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1715-‐1789
La France des Lumières
Introduc)on
• Depuis le temps de la régence de Philippe d’Orléans (1715-‐1723) et du Système de Law (« tout un siècle en 8 ans » écrit Michelet), jusqu’aux grandes entreprises réformatrices des années 1760-‐1780, la France des Lumières se singularise par une fièvre de chaque instant, une extraordinaire effervescence.
• Effervescence économique, tout d’abord, marquée par le développement sans précédent du grand commerce atlanWque, effervescence démographique avec une populaWon qui passe de 22 a 28,5 millions d’habitants, effervescence administraWve, effervescence encore, au cours de la guerre de Sept ans (1756-‐1763) quand les armées du roi sont mobilisées de l’AtlanWque Nord a l’Océan Indien, en passant par les différents théâtres d’opéraWon du vieux conWnent, dans ce qui fut le premier véritable conflit mondial, effervescence intellectuelle, avec la rédacWon de l’Encyclopédie.
Quai des Chartrons a Bordeaux.
Introduc)on
• Les Lumières furent avant tout ce moment décisif dans l’histoire des idées et du processus de notre modernité, érigeant la raison en impéraWf suprême, matrice et moteur d’une transformaWon du monde capable de casser le cycle des violences individuelles et collecWves.
• L’Enseigne de Gersaint de Wa`eau tourne la symboliquement la page du Grand Siècle et du règne de Louis XIV pour ouvrir avec la régence de Philippe d’Orléans (1715-‐1723). Sur la gauche de ce`e scène de plus de trois mètres, on emballe le portrait de Louis XIV. Ici, Wa`eau reconnaît l’importance du public, alors que l’espace public et criWque de l’art ne s’est pas consWtue.
Introduc)on
• La France du XVIIIème siècle découvre l’Amérique mieux qu’elle ne l’avait fait au XVIème siècle. Entre le chocolat catholique et le the protestant, le café peut donc entrer dans la mythologie de la France. Pars retrouve sa vocaWon universaliste parce qu’il devient un grand café.
• « Le Roi ramené a Versailles ». Tout va se refermer, se renfermer dans ce labyrinthe de peWts appartements confines, plus sordides en fin de compte que fastueux, l’étouffeur de l’histoire. Le tome de Michelet ne manque pas a l’organisaWon habituelle en trois temps de la deuxième série de l’Histoire de France : il y a bien l’élan iniWal de la première Régence, tout posiWf, puis une longue phase de lu`e correspondant a l’expérience financière de Law et enfin la retombée, le retour a Versailles, la réappariWon désolante d’un roi, la soumission a Rome, la victoire des grands seigneurs parasites.
Introduc)on
• Le lit de parade du XVIIème siècle recule devant les meubles de jour et de conversaWon. « La femme s’est levée en ce siècle. Elle n’est plus couchée ; elle est assise. » Tout, a l’ère de la Régence, est emporte par le souffle de l’esprit dynamisant la maWère et n’en laissant plus percevoir que le mouvement. Wa`eau possède le génie rare de rendre le mouvement, le rythme et la grâce de la démarche. Il a « la puissance de peindre l’esprit ». Le vent souffle sur la Régence : vent vivifiant de l’esprit, il fait cingler le siècle vers l’avenir, il insuffle sa légèreté aux robes et aux pas ; vent inquiétant de la vanité et de la folie, il gonfle les acWons de l’eau, emporte celui-‐ci dans les airs comme un ballon sans lest et siffle dans le cerveau disparate et fêle de l’égérie du temps, la duchesse de Berry. Elle est dépeinte souvent comme la figure emblémaWque de la Régence et de ses débauches, accusée d'inceste avec son père. Enceinte des œuvres du capitaine de sa garde, le chevalier de Riom, la duchesse de Berry, veuve depuis 5 ans, s'acharne à dissimuler son état.
La duchesse de Berry
La France a la mort de Louis XIV
• La difficile guerre de succession d’Espagne: La dernière guerre livrée par Louis XIV, la guerre de succession d’Espagne, qui dure de 1701 a 1713, est une guerre européenne: on se bat aussi bien au Pays Basque qu’en Ukraine. La France est alliée de l’Espagne, depuis que le peWt fils de Louis XIV, le duc d’Anjou, est devenu roi sous le nom de Philippe V.
• Les puissances européennes ne peuvent accepter la formaWon d’un bloc franco-‐espagnol des Bourbons, pas plus que de voir l’exclusivité du commerce avec l’empire colonial espagnol offerte aux Français.
• Les Français ont longtemps tente de maintenir le théâtre d’opéraWons éloignes du « Pré Carre ». Mais des 1706, les coalises sont au contact de « la ceinture de fer », c’est-‐a-‐dire des forteresses organisées par Vauban, en rideaux défensifs successifs. Des citadelles tombent, ainsi Lille, malgré une farouche résistance.
• L’hiver 1709, le « Grand Hiver » est épouvantable. La situaWon matérielle des Français se dégrade de jour en jour, les batailles sont de plus en plus féroces: Malplaquet, le 11 septembre 1709, en est un bon exemple.
Malplaquet: défaite tac<que mais victoire stratégique.
Le maréchal de Villars se trouve face au duc de Marlborough.
Hôtel royal des Invalides. Dessine par Liberal Bruant, l’hôtel
royal des invalides qui doit accueillir 4.000 invalides, rappelle
le cout humain des guerres de Louis XIV .
La France a la mort de Louis XIV
• Le temps de la fête brillante a Versailles est bien loin, mais la France ne cède pas et le maréchal de Villars remporte une victoire décisive avec deux fois moins de troupes que les coalises du prince Eugene, a Denain, en juillet 1712.
• Par la signature du traite d’Utrecht, en avril 1713, les Provinces-‐Unies obWennent le droit de placer des garnisons dans les forteresses de la Barriere (place des Pays-‐Bas) pour se protéger d’une éventuelle menace française: Ypres, Tournai, Gand, Mons, Charleroi, Namur.
• L’hypothèque financière: On a créé des impôts nouveaux, la capitaWon en 1695 et le dixième en 1710. La capitaWon est un impôt direct, le premier levé en théorie sur tous les Français, sans exempWon possible. Le dixième porte en théorie sur tous les revenus, mobiliers, immobiliers, les offices, l’industrie, 10% des revenus sont dus.
• En 1693, la vaisselle et le mobilier d’argent de Versailles sont portes a la Monnaie pour être fondus. On mulWplie les ventes de charges municipales et d’offices anoblissant. On invente des droits sur les jeux de cartes , les perruques, les huiles… Autant de signes d’un royaume aux abois.
Bataille de Denain CeFe victoire est une étape décisive dans le règlement de la guerre de Succession d'Espagne où le peLt-‐fils de Louis XIV, Philippe V d'Espagne et l'empereur Charles VI du Saint Empire se disputent le trône d'Espagne. Il est cependant important de noter qu'au soir de la bataille, rien n'est joué et le succès de la fin de la guerre dépendra des opéraLons qui se dérouleront dans les jours suivants, et qui conduiront les Français à reprendre en quelques mois les places fortes que les alliés avaient mis 2 ans à conquérir.
Le prince Eugene et le duc de Marlborough
• La guerre, c’est le nom propre du vrai roi d’Angleterre, Marlborough, qui va sous la reine Anne, gouverner et comba`re. La Guerre, le nom d’Eugene, l’épée, l’âme meurtrière de l’Autriche. Eugene a 38 ans, dans son visage indéfiniment long, ses longues et pales joues flétries et comme le fantôme d’un vieux prince italien. L’Anglais, vendu aux Juifs, fut l’homme de la Bourse de Londres. Et Eugene organisa aux colonies fronWères l’instrument machiavélique, le poignard de l’Autriche, qui, retourne contre les peuples, perpétua ce monstre, ce`e Babel impériale.
duc de Marlborough John Churchill, comte puis 1er duc de Marlborough est un général et homme poliLque anglais dont la carrière s’étend sur le règne de cinq monarques du XVIIe et XVIIIe siècles.
Prince Eugene
Les deux grands chefs français: Vendôme et Villars
• Le hasard et la faim mènent la France en ce`e grande loterie qu’est la guerre. Notre Villars n’aimait que les romans, les comédies, les opéras, qu’il retenait, citait à chaque instant. Grand coureur d’actrices et de filles (sans parler de choses pires). Sa vie de près d’un siècle fut une merveilleuse gasconnade. Le roi ne connaissait ni ses moyens, ni les difficultés, le possible, ni l’impossible. Il ne tenait nul compte des distances, ni des saisons. Il disposait d’une arme nouvelle que personne ne maniait comme les Français, la baïonne`e. Ce fut encore Villars qui nous releva sur le Rhin. La France avait deux généraux, Villars et Vendôme, et elle n’en sut que faire. Vendôme, sans direcWon, laisse à sa paresse, flo`a, puis s’amusa à la vaine affaire du Tyrol. Villars, abandonne sans secours en Allemagne, ayant en face deux armées, et près meme de manquer de poudre, ne se Wra d’affaire qu’en gagnant une grande bataille sur les troupes de l’Empire a Höchstädt (21 septembre 1703).
duc de Villars John Churchill, comte puis 1er duc de Marlborough est un général et homme poliLque anglais dont la carrière s’étend sur le règne de cinq monarques du XVIIe et XVIIIe siècles.
duc de Vendôme
Les défaites et leurs responsables
• Le roi n’avait a cœur qu’un général, son ami Villeroy. Celui-‐ci était tel que le roi meme parfois, voyant qu’il ne comprenait rien, baissait la tète et rougissait, essayait de lui me`re les choses a sa portée. L’exemple de Villars, déporte aux Cévennes pour indocilité, disait assez a ces généraux courWsans ce qu’ils avaient a faire. En 1704, Blenheim qui perd tout en Allemagne, qui perd notre réputaWon, notre ascendant militaire. En 1706, Ramillies et Turin, la perte des Pays-‐Bas et de l’Italie. Ajoutons Gibraltar, Barcelone et Valence.
Marechal de Villeroy
L'écrasante victoire alliée meFant Vienne à l'abri de l'armée franco bavaroise et empêchant ainsi l'effondrement de l'Alliance. La Bavière fut éliminée de la guerre, privant Louis XIV de tout espoir d'une victoire rapide. L'armée française subit plus de 30 000 pertes dont son commandant en chef, le maréchal de Tallard, qui avait été fait prisonnier et amené en Angleterre.
Marechal de Tallard
La France a la mort de Louis XIV
• La situaWon du royaume est donc catastrophique, c’est un lourd passif que recueille Louis XV, et l’un des principaux soucis du Régent, Philippe d’Orléans, sera de sorWr de ce`e impasse financière, de désende`er l’Etat. C’est tout l’enjeu de l’expérience de Law et de son système.
Samuel Bernard Il devient le banquier de la cour a la fin du règne de Louis XIV. Peint en 1726, ce tableau montre l’invesLssement de Samuel Bernard dans le commerce mariLme.
Antoine Crozat, Marquis de Chastel Directeur des Compagnies de Guinée
La France a la mort de Louis XIV
• Une société domptée mais lasse: Les entreprises de Louis XIV et de Louvois en vue de l’unificaWon du royaume (Une foi, une loi, un roi) si elles débouchent sur l’exil en direcWon du Refuge de 170 a 180.000 huguenots au cours de la période 1685-‐1730, s’inscrivent dans un long processus de remise en cause de l’Edit de Nantes.
• Louis XIV a son peWt fils: « Mon enfant, vous allez être un grand roi; ne m’imitez pas dans le gout que j’ai eu pour les bâLments, ni dans celui que j’ai eu pour la guerre; tachez au contraire d’avoir la paix avec vos voisins. »
• Le siècle de la bulle Unigenitus: La bulle Unigenitus ou Unigenitus Dei Filius est la bulle que le pape Clément XI édicte en septembre 1713 pour dénoncer le jansénisme. Loin de me`re fin aux divisions de l'Église, ce`e bulle provoque la coaliWon, voire la fusion de plusieurs opposiWons : gallicane, richériste et janséniste. Face au refus du parlement de Paris de l'enregistrer et aux réWcences de certains évêques, Louis XIV cherche à l'imposer par la force.
• « Criez et faites retenWr votre voix comme une trompe`e ». Les jansénistes suivent a la le`re l’exhortaWon du prophète Jérémie, auxquels ils feront ouvertement référence dans leur feuille emblémaWque, les Nouvelles EcclésiasWques. Et très tôt, le pouvoir monarchique a perçu le jansénisme comme une menace pour l’absoluWsme.
Interrogatoire des religieuses de Port Royal
Le par< des dévots et le duc de Bourgogne
• La noblesse apparaît vivant de honteuses industries. Le clergé, dans sa folle bulle, condamne à la fois le dogme chréWen, l’esprit anWchréWen. En septembre 1710, Desmarets proposa d’ajouter à tous les impôts, le 1/10ème sur le revenu, qui devait a`eindre tout le monde, le clergé meme et la noblesse. La noblesse, généralement expropriée, ruinée, ne vit que de hasards, d’expédients, jeux, mendicité, sales associaWons avec les financiers, servage des hommes d’argent. La finance, longtemps plumée par la noblesse, prenait bien sa revanche. Les jansénistes furent les derniers chréWens, ils soutenaient ce qui était le fond du ChrisWanisme, la grâce contre le libre arbitre.
• La mort du Dauphin faisait dauphin le duc de Bourgogne, le prince des dévots hériWer présompWf. Il prit des lors connaissance de toutes l es affa i res e t donna g rand encouragement et aux jésuites dans leur guerre et aux utopistes de Cambrai. Le fond commun était de faire la monarchie fortement aristocraWque, de lui associer des assemblées où domineraient les évêques et les seigneurs. Ils croient guérir les maux par ceux qui les ont faits !Une fièvre pourprée emporta le duc de Bourgogne, lui et sa charmante femme, en février 1712.
Louis XIV était fier de sa nombreuse famille, il aimait parLculièrement ce portrait qui le représente lui avec le grand Dauphin, son peLt fils le duc de Bourgogne et son arrière peLt fils le
duc de Bretagne, en compagnie de madame de Maintenon.
La France a la mort de Louis XIV
• Comprendre un conflit aux enjeux mulWples: La conversion des cures du Paris Ligueur, jésuites et ultramontains au gallicanisme et au jansénisme est acquise dans les années 1650. De fait, le jansénisme capte l’ancienne clientèle de la Ligue et de la Fronde religieuse.
• Le parallèle entre l’Eglise et la monarchie est lourd de menaces pour l’autorité royale. • Le terme « jansénistes » apparaît des 1641 pour les sWgmaWser comme disciples de Jansénius, l’évêque d’Ypres dans les
Pays-‐Bas espagnols. • La Bulle Unigenitus de 1713: « Comme des loups qui dépouillent leur peau pour se couvrir de la peau des brebis, ils
s’enveloppent, pour ainsi parler, des maximes de la loi divine, des préceptes des Saintes Ecritures. »
Le départ des religieuses et la destruc<on de Port Royal, le 29
octobre 1709
La régence de Philippe d’Orléans
• Assurer la régence: le duc Philippe d’Orléans (1674-‐1723) est le fils de Monsieur, frère du roi, et d’Elizabeth Charlo`e de Bavière, la fameuse PalaWne.
• Sous la houle`e de son précepteur, l'abbé Guillaume Dubois, dont il fera un cardinal et un premier ministre, il a bénéficié d’une éducaWon moderne, a la fois arWsWque et scienWfique.
La régence
• La régence est tout un siècle en 8 années. Elle amène a la fois trois choses : une révélaWon, u n e r é v o l u W o n , u n e créaWon : i) c’est une soudaine révélaWon d’un
monde arrange et masque depuis 50 ans. Les toits sont enlevés et l’on voit tout, ii) et ce n’est pas seulement la lumière qui revient, c’est le mouvement. La Régence est une révoluWon économique et sociale et la plus grande que nous ayons vécu avant 1789, iii) elle semble avorter, et n’est reste pas moins énormément féconde . La Régence est la créaWon de mille choses. Mais ce qui fut plus g r and , un nouve l e sp r i t commença, contre l ’esprit barbare, l’inquisiWon bigote du règne précédent, un large esprit doux et humain. Les lointaines e n t r e p r i s e s d e L aw , s a colonisaWon, les razzia qu’on fit pour leur Mississippi, obligent les plus froids a songer a l’autre hémisphère, a ces terres inconnues. Le XVIIème siècle voyait Versailles, le XVIIIème siècle voyait la terre.
La régence de Philippe d’Orléans
• L’habilite et le pragmaWsme d’un homme d’Etat: la polysynodie: Le Régent donne des gages au parlement et surtout s’adresse a lui en des termes et avec des références au bien public qui ne peuvent que le saWsfaire.
• Ainsi, les premières années de la Régence sont associées au souvenir de la polysynodie. Il s’agit de la créaWon de « bureaux parWculiers » a la « manière des juntes d’Espagne ».
• Déjà sous Louis XIV, l’organisaWon du gouvernement du royaume s’arWcule autour des secrétaires d’Etat issus de la finance et de la robe. Avec eux, des bureaux qui s’étoffent et sont comme des embryons de ministères. Ainsi, sous Louis XIV, les bureaux s’organisent en réseaux de fidélité, de parentèles: les Colbert, les Le Tellier (Louvois), les Phélyppeaux (Pontchartrain). Le roi reçoit séparément les secrétaires d’Etat, en dehors du Conseil, pour examiner les dossiers: l’entrevue s’appelle alors la liasse.
• Avec la polysynodie insWtuée par la déclaraWon de septembre 1715, les différents conseils de gouvernement fusionnent dans le conseil de régence.
Le cortège royal traverse la Sainte Chapelle après le lit de jus<ce de septembre 1715.
La régence de Philippe d’Orléans
• CréaWon de conseils parWculiers: L’accent est mis sur la collégialité, puisque ces conseils se subsWtuent au rôle joue auparavant par les secrétaires d’Etat et le contrôleur général des finances. Ils forment les ministères collégiaux, me`ant l’accent sur les praWques délibéraWves et la recherche de consensus. Il faut cependant nuancer la chasse aux sorcières dont auraient été vicWmes les anciens secrétaires d’Etat. Plusieurs ordonnances créent sept conseils parWculiers. Leurs présidents méritent de retenir l’a`enWon. A la guerre, on trouve le maréchal duc de Villars est le vainqueur de Denain en 1712, dont la victoire sauve le royaume et précipite la conclusion des hosWlités en lézardant le front allie, notamment entre Anglais et Néerlandais.
• Avec la polysynodie insWtuée par la déclaraWon de septembre 1715, les différents conseils de gouvernement fusionnent dans le conseil de régence. La straWficaWon des affaires du gouvernement en deux niveaux – niveau poliWque et niveau administraWf – se retrouvent partout en Europe. Partout également, on trouve un conseil poliWque restreint autour du monarque: « Conseil d’Etat » en Espagne, « Conférence secrète » en Autriche, « Riksard » en Suède, « Senat dirigeant dans l’empire russe.
• Le régent doit également préparer Louis XV au « dur méWer de roi ». Louis XV commence a assister aux séances du conseil de régence a l'âge de 10 ans. Apres un bref séjour a Vincennes de septembre a décembre 1715, dont on esWme le bon air favorable a sa sante.
Louis XV enfant recevant une leçon, en présence de M. de Fleury et du Régent
La régence de Philippe d’Orléans
• SorWr de l’impasse monétaire et financière, le système Law: Dans l’immédiat, compte tenu de la situaWon financière dramaWque du royaume, le retour du crédit et le désende`ement de l’Etat consWtuent le premier des défis auxquels le Régent et ses conseils sont confrontes.
• A la fin du règne, au lendemain d’une période difficile, il était devenu habituel en France de réunir une chambre de jusWce desWnée a juger les profiteurs, les financiers accapareurs, a regonfler les caisses de l’Etat et surtout a adresser un signal réconfortant « aux peuples ». Des boucs émissaires sont désignés également en 1715, mais le Trésor royal ne recouvre que 20 millions sur les 160 millions espérés….
• Law, c’est un joueur propulse contrôleur général des finances. Il part du principe que les échanges et la confiance sont le nœud du problème, non la de`e en elle-‐même. Une fois l’acWvité revenu, l’exWncWon de la de`e ne sera plus impossible. Comme la France connaît une pénurie de métaux précieux, le papier-‐monnaie s’impose. Tenant compte de la loi de Gresham, « la mauvaise monnaie chasse le bonne », et pour éviter que le papier monnaie, par son aspect insolite, ne trouve pas preneur, la banque doit drainer le stock métallique qui lui servira d’encaisse.
• La Banque générale est crée en mai 1716 et ses billets sont acceptes par les caisses royales, il s’agit donc de papier-‐monnaie. La Compagnie d’Occident, le « Mississipi » fondée en aout 1717, est le deuxième pilier du système. Son objecWf est la colonisaWon de la Louisiane avec monopole. Cependant, si la banque de Law avait un avenir, la compagnie ne possédait pas un capital suffisant, et ne pouvait être rentable, dans le meilleur des cas, qu’a très long terme.
Rue Quincampoix, siège de la Banque générale de Law
La régence de Philippe d’Orléans
• L’ascension et le succès de Law paraissent excepWonnels: il faut quatre acWons du Mississipi pour obtenir une acWon de la Compagnie des Indes. Sa Banque annonce les banques contemporaines d’émission, puisqu’il obWent en juillet 1719 le monopole de la monnaie.
