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JAB 1200 GENÈVE 2 RETOUR: AMR 10 RUE DES ALPES CH-1201 GENÈVE FÉVRIER 2012, Nº 329 SSOCIATION POUR A R OVISÉE USIQUE IMP M L’ENCOURAGEMENT DE LA VIVA LA MUSICA (SIXIÈME SÉRIE), MENSUEL DE L’AMR, 10 FOIS L’AN OUTILS POUR L’IMPROVISATION 53 par eduardo kohan questions, suggestions, collaborations : [email protected] sur mon site, eduardokohan.com, vous trouverez tous les Outils publiés lecture inspiratrice : Pedro Páramo de Juan Rulfo NIGHT AND DAY TRANSCRIPTION DU SOLO DE JOE HENDERSON Disque: Inner Urge (Blue Note 1965, BLP 4189). Joe Henderson, saxophone ténor. McCoy Tyner, piano. Bob Cranshaw, contrebasse. Elvin Jones, batterie. Transcription en ut. Sur mon site vous trouverez l’au- dio, des transcriptions en Bb/Eb et d’autres informations sur le morceau de Cole Porter. thème... J’habite à côté de la poste. Pourtant le facteur ne passe pas avant 1 heure de l’après-midi. Normal, riposte-t-il, primo vous n’êtes pas le seul, deuzio vous êtes en queue de tournée. «Faites un détour. – Un pape ne change pas de mules au milieu du gué. – Commencez par ma maison. – Ça ne ferait qu’inverser l’ordre des mécontents.» Une loi cosmique gouverne la distribution du courrier et les trous tour- noyant au fond des baignoires qui se vident. Je n’ai qu’à déménager dans l’hémisphère sud. Dire que je voulais faire facteur, pas pour lire les cartes postales (concierge suffit) mais pour les lettres qui ne trouvent pas leurs destinataires et qui, renvoyées de port en port, reviennent au point de dé- part tatouées comme des galériens. La joute n’est pas finie. Moi, perfide: «Au royaume des aveugles, les bor- gnes n’en loupent pas une.» Lui: «Au royaume des borgnes, les aveugles se remettent.» Moi: «Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.» Lui: «Au royaume des borgnes, les cyclopes ne perdent pas grand-chose.» Je revois le mythique deux-roues où le rétropédalage, comme dans les malédictions, vous figeait sur place en statue de sel. ZONE TAMPON par jean-luc babel Cela n’a duré que le temps de tourner la clé dans la serrure et de descendre l’escalier. Un temps infinitésimal face à l’usure des jours. Je baignais dans l’indécision. Usé jus- qu’à la corde et pourtant frais et dispos. La solitude, la perplexité du chroniqueur mu- sical, de l’homme écrivant, il est bon quelquefois de l’avouer (pas trop souvent cepen- dant, car le risque est de perdre toute crédibilité). En désespoir de cause j’avais glissé au fond de mon sac quatre albums dont le capital de sympathie me semblait apte à émouvoir ma lyre, à enclencher le mécanisme de la parole qui répond à la générosité de la musique (tout en gardant à l’esprit qui si le silence est d’or la parole n’est que d’argent.) Depuis longtemps je désirais parler du filiforme John Tchicai aux longs doigts, campé comme la statue du dandysme quelque part entre Danemark et Afrique et dont le dis- cours possède la vertu de toujours échapper au filet de l’entendement cartésien. Son son d’alto, clownesquement dramatique, comme effleuré par une aile aylérienne lui donne quelque peu paradoxalement un petit air de Garbarek pince-sans-rire. Cela est du meilleur effet dans les ballades, comme ici sur le traditionnel «Go down Moses». Roswell Rudd c’est l’anti Jay Jay, le trombone en sa particularité instrumentale pressé comme une orange pour en extraire la substantifique moelle. C’est aussi le meilleur ami de Thelonious Monk et d’Herbie Nichols (comme on dit que le chien est le meilleur ami de l’homme). Ces dernières années il semble s’être un peu éloigné des terres in- grates du free jaz qu’il affectionnait auparavant pour aborder celles certes plus rému- nératrices d’une certaine world music. 75 ans est déjà un bel âge, celui où le gros chien prend une bonne tête vénérable et touchante dont s’entichent facilement toutes sortes de jeunes filles qui sautent à la corde. Elles en font leur mascotte et l’en- traînent dans des rondes qui ne sont hélas pas toujours exemptes d’un soup- çon de vulgarité. ( Notons que le versant africain n’en est point entaché ). Mais qu’à cela ne tienne, car le trombone est là plus que jamais, et le graphiste, (di-sons son nom, une fois n’est pas coutume, il s’appelle Christopher Drukker) lui a concocté pour son anniversaire un doublement royal blason! C’est fou ce que le musette a évolué. Moi qui à l’origine suis de cette tradition, je n’au- rais jamais imaginé pareille efflorescence. I like André Minvielle very much. Il y a du Lubat là-dessous. Et quand j’entends Marcel Loeffler et Lionel Suarez j’ai presque en- vie de me jeter par la fenêtre. Comme le chantait Colette Renard (pour rester dans la note): ça c’est d’la musique, alors là chapeau ça c’est champion ! Il y a aussi le nouveau MSMW live (où «Little Walter rides again»). Moi j’appelle ça du rock’n’roll et je suis content comme si je venais de recevoir une mitraillette en plas- tique (où un désintégrateur anti-flic). Mais j’oubliais, ce qui n’a duré que le temps de tourner la clé dans la serrure c’était un chant d’oiseau. Une lucarne était allumée dans le demi-jour. L’oiseau est revenu en ca- timini. C’est lui qui a fait cette jolie rature qui montre la vanité de toutes ces choses. Je me souviens quand et pourquoi j’ai commencé à m’intéresser à la musique impro- visée. En 1993, la RAI - Radio Televisione Italiana produisait encore une émission nom- mée « Schegge di Jazz », qui consistait tout simplement dans la reproduction de vidéos d’archives des grands de la musique jazz ayant joué en Italie, au Festival Umbria Jazz surtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins … tous les jours à 14 h 30 et pour une demi-heure je restais collé à l’écran, jeune bassiste encore voué aux missions mus- clées du rock’n’roll, absolument incapable de comprendre ce qu’ils étaient en train de faire et cependant fasciné par leur magie. A l’époque, voir ces héros en action c’était un cadeau … D’autres écrans sont réservés aujourd’hui à ceux qui ont envie d’être fascinés par n’importe quelle musique qui ne soit pas le grand mainstream commercial et l’inter- net est devenu le grand dépôt de vidéos, renseignements, sons, images… tout passe par là, de nos jours et l’on peut tout y trouver. Pour l’AMR, le temps du réaménagement de sa fenêtre web était arrivé depuis un bon moment, et vous pourrez apprécier dans les prochaines semaines le résultat du long processus de renouvellement de notre site. Créé et jusque là géré par Stéphane Metraux – que je tiens ici vivement à remercier au nom de tous –, notre site web a maintenant une nouvelle architecture, mitonnée par l’équipe de Complex et un nou- veau graphisme créé par Dimitri Delcourt qui, cette année réalisera aussi les affiches pour notre Festival du printemps (du 20 au 25 mars au Sud des Alpes - voir le pro- gramme au verso). Leïla Kramis, notre responsable de communication, a été pendant tout ce temps l’intermédiaire patiente entre les réalisateurs, le comité et les différen- tes commissions intéressées à ce travail. Plus beau à voir de l’extérieur, plus facile à gérer de l’intérieur, le nouveau site sera probablement, entre autres avantages, un précieux outil à intégrer avec le centre de documentation que nous avons inauguré en septembre… d’ores et déjà nos fantaisies sont lancées dans la création d’incroyables scénarios multimédias pour un futur pas trop lointain… on verra bien ce qu’il sera effectivement possible de réaliser. Quoi qu’il en soit j’ai plaisir à imaginer que dans vingt ans, à l’époque des nouveaux médias 3D-et-dieu-sait-quoi-d’autre quelqu’un pourra raconter avoir été ravi au dé- but du siècle (c’était, je crois dans les années 2012) par la musique d’improvisation en regardant sur le canal web des concerts de l’AMR sur un vieil et bizarre écran à cris- taux liquides quand il était ado, dans le salon de ses parents … ÉCRANS par massimo pinca enveloppes NON-LIEU par claude tabarini JEAN FIRMANN

329 recto 16.1.2012 11:10 Page 1 10 RUE DES …surtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins… tous les jours à 14h30 et pour une demi-heure je restais collé à l’écran, jeune

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Page 1: 329 recto 16.1.2012 11:10 Page 1 10 RUE DES …surtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins… tous les jours à 14h30 et pour une demi-heure je restais collé à l’écran, jeune

JAB1200 GENÈVE 2

RETOUR: AMR10 RUE DES ALPES

CH-1201 GENÈVE

FÉVRIER 2012, Nº 329SSOCIATION POUR A R OVISÉEUSIQUE IMPML’ENCOURAGEMENT DE LA

VIVA LA MUSICA (SIXIÈME SÉRIE), MENSUEL DE L’AMR, 10 FOIS L’AN

O U T I L S P O U R L’ I M P R OV I SAT I O N 5 3par eduardo kohan

soutenez nos activités(concerts au sud des alpes,

festival de jazz et festival des cropettes, ateliers, stages,

journal viva la musica )en devenant membre de l’AMR

vous serez tenus au courantde nos activités en recevant viva la musica tous les mois

et vous bénéficierez deréductions appréciables aux

concerts organisés par l’AMR

bob brookemeyer, l’élégant tromboniste qui posait

(une photographie de dennis stock) en couverture du dernier vivalamusica

est mort deux jours après la parution de notre magazine,

quatre jours avant ses 82 ans

ce qui n’amène aucun commentaire particulier

mais faites tout de même attention

vivalamusica présente à janet, sa femme,

et à tous ceux qui l’aiment ses vives condoléances

(aloys lolo)

ALBERT CHEZ LES INDIENS

alb

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par

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phan

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nan

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date limite des propositions le 20 février 2012* Le «leader» n’est pas forcément celui qui cherche ou trouve les contrats: dans ce cas précis, il faut entendre par leadercelui qui joue le rôle de «directeur musical» au sein de l’orchestre, que son nom soit en grand ou en petit sur l’affiche.

Dans le cadre des ateliers jazz de l’AMR,les professeurs abordent de très nom-breux styles et de très nombreux compo-siteurs dans le courant d’une année: il enest ainsi parce qu’ils doivent organiserdes répertoires variés, en rapport avec lespossibilités et les goûts des participants.C’est très bien ainsi. Il y a tout de même deux regrets, et c’estd’une part de ne pas pouvoir prendre letemps d’aller plus à fond dans un do-maine particulier, et d’autre part de nepas pouvoir le faire savoir à l’avance àtous ceux que cela pourrait intéresser. En concertation avec tous les professeursde l’AMR nous avons, petit à petit, cernéun certain nombre de sujets importants,et nous proposons désormais des ateliersspécifiques autour de ces sujets. Ce sontles ateliers à thème. Nous sommes bien sûr convaincus qu’il ya d’autres idées encore, et qu’il y a aussid’autres musiciens capables, et désireuxde les transmettre; nous comptons doncsur vous, pour nous le faire savoir.La seule chose que nous demandons,pour pouvoir entrer en matière, ce sontdes compétences, et ces compétencesnous les avons résumées ainsi: avoir été«leader»* d’un orchestre qui a travaillésur tout ou partie du sujet proposé, pen-dant une année au moins.Ne nous faites qu’une seule proposition àla fois, et si vous avez besoin d’en savoirplus, contactez le secrétariat (022 716 56 30 demandez Nelson Rojas)et envoyez-nous vos propositions soitpar courrier postal, soit par mail à l’adresse suivante: [email protected] sommes au regret de préciser quenous ne pourrons pas entrer en matièresi votre proposition ne nous parvient passous l’une de ces deux formes et dans lesbons délais.

les thèmes proposés jusqu’à cejour ont été les suivants :

• Latin jazz• Improvisation libre• Frank Zappa • Musiques binaires d’aujourd’hui• Percussions latines• Django Reinhart, un grand compositeur• Jazz Messengers• Soul special edition• Compositions personnelles de formes standard• Golson, Silver, Blakey, et les autres...• Duke Ellington en moyenne formation • Le chant jazz: le scat • La musique de Jimi Hendrix • Musiques et textes • La musique modale, le blues et le jazz • Le jazz dans la chanson française • La musique de Bud Powell • Les années 1930

- quand le vieux style devient moderne-• Le tango en atelier instrumental et vocal • Un big band ouvert et à la carte

où l’écriture est pensée pour les participants • «Wop bop a loo bop a lop bam boom»

aux sources du rock’n roll • Downtown New-York City,

ou la nouvelle vague du jazz • James Brown• La musique de Thelonious Monk• Scat-jazz-slam• Improvisation musicale et images• Musiques pour piano

(Bill Evans, Clare Fisher et Lennie Tristano)• Mingus• Yellow Steps Report• Wayne Shorter et les années 1960• Afro-beat• New Jazz et les influences new-yorkaises

pop-rock d’aujourd’hui• La musique d’Astor Piazzolla• De Scoffield à Frisell• Jazz manouche• Bop-rock• Coltrane «Atlantique»• Le jazz d Afrique du Sud• Transcréation• Jazz et chanson chez Boris Vian

questions, suggestions, collaborations : [email protected] mon site, eduardokohan.com, vous trouverez tous les Outils publiés

lecture inspiratrice : Pedro Páramo de Juan Rulfo

NIGHT AND DAYTRANSCRIPTION DU SOLO DE JOE HENDERSONDisque: Inner Urge (Blue Note 1965, BLP 4189). Joe Henderson, saxophone ténor. McCoy Tyner, piano.Bob Cranshaw, contrebasse. Elvin Jones, batterie. Transcription en ut. Sur mon site vous trouverez l’au-dio, des transcriptions en Bb/Eb et d’autres informations sur le morceau de Cole Porter.

thème...

