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Bases physiques de l’astrophysique 27 septembre 2006

27 septembre 2006 - UNIGE

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Bases physiques de l’astrophysique

27 septembre 2006

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Table des matiĂšres

1 Ordres de grandeurs en Astrophysique 51.1 Echelle des énergies des phénomÚnes physiques . . . . . . . . . 5

1.1.1 Energie de masse au repos . . . . . . . . . . . . . . . . 51.1.2 Les Ă©nergies de liaison atomique . . . . . . . . . . . . . 5

1 GĂ©nĂ©ralitĂ©s sur le rayonnement 51.1 Le rayonnement dans l’univers . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51.2 L’intensitĂ© spĂ©cifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1.2.1 L’intensitĂ© spĂ©cifique moyenne . . . . . . . . . . . . . . 71.3 Le flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1.3.1 Les flux entrant et sortant . . . . . . . . . . . . . . . . 91.4 La luminositĂ© d’un astre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101.5 Eclairement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101.6 DensitĂ© d’énergie du rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . 131.7 GĂ©nĂ©ralitĂ©s sur la pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.7.1 Cas non relativiste (NR) . . . . . . . . . . . . . . . . . 171.7.2 Cas relativiste (R) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.8 La pression de rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.8.1 Les moments de l’intensitĂ© spĂ©cifique . . . . . . . . . . 20

1.9 La pression de rayonnement dans les Ă©toiles en lecture . . . . . 201.9.1 What are the Stars ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201.9.2 Why are the stars as they are ? . . . . . . . . . . . . . 22

1.10 Le rayonnement du corps noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281.11 La température effective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

1.11.1 La tempĂ©rature d’équilibre de la Terre . . . . . . . . . 301.12 L’entropie du rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

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2 Transfert d’énergie rayonnante 362.1 Coefficient d’extinction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

2.1.1 L’extinction atmosphĂ©rique . . . . . . . . . . . . . . . 382.2 Coefficient d’émission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 392.3 La loi de Kirchhoff . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412.4 L’équation de transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432.5 L’équation de transfert dans les intĂ©rieurs stellaires . . . . . . 452.6 L’opacitĂ© moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472.7 La relation masse–luminositĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 492.8 AtmosphĂšre grise en Ă©quilibre radiatif . . . . . . . . . . . . . . 502.9 IntensitĂ© sortante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 522.10 L’assombrissement centre–bord . . . . . . . . . . . . . . . . . 572.11 Le modĂšle d’atmosphĂšre solaire empirique (en lecture) . . . . 582.12 L’opacitĂ© due Ă  l’ion H− . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 592.13 Note sur la fonction source . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 602.14 Transfert d’énergie convective . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

2.14.1 Note sur les transformations adiabatiques . . . . . . . . 632.14.2 La convection adiabatique . . . . . . . . . . . . . . . . 65

2.15 Transfert par conduction Ă©lectronique . . . . . . . . . . . . . . 66

3 Absorption et Ă©mission du rayonnement 713.1 Les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713.2 Absorption par un oscillateur harmonique . . . . . . . . . . . 723.3 Absorption par les raies spectrales . . . . . . . . . . . . . . . . 793.4 Diffusion par les Ă©lectrons libres . . . . . . . . . . . . . . . . . 833.5 Photoionisation ou absorption bound-free . . . . . . . . . . . . 863.6 Transitions hyperboliques : absorption free–free et Bremsstrah-

lung . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 873.7 L’opacitĂ© globale dans le milieu stellaire . . . . . . . . . . . . 893.8 Note sur la largeur Ă©quivalente, la courbe de croissance et la

dĂ©termination des abondances . . . . . . . . . . . . . . . . . . 943.9 Note sur les abondances des Ă©lĂ©ments . . . . . . . . . . . . . . 1033.10 Rappels d’électrodynamique (en lecture) . . . . . . . . . . . . 108

3.10.1 Moments d’une distribution de charges . . . . . . . . . 1083.10.2 Potentiel et champ d’un dipĂŽle . . . . . . . . . . . . . 1103.10.3 Champ Ă©lectrique crĂ©Ă© par la matiĂšre polarisĂ©e . . . . . 1103.10.4 Condensateur rempli d’un diĂ©lectrique . . . . . . . . . 112

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3.10.5 Champ d’une charge dans un milieu diĂ©lectrique etthĂ©orĂšme de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

3.10.6 Vitesse de phase et de groupe . . . . . . . . . . . . . . 115

4 Propriétés Thermodynamiques 1164.1 Rappels de physique statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . 1164.2 Gaz et atomes excités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1214.3 Ionisation des gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1234.4 Poids moléculaire et pression des milieux neutres, partielle-

ment ou complĂštement ionisĂ©s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1334.5 PropriĂ©tĂ©s physiques du milieu partiellement ionisĂ© . . . . . . 1364.6 Influence de l’état physique du milieu stellaire sur les chaleurs

spécifiques.Les exposants adiabatiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

4.7 Chaleurs spécifiques et exposants adiabatiques pour un mé-lange de gaz parfait et de rayonnement . . . . . . . . . . . . . 149

5 Les gaz dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s 1535.1 GĂ©nĂ©ralitĂ©s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1535.2 Gaz partiellement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1555.3 Gaz complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1585.4 ConsĂ©quences remarquables de la loi des gaz dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s . . . . 1625.5 Effets Ă©lectrostatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1655.6 Les Ă©tats de la matiĂšre dans le plan log T vs. log ρ . . . . . . 177

6 Les rĂ©actions nuclĂ©aires 1836.1 DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1836.2 RĂ©actions non–rĂ©sonnantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1906.3 L’effet d’écran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1966.4 Les rĂ©actions rĂ©sonnantes (en lecture) . . . . . . . . . . . . . . 199

7 ComplĂ©ments d’hydrodynamique 2087.1 La fonction de distribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208

7.1.1 DensitĂ© en nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2097.1.2 Valeur moyenne d’une grandeur . . . . . . . . . . . . . 209

7.2 Vecteur flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2107.2.1 Vecteur flux de la masse . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

7.3 Equations de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

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7.4 Equation du mouvement avec termes de viscosité. Equationde Navier-Stokes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

7.5 Expression de la viscositĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2197.6 Equation de conservation de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . 2207.7 Nombres sans dimension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2227.8 Equation du mouvement avec rotation . . . . . . . . . . . . . 226

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Préface

Ce cours a pour but de prĂ©senter des concepts de base utiles en astro-physique. Il sera l’occasion de revoir de maniĂšre concise quelques chapitresde physique gĂ©nĂ©rale, en optant comme point de vue, leur utilisation dans lecadre de problĂšmes touchant l’astrophysique.

Nous commencerons par une Ă©tude trĂšs gĂ©nĂ©rale du rayonnement per-mettant de dĂ©finir les notions de base, puis nous aborderons l’étude des in-teractions du rayonnement avec la matiĂšre. Ce chapitre nous conduira toutnaturellement Ă  l’étude des diffĂ©rents Ă©tats de la matiĂšre. Enfin nous termi-nerons par la discussion des rĂ©actions nuclĂ©aires en astrophysique et par unebrĂšve introduction Ă  l’hydrodynamique.

Le plan général du cours est le suivant :

1) Généralités sur le rayonnement.

2) L’équation de transfert.

3) Absorption et Ă©mission du rayonnement.

4) Les propriétés thermodynamiques.

5) Les gaz dégénérés.

6) Les réactions nucléaires.

7) Introduction à l’hydrodynamique (si possible)

Plusieurs des notions introduites seront utiles pour suivre les cours intitulĂ©s“Diagnostiques spectroscopiques en astrophysique” et “Structure interne etĂ©volution des Ă©toiles”.

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Chapitre 1

Généralités sur le rayonnement

1.1 Le rayonnement dans l’univers

Dans l’univers actuel au temps t0, on peut distinguer l’énergie associĂ©e Ă la matiĂšre, l’énergie associĂ©e au rayonnement et vraisemblablement selon lesderniĂšres observations cosmologiques, l’énergie associĂ©e au vide1. La densitĂ©de matiĂšre baryonique dans l’Univers est estimĂ©e Ă 

ρb ∌ 5 · 10−28kg m−3 (1.1)

soit 0.3 protons par m−3. Si l’on utilise la relation E = mc2, la densitĂ© asso-ciĂ©e au rayonnement (essentiellement le rayonnement de fond cosmologique,voir plus loin) vaut environ 1/1000 de la densitĂ© de matiĂšre baryonique. Doncactuellement la dynamique de l’univers est dominĂ©e par la matiĂšre et vraisem-blablement le vide2. Ceci n’a pas toujours Ă©tĂ© le cas (cf cours de Cosmologie).

Si le rayonnement ne contient qu’une toute petite partie de l’énergie dansl’univers actuel, il joue un rĂŽle trĂšs important au moins Ă  deux titres :

– 1) Le rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique joue un rĂŽle important dans lesmĂ©canismes de transfert de l’énergie, notamment dans les intĂ©rieursstellaires.

– 2) Le rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique est l’une des sources d’informa-tion les plus importantes pour l’astrophysique. Les autres sources d’in-

1Voir par exemple l’article de Sanders “Observational Cosmology” astro-ph/04020652La densitĂ© associĂ©e Ă  l’énergie du vide correspondrait Ă  environ 70% de la densitĂ©

critique de l’Univers (de l’ordre de 10−26 kg m−3), la densitĂ© de matiĂšre non baryoniqueĂ  environ 25%, la densitĂ© de matiĂšre baryonique Ă  5% !

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formation sont l’analyse des roches terrestres, des mĂ©tĂ©orites, des rocheslunaires, l’exploration des planĂštes par les sondes spatiales, l’étude durayonnement cosmique. Dans le futur, des tĂ©lescopes Ă  neutrinos ainsique des instruments capables de dĂ©tecter les ondes gravitationnellesouvriront de nouvelles fenĂȘtres sur l’univers.Dans ce chapitre, nous considĂ©rons le rayonnement comme un fluidecontinu. Les interactions entre matiĂšre et rayonnement seront dĂ©critesen faisons appel soit Ă  la description ondulatoire ou corpusculaire durayonnement.

1.2 L’intensitĂ© spĂ©cifique

Soit un Ă©lĂ©ment infinitĂ©simal de surface dσ de normale n. Soit un rayon-nement se propageant dans la direction s faisant un angle Ξ avec la normale n

(cf fig 1.1). La quantitĂ© d’énergie dUÎœ dans l’intervalle de frĂ©quences [Îœ, Îœ+dÎœ]qui traverse la surface dσ dans un angle solide dΩ autour de la direction s,pendant le temps dt est

dUÎœ = IÎœdÎœdσ cos ΞdΩdt. (1.2)

Pour que l’on puisse considĂ©rer le rayonnement comme un fluide continu,notons que dσ1/2 ≫ λ oĂč λ est la longueur d’onde, de mĂȘme dt ≫ 1/ÎœoĂč Îœ est la frĂ©quence, de maniĂšre Ă  ce que les fluctuations provenant de lanature vibratoire du rayonnement soient moyennĂ©es. La quantitĂ© IÎœ est appe-lĂ©e l’intensitĂ© spĂ©cifique . La quantitĂ© [IÎœdÎœ] a pour unitĂ© des Watts/(m2

stĂ©radian). On peut de maniĂšre analogue dĂ©finir Iλ. L’intensitĂ© peut ĂȘtre in-tĂ©grĂ©e sur les frĂ©quences I =

∫∞0 IÎœdÎœ. En toute gĂ©nĂ©ralitĂ©, IÎœ est une fonction

de la position, de la direction de propagation et du temps.L’intensitĂ© spĂ©cifique se conserve dans l’espace vide. Ceci est vrai pour autantque des phĂ©nomĂšnes, comme la production de paires ou la diffusion photon-photon soient nĂ©gligĂ©s. ConsidĂ©rons la quantitĂ© d’énergie qui traverse, pen-dant le temps dt, la surface dσ dans la direction s et dans l’angle sous–tendupar la surface dσâ€Č qui se trouve Ă  une distance r de dσ (cf Fig. 1.2),

dUÎœ = IÎœdÎœdσ cos ΞdΩdt = IÎœdÎœdσ cos Ξdσâ€Č cos Ξâ€Č

r2dt. (1.3)

Cette Ă©nergie est Ă©gale Ă  l’énergie reçue par dσâ€Č de la part de dσ

dU â€ČÎœ = I â€ČÎœdÎœ

dσ cos Ξ

r2dσâ€Č cos Ξâ€Čdt. (1.4)

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σd

Ξn

sd Ω

Fig. 1.1 – La formule 1.2 donne la quantitĂ© d’énergie traversant la surface dσ,par unitĂ© de temps et de frĂ©quence, dans l’angle solide dΩ, dans la directions faisant un angle Ξ avec la normale n.

Dans l’espace vide dUÎœ = dU â€ČÎœ , donc IÎœ = I â€ČÎœ . Dans le vide, l’intensitĂ© spĂ©ci-

fique dans la direction PP’ est la mĂȘme en tout point de la droite PP’.

1.2.1 L’intensitĂ© spĂ©cifique moyenne

Dans le cas du Soleil, il est possible de mesurer la variation de l’inten-sitĂ© spĂ©cifique avec l’angle Ξ (cf Fig. 1.3). Il suffit de mesurer la variationd’intensitĂ© entre le bord et le centre du Soleil. Implicitement on fait ici l’hy-pothĂšse de symĂ©trie sphĂ©rique. Dans le cas des Ă©toiles, de telles mesures nesont pas possible. Par contre, il est possible de mesurer l’énergie Ă©mise parunitĂ© de temps dans une direction donnĂ©e par un hĂ©misphĂšre de l’astre (voirplus loin). Cette Ă©nergie par unitĂ© de frĂ©quence, de temps,d’angle solide estdonnĂ©e par

∫ π/2

0

∫ 2π

0IÎœ cos ΞR2 sin ΞdΞdϕ. (1.5)

On dĂ©finit l’intensitĂ© spĂ©cifique moyenne par

< IΜ >=

∫ π/20

∫ 2π0 IÎœ cos ΞR2 sin ΞdΞdϕ

πR2. (1.6)

La quantitĂ© < IÎœ > est aussi appelĂ©e brillance de surface.

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Θ

d σd σ

’

dΩ dΩ

r

’ Θ ’

n’

P

P’

n

s

Fig. 1.2 – L’intensitĂ© spĂ©cifique se conserve dans l’espace vide, cf Eqs. (1.3)et (1.4).

1.3 Le flux

Le flux (monochromatique) est la quantitĂ© d’énergie (Ă©mise ou reçue) traver-sant, par unitĂ© de temps, une surface unitĂ©, dans toutes les directions. Leflux monochromatique Ă©mis dans l’angle solide dΩ seulement vaut

dFΜ =dUΜ

dσdtdÎœ= IÎœ cos ΞdΩ. (1.7)

Le flux monochromatique FÎœ (ou densitĂ© de flux3) est donnĂ© par

FÎœ =∫

dΩIΜ cos ΞdΩ. (1.8)

Le flux bolomĂ©trique vaut F =∫∞0 FÎœdÎœ. Les flux observĂ©s sont habituelle-

ment petits et les unitĂ©s [W m2] sont des unitĂ©s en gĂ©nĂ©ral peu adaptĂ©es Ă leurs mesures. C’est pourquoi en radio astronomie, les densitĂ©s de flux sontsouvent exprimĂ©es en Jansky ; un Jansky est Ă©gal Ă  10−26 W m−2 Hz−1.

QUESTION 1 : Si le rayonnement est isotrope, que vaut leflux ?.

3La densitĂ© de flux est un terme peu employĂ© dans la litĂ©rature. On trouvera plutĂŽt fluxou intensitĂ©. L’usage de ces diffĂ©rents termes pour dĂ©signer une mĂȘme quantitĂ© physiqueinvite Ă  la prudence. Il vaut la peine de vĂ©rifier chaque fois la signification de ces termes.Dans ce cours nous parlerons de flux.

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Θ

s

Θ

n

DR

Fig. 1.3 – Energie rayonnĂ©e dans une direction par une Ă©toile, cf Eq.(1.5).

Le flux total dĂ©pend des Ă©carts Ă  l’isotropie

1.3.1 Les flux entrant et sortant

Le flux peut se décomposer en un flux entrant et sortant.

FÎœ =∫ 2π

0

∫ π/2

0IÎœ cos Ξ sin ΞdΞdϕ+

∫ 2π

0

∫ π

π/2IÎœ cos Ξ sin ΞdΞdϕ. (1.9)

Le flux sortant est défini par

F+Μ =

∫ 2π

0

∫ π/2

0IÎœ cos Ξ sin ΞdΞdϕ. (1.10)

Si le flux est isotrope le flux sortant est égal au flux entrant défini par

F−Μ =

∫ 2π

0

∫ π/2

πIÎœ cos Ξ sin ΞdΞdϕ. (1.11)

En regardant simplement les dĂ©finitions, on voit que F+Îœ = π < IÎœ >.

QUESTION 2 : Quelle est l’expression du flux sortant dans lecas isotrope ?

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1.4 La luminositĂ© d’un astre

La luminositĂ© (monochromatique) d’un astre est l’énergie Ă©mise par cetastre dans toutes les directions par unitĂ© de temps (et de frĂ©quence). On peutcommencer par donner une expression pour l’énergie Ă©mise par une surfacedσ dans un angle solide dΩ autour d’une direction faisant un angle Ξ avec lanormale Ă  cette surface

dLΜ =dUΜdtdΜ

= IÎœ cos ΞdσdΩ. (1.12)

L =∫

surface

∫

Ω+IÎœ cos ΞdσdΩ =

∫

surfaceF+Îœ dσ = 4πR2F+

Μ , (1.13)

oĂč le symbole Ω+ signifie que l’intĂ©gration est calculĂ©e sur l’ensemble desdirections sortantes. La luminositĂ© bolomĂ©trique vaut

L =∫

ÎœLÎœdÎœ = 4πR2F+. (1.14)

Nous avons supposĂ© ici que l’astre a une symĂ©trie sphĂ©rique et que le fluxsortant est le mĂȘme en chaque point de la surface. La magnitude bolomĂ©triqueabsolue4 est dĂ©finie par

Mbol = −2.5 logL+ constante = −2.5 logL/L⊙ + 4.75. (1.15)

QUESTION 3 : Quelle est la magnitude bolométrique du So-leil ?.

1.5 Eclairement

L’éclairement dĂ» Ă  une source lumineuse , EÎœ , est le flux reçu de cettesource par unitĂ© de surface. Si le rĂ©cepteur a une surface dσ et si la sourcede rayon R se trouve Ă  une distance D, alors on a que l’énergie reçue parle dĂ©tecteur, de surface dσ, est Ă©gal Ă  l’énergie Ă©mise par l’astre dans unedirection donnĂ©e multipliĂ©e par l’angle solide sous–tendu par le rĂ©cepteur vudepuis l’astre, soit

dUÎœ = πR2 < IÎœ > dσ/D2. (1.16)

4La magnitude absolue d’un astre est la magnitude apparente (cf. Sect. 1.5) qu’auraitcet astre s’il Ă©tait placĂ© Ă  une distance de 10 pc de l’observateur.

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L’énergie reçue par unitĂ© de surface vaut donc

EÎœ = πR2 < IÎœ > /D2 = ΎΩsource < IÎœ >, (1.17)

oĂč ΎΩsource est l’angle solide sous–tendu par la source vue depuis le rĂ©cepteur.Au lieu de l’angle solide de la source, on peut aussi faire apparaĂźtre le diamĂštreangulaire α de la source Ă©gal Ă  2R/D. Dans ce cas EÎœ = πα

2

4< IΜ >. On

peut aussi, au lieu de l’intensitĂ© spĂ©cifique moyenne, introduire le flux sortantF+Îœ = π < IÎœ >. Dans ce cas,

EΜ =α2

4F+Μ . (1.18)

La magnitude apparente est définie par

mÎœ = −2.5 logEÎœ + constante. (1.19)

Par convention on associe Ă  la magnitude zĂ©ro un certain Ă©clairement E0.Notons que lorsque l’on parle de magnitude, il faut spĂ©cifier le domaine delongueur d’onde considĂ©rĂ©. A la lumiĂšre du jour, l’oeil humain est le plussensible au rayonnement ayant une longueur d’onde d’environ 550 nm, lasensibilitĂ© dĂ©croĂźt vers le rouge et le violet. La magnitude correspondantĂ  la sensibilitĂ© de l’oeil humain est la magnitude visuelle mv. DiffĂ©rentesmagnitudes ont diffĂ©rents points zĂ©ro5.

QUESTION 4 : Montrer que mbol −Mbol = 5 lgD − 5, oĂč Dest la distance de l’astre exprimĂ©e en parsecs. Cette expressionest aussi valable pour des magnitudes dĂ©finies sur un intervallede frĂ©quences. Par contre elle suppose qu’il n’y a pas d’absorptionde rayonnement dans le milieu interstellaire ?.

L’origine du facteur 2.5 dans l’Eq.(1.19) est la suivante : au deuxiĂšmesiĂšcle avant J.C., Hipparque classa les Ă©toiles visibles en six catĂ©gories selonleur Ă©clairement apparent. La premiĂšre classe contenait les Ă©toiles les plusbrillantes et la sixiĂšme, les Ă©toiles juste visibles Ă  l’oeil nu. La rĂ©ponse de l’oeil

5Les constantes dans le cas du systĂšme photomĂ©trique UBV ont Ă©tĂ© choisies de tellemaniĂšre Ă  ce que les indices de couleurs B − V = mB − mV , mB Ă©tant la magnitudeapparente mesurĂ©e au travers du filtre B, et U − B soient zĂ©ro pour les Ă©toiles de typespectral A0. La tempĂ©rature effective de ces Ă©toiles est environ 10 000 K. Par exemple,Vega (α Lyr, type spectral A0) a V = 0.03, B−V = U −B = 0.00. Le Soleil a V = −26.8,B − V = 0.66 et U −B = 0.10

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OBJET mV

Soleil -26.8Pleine Lune -12.5VĂ©nus (maximum) -4.4Sirius -1.4αCentauri 0magnitude limite Ă  l’oeil nu 6au jumelle 10quasar le plus lumineux 12.6magnitude limite Ă  un tĂ©lescope de 1 m 17magnitude limite Ă  un tĂ©lescope de 5 m 25Objets les moins lumineux dĂ©tectĂ©s dans le Hubble Deep Field 30

Tab. 1.1 – Magnitude apparente visuelle de quelques objets

humain Ă  l’éclairement n’est pas linĂ©aire. Si le flux de trois Ă©toiles varie dansles proportions 1 : 10 : 100, la diffĂ©rence d’éclat, de brillance ou d’éclairemententre la premiĂšre et la seconde et entre la seconde et la troisiĂšme paraĂźtraidentique. Des rapports d’éclats identiques correspondent Ă  des diffĂ©rencesd’éclats perçus identiques. L’oeil humain est sensible au logarithme de l’éclat.

En 1856, Norman R. Pogson remplaça la classification d’Hipparchos parune classification plus quantitative. Cette classification suit nĂ©anmoins d’as-sez prĂšs celle d’Hipparque. Pogson est parti de la constatation qu’une Ă©toilede premiĂšre magnitude selon Hipparchos est environ 100 fois plus brillantequ’une Ă©toile de la sixiĂšme magnitude. Ainsi il dĂ©finit le rapport des Ă©clatsentre les magnitudes n et n+ 1 comme 2.512 car 2.5125 = 100.

QUESTION 5 : Montrer que la dĂ©finition donnĂ©e par l’Eq.(1.19) est Ă©quivalente Ă  la dĂ©finition de Pogson.

Les magnitudes s’étendent dans les deux sens au-delĂ  des magnitudes 1Ă  6. La magnitude visuelle apparente de l’étoile la plus brillante Sirius estde -1.4. La magnitude du Soleil est de -26.8 et celle de la Lune de -12.5. Lamagnitude limite du VLT est de 28.5. Cela signifie qu’une supergĂ©ante bleuepeut ĂȘtre vue jusqu’à 200 Mpc.

Comment calculer la magnitude limite d’un tĂ©lescope de diamĂštre D

Lorsqu’un astre est Ă  la magnitude limite d’un tĂ©lescope, cela signifie que

13

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l’énergie collectĂ©e par le tĂ©lescope par unitĂ© de temps est Ă©gale Ă  l’énergiecollectĂ©e par unitĂ© de temps par l’oeil nu Ă  la magnitude limite de l’oeil nu. SiEv est l’éclairement reçu d’un astre de magnitude 6 et si EL est l’éclairementd’un astre Ă  la magnitude limite du tĂ©lescope, on a

Evπ(0.007/2)2 = ELπ(D/2)2,

oĂč l’on a considĂ©rĂ© que le diamĂštre de la pupille de l’oeil est de 7mm, DĂ©tant le diamĂštre du tĂ©lescope en mĂštres. A partir de l’égalitĂ© ci-dessus, dela dĂ©finition de la magnitude et du fait que −2.5 logEv/E0 = 6 oĂč E0 est unĂ©clairement de rĂ©fĂ©rence, on obtient mL la magnitude limite du tĂ©lescope

mL = 16.8 + 5 log(D[metres]).

Comment calculer la magnitude apparente d’un systùme double

Supposons un systĂšme d’étoiles doubles, dont une composante a la ma-gnitude apparente 1 et l’autre composante la magnitude apparente 2. Quelleest la magnitude apparente du systĂšme ?

Ce qui s’ajoute ce ne sont pas les magnitudes mais les Ă©clairements. Ona que

m1 −m2 = −2.5 log(E1/E2)→ 1 = −2.5 log(E1/E2)→ 10−0.4 = (E1/E2),

E1 = 10−0.4E2 = 0.4E2,

E1+2 = E1 + E2 = 1.4E2 → m1+2 −m2 = −2.5 log(E1+2/E2)

→ m3 = 1− 2.5 log(1 + 10−0.4) = 0.64.

1.6 DensitĂ© d’énergie du rayonnement

L’énergie qui a traversĂ© la surface dσ dans une direction faisant un angleΞ avec la normale pendant le temps dt vaut :

dUΜdΜdΩ

= IÎœ cos Ξdσdt. (1.20)

Cette Ă©nergie est contenue dans un volume Ă©gal Ă  cdtdσ cos Ξ (cf Fig. 1.4).Donc la densitĂ© d’énergie du rayonnement se propageant dans la direc-tion indiquĂ©e est

dUÎœdÎœdΩcdtdσ cos Ξ

=duΜ

dΜdΩ=IΜc. (1.21)

14

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OĂč duÎœ = dUÎœ

cdtdσ cos Ξ.

Θ

c dt

n

s

d σ

Fig. 1.4 – Volume contenant l’énergie sous forme de rayonnement donnĂ©epar l’équation (1.20).

La densitĂ© d’énergie associĂ©e au rayonnement se propageant dans toutes lesdirections est donnĂ©e par

uΜ =1

c

∫

ΩIΜdΩ. (1.22)

La densitĂ© d’énergie peut ĂȘtre intĂ©grĂ©e sur les frĂ©quences

u =∫

ΜuΜdΜ. (1.23)

Comme Îœ et Ω sont en principe indĂ©pendants

u =1

c

∫

ΩIdΩ. (1.24)

Dans le cas isotrope

u =4π

cI. (1.25)

1.7 Généralités sur la pression

Avant d’introduire la notion de pression de rayonnement, rappelons quel-ques gĂ©nĂ©ralitĂ©s sur la pression. ConsidĂ©rons les collisions Ă©lastiques d’atomesde gaz avec les parois d’un rĂ©cipient (cf Fig. 1.5). L’énergie cinĂ©tique est

15

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Θ

p

p

Fig. 1.5 – Lors de la collision d’une particule avec une paroi, la quantitĂ© demouvement dans la direction perpendiculaire Ă  la paroi varie de 2p cos Ξ.

conservĂ©e dans la collision, mais la composante du vecteur quantitĂ© de mou-vement de la particule perpendiculaire Ă  la paroi change de sens et de direc-tion. Le changement de moment est ∆p = 2mv cos Ξ = 2p cos Ξ.

Pour obtenir la pression, il suffit de calculer le nombre de particules quientrent en collision avec la paroi par unité de surface et de temps. Le tauxde changement de moment dû à ces collisions sera la pression du gaz exercéesur la paroi.

Soit D(Ξ, ϕ, p)dΩdp le nombre de particules de moment entre p et p+ dp,frappant la paroi par unitĂ© de temps et de surface avec un angle d’incidenceentre Ξ et Ξ + dΞ et ϕ et ϕ + dϕ. La pression exercĂ©e par ces particules estdonnĂ©e par

dP = 2p cos ΞD(Ξ, ϕ, p)dΩdp. (1.26)

La pression totale est alors

P = 2∫ ∞

0

∫ 2π

0

∫ π/2

0p cos ΞD(Ξ, ϕ, p)dΩdp. (1.27)

Avec n(Ξ, ϕ, p) le nombre de particules par unitĂ© de volume ayant une quantitĂ©de mouvement p et se dĂ©plaçant dans la direction donnĂ©e par Ξ et ϕ (cfFig. 1.6), D(Ξ, ϕ, p)dΩ = n(Ξ, ϕ, p)dΩv cos Ξ, donc

P = 2∫ ∞

0

∫ 2π

0

∫ π/2

0pv cos2 Ξn(Ξ, ϕ, p)dΩdp. (1.28)

16

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n

sΞ

v(p)

Fig. 1.6 – Volume contenant les particules de vitesses v(p), se propageantdans la direction s, faisant un angle Ξ avec la surface unitĂ©, qui traverse cettesurface unitĂ© pendant une unitĂ© de temps.

Si l’on suppose que la distribution des directions des vitesses estisotrope, alors

n(Ξ, ϕ, p)dΩ = n(p)dΩ

4π, (1.29)

oĂč n(p) est le nombre de particules par unitĂ© de volume ayant une quantitĂ©de mouvement entre p et p+ dp. La pression devient en intĂ©grant sur dϕ

P =∫ ∞

0

∫ π/2

0pv cos2 Ξn(p) sin ΞdΞdp (1.30)

=1

3

∫ ∞

0n(p)pvdp. (1.31)

17

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1.7.1 Cas non relativiste (NR)

L’énergie cinĂ©tique6 pour une particule est donnĂ©e par Ecin = p2

2m, la vitesse

v = pm

. La densitĂ© d’énergie cinĂ©tique vaut donc

ucin =∫ ∞

0n(p)

p2

2mdp. (1.32)

La pression dans le cas isotrope est donnée par

P =1

3

∫ ∞

0n(p)pvdp =

1

3

∫ ∞

0n(p)

p2

mdp. (1.33)

DoncPNR =

2

3ucin. (1.34)

1.7.2 Cas relativiste (R)

Dans le cas relativiste, on a les relations

p = γmv, Ecin = (γ − 1)mc2, γ ≡(

1− v2

c2

)−1/2

, (1.35)

m est la masse au repos et c la vitesse de la lumiÚre, γ le facteur de Lorentz.De la définition de γ, on trouve facilement que

v =

√γ2 − 1

Îłc, (1.36)

donc la quantité de mouvement devient

p = Îłm

√γ2 − 1

Îłc = mc

√

γ2 − 1. (1.37)

On obtient alors pour le produit pv, en utilisant le fait que Ecin = (γ−1)mc2

pv = mc√

γ2 − 1

√γ2 − 1

Îłc = Ecin

1 + 2mc2

Ecin

1 + mc2

Ecin

. (1.38)

6Il s’agit ici de l’énergie cinĂ©tique de translation. Dans le cas de particules composĂ©esde plusieurs atomes, l’énergie cinĂ©tique totale est l’énergie cinĂ©tique de translation plusles Ă©nergies cinĂ©tiques de vibration et de rotation. Les relations ci–dessus s’appliquent Ă l’énergie cinĂ©tique de translation (cf Berkeley courses, Vol 5, p. 167).

18

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La pression devient alors

P =1

3

∫ ∞

0nEcin

1 + 2mc2

Ecin

1 + mc2

Ecin

dp. (1.39)

Dans le cas NR avec mc2 >> Ecin, on retrouve la relation vue plus hautPNR ∌ 2/3nEcin = 2/3ucin. Dans le cas relativiste avec mc2 << Ecin oulorsque les particules sont sans masse, on a PR = 1/3nEcin = 1/3ucin.

Une maniĂšre plus rapide d’obtenir ce mĂȘme rĂ©sultat est la suivante : dansle cas relativiste, on a que v → c et Ecin → pc. Donc la densitĂ© d’énergiecinĂ©tique peut s’écrire

ucin =∫ ∞

0n(p)pcdp. (1.40)

P =1

3

∫ ∞

0n(p)pcdp. (1.41)

DoncPR =

1

3ucin (1.42)

QUESTION 6 : VĂ©rifier la relation P = 23ucin dans le cas du

gaz parfait.

QUESTION 7 : Montrer que si on a un mĂ©lange de particulesrelativistes et non–relativistes, alors

1

3≀ P

ucin

≀ 2

3(1.43)

QUESTION 8 : La vitesse alĂ©atoire des galaxies est sup-posĂ©e ĂȘtre de l’ordre de 100 km s−1. Leur densitĂ© en nombre estn ∌ 10−1Mpc−3. Une galaxie typique a une masse de 3 1044 g.Quelle est la pression cosmique due aux galaxies ? Cette contribu-tion Ă  la pression a-t-elle un effet sur la dynamique de l’Universaujourd’hui ?

19

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1.8 La pression de rayonnement

L’expression ci–dessus permet d’obtenir trĂšs facilement la pression derayonnement dans le cas d’un rayonnement isotrope d’intensitĂ© spĂ©cifique I0.En effet il suffit d’appliquer la relation entre la densitĂ© d’énergie cinĂ©tique detranslation et la pression pour le cas de particules relativistes, on obtient

Prad =1

3ucin =

1

3

4π

cI0. (1.44)

Dans le cas plus gĂ©nĂ©ral oĂč le rayonnement n’est pas isotrope, on peut repartirde l’expression gĂ©nĂ©rale de la pression

P = 2∫ ∞

0

∫ 2π

0

∫ π/2

0n(Ξ, ϕ, p)pv cos2 ΞdΩdp. (1.45)

Dans le cas de photons on a que v = c, p = hÎœ/c, et n(Ξ, ϕ, p)dΩdp peut ĂȘtreremplacĂ© par

n(Ξ, ϕ, Îœ)dΩdÎœ =uÎœhÎœ

dΩdΜ =IΜchΜ

dΩdΜ. (1.46)

donc

PÎœrad = 2∫ ∞

0

∫ 2π

0

∫ π/2

0

IΜchΜ

hΜ

cc cos2 ΞdΩdΜ, (1.47)

En intégrant sur les fréquences,

Prad =2

c

∫ 2π

0

∫ π/2

0I cos2 ΞdΩ. (1.48)

Ceci correspond Ă  la pression exercĂ©e par les impacts des photons sur undes deux cĂŽtĂ©s de la paroi. Si il y a symĂ©trie par rapport Ă  la paroi, donc sila pression exercĂ©e par les photons sur l’autre cĂŽtĂ© de la paroi est la mĂȘme,alors on peut Ă©crire

Prad =1

c

∫ 2π

0

∫ π

0I cos2 ΞdΩ. (1.49)

QUESTION 9 : VĂ©rifier en utilisant la formule ci-dessus quel’on retrouve bien l’expression de Prad dans le cas isotrope.

20

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1.8.1 Les moments de l’intensitĂ© spĂ©cifique

DĂ©finissons le moment d’ordre n de l’intensitĂ© spĂ©cifique par

Mn(I) =∫

ΩI cosn ΞdΩ, (1.50)

alors le moment d’ordre 0 donne la densitĂ© d’énergie associĂ©e au rayonnementmultipliĂ©e par la vitesse de la lumiĂšre uc, le moment d’ordre 1 donne le flux,et le moment d’ordre 2 donne cPrad.

1.9 La pression de rayonnement dans les Ă©toiles

en lecture

Le texte ci–dessous est tirĂ© du cours de G. Srinivasan (1995) sur les Ă©toilesĂ  neutrons donnĂ© dans le cadre du 25 iĂšme cours de Saas Fee “Stellar Rem-nants”. Il illustre l’importance de la notion de pression de rayonnement dansles intĂ©rieurs stellaires.

1.9.1 What are the Stars ?

Every now and then there occurs a great revolution in science. By scien-tific revolution we mean the following : Very often there are questions thatarise in science which appear meaningless or even frivolous within the pre-mise of science, and suddenly they acquire a meaning. This constitutes arevolution. One of the great revolutions in science occurred in the middle oflast century. To the positivist philosophers who influenced European thin-king so much in the 18th and 19th century it was in the nature of things thatwe shall never know what the stars are. And yet, with Fraunhofer’s discoveryof the absorption lines in the spectrum of the Sun, and their explanation byKirchoff, a great revolution had occurred. It suddenly became clear that atleast the outer layers of the Sun and the stars were gaseous. Soon there werenumerous attempts to understand stars as gaseous masses.

Lane was one of the first persons to argue that stars were gaseous massesthat were stable because the gravitational pressure was balanced by the pres-sure of a perfect gas viz., Boyle’s law. This picture was amplified by Kelvinand Helmholtz. What Lane, Kelvin and Helmholtz argued was that the sta-bility of the Sun must be understood in terms of the equation of hydrostatic

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equilibrium .dP (r)

dr= −GM(r)ρ(r)

r2

where the pressure is to be calculated from the ideal gas equation of stateviz.,

Pgas =ρkT

”mp

where k is Boltzman’s constant, ” the mean molecular weight, and mp themass of the proton.

Regarding the source of the heat, Kelvin and Helmholtz argued that itwas due to gravitational contraction. However, the serious difficulty with thispicture was quickly appreciated. From Virial theorem one could estimate thekinetic energy of the plasma and it was clear that at the present luminositythe Sun will radiate it away in a mere 107 years. But various biologicaland geological evidences pointed to the fact that the Sun must have beenradiating roughly at its present luminosity for billions of years. Thereforethere must be a continuing source of energy in the Sun. Eddington was thefirst to suggest (around 1920) that the source of energy may be subatomic ornuclear energy, as we call it today. When he encountered skepticism to thisremarkably prescient idea he is known to have remarked “what is possible inthe Cavendish Laboratory cannot be too complicated for a star”, and “howelse can we produce the observed helium in the Universe ?”.

In the early 1920s Eddington made a major modification to the 19thcentury principles of stellar structure. He invoked the idea of radiative equili-brium (a concept introduced earlier by Karl Schwarzschild), and argued thatone must take into account not only the gas pressure but also the pressure ofthe outward flowing radiation. Thus the total pressure that balances gravityis the sum of gas pressure and radiation pressure. It is worthwhile remin-ding ourselves of the basic equations of stellar structure for stars in radiativeequilibrium.

d

dr

[

ρkT

”mp

+1

3aT 4

]

= −GM(r)ρ

r2

dPrad(r)

dr= −

(

L(r)

4πr2c

)

· 1l

dL(r)

dr= 4πr2ǫρ

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where l is the mean free path of the photons, L the luminosity, and Ç« theenergy generated per gram of material per unit time.

This theory of the stars due to Eddington was enormously successful(Eddington 1926).

1.9.2 Why are the stars as they are ?

Following Eddington we may ask ‘why are the stars as they are ?’. Toexplain the meaning of this cryptic question we may ask in parallel the follo-wing question viz., ‘why are the atoms as they are ?’, by which we mean : (i)why do the atoms have the sizes they have ? (ii) why atoms occur only in afinite range of atomic masses and charges ? We may answer these questionsby saying the following : Quantum theory is at the base of our understan-ding of atoms. And this theory naturally provides us with a length scale withwhich to measure atoms and so on. In a similar fashion we wish to now ask‘why are the stars as they are ?’ viz., (1) why do the luminosities of starsdepend only on their masses and not on their radii ? (2) why do stars occuronly in an incredibly narrow range of masses ? (3) why is there a limit to theluminosities of stars ?

Eddington’s theory was able to answer all these questions in a convincingmanner. Perhaps the most intriguing of all is the second question whichconcerns the range of masses of stars. Eddington addressed this question andanswered it in his famous parable of a physicist on a cloud-bound planet(Eddington 1926). “The outward flowing radiation may be compared to awind blowing through the star and helping to distend it against gravity.The formulae to be developed later enable us to calculate what proportionof the weight of the material is borne by this wind, the remainder beingsupported by the gas pressure. To a first approximation the proportion isthe same at all parts of the star. It does not depend on the density nor onthe opacity of the star. It depends only on the mass and molecular weight.Moreover, the physical constants employed in the calculation have all beenmeasured in the Laboratory, and no astronomical data are required. We canimagine a physicist on a cloud-bound planet who has never heard tell of thestar calculating the ratio of radiation pressure to gas pressure for a series ofglobes of gas of various sizes, starting, say, with a globe of mass 10g, then100g, 1000g and so on, so that his nth globe contains 10n g. Table belowshows the more interesting part of his results.”

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No. of Radiation Gasglobes pressure pressure

.. ..... .....