• Law pense qu’en mulWpliant les émissions, il relance ‘acWvité et que les bénéfices de la Compagnie, dont les expédiWons sont financières par les mêmes émissions, serviront a éteindre la de`e de l’Etat. Des fortunes aussi colossales que fragiles se bâWssent en quelques heures: c’est cela la Régence, une violente et enivrante bourrasque de rêves fous et de jouissances qui s’empare d’une société cadenassée depuis trop longtemps.
• Les agioteurs praWquent déjà, comme dans les crises boursières les plus récentes, l’achat a découvert. Ils passent des opWons d’achat a 10.000 livres avec un premier versement iniWal de 1000 livres seulement, l’orientaWon haussière des cours permet des bénéfices énormes dans des délais records. La réalité finit par ra`raper la spéculaWon effrénée. Certains réalisent leurs papiers a temps et touchent de véritables fortunes. Au nombre de ces heureux bénéficiaires du Système, le prince de ConW, le duc de Bourbon, tous deux princes du sang.
Rue Quincampoix, siège de la Compagnie
La régence de Philippe d’Orléans
• L’entrée de la France dans le système du crédit bancaire, du papier-‐monnaie en sera très sensiblement retardée. Le Système était en fait trop novateur, en avance sur son temps.
• Les fortunes rapidement faites provoquent cependant une forte consommaWon de produits de luxe, sWmulant l’arWsanat d’art. l’inflaWon induite augmente l’acWvité. Et Law a assoupli également les règlements colberWens, perme`ant l’essor du trafic sucrier et la traite negriere.
Crédit est mort. Les mauvais payeurs l’ont tue. Le système Law et la bulle spéculaLve qu’il a suscitée ont déboussolé les esprits et renverse les valeurs. La spéculaLon forcenée a tue la confiance car « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Les épargnants sont ruines au profit des spéculateurs qui leur ont vendu du vent et su liquider a temps leur placement.
Law au sommet de la gloire: l’été 1719
• Toute l’Europe devint malade de la fièvre de spéculaWon. Avec un don étrange de rapide calcul (qu’il tenait de son père banquier), une infaillibilité de jeu non démenWe, le pouvoir d’être riche, Law n’esWmait rien que l’idée. En présence de la vieille machine monarchique, qui gisait disloquée, hors d’état de se réparer, il avait fait jaillir de terre deux créaWons vivantes, deux cites sœurs, unies par tant de liens qu’elles n’en étaient qu’une au fond : la République de banque ; en vigueur déjà, en prospérité, depuis trois ans, au grand avantage de l’Etat; la République de commerce, Compagnie d’Occident, qui bientôt fut aussi celle du commerce d’Orient et du monde.
• Le beau printemps de 1719 semblait une aurore sociale : incroyable succès de Law. Ses acWons montaient d’heure en heure, l’enthousiasme aussi. Tous lui disaient d’oser. On est saisi de voir tout ce qui s’entreprit en quelques mois de 1719. L’égalité d’instrucWon, l’égalité d’impôt, une simplificaWon immense, hardie, de l’administraWon, le remboursement de la de`e.
• Le Régent ouvre à tous l’Université. Elle est payée par l’Etat et donne l’enseignement gratuit. Quels sont les premiers écoliers qui sortent de la tout à l’heure, le fils du coutelier, le puissant Diderot, un enfant de hasard qu’élevé un menuisier, le vaste d’Alembert, c’est-‐a-‐dire l’Encyclopédie.
• On épurait Paris en faveur du Mississipi. Les galants cavaliers de la maréchaussée enlevaient poliment les demoiselles, de moyenne vertu, qui devaient peupler l’Amérique. Elles furent mariées sommairement. A Saint MarWn des Champs, on mit les malheureuses en face de la bande d’hommes. Parmi ces inconnus, mendiants ou voleurs, elles durent choisir en deux minutes.
Law et la chute de la Compagnie du Mississipi
• On associa, on fondit les deux établissements. La Banque devint la caissière de la Compagnie, et celle-‐ci cauWon de la Banque. Ce fut le plus fragile, le plus ruineux des deux établissements qui prétendit soutenir l’autre.
• Le gros acWonnaire de la Compagnie, ConW, arrive avec trois fourgons dans la cour de la Compagnie, rue Quincampoix ; il fallut le payer, remplir ses trois voitures. En plein jour, au milieu de la foule ébahie, il emporte 14 millions. Les riches du Système, gorges par lui, en devinrent les plus cruels ennemis, ardents apôtres de la baisse, outrageux insulteurs de Law et du papier. Dans leur orgies, ne pouvant bruler l’homme, ils brulaient des billets, pour bien convaincre le public que ce n’étaient que des chiffons.
• Law, entre au Palais-‐Royal, son carrosse fut brise, le cocher blesse. Law n’osa plus sorWr, coucha chez le Régent.
• On s’avise un peu plus tard de séparer la Compagnie de la Banque ; on se figure qu’après avoir cruellement ruine par la seconde, on pourra isoler, faire fleurir a part la première, comme pure Compagnie de Commerce.
La régence de Philippe d’Orléans
Pèlerinage pour l’ile de Cythère dit L’embarquement pour Cythère. Jean-‐Antoine Wa^eau. Les amoureux se préparent-‐ils a embarquer pour Cythère – l’ile de l’amour dont le souvenir est aFache a Aphrodite – ou en reviennent-‐ils? En peinture, WaFeau inaugure le genre de la fête galante. La fête galante est celle de la maitrise de la sensualité et du contrôle de soi. Les parLcipants connaissent les codes mondains et courtois, car l’art de plaire et l’art de l’être en société mondaine s’apprennent et se maitrisent. Cet entre soi donne le ton de la sociabilité des amis choisis qui forment des sociétés, jouent au théâtre amateur et conversent dans les jardins d’agrément. La richesse des vêtements, les reflets de lumière sont rendus avec un effet rare au point que les Goncourt considéraient WaFeau comme « un tailleur divin, couturier de génie » .
Le bal masque de l’Opéra
• Après la bigoterie, les rites étouffants et les fornicaWons secrètes du palais de Versailles, l’aristocrate découvre les usages ludiques de la grande ville: promenades sur les cours à carrosse des Champs-‐Élysées, fréquentaWon des salons li`éraires, premiers clubs, et bientôt le bal masque de l’Opéra, emblémaWque des années folles de la Régence: mêlant des gens de toute condiWon.
Manon Lescaut
Manon Lescaut, voici un livre populaire. Très grand évènement dont la popularité fut immense. Ce livre tout peWt s’adresse a un grand peuple, celui des amoureux. L’amour est grand au XVIIIème siècle. A travers le caprice désordonne et la mobilité, l’amour subsiste adore et surtout admire. Le peWt chevalier Des Grieux et Manon, les deux enfants qui arrivent de leur pays, lui a 17ans, elle a 15, qui se trouvent si vite au niveau de la corrupWon de Paris, ne peuvent lui devoir leur précocité pour le vice. Il passe vite du séminaire au tripot, à l’escroquerie ! Le chevalier de Manon est-‐il tout à fait sans principes ? Qu’il s’en rende compte ou non, il en a deux. L’un : qu’un homme ne, élevé chréWennement, peut toujours revenir de ses échappées de jeunesse, qu’il peut aller fort loin sans danger du salut. L’autre : le principe galant, que l’amour excuse tout, qu’un véritable amant a le droit de tout faire. Avec ces deux idées, rien n’embarrasse Prévost. Il court bride aba`ue, va les deux pieds dans le ruisseau.
La régence de Philippe d’Orléans
• Le tournant de l’année 1728: Face aux défis a la fois financiers, diplomaWques, religieux (la crise janséniste), le Régent entend gouverner directement ave autorité, efficacité et pragmaWsme. Son ancien précepteur, Guillaume Dubois, habile maitre d’œuvre de la poliWque étrangère, en profite directement. Il revêt bientôt la pourpre cardinalice.
• La querelle janséniste au centre de l’agenda poliWque et de l’espace public: Depuis la mort de Louis XIV, la quesWon d’Unigenitus n’est nullement réglée. Le flot de mémoires et de pamphlets ne s’est pas tari et risque en combinant la théologie janséniste et le gallicanisme radical risque de menacer l’autorité aussi bien de l’Eglise que de la monarchie.
• Le conflit ouvert avec le parlement: Si Philippe d’Orléans a habilement négocié en 1715 le souWen nécessaire du parlement de Paris, les quesWons financières et fiscales, religieuses, les rivalités entre la haute robe et l’aristocraWe d’épée tendent rapidement les relaWons.
• Le Régent interdit au parlement de Paris sous peine de désobéissance de se considérer, au nom de la théorie des classes qui unirait toutes les cours souveraines du royaume, comme « la tête d’un Parlement de France. »
• La conspiraWon de Cellamare est contemporaine d’une autre, en Bretagne, dite de Pontallec. Si l’Espagne est intéressée aux deux, et a encourage les conjures bretons, la coordinaWon des deux entreprises n’est pas clairement prouvée.
Louis-‐Antoine de Noailles, archevêque de Paris (1651-‐1729)
La régence de Philippe d’Orléans
• La conspiraWon du marquis de Pontallec: Très a`achée a ses privilèges fiscaux et prompte a rappeler le bon temps de la duchesse Anne, la Bretagne entend bien, au sorWr de la guerre de succession d’Espagne, voir la pression fiscale s’alléger rapidement. La grève de l’impôt s’organise. On procède sur dénonciaWon a 70 arrestaWons. Le duc d’Orléans manifeste son autorité et envoie un signal: la Régence, période ordinaire si féconde en complots et en menées subversives, ne toléra pas les désordres et la collusion avec l’étranger. Pontallec et les siens en font les frais.
• Le Régent riposte tous azimuts pour neutraliser les parlements et les jansénistes. L’objecWf est de contrer les prétenWons du roi d’Espagne, Philippe V. Et dans ces condiWons, le Régent doit absolument être en paix avec Londres. C’est la que la poliWque de l'abbé Dubois prend tout son sens.
Louis-‐Antoine de Noailles, archevêque de Paris (1651-‐1729). Passionne de théâtre, la duchesse voulait que dans ses fêtes « il entra de l’idée, de l’invenLon, et la joie eut de l’esprit. » Dévorée d’ambiLon, elle refuse que son mari soit évince par le duc
d’Orléans et mulLplie les tentaLves de déstabilisaLon de la Régence.
La régence de Philippe d’Orléans
• De la paix d’Utrecht a l’improbable alliance anglaise (1713-‐1717): George Ier veille de près sur son cher électorat de Hanovre. Un rapprochement avec la France de Philippe d’Orléans perme`rait au roi d’Angleterre de réduire le risque d’une intervenWon française contre le Hanovre, vulnérable aux a`aques terrestres, de limiter les capacités offensives des jacobites, et d’éviter la réunion des couronnes d’Espagne et de France sur la tête du peWt-‐fils de Louis XIV, Philippe V, roi d’Espagne.
• Menaces espagnols et élargissent de l’alliance: En décembre 1718, après des atermoiements qui s’expliquent par l’impopularité d’une guerre contre un Bourbon, peWt-‐fils de Louis XIV, pour lequel les Français ont comba`u 14 ans, la France déclare la guerre a l’Espagne. En 1719, les troupes françaises envahissent le Pays Basque et la Catalogne tandis que la flo`e anglaise a`aque la cote atlanWque.
• Au Nord comme au Sud de l’Europe, la Régence renonce donc aux anciens allies du royaume de Louis XIV, l’Espagne depuis qu’un Bourbon règne a Madrid, et la Suède pour conserver le bénéfice de la paix et consolider l’alliance anglaise.
Visite de Pierre Ier au roi au Louvre. Pour asseoir ses ambiLons européennes, Pierre a bien compris qu’il lui faut dresser un état des savoirs et techniques dont l’acquisiLon a la modernisaLon de la Russie.
L’obliga<on de l’alliance avec l’Angleterre
• Loin de rompre la paix, le Régent dit fort raisonnablement a l’Angleterre: « GaranWssez moi le mainWen de la paix et j’éloigne le prétendant. » Lui, et ses amis les plus sensés, comme le duc de Noailles, voyaient que, dans un tel état de ruine, de désorganisaWon, il fallait a toute condiWon assurer la paix, ménager l’Angleterre, et s’entendre avec Georges. L’Angleterre n’avait pas à la guerre un intérêt réel, puisque l’Espagne, et la France bientôt, offraient sans guerre tous les avantages qu’elle désirait.
• C’est par l’Eglise qu’on eut du commencer la reforme. Noailles avait très bien compris que le premier coup à frapper était de chasser les Jésuites. Le second eut été de se passer du pape pour l’élecWon des évêques ; le Régent y songeait. Le troisième eut été de rappeler les protestants.
• La de`e fut réduite a peu près à la moiWe, et ce`e moiWe en Wtres converWe en Wtres nouveaux qu’on appela les Billets d’Etat. Des chiffons, des promesses de rentes, des terres abandonnées, des acWons de la Compagnie d’Occident, hypothéquées sur la savane américaine, ou sur la peau de l’ours qui court les bois.
• Ce faquin de Dubois eut ce que n’ont pas toujours les gens d’esprit, un sens net et vif du réel, une vue très lucide de la situaWon, nulle fausse poésie, nulle illusion. Le France qui ne sait pas haïr, haïssait si peu l’Angleterre, qu’elle imitait tant qu’elle pouvait, copiait ses modes, ses banques, et pendant tout le siècle, nos écrivains en font des éloges insensés.
• Madame, au premier jour que son fils fut Régent, lui avait demande pour grâce « de n’employer jamais ce coquin de Dubois ». Et, en effet, il n’eut nul emploi, aucun Wtre. A 60 ans, il n’était encore rien. Rarement on le montre de face ; les yeux sont trop sinistres et l’ensemble trop bas. Une vilaine peWte perruque blonde pointe violement en avant, comme celle d’une bété de proie, « d’une fouine » dit Saint Simon.
La ruse de l’histoire – l'abbé Dubois
• Ce fripon de Dubois, ambiWeux voue a l’Angleterre, fla`eur de Rome, faux de toute manière, il eut pourtant certainement un idéal qui fit son âpre passion ; il poursuivit par des moyens indignes un but très haut, très grand, le solide établissement, la fondaWon de la paix du monde. En travaillant contre l’Espagne, il eut pour raison suprême l’intérêt de ses maitres, le solide affermissement de Georges et du Régent, la fondaWon définiWve des maisons de Hanovre et d’Orléans. L’Espagne c’était l’ennemi. Elle portait avec le Stuart le drapeau de la barbarie. Elle revenait toujours à son rêve de l’armada qui eut en Angleterre rétabli le papisme et assomme par contrecoup le Régent en France.
Traite de paix d’Utrecht
La régence de Philippe d’Orléans
• Les débuts d’une « société poliWque parfaitement libre »: De 1723 a 1731, l’histoire du club de l’Entresol reflète l’effervescence intellectuelle et poliWque de l’après Louis XIV, la rencontre en poliWque et utopie, diplomaWe européenne et cosmopoliWsme, sphère privée et espace public, public choisi et recherche d’une informaWon libre, recoupée et commentée.
Le lit de jus<ce tenu au parlement de Paris a la majorité de Louis XV, le 22 février 1723.
Cavalcade de Louis XV, après le sacre a Reims.
Le jeune Louis XV et le château de la Mue^e
• Louis XV n’était pas ne gai, n’aimait personne. Au parc de la Mue`e, dont le Régent lui fit cadeau, son joujou favori était une vache naine et de faire le laiWer.
Les années Fleury
• Le duc de Bourbon devient premier ministre: Il se réserve la feuille des bénéfices (le contrôle des nominaWons aux sièges épiscopaux et aux abbayes), qui lui permet de poursuivre l’œuvre entamée au comite ecclésiasWque, l’ancien conseil de conscience pour éradiquer le jansénisme des rangs du clergé.
• Paris-‐Duverney propose la levée d’impôts et remet en vigueur de vieilles taxes. Et il renoue avec la praWque des mutaWons monétaires. En vue d’établir une Ecole Militaire a Paris, sur le modèle du collège des cadets de Catherine II, il pose la quesWon du financement de l’établissement en proposant de lui a`ribuer le produit des droits sur les cartes a jouer, impôt indirect perçu auprès des imprimeurs.
• Le duc de Bourbon remet au gout du jour, par la déclaraWon de 1724, la persécuWon contre les protestants, alors que la Régence avait été plutôt modérée a leur égard.
• Fleury et le conflit janséniste: ParWsan d’un gallicanisme modéré, Fleury n’est pas un grand admirateur de la bulle Unigenitus, mais il est hosWle aux jansénistes. C’est lui qui va devoir gérer la levée de boucliers qu’elle suscite… Une cinquantaine d’avocats portent en effet l’affaire sur le terrain juridique. Unigenitus est non seulement une a`aque portée aux libertés de l’Eglise de France, mais elle représente une menace pour « la patrie » et « le citoyen ». La défense du principe gallican les amène a déplacer le conflit, qui opposait tradiWonnellement l’Eglise de France et le pape au sein du royaume, de la naWon et de l’Eglise de France. Le conflit concerne désormais, d’une part les évêques consWtuWonnaires accuses de vouloir usurper l’autorité royale, et d’autre part, le parlement qui défend les libertés de l’Eglise gallicane.
Le cardinal de Fleury. Il s’inscrit dans la lignée des cardinaux ministres, de Richelieu a Mazarin. Le pouvoir de Fleury n’est pas une parenthèse, il
dure 17 ans jusqu’en 1743. Surnomme « L’Eternité », il l’exerce encore a presque 90 ans.
Joseph Paris-‐Duverney. « Au fond il aimait les affaires pour les affaires bien plus que pour l’argent. Il mania des milliards et laissa une fortune médiocre. » Michelet
Les premières années du règne de Louis XV
• le roi a 14 ans, le droit formel de régner sinon la capacité de gouverner. Un arrangement poliWque le graWfie de la double tutelle d’un évêque, Mgr Fleury, qui fut son précepteur, et d’un prince du sang, le duc de Bourgogne, « Monsieur le Duc ».
• A Versailles, ou s’efface l’influence émancipatrice de la capitale, le roi se retranche dans d’arrière-‐cabinet et s’y entoure de favoris de son âge, qui culWvent le mépris du beau sexe. Louis XV serait-‐il un nouvel Henri III ? Apres le renvoi a Madrid de l’impubère infante fiancée au jeune roi. Mme de Prie se charge de découvrir une épouse performante. Ce sera Marie Leszinska, la Polonaise, fille du roi dépouille de son royaume, Stanislas. Follement enhardie, l’intrigante se met en tète de purger Versailles de «l’Eglise non conformiste » des mignons de la cour.
Marie Leszinska.
Les années Fleury
• Les Nouvelles EcclésiasWques, un défi permanent a l’autorité: Elles sont désormais imprimées, et de périodicité hebdomadaire, elles sont Wrées a 6000 exemplaires. Et la, l’Antéchrist désigne de plus en plus clairement les jésuites qui veulent prendre le contrôle de l’Eglise et de l’esprit des princes.
• Le mouvement convulsionnaire: Il nait a Paris autour des évènements survenus dans le cimeWère de l’église saint Médard. Avec cet évènement, les bourgeois jansénistes appariassent aussi crédules que les paysans provençaux. Des listes de miraculés circulent, la terre du cimeWère est vendue en peWts sachets.
Les convulsionnaires au cime<ère de saint Médard sur la tombe du diacre François de Paris.
Le réveil du jansénisme
• Le roi de France choisissait les évêques et les bénéficiaires des grandes abbayes. ContradicWon majeure et source de maints conflits l’Eglise de France formait une insWtuWon impliquant le « patronat » de la monarchie à tous ses étages, et elle appartenait en même temps à un organisme supranaWonal, l’Eglise apostolique et romaine. Pour les Gallicans, l’obéissance au roi de France l’emportait nécessairement sur la soumission à Rome. À l’oppose de ce`e ligne, les ultramontains se représentaient l’Eglise comme une monarchie universelle.
• Avec les Jansénistes, la dispute idéologique se nourrit des écrits de saint AugusWn. Selon la thèse augusWnienne, l’homme déchu après le péché originel ne pouvait a`eindre le salut qu’au moyen d’une inspiraWon d’amour divin. Ce`e grâce est l’effet irrésisWble de la miséricorde divine, comme un don gratuit et efficace qui s’impose à la volonté humaine, mais elle n’est pas accessible à tous. C’est prendre le contre-‐pied de la pensée de saint Thomas pour qui la coopéraWon humaine est nécessaire, l’homme contribuant à son salut par les œuvres. Jansénius enseignait que la corrupWon de la nature humaine ne peut être surmontée que par le secours de la grâce et au prix d’une conduite morale très exigeante, excluant tout marchandage avec Dieu.
• Pour Luis Molina, jésuite espagnol, la nature humaine n’est pas radicalement corrompue, Dieu ayant donné a chaque homme la liberté de pencher vers le bien ou vers le mal. La rédempWon du pêcheur reste toujours possible et prend un caractère universel, car le Christ n’est pas mort pour les seuls élus.
• Le recrutement social de Port-‐Royal reste cependant étroitement circonscrit à la haute noblesse et à la grande bourgeoisie parisienne. Mazarin considère et traite ce mouvement de « rebelles » avec une hosWlité déclare, a�tude qui sera reprise par Louis XIV jusqu'à la fin de son règne.