J’habite à côté de la poste. Pourtant le facteur ne passe pas avant 1 heurede l’après-midi. Normal, riposte-t-il, primo vous n’êtes pas le seul, deuziovous êtes en queue de tournée.«Faites un détour.– Un pape ne change pas de mules au milieu du gué.– Commencez par ma maison.– Ça ne ferait qu’inverser l’ordre des mécontents.»Une loi cosmique gouverne la distribution du courrier et les trous tour-noyant au fond des baignoires qui se vident. Je n’ai qu’à déménager dansl’hémisphère sud. Dire que je voulais faire facteur, pas pour lire les cartespostales (concierge suffit) mais pour les lettres qui ne trouvent pas leursdestinataires et qui, renvoyées de port en port, reviennent au point de dé-part tatouées comme des galériens.La joute n’est pas finie. Moi, perfide: «Au royaume des aveugles, les bor-gnes n’en loupent pas une.»Lui: «Au royaume des borgnes, les aveugles se remettent.»Moi: «Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.»Lui: «Au royaume des borgnes, les cyclopes ne perdent pas grand-chose.»

Je revois le mythique deux-roues où le rétropédalage, comme dans lesmalédictions, vous figeait sur place en statue de sel.

ZONE TAMPON par jean-luc babel

Cela n’a duré que le temps de tourner la clé dans la serrure et de descendre l’escalier.Un temps infinitésimal face à l’usure des jours. Je baignais dans l’indécision. Usé jus-qu’à la corde et pourtant frais et dispos. La solitude, la perplexité du chroniqueur mu-sical, de l’homme écrivant, il est bon quelquefois de l’avouer (pas trop souvent cepen-dant, car le risque est de perdre toute crédibilité). En désespoir de cause j’avais glisséau fond de mon sac quatre albums dont le capital de sympathie me semblait apte àémouvoir ma lyre, à enclencher le mécanisme de la parole qui répond à la générositéde la musique (tout en gardant à l’esprit qui si le silence est d’or la parole n’est qued’argent.)Depuis longtemps je désirais parler du filiforme John Tchicai aux longs doigts, campécomme la statue du dandysme quelque part entre Danemark et Afrique et dont le dis-cours possède la vertu de toujours échapper au filet de l’entendement cartésien. Sonson d’alto, clownesquement dramatique, comme effleuré par une aile aylérienne luidonne quelque peu paradoxalement un petit air de Garbarek pince-sans-rire. Cela estdu meilleur effet dans les ballades, comme ici sur le traditionnel «Go down Moses».Roswell Rudd c’est l’anti Jay Jay, le trombone en sa particularité instrumentale pressécomme une orange pour en extraire la substantifique moelle. C’est aussi le meilleurami de Thelonious Monk et d’Herbie Nichols (comme on dit que le chien est le meilleurami de l’homme). Ces dernières années il semble s’être un peu éloigné des terres in-grates du free jaz qu’il affectionnait auparavant pour aborder celles certes plus rému-nératrices d’une certaine world music. 75 ans est déjà un bel âge, celui où le groschien prend une bonne tête vénérable et touchante dont s’entichent facilement toutessortes de jeunes filles qui sautent à la corde. Elles en font leur mascotte et l’en-traînent dans des rondes qui ne sont hélas pas toujours exemptes d’un soup-çon de vulgarité. ( Notons que le versant africain n’en est point entaché). Maisqu’à cela ne tienne, car le trombone est là plus que jamais, et le graphiste, (di-sonsson nom, une fois n’est pas coutume, il s’appelle Christopher Drukker) lui a concoctépour son anniversaire un doublement royal blason!C’est fou ce que le musette a évolué. Moi qui à l’origine suis de cette tradition, je n’au-rais jamais imaginé pareille efflorescence. I like André Minvielle very much. Il y a duLubat là-dessous. Et quand j’entends Marcel Loeffler et Lionel Suarez j’ai presque en-vie de me jeter par la fenêtre. Comme le chantait Colette Renard (pour rester dans lanote): ça c’est d’la musique, alors là chapeau ça c’est champion!Il y a aussi le nouveau MSMW live (où «Little Walter rides again»). Moi j’appelle ça durock’n’roll et je suis content comme si je venais de recevoir une mitraillette en plas-tique (où un désintégrateur anti-flic).Mais j’oubliais, ce qui n’a duré que le temps de tourner la clé dans la serrure c’était unchant d’oiseau. Une lucarne était allumée dans le demi-jour. L’oiseau est revenu en ca-timini. C’est lui qui a fait cette jolie rature qui montre la vanité de toutes ces choses.

Je me souviens quand et pourquoi j’ai commencé à m’intéresser à la musique impro-visée. En 1993, la RAI - Radio Televisione Italiana produisait encore une émission nom-mée «Schegge di Jazz», qui consistait tout simplement dans la reproduction de vidéosd’archives des grands de la musique jazz ayant joué en Italie, au Festival Umbria Jazzsurtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins… tous les jours à 14 h 30 et pour unedemi-heure je restais collé à l’écran, jeune bassiste encore voué aux missions mus-clées du rock’n’roll, absolument incapable de comprendre ce qu’ils étaient en train defaire et cependant fasciné par leur magie. A l’époque, voir ces héros en action c’étaitun cadeau… D’autres écrans sont réservés aujourd’hui à ceux qui ont envie d’être fascinés parn’importe quelle musique qui ne soit pas le grand mainstream commercial et l’inter-net est devenu le grand dépôt de vidéos, renseignements, sons, images… tout passepar là, de nos jours et l’on peut tout y trouver.Pour l’AMR, le temps du réaménagement de sa fenêtre web était arrivé depuis un bonmoment, et vous pourrez apprécier dans les prochaines semaines le résultat du longprocessus de renouvellement de notre site. Créé et jusque là géré par StéphaneMetraux – que je tiens ici vivement à remercier au nom de tous –, notre site web amaintenant une nouvelle architecture, mitonnée par l’équipe de Complex et un nou-veau graphisme créé par Dimitri Delcourt qui, cette année réalisera aussi les affichespour notre Festival du printemps (du 20 au 25 mars au Sud des Alpes - voir le pro-gramme au verso). Leïla Kramis, notre responsable de communication, a été pendanttout ce temps l’intermédiaire patiente entre les réalisateurs, le comité et les différen-tes commissions intéressées à ce travail. Plus beau à voir de l’extérieur, plus facile à gérer de l’intérieur, le nouveau site seraprobablement, entre autres avantages, un précieux outil à intégrer avec le centre dedocumentation que nous avons inauguré en septembre… d’ores et déjà nos fantaisiessont lancées dans la création d’incroyables scénarios multimédias pour un futur pastrop lointain… on verra bien ce qu’il sera effectivement possible de réaliser.Quoi qu’il en soit j’ai plaisir à imaginer que dans vingt ans, à l’époque des nouveauxmédias 3D-et-dieu-sait-quoi-d’autre quelqu’un pourra raconter avoir été ravi au dé-but du siècle (c’était, je crois dans les années 2012) par la musique d’improvisation enregardant sur le canal web des concerts de l’AMR sur un vieil et bizarre écran à cris-taux liquides quand il était ado, dans le salon de ses parents…

ÉCRANSpar massimo pinca

TRENTIÈME EDITION DE LA FÊTE DEL’AMR AUX CROPETTESLa 30e édition de la grande fête de l’AMR aux Cropettes se déroulera du mercredi 27 juin au di-manche 1er juillet 2012, selon la formule consacrée (cinq soirées de concerts, une grande scène,une petite scène et quelques excellents stands de restauration). Comme de coutume, la commis-sion de programmation de l’AMR vous invite à lui soumettre vos projets, actuels ou inédits, afinque ces joutes musicales soient une authentique vitrine de la création régionale dans le domainedu jazz, des musiques improvisées et métissées.Merci de tenir compte des critères suivants:• un seule offre par musicien (par leader)• description du projet• exemple de musique fortement souhaité• si possible mentionner les dates ou le groupe est disponibleMerci de nous faire parvenir vos projets à l’adresse de l’AMR (10, rue des Alpes, 1201 Genève),le dernier délai étant le vendredi 2 mars 2012.

pour la commission de programmation, Brooks Giger

enveloppes

NON-LIEUpar claude tabarini

Attention, chronique-détour! Détour par le vin,prétexte pour lever d’ailleurs un verre à votresanté. Détour dialectique plaisantissime,j’espère. Savez-vous ce qu’est un assem-blage, en langage ad hoc? C’est un procédétraditionnel dans deux grandes régions deproduction françaises: on constitue souventles Bordeaux de cabernet sauvignon, de ca-bernet franc et de merlot, et les Côtes-du-Rhône de grenache, de syrah, de carignan, decinsaut et de mourvèdre.Or cette technique ancienne connaît un déve-loppement fiévreux. Il n’est plus un vignerond’ici qui ne s’érige en ordonnateur de cépagesà force de mélanger le gamaret au garanoir, lemalbec au diolinoir ou la mondeuse au dorn-felder élevés en barrique de chêne neuf ouvieux – tandis qu’on s’interroge gravement,dans les milieux spécialisés, sur cette éven-tualité cruciale: faut-il ajouter des copeaux debois dans le vin pendant sa maturation? Et duparmesan, peut-être?Ce délire, suscité par un asservissement pan-

ique au marché de la consommation dont il faut séduire tous les engouements momentanés, agaceraitseulement s’il n’était le symptôme d’un jeu planétaire autrement plus décisif : celui du couper-coller, ausens retenu par les usagers de l’informatique, et finalement celui du brouillage des mémoires, du para-sitage des intelligences et de l’effacement des origines.Il n’est pas fortuit que notre époque soit non seulement celle des assemblages vinicoles, en effet, maisaussi celle des manipulations génétiques, des citations et des autocitations, des parodies, des duplica-tas, des pastiches et des «remakes» en tous genres – qu’il s’agisse de la science médicale, de la ges-tuelle politique, de la culture de masse ou de l’économie financière.A l’instar des chirurgiens greffeurs d’organes et des voleurs en droits d’auteur sur l’internet, nous consa-crons aujourd’hui l’essentiel de nos énergies à découper dans notre souvenir ou dans le patrimoine col-lectif certains de leurs éléments pour les plaquer en fragments stratégiques dans la quotidienneté dontnous nous prétendons les créateurs souverains.Cette industrie produit non seulement du matériau d’ordre physique. Voyez le tout-venant actuel de laproduction architecturale urbaine, par exemple, qui est largement fondé sur un copier-coller frénétiquedes styles – au point de transformer n’importe quelle ville de la planète en clone quasi parfait de touteautre ville sur les cinq continents.Or ce n’est pas tout. L’industrie du couper-coller produit aussi du matériau d’ordre intellectuel et moral.Ainsi les révisionnistes ne cessent-ils de copier certains éléments choisis du récit narrant la DeuxièmeGuerre mondiale pour les coller dans le cadre de leur discours militant d’aujourd’hui – leur permettantd’affirmer l’inexistence historique des camps de concentration.C’est à ce point que nous retrouvons les bricoleurs surexcités de nos coteaux. Tout bonhommes qu’ilssoient penchés sur leurs cuves au fond des caves, ils incarnent les mêmes forces de fragmentation, dedétournement, de dissimulation, de déstructuration, d’émiettement, de tripatouillage et finalement d’am-nésie qui nous rendent la scène du monde si confuse – en nous la faisant apparaître illusoirement si dy-namique et si joueuse.C’est à quoi je songeais l’autre soir en écoutant, dans un bistrot de ville où l’habitude me porte, quelquespièces de musique chues des haut-parleurs disposés au plafond. Sur ma table, un verre de rouge. Sur labouteille en face de moi, une étiquette vantant un croisement prodigieux de provenances, de sous-pro-venances, de cryptoprovenances, de provenances occultes et de provenances collatérales. Et dans monoreille, quoi donc, au fond? Un jeu maîtrisé d’influences musicales dûment transcendées pour un résul-tat irradiant? Ou des métissages racoleurs à la noix? Ou des facilités mélodiques en mariages artificiels?La méditation m’emportait, dont je songeai soudain qu’il serait drolatique de la transporter en maints do-maines réputés culturels aujourd’hui. Une dernière gorgée, là-dessus – ma chronique était faite.