.. ..... .....

.. ..... .....32 0.0016 0.998433 0.106 0.89434 0.570 0.43035 0.850 0.15036 0.951 0.04937 0.984 0.01638 0.9951 0.004939 0.9984 0.0016.. ..... ....... ..... ....... ..... .....

“The rest of the Table would consist mainly of long strings of 9’s and 0’s.Just for the particular range of mass about the 33rd to 35th globes the Tablebecomes interesting, and then lapses back into 9’s and 0’s again. Regarded asa tussle between matter and aether (gas pressure and radiation pressure) thecontest is overwhelmingly one-sided except between numbers 33-35, wherewe may expect something to happen.”

“What ‘happens’ is the stars.”

“We draw aside the veil of cloud beneath which our physicist has been wor-king and let him look up at the sky. There he will find a thousand millionglobes of gas nearly all of mass between his 33rd and 35th globes − that isto say, between 1/2 and 50 times the Sun’s mass. The lightest known star isabout 3.1032 g, and the heaviest about 2.1035 g. The majority are between1033 and 1034 g, where the serious challenge of radiation pressure to competewith gas pressure is beginning.”

But why is this tussle important for ‘stars to happen’ ? Eddington didnot elaborate. A deeper understanding of why the masses of stars lie in sucha narrow range, although their luminosities vary by million or more, wasprovided by Chandrasekhar (Chandrasekhar 1937).

Let us introduce the parameter ÎČ which is the ratio of the gas pressure

24

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to the total pressure

Ptot = pgas + prad

=1

ÎČpgas =

1

1− ÎČ prad

One can now write the total pressure as follows :

Ptot =

(

k

”mp

)4

· 3a· 1− ÎČÎČ4

1/3

ρ4/3

Chandrasekhar argued that for a star to be mechanically stable the followinginequality has to be satisfied.

1

2G(

4π

3

)1/3

M2/3 ρ4/3 ≀ Pc ≀1

2G(

4π

3

)1/3

M2/3 ρ4/3c

Here, ρ is the mean density and ρc the central density. Pc is the sum of gaspressure plus radiation pressure at the centre. The right hand side of theinequality gives the necessary condition for the stability of a star, i.e.

”2M

(

ÎČ4c

1− ÎČc

)1/2

≄ 0.19

(

hc

G

)3/2

· 1

m2p

The combination of fundamental constants on the right hand side has thedimension of MASS. Its value is ≈ 29.2M⊙. We thus see that in a theoryof stars where gravity is balanced by the sum of gas pressure and radiationpressure, the natural scale of mass is of stellar magnitude. This is why thestars are as they are! Or, as Chandrasekhar put it :

“We conclude that to the extent the above theory is at thebase of the equilibrium of actual stars, to that extent the abovecombination of natural constants, providing a mass of propermagnitude for the measurement of stellar masses, is at thebase of a physical theory of stellar structure.”

25

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Fig. 1.7 – Exemples de courbes de corps noir : a intensitĂ© spĂ©cifique d’uncorps noir Ă  6000 K en fonction de la frĂ©quence ; b flux sortants de corpsnoirs de tempĂ©rature Ă©gale Ă  6000, 5000, 4000 et 3000 K (de haut en bas).Le domaine des longueurs d’onde optiques (de 400 Ă  750 nm) est indiquĂ© ; cidem b pour des tempĂ©ratures de 3000, 2500, 2000 et 1500 K ; c idem b pourdes tempĂ©ratures de 1000 et 900 K. L’émission aux plus courtes longueursd’onde est dans le domaine visible (couleur rouge) d’oĂč les lueurs rougeĂątresĂ©mises par les objets portĂ©s Ă  ces tempĂ©ratures ; d idem que b pour destempĂ©ratures de 373 K (100 C) et 310 K (37 C). Aux tempĂ©ratures usuellesles corps Ă©mettent dans le domaine de l’infra-rouge (entre 1000 et 1000000nm) ; e idem b pour des tempĂ©ratures de 3 et 2.7 K correspondantes auxrayonnement de fond cosmologique.

26

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Fig. 1.8 – Intervalles de longueur d’ondes correspondant aux diffĂ©rents typesde rayonnement.

27

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Fig. 1.9 – Rayonnement de fond cosmologique dĂ©couver par Penzias et Wil-son (titre de l’article qui leur valut le prix Nobel de physique en 1978 : AMeasurement of Excess Antenna Temperature at 4080 Mc/s, cf Astrophy-sical Journal, vol. 142, p.419-421, 1965. TirĂ© de http ://hyperphysics.phy-astr.gsu.edu/hbase/bkg3k.html#c1.

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1.10 Le rayonnement du corps noir

A l’état d’équilibre (T = constante) dans une enceinte fermĂ©e vide, l’in-tensitĂ© du rayonnement tend vers une valeur constante, fonction de la tem-pĂ©rature et de la frĂ©quence,

IΜ = BΜ(T ) =2hΜ3

c21

ehÎœkt − 1

. (1.51)

On peut aussi dĂ©finir Bλdλ.Aux basses Ă©nergies hÎœ

kT<< 1, on a, en utilisant le fait que lorsque x est

petit ex − 1 ≈ x,

BΜ(T ) =2hΜ3

c2kT

hΜ=

2Μ2

c2kT.

Il s’agit de la loi de Rayleigh–Jeans . Elle est utilisĂ©e en radioastronomiepour dĂ©finir la tempĂ©rature d’antenne TA Ă  partir de l’intensitĂ© radio. Lerayonnement qui se rapproche le plus du corps noir dans la nature est lerayonnement de fond cosmologique .

Aux Ă©nergies Ă©levĂ©es hÎœkT

>> 1, on a

BΜ(T ) =2hΜ3

c2exp−hÎœ

kt .

Il s’agit de l’approximation de Wien . Avant que l’on connaisse la formeexacte du rayonnement du corps noir, Wien avait obtenu la rĂšgle suivanteappelĂ©e loi de Wien

λmaxT = 0.29 [cm K],

oĂč λmax est la longueur d’onde au maximum d’émission.

QUESTION 10 : Partir de l’approximation de Wien pour BÎœ(T )et montrer que

λmaxT =1

3

hc

k= 0.48 [cm K].

Le facteur 1/3 devient 0.2014 lorsque l’on part de l’expressioncomplĂšte de la fonction de Planck. Il faut alors rĂ©soudre une Ă©qua-tion transcendante pour obtenir λmax (cf Berkeley courses, vol 5,physique quantique, p 27).

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En intégrant sur les fréquences, on trouve les expressions suivantes :

B = I =σT 4

π.

F+ = F− = σT 4.

u =4σ

cT 4 = aT 4.

Prad =1

3aT 4.

σ = 5.67 10−5 erg/(cm2 K4 sec) est la constante de Stefan–Boltzmann, a =7.565 10−15 erg/(cm3 K4) est la constante de rayonnement.

1.11 La température effective

Fig. 1.10 – Spectre du Soleil.

30

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Le Soleil n’est pas trĂšs loin d’émettre comme un corps noir (cf Fig. 1.10),cependant il ne peut-ĂȘtre considĂ©rĂ© comme tel. Son rayonnement provient decouches situĂ©es Ă  diffĂ©rentes profondeurs auxquelles on ne peut assigner unetempĂ©rature unique. D’autre part, dans les couches extĂ©rieures, mĂȘme locale-ment, il y a des Ă©carts Ă  l’équilibre thermodynamique local. En consĂ©quence,la notion de tempĂ©rature associĂ©e au rayonnement solaire, ainsi qu’à toutesource lumineuse doit ĂȘtre prĂ©cisĂ©e trĂšs soigneusement. La tempĂ©rature laplus utilisĂ©e est la tempĂ©rature effective. La tempĂ©rature effective d’un astreest la tempĂ©rature d’un corps noir ayant le mĂȘme rayon et Ă©mettant la mĂȘmeluminositĂ© que l’astre.

T 4eff =

L

4πR2σ.

QUESTION 11 : A partir de la constante solaire (1360 W/m2)et de la distance Terre-Soleil, (∌ 150 106 km), estimer la tempĂ©-rature effective du Soleil (le rayon du Soleil est Ă©gal Ă  6.96 1010

cm).

Il existe d’autres types de tempĂ©ratures associĂ©es au rayonnement, no-tamment la tempĂ©rature de brillance et la tempĂ©rature de couleur . En gĂ©-nĂ©ral, les tempĂ©ratures effectives, de couleur, de brillance ne sont pas Ă©gales.D’autres tempĂ©ratures associĂ©es au gaz de particules peuvent ĂȘtre dĂ©finies, latempĂ©rature cinĂ©tique, la tempĂ©rature d’excitation, d’ionisation (cf. chapitre4).

1.11.1 La tempĂ©rature d’équilibre de la Terre

L’énergie Ă©mise par le Soleil interceptĂ©e par la Terre est (cf. Fig. 1.11),

L

4πD2π

(

d

2

)2

=4πR2σT 4

eff

4πD2π

(

d

2

)2

(1.52)

=(R

D

)2

σT 4effπ

(

d

2

)2

. (1.53)

L est la luminositĂ© du Soleil, R son rayon, D la distance Terre–Soleil, d lediamĂštre de la Terre. Si l’on suppose que la Terre rayonne comme un corpsnoir, la puissance Ă©mise par la Terre vaut

31

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Fig. 1.11 – La Terre intercepte une partie de l’énergie Ă©mise par le Soleil.

4π

(

d

2

)2

σT 4 (1.54)

A l’équilibre, la puissance reçue est Ă©gale Ă  la puissance Ă©mise, et l’on obtientainsi la tempĂ©rature d’équilibre de la Terre

T 4 =1

4

(R

D

)2

T 4eff =⇒ T =

(∆Ω

4π

)1/4

Teff (1.55)

∆Ω est l’angle solide sous–tendu par le Soleil vu depuis la Terre.

QUESTION 12 : Calculer T .

QUESTION 13 : Si 30% du rayonnement est réfléchi et neparticipe pas au réchauffement de la Terre, que devient T ?

QUESTION 14 : Les modĂšles d’évolution du Soleil montrentque le Soleil augmente de brillance d’environ 7% par milliardsd’annĂ©es. Sachant que le Soleil est nĂ© il y a 4.56 milliards d’an-nĂ©es, quelle serait la tempĂ©rature d’équilibre de la Terre il y a 4milliards d’annĂ©es ?

32

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Fig. 1.12 – Principe de l’évaluation de la tempĂ©rature d’équilibre de la Terreen prĂ©sence d’un effet de serre.

La tempĂ©rature moyenne de la Terre est plus Ă©levĂ©e que les valeurs obte-nues ci–dessus. Cela est dĂ» Ă  la prĂ©sence de gaz Ă  effet de serre dans l’atmo-sphĂšre terrestre. Les principaux gaz Ă  effet de serre sont la vapeur d’eau, legaz carbonique et le mĂ©thane.Un tel calcul peut aussi s’appliquer Ă  la dĂ©termination de la tempĂ©rature despoussiĂšres dans le milieu interstellaire

QUESTION 15 : Soit un four solaire constituĂ© d’un rĂ©cepteurde diamĂštre d placĂ© au foyer d’un miroir de diamĂštre dâ€Č >> d.Calculer la tempĂ©rature d’équilibre du rĂ©cepteur.

33

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1.12 L’entropie du rayonnement

L’entropie du rayonnement est une grandeur utile en cosmologie pourĂ©tudier l’histoire thermique de l’univers et la phase de l’inflation. La premiĂšreloi de la thermodynamique s’écrit

ÎŽQ = dU + dτ = dU + PdV, (1.56)

oĂč ÎŽQ est l’énergie donnĂ©e au systĂšme et dτ est le travail fourni par le systĂšme.La deuxiĂšme loi de la thermodynamique s’écrit

dS =ÎŽQ

T. (1.57)

ConsidĂ©rons un milieu oĂč le rayonnement domine P = Prad = 13u = 1

3aT 4,

TdS = d(uV ) + PdV = 4aT 3V dT +4

3aT 4dV (1.58)

dS = d(

4

3aT 3V

)

=⇒ S =4

3aT 3V (1.59)

On a posĂ© la constante d’intĂ©gration Ă©gale Ă  zĂ©ro. L’entropie par unitĂ© devolume est s = 4

3aT 3

Cherchons maintenant le lien entre l’entropie du rayonnement et le nombrede photons dans un volume donnĂ©.

QUESTION 16 : Montrer qu’à l’équilibre, le nombre de photonspar unitĂ© de volume avec une longueur d’onde entre λ et λ + dλvaut

dnÎł(λ) =8π

λ4

dλ

exphc

λkT −1. (1.60)

Utiliser la relation duÎœ = 4πIÎœc

dΜ, la fonction de Planck et le faitque c = λΜ.

Le nombre total de photons par unité de volume est

nÎł =∫ ∞

0dnÎł = 0.37

aT 3

k

photons

cm3. (1.61)

Dans un volume V donnĂ©, l’entropie vaut

S =4

3

k

0.37nÎłV =

4

3

k

0.37NÎł. (1.62)

34

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Dans un volume donnĂ©, l’entropie est proportionnelle au nombrede photons qu’il contient.

QUESTION 17 : Que vaut l’entropie d’un mĂ©lange de gaz etde photons ? Supposer que le gaz obĂ©it Ă  la loi des gaz parfaits.Dans ce cas l’énergie U = 3

2NkT + aT 4V et P = N

VkT + 1

3aT 4.

On trouve dans ce cas que

S =4

3aT 3V +Nk ln(T 3/2V ) = 3.604knÎłV +Nk ln(T 3/2V ).

(1.63)

Dans un volume donnĂ©, lors d’un changement de tempĂ©rature, l’entropie varieessentiellement avec le nombre de photons.

Les Ă©toiles par leur rayonnement Ă©vacue de l’entropie dans le milieu inter-stellaire 7. Ce rayonnement a un effet nĂ©gligeable sur l’entropie de l’univers.L’ entropie de l’univers demeure donc constante au cours de l’expansion.

QUESTION 18 : Calculer le nombre de photons par cm3 associĂ©au rayonnement cosmique et la densitĂ© (par exemple en g cm3)qui peut ĂȘtre associĂ©e Ă  ce rayonnement.

7Cette Ă©mission d’entropie modifie l’entropie Ă  l’intĂ©rieur de l’étoile. Son entropie dansles rĂ©gions intĂ©rieures diminue au cours du temps.

35

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Domaine DensitĂ© d’énergie DensitĂ© en nombrede longueur d’onde de rayonnement [eV/m3] de photons [m3]

radio ∌ 5× 10−2 ∌ 106

micro-ondes 3× 105 5× 108

infra-rouge ? ?visible ∌ 2× 103 ∌ 103

ultra-violet ? ?rayons X 75 3× 10−3

rayons γ 25 3× 10−6

Tab. 1.2 – DensitĂ© d’énergie et densitĂ© en nombre de photons de rayonne-ments dans diffĂ©rents domaines de longueur d’onde. Ce ne sont que des ordresde grandeur (Longair, cours de Saas-Fee 1995).

36

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Chapitre 2

Transfert d’énergie rayonnante

Le transport de l’énergie dans un milieu peut se faire essentiellement partrois moyens

– L’énergie peut ĂȘtre transportĂ©e par le rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique,on parle alors de transfert radiatif.

– L’énergie peut ĂȘtre transportĂ©e par le mouvement macroscopique de lamatiĂšre, il s’agit du transfert convectif.

– L’énergie peut ĂȘtre transportĂ©e par le mouvement microscopique dela matiĂšre, plus prĂ©cisĂ©ment par le mouvement des Ă©lectrons, on parlealors de transport par la conduction.

Ces transferts auront toujours tendance Ă  Ă©galiser la tempĂ©rature, c’est-Ă -direĂ  transporter de l’énergie des rĂ©gions plus chaudes aux rĂ©gions plus froides.Lorsqu’un Ă©tat stationnaire est atteint, c’est-Ă -dire lorsque les tempĂ©raturesont atteint leur valeur d’équilibre, on obtient, selon le mĂ©canisme de transportdominant (radiatif, convectif ou conductif) des gradients de tempĂ©rature dif-fĂ©rents. C’est Ă  la recherche de ces gradients de tempĂ©ratures que s’attache leprĂ©sent chapitre, ainsi qu’à la recherche des conditions dans lesquelles chacunde ces trois mĂ©canismes domine.

L’équation de transfert est une Ă©quation qui exprime le fait que la diffĂ©-rence d’énergie entre l’énergie qui sort d’un Ă©lĂ©ment de volume et l’énergiequi y pĂ©nĂštre est Ă©gal Ă  l’énergie produite dans l’élĂ©ment de volume moinsl’énergie absorbĂ©e dans l’élĂ©ment de volume. Dans le cas du transfert radia-tif, cette Ă©quation nĂ©cessite donc de connaĂźtre les coefficients d’émission etd’extinction du rayonnement.

37

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2.1 Coefficient d’extinction

I I

ds

ρ Îș Îœ

ΜΜ (0) (ds)

Fig. 2.1 – Le rayonnement traverse une plaque d’épaisseur ds, de densitĂ© ρ.L’équation 2.1 dĂ©finit le coefficient d’absorption ÎșÎœ .

Lorsqu’ un rayonnement traverse de la matiĂšre, il subit une attĂ©nuationdIÎœ proportionnelle Ă  IÎœ et Ă  la densitĂ© de colonne ρds. Le coefficient ÎșÎœ , telque

dIÎœ = −ÎșÎœIΜρds (2.1)

est le coefficient d’extinction . Ses unitĂ©s sont des cm2/g. Il rĂ©sulte de diversprocessus physiques intervenant dans le milieu (voir chapitre 3). Si ÎșÎœ et ρsont constants dans le milieu, on a

dIÎœds

= −ÎșΜρIÎœ =⇒ IÎœ(s) = IÎœ(s0)e−ÎșΜρ(s−s0). (2.2)

La quantitĂ© l = 1ÎșΜρ

, qui est la distance aprĂšs laquelle l’intensitĂ© est rĂ©duited’un facteur e, est le libre parcours moyen. Dans l’intĂ©rieur du Soleil l varieentre 0.01 et 1 cm.

L’énergie absorbĂ©e lorsque le rayonnement a un angle d’incidence Ξ est

dUabsÎœ = |dIÎœ |dÎœdσ cos ΞdΩdt (2.3)

= ÎșΜρIÎœdÎœdsdσ cos ΞdΩdt. (2.4)

Comme ρdsdσ cos Ξ est la masse traversĂ©e dm, on a

dUabsÎœ = ÎșÎœIÎœdÎœdmdΩdt. (2.5)

38

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REMARQUE

L’extinction comporte en gĂ©nĂ©rale une partie absorption et une partie diffu-sion Îștot

Îœ = ÎșdiffÎœ + Îșabs

Îœ . L’énergie diffusĂ©e dans une direction Ξâ€Č par rapport Ă la direction d’incidence est

dUdiffÎœ = Îșdiff

Îœ IÎœdmdÎœdΩdtdΩâ€Č

4πpdiff(cos Ξâ€Č), (2.6)

la fonction pdiff(cos Ξâ€Č) est la fonction de phase. La fonction de phase estnormalisĂ©e de maniĂšre Ă  ce que

∫

pdiff(cos Ξâ€Č)dΩâ€Č

4π= 1. La fonction de phase de

Rayleigh, qui s’applique au cas ordinaire de la diffusion Thomson est donnĂ©epar

p =3

4(1 + cos2 Ξ). (2.7)

Dans le cas d’une diffusion isotrope pdiff = 1. On appelle albĂ©do de diffusionou degrĂ© de blancheur la quantitĂ©

adiffΜ =

ÎșdiffÎœ

ÎștotÎœ

=UdiffΜ

UdiffΜ + Uabs

Μ

. (2.8)

2.1.1 L’extinction atmosphĂ©rique

La Fig. 2.2 illustre la transparence de l’atmosphĂšre terrestre Ă  diffĂ©renteslongueurs d’onde.

L’extinction atmosphĂ©rique (absorption + diffusion) est gĂ©nĂ©ralement re-prĂ©sentĂ©e au premier ordre par

mz(λ) = m0(λ) +Kλ sec z + ... (2.9)

oĂč m0 est la magnitude hors atmosphĂšre (cf. Fig. 2.3), mz est la magnitudemesurĂ©e au sol Ă  la distance zĂ©nithale z, Kλ le coefficient d’extinction. Cetteexpression est valable si la distance zĂ©nithale z n’est pas trop grande. Dansce cas il est lĂ©gitime de nĂ©gliger la courbure de l’atmosphĂšre. Si l’épaisseurde l’atmosphĂšre est prise comme unitĂ© la quantitĂ© sec z reprĂ©sente la dis-tance parcourue par la lumiĂšre dans l’atmosphĂšre. La magnitude augmentelinĂ©airement avec la distance.

A la place de sec z = 1cos z

= dd0

, on utilise Fz, la masse d’air qui tientcompte de la courbure de la Terre et de l’altitude du lieu d’observation (va-leurs tabulĂ©es). On a donc la relation suivante entre l’intensitĂ© spĂ©cifique horsde l’atmosphĂšre I0 et l’intensitĂ© Iz mesurĂ©e au sol Ă  la distance zĂ©nithale z

Iz(λ) = I0(λ)10−0.4ÎșλFz . (2.10)

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Fig. 2.2 – L’atmosphùre n’est transparent qu’aux ondes visibles et radio.

QUESTION :Montrer l’expression ci–dessus.

Le coefficient d’extinction peut ĂȘtre dĂ©terminĂ© en observant la mĂȘmesource plusieurs fois durant une nuit avec des distances zĂ©nithales aussi dif-fĂ©rentes que possible (toutefois pas supĂ©rieures Ă  700). Les magnitudes ob-servĂ©es sont portĂ©es dans un diagramme magnitudes versus masses d’air. Lespoints sont sur une droite dont la pente est le coefficient d’extinction. L’ex-trapolation de la droite jusqu’au point oĂč la masse d’air est nulle, permetd’obtenir m0 qui est la magnitude apparente hors atmosphĂšre.

2.2 Coefficient d’émission

Un Ă©lĂ©ment de masse peut aussi Ă©mettre spontanĂ©ment des photons (parproduction d’énergie nuclĂ©aire par exemple). On dĂ©finit le coefficient d’émis-sion par

dU emiΜ = jΜdΜdmdΩdt. (2.11)

40

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zatmos.

ddo

(λ)m

m (λ)

0

z

Fig. 2.3 – Si la distance zĂ©nithale d’un astre est z, sa lumiĂšre traverse unedistance d0/ cos z dans l’atmosphĂšre.

Fig. 2.4 – Magnitudes observĂ©es en fonction de la masse d’air.

41

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2.3 La loi de Kirchhoff

ConsidĂ©rons une enceinte isolĂ©e d’un certain type en Ă©quilibre thermiqueĂ  une tempĂ©rature donnĂ©e T . La quantitĂ© d’énergie totale absorbĂ©e (intĂ©grĂ©esur toutes les frĂ©quences) par les parois doit ĂȘtre Ă©gale Ă  l’énergie totale qu’elleĂ©met, sinon la tempĂ©rature des parois T changerait. Kirchhoff a affirmĂ© quele mĂȘme bilan devrait s’appliquer pour chaque frĂ©quence1, donc

dUabsΜ = dU emi

Μ (2.12)

avecdUabs

Îœ = ÎșÎœIÎœdÎœdmdΩdt, (2.13)

dU emiΜ = jΜdΜdmdΩdt, (2.14)

L’énergie absorbĂ©e Ă  la frĂ©quence Îœ Ă  savoir ÎșÎœIÎœ , doit ĂȘtre identique Ă  l’éner-gie Ă©mise jÎœ , et cela doit ĂȘtre vrai pour tous les matĂ©riaux quelle que soit leurnature. C’est la loi de Kirchhoff

jÎœ = ÎșÎœIÎœ . (2.15)

La fonction IÎœ est donc une fonction universelle, c’est-Ă -dire la mĂȘme quelleque soit la nature des parois, leur couleur, leur taille et leur forme2. Il s’agitdu rayonnement du corps noir.

IÎœ = BÎœ(T ) =jÎœÎșÎœ. (2.16)

Remarque : milieu avec indice de réfraction variable

Que se passe-t-il si l’on a deux milieux de nature diffĂ©rentes dans uneenceinte Ă  tempĂ©rature constante ? Supposons que les deux milieux aient desindices de rĂ©fraction nÎœ et nâ€Č

Îœ . ConsidĂ©rons un Ă©lĂ©ment de surface dσ prisesur l’interface entre ces deux milieux (cf Fig. 2.5). On a alors

dU incÎœ = IÎœdσ cos ΞdΩdÎœdt, (2.17)

1Si les parois sont faites de matĂ©riaux diffĂ©rents (qui se comportent diffĂ©remment avecT ), le rĂ©gime stationnaire nĂ©cessite l’équilibre pour chaque frĂ©quence.

2En 1792, le fameux cĂ©ramiste Thomas Wedgwood remarqua que les objets dans unfour devenaient rouges en mĂȘme temps que les parois du four quelle que soit leur taille,leur forme et leur matĂ©riau.

42

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I I

I

inc ref

tra

Ξ

ξ’

Fig. 2.5 – Interface entre deux milieux d’indice de rĂ©fraction diffĂ©rent.

dU refÎœ = rÎœIÎœdσ cos ΞdΩdÎœdt, (2.18)

dU traÎœ = (1− rÎœ)I â€ČÎœdσ cos Ξâ€ČdΩâ€ČdÎœdt, (2.19)

avec rÎœ < 1 le pouvoir rĂ©flecteur. Si rÎœ = 0, IÎœ 6= I â€ČÎœ car Ξâ€Č et dΩâ€Č sontdiffĂ©rents. La conservation de l’énergie Ă  la frĂ©quence Îœ implique que

IÎœdσ cos ΞdÎœdΩdt = rÎœIÎœdσ cos ΞdÎœdΩdt+(1−rÎœ)I â€ČÎœdσ cos Ξâ€ČdÎœdΩâ€Čdt, (2.20)

ce qui implique que

IÎœ cos ΞdΩ = I â€ČÎœ cos Ξâ€ČdΩâ€Č =⇒ IÎœ cos Ξ sin ΞdΞ = I â€ČÎœ cos Ξâ€Č sin Ξâ€ČdΞâ€Č. (2.21)

La loi de la réfraction implique que

nÎœ sin Ξ = nâ€ČÎœ sin Ξâ€Č =⇒ nÎœ cos ΞdΞ = nâ€Č

Îœ cos Ξâ€ČdΞâ€Č, (2.22)

donc

IÎœnâ€ČÎœ

nΜ

nâ€ČÎœ

nÎœ= I â€ČÎœ =⇒ IÎœ

n2Μ

=I â€ČÎœnâ€Č2Îœ

. (2.23)

Dans un milieu avec un indice de rĂ©fraction variable on a constance de IÎœ/n2Îœ .

Si l’équilibre est atteint, on a que

IΜn2Μ

=I â€ČÎœnâ€Č2Îœ

= BÎœ(T ) =⇒ IÎœ = n2ÎœBÎœ(T ). (2.24)

43

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On peut aussi Ă©crire le coefficient d’émission d’un milieu en Ă©quilibre ther-mique d’indice nÎœ ,

jÎœ = ÎșÎœn2ÎœBÎœ(T ). (2.25)

Si le milieu est vide, on peut introduire un pouvoir rĂ©flecteur des parois, telque Ă  l’équilibre

IÎœ = rÎœIÎœ + eÎœ =⇒ IÎœ =eÎœ

1− rÎœ=eÎœaÎœ. (2.26)

Si la paroi est noire, parfaitement absorbante aÎœ = 1 et IÎœ = eÎœ . Si aÎœ = 0, casd’un miroir, IÎœ est indĂ©terminĂ©, il y a Ă©quilibre Ă  n’importe quelle intensitĂ©.

2.4 L’équation de transfert

Soit un pinceau de rayonnement monochromatique IÎœ dans une directions0. Le milieu est dĂ©fini par ρ, ÎșÎœ et jÎœ (voir Fig. 2.6, on choisit un Ă©lĂ©mentde surface perpendiculaire Ă  la direction choisie).

I

I

ds

+ d IΜ Μ

Μ

dσ

Fig. 2.6 –

La variation d’énergie pendant la durĂ©e dt vaut

dUÎœ = dIÎœdÎœdσdΩdt (2.27)

Si ds est l’épaisseur traversĂ©e, la quantitĂ© d’énergie Ă©mise vaut

dU emiÎœ = jΜρdσdsdÎœdΩdt (2.28)

44

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la quantitĂ© d’énergie absorbĂ©e vaut

dUabsÎœ = ÎșΜρIÎœdσdsdÎœdΩdt (2.29)

le bilan net s’écrit

dUÎœ = dU emiÎœ − dUabs

Îœ =⇒ dIÎœds

= jΜρ− ÎșΜρIÎœ (2.30)

Il s’agit de l’équation de transfert radiatif. Dans le cas d’un milieu Ă  gĂ©omĂ©triesphĂ©rique (Fig. 2.7) dr = ds cos Ξ et −rdΞ = ds sin Ξ, donc

d

ds=

∂

∂r

dr

ds+

∂

∂ξ

dΞ

ds=

∂

∂rcos ξ − ∂

∂ξ

sin Ξ

r(2.31)

L’équation de transfert en coordonnĂ©es sphĂ©riques s’écrit donc

∂IΜ∂r

cos Ξ − ∂IÎœr∂ξ

sin Ξ = ρ(jÎœ − ÎșÎœIÎœ) (2.32)

Une Ă©quation similaire peut ĂȘtre Ă©crite pour I =∫

Μ IΜdΜ.

r

dr

-d

I(r+dr,

I(r,

-r d

ϑ

ϑ

ϑ)ϑ

+ d ϑ

ϑ+ ϑ d ϑ)sd

Fig. 2.7 –

45

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QUESTION :Multiplier l’équation 2.32 par cos Ξ et l’intĂ©grersur dΩ, montrer que l’on obtient

dPrad

dr+

1

r(3Prad − u) +

ρÎșF

c= 0 (2.33)

2.5 L’équation de transfert dans les intĂ©rieurs

stellaires

Dans les intĂ©rieurs stellaires, localement, l’équilibre thermodynamique estrĂ©alisĂ©. Cette hypothĂšse d’E.T.L. (Ă©quilibre thermodynamique local) est cor-rect pour autant que l’on puisse associer une valeur unique de la tempĂ©ratureĂ  une rĂ©gion. Dans cette rĂ©gion l’on est alors proche de l’équilibre thermique.Quelle est la taille de cette rĂ©gion ? On peut parler d’équilibre thermody-namique local si la taille de cette rĂ©gion est beuacoup plus grande que lelibre parcours moyen d’un photon. Dans ce cas le photon durant son tempsde vol ne “verra” quasiment aucun changement de la tempĂ©rature et l’hypo-thĂšse d’équilibre thermique sera localement vĂ©rifiĂ©e. Que vaut le gradient detempĂ©rature moyen dans une Ă©toile (ordre de grandeur) ?Le gradient moyen de tempĂ©rature dans une Ă©toile est trĂšs faible.

dT

dr≈ TcR≈ 107K

7 1010cm∌ 10−4 K

cm(2.34)

Que vaut le libre parcours moyen d’un photon ? Dans les intĂ©rieurs stellaireson a gĂ©nĂ©ralement que le libre parcours moyen des photons est trĂ©s court.Pour ρ =< ρ⊙ >= 1.4 g cm−3 et Îș = 1− 10 cm2 g−1

l ≈ 1

Îșρ∌ 0.01− 1 cm (2.35)

Sur un libre parcours moyen de photon, il y a donc peu de variation detempĂ©rature. Le rayonnement peut ĂȘtre localement dĂ©crit par la loi de Planck,IÎœ = BÎœ(T ) Notons qu’il ne s’agit que d’un Ă©quilibre thermodynamique local.S’il Ă©tait gĂ©nĂ©ralisĂ© dans toute l’étoile, il n’y aurait pas de flux Ă  l’intĂ©rieurdes Ă©toiles. Le flux est dĂ» aux Ă©carts Ă  l’isotropie. Montrons que le degrĂ©d’anisotropie dans les intĂ©rieurs stellaires est trĂšs faible. DĂ©veloppons I enune sĂ©rie de puissance de cos Ξ

I(Ξ) = I0 + I1 cos Ξ + I2 cos2 Ξ + ... (2.36)

46

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avec I0 la composante isotrope. Considérons une région interne suffisammentpetite pour que les effets de courbure soient négligeables ds = dr/ cos Ξ,

dI

ds= jρ− ÎșρI =⇒ dI

drcos Ξ = ρ(j − ÎșI) (2.37)

QUESTION :Montrer par rĂ©currence quedIn−1

dr= −ÎșρIn, pour n > 0 (2.38)

L’équation ci–dessus implique queIn−1

R∌ ÎșρIn →

InIn−1

≈ 1

ÎșρR≈ 10−10. (2.39)

La sĂ©rie converge trĂšs rapidement, avec une prĂ©cision de 10−20, on peutprendre

I = I0 + I1 cos Ξ. (2.40)

On ne peut se limiter à I0 sinon il n’y aurait aucun flux.

QUESTION :A partir de l’expression de I ci–dessus, calculer ladensitĂ© d’énergie associĂ©e au rayonnement, le flux et la pressionde rayonnement.

La pression de rayonnement et la densitĂ© d’énergie ne sont fonctions quede I0 (aux termes en I2 prĂšs). Le flux dĂ©pend de I1. Dans les intĂ©rieursstellaires, le flux est une quantitĂ© trĂšs faible par rapport au contenu thermiqueF/(uc) << 1. Si nous reprenons l’Éq. (2.33) avec les hypothĂšses ci–dessus, ilreste

dPrad

dr= −ρÎșF

c(2.41)

Dans l’intĂ©rieur l’approximation du corps noir est valable et l’on a Prad =13aT 4, on peut donc Ă©crire

Frad =Lr

4πr2= −4acT 3

3Îșρ

dT

dr= −Crad

dT

dr(2.42)

avec Crad = 4acT 3

3Îșρ, la conductivitĂ© radiative. Plus l’opacitĂ© est grande, plus

la conductivitĂ© est faible, elle est proportionnelle Ă  T 3 et au libre parcoursmoyen. Il n’y a pas de flux si le gradient de tempĂ©rature est nul. L’équation(2.42) est l’équation de transfert radiatif dans les intĂ©rieurs stellaires. Il s’agitd’une Ă©quation essentielle pour la structure interne des Ă©toiles.

47

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2.6 L’opacitĂ© moyenne

Partons de l’équation de transfert radiatif et supposons l.’E.T.L. rĂ©alisĂ©

dPrad(λ)

dr= −ÎșλρFλ

c=⇒ Fλ = − 4π

3ρÎșλ

dBλ(T )

dr(2.43)

Puisque, lorsque l’E.T.L. est rĂ©alisĂ©

Prad(λ) =4πBλ(T )

3c(2.44)

Cherchons la maniĂšre de calculer Îș telle que la mĂȘme Ă©quation puisse ĂȘtreĂ©crite entre les grandeurs “bolomĂ©triques”, i.e.

dPrad

dr= −ÎșρF

c=⇒ F = − 4π

3ρÎș

dB(T )

dr(2.45)

Partons de l’équation monochromatique et intĂ©grons–la sur les longueursd’onde

F =∫

λFλdλ = −4π

3ρ

∫

λ

1

Îșλ

dBλ(T )

drdλ (2.46)

Si nous dĂ©finissons Îș tel que

1

Îș

dB(T )

dr=∫

λ

1

Îșλ

dBλ(T )

drdλ (2.47)

alors l’équation impliquant les valeurs intĂ©grĂ©es sur les frĂ©quences aura lamĂȘme forme que l’équation impliquant les grandeurs monochromatiques.Comme B et Bλ sont fonctions de r via T

1

Îș

dB(T )

dT

dT

dr=∫

λ

1

Îșλ

dBλ(T )

dT

dT

drdλ (2.48)

1

Îș

dB(T )

dT=∫

λ

1

Îșλ

dBλ(T )

dTdλ (2.49)

L’équation ci–dessus dĂ©finit l’opacitĂ© moyenne de Rosseland utilisĂ©e dans lesintĂ©rieurs stellaires.

Remarque

48

Page 50: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 2.8 – OpacitĂ© moyenne de Rosseland en surface pour diffĂ©rents typesspectraux.

Les tables d’opacitĂ© donnent en gĂ©nĂ©ral la moyenne de Rosseland pourl’opacitĂ© totale (voir chapitre 3) : (bound+bound)+(bound–free) + (free–free) × (facteur corrigeant de l’émission induite).

La moyenne de Rosseland pour l’absorption bf (bound-free) seule est (cf.Schwarzschild, 1958) :

Îșbf ≃ K0ρ T−3.5 (2.50)

avec K0 = 4.34 · 1025 Z(1 + X)gbf

toĂč gbf est une moyenne du facteur de

Gaunt (voisin de 1) et t est le facteur dit de guillotine, destinĂ© Ă  corriger lasurestimation du nombre d’électrons liĂ©s aux basses tempĂ©ratures (t ≃ 10),X est la fraction de masse de l’hydrogĂšne, Z est la fraction de masse desĂ©lĂ©ments lourds (cf chapitre 4).

La moyenne de Rosseland pour l’absorption ff (free-free) seule est (cf.Schwarzschild, 1958)

Îșff ≃ K0 ρ T−3.5 (2.51)

avec iciK0 = 3.68 · 1022gff (1 +X) (X + Y ) (2.52)

49

Page 51: 27 septembre 2006 - UNIGE

oĂč Y est la fraction de masse de l’hĂ©lium. On note que la dĂ©pendance en ρ etT est globalement la mĂȘme pour les processus ff et bf. Toutefois, le coefficientK0 est beaucoup plus grand pour le processus bf. Celui-ci dominera dans lesĂ©toiles de Population I, tandis que dans les Ă©toiles de Population II, oĂč Z esttrĂšs faible, l’absorption free-free peut dominer.

2.7 La relation masse–luminositĂ©

L’équation de transfert radiatif permet de trouver la relation entre lamasse et la luminositĂ© des Ă©toiles, partons de l’équation

dPrad

dr= −ÎșρF

c(2.53)

En utilisant Prad = 13aT 4 et Fr = Lr

4πr2, et en approximant dT 4

dr≈ −T 4

c

R, Lr ∌ L,

r ∌ R/2, on trouve

1

3aT 4c

R=Îșρ

c

L

πR2=⇒ L =

πac

3

RT 4c

Îșρ(2.54)

QUESTION :Montrer que

Tc ∌”mH

k

GM

R(2.55)

en utilisant l’équation d’équilibre hydrostatique dPdr

= −ρg, l’équa-tion d’état des gaz parfaits P = k

”mHρT et en prenant pour ρ la

densitĂ© moyenne ρ = 3M4πR3 , avec ” le poids molĂ©culaire moyen

(voir chapitre 4) et mH la masse d’un proton.

En utilisant ce dernier résultat, on montre facilement que

L = 4ac(GmH

k

)4 ”4M3

Îș(2.56)

Il s’agit de la relation masse–luminositĂ© cherchĂ©e. Remarquons les pointssuivants :

1. En fait L ∝Mα avec un α moyen Ă©gal Ă  3, α varie selon le domaine demasse considĂ©rĂ©.

50

Page 52: 27 septembre 2006 - UNIGE

2. Par unitĂ© de masse, une Ă©toile de grande masse Ă©met beaucoup plusd’énergie qu’une Ă©toile de type solaire. Ceci a des consĂ©quences impor-tantes. Le temps de vie des Ă©toiles massives est plus court que celuides Ă©toiles de petites masses. Ce sont les Ă©toiles massives qui sont lesprincipaux agents de la nuclĂ©osynthĂšse stellaire.

3. A masse Ă©gale, une Ă©toile d’hĂ©lium sera beaucoup plus lumineuse qu’uneĂ©toile de composition standard.

4. Plus le milieu est opaque, plus la luminosité est faible.

5. Cette relation est indĂ©pendante du mĂ©canisme de production d’énergie

2.8 AtmosphĂšre grise en Ă©quilibre radiatif

Nous allons calculer la variation de tempĂ©rature en fonction de la profon-deur optique τ dans le cadre des hypothĂšses suivantes :

1. AtmosphĂšre plane parallĂšle (cf Fig. 2.9). Dans le cas du Soleil, l’at-mosphĂšre a une Ă©paisseur de 200 Ă  400 km, ce qui est trĂšs petit encomparaison du rayon solaire. Cette hypothĂšse est donc applicable.

2. Nous ferons l’hypothĂšse d’E.T.L., a chaque profondeur il est possibled’associer une seule tempĂ©rature T (z) ainsi qu’un fonction source SÎœdĂ©finie par SÎœ ≡ jÎœ

ÎșÎœ= BÎœ(T ).

3. Nous supposerons que l’équilibre radiatif est rĂ©alisĂ©

4. Nous ferons par ailleurs l’hypothĂšse que l’opacitĂ© ne dĂ©pend pas de lafrĂ©quence (cas gris). Il s’agit d’une simplification peu justifiĂ©e mais quidonne une premiĂšre approximation. On parle dans ce cas d’atmosphĂšregrise.