• La tacWque des jansénistes consiste à développer un vaste mouvement péWWonnaire en faisant vibrer la corde gallicane. En refusant le principe d’autorité, en développant des formes autonomes de résistance qui s’appuyaient sur la base du clergé et les classes populaires, le « républicanisme janséniste » des Lumières comme un jalon important, qui a joué un rôle dans la combinaison complexe d’idées et de faits, dans l’accumulaWon de ce`e masse criWque qui contribue à reme`re en cause le modèle monarchique dans l’Eglise comme dans l’Etat.
Les années Fleury
• La poliWque extérieure de Fleury: Si la crise janséniste forme la trame des années Fleury, le vieux cardinal doit également faire face a une fin de cycle diplomaWque marquée par le rafraichissement des relaWons franco-‐britanniques puis le retour de la guerre européenne.
• La guerre de succession de Pologne (1733-‐1738): C’est le dernier grand conflit du siècle sans extension coloniale et scelle la rupture de l’ancienne alliance, sans déboucher sur un conflit ouvert entre Londres et Paris. Mais la candidature de Stanislas, soutenue par la France, provoque une détérioraWon rapide des relaWons diplomaWques entre Paris et Vienne. Isole, Stanislas se replie a Dantzig, assiégée par les Russes, dans l’espoir d’être secouru par Louis XV. Cependant, Fleury ne veut pas d’une intervenWon en BalWque qui inquièterait Londres et donnerait des arguments au parW anW-‐français.
• De Dantzig qui capitule, Stanislas parvint a s’échapper. Sur le Rhin, deux vétérans des guerres de Louis XIV se font face, le maréchal de Berwick dans la camp français, le prince Eugene, du cote des Habsbourg, se font face.
• Il faut donc limiter la portée des conflits. Et faire comprendre a Londres que si le royaume de Louis XV a la volonté et les moyens de défendre ses intérêts stratégiques, il ne cherche pas a rompre les principaux équilibres.
• Deux fois déchu du royaume de Pologne, Stanislas, beau-‐père de Louis XV, devient duc de Lorraine. Son duché doit revenir a la couronne de France a sa mort.
Marechal, duc de Berwick. Comme le maréchal de Saxe, le duc de Berwick est l’un des grands capitaines d’origine étrangère au service de la France. Fils illégiLme du roi Jacques II
d’Angleterre et d’Arabella Churchill, il est a parLr de la Glorieuse RévoluLon d’Angleterre et de l’exil de son père, de tous les combats de la fin du règne de Louis XIV.
Stanislas Leszczynki
Les années Fleury
• Un royaume bien géré: Orry donne une forte impulsion au réseau rouWer. Il adresse aux intendants des généralités en 1737 une instrucWon détaillée sur la corvée royale. Il vise d’abord a réorganiser et a réparer les infrastructures existantes grâce a la corvée royale.
• Dans le domaine des manufactures, Orry témoigne de la prégnance de l’héritage colberWen. Les enquêtes qu’il lance doive déboucher sur des règlements qui établissent des normes de qualité favorisant la réputaWon des produits français sur les marches extérieurs. Il reforme par ailleurs les statuts de la Compagnie des Indes.
• Le 1/10eme est rétabli mais sans déclaraWon actualisée, fidèle et contrôlée, des revenus des contribuables. Il sera supprime a la fin de 1736 a néanmoins rapporte une trentaine millions de livres.
• CriWque pour son autoritarisme et son manque de diplomaWe, Orry est mal en cour auprès de la marquise de Pompadour, la nouvelle maitresse royale, dont il contrarie notamment les projets en s’opposant a ce que son frère devienne fermier-‐général.
Louis Mandrin. « Capitaine général des contrebandiers » marque les esprits du temps par le caractère foudroyant des opéraLons qu’il
mène.
Philibert Orry, contrôleur général des finances. Conseiller au parlement de Paris en 1715, il est nomme au conseil de commerce en 1718, avant de débuter comme intendant a Soisson en 1722. il est choisi a la surprise générale pour remplacer Le
PeleLer des Forts au contrôle général des finances qu’il Lent jusqu’en 1745, établissant un record depuis Colbert.
Les années Fleury
• Les chanWers modernisateurs ne se limitent pas aux infrastructures rouWères, ils concernent également un domaine essenWel pour le roi de jusWce, celui de droit et de la jusWce. C’est l’œuvre du chancelier d’Aguesseau.
• Financiers, aristocrates d’épée, collecWonneurs, savants et francs-‐maçons: Trésorier général des états de Languedoc, Joseph Bonnier de la Mosson n’est pas seulement richissime, il a incarne aussi la figure du financier amateur d’art et collecWonneur qui marque l’ensemble du siècle. Son cabinet curieux est réputé a travers tout le royaume et au-‐delà, et le classement de ses collecWons en huit pièces aux desWnaWons précises, donne en exemple. Il ne suit d’ailleurs pas la division tradiWonnelle au sein des cabinets de curiosité entre Naturalia et ArWficiala. Autre originalité, Bonnier collecWonne les objets issus du savoir-‐faire arWsanal.
• Ses collecWons sont organisées en cabinets spécialisés: i) cabinet d’anatomie, squele`es d’humains et de mammifères, ii) cabinet de chimie, ustensiles scienWfiques, iii) cabinet de pharmacie, objets nécessaires aux apothicaires, iv) cabinet de drogues, échanWllon de plantes (racines, feuilles, fleurs et gomme) et de minéraux uWlises pour leurs propriétés médicinales, v) cabinet du tour, objets arWsanaux en bois et en métal, vi) cabinet des animaux en fiole, vii) cabinet des insectes et animaux desséchés, viii) cabinet de physique et mécanique.
Le chancelier Henry François d’Aguesseau.
Avocat général au Parlement de Paris de
1690 a 1700, puis procureur général avant de devenir chancelier de
France en 1717.
Germain Louis de Chauvelin, garde des sceaux. Issu de la haute robe, Chauvelin apparLent a la clientèle des survivants du clan Louvois. Chauvelin joue de 1727 a son renvoi en 1737 un rôle essenLel dans le gouvernement du royaume puisqu’il est a la fois
garde des Sceaux et secrétaire d’Etat aux affaires étrangères.
Les années Fleury
• Chaulnes est également un franc-‐maçon disWngue, emblémaWque de ce`e période des Ducs sous l’Acacia. Pour lui, la maçonnerie n’est pas seulement un diverWssement mondain et d’origine anglaise qu’il partage avec les ducs et pairs, doubles d’un engagent iniWaWque. Il la praWque en amateur des sciences et des arts, au sens noble du terme.
• Chaulnes et Bonnier de la Mosson témoignent a la fois de la prospérité de l’Etat de finance et des gens du roi, de l’associaWon de la puissance provinciale et de l’inserWon dans les réseaux curiaux, de la haute finance et de l’aristocraWe d’épée, du service du roi et de la promoWon des intérêts familiaux, de la disWncWon mondaine et de l’ouverture déterminée aux sciences et aux arts. Figures éminentes des savants amateurs et de collecWonneurs averWs, ils symbolisent l’importance et la capacité d’entrainement des élites provinciales sous le règne de Louis XV.
Le cabinet de physique de Bonnier de la Mosson, 1734. Le collecLonneur a
distribue son cabinet en pièces a thèmes.
Le duc de Chaulnes en Hercule, la duchesse de Chaulnes en Hébé. PortraiLste a succès des femmes de l’aristocraLe de cour, Naqer affecLonne le travesLssement a l’anLque. Il choisit de représenter de manière flaFeuse le couple que forment le duc et la duchesse de Charnes sous l’apparence mythologique du couple Hercule – reconnaissable a sa massue – et Hébé, fille de Zeus et d’Héra, déesse grecque de la fécondité et de la vitalité. Madame de Deffand la décrit ainsi: « On aperçoit toutes ces qualités en
elles mais c’est a la manière de la lanterne magique: elles disparaissent a mesure qu’elles se produisent. Tout l’or du Pérou passe par ses mains sans qu’elle en soit plus riche. »
Les années Fleury
• Les débuts d’un confit majeur la guerre de succession d’Autriche (1740-‐1748): La dispariWon du roi Fréderic-‐Guillaume de Prusse et de l’empereur Charles VI fragilisent l’équilibre des puissances en Europe centrale et orientale. A Berlin, Fréderic II (1740-‐1786), connu pour ses relaWons orageuses avec son père et sa réputaWon de prince-‐philosophe accède au trône. Son père, le « roi sergent » lui lègue une armée puissante et entrainée qu’il brule d’uWliser contre l’hériWère des Etats des Habsbourg, Marie-‐Thérèse, pour s’emparer de la riche Silésie.
• Versailles a renouvelé ses capitulaWons avec l’empire o`oman et cherche a contenir les ambiWons russes au Nord et a l’Est avec une série d’alliances de revers avec Stockholm, Copenhague et Berlin.
• Louis XV penche pour une poliWque du juste milieu mais le parW anWautrichien emmené par le maréchal de Belle-‐Isle souWent la candidature impériale de l’électeur de Bavière pousse a la guerre et fait miroiter la conquête des Pays-‐Bas autrichiens (actuelle Belgique).
• En décembre 1740, la Prusse s’empare de la Silésie. Marie-‐Thérèse se retrouve isolée. Devant le nouveau rapport de force, la France décide de s’allier a la Prusse. Maurice de Saxe commande un corps d’armée, et celui qui sera bientôt le plus brillant maréchal de Louis XV, s’empare de Linz et Passau en Haute Autriche, et pénètre en Bohème.
• Mais Fréderic II n’est pas seulement prompt a agresser ses rivaux, il fait bien peu de cas de ses allies, qu’il n’hésite pas a abandonner en plein conflit, s’il y trouve son intérêt. La France « fait donc la guerre pour le roi de Prusse. »
A view of the glorious ac<on of Deongen. Au moment de la bataille de Deqngen, France et Grande-‐Bretagne ne sont pas encore officiellement en guerre. George II
d’Angleterre commande l’armée dite pragmaLque – par référence a la pragmaLque sancLon dont elle souLent l’exécuLon. Le maréchal de Noailles a mis au point un solide disposiLf défensif, qui lui vaut un commentaire
louangeur de Fréderic II de Prusse. La victoire semble en vue, alors que le duc d’Harcourt décide imprudemment
de passer a l’aFaque avec les troupes d'Elite de la maison du roi, forçant les baFeries françaises a cesser
leur Lr. La compagnie des chevau-‐légers du roi est anéanLe.
Les années Fleury
• Prague, ancienne capitale impériale, est prise par les Français. Et nouvel affront pour les Français, Fréderic II, se sentant en posiWon de force, négocie une paix séparée avec Marie-‐Thérèse, encore reine de Hongrie. Isoles a Prague, les Français résistent brillamment. Belle-‐Isle réussit une retraite remarquable en plein hiver. La garnison chargée de fixer les Autrichiens sort de la place avec les honneurs de la guerre et un sauf-‐conduit. L’échec de la poliWque anWautrichienne de Belle-‐Isle est néanmoins patent.
• L’Angleterre, qui a œuvre pour que Vienne et Berlin fassent la paix, s’a`èle a recréer une large coaliWon anW-‐française. L’objecWf est comme lors des deux dernières grandes guerres de Louis XIV, guerre de la ligue d’Augsbourg et de succession d’Espagne: me`re sur pied une alliance entre les Etats protestants d’Europe et le l’Autriche des Habsbourg.
• A la mort du cardinal Fleury, en janvier 1743, le bilan diplomaWque et militaire est plus que décevant. La France est de nouveau isolée en Europe.
L’Europe en 1740.
Fréderic II
• Fréderic devient roi, en octobre l’Empereur meurt. Déjà, Fréderic amassait une force ; il entassait en lui un trésor d’énergie, de volonté puissante. L’heure sonne ; il apparaît d’airain. Il prit la Silésie aux Autrichiens, mais Fréderic semblait seul, sans allie. En réalité, il avait la France avec lui. Fréderic savait a merveille la vraie situaWon. C’est l’Autriche elle-‐même qui avait tue Fleury, usant et abusant de se crédulité, le rendant ridicule.
• Frédéric ne pouvait être accuse de nos désastres, c’est lui qui pouvait accuser. On avait constamment agi sans lui, et contre lui. On l’avait laisse seul au moment décisif d’avril 1742. Certes il avait le droit de nous tourner le dos. Il était pourtant un des nôtres, constamment inspire et imbu de la France. Français signifiait pour lui libre penseur. Etre un roi tout français, cela lui paraissait être roi des esprits et de l’opinion, grande puissance qu’il culWva toujours et qui n’aida pas peu au beau succès de ses affaires. Son armée qui n’avait fait la guerre que sur les places de Berlin, était dressée sans doute. Mais tout cela n’est rien. Une armée ne se forme qu’en guerre et sous le feu. Son influence ôta deux armées a nos ennemis: i) celle du Hollandais que l’Angleterre voulait donner aux princes allemands et que le roi de Prusse paralysa plus d’une année ; ii) les troupes anglaises de Flandre que Georges, ce furieux Allemand, plus Autrichien que l’Autriche, envoyait a Marie-‐Thérèse.
• Frédéric s’obsWnait à nous croire de bonne foi. Les belles le`res qu’il écrivait alors sont un peu juvéniles. Avec son air prudent et doucement moqueur qu’il eut toujours, il était ivre de la France.
Marie-‐Thérèse d’Autriche
• Marie-‐Thérèse, ce`e femme de 28 ans, toujours grosse et nourrice, avec sa beauté pléthorique, ivre de sang et bouffie de fureur, a beau être dévote ; on voit déjà ses filles et le fantasWque orgueil de Marie-‐Antoine`e, et les emportements de la sanguinaire Caroline.
De la gloire de Fontenoy au désamour du bienaimé
• Débutée sous le ministériat du cardinal Fleury, la guerre prend un tour dramaWque lorsque Louis XV qui s’est rendue aux armées, tombe gravement malade a Metz, en aout 1744. Il fait publiquement pénitence et vœu a sainte Geneviève, s’il guérit, d’élever une une église sur la colline parisienne éponyme. Ses anciennes maitresses, les duchesses de Lauragais et de Châteauroux sont renvoyées, il faut au roi recouvrer une moralité publique digne du Très ChréWen.
• Malgré la paix séparée de 1742, Fréderic II craint de perdre le bénéfice de la Silésie. Apres la déclaraWon de guerre a l’Autriche en avril 1744, Louis XV se rend aux armées. Ses forces commandées par Noailles et Maurice de Saxe pénètrent dans les Pays-‐Bas autrichiens. Comme convenu, Fréderic II passe de son cote a l’offensive en Bohème.
• Maurice de Saxe affronte a Fontenoy les troupes alliées sous le commandement du duc de Cumberland, composées de Britanniques, d’Autrichiens et de Néerlandais, auxquels les Français ont pris les places de la Barriere. La victoire est une revanche de la bataille de De�ngen.
• Bruxelles est prise en février 1746. Les drapeaux pris a François Ier lors du désastre de Pavie en 1525 sont ainsi récupérés.
Duchesse de Lauragais.
Duchesse de Châteauroux..
La bataille de Fontenoy
• Les Anglais, Hollandais, Hanovriens, regardaient comment percer a nous. Il fallait franchir les ravins ; puis on était en face de trois redoutes, avec celle de Fontenoy au centre. Dans ces redoutes tonnaient 120 canons. Richelieu, risquant sa fortune, demanda si sa Majesté voudrait envoyer ses canons. Le roi parut trouble. Il hésita, puis consenWt, ne pouvant guère faire autrement. Ces canons, à l’instant traines devant la masse anglaise, Wres à quelques pas, y firent une horrible trouée. D’aout en octobre 1745, la ligue (d’Autriche, Saxe, Angleterre, Piémont) était vaincue partout. En Flandre, on avait pris Bruges et Gand, et l’on invesWssait Bruxelles. En Italie, une armée espagnole, parWe de Naples, et ayant joint notre armée de Provence, secondée des Génois, avait sépare brusquement le Piémontais de l’Autriche.
Derrière le mythe de la guerre en dentelles, « messieurs les Anglais, Lrez les premiers », Fontenoy est une bataille couteuse en vies humaines.
De la gloire de Fontenoy au désamour du bienaimé
• Maurice de Saxe, fait Marechal General, comme Villars, le vainqueur de Denain, et Turenne avant lui, affronte une nouvelle fois victorieusement le duc de Cumberland a Lawfeld. Assiégée en avril 1748, Maastricht capitule le 7 mai.
• Epuises par une guerre intense et couteuse en hommes et en moyens financiers, d’autant que des combats ont eux aussi lieu en Amérique du Nord et en Inde, les belligérants ouvrent des pourparlers de paix en 1748. La paix est en définiWve signée a Aix la Chapelle en octobre. Fréderic II qui n’a poursuivi que ses propres buts de guerre et a fait peu de cas de ses engagements envers ses allies apparaît comme le principal gagnant du conflit. Quant a Louis XV, il se pose en arbitre de la paix, et renonce a toutes ses conquêtes face a Marie-‐Thérèse qui recouvre la possession des Pays-‐Bas. En Inde, Madras conquise par les Français en 1746 est resWtuée a la Grande Bretagne.
• Du roi de gloire au roi de paix: Le ressort du roi de paix, du roi d’amour est bel er bien casse. Louis XV est sur la défensive sur tous les fronts intérieurs (finances, parlements, libelles et écrits clandesWns) comme sur les fronts extérieurs.
• On peut affirmer que depuis la guerre de succession d’Autriche et jusqu’à la guerre d’Indépendance américaine incluse, la victoire pas plus que la paix d’ailleurs ne profite a l’image du roi.
• Du roi pacificateur au roi citoyen: sur la carte des places royales du XVIIIème siècle, trois réalisaWons provinciales reWennent l’a`enWon: Rennes, Nancy et Reims.
Maurice de Saxe a la bataille de Lawfeld. “Argenson renvoyé (février 1747), c’est toute une révoluLon. Nous tournons le dos à la Prusse, à la Hollande et au Piémont. Nous reviendrons de plus en plus aux alliances catholiques, aux Espagnols et aux Autrichiens.”
De la gloire de Fontenoy au désamour du bienaimé
• Récemment acquise au royaume, Nancy explose véritablement. La statue équestre de Louis XV donne sens et cohérence a un centre urbain qui associe l’hôtel de ville, l’hôtel des fermes, la comédie, l’école de médecine, le palais de jusWce et la bourse du commerce.
• Diderot au sujet de la place royale de Reims: « Le milieu de la place de Reims sera décoré d’une statue du roi. C’est M. Pigalle qui est charge de ce travail. Le bras est mou, les doigts de la main sont écartés et un peu tombants. La figure n’est pas fière, et elle ne doit pas l’être, mais elle est noble et douce. »
• En descendant dans parfois de son piédestal du roi de gloire pour se présenter en roi citoyen, serviteur de l’Etat et promoteur de l’intérêt général, Louis XV se rapproche de ses sujets dont il escompte a la fois obéissance et amour, et se préoccupe du bonheur de ses peuples. Mais il réduit la distance qui le sépare de la criWque par rapport a ses échecs sur les plans extérieur et intérieur de l’irrespect.
Gravure de la statue équestre de Louis XV a Paris. Louis XV devait apparaître comme un cavalier montant de sang froid, avec dignité mais sans hauteur .
Maurice, comte de Saxe. Fils naturel de l’électeur de Saxe Fréderic Auguste Ier, Maurice de Saxe a vécu très tôt sur les champs de bataille. A parLr des années 1720, il se met au service de la France. Son chef d’œuvre est la conquête des Pays-‐Bas autrichiens et de la prise de Bruxelles. Au terme du conflit, il ne comprend pas pourquoi Louis XV abandonne l’ensemble de ses conquêtes territoriales.
Place royale de Nancy.
De la gloire de Fontenoy au désamour du bienaimé
• Louis XV et les femmes et la désacralisaWon du corps du roi: Le règne de Louis XV est scande dans la vulgate par l’ascension des maitresses royales successives, parmi lesquelles on reWent d’abord les trois sœurs Nesle: Mme de Mailly, Mme de VinWmille, et la principale Marie-‐Anne de Mailly-‐Nesle, faite duchesse de Châteauroux. On insiste ensuite sur Jeanne-‐Antoine`e Poisson, future marquise de Pompadour, et sur Jeanne Becu, comtesse du Barry.
• Séduisante, culWvée, intelligente et rompue aux pièges autant qu’aux charmes de la vie aristocraWque et mondaine, Jeanne Poisson a des atouts. Un mois seulement après son installaWon comme maitresse en Wtre, circulent déjà des rumeurs se lon lesquel les madame de Pompadour aurait reçu d’importantes sommes d’argent du roi.
Le moqueur montrant son doigt. Joseph Ducreux.
Madame de Pompadour. « Madame Poisson, la future Madame de Pompadour, avait 23 ans, 4 ans de mariage et deux enfants. Elle était faLguée, molle et loin d’être neuve. Les hommes de valeur, Argenson, Marchault, Duverney, Quesnay, les Encyclopédistes étaient tous avec la Pompadour. C’est évidemment le parL de Voltaire et de Montesquieu. La Pompadour fit de Voltaire un académicien, un genLlhomme de la chambre, historiographe du roi. »
Rendez-‐vous au carrefour du puits du roi en foret de Compiègne, 1735
De la gloire de Fontenoy au désamour du bienaimé
• La marquise de Pompadour n’est pas seulement le bête noire des dévots et de ceux qui les souWennent a la cour. Pour Montesquieu, maitresses et confesseurs se disputent l’oreille du souverain et l’a�rent vers le despoWsme et l’arbitraire.
