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ANS 20 20 ANS de Prix Lucioles Librairie Lucioles

20 de Prix Lucioles · Comment la littérature peut-elle à ce point décrire le ... avec amour et des vins ... Michel Bazin et ses collaborateurs d'être là et de faire, si bien,

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ANS2020 ANS

de Prix Lucioles

Librairie Lucioles

Les éditions Alinea publient un livre d'un écrivain lituanien inconnu au bataillon :Youozas Baltouchis. Jacques et Diane Kolnikoff y croient beaucoup et accompa-gnent le service de presse qu'ils envoient à Lucioles de ces quelques mots : « voiciLa Saga de Youza. C'est un roman d'exception, un livre rare et très attachant. Ilest traversé, comme une symphonie, par les tumultes et les bruissements de cetteterre de Lituanie. »

Quel bonheur pour un libraire de découvrir un tel chef d'œuvre pétri de tantd'humanité. Comment la littérature peut-elle à ce point décrire le monde ? Atravers le destin de Youza, ce paysan lituanien qui va, à la suite d'une déceptionamoureuse s'isoler dans un coin perdu du kaïrabalé, c'est toute l'histoire duXXème siècle qui frappe à la fenêtre de ce Youza qui voulait fuir le monde. Etquelle langue ! Quelle prouesse de traduction ! Roman du terroir, romanuniversel, roman accessible à un très large public.

Je me souviens de mon grand-père qui avait aimé ce Youza, paysan comme lui. Jeme souviens de Jean Rouaud, lauréat cette année du prix Goncourt pour unpremier roman Les champs d'honneur, remettant symboliquement le prix auxéditeurs. Je me souviens des bandes « prix lucioles » bricolées à la va vite,photocopiées et découpées pas toujours très droit !

Je me souviens de l'engouement des lecteurs pour ce chef-d'œuvre, certains enachetant trois d'un coup pour les offrir. Je me souviens de confrères libraires à quij'avais communiqué mon enthousiasme. La librairie n'était pas informatisée à cetteépoque et je ne sais pas exactement combien nous avons vendu à Lucioles de« saga », probablement plusieurs centaines (autant que le Goncourt deJean Rouaud !).

Nous n'avions pas réfléchi à la possibilité de décerner chaque année unprix Lucioles et ce sont les lecteurs qui nous en ont donné l'idée…Il n'a jamais manqué, chaque année depuis 20 ans, de livres magnifi-ques, oubliés par la presse et à qui la lueur des lucioles a donné un peud'éclat !

Je me souviens avec émotion de la création du « Prix Lucioles des lecteurs »composé dès l'origine en 1997 de lecteurs passionnés, exigeants et conviviaux quisont, au fil des années, devenus des amis. Quel bonheur de partager cette passiondes livres avec des lecteurs enthousiastes, défendant avec énergie leurs choix,toujours respectueux de ceux des autres.

Nous ne sommes pas prêts d'oublier ces fous rires, ces joyeuses engueulades, cesfurieux emportements… se terminant toujours par des petits plats confectionnésavec amour et des vins délicieusement choisis. Tant il est vrai que le plaisir dessens est indissociable de ces jouissives lectures !

Puissiez-vous partager avec nous ces bonheurs de lecture.

Michel Bazin, librairie Lucioles

1

1990

Prix Lucioles : La saga de Youza de Youozas BaltouchisEd. Alinéa / Pocket(traduit du russe et du lituanien par Denise Yoccoz-Neugnot, collab. GuenovaïtéKachinshkiéné)

Prix Lucioles : Jan Marhoul de VancuraEd. Ombres(traduit du tchèque par A. Pohorsky, J.F. Chanet)

Prix Lucioles : Le voyageur et le clair de lune d'Antal SzerbEd. Alinéa(traduit du hongrois par Charles Zaremba et Natalia Zaremba-Husvai)

Prix Lucioles : Cantique des plaines de Nancy HustonEd. Actes Sud / Babel

Je me souviens avec émotion du premier lauréat invité en 1994,une certaine Nancy Huston dont Cantique des plaines nous avaitbouleversés. Je revois Nancy lisant des passages de son livre aufond de la librairie débarrassée en quatrième vitesse de tous lesprésentoirs (à l'époque nous n'avions pas notre espace « JérômeLindon ») et le cercle des lecteurs suspendus à ses lèvres.