L’équationdPrad

dr= −ÎșρF

c(2.57)

devient, en posant dz = −dr et en dĂ©finissant τ la profondeur optique pardτ ≡ Îșρdz,

dPrad

dτ=F

c(2.58)

IntĂ©grons entre 0 et τ l’équation ci–dessus, en faisant l’hypothĂšse que F nedĂ©pend pas de τ (nous supposons donc le flux constant dans l’atmosphĂšre,

51

Page 53: 27 septembre 2006 - UNIGE

Z

Z

ϑ

0

Fig. 2.9 –

ce qui est vrai si la surface ne change pas en fonction du temps et s’il n’y apas production d’énergie. Ce flux constant peut s’écrire F = σT 4

eff3),

Prad(τ)− Prad(0) =F

cτ (2.59)

1

3aT 4(τ)− 1

3aT 4(0) =

σT 4eff

cτ (2.60)

d’oĂč l’on tire que

T 4(τ) =3

4T 4

eff [τ + q] (2.61)

en utilisant le fait que σ = ca4

et en dĂ©finissant q ≡ 43T 4(0)T 4eff

.

QUESTION 31 :Montrer que q est Ă©gal Ă  cPrad(0)F

.

QUESTION 32 : Montrer que dans le cas simplifiĂ© oĂč l’intensitĂ©sortante est constante et l’intensitĂ© entrante nulle (approximationd’Eddington) q = 2/3.

3Comment peut-on dire que le flux est constant alors que dans l’intĂ©rieur la tempĂ©raturevarie et donc F = σT 4 varie ? En rĂ©alitĂ©, lorsque l’on Ă©crit F = σT 4 on Ă©crit le flux sortant.Pour avoir le flux net, il faut soustraire le flux entrant. C’est le flux net dont on dit qu’ilest constant. La tempĂ©rature effective est dĂ©finie par l’égalitĂ© F = σT 4

eff.

52

Page 54: 27 septembre 2006 - UNIGE

Dans le cas oĂč l’on fait l’approximation d’Eddington, on obtient alors

T 4(τ) =3

4T 4

eff

[

τ +2

3

]

(2.62)

Si τ = 0, T (0) = 0.841Teff , si τ = 2/3, T (2/3) = Teff .

2.9 Intensité sortante

Dans le cas d’une atmosphĂšre plane–parallĂšle (cf Fig. 2.9), l’équation detransfert s’écrit

dIÎœds

= jΜρ− ÎșΜρIÎœ =⇒ − cos ΞdIÎœdz

= jΜρ− ÎșΜρIÎœ (2.63)

puisque ds = −dz/ cos Ξ. Posons ” = cos Ξ et dÏ„Îœ = ÎșΜρdz, on obtient alors

”dIÎœdÏ„Îœ

= − jÎœÎșÎœ

+ IÎœ = IÎœ − SÎœ (2.64)

La solution de l’équation rĂ©duite

”dIÎœdÏ„Îœ

= IΜ (2.65)

est IÎœ = CeÏ„Îœ/”.

QUESTION :Montrer que

C(Ï„Îœ) = −∫ Ï„Îœ

τ1Îœ

SÎœe−tâ€Č/”dtâ€Č

”+ IÎœ(τ1Îœ)e

−τ1Îœ/”. (2.66)

Donc l’intensitĂ© IÎœ(Ï„Îœ , ”) s’écrit

IÎœ(Ï„Îœ , ”) =

[

−∫ Ï„Îœ

τ1Îœ

SÎœe−tâ€Č/”dtâ€Č

”+ IÎœ(τ1Îœ)e

−τ1Îœ/”

]

exp Ï„Îœ/”. (2.67)

De cette équation4, on tire que, en posant ” = 1

IÎœ(Ï„Îœ , 1) = −∫ Ï„Îœ

τ1Îœ

SÎœeτΜ−tâ€Čdtâ€Č + IÎœ(τ1Îœ)e

τΜ−τ1Îœ . (2.68)

4Si le milieu n’est ni Ă©metteur, ni absorbant j = 0, Îș = 0, alors I = constante. Onretrouve bien dans ce cas le fait que I reste constant.

53

Page 55: 27 septembre 2006 - UNIGE

Supposons un milieu homogĂšne avec une fonction source et une opacitĂ©constante, omettons l’indice Îœ. Voyons ce que devient l’intensitĂ© Ă©mergeante(en τ =0)

I(0) = I(τ1Îœ)e−τ1Îœ + S(1− e−τ1Îœ ),

Si le milieu est optiquement mince alors τ1Îœ << 1 et eτ1Îœ ≈ 1 + τ1Îœ .

I(0) ≈ I(τ1Îœ)(1− τ1Îœ) + S(1− 1 + τ1Îœ) = (S − I(τ1Îœ))τ1Îœ + I(τ1Îœ),

le rayonnement sortant est plus grand ou plus petit que I(τ1Îœ) selon que Sest plus grand ou plus petit que I(τ1Îœ). Si I(τ1Îœ) = 0, on a I(0) = Sτ1Îœ

5.Dans le cas optiquement Ă©pais τ1Îœ >> 1, on a que e−τ1Îœ ≈ 0 et I(0) = S,

l’intensitĂ© Ă©mergeante est Ă©gale Ă  la fonction source (c’est d’ailleurs pour celaqu’on l’appelle la fonction source).

QUESTION :Dessiner l’allure gĂ©nĂ©rale de I(0) en fonction deτ .

Repartons de l’Eq. (2.67). A un niveau Ï„Îœ , l’intensitĂ© est pour τ1Îœ >> 1(limite infĂ©rieure d’intĂ©gration trĂšs grande)

IÎœ(Ï„Îœ , ”) =∫ ∞

τΜSΜ(tΜ)e

τΜ−tâ€Č

”dtâ€Č

”(2.69)

Au bord extérieur, on a donc

IÎœ(0, ”) =∫ ∞

0SΜ(t

â€Č)e−tâ€Č

”dtâ€Č

”(2.70)

L’intensitĂ© Ă©mergeante est Ă©gale Ă  la somme des contributions des fonctionssources des niveaux infĂ©rieurs rĂ©duites par un facteur d’absorption. Pourcalculer l’intensitĂ© Ă©mergeante, il faut connaĂźtre SÎœ(Ï„Îœ) et donc la façon dontla tempĂ©rature, la pression, la composition chimique varient avec Ï„Îœ .

Dans le cas d’une raie d’absorption (cf chapitre 3), le rayonnement ducontinu provient de couches ayant une profondeur optique plus grande que lerayonnement provenant du centre de la raie, comme le montre la Fig. 2.13.

5La profondeur optique n’est rien d’autre que le nombre de libres parcours moyens duphoton le long de l’épaisseur du milieu d’oĂč provient le rayonnement. Le rayonnementd’une Ă©toile provient d’une rĂ©gion Ă©paisse d’environ un libre parcours moyen, c’est-Ă -dired’une profondeur optique Ă©gal Ă  1.

54

Page 56: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 2.10 – Principe de formation d’un spectre en Ă©mission.

Fig. 2.11 – Exemple de spectre en Ă©mission.

55

Page 57: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 2.12 – Principe de formation d’un spectre en absorption.

Fig. 2.13 – Variation de la fonction source et de la profondeur optique Ă diffĂ©rentes longueurs d’ondes le long du profil d’une raie en absorption.

56

Page 58: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 2.14 – LumiĂšre d’un Quasi Stellar Object (QSO) absorbĂ© par un nuagede matiĂšre sur la ligne de visĂ©e.

Fig. 2.15 – Spectre du Soleil.

57

Page 59: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 2.16 – NĂ©buleuse sombre et lumiĂšre rĂ©flĂ©chie.

2.10 L’assombrissement centre–bord

Le flux du Soleil est Ă©videmment le mĂȘme en chaque point (cela ne seraitpas le cas si le Soleil tournait trĂ©s rapidement sur lui–mĂȘme). Cependant pourun observateur distant, l’angle Ξ varie sur la surface du disque (cf. Fig. 2.17)Au centre du disque ” = 1, au bord ” = 0. Calculons IÎœ(0, ”) dans le casgris et sous l’hypothĂšse d’E.T.L., i.e. S = j/Îș = B(T ) = σT 4/π. Par ailleursnous avons vu que T 4 = 3

4T 4

eff(τ + 23). Donc S = 3F

4π(τ + 2

3).

I(0, ”) =3F

4π

∫ ∞

0(tâ€Č +

2

3)e−t

â€Č/”dtâ€Č

”(2.71)

QUESTION :Montrer que I(0, ”) = 3F4π

(”+ 23).

On obtient donc queI(0, ”)

I(0, 1)= 0.6”+ 0.4 (2.72)

Il s’agit de la loi d’assombrissement centre–bord. Elle est assez bien vĂ©rifiĂ©epour le Soleil dans le visible. Ceci est dĂ» au fait que la principale source

58

Page 60: 27 septembre 2006 - UNIGE

ϑ

ϑ=0

ϑ = π/2

Fig. 2.17 –

d’opacitĂ© est due aux ions nĂ©gatifs de l’hydrogĂšne dont l’opacitĂ© varie peuavec la frĂ©quence (voir ci–dessous). L’assombrissement centre–bord devient engĂ©nĂ©ral plus fort lorsque la frĂ©quence augmente. L’observation de I(0, ”) peutnous renseigner sur la relation T (Ï„Îœ). La rĂ©solution de l’équation intĂ©grale deI(0, ”) fournit ce qu’on appelle le modĂšle d’atmosphĂšre solaire empirique .

2.11 Le modùle d’atmosphùre solaire empirique

(en lecture)

Dans le cas du Soleil, il est possible de dĂ©terminer la variation de la tempĂ©-rature en fonction de la profondeur optique de maniĂšre empirique, en utilisantl’approximation d’Eddington-Barbier. DĂ©veloppons la fonction source S(τλ)autour du point τ ∗λ

S(τλ) = S(τ ∗λ) + (τλ − τ ∗λ)dS

dτλ|τ∗

λ+ 1/2(τλ − τ ∗λ)2d

2S

dτ 2λ

|τ∗λ

+ ...

Portons cette expression dans Iλ(0, cos Ξ) =∫∞0 Sλ(t, cos Ξ)e−t/ cos Ξdt/ cos Ξ.

On obtient l’expression suivante pour l’intensitĂ©

Iλ(0, Ξ) = Sλ(τ∗λ) + (cos Ξ − τ ∗λ)

dS

dτλ|τ∗

λ+ 1/2(cos2 Ξ + (cos Ξ − τ ∗λ))

d2S

dτ 2λ

|τ∗λ

+ ...

Si l’on choisit τ ∗λ = cos Ξ, le deuxiĂšme terme s’annulle et le troisiĂšme termese trouve minimisĂ©, si bien qu’en assez bonne approximation :

Iλ(0, Ξ) ≃ Sλ(τλ = cos Ξ)

59

Page 61: 27 septembre 2006 - UNIGE

Cette expression nous dit que la mesure de Iλ(0, Ξ) nous permet de connaßtreSλ à différentes profondeurs optiques. Or le Soleil est la seule étoile pourlaquelle on possÚde des observations trÚs précises

– a) de l’intensitĂ© continue absolue au centre du disque en fonction de λdans un trĂšs grand domaine de longueurs d’onde.

– b) de la variation du centre au bord du disque de cette mĂȘme intensitĂ©continue en fonction de la longueur d’onde.

La relation approchĂ©e ci-dessus signifie qu’au centre du disque (Ξ = 0) nousrecevons de l’information de couches profondes, Icentre = Sλ(τλ = 1), alorsque le bord (Ξ = 900), nous renseigne sur des couches beaucoup plus Ă©levĂ©es,Ibord = Sλ(τλ = 0).

Dans le cas oĂč l’équilibre thermodynamique local (ETL) est rĂ©alisĂ© (cequi en gĂ©nĂ©ral est le cas dans la photosphĂšre solaire), la fonction source estla fonction de Planck,

S(τλ) = B(τλ) =2hc2

λ5

1

ehc

λkT − 1

oĂč T est la tempĂ©rature Ă  la profondeur optique τλ. L’assombrissement ob-servĂ© du centre au bord du Soleil nous renseigne donc sur la diminution detempĂ©rature depuis les couches profondes jusqu’aux couches les plus Ă©levĂ©es.

2.12 L’opacitĂ© due Ă  l’ion H−

L’ion H− est trĂšs fragile (Iion = 0.754 eV) et ne possĂšde qu’un seul Ă©tatstable. Dans une atmosphĂšre semblable Ă  celle du Soleil, l’hydrogĂšne n’estpratiquement pas ionisĂ© et les Ă©lectrons libres qui permettent de former l’ionH− proviennent en majeure partie de l’ionisation des “mĂ©taux” (Mg, Si, Fe).

MĂȘme si le rapport N(H−)/N(H0), calculĂ© par la loi de Saha, est trĂšsfaible dans le Soleil, ∌ 10−8 Ă  une tempĂ©rature de 5000 K, la contribution deH− Ă  l’opacitĂ© continue dans le visible dĂ©passe de beaucoup la contributionde l’hydrogĂšne.

La section efficace des transitions b-f de l’ion H− passe par un maximumaux environs de 8000 Å , et diminue de part et d’autre de cette longueurd’onde pour atteindre une valeur nulle à 16450 Å6. Au delà de 16450 Å, les

6C’est Ă  16450 Å, que l’opacitĂ© est la plus faible. C’est Ă  cette longueur d’onde que

60

Page 62: 27 septembre 2006 - UNIGE

transitions f-f prennent le relais (leur section efficace est proportionnelle àλ2).

L’hydrogĂšne et l’ion H− sont les principales sources d’opacitĂ© continuedans le visible. Dans d’autres domaines de longueurs d’onde, d’autres sourcesd’opacitĂ© peuvent ĂȘtre dominantes. Par exemple pour λ ≀ 2600 Å, l’opacitĂ©est essentiellement due aux mĂ©taux, C, Si, Mg, Fe, Ni, Al, Ca ...

2.13 Note sur la fonction source

Pour pouvoir calculer le spectre Ă©mergeant, il faut connaĂźtre la fonctionsource, i.e. le rapport entre le coefficient d’émission et le coefficient d’absorp-tion de la matiĂšre. A l’équilibre thermodynamique local (en gĂ©nĂ©ral valabledans l’atmosphĂšre solaire), elle est donnĂ©e par la loi de Planck. (L’hypothĂšsed’ETL est gĂ©nĂ©ralement satisfaite lorsque le nombre de transitions induitespar les collisions est beaucoup plus grand que le nombre de transitions in-duites par le rayonnement). Si l’ETL n’est pas applicable, c’est-Ă -dire si lescollisions ne sont pas suffisamment nombreuses et efficaces, la fonction sources’écrit de façon formelle,

Sλ =NuAul

NlBlu −NuBul

oĂč les Aul, Blu et Bul sont les coefficients d’Einstein, Nu, Nl sont les nombresd’électrons dans les niveaux supĂ©rieurs, respectivement infĂ©rieurs. Ce rapportreprĂ©sente exactement le rapport de ce qui est Ă©mis Ă  ce qui est absorbĂ© (leterme NuBul reprĂ©sente les Ă©missions stimulĂ©es par la radiation) ;

Notons que l’émission stimulĂ©e intervient au dĂ©nominateur de la fonctionsource bien qu’il s’agisse d’une Ă©mission. En effet si l’on se reporte Ă  l’équationde transfert

dIλds

= −ÎșλρIλ + jλρ

le premier terme Ă  droite du signe Ă©gal, qui est le dĂ©nominateur de la fonc-tion source, dĂ©crit toutes les interactions entre la matiĂšre et le rayonnementque ces interactions aient pour rĂ©sultat d’émettre ou d’absorber du rayonne-ment. Le second terme dĂ©crit l’émissivitĂ© de la matiĂšre indĂ©pendamment durayonnement.

l’on voit le plus profondĂ©ment dans le Soleil. Dans l’UV et l’IR, on observe des couchesbeaucoup plus Ă©levĂ©es de l’atmosphĂšre solaire, d’autant plus Ă©levĂ©e que λ est petit dansl’UV et grand dans l’IR.

61

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En non-ETL, les populations des niveaux doivent ĂȘtre calculĂ©s en tenantcompte de tous les processus dĂ©taillĂ©s tant collisionnels que radiatifs ; l’in-tensitĂ© de la radiation Ă  une longueur d’onde λ, que l’on dĂ©sire calculer, in-tervient donc directement dans les processus d’excitation et de dĂ©sexcitationdes niveaux.

Dans la photosphĂšre solaire, on peut montrer empiriquement que, dansla plupart des cas, l’hypothĂšse de l’ETL donne de trĂšs bons rĂ©sultats. Pource faire on compare les rĂ©sultats d’abondance obtenus Ă  partir de raies dediffĂ©rents potentiels d’excitation d’un Ă©lĂ©ment donnĂ©, tant neutre qu’ionisĂ©.

2.14 Transfert d’énergie convective

Nous avons vu que le flux radiatif est proportionnel au gradient de tem-pĂ©rature. On peut se poser la question si le gradient de tempĂ©rature peut ĂȘtreaussi grand que l’on veut. En fait, le gradient a une valeur limite supĂ©rieure,comme cela a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par Karl Schwarzschild en 1906 (K. Schwarzschild1906, Goettingen Nachr, 41).

ConsidĂ©rons une cellule de matiĂšre en Ă©quilibre au niveau r0, une cel-lule assez petite pour ĂȘtre dĂ©crite par une seule valeur de la pression, de latempĂ©rature et de la densitĂ© et suffisamment grande pour qu’une descriptionmacroscopique soit valable (cf Fig. 2.18). ConsidĂ©rons une petite perturba-

r + d r

r (P,T,

0

0ρ) int (P, T,ρ) ext

g

Fig. 2.18 –

62

Page 64: 27 septembre 2006 - UNIGE

tion au voisinage du niveau d’équilibre r0. En absence de rotation et d’effetsde viscositĂ© importants

ρintd2r

dt2+ g(ρint − ρext) = 0 (2.73)

ρint(r) ≈ ρint(r0) +dρint

dr(r − r0) (2.74)

ρext(r) ≈ ρext(r0) +dρext

dr(r − r0) (2.75)

Si ρint(r0) = ρext(r0)

ρintd2r

dt2+ g

(

dρint

dr− dρext

dr

)

(r − r0) ≈ 0. (2.76)

Il s’agit d’une Ă©quation dont la solution est un mouvement harmonique (sansfrottement)

r − r0 = AeiNt avec N2 =g

ρ

(

dρint

dr− dρext

dr

)

(2.77)

le carrĂ© de la frĂ©quence de Brunt–VĂ€isĂ€lĂ€. Si

dρint

dr>

dρext

dr(2.78)

le milieu est stable vis–à–vis de la convection, N est rĂ©el, le mouvementoscillatoire est non–amplifiĂ©. Il s’agit d’une condition nĂ©cessaire et suffisantepour que le milieu soit stable. En effet si

dρint

dr<

dρext

dr(2.79)

alors N = −i√

gρ

(dρext

dr− dρint

dr

)

, le signe moins indiquant un mouvement vers

l’extĂ©rieur. Dans ce cas la cellule s’écarte de plus en plus de sa positiond’équilibre, le milieu est instable vis–à–vis de la convection. La cellule moinsdense que le milieu environnant poursuit son dĂ©placement.

Lorsque le milieu est convectivement instable, comment la convectiontransporte-t-elle l’énergie ? La cellule qui monte est plus chaude que le milieuenvironnant. Comme la cellule est plus chaude, au moment oĂč la cellule sedissout dans le milieu environnant, de la chaleur est transfĂ©rĂ©e au milieu.A l’inverse lorsqu’une cellule descend dans l’étoile, elle aura pour effet derefroidir le milieu environnant, le bilan net est donc un flux d’énergie del’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur.

63

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2.14.1 Note sur les transformations adiabatiques

Dans le cas d’une transformation adiabatique affectant un gaz parfait onmontre que

pV Îł = constante. (2.80)

TV γ−1 = constante. (2.81)

T Îł

pγ−1= constante. (2.82)

avec Îł = Cp/CV .

DEMONSTRATION

Soit un systĂšme thermodynamique qui peut ĂȘtre dĂ©crit Ă  l’équilibre partrois coordonnĂ©es p, V , T liĂ©es par une Ă©quation d’état f(p, V, T ) = 0.

Soit une mole de matiĂšre subissant une transformation infinitĂ©simale aucours de laquelle la quantitĂ© de chaleur ÎŽQ est Ă©changĂ©e avec l’extĂ©rieur alorsmĂȘme que les coordonnĂ©es thermodynamiques varient de dp, dV , dT , ÎŽQ peutalors ĂȘtre exprimĂ©e de trois façons diffĂ©rentes, suivant le choix du couple decoordonnĂ©es indĂ©pendantes :

ÎŽQ = CvdT + ldV (2.83)

ÎŽQ = CpdT + hdp (2.84)

ΎQ = λdp+ ”dV (2.85)

Cv et Cp sont appelés les chaleurs spécifiques molaires, respectivement àvolume constant et à pression constante.

QUESTION : En partant de

dp =∂p

∂V|T dV +

∂p

∂T|V dT (2.86)

dV =∂V

∂p|T dp+

∂V

∂T|p dT (2.87)

dT =∂T

∂p|V dp+

∂T

∂V|p dV (2.88)

montrer que∂p

∂V|T= − ∂p

∂T|V

∂T

∂V|p (2.89)

64

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et que∂p

∂V|T∂V

∂p|V = 1 (2.90)

QUESTION : Montrer que

h = −(Cp − Cv)(

∂T

∂p

)

v

(2.91)

l = (Cp − Cv)(

∂T

∂V

)

p

(2.92)

λ = Cv

(

∂T

∂p

)

v

(2.93)

” = Cp

(

∂T

∂V

)

p

(2.94)

Dans le cas d’un gaz parfait (pV = RT , avec R = N0k, N0 Ă©tant le nombred’Avogadro), on a

h = −(Cp − Cv)V

R(2.95)

l = (Cp − Cv)p

R(2.96)

λ = CvV

R(2.97)

” = Cpp

R(2.98)

Dans le cas d’une transformation adiabatique infinitĂ©simale

CvdT + ldV = 0 (2.99)

CpdT + hdp = 0 (2.100)

λdp+ ”dV = 0 (2.101)

Les deux premiĂšres Ă©quations conduisent Ă 

dp

dV=CpCV· lh

(2.102)

65

Page 67: 27 septembre 2006 - UNIGE

Pour un gaz parfait l/h = −p/V , en posant γ = Cp/CV , on obtient

dp

p= −γdV

V. (2.103)

Si de plus la transformation adiabatique est rĂ©versible, les coordonnĂ©es ther-modynamiques restent toujours dĂ©finies et on peut intĂ©grer l’équation diffĂ©-rentielle ci–dessus. La solution peut se mettre sous la forme

pV Îł = constante. (2.104)

En tenant compte de l’équation d’état du gaz parfait, on peut Ă©crire

TV γ−1 = constante. (2.105)

T Îł

pγ−1= constante. (2.106)

2.14.2 La convection adiabatique

Si en montant la cellule ne perd pas de chaleur (vrai dans les intĂ©rieursstellaires, en–dessous de la zone d’ionisation de l’hĂ©lium) alors la relationd’adiabaticitĂ© s’applique

Pint = CÏÎłint (2.107)

Si la vitesse de convection est infĂ©rieure Ă  la vitesse du son, l’équilibre depression est rĂ©alisĂ© Ă  chaque instant, donc Pint = Pext. Exprimons la conditionde stabilitĂ©

dρint

dr>

dρext

dr=⇒ 1

Îł

1

P

dP

dr>

1

ρ

dρ

dr(2.108)

On peut omettre l’indice, car au voisinage de r0, ρint ≈ ρext. Cette conditions’applique aux gaz, aux liquides, aux atmosphĂšres planĂ©taires ou stellaires.ConsidĂ©rons le cas du gaz parfait, on a

1

P

dP

dr=

1

ρ

dρ

dr+

1

T

dT

dr(2.109)

La condition de stabilitĂ© peut alors s’écrire

1

Îł

1

P

dP

dr>

1

P

dP

dr− 1

T

dT

dr, (2.110)

66

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1

Îł

1

P

dP

dT

dT

dr>

1

P

dP

dT

dT

dr− 1

T

dT

dr. (2.111)

Le gradient dTdr

est en gĂ©nĂ©ral nĂ©gatif dans une Ă©toile. En divisant de partet d’autre par dT

dron change le sens de l’inĂ©galitĂ©. La condition de stabilitĂ©

devient1

Îł

1

P

dP

dT<

1

P

dP

dT− 1

T. (2.112)

oud lnT

d lnP<γ − 1

γ≡ ∇ad (2.113)

Lorsque le gradient de tempĂ©rature est faible (en valeur absolue), il n’y a pasde convection. Cette condition de stabilitĂ© s’applique Ă©galement dans le casd’un mĂ©lange gaz parfait et rayonnement.

Les transferts radiatif et convectif sont les principaux modes de transfertde l’énergie dans les Ă©toiles. On voit en regardant la figure 2.19 que le gradientde tempĂ©rature change de la zone radiative Ă  la zone convective. La rĂ©giondu coeur est radiative, elle dĂ©signe la rĂ©gion oĂč de l’énergie est produite parles rĂ©actions nuclĂ©aires. La figure 2.20 est une coupe de l’intĂ©rieur du Soleil.

2.15 Transfert par conduction Ă©lectronique

Dans un gaz non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, les ions de masse AmH et les Ă©lectrons demasse me ont des vitesses quadratiques moyennes (v ≡

√v2),

vi =

(

3kT

AmH

) 12

, ve =

(

3kT

me

) 12

(2.114)

Les Ă©lectrons sont plus rapides que les ions dans un rapport (AmH/me)1/2 =

43√A. Si le gaz d’électrons est dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, le rapport est mĂȘme encore plus

grand, car les Ă©lectrons remplissent alors des Ă©tats d’énergie Ă©levĂ©e, alors queles ions gardent la mĂȘme vitesse thermique. Il est donc physiquement correctde concevoir le gaz d’électrons comme Ă©tant composĂ© de particules rapidespar rapport Ă  gaz d’ions positifs composĂ© de particules presqu’à l’arrĂȘt

En prĂ©sence d’un gradient de tempĂ©rature, les Ă©lectrons vont en moyenneplus vites des hautes vers les basses tempĂ©ratures qu’en sens inverse. Lesions vont aussi plus vites des hautes vers les basses tempĂ©ratures mais dansun rapport moins grand. La neutralitĂ© Ă©lectrique prĂ©vient le dĂ©veloppement

67

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Fig. 2.19 – Variation en fonction du rayon de la tempĂ©rature (en haut) etde la densitĂ© (en bas) Ă  l’intĂ©rieur du Soleil.

d’un flux net de charge, cela n’empĂȘche cependant pas un flux net d’énergie.En effet si le nombre de particules traversant une surface de la gauche vers ladroite, n+, est le mĂȘme que le nombre de particules la traversant de la droitevers la gauche, n−, cela ne signifie pas nĂ©cessairement que le flux d’énergiesoit nul. En effet l’énergie moyenne des particules d’un cĂŽtĂ© de la surfacepeut ĂȘtre diffĂ©rente de l’énergie moyenne des particules de l’autre cĂŽtĂ© de lasurface. On a alors n+E+ 6= n−E−.

Dans le cas du flux radiatif on avait

Frad = −CraddT

dravec Crad =

4acT 3

3Îșρ(2.115)

68

Page 70: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 2.20 – Structure interne du Soleil.

de mĂȘme, on peut Ă©crire

Fcond = −CconddT

dravec Ccond =

4acT 3

3Îșcondρ(2.116)

En présence des deux modes de transfert

Ftot = Frad + Fcond ≡4acT 3

3Îștotρ

dT

dr(2.117)

d’oĂč1

Îștot

=1

Îșrad

+1

Îșcond

(2.118)

69

Page 71: 27 septembre 2006 - UNIGE

Estimons le flux conductif

Fcond ≈ −nevldE

dr, (2.119)

avec ne le nombre d’électrons par cm3, v la vitesse quadratique moyenne, lle libre parcours moyen et E l’énergie cinĂ©tique moyenne par Ă©lectron. Dansle cas non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, on a E = 1

2mev

2 = 32kT , d’oĂč

Fcond ≈ −nevl3

2kdT

dr, (2.120)

d’oĂčCcond ≈

3

2knevl. (2.121)

Si ni est le nombre d’ions par cm3 et σ la section efficace pour les collisionsions–electrons l = 1

niσ. Pour estimer σ, on suppose qu’une collision a lieu

lorsqu’un Ă©lectron s’approche suffisamment d’un ion pour que son Ă©nergiepotentielle dans le champ Ă©lectrique de l’ion soit Ă©gale Ă  son Ă©nergie cinĂ©tique,

1

2mev

2 =Ze2

r0(2.122)

donc r0 = 2Ze2

mev2= 2Ze2

3kTet

σ = πr20 =

4πZ2e4

9(kT )2(2.123)

avec ni = ρAmH

, A Ă©tant la masse atomique moyenne, ne = 12

ρmH

(1 +X), XĂ©tant l’abondance d’hydrogĂšne exprimĂ©e en fraction de masse. On a alors

Ccond ≈3

2k1

2

ρ

mH

(1 +X)

(

3kT

me

)1/21

ρAmH

4πZ2e4

9(kT )2

. (2.124)

=27√

3

16π

k7/2

m1/2e e4

1 +X

Z2/AT 5/2 (2.125)

d’oĂč

Îșcond =4acT 3

3Ccondρ≈ 5000

Z2/A

(1 +X) ρ10

T1/27

[

cm2

g

]

(2.126)

70

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avec T7 = T/107. MalgrĂ© la simplicitĂ© de cette dĂ©rivation, l’expression ob-tenue est correcte Ă  un facteur deux prĂ©s. La quantitĂ© Ccond augmente avecla tempĂ©rature et diminue avec Z (plus Z est Ă©levĂ© plus le libre parcoursmoyen est petit). Pour les Ă©toiles de sĂ©quence principale, lphotons >> le− et letransfert conductif est nĂ©gligeable face au transfert radiatif.

Dans le cas dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, v est beaucoup plus grand car p = pFermi (cf chapitre5), l est aussi beaucoup plus grand, car l’électron a de la peine Ă  trouverun Ă©tat final. A T7 = 1 et ρ ≄ 107 kg/dm3, on a que Ccond > Crad. DesdĂ©veloppements similaires conduiraient Ă 

Îșcond = 5.12 10−3

∑ZiXiξi/Ai(1 +X)2

T 27

ρ/105

[

cm2

g

]

(2.127)

avec Ξ ≈ 0.85/Z1/3i et Xi l’abondance de l’élĂ©ment i exprimĂ© en fraction de

masse. Sauf dans des états trés denses (caractéristiques des phases avancées),on peut se limiter aux transferts radiatif et convectif.

71

Page 73: 27 septembre 2006 - UNIGE

Chapitre 3

Absorption et Ă©mission du

rayonnement

Dans ce chapitre nous allons Ă©tudier la forme du coefficient d’extinctionintervenant dans l’équation de transfert radiatif. Connaissant comment unĂ©lĂ©ment peut absorber le rayonnement, il est possible, en mesurant la quan-titĂ© d’énergie absorbĂ©e, de remonter Ă  l’abondance de cet Ă©lĂ©ment dans lesrĂ©gions d’oĂč le rayonnement provient. Nous terminerons donc ce chapitre parquelques considĂ©rations simples sur le lien qui existe entre Ă©nergie absorbĂ©e etquantitĂ© de l’élĂ©ment absorbant ainsi que sur un bref aperçu des abondancescosmiques.

3.1 Les ondes électromagnétiques

Une onde Ă©lectrique plane, de frĂ©quence Îœ et d’amplitude E0

Îœ se propageantle long de l’axe x s’écrit

EΜ = E0

Îœei(ωt−kx) = E0

Îœei2πΜ(t−x

v), (3.1)

k = nω/c avec n2 = Ç«r”r oĂč ”r est la permĂ©abilitĂ© magnĂ©tique relative. Nousn’allons considĂ©rer par la suite que des milieux pour lesquels la permĂ©abilitĂ©magnĂ©tique relative ”r = 1.

Si n est rĂ©el, l’onde ne change pas d’intensitĂ©, IÎœ ∌ |EÎœ |2, c’est le cas d’unmilieu diĂ©lectrique. Si le milieu non seulement rĂ©fracte l’onde, mais aussil’absorbe (milieu conducteur), n est complexe et nous l’écrivons

72

Page 74: 27 septembre 2006 - UNIGE

n = n− inâ€Č, (3.2)

L’onde est amortie

EΜ = E0

Îœe−2πΜ nâ€Čx

c e2πiÎœ(t−nxc

). (3.3)

La vitesse de phase est c/n (n : partie rĂ©elle). L’amplitude est dĂ©croissanteet l’intensitĂ© de l’onde varie comme

IΜ = I0Μe

−4πΜ nâ€Čxc . (3.4)

En comparant les Ă©quations (2.2) et (3.4), on trouve que

ÎșΜρ =4πΜnâ€Č

c. (3.5)

On dĂ©finit souvent Îșâ€ČÎœ ≡ ÎșΜρ, on a donc

Îșâ€ČÎœ =4πΜnâ€Č

c=

2ωnâ€Č

c, (3.6)

avec ω = 2πΜ.

3.2 Absorption par un oscillateur harmonique

Le modĂšle le plus simple dĂ©crivant l’interaction du rayonnemenent et desatomes est celui de l’oscillateur harmonique. L’atome est considĂ©rĂ© comme undipĂŽle oscillant sous l’effet d’un champ de rayonnement. Les thĂ©ories quan-tiques ont Ă©tendu cette description qu’il nous faut rappeler ici.

ConsidĂ©rons l’atome comme formĂ© d’un Ă©lectron e liĂ© Ă  un centre de force(noyau). Sous l’effet du champ EÎœ , l’électron oscille retenu par une force derappel mekx. L’équation du mouvement du dipĂŽle oscillant est

mex = −meÎłxïžž ïž·ïž· ïžž

force de freinage

− mekxïžž ïž·ïž· ïžž

force de rappel

+ eE0ωe

iωt

ïžž ïž·ïž· ïžž

force exterieure

(3.7)

La fréquence propre (sans freinage, ni force extérieure) est

ω20 = k avec ω0 = 2π Îœ0. (3.8)

On ax+ Îłx+ ω2

0x =e

me

E0ω e

iωt. (3.9)

73

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Nous ne nous intéressons pas aux solutions transitoires et cherchons unesolution du type x = x0 e

iωt

x0 =e

me

E0ω

ω20 − ω2 + iÎłÏ‰

. (3.10)

La polarisation

~P = N~p = Ne~x = χr ~E systeme de Gauss. (3.11)

La susceptibilité devient

χr =Ne

Ex (3.12)

c’est-à-dire

χr =Ne2

me

1

ω20 − ω2 + iÎłÏ‰

(3.13)

et la constante diĂ©lectrique relative Ç«r = 1 + 4πχr

ǫr = n2 = 1 +4π Ne2

me

1

(ω20 − ω2) + iÎłÏ‰

(3.14)

En identifiant les parties réelles et imaginaires, on a

n2 − nâ€Č2 = 1 +4π Ne2

me

ω20 − ω2

(ω20 − ω2)2 + Îł2 ω2

, (3.15)

et

nnâ€Č =2π Ne2

me

ÎłÏ‰

(ω20 − ω2)2 + Îł2 ω2

. (3.16)

HypothĂšse Dans un milieu gazeux peu dense (atmosphĂšre, milieu interstel-

laire), n ≃ 1 et nâ€Č â‰Ș 1. Alors

nnâ€Č ≃ nâ€Č et n2 − 1 = (n− 1) (n+ 1) ≃ 2(n− 1). (3.17)

La premiĂšre des expressions ci-dessus devient alors

n− 1 ≃ 2π Ne2

me

ω20 − ω2

(ω20 − ω2)2 + Îł2ω2

, (3.18)

74

Page 76: 27 septembre 2006 - UNIGE

soit

n− 1 ≃ Ne2

2πme

Îœ20 − Îœ2

(Îœ20 − Îœ2)2 + Îł2 Îœ2

4π2

. (3.19)

Examinons le terme d’absorption

Îșâ€ČÎœ =4πΜ nâ€Č

c, (3.20)

Îșâ€ČÎœ =π Ne2

mec

4ÎłÎœ2

4π2 (Îœ20 − Îœ2)2 + Îł2Îœ2

. (3.21)

Au voisinage de la rĂ©sonance, avec Îœ20 − Îœ2 ≃ 2Îœ(Îœ0 − Îœ) on a

n− 1 ≃ Ne2

4πmeÎœ

(Îœ0 − Îœ)(Îœ0 − Îœ)2 +

(Îł4π

)2 (3.22)

et

Îșâ€ČÎœ ≃πNe2

me c

Îł

4π2 (Îœ0 − Îœ)2 + Îł2

4

(3.23)

On rappelera que dans le systĂšme de Gauss, e2 = 23.07 · 10−20 erg · cm. Leterme Îł

4π2 (Îœ0−Μ)2+ Îł2

4

est appelĂ© profile de Lorentz. Si l’on intĂšgre le profile

de Lorentz sur toutes les frĂ©quences, on obtient l’opacitĂ© totale. En posantx = 4π(Îœ − Îœ0)/Îł et en observant que −4πΜ0/Îł ∌ −∞, on obtient

Îș =πNe2

me c

1

π

∫ ∞

−∞

dx

1 + x2=πNe2

me c. (3.24)

Ce rĂ©sultat classique prĂ©dit une valeur unique de l’opacitĂ© quelle que soit latransition considĂ©rĂ©e. Ceci n’est pas surprenant puisque dans cette thĂ©orieaucune rĂ©fĂ©rence n’est faite aux diffĂ©rents niveaux entre lesquels les transi-tions Ă©lectroniques s’effectuent. La mĂ©canique quantique montre que l’opacitĂ©en rĂ©alitĂ© peut diffĂ©rer beaucoup selon la transition considĂ©rĂ©e. Souvent onĂ©crit l’opacitĂ© due Ă  une transition donnĂ©e comme

Îș =πNie

2

me cfij, (3.25)

oĂč fij est appelĂ© la force d’oscillateur de la transition et Ni est le nombred’oscillateurs par unitĂ© de volume capable d’absorber un photon par la tran-sition ij. D’une maniĂšre imagĂ©e, on peut voir fij comme un nombre effectif

75

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Fig. 3.1 – Variation de Îșâ€Č

Îœ et de n− 1 autour de la frĂ©quence de rĂ©sonnance.

d’oscillateurs classiques impliquĂ©s dans la transition considĂ©rĂ©e. Ce n’est quepour les transitions les plus fortes que fij approche l’unitĂ©.

Remarques concernant l’équation 3.23

– Lorsque Îœ < Îœ0, n > 1, la vitesse de phase est infĂ©rieure Ă  c. Si Îœ > Îœ0,n− 1 < 0, n < 1. Dans ce cas la vitesse de phase est supĂ©rieure Ă  c.

– n varie rapidement au voisinage de la rĂ©sonance. Dans le domaine defrĂ©quence Îœ0 − Îł/4π < Îœ < Îœ0 + Îł/4π, on peut montrer que l’indice derĂ©fraction dĂ©croĂźt quand la frĂ©quence augmente. Ceci correspond Ă  ladispersion anormale. Lorsqu’une augmentation de frĂ©quence correspondĂ  une augmentation d’indice de rĂ©fraction, on parle de dispersion nor-male. Notons que lorsque la frĂ©quence est trĂšs Ă©loignĂ©e de la frĂ©quencede rĂ©sonance, n tend vers l’unitĂ© et la lumiĂšre se comporte comme dans

76

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le vide.

– L’absorption dĂ©pend du nombre N d’oscillateur par unitĂ© de volume.

– Le coefficient d’absorption Îșâ€ČÎœ prĂ©sente un pic symĂ©trique autour dumaximum.

Largeur Ă  mi-hauteur :

Îșâ€ČÎœ =πNe2

me c

Îł

4π2 ∆Μ2 + Îł2

4

(3.26)

Elle s’obtient pour ∆Μ2 = Îł2

16π2 . La largeur totale sera

∆Μtot =Îł

2π, (3.27)

ou∆λtot =

2Ï€Îłc

ω20

. (3.28)

Avec Îł = 23e2 ω2

me c3(voir ci-dessous), on obtient

∆λ =4π

3

e2

me c2= 1.2 · 10−4 Angstroems, (3.29)

C’est la largeur naturelle de la raie.