DE BARRIQUE ET DE BROC par christophe gallaz LES ATELIERS À THÈME 2012-2013 par maurice magnoni

Il se nomme Steve Lehman. Il est arc-bouté à son pupi-tre, comme s’il voulait repousser ses partitions, usantpour cela de son saxophone comme d’un bélier ineffi-cace ; l’outil n’étant guère conçu dans ce dessein, iléchoue, sans surprise pour nous, son beau public ; com-batif de la première heure, c’est à ces notes jetées sur lepapier qu’il adresse alors son énergie ; il est astucieux, ilest entêté, il invente milles stratégies, tel un professeurd’échecs, il expose sous nos oreilles ses projections à uneminutieuse et détaillée auto-analyse, et la musique sedélie alors comme un long ruban, liste exhaustive despossibles, recensement méticuleux des espérances, si-nueuse, longue et serpentine saga. L’immédiateté de larecherche nous la rend passionnante, comme un repor-tage en direct aux confins du monde. La posture est ra-dicalement différente pour Rudresh Mahanthappa.Trivialement, le dos est plus voûté. Pour user d’un sté-réotype aussi exotique qu’éculé, je pourrais le décrirecomme un charmeur de serpent, domptant sans volon-tarisme excessif, son animal de compagnie favori.L’artiste se contente d’exploiter les dons admirables del’animal, sans fournir lui-même un effort exagéré, dansce qu’on pourrait voir comiquement comme une sortede délocalisation de la production, une production horsde lui-même, facilité admirable qu’il doit plus à son sou-verain détachement qu’à un trop commun «manage-ment» libéral et mondialiste des ressources. Ces deuxapproches cohabitent dans un grand puzzle à cinq pièces– les trois autres ayant les beaux noms de Rich, Libertyet Damion – le modèle de puzzle avec lequel on peut lar-gement se passer de chercher les bords avant de s’atta-quer vraiment à la bête. Cette simplicité du modèle n’enrecèle pas moins un ajustement d’une facture millimé-trique des pièces, un dégradé de nuances que le décou-

page originel ne laissait pas présager, ainsi qu’un équili-bre d’indépendance de chaque partie que l’Inde lui au-rait envié sous le joug des Anglais. Les deux pièces prin-cipales du puzzle n’en restent pas moins toujours à vue,meneuses magistrales du jeu d’improvisation et dualescompositrices, et ceci quelque soit la visibilité (c’est foule nombre de i dans ce mot) variable des jointures. Lescomposants du jeu demeurent parfaitement complé-mentaires entrelacs savants multipliant tellement les cir-

convolutions et les méandres qu’on en perd parfois ledélicat tracé. Etonnant, en dernière analyse, que les jeuxopposés des co-leaders se marient de façon jubilatoire,métamorphosant les solistes en jumeaux exhibitionnis-tes, amusés de leur pouvoirs télépathiques.

les photographies sont de juan-carlos hernández, rudresh porte la chemise à lignes fines

au Sud des Alpes, le vendredi 16 décembreDual Entity

Rudresh Mahanthappa, saxophone altoSteve Lehman, saxophone alto

Liberty Ellman, guitareRich Brown, basse électrique

Damion Reid, batterie.http://rudreshm.com et www.stevelehman.com

l’autre soir au sud des alpesDUAL IDENTITY par yves massy

Vous qui avez l’expérience de la scène et qui désirez transmettre une part de ceque vous y avez appris, lisez les lignes qui suivent, elles peuvent vous intéresser :

VIVA LA MUSICA - mensuel d’information de l’AMR - associAtion pour l encourageMent de la musique impRovisée 10, rue des alpes, 1201 genève - tél. (022) 716 56 30. Fax (022) 716 56 39 ..................................... www.amr-geneve.chcoordination rédactionnelle : jean firmann , e-mail: [email protected] ..................... publicité : tarif sur demandemaquette: les studios lolos, e-mail : [email protected] ................ imprimerie genevoise, tirage 3000 ex. ISSN 1422-3651

DEVENEZ MEMBRE DE L’AMRnom et prénom

adresse

NPA-localité

e-mail:

à retourner à : AMR, 10, rue des Alpes - 1201 Genèvenous vous ferons parvenir un bulletin de versement pour le montant de la cotisation (50 francs - soutien 80 francs)

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RETOUR: AMR10 RUE DES ALPES

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FÉVRIER 2012, Nº 329SSOCIATION POUR A R OVISÉEUSIQUE IMPML’ENCOURAGEMENT DE LA

VIVA LA MUSICA (SIXIÈME SÉRIE), MENSUEL DE L’AMR, 10 FOIS L’AN

O U T I L S P O U R L’ I M P R OV I SAT I O N 5 3par eduardo kohan

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festival de jazz et festival des cropettes, ateliers, stages,

journal viva la musica )en devenant membre de l’AMR

vous serez tenus au courantde nos activités en recevant viva la musica tous les mois

et vous bénéficierez deréductions appréciables aux

concerts organisés par l’AMR

bob brookemeyer, l’élégant tromboniste qui posait

(une photographie de dennis stock) en couverture du dernier vivalamusica

est mort deux jours après la parution de notre magazine,

quatre jours avant ses 82 ans

ce qui n’amène aucun commentaire particulier

mais faites tout de même attention

vivalamusica présente à janet, sa femme,

et à tous ceux qui l’aiment ses vives condoléances

(aloys lolo)

ALBERT CHEZ LES INDIENS

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date limite des propositions le 20 février 2012* Le «leader» n’est pas forcément celui qui cherche ou trouve les contrats: dans ce cas précis, il faut entendre par leadercelui qui joue le rôle de «directeur musical» au sein de l’orchestre, que son nom soit en grand ou en petit sur l’affiche.

Dans le cadre des ateliers jazz de l’AMR,les professeurs abordent de très nom-breux styles et de très nombreux compo-siteurs dans le courant d’une année: il enest ainsi parce qu’ils doivent organiserdes répertoires variés, en rapport avec lespossibilités et les goûts des participants.C’est très bien ainsi. Il y a tout de même deux regrets, et c’estd’une part de ne pas pouvoir prendre letemps d’aller plus à fond dans un do-maine particulier, et d’autre part de nepas pouvoir le faire savoir à l’avance àtous ceux que cela pourrait intéresser. En concertation avec tous les professeursde l’AMR nous avons, petit à petit, cernéun certain nombre de sujets importants,et nous proposons désormais des ateliersspécifiques autour de ces sujets. Ce sontles ateliers à thème. Nous sommes bien sûr convaincus qu’il ya d’autres idées encore, et qu’il y a aussid’autres musiciens capables, et désireuxde les transmettre; nous comptons doncsur vous, pour nous le faire savoir.La seule chose que nous demandons,pour pouvoir entrer en matière, ce sontdes compétences, et ces compétencesnous les avons résumées ainsi: avoir été«leader»* d’un orchestre qui a travaillésur tout ou partie du sujet proposé, pen-dant une année au moins.Ne nous faites qu’une seule proposition àla fois, et si vous avez besoin d’en savoirplus, contactez le secrétariat (022 716 56 30 demandez Nelson Rojas)et envoyez-nous vos propositions soitpar courrier postal, soit par mail à l’adresse suivante: [email protected] sommes au regret de préciser quenous ne pourrons pas entrer en matièresi votre proposition ne nous parvient passous l’une de ces deux formes et dans lesbons délais.

les thèmes proposés jusqu’à cejour ont été les suivants :

• Latin jazz• Improvisation libre• Frank Zappa • Musiques binaires d’aujourd’hui• Percussions latines• Django Reinhart, un grand compositeur• Jazz Messengers• Soul special edition• Compositions personnelles de formes standard• Golson, Silver, Blakey, et les autres...• Duke Ellington en moyenne formation • Le chant jazz: le scat • La musique de Jimi Hendrix • Musiques et textes • La musique modale, le blues et le jazz • Le jazz dans la chanson française • La musique de Bud Powell • Les années 1930

- quand le vieux style devient moderne-• Le tango en atelier instrumental et vocal • Un big band ouvert et à la carte

où l’écriture est pensée pour les participants • «Wop bop a loo bop a lop bam boom»

aux sources du rock’n roll • Downtown New-York City,

ou la nouvelle vague du jazz • James Brown• La musique de Thelonious Monk• Scat-jazz-slam• Improvisation musicale et images• Musiques pour piano

(Bill Evans, Clare Fisher et Lennie Tristano)• Mingus• Yellow Steps Report• Wayne Shorter et les années 1960• Afro-beat• New Jazz et les influences new-yorkaises

pop-rock d’aujourd’hui• La musique d’Astor Piazzolla• De Scoffield à Frisell• Jazz manouche• Bop-rock• Coltrane «Atlantique»• Le jazz d Afrique du Sud• Transcréation• Jazz et chanson chez Boris Vian

questions, suggestions, collaborations : [email protected] mon site, eduardokohan.com, vous trouverez tous les Outils publiés

lecture inspiratrice : Pedro Páramo de Juan Rulfo

NIGHT AND DAYTRANSCRIPTION DU SOLO DE JOE HENDERSONDisque: Inner Urge (Blue Note 1965, BLP 4189). Joe Henderson, saxophone ténor. McCoy Tyner, piano.Bob Cranshaw, contrebasse. Elvin Jones, batterie. Transcription en ut. Sur mon site vous trouverez l’au-dio, des transcriptions en Bb/Eb et d’autres informations sur le morceau de Cole Porter.

thème...

J’habite à côté de la poste. Pourtant le facteur ne passe pas avant 1 heurede l’après-midi. Normal, riposte-t-il, primo vous n’êtes pas le seul, deuziovous êtes en queue de tournée.«Faites un détour.– Un pape ne change pas de mules au milieu du gué.– Commencez par ma maison.– Ça ne ferait qu’inverser l’ordre des mécontents.»Une loi cosmique gouverne la distribution du courrier et les trous tour-noyant au fond des baignoires qui se vident. Je n’ai qu’à déménager dansl’hémisphère sud. Dire que je voulais faire facteur, pas pour lire les cartespostales (concierge suffit) mais pour les lettres qui ne trouvent pas leursdestinataires et qui, renvoyées de port en port, reviennent au point de dé-part tatouées comme des galériens.La joute n’est pas finie. Moi, perfide: «Au royaume des aveugles, les bor-gnes n’en loupent pas une.»Lui: «Au royaume des borgnes, les aveugles se remettent.»Moi: «Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.»Lui: «Au royaume des borgnes, les cyclopes ne perdent pas grand-chose.»

Je revois le mythique deux-roues où le rétropédalage, comme dans lesmalédictions, vous figeait sur place en statue de sel.