Le déjeuner d’huitres. Au centre les bouteilles conservées au frais dans une glacière en bois aFendent d’être ouvertes par les convives, tandis que les coquilles vides jonchent le sol.
La marquise de Pompadour, François Boucher. Boucher a fait d’elle plusieurs esquisses jusqu’au célèbre portrait dite a la robe verte.
Vue du château de Bellevue a Meudon, du temps de la marquise Pompadour. Sur le plateau de Meudon, Bellevue est un château d’agrément dont le terrain a été offert par Louis XV a la marquise de Pompadour.
Un homme secret
• Louis XV culWve sa robustesse et son endurance grâce a la passion de la chasse, ce sport dont il ne se lasse jamais : « Chaque jour, excepte les fêtes et dimanches y étaient consacrés. » En maWère de poliWque étrangère, son domaine de prédilecWon, il a Wssé tout au long de son règne un réseau compose d’informateurs occultes, d’obscurs aventuriers, d’agents doubles et triples, avec lesquels il a entretenu une énorme correspondance en cache`e de ses ministres, développant des projets chimériques avec son cousin le prince de ConW.
De la gloire de Fontenoy au désamour du bienaimé
La marquise de Pompadour, Quen<n de la Tour. Les ouvrages places sur la table ou la marquise s’appuie n’ont pas été choisis au hasard. La Henriade (1728) de Voltaire, De l’esprit des lois (1749) de Montesquieu mis a l’Index en 1751 et le tome IV de l’Encyclopédie.
Au mitan du siècle
Louis XV, Van Lo.
• Sensibilité dévote ou parW dévot: Les jansénistes et les dévots ne sont pas a la France de Louis XV ce que les whigs et les tories sont a l’Angleterre Hanovrienne.
• Le comte d’Argenson, pièce centrale du gouvernement monarchique: Pendant la première moiWe du règne de Louis XV, le comte d’Argenson s’impose comme une pièce centrale du gouvernement monarchique.
• S’il est personnellement indiffèrent en maWère de religion, le comte d’Argenson s’appuie sur les milieux dévots de la cour pour revenir au premier plan. Le comte d’Argenson entreprend d’emblée une poliWque énergique, et il bénéficie opportunément des victoires du maréchal de Saxe et l’armée française a parWr de Fontenoy.
• Proche de la reine, il doit aussi compter sur l’inimiWé de la marquise de Pompadour. Non seulement, Louis XV n’en fait ni son premier ministre ni un duc et pair, mais il le disgracie meme en 1757.
• La poursuite des conflits intérieurs: il faut rompre avec la vision caricaturale de parlements hosWles par principe a toute reforme de l’Etat notamment dans le domaine fiscal, arc-‐boutes sur leurs privilèges, comme s’ils étaient les seuls a adopter ce`e posture, manipulant l’opinion, par opposiWon des ministres réformateurs justes et vertueux, sacrifies régulièrement sur l’autel des parlements et de l’opinion par un roi velléitaire.
• Désormais, la quesWon fiscale ne qui`era plus l’avant scène jusqu’à la RévoluWon. Pour les parlements, les états provinciaux, l’assemblée du clergé, la perte des exempWons fiscales n’est pas le seule en cause. Le vingWème, les déclaraWons des contribuables sur lequel il repose, son mode de percepWon, sont des actes du despoWsme ministériel caractérisés. L’Etat entend s’insinuer partout et en réduisant les libertés fiscales, enchainer la naWon. Pour l’épiscopat, ce`e reforme efface les ordres, les rangs, les statuts, les libertés, au profit du nivellement fiscal qui porte en germe le chaos social et poliWque. La poliWque royale n’est plus comprise qu’a travers le prisme de l’abus: abus d’autorité, despoWsme, hybris qui fait perdre toute noWon de bien public, sans quoi il n’est de royaume bien réglé.
Comte d’Argenson.
Au mitan du siècle
• Les refus du sacrement: L’archevêque de Paris a rouvert des plaies encore a vif, en décidant d’appliquer la règle excepWonnelle du refus des derniers sacrements. Pour les recevoir sur leur lit de mort, les fidèles doivent présenter des « billets de confession » a`estant que leur dernière confession a été faite auprès d’un prêtre consWtuWonnaires.
• Parallèlement a ce`e reprise en main du clergé, la fréquence du toucher des écrouelles par le roi diminue fortement, car ses manquements l’empêchent de se confesser et de communier.
• L’a`entat de Damiens (1757): Louis XV est tourmenté par sa conscience de chréWen, sa conduite sexuelle et morale, et le fait que les dévots de son entourage relayes par ses confesseurs manifestent ouvertement leur hosWlité.
• La ville bruisse sur les commanditaires éventuels de l’a`entat. Les jésuites sont parWculièrement vises. Le caractère abominable du supplice choque l’opinion éclairée qui aurait a`endu une certaine mansuétude. Non seulement Louis XV n’est guère plaint mais sa popularité ne remonte pas.
• L’austérité naturelle et les tradiLons jansénistes portaient Damiens du cote des Parlementaires. Qui se consLtuerait le bras de Dieu pour frapper le roi ? Damiens se dit en lui, « c’est moi ! ». Avant de monter dans son carrosse, le roi dit : « Est-‐ce-‐ qu’une épingle m’aurait pique ? » Il mit la main sous ses habits, la reLra moite et sanglante. Puis montrant Damiens qui ne bougeait pas, il dit : « C’est ce monsieur Qu’on l’arrête. Qu’on ne le tue pas. » Les deux parLs voulaient qu’il accusât leur adversaire. Le parL jésuite comptait qu’il parlerait contrées jansénistes et réciproquement. Marchault, le garde des sceaux, supposait que c’était un coup des jésuites pour faire régner leur prince, le Dauphin.« Cui prodest ? » Qui peut y avoir intérêt ? Damiens est reste longtemps pour la physiologie un exemple célèbre de ce qu’on endure sans mourir, un singulier et curieux paLent. Chacun y prouva son amour de la vérité par l’excès de la cruauté. Damiens et son peLt canif avaient rendu au roi un vrai service. Ils l’avaient relevé. Avant, huit parlements lui refusaient l’impôt. Ses financiers ne trouvaient plus d’argent. Mais après l’écorchure, quel changement ! Les femmes pleurent. Le
Parlement, bon gré mal gré, se calme, ayant peur qu’on ne dise : « Ils sont pour Damiens ! »
Au mitan du siècle
• Le renversement des alliances et les défaites de la guerre de 7 ans: La guerre de 7 ans (1757-‐1763) est la première guerre mondiale puisqu’on se bat de l’Amérique du Nord aux Indes, de l’AtlanWque a l’océan Indien en passant par la Méditerranée, et sur une grande parWe du théâtre européen.
• De fait, en Amérique du Nord, la zone de contact entre les possessions françaises de Nouvelle France et les colonies britanniques est en permanence l’objet d’affrontement qui peuvent déraper a tout moment, notamment sur l’Ohio.
• En Europe, se produit le renversement des alliances. Elle conduit la France et les Habsbourg de Vienne a interrompre deux siècles d’antagonisme, a se rapprocher et a conclure le premier traite de Versailles.
• Louis XV n’as plus confiance dans son ancien allie prussien, qui n’a pas respecte ses engagements lors du conflit précèdent. La marquise de Pompadour et le cardinal de Bernis ont joue un rôle majeur dans ce renversement diplomaWque. De son cote, la Prusse a entrepris de se rapprocher de la Grande Bretagne. De son cote, la Russie demeure fidèle a l’alliance autrichienne.
• Alors que les revers britanniques inquiètent Londres, car les Français ont prix le fort Owego en 1756, posiWon stratégique sur le lac Ontario, le gouvernement tombe aux Communes. Un nouveau cabinet forme par William Pi` est charger de mener une guerre globale contre Versailles.
• Le tournant de 1757: Sans ra`raper le retard accumule, les poliWques des secrétaires d’Etat a la Marine Rouille et Marchault s’Arnouville a porte ses fruits depuis l’après-‐guerre de la succession d’Autriche. Sur le théâtre des opéraWons conWnental, le sort la-‐aussi paraît très favorable a Louis XV et ses allies, avant que l’année de Rosbach ne marque un premier tournant.
Fréderic II
Au mitan du siècle
• Louis XV conclut une alliance offensive avec Vienne lors du second traite de Versailles du 1er mai 1757. il promet d’engager 100.000 hommes et un souWen financier et son aide pour reprendre la Silésie, contre des compensaWons dans les Pays-‐Bas autrichiens.
• Pour Fréderic II, en était d’infériorité numérique notoire, il faut prendre l’offensive et diviser ses adversaires. Il affronte en premier lieu les armées des Cercles d’Empire et les Français commandes par Soubise, très supérieurs en nombre a Rosbach, le 3 novembre 1757. la manœuvre de Fréderic II est très ambiWeuse: il feint de retraiter pour se retourner brutalement sur son adversaire et lui porter un coup décis. Rosbach laisse des traces psychologiques profondes parmi les officiers français. L’un des futurs théoriciens militaires et réformateurs de l’armée française, le comte de Guibert, alors âgé de 14 ans, accompagne son père et assiste a la bataille. Impressionné par l’ordre oblique mis en oeuvre par Fréderic II pendant la guerre de 7 ans, il y voit « l’ordre le plus usité, le plus savant, le plus suscepWble de combinaisons. »
“La décadence pitoyable de l’armée arrivait au dernier degré. Rosbach : l’affaire ne fut que ridicule. Peu de blesses, très peu de morts, mais d’innombrables prisonniers.”
Fréderic II et Rosbach
A ce moment, tous les rois sont d’accord. Tous contre un seul, contre Frédéric. En meme temps, la guerre est déclarée à la libre pensée. Des ordonnances atroces ouvrent la chasse ainsi contre les philosophes, la librairie, l’imprimerie. L’Encyclopédie est brisée, démembrée, D’Alembert laisse la Diderot. Ce qui est sur est que les étrangers venaient en foule a Frédéric : tels pour l’armée, tels pour l’industrie, la culture. Tant de colons qui affluaient, parlent assez haut pour lui. Les refugies de tous les cultes venaient au grand asile. Près de nos protestants, chasses par les jésuites, arrivèrent des jésuites quand leur ordre fut supprime. Comme les Russes vont lentement, lui donnent quelques mois, comme des trois colosses, Russie France et Autriche, il n’en a que deux sur les bras, il doit ou périr sans remède, ou pour un an désarmer deux empires. Eh bien il le fait a la le`re : vainqueur, vaincu, en trois batailles horriblement sanglantes, il fit une saignée a l’Autriche, telle qu’elle ne remua de longtemps. Par l’affaire de Rosbach d’immortel ridicule, il porta à la France un si grand coup moral, qu’elle se méprisa, fit des vœux contre soi, n’admira plus que son vainqueur.
Au mitan du siècle
• La guerre navale se prolongeant au-‐delà de l’année 1757, la marine française a le plus grand mal a poursuivree son effort de mobilisaWon sur l’ensemble des théâtres d’opéraWon navales. Le conflit s’étend désormais aux AnWlles, si précieuses pour le commerce colonial français et l’acWvité des ports atlanWques qui s’enfoncent dans le marasme.
• Victoires britanniques: La faiblesse de la flo`e française est encore plus manifeste l’année suivante, avec deux défaites majeures, la bataille de Lagos au Portugal et la bataille des Cardinaux dans la baie de Quiberon, le 20 novembre 1758.
• Apres la bataille des Cardinaux, la marine royale n’est plus en mesure de mener une guerre d’escadre contre la Royal Navy. Il faut a`endre la reprise en main par Choiseul pour qu’un effort financier , matér ie l , humain, technique remarquable, mais couteux, perme`e a nouveau a la France d’aligner une marine compéWWve face a l’hégémonie anglaise, marine sur laquelle toute revanche est impossible.
• Face a Carthage, il faudrait retrouver les vertus civiques du mos majorum de la République romaine. La défaite est en définiWve la puniWon de l’esprit français des Lumières. Il en résulte une violente campagne d’opinion contre les philosophes. La bataille de Cardinaux – le 21 novembre 1759
Château de Sans Souci a Postdam – outre le joyau de rococo allemand, les visiteurs admirent les 6 terrasses avec leurs jardins et leurs vignes. Fréderic II collecLonne les chefs d’œuvre de la peinture italienne, flamande, et dans de moindres proporLons françaises.
La confronta<on avec l’Angleterre
L’Etat n’encourageait pas suffisamment les Français à s’installer en Nouvelle-‐France et en Louisiane, ou bien il prenait des mesures stupides comme l’interdicWon faite aux Protestants de s’établir au Canada, alors que ceux-‐ci jouèrent un rôle déterminant dans la fondaWon des colonies françaises de l’Amérique. Au total, vers 1750, le revenu des AnWlles françaises dépasserait celui des AnWlles anglaises. Dans les Indes, les Français soutenaient plutôt les nababs musulmans, tandis que les Anglais nouaient des alliances avec les princes hindouistes soulevés contre la dominaWon moghole. La marine anglaise cherchait à saigner a blanc la Royale en raflant tous les vaisseaux de commerce français, en la privant de ses équipages qui serviraient tôt ou tard sur ses bâWments : 6.000 matelots et officiers furent ainsi captures et conduits sur des pontons dans le Sud de l’Angleterre, où la plupart d’entre eux resteront enfermes durant plusieurs années. Outre l’avantage numérique des forces navales britanniques, deux fois plus nombreuses que la flo`e française, le contraste primordial est culturel. La France est restée une naWon de terriens indécro`ables, qui sont persuadés que le sort de la guerre se jouera sur les champs de bataille de l’Europe conWnentale. L’Autriche mainWent sa neutralité dans le cadre du conflit de la France contre la Grande-‐Bretagne, tandis que Louis XV engage le gros de ses forces et de ses ressources en Allemagne, la ou les intérêts de son royaume ne sont nullement menaces. Les 6 années de guerre menées par les armées françaises en Allemagne occidentale ne vont servir a rien... De plus, ce`e guerre avive la rivalité entre les maréchaux de Louis XV et l’insubordinaWon de leurs chefs de corps. Les sommes affectées par le gouvernement britannique à l’assaut du Canada sont 25 fois supérieures à celles que la France desWnait a la défense de ce`e colonie. Montcalm croit que la guerre ne peut être conduite qu’avec des soldats de méWer, fait peu de cas des coureurs des bois enrôles dans la milice et encore moins des Indiens. C’est pourtant avec ces forces qu’il bat a quatre reprises l’armée anglaise d’Amérique du Nord, qui est essenWellement composée par des troupes réglées. En 1760, on peut dire que Pi` a réussi la conquête du Canada. C’est l’avènement de la prépondérance économique et poliWque de la Grande-‐Bretagne. Par le nombre de ses belligérants et la diversité de ses théâtres d’opéraWons, la guerre de 7 ans fut la première des guerres mondiales et s’est déroulée sur presque tous les océans et toutes les mers. Comme le Simplicissimus de Grimmelshausen traverse les misères de la guerre de 30 ans, le Candide de Voltaire connaît les horreurs de la guerre de 7ans.
Le royaume de Prusse est devenu avec la Russie l’une des grandes puissances de l’Europe conLnentale. La Nouvelle-‐France est liquidée et l’essenLel est pour Louis XV de récupérer les îles des AnLlles, productrices de sucre et de café !
Au mitan du siècle
• Choiseul, secrétaire d’Etat: Proche des philosophes, il entreWent une correspondance régulière avec Voltaire; il veut terminer une guerre dont l’issue ne fait plus guère de doute, tout en jetant les bases de la revanche. Sur le conWnent, la chance de Fréderic II a tourne. La Saxe est occupée et les troupes russes parviennent jusque dans les faubourgs de Barlin qu’elles ravagent.
• En Amérique du Nord, l’impossibilité d’envoyer des renforts réguliers en raison de l’hégémonie navale anglaise et la chute de Louisebourg provoquent la perte définiWve de la Nouvelle France.
• Négocier la paix: Chasses d’Amérique du Nord en 1760, les Français voient leurs possessions dans les « Isles » tomber dans l’escarcelle britannique, a la notable excepWon de Saint-‐Domingue.
• La paix est finalement conclue en 1763. Versailles cède l’ensemble des possessions du Mississipi sauf le delta de la Nouvelle Orléans. La France conserve des droits de pèche, si âprement discutes lors des négociaWons de 1761, a Terre-‐Neuve et dans le golfe de Saint-‐Laurent. Elle obWent Saint-‐Pierre et Miquelon et recouvre les iles anWllaises perdues pendant le conflit. Certains colons auraient pourtant préféré demeurer dans le giron britannique, mais les colon anglais de la Jamaïque étaient, pour leur part, très hosWles a ce`e annexion perçue comme une source de concurrence commerciale.
E<enne François, duc de Choiseul-‐Stainville– Avant de devenir ministre, il a d’abord montre son talent a la fois dans le domaine des armes au cours de la guerre de succession d’Autriche et dans la diplomaLe qu’il affecLonne parLculièrement.
La mort du marquis de Montcalm devant Québec– Devant Québec, il choisit de ne pas laisser venir son adversaire supérieur en nombre mais de passer a l’aFaque. Une pluie de projecLles mortels s’abat alors sur les Français. Montcalm est mortellement blesse.
la poli<que extérieure du Choiseul: le retour aux alliances tradi<onnelles
On peut s’étonner de l’animosité de Michelet envers Choiseul, un ministre plutôt favorable aux philosophes et qui a de plus fait expulser les Jésuites de France. Par son alliance avec l’Autriche pendant la guerre de Sept Ans, la France non seulement s’est affaiblie matériellement, a perdu ses colonies, a cède définiWvement la prépondérance des mers a l’Angleterre, mais surtout elle a renie sa vocaWon de naWon universaliste et civilisatrice. A l’Est, Frédéric II, accule par la coaliWon à laquelle parWcipe la France, s’entend en 1772 avec Catherine II pour le partage de la Pologne. La poliWque de Choiseul a donc eu l’effet le plus nocif qui soit, elle a fait régresser l’humanisaWon du monde et compromis peut-‐être irréversiblement la vocaWon internaWonale de la France. La France, sous les Choiseul, fut gouvernée par la Lorraine, a peu près comme au temps des Guises. La Lorraine, réunie à la France, en fut maitresse. Ce fut comme une invasion. Elle remplit toutes les places, eut les hautes influences. Le meilleur du patrimoine des Choiseul avait été la trahison. Au traite de Babiole, Choiseul, qui ne croyait a rien, profitait des lueurs dévotes qu’avait le roi dans ses heures d’épuisement. Quelle expiaWon meilleure que d’accabler Frédéric ? Heureuse idée de Choiseul... Soutenir Charles XII. La grande flo`e devait couvrir le passage des bateaux préparée au plus loin, à Toulon. Au lieu de concentrer l’effort, on le divisait ; a la fois on a`aquait les trois royaumes : en Irlande, en Ecosse et vers l’Angleterre ou Soubise devait cingler avec 50.000 hommes a parWr du Havre. La flo`e anglaise, avant avril, nous prit déjà la Guadeloupe. Au Canada, l’intrépide Montcalm de Nîmes, sans renfort et sans espoir, lu`a jusqu’au mois de septembre ; il fut tue, le pays perdu.
Choiseul se fait Espagnol, prépare et publie, en aout 1761, le fameux Pacte de famille. Quoi de plus beau, quoi de plus grand, que de lier en un faisceau tous les membres de la famille, de raFacher France, Espagne, Parme, Naples, la Sicile ! Ce n’était pas une force qui s’ajoutait à la France, c’était un gros embarras, une caraque de commerce, trainant derrière un vaisseau, et qui ne fait que l’alourdir. Paris souscrit un vaisseau, et bientôt chaque province. Enthousiasme général. Le plan était malhonnête, chimérique et étourdi. Il n’avait qu’un cote certain : il faisait abimer l’Espagne dans ses floFes et ses colonies. Avec ces dépenses et sa guerre, Choiseul était toujours a la merci des Parlements, comme un mendiant a leur porte. Sa mécanique était fort simple. A ces dogues toujours grondants, pour Lrer d’eux ce qu’il voulait, il lui suffisait de montrer leur gibier, leur proie, les Jésuites.
Un surdoué de la poli<que qui s’en prend aux Jésuites
Surdoué de la poliWque et des affaires d’Etat, Choiseul était sans doute un incrédule, un jouisseur effréné et cynique, ne croyant qu’en lui-‐même, quoique fort bien seconde par son clan familial. Vers le milieu du XVIIIe siècle, la Compagnie de Jésus comptait 23.000 membres et 1.600 établissements dans le monde, dont 800 collèges. Ce`e congrégaWon s’est fortement implantée en France grâce à Henri IV, le premier roi qui prit un confesseur jésuite et favorisa l’essor d’établissements de la Compagnie de Jésus dans le royaume. Or tout au long du XVIIe et XVIIIe siècles, les doctrinaires du gallicanisme ont toujours perçu les jésuites comme un corps étranger. C’était l’œil de Rome à Paris. Meme quand ils n’étaient pas favorables au jansénisme, les religieux français détestaient l’a�tude orgueilleuse des jésuites, jalousaient l’aisance et le rayonnement de leurs mulWples fondaWons. Il est piquant de constater que, sur les 250 magistrats du parlement de Paris qui font le procès de la Compagnie de Jésus en 1761, 104 furent éduqués au collège de Clermont. L’enseignement des collèges de jésuites était enWèrement gratuit comme celui de la plupart des établissements d’éducaWon tenus par des ordres religieux. C’est le prix de la pension, assez élevé dans les grandes villes, qui sélecWonnait les élèves selon les moyens de leurs parents. Le discours des philosophes est très défavorable aux collèges de jésuites. D’abord par anWcléricalisme, mais aussi parce que le paradoxe des Lumières consiste à criWquer ces insWtuWons qui favorisent l’évasion, au-‐delà de leur condiWon, des jeunes gens qui auraient dû rester d’uWles arWsans et de braves paysans. Une campagne de diffamaWon contre les jésuites se développe à l’échelle européenne, qui abouWra a la mise hors la loi de la Compagnie de Jésus dans la plupart des Etats catholiques, puis a sa suppression par la Papauté, qui se résigne en 1773 à abandonner un ordre dont le souWen ne lui avait pourtant jamais manqué.