Largeur naturelle

Considérons le dipÎle oscillant sans force extérieure

x+ Îłx+ ω20x = 0 (3.30)

Posons x = x0 eiαt, on a

α ≃ ω0 +iÎł

2(3.31)

car Îł est faible par rapport Ă  ω0. On a

x = x0 e(− γt

2+i ω0t) (3.32)

Dans le systĂšme d’unitĂ©s de Gauss, le rayonnement de freinage est (voir cours

77

Page 79: 27 septembre 2006 - UNIGE

d’électrodynamique) :dU

dt= −2

3

e2 x2

c3(3.33)

Calculons x et x

x = x0 eiω0t− Îłt

2

(

−ω20 −

2Îł i ω0

2+Îł2

4

)

(3.34)

dont la partie réelle est

Re(x) = x0 e− γt

2

[(

−ω20 +

Îł2

4

)

cos ω0t+ Îł ω0 sin ω0t

]

(3.35)

Avec Îł â‰Ș ω0 et en moyennant sur une pĂ©riode, on a

dU

dt= −1

3

e2

c3x2

0 ω40 e

−γt (3.36)

L’énergie totale U = Ecin + Epot, mais Ecin = Epot, donc

U = me x2 (3.37)

U = me x20 ω

20 e

−γt sin2 ω0t (3.38)

1/Îł est le temps pour que l’énergie du dipĂŽle dĂ©croisse d’un facteur e.

dU

dt= −γU. (3.39)

En remplaçant dans l’Eq. (3.39), les expression pour dU/dt et U donnĂ©es parles Ă©quations (3.36) et (3.38), on trouve Îł,

Îł =2

3

e2 ω20

c3me

≃ 2.5 10−22 Îœ20 [sec−1], (3.40)

oĂč nous avons utilisĂ© la valeur de la charge de l’électron dans le systĂšme deGauss (e = 4.8 10−10 ues = 1/(2.998× 109) C). Dans le systĂšme MKSA on a

Îł =2

3

e2 ω20

c3me 4πǫ0, (3.41)

78

Page 80: 27 septembre 2006 - UNIGE

dans ce cas la charge s’exprime en C (e = 1.6 10−19 C) et la permittivitĂ© ouconstante diĂ©lectrique du vide

ǫ0 = 8.85 10−12C2N−1m−2 = 8.85 10−21C2dyne−1cm−2.

Le temps de vie du niveau (c’est-à-dire de l’oscillateur) est

T =1

γ≃ 10−8sec dans le domaine optique λ = 5000 Angstroems (3.42)

Cas quantique

La largeur naturelle est une propriĂ©tĂ© inhĂ©rente des raies spectrales quirĂ©sulte du principe d’incertitude. L’indĂ©termination ∆E de l’énergie d’unatome qui passe un temps T dans un Ă©tat est

∆E =h

T(3.43)

c’est-Ă -dire qu’un atome dans un niveau d’énergie E0 a une Ă©nergie compriseentre E0 − h/T et E0 + h/T . Ce flou produit l’élargissement naturel de laraie.

Au lieu de

Îșâ€ČÎœ =π e2N

me c

Îł

4π2(Îœ0 − Îœ)2 + Îł2

4

(3.44)

on a, en considĂ©rant les transitions entre deux niveaux n et nâ€Č (nâ€Č : niveauinfĂ©rieur ; n : niveau supĂ©rieur).

Îł −→ Γn + Γnâ€Č : somme des largeurs des deux niveaux considĂ©rĂ©s.

N −→ Nnâ€Č fnâ€Č,n avec fnâ€Č,n : force d’oscillateur. C’est le nombre effectif d’élec-trons dans l’atome qui peuvent effectuer la transition nâ€Č → n. Les forcesd’oscillateur sont dĂ©terminĂ©es empiriquement en laboratoire. Pour l’hydro-gĂšne, on a des expressions analytiques (formule de Kramers).

Hα f23 = 0.641

HÎČ f24 = 0.119

HÎł f25 = 0.044

79

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HÎŽ f26 = 0.021

HÇ« f27 = 0.012

Nnâ€Č : nombre d’électrons dans le niveau infĂ©rieur n’ donnĂ© par Boltzmann-Saha.

Îœ0 −→ Îœnâ€Č n = En−Enâ€Č

h

et finalement

Îșâ€ČÎœ =πe2

mecNnâ€Č fnâ€Čn

Γn + Γnâ€Č

4π2(Îœ0 − Îœ)2 + (Γn+Γnâ€Č )2

4

(3.45)

Remarque L’expression ci-dessus doit ĂȘtre corrigĂ©e de l’émission induite.

L’émission induite est le processus par lequel un Ă©lectron occupant un niveaud’énergie donnĂ© passe Ă  un niveau d’énergie infĂ©rieur suite au passage d’unphoton d’énergie Ă©gale Ă  la diffĂ©rence d’énergie entre les deux niveaux. L’émis-sion induite Ă©tant spatialement fortement corrĂ©lĂ©e Ă  la direction des photonsincidents, le nombre effectif d’absorption sera rĂ©duit du facteur d’émissioninduite

(1− e−hÎœ0/kT ) (3.46)

L’émission induite diffĂšre de l’émission spontanĂ©e. L’émission spontanĂ©esurvient sans stimulation extĂ©rieure.

3.3 Absorption par les raies spectrales

L’opacitĂ© due aux raies peut souvent ĂȘtre nĂ©gligĂ©e Ă  haute tempĂ©raturedans les intĂ©rieurs stellaires. Dans les rĂ©gions plus froides, toutefois cetteopacitĂ© peut devenir importante.

L’analyse des raies spectrales est une source extraordinaire d’informationen Astrophysique. Ce vaste sujet sera plus amplement dĂ©veloppĂ© au courssur le Transfert radiatif. Nous nous bornerons ici Ă  quelques propriĂ©tĂ©s im-portantes de l’absorption par les raies spectrales. Ecrivons Îșâ€ČÎœ de la maniĂšregĂ©nĂ©rale

Îșâ€ČÎœ =πe2

mecNnâ€Č fnâ€Č n φΜ , (3.47)

80

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Fig. 3.2 – Transitions Ă©lectroniques de l’atome d’hydrogĂšne.

81

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φΜ est la fonction d’élargissement. Elle rĂ©sulte de plusieurs effets qui changentlĂ©gĂšrement la frĂ©quence d’absorption. Si une transition entre nâ€Č et n se pro-duit, φΜ dÎœ est la probabilitĂ© que la frĂ©quence du photon absorbĂ© se trouveentre Îœ et Îœ + dÎœ. En effet ∫ ∞

0φΜ dÎœ = 1 (3.48)

– Elargissement par collisions :Les collision des atomes avec les autres particules du milieu rĂ©duisentla durĂ©e de vie de l’oscillateur. Pour la plupart des atomes la fonctiond’élargissement due aux collisions a la mĂȘme forme que l’élargissementnaturel, mais

Îłcoll =2

T(3.49)

T est l’intervalle de temps moyen entre deux collisions d’un mĂȘmeatome. La largeur rĂ©sultante est alors

Îłtot = Îłnaturelle + Îłcoll (3.50)

– Effet Doppler thermique :L’agitation thermique produit des mouvements alĂ©atoires des atomespar rapport Ă  l’observateur et les atomes absorbent et Ă©mettent Ă  desfrĂ©quences voisines de la frĂ©quence Îœ0 de laboratoire. Pour un atomes’approchant Ă  la vitesse vx, l’absorption effective se fera en

Îœ â€Č = Îœ0 +vx Îœ0

c(3.51)

Le coefficient d’absorption par atome aÎœ = Îșâ€ČÎœ/NÎœâ€Č devient en rempla-çant Îœ0 par Îœ â€Č

aÎœ =πe2

mecfnâ€Čn

Îłtot

4π2(Îœ0 + vx

cÎœ0 − Îœ)2 +

Îł2tot

4

(3.52)

Pour obtenir le coefficient moyen par atome, il faut intégrer sur lespectre des vitesses de Maxwell-Boltzmann selon la direction choisie

dNx

N=

m1/2

(2πkT )1/2e−

12

m v2x

kT dvx m : masse atomique (3.53)

82

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On obtient pour le coefficient moyen par atome pour la transition consi-dérée :

aÎœ =π e2

mecfnâ€Čn

Îłtot

4π2

∫ +∞

−∞

(m

2πkT

)1/2e

−m v2x

2 kT dvx(

Îœ0 + vx Îœ0c− Îœ

)2+(Îłtot4π

)2 (3.54)

La largeur Doppler thermique typique est

∆ΜDoppler =Îœ0v

c=Μ0

c

√

2 kT

m+ v2

turb. (3.55)

Pour v, on a pris v =√

2 kTm

, le module de la vitesse la plus probable (levecteur vitesse moyen est nul dans le cas de l’agitation thermique). Onajoute (arbitrairement) pour reproduire les profils observĂ©s une vitessedite de microturbulence vturb. L’ Ă©largissement du centre de la raie estdĂ©terminĂ© par l’effet Doppler. Les ailes, si prĂ©sentes, sont dĂ©terminĂ©espar les processus de collisions. En gĂ©nĂ©ral, les termes Îł sont faibles etla partie Doppler domine.

QUESTION :Calculer la largeur Doppler d’une raie Ă  5000Å due aux mouvements thermiques Ă  la tempĂ©rature de 5700K.

QUESTION :La raie d’un Ă©lĂ©ment lĂ©ger comme le carboneest-elle plus large, plus Ă©troite que la raie d’un Ă©lĂ©ment lourdcomme le Fer ? Les deux raies sont supposĂ©es ĂȘtre formĂ©esdans la mĂȘme rĂ©gion de la photosphĂšre.

D’autres causes d’élargissement existent :

– Effet Doppler dĂ» Ă  des mouvements macroscopiques (convection, ro-tation, . . .).

– Effet Stark (surtout pour H et He) : le passage des ions au voisinaged’atomes produit un champ Ă©lectrique perturbateur.

– Effet Zeeman : Ă©toiles magnĂ©tiques, taches solaires.

Remarque

Pour calculer le profil d’une raie, il faut en principe connaütre d’abordla structure de l’atmosphùre, c’est–à–dire les valeurs de la pression et de la

83

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température en fonction de la profondeur optique ou du rayon (voir chapitre2).

3.4 Diffusion par les Ă©lectrons libres

Un Ă©lectron libre ne peut absorber un photon, mais seulement le diffuser,en vertu des lois de conservation. Reprenons les expressions (3.19) et (3.21)pour n− 1 et Îșâ€ČÎœ et considĂ©rons le cas oĂč |Îœ2

0 − Îœ2| ≫ ÎłÎœ. On obtient

n− 1 =Ne2

2πme

1

(Îœ20 − Îœ2)

(3.56)

Îșâ€ČÎœ =8π

3

Ne4

m2ec

4

1[(

Μ0Μ

)2 − 1]2 . (3.57)

Pour des Ă©lectrons peu liĂ©s ou libres, Îœ0 → 0, et alors on peut avoir Îœ ≫ Îœ0,d’oĂč

Îșâ€ČÎœ =8πNe4

3m2ec

4= 0.665 · 10−24N (3.58)

oĂč N est le nombre d’électrons libres par cm−3. La section efficace σ estdĂ©finie par Îșâ€ČÎœ = Nσ et l’on a

σTh =8π

3

(

e2

mec2

)2

= 0.665 · 10−24 cm2 (3.59)

QUESTION :En quelles unitĂ©s la charge de l’électron doit-elleĂȘtre prise pour obenir cette valeur numĂ©rique ?

C’est la section efficace de la diffusion Thomson. L’opacitĂ© Îș de la diffusionThomson est alors

Îș =Îșâ€Č

ρ=NeσThρ

avec Ne =ρ

2mH

(1 +X)

oĂč X est la fraction de masse de l’hydrogĂšne (cf. chapitre 4) et oĂč l’on a faitl’hypothĂšse d’un milieu complĂštement ioniĂ©.

Îș =σTh2mH

(1 +X) = 0.2(1 +X) [cm2 g−1]. (3.60)

84

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La diffusion Thomson est indépendante de la fréquence et isotrope.

QUESTION :La diffusion par les noyaux est-elle importantes ?

Remarque

Lors de la diffusion d’un photon par un Ă©lectron la longueur d’onde duphoton est augmentĂ©e de 2λc sin2 ϑ/2 oĂč

λc =h

mec= 0.00242 Angstroem (3.61)

est la longueur d’onde Compton, et ϑ est l’angle de diffusion. Ce dĂ©calageen λ n’est important qu’aux Ă©nergies Ă©levĂ©es (diffusion Compton). Soit pourα ≄ 1, avec

α =hΜ

mec2=λcλ

(3.62)

Ceci se produit lorsque les tempĂ©ratures sont telles que kT ∌ hÎœ > mec2,

soit pour T ≄ 5 · 109 K. Pour ces tempĂ©ratures proches de la tempĂ©rature deseuil de l’électron, l’opacitĂ© doit ĂȘtre corrigĂ©e de la maniĂšre suivante

σe = σTh

(

1− 2α+26

5α2 + . . .

)

. (3.63)

Pour α â‰Ș 1, on a la diffusion Thomson. Dans ce cas la dĂ©gĂ©nĂ©rescence n’apas d’effet car l’électron reste dans la mĂȘme cellule de l’espace de phase.

Note sur la diffusion Rayleigh

Repartons des Ă©quations (3.56) et (3.57). ConsidĂ©rons le cas oĂč Îœ â‰Ș Îœ0.C’est le cas, par exemple, de la lumiĂšre solaire agissant sur les molĂ©cules del’atmosphĂšre terrestre. Îœ0 est Ă©levĂ© car les Ă©lectrons sont fortement liĂ©s auxatomes et molĂ©cules. On a

Îșλ =Îșâ€Čλρ

=32π3

3

(n− 1)2

Nλ4ρ(3.64)

Il s’agit de la loi de diffusion de Rayleigh. Le rayonnement bleu est plusdiffusĂ© que le rouge, d’oĂč la couleur bleue du ciel.

Remarques

85

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1. La diffusion Rayleigh agit dans les milieux oĂč la taille des particules estinfĂ©rieure Ă  (0.1 – 0.2) λ. Si les dimensions des particules diffusantesaugmentent, on a que l’intensitĂ© diffusĂ©e I varie comme

I ∌ 1

λpavec 0 < p < 4 (3.65)

Pour la vase atmosphĂ©rique, p→ 0, ciel blanc.

2. La variation angulaire de l’intensitĂ© diffusĂ©e est donnĂ©e par une indica-trice de diffusion I(ϑ). La lumiĂšre diffusĂ©e est partiellement polarisĂ©e.

3. Les principaux absorbants de l’atmosphĂšre terrestre sont schĂ©matique-ment N2, O, O2, NO, Ă©lĂ©ments ionisĂ©s Ă  70–100 km d’altitude (iono-sphĂšre).

4. La diffusion Rayleigh peut ĂȘtre importante dans l’atmosphĂšre des Ă©toilesde type spectral G et K. Dans l’atmosphĂšre de ces Ă©toiles, la plus grandepartie des atomes d’hydrogĂšne sont neutres et se trouvent dans leur Ă©tatfondamental. Les frĂ©quences de rĂ©sonnances correspondants aux tran-sitions Lyman se trouvent dans l’UV lointain. Les photons visibles ontdonc des frĂ©quence Îœ << Îœ0 oĂč Îœ0 est une frĂ©quence de la sĂ©rie de Ly-man. Donc les photons visibles interagissent avec les transitions Lymanpar le processus de la diffusion Rayleigh.

FrĂ©quence de plasma : transmission dans l’ionosphĂšre

Nous allons repartir de l’expression (3.15), en supposant, comme nousl’avions fait plus haut que n≫ nâ€Č, mais que n n’est pas forcĂ©ment proche deun,

n2 = 1 +4πNe2

me

ω20 − ω2

(ω20 − ω2)2 + Îł2ω2

. (3.66)

Dans ce cas, on a pour Îł nĂ©gligeable et pour Îœ ≫ Îœ0 (Ă©lectrons trĂšs peu liĂ©s)

n2 = 1− Ne2

πmeÎœ2(3.67)

Pour que l’onde soit transmise, il faut que n2 > 0, d’oĂč

Μ >

(

Ne2

πme

)1/2

(3.68)

86

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Pour des frĂ©quences plus faibles que la valeur critique, l’onde est totale-ment rĂ©flĂ©chie. Dans l’atmosphĂšre terrestre, la frĂ©quence critique est environ28 MHz, soit λ = 10m. La reflexion pour λ > λcrit permet la transmissiondes ondes radio autour de la Terre ; pour les longueurs d’onde plus courtes,il faut le relais des satellites.

3.5 Photoionisation ou absorption bound-free

Zj

e-Îł

Fig. 3.3 –

Un Ă©lectron liĂ© est Ă©jectĂ© par un photon incident et devient un Ă©lectronlibre (voir Fig. 3.3). Le coefficient d’absorption d’un photon de frĂ©quence Îœpar un Ă©lectron sur le niveau n et un ion de charge Zj est

abf =64π4me e

10

33/2 c h6

Z4j

n5 Μ3gbf (3.69)

gbf est un facteur sans dimension appelĂ© facteur de Gaunt, qui apporte unecorrection Ă  l’expression semi-classique, gbf ∌ 1 et varie lentement avec net Îœ. La charge e2 = 23.07 · 10−20 erg cm. Cette expression est dĂ©rivĂ©e dansl’approximation hydrogĂ©noĂŻde. Toutefois, lorsque l’atome a plus d’un Ă©lectronliĂ©, la charge Zj doit ĂȘtre remplacĂ©e par une charge effective tenant comptede l’effet d’écran.

L’absorption b−f ne se produit que pour des photons d’énergie supĂ©rieureau potentiel d’ionisation du niveau considĂ©rĂ©

h Îœ > I =2π2me4

h2

Z2

n2= R

Z2

n2(3.70)

87

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oĂč R est un Rydberg. Le coefficient d’absorption pour un Ă©lĂ©ment consisteen une ou deux sĂ©ries de continus correspondant aux divers Ă©tats d’ionisationprĂ©sents.

Remarque

– Une Ă©ventuelle dĂ©gĂ©nĂ©rescence du gaz Ă©lectronique rĂ©duit σbf , car lescellules de l’espace de phase des Ă©lectrons sont occupĂ©es.

– Le coefficient atomique doit ĂȘtre multipliĂ© par le nombre d’atomes parunitĂ© de volume, c.Ă .d. par Nj = Xj ρ

Aj mHet par le nombre moyen ne

d’électrons sur la couche n de l’élement j. Il faut Ă©galement sommersur les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments j,

Îșâ€Čbf (Îœ) = ρ Îșbf (Îœ) =∑

j,n

abf (j, n, Μ)Xjρ

AjmH

ne (3.71)

On somme sur les niveaux n et les Ă©lĂ©ments j, ne s’obtient Ă  l’aide del’expressions de Saha (cf chapitre 4).

– Le coefficient d’absorption bound–free doit ĂȘtre corrigĂ© de l’émissioninduite.

La Fig. 3.4 montre la variation de abf en fonction de la longueur d’onde.La Fig. reffig :opacH montre la variation de l’opacitĂ© par atome d’hydrogĂšneen fonction de la longueur d’onde et de la tempĂ©rature. L’effet de l’opacitĂ©bound-free sur le spectre continu d’un astre est illustrĂ© schĂ©matiquement Ă la Fig. 3.6. Le cas du spectre de l’étoile VEGA est montrĂ© en Fig. 3.7.

3.6 Transitions hyperboliques : absorption free–

free et Bremsstrahlung

Un Ă©lectron de vitesse v dans le champ coulombien d’un ion de chargeZj peut absorber (absorption ff) ou Ă©mettre (Bremsstrahlung) un photonde frĂ©quence Îœ. Dans l’approximation hydrogĂ©noĂŻde, l’absorption ff pour union et un Ă©lectron libre par cm3 est

aff =4π e6

33/2 chm2e

Z2j

v

gffΜ3

(3.72)

88

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Fig. 3.4 – OpacitĂ© bound-free par atome d’hydrogĂšne.

gff est le facteur de Gaunt pour le processus free-free. Cette absorptionn’est pas limitĂ©e en frĂ©quence et est continue. Pour obtenir le coefficientd’absorption Îșff , il faut intĂ©grer sur le spectre maxwellien des vitesses dne(v)et sommer sur les Ă©lĂ©ments j :

Îșâ€Čff (Îœ) = Îșff (Îœ) · ρ =∑

j

∫

affXjρ

AjmH

dne(v) (3.73)

Remarques

1) Dans le cas partiellement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, il faut utiliser pour dne(v) la statis-tique de Fermi-Dirac et non celle de Maxwell-Boltzmann. Il faut aussitenir compte du fait que l’état final de l’électron peut ĂȘtre occupĂ©.

2) Aux concentrations ne Ă©levĂ©es, des effets d’écran Ă©lectrostatique peuventintervenir.

3) Il faut tenir compte de l’émission induite.

4) L’absorption b-f est plus importante que l’absorption f-f dans les Ă©toilesde Pop I (comparer la dĂ©pendance en Zj). Dans les Ă©toiles de Pop. II,dĂ©ficientes en mĂ©taux, l’absorption f-f peut dominer.

L’opacitĂ© due Ă  l’ion H− est montrĂ©e en Fig. 3.8. Les opactĂ©s typiques desĂ©toiles de type spectral G, A et B sont montrĂ©es en Figs. 3.9, 3.10 et 3.11.

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Fig. 3.5 – OpacitĂ© continue due Ă  l’hydrogĂšne. Noter la grande variation enfonction de la tempĂ©rature, Ξ = 5040/T .

La source dominante d’opacitĂ© en fonction du type spectral en surface estmontrĂ©e en Fig. 3.12, en fonction de la profondeur optique pour une Ă©toileayant les caractĂ©ristiques indiquĂ©es sur la figure, en Fig. 3.13.

3.7 L’opacitĂ© globale dans le milieu stellaire

L’opacitĂ© Îș est l’une des donnĂ©es essentielles pour construire les modĂšlesstellaires et les modĂšles d’atmosphĂšres.

Les principaux mĂ©canismes d’absorption sont :

- les raies spectrales (bb)

- la photoionisation (bf)

- les transitions hyperboliques (ff)

- la diffusion par les Ă©lectrons libres

Leur importance relative varient suivant les conditions physiques : ρ, T , com-position.

90

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Fig. 3.6 – Cette figure illustre la maniĂšre dont l’opacitĂ© bf affecte le rayon-nement continu d’un astre.

Le coefficient d’absorption global Ă  la frĂ©quence Îœ est donc

ÎșÎœ = [Îșbf (Îœ) + Îșff (Îœ) + Îșbb(Îœ)](

1− e−hÎœ/kT)

+ ÎșTh (3.74)

Les termes atomiques doivent ĂȘtre corrigĂ©s de l’émission induite. Les proces-sus mentionnĂ©s ci-dessus sont les principaux mĂ©canismes d’absorption. Dansles tables numĂ©riques d’opacitĂ©s rĂ©centes, de nombreux autres effets sontaussi pris en considĂ©ration :

– Diffusion Compton

– Absorption bf et ff par les ions nĂ©gatifs, en particulier H−

91

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Fig. 3.7 – Spectre de l’étoile Vega (α-Lyrae).

– Diffusions cohĂ©rentes Raman et Rayleigh

– Absorptions molĂ©culaires (T ≀ 4 · 103K)

– Production de paires e+ e−

Pour les termes dĂ©pendant de la frĂ©quence Îœ, la moyenne de Rosseland doitĂȘtre effectuĂ©e (cf. chapitre 2).

1

Îș=

∫∞0

1kΜ

dBÎœdT

dÎœdBdT

(3.75)

qui pondĂšre fortement les valeurs de ÎșÎœ pour Îœ tel que hÎœkT≃ 4.

Aujourd’hui, l’utilisation des opacitĂ©s en structure interne des Ă©toiles estgrandement facilitĂ©e par l’existence de tables numĂ©riques donnant

Îș = Îș (ρ, T, composition) (3.76)

Un programme de calcul des opacitĂ©s est disponible Ă  l’adresse Web suivante :

http ://www-phys.llnl.gov/Research/OPAL/index.html

92

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Fig. 3.8 – OpacitĂ© continue due Ă  H−, opacitĂ© typique des Ă©toiles de type G.

La Fig. 3.12 montre comment l’opacitĂ© moyenne de Rosseland varie avecla tempĂ©rature et la densitĂ©. La Fig. 3.13 indique la source dominante del’opacitĂ© dans le plan tempĂ©rature versus densitĂ©.

Pour T faible, Ă  part les raies spectrales, il y a peu de transitions possibleset l’opacitĂ© est faible.

Le maximum des courbes correspond aux tempĂ©ratures d’ionisation par-tielle de H et He, oĂč le processus bf pour ces deux Ă©lĂ©ments est trĂšs important.En partant des basses T , Îș augmente trĂšs fortement

Îș ∌ ρα T ÎČ Î± ∌ 0.7 ÎČ âˆŒ 6 a 10

Aux tempĂ©ratures au-delĂ  du maximum, l’opacitĂ© est due principale-

93

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Fig. 3.9 – DĂ©composition de l’opacitĂ© continue due Ă  l’hydrogĂšne en sesdiffĂ©rentes composantes.

ment aux Ă©lĂ©ments lourds (autres que H et He) partiellement ionisĂ©s. Avec Tcroissant, les Ă©lĂ©ments perdent leurs Ă©lectrons et les possibilitĂ©s de transitionsbf diminuent. C’est le domaine rĂ©gi par la loi de Kramers

Îș = Îș0 ρ T−3.5 (3.77)

Aux tempĂ©ratures les plus Ă©levĂ©es reprĂ©sentĂ©es, l’opacitĂ© est due Ă  ladiffusion par les Ă©lectrons libres.

DĂ©pendance vis Ă  vis de ρ : en milieu peu ionisĂ©, chaque atome absorbeindĂ©pendamment : l’absorption par unitĂ© de masse ne dĂ©pend pas de ρ. En mi-lieu partiellement ionisĂ©, l’absorption bf est conditionnĂ©e par les possibilitĂ©sde repeuplement des niveaux Ă©lectroniques, donc par ne. Aussi l’absorptionpar unitĂ© de masse dĂ©pend-elle de ρ.

94

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Fig. 3.10 – OpacitĂ© typique d’une Ă©toile de type spectral A.

3.8 Note sur la largeur Ă©quivalente, la courbe

de croissance et la détermination des abon-

dances

La forme d’une raie d’absorption dĂ©pend de la quantitĂ© d’atomes ou d’ionsabsorbants le long de la ligne de visĂ©e. Ceci est illutrĂ© Ă  la Fig. 3.16.

Il est possible de relier l’abondance de l’élĂ©ment absorbant Ă  la largeurĂ©quivalente dĂ©finie ci-dessous.Largeur Ă©quivalente

On utilise en général pour déterminer les abondances la largeur équiva-lente W (equivalent width, voir Fig. 3.17) :

W =∫ ∞

0

Icont − IÎœIcont

dÎœ en Å ou sec−1 (3.78)

Icont est la distribution reconstituĂ©e du continu (sans la raie). W est unequantitĂ© facile Ă  mesurer, trĂšs sensible Ă  l’abondance et relativement peusensible aux incertitudes thĂ©oriques sur le profil de raie. ConsidĂ©rons une

95

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Fig. 3.11 – OpacitĂ© typique d’une Ă©toile de type spectral B.

couche d’épaisseur ℓ et une intensitĂ© incidente Ic. Si la couche contient desatomes absorbants

IÎœ = Ic e−τΜ , (3.79)

oĂč l’on a introduit la profondeur optique Ï„Îœ dĂ©finie par

Ï„Îœ = Îșâ€ČΜℓ = aÎœN ℓ = a0N ℓφΜ (3.80)

avec

a0 =π e2

mecf(

1− e−hÎœ/kT)

(3.81)

oĂč N et f sont les concentrations et valeur f pour la transition atomiqueconsidĂ©rĂ©e (p. ex. nâ€Č → n).

QUESTION : Donner les unitĂ©s de a0, φΜ et Ï„Îœ.

La largeur Ă©quivalente devient

W =∫ ∞

0

(

1− e−Nℓa0 φΜ

)

dΜ (3.82)

La courbe de croissance

96

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Fig. 3.12 – Source d’opacitĂ© dominante en surface selon le type spectral.

Fig. 3.13 – Source d’opacitĂ© dominante selon la profondeur optique.

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Fig. 3.14 – Variation de l’opactĂ© en fonction de la tempĂ©rature et de ladensitĂ©.

La courbe de croissance est la courbe oĂč log W (ou log W/λ0 par exemple)est portĂ© en fonction du nombre d’atomes absorbants, mesurĂ© par log Nf oulog gf (voir ci–dessous).

Cas de raies faibles, optiquement minces : N ℓa0 φΜ â‰Ș 1

Dans ce cas, l’absorption est due à l’effet Doppler

W = N ℓa0

∫ ∞

0φΜ dÎœ = N ℓa0. (3.83)

La courbe de croissance est linĂ©aire. La largeur Ă©quivalente est proportionnelleĂ  la densitĂ© projetĂ©e N ℓ (column density). Cette approximation est valablepour les raies faibles stellaires et aussi pour les raies interstellaires dans lesdomaines optiques et radio.

Cas des raies fortes

Lorsque le nombre d’atomes absorbants augmente, le centre de la raie devientde plus en plus optiquement Ă©pais. La contribution des ailes restent toutefois

98

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Fig. 3.15 – Source dominante de l’opacitĂ© dans le plan tempĂ©rature versusdensitĂ©. Les lignes d’opacitĂ© constante sont labĂ©lisĂ©e par leur valeur donnĂ©een terme de l’opacitĂ© due Ă  la diffusion par les Ă©lectrons libres.

nĂ©gligeable. L’absorption principale est toujours due Ă  l’effet Doppler, maisil y a saturation (blocage des raies au centre). L’augmentation du nombred’atomes n’augmente guĂšre l’absorption. On peut montrer que dans ce do-maine W varie comme

√logN (voir par exemple l’ouvrage de David Gray

The Observation and Analysis of Stellar Photospheres, cote 23.7/GRA, p.323 et suivantes).

Cas des raies trĂšs fortes

Pour des raies trĂšs fortes, les ailes prennent de l’importance et il y a unedĂ©pendance (puissance 1/2) vis Ă  vis du nombre d’atomes (W ∝

√N).

La courbe de croissance peut donc ĂȘtre dĂ©composĂ©e en trois parties. LadĂ©pendance entre largeur Ă©quivalente et densitĂ© de colonne est diffĂ©rentes anschacune de ces trois parties (cf Fig. 3.18).

APPLICATIONS SIMPLES (en lecture)

La courbe de croissance d’une raie est un concept d’abord thĂ©orique. Par

99

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Fig. 3.16 – Variation de la forme d’une raie d’absorption lorsque le nombred’atomes le long de la ligne de visĂ©e augmente.Pour η0 ≀ 1, la profondeurde la raie est directement proportionnelle au nombre d’atomes absorbants,pour 30 ≀ η0 ≀ 1000 la raie est saturĂ©e, mais les ailes ne se sont pas encoredĂ©veloppĂ©es. Pour η0 ≄ 10000, les ailes sont fortes et contribuent fortementĂ  la largeur Ă©quivalente de la raie.

une expĂ©rience de pensĂ©e, on Ă©tudie la variation de la largeur Ă©quivalented’une raie lorsque le nombre d’absorbants responsables de la raie augmente,toutes les autres grandeurs restant constantes. Ce concept peut cependantĂȘtre reliĂ© Ă  l’observation en faisant l’hypothĂšse suivante. Ă  savoir que la courbede croissance que l’on obtiendrait pour diffĂ©rentes raies auraient Ă  peu dechose prĂšs la mĂȘme allure gĂ©nĂ©rale Ă  savoir les trois parties dĂ©crites plushaut (raies faibles, fortes et trĂ©s fortes).

Construction de la courbe de croissance

ConsidĂ©rons deux raies provenant d’un mĂȘme multiplet (cf. Fig. 3.19).On a d’aprĂšs Boltzmann (voir chapitre 4).

N

N â€Č =g e−E/kT

gâ€Č e−Eâ€Č/kT(3.84)

Les Ă©nergies E et E â€Č Ă©tant trĂšs voisines, on a en fait

N

N â€Č =g

gâ€Čet

Nf

N â€Čf â€Č =gf

gâ€Čf â€Č (3.85)

100

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I

I

WΜ

2

Μ

c

I Μ

1

surface 1 = surface 2

Fig. 3.17 –

Dans un multiplet, les valeurs relatives gf sont plus aisément déterminéesthéoriquement. Pour un multiplet, il est donc possible de porter

logW en fonction de logNf + const

ce qui donnera un petit segment de la courbe de croissance pour l’élĂ©mentconsidĂ©rĂ©. Un autre multiplet, dans la mĂȘme rĂ©gion spectrale (pour le mĂȘmeĂ©lĂ©ment) donne un autre segment qui ne coĂŻncide pas avec le premier (cf.Fig. 3.20). Pour ajuster les divers segments il faut les dĂ©placer par uneconstante diffĂ©rente pour chacun d’eux.

TempĂ©rature d’excitation d’un Ă©lĂ©ment

DĂ©signons par l’indice 0 le niveau fondamental d’un Ă©lĂ©ment. Pour chaqueraie (N, E, g) on a

Nf

gf=N0 f0

g0 f0

e−E/kT (3.86)

c’est-à-dire log Nf − log gf = const −5040E(eV )T

.

Pour chaque raie de largeur équivalente W de chacun des multiplets consi-dérés plus haut, on peut grùce à la courbe de croissance obtenir logNf +const. Les log gf étant connus, on peut construire la relation

log Nf - log gf vs. E(eV )

La pente fournit 5040T

, T est la tempĂ©rature d’excitation de l’élĂ©ment consi-dĂ©rĂ©, dont les raies se forment en moyenne Ă  une certaine profondeur.

101

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Fig. 3.18 – Forme de la raie et courbe de croissance.

N’, E’, g’

N, E, g

Fig. 3.19 –

Abondances relatives de deux Ă©lĂ©ments dans la mĂȘme Ă©toile

La loi de Boltzmann nous indique que

Ni

N=gi e

−Ei/kT

u(T )(3.87)

Le deuxiĂšme membre est connu grĂące Ă  T dĂ©terminĂ©e plus haut. Si les forcesd’oscillateur sont connues, alors il est possible de porter logW en fonctionde log Ni

Nfi pour chacun des deux Ă©lĂ©ments A et Aâ€Č pour lesquels on aura

appliqué la procédure précédente. Le décalage des deux courbes nous fournit

102

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log W

log Nf+const

Fig. 3.20 –

(cf. Fig. 3.21)

∆ = loggifigâ€Čif

â€Či

− logN

N â€Č (3.88)

La connaissance des grandeurs produits gifi permet de dĂ©duire l’abondancerelative des deux Ă©lĂ©ments considĂ©rĂ©s, dans l’état d’ionisation examinĂ©.

logW

Log(Ni/N)fi

A A’

∆

Fig. 3.21 –

DiffĂ©rence d’abondance d’un Ă©lĂ©ment dans deux Ă©toiles de mĂȘmetype spectral

Dans ce cas, le dĂ©calage horizontal des deux courbes de croissance fournitdirectement l’abondance diffĂ©rentielle. Dans des limites Ă©troites, une correc-tion de tempĂ©rature peut ĂȘtre effectuĂ©e.

103

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3.9 Note sur les abondances des éléments

Les éléments du tableau de Mendeleev peuvent se classés en différentescatégories montrées dans la Fig. 3.22

Fig. 3.22 – Les Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre classifiĂ©s en diffĂ©rentes catĂ©gories.

Nos connaissances sur les abondances des Ă©lĂ©ments dans l’Univers pro-viennent :

- des analyses directes d’échantillons terrestres (voir Fig. 3.23), lunaires, mĂ©-tĂ©oritiques, dont les abondances ont Ă©tĂ© fortement modifiĂ©es lors de laformation du systĂšme solaire ;

- des spectres solaires et stellaires ;

- du rayonnement cosmique.

Les abondances des principaux Ă©lĂ©ments dans l’atmosphĂšre solaire sont,en fraction de masse :

H : X = .70 He : Y = .28 resteZ = .02

104

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Fig. 3.23 – Abondances dans la croĂ»te terrestre.

Dans Z, les principaux sont

12C : .0039 20Ne : .0015 Fe : .001514N : .0009 24Mg : .0005160 : .0093 28Si : .0007

On distingue quatre groupes dans la distribution des abondances en fonctionde la masse atomique (voir Fig. 3.24)

1. Pic de l’hydrogĂšne. Deux Ă©lĂ©ments extrĂȘmement abondants : l’hy-drogĂšne reprĂ©sente 90% en nombre et 70% en masse de la matiĂšre so-laire. l’hĂ©lium, 10% en nombre et 28% en masse. Le reste des Ă©lĂ©ments(appelĂ©s mĂ©taux) ne reprĂ©sente que 2% en masse. On constate une dĂ©-croissance trĂšs rapide des abondances avec la masse atomique. CettedĂ©croissance n’est toutefois pas monotone. Les abondances des Ă©lĂ©mentsayant un noyau constituĂ© d’un nombre entier de particule α sont plusĂ©levĂ©es. Les abondances des Ă©lĂ©ments ayant un noyau de masse pairesont gĂ©nĂ©ralement plus Ă©levĂ©es que celles des Ă©lĂ©ments de noyau demasse impaire, 24Mg/23Na=16 par exemple.

105

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Fig. 3.24 – Abondances cosmiques.

2. Le pic du Fer. Autour du fer, la courbe remonte jusqu’à un maximum.Il s’agit du “pic du fer”, qui regroupe les noyaux entre le chrome et lenickel.

3. Les “collines” des Ă©lĂ©ments plus lourds que le fer. Sur le versantdu pic du fer correspondant aux noyaux de grande masse, la dĂ©crois-sance est moins rapide. La courbe montre des bosses correspondant Ă des Ă©lĂ©ments ayant des nombres de protons ou de neutrons caractĂ©ris-tiques.

4. Un petit groupe d’élĂ©ments lĂ©gers trĂšs peu abondants Il s’agitdu Li, Be et B (facteur 108-1010 en dessous H, He)

Ces divers Ă©lĂ©ments ont des origines nuclĂ©osynthĂ©tiques diffĂ©rentes (voir coursde Structure interne, voir aussi cours de Cosmologie). On notera des maximarelatifs d’abondances pour les Ă©lĂ©ments prĂ©sentant des Ă©nergies de liaison parnuclĂ©on Ă©levĂ©es (cf Fig. 3.25)

- Les abondances solaires sont bien représentatives de celles des étoiles dePopulation I, ainsi que du milieu interstellaire dans le voisinage solaire.

106

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Fig. 3.25 – Energie de liaison par nuclĂ©on.

- Les abondances varient avec la distance galactocentrique, ainsi qu’avecl’ñge des Ă©toiles Ă©tudiĂ©es (voir cours sur l’Evolution dynamique et chi-mique des galaxies).

Remarque

Les Ă©toiles gardent en surface les abondances du milieu interstellaire origi-nal. En effet, en gĂ©nĂ©ral les abondances de surface ne sont pas affectĂ©es par lesrĂ©actions nuclĂ©aires qui s’effectuent dans les rĂ©gions centrales. (Exception :Ă©toiles ayant des vents stellaires importants).

Abondances dans les Ă©toiles de Population II

Les Ă©toiles trĂšs vieilles, de Population II typiques, des amas globulairesont des abondances en Ă©lĂ©ments lourds (c’est-Ă -dire autres que H et He),beaucoup plus faibles, p. ex. d’un facteur 100, c’est-Ă -dire

Z = 10−3

ou [FeH

] = −2 avec [FeH

] = log(FeH

)∗ − log(FeH

)⊙

107

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Un Ă  deux pourcent des Ă©toiles de Population II ont des dĂ©ficiences d’unfacteur 103. La distribution des Ă©lĂ©ments reste en gros similaire Ă  celle desabondances dans les Ă©toiles de Pop I, avec toutefois des excĂšs relatifs de

O/Fe, Ne/Fe, Mg/Fe, Si/Fe, S/Fe

c’est-Ă -dire des Ă©lĂ©ments multiples de α. 23Na prĂ©sente aussi souvent un excĂšsrelatif.Les Ă©toiles les plus dĂ©ficientes en Fer connues Ă  ce jour ont des abondancesen Ă©lĂ©ments lourds environ 1/200 000 de l’abondance solaire ([Fe

H] = −5.4).

Les spectres d’étoiles de diffĂ©rentes mĂ©tallicitĂ© sont montrĂ©s Ă  la Fig. 3.26

Fig. 3.26 – Spectres d’étoiles de diffĂ©rentes mĂ©tallicitĂ©.

La galaxie bleue compacte Zw 18 a une valeur Z ∌ 1/50Z⊙ (1/50 Z⊙).On ne connaĂźt pas d’étoile avec Z = 0 (Ă©toiles de Pop III).