Michel Bazin

Prix Lucioles : De beaux lendemains de Russell BanksEd. Actes Sud / Babel(traduit de l'américain par Christine Le Bœuf)

J'ai découvert la librairie Lucioles à l'occasion de la remiseà Russel Banks du prix Lucioles pour son roman, De beauxlendemains, dont j'avais eu le bonheur d'être la traductrice.Après avoir été émerveillés par le charme de la ville - et lepetit « temple romain » qui fait face à la librairie -, nousl'avons été encore plus, Hubert Nyssen et moi, par la librai-rie elle-même, l'évident amour de la lecture qui y est partoutsensible, et les gens chaleureux et enthousiastes qui l'ani-ment. Ce souvenir nous est resté précieux et je remercieMichel Bazin et ses collaborateurs d'être là et de faire, sibien, ce qu'ils font.

Christine Le Bœuf, traductrice

Prix Lucioles : La gloire des Pythre de Richard MilletEd. Pol / Folio

La famille Pythre, au siècle dernier en Corrèze, sur le plateau de Millevaches.André Pythre quitte ce plateau pour s'installer, avec «une demeurée, une

2

1991

1992

1993

1994

1995

1996

innocente », de l'autre côté du plateau, le bout du monde. Onva suivre trois générations de cette famille, plus proche desmorts que des vivants. Dans ce trou ignoré du monde, ce pays sent la mort. Cettepuanteur colle à la peau des personnages toute leur vie. De lamême façon, elle nous poursuit longtemps après la lecture dece roman : on plonge dans l'univers de la mort et de soninsupportable odeur.Richard Millet nous entraîne avec un rythme envoûtant chezdes « taiseux » hors du commun, dans un roman noir,farouche, bestial, talentueux. Ni rire, ni bonheur, seulement dela maudissure.Mireille Baudrand

Prix Lucioles : La mandoline du capitaine Corelli de Louis de BernièresEd. Denoël / Folio(traduit de l'anglais par Fanchita Gonzales-Batlle)

Prix des Lecteurs : Le liseur de Bernhard SchlinkEd. Gallimard / Folio(traduit de l'allemand par Bernard Lortholary)

Prix Lucioles : Le grand passage de Cormac McCarthyEd. de l'Olivier / Points(traduit de l'américain par François Hirsch, Patricia Schaeffer)

Au téléphone

« Nous venons d'attribuer le prix Lucioles 1997 à CormacMcCarthy pour son dernier roman, Le Grand Passage.Peux-tu lui demander s'il accepterait de se rendre à Viennepour recevoir son prix ? »Jusque là, j'avais toujours considéré Michel Bazin commeun homme plutôt sensé. Je m'efforçai de lui faire compren-dre que Cormac McCarthy ne pouvait en aucun casrépondre à son invitation : comme Pynchon et Salinger,McCarthy avait cessé depuis longtemps d'apparaître enpublic, et réduit à presque rien tout contact professionnel.Devant sa déception, je promis à Michel d'écrire à l'auteur

pour lui transmettre officiellement l'invitation - qui sait, l'ermite de Santa Fédaignerait peut-être faire une exception pour lui ? Une semaine plus tard, une jeune personne en stage à l'Olivier frappa à la portede mon bureau pour me signaler qu'un certain McCarthy demandait à me parler.« OK, dis-je, agacé. Dites à ce monsieur que je n'ai pas le temps de répondre à cegenre de blagues téléphonique. » Deux minutes ne s'étaient pas écoulées qu'elle revenait à la charge : « Il insiste. »Saisi d'un pressentiment, je pris la communication : c'était LUI !

3

1997

1998

La conversation qui suivit est restée gravée dans ma mémoire. Contrairement à lalégende, Cormac McCarthy est un homme affable et d'une politesse exquise. Ilcommença par m'expliquer que cette distinction était pour lui de la plus hauteimportance, et qu'il aurait volontiers fait le déplacement si sa femme n'avait pasété sur le point d'accoucher. Puis il me pria de bien vouloir descendre à Viennepour recevoir le prix en son nom. J'acceptai, évidemment. Il me demanda si le livrese vendait bien , et dans quel genre de librairies (chaînes ? librairies indépendan-tes ?), m'interrogea sur l'accueil de la critique (que disait Le Monde ? etLibération ?). Bref, il se montra curieux et informé de tout. Il enchaîna sur leprochain volume de la « Trilogie des confins », et me demanda si le titre qu'il avaitretenu, Cities of the Plain, ne risquait pas de poser un problème.