ZONE TAMPON par jean-luc babel

Cela n’a duré que le temps de tourner la clé dans la serrure et de descendre l’escalier.Un temps infinitésimal face à l’usure des jours. Je baignais dans l’indécision. Usé jus-qu’à la corde et pourtant frais et dispos. La solitude, la perplexité du chroniqueur mu-sical, de l’homme écrivant, il est bon quelquefois de l’avouer (pas trop souvent cepen-dant, car le risque est de perdre toute crédibilité). En désespoir de cause j’avais glisséau fond de mon sac quatre albums dont le capital de sympathie me semblait apte àémouvoir ma lyre, à enclencher le mécanisme de la parole qui répond à la générositéde la musique (tout en gardant à l’esprit qui si le silence est d’or la parole n’est qued’argent.)Depuis longtemps je désirais parler du filiforme John Tchicai aux longs doigts, campécomme la statue du dandysme quelque part entre Danemark et Afrique et dont le dis-cours possède la vertu de toujours échapper au filet de l’entendement cartésien. Sonson d’alto, clownesquement dramatique, comme effleuré par une aile aylérienne luidonne quelque peu paradoxalement un petit air de Garbarek pince-sans-rire. Cela estdu meilleur effet dans les ballades, comme ici sur le traditionnel «Go down Moses».Roswell Rudd c’est l’anti Jay Jay, le trombone en sa particularité instrumentale pressécomme une orange pour en extraire la substantifique moelle. C’est aussi le meilleurami de Thelonious Monk et d’Herbie Nichols (comme on dit que le chien est le meilleurami de l’homme). Ces dernières années il semble s’être un peu éloigné des terres in-grates du free jaz qu’il affectionnait auparavant pour aborder celles certes plus rému-nératrices d’une certaine world music. 75 ans est déjà un bel âge, celui où le groschien prend une bonne tête vénérable et touchante dont s’entichent facilement toutessortes de jeunes filles qui sautent à la corde. Elles en font leur mascotte et l’en-traînent dans des rondes qui ne sont hélas pas toujours exemptes d’un soup-çon de vulgarité. ( Notons que le versant africain n’en est point entaché). Maisqu’à cela ne tienne, car le trombone est là plus que jamais, et le graphiste, (di-sonsson nom, une fois n’est pas coutume, il s’appelle Christopher Drukker) lui a concoctépour son anniversaire un doublement royal blason!C’est fou ce que le musette a évolué. Moi qui à l’origine suis de cette tradition, je n’au-rais jamais imaginé pareille efflorescence. I like André Minvielle very much. Il y a duLubat là-dessous. Et quand j’entends Marcel Loeffler et Lionel Suarez j’ai presque en-vie de me jeter par la fenêtre. Comme le chantait Colette Renard (pour rester dans lanote): ça c’est d’la musique, alors là chapeau ça c’est champion!Il y a aussi le nouveau MSMW live (où «Little Walter rides again»). Moi j’appelle ça durock’n’roll et je suis content comme si je venais de recevoir une mitraillette en plas-tique (où un désintégrateur anti-flic).Mais j’oubliais, ce qui n’a duré que le temps de tourner la clé dans la serrure c’était unchant d’oiseau. Une lucarne était allumée dans le demi-jour. L’oiseau est revenu en ca-timini. C’est lui qui a fait cette jolie rature qui montre la vanité de toutes ces choses.

Je me souviens quand et pourquoi j’ai commencé à m’intéresser à la musique impro-visée. En 1993, la RAI - Radio Televisione Italiana produisait encore une émission nom-mée «Schegge di Jazz», qui consistait tout simplement dans la reproduction de vidéosd’archives des grands de la musique jazz ayant joué en Italie, au Festival Umbria Jazzsurtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins… tous les jours à 14 h 30 et pour unedemi-heure je restais collé à l’écran, jeune bassiste encore voué aux missions mus-clées du rock’n’roll, absolument incapable de comprendre ce qu’ils étaient en train defaire et cependant fasciné par leur magie. A l’époque, voir ces héros en action c’étaitun cadeau… D’autres écrans sont réservés aujourd’hui à ceux qui ont envie d’être fascinés parn’importe quelle musique qui ne soit pas le grand mainstream commercial et l’inter-net est devenu le grand dépôt de vidéos, renseignements, sons, images… tout passepar là, de nos jours et l’on peut tout y trouver.Pour l’AMR, le temps du réaménagement de sa fenêtre web était arrivé depuis un bonmoment, et vous pourrez apprécier dans les prochaines semaines le résultat du longprocessus de renouvellement de notre site. Créé et jusque là géré par StéphaneMetraux – que je tiens ici vivement à remercier au nom de tous –, notre site web amaintenant une nouvelle architecture, mitonnée par l’équipe de Complex et un nou-veau graphisme créé par Dimitri Delcourt qui, cette année réalisera aussi les affichespour notre Festival du printemps (du 20 au 25 mars au Sud des Alpes - voir le pro-gramme au verso). Leïla Kramis, notre responsable de communication, a été pendanttout ce temps l’intermédiaire patiente entre les réalisateurs, le comité et les différen-tes commissions intéressées à ce travail. Plus beau à voir de l’extérieur, plus facile à gérer de l’intérieur, le nouveau site seraprobablement, entre autres avantages, un précieux outil à intégrer avec le centre dedocumentation que nous avons inauguré en septembre… d’ores et déjà nos fantaisiessont lancées dans la création d’incroyables scénarios multimédias pour un futur pastrop lointain… on verra bien ce qu’il sera effectivement possible de réaliser.Quoi qu’il en soit j’ai plaisir à imaginer que dans vingt ans, à l’époque des nouveauxmédias 3D-et-dieu-sait-quoi-d’autre quelqu’un pourra raconter avoir été ravi au dé-but du siècle (c’était, je crois dans les années 2012) par la musique d’improvisation enregardant sur le canal web des concerts de l’AMR sur un vieil et bizarre écran à cris-taux liquides quand il était ado, dans le salon de ses parents…

ÉCRANSpar massimo pinca

TRENTIÈME EDITION DE LA FÊTE DEL’AMR AUX CROPETTESLa 30e édition de la grande fête de l’AMR aux Cropettes se déroulera du mercredi 27 juin au di-manche 1er juillet 2012, selon la formule consacrée (cinq soirées de concerts, une grande scène,une petite scène et quelques excellents stands de restauration). Comme de coutume, la commis-sion de programmation de l’AMR vous invite à lui soumettre vos projets, actuels ou inédits, afinque ces joutes musicales soient une authentique vitrine de la création régionale dans le domainedu jazz, des musiques improvisées et métissées.Merci de tenir compte des critères suivants:• un seule offre par musicien (par leader)• description du projet• exemple de musique fortement souhaité• si possible mentionner les dates ou le groupe est disponibleMerci de nous faire parvenir vos projets à l’adresse de l’AMR (10, rue des Alpes, 1201 Genève),le dernier délai étant le vendredi 2 mars 2012.

pour la commission de programmation, Brooks Giger

enveloppes

NON-LIEUpar claude tabarini

Attention, chronique-détour! Détour par le vin,prétexte pour lever d’ailleurs un verre à votresanté. Détour dialectique plaisantissime,j’espère. Savez-vous ce qu’est un assem-blage, en langage ad hoc? C’est un procédétraditionnel dans deux grandes régions deproduction françaises: on constitue souventles Bordeaux de cabernet sauvignon, de ca-bernet franc et de merlot, et les Côtes-du-Rhône de grenache, de syrah, de carignan, decinsaut et de mourvèdre.Or cette technique ancienne connaît un déve-loppement fiévreux. Il n’est plus un vignerond’ici qui ne s’érige en ordonnateur de cépagesà force de mélanger le gamaret au garanoir, lemalbec au diolinoir ou la mondeuse au dorn-felder élevés en barrique de chêne neuf ouvieux – tandis qu’on s’interroge gravement,dans les milieux spécialisés, sur cette éven-tualité cruciale: faut-il ajouter des copeaux debois dans le vin pendant sa maturation? Et duparmesan, peut-être?Ce délire, suscité par un asservissement pan-

ique au marché de la consommation dont il faut séduire tous les engouements momentanés, agaceraitseulement s’il n’était le symptôme d’un jeu planétaire autrement plus décisif : celui du couper-coller, ausens retenu par les usagers de l’informatique, et finalement celui du brouillage des mémoires, du para-sitage des intelligences et de l’effacement des origines.Il n’est pas fortuit que notre époque soit non seulement celle des assemblages vinicoles, en effet, maisaussi celle des manipulations génétiques, des citations et des autocitations, des parodies, des duplica-tas, des pastiches et des «remakes» en tous genres – qu’il s’agisse de la science médicale, de la ges-tuelle politique, de la culture de masse ou de l’économie financière.A l’instar des chirurgiens greffeurs d’organes et des voleurs en droits d’auteur sur l’internet, nous consa-crons aujourd’hui l’essentiel de nos énergies à découper dans notre souvenir ou dans le patrimoine col-lectif certains de leurs éléments pour les plaquer en fragments stratégiques dans la quotidienneté dontnous nous prétendons les créateurs souverains.Cette industrie produit non seulement du matériau d’ordre physique. Voyez le tout-venant actuel de laproduction architecturale urbaine, par exemple, qui est largement fondé sur un copier-coller frénétiquedes styles – au point de transformer n’importe quelle ville de la planète en clone quasi parfait de touteautre ville sur les cinq continents.Or ce n’est pas tout. L’industrie du couper-coller produit aussi du matériau d’ordre intellectuel et moral.Ainsi les révisionnistes ne cessent-ils de copier certains éléments choisis du récit narrant la DeuxièmeGuerre mondiale pour les coller dans le cadre de leur discours militant d’aujourd’hui – leur permettantd’affirmer l’inexistence historique des camps de concentration.C’est à ce point que nous retrouvons les bricoleurs surexcités de nos coteaux. Tout bonhommes qu’ilssoient penchés sur leurs cuves au fond des caves, ils incarnent les mêmes forces de fragmentation, dedétournement, de dissimulation, de déstructuration, d’émiettement, de tripatouillage et finalement d’am-nésie qui nous rendent la scène du monde si confuse – en nous la faisant apparaître illusoirement si dy-namique et si joueuse.C’est à quoi je songeais l’autre soir en écoutant, dans un bistrot de ville où l’habitude me porte, quelquespièces de musique chues des haut-parleurs disposés au plafond. Sur ma table, un verre de rouge. Sur labouteille en face de moi, une étiquette vantant un croisement prodigieux de provenances, de sous-pro-venances, de cryptoprovenances, de provenances occultes et de provenances collatérales. Et dans monoreille, quoi donc, au fond? Un jeu maîtrisé d’influences musicales dûment transcendées pour un résul-tat irradiant? Ou des métissages racoleurs à la noix? Ou des facilités mélodiques en mariages artificiels?La méditation m’emportait, dont je songeai soudain qu’il serait drolatique de la transporter en maints do-maines réputés culturels aujourd’hui. Une dernière gorgée, là-dessus – ma chronique était faite.