108

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3.10 Rappels d’électrodynamique (en lecture)

3.10.1 Moments d’une distribution de charges

Nous voulons calculer ici le champ Ă©lectrique dĂ» Ă  une distribution decharges (voir Fig. 3.27). Soit r la distance de A Ă  l’origine. Le potentiel en

x

y

z

Rr

r’

A

Fig. 3.27 –

A, VA, est obtenu en ajoutant les contributions de tous les éléments de ladistribution de charges,

VA =1

4πǫ0

∫ ρ(xâ€Č, yâ€Č, zâ€Č)

Rdvâ€Č, (3.89)

ρ Ă©tant la densitĂ© de charges. Nous pouvons exprimer R en fonction de r etde la distance râ€Č de l’origine Ă  l’élĂ©ment de charge. En utilisant la loi descosinus pour l’angle Ξ entre râ€Č et l’axe sur lequel se trouve A, on trouve

R = [r2 + râ€Č2 − 2rrâ€Č cos Ξ]1/2. (3.90)

L’intĂ©grale devient alors

109

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VA =1

4πǫ0

∫

ρdvâ€Č[r2 + râ€Č2 − 2rrâ€Č cos Ξ]−1/2. (3.91)

Si A est trĂ©s distant de la distribution de charges, râ€Č est beaucoup plus petitque r pour toutes les parties de la distribution de charges.

QUESTION : Montrer que si râ€Č << r le potentiel VA peuts’écrire

VA =1

4πǫ0

[K0

r+K1

r2+K2

r3+ . . .

]

(3.92)

avec

K0 =∫

ρdvâ€Č, K1 =∫

râ€Č cos Ξρdvâ€Č, K2 =∫

râ€Č2(

3 cos2 ξ − 1

2

)

ρdvâ€Č

Le coefficient K0 est la charge totale de la distribution1. Le terme K1 mesurele dĂ©placement relatif, dans la direction A, des charges positives par rapportaux charges nĂ©gatives2. Dans ce cas le potentiel le long de l’axe z varieraasymptotiquement (i.e. avec une approximation d’autant meilleure que lesdistances sont plus grandes) comme 1/r2. Nous nous attendrons alors Ă  ceque l’intensitĂ© du champ Ă©lectrique se comporte asymptotiquementcomme 1/r3, en contraste avec la dĂ©pendance en 1/r2 pour le champde la charge ponctuelle.

Les quantitĂ©s K0, K1, K2, ... sont reliĂ©es Ă  ce que l’on appelle les momentsde la distribution de charges, K0 est le moment monopolaire ou intensitĂ© dumonopole, K1 est une composante du moment dipolaire de la distribution.Le moment dipolaire a les dimensions d’une charge multipliĂ©e par un dĂ©pla-cement, c’est un vecteur et K1 est sa composante z, K2 est reliĂ© au momentquadrupolaire de la distribution (le quadrupĂŽle et les moments d’ordre supĂ©-rieur sont des tenseurs).

Les moments permettent de mettre en avant les caractĂ©ristiques de ladistribution de charges qui dĂ©terminent le champ Ă  grande distance. Pourcomprendre ce qui se passe dans un diĂ©lectrique3, il se trouve queseules comptent l’intensitĂ© du monopĂŽle (la charge totale) et l’in-tensitĂ© du dipĂŽle des molĂ©cules qui forment la matiĂšre.

1Si la distribution de charges est neutre (K0 = 0).2La valeur de K1 est indĂ©pendante de la position de l’origine.3diĂ©lectrique, se dit d’une substance qui ne conduit pas le courant Ă©lectrique.

110

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3.10.2 Potentiel et champ d’un dipîle

Le potentiel à une distance r du dipÎle, dans une direction donnée par levecteur unité n, est

VA =1

4πǫ0r2

∫

n · râ€Čρdvâ€Č =n

4πǫ0r2·∫

râ€Čρdvâ€Č. (3.93)

On définit le vecteur moment dipolaire p par

p =∫

râ€Čρdvâ€Č. (3.94)

L’Eq. (3.93) peut alors s’écrire

V (r) =1

4πǫ0

n · pr2

. (3.95)

En s’éloignant du dipĂŽle dans n’importe quelle direction, nous trouvonsque l’intensitĂ© du champ dĂ©croĂźt comme 1/r3.

3.10.3 Champ électrique créé par la matiÚre polarisée

Soit N le nombre de dipĂŽles par unitĂ© de volume dans un matĂ©riau, et soitP = Np le dipĂŽle associĂ© Ă  un volume unitĂ©. Nous supposerons que notrematĂ©riau a une charge globale nulle. Seules les dipĂŽles sont responsables duchamp Ă  grande distance. Calculons le potentiel associĂ© Ă  un cylindre d’un telmatĂ©riau (cf Fig. 3.28). Un Ă©lĂ©ment du cylindre, de hauteur dz a un momentdipolaire Pdv = Pdadz. On peut Ă©crire sa contribution au potentiel au pointA Ă  l’aide de la formule (3.93) :

dVA =1

4πǫ0

Pdadz cos Ξ

r2. (3.96)

QUESTION :Montrer que

VA =1

4πǫ0Pda

(1

r2− 1

r1

)

. (3.97)

On obtient une expression pour le potentiel qui est celui que produirait enA deux charges ponctuelles : une charge positive de grandeur Pda situĂ©e ausommet de la colonne Ă  une distance r2 de A, et une charge nĂ©gative de mĂȘmegrandeur situĂ©e au bas de la colonne. La source qui est constituĂ©e par une

111

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x

y

z

dz

r

r

z

z1

2

1

2

da

P

dΞ

rΞ

A

Fig. 3.28 –

colonne de matiÚre uniformément polarisée est équivalente, tout au moins ence qui concerne son champ électrique en tout point extérieur, à deux chargesconcentrées en ses extrémités.

Une plaque de forme quelconque uniformĂ©ment polarisĂ©e peut ĂȘtre dĂ©-composĂ©e en un grand nombre de colonnes juxtaposĂ©es les unes aux autres.Nous en concluons que le potentiel partout Ă  l’extĂ©rieur de la lame ou d’uncylindre uniformĂ©ment polarisĂ© est prĂ©cisĂ©ment celui qui rĂ©sulterait de deuxcouches de charges superficielles situĂ©es lĂ  oĂč se trouvent les surfaces supĂ©-rieures et infĂ©rieures de la lame, avec une densitĂ© de charges superficiellesconstantes σ = +P et σ = −P respectivement.

Que vaut le champ Ă  l’intĂ©rieur du diĂ©lectrique ?

ConsidĂ©rons une plaque de matiĂšre polarisĂ©e d’épaisseur h (cf Fig. 3.29).Les couches de charges montrĂ©es Ă  la Fig. 3.29 donnent le mĂȘme champextĂ©rieur. L’intensitĂ© du champ Ă  l’intĂ©rieur des deux couches de charges (loindes bords) est Ă©gal Ă  σ/Ç«0 et il pointe vers le bas. La diffĂ©rence de potentielentre les points A’ et B’ est σh/Ç«0 volts. La mĂȘme diffĂ©rence de potentieldoit exister entre les points correspondants A et B de la lame polarisĂ©e, carle champ extĂ©rieur en entier est le mĂȘme dans les deux systĂšmes. Le champest-il aussi identique Ă  l’intĂ©rieur ? Certainement pas, car la lame est pleined’électrons et de noyaux positifs avec des champs de millions de volts par cm

112

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h

h

P

E=

A

B

A’

B’

a)

b)

σ=

σ=

P

-P

σ /Δ0

------------------------------

+++++++++++++++++++++++++++++

Fig. 3.29 –

pointant dans des directions quelconques. Par contre la circulation du champ∫ BA E ·dl, calculée sur tout trajet interne de A à B est égal à la circulation sur

tout trajet externe. Or la circulation sur tout trajet externe est ’egal Ă  σh/Ç«0ou Ph/Ç«0. Donc mĂȘme si le champ Ă  l’intĂ©rieur du diĂ©lectrique n’est pas Ă©galĂ  P/Ç«0, sa circulation est Ă©gale Ă  celle que donnerait un champ constant deP/Ç«0.

Notons que le E qui se trouve dans l’intĂ©grale∫

E·dl permettant de calcu-ler la diffĂ©rence de potentiel reprĂ©sente le champ Ă©lectrique total en un pointdonnĂ©, il comprend les champs intenses et complexes dus aux noyaux et auxĂ©lectrons. Quel que soit le chemin la diffĂ©rence de potentiel sera Ă©quivalenteĂ  celle due Ă  un champ uniforme de valeur P/Ç«0. Ceci nous dit que lamoyenne spatiale du champ Ă©lectrique dans la lame polarisĂ©e doitĂȘtre −P/Ç«0. Par moyenne spatiale on entend ici

< E >V =1

V

∫

VEdv. (3.98)

3.10.4 Condensateur rempli d’un diĂ©lectrique

Le champ E, entre les plaques du condensateur, dans le diĂ©lectrique, est lasomme du champ E0 qui serait prĂ©sent entre les plaques sans le diĂ©lectriqueet du champ Eâ€Č induit,

E = E0 + Eâ€Č = E0 −P/Ç«0. (3.99)

113

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Le vecteur P est parallĂšle Ă  E0 (le vecteur polarisation va de la charge nĂ©ga-tive Ă  la charge positive). Le champ induit Eâ€Č = −P/Ç«0.

On définit les quantités suivantes :

– La susceptibilitĂ© Ă©lectrique, qui est une propriĂ©tĂ© intrinsĂšque dumatĂ©riau diĂ©lectrique, est dĂ©finie par P = χeE

4. On introduit souventune quantitĂ© χr telle que χe = Ç«0χr.

– La constante diĂ©lectrique Ç« = Ç«0 + χe = Ç«0(1 + χr).

– La constante diĂ©lectrique relative Ç«r = Ç«/Ç«0 = 1+χr (syst. MKSA).Dans le systĂšme de Gauss, on a Ç«r = 1 + 4πχr et Ç«0 = 1.

3.10.5 Champ d’une charge dans un milieu diĂ©lectriqueet thĂ©orĂšme de Gauss

Imaginons qu’on ait chargĂ© une petite sphĂšre mĂ©tallique et qu’on l’ait faittomber dans un rĂ©cipient plein d’huile. Le champ Ă©lectrique produit par lasphĂšre chargĂ©e dans l’huile est 1/Ç«r fois le champ que la sphĂšre produiraitdans le vide

E =1

Ç«r

Q

4πǫ0r2=

Q

4πǫr2. (3.100)

QUESTION :Montrer la relation 3.100.

L’intĂ©grale de la quantitĂ© Ç«E prise sur une certaine surface fermĂ©e S entourantQ est Ă©gal Ă  Q (thĂ©orĂšme de Gauss). Donc

div(ǫE) = ρlibre. (3.101)

Maintenant on a toujours que (cf. lois de Maxwell ; voir les appendices Ă  cechapitre)

div(ǫ0E) = ρlibre + ρliee. (3.102)

Il résulte des équations (3.101) et (3.102) que

div ((ǫ− ǫ0)E) = −ρliee. (3.103)

Comme (ǫ− Ç«0)E = χeE = P, l’équation ci–dessus implique que

divP = −ρliee (3.104)

4Le champ E est le champ total dans la matiĂšre.

114

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Les Ă©quations (3.102) et (3.104) impliquent que

div(ǫ0E + P) = ρlibre. (3.105)

Cette relation est tout Ă  fait indĂ©pendante de toute relation entre E et P. Ellen’est pas limitĂ©e aux matĂ©riaux, qu’on appelle diĂ©lectriques, dans lesquels P

est proportionnel Ă  E. On a l’habitude de donner Ă  cette combinaison unnom spĂ©cial, celui de vecteur dĂ©placement Ă©lectrique ou induction Ă©lectriqueque l’on reprĂ©sente par le symbole D

D = Ç«0E + P. (3.106)

Dans un diélectrique isotrope, D est simplement ǫE, mais la relation

divD = ρlibre, (3.107)

s’applique dans toute situation oĂč l’on peut dĂ©finir les quantitĂ©s macrosco-piques P, E et ρ.

Remarquons que l’équation (3.107) peut suggĂ©rer que la source de D estla distribution de charges libres, dans le mĂȘme sens que la distribution decharges totale est la source de E. Cela n’est pas correct. Le champ E estuniquement dĂ©terminĂ©, Ă  l’addition d’un champ constant prĂšs, par la distri-bution de charge ρ car, en plus de la loi div(E) = ρ/Ç«0, il y a l’autre conditionrotE = 0. Il n’est pas vrai, en gĂ©nĂ©ral, que rotD = 0. Ainsi la distribution decharge libre ne suffit pas pour dĂ©terminer D au moyen de l’équation (3.107).On a besoin de quelque chose d’autre, telle que les conditions aux limites surles surfaces des divers diĂ©lectriques.

RĂ©sumons les conclusions essentielles obtenues

1) La matiĂšre peut ĂȘtre polarisĂ©e, sa condition pouvant ĂȘtre complĂštementdĂ©crite, tout au moins en ce qui concerne le champ macroscopique, par unedensitĂ© de polarisation P, qui est le moment dipolaire par unitĂ© de volume.La contribution d’une telle substance au champ Ă©lectrique E est la mĂȘme quecelle d’une distribution de charges ρliee, existant dans le vide ayant la densitĂ©Ïliee = −divP. En particulier, Ă  la surface d’une substance polarisĂ©e, oĂč P

est discontinu, cela se rĂ©duit Ă  une densitĂš de charges superficielles σ = −Pn,Pn Ă©tant la composante normale Ă  la surface du vecteur polarisation (nondĂ©montrĂ© dans les notes ci–dessus). On ajoute alors toute distribution decharges libres qui peut ĂȘtre prĂ©sente, et le champ Ă©lectrique est le champ queproduirait dans le vide cette distribution totale de charges. C’est le champ

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macroscopique E Ă  la fois Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur de la matiĂšre, Ă©tantbien entendu qu’à l’intĂ©rieur de la matiĂšre, il s’agit de la moyenne spatialedu vrai champ microscopique.

2) Si P est proportionnel Ă  E dans une substance, on dit que c’est undiĂ©lectrique. Nous dĂ©finissons la susceptibilitĂ© Ă©lectrique χe et la constantediĂ©lectrique caractĂ©ristique de cette substance Ç« par respectivement χe =P/E et Ç« = Ç«0+χe. Les charges libres immergĂ©es dans un diĂ©lectrique donnentlieu Ă  des champs Ă©lectriques qui sont Ç«0/Ç« fois plus forts que ceux que cesmĂȘmes charges produiraient dans le vide.

3.10.6 Vitesse de phase et de groupe

ConsidĂ©rons deux ondes f− et f+ ayant des frĂ©quences ω−∆ω et ω+∆ω,

f− = A cos[(ω −∆ω)t− (k −∆k)x], (3.108)

f+ = A cos[(ω + ∆ω)t− (k + ∆k)x]. (3.109)

La superposition de ces ondes donne

f = f−+f+ = A (cos[(ω −∆ω)t− (k −∆k)x] + cos[(ω + ∆ω)t− (k + ∆k)x]) ,

f = 2A cos[∆ωt−∆kx] cos(ωt− kx). (3.110)

On peut interprĂ©ter le terme cos(ωt − kx) comme dĂ©crivant la propagationd’une onde dont l’amplitude varie au cours du temps selon cos[∆ωt−∆kx].La quantitĂ©

v = ω/k, (3.111)

est appelée vitesse de phase, alors que la vitesse de la modulation

u =∂ω

∂k, (3.112)

est appelĂ©e la vitesse de groupe. Cette derniĂšre vitesse reprĂ©sente la vitesseĂ  laquelle se transmet l’information.

116

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Chapitre 4

Excitation, Ionisation et

Propriétés Thermodynamiques

des Gaz

4.1 Rappels de physique statistique

Soit un ensemble de N particules toutes identiques, sans interactions mu-tuelles, en Ă©quilibre statistique, avec l’hypothĂšse que l’énergie totale E etle nombre N se conservent. La distribution d’énergie du systĂšme, c.Ă .d. lenombre de particules Nr, ayant une Ă©nergie Er, est donnĂ©e par

Nr =gr

e−ψ+ ErkT + α

α = 0 ou ± 1 (4.1)

gr est le nombre de degrĂ©s de libertĂ©s internes ou d’états quantiques dansl’état d’énergie Er. Suivant les hypothĂšses spĂ©cifiques, on a les diverses dis-tributions suivantes.

Statistique de Boltzmann : α = 0

1) DiscernabilitĂ©1. 2) Complexions, c.Ă .d. rĂ©partitions dans l’espace de phase,Ă©galement probables. 3) L’état macroscopique est celui qui est rĂ©alisĂ© par le

1Le fait que les particules soient discernables est important pour le calcul du nombre decomplexions. En effet considérons une boite contenant N particules, le nombre de maniÚresdifférentes (de complexions) de répartir ces particules entre deux moitiés de la boite sera2N si les particules sont discernables. Pour N = 2 cela fait donc 4 complexions. Si lesparticules sont indiscernables, le nombre de complexions est 3.

117

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plus grand nombre de complexions (maximum de l’entropie).

Statistique de Bose-Einstein : α = −1

1) Principe d’incertitude. 2) IndiscernabilitĂ©. 3) Etats microscopiques Ă©gale-ment probables. 4) La probabilitĂ© d’un Ă©tat macroscopique dĂ©pend du nombred’états microscopiques qui peuvent le rĂ©aliser. La statistique de B.E. s’ap-plique aux particules de spin entier ou nul (photons, mĂ©sons π, particules α. . .).

Statistique de Fermi-Dirac : α = +1

MĂȘmes hypothĂšses que pour B.E. avec en plus le principe d’exclusion. S’ap-plique au cas des particules de spin demi-entier (Ă©lectrons, positrons, protons,neutrons, neutrinos, mĂ©sons ” . . .).

ψ qui est introduit comme un multiplicateur de Lagrange est souventappelĂ© paramĂštre de dĂ©gĂ©nerescence. Pour ψ â‰Ș −1, e−ψ est trĂšs grand etles statistiques de B.E. et F.D. tendent vers celle de Boltzmann. C’est le casdes milieux peu denses. On note aussi que

ψ =”

kT(4.2)

oĂč ” est le potentiel chimique, qui est une grandeur intensive (cf. p. ex.Landau et Lifshitz, Physique Statistique). C’est une notion trĂšs utile pourl’étude des changements d’états (ionisation, neutronisation, Ă©quilibre entreneutrons, muons et hypĂ©rons dans les Ă©toiles Ă  neutrons, etc. . . .).

Note sur les multiplicateurs de Lagrange

ConsidĂ©rons un exemple simple. Supposons que nous cherchions un ex-trĂȘmum de la fonction f(x, y). S’il n’y a pas de conditions supplĂ©mentaires,nous devons rĂ©soudre les deux Ă©quations

∂f

∂x= 0,

∂f

∂y= 0. (4.3)

simultanĂ©ment. La paire rĂ©sultante de valeurs x0, y0 spĂ©cifie les coordonnĂ©esauxquels f a un extrĂȘmum. Supposons maintenant que nous dĂ©sirions cher-cher le maximum de f(x, y) le long d’une courbe donnĂ©e par la conditionauxiliaire y = ya(x). Il peut y avoir un ou plusieurs points le long de cettecourbe oĂč f(x, y) a un maximum ou minimum. Pour obtenir la position du

118

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point (x1, y1), extrĂȘmum de f(x, y) le long de la courbe donnĂ©e par la condi-tion auxiliaire, on cherche la valeur de x tel que

d

dxf(x, ya(x)) =

∂f

∂x+∂f

∂y

dya(x)

dx= 0. (4.4)

La position du maximum est la solution x1 de cette Ă©quation, la coordonnĂ©ey est donnĂ©e par y1 = ya(x1). Il est possible de trouver (x1, y1) d’une autremaniĂšre. Supposons que l’équation auxiliaire est g(x, y) = 02. Introduisonsune troisiĂšme inconnue, λ, et cherchons un extrĂȘmum de la nouvelle fonctionf + λg avec comme condition auxiliare que g = 0. En d’autres termes nousdevons rĂ©soudre les trois Ă©quations suivantes

∂f

∂x+ λ

∂g

∂x= 0, (4.5)

∂f

∂y+ λ

∂g

∂y= 0, (4.6)

g = 0, (4.7)

simultanément afin de déterminer les valeurs de x, y et λ.

QUESTION :Montrer que les trois Ă©quations ci–dessus sontĂ©quivalentes Ă  l’Eq. 4.4.

Lorsque l’on dĂ©termine la distribution la plus probable, le potentiel chimiqueest introduit comme un multiplicateur de Lagrange utilisĂ© pour contraindrela distribution recherchĂ©e Ă  avoir un nombre donnĂ© de particules. Ainsi ilest naturel que le potentiel chimique ait une connection profonde avec lesprocessus, tels que les rĂ©actions nuclĂ©aires ou chimiques, qui changent lenombre de particules et avec les lois de conservation. La tempĂ©rature, quia une signification plus Ă©vidente, est introduite comme un multiplicateur deLagrange utilisĂ© afin de contraindre la distribution Ă  avoir une Ă©nergie totaledonnĂ©e.

Equilibre thermodynamique

Un systĂšme thermodynamique formĂ© d’une seule sorte de constituantsest dĂ©fini par deux des variables P, T, V . Cependant souvent le milieu peut

2Dans l’exemple vu plus haut g(x, y) = y − ya(x) = 0.

119

Page 121: 27 septembre 2006 - UNIGE

contenir plusieurs types de constituants i en nombres Ni. Lors d’un change-ment de conditions (p.ex. T ), les proportions des divers constituants peuventchanger. C’est le cas dans des rĂ©actions chimiques ou nuclĂ©aires, lors de chan-gements d’état, tels l’ionisation, la neutronisation ou la cristallisation. Dansun tel systĂšme, U n’est plus fonction de S et V seulement, mais

U = U (S, V, Ni) (4.8)

d’oĂč

dU =

(

∂ U

∂ S

)

V,N

dS +

(

∂ U

∂ V

)

S,N

dV +∑

i

(

∂ U

∂ Ni

)

S, V

dNi (4.9)

L’indice N implique que tous les Ni sont constants. Le potentiel chimiquedes particules i est donnĂ© par

”i =

(

∂ U

∂ Ni

)

S, V

(4.10)

On dĂ©finit l’équilibre thermique : T a atteint une valeur d’équilibre. Equilibrethermodynamique : Ă©quilibre thermique et Ă©quilibre “chimique”. La conditiond’équilibre chimique est que de petits changements de Ni ne produisent pasde variations des fonctions thermodynamiques, c.Ă .d.

∑

i

”i dNi = 0 (4.11)

Par exemple, en l’absence de rĂ©actions, les dNi sont indĂ©pendants, et pourchaque constituant on a

”i dNi = 0 (4.12)

Les ”i Ă©tant diffĂ©rents de 0, on a donc dNi = 0. Pour les photons, leur nombreexact n’est pas fixĂ© (Ă  cause des interactions avec la matiĂšre), donc dNi 6= 0et l’équilibre demande ”i = 0.

RĂ©actions avec changement d’état ou de phase :

ConsidĂ©rons une rĂ©action, Ă©crite de maniĂšre gĂ©nĂ©rale∑

i

ÎœiAi = 0, (4.13)

120

Page 122: 27 septembre 2006 - UNIGE

avec Ai le symbole de l’élĂ©ment i, et Îœi le coefficient stoechiomĂ©trique.

Exemple : ionisationH+ + e− −H = 0 (4.14)

Îœ+H = 1, Îœe = 1, ÎœH = −1 (4.15)

Chaque fois que par exemple Îœ1 particule 1 sont dĂ©truites ou synthĂ©tisĂ©es,Îœi particules i apparaissent ou disparaissent. Cela signifie que la variation ennombre des particules 1 est reliĂ©e Ă  la variation en nombre des particules ipar la relation

dNi =ΜiΜ1

dN1 (4.16)

ConsidĂ©rons un changement arbitraire, par exemple dN1. La condition d’équi-libre “chimique” devient

∑

i

”i dNi =dN1

Μ1

∑

i

Μi ”i = 0 (4.17)

dN1 Ă©tant arbitraire, on a donc∑

i

Μi ”i = 0 (4.18)

Puisque ψ = ”i / kT , la condition d’équilibre chimique implique aussi∑

i

Îœi ψi = 0 (4.19)

La somme des produits des paramÚtres de dégénérescence et des facteursstoechiométriques est nulle.

Remarque :

Il convient de s’assurer que la loi de Maxwell-Boltzmann pour la distri-bution des vitesses est connue. On obtient notamment pour le nombre relatifde particules ayant une Ă©nergie dans l’intervalle E, E + dE.

dn(E)

n=

2

π1/2

1

(kT )3/2e−E/kT E1/2 dE (4.20)

avec

vmax =

√

2 kT

met

√

v2 =

√

3 kT

m(4.21)

121

Page 123: 27 septembre 2006 - UNIGE

Le nombre relatif de particules ayant une vitesse selon l’axe x comprise entrevx et vx + dvx est donnĂ© par

dnxn

=m1/2

(2π kT )1/2e−

m v2x

2k T dvx (4.22)

4.2 Gaz et atomes excités

ConsidĂ©rons un ensemble N d’atomes avec des Ă©tats d’énergie En, Eâ€Čn.

Nous allons nous intĂ©resser aux nombres d’atomes dans les Ă©tats d’énergien, nâ€Č . . . en fonction de T . Ces nombres sont essentiels pour la dĂ©terminationdes intensitĂ©s relatives des raies spectrales dont l’analyse fournit de nom-breuses informations astrophysiques (voir chapitre 2 et 3). ConsidĂ©rons unesituation d’équilibre, pour des particules non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es, avec ψ â‰Ș −1. Lenombre d’atomes dans le niveau n (c’est-Ă -dire ayant un Ă©lectron extĂ©rieurdans le niveau n) est

Nn = gn eψ e−En/kT , (4.23)

oĂč gn est le poids statistique du niveau n. Le peuplement relatif des deuxniveaux n et nâ€Č est

Nnâ€Č

Nn

=gnâ€Č

gne−(Enâ€Č−En)/kT . (4.24)

Le nombre total N est N =∑

n

Nn avec

Nn

N1

=gng1

e−En, 1/kT En, 1 = En − E1 (4.25)

on aN = N1

∑

n

Nn

N1

=N1

g1

∑

n

gn e−En, 1/kt

ïžž ïž·ïž· ïžž

u(T )

. (4.26)

u(T ) est la fonction de partition ; elle peut ĂȘtre vue comme le poids statistiquede l’ensemble des atomes sous les conditions considĂ©rĂ©es.

Nn

N=Nn

N1

N1

N=

gnu(T )

e− (En−E1)/kT (4.27)

Cette expression donne la fraction du nombre total d’atomes dans l’état n.

122

Page 124: 27 septembre 2006 - UNIGE

Remarque :

On note que u(T ) tend vers l’infini, car n → ∞ et max (En, 1) restefini. Cependant, les interactions entre ions abaissent le niveau du continuumet limitent le dĂ©veloppement en sĂ©rie. De fait, dans le calcul de u(T ), onpeut souvent se limiter aux premiers termes. Les quantitĂ©s gn, En, u(T ) sonttabulĂ©es.

Cas de l’hydrogùne

Chaque Ă©tat d’excitation de l’atome d’H est dĂ©crit par trois termes quan-tiques n, L, S. L = n−1, n−2, . . . 0 et pour chaque valeur de L il y a 2L+1Ă©tats. Par exemple : prenons n = 3, on a L = 2, 1, 0.

L = 0 2L+ 1 = 1L = 1 2L+ 1 = 3L = 2 2L+ 1 = 5

9 (4.28)

Pour chacun de ces Ă©tats, on a 2S + 1 Ă©tats de spin, c’est-Ă -dire 2.

Le poids statistique gn est

gn = 2n∑

K=1

2 (n−K)

ïžž ïž·ïž· ïžž

L

+1

= 2n2 (4.29)

QUESTION : A démontrer par récurrence.

L’énergie d’un niveau est En = −13.6 eVn2

En, 1 = En − E1 = −13.6

n2+ 13.6 = 13.6

n2 − 1

n2(4.30)

u(T ) ∌= g1 e−E1, 1/kT ≃ 2 (4.31)

Nn

N= n2 e

−13.6kT

n2−1

n2 (4.32)

avec

k = 1.38 · 10−16 erg · deg−1

= 8.62 · 10−5 eV deg−1

123

Page 125: 27 septembre 2006 - UNIGE

On aura par exemple pour N2/N , rapport du nombre d’atomes dans le niveau2 au nombre total

T = 5 · 103K N2 /N = 2.1 · 10−10

1 · 104K 2.9 · 10−5

2 · 104K 1.08 · 10−2

(4.33)

Le peuplement des niveaux supérieurs croßt rapidement avec T .

4.3 Ionisation des gaz

Dans le processus d’ionisation, un Ă©lectron liĂ© sur un des niveaux d’énergieest Ă©jectĂ© dans un Ă©tat non liĂ©. L’ionisation devient importante lorsque kT estdu mĂȘme ordre que le potentiel d’ionisation I, (exemple : IH = 13.6 eV, T ≃105K).

Le continu commence Ă  une Ă©nergie I0 (potentiel d’ionisation) au-dessus duniveau fondamental. Chaque Ă©lement a une sĂ©rie de valeurs I0 correspondantaux Ă©tats d’ionisation successifs. La formule de Saha exprime les concentra-tions relatives d’atomes dans des Ă©tats d’ionisation successifs. Elle se dĂ©rivepar une extension de la formule de Boltzmann appliquĂ©e Ă  la rĂ©action

atomeneutre

ion + e−

Soit n00, n01 et ne les concentrations des atomes neutres, des ions et desĂ©lectrons. Le premier indice indique le niveau d’excitation (0 pour le fonda-mental), le second, le degrĂ© d’ionisation.

Le poids statistique ge de l’électron de vitesse u (dans le continu) dans levolume dV est

ge = 2d3 p d3 q

h3= (fact.spin)

el. de vol. en phase

dim. dâ€Čune cellule

=2 dV 4π p2 dp

h3

Le poids statistique du systĂšme ion + Ă©lectron est

ge · g01 (4.34)

124

Page 126: 27 septembre 2006 - UNIGE

Dans son Ă©tat ionisĂ©, le systĂšme a, relativement au niveau fondamental l’éner-gie

E = I0 +p2

2me

, (4.35)

oĂč p = me u est l’impulsion de l’électron. On avait la loi de Boltzmann

Nm

Nc

=gmgc

e−(Em−Ec)/kT . (4.36)

AppliquĂ©e Ă  la rĂ©action d’ionisation, elle donne

n0 1

n0 0

=g0 1 · geg0 0

e−(

I0+ p2

2me

)

/kT(4.37)

Remarque :

Dans le deuxiĂšme membre, nous devrions en fait avoir aussi(

eψ0 1+ψe / eψ00

)

.La relation

∑

i Îœi ψi = 0 implique

ψ0 1 + ψe − ψ0 0 = 0 (4.38)

ce qui fait que le terme en ψ vaut 1.

Dans le processus d’ioniation d’un atome (ou d’un ion), il n’y a qu’un Ă©lectronĂ©jectĂ©. Le nombre d’état quantique que peut occuper cet Ă©lectron est

2dV 4πp2dp

h3, (4.39)

avec dV le volume occupĂ© par un Ă©lectron. Cette quantitĂ© peut ĂȘtre exprimĂ©een fonction de ne, dV = 1/ne. On obtient donc

n0 1

n0 0

=1

ne

g0 1

g0 0

8π

h3e−(

I0+ p2

2 me

)

/kTp2 dp (4.40)

Il faut sommer sur tous les Ă©tats finaux, en intĂ©grant sur toutes les vitessesde l’électron.

∫ ∞

0e

− p2

2 me kT p2 dp =

√π

4(2mekT )3/2 (4.41)

En effet,∫ ∞

0t2 e−at

2

dt =1

4a

√π

a(4.42)

125

Page 127: 27 septembre 2006 - UNIGE

(cf. par exemple Abramovitz & Stegun Handbook of mathematical functions,Dover Publ.).

On obtient alors

n0 1 nen0 0

=g0 1

g0 0

2

(

2πme kT

h2

)3/2

e− I0/kT (4.43)

Autres degrĂ©s d’ionisation et d’excitation

L’expression ci-dessus peut ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e pour n’importe quels Ă©tatssuccessifs d’ionisation.

n0 j+1 nen0 j

=g0 j+1

g0 j

2

(

2πme kT

h2

)3/2

e−Ij/kT (4.44)

Ij : potentiel d’ionisation de l’état j Ă  j + 1.Soit Ei j l’énergie d’excitation du niveau i de l’ion j fois ionisĂ©, relative-

ment au niveau fondamental du ion.

(Ij−Eij) : potentiel de ionisation depuis le niveau i, j jusqu’au niveau fonda-mental de l’état d’ionisation j + 1

D’aprùs Boltzmann, on a

ni jn0 j

=gi jg0 j

e−Ei j/kT (4.45)

n0 j+1 nenij

=n0 j+1

n0 j

n0 j

nijne =

g0 j+1

gij2

(

2πme kT

h2

)3/2

e−(

Ij−EijkT

)

(4.46)

Formule dite de Saha-Boltzmann

On peut aussi chercher l’expression donnant le rapport nj+1 / nj des atomesj + 1 fois ionisĂ©s aux atomes j fois ionisĂ©s, quel que soit l’état d’excitation.

On anin

=gi

u(T )e−Ei/kT (4.47)

qui devient pour l’état ij

nijnj

=gijuj

e−Eij/kT (4.48)

126

Page 128: 27 septembre 2006 - UNIGE

et pour l’état 0 j + 1n0 j+1

nj+1

=g0 j+1

uj+1

(4.49)

En remplaçant, on trouve l’expression cherchĂ©e

nj+1 nenj

=nijnj

nj+1

nijne =

nijnj

n0j+1

nijnenj+1

n0j+1

=uj+1

uj2

(

2πme kT

h2

)3/2

e−Ij/kT

(4.50)

Remarques :

1) A la place de ne, on utilise parfois la pression Ă©lectronique Pe

Pe = ne kT (4.51)

nj+1

nj= 2

uj+1

uj

(2πme

h2

)3/2 (kT )5/2

Pee−Ij/kT (4.52)

L’ionisation est favorisĂ©e par : T ր ou Pe ց. Ainsi, Ă  T Ă©gales, les Ă©lĂ©mentssont davantage ionisĂ©s dans les Ă©toiles supergĂ©antes que dans les naines. LesĂ©lĂ©ments de bas potentiels de ionisation sont Ă©videmment ionisĂ©s en premier.

2) Les diverses quantitĂ©s atomiques sont tabulĂ©es. Voir p. ex. Corliss andBozman (1962), Nat. Bur. Std. US Monography no. 53 ; Allen (1973), Astro-physical Quantities ; Drawin H.W. and Felenbok P. (....). Data for plasmas inLocal Thermodynamic Equilibrium. Voir Figs. 4.1 et 4.2 des tables donnantles potentiels d’ionisation, les fonctions de partition et les poids statistiques(cf. Allen, 1973)

Explications :

Y indique le degrĂ© d’ionisation. U est la fonction de partition. g0 est lepoids statistique du niveau fondamental. Θ mesure la tempĂ©rature

Θ =5040K

T(4.53)

L’examen de la table des potentiels d’ionisation nous montre que :

pour He, Ne : I > 20 eV

H, C, N, O . . . : I entre 10 et 20 eV

Na, Mg, Al, K, Ca, Si : I entre 4 et 8 eV

127

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Fig. 4.1 – Potentiels d’ionisation.

Ce sont ces derniers Ă©lĂ©ments, facilement ionisables, qui sont les principauxpourvoyeurs d’électrons libres Ă  des T intermĂ©diaires (cf. Soleil). Ces Ă©lĂ©mentsinfluencent donc l’ionisation de l’H et sont donc importants pour la structurede l’atmosphĂšre.

Exemples :

Cas de H

Evaluons le rapport n20 / ntot des nombres d’atomes absorbant dans la sĂ©riede Balmer au nombre total d’atomes neutres et ionisĂ©s.

n20

ntot=

n20

n0 + n1

=n20/n0

1 + n1

n0

←− Boltzmann←− Saha

(4.54)

L’intensitĂ© des raies de la SĂ©rie de Balmer passe par un maximum vers 104K

128

Page 130: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.2 – Fonction de partition.

129

Page 131: 27 septembre 2006 - UNIGE

(Figs. 4.3 et 4.4).

Fig. 4.3 – fraction du nombre d’atome d’hydrogĂšne avec un Ă©lectron dans leniveau d’excitation 2.

Cas du Ca

On peut avoir plusieurs Ă©tats d’ionisation simultanĂ©ment.

Exemple :

Ca Ca+ Ca++

aussi note CaI CaII CaIII(4.55)

n0

ntot=

1

1 + n1

n0+ n2

n0

memes types dâ€Čexpressions pourn1

ntotet

n2

ntot

Ions négatifs

Un atome neutre peut, dans certains cas, former un ion nĂ©gatif par captured’un Ă©lectron supplĂ©mentaire. Un cas important en astrophysique est

H + e− H− (4.56)

130

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Fig. 4.4 – Spectre d’une Ă©toile. Les raies de Balmer sont bien visibles. Sauriez-vous les identifier ?

131

Page 133: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.5 – Etat d’ionisation du calcium Ă  diffĂ©rentes tempĂ©ratures.

Fig. 4.6 – Force des raies spectrales selon le type spectral.

132

Page 134: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.7 – Spectres reprĂ©sentatifs des diffĂ©rentes types spectraux.

133

Page 135: 27 septembre 2006 - UNIGE

Le noyau d’H n’est pas complĂštement protĂ©gĂ© par un Ă©lectron liĂ© et il peuts’associer un deuxiĂšme Ă©lectron. L’ion H− contribue beaucoup Ă  l’opacitĂ© descouches extĂ©rieures du Soleil (pour λ < 16550 Å). Le maximum d’absorptionest situĂ© vers 8000 Å. L’équation de Saha fournit le rapport

nHnH−

Pe =(

2πme

h2

)3/2

(kT )5/2 2 · 2

1e

−0.747 eVkT (4.57)

L’énergie de liaison de l’électron supplĂ©mentaire est faible : 0.747 eV . Il existed’autres possibilitĂ©s d’ions nĂ©gatifs, p. ex. C−, O− ; en astrophysique, seulH−

joue un rĂŽle important. L’effet sur la santĂ© des ions nĂ©gatifs de l’atmosphĂšreterrestre a parfois Ă©tĂ© Ă©voquĂ©.

4.4 Poids moléculaire et pression des milieux

neutres, partiellement ou complĂštement io-

nisés.

Le degrĂ© d’ionisation influence le poids molĂ©culaire moyen ” : masse enunitĂ© atomique par particule libre. ” intervient notamment dans l’équationd’état P (ρ, T, composition), p.ex. pour le gaz parfait P = (k/”mH) ρ T . Laconcentration n de particules et leur densitĂ© ρ sont liĂ©es par

n =ρ

”mH

(4.58)

mH : masse de l’atome d’hydrogùne.

ConsidĂ©rons un milieu constituĂ© de divers Ă©lĂ©ments j, de masse atomique Aj.Soit Xj la fraction de masse de l’élĂ©ment j.

n =ρ

”mH

=∑

j

ρXjNAV

Aj(1 + Ej) (4.59)

ρXj : densite partielle de jNAV /Aj : nombre dâ€Čatomes j par gramme(1/mH = NAV )1 + Ej : nombre de particules (1 ion +Ej electrons)

(4.60)

On a donc1

”=∑

j

Xj

Aj(1 + Ej) (4.61)

134

Page 136: 27 septembre 2006 - UNIGE

Le nombre d’électrons libres par unitĂ© de volume est

ne =ρ

mH

∑

j

Xj

AjEj (4.62)

Définissons ”e par

ne =ρ

”emH

donc1

”e≡∑

j

Xj

AjEj (4.63)

DĂ©finissons Ă©galement le nombre moyen d’électrons par atome ou ion

E =

∑

jXj

AjEj

∑

jXj

Aj

Milieu neutre : Ej = 0

Le poids moléculaire moyen ”0 de la matiÚre neutre est

1

”0

=∑

j

Xj

Aj(4.64)

Milieu complÚtement ionisé : Ej = Zj

1

”=∑

j

Xj (1 + Zj)

Aj(4.65)

On représente souvent les abondances des éléments par X, Y, Z, fractions enmasse de H, He et des éléments lourds. Pour le soleil, on a typiquement :

X = 0.70

Y = 0.28

Z = 0.02

En fonction de X, Y, Z le poids moléculaire du milieu complÚtement ionisésera

1

”≃ 2X +

3

4Y +

Z

2(4.66)

En tenant compte du fait que X + Y + Z = 1, on a

1

”≃ 5X + 3− Z

4(4.67)

135

Page 137: 27 septembre 2006 - UNIGE

Pour H pur ionisĂ© : ” = 1/2Pour des mĂ©taux ionisĂ©s : ” ≃ 2

La concentration en Ă©lectrons libres est

ne =ρ

mH

∑

j

Xj

AjZj (4.68)

En fonction de X, Y, Z ,

ne ≃ρ

2mH

(1 +X) (4.69)

c’est-à-dire1

”e≃ 1

2(1 +X) (4.70)

Milieu partiellement ionisé

Considérons un milieu partiellement ionisé. Soit E la valeur moyenne durapport

E =nombre dâ€Čelectrons libres

nombre dâ€Čatomes ou dâ€Čions(4.71)

La pression des ions et des atomes neutres est

P0 =k

”0mH

ρ T =R

”0

ρ T (4.72)

La pression du gaz d’électrons est

Pe =R

”eρ T (4.73)

”e : masse moyenne par électron libre

”e =”0

E(4.74)

Pe =R

”0

E ρT (4.75)

La pression du gaz (atomes neutres, ions, Ă©lectrons) est donc

Pg =R

”0

(1 + E) ρ T (4.76)

136

Page 138: 27 septembre 2006 - UNIGE

et le poids moléculaire moyen du mélange est

” =”0

1 + E(4.77)

Il faut Ă©valuer E, ce qui dans le cas d’un mĂ©lange d’élĂ©ments n’est pas im-mĂ©diat. On note que la valeur du rapport

PgPe

=1 + E

E(4.78)

Pg

Pe∌ 2 dans une Ă©toile d’hydrogĂšne oĂč l’ionisation est complĂšte, tandis que

dans une Ă©toile froide Pe

Pg→ 0. La pression totale, en tenant compte de la

pression de radiation est

P =R

”ρT +

1

3a T 4 ≡ R

”ÎČρT (4.79)

en dĂ©signant par ÎČ le rapport ÎČ = Pg/P .