« - Un problème ? dis-je . Quel problème ?

- Je veux dire : avec Proust. »

Il m'apprit que Cities of the Plain désignait, dans la Bible, Sodome et Gomorrhe,qui se trouve être le titre d'un des volumes de la Recherche. Puis il voulut connaî-tre mon opinion sur les mérites respectifs de l'ancienne traduction de Proust parScott Moncrieff (Remembrance of Things Past) et de la nouvelle traduction paruerécemment chez Penguin (In Search of Lost Time). Embarrassé, je tentai de m'ensortir en émettant une hypothèse saugrenue : y avait-il donc un rapport entre saTrilogie et l'œuvre de Proust ? Et si oui, lequel ?

Ma question sembla l'amuser beaucoup.

« Devinez ! », dit-il.

Depuis, j'ai réfléchi à cette hypothèse. Plus le temps passe, plus elle me semblepertinente. Je pense même avoir trouvé la réponse.

Si vous voulez la connaître, il faudra vous montrer patients. En effet, j'en réservela primeur à Cormac McCarthy lui-même.

J'envisage de lui téléphoner, disons dans un avenir proche.

Olivier Cohen, directeur des éditions de l'Olivier

Prix des Lecteurs : Antigone de Henry Bauchau

Ed.Actes Sud / Babel

Je me souviens des mots d'Henry Bauchau (Prix Lucioles deslecteurs pour Antigone en 1998) que Françoise Nyssen, ladirectrice d'Actes Sud avait lus :« Chers amis, je vous remercie de l'intérêt que vous avez portéà mon livre et de l'honneur que vous m'avez fait. J'aurais aiméme trouver parmi vous et regrette que mon état de santé ne mel'ait pas permis. Flaubert a écrit : « Un livre est pour moi unefaçon de vivre ». Si je vous parle aujourd'hui de la lumièreAntigone et même de la lumière Antigone en lumière acharnéec'est parce qu'elle a été pour moi aussi une façon de vivre. »

Michel Bazin

4

Prix Lucioles : La source cachée de Hella S. HaasseEd. Actes Sud / Babel

(traduit du néerlandais par Annie Kroon)

Prix des Lecteurs : Le seigneur des porcheries de Tristan EgolfEd. Gallimard / Folio

(traduit de l'anglais par Rémy Lambrechts)

Je n'ai lu La source cachée qu'une seule fois et je me souviensencore avec une précision rare de la première page de ce livre. Leroman s'ouvre sur une description troublante et d'une grandedouceur d'un domaine que le narrateur découvre en même temps que nous. Cela aquelque chose de magique et l'on s'attend à tout instant à voir apparaître une féeau détour d'un buisson. Arrivé là pour se débarrasser des vieux fantômes de safemme, l'homme se laisse envoûter par la présence partout sensible de sa belle-mère, jeune femme romantique, tragiquement tourmentée et trop tôt disparue. Dejour en jour il repousse le moment de repartir vers son univers cartésien et réglépour se laisser porter par la magie du lieu. La source cachée est un livre romanti-que, son écriture est à l'image d'Hella S. Haasse, douce, posée, discrètementbrillante et marquante comme un fer dans la mémoire.

Quant au Seigneur des porcheries, il fut pour moi une révéla-tion en littérature, c'était la première fois que je me disaisconsciemment : "un livre peut faire ça". Et "ça" était un sen-timent de jouissance explosif, une envie de tout casser, uneempathie mémorable avec le héros, laid, mal-aimé, prêt àlever une armée de gueux et de bras cassés détruits par la vieet de foutre le feu à la bêtise, la méchanceté, l'ignorancecrasse, la bigoterie,c'est à dire contre tout et tout le monde aufinal. Juste pour qu'on le laisse enfin en paix.

Le roman possède toute l'énergie, toute la violence, toute larebellion et tout le rire que seul un écrivain de premier plan

peut transmettre avec autant de force et ce "trop tôt disparu", cet écorché vifn'aura pas eu le temps de nous laisser grand chose d'autre que cette torcheincendiaire contre la connerie humaine.