Experts, théoriciens et administrateurs
• L’acWon modernisatrice et raWonnalisatrices qu’incarnent les Lumières techniciennes, est bien visible dans la créaWon des Ponts et Chaussées. Et ;la sélecWon des ingénieurs du cops annonce la méritocraWe républicaine.
• Le projet de saisie globale de l’espace par les Atlas dits de Trudaine force l’admiraWon. Dans un siècle ou l’on se passionne pour les instruments de précision, l’ingénieur se disWngue du savant amateur qui a jusqu'ici le monopole de l’experWse. L’ingénieur vise pour sa part une applicaWon praWque, il mesure pour agir, il est tout enWer transporte par le chanWer qui lui est confie.
• L’ingénieur expert est aussi un médiateur. L’ingénieur des Ponts et Chaussées n’est pas seulement un technicien. Il se soumet aux règles du corps et du service de l’Etat, et se montre prompt a disqualifier les entrepreneurs et autres intervenants prives d’un domaine dont les enjeux sont trop importants pour être abandonnes a des parWculiers.
• Les infrastructures se développent tant du point de vue de la longueur totale des routes que du point de vue de la densité des routes et de l’interconnexion, diminuant considérablement l’éloignement par rapport au relai le plus proche.
L’intérieur du port de Marseille, Le marquis de Marigny, frère de la marquise de Pompadour et directeur des bâLments du roi, passe commande a Joseph Vernet de la série des ports de France. CeFe série vise a afficher le potenLel mariLme du royaume, a illustrer l’invesLssement de la monarchie dans les infrastructures navales.
Atlas dit de Trudaine, Il prévoit de représenter les construcLons situes dans une bande de 6 lieues de large de part et d’autre de la chaussée: les fermes, ponts, moulins, granges, mais aussi aggloméraLons. Le plan rouLer accède au rang d’objet de gouvernement. Cependant, l’atlas Trudaine n’a rien a voir avec une cartographie exhausLve du territoire sur le modèle de la Carte Cassini.
Une diligence, Les temps de déplacement ont considérablement diminue au cours de la seconde moiLe du XVIIIème siècle avec la révoluLon des transports. Une diligence, la bien nommée, peut désormais relier Paris a Lyon en 5 jours, quand un voyageur a cheval met 9 jours, et un courrier postal deux a trois jours selon l’urgence des plis transportes.
Experts, théoriciens et administrateurs
• L’économie poliWque est aujourd’hui la science a la mode en France: La trajectoire ascendante mais non linéaire de Vincent de Gournay mérite l’a`enWon car elle témoigne de la richesse de la figure de l’administrateur au siècle des Lumières. Son ascension jusqu’au cœur du pouvoir d’Etat, mais surtout son influence au-‐delà du bureau du commerce, témoignent des horizons des possibles au milieu du XVIIIème siècle.
• Le comte de Maurepas le charge d’une mission d’analyse stratégique confidenWelle en Angleterre, aux Provinces-‐Unies et dans l’Empire. Il s’agit pour Gournay d’évaluer les poliWques économiques des différents Etats et de comprendre les mécanismes de la réussite anglaise. Gournay esWme qu’il faut baisser les taux d’intérêt afin d’a�re vers les secteurs producWfs les capitaux qui leur font défaut jusqu’ici.
• Libérer la classe producWve et reformer l’impôt: Les principales figures de l’Ecole physiocraWque sont François Quesnay, médecin de la marquise de Pompadour, le marquis de Mirabeau. Pierre Samuel Dupont de Nemours forge le terme « physiocrate » et est a l’origine de la dynasWe entrepreneuriale américaine éponyme.
• L’agriculture est seule créatrice de richesses. Dans une Europe très majoritairement rurale, la physiocraWe, le gouvernent de la nature, pose que l’agriculture est seule créatrice de richesses. Et la quesWon fiscale est au cœur des théories physiocrates. Elles divisent la société en 3 classes: la classe producWve (fermiers et acWfs de la pèche et des mines), les propriétaires (le souverain, le clergé décimateur et les autres bénéficiaires de la rente foncière) et enfin la classe stérile, consWtuée des arWsans et ouvriers de l’industrie ainsi que des travailleurs soudoyés (commerçants, serviteurs de l’Etat et domesWques). Ce`e classe est dite stérile parce qu’elle ne parWcipe pas a la créaWon de richesse agricole. L’agriculture est la seule acWvité économique productrice « ne`e », c’est a dire la seule acWvité ou la valeur de la producWon est supérieure aux frais consenWs.
Mirabeau, « l’ami des hommes », Père du tribun révoluLonnaire, le marquis de Mirabeau est issu d’une famille de marchands italiens installes a Marseille. Très aFache aux droits et aux prétenLons de son ordre, celui auquel la postérité a conserve le surnom d’ami des hommes, s’est également illustre comme tyran domesLque, se flaFant d’avoir notamment obtenu du roi plus de 40 leFres de cachet contre les siens.
Experts, théoriciens et administrateurs
• Pour accroitre la prospérité de la naWon, il convient, esWment les physiocrates, d’augmenter les rendements agricoles en profitant du savoir agronomique, et surtout en le protégeant fiscalement. Les physiocrates prennent les théories mercanWlistes a contre-‐pied. La sphère économique est pensée comme créatrice de richesses par opposiWon au jeu a somme nulle du mercanWlisme. Chacun peut prospérer s’il se soumet aux lois bien comprises de l’ordre naturel, lequel tend spontanément a la convergence des intérêts parWculiers en raison de l’harmonie naturelle des intérêts. Une agriculture prospère fait la richesse d’une naWon. L’agriculture accroit en effet la populaWon et les revenus.
• On songe a un impôt raisonnable, évalue a un Wers du revenu foncier, explique et compris, levé directement, permet a l’Etat d’assurer la foncWon essenWelle, la sureté des citoyens. Ce`e poliWque fiscale suppose bien évidemment la suppression des exempWons fiscales pour les ordres privilégies. On imagine aisément les réacWons de la part du haut clergé et de la noblesse. On comprend donc aisément que les thèses physiocrates aient intéresse despotes éclairés et réformateurs, notamment dans les Etats ou l’acWvité agricole prime. Catherine II de Russie invite Mercier de la Rivière. Quant a Thomas Jefferson, il correspond avec Dupont de Nemours.
• ExpérimentaWons et reformes au temps de Turgot et BerWn: L’intervenWon de l’Etat doit toujours être guidée par le principe du respect absolu des droits naturels. Turgot est donc oppose a la corvée royale, privaWon de liberté, pour entretenir le réseau rouWer, quelle qu’en soit la nécessite. Associant intendants, cartographes, ingénieurs des ponts et chaussées – les différentes expérimentaWons autour de la taille tarifée et des cadastres débouchent sur l’annonce par le contrôleur général BerWn en avril 1763 de la créaWon d’un cadastre général, synonyme de refonte en profondeur des instruments d’esWmaWon des revenus.
Manufacture des frères We^er a Orange, Les indiennes sont donc très dépendantes a a la conjoncture internaLonale. Si leur producLon aFeint des sommets au milieu des années 1750, la guerre en Méditerranée a un effet catastrophique. L’ouverture du marche naLonal est des lors la seule issue possible pour un secteur isole.
Experts, théoriciens et administrateurs
• L’esprit de reforme du contrôleur général BerWn: Henri-‐Leonard BerWn devient contrôleur général des finances en novembre 1759 en remplacement de Silhoue`e. Il illustre la trajectoire type du grand commis de la monarchie administraWve. Protégé par la marquise de Pompadour et très apprécié du roi: BerWn bénéficie du crédit central.
• Comme pour l’école des Ponts et Chaussées ou pour l’école vétérinaire, il apparaît nécessaire de créer des corps techniques pour les mines avec des ingénieurs et techniciens capables d’encadrer les chanWers locaux et de coordonner au niveau central les chanWers améliorateurs.
• Malgré les efforts de désarmement de la populaWon, les violences ordinaires demeurent très présentes, notamment lorsqu’elles me`ent en jeu l’honneur des parWculiers. L’honneur est une réputaWon dont l’intégrité est sans cesse menacée, les a`eintes qui lui sont portées exigent une réparaWon matérielle.
Paris et ses 20 anciens quar<ers, il s’agit de favoriser la circulaLon de l’informaLon depuis la rue jusqu’au sommet de la hiérarchie policière.
Experts, théoriciens et administrateurs
• Pour apaiser les tensions et prévenir les troubles, le rôle des commissaires au Chatelet passe a 48 pour 20 quarWers. Les Encyclopédistes envisagent une utopie policière comme mise en ordre de l’espace urbain, harmonieuse parce que raWonnelle et hiérarchisée.
• Dans le meme temps, les capacités auto-‐policières tradiWonnelles des bourgeoisies urbaines sont remises en cause et la police bourgeoise de plus en plus disqualifie par les exigences nouvelles en termes de sécurité.
Henri-‐Leonard Ber<n.
Silhoue^e
• Des estampes saWriques montrent des gens portant des habits a la Silhoue`e, sans poche ni gousset. C’est donc ce contrôleur général des finances qui a donné son nom aux dessins en forme de silhoue`e.
• Le roi demande de l’argent aux parWculiers, aux financiers et aux banquiers, aux grandes villes, aux provinces et aux corps consWtues. On emploie également les bons vieux expédients, comme la créaWon d’offices inuWles et la vente de le`res de noblesse.
Sociabilité et Lumières
• Le premier phénomène majeur du siècle par sa richesse et la profusion des formes d’associaWon qu’elle suscite est la sociabilité.
• Phares de la sociabilité du XVIIIème siècle, les salons parisiens les plus importants animent le royaume européen des mœurs et du gout, s’épanouissent dans le monde et s’inscrivent dans la Société des princes et des cours. Les plus célèbres sont ceux de la marquise de Lambert (1647-‐1733), de madame de Deffand (1697-‐1780), de mademoiselle de Lespinasse (1732-‐1776) ou de madame Necker (1699-‐1794).
• Les salons parWcipent de la dimension mondaine et cosmopolite d’Ancien Régime. Grace a l’essor des voyages et de la culture et de la mobilité, les étrangers qui séjournent a Paris sont en effet nombreux a vouloir visiter les salons.
• A l’heure ou les progrès scienWfiques et techniques s’accélèrent et sont universellement loues au nom de l’uWlité publique et du progrès de l’humanité, les hommes de science sont parWculièrement prises dans les salons.
Lecture de la tragédie de L’Orphelin de la Chine de Voltaire dans le salon de madame Geoffrin,
Marquise de Lambert
L’esprit du XVIIIème siècle
• Si de Rousseau jaillit Robespierre, de Diderot jaillit Danton. Dieu s’élargît. La vie parut partout. Des le`res aux arts, des arts à la Nature, tout s’anima, tout devint force vive. Les insectes (par Réaumur) prouvèrent qu’ils étaient ouvriers, de merveilleux industriels, qui se faisaient chacun des ouWls pour son art. Ainsi, la Nature tout enWère, devant l’Industrie qui naissait, dit elle aussi qu’elle était i n d u s t r i e , c r é a t e u r l a b o r i e u x . L’Encyclopédie fut bien plus qu’un livre. Ce fut une facWon. A travers les persécuWons, elle alla grossissant. L’Europe enWère s’y mit.
• Montesquieu, Voltaire, Buffon, Diderot, ont produit toute leur vie. La producWon est chez eux, le cours meme de la nature. Rousseau est une érupWon. La Julie, le Contrat, l’Emile, lui échappent en une fois (1761-‐1762). On recule d’étonnement. Grand moment, tout était prêt. Le monde avait travaille et taille toutes les pierres pour le grand me`eur en œuvre.
Un diner de philosophes a Ferney.
Sociabilité et Lumières
• Paris-‐Stockholm: sociabilités, économie et révoluWon monarchique: Les diplomates suédois sont des acteurs majeurs des circulaWons mondaines arWsWques et savantes autant que diplomaWques.
• Le souverain suédois fixe la liberté pour mieux la garanWr; et s’il la borne, c’est seulement pour prévenir les risques de licence, qui portent eux-‐mêmes en germe le désordre et le chaos, soit la fin de la liberté.
• Le comte Scheffer fonde la maçonnerie naWonale suédoise a parWr des patentes maçonniques françaises et en fait l’un des piliers du mouvement favorable a un pouvoir monarchique, éclaire et réformateur. Scheffer et Gustave III sont parfaitement en phase avec le projet de Louis XV manifeste par la place royale de Reims: le roi citoyen établit les règles harmonieuses, naturelles et géométriques du bon gouvernement, se penche, soucieux du bonheur de ses peuples, sur l’économie et les finances de son royaume pour faire du plus humble de ses sujets un citoyen heureux.
• En a`endant alors que Louis XV et son chancelier Maupeou entreprennent un bras de fer avec les parlements, Gustave III restreint quant a lui très fortement la liberté de la presse, qui avait pourtant permis a ses parWsans de diffuser leurs thèses.
Gustave III roi de Suède et ses frères Charles et Fréderic-‐Adolphe.
Sociabilité et Lumières
• Les académies entre tradiWon et modernisaWon: L’académie désigne par excellence le cénacle érudit, qui, d’informel au cours du premier XVIIème siècle, s’insWtuWonnalise a parWr du milieu du siècle.
• La 24eme le`re anglaise est tradiWonnellement décrite comme une a`aque en règle contre l’Académie Française. Si la Royal Society newtonienne favorise la diffusion de la recherche, en revanche l’insWtuWon française praWquerait avant tout l’art du compliment mondain.
• Le conservaWsme social de nombre d’académies provinciales est une réalité indiscutable. Les négociants, quand il en manifeste le souhait, sont le plus souvent acceptes du bout des lèvres dans les instances académiques provinciales, a l’inverse des représentants de la noblesse parlementaire et du haut clergé qui ont une vocaWon « née » a siéger dans ces cénacles feutres comme a réunir des cabinets de curiosités. Le lien est évident entre la sociabilité aristocraWque et le mouvement académique.
• La créaWon des musées témoigne de la volonté des élites réformatrices du XVIIIème siècle de renouveler le champ de la sociabilité patentée, de son conformisme social et culturel, ouverte aux non-‐catholiques et au monde du négoce.
• Des confréries aux loges maçonniques: La loge maçonnique apparaît comme le carrefour de la sociabilité d’Ancien Régime et non comme un levier pour son éclatement. La première loge consWtuée, dont l’histoire est documentée par les archives, date de 1725 a Paris, mais il est envient que des francs-‐maçons britanniques ont circule en France des la fin du XVIIème siècle. A la veille de la RévoluWon, la Franc-‐maçonnerie compte environ 900 loges et 40 a 50.000 membres pour un royaume de 28 millions d’habitants.
Sociabilité et Lumières
• Phénomène urbain, la sociabilité maçonnique est parWculièrement acWve dans les grands ports, les capitales parlementaires et militaires. La loge opérait sans rupture une mutaWon de sociabilité: laïcisaWon, individualisaWon de la démarche et de l’engagement, autonomisaWon de la sphère sociale par rapport aux pouvoirs encadrants.
• Sociabilité populaire et clivages socio-‐culturels: La violence maitrisée – on voit comment les jeux d’adresse sont précisément des éléments déterminants du disposiWf de contrôle de soi, de maitrise des affects et d’exWrpaWon de la violence.
• L’amateur en société, juge du gout et des arts: L’amateur est a la fois la figure centrale de la sociabilité des pairs qui se disWnguent et se reconnaissent en se cooptant.
Aménagement du territoire et utopie architecturale: Port-‐Vendres au XVIIIème siècle. Le dessin renvoie a une architecture utopique soucieuse d’apporter a la
ville l’harmonie par la fluidité des circulaLons et l’aFenLon aux alignements.
Portrait dit d’Alexandre Jean Joseph le Riche de la Popeliniere. Fermier général, il incarne l’homme de
gout et l’amateur. Il Lent un célèbre salon parisien ou il accueille notamment Jean-‐Philippe Rameau. Fastueux, la Popeliniere souligne les limites de la ficLon égalitaire
entretenue en société entre protecteurs et arLstes.
Sociabilité et Lumières
• Le comte de Caylus, figure de l’amateur: Avant de faire figure de fondateurs de l’archéologie moderne, Anne-‐Claude de Thubieres, comte de Caylus est d’abord un amateur de diverWssement. La réputaWon arWsWque du comte de Caylus et la justesse de son gout sont largement reconnues. Caylus est reconnu comme membre amateur de l’Académie royale de peintures et de sculptures puis a celle des inscripWons et des belles le`res.
• Mais hosWle au règne des amateurs qui Wennent les académies, Diderot entreprend de disqualifier Caylus du point de vue de l’experWse savante pour en faire un plagiaire et un faux savant. Pour Diderot, le public ne doit pas être abandonne a lui-‐même cependant et a l’arbitraire. Publier la criWque d’art et ne plus la réserver aux chuchotements feutres des assemblées académiques est donc une nécessite.
Vue du salon de 1767.
Claude-‐Anne de Thubieres, Comte de Caylus « Je ne saurais dire lequel des deux avait prévenu l’autre; mais a
peine avais-‐je connu le caractère du personnage que j’avais pour le personnage autant d’aversion qu’il en avait pour
moi. J’avais donc pour lui ceFe espèce d’anLpathie naturelle que les hommes vrais et simples ont toujours
pour les charlatans . » Diderot
Sociabilité et Lumières
• Les Lumières en ChanWer: l’Encyclopédie: En 1728 paraît a Londres, la Cyclopedia or an universal dicWonary of arts and sciences d’Ephraïm Chambers. D’inspiraWon franc-‐maçonne et newtonienne, Chambers cherche a arWculer les sciences plus qu’a les juxtaposer.
• De fait, les hommes des Lumières perçoivent avec acuité le risque d’un parcellisaWon et d‘un cloisonnement du savoir du a la mulWplicaWon des connaissances techniques et spécialisées. L’urgence encyclopédique est leur réponse.
• Les 17 volumes de textes publies entre 1751 et 1765 soit 72.000 entrées auront réuni les efforts de 140 collaborateurs, idenWfies par une signature ou par un signe: Jean-‐Jacques Rousseau signe près de 400 arWcles d’un S au bas des arWcles.
• Diderot ne cache pas la difficulté du projet encyclopédique, véritable course contre la montre. Si la « manufacture encyclopédique » ralenWt trop la cadence, l’ouvrage sera dépasse par les avancées de la science, et les enregistrements ne feront que retarder son obsolescence.
• La souscripWon permet d’acquérir l’Encyclopédie pour 280 livres par paiements échelonnés au fil des livraisons des volumes, soit un peu moins d’un an de salaire d’un ouvrier qualifie du bâWment.
• ArWcle de Diderot sur l’autorité: « L’homme ne doit ni ne peut se donner enWèrement et sans réserve a un autre homme, parce qu’il a un maitre supérieur au-‐dessus de tout, a qui seul il apparWent tout enWer. »
Diderot. Van Loo.
D’Alembert. QuenLn de la Tour.
Sociabilité et Lumières
• De fait, les hommes des Lumières perçoivent avec acuité le risque d’un parcellisaWon et d ‘un cloisonnement du savoir du a la mulWplicaWon des connaissances techniques et spécialisées. L’urgence encyclopédique est leur réponse.
• Les 17 volumes de textes publies entre 1751 et 1765 soit 72.000 entrées auront réuni les efforts de 140 collaborateurs, idenWfies par une signature ou par un signe: Jean-‐Jacques Rousseau signe près de 400 arWcles d’un S au bas des arWcles.
• Diderot ne cache pas la difficulté du projet encyclopédique, véritable course contre la montre. Si la « manufacture encyclopédique » ralenWt trop la cadence, l’ouvrage sera dépasse par les avancées de la science, et les enregistrements ne feront que retarder son obsolescence.
• La souscripWon permet d’acquérir l’Encyclopédie pour 280 livres par paiements échelonnés au fil des livraisons des volumes, soit un peu moins d’un an de salaire d’un ouvrier qualifie du bâWment.
• ArWcle de Diderot sur l’autorité: « L’homme ne doit ni ne peut se donner enWèrement et sans réserve a un autre homme, parce qu’il a un maitre supérieur au-‐dessus de tout, a qui seul il apparWent tout enWer. »
A l’égide de Minerve. A l’instar de Bouillon ou de Neufchâtel, la principauté de Liège a compris tout l’intérêt qu’il y avait a offrir aux auteurs et aux libraires-‐ imprimeurs européens un cadre juridique fiscal parLculièrement aFracLf, des
contrôles douaniers réduits.
Sociabilité et Lumières
• Oubliée l’interdicWon de 1752, rien ne semble devoir enrayer la machine du succès, lorsque le privilège de l’Encyclopédie est brutalement révoque en mars 1759. L’Encyclopédie est une cible toute désignée. Diderot ne cache pas son inquiétude a Voltaire: « il faut faire ce qui convient a des gens de courage: mépriser nos ennemis, les poursuivre et profiter, comme nous l’avons fait, de l’imbécillité de nos censeurs. Est-‐il honnête de tromper l'Esperance de 4.000 souscripteurs. »
• Fréderic II affiche a grand renfort de campagnes publicitaires dans la presse périodique francophone son souWen a l’entreprise encyclopédique, tandis que Catherine II qui rêve d’accueillir Diderot en Russie – elle devra a`endre 1772 et propose au philosophe de publier le dicWonnaire raisonne a Riga, port sur la BalWque.
La monarchie selon les Encyclopédistes
• Avec l’Encyclopédie, le plus vaste chanWer éditorial du XVIIIe siècle démarre en 1745, au moyen d’une souscripWon. La direcWon éditoriale est confiée en 1747 à Diderot et a D’Alembert, couple emblémaWque du philosophe et du savant. Condorcet lu`e ardemment contre la traite des Noirs vers les années 1780.
• Pour les Lumières, le champ poliWque reste « terra incognita » à moins de l’aborder par le moyen des utopies situées dans des pays imaginaires où l’on peut tout dire et me`re le monde cul par-‐dessus tête, tout supposer et tout reconstruire, puisque l’on se trouve ailleurs.
• La monarchie tendra vers la démocraWe si le roi supprime les différences, tandis qu’elle deviendra un despoWsme, « lorsque le prince, rapportant tout uniquement a lui, appelle l’Etat à sa capitale, la capitale a sa cour, et la cour a sa seule personne. » Il faut donc se résigner à la monarchie, le moins mauvais des régimes, si le souverain respecte les corps poliWques détenant le dépôt des lois. En partant du système anglais, Montesquieu discute des trois pouvoirs ou trois piliers sur lesquels repose la souveraineté qui sont « la puissance législaWve », « la puissance judicaire » et « la
puissance exécutrice de l’Etat ». L’équilibre ou la balance des forces entre ces trois instances, voilà les garants de la liberté poliWque. L’acquisiWon de ce droit, aussi essenWel a l’homme que l’air qu’il respire, marque le passage de sujet au citoyen.
Le baron d’Holbach
• « Travaillez à votre félicite, jouissez sans crainte, apprenez, créez et produisez dans un monde sans Dieu, qui sera un jour débarrasse de la tutelle des églises et des tyrans. »
Le contrat social
• L’idée forte du Contrat social de Rousseau consiste à éliminer le roi, désigne a tort comme le souverain, de la formaWon du pacte social. C’est une convenWon nécessairement égalitaire, résultant d’une somme de forces, qui doit fonder ou refonder les volontés individuelles pour créer l’être collecWf. Ce`e souveraineté est indivisible, puisqu’on ne peut la découper en tranches appelées pouvoirs législaWf, judiciaire et exécuWf. Le peuple doit détenir toute la puissance, faire les lois et veiller à leur applicaWon puisqu’il est l’unique dépositaire de la volonté générale. L’auteur du Contrat Social se rallierait donc à une république, ou le peuple élirait au suffrage universel une assemblée de représentants sages et vertueux consWtuant une aristocraWe élecWve, dont les députés seront autant de commissaires du peuple.
• Gabriel Bonnot de Mably : voilà un chanoine très tranquille, dont toutes les œuvres poliWques prônant l’instauraWon d’une société communiste est publiées avec l’approbaWon de la censure royale. Mably rêve d’une société ou tous les biens apparWendraient à la république, ou la vie quoWdienne des citoyens serait régie par la vertu, l’égalité et l’uWlité communes.
Buffon
• Buffon : « Dans l’histoire naturelle, il faut fouiller les archives du monde, Wrer des entrailles de la terre les vieux m o n u m e n t s , r é v e i l l e r l e u r s d é b r i s , e t rassembler en un corps de preuves, tous les indices des c h a n g e m e n t s philosophiques qui peuvent nous faire r e m o n t e r a u x différents âges de la nature. »
Sociabilité et Lumières
Fron<spice de la troisième Edi<on de l’Histoire philosophique des Deux Indes de l'abbé Raynal. Si l’Encyclopédie est généralement présentée comme
une machine de guerre des Lumières, l’Histoire philosophique des Deux Indes n’a rien a lui envier en
termes de pouvoir corrosif : « Il faut ou que votre autorité cesse dans l’autre conLnent, ou que vous en fassiez le centre de votre empire. Choisissez »
• « J’ai passe ma vie a escarmoucher »: D’une querelle privée, la rupture entre Jean-‐Jacques Rousseau et David Hume devient, avec les fuites épistolaires, « l’affaire Hume-‐Rousseau » dont le Paris des gens de le`res et des gens du monde s’empare pour la porter sur le théâtre de la réputaWon mondaine, avant de filtrer une nouvelle fois, par élargissement, hors de l’entre-‐soi du monde, et d’être portée a la connaissance d’un « public » indifférencie.
• Rousseau adopte la posture du silence assourdissant, réponse du cœur a la confiance trahie, qui`e a laisser ses souWens désemparés. Il n’a pas a produire de « preuves » de sa bonne foi; un innocent n’en réunit pas. Rousseau se situe hors de la sphère mondaine ou ses protecteurs et ses souWens sont désarmés par sa posture de rupture avec les convenWons aristocraWques. En revanche, devant le tribunal de l’opinion, les règles du monde ne priment plus et Rousseau passe souvent pour une vicWme.
• Le comble de l’absurdité: Voltaire et l’affaire Lerouge: Le parW philosophique a donc su mobiliser ses talents de plume, l’arme de la diffamaWon comme celle de la louange, émouvoir l’opinion et susciter son indignaWon, faire naitre et amplifier des rumeurs, parWciper a la calomnie, ou alors s’en tenir éloigné d’un air désapprobateur.
• Le ministère ne peut plus se dispenser d’écouter la voix publique et l’opinion: Louis XIV a répondu a la quesWon de la pluralité confessionnelle et de la tolérance par l’affirmaWon de l’unité religieuse du royaume: « une foi, une loi, un roi ». Pour les huguenots restes en France depuis la révocaWon, il est essenWel pendant les deux Wers du XVIIIème siècle d’obtenir « la révocaWon de la révocaWon ». Les assemblées du Désert sont l’occasion pour les fidèles de témoigner leur fidélité au prince. La posture est classique: elle est celle de toutes les minorités religieuses qui font assaut de témoignages de fidélité pour convaincre le pouvoir de leur innocence et espérer sa protecWon.
Voltaire et l’affaire Calas
• On croyait bien en général qu’on faisait des choses indignes aux protestants. On aimait mieux n’en rien savoir.
• Le cadet converW au catholicisme du marchand Calas montre des dents. Il exige de l’argent. Marc-‐Antoine, l’aine, était protestant zèle, d’un caractère sombre. Il se pendit. La vive peur des parents, c’était qu’on ne traitât leur fils en suicide, que, subissant la honteuse exhibiWon, et traine tout nu sur la claie, il ne perdit aussi ses frères, ne les déshonorât tous. Voilà ces pauvres Calas qui disent qu’il ne s’est pas tue. Les voisines frémissent, et des furies crient : « Ce sont eux qui l’ont tue ! » Rien que des protestants qui ont étrangle leur fils.
• Il est certain que si les protestants s’obsWnent, malgré tant de persécuWons, a rester toujours protestants, il y a une cause a cela. La cause, c’est la terreur. Ils ont un tribunal secret qui met sur-‐le-‐champ a mort ceux qui se converWraient. Selon Voltaire, il s’agit d’un jugement d’autant plus chréWen qu’il n’y avait aucune preuve. C’est la toucher le fond des choses. Dans une religion de l’amour, prouver ou demander preuve, c’est pécher, n’aimer pas assez. L’amour est si fort qu’il croit le contraire de ce qu’il voit. Plus la chose est illogique, folle, absurde (c’est le mot meme de Tertullien, d’AugusWn), plus elle est maWère a la foi, a la croyance d’amour. Telle fut l’affaire de Calas, un vigoureux acte de foi de la ville de Toulouse.
• Ce bonhomme de soixante quatre ans, ce Calas qui n’avait marque en rien, le voilà d’une noblesse héroïque. Les deux moines en sont stupéfaits. A son amende honorable, a l’échafaud, sur la roue, il répète : ‘Je suis innocent’. Il prie Dieu de pardonner sa mort à ses juges.
• Voltaire sauta d’indignaWon. Il avait voulu a tout prix que la veuve Calas fut a Paris. A Toulouse, on demandait son arrestaWon. De l’Angleterre, de la Russie, on souscrit en revanche pour les Calas. Les protestants, des ce jour, ont été sauves.
Voltaire dans son cabinet de travail. « Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères. Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécraLon le brigandage qui ravit par la force
le fruit du travail et de l’industrie paisible. »
Sociabilité et Lumières
L’assemblée au désert, un culte reforme clandes<n en Languedoc. Les cultes clandesLns se réunissent au Désert, dans des zones difficilement accessibles,
souvent montagneuses. Installes sur des points haut, des gueFeurs surveillent les abords pour prévenir de l’arrivée des troupes.
• Turgot et surtout Malesherbes auraient presque abouW a faire passer un édit de tolérance en faveur des protestants en 1774-‐1775. ce processus réformateurs échoue in extremis a la fois a cause des rivalités ministérielles, de l’opposiWon de Maurepas et de l’assemblée du clergé, réputée source de blocages permanents.
• S’il est personnellement favorable a un retour a l’édit de Nantes, Voltaire ne lu`e pas dans les affaires Calas ou Sirven pour les protestants, mais pour défendre et réhabiliter d e s i nno cen t s , s an s c on s i dé r aWon d’appartenance confessionnelle.
• La liberté des échanges économiques doit inspirer la poliWque de tolérance.
L’autorité royale en ques)on
• Louis XV hésite en permanence entre affirmaWon de son autorité et recherche de l’apaisement. Dans les cours de parlement échauffées par une minorité agissante, les gens du roi font les frais de ces oscillaWons, et la majorité, sorte de marais avant la le`re, les lâche lorsqu’elle sent que l’autorité monarchique hésite. Les jésuites sont sacrifies dans le faux espoir nourri par Choiseul que les parlements en sauront gré au gouvernement et enregistrant les édits fiscaux.
• Les témoins staWsWques de l’humeur du royaume sont ce qu’on appelle alors les émoWons, désordres, révoltes populaires: plus de 8500 cas a parWr de 1750. L’accroissement conWnu des troubles de subsistance traduit la sensibilité d’une populaWon, dont les effecWfs s’accroissent, aux tensions sur les marches des grains et a l’approvisionnement en blé rend la mise en œuvre des lois libérales sur le commerce des blés de 1763-‐1764 parWculièrement risquée.
• Préparer la revanche et relancer les perspecWves mariWmes et commerciales: La réorganisaWon de l’arWllerie est confiée a Jean-‐BapWste de Gribeauval qui débute des 1760 une œuvre de longue haleine, visant a perfecWonner et a standardiser les pièces. Les manufactures d’armes sont raWonalisées, et Charleville et Saint-‐EWenne produisent désormais 23.000 fusils par an.
• Dans le domaine de la marine, Choiseul est plus ambiWeux encore, avec un effort de construcWon sans équivalent au cours du siècle, pour un total de 165 navire construits, dont plus de 60 navires de ligne. Car aux AnWlles, Choiseul n’entend pas abdiquer face a Londres.
Fron<spice du Gaze<er cuirasse ou anecdotes scandaleuses de la cour de France. Les libelles et les
dénonciaLons calomnieuses sont des armes redoutables. Les cibles du gazeLer étaient facilement idenLfiables par les contemporains grâce aux iniLales figurées au-‐dessus du cadre du fronLspice: les iniLales de DB renvoient a la maitresse royale, la comtesse du
Barry, au centre SF au comte de Saint FlorenLn, ministre de la maison de Roi, a droite DM a de
Maupeou.
Chan<er naval, planche de l’Encyclopédie. La France fait un réel effort de relance de ses infrastructures mariLmes sous Choiseul, couteux mais indispensable pour reconsLtuer une floFe crédible.
L’autorité royale en ques)on
• « Son inconcevable légèreté, en faisant beaucoup d’inconstants, a donne a Choiseul beaucoup d’ennemis. Le plus peWt obstacle qu’il rencontre, la plus faible considéraWon, lui font oublier ou violer la promesse la plus solennelle. Capable d’assez grandes idées, il ne pouvait se plier aux détails minuWeux. » Pierre-‐Victor de Besenval.
• Le grand commerce colonial en expansion et en débat: Le commerce mariWme français connaît une reprise remarquable des 1763. Centres sur les « Isles de la Caraïbe », les échanges coloniaux progressent jusqu’à la RévoluWon. Entre 1715 et 1789, ils ont été mulWplies par 10, et la part de Saint-‐Domingue devient écrasante, puisqu’elle représente les 3/4 du commerce extérieur colonial. La France est la deuxième puissance commerciale du monde, derrière la Grande-‐Bretagne, réputée intouchable. Le commerce du sucre représente sans doute a lui seul la moite du commerce extérieur français. Le café, dont le développement est plus récent, prend également son envol après le traite de Paris.
• Ces flux coloniaux sont a l’origine d’un commerce de réexportaWon en direcWon de la Méditerranée, ou Marseille écoule près de 90% du café qu’elle reçoit, et surtout de l’Europe du Nord (ports de la BalWque, Saint Petersbourg). Le sucre pénètre meme les campagnes grâce aux épiciers ruraux et aux colporteurs.
• De plus, l’aire d’approvisionnement des grands ports, en bois, produits alimentaires et manufactures a desWnaWon de l’avant-‐pays colonial, forme un vaste hinterland économique, avec ses routes, ses intermédiaires et ses flux.
Vue de Cayenne, prise de Bellevue. Si l’implantaLon d’une colonie blanche a Cayenne et la mise en valeur de la « France équinoxiale » voulue par Choiseul ont
tourne a la catastrophe et a l’affaire d’Etat.
Deuxième vue du port de Bordeaux. Joseph Vernet.
L’autorité royale en ques)on
• Les Jésuites sacrifies: Choiseul est favorable a une détente sur le front janséniste, en rupture avec la poliWque intransigeante du comte d’Argenson, et s’en prend aux Jésuites pour affaiblir la nébuleuse dévote qui lui est parWculièrement hosWle.
• Le procès d’un « insWtut inadmissible dans tout Etat police »: Bêtes noires des jansénistes, contestes par les philosophes, accuses d’armer le bras des régicides, de Ravaillac a Damiens, les Jésuites obsèdent leurs détracteurs. La Compagnie compte 3500 membres, dont 2000 prêtres. Elle enseigne dans 500 collèges.
• Depuis le terrible tremblement de terre de Lisbonne en 1755, la poliWque volontariste et modernisatrice qu’y mène le marquis de Pombal reWent l’a`enWon des élites européennes administraWves et éclairées. Ces dernières n’ignorent rien de l’anWcléricalisme de Pombal. Dans maints domaines, le Portugal de Pombal est un laboratoire des Lumières, y compris dans leur composante réformiste autoritaire.
• Tout démarre avec l’affaire La Vale`e, du nom du jésuite qui a la MarWnique avait monte une plantaWon de canne a sucre et une maison de commerce pour financer ses entreprises missionnaires. Or, avec la guerre de Sept ans, La Vale`e fait faillite. La Compagnie qui semble avoir ignore ses entreprises refuse de se porter garante et deux de ses principaux créanciers portent l’affaire devant le tribunal de commerce. L’affaire passe a la cour de parlement d’Aix-‐en-‐Provence qui condamne La Vale`e. C’est a ce moment que les Jésuites font appel du jugement devant le parlement de Paris, ou les ennemis du molinisme n’en demandent pas tant. Considérant que certains règlements de la Compagnie lui semblent incompaWbles avec les lois fondamentales du royaume, la cour souveraine demande a examiner l’ensemble de leurs consWtuWons. L’affaire La Vale`e est oubliée au profit de la mise en cause directe de la Compagnie de Jésus. En 1762, le parlement rend un arrêt décisif. La Compagnie est déclarée « inadmissible » par nature dans tout Etat police. L’arrêt ne se contente pas de s’inscrire dans la fibre gallicane « outrée », condamnant l’autorité absolue du général de la Compagnie sur les provinces de l’ordre et le vœu d’obéissance au pape, sWgmaWsant un corps étranger au royaume infiltre dans les confessionnal des rois obéissant a une puissance étrangère.
• Louis XV, conseille par la marquise de Pompadour et Choiseul, cherche avant tout a se concilier les parlements pour l’enregistrement rapide des édits fiscaux de BerWn et des emprunts desWnes a financer la sorWe de guerre, sacrifie les Jésuites au lendemain de la paix de Paris. Un édit royal de novembre de 1764 supprime la Compagnie.
L’autorité royale en ques)on
• Les collèges sans les Jésuites: La suppression de la Compagnie est a l’origine de la dispersion de certaines des plus riches bibliothèques du royaume.
• « Tout ce qui porte un nom en France date sa première jeunesse du collège Louis-‐le-‐Grand (…) Riches, pauvres, nobles, roturiers, tous viennent en foule dans les écoles des Jésuites. »
• Expulsion des Jésuites et émoWons populaires: « Le naufrage de 1762 » a également profondément secoue la populaWon lorsque les collèges étaient solidement implantes dans le Wssu éducaWf et social urbain. Remplacer les Jésuites est partout une vraie difficulté. La victoire d’une coaliWon de circonstance: Si les philosophes, jansénistes et parlementaires, ont fait cause commune contre les Jésuites, il ne faut pas pour autant les imaginer en accord.
• La Fronde des parlements et l’autorité monarchique en quesWon: TacWquement, l’opWon Choiseul, sacrifier les Jésuites pour amadouer les parlements et obtenir un enregistrement rapide des édits fiscaux, était très risquée. Elle se révèle au final très décevante. Sur de son fait et de sa victoire, le parlement n’entend pas se montrer conciliant sur les édits fiscaux, bien au contraire. La guerre de Sept Ans a creuse l’ende`ement du royaume qu’on peut esWmer en 1764 a sept années de rece`es brutes. Elle s’est traduite pour la populaWon soumise a l’impôt par une augmentaWon de la pression fiscale comprise entre 30 et 50%.
• Turgot a bien conscience des difficultés de la mise en œuvre d’une refondaWon du système fiscal. « Sur tout cela, il faut examiner le meilleur, le possible, le faisable: ce qu’on doit faire, ce qui se fait, ce qu’on peut faire a présent. »
Collège Louis-‐le-‐Grand.
Louis XV fait appel a Maupeou
• Le roi demande de l’argent aux parWculiers, aux financiers et aux banquiers, aux grandes villes, aux provinces et aux corps consWtues. On emploie également les bons vieux expédients, comme la créaWon d’offices inuWles et la vente de le`res de noblesse.
• Louis XV est exaspère par le parlement de Paris qui semble refuser tous ses efforts de conciliaWon. Il fait alors venir Maupeou aux finances. Maupeou, c’est avant tout un ambiWeux effréné, dote d’une vive intelligence et d’une grande capacité de travail, prêt à renverser tous les principes dans lesquels il a été élevé pour parvenir aux plus hautes responsabilités. Quelle est la portée de sa reforme ? Le partage du ressort immense du parlement de Paris semble rapprocher le jusWciable de la jusWce souveraine. La véritable innovaWon c’est l’abandon de la vénalité et de l’hérédité des charges, ainsi que l’instauraWon de la gratuite de la jusWce.
René-‐Nicolas de Maupeou.
“La révoluLon de Maupeou, louée et saluée de Voltaire, voulait une jusLce gratuite. Elle supprime la vénalité des charges, réduit le ressort du Parlement de Paris.”
Louis XV et le chevalier d’Eon
• L’un des agents principaux de Louis XV était un homme-‐femme, le fameux chevalier d’Eon, que son visage de fille et ses travesWssements faisaient pénétrer chez les reines, en qualité de lectrice, demoiselle de compagnie. La Russie était le champ que l’intrigue européenne se disputait. Pour ra`acher Elisabeth à la France en 1755, on imagina à Versailles de lui donner une jolie demoiselle de compagnie. La bonne dame Elisabeth, au milieu de son sérail d’ours, fut ravie de la surprise. En guerre, certes. Le chevalier d’Eon, il était homme ; il brilla, fut capitaine. Il était grand ferrailleur.
La du Barry
• La fille n’avait pas moins de 25 ans, avait tout traverse. Il n’y paraissait pas. Vendue, revendue des l'enfance, insoucieuse, elle avait l’air d’avoir ignore toute cela, ou du moins oublie. Elle resta sereine, admirablement gaie et bonne, pour faire plaisir à tout le monde, aimer tout le genre humain. Sa figure n’est pas liberWne, ni menteuse, ni imperWnente, mais joueuse et espiègle, ayant la malice a coup sur et tous les menus vices des enfants des rues de Paris. Le roi qui ne riait pas, qui voyait si peu rire dans son palais maussade, il fut surpris et stupéfait... C’était la joie vivante, la libre liberté, et des élans et des éclats... Tout Paris la chantait. Choiseul, avec sa sœur, avait organise une ba`erie terrible de chansons contre elle et le roi. Choiseul se raba`ait du cote du Dauphin, voulait s’en emparer. N’ayant pu marier le roi, il imposa, il exigea que le mariage tant promis eut lieu aussi, que la peWte fille élevée tout exprès pour la France ne restât pas a Vienne. On céda. Elle vint. Le fatal mariage de Marie-‐ Antoine`e se fit dans une fête tragique du plus sinistre augure.