4.5 Propriétés physiques du milieu partiellement

ionisé

L’ionisation est un processus trĂšs important en astrophysique, notammentdans le milieu interstellaire, les Ă©toiles, les noyaux de galaxies, etc. . . ..L’ionisation, surtout l’ionisation partielle modifie beaucoup les fonctions ther-modynamiques du milieu, par exemple Cp et Cv.

QUESTION : Pourquoi ?

Dans la littĂ©rature, on Ă©tudie souvent l’ionisation partielle d’un milieu d’hy-drogĂšne pur. Cependant, ce traitement ne fait pas apparaĂźtre une caractĂ©ris-tique essentielle : le couplage des ionisations des divers Ă©lĂ©ments.

ConsidĂ©rons un mĂ©lange d’ H et d’He partiellement ionisĂ©. La thĂ©orie se gĂ©-nĂ©ralise aisĂ©ment au cas oĂč d’autres Ă©lĂ©ments sont aussi partiellement ionisĂ©s.

DĂ©finissons Îœi

Îœi =nombre dâ€Čatomes ou dâ€Čions de lâ€Čelement i

nombre total dâ€Čatomes ou dâ€Čions(4.80)

137

Page 139: 27 septembre 2006 - UNIGE

On aura∑

i Îœi = 1. Soit aussi

Xsi =

nombre dâ€Čatomes i dans lâ€Četat dâ€Čionisation s

nombre dâ€Čatomes ou dâ€Čions i(4.81)

On aura donc pour E

E =∑

i

Îœi

Zi∑

s=0

sXSi (4.82)

On définit aussi

Y Si =

Zi∑

r=s+1

Xri (4.83)

C’est le nombre d’atomes i dans les Ă©tats d’ionisation supĂ©rieurs Ă  s, relati-vement au nombre d’atomes ou d’ions de l’élĂ©ment i. On a

E =∑

i

Zi−1∑

s=0

Îœi Ysi (4.84)

Dans le cas du mélange :

élément 1 : H, H+

élément 2 : He, He+, He++

Les quantités vues ci-dessus deviennent, en rapport de nombres :

X11 = H+

H+H+ X12 = He+

He+He++He++ X22 = He++

He+He++He++

Y 01 = X1

1 Y 02 = X1

2 +X22 Y 1

2 = X22

Pour simplifier l’écriture, nous dĂ©signerons les quantitĂ©s ci-dessus respective-ment par : X1, X2, X3, Y1, Y2, Y3.

Alors,

E =∑

i

Μi Yi = Μ1X1 + Μ2 (X2 +X3) + Μ2X3

= Μ1X1 + Μ2 (X2 + 2X3)

138

Page 140: 27 septembre 2006 - UNIGE

L’équation de Saha nous donne le rapport

X1 Pe(1−X1)Pg

= K1 (4.85)

avec

K1 =(2πme)

3/2 (kT )5/2

ÎČ P h3ω1 e

−I1/kT (4.86)

etω1 = 2

UH+

UH(4.87)

L’équation de Saha ainsi Ă©crite nĂ©glige les effets des interactions Ă©lectrosta-tiques. On a ainsi au total 4 Ă©quations

X1

1−X1

E1+E

= K1

X2

1−X2−X3

E1+E

= K2

X3

X2

E1+E

= K3

Μ1X1 + Μ2 (X2 + 2X3) = E

4 équations coupléesavec X1, X2, X3 et Ecomme inconnues

(4.88)

Les termes Ki sont dĂ©finis de la mĂȘme maniĂšre que K1, avec

I1 = 13.598 eV

I2 = 24.587 eV

I3 = 54.416 eV

et

ω1 = 2U+H

UH= 2 · 1

2= 1

ω2 = 2U+He

UHe= 2 · 2

1= 4

ω3 = 2U++He

U+He

= 2 · 1

2= 1

139

Page 141: 27 septembre 2006 - UNIGE

Ces Ă©quations sont applicables dans les milieux oĂč la pression est faible (p.ex. couches extĂ©rieures des Ă©toiles, milieu interstellaire). En profondeur dansles Ă©toiles, les Ă©lĂ©ments sont complĂštement ionisĂ©s par effets Ă©lectrostatiques(ionisation par effet de pression pour [log T − 0.123 log P ] > 4.09).

Les quatre Ă©quations ci-dessus sont rĂ©solues par une mĂ©thode itĂ©rative ; onsuppose d’abord que seul H contribue Ă  E, etc.

Fonctions thermodynamiques

Le calcul des fonctions thermodynamiques (p.ex. Cp, Cv, ∇ad etc.. . .) de-mande l’expression de P (ρ, T ) et celle de U (P, T ), Ă©nergie interne par unitĂ©de masse. L’énergie interne est la somme de l’énergie cinĂ©tique d’agitationthermique, de l’énergie d’ionisation dans les divers degrĂ©s d’ionisation dechaque Ă©lĂ©ment, et de l’énergie du rayonnement.

U =3

2

kT

”mH

+1

”0mH

∑

i

Îœi

Zi−1∑

s=0

Y si I

si +

a T 4

ρ

=3

2

RT

”+

R

”0 k

∑

i

Îœi

Zi−1∑

s=0

Y si I

si +

3 (1− ÎČ)

ÎČ

RT

”

U =R

”0

[

3

2+

3 (1− ÎČ)

ÎČ

]

(1 + E)T +1

k

∑

i

Îœi

Zi−1∑

s=0

Y si I

si

(4.89)

Les diverses fonctions thermodynamiques du gaz partiellement ionisĂ© ontĂ©tĂ© calculĂ©es par Baker et Kippenhahn (Zeitschrift fĂŒr Astrophysik, 54, 114,1962). En exprimant U (T, P ), on a

Cp =

(

dQ

dT

)

P

=

(

∂ U

∂ T

)

P

− P

ρ2

(

∂ρ

∂T

)

P

(4.90)

Cv =

(

dQ

dT

)

ρ

=

(

∂ U

∂ T

)

ρ

= −(

∂ U

∂ P

)

T

(

∂ P

∂ T

)

ρ

(4.91)

et

Cp =R

”0

[

5

2+

4 (1− ÎČ) (4 + ÎČ)

ÎČ2

]

(1 + E) +∑

i

ÎœiGi

φ2i

(4.92)

140

Page 142: 27 septembre 2006 - UNIGE

avec

φi =5

2+

4 (1− ÎČ)

ÎČ+

IikT

(4.93)

etGi =

1

Yi (1− Yi)+

ÎœiE(1 + E)

(4.94)

L’intĂ©rĂȘt de ces expressions est qu’elles peuvent se gĂ©nĂ©raliser au cas demĂ©langes quelconques. Dans un milieu partiellement ionisĂ©, les chaleurs spĂ©ci-fiques peuvent ĂȘtre multipliĂ©es par plus de 30 par rapport au cas de la matiĂšrenon ionisĂ©e. En effet, durant l’ionisation, un apport de chaleur augmente ledegrĂ© d’ionisation et la tempĂ©rature du milieu varie peu.

On relĂšve aussi que pour un milieu neutre, sans tenir compte de Prad

Cv =3

2

R

”0

(4.95)

tandis que pour un milieu complÚtement ionisé

Cv =3

2

R

”0

(1 + E) (4.96)

Dans le cas de l’H, la chaleur spĂ©cifique du milieu ionisĂ© sera deux fois plusĂ©levĂ©e que celle du milieu neutre.

4.6 Influence de l’état physique du milieu stel-

laire sur les chaleurs spécifiques.

Les exposants adiabatiques.

Rappels et définitions

Dans le cas d’une transformation adiabatique dans un milieu de gaz parfait,on a par unitĂ© de masse (voir chapitre 2)

P V Îł = const.P

ÏÎł= const.

T

ÏÎłâˆ’1= const.

PTÎł

1−γ = const.

141

Page 143: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.8 – Chaleurs spĂ©cifiques.

142

Page 144: 27 septembre 2006 - UNIGE

Dans le cas de transformations adiabatiques pour un milieu ayant une Ă©qua-tion d’état plus gĂ©nĂ©rale on Ă©crira les expressions plus gĂ©nĂ©rales suivantes :

P

ρΓ1= const.

T

ρΓ3−1= const. (4.97)

P TΓ2

1−Γ2 = const. (4.98)

Les Γi sont dĂ©finis par

Γ1 ≡(

d ℓnP

d ℓn ρ

)

ad

Γ3 − 1 ≡(

d ℓn T

d ℓn ρ

)

ad

Γ2

Γ2 − 1=

(

d ℓnP

d ℓn T

)

ad

≡ 1

∇ad

– Ces “gammas” sont trĂšs utiles en structure stellaire, ils interviennentdans de nombreux problĂšmes, p. ex. : Γ2 pour l’instabilitĂ© convective.Γ1 et Γ3 interviennent dans la thĂ©orie des pulsations notamment.

– Remarquons que deux seulement des trois Γi sont indĂ©pendants, on aen effet l’identitĂ©

Γ2

Γ2 − 1=

Γ1

Γ3 − 1(4.99)

– Les Γi, i = 1 a 3 ne sont pas Ă©gaux Ă  Cp/Cv, sauf dans le cas du gazparfait. On aura des expressions de Γi qui dĂ©pendent de l’équationd’état du milieu considĂ©rĂ©.

Quelques relations utiles

Quelques développements utiles sont montrés sur les Figs. 4.11, ?? et ??.

Relations entre les Γi et les chaleurs spĂ©cifiques

ConsidĂ©rons l’énergie interne U = U (T, ρ). La premiĂšre loi de la ther-modynamique donne

ÎŽq = dU + P dV = CvdT +

[(

∂ U

∂ρ

)

T

− P

ρ2

]

dρ (4.100)

oĂč ÎŽq est la chaleur fournie au systĂšme par unitĂ© de masse car

dU = Cv dT +

(

∂ U

∂ ρ

)

T

d ρ (4.101)

143

Page 145: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.9 –

144

Page 146: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.10 –

145

Page 147: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.11 –

146

Page 148: 27 septembre 2006 - UNIGE

Dans le cas d’une transformation adiabatique, on a que l’Eq.(4.100) est Ă©galeĂ  0. Ceci donne

Γ3 − 1 ≡(

d ℓn T

d ℓn ρ

)

ad

=

Pρ− ρ

(∂ U∂ρ

)

T

Cv T(4.102)

On a en outre la relation thermodynamique suivante (rappelée au cours) :(

∂ U

∂ ρ

)

T

=P

ρ2− T

ρ2

(

∂ P

∂ T

)

ρ

(4.103)

Donc

Γ3 − 1 =1

ρCv

(

∂P

∂T

)

ρ

(4.104)

On Ă©crit l’équation d’état sous la forme gĂ©nĂ©rale

d ℓn ρ = α d ℓnP − ÎŽ d ℓn T (4.105)

avec

α =

(

∂ ℓn ρ

∂ ℓnP

)

T

ή = −(

∂ ℓn ρ

∂ ℓn T

)

P

(4.106)

Lorsque ρ est constant, dℓn ρ = 0 et donc(

∂ℓnP

∂ℓn T

)

ρ

=ÎŽ

α

doncΓ3 − 1 =

1

ρCv

P

T

ÎŽ

α

d’oĂč

Cv =PÎŽ

ρ Tα

1

Γ3 − 1(4.107)

On obtient ainsi une relation entre Γ3 − 1 et Cv.

On obtient une relation entre Γ1 et Γ3 en utilisant l’expression gĂ©nĂ©rale pourl’équation d’état. Nous avons

d ℓn ρ = α d ℓnP − ÎŽ d ℓn T (4.108)

147

Page 149: 27 septembre 2006 - UNIGE

d’oĂč

Γ1 =

(

d ℓnP

d ℓn ρ

)

ad

=1

α+Ύ

α

(

d ℓn T

d ℓnρ

)

ad

(4.109)

Γ1 =1

α+Ύ

α(Γ3 − 1) (4.110)

La chaleur spécifique Cp est obtenue par

Γ2−1Γ2≡ ∇ad ≡

(∂ ℓnT∂ ℓnP

)

ad= PÎŽ

Cp ρ T

Cette derniÚre égalité est démontrée au cours. Donc on a

Cp =P ÎŽ

ρ T

Γ2

Γ2 − 1(4.111)

En divisant les expressions pour Cp et Cv, on a

CpCv

=Γ2

Γ2 − 1α (Γ3 − 1) (4.112)

qui devient, en utilisant Γ2

Γ2−1= Γ1

Γ3−1

γ ≡ CpCv

= αΓ1 (4.113)

On vĂ©rifie immĂ©diatement que si ÎŽ = α = 1 on a Γ1 = Γ3 = Γ2 = Îł.

Marche Ă  suivre pour calculer les fonctions thermodynamiques :

Il faut connaĂźtre

P (ρ, T )U(ρ, T )

physique du milieu considere

On cherche en premier α et Ύ

α =

(

∂ ℓn ρ

∂ ℓnP

)

T

ή = −(

∂ ℓn ρ

∂ ℓn T

)

P

Ensuite Cv

Cv =

(

∂ U

∂ T

)

ρ

148

Page 150: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.12 –

L’expression (4.107) nous fournit

Γ3 − 1.

L’expression (4.110) nous fournit

Γ1.

L’expression (4.99) donneΓ2

Γ2 − 1.

La chaleur spĂ©cifique Cp s’obtient par l’expression (4.111). L’équation (4.113)fournit Îł. La Fig. 4.12 rĂ©sume la procĂ©dure

149

Page 151: 27 septembre 2006 - UNIGE

4.7 Chaleurs spécifiques et exposants adiaba-

tiques pour un mélange de gaz parfait et

de rayonnement

Il s’agit de calculer α, ÎŽ, Cv, Γ3 − 1, Γ1, Γ2 /(Γ2 − 1), Cp et Îł enobservant la marche Ă  suivre.

P =1

3a T 4 +

k

”mH

ρ T (4.114)

On a donc

ρ =PkT”mH

− 1

3

a T 3

k”mH

(4.115)

α =

(

∂ ℓn ρ

∂ ℓnP

)

T

=P

ρ

(

∂ ρ

∂ P

)

T

=P

ρ

”mH

kT=

P

Pg≡ 1

ÎČ(4.116)

ή = −(

∂ ℓn ρ

∂ ℓn T

)

P

= − Tρ

(

∂ ρ

∂ T

)

P

(4.117)

ÎŽ =T

ρ

Pk T 2

”mH

+T

ρ

a T 2

k/”mH

=P

Pg+

3PradPg

P

P=

1

ÎČ+

3 (1− ÎČ)

ÎČ=

4

ÎČ−3 (4.118)

α =1

ÎČÎŽ =

4

ÎČ− 3

ÎŽ

α= 4 − 3ÎČ (4.119)

De l’expression de l’énergie interne, (nous dĂ©signons par cv, cp les chaleursspĂ©cifiques du gaz parfait et Îłg = cp/cv)

U = a T 4

ρ+ Cv T

ïžž ïž·ïž· ïžž

cp−cvcp−cv

cv

T = cp−cvcpcv

− 1T = k/”mH

γg − 1T

On tire Cv la chaleur spécifique à V = const du mélange.

Cv =

(

∂ U

∂ T

)

ρ

=4a T 3

ρ+k/”mH

γg − 1(4.120)

150

Page 152: 27 septembre 2006 - UNIGE

QUESTION : Montrer que

Cv =k/”mH

γg − 1

(

ÎČ + 12 (Îłg − 1) (1− ÎČ)

ÎČ

)

(4.121)

Pour un gaz monoatomique Îłg = 5/3.

cv =3

2

k

”mH

(4.122)

Cv = cv8− 7ÎČ

ÎČ(4.123)

On obtient Γ3 − 1 Ă  l’aide de l’équation (4.107)

Γ3 − 1 =P

ρT

Ύ/α

Cv=

(4− 3ÎČ) (Îłg − 1)

ÎČ + 12 (Îłg − 1) (1− Îł) (4.124)

Pour un gaz monoatomique,

Γ3 − 1 =8− 6ÎČ

24− 21ÎČ(4.125)

Par l’Eq. (4.110) Γ1 = 1α

+ Ύα

(Γ3 − 1)

Γ1 = ÎČ +(4− 3ÎČ)2 (Îłg − 1)

ÎČ + 12 (Îłg − 1) (1− ÎČ)(4.126)

Pour un gaz monoatomique,

Γ1 =32− 24ÎČ âˆ’ 3ÎČ2

3 (8− 7ÎČ)(4.127)

Ensuite, on obtient Γ2

Γ2−1= 1

∇ad.

Γ2

Γ2 − 1=

Γ1

Γ3 − 1=

[ÎČ + 12 (Îłg − 1) (1− ÎČ)][

ÎČ + (4−3ÎČ)2 (Îłg−1)ÎČ+12 (Îłg−1) (1−ÎČ)

]

(4− 3ÎČ) (Îłg − 1)

=ÎČ2 + 12ÎČ (Îłg − 1) (1− ÎČ) + (4− 3ÎČ)2 (Îłg − 1)

(4− 3ÎČ) (Îłg − 1)

151

Page 153: 27 septembre 2006 - UNIGE

Pour un gaz monoatomique avec Îłg = 5/3, on a

Γ2

Γ2 − 1=

1

∇ad

=−3ÎČ2 − 24ÎČ + 32

2 (4− 3ÎČ)(4.128)

On vĂ©rifie aisĂ©ment que pour ÎČ â†’ 1 (gaz parfait), Γ1, Γ2, Γ3 tendent versÎłg.

Pour ÎČ â†’ 0 Γ1 = Γ2 = Γ3 = 4/3.

Dans le cas gĂ©nĂ©ral, les Γi ont des valeurs intermĂ©diaires entre 5/3 et 4/3.

Le rapport γ ≡ Cp

Cvdu mĂ©lange s’obtient par l’ Eq.(4.113)

Îł = αΓ1 = 1 +(4− 3ÎČ)2 (Îłg − 1)

ÎČ2 + 12ÎČ (Îłg − 1) (1− ÎČ)(4.129)

et pour un gaz monoatomique, il vaut

Îł =32− 24ÎČ âˆ’ 3ÎČ2

3ÎČ (8− 7ÎČ)(4.130)

Finalement, Cp s’obtient par

Cp = αΓ1Cv (4.131)

On trouve aprĂšs simplification

Cp =1

ÎČ2

k/”mH

γg − 1

[

4 (ÎČ2 + 4 Îłg − 4)− 3ÎČ (− 4 + 4 Îłg + ÎČ Îłg)]

(4.132)

Pour Îł = 53, Cp = k

ÎČ2 ”mH

32

[323− 8ÎČ âˆ’ ÎČ2

]

et si ÎČ = 1, Cp = 52

k”mH

On note que l’augmentation relative de Prad accroĂźt les chaleurs spĂ©cifiques,tandis que les Γi → 4/3 ; c’est un facteur d’instabilitĂ©s stellaires. La Fig. 4.13rĂ©sume les rĂ©sultats obtenus.

152

Page 154: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 4.13 –

153

Page 155: 27 septembre 2006 - UNIGE

Chapitre 5

Les gaz dégénérés

5.1 Généralités

Les fermions, particules de spin demi-entier, obĂ©issent Ă  la statistique deFermi-Dirac. ConsidĂ©rons des fermions dans un certain volume, le Principed’Exclusion nous dit que l’extension en phase de chaque particule satisfaitl’inĂ©galitĂ© suivante

∆3 pi ∆3 qi ≄ h3

Cette expression nous permet dĂ©jĂ  de saisir que si l’on confine fortementles fermions (c.Ă .d. ∆ qi ց), nous aurons, lorsque la limite ci-dessus seraatteinte, des impulsions croissantes ∆ pi ր. Donc des vitesses Ă©levĂ©es et unenouvelle source de pression d’origine non-thermique.

Considérons un milieu ionisé, avec des électrons et des noyaux :

electrons me penoyaux mN pN

L’équipartition de l’énergie implique (cas non relativiste)

p2N

2mN

=p2e

2me

,

d’oĂčpNpe

=(mN

me

)1/2

= A1/2(mH

me

)1/2

154

Page 156: 27 septembre 2006 - UNIGE

Pour une mĂȘme valeur de l’énergie, le domaine des impulsions des noyaux estA3/2 (mH/me)

3/2 plus grand que celui des Ă©lectrons. Ce sont donc les Ă©lectronsqui vont se heurter les premiers au Principe de Pauli, lorsque la densitĂ©augmente dans le milieu. Ce phĂ©nomĂšne dit de dĂ©gĂ©nĂ©rescence intervientdans le cas des neutrons pour ρ ∌ 1014 kg/dm3, et dans le cas des Ă©lectronspour ρ ∌ 10−2 Ă  T = 300 K et pour ρ ∌ 104 Ă  T = 107 K.

Soit N fermions d’énergie totale E, Nr fermions d’énergie Er avec

E =∑

r

Nr Er N =∑

r

Nr

Nr =gr

e−ψ+ErkT + 1

,

gr est le poids statistique des particules d’énergieEr dans le domaine ∆3 pr ∆3 qr.Pour les Ă©lectrons qui ont deux Ă©tats de spin, gr vaut

gr =2

h3∆3 pr ∆3 qr

(Pour des neutrinos dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, ce qui survient lors d’explosions de superno-vae, le facteur numĂ©rique est 1). En passant Ă  la limite pour une distributioncontinue et isotrope des Ă©nergies cinĂ©tiques, on a pour le nombre de particulespar unitĂ© de volume spatial

n(p) d3 p =8π p2 dp

h3

1

e−ψ+ EkT + 1

ïžž ïž·ïž· ïžž

q (ψ, E/kT )

q(ψ, E/kT ) est le taux d’occupation des cellules.

Remarques :

1. Un gaz non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© est un gaz pour lequel q â‰Ș 1, pour toute valeurde E/kT . Cela signifie donc que ψ â‰Ș −1. Dans ce cas

q ≃ eψ · e−E/kT

et la distribution est donnĂ©e par la loi de Maxwell–Boltzmann.

155

Page 157: 27 septembre 2006 - UNIGE

2. Un gaz complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© est un gaz pour lequel ψ → ∞. Pourles Ă©nergies infĂ©rieures Ă  une certaine valeur EF , Ă©nergie de Fermi, ona q = 1. Au-dessus on a q = 0. Notons que si toutes les cellules del’espace de phase sont occupĂ©es par deux particules

n(p) d3 p =8π p2 dp

h3

3. q = 12

pour EkT

= ψ

4. MĂȘme pour T = 0, les particules ont des vitesses non nulles.

5.2 Gaz partiellement dégénéré

Entre l’état de gaz parfait et celui de gaz complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© d’élec-trons, il y a une suite continue d’états partiellement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s. Cherchonsles expressions de P (ρ, T ) et de l’énergie interne. On a pour la concentrationĂ©lectronique

ne =∫ ∫ ∫

n(p) d3p =8π

h3

∫ ∞

0

p2 dp

e−ψ+ EkT + 1

La densitĂ© ρ est ρ = ”emH ne et la pression (cf. chapitre I),

P =1

3

∫ ∫ ∫

n(p) p v d3 p

en se souvenant que n(p) d3 p est la concentration spatiale, on a

P =8π

3h3

∫ ∞

0v

p3 dp

e−ψ+ EkT + 1

et pour la densitĂ© d’énergie

u =∫ ∞

0E n(p) d3 p =

8π

h3

∫ ∞

0

E p2 dp

e−ψ+ EkT + 1

,

oĂč E est l’énergie cinĂ©tique de translation. Pour des densitĂ©s croissantes Ă T = const., un gaz passera par les stades de : gaz parfait - partiellement

156

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dégénéré - complÚtement dégénéré non relativiste - complÚtement dégénérépartiellement relativiste - complÚtement dégénéré relativiste.

Gaz partiellement dégénéré non relativiste

Dans ce cas E = p2

2me. Posons x = E

kT= p2

2mekT.

ne =8π

h3

(2me kT )3/2

2

∫ ∞

0

x1/2dx

e−ψ+x + 1

=4π

h3(2me kT )3/2 F1/2(ψ)

Les intégrales de Fermi sont définies par

Fn(ψ) =∫ ∞

0

xn dx

e−ψ+x + 1

Ces intégrales sont tabulées pour F1/2, F3/2. Il existe également des déve-loppements en série dans plusieurs cas intéressants. Réf. : Cox and GiuliPrinciples of stellar structure, p. 1143.

La pression devient, en notant que

v =p

me

P =8π

3h3me

∫ ∞

0

p4 dp

e−ψ+E/kT + 1=

8π

3h3kT (2me kT )3/2

∫ ∞

0

x3/2 dx

e−ψ+x + 1ïžž ïž·ïž· ïžž

F3/2(ψ)

L’équation d’état est donc dĂ©finie par les deux Ă©quations paramĂ©triques

P = 8π3h3 (2me kT )3/2 kT F3/2(ψ)

ρ = 4πh3 (2me kT )3/2 ”emH F1/2 (ψ)

157

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Cas de dĂ©gĂ©nerescence trĂšs faible (ψ â‰Ș −1)

Fn (ψ) −→ eψ∫ ∞

0e−xxn dx

L’intĂ©grale∫ ∞

0xn e−ax dx =

Γ(n+ 1)

an+1

La fonction gamma jouit de diverses propriétés

Γ(n+ 1) = nΓ(n)

Γ(1.5) =

√π

2donc F1/2(ψ) =

√π eψ

2

Γ(2.5) =3

4

√π F3/2(ψ) =

3

4

√π eψ

On a alorsP =

8π

3h3(2me kT )3/2 kT

3

4

√π eψ

ρ =4π

h3(2me kT )3/2 ”e mH

√π

2eψ

Dans ce cas, on calcule aisĂ©ment ψ fonction de (ρ, T ) et on vĂ©rifie que lapression Ă©lectronique suit la loi des gaz parfaits

P

ρ=

kT

”emH

Cas de dĂ©gĂ©nerescence trĂšs forte (ψ ≫ 1)

Les fonctions de Fermi deviennent

Fn(ψ) =∫ ψ

0xn dx =

ψn+1

n+ 1

158

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QUESTION :Pourquoi la limite supĂ©rieure d’intĂ©gration est-elleprise Ă©gale Ă  ψ ?

QUESTION :Montrer que dans ce cas, l’équation d’état devient

P = K1 (ρ

”e)5/3

et trouver K1

Remarque :

On peut Ă©galement obtenir les expressions de la densitĂ© d’énergie interne,et vĂ©rifier P = 2

3u.

5.3 Gaz complÚtement dégénérés

Lorsque ρ augmente, le gaz devient complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© N.R., puis lavitesse des Ă©lectrons tendant vers c, on a le cas complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© rela-tiviste. Dans les deux cas limites, l’équation d’état se dĂ©rive trĂšs facilement.

Gaz complÚtement dégénéré N.R.

Il suffit de prendreq (ψ, E/kT ) = 1

jusqu’à pF et zĂ©ro au-dessus. On a

ne =8π

h3

∫ pF

0p2 dp =

8π

3h3p3F

etρ

”e=

8π

3

mH

h3p3F

On utilisera cette expression pour obtenir pF Ă  ρ donnĂ©. La pression devient

P =8π

3h3

∫ pF

0

p

me

p3 dp =8π

15h3

p5F

me

En Ă©liminant pF , on a

P = K1

(

ρ

”e

)5/3

159

Page 161: 27 septembre 2006 - UNIGE

avec

K1 =8π

15h3me

(

3h3

8πmH

)5/3

= 1.004 · 1013 CGS

La pression n’est fonction que de ρ, elle est indĂ©pendante de T . Elle est doncidentique Ă  0 K et Ă  des valeurs plus Ă©levĂ©es de T , tant que kT â‰Ș EF .

QUESTION :VĂ©rifier que P = 23u dans ce cas.

Gaz complÚtement dégénéré relativiste

Dans ce cas, v → c. ne et ρ/”e sont donnĂ©s par les mĂȘmes expressionsque dans le cas N.R. Pour la pression, on a

P =8π

3h3

∫ pF

0c p3 dp =

2π c

3h3p4F

et

P = K2

(

ρ

”e

)4/3

avec

K2 =hc

8mH

(3

πmH

)1/3

Dans le cas relativiste une augmentation de 1% de la densitĂ©, produit uneaugmentation de 4/3% de la pression, alors que dans le cas non relativiste,cela produit une augmentation de 5/3% de la pression. Pourquoi dans le casrelativiste, l’augmentation relative de pression est-elle plus faible ? Physique-ment cela rĂ©sulte du fait que lorsque les vitesses sont bien infĂ©rieures Ă  c,une augmentation de l’énergie des Ă©lectrons se traduit presqu’exclusivementen terme d’augmentation de la vitesse et donc de la pression. Dans le casrelativiste, une augmentation de l’énergie implique Ă©galement une augmenta-tion de l’inertie. La vitesse elle n’augmentant quasiment plus. Cela diminuel’augmentation relative de pression. Pour l’énergie interne u,

u =8π

h3

∫ ∞

0E p2 dp =

8π c

h3

p4F

4avec E = pc

Dans ce cas, on a P = 13u.

160

Page 162: 27 septembre 2006 - UNIGE

Remarque

L’énergie totale d’une particule relativiste est donnĂ©e par

ET =(

(m0c2)2 + (pc)2

)1/2

avec m0 la masse au repos. La Fig. 5.1 donne un moyen mnémotechnique dese souvenir de cette relation.

m c

p cE

E

T

cin

0

2

Fig. 5.1 –

QUESTION :Montrer que E = Ecin = (γ − 1)m0c2. Utiliser la

définition de γ =(

1− v2

c2

)−1/2et le fait que p = γm0v.

Lorsque v → c, γ >> 1 donc E → γm0c2, p→ γm0c, donc p = E/c.

Gaz complÚtement dégénéré partiellement relativiste

Examinons le cas intermédiaire entre les deux cas précédents.

QUESTION :Montrer que

v =p/mo

(

1 +(

pm0c

)2)1/2

La pression vaut

P =8π

3h3

∫ (p/m0) p3 dp

(

1 +(

pm0 c

)2)1/2

q(

ψE

kT

)

= 1

161

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En substituant sinh ϑ = pm0 c

on obtient

P =8π

3h3m4

0 c5∫ ϑF

0

sinh4 ϑ cosh ϑ dϑ

(1 + sinh2 ϑ)1/2

ïžž ïž·ïž· ïžž

cosh ϑ

On a par partie

∫ ϑF

0sinh4 ϑ dϑ =

1

4sinh3 ϑF cosh ϑF −

3

16sinh 2ϑF +

3

8ϑF

En posant x = sinh ϑF = pF /m0c, on a

8∫ ϑF

0sinh4 ϑ dϑ = x (x2 + 1)1/2 (2x2 − 3) + 3 ℓ n (x+

√1 + x2)

et finalement

P =πm4

0 c5

3h3f(x)

avecf(x) = x(x2 + 1)1/2 (2x2 − 3) + 3 ln (x+

√1 + x2)

ïžž ïž·ïž· ïžž

sinh−1 x

La densitĂ© s’écrit toujours de la mĂȘme façon

ρ =8π

3”emH

(m0 c

h

)3

x3

Ces deux relations nous fournissent les équations paramétriques du gaz com-plÚtement dégénéré partiellement relativiste. On retrouve les deux cas limites.

Cas N.R. (x â‰Ș 1)

Le terme en ln dominef(x) → 8

5x5

et on retrouve

P = K1

(

ρ

”e

)5/3

Cas R. (x ≫ 1)

162

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f(x) = 2x4

Nous avons donc trouvĂ© l’équation des gaz dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s dans les divers caspossible. La principale caractĂ©ristique est la disparition de T de l’équationdes gaz complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s.

Remarque

Des approximations analytiques simples et précises (à 0.1%) des intégralesde Fermi ont été établies par Eggleton et al., 1973, Astron. Astrophys. 23,35.

QUESTION : A quelle tempĂ©rature faut-il chauffer une barrede fer pour lever la dĂ©gĂ©nĂ©rescence du gaz Ă©lectronique ? Supposerla densitĂ© inchangĂ©e ρ ≃ 7 kg/dm3.

5.4 Conséquences remarquables de la loi des

gaz dégénérés

Il vaut la peine de relever quelques conséquences trÚs importantes de laloi des gaz dégénérés.

RĂ©acteur stellaire stable ou explosif

Pourquoi le Soleil n’explose-t-il pas d’un seul coup, tout le combustible nu-clĂ©aire Ă©tant disponible ?

Nous avons vu au chapitre 3 que, Ă  masse et composition donnĂ©es, c’estl’opacitĂ© Îș qui dĂ©termine L. Les rĂ©actions nuclĂ©aires s’ajustent afin de com-penser ces pertes en surface. Cela est possible dans le cas du gaz parfait, oĂčP = P (ρ, T ).

Cas P = P (ρ, T )

– Supposons un excĂšs d’énergie ÎŽQ produit au centre de l’étoile.– T augmente.– Cela entraĂźne une expansion due au couplage P (ρ, T )

163

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– Il y a augmentation d’énergie potentielle et par consĂ©quent baisse d’éner-gie interne (Th. du Viriel). Donc T diminue.

– Diminution du taux des rĂ©actions nuclĂ©aires, et baisse de ÎŽQ

A l’inverse, si il y a un dĂ©faut d’énergie, les rĂ©actions nuclĂ©aires s’ajustentĂ©galement.

Le systĂšme est auto-contrĂŽlĂ©. Les rĂ©actions nuclĂ©aires sont stablesdans une Ă©toile oĂč prĂ©vaut la loi du gaz parfait.

Cas P = P (ρ)

– Supposons Ă©galement un excĂšs Ă©nergĂ©tique central.– T augmente.– PAS D’EXPANSION, car P est indĂ©pendant de T .– Le taux de production nuclĂ©aire augmente.– Donc ÎŽQ > 0 ⇒ ÎŽQ≫ 0

Pas d’auto-contrĂŽle : emballement, EXPLOSION. Les rĂ©actions nu-clĂ©aires sont explosives dans un milieu dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©.

Exemples :

- Supernovae dites de type I1/2, rĂ©sultant de la dĂ©tonation du carbone enmilieu dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© (Ă©toile de 7 − 8M⊙).

- Novae : systĂšme binaire formĂ© d’une gĂ©ante et d’une naine blanche. L’ac-crĂ©tion d’H sur la naine blanche provoque un phĂ©nomĂšne Ă©ruptif, quipeut ĂȘtre rĂ©current.

- γ–bursts, sursauts Îł : mĂȘme phĂ©nomĂšne que pour les novae, mais rĂ©sultantde l’accrĂ©tion sur une Ă©toile Ă  neutrons.

Contraction stellaire

On montre (voir cours de structure interne) que la contraction d’une sphĂšrede gaz parfait produit un Ă©chauffement de celle-ci, accompagnĂ© par l’émissionde rayonnement.

L’absence de couplage entre P et T fait que la compression d’une sphĂšrede gaz dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© peut provoquer, suivant le domaine considĂ©rĂ©, aussi bien un

164

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refroidissement1 qu’un Ă©chauffement.

Relation masse–rayon pour des astres dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s

Dans une Ă©toile en Ă©quilibre, l’expression de l’équilibre hydrostatique

dP

dr= −ρ g = −ρ GMr

r2

conduit en toute gĂ©nĂ©ralitĂ© Ă  une expression de la pression moyenne de laforme (voir cours d’introduction)

P ≃ GM2

R4

Pour un astre dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, P = K1 ( ρ”e

)5/3, d’oĂč

GM2

R4≃ K1

45/3 ”5/3e

M5/3

R5

On a doncR · M1/3 ≃ const

Pour des masses M plus grandes, on a des rayons R plus petits.

QUESTION :En utilisant l’expression ci-dessus, montrer quepour une masse M donnĂ©e on a

RN. bl.

R∗ a neutrons≃ mneutron

melectron

Il y aura Ă©videmment une limite supĂ©rieure Ă  la masse des astres dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s.Naines blanches : Masse de Chandrasekhar MCh ≃ 1.4M⊙

Etoiles à neutrons : Masse de Oppenheimer-Volkoff MOV ≃ 2M⊙

La valeur exacte dĂ©pend du potentiel nuclĂ©aire Ă  trĂšs courte distance.1Dans ce cas, ceci peut s’expliquer de la maniĂšre suivante : la nĂ©cessitĂ© pour les Ă©lectrons

d’occuper des cellules dans l’espace de phase d’énergie toujours plus Ă©levĂ©e lorsque la den-sitĂ© augmente implique de tirer l’énergie nĂ©cessaire d’un rĂ©servoire. Il y a refroidissementlorsque ce rĂ©servoire est l’énergie thermique des ions.

165

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Fig. 5.2 – Relation entre la densitĂ© de la matiĂšre et sa rĂ©sistance Ă  la com-pression pour des naines blanches (augmentation relative de la pression).TirĂ© de “Trous noirs et distortions du temps” de Kip S. Thorne, Champs,Flammarion.

5.5 Effets Ă©lectrostatiques

Dans le cas des densitĂ©s voisines de celle de la matiĂšre terrestre ordi-naire, on ne peut nĂ©gliger les interactions coulombiennes entre particuleschargĂ©es. L’un des cas extrĂȘmes est celui de la cristallisation. Il importe doncd’examiner dans quelle mesure les interactions Ă©lectrostatiques modifient lespropriĂ©tĂ©s des milieux astrophysiques. Les effets sont de divers types :

1. La pression sera différente de celle des cas idéaux, gaz parfait ou gazdégénéré.

2. Les propriĂ©tĂ©s des niveaux atomiques sont modifiĂ©es, en particulier lespotentiels d’ionisation.

3. Les propriétés des réactions nucléaires sont influencées.

4. Le transport d’énergie par les Ă©lectrons libres peut ĂȘtre important(conduction).

166

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Fig. 5.3 – Relation masse-rayon pour des naines blanches telle que calculĂ©epar Chandrasekhar. TirĂ© de “Trous noirs et distortions du temps” de Kip S.Thorne, Champs, Flammarion.

Nous commencerons par effectuer quelques rappels sur une notion vue enphysique du solide, le rayon de Debye-HĂŒckel.

Le rayon de Debye-HĂŒckel

ConsidĂ©rons un ion de charge Zi entourĂ© d’un nuage d’électrons. Le potentielφ obĂ©it Ă  l’équation de Poisson,

∇2φ = −4πρe

ρe est la densitĂ© de charge au point considĂ©rĂ©.

167

Page 169: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 5.4 – A droite de la courbe la gravitĂ© l’emporte sur la pression dedĂ©gĂ©nĂ©rescence et l’étoile se contracte. A gauche de la courbe, la pression dedĂ©gĂ©nĂ©rescence l’emporte sur la gravitĂ© et l’étoile se dilate. Lorsque les rĂ©gionscentrales d’une Ă©toile se contracte elle le fait le long des courbes en traits-tirets. En dessous d’une certaine masse, la contraction s’arrĂȘte sur la courbe,au-dessus d’une ceratine masse limite appelĂ©e masse de Chandrasekhar, lacontraction n’est plus stoppĂ©e par la pression de dĂ©gĂ©nĂ©rescence des Ă©lectrons.TirĂ© de “Trous noirs et distortions du temps” de Kip S. Thorne, Champs,Flammarion.

En présence du potentiel dû aux autres ions, la concentration des ions ni est

ni = n0i e−Zi e φ/kT

n0i est la concentration en l’absence de perturbation, pour φ = 0.