Michel Edo

Prix Lucioles : La fille de l'homme au piano de Timothy FindleyEd. Serpent à Plumes / Folio

(traduit de l'anglais par Isabelle Maillet)

Prix des Lecteurs : Naufrages d'Akira YoshimuraEd. Actes Sud / Babel

(traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle)

5

1999

2000

6

Prix Lucioles : Quelques-uns des cent regrets de Philippe ClaudelEd. Balland / Folio

Prix des Lecteurs : Derrière la colline de Xavier HanotteEd. Belfond / Espace Nord

Philippe Claudel écrit la beauté des vies ordinaires, il lesmagnifie. Elles sont simples et belles. Dans Quelques-unsdes cents regrets, un homme revient dans sa ville natale pourassister à l'enterrement de sa mère qu'il a abandonnée seizeannées plus tôt parce qu'elle refusait de lui révéler l'identitéde son père.

Quelques-uns des cent regrets est le secret improbable d'unemère qui, par pudeur, par amour, n'a pas osé dire la véritéà son fils, le nom de son père.

Ce nom, elle l'a écrit doucement sur un papier fermé « dansune enveloppe blanche, mince, fragile ». Sur cette enve-

loppe, elle a écrit : « de sa belle écriture maladroite et ronde : voilà ce que tuvoulais tant connaître. »

L'écriture de Philippe Claudel, patiente, humaine est d'une incroyable beauté. Ildonne grâce à la nostalgie et sublime la mélancolie. Elle dit très justement labeauté des vies simples, des non-dits, des retenues, de l'Amour ; elle exalte leurtemps. Philippe Claudel écrit des émotions douces. Il écrit la vie, notre vie avecdélicatesse et sensualité.

Bernard Foltz

Le prix Lucioles est le premier prix véritable que j'ai reçu. Lorsque je dis vérita-ble, je veux dire sincère et sans calcul. Le fait qu'il soit décerné par des lecteurs etdes fidèles d'une belle librairie est une garantie d'honnêteté, ce qui n'est hélas pastoujours le cas lorsqu'il s'agit des récompenses littéraires et en particulier des plusconnues d'entre elles. Chaque livre établit une communauté: initiée par l'auteur,elle rassemble en son sein un nombre plus ou moins important de personnes quiont en commun le voyage dans le livre lu. En ces temps d'individualisme etd'égoïsme, les livres peuvent jouer ce rôle qui consiste à relier, à unir, à faire dia-loguer, et inventer un prix de lecteurs, l'animer, le faire vivre, c'est prolonger lesmots écrits, les faire sonner, leur donner une chair et un sang qui bat. LorsqueQuelques-uns des cent regrets avait été couronné par le Prix Lucioles, j'en avaisété encore plus particulièrement heureux car ce roman était passé un peu inaperçuà sa sortie. La preuve aussi que ce prix se défie des modes et des engouementsmédiatiques, mais va chercher des livres abandonnés, secrets, délaissés, pour leurdonner une autre chance. Celle d'être découvert et parfois de durer. Chaque foisdésormais qu'on me fait dédicacer ce roman, j'ai une petite pensée pour leslecteurs de Lucioles, pour les libraires amis qui font vivre cette belle librairie,pour les bons moments d'échange, et notamment avec Xavier Hanotte, lauréat du

2001

prix des lecteurs cette année-là, les sourires, les poignées de main, les verresentrechoqués sous le ciel de Vienne.Merci à toutes et à tous, et que continue donc l'humaine aventure!Philippe Claudel, écrivain

Prix Lucioles : La femme Dieu d'Yves Bichet

Ed. Fayard

Prix des Lecteurs : Art brut d'Emile Brami

Ed. Ecriture

Bègue, manchot, pratiquement analphabète, interné avant-guerre et vivant depuis quarante ans dans le pavillon del'hôpital psychiatrique dans lequel il a été « soigné » EmileLepère -dit « le père Mimile »- « comme Dieu le Père lui-même, ce qui n'est pas rien pour un créateur » est uneénigme.Emile Lepère peint ; il est devenu un artiste renommé. « Safolie », grande inspiratrice, est ce cadeau que les dieux lui ontfait pour « lui apprendre à regarder autrement le monde ».L'art Brut du père Mimile n'est pas né et n'a pas évolué parhasard. Il est sa vérité, son unique moyen d'expression ;l'expression figée et silencieuse des traumatismes du Mal.Bernard Foltz

Prix Lucioles : Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil d'HarukiMurakamiEd. Belfond / 10.18(traduit du japonais par Corinne Atlan)