DE BARRIQUE ET DE BROC par christophe gallaz LES ATELIERS À THÈME 2012-2013 par maurice magnoni

Il se nomme Steve Lehman. Il est arc-bouté à son pupi-tre, comme s’il voulait repousser ses partitions, usantpour cela de son saxophone comme d’un bélier ineffi-cace ; l’outil n’étant guère conçu dans ce dessein, iléchoue, sans surprise pour nous, son beau public ; com-batif de la première heure, c’est à ces notes jetées sur lepapier qu’il adresse alors son énergie ; il est astucieux, ilest entêté, il invente milles stratégies, tel un professeurd’échecs, il expose sous nos oreilles ses projections à uneminutieuse et détaillée auto-analyse, et la musique sedélie alors comme un long ruban, liste exhaustive despossibles, recensement méticuleux des espérances, si-nueuse, longue et serpentine saga. L’immédiateté de larecherche nous la rend passionnante, comme un repor-tage en direct aux confins du monde. La posture est ra-dicalement différente pour Rudresh Mahanthappa.Trivialement, le dos est plus voûté. Pour user d’un sté-réotype aussi exotique qu’éculé, je pourrais le décrirecomme un charmeur de serpent, domptant sans volon-tarisme excessif, son animal de compagnie favori.L’artiste se contente d’exploiter les dons admirables del’animal, sans fournir lui-même un effort exagéré, dansce qu’on pourrait voir comiquement comme une sortede délocalisation de la production, une production horsde lui-même, facilité admirable qu’il doit plus à son sou-verain détachement qu’à un trop commun «manage-ment» libéral et mondialiste des ressources. Ces deuxapproches cohabitent dans un grand puzzle à cinq pièces– les trois autres ayant les beaux noms de Rich, Libertyet Damion – le modèle de puzzle avec lequel on peut lar-gement se passer de chercher les bords avant de s’atta-quer vraiment à la bête. Cette simplicité du modèle n’enrecèle pas moins un ajustement d’une facture millimé-trique des pièces, un dégradé de nuances que le décou-

page originel ne laissait pas présager, ainsi qu’un équili-bre d’indépendance de chaque partie que l’Inde lui au-rait envié sous le joug des Anglais. Les deux pièces prin-cipales du puzzle n’en restent pas moins toujours à vue,meneuses magistrales du jeu d’improvisation et dualescompositrices, et ceci quelque soit la visibilité (c’est foule nombre de i dans ce mot) variable des jointures. Lescomposants du jeu demeurent parfaitement complé-mentaires entrelacs savants multipliant tellement les cir-

convolutions et les méandres qu’on en perd parfois ledélicat tracé. Etonnant, en dernière analyse, que les jeuxopposés des co-leaders se marient de façon jubilatoire,métamorphosant les solistes en jumeaux exhibitionnis-tes, amusés de leur pouvoirs télépathiques.

les photographies sont de juan-carlos hernández, rudresh porte la chemise à lignes fines

au Sud des Alpes, le vendredi 16 décembreDual Entity

Rudresh Mahanthappa, saxophone altoSteve Lehman, saxophone alto

Liberty Ellman, guitareRich Brown, basse électrique

Damion Reid, batterie.http://rudreshm.com et www.stevelehman.com

l’autre soir au sud des alpesDUAL IDENTITY par yves massy

Vous qui avez l’expérience de la scène et qui désirez transmettre une part de ceque vous y avez appris, lisez les lignes qui suivent, elles peuvent vous intéresser :

VIVA LA MUSICA - mensuel d’information de l’AMR - associAtion pour l encourageMent de la musique impRovisée 10, rue des alpes, 1201 genève - tél. (022) 716 56 30. Fax (022) 716 56 39 ..................................... www.amr-geneve.chcoordination rédactionnelle : jean firmann , e-mail: [email protected] ..................... publicité : tarif sur demandemaquette: les studios lolos, e-mail : [email protected] ................ imprimerie genevoise, tirage 3000 ex. ISSN 1422-3651

DEVENEZ MEMBRE DE L’AMRnom et prénom

adresse

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e-mail:

à retourner à : AMR, 10, rue des Alpes - 1201 Genèvenous vous ferons parvenir un bulletin de versement pour le montant de la cotisation (50 francs - soutien 80 francs)

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Page 3: 329 recto 16.1.2012 11:10 Page 1 10 RUE DES …surtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins… tous les jours à 14h30 et pour une demi-heure je restais collé à l’écran, jeune

QUATRE PUCES À L’OREILLE de nicolas lambert

sauf indication contraire,les concerts ont lieu àL’AMR - SUD DES ALPES10, rue des Alpes, 1201 Genèvetéléphone + 41 (0)22 716 56 30télécopie + 41 (0)22 716 56 39www.amr-geneve.chtoutes les soirées (concertset jam sessions) débutent à 21 h 30, sauf indication différenteOuverture des portes une heureauparavant

SALLE DE CONCERTENTRÉE LIBRE

JAM SESSIONDU MARDI À 21 H 30AU SUD DES ALPES

Michael Bucher aime voler: Weiter Himmel, An-gel, Flow, Fly... c’est d’ailleurs ce dernier titrequi fait décoller l’album sur quatre accords anti-cipés d’une croche, quatre notes ascendantes(puisqu’il faut voler) à tempo détendu, échelonsharmoniques gravis un à un par le déhanche-ment latin de Sommer et Troxler, larges coupsd’ailes de l’albatros.Le quintette affectionne donc – et c’est sansdoute ce qui inconsciemment m’a plu à la pre-mière écoute – les 3/4, car ils rendent facile unenvol, une fluidité, un élan pris au pouls lent desmesures, à leurs battements romantiques. Onn’en compte pas moins de cinq d’affilée aux-quels, pour faire basculer la majorité des mor-ceaux, j’ajouterai un cinq temps, qui est commevous le savez une valse dont on a enlevé un pas.J’aime particulièrement Eternal November, quiraconte, entre deux envolées de feuilles mortestriolées, la paralysie du froid, tandis que lacontrebasse profite fourbement de la faiblessedu deuxième temps pour lui sauter dessus, etrévéler ainsi la richesse mathématique du 6 quipeut être aussi bien 2x3 que 3x2 (j’ai vérifié).Il y a aussi Folksong, qui tire profit du côté dan-sant de l’impair, et s’abandonne même à un col-lectif plus foufou et combatif, trop brièvement.En effet, trop rares sont les moments modauxou incertains, où l’aérien fait place à l’aéré.Presque systématiquement le souffle du sax etle sustain de la guitare phrasent le thème en-semble, précis et respectueux d’une écritureaux contours un peu contraignants à la longue.J’exclus de cette critique Ballad for a deadyoung man, dont les mesures sans notes sontun recueillement avant l’unique solo de contre-basse, et Nordpol, climat congelé obtenu parl’apparition bienvenue du kalimba (sanza ja-maïcaine) (une sanza? c’est un de ces pianos àpouces, petit idiophone aux lames de métalbourdonnantes) et de la clarinette basse, dansun tricot rythmique original, qui tourne hélasmal, superposé à la fin à une rythmique rock demauvais goût.En effet si le disque, malgré ses qualités, m’asemblé trop «harmonique», coexistence diffi-cile entre la guitare du leader et les accords pla-qués du pianiste, c’est aussi parce qu’il est trop«harmonieux», qu’il manque un peu de pourri-tures, que ses envolées sont celles d’un Icareprudent qui n’irait pas se brûler les ailes.

Michael Bucher, guitare, kalimba, lyre, sruti-box, compositionRafael Schilt, saxophone ténor, clarinette bassePeter Wagner, pianoPatrick Sommer, contrebasseArno Troxler, batterieenregistré à Winterthur en juin 2010Unit Records, 2010. UTR 4269www.michaelbucher.ch

J’ai craint un instant, en voyant cette pochette àla mode de chez nous, qu’il ne s’agisse d’un triopatriotique, made in Züri, à vous faire lancer desdrapeaux à croix blanche. Mais l’écoute a vitedémenti ce préjugé: Zürihorn est riche de mul-tiples influences (jazz, classique, ethno) et avanttout avide de prendre de nouveaux chemins detraverse, de surpasser ces arpèges majeurs,ces harmonies de mère-patrie qui connotent sifacilement le cor des alpes.L’album compte donc entre autres pas moins dedouze plages collectives et improvisées, dontles titres, d’un mot pas plus, laissent imaginerles directions précises que les trois compèresse sont données, les images qu’ils se sont chu-chotées avant de souffler et de voir ce qui allaitse passer.C’est comme si l’on ouvrait un instant la ported’une secte décomplexée et qu’après avoir cap-turé un bout de leurs étranges incantations onrefermait doucement la porte. Bruits mouillésd’éléphant, d’horloge monstrueuse; harmoniespontanée et wagnérienne, avec tantôt la lu-mière d’une triade, vite brisée par le glissementdes notes, tantôt un demi-ton fièrement sou-tenu; bulles qui éclatent à la surface de l’eauavant le vacarme de coassement, de jacasse-ments d’une mare, et le choc inattendu dessourdines; ostinati superposés qui ne démor-dent pas de leur motif, sujets à d’étranges cou-rants qui les animent ou les adoucissent ; mol-lusques en folie qui crient, dansent et s’arrêtentabruptement après une minute ; corail du co-quillage, proche du métal de la guimbarde, etgrave tapis nasillard du didgeridoo, proche dubonze quand il suspend sa transe rythmée; sec-tion de trombones jazzys qui se suffisent à eux-mêmes, à la fois walking-bass, glissando lan-goureux du soliste ; bruitages dégoûtants dedessin animés, chien baveux qui renifle et sou-ris à la loupe de Zoom; scie à bois sous le poidsdu paysan suisse dans Chuchichäschtli…Autant de paysages surprenants et inventifs,avec ça et là une pièce plus arrangée, qui fait unbon contraste, pose des bases. C’est d’ailleursYaila, de Priska Walss, qui ouvre la marche,rythmé à coups de paume sur l’embouchure,tandis que le trombone navigue librement surles tenues du cor des alpes, vraie basse conti-nue où l’harmonie, la magie du contrepointsemble naître d’elle-même.Gutersohn se fend également d’une composi-tion, Schnütz, sur un vamp à la Take Five, quiquand il est pris à trois fait penser à un bateau àvapeur, un orgue pétomane. Il y a là quelquechose d’exotique dans le parallélisme des voix,dans la frénésie tropicale du soliste qui décochecourageusement des grappes de doubles-cro-ches.Morgenthaler signe finalement trois titres, triosd’alphorns aux accents champêtres et païens,dont le morceau titre, Wanderlust, qui donne ef-fectivement envie de dévaler la colline, de grim-per aux arbres, de se frotter en rythme à leursmousses.Nick Gutersohn, Robert Morgenthaler, Priska Walsscor des alpes, coquillages, trombones, didgeridooUnit Records, 2011. UTR 4322www.echo-vom-zuerihorn.ch

zürihorn

WANDERLUSTbucher 5

HERE AND THERE

Dans la Grèce antique, Antigone, fille d’Œdipe,fut condamnée à mort pour avoir rendu à sonfrère mort les derniers honneurs. Dans la Grècemoderne, le village de Kalavrita connaît une au-tre tragédie lorsqu’en 1943 les troupes nazies yfusillent tous les hommes de seize à septanteans. Charlotte Delbo, militante communiste res-capée des camps d’Auschwitz, visite ce villageen 1979 et écrit Kalavrita des mille Antigone, quirend hommage à ces morts et surtout au cou-rage des survivantes, leurs femmes, filles etmères.J’étais allé voir cette adaptation de PhilippeCampiche au temple de Saint-Gervais, et j’avaisdécouvert ce texte bouleversant, sous les traitsdes deux comédiens. Ce disque m’a permis derepasser cette épreuve (je vous conseille biensûr de l’écouter d’un trait) en appréciant plus,peut-être moins distrait par le visuel, la justessede ton des compositions.La mélodie, comme le texte qui revient sur lui-même, litanique, se dévoile par bribes: les fem-mes, l’école où elles sont enfermées, cette des-cente chromatique du sax et du violoncelle, lapeur. Elle commence sur le tic-tac de la harpe,car la musique accompagne ici les événements,l’action, et s’arrête devant le vide atroce, quandle temps est suspendu.Une trame de notes graves, de plus en plus rap-prochées, raconte ensuite le sentiment d’op-pression, les soldats bottés casqués qui rétré-cissent leur cercle, implacables. Deux hommess’échappent entre les doigts d’une main gauchemilitaire, puis les coups de mitraillettes écla-tent, de plus en plus espacés, les derniers in-soutenables.A la première salve, le tic-tac s’est arrêté. Lesfemmes, laissées seules dans l’école, n’osentpas sortir. La musique reprend, elles gravissentla colline, portées par une force qu’elles ne maî-trisent pas. «Que fallait-il faire de cet énormetas de morts?» La musique s’est à nouveau ar-rêtée.Puis l’archet sonde avec lenteur, prisonnier dupiano lugubre, cherche, dans l’espoir insenséde trouver un homme vivant. Son thème, auxcontours alambiqués, sans but, peint une toileabsurde. Vient ensuite la procession nocturne,les étoiles suraiguës d’une claire nuit d’hiver, lalenteur, la douceur et la noblesse de la toilettefunèbre. Devant l’insurmontable drame et leproblème concret de tous ces hommes à enter-rer, croque-mort y compris, le trouble de cespaysannes est arpégé par la harpe, et gagne lesautres instruments, pensée pragmatique quifait son chemin et trouve, une à une, les solu-tions. Antigone modernes, elles dirigent touteleur réflexion, tous leurs actes vers ce seul ob-jectif : rendre à ces morts tous les devoirs aux-quels un homme a droit.Charlotte Delbo, textePhilippe Campiche, voix, conceptionIsabelle Bouhet, voixMaël Godinat, piano, clarinette basse, sax alto, compositionJulie Campiche, harpeJacques Bouduban, violoncelleenregistré en octobre 2010 à FribourgPhilippe Campiche, 2010www.philippecampiche.ch