C’est la loi de Boltzmann, applicable si on considĂšre les ions comme indĂ©-pendants. De mĂȘme pour les Ă©lectrons, on a

Z = −1 ne = n0e e+eφ/kT

ne > n0e

ni < n0i= les electrons sont attires par les ions

En développant au 1er ordre

168

Page 170: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 5.5 – Cette figure illustre le mĂȘme effet que celui montrĂ© Ă  la Fig. 5.4.Si l’exposant adiabatique Γ1 restait toujours Ă©gal Ă  5/3, comme dans le cascomplĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© non relativiste, la realtion entre masse et circonfĂ©-rence suivrait la ligne en pointillĂ©s. TirĂ© de “Trous noirs et distortions dutemps” de Kip S. Thorne, Champs, Flammarion.

ni = n0i

(

1− Zie φ

kT

)

ne = n0e

(

1 +eφ

kT

)

La densité de charge est

ρe =∑

i

ni Zi e− ne e

elle devient

169

Page 171: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 5.6 – Relation masse rayon pour des astres complĂštement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©sĂ  tempĂ©rature nulle. La composition considĂ©rĂ©e est indiquĂ©e. Les lignes entraitillĂ©s correspondent aux courbes de Chandrasekhar pour ”e = 2 et ” =2.15 (de gauche Ă  droite). Noter que plus lourds sont les noyaux, plus petit estle rayon de l’astre Ă  masse donnĂ©e. Les positions de quelques naines blanchessont indiquĂ©es.

ρe =∑

i

n0i Zie− n0ee

ïžž ïž·ïž· ïžž

= 0 neutralite en lâ€Čabsence de champ perturbateur

−∑

i

n0i Z2i e

2 φ

kT

−n0e e2 φ

kT

On peut Ă©crire

ρe =−φ e2kT

χn

avec n =∑

i n0i+n0e, le nombre total de particules par unité de volume sansfluctuations

170

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etχ =

∑

i

n0i

nZi(Zi + 1)

la charge effective. On a utilisé le fait que la matiÚre non perturbée est neutren0i Zi = n0e.

Avec

n0i = NAVρXi

Aiet n = NAV

ρ

”

χ = ”∑

i

Xi

AiZi(Zi + 1) ≡ ” ζ

Introduisons ρE dans l’équation de Poisson en supposant la symĂ©trie sphĂ©-rique.

1

r

d2(rφ)

dr2=

4π e2

kTnχφ ≡ φ

r2D

Rayon de Debye-HĂŒckel

rD =

√

kT

4π e2nχ

L’équation peut aussi s’écrire

1

2

d

d(rφ)

[

d(rφ)

dr

]2

=rφ

r2D

En effet

1

22 · d(rφ)

d r

d2(rφ)

d(rφ) dr=rφ

r2D

Intégrons

1

2d

[

d(rφ)

dr

]2

=rφ

r2D

d(rφ)

donc

171

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d(rφ)

dr= ±rφ

rD+ const

Choisissons le signe - , et avec φ = 0 pour r →∞, const = 0.

Intégrons une deuxiÚme fois

ln(rφ) = − r

rD+ constâ€Č

On trouve

φ = constâ€Če−r/rD

r.

Si rD →∞, on doit retrouver le potentiel d’une charge isolĂ©e Ze

r, par consé-

quent constâ€Č = Ze.

Le potentiel de la charge Ze avec effet d’écran est donc

φ =Ze

re−r/rD .

Le potentiel avec Ă©cran dĂ©croĂźt plus rapidement que le potentiel de la chargeisolĂ©e.Le rayon de Debye rD est le rayon pour lequel l’effet d’écran rĂ©duit le potentield’un facteur e par rapport au potentiel de la charge isolĂ©e.

Remarque :

Dans le systĂšme d’unitĂ©s choisi, on a

e2 = 23.07 · 10−20cm · erg.

Effets Ă©lectrostatiques sur la pression du gaz

Considérons les corrections apportées par les effets électrostatiques à la pres-sion du gaz parfait. Nous supposons le gaz de faible densité et de température

172

Page 174: 27 septembre 2006 - UNIGE

suffisamment Ă©levĂ©e pour que les dĂ©veloppements de la thĂ©orie de Debye-HĂŒckel soient valables. Le potentiel avec Ă©cran est donc

φ =Ze

re− r

rD ≃ Ze

r− Ze

rD,

pour des conditions telles que rD ≫ r. Le deuxiĂšme terme est le potentielau voisinage de la charge Ze dĂ» Ă  l’interaction de cette charge avec toutesles autres du milieu. L’énergie potentielle de la charge Ze due Ă  l’interactionĂ©lectrostatique avec toutes les autres charges est donc

EES = −Z2 e2

rDOn ne s’intĂ©resse qu’à l’énergie due Ă  l’effet d’écran, i.e. due aux Ă©carts Ă  laneutralitĂ©. Cette Ă©nergie tend vers 0 lorsque T →∞.

On note que EES est nĂ©gative quel que soit le signe de la charge Ze (Zserait Ă©gal Ă  moins 1 pour un Ă©lectron). Ce fait peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© commesuit : considĂ©rons par exemple, une particule de charge Ze dans le plasma.Aussi longtemps que la tempĂ©rature du plasma n’est pas infinie et que la den-sitĂ© n’est pas nulle (i.e que rD n’est pas infini), cette charge va polariser sonvoisinage immĂ©diat, produisant un excĂšs de charges de signe opposĂ© autourd’elle (la sphĂšre de Debye). Le rayon de ce nuage de charges vaut approxima-tivement rD et la charge Ă©lectrique totale Ă  l’intĂ©rieur du nuage lui–mĂȘme (enne comptant pas la charge de la particule Ze) est approximativement −Ze.La charge Ze et son nuage de charge ∌ −Ze forment un systĂšme liĂ© quasineutre, avec une Ă©nergie nĂ©gative, puisqu’il faudrait fournir de l’énergie pourles sĂ©parer. D’oĂč le fait que toute charge, indĂ©pendamment de son signe, est“liĂ©e” Ă  son nuage de nuage et donc au plasma dans son ensemble. “L’énergiede liaison” de la charge Ze est, selon ce modĂšle, la mĂȘme que celle de deuxcharges ponctuelles de charge +Ze et −Ze sĂ©parĂ©es d’une distance rD.

Cette Ă©nergie interne nĂ©gative va rĂ©duire la pression dans le milieu. Soitni la concentration des ions de type i et de charge Zi. La densitĂ© d’énergietotale de l’interaction Ă©lectrostatique est alors

uES = −1

2

e2

rD

∑

i

ni Z2i

Le facteur 1/2 tient compte du fait que l’énergie d’interaction Ă©lectrostatiquede chaque particule a Ă©tĂ© comptĂ©e deux fois dans la sommation. La pressiondue Ă  l’interaction Ă©lectrostatique est donc

173

Page 175: 27 septembre 2006 - UNIGE

PES =1

3uES,

car l’interaction se propage à la vitesse c.

PES = −1

3

e2 · e√4πnχ

(kT )1/2 2

∑

i

Z2i ni

ïžž ïž·ïž· ïžž

≃nχ

= −1

3e3(π

kT

)1/2

(nχ)3/2.

Notons que

nχ =ρ

”mH

” ζ =ρζ

mH

et

PES = −e3

3

(π

kT

)1/2(

ζρ

mH

)3/2

oĂč

ζ =∑

i

Xi

AiZi(Zi + 1)

La pression Ă©lectrostatique est nĂ©gative. Cela exprime le fait que lors d’unecompression, les charges fournissent du travail plutĂŽt qu’elles en absorbent.

La pression totale

Ptot = Pgas + Prad + PES + . . .

est réduite par les interactions électrostatiques. Numériquement on a

PES = −0.032ρ1/2

T3/26

” ζ

avec ρ en g/cm3 et T6 = T106 K.

Dans le Soleil

174

Page 176: 27 septembre 2006 - UNIGE

PESPgas

= −0.015

Le rapport ρ/T 3 variant peu Ă  l’intĂ©rieur d’une Ă©toile, l’effet relatif des cor-rections Ă©lectrostatiques change peu avec la profondeur. Les dĂ©veloppementsci-dessus sont corrects tant que (PES) /Pgas â‰Ș 1. Pour une compositionstandard (X = 0.73, Z = 0.02), on vĂ©rifie que cela correspond

T ≫ 1.37 · 105 ρ1/3

QUESTION :Montrer que

PESPG.P.

∌ 1

”1/2M.

Utiliser les relations ρ ∌M/R3 et T ∌ ”M/R.

L’effet des corrections Ă©lectrostatiques est important dans les Ă©toiles de sĂ©-quence principale ayant une petite masse.

QUESTION :Montrer que le lieu des points dans le plan (T, ρ)oĂč PG.P. = PES satifait la relation

T = 1.37 · 105ρ1/3.

Diminution du potentiel d’ionisation

Nous avons vu plus haut que l’ion et son nuage Ă©lectronique forment unsystĂšme liĂ©. L’énergie d’un Ă©lectron “libre” dans le nuage sera

EES = − e2

rD,

d’aprĂšs l’expression vue plus haut. On voit que l’énergie du continu est abais-sĂ©e au-dessous de la valeur zĂ©ro. Il ne sera donc pas nĂ©cessaire de fournirautant d’énergie pour produire une ionisation.Un autre effet intervient aussi : la modification des niveaux liĂ©s, car le po-tentiel n’est pas strictement en 1/r. Un Ă©lectron liĂ© Ă  un noyau de charge Zese dĂ©place dans un potentiel

175

Page 177: 27 septembre 2006 - UNIGE

V ≃ Ze

r− (Z − 1) e

rDr â‰Ș rD

Le deuxiĂšme terme est le potentiel au voisinage du ion de charge rĂ©sultanteZ − 1 dĂ» Ă  l’interaction de cette charge avec toutes les autres charges dumilieu. L’énergie du niveau considĂ©rĂ© (ici le fondamental) est donc

E = −Ze2

r+

(Z − 1) e2

rD

On voit que l’énergie du niveau liĂ© est Ă©levĂ©e d’une quantitĂ© (Z − 1) e2/rD,tandis que l’énergie du continu est abaissĂ©e Ă  −e2/rD. Le potentiel effectifd’ionisation rĂ©sultant de ces deux effets devient

Ieff = I0 −Ze2

rD

I0 est le potentiel théorique.

L’ionisation est ainsi facilitĂ©e lorsque le gaz devient moins parfait du fait del’augmentation de densitĂ©.

Les niveaux excitĂ©s sont aussi dĂ©placĂ©s vers des Ă©nergies plus Ă©levĂ©es et cer-tains des niveaux liĂ©s en laboratoire se trouvent dans le continu. Cela permetde simplifier le calcul des fonctions de partition : on n’a plus alors une som-mation sur une sĂ©rie infinie. Souvent les fonctions de partition peuvent ĂȘtreestimĂ©es par la sommation de seulement quelques termes. Les modificationsdes potentiels d’ionisation et des diffĂ©rents niveaux excitĂ©s (de maniĂšre diffĂ©-rente du fondamental) interviennent de façon trĂšs importante dans le calculdes opacitĂ©s radiatives.

Lorsque la densitĂ© d’un milieu est Ă©levĂ©e, le rayon de Debye rD diminue, cequi rĂ©duit le potentiel d’ionisation effectif. A tempĂ©rature donnĂ©e, au-delĂ d’une certaine densitĂ©, un Ă©lement peut ĂȘtre ionisĂ© par effet de pression.

QUESTION :Calculer la relation ρ(T ) donnant la limite en den-sitĂ© pour laquelle l’hydrogĂšne est complĂštement ionisĂ© par effet depression. (Calcul approximatif). Prendre une Ă©nergie d’ionisation

176

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Fig. 5.7 – Effet des inetractions Ă©lectrostatiques sur les niveaux Ă©lectroniquesdes atomes.

de 13.6 eV. Ne pas tenir compte du déplacement en énergie desniveaux électroniques.

Effets électrostatiques dans les milieux dégénérés, cristallisation

Nous avons vu que lorsque la densitĂ© d’un gaz parfait augmente, l’effet relatifde l’interaction coulombienne augmente et le gaz devient moins parfait.

Pour un gaz dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, la situation est inverse : le gaz dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© devient plusidĂ©al (c.Ă .d. que ses propriĂ©tĂ©s correspondent mieux Ă  celles d’une distribu-tion de Fermi), lorsque la densitĂ© augmente. En effet, l’énergie significativeest l’énergie de Fermi EF et non pas kT . Or, l’énergie de Fermi croĂźt plusrapidement avec la densitĂ© que l’énergie Ă©lectrostatique. En effet l’énergie deFermi croĂźt comme ρ2/3 (utiliser EF = p2

F/(2me) et la relation entre pF et ρ).L’énergie Ă©lectrostatique liĂ©e aux interactions est Ze2/rD, comme rD ∌ 1/

√ρ,

on a que EES ∌√ρ. Donc EF croĂźt plus vite que EES. Par consĂ©quent aux

trĂšs hautes densitĂ©s, il n’y a pas d’effets Ă©lectrostatiques, tandis qu’il y en a

177

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aux basses densitĂ©s. L’inverse est vrai dans le cas du gaz parfait.

Dans un milieu dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, seul le gaz Ă©lectronique est dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ; les ions nele sont pas. La cristallisation se produit lorsque l’énergie coulombienne l’em-porte sur l’agitation thermique des ions : ceux-ci sont alors tenus aux maillesd’un rĂ©seau par les forces rĂ©pulsives entre noyaux (cas des intĂ©rieurs de nainesblanches en voie de refroidissement).

Des effets de cristallisation peuvent aussi se produire dans les Ă©toiles Ă  neu-trons, lorsque les interactions nuclĂ©aires l’emportent sur l’énergie du milieuidĂ©al de neutrons dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s. Comme indiquĂ© plus haut, ces effets dĂ©pendentbeaucoup du potentiel nuclĂ©aire Ă  trĂšs courte distance.

5.6 Les Ă©tats de la matiĂšre dans le plan log T

vs. log ρ

L’équation d’état physique change suivant la rĂ©gion du plan considĂ©rĂ©e.En un point du plan, on a en gĂ©nĂ©ral la contribution de plusieurs effets, p.ex. pour le Soleil Ptot = Pgaz (parfait ou deg.) + Prad + Pelectr. + . . .

En gĂ©nĂ©ral cependant, l’un des effets domine.

Zone du gaz parfait et de la pression de radiation

Le Soleil est situĂ© dans une rĂ©gion de ce plan oĂč la pression du gaz parfaitdomine. Du centre au bord, diverses limites d’ionisation et de dissociationmolĂ©culaire sont traversĂ©es (notĂ©es pour H, p. ex.). Pour des T plus Ă©levĂ©eset des densitĂ©s faibles, Prad domine. Le lieu oĂč Pgaz = Prad est donnĂ© par

k

”mH

ρT =1

3a T 4,

c’est-à-dire

T =

(

3k

”mHa

)1/3

ρ1/3

Lorsque l’énergie des photons E = hÎœ = kT est supĂ©rieure Ă  l’énergie deseuil de l’électron de 0.51 MeV, on a

Îł + Îł e+ + e− T = 5.9 · 109K

178

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Remarque

De fait, cette rĂ©action s’amorce Ă  des tempĂ©ratures nettement infĂ©rieures Ă la tempĂ©rature de seuil, Ă  cause de la distribution d’énergie des photons.

Lorsque les photons et les Ă©lectrons en Ă©quilibre ont une Ă©nergie supĂ©rieure Ă celle correspondant Ă  la diffĂ©rence de masse entre neutrons et protons, on al’équilibre

p+ e− n+ Îœ

pour

E ≃ (mN −mP ) c2 = 939.55− 938.26

= 1.29 MeV

soit T ≃ 1.5 · 1010K

Zone des milieux dégénérés (domaine typique des naines blanches)

Le lieu oĂč Pgaz = Pdeg est donnĂ©e par

k

”mH

ρT = K1

(

ρ

”e

)5/3

c’est-à-dire

T = K1”mH

k

ρ2/3

”5/3e

On remarquera bien que la pente de cette limite est 2/3 dans le diagrammelog T vs. log ρ. Ce fait a des consĂ©quences capitales pour l’évolution stellaire.

La matiĂšre de notre environnement terrestre se trouve gĂ©nĂ©ralement dans lazone dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e N.R. ou partiellement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e. Aux basses tempĂ©ratures,les effets Ă©lectrostatiques l’emportent et il y a cristallisation.

Aux densitĂ©s trĂšs Ă©levĂ©es, la dĂ©gĂ©nĂ©rescence devient relativiste. Le lieu oĂčPdeg. N.R. = Pdeg. R est dĂ©fini par

K1

(

ρ

”e

)5/3

= K2

(

ρ

”e

)4/3

Pour ”e = 2, ce lieu est dĂ©fini par log ρ ≃ 6.6.

179

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Lorsque l’énergie de Fermi des Ă©lectrons est supĂ©rieure Ă  la diffĂ©rence (mN −mP ) c2 = 1.29MeV , on a la rĂ©action de neutronisation

p+ e− → n+ Îœ

C’est la rĂ©action inverse de la dĂ©sintĂ©gration ÎČ

n → p+ e− + Îœ

La neutronisation est due au fait que l’état “liĂ©â€ neutron a une Ă©nergie in-fĂ©rieure Ă  l’état p + e−, lorsque l’e− a une trĂšs grande Ă©nergie cinĂ©tique. Ceprocessus se produit dans les Ă©toiles Ă  neutrons, pour des noyaux trĂšs richesen n. L’électron relativiste doit avoir une impulsion

pF =1.29MeV

c=

1.29 · 1.602 · 10−6

3 · 1010= 6.89 · 1017 C G S

Cela se produit pour une densité

ρ = ”e8π

3

mH

h3p3F =

16π

3

1.67 · 10−24 (6.89 · 10−17)3

(6.626 · 10−27)3

= 3.15 · 107g/cm3

BrÚves remarques sur les densités trÚs élevées

Entre les densitĂ©s d’environ 106 et 1015 kg/dm3, divers processus se pro-duisent, qui se retrouvent dans la structure d’une Ă©toile Ă  neutrons. Nousles mentionnons briĂšvement, sans calculer les propriĂ©tĂ©s physiques particu-liĂšres de ces milieux.

– A partir de ρ = 8.3 · 107 kg/dm3, l’énergie des Ă©lectrons devient suf-fisante pour que ces Ă©lectrons puissent ĂȘtre capturĂ©s par les protonscontenus dans les noyaux d’atomes. C’est l’inverse de la dĂ©sintĂ©gra-tion ÎČ et on a e− + p → n + Îœ. Des noyaux trĂšs riches en neutronset qui seraient impossibles en laboratoire commencent Ă  apparaĂźtre :Z ∌ 50, A ∌ 200.

180

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– Vers ρ = 4.3 · 1011 kg/dm3, la stabilitĂ© des noyaux avec N ≫ Z diminuetellement qu’ils commencent Ă  perdre leurs neutrons. C’est le NeutronDrip Point.

– Vers 5× 1013 kg/dm3, les noyaux qui subsistent se dissolvent pour for-mer un milieu composĂ© de neutrons dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s avec quelques pourcentsd’électrons et de protons. Au-dessus de ρ = 3×1014 kg/dm3, l’équilibrese dĂ©place au profit des muons (quand Eelectrons > masse au repos dumuon) et des hypĂ©rons (quand Eneutrons > diffĂ©rence de masse entreneutrons et hypĂ©rons).

Ces transitions se retrouvent dans la structure intĂ©rieure d’une Ă©toile Ă  neu-trons M ≃ 1M⊙ et R ≃ 10 km.

Les propriĂ©tĂ©s physiques du milieu, et par consĂ©quent la structure des Ă©toilesĂ  neutrons, dĂ©pendent trĂšs fortement du potentiel nuclĂ©aire Ă  trĂšs courtedistance. Aussi, des dĂ©viations importantes peuvent se produire par rapportĂ  un gaz idĂ©al de neutrons dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s.Tous les effets physiques Ă©tudiĂ©s dans ce chapitre (dĂ©gĂ©nerescence N.R, dĂ©gĂ©-nerescence R., effets Ă©lectrostatiques, cristallisation) modifient Ă©videmmentles propriĂ©tĂ©s thermodynamiques du milieu (p. ex. Cv, Cp, Γi, i = 1 a 3). Ceseffets sont Ă©tudiĂ©s par exemple dans Cox and Giuli 1968, Principles of stellarstructure.

181

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Fig. 5.8 – Origine de la contribution dominante Ă  la pression dans le planlg ρc versus lg Tc.

182

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Fig. 5.9 – Structure schĂ©matique d’une Ă©toile Ă  neutrons.

183

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Chapitre 6

Les réactions nucléaires

Les rĂ©actions nuclĂ©aires sont un processus essentiel de l’évolution stel-laire : d’une part la fusion d’élĂ©ments lĂ©gers en Ă©lĂ©ments plus lourds libĂšre del’énergie cinĂ©tique, rĂ©chauffe le milieu et compense l’énergie rayonnĂ©e par lasurface aux dĂ©pends des masses des particules entrant en interaction1 d’autrepart elles transforment la matiĂšre, effectuant ainsi la synthĂšse des Ă©lĂ©ments(nuclĂ©osynthĂšse) dans l’Univers. La synthĂšse de l’hĂ©lium s’est opĂ©rĂ©e dansle Big-Bang (nuclĂ©osynthĂšse cosmologique). La synthĂšse des Ă©lĂ©ments pluslourds s’effectue principalement dans les Ă©toiles massives et les produits dela synthĂšse nuclĂ©aire sont Ă©jectĂ©s par les vents stellaires et les supernovae.Dans ce chapitre, nous Ă©tablirons des expressions trĂšs utiles en astrophysique,sans Ă©tudier en dĂ©tail la physique des noyaux vue au cours de PhysiquenuclĂ©aire.

6.1 Définitions générales

Cinématique

La discussion qui suit se restreint au cas non relativiste, approprié aux faiblesénergies cinétiques présentes dans les intérieurs stellaires.

1La condition selon laquelle, la puissance Ă©mise au centre de l’étoile compense la puis-sance rayonnĂ©e par la surface dĂ©termine un Ă©tat stationnaire de la structure de l’étoile.Cependant cette situation ne peut ĂȘtre strictement stationnaire car les rĂ©actions qui li-bĂšrent l’énergie modifient Ă©galement la composition chimique de l’intĂ©rieur de l’étoile. Lelent changement de la composition de l’étoile est responsable de son Ă©volution.

184

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Soient deux particules de masse m1 et m2 et de vitesse non relativiste ~v1 et~v2. La vitesse ~V du centre de masse est donnée par la loi de conservationde la quantité de mouvement

m1~v1 +m2~v2 = (m1 +m2)~V → ~V =m1~v1 +m2~v2

m1 +m2

.

La quantitĂ© de mouvement de la particule 1 par rapport au centre de masseest m1(~v1 − ~V ) = m1m2

m1+m2(~v1 − ~v2) = ”~v, oĂč ” est la masse rĂ©duite, ” =

m1m2

m1+m2, et ~v = ~v1 − ~v2 est la vitesse relative de m1 vue de m2.

La quantitĂ© de mouvement de m2 par rapport au centre de masse est m2(~v2−~V ) = −”~v. Ainsi dans le rĂ©fĂ©rentiel liĂ© au centre de masse, la quantitĂ© demouvement totale est nulle. La conservation de la quantitĂ© de mouvementtotale implique alors que ~V reste constante et que la quantitĂ© de mouvementdans le rĂ©fĂ©rentiel du centre de masse (RDCM) est nulle avant et aprĂšs lacollision.

Energie d’une rĂ©action

Avant la collision, l’énergie cinĂ©tique est

1/2m1~v21 + 1/2m2~v

22 = 1/2(m1 +m2)~V

2 + 1/2”~v2

Le premier terme Ă  droite est l’énergie cinĂ©tique du CDM, qui reste constantelors d’une collision (on suppose ici que la masse totale des particules changesuffisamment peu pour ne pas affecter significativement cette quantitĂ©). Lesecond terme reprĂ©sente la portion de l’énergie cinĂ©tique du systĂšme dispo-nible pour Ă©ventuellement contrer toute force tendant Ă  empĂȘcher le rappro-chement des deux particules. Il s’agit de l’énergie cinĂ©tique dans le RDCM.

Ces formules non relativistes ne sont applicables aux rĂ©actions nuclĂ©aires quesi la masse combinĂ©e des particules finales est Ă©gale Ă  la masse combinĂ©e desparticules initiales. Cependant, lors d’une rĂ©action nuclĂ©aire exothermiquede l’énergie est libĂ©rĂ©e aux dĂ©pends de la masse selon la formule d’Einstein∆Mc2 oĂč ∆M est la diffĂ©rence entre la masse totale initiale et finale. Dansles rĂ©actions nuclĂ©aires Ă  faible Ă©nergie, on a que ∆M/M ∌ 10−2 − 10−4

de telle maniĂšre que l’hypothĂšse de masse constante est satisfaite Ă  mieuxde 1%. Nous pouvons donc considĂ©rer que l’énergie cinĂ©tique du CDM resteinchangĂ©e par la rĂ©action, alors que l’énergie cinĂ©tique dans le RCDM, elle,augmente ou diminue, selon que la masse finale est infĂ©rieure ou supĂ©rieureĂ  la masse initiale.

185

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La conservation de l’énergie totale pour une rĂ©action du type

a+X → Y + b

peut s’écrire

EaX + (Ma +MX)c2 = EbY + (Mb +MY )c2

oĂč EaX , EbY sont respectivement l’énergie cinĂ©tique dans le rĂ©fĂ©rentiel duCDM de a, X et de b, Y . Les Mi Ă©tant les masses des noyaux participantĂ  la rĂ©action. Le second terme de part et d’autre de l’égalitĂ© exprime le faitque la somme des masses au repos avant et aprĂšs la rĂ©action ne sont pasnĂ©cessairement les mĂȘmes.

Il est possible de remplacer les masses nuclĂ©aires par des masses ato-miques : en effet la charge Ă©lectrique est conservĂ©e, donc le mĂȘme nombrede masses au repos d’électrons peut ĂȘtre ajoutĂ© de part et d’autre. Il y acependant une petite diffĂ©rence due Ă  l’énergie de liaison des Ă©lectrons quin’est pas tout Ă  fait la mĂȘme des deux cĂŽtĂ©s de l’égalitĂ©. Cependant, la dif-fĂ©rence entre ces Ă©nergies de liaison est nĂ©gligeable comparĂ©e aux diffĂ©rencesentre les masses nuclĂ©aires. Typiquement, l’utilisation des masses atomiquesau lieu des masses nuclĂ©aires introduit une erreur de l’ordre de quelques eV.Comme le nombre de nuclĂ©ons est aussi conservĂ©, le poids atomique, dĂ©finicomme l’entier le plus proche de la masse exprimĂ©e en unitĂ©s de masses ato-miques (uma), est le mĂȘme des deux cĂŽtĂ©s de l’égalitĂ©. Cette Ă©galitĂ© sera donctoujours valable si de chaque cĂŽtĂ©, on soustrait le poids atomique multipliĂ©par une unitĂ© de masse. Les masses deviennent alors des excĂšs de massesatomiques dĂ©finis par

∆MAZ = (MAZ − AMu)c2 = 931.478(MAZ − A)Mev

oĂč Mu est l’unitĂ© de masse atomique (1/12 de la masse de l’atome de 12Cneutre) et MAZ est la masse de l’élĂ©ment AZ en uma. ∆M est nĂ©gatif pourun noyau stable. Avec ces dĂ©finitions, l’équation de conservation de l’énergies’écrit :

EaX + (∆Ma + ∆MX) = EbY + (∆Mb + ∆MY ).

L’énergie libĂ©rĂ©e par une rĂ©action, Q, est donnĂ©e par

Q = (∆Ma + ∆MX)− (∆Mb + ∆MY ) = EbY − EaX .

186

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Fig. 6.1 – Energie de liaison par nuclĂ©on.

En gĂ©nĂ©ral la valeur de Q (MeV ) donnĂ©e en astrophysique ne comprend pasl’énergie emportĂ©e par les neutrinos, ceux-ci ne participant pas au transfert.

L’énergie de liaison du noyau (A,Z), El, est donnĂ©e par

El = (Zmp+(A−Z)mn−M(A,Z))c2 = Z∆mp+(A−Z)∆mn−∆M(A,Z).

QUESTION : Montrer que Q = El(Y )+El(b)−El(X)−El(a).

Il est intĂ©ressant de regarder la figure donnant l’énergie de liaison par nuclĂ©onen fonction du nombre de masse.

Les rĂ©actions de fusion thermonuclĂ©aire qui dĂ©gageront le plus d’énergie parnuclĂ©on seront celles faisant intervenir les noyaux les plus lĂ©gers. Ceci expliqueen grande partie la grande durĂ©e de la phase de combustion de l’hydrogĂšnepar rapport aux autres phases de combustion nuclĂ©aire.

Les noyaux au-delĂ  du pic du fer ne peuvent ĂȘtre synthĂ©tisĂ©s Ă  partir derĂ©actions de fusion exothermiques.

Taux de réactions

Supposons que les particules X soient immobiles et bombardĂ©es par unflux uniforme de particules “a” (situation qui correspond Ă  celle des expĂ©-riences nuclĂ©aires de laboratoire).

187

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Fig. 6.2 – Flux de particule a sur une cible de particules X.

La section efficace est alors définie par

σ(cm2) =nbre de reactions par noyau X et par sec.

nbre de particules incidentes par cm2 et par sec.

Cette dĂ©finition dĂ©finit en rĂ©alitĂ© σ(v) oĂč v est la vitesse relative des particulesa par rapport Ă  X. L’unitĂ© utilisĂ©e est le barn = 10−24 cm2 (=100 fermi2 soitenviron la moitiĂ© de la surface projetĂ©e d’un noyau d’uranium).

Supposons que les noyaux X constituent un gaz de densitĂ© uniforme NX . Letaux de rĂ©action par unitĂ© de volume est alors donnĂ© par le produit de σNX

et du flux de particules a. Si le flux de particules a est dĂ» Ă  une translation Ă vitesse v d’un gaz de densitĂ© uniforme Na, alors le flux est simplement vNa

et le taux de réactions par unité de volume est égal à

raX = σ(v)vNaNX .

Dans un mĂ©lange de gaz Ă  l’équilibre thermodynamique, il existe une distri-bution des vitesses relatives φ(v). DĂ©finissons–la telle que

∫

φ(v)dv = 1. Letaux de rĂ©action total par unitĂ© de volume s’écrit alors

raX = NaNX

∫ ∞

0vσ(v)φ(v)dv = NaNX < σv > . (6.1)

188

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Cette expression n’est valable que si les particules a et X sont diffĂ©rentes.Dans ce cas en effet NaNX est le nombre total de paires de particules (a, X)par unitĂ© de volume. Si les particules sont identiques, alors le nombre total depaires de particules est 1/2N2

a . Ce point peut ĂȘtre pris en compte en Ă©crivant

raX = (1 + ÎŽaX)−1NaNX < σv >, (6.2)

oĂč ÎŽaX est le symbole de Kronecker (=1 si a = X, 0 sinon). Par la suite, nousappellerons λaX =< σv > le taux de rĂ©action par paires de particules.

QUESTION : faisons l’expĂ©rience de pensĂ©e suivante. Suppo-sons a = X. ConsidĂ©rons que la moitiĂ© des atomes a soient im-mobiles et que l’autre moitiĂ© ait un mouvement de translationavec la vitessse v. La densitĂ© de la cible est 1/2Na, le flux est Ă©galĂ  1/2Nav et le taux de rĂ©action vaut r = 1/4N2

avσ(v). Obtient-onle mĂȘme rĂ©sultat Ă  l’aide de la formule (6.2) ?

Expression de φ(v)

A l’équilibre thermodynamique, les diffĂ©rentes sortes de noyaux ont unedistribution des vitesses dĂ©crite par une distribution de Maxwell-Boltzmann(MB). On peut montrer que la distribution des vitesses relatives est aussi dutype MB et peut s’écrire

φ(v)dv =(

”

2πkT

)3/2

exp

(

− ”v2

2kT

)

4πv2dv.

Le taux de rĂ©action nuclĂ©aire par paire de particules s’écrit alors

λaX = 4π(

”

2πkT

)3/2 ∫ ∞

0v3σ(v) exp−

(

”v2

2kT

)

dv.

Temps de vie d’une particule

La variation en valeur absolue du nombre de particules X due Ă  desinteractions avec les particules a est

(

−∂ nX∂t

)

a

.

Le temps de vie τa (X) des particules X bombardĂ©es par a est dĂ©fini par(

−∂ nX∂t

)

a

≡ nXτa (X)

.

189

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On a aussi que(

−∂ nX∂t

)

a

= (1 + ÎŽaX)rax,

en effet si a = X chaque fois qu’une rĂ©action se produit, deux particulesdisparaissent. Donc

τaX =nX

(1 + ÎŽaX)raX=

1

na λaX,

c’est-Ă -direτaX =

AamH

ρXa λaX

QUESTION :Lorsqu’un Ă©lĂ©ment X est dĂ©truit par plusieurs rĂ©-actions, montrer que le temps de vie totale est donnĂ© par

1

τ(X)=∑ 1

τi(X).

DĂ©bit d’énergie Ç«

Le dĂ©bit d’énergie Ç« est la puissance produite par unitĂ© de masse. On aque

ǫ =QNaNXλaXρ(1 + ΎaX)

oĂč Q est l’énergie libĂ©rĂ©e par une rĂ©action (Q(erg)=1.6022 10−6 Q(Mev)) Enintroduisant les concentrations partielles

na =ρXa

AamH

,

on a que

ǫ =QρXaXXλaX

AaAXm2H(1 + ÎŽaX)

,

oĂč Xa est la fraction de masse de l’élĂ©ment a, Aa est son poids atomique.

Remarque

Dans la pratique, on utilise en général des valeurs pour NAV λaX(

= λaX

mH

)

tabulées, voir par exemple les taux de la compilation NACRE à la page Web :http ://pntpm.ulb.ac.be/nacre.htm.

Les taux doivent ĂȘtre corrigĂ©s de l’effet d’écran (cf. fin de ce chapitre).

190

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6.2 RĂ©actions non–rĂ©sonnantes

Les rĂ©actions nuclĂ©aires au centre des Ă©toiles ne peuvent se produire queparce que certaines particules (les plus Ă©nergĂ©tiques) peuvent pĂ©nĂ©trer lesbarriĂšres coulombiennes qui les sĂ©parent. L’énergie associĂ©e Ă  cette barriĂšrecoulombienne est Ă©gale Ă 

V =Z1Z2e

2

R=

1.44Z1Z2

R[Mev]

avec R exprimĂ© en fermi (10−13 cm). L’énergie cinĂ©tique disponible corres-pond Ă 

kT = 8.62 10−8T [kev].

Pour des tempĂ©ratures de l’ordre de quelques dizaines Ă  quelques centainesde millions de degrĂ©s, l’énergie cinĂ©tique moyenne des particules est plusieursordres de grandeur infĂ©rieures Ă  celle de l’énergie de la barriĂšre coulombienne.

QUESTION : Pour que deux protons interagissent par le biaisdes interactions fortes, ils doivent se rapprocher Ă  environ 2 fermil’un de l’autre. Montrer alors qu’ils doivent possĂ©der une Ă©nergiecinĂ©tique dans le RDCM de 700 kev (on suppose qu’il n’y a pasd’effet tunnel). Quelle est l’énergie cinĂ©tique moyenne des protonsdans un gaz Ă  l’équilibre thermodynamique, ayant une tempĂ©raturede 10 millions K ? Qu’en conclure ?

L’exercice ci-dessus, nous montre qu’au centre du Soleil, l’énergie moyennedes protons est de loin pas suffisante pour permettre aux interactions fortesd’agir. Mais deux effets doivent ĂȘtre pris en compte qui vont permettre auxrĂ©actions nuclĂ©aires de se produire :

1) φ(v) a une queue vers les hautes vitesses, mĂȘme si cette fonction dĂ©croĂźtrapidement avec v.

2) L’effet tunnel.

La section efficace σ(v) ou σ(E) (oĂč E est l’énergie cinĂ©tique dans le rĂ©fĂ©-rentiel du centre de masse) peut s’écrire comme le produit de trois quantitĂ©s :les deux premiĂšres sont des fonctions dĂ©pendant trĂšs fortement de l’énergieet dĂ©crivent des processus non directement liĂ©s Ă  la structure nuclĂ©aire desnoyaux proprement dit. La troisiĂšme quantitĂ© dĂ©crit la dĂ©pendance en Ă©nergiede tous les effets proprement liĂ©s Ă  la structure nuclĂ©aire des rĂ©actants. Dans

191

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le cas de rĂ©actions nuclĂ©aires non rĂ©sonantes, il s’agit en gĂ©nĂ©ral d’une fonc-tion qui au moins sur un intervalle donnĂ© d’énergie varie peu avec l’énergie.Voici ces trois termes :

1) Le facteur de pĂ©nĂ©tration : Gamow fut le premier Ă  montrer que laprobabilitĂ© pour que deux particules de charges Z1 et Z2, en mouvementrelatif l’une par rapport Ă  l’autre avec une vitesse v, pĂ©nĂštrent la barriĂšrecoulombienne, est proportionnelle au facteur

fp ∝ exp−2πZ1Z2e2

hv,

il s’agit du facteur de pĂ©nĂ©tration.

QUESTION :Montrer que fp = e−b/√E, avec b = 31.82Z1Z2

√A

(kev1/2) et A = A1A2

A1+A2.

2) L’interaction entre deux particules est toujours proportionnelle Ă  un fac-teur gĂ©omĂ©trique πλ2, oĂč λ est la longueur d’onde de de Broglie

πλ2 ∝(

1

p

)2

∝ 1

E.

Les quantités 1) et 2) sont fortement dépendantes de E aux basses énergies.

3) On définit la troisiÚme composante S(E) par

S(E) = σ(E)E exp2πZ1Z2e

2

hv.

Ainsi σ(E) = S(E)πλ2fp = S(E)/E exp−b/√E.

La Figure montre les rĂ©sultats expĂ©rimentaux de la section efficace de larĂ©action 3He(3He, 2p)4He en fonction de l’énergie dans le centre de masse (1barn = 10−24 cm2). On peut voir sur cette figure que σ dĂ©croĂźt de plusieursordres de grandeurs entre 150 et 50 kev. Vers 50 kev, σ dĂ©croĂźt d’environ 2ordres de grandeur chaque 20 kev. A faible Ă©nergie, la section efficace dĂ©croĂźttrĂšs fortement avec l’énergie. Cette dĂ©croissance trĂšs rapide Ă  faible Ă©nergieest due presqu’entiĂšrement au facteur de pĂ©nĂ©tration. Le facteur S reprĂ©sentĂ©en-dessous montre une trĂšs faible dĂ©pendance avec l’énergie.

192

Page 194: 27 septembre 2006 - UNIGE

B) Le pic de Gamov

La section efficace par paire de particules peut s’écrire

λ =< σv >=∫ ∞

0σ(E)v(E)ψ(E)dE,

oĂč ψ(E)dE = φ(v)dv,

λ =

(

8

”π

)1/21

(kT )3/2

∫ ∞

0S(E) exp

(

− E

kT− b√

E

)

dE.

Le comportement de l’intĂ©grand est largement dominĂ© par l’exponentielle. Lafigure 4 montre schĂ©matiquement la forme de ce terme exponentiel. La contri-bution la plus importante Ă  l’intĂ©grale provient de valeurs de l’énergie tellesque ce facteur exponentiel soit proche du maximum. La plupart des rĂ©actionsnuclĂ©aires stellaires se produisent sur un intervalle de tempĂ©ratures tel quesur cet intervalle (assez Ă©troit) S(E) peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme quasimentconstant (en dehors bien sĂ»r des rĂ©sonnances). Une bonne approximation deλ peut ĂȘtre obtenue en remplaçant S(E) par sa valeur estimĂ©e Ă  l’énergie E0

oĂč le maximum du facteur exponentiel est atteint (E0 est appelĂ©e, l’énergiede Gamow).

λ =

(

8

”π

)1/2S(E0)

(kT )3/2

∫ ∞

0exp− E

kT− b√

EdE.

QUESTION :Montrer que E0 =(bkT2

)2/3= 1.220(Z2

1Z22AT

26 )1/3

kev.

Pour T ∌ 107 et pour des noyaux lĂ©gers, E0 = 10 − 30 kev, alors que kT ∌1 kev. Le facteur de pĂ©nĂ©tration favorise la partie Ă  haute Ă©nergie de ladistribution de Boltzmann.

Les Ă©nergies contribuant Ă  l’intĂ©grand ont des valeurs ne s’écartant qued’une dizaine de kev de E0. Cet intervalle d’énergie est trĂšs petit comparĂ© Ă l’énergie de sĂ©paraison moyenne des Ă©tats nuclĂ©aires quasistationnaires. Ceciexplique pourquoi, en dehors des rĂ©sonnances, le facteur S(E) qui contientles effets des forces nuclĂ©aires, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme variant peu avecl’énergie sur cet intervalle.