Traducteur au Japon de Scott Fitzgerald, John Irving, Raymond Carver,H. Murakami est surtout un immense écrivain, auteur de romans tels que Laballade de l'impossible, Kafka sur le rivage (Prix Lucioles des Lycéens 2007)…En 2002 parait Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, l'occasion de découvrir

un petit bijou littéraire.Une situation stable, ancrée dans le quotidien de la vie, unefamille apparemment unie ; lorsque l'époux modèle, Hajime,rencontre son premier amour de jeunesse, le roman basculedans une forme de surréalisme empli de poésie et defraîcheur.La quête de l'essentiel entre songe et réalité, le lien passion-nant entre deux personnages attachants qui se croisent et sedécroisent, repoussent toutes les frontières du voyageintérieur dans lequel Murakami nous entraîne avecsubtilité…Alain Bélier

7

2002

2003

Prix des Lecteurs : Un ami parfait de Martin SuterEd. Bourgois / Points(traduit de l'allemand par Olivier Mannoni)

Victime d'une agression, Fabio Rossi se réveille à l'hôpitalaprès un trou amnésique de cinquante jours… Commencealors un véritable thriller qui le verra soupçonner sonmeilleur ami. Et le lecteur, selon une des lois du genre, n'ensait pas plus que le héros lui-même…

Au-delà de l'intrigue romanesque, ce qui intéresse surtoutl'écrivain suisse allemand Martin Suter, c'est l'explorationde la mémoire dans ses manifestations pathologiques(Alzheimer dans son premier roman Small world, amnésieici) qui peut déboucher sur une découverte de soi… ou d'unautre soi-même. Comme le dit le docteur Loiseau à Fabio :« En chacun de nous sommeille notre propre contraire. Etpresque chacun de nous arrive, à un certain moment de sa vie, au point où ilvérifie s'il ne s'agit pas par hasard de sa véritable personnalité. »

Pierre Domeyne

Prix nouvelles : La brûlure des cordes (Million Dollar Baby) de F.X. TooleEd. Albin Michel / Livre de Poche(traduit de l'américain par Bernard Cohen)

Prix Lucioles : La douleur de Manfred de Robert Mcliam WilsonEd.Bourgois / 10.18(traduit de l'anglais par Brice Matthieussent)

Prix des Lecteurs : La part des chiens de Marcus MalteEd. Zulma / Folio

Prix nouvelles : Le meilleur des mondes de Quim MonzoEd. J. Chambon (traduit du catalan par Edmond Raillard)

Prix Lucioles : Le son de ma voix de Ron ButlinEd. Quidam(traduit de l'anglais Valérie Morlot)

Il s'appelle Morris Magellan, du nom du célèbre naviga-teur portugais qui le premier, effectua le tour du globe audébut du XVIe siècle. Lui n'est pas marin mais cadre diri-geant d'une biscuiterie en Écosse, et il se retrouve un soirlancé sur l'océan tumultueux de la dépression alcoolique.Et il n'est écrit nulle part que tous les Magellan retrouventun jour leur port d'attache.

8

2004

2005

Le Son de ma voix est le récit bouleversant d'un nostalgique maladif qui ne rêveque de stabilité, d'immuabilité, un personnage superbe qui, ne pouvant empêcherla ronde des saisons de l'éloigner chaque jour un peu plus de son origine, son pointde départ, largue les amarres une nuit pour le plus douloureux des voyages surflots toxiques.

François Reynaud

Prix des Lecteurs : Le vent qui siffle dans les grues de Lidia Jorge

Ed. Métailié

(traduit du portugais par Geneviève Leibrich)

Milène, le personnage principal est une jeune fille étrangedont les perceptions, d'une lucidité dérangeante, ne peuventêtre mises en mots. Les mots qu'elle entend ne sont pas lessiens, ils ne disent pas ce qu'elle voit et ressent. Le cousinJao Paulo a bien essayé de lui faire admettre que pourparler il faut utiliser les mots des autres ! Personne danscette famille n'aurait donc intérêt à entendre et croire ce quedit Milène ?

Quand elle rencontre Antonino Mata et le suit sur le chan-tier, elle l'aime, ils s'aiment entre terre et ciel bercés par la musique du vent quisiffle dans les grues. Lidia Jorge nous livre un magnifique roman dont le souffle,l'énergie et la poésie continuent de nous habiter bien après la dernière page.