kalavrita des mille antigone

ORATORIO PARLÉ

Je vous parlais le mois dernier d’un album«bio», enregistré dans un chalet. Peut-être lecourant est-il en train de se répandre car figu-rez-vous que celui-ci a été pris dans uneBerghütte à Au, dans le canton de Saint-Gall. Iln’a par contre pas été mixé dans les fromage-ries Emmental, ni masterisé par le grand-pèrede Heidi, tout ça a été fait à Berlin. Je doisavouer que je n’aurais pas reconnu l’acoustiqued’un chalet d’alpage sans la mosaïque dephotos au dos de l’album, qui montre le trio, en-tre des paysages alpins et une tourte rustique,en train d’enregistrer au milieu des poutres ap-parentes. Peut-être que cette jeune générationde jazzmen cherche dans les chaumines, outrele son boisé des bardeaux, la promiscuité, l’inti-mité chaleureuse que n’offre pas le studio d’en-registrement. Bref, pour moi Wawawa ce n’estpas le vilain chien violet à trois têtes qui gâcheun peu la pochette, mais plutôt le plancher quevous voyez derrière, et trois copains qui aimentle bois et cette complicité un peu bagarreuse.Mais assez parlé, écoutons Lord Huhn, puisquec’est le morceau éponyme, et le seul à ne pasêtre de Marco Müller, mais du groupe entier.On pourrait traduire Lord Huhn par «Seigneurpoulet» ; c’est donc peut-être lui à qui le saxprête sa voix autiste (je le vois même se balan-cer d’avant en arrière), toujours les trois mêmesnotes sous la cascade de sons mats de la batte-rie, punching ball dont on entend la chaîne – lacontrebasse y file également quelques directsdu droit, qui claquent sur la touche. Commedans un match de boxe, il y a une seconde de ré-pit, puis une dégringolade de coups bien prépa-rée, notre oreille toute déséquilibrée par le jeude jambes collectif. Après quelques minutes,les baguettes migrent vers la caisse claire pourtimbrer leur attaque, la contrebasse colle à lagrosse caisse et le ténor étend le registre de soncaquettement. Et là, tout soudain, un uppercutdu mixage, les instruments qui passent du ca-nal droit au gauche, la balance qui s’inverse, onne comprend rien (surtout si l’on écoute aucasque comme moi) et tout est déjà fini.Les autres pièces, qui sont donc toutes du bas-siste, affectionnent également les transitionsabruptes, avec quelques jeux de mixage qui fontentendre ici un extrait de session, parachutentlà une coda drum’n’doublebass. La pensée y estavant tout rythmique, la ligne de basse relative-ment inamovible tenant lieu de point d’ancrage,de rencontre, de grille commune avec ses ac-cents, ses appuis, ses feintes.Dans Post One, le sax répond aux fondamenta-les par une seule note, en syncopes choisies.Dans Der Nasenmann, qui cite presque fran-chement l’air du duel de Il était une fois dansl’Ouest, la base est un motif en 3+4+3+2 quesoutiennent les clapets de Reising et les bordsdes tomes de Baumann. Dans la nuit de l’in-quiétant D r Salamandersaft, au train des balletsqui foncent à toute allure, la ligne de basseintervallistique énonce même une harmonie di-rigée, conduite. Dans Alfons III, on est promenésen même temps que le sax par les mesuresversatiles.Les compositions partent globalement d’élé-ments simples, comme pour Se line, où Bene-dikt et Marco s’étirent doucement, alors queRico a trouvé un truc en métal au fond du chaletet le fait passer d’une oreille à l’autre, individua-lités qui prennent progressivement forme au-tour des contre-pieds de l’ostinato de basse.Mais ma ligne de basse préférée est sans doutecelle de Lapis lazuli, aux accents élégants, richeen doubles-cordes, avec une petite harmoniquepour marquer la fin.Benedikt Reising, saxophone ténorMarco Müller, contrebasse, compositionRico Baumann, batterieenregistré en août 2011 à AuUnit Records, 2011. UTR 4332.www.derwawawa.com

der wawawa

LORD HUHN

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

AU FOYER DU SUD, ENTRÉE LIBRE

accueil de l’amrLE LABORATOIREDE FÉVRIER

de 17 à 19 hPierre Planche & friends

s a m e d i 4

v e n d r e d i 1 018 à 20 hGregor Vidic & + si entente

18 à 20 hTom Mendy & invités

v e n d r e d i 1 7

s a m e d i 1 817 à 19 hVincent Ruiz, Valentin Liechti& Gabriel Zufferey

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

l e 7 f év r i e r

l e 14 f év r i e r

l e 21 f év r i e r

l e 28 f év r i e r

• 20 h 30 - élèves du CPM, classechant de Christine Schaller avecVanessa Horowitz, Manon Nicou, Sophia Bischoff, Gaspard Sommer, Yvonne Lomba, Elisa Kaplun,Héloïse Bolay;accompagnateursEvaristo Perez, pianoAntoine Ogay, contrebassePhilippe Staehli, batterie• 21h 30 - un atelier jazz modernede Marcos Jimenez avecJeanne Ulrich, chantJean Daniel Bancal, sax sopranoKatarina Knezevic, pianoSylvain Pool, guitareNorman Pena, basse électriqueJean-Loup Didelot, batterie• 22 h 30 - un atelier jazz modernede Pierre-Alexandre Chevroletavec Olivier Favre, pianoAlain Courvoisier, guitareDany Emblard, chanteuseClaudio Mascotto, sax ténorBlaise Demierre, clarinette basseJean-Paul Vergari,contrebasseHelène Riganti, batterie

LES ATELIERS DEL’AMR EN CONCERT

j e u d i 2 f é v r i e r à 2 0 h 3 0s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

• en ouverture à 20 h , un atelierjunior de Maurizio Biondaavec David Donath, guitareIlya Levin, pianoPerry Heirtzler, batterieSacha Kreis, saxophone altoMartin Rieder, saxophone alto.• 20 h 30: jam standards pro

• en ouverture à 20 h 30, un atelierbop & rock de Julien « Vulzor »avec Antoine De La Rochefordire,pianoSophia Bischoff, chantYvonne Lomba, chantJean-Luc Schindler, guitareRaphaël Grandjean, saxophone alto Julien Dinkel, batterie• 21h30 : jam

À LA CAVE, ENTRÉE LIBRE

JAM DES ATELIERSDU MERCREDI À 21 H 30AU SUD DES ALPES

l e 1 e r f é v r i e r

l e 2 2 f é v r i e r

• 20 h 30 - Alco-pop. Groupe jeu-nes adultes d'Yves Jolidon• 21 h 30 - Supernova. Groupeélectro-pop de Pascal Hausaman• 22 h 30 - Funky Town. Groupefunk-rock d’Alexandre Coppaloni

LES GROUPES ETMEN CONCERT

j e u d i 2 f é v r i e r à 2 0 h 3 0c a v e d u s u d d e s a l p e s

Stephan Crump, contrebasseJamie Fox, guitareLiberty Ellman, guitare

Stephan Crump, contrebassiste émérite auson rond, chaud et boisé, qui officie entre au-tres dans le trio de Vijay Iyer, vient présenterRosetta Trio, son projet le plus personnel,fondé en 2006. Deux albums plus tard(Rosetta en 2006 sur Papillon Sounds etReclamation en 2010 sur Sunnyside Records),le trio passe par le Sud des Alpes pour unconcert qui soulignera ses délicates et néan-moins solidement charpentées compositions. Le contrebassiste a fait le choix de s’entourerde deux guitaristes au style et au son sensi-blement différents. A la guitare acoustique, onretrouve Liberty Ellman, qui se démarque parson jeu en retenue et en tension permanen-tes. A la guitare électrique, Jamie Fox offre unstyle plus mélodique, qui puise ses racinesdans le rhythm & blues, le folk et le blues.Comme le dit Vijay Iyer: «Personne (dans cetrio) n’est pressé d’arriver à quelque chose,chaque geste musical est au service dugroupe, d’une image plus globale. Et cela...c’est terriblement difficile à réussir.»au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

vendred i 3 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Joy Frempong, chant, électroniquePhilippe Ehinger, clarinette bassePhilippe Ehinger, musicien à la créativité po-lymorphe de Romandie et d’au-delà vientavec une partenaire de choix pour cette soi-rée placée sous le signe du dialogue intense.La chanteuse, slameuse et bidouilleuse de ta-lent Joy Frempong qui a collaboré entre aut-res avec «Stade» (Christophe Calpini, PierreAudétat) et le groupe de pop-électro «File-wile» est une musicienne qui se caractérisepar l’intensité de son engagement musical,par une créativité et un éclectisme hors ducommun, le tout porté par une voix au timbred’une rare richesse et un usage inventif del’outillage électronique. C’est un duo élégantet passionnant que nous avons la chanced’accueillir au Sud des Alpes.au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

JOY FREMPONG-PHILIPPE EHINGER

«LES VOISINSNE PARLENT PASTOUS LA MÊME LANGUE»

samed i 4 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Myriam de Rougemont, piano, chant, compositionsCédric Gysler, contrebasseAndrew Flückiger, batterieLe Myriam de Rougemont Trio propose desmorceaux interprétés tels des tableaux, mé-langeant diverses touches de couleurs entretrois musiciens. Le répertoire s’inspire d’unvoyage que la pianiste, chanteuse et composi-trice a fait tout récemment en Argentine. Ellerevient avec de nouvelles idées, des composi-tions personnelles et quelques pièces d’unpianiste qui l’a beaucoup marquée, ErnestoJodos. Elle conçoit sa voix comme un instru-ment à part entière, et joue souvent avec sesdeux instruments simultanément dans un butd’expression globale. Une sensibilité musi-cale à entendre pour sa poésie et son insou-ciante beauté.

quatre soirées de concerts offerts à la cave de l'AMR,entrée libre, majoration de un franc sur les boissons

MYRIAM DE ROUGEMONTTRIO

l u n d i 6 , m a r d i 7 ,m e r c r e d i 8 e t j e u d i 9 f é v r i e r à 2 1 h 3 0à l a c a v e d u s u d

Scott Dubois, guitareGebhard Ullmann, saxophone ténor, saxophone soprano, clarinetteThomas Morgan, contrebasseKresten Osgood, batterieCe passionnant quartet américano-européenfondé autour des compositions avant-gardis-tes du leader Scott Dubois, se caractérise parl’interaction stellaire, les dynamiques pas-sionnées et l’imprévisible. Le saxophonisteallemand Gebhard Ullmann (Paul Bley,William Parker, Han Bennink) et le batteur da-nois Kresten Osgood (Sam Rivers, JoshuaRedman, Kurt Rosenwinkel) apportent le côtésauvage de leur longue pratique de la mu-sique improvisée dite «free». Thomas Mor-gan, un des jeunes contrebassistes actuelsles plus surprenants et polyvalents (SteveColeman, le regretté Paul Motian, John Aber-crombie...) est le liant de cette fine équipe em-menée par Scott Dubois, guitariste élégant etaventurier dans ses compositions et dans sonjeu.

au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs (membres AMR, AVS,AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

SCOTT DUBOISBLACK HAWKDANCE

ven 10 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Daniel Erdmann, sax ténorSamuel Rohrer, batterieVincent Courtois, violoncelle.Frank Möbus, guitareAvec un son collectif impressionnant de pré-cision, des interactions de très haut niveau,des constructions thématiques qui tiennentl’oreille constamment en éveil, le quartetfondé par le saxophoniste allemand DanielErdmann et le batteur suisse Samuel Rohrerpropose une musique résolument actuelle,excitante et fraîche. Quatre voix parmi les pluspassionnantes d’Europe aujourd’hui, quatreunivers qui se croisent au meilleur moment,de la meilleure des manières.

au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

SAMUEL ROHRER-DANIEL ERDMANNQUARTET

sam 11 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Bennie Maupin, clarinette basse, clarinette ténor,saxophone sopranoHania Chowaniec-Rybka, chantMichal Tokaj, pianoMichal Baranski, contrebasseLukasz Zyta, batterieBennie Maupin, compositeur et multi-souf-fleur connu surtout pour son travail avecHerbie Hancock dans les Headhunters et avecMiles Davis pour son disque Bitches Brew, estle leader de ce quintet dans lequel on retrouvedes musiciens de haut vol. En 2008 ils avaientsorti un disque en quartet sur le label Crypto-gramaphone: Early Reflections, et c’est la ri-che substance de ce disque qui sera présen-tée ce soir à l’AMR, en compagnie de la chan-teuse Hania Rybka.