L’autorité royale en ques)on
• Le parlement de Rouen fait désormais la leçon au roi: « Ce n’est point dans l’augmentaWon des impôts qu’on doit chercher le remède aux maux de l’Etat, c’est dans la connaissance exacte de ses charges et de ses forces. Il est nécessaire de reme`re a vos parlements l’état de vos de`es et des revenus du royaume. »
• BerWn a le temps d’amorcer une reforme ambiWeuse et très dangereuse, inspirée des thèses physiocraWques: la liberté du commerce des grains. On peut lui reprocher, comme on le fera plus tard a Turgot, d’avoir pris des risques en menant de front deux chanWers très aventureux: d’un cote, la reforme fiscale avec son corollaire, la réalisaWon d’un cadastre général, et de l’autre, libéralisaWon du marche des grains. Mais il faut bien comprendre que pour BerWn et ceux qui l’inspirent, ces reformes sont indissociables et font système.
• L’Averdy, un parlementaire au Contrôle général des Finances: L’Averdy est le plus jeune des contrôleurs généraux, il n’a pas 40 ans. Il aspire a une monarchie tempérée, réconciliée avec les magistrats, et se montre avant tout soucieux de restaurer le crédit financier de la monarchie.
• Dans sa « DénonciaWon d’un pacte de famine générale au roi Louis XV », le prévôt de Beaumont forge en référence au pacte de famille qui allie les royaumes de Bourbons de Madrid, Naples, Parmes et Versailles, la thèse d’un « pacte de famine ». Il esWme avoir en sa possession des pièces qui prouvent l’existence d’une vaste et monstrueuse ligue qu’il dénonce au parlement de Rouen. La police qui a intercepte son mémoire l’arrête. Comme dans la thèse de René Girard sur le Bouc émissaire, le prévôt de Beaumont se livre a une généalogie de la conspiraWon.
• Considéré comme fou mais dangereux, embasWllé avant d’être transféré dans diverses prisons, il n’est libéré qu’a la RévoluWon après plus de 20 ans de détenWon et reprend la publicisaWon de ses révélaWons. En 1794, au cours de la Grande Terreur, dans un contexte de crise frumentaire et de guerre aux accapareurs, L’Averdy est traduit en jusWce. Il est significaWvement interroge sur sa parWcipaWon au complot de famine. Et c’est Le Prévôt de Beaumont, toujours vivant, qui démontre devant le tribunal les ressorts du complot vieux d’un quart de siècle. L’Averdy est condamne a mort et guilloWne.
Construc<on d’une Halle aux blés. Construite a parLr de 1762, la halle aux grains de
Paris est remarquable d’audace architecturale.
L’autorité royale en ques)on
• L’affaire de Bretagne: Les 3/4 des magistrats de la cour du parlement de Rennes démissionnent en novembre 1765. Devant le refus d’une large majorité des magistrats de se soume`re, Paris et Versailles décident la relégaWon des démissionnaires et surtout le rachat de leur charge.
• De Bretagne, Le Chalotais et son fils, et les autres accuses ont été transférés a la BasWlle pour voir leur affaire évoquée devant le conseil d’Etat. Si le parlement de Paris a dénoncé une jusWce d’excepWon et le signe d’une dérive despoWque, le roi souhaite surtout, comme souvent chez Louis XVI, imposer le silence sur une affaire qui s’est envenimée et n’a que trop dure.
• Louis XV (Discours de la FlagellaWon) « La magistrature ne forme point un corps, ni un ordre séparé des trois ordres du royaume : les magistrats sont mes officiers, charges de m’acquiFer du devoir vraiment royal de rendre jusLce a mes sujets. (…) C’est en ma personne seule que réside la puissance souveraine dont le caractère propre est l’esprit de conseil, de jusLce et de raison; c’est de moi-‐seul que mes cours Lennent leur existence et leur autorité. (…) C’est a moi seul qu’apparLent le pouvoir législaLf sans dépendance et sans partage. »
• Cependant, le pouvoir royal finit toujours par reculer. Les anciens parlementaires sont rappelés et le parlement restaure. Les anciens défenseurs de la poliWque royale au sein de la cour, prives de protecWon, sont abandonnes a leur sort.
• A peine restaure, le parlement de Rennes ouvre une procédure criminelle contre le duc d’Aiguillon en l’accusant d’avoir forge des faux témoignages.
Le Chalotais
L’autorité royale en ques)on
• La RévoluWon opérée dans la consWtuWon de la monarchie par M. de Maupeou: Choiseul n’a pas l’oreille du roi, qui accorde désormais sa confiance a René-‐Nicolas de Maupeou (1714-‐1792), qui devient alors chancelier de France. Nouvelle favorite, la comtesse du Barry (1743-‐1793) n’aime pas Choiseul qui a laisse faire la diffusion de libelles sur sa naissance et ses origines. L’hosWlité a Choiseul la pousse logiquement a soutenir le nouveau chancelier. Maupeou est le dernier chancelier de la monarchie – il reste en foncWon jusqu’à l’aboliWon de l’office, le 1er juillet 1790.
• Le coup de majesté du chancelier Maupeou: En abolissant la vénalité des charges, et en formant de nouveaux parlements composes de magistrats nommes par le roi, le chancelier représente tradiWonnellement la victoire de la monarchie qui a réussi a briser l’opposiWon parlementaire. Et par un édit d’avril 1771, les offices des magistrats sont confisques et rachetés par l’Etat.
• Le prince de ConW protège Le Paige qui réaffirme la centralité du parlement dans l’anWque consWtuWon française en montrant que le sens du lit de jusWce a été détourné, entrainant la chute de la monarchie dans le despoWsme. A l’inverse de Le Paige, les plumes dites ministérielles font une lecture royaliste de l’histoire de la monarchie française, réduisent la prégnance des lois fondamentales voire contestent meme leur existence. Les corps intermédiaires sont présentés comme des écrans entre le souverain et la naWon et au dialogue qui doit « naturellement » s’instaurer entre eux.
• Maupeou souhaite élargir le recrutement des cours souveraines aux officiers « moyens », ces magistrats intermédiaires de baillage, sénéchaussées et présidiaux. Le chancelier les croit plus souples et dociles et pense qu’ils saisiront l’opportunité de l’ascension professionnelle et sociale inespérée sur une généraWon qui leur est offerte, pour se montrer des défenseurs intraitables de l’autorité royale.
Louise de France, fille de Louis XV et carmélite. Il s’agit de l’un des nombreux
paradoxes du XVIIIème siècle – d’une part on assiste au tarissement des vocaLons
religieuses et sacerdotales. De l’autre, les prêtres séculiers n’ont jamais été mieux
formes et dévoués a leurs taches pastorales. L’expansion des sœurs hospitalières dont la
spiritualité n’a rien a envier aux ordres contemplaLfs, compense parLellement le
déclin qui affecte ces derniers. La dernière fille de Louis XV, Louise de France entre au Carmel
de Saint-‐Denis en 1771.
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• Les fruits de la croissance démographique: La France du XVIIIème siècle est la grande puissance démographique européenne, ce qui explique notamment la nécessite pour les puissances adverses de se coaliser, de Louis XIV a Napoléon Ier, pour lui faire face sur l’ensemble des théâtres d’opéraWon conWnentaux. ParWe d’un minimum relaWf de 22 millions d’habitants sous Louis XIV, la populaWon totale du royaume a`eint 28,5 millions d’habitants en 1789.
• Sur le plan épidémique, la peste fait une dernière intrusion dans le royaume en 1720 a Marseille, ou elle cause 40 a 50.000 morts.
• La populaWon du royaume est rurale a 85% et 3/4 des acWfs sont des paysans. • Mortalité et natalité: Meme si l’on prend en compte la fin progressive des effets calamiteux du peWt âge glaciaire et le recul
des grandes vagues épidémiques, comment expliquer la croissance démographique enregistrée au XVIIIème siècle alors que le taux de natalité semble avoir plutôt baisse. Et l'Esperance de vie a la naissance peut paraître très faible car elle est de 28,5 ans en 1789. Il faut dire que la mise en nourrice fait involontairement office d’une véritable sélecWon qui profite aux plus robustes et aux plus chanceux.
Vue du Cours pendant la peste de 1720 a Marseille. La scène confronte la majesté de la perspecLve et de l’aménagement urbain au retour du fléau médiéval qui paraît incongru au pied de ces magnifiques alignements.
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• L'Age des femmes au premier mariage est tardif au cours du siècle des Lumières: 25 a 26 ans. Ce retard limite clairement le nombre des naissances. Sur la base d’une espérance de vie de 40-‐45 ans, on peut esWmer la durée de vie moyenne d’un couple autour de 15 ans.
• L’abandon d’enfants: Le siècle des Lumières est fréquemment associe a la découverte de la peWte enfance, a la recherche du bonheur familial et au culte de l’amour paternel. Il importe cependant de rappeler les contradicWon et la dureté des temps. Quelle que soit la postérité de l’Emile en maWère d’éducaWon, Rousseau a bel et bien abandonne les trois filles qu’il a eues avec Thérèse Levasseur, exposées aux Enfants-‐Trouves. En fait, les abandons d’enfants explosent a parWr du milieu du XVIIIème siècle.
• La fille-‐mère reste frappée de mort sociale. Les enfants abandonnes illégiWmes n’ont pas le droit a la meme et leur bâtardise perçue comme un handicap est le sWgmate des péchés de leur mère.
• Pour la sante publique, les pouvoirs publics doivent prendre a bras le corps, pour en raWonaliser les cadres d’exercice, vérifier les qualificaWons des praWciens légiWmes.
Antoine-‐Laurent Lavoisier et madame Lavoisier.
Madame Vigée-‐Lebrun et sa fille vers 1789.
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• Les mémoires se mulWplient depuis la fin des années 1770: il faut créer des cours d’accouchement, former les sages-‐femmes et cerWfier une formaWon qu’il convient d’uniformiser.
• La pudeur interdit de confier le sort des mères et de leurs bébés a de jeunes femmes certes diplômées mais dont le Wtre pèse bien peu par rapport a l’expérience de la vie. Nombreuses sont les nouvelles sages-‐femmes qui ne trouvent pas d’emploi.
• Le royaume paysan: une pale`e de nuances et de contrastes: Depuis l’agronome britannique Arthur Young qui voyage en France a la fin des années 1780, on disWngue tradiWonnellement une France du Nord et de l’Est marquée par les contraintes collecWves, l’habitat groupe, les champs ouverts et disperses, l’assolement triennal et la vaine pâture (le terme désigne le droit de laisser paitre le bétail sur les chaumes, les prés fauches et la jachère), d’une France du Sud et de l’Ouest, ou dominent l’habitat disperse, l’individualisme agraire, les parcelles plus vastes, plus irrégulières, moins morcelées, clôturées et exploitées dans le cadre de l’assolement biennal.
Angélique du Coudra et ses poupées
Le Bénédicité. Expose au Salon de 1740, ceFe œuvre de Chardin a suscite l’enthousiasme de Diderot et connu un succès immédiat. Elle a été offerte par l’arLste a Louis XV.
La science de l’arpenteur dans toute son étendue. Louis-‐Charles Dupain de
Montesson.
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• Au-‐delà des jardins, commence l’ager par opposiWon au saltus. L’ager comprend classiquement les labours et les prairies travaillées. Comme l’ager le saltus peut prendre les formes les plus variées: landes et collines, abandonnées a la végétaWon sauvage, anciennes vignes, taillis et broussailles, bruyères et genets. Les troupeaux y trouvent une parWe de leur nourriture et peuvent y rester de longs mois, sous la surveillance des bergers ou en liberté. La silva représente la foret évidemment.
• Les fermiers d’Ile-‐de-‐France représentent l’archétype du groupe des grands fermiers, objet de toutes les a`enWons des physiocrates , en meme temps, qu’un groupe d’excepWon. Ils ont réussi des le XVIIème siècle une première accumulaWon foncière.
• Moins d’un Français sur 5 est citadin: le trop-‐plein démographique cherche a s’écouler vers la France des villes, très minoritaire mais aux avant-‐postes dans tous les domaines.
• DomesWcité féminine, ouvriers agricoles sans perspecWve d’emploi s’y pressent, dans l’espoir d’un avenir meilleur sans doute, et d’accumuler un pécule qui leur perme`ra de rentrer au pays tête haute et de s’établir.
• On esWme aujourd’hui que Paris compte 650.000 habitants a la veille de la RévoluWon. En termes de croissance relaWve, la progression démographique parisienne est elle-‐même surpassée par celle des grands ports comme Bordeaux ou Marseille qui animent les flux du grand commerce internaWonal.
joute des mariniers entre le pont Notre-‐Dame et le pont-‐au-‐change. Le Paris de Raguenet est celui des vieux quarLers de la capitale, d’habitat populaire, aFaches a leurs cabarets comme a leurs fêtes tradiLonnelles. Il tranche sur les
représentaLons des chanLers de l’urbanisme des Lumières porte par les impéraLfs de circulaLon et la gesLon raLonnelle des flux..
silva
saltus
ager
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• L’embellissement de la ville des Lumières: L’embellissement désigne significaWvement au siècle des Lumières l’aménagement urbain dans son ensemble. Il passe fondamentalement par la mise en conformité de l’espace urbain avec les préceptes de l’idéologie aeriste. La ville étouffe, son développement n’obéit a aucune logique. Il faut favoriser la circulaWon de l’air, des personnes et des marchandises en ouvrant des axes de communicaWon nouveaux et en alignant le bâW.
• Il faut non pas un embellissement mal compris, superficiel et cache-‐misère, mais un aménagement de l’espace urbain ambiWeux, qui pose des lors des problèmes de financement: le chanWer de raWonalisaWon et d’ouverture urbaine pour aérer la ville, la rendre salubre et y fluidifier la circulaWon est de longue haleine.
• Les préoccupaWons hygiénistes sont également a l’origine des transferts des cimeWères centraux a la périphérie des villes.
Vue du grand théâtre de Bordeaux. Dans un style néo-‐classique, le Grand Théâtre a la majesté du temple anLque avec son péristyle et ses colonnes.
La colonnade du Louvre nouvellement dégagée. Ce dégagement est entrepris en 1755 par le contrôleur des bâLments du roi, le marquis de Marigny. Il s’agit de débarrasser le palais des baraques et bouLques adossées a la colonnade.
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• Le boulevard n’est pas une rue, mais bien une promenade plantée d’arbres, aménagée sur le site des remparts. Le boulevard, comme de manière plus générale, les promenades, devient un lieu de sociabilité parWculièrement prise.
Les jardins de la Fontaine de Nîmes. Il est l’un des jardins les plus remarquables du XVIIIème siècle
La saline royale d’Arc-‐et-‐Senans. Construite par Nicolas Ledoux, sur des plans acceptes par Louis XV et Trudaine, directeur des ponts et chaussées, le saline située en Franche-‐Comté est un modèle
d’architecture utopique, par l’aFenLon portée a la raLonalisaLon de l’espace et des circulaLons,
comme par la mise en ordre de l’espace producLf.
Atelier de Couture a Arles. La plus célèbre toile de l’arLste arlésien représente avec précision un atelier de couture, l’un des rares méLers corpores a accepter les femmes. A Paris, ils sont seulement quatre dans ce cas: les couturières, les lingères, les filassières, les fleuristes.
Le royaume aux 28 millions d’habitants
• Une propriété et des lois: La guerre de Sept ans, les victoires du patrioWsme anglais et les revers français sont a l’origine d’une profonde remise en cause et d’une volonté, déjà, de régénérer la naWon.
• Le négoce a fait la prospérité de l’Angleterre, nourri son orgueil et la fibre patrioWque du peuple anglais. Il faut cesser de déconsidérer le négoce français et ses acteurs. A l’instar de l’Angleterre, il faut faire de la France une « naWon commerçante » capable de rivaliser avec une Albion « guerrière, commerçante et philosophe ».
• Une enquête donne pour les années 1740-‐1760 un taux de signature au mariage de 36% pour les hommes, contre 15% pour les femmes, et en ville de 61% pour les hommes contre 41% pour les femmes. L’avance de Paris sur la France enWère est considérable puisque le taux de signature s’établît a une moyenne de 85%.
Plan d’une maison bâ<e a Orléans 1791.
Façade de la synagogue de Lunéville.
La jeune maitresse d’école -‐ Chardin
Des années Turgot au tribunal d’opinion
• Changement de règne: Louis XVI succède a son grand père le 10 mai 1774; il n’a pas 20 ans. Il a épousé 4 ans plus tôt, l’archiduchesse Marie-‐Antoine`e, une des filles de l’impératrice Marie-‐Thérèse, ce qui renforce l’alliance franco-‐autrichienne. A Paris, la fête organisée par la municipalité a l’occasion de leur mariage a été endeuillée par un mouvement de panique dans la foule, qui a fait plusieurs centaines de morts.
• Le changement de règne est porteur d’espoir. Louis XVI est inexpérimenté car il n’avait pas été admis au conseil du roi. Il prend très vite des décisions qui frappent l’opinons et accroissent sa popularité: il exile la comtesse du Barry et rappelle le comte de Maurepas. Sur les conseils de ce dernier, il reWre la garde des sceaux au chancelier Maupeou. On prête a celui-‐ci ce`e formule: « J’avais fait gagner au roi un procès de trois siècles. Il veut le reprendre, il est bien le maitre. »
• Les signaux d’un restauraWon de l’ordre légiWme des choses n’ont pas échappé aux contemporains.
Louis XVI en costume de sacre. «Il s’est forme une opinion publique, puissante par le nombre de ceux qui la partagent; énergique,
parce que les moLfs qui la déterminent agissent a la fois sur tous les esprits, meme a
des distances très éloignées. » Condorcet.
A peine âge de 20 ans à la mort de son grand-‐père, Louis XVI ne se sentait pas prêt à
assumer la conduite du royaume : « Quel fardeau ! » confiait-‐il a son entourage, « et
l’on ne m’a rien appris ! ».
Marie-‐Antoine^e a l’épine^e.
Anne-‐Robert Jacques Turgot, baron d’Aulne. Il faut que la monarchie se dégage de l’étau des financiers qui la Lennent et l’étouffent en l’autorisant a vivre toujours plus a crédit.
Un jeune couple: Louis XVI et Marie-‐Antoine^e
• Les deux jeunes époux avaient cela de singulier que lui, ne à Versailles, était tout allemand, comme sa mère. Et elle au contraire, née à Vienne, était absolument française. L’enfant de 14 ans laissait son cœur à Vienne, et se croyait entre des ennemis. Le Dauphin (de 16 ans) bien instruit par ses tantes, ne vit dans sa peWte épouse qu’un agent de Marie-‐Thérèse. A Versailles, Marie-‐Antoine`e était trop distraite ou trop vaniteuse pour refaire son éducaWon. Mais le jour redoute du Dauphin est venu, on lui apprend que Louis XV est mort, qu’il est roi. Il s’évanouît. A l’ouverture première du secrétaire de Louis XV, il eut un coup au cœur, vit a quel point l’Autriche l’enveloppait, combien il lui faudrait se garder de la reine.
Des années Turgot au tribunal d’opinion
• Le nouveau contrôleur général des finances conteste l’efficacité de la charité tradiWonnelle et souhaite me`re les pauvres oisifs au travail. Turgot vise les dépenses « improducWves » telles celles de la cour. Il veut limiter les grâces et pensions faites a la noblesse. Il est donc dans le droit fil des thèses physiocrates.
• La libéralisaWon des échanges qui doit profiter au plus grand nombre, en perme`ant notamment l’écoulement des surplus sur un marche plus vaste et en parvenant au bon prix, rémunérateur pour le producteur, accessible a l’acheteur et débarrasse des surcharges d’innombrables intermédiaires. Il rétablît la libre circulaWon du grain en septembre 1774. La libre concurrence garanWra seule des prix accessibles aux consommateurs.
• De la libre circulaWon des grains a la guerre des farines: L’enjeu est majeur a tous les niveaux: améliorer la subsistance du royaume, rétablir l’image royale, montrer la capacité a appliquer son programme réformateur, a emporter l’adhésion et a faire plier les opposiWons. La prise de risque poliWque est énorme. Le contexte est parWculièrement défavorable a un changement aussi délicat.
• Les rumeurs sur l’accaparement des grains par les « monopoleurs » relancent la thèse du « complot de la famine ». Les réacWons du pouvoir associent démonstraWons de force dissuasives des unités d’élite de la Maison du roi: arrestaWon des meneurs par la police et la maréchaussée, exécuWons d’un nombre limite de meneurs supposes, et recherche de l’apaisement. La peur de manquer en ces temps de « vie fragile » n’autorise pas a faire crédit a Turgot des 3 ou 4 ans qu’il demande a l’opinion de lui accorder.
• Successeur de Turgot au Contrôle général des Finances, le banquier d’origine genevoise Jacques Necker, est alors engage dans une lu`e d’influences avec Turgot et les thèses physiocraWques. Intérieur d’une douane -‐ Lepicie. Dans toute l’Europe, on se presse a la douane
pour assister au déchargement des marchandises et des produits exoLques.
Le ministère Turgot
• Il se précipitait. En 18 mois, il fit l’œuvre des siècles, 100 ordonnances, dont les considérants sont autant de traites forts, lumineux, profonds. La grosse affaire du temps était de réveiller la culture endormie, de faire qu’on voulut travailler, labourer, semer, vivre encore. L’école économique fut le salut de la France. Elle fit un vigoureux appel à la terre, à la liberté de vendre les produits de la terre. Il y avait en France un misérable prisonnier, le blé, qu’on forçât de pourrir au lieu meme ou il était ne. Chaque pays tenait son blé capWf. Plus la producWon semblait faible, plus le peuple avait peur de voir parWr son blé. Pour relever l’agriculture par la circulaWon des grains, leur libre vente, il fallait un gouvernement fort, hardi.
• A la seconde année, Turgot déchainait l’industrie, qui, libre tout a coup, allait décupler d’énergie, de volonté, d’effort.
• A la troisième année, Turgot devait fonder l’instrucWon. Contre un pareil ministre, la route était toute tracée : i) rappel du Parlement, ii) a`aque violente sur le point ou Turgot était le plus vulnérable, la cherté du blé qui viendrait au printemps. Le Parlement encourage l’émeute ; dans une supplique hypocrite, il prie le roi d’avoir piWé du peuple, de faire baisser le prix du pain. Ce ministère tout enWer déplaisait. En guérissant les plaies, il les avait montres. Quelque fut son chagrin de qui`er le pouvoir quand il était nécessaire de qui`er Louis XVI que très réellement il aimait, il resta immuable, inflexible, sur une quesWon: «Point de guerre! Le premier coup de canon serait pour nous la banqueroute ! » Malesherbes et Turgot s’en vont le meme jour, Saint Germain, arrête dans sa reforme militaire, reçoit un surveillant, meurt bientôt de chagrin.
Des années Turgot au tribunal d’opinion
• On peut soutenir qu’avec la guerre des farines: l’évènement fait l’opinion et l’opinion fait l’évènement. Turgot s’abandonne a la théorie de la conspiraWon pour essayer de percer le sens cache de ce qu’il ne peut comprendre: comment la populaWon pourrait-‐elle spontanément se révolter et s’opposer a une reforme qui concourt a son bonheur? Elle est soit manipulée soit abruWe.
• Supprimer la corvée et les corporaWons: En bonne logique physiocraWque, Turgot esWme « c’est la classe des propriétaires qui doit faire face a l’avance, puisqu’elle en reWre les intérêts ».
• En s’a`aquant aux corporaWons, Turgot s’en prend ici directement a ce que les libéraux perçoivent comme un autre obstacle a la libéraWon des forces producWves. Ce`e suppression des corporaWons par Turgot est tradiWonnellement considérée comme un prélude a la suppression par la ConsWtuante des corporaWons et des coaliWons ouvrières en 1791 avec les lois Allarde et Le Chapelier.
• Il s’agit d’ouvrir le marche du travail a la loi d’offre et de la demande. La criWque est ancienne. C’est le gout du public qui doit orienter la producWon, sWmuler l’esprit d’invenWon que les règlements corporaWfs sont accuses d’étouffer. Cependant, il ne faut pas imaginer des entrepreneurs modernes soudes a Turgot pour faire sauter le verrou de l’archaïsme corporaWf.
• Les défenseurs des corporaWons dénoncent le danger d’un libéralisme sauvage qui me`rait a bas les fondements de la société.
La pourvoyeuse -‐ Chardin. La femme rapporte a l’office les pains et les produits
qu’elle a achetés au marche.
Armoiries du Corps des Orfèvres. Il y a 6 corps de méLer a Paris: les drapiers, les épiciers, les merciers, les fourreurs, les bonneLers, les orfèvres. Ils sont en pointe de la
luFe contre la reforme de Turgot.
Des années Turgot au tribunal d’opinion
• Les mémoires d’élite des corporaWons parisiennes, les Six Corps, comme les remontrances des magistrats brandissent le spectre d’une société livrée aux intérêts parWculiers, sans honneur et donc sans vertu.
• Necker vainqueur et successeur de Turgot: Les magistrats prennent fait en cause pour les corporaWons et mobilisent tout l’arsenal rhétorique de la légiWmité de la société d’ordre mise a mal par l’arbitraire ministériel, dans un véritable « affrontement discursif ». De leur cote, Marie-‐Antoine`e et son entourage s’inquiètent des mesures d’économie sur les dépenses des Maisons du roi et de la reine voulues par Turgot.
• L’impact des criWques de Necker sur l’esprit de système de Turgot, la crainte de nouveaux désordres qu’exploitent les parlementaires sont de plus en plus menaçants. La conjoncWon des opposiWons conduit au renvoi de Turgot. Le recours a l’emprunt est d’autant plus nécessaire que la France de Louis XVI s’engage aux cote des « Insurgents » américains contre George III. On ne saurait cependant réduire la poliWque de Necker au recours a l’emprunt, il s’a`aque a la refonte des imposiWons indirectes. En revanche, Necker prend soin de rester dans les bonnes grâces de la reine, en ne lui refusant pas les pensions qu’elle accorde généreusement a ses proches.
Joseph Necker – directeur général des Finances. Necker croise le fer, avec les
parLsans de la dérégulaLon du marche et des cadres producLfs et se montre favorable a
une intervenLon raisonnée et limitée de l’Etat dans l’économie. Il s’agit bien d’un plan
d’acLon ministérielle qui prend a contre pied les libéraux réformateurs. Necker se pose en homme d’Etat, aFenLf au bien public et a la
défense de l’intérêt des plus humbles, en meFant en garde contre des reformes hâLves
a l’exécuLon mal contrôlée.
Mur des fermiers généraux – barrière blanche de la Chaussée d’An<n. Élevé a parLr de 1785 sur une vingtaine de kilomètres et environ 3 mètres de hauteur, il a pour foncLon de contraindre au paiement de l’octroi sur les marchandises puisqu’il ne peut être légalement franchi qu’en s’en acquiFant aux barrières.
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• La créaWon des assemblées provinciales est pour Necker une réponse aux difficultés accrues de la monarchie de pouvoir compter sur les détenteurs du crédit local comme relais de ses entreprises réformatrices. C’est aussi l’enjeu du passage du noble au notable.
• Le succès éditoriale du « Compte rendu au roi », surnomme le conte bleu a cause de sa couverture est excepWonnel pour un texte technique: des dizaines de milliers d’exemplaires circulent. La jalousie provoquée par la popularité de Necker, sa dénonciaWon de l’empire des grâces et des pensions déchainent contre lui l’hosWlité de ses rivaux et de ses détracteurs.
• La guerre d’indépendance américaine – une victoire couteuse pour la monarchie (1775-‐1783): Il s’agit d’un conflit ou le roi de France souWent d’abord secrètement, avec des envois d’armes, puis ouvertement, a parWr de 1778, des colons rebelles a leur souverain. Louis XVI est d’abord réWcent. Il hésite a donner un exemple d’insoumission aux peuples alors meme que l’époque est riche en troubles avec la terrible révolte de Pougatchev en Russie (1773-‐1774), la jacquerie des campagnes de Bohême (1774) et la guerre des Farines.
Déclara<on d’indépendance des Etats-‐Unis d’Amérique -‐ 1776. « Tous les hommes sont créés égaux; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garanLr ces droits et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernes. L’histoire du roi actuel de Grande Bretagne est l’histoire d’une série d’injusLces et d’usurpaLons répétées, qui tous avaient pour but direct
l’établissement d’une tyrannie absolue sur ces Etats. »
• Benjamin Franklin arrive a Paris a la toute fin de l’année 1776 a convaincre la France de s’engager officiellement dans la conflit auprès des Insurgents. Dans son entreprise de séducWon philosophique, poliWque et mondaine de Paris, ou il séjourne jusqu’en 1785, Benjamin Franklin a des atouts. Sa légende d’autodidacte génial et philanthrope, inventeur et entrepreneur a succès est en marche. Les salons maçonniques de l’aristocraWe libérale lui sont acquis. L’engouement pour les Insurgents américains est incontestable et les volontaires se pressent. La Faye`e passee outre l’opposiWon formelle du roi et s’embarque.
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• Le contraste est saisissant avec la réalité des opéraWons sur le terrain ou les patriotes américains peinent face la maitrise militaire des mercenaires hessois au service de l’Angleterre.
Traite d’ami<é et de commerce entre la France et les Etats-‐Unis de 1778. Le traite d’amiLé et de commerce est complète par un traite d’alliance dans lequel « la
France reconnaît la liberté, la souveraineté et l’indépendance
absolue » des Etats-‐Unis
• Les Américains ont besoin d’une intervenWon rapide des troupes réglées capables de faire face a l ’armée br itannique parWcul ièrement menaçante. Face au blocus anglais, les efforts consenWs pour redresser la marine royale depuis l’époque de Choiseul s’avèrent payants. Finalement, Londres se résout a terminer une guerre couteuse et perdue, y compris dans l’océan Indien, ou le bailli de Suffren fait montre d’une audace remarquable.
• Les négociaWons de paix abouWssent en septembre 1783 a la signature du traite de paix de Versailles. Pourtant la guerre ne profite pas durablement a Louis XVI. Les Insurgents semblent plus promptes a renouer des liens commerciaux avec leur ancienne métropole qu’a servir de relais de croissance au grand commerce français.
• L’ Amérique doit servir d’exemple pour refonder le royaume a l’heure de l’assemblée des notables et de l’impossible reforme.
L’élan pour l’Amérique
• Deux mois après la chute de Turgot, l’Amérique en péril vient ici demander secours. Que répondra la France ? Beaumarchais arrive de Londres, jure que l’Anglais enfonce et que l’Américain vaincra. L’Angleterre achetait, lançait sur l’Amérique une armée de Hessois, ces durs soldats du Rhin. Les heures étaient comptées. La chance était mauvaise, si la brulante acWvité de Beaumarchais n’eut Wre de l’argent d’ici et de l’Espagne, et tout, armes, habits, canons, jusqu’aux chaussures, n’eut mis la sa fortune, celle de ses amis, dans la scabreuse affaire, excellente pour se ruiner. L’effet fut admirable. Les Français affluèrent. L’Amérique eut des armes et sur le champ vainquit. La France s’allia. Le roi n’eut qu’à signer. Mais Necker nourrit la guerre européenne. L’empereur Joseph était résolu à se faire, à tout prix, grand homme, à éclipser le roi de Prusse. Ayant aisément gagne la Galicie, il gue`ait la Bavière, énorme proie a`enant a l’Autriche, qui l’aurait fait compacte et monstrueusement arrondie en grand Empire du Sud. Joseph vint voir ici ce qu’il pouvait a`endre de notre appui contre la Prusse, de notre vieille servitude autrichienne sous Choiseul et la Pompadour. Antoine`e serait-‐elle la Pompadour de Louis XVI pour livrer le sang de la France? Joseph eut l’air d’un écolier. Il prenait la Bavière. Frédéric lui saisit la main, l’arrête et lui prend la Bohême. Louis XVI se dit neutre, mais sous main donne a Joseph un secours de 15 millions, selon le beau traite de 1756, nous refaisant ainsi tributaire de l’Autriche. Le roi trahissait-‐il l’Amérique ? Oui et non. Il s’intéressait à la guerre mariWme, mais n’y allait que d’une main, gardait l’autre pour protéger l’Autriche, s’il en était besoin. Ce ne fut qu’en juillet 1779 que nos énormes flo`es, espagnole et française, se joignirent, Wnrent la mer. L’Angleterre frémissait. Elle sentait l’Irlande qui s’agitait derrière. On eut pourtant peur de saisir Liverpool, de le rançonner, comme le proposait La Faye`e. Les Américains déclinaient. Toujours et toujours des revers. Ils ébranlaient la foi. Washington écrivit une le`re à Louis XVI. Ici, l’emprunt longtemps facile, tarissait. Il fallut en venir aux économies, difficiles, scabreuses, à la Maison du Roi, ou 400 charges furent supprimées a la fois. Grand coup qui achevait de tourner la Cour contre Necker. On donne enfin des troupes à l’Amérique sous Rochambeau, avec ce`e noble déférence de le subordonner a Washington. Le 28 septembre, 8.000 insurges, autant de Français, enferment les Anglais dans Yorktown. L’Amérique est libre. L’humanité a gagne la patrie. La France garde la gloire et la ruine. Admire de l’Europe, envie de l’Angleterre meme, Necker à Versailles était la bête noire, et personne ne lui parlait plus.
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• Maupeou renverse, l’écriture et la diffusion de libelles par des hommes au pouvoir qui se déchirent, ou par ceux qui rêvent de les remplacer, n’ont de cesse. La mésentente permanente voire la rivalité ouverte entre les ministres de Louis XVI marquent profondément le dernier règne et concourent directement a l’affaiblissement de l’autorite de la monarchie.
• La communauté des écrivassiers français exiles a Londres prend pour cible les dérèglements sexuels du roi, filon inépuisable. La mort de Louis XV n’interrompt pas l’exploitaWon de la veine de ses vices et de ceux de ses maitresses. L’hypersexualité de Louis XV conWnue a être un argument de vente efficace pour la producWon d’écrits pornographiques et calomnieux. Les spéculaWons sur l’incapacité supposée de Louis XVI donne a la reine un hériWer prennent le relais de la sexualité débridée de Louis XV. Par ailleurs, l’hypersexualité de la reine sera en tout cas l’un des traits dominants des a`aques contre Marie-‐Antoine`e.
• C’est dans ce`e perspecWve qu’il faut comprendre l’impact formidable de l’affaire du collier en 1785. Elle met en jeu le monde de la cour et ses entreprises de séducWon et de déstabilisaWon, qui offrent inlassablement de nouveau scandales dont se délectent les plumes de Grub street pour en faire commerce. L’affaire a comme protagoniste principal, outre la reine Marie-‐Antoine`e – a son corps défendant – le cardinal de Rohan, grand aumônier de France. Il cherche a restaurer son image auprès de la souveraine et a regagner son crédit a la cour. Madame de la Mo`e, une aventurière, se fait passer pour une amie de la reine et promet de s’entreme`re pour qu’il rentre en grâce. Le cardinal devait offrir a la reine l’extraordinaire collier de 540 diamants, d’une valeur extravagante, 1,6 millions de livres, que les joaillers de la Couronne, Bohmer et Bassenge, cherchent vainement a vendre.
La duchesse d Polignac.
Le procès suite a l’affaire du collier
• Ces le`res du Cardinal a Marie-‐Antoine`e, qui lui auraient été si uWles, la Valois les avait brûlées. Elle avait tout détruit, sauve Rohan et s’était perdue. Espérant être ménagée de Rohan, un peu couverte par la reine, elle voulut ruser, ménager tous les deux. Cela fut impossible. Tous les deux l’accablèrent. Elle se trouva prise entre le marteau et l’enclume. Le procès fut un jeu. La Valois, bridée et muselée, devait marcher comme on voulait. L’arrêt était dicte et on le rendait tel : Rohan était absous, loue, et la reine, accablée en sa créature la Valois, qui serait marquée et flétrie. Le sang royal aurait pu arrêter Louis XVI. N’était-‐ce pas déjà une chose bien étrange, bien révoluWonnaire et d’une terrible égalité qu’une Valois parut a l’échafaud ? Etrange imprévoyance ! Qu’il était loin alors de prévoir qu’en 7 ans les Bourbons y suivirent a leur tour les Valois...L’exécuWon se fit mais avec des précauWons qui montrèrent qu’on craignait les cris de la paWente, des protestaWons, des fureurs. Une fois marquée, placée à la Salpetrière, la prisonnière devint la curiosité de Paris, l’objet d’un vrai pèlerinage. Une nuit, favorisée peut-‐être de quelques religieuses, elle trouve moyen de s’échapper. Elle devint seule dans ce noir infini de Londres, alors a peu près sans police.
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• « Tout noble a la vérité n’est pas riche mais tout riche est noble » Malesherbes: On esWme généralement l’effecWf du second ordre, la noblesse, a 300.000 a la fin du XVIIIème siècle, mais sa composiWon est loin d’être figée. La pauvreté de la noblesse rurale était aggravée par sa prolificité.
• Dans un apparent chassé-‐croisé, les acquéreurs d’offices bénéficient, eux, d’une mobilité ascendante qui met l’anoblissement par charge au centre du débat sur la société d’Ancien Régime. Les clivages culturels entre la robe et l’épée demeurent tres prégnants.
• Dans un mémoire de 1775, Turgot montre que la noblesse n’est plus majoritairement composée des militaires ayant verse l’impôt du sang ni servi la monarchie, elle ne peut donc plus prétendre a l’exempWon fiscale.
• Au talent s’oppose l’argent des anoblis et de leurs enfants, comme aux prétenWons des hériWers de l’aristocraWe, bien nés, mais mal formes aux exigences du service, de la tacWque et des armes nouvelles.
• Le mariage de Figaro de Beaumarchais: un révélateur social et poliWque: Le monologue de Figaro dans La Folle Journée, Acte V, scène 3 est passe a la postérité. On y a longtemps vu la contestaWon par une bourgeoisie en pleine ascension mais en mal de reconnaissance d’une aristocraWe parasite et sclérosée qui abuse de sa posiWon dominante. Le comte Almariva dont Figaro le serviteur est non seulement d’une prétenWon éhontée mais un digne représentant de l’aristocraWe concupiscente et perverWe. La pièce est finalement jouée en avril 1784 devant une salle comble ou le meilleur monde a pris place, vivante illustraWon de la faiblesse de l’autorite monarchique.
L’armée, depuis 1781, s’était fort transformée. Nul officier que noble. De la haine et envie du sous-‐officier roturier, a qui on fermait l’avenir. Au moins on avait suppose que les officiers seraient surs... Eh bien le contraire arriva. Les nobles de province qui entraient au service, n’avaient rien à aFendre que de devenir capitaines. Tout grade supérieur fut pour l’autre noblesse, celle de la Cour.
Mesmer nous apparut en 1778, apportant aux sciences un fait incontestable, l’acLon magnéLque, que l’homme peut exercer sur l’homme pour apaiser, parfois suspendre les douleurs. Calonne avait l’aspect d’un Mesmer poliLque. L’impossible n’était pas pour lui. « A dépenser, on s’enrichit »
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• Tout Paris réuni a La Mue`e, le 21 novembre 1785, vit deux hommes dans une nacelle qu’emportait un ballon, monter majestueux et calmes.
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• Dernière relance réformatrice: Comme Necker avait fragilise la posiWon de Turgot a coup de mémoires et de criWques de sa gesWon, Calonne s’est employé a mulWplier les libelles contre Necker dont il convoite la succession.
• Pour relancer l’économie, Calonne ouvre les portes du marche anglais aux vins français et aux produits de luxe. Les négociateurs français ont sous-‐esWme les différences structurelles entre les deux commerces extérieurs: le britannique repose sur l’exportaWon de produits manufactures compéWWfs, le français repose sur la vente de produits agricoles peu transformes. De nombreux secteurs de l’industrie française notamment dans le domaine texWle, ne sont pas prêts a l’abaissement brutal des barrières douanières.
• Calonne organise une assemblée de notables. Elle compte 140 membres. Tous sont nobles a l’excepWon de 2 ou 5 d’entre eux.
• “Nul plus charmant ministre que Calonne. D’avance il parle net. Il promit tout a tous, déclara qu’au rebours de Necker, il penserait aux fortunes privées, qu’il ferait plaisir a chacun. Son système, neuf, ingénieux, était de dépenser le plus possible. Ce ministère ouvrit comme une fête. Les femmes l’appelaient l’enchanteur. Des 100 millions qu’il emprunta d’abord, pas un quart n’arriva au roi. Il paya les de`es des princes, les gorgea. La singularité du plan de Calonne, c’est qu’il offrait, arWcle par arWcle, les reformes les plus contraires a ce qu’on a`endait de lui, les idées qu’on savait les plus anWpathiques au roi: i) unité administraWve – la monarchie peut effacer les bigarrures parmi lesquelles elle a grandi, ii) égalité d’impôts par la taxe territoriale, proposiWon horrible qui brisait l’arche sainte, renversait la religion. » Michelet.
Charles Alexandre de Calonne.
Le hameau de la reine Marie Antoine^e. En faisant aménager le hameau de la reine, de style normand,
Marie-‐AntoineFe parLcipe a la mode de la redécouverte d’une nature délaissée. « La reine avait 30 ans, s’était
assez rangée. Les excentricités d’Orléans, les folies d’Artois, le verLge des bals de nuit, toutes ces légèretés de jeunesse n’allaient plus à son âge. Elle était plus triste. La
reine raffolait cependant de Beaumarchais.”
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• On esWme souvent que les notables ont feint de découvrir l’ampleur du déficit annuel lors du discours de Calonne et s’emparent du sujet pour parWr en guerre contre l’incurie gouvernementale.
• « Il n’est point de pouvoir sur la terre, Sire, qui puisse commander a l’opinion publique. » Remontrances du parlement de Toulouse.
• En 1787, lors de l’Assemblée des Notables, le procureur général au Parlement de Paris, avait mis en garde contre la créaWon a travers le royaume d’assemblées provinciales.
• Bloques dans l’impasse de la reforme par en haut, les notables qui, au niveau local et provincial, ont vu leur concours sans cesse sollicite par la monarchie et ses représentants depuis 20 ans, ont pris conscience a la fois de la gravite de la situaWon, de l’ampleur des défis a relever.
Le voyage de La Pérouse