Jacqueline Doulcet

Prix Lucioles : La chorale des maîtres bouchers de Louise Erdrich

Ed. Albin Michel / Livre de Poche

(traduit de l'américain par Isabelle Reinharez)

Dans cette grande fresque romanesque, d'une rare maîtrise, Louise Erdrich nousfait vivre trente ans de la vie d'une famille d'immigrés allemands aux États-Unis.

Ces Européens, blessés par la Première Guerre mondiale,vont poser les bases d'une nouvelle vie qui leur fera croiserle chemin de personnages aussi étranges qu'attachants.Avec un sens consommé du lyrisme et du pathos, l'auteurenous invite à suivre leurs destinées tourmentées, faites degrands bonheurs mais aussi de tragédies. Elle nous faitainsi découvrir par le petit bout de la lorgnette -unelorgnette intime et sensible- tout un pan de l'histoire desEtats-Unis.

Lionel Mignerot

9

2006

Prix des Lecteurs : Un monde vacillant de Cynthia OzickEd. de l'Olivier / Points

(traduit de l'américain par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso)

Prix Lucioles : La vie rêvée des plantes de Lee Seung-UEd. Zulma / Folio

(traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet)

Un roman qui se lit comme une quête de silence, unchemin vers l'apaisement et la paix intérieure que sembleprécisément rechercher Kihyon, jeune homme en quête derédemption et narrateur de cette histoire toute entière bâtiesur la culpabilité qu'il éprouve envers le sort réservé à sonfrère aîné, Uyhon. Celui-ci, amputé des jambes après avoirsauté sur une mine lors d'un exercice militaire, vit dansl'ombre du jeune homme passionné qu'il était avantl'accident. Alors amateur de photographie clandestine etamoureux d'un jeune fille nommée Yun Sunmi dont labeauté rendra fou de jalousie son petit frère, il vit à présentcloué sur un fauteuil roulant, renfermé sur lui-même dans un silence qui le confine,semble-t-il, à des années lumière du passé joyeux et prometteur qui fut sien.

François Reynaud

Prix des Lecteurs : Samedi de Ian McEwan

Ed. Gallimard / Folio

(traduit de l'anglais par France Camus-Pichon)

Samedi est un jour ordinaire dans la vie du neurochirur-gien Henry Perowne : le rituel des courses, la visite à savieille mère en maison de retraite, la partie de squashavec un ami… Et, soudain, voici que tout bascule à lasuite d'un banal accrochage automobile. La violencesurgit dans le quotidien d'une vie familiale bien réglée…

Ce roman d'un des plus grands écrivains anglais actuels(Expiation, Sur la plage de chesil) peut se lire comme unthriller, mais aussi bien comme une réflexion sur la fragi-lité de nos vies, sur le fonctionnement du cerveau ou surle chaos de la société occidentale.

Pierre Domeyne

Prix Nouvelles : Un sentiment d'abandon de Christopher CoakeEd. Albin Michel / Livre de poche

(traduit de l'américain par Michel Lederer)

10

2007

Prix Lucioles : Blessés de Percival EverettEd. Actes Sud / Babel (traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut)Le traducteur est un solitaire. Absorbé dans le texte jusqu'à laremise de sa version, il ne revoit le jour qu'avec elle. Pourtant,invitée à Vienne par la librairie Lucioles avec l'auteur américainPercival Everett, dont le roman Blessés s'était vu décerner leprix Lucioles 2007, j'ai découvert une communauté de lecteurssoudée autour de libraires fiables et généreux, qui œuvrent àtransmettre leurs passions. La sincérité de l'échange et safinesse, entre un public ému de rencontrer l'auteur d'une œuvrepour eux inédite, et le dit-auteur, peu accoutumé, dans son pays,à réaction si subtile à son art, m'ont fait comprendre la nature commune de notreentreprise : auteurs, libraires et traducteurs sommes des passeurs, mus par l'élandu partage. La librairie de Vienne est de ces lucioles dont la survivance, GeorgeDidi-Huberman il y a peu l'a souligné, importe tant, luisance persistante,rassurante dans un paysage toujours menacé d'être gagné par les ténèbres.Anne-Laure Tissut, traductrice

Prix des Lecteurs : A moi pour toujours de Laura KasischkeEd. Bourgois / Livre de poche(traduit de l'anglais par Anne Wicke)