La mesure expĂ©rimentale d’une section efficace consiste Ă  obtenir des in-formations sur le facteur S(E) dans l’intervalle d’énergie autour du pic de

193

Page 195: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 6.3 – Le pic de Gamov rĂ©sulte de la multiplication de la distribution deMaxwell- Boltzmann avec le facteur de pĂ©nĂ©tration de Gamov.

Gamow. Il n’est pas toujours possible de mesurer directement ce facteur Ă basse Ă©nergie. Il faut dans ce cas extrapoler les mesures obtenues Ă  hautesĂ©nergies, opĂ©ration dĂ©licate, oĂč interviennent Ă  la fois les donnĂ©es expĂ©rimen-tales et des considĂ©rations thĂ©oriques (voir Fig. 6.4).

C) Expression approchée du taux de réaction

Pour calculer l’intĂ©grale∫ ∞

0exp− E

kT− b√

EdE.

on procĂšde souvent numĂ©riquement. On peut toutefois approcher cette intĂ©-grale de maniĂšre analytique de la maniĂšre suivante. Posons f(E) = exp− E

kT− b√

Eet rempaçons l’intĂ©grant par une courbe de Gauss centrĂ©e en E0, de hauteurf(E0) et de demi-largeur ∆E (en E0 + ∆E, la valeur de f(E) est rĂ©duitepar un facteur e. ). Soit

f(E) = e−τ e−(E−E0∆E )

2

DĂ©veloppons f(E) autour de E0

f(E) = f(E0) + f â€Č(E0) (E − E0)ïžž ïž·ïž· ïžž

=0

+f â€Čâ€Č(E0)

2(E − E0)

2

194

Page 196: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 6.4 – Les mesures sont faites Ă  haute Ă©nergie. Il est nĂ©cessaire d’extra-poler les valeurs des taux dans le domaine d’énergie de Gamov.

Si f(E0 + ∆E) ≃ 0 en ∆E, on obtient

∆E ∌=(

−2f

f â€Čâ€Č

)1/2

E0

=(

4

3E0 kT

)1/2

QUESTION :A vĂ©rifier (Utiliser le fait que f â€Č(E0) = 0).

On a alors

∫ ∞

0f(E) dE ≃ e−τ

∫ ∞

0e−(E−E0

∆E )2dE

=1

2e−τ√π∆E

Le produit < σv > devient

< σv >=(

8

πmred

)1/2 ( 1

kT

)3/2

S(E0)

√π

2e−τ

(4

3E0 kT

)1/2

En explicitant E0, on a

< σv >∌ S(E0) e−τ τ 2 1

AZa ZX

195

Page 197: 27 septembre 2006 - UNIGE

Fig. 6.5 – Pour cette rĂ©action des mesures du facteur S ont pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©edans le domaine d’énergie de Gamov.

En exprimant S(E0) en barn · keV (1 barn = 10−24cm2), on a finalement

< σv >=7.21 · 10−19

AZa ZXS (E0) τ

2 e−τ

c’est-Ă -dire une dĂ©pendance vis-Ă -vis de T de la forme

< σv >∌ 1

T 2/3e−const/T

1/3

Le taux des réactions est

rax = na nxλax

(1 + ÎŽax)

196

Page 198: 27 septembre 2006 - UNIGE

rax =2.62 · 1029 ρ2XaXX

(1 + ÎŽaX) AZa ZX AaAXS(E0) τ

2 e−τ

et le dĂ©bit d’énergie est de la forme

Ç« =raX Q(erg)

ρ∌ fact.

Q ρXaXX

(1 + ÎŽaX)T2/36

e

−42.48 (Z2a Z2

XA)1/3

T1/36

Dans la pratique, on utilise les expressions tabulĂ©es. On ajoute encore engĂ©nĂ©ral au terme principal calculĂ© ci-dessus, des termes correctifs pour te-nir compte du fait que S(E) n’est pas constant et que l’on a approximĂ©l’expression du pic de Gamov.

Des taux de rĂ©actions nuclĂ©aires peuvent ĂȘtre trouvĂ©es dans les rĂ©fĂ©rencessuivantes : Caughlan and Fowler 1988 Atomic Data Nuc. Data Tables 40, 283.Dans cette rĂ©fĂ©rence, les taux NAV λaX oĂč NAV est le nombre d’Avogadro,sont donnĂ©s sous la forme de dĂ©veloppements analytiques, fonction de latempĂ©rature. Une compilation rĂ©cente de taux de rĂ©actions nuclĂ©aires utilesen astrophysique est accessible sur le Web Ă  l’adresse suivante :

http ://isotopes.lbl.gov/isotopes/astro.html

Remarque

Souvent, dans un domaine de T limité, on peut pour des estimations simplesreprésenter ǫ par une expression du type

ǫ = ǫ0 ρ TΜ Μ =

(

∂ ℓn ǫ

∂ ℓn T

)

ρ

QUESTION :Montrer que Îœ = τ−23

.

6.3 L’effet d’écran

Dans un milieu suffisamment dense, chaque noyau est entourĂ© d’un nuaged’électrons qui attĂ©nuent la rĂ©pulsion coulombienne entre noyaux. Cet ef-fet, qui facilite la pĂ©nĂ©tration des barriĂšres de potentiels, est l’effet d’écran(electron screening). Le potentiel au voisinage d’un noyau de masse Ai est

197

Page 199: 27 septembre 2006 - UNIGE

φ =Ze

re−r/rD

avec le rayon de Debye rD.

rD =

√

kT

4π e2 nχn : concentration moyenne

n = ρ/(”mH)

χ est une charge effective.

χ = ” ÎŁXi

AiZi (Zi + 1) ≡ ” ζ

L’énergie potentielle entre deux noyaux 1 et 2 devient

V (r) =Z1 Z2

re2 e−r/rD

e2 = 23.07 · 10−20 cm · erg

Valeurs numériques

par exemple, pour

T = 107K, ρ = 102, ζ = 1, Z1 Z6 = 6

on a

rD/r0 ≃ 102

r0 est le rayon du noyau.Dans le domaine ρ, T des Ă©toiles de sĂ©quence principale, le rayon de Debye≫ r0.DĂ©veloppons donc au 1er ordre

V (r) =Z1 Z2 e

2

r− Z1 Z2 e

2

rD

Dans le calcul du facteur de pĂ©nĂ©tration Pℓ(E), dĂ» Ă  l’effet tunnel, le termeimportant qui apparaĂźt (cf. cours de MĂ©canique quantique) est la diffĂ©renceV (r) − E, entre l’énergie potentielle des noyaux et l’énergie relative desparticules. On a

198

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V (r)− E =Z1 Z2 e

2

r−(

E +Z1 Z2 e

2

rD

)

Tout se passe donc comme si l’énergie cinĂ©tique relative de la particule inci-dente Ă©tait augmentĂ©e de

V0 =Z1 Z2 e

2

rD

On a donc

σecran(E) ≃ σsans ecran(E + V0)

Calculons le produit < σv >

< σv >ecran =∫ ∞

0φ(E)σecran(E) v(E) dE

avec

φ (E) =2√π

1

(kT )3/2e−E/kT E1/2

Posons E â€Č = E + V0

< σv >ecran =∫ ∞

V0

φ(E â€Č − V0) v(Eâ€Č − V0) dE

â€Č

φ(E â€Č − V0) · v(E â€Č − V0) = const(E â€Č − V0) e−Eâ€Č/kT · eV0/kT

≃ constE â€Č e−Eâ€Č/kT eV0/kT

car Vo est faible par rapport à E0, énergie efficace de réaction.Donc

< σv >ecran=< σv >sans ecran ·f, f = eV0/kT

f : facteur de screeningNumériquement :

V0

kT= 0.188 Z1 Z2

(ζρ)1/2

T3/26

T6 =T

106

Les dĂ©veloppements ci-dessus s’appliquent au cas oĂč

199

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V0

kT=Z1 Z2 e

2

rD kTâ‰Ș 1

c’est-Ă -dire lorsque V0 est faible par rapport Ă  l’énergie des particules. Cecas est dit "weak screening". Il s’applique pour ρ ∌ 104 g/cm3. Le facteurf est voisin de l’unitĂ©. Pour ρ ∌ 106 g/cm3, on a en gĂ©nĂ©ral le cas de"strong screening", qui demande d’autres approximations. L’effet d’écrandevient si fort que l’on a des rĂ©actions dont le taux, dĂ©pendant surtout deρ, pourrait ĂȘtre trĂšs augmentĂ© (rĂ©actions pycno-nuclĂ©aires). Cependant, lesrĂ©actions nuclĂ©aires sont fortement contrariĂ©es par la cristallisation qui seproduit en gĂ©nĂ©ral dans de telles conditions.

6.4 Les réactions résonnantes (en lecture)

Ce qui suit a Ă©tĂ© scannĂ© d’un polycopiĂ© intitulĂ© “Astrophysique nuclĂ©aire”(G. Meynet, 1994). La numĂ©rotation des sections n’a pu ĂȘtre modifiĂ©e et n’estdonc pas compatible avec la numĂ©rotation du prĂ©sent document.

200

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201

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Chapitre 7

ComplĂ©ments d’hydrodynamique

– L’hydrodynamique joue un rĂŽle important dans la physique des Ă©toileset dans celle du milieu interstellaire.

– Les processus de mĂ©lange, tels la convection ou la diffusion, peuventtransporter les Ă©lĂ©ments dans les Ă©toiles. Les consĂ©quences astrophy-siques sont importantes. Par exemple, des produits de la synthĂšse nu-clĂ©aire qui s’effectue dans les rĂ©gions centrales peuvent apparaĂźtre Ă  lasurface des Ă©toiles. Le mĂ©lange convectif dans les intĂ©rieurs stellairespeut alimenter les rĂ©gions centrales en combustible nuclĂ©aire intact, cequi a pour effet d’augmenter le temps de vie d’une Ă©toile dans la phasenuclĂ©aire concernĂ©e.

– L’étude de la convection adiabatique et non adiabatique sera faite aucours de S.I., de mĂȘme pour la circulation mĂ©ridienne engendrĂ©e parla rotation stellaire, ainsi que la diffusion turbulente engendrĂ©e par lesdiverses instabilitĂ©s dues Ă  la rotation.

– Nous nous bornons ici à quelques notions de base.

7.1 La fonction de distribution

ConsidĂ©rons un fluide composĂ© d’un seul type de particules. Toutes les par-ticules de ce fluide ont donc la mĂȘme masse et les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s. Soitf(~r, ~p, t) la fonction de distribution de probabilitĂ©. Cette fonction de la po-sition ~r, du temps, t et de la quantitĂ© de mouvement ~p est telle que lors-qu’elle est multipliĂ©e par l’élĂ©ment de l’espace de phase de dimension 6dτ = dτpdτr = dxdydzdpxdpydPz, cela donne le nombre de partricules conte-

209

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nues dans cet Ă©lĂ©ment de volume. Le but est la dĂ©termination de f . En effet,une fois f dĂ©terminĂ©, toute propriĂ©tĂ© macroscopique peut ĂȘtre obtenue.

7.1.1 Densité en nombre

La densité en nombre n, définie comme le nombre de particules par unité devolume, est obtenue à partir de f par

n =∫

pfdτp (7.1)

Si m est la masse d’une particule, la densitĂ© ρ est Ă©gale Ă  ρ = nm.

7.1.2 Valeur moyenne d’une grandeur

Soit G une quantitĂ© dĂ©finie pour chaque particule, fonction de la masse et/oudu moment et/ou de l’énergie. La valeur moyenne de G, que nous noterons< G > est dĂ©finie par

< G >=1

n

∫

pGfdτp (7.2)

Exemple : la vitesse moyenne

La vitesse moyenne ~v0 est donnée par

~v0 =< ~v >=1

n

∫

p~vfdτp (7.3)

oĂč ~v est la vitesse d’une particule, Ă©gale Ă  ~p/m.

REMARQUE– On appelle vitesse particuliĂšre la quantitĂ© ~V dĂ©finie par

~V = ~v − ~v0 (7.4)

Cette vitesse caractérise les mouvements aléatoires thermiques des par-ticules. Par définition, < ~V > est nulle.

– On peut dĂ©finir une tempĂ©rature cinĂ©tique, reprĂ©sentative de l’ampli-tude des mouvements thermiques, par

3

2kT =

1

2m < ~V 2 > (7.5)

210

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oĂč k est la constante de Boltzmann. Cette dĂ©finition n’est valide quepour un gaz monoatomique. Si le gaz est diatomique, le facteur 3/2 doitĂȘtre remplacĂ© par 5/2. Notons que cette dĂ©finition de la tempĂ©ratureest beaucoup moins restrictive que la dĂ©finition thermodynamique de latempĂ©rature (qui exige que l’équilibre thermodynamique soit vĂ©rifiĂ©).Cette tempĂ©rature cinĂ©tique peut ĂȘtre dĂ©finie pour un systĂšme n’étantpas Ă  l’équilibre thermodynamique (E.T.).

7.2 Vecteur flux

Soit un Ă©lĂ©ment de surface d~S Ă  l’intĂ©rieur d’un fluide, Ă  travers lequelles particules peuvent librement passer. Le nombre de particules ayant unevitesse entre ~v et ~v + d~v traversant d~S pendant le temps dt, que vaut-il ? Cenombre de particules est

f~vdt · d~Sdτp. (7.6)

Soit G une quantité mécanique définie pour chaque particule. Alors

Gf~vdt · d~Sdτp, (7.7)

est la quantitĂ© de “G” transportĂ©e Ă  travers d~S par des particules ayant unequantitĂ© de mouvement entre ~p et ~p+d~p pendant le temps dt. Pour connaĂźtrela qunatitĂ© de G transportĂ©e par toutes les particules, alors il faut intĂ©grersur l’espace des qunatitĂ©s de mouvement

(∫

Gf~vdτp

)

· d~Sdt (7.8)

= n1

n

(∫

Gf~vdτp

)

ïžž ïž·ïž· ïžž

<G~v>

·d~Sdt (7.9)

= n < G~v > ·d~Sdt. (7.10)

Appelons ~u, le vecteur unitĂ© ayant la mĂȘme direction et le mĂȘme sens qued~S, alors

n < G~v > ·d~Sdt = n < G~v > ·~udSdt. (7.11)

Posons ~Ί(G) = n < G~v >, et appelons ce vecteur, le vecteur flux de laquantitĂ©G. Ce vecteur a la propriĂ©tĂ© que sa projection, le long d’une directionquelconque, donne la quantitĂ© de G transportĂ©e le long de cette direction parunitĂ© de temps et de surface.

211

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7.2.1 Vecteur flux de la masse

Le vecteur flux de la masse est

n < m~v >= nm < ~v >= nm~v0 = ρ~v0 (7.12)

MĂȘme si le vecteur flux de masse est nul (pas de masse transportĂ©e), il peutnĂ©anmoins y avoir transport d’autres quantitĂ©s. En effet

~Ί(G) = n < G~v > = n < G(~v0 + ~V ) >

= n < G~v0 > +n < G~V > = n~v0 < G >ïžž ïž·ïž· ïžž

0

+n < G~V > .

7.3 Equations de base

Equation de continuitéConsidérons un fluide traversant un élément de volume dx, dy, dz., cf Fig. 7.1

Le débit total net est

div (ρ~v) dx dy dz (7.13)

Ce dĂ©bit de masse net est Ă©gal Ă  la perte de masse par l’élĂ©ment de volume(conservation de masse).

−∂ρ∂t

dx dy dz (7.14)

On obtient ainsi l’équation de continuitĂ©

∂ρ

∂t+ div (ρ~v) = 0 (7.15)

On peut l’écrire∂ρ

∂t+(

~v · ~∇)

ρ = −ρ div~v (7.16)

Remarque La variation de densitĂ© (ou de vitesse ou de toute autre quantitĂ©)d’un Ă©lĂ©ment de volume dont on suit le mouvement (dρ

dt) est composée de

deux parties :

212

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dx

dy

dz

z

y

x

Fig. 7.1 – La composante de la vitesse sur la face dzdy en x=0 est vx, sur laface dzdy en x=dx elle est Ă©gale Ă  vx+ ∂vx

∂xdx. La diffĂ©rence entre la quantitĂ©

de matiĂšre qui sort du volume et celle qui y entre pendant une unitĂ© detemps, le long de la composante x est ∂

∂x(ρvx)dxdydz.

1. La variation de densitĂ© en un point considĂ©rĂ© de l’espace pendant letemps dt

∂ρ

∂tdt (7.17)

La dérivée est prise en x , y , z constants.

2. La diffĂ©rence des densitĂ©s (au mĂȘme instant) en deux points sĂ©parĂ©s parla distance dr parcourue par l’élĂ©ment de volume pendant le temps dt,soit

dx · ∂ρ∂x

+ dy∂ρ

∂y+ dz

∂ρ

∂t=(

~dr · ~∇)

ρdρ =∂ρ

∂tdt+

(

~dr · ~∇)

ρ (7.18)

en divisant par dt

213

Page 215: 27 septembre 2006 - UNIGE

dρ

dt=∂ρ

∂t+(

~v · ~∇)

ρ (7.19)

C’est la variation de densitĂ© d’un Ă©lĂ©ment de fluide se dĂ©plaçant dansl’espace.

dρ

dt=∂ρ

∂t+(

~v · ~∇)

ρ (7.20)

(~v · ~∇) ρ est le terme d’advection.

7.4 Equation du mouvement avec termes de

viscosité. Equation de Navier-Stokes.

La quantitĂ© de mouvement totale du fluide dans l’élĂ©ment de volume consi-dĂ©rĂ© change :

- sous l’effet des forces agissant sur le fluide ;- une partie de la quantitĂ© de mouvement s’échappe, emportĂ©e par le fluide.

Evaluons cette seconde composanteFlux de la composante de la quantitĂ© de mouvement selon l’axe x Ă  traversla face arriĂšre dy dz :

(ρ vx) vx dy dz

(ρ vx) vz dx dy par la face dx dy

(ρ vx) vy dx dz par la face dx dz

De mĂȘme que prĂ©cĂ©demment, on a pour le bilan net de quantitĂ© de mouve-ment

div (ρ vx ~v ) dx dy dz (7.21)

DĂ©bit net de la quantitĂ© de mouvement selon l’axe x sortant du volumedx dy dz.

Les forces sont :

– forces extĂ©rieures ~F (exemple : rotation . . .)

214

Page 216: 27 septembre 2006 - UNIGE

– forces de gravité– forces visqueuses que nous examinerons ci-dessous

Forces de pression entre les faces ⊄ Ă  l’axe x :

−[(

∂p

∂x

)

dx

]

dy dz (7.22)

signe “-” : car si p augmente avec x , la force sera dirigĂ©e selon −xLa variation temporelle de la composante x de la quantitĂ© de mouvementest :

∂

∂t(ρ vx) dx dy dz (7.23)

On a donc

∂∂t

(ρ vx) dV = ρ Fx dV −(∂p∂x

)

dV − div (ρ vx ~v) dV

↑ ↑composante x de la force signe − comme

précédemment : sidiv( ) > 0 il y a perte et

réciproquement

(7.24)

Ecrivons :

∂

∂t(ρvx) + div (ρ vx ~v)

= vx

[

∂ρ

∂t+ div (ρ~v)

]

ïžž ïž·ïž· ïžž

=0 (eqn. continuite)

+ ρ

[

∂ vx∂t

+ (~v · ∇ vx)]

= ρ

[

∂vx∂t

+ (~v · ∇) vx

]

L’équation du mouvement devient donc :

ρ

[

∂~v

∂t+ (~v · ∇) ~v

]

= ρ ~F − ~∇p+ . . . (7.25)

Eqn. non-linĂ©aire : terme (~v · ∇) ~v

215

Page 217: 27 septembre 2006 - UNIGE

Expression des termes dus Ă  la viscositĂ©La face supĂ©rieure est animĂ©e d’une vitesse uniforme vo vers la droite sur

la Fig. 7.2.

d

v=0

v=vo

v

Aire=S

Fig. 7.2 – Force visqueuse entre deux plans parallĂšles, F/S = ηvo/d.

La tension τ = FS

= η v0dη est le coefficient de viscositĂ© dynamique, η = ρΜ

oĂč Îœ est le coefficient de viscositĂ© cinĂ©matique. La viscositĂ© a pour unitĂ©g cmsec2

sec·cmcm2 cm

= gsec·cm = 1 poise (CGS), 1 kg

sec·m = 1 poiseuille (MKSA) = 10 poises

Si le plan supĂ©rieur est en mouvement uniforme, le fluide doit appliquer unetension −τ afin que la rĂ©sultante agissant sur la plaque soit nulle.ConsidĂ©rons la situation suivante :

fluide vx = vx (y)vy = vz = 0

(7.26)

ConsidĂ©rons une petite cellule rectangulaire plane. La composante de la forceselon l’axe x, par unitĂ© de surface perpendiculaire Ă  y est

σxy = η∂ vx∂y

(7.27)

SymĂ©trie de σxy : σxy = σyx

ConsidĂ©rons l’élĂ©ment rectangulaire ABCD. A la tension tangentielle σxy estopposĂ©e une tension Ă©gale de signe opposĂ© agissant sur la face opposĂ©e durectangle.

216

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Le moment des forces tangentielles au point A est :

mz = −(σxy dx dz) dy + (σyx dy dz) dx (7.28)

L’équation de la dynamique des corps en rotation mz = Iz · Ω

(σyx − σxy) dV = Iz Ω (7.29)

I : moment dâ€ČinertieΩ : vitesse angulaire de rotation

par rapport axeAz (7.30)

Si on fait tendre la taille de l’élĂ©ment de fluide vers zĂ©ro, I ∌ mr2 est uninfiniment petit d’ordre supĂ©rieur Ă  dV.Le terme de droite tend plus vite vers zero. Le seul moyen d’assurer la cohĂ©-rence est d’avoir σyx = σxy.

Cas d’un Ă©coulement quelconque

HypothĂšse du fluide newtonien : les tensions visqueuses sont des fonctionslinĂ©aires et homogĂšnes des gradients de vitesses (mĂȘme si l’écoulement n’estpas permanent). (Remarque : solides : prop. aux dĂ©formations).

Donc (impliqué par la linéarité) :

σxy = σyx = ”

(

∂vx∂y

+∂vy∂x

)

(7.31)

Fluide quelconque : gradient de vitesse dans les diverses directions. Idempour les autres tensions.Sens de

σxx : σxx = 2 η∂vx∂x

(7.32)

pression sur les faces ⊄ Ă  xChangement de Vx selon x rĂ©sultant de contraintes ⊄ aux faces dydzExpression gĂ©nĂ©rale :

σij = η

(

∂vi∂xj

+∂vj∂xi

)

(7.33)

On remarque3∑

i=1

σ i i (7.34)

217

Page 219: 27 septembre 2006 - UNIGE

non nulle. Donc la viscositĂ© affecterait la pression, ce qui n’est pas le cas.Donc on prend

σ i j = η

(

∂ vi∂ xj

+∂vj∂xi

)

− 2η

3ÎŽij div ~v (7.35)

La force visqueuse nette est obtenue en prenant la différence des forces surles faces opposées.

(fvisq.)x =(∂∂xσxx dx

)

dy dz +(∂∂yσxy dy

)

dx dz

+(∂∂zσxz dz

)

dy dx =∑3j=1

∂∂xj

σxj dx dy dz

=(∑

j∂∂xj

η ∂vx

∂xj+∑

j∂∂xj

η ∂ vj

∂ x

)−23

∑

j∂η∂xj

ÎŽxj div ~v

= η∇2vx + η ∂2vx

∂2x2 + η ∂2vy

∂y∂x+ η ∂

2vz

∂z∂x−2η3

∂∂x

(∂vx

∂x+ ∂vy

∂y+ ∂vz

∂z

)

= η∇2vx +(ζ+η3

)∂∂xdiv ~v

(7.36)

Remarque

On ajoute parfois un terme ζ, dit de seconde viscositĂ©. Ce terme inter-vient par exemple dans le cas d’un gaz polyatomique soumis Ă  des fluctua-tions de pression rapides. Physiquement, un changement de pression agit surles vitesses de translation, l’énergie n’est transfĂ©rĂ©e que plus lentement auxmodes de vibration et de rotation. Cela introduit des contraintes normales,qui peuvent ĂȘtre prises en compte par une correction de pression intervenantpar le terme ζ ci-dessus.

L’équation du mouvement s’écrit alors

ρ

[

∂~v

∂t+ (~v · ∇) ~v

]

= ρ ~F − ~∇p+ η∇2 ~v +(

ζ +η

3

)

~∇ (div~v) (7.37)

Equation de Navier-Stokes

Si le fluide est incompressible, ρ = const. et on a

Equation de continuite : div ~v = 0

218

Page 220: 27 septembre 2006 - UNIGE

ρ

[

∂~v

∂t+ (~v · ∇) ~v

]

= ρ ~F − ~∇p+ η∇2 ~v (7.38)

Equation de Navier-Stokes.

En divisant par ρ :

∂~v

∂t+ (~v · ∇) ~v = ~F − 1

ρ∇p+ Μ∇2 ~v (7.39)

Remarque

Si les forces extérieures et la viscosité sont négligeables, on a

∂~v

∂t+(

~v · ~∇)

~v = −1

ρ∇p (7.40)

Equation d’EulerCondition : Pour l’application de Navier-Stokes aux milieux lĂ©gĂšrement

compressibles.On montre que cette Ă©quation est valable lorsque

M2 =v2

V 2son

â‰Ș 1 (7.41)

CompressibilitĂ© ∆ρρ∌ ÎČ âˆ†P

Pen ignorant les effets de T

V 2son =

(

∂p

∂ρ

)

ad

∌ P

ρÎČdonc

∆ρ

ρ∌ ∆p

V 2sonρ

∆p ∌ force

surf∌ energie

vol.∌ ρ v2 (7.42)

Donc∆ρ

ρ∌ v2

V 2son

(7.43)

Remarque

Si le milieu compressible P = P (ρ, T ), il faut utiliser l’équation complĂštedu mouvement. Par contre, si ρ dĂ©pend peu de T, l’application de N.S. estlimitĂ©e Ă  (nombre Mach)2 < 1.

219

Page 221: 27 septembre 2006 - UNIGE

7.5 Expression de la viscosité

Selon la théorie cinétique des gaz

η =1

3mnℓ v

m : masse des particulesn : concentrationℓ : libre parcours moyen

C’est la viscositĂ© molĂ©culaire.

Viscosité radiative (Jeans 1926)

L’expression ci-dessus est obtenue en considĂ©rant que les molĂ©cules dugaz transportent de la quantitĂ© de mouvement.

Le rayonnement transporte également de la quantité de mouvement et onpeut donc lui associer une viscosité.

η =1

3ρ vrms ℓ (7.44)

Pour des photons

vrms → c

ℓ → 1

Îșρ

ρ =u

c2=

a T 4

c2(7.45)

D’oĂč

η =1

3

a T 4c

c2 Îș ρ=

1

3

a T 4

c Îș ρ(7.46)

Viscosité radiative, qui est particuliÚrement importante dans les étoilesmassives.

Un calcul plus dĂ©taillĂ©, cf.– Thomas 1936, Quart. J. Math. 1, 239

220

Page 222: 27 septembre 2006 - UNIGE

– Hazlehurst, Sargent 1959, ApJ 130, 276conduit à

η =4

15

a T 4

c Îș ρ(7.47)

7.6 Equation de conservation de l’énergie

Considérons un élément de volume

∫

m

dq

dtdm

ïžž ïž·ïž· ïžž

Gains d’énergiedans m par unitĂ©de temps.q : Ă©nergie four-nie par un. demasse

=∫

Ç«mïžž ïž·ïž· ïžž

Energie produitedans m par unitéde masse

−∼

~F · d~σ ïž·ïž· ïžž

flux

(7.48)

Ç« : puissance Ă©mise par unitĂ© de masse (w/kg). DĂ©bit ou taux d’énergierayonnĂ©e sous forme de photons ou de Îœ.

ThéorÚme de Gauss

∫

V

dq

dtρ dV =

∫

Vρ ǫ dV −

∫

Vdiv ~F dV

→ dg

dt= ǫ− 1

ρdiv ~F

dqdt

est donné par le premier Principe de la Thermodynamique

dq ւ = dU + dτ րdq

dt=

dU

dt+p dV

dt

oĂč les quantitĂ©s sont considĂ©rĂ©es par unitĂ© de masse. U est l’énergie internepar unitĂ© de masse (agitation thermique, excitation, ionisation, radiation,dĂ©gĂ©nĂ©rescence).

221

Page 223: 27 septembre 2006 - UNIGE

dq

dt=dU

dt− p

ρ2

dρ

dt(7.49)

On a donc

dq ւdt

=dU

dt− p

ρ2

dρ

dt= ǫ − 1

ρdiv F (7.50)

Equation de conservation de l’énergie.On peut aussi l’écrire sous la forme suivante, en utilisant

dq ւ = T dSet F = −χ∇T (7.51)

avec χ = 4ac T 3

3Îșρen milieu radiatif.

ρdq

dt= ρ

TdS

dt= ρ ǫ+∇ · (χ∇T ) (7.52)

ou

ρT

(

∂S

∂t+ ~u · ~∇S

)

= ρ ǫ+ ~∇ ·(

χ ~∇T)

(7.53)

Remarque

Si nécessaire, il faut ajouter des termes de dissipation visqueuse dont nousne préciserons pas la forme ici.

Terme dqdt

dans les Ă©toiles

Dans une Ă©toile, le terme dqւdt

reprĂ©sente l’énergie fournie au systĂšme aucours du temps, en particulier lors d’un changement de structure sous l’actionde la gravitation. On note

dq ւdt

≡ − Ç«grav (7.54)

avec Ç«grav : Energie produite par le systeme lors dâ€Čune contraction, si Ç«grav > 0.Si Ç«grav < 0 : Expansion

(7.55)L’équation de conservation de l’énergie devient alors

222

Page 224: 27 septembre 2006 - UNIGE

1

ρdiv F = ǫ+ ǫgrav (7.56)

Remarque

En gĂ©nĂ©ral Ç« ≡ Ç«nucl dans les Ă©toiles, c’est-Ă -dire le taux de productiond’énergie nuclĂ©aire par unitĂ© de masse et de temps. Toutefois, dans les stadesavancĂ©s de l’évolution nuclĂ©aire (Ă  partir de la fusion du C), les pertes parneutrinos sont importantes (celles-ci ne participent pas au transfert d’énergieradiative) et on a

Ç« ≡ Ç«nucl − Ç«neutrino (7.57)

SymĂ©trie sphĂ©riqueEcrivons l’équation de conservation sous sa forme usuelle. On a

~F =(Lr

4π r2, 0, 0

)

(7.58)

1

ρdiv ~F =

1

r2

1

ρ

∂

∂r

(

r2 Lr

4πr2

)

=1

4π r2ρ

∂ Lr

∂r=

∂ Lr

∂ Mr(7.59)

∂ Lr

∂ Mr= ǫnucl − ǫneutrino + ǫgrav (7.60)

Les expressions de Ç«nucl sont vues au chapitre 6, celles de Ç«neutrino et Ç«grav

sont étudiées au cours de SI.

7.7 Nombres sans dimension

Plusieurs nombres sans dimension caractérisent les régimes hydrodynamiques.Ces nombres sont trÚs différents dans les conditions astrophysiques et dansles conditions terrestres.

Nombre de Reynolds

ConsidĂ©rons l’équation de Navier-Stokes

223

Page 225: 27 septembre 2006 - UNIGE

∂~v

∂t+(

~v · ~∇)

~v = − 1

ρ∇p+ Μ∇2~v (7.61)

Le rapport du terme inertiel au terme de viscosité est

terme inertiel

terme viscosite≃

vt

Îœ v/ℓ2≃ v

ℓ Μℓ2

≃ vℓ

Μ(7.62)

oĂč v, ℓ, t sont respective les vitesses, longueur et temps typiques.

Re =vℓ

Μ(7.63)

Lorsque Re < 2 · 103, les mouvements turbulents sont amortis par les effetsde viscosité et les écoulements sont laminaires.

Remarque

Ce nombre est valable pour l’écoulement dans un tuyau, et n’est pas nĂ©-cessairement Ă©gal dans le contexte Ap. Re intervient dans les problĂšmesde similitude dynamique. Si la gravitĂ© joue un rĂŽle dans les problĂšmes desimilitude, il faut aussi considĂ©rer le nombre de Froude

Fr =V

(gL)1/2(7.64)

Remarque

Dans les Ă©coulements, il y a toujours une couche limite avec ℓ trĂšs petit oĂčle terme de viscositĂ© en 1/ℓ2 n’est pas nĂ©gligeable.La viscositĂ© introduit une condition de non-glissement sur la couche limite.Cette condition demeure mĂȘme pour des nombres Re trĂšs Ă©levĂ©s. (Parexemple, les pales d’un ventilateur sont encrassĂ©es, mĂȘme s’il tourne trĂšsvite).

Nombre de Prandtl

ConsidĂ©rons une cellule d’un fluide caractĂ©risĂ© par une viscositĂ© Îœ et uncoefficient de conduction radiative χ.D’aprĂšs l’équation de Navier-Stokes, le temps d’ajustement visqueux (tempstypique pour que la viscositĂ© rĂ©alise l’équilibre dynamique) est

224

Page 226: 27 septembre 2006 - UNIGE

tvisc ≃ℓ2

Μ(7.65)

pour soleil : 1014 ans10 M⊙ : 1010 ans

Examinons l’équilibre thermique de la cellule. L’équation de conservation del’énergie nous donne (ignorons la viscositĂ©)

ρdq

dt= ∇χ∇Tǫ = 0 (7.66)

Supposons χ = const dans la cellule, que l’on suppose par ailleurs enĂ©quation de pression

dq

dt= cp

dT

dtρ cp

dT

dt= χ∇2 T (7.67)

Equation de conduction de la chaleur :

dT

dt=

χ

ρ cp

K

∇2Γ (7.68)

K : DiffusivitĂ© radiative, exprime le rapport entre l’énergie sortante et l’éner-gie contenue :

Unite :(longu.)2

temps(7.69)

dT

dt= K∇2 T (7.70)

Le temps d’ajustement thermique est

t ≃ ℓ2

KSoleil : t ≃ R2

K108 y

10M⊙ 105 y(7.71)

Le rapport du temps d’ajustement thermique au temps d’ajustement vis-queux

225

Page 227: 27 septembre 2006 - UNIGE

tthermtvisc

≃ ℓ2

K

Μ

ℓ2=

Μ

K≡ Prandtl (7.72)

C’est le nombre de Prandtl. A T = 107K, il vaut environ 10−6, ce quisignifie que dans les Ă©toiles l’équilibre thermique est beaucoup plus vite rĂ©alisĂ©que l’équilibre par l’effet de la viscositĂ©. C’est une caractĂ©ristique du fluideet non de l’écoulement.

La trÚs faible valeur du nombre Prandtl dans les étoiles est responsable dela grande différence de propriétés entre les milieux stellaires et terrestres.

Pr =Μ

K≃ 1 pour lâ€Čeau et lâ€Čair

Sodium ou mercure : 10−2

Milieu stellaire :

Μ

K=

4

15

a T 4

c Îș ρ2

3Îșρ

4 ac T 3cp ρ =

cp T

5 c2(7.73)

K pour une etoile :energie sort. longueur

surf. temps· longueur3

en. contenue(7.74)

K ≃ LR

GM2R2 (7.75)

ttherm ≃R2

K≃ LR

GM2≡ temps de Kelvin−Helmoltz (7.76)

Le temps mis par l’énergie pour sortir d’une Ă©toile est Ă©gal au tempsde Kelvin-Helmoltz

(energie gravifique

L

)

.

Remarque

Dans les mouvements convectifs, le temps caractéristique du mouvement est

226

Page 228: 27 septembre 2006 - UNIGE

tmvt ≃ℓ

v(temps pour parcourir la distance dâ€Čune cellule.) (7.77)

Le nombre de PĂ©clet

Pe =tthermtmvt

=ℓ2

K

v

ℓ=

v ℓ

K(7.78)

Pe > 1 : La cellule convective n’a pas le temps de perdre de la chaleurlors de son mouvement. Convection efficace pour le transport de chaleur. Il ya de nombreux autres nombres sans dimension qui caractĂ©risent les milieuxhydrodynamiques.

7.8 Equation du mouvement avec rotation

Limitons nous Ă  quelques considĂ©rations sur les fluides en rotation utiles enastrophysique.Les accĂ©lĂ©rations mesurĂ©es dans un rĂ©f. d’inertie I et un rĂ©f. en rotation Rsont liĂ©es par

(

d~v

dt

)

I

=

(

d~v

dt

)

R

+ ~Ω ·(

~Ω · ~r)

+ 2~Ω · ~vR (7.79)

Ω : vitesse angulaire du ref. tournantr : position de la particulevR : vitesse dans le ref. en rotation

(7.80)

L’équation du mouvement dans le rĂ©f. en rotation devient donc

∂~v

∂t+(~v ·∇)~v = ~F − 1

ρ~∇p+Μ∆~v+

(

ζ

ρ+Μ

3

)

~∇(

~∇ · ~v)

− ~Ω ·(

~Ω · ~r)

−2 ~Ω ·~vR(7.81)

L’accĂ©lĂ©ration centrifuge peut ĂȘtre dĂ©duite d’un potentiel V, si Ω = const.

∇V = −Ω2ω∂V

∂ω= −Ω2 ω V = − 1

2Ω2ω2 (7.82)

227

Page 229: 27 septembre 2006 - UNIGE

Si les forces ~F dĂ©rivent d’un potentiel pour un fluide incompressible

∂~v∂t

+(

~v · ~∇)

~v = − ~∇(pρ− 1

2Ω2 ω2 + ψ

)

− 2 ~Ω · ~v + Μ∇2 ~v

Equivalent de l’équation de Navier-Stokes pour un milieu en rotation.Le rapport

R0 =force inertie

force Coridis≃

v2

ℓ

2Ωv=

v

2Ωℓ

nombre de Rossby

Le rapport

Ek =forces visc

forces Coriolis≃

Îœvℓ2

Ωv=

Μ

Ω ℓ2(7.83)

est le nombre d’Ekman (1905).

En rĂ©gime stationnaire, si Ro et Ek sont â‰Ș 1 , l’équation du mouvementdevient :

2~Ω · ~v = −∇[

p

ρ− 1

2Ω2 ω2 + Κ

]

Un Ă©coulement satisfaisant cette Ă©quation est dit gĂ©ostrophique (Ă©coulementĂ  la surface de la Terre).Force de Coriolis ⊄ Ă  la direction du mouvement, donc gradient de pression(gĂ©nĂ©ralisĂ©e) est aussi ⊄ Ă  la direction du mouvement.La pression p− 1

2ρΩ2 ω2 + ρψ est constante le long d’une ligne de courant

(ligne suivie par une particule).

Remarque

Le vent souffle ‖ aux isobares.HĂ©misphĂšre nord : dans le sens horaire autour des centres de haute pression.Cette approximation est bonne Ă  des altitudes supĂ©rieures Ă  1 km (sinon effetde viscositĂ©).

ThéorÚme de Taylor-Proudman

228

Page 230: 27 septembre 2006 - UNIGE

Prenons le rotationnel de l’équation du rĂ©gime gĂ©ostrophique :

~∇ ·(

~Ω · ~v)

= 0 car rot. grad ( ) = 0

=(

~v · ~∇)

~Ω  

=0

−(

~Ω · ~∇)

~v + ~Ω(

~∇ · ~v)

ïžž ïž·ïž· ïžž

=0

−~v(

~∇ · ~Ω)

ïžž ïž·ïž· ïžž

=0

(7.84)Ω Ă©tant constant, de plus div ~v = 0 (ρ = const) Ă  l’approximation vueplus haut.Il vient alors

(

~Ω · ~∇)

~v = 0

Les mouvements ne peuvent varier dans la direction de l’axe de rotation.

1 1‘

2 2’

Fig. 7.3 – 2 particules sur une ligne ‖ Ă  l’axe de rotation resteront liĂ©es surune telle ligne ‖ et Ă  la mĂȘme distance l’une de l’autre.

Les mouvements statiques lents dans un fluide non visqueux incompressible (Ă 

229

Page 231: 27 septembre 2006 - UNIGE

l’approximation considĂ©rĂ©e) en rotation sont nĂ©cessairement bi-dimensionnelscf Fig. 7.3 (ThĂ©orie de Taylor-Proudman).

Colonne de TaylorAu-dessus et au-dessous de l’obstacle, il y a des colonnes fluides, comme si ily avait de parois solides. Pas de transfert entre intĂ©rieur et extĂ©rieur.

obstacle

colonne

Fig. 7.4 –

Nous avons vu, dans ce chapitre 8, quelques Ă©lĂ©ments de base de l’hydrodyna-mique. Les grands ordinateurs ont permis ces derniĂšres annĂ©es la rĂ©alisationde simulations numĂ©riques de problĂšmes hydrodynamiques complexes, tels laformation stellaire, les disques d’accrĂ©tion, la coalescence stellaire etc.

230