché à définir une stratégie de trame bleue qui a consisté à repérer d’abord certaines zones particu-lièrement riches en biodiversité, appelées «réser-voirs de biodiversité», des espaces remarquables qui doivent être à tout prix conservés et définis comme des priorités. Puis entre ces réservoirs, sont établis des corridors écologiques qui devront simplement assurer le lien en aménageant des possibilités de passage de la faune et de la flore.

www.pnr-seine-normande.com

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les gouvernances spécifiques liées au grand cycle de l’eau

régis thépot, Délégué général de l’Association française des Eta-blissements Publics Territoriaux de Bassin (AFEPTB), Directeur général de l’EPTB Seine.

Créés par la loi Bachelot du 30 juillet 2003, les EPTB (Etablissements Publics Territoriaux de Bas-sin) sont des outils au service des territoires pour mettre en oeuvre, en partenariat avec l’Etat et les Agences de l’eau, une politique de l’eau efficiente et efficace à l’échelle des bassins ou sous-bassins versants.

C’est donc un lieu d’intégration entre d’une part les politiques nationales (liées à des règlementations de plus en plus européennes et portées par les Agences de l’eau et les services de bassin de l’Etat) et d’autre part, les difficultés remontées du terrain, exprimées par les élus ou les riverains.En résumé, l’EPTB est donc un outil local, au ser-vice de la gouvernance et sans doute un modèle d’avenir. Son originalité est en effet d’établir un lien direct entre un fleuve ou une rivière et un élu, sur le principe ville-maire, donnant ainsi au citoyen les moyens de réagir sur le sujet des politiques mises en oeuvre à l’échelle d’un cours d’eau. De plus, l’EPTB offre à chaque territoire, un cadre qui lui permette de construire sa propre politique de l’eau et de trouver lui-même les réponses adap-tées. Pour illustrer ce propos, on peut citer le cas de l’EPTB Seine Grands lacs qui mène actuellement

un projet d’aménagement de la Bassée, territoire situé entre Montereau-Fault-Yonne et Bray-sur-Seine, en amont de la région parisienne. Sur le même principe que le polder d’Erstein, ce projet prévoit la constitution de «casiers» dont le but sera de protéger le territoire francilien encore très vulnérable au risque inondation. Après un débat public, le projet vient d’obtenir le feu vert pour le lancement des études.

www.eptb.asso.fr

MArtine blondel, Vice-Présidente du Département de Seine-Maritime. Martine Blondel est maire de Touffreville-la-Cable et Vice-Présidente du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande. Conseillère Générale du canton de Caudebec-en-Caux, elle est également Vice-Présidente du Département de Seine-Maritime et Vice-Présidente de la Commission Aménagement du Territoire, Développement Durable, Environnement, Agriculture et Espace Rural. A ce titre, elle a en charge la politique de l’Eau et représente le Département au Comité de Bassin Seine-Normandie.

De Paris jusqu’à son embouchure, la Seine coule sur plus de 300 km. Sur ce vaste territoire, les ac-tions visant le grand cycle de l’eau sont multiples, peu coordonnées et relèvent d’un grand nombre d’acteurs, voire sont inexistantes sur certains secteurs.Ainsi, sur les affluents de la Seine, il existe bien les syndicats de bassin versant et des outils de planifi-cation que sont les Schémas d’aménagement et de

Régis Thépot

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gestion des eaux (SAGE) mais en même temps, de nombreux maîtres d’ouvrage interviennent (syndi-cats de rivières, de bassins versants, communau-tés de communes et agglomérations). En outre, il n’existe aujourd’hui aucune structure de coordina-tion du grand cycle de l’eau sur le lit majeur de la Seine qui concentre pourtant nombre d’enjeux.

C’est donc pour promouvoir une meilleure orga-nisation que la Région Haute-Normandie, les Dé-partements de l’Eure et de la Seine-Maritime (276) vont lancer, début 2013, une étude de gouvernance préalable à la création d’une structure de coordi-nation du grand cycle de l’eau à l’échelle de l’Axe Seine. Le contexte apparaît aujourd’hui favorable pour lancer cette étude du fait de la convergence des réglementations (Directives cadre sur l’eau et les inondations, Lois Grenelle) et du lancement d’une dynamique locale avec Grande Seine 2015, et plus globale avec le développement de la vallée de Seine et le Grand Paris.L’objectif poursuivi ne sera pas de substituer cette structure aux opérateurs existants mais plutôt d’apporter de la cohérence aux différentes actions entreprises dans les domaines de la préservation des milieux naturels et de la ressource en eau, de la gestion des inondations et de les rendre ainsi plus efficaces.