Prix Nouvelles : Déjeuner de famille de John CheeverEd. Losfeld(traduit de l'américain par Dominique Mainard et Florence Levy-Paoloni)

Prix Lucioles : La chambre de Mariana de Aharon AppelfeldEd. de l'Olivier / Points(traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti)

Dès les premières lignes, le lecteur est saisi par un rythme,une douceur, par ce que l'auteur, le grand écrivain israëlienAharon Appelfeld, appelle « la musique des mots simples »qui, dit-il, le conduit vers les visions de son enfance.C'est bien de l'enfance qu'il s'agit ici, en effet, sur fond dedeuxième guerre mondiale. Fuyant avec sa mère le ghetto etla menace de la déportation, Hugo, jeune garçon d'unedizaine d'années, est confié à une femme, Mariana, qui tra-vaille dans une maison close. Commence alors pour lui unedrôle de vie dans un réduit glacial qu'il ne doit quitter sousaucun prétexte…Appelfeld, qui avait l'âge de Hugo lorsqu'il s'évada du camp de Transnitrie, en1942, est tout entier dans cette histoire initiatique racontée avec une grande sim-plicité, sans pathos ni didactisme. Dans ce très beau roman, Appelfeld maîtrisetotalement l'art du non-dit : tout se lit, et se dit, à travers un rai de lumière, unebranche d'arbre qui bourgeonne, un morceau de fromage ranci au fond d'unevalise, une émotion dans un corps qui s'éveille, un éclat de voixinquiétant dans la chambre d'à côté…Pierre Domeyne

11

2008

2009

Prix des Lecteurs : Dans les veines ce fleuve d'argent de Dario FranceschiniEd. de l'Arpenteur / Folio

(traduit de l'italien par Chantal Moiroud)

Prix Nouvelles : Bic et autres shorts de Vitaliano TrevisanEd. Verdier

(traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont)

Les nouvelles de ce recueil révèlent un monde intérieur et unetentative de saisir ces impressions fugaces qui s'estompent àpeine essaye-t-on de les nommer.

Le langage est au cœur de ce livre bâti sur une cinquantainede récits très brefs, mettant en scène tantôt un sentiment, uneaction et tantôt un souvenir, une vie passée. Entre conte phi-losophique et récit intimiste, Trevisan rend compte du déra-cinement, de la solitude, du travail, des impasses du mondemoderne.

La forme est musicale, rythmée, scandée. Le terme « short » est directement lié àla musique puisqu'il désignait, dans les années quarante, ces courts métrages quiprésentaient des morceaux de jazz. On retrouve dans ces textes ce mélange deconstruction rigoureuse et de liberté aventureuse, d'improvisation libre.

Renaud Junillon

Prix Lucioles : Terre des affranchis de Liliana LazarEd. Gaïa / Babel

Recevoir un prix littéraire pour son premier roman est grati-fiant et encourageant. Le livre échappe à son auteur dès sonédition et grandit grâce au soutien des lecteurs. Et si les prixdes lecteurs sont une reconnaissance du public, un prix deslibraires comme le Prix Lucioles est une reconnaissance desprofessionnels du livre. Car les libraires ne sont pas deslecteurs comme les autres. A chaque fois que l'un d'entre euxme confie avoir recommandé mon livre, j'ai le sentimentd'avoir reçu un nouveau prix. Terre des Affranchis doit sonsuccès à tous ces professionnels qui l'accompagnent depuisplus d'une année.

Liliana Lazar, écrivain

Prix des Lecteurs : Julius Winsome de Gerard DonovanEd Seuil /Points

(traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte)

Prix Nouvelles : Le koala tueur de Kenneth CookEd. Autrement

(traduit de l'anglais par Mireille Vignol)

12

2010

13, place du palais - 38200 Vienne

pour nous contacter :tél. 04.74.85.53.08 / fax. 04.74.85.27.52 / [email protected]

Retrouvez-nous sur :www.librairielucioles.fr

La librairie Lucioles fait partie du groupement de libraires indépendants Initiales et del'Association des Librairies Spécialisées Jeunesse (A.L.S.J.) :

pour tout renseignement, connectez-vous à www.initiales.org et www.alsj.citrouille.net

Cette plaquette a été réalisée avec le concours de la DRAC et de la région Rhône-Alpes.

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