au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

BENNIE MAUPINQUINTET

vendredi 17 févr ier à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

David Robin, guitareGil Lachenal, contrebasseCharles Clayette, batterie

David Robin, guitariste d’une grande finesseau jeu mélodique et soigné, nous présenteson dernier projet, accompagné de bons amisqui ne demandent qu’à prendre la mer aveclui, en quête de nouvelles aventures. Ensem-ble ils nous proposent un programme fait decompositions, de standards, ou de reprises demusiciens actuels.au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

LES CUBISTES

samedi 18 févr ier à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

• 20 h 30 - un atelier junior deStéphane Métraux avecLoïc Roux, pianoLeo Mohr, guitareMatteo Pellegrini, saxophone altoThéo Jaquier, batterie• 21h 30 - un atelier jazz modernede Nicolas Lambert avecRaphaël Herrera, pianoAnthony Merton, guitareEvelyne Brügger, chantOscar Urio, violonFrédéric Bellaire, contrebasseCécile Walder, batterie• 22 h 30 - un atelier juniorde Stéphane Métraux avecNicolas Lagnaux, guitareGaspard Sommer, pianoStéphanie Bolay Robin, trompettePaul Nomblot, saxpophone altoThomas Bellego, basse électriqueNoam Kestin, batterie

LES ATELIERS DEL’AMR EN CONCERT

j e u d i 2 3 f é v r i e r à 2 0 h 3 0s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Manu Theron, chantDaniel Malavergne, tubaPatrick Vaillant, mandolineAu départ, il y eut pour Patrick Vaillant, DanielMalavergne et Manu Théron un engouementpour les cançons tout à fait singulières deVictor Gélu, poète majeur de la culture popu-laire marseillaise. Pour cette remise en bou-che d’un esprit frondeur, le trio oscille entremélodrame et farce. Plus tard, leur répertoires’enrichit de compositions ou d’emprunts àdiverses musiques populaires, sicilienne, na-politaine, sévillane ou même française. Pourdonner une pertinence à cette diversité,chaque membre du trio distille ses ingré-dients, l’unité se faisant dans le goût partagépour la mélodie populaire.

au Sud des Alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 18 francs (plein tarif)• 15 francs (membres AMR et ADEM,

AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

VENDREDIS DE L’ETHNOCHIN NANA POUNchansons de Marseille et d'ailleurs

vendredi 24 févr ier à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Alain Guyonnet, arrangementset compositionSylvie Canet, Bertrand Guerra, Manu Araoz, Nicolas Lambertet Philippe Jenni, guitaresStéphane Fisch, basseDans cet ensemble composé de cinq guitareset d'une basse les cordes sont traitées à lamanière d'une section de souffleurs, ce quiconfère à cette formation un son bien particu-lier, tout de cordes tissé. Dans l'esprit du jazzou de styles parallèles (samba, bossa-nova,ou même twist), les compositions et arrange-ments d'Alain Guyonnet bénéficient autant de

contrepoints savants que d'improvisations li-bératrices, sans pour autant se refuser uncertain humour iconoclaste. www.myspace.com/danslescordessextetau sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

DANS LES CORDES

samed i 25 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Vincent Ruiz, contrebasseNicolas Masson, sax ténorValentin Liechti, batterieMarc Méan, piano

Ce sont les premiers pasd’un groupe auxquels vouspourrez assister, une occa-sion de voir un répertoireoriginal se développer etune complicité se cons-truire entre ces quatre mu-siciens issus de différentesgénérations. Un mélanged’expérience et de fraî-cheur et une belle créativitécompositrice de la part dujeune contrebassiste Vin-cent Ruiz.Quatre soirées de concerts offertsà la cave de l’AMR.Entrée libre, majoration de unfranc sur les boissons.

VINCENT RUIZ FOUR

l u n d i 2 7 , m a r d i 2 8 ,m e r c r e d i 2 9 f é v r i e r e t j e u d i 1 e r m a r s à 2 1 h 3 0à l a c a v e d u s u d

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

prélocations à l’AMR

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prélocations AMR et DISCOCLUB

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ROSETTA TRIO

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

• 20 h 30 - Flat Five. Groupe jazzde Christophe Bovet• 21 h 30 - E=Fb. Groupe rock deChristophe Matthey• 22 h 30 - What the Funk? Groupefunk de Florence Chitacumbi

LES GROUPES ETMEN CONCERT

j e u d i 9 f é v r i e r à 2 0 h 3 0s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

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VENDREDI 3 ROSETTA TRIO

MERCREDISÀ 20 H 30 22 CONCERT ET JAM DES ATELIERS

VENDREDI 17 BENNIE MAUPIN QUINTETSAMEDI 18 LES CUBISTES

VENDREDI DE L’ETHNO 24 CHIN NANA POUNSAMEDI 25 DANS LES CORDES

SAMEDI 11 SAMUEL ROHRER-DANIEL ERDMANNQUARTET

DU LUNDI AUJEUDI À LA CAVE MYRIAM DE ROUGEMONT TRIO

VENDREDI 10 SCOTT DUBOIS: BLACK HAWK DANCE

SAMEDI 4 JOY FREMPONG-PHILIPPE EHINGER :« LES VOISINS NE PARLENT PAS TOUSLA MÊME LANGUE »

6 7 8 9

DU LUNDI AUJEUDI À LA CAVE

VINCENT RUIZ FOUR27 28 29

1

1eerrmmaarrss

MARDIS

EN MARS, VENDREDI 2 ET SAMEDI 3

DU 20 AU 25

JAM SESSIONS

CARTE BLANCHE À VINCENT HAENNI31e AMR JAZZ FESTIVAL

147 21 28

JEUDIS À 20 H 30À LA CAVE

DANS LASALLE LES GROUPES ETM 2 9

JEUDIS À 20 H 30 LES ATELIERS DE L’AMR EN CONCERT2 23

Maël Godinat, pianoManu Hagmann, contrebasseNelson Schaer, batterie

Steve Coleman, saxophone altoJonathan Finlayson, trompetteMatt Brewer, contrebasseDamion Reid, batterie

TRIONYX

STEVE COLEMAN& FIVE ELEMENTS

mard i 20 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Jordanov (Claude Jordan),flûte électrique, électroniqueJacques Demierre, fender rodhesProvinescu (Hervé Provini),batterie

Arve Henriksen, trompette, électroniqueAudun Kleive, batterie, percussionHelge Norbakken, batterie, percussion

VOID

ARVE HENRIKSENTRIO

mercred i 21 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Elina Duni, chantColin Vallon, pianoPatrice Moret, contrebasseNorbert Pfammatter, batterie

Marc Ribot, guitareCooper-Moore, clavierBrad Jones, basseJ.T. Lewis, batterie

ELINA DUNIQUARTET

MARC RIBOT -«REALLY THE BLUES»

samed i 24 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

John Aram, trombone,compositionsTom Cawley, pianoGraeme Blevins, flûte,saxophone ténor Arthur Hnatek, batteriePhil Donkin, contrebasse

John Taylor, pianoHayden Chisholm, saxophone altoPetter Eldh, contrebasse

JOHN ARAM QUINTETSATURDAY NIGHTAND SUNDAY MORNING

BREVE

d imanche 25 mars à 19 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Florence Melnotte, piano, claviers

Will Vinson, saxophone altoAaron Parks, pianoOrlando le Fleming, contrebasseJochen Rückert, batterie

FLORENCEMELNOTTE SOLO

WILL VINSONQUARTET

vendred i 23 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Michel Bastet, pianoHadrien Jourdan, clavecins

John Tchicai, saxophonesVitold Rek, contrebasse

DUO BASTET-JOURDAN

JOHN TCHICAI& VITOLD REK

j eud i 22 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

INFORMATIONS PRATIQUESLIEU DES CONCERTSAMR/Sud des Alpes, 10, rue des alpes, GenèvePRIX PAR SOIRÉE (deux concerts):Fr. 35.- (plein tarif)Fr. 25.- (membres, étudiants, chômeurs et retraités)Fr. 20.- (titulaires de la carte 20 ans)ABONNEMENT pour tous les concerts du festival:En vente uniquement à l’AMRFr. 150.- (plein tarif)Fr. 100.- ( membres, étudiants, chômeurs et retraités)Fr. 80.- (titulaires de la carte 20 ans) Pour en savoir plus: www.amr-geneve.ch

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

DOUZE

A M R

CLUB DE JAZZ ET AUTRES MUSIQUES

IMPROVISÉES

S U D D E SA L P E S

F E V R I E R

10 RUE DES ALPES À GENÈVEOUVERTURE À 20 H 30.

CONCERT À 21 H30. SAUF INDICATION CONTRAIRE

SUD DES ALPES / 10, RUE DES ALPES, 1201 GENÈVE TEL+ 41(0) 22 716 56 30 / FAX + 41(0) 22 716 56 39

INTERNET : WWW.AMR-GENEVE.CHL’AMR EST SUBVENTIONNÉE

PAR LE DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES DE LA VILLE DE GENÈVE ET LE DÉPARTEMENT DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE DE L’ETAT DE GENÈVE

DUAL ENTITY LE 16 DÉCEMBRE 2011 AU SUD DES ALPES, PAR JUAN-CARLOS HERNÁNDEZUNE AFFICHETTE DE ALOYS LOLO

AMR JAZZ FESTIVAL (UN APERÇU DU PROGRAMME)3 1 e É D I T I O N D U 20 AU 25 M A R S 20 1 2 AU S U D D E S A L P E S

Page 4: 329 recto 16.1.2012 11:10 Page 1 10 RUE DES …surtout. Roland Kirk, Miles Davis, Sonny Rollins… tous les jours à 14h30 et pour une demi-heure je restais collé à l’écran, jeune

QUATRE PUCES À L’OREILLE de nicolas lambert

sauf indication contraire,les concerts ont lieu àL’AMR - SUD DES ALPES10, rue des Alpes, 1201 Genèvetéléphone + 41 (0)22 716 56 30télécopie + 41 (0)22 716 56 39www.amr-geneve.chtoutes les soirées (concertset jam sessions) débutent à 21 h 30, sauf indication différenteOuverture des portes une heureauparavant

SALLE DE CONCERTENTRÉE LIBRE

JAM SESSIONDU MARDI À 21 H 30AU SUD DES ALPES

Michael Bucher aime voler: Weiter Himmel, An-gel, Flow, Fly... c’est d’ailleurs ce dernier titrequi fait décoller l’album sur quatre accords anti-cipés d’une croche, quatre notes ascendantes(puisqu’il faut voler) à tempo détendu, échelonsharmoniques gravis un à un par le déhanche-ment latin de Sommer et Troxler, larges coupsd’ailes de l’albatros.Le quintette affectionne donc – et c’est sansdoute ce qui inconsciemment m’a plu à la pre-mière écoute – les 3/4, car ils rendent facile unenvol, une fluidité, un élan pris au pouls lent desmesures, à leurs battements romantiques. Onn’en compte pas moins de cinq d’affilée aux-quels, pour faire basculer la majorité des mor-ceaux, j’ajouterai un cinq temps, qui est commevous le savez une valse dont on a enlevé un pas.J’aime particulièrement Eternal November, quiraconte, entre deux envolées de feuilles mortestriolées, la paralysie du froid, tandis que lacontrebasse profite fourbement de la faiblessedu deuxième temps pour lui sauter dessus, etrévéler ainsi la richesse mathématique du 6 quipeut être aussi bien 2x3 que 3x2 (j’ai vérifié).Il y a aussi Folksong, qui tire profit du côté dan-sant de l’impair, et s’abandonne même à un col-lectif plus foufou et combatif, trop brièvement.En effet, trop rares sont les moments modauxou incertains, où l’aérien fait place à l’aéré.Presque systématiquement le souffle du sax etle sustain de la guitare phrasent le thème en-semble, précis et respectueux d’une écritureaux contours un peu contraignants à la longue.J’exclus de cette critique Ballad for a deadyoung man, dont les mesures sans notes sontun recueillement avant l’unique solo de contre-basse, et Nordpol, climat congelé obtenu parl’apparition bienvenue du kalimba (sanza ja-maïcaine) (une sanza? c’est un de ces pianos àpouces, petit idiophone aux lames de métalbourdonnantes) et de la clarinette basse, dansun tricot rythmique original, qui tourne hélasmal, superposé à la fin à une rythmique rock demauvais goût.En effet si le disque, malgré ses qualités, m’asemblé trop «harmonique», coexistence diffi-cile entre la guitare du leader et les accords pla-qués du pianiste, c’est aussi parce qu’il est trop«harmonieux», qu’il manque un peu de pourri-tures, que ses envolées sont celles d’un Icareprudent qui n’irait pas se brûler les ailes.