Dans un souci de continuité hydraulique, cette étude sera donc menée sur l’ensemble du terri-toire de l’Axe Seine non couvert à ce jour par un opérateur, soit, de la confluence avec l’Oise jusqu’à l’estuaire de la Seine.Elle sera pilotée par l’ensemble des Régions et des Départements riverains de la Seine en Ile de France (78 et 95), Basse-Normandie (14) et Haute-Norman-die (27 et 76).L’Agence de l’eau Seine-Normandie sera le princi-pal financeur (70% du coût de l’étude), les Départe-ments de l’Eure, de la Seine-Maritime et la Région Haute-Normandie apportant respectivement

chacun 10%.Le calendrier prévoit un peu plus de deux ans de travail pour définir le périmètre géographique et les champs d’intervention de cette future structure. Dans un premier temps, un état des lieux sera ef-fectué des pratiques existantes en matière de ges-tion du grand cycle de l’eau : quels acteurs, quelles missions, quelle stratégie, dans quel cadre légal et avec quel budget ? Le périmètre optimal d’inter-vention sera défini et des propositions de scénario avancés avec estimations financières prévision-nelles à l’appui. Puis dans un deuxième temps, seront posées les bases de la future structure avec la rédaction d’un projet de statuts. Un comité de suivi élargi sera également mis en place regroupant quelque 80 structures : commu-nautés de communes, agglomérations, syndicats de bassin versant, représentants de l’Etat, associa-tions d’usagers, acteurs économiques etc..

Aujourd’hui, nous sommes donc au tout début de la démarche : un cahier des charges est en cours de rédaction et les premières rencontres vont avoir lieu. Les prochaines étapes seront la création d’une page internet sur le site Grande Seine 2015 pour permettre à l’ensemble des partenaires d’accéder à l’information et le lancement de la consultation fin 2012. La première phase de l’étude doit s’achever au printemps 2014 et en juin 2015, la structure de gouvernance du grand cycle de l’eau devrait être en principe opérationnelle.

www.grandeseine2015.fr

réactions des grands témoins : pour jean-bosco bazié, l’abondance de projets, d’études peut être un obstacle à leur aboutissement et il convient de dégager des lignes force. De même, pour serge demers, la multiplication des structures organi-sationnelles exige la présence d’un véritable chef d’orchestre.

Loïc Guézennec, Sylvie Rocq, Jean-Pierre Gautier, Martine Blondel et Michèle Rousseau

Au terme de ces deux journées d’échanges et de discussions, il apparaît que le fleuve est un espace naturel complexe, qui doit être pensé et réfléchi avec l’ensemble des acteurs qui interviennent sur ce territoire. Et les nombreuses expériences qui nous ont été présentées, nous invitent aujourd’hui à penser autrement l’aménagement de ce fleuve. Le développement durable comporte en effet deux dimensions : une dimension temporelle – ce que nous faisons a des conséquences pour les généra-tions futures- mais également géographique –ce que nous faisons sur notre territoire a des consé-quences pour les territoires voisins. Il nous faut donc envisager différemment l’exercice des res-ponsabilités locales : d’une verticalité, passer à un collectif d’acteurs, construire un modèle alternatif de gouvernance pour l’aménagement, l’entretien et la préservation du fleuve. Après Paris, la Seine, c’est près de 300 km de méandres jusqu’à l’estuaire. Et nous sommes nombreux, localement, à agir pour entretenir cet espace, le préserver, l’adapter, le valoriser. Pour cela, nous avons besoin de plus de cohérence, de coordination. Or, il n’existe pas, pour l’instant, de structure qui fédère l’ensemble des acteurs enga-gés et capable de penser le fleuve dans toutes ses dimensions.C’est précisément l’esprit de «Grande Seine 2015» : travailler à davantage de coordination, ouvrir un dialogue entre des acteurs qui, avant, ne se parlaient pas, n’échangeaient pas. Il faut désormais aller plus loin. Avec le Départe-ment de l’Eure et la Région Haute Normandie, sous la coordination du Département de Seine Maritime et en lien avec les syndicats de bassins versants, l’Agence de l’eau Seine Normandie et l’ensemble des collectivités intéressées, nous lançons donc un appel d’offre pour la réalisation d’une vaste étude sur la gouvernance du grand cycle de l’eau sur la partie avale de la Seine. Cette étude couvrira l’ensemble des dimensions -technique, juridique, géographique, environ-nementale, sociologique et financière- de cette problématique.

Elle devra intégrer également un vaste volet lié à la participation et à la consultation des citoyens et des associations. L’expérience du projet de terri-toire : «Seine Maritime, Imaginons 2020» a montré en effet que nos concitoyens ont une vraie soif du débat et sont disposés à s’investir : il faut donc les associer à cette réflexion. Cette étude devra réaliser, à l’échelle de l’unité hydrologique de l’aval de la Seine, un état des lieux et un diagnostic complet des dispositifs exis-tants, des besoins, des éventuels conflits d’usage. Elle évaluera l’ampleur des travaux à réaliser à une échéance de 10 et 20 ans. Enfin, elle aura pour mis-sion d’étudier la création d’une grande structure moderne de coordination et de gouvernance du grand cycle de l’eau sur l’aval de la Seine. Cette organisation permettra ainsi d’être identifié en tant qu’interlocuteur face à de nouveaux parte-naires, comme l’Europe, et avec à la clé, la possibi-lité d’obtenir de nouveaux financements.L’objectif de cette étude est donc simple mais ambitieux : répondre aux enjeux économiques, na-turels, logistiques, culturels et humains et oeuvrer à la cohérence des politiques menées en vallée de Seine. Le défi est immense et exige l’engagement de tous. En donnant des pistes de réflexion, des hypo-thèses de travail, des idées neuves, des exemples de pratiques innovantes, l’apport de ces Assises sera, à mon sens, déterminant.

conclusion,

pAr didier MArie,président du département de seine-maritime

09 & 10 octobre 2012

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département de seine-maritimeHôtel du Département

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