Michael Bucher, guitare, kalimba, lyre, sruti-box, compositionRafael Schilt, saxophone ténor, clarinette bassePeter Wagner, pianoPatrick Sommer, contrebasseArno Troxler, batterieenregistré à Winterthur en juin 2010Unit Records, 2010. UTR 4269www.michaelbucher.ch

J’ai craint un instant, en voyant cette pochette àla mode de chez nous, qu’il ne s’agisse d’un triopatriotique, made in Züri, à vous faire lancer desdrapeaux à croix blanche. Mais l’écoute a vitedémenti ce préjugé: Zürihorn est riche de mul-tiples influences (jazz, classique, ethno) et avanttout avide de prendre de nouveaux chemins detraverse, de surpasser ces arpèges majeurs,ces harmonies de mère-patrie qui connotent sifacilement le cor des alpes.L’album compte donc entre autres pas moins dedouze plages collectives et improvisées, dontles titres, d’un mot pas plus, laissent imaginerles directions précises que les trois compèresse sont données, les images qu’ils se sont chu-chotées avant de souffler et de voir ce qui allaitse passer.C’est comme si l’on ouvrait un instant la ported’une secte décomplexée et qu’après avoir cap-turé un bout de leurs étranges incantations onrefermait doucement la porte. Bruits mouillésd’éléphant, d’horloge monstrueuse; harmoniespontanée et wagnérienne, avec tantôt la lu-mière d’une triade, vite brisée par le glissementdes notes, tantôt un demi-ton fièrement sou-tenu; bulles qui éclatent à la surface de l’eauavant le vacarme de coassement, de jacasse-ments d’une mare, et le choc inattendu dessourdines; ostinati superposés qui ne démor-dent pas de leur motif, sujets à d’étranges cou-rants qui les animent ou les adoucissent ; mol-lusques en folie qui crient, dansent et s’arrêtentabruptement après une minute ; corail du co-quillage, proche du métal de la guimbarde, etgrave tapis nasillard du didgeridoo, proche dubonze quand il suspend sa transe rythmée; sec-tion de trombones jazzys qui se suffisent à eux-mêmes, à la fois walking-bass, glissando lan-goureux du soliste ; bruitages dégoûtants dedessin animés, chien baveux qui renifle et sou-ris à la loupe de Zoom; scie à bois sous le poidsdu paysan suisse dans Chuchichäschtli…Autant de paysages surprenants et inventifs,avec ça et là une pièce plus arrangée, qui fait unbon contraste, pose des bases. C’est d’ailleursYaila, de Priska Walss, qui ouvre la marche,rythmé à coups de paume sur l’embouchure,tandis que le trombone navigue librement surles tenues du cor des alpes, vraie basse conti-nue où l’harmonie, la magie du contrepointsemble naître d’elle-même.Gutersohn se fend également d’une composi-tion, Schnütz, sur un vamp à la Take Five, quiquand il est pris à trois fait penser à un bateau àvapeur, un orgue pétomane. Il y a là quelquechose d’exotique dans le parallélisme des voix,dans la frénésie tropicale du soliste qui décochecourageusement des grappes de doubles-cro-ches.Morgenthaler signe finalement trois titres, triosd’alphorns aux accents champêtres et païens,dont le morceau titre, Wanderlust, qui donne ef-fectivement envie de dévaler la colline, de grim-per aux arbres, de se frotter en rythme à leursmousses.Nick Gutersohn, Robert Morgenthaler, Priska Walsscor des alpes, coquillages, trombones, didgeridooUnit Records, 2011. UTR 4322www.echo-vom-zuerihorn.ch

zürihorn

WANDERLUSTbucher 5

HERE AND THERE

Dans la Grèce antique, Antigone, fille d’Œdipe,fut condamnée à mort pour avoir rendu à sonfrère mort les derniers honneurs. Dans la Grècemoderne, le village de Kalavrita connaît une au-tre tragédie lorsqu’en 1943 les troupes nazies yfusillent tous les hommes de seize à septanteans. Charlotte Delbo, militante communiste res-capée des camps d’Auschwitz, visite ce villageen 1979 et écrit Kalavrita des mille Antigone, quirend hommage à ces morts et surtout au cou-rage des survivantes, leurs femmes, filles etmères.J’étais allé voir cette adaptation de PhilippeCampiche au temple de Saint-Gervais, et j’avaisdécouvert ce texte bouleversant, sous les traitsdes deux comédiens. Ce disque m’a permis derepasser cette épreuve (je vous conseille biensûr de l’écouter d’un trait) en appréciant plus,peut-être moins distrait par le visuel, la justessede ton des compositions.La mélodie, comme le texte qui revient sur lui-même, litanique, se dévoile par bribes: les fem-mes, l’école où elles sont enfermées, cette des-cente chromatique du sax et du violoncelle, lapeur. Elle commence sur le tic-tac de la harpe,car la musique accompagne ici les événements,l’action, et s’arrête devant le vide atroce, quandle temps est suspendu.Une trame de notes graves, de plus en plus rap-prochées, raconte ensuite le sentiment d’op-pression, les soldats bottés casqués qui rétré-cissent leur cercle, implacables. Deux hommess’échappent entre les doigts d’une main gauchemilitaire, puis les coups de mitraillettes écla-tent, de plus en plus espacés, les derniers in-soutenables.A la première salve, le tic-tac s’est arrêté. Lesfemmes, laissées seules dans l’école, n’osentpas sortir. La musique reprend, elles gravissentla colline, portées par une force qu’elles ne maî-trisent pas. «Que fallait-il faire de cet énormetas de morts?» La musique s’est à nouveau ar-rêtée.Puis l’archet sonde avec lenteur, prisonnier dupiano lugubre, cherche, dans l’espoir insenséde trouver un homme vivant. Son thème, auxcontours alambiqués, sans but, peint une toileabsurde. Vient ensuite la procession nocturne,les étoiles suraiguës d’une claire nuit d’hiver, lalenteur, la douceur et la noblesse de la toilettefunèbre. Devant l’insurmontable drame et leproblème concret de tous ces hommes à enter-rer, croque-mort y compris, le trouble de cespaysannes est arpégé par la harpe, et gagne lesautres instruments, pensée pragmatique quifait son chemin et trouve, une à une, les solu-tions. Antigone modernes, elles dirigent touteleur réflexion, tous leurs actes vers ce seul ob-jectif : rendre à ces morts tous les devoirs aux-quels un homme a droit.Charlotte Delbo, textePhilippe Campiche, voix, conceptionIsabelle Bouhet, voixMaël Godinat, piano, clarinette basse, sax alto, compositionJulie Campiche, harpeJacques Bouduban, violoncelleenregistré en octobre 2010 à FribourgPhilippe Campiche, 2010www.philippecampiche.ch

kalavrita des mille antigone

ORATORIO PARLÉ

Je vous parlais le mois dernier d’un album«bio», enregistré dans un chalet. Peut-être lecourant est-il en train de se répandre car figu-rez-vous que celui-ci a été pris dans uneBerghütte à Au, dans le canton de Saint-Gall. Iln’a par contre pas été mixé dans les fromage-ries Emmental, ni masterisé par le grand-pèrede Heidi, tout ça a été fait à Berlin. Je doisavouer que je n’aurais pas reconnu l’acoustiqued’un chalet d’alpage sans la mosaïque dephotos au dos de l’album, qui montre le trio, en-tre des paysages alpins et une tourte rustique,en train d’enregistrer au milieu des poutres ap-parentes. Peut-être que cette jeune générationde jazzmen cherche dans les chaumines, outrele son boisé des bardeaux, la promiscuité, l’inti-mité chaleureuse que n’offre pas le studio d’en-registrement. Bref, pour moi Wawawa ce n’estpas le vilain chien violet à trois têtes qui gâcheun peu la pochette, mais plutôt le plancher quevous voyez derrière, et trois copains qui aimentle bois et cette complicité un peu bagarreuse.Mais assez parlé, écoutons Lord Huhn, puisquec’est le morceau éponyme, et le seul à ne pasêtre de Marco Müller, mais du groupe entier.On pourrait traduire Lord Huhn par «Seigneurpoulet» ; c’est donc peut-être lui à qui le saxprête sa voix autiste (je le vois même se balan-cer d’avant en arrière), toujours les trois mêmesnotes sous la cascade de sons mats de la batte-rie, punching ball dont on entend la chaîne – lacontrebasse y file également quelques directsdu droit, qui claquent sur la touche. Commedans un match de boxe, il y a une seconde de ré-pit, puis une dégringolade de coups bien prépa-rée, notre oreille toute déséquilibrée par le jeude jambes collectif. Après quelques minutes,les baguettes migrent vers la caisse claire pourtimbrer leur attaque, la contrebasse colle à lagrosse caisse et le ténor étend le registre de soncaquettement. Et là, tout soudain, un uppercutdu mixage, les instruments qui passent du ca-nal droit au gauche, la balance qui s’inverse, onne comprend rien (surtout si l’on écoute aucasque comme moi) et tout est déjà fini.Les autres pièces, qui sont donc toutes du bas-siste, affectionnent également les transitionsabruptes, avec quelques jeux de mixage qui fontentendre ici un extrait de session, parachutentlà une coda drum’n’doublebass. La pensée y estavant tout rythmique, la ligne de basse relative-ment inamovible tenant lieu de point d’ancrage,de rencontre, de grille commune avec ses ac-cents, ses appuis, ses feintes.Dans Post One, le sax répond aux fondamenta-les par une seule note, en syncopes choisies.Dans Der Nasenmann, qui cite presque fran-chement l’air du duel de Il était une fois dansl’Ouest, la base est un motif en 3+4+3+2 quesoutiennent les clapets de Reising et les bordsdes tomes de Baumann. Dans la nuit de l’in-quiétant D r Salamandersaft, au train des balletsqui foncent à toute allure, la ligne de basseintervallistique énonce même une harmonie di-rigée, conduite. Dans Alfons III, on est promenésen même temps que le sax par les mesuresversatiles.Les compositions partent globalement d’élé-ments simples, comme pour Se line, où Bene-dikt et Marco s’étirent doucement, alors queRico a trouvé un truc en métal au fond du chaletet le fait passer d’une oreille à l’autre, individua-lités qui prennent progressivement forme au-tour des contre-pieds de l’ostinato de basse.Mais ma ligne de basse préférée est sans doutecelle de Lapis lazuli, aux accents élégants, richeen doubles-cordes, avec une petite harmoniquepour marquer la fin.Benedikt Reising, saxophone ténorMarco Müller, contrebasse, compositionRico Baumann, batterieenregistré en août 2011 à AuUnit Records, 2011. UTR 4332.www.derwawawa.com

der wawawa

LORD HUHN

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

AU FOYER DU SUD, ENTRÉE LIBRE

accueil de l’amrLE LABORATOIREDE FÉVRIER

de 17 à 19 hPierre Planche & friends

s a m e d i 4

v e n d r e d i 1 018 à 20 hGregor Vidic & + si entente

18 à 20 hTom Mendy & invités

v e n d r e d i 1 7

s a m e d i 1 817 à 19 hVincent Ruiz, Valentin Liechti& Gabriel Zufferey

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

l e 7 f év r i e r

l e 14 f év r i e r

l e 21 f év r i e r

l e 28 f év r i e r

• 20 h 30 - élèves du CPM, classechant de Christine Schaller avecVanessa Horowitz, Manon Nicou, Sophia Bischoff, Gaspard Sommer, Yvonne Lomba, Elisa Kaplun,Héloïse Bolay;accompagnateursEvaristo Perez, pianoAntoine Ogay, contrebassePhilippe Staehli, batterie• 21h 30 - un atelier jazz modernede Marcos Jimenez avecJeanne Ulrich, chantJean Daniel Bancal, sax sopranoKatarina Knezevic, pianoSylvain Pool, guitareNorman Pena, basse électriqueJean-Loup Didelot, batterie• 22 h 30 - un atelier jazz modernede Pierre-Alexandre Chevroletavec Olivier Favre, pianoAlain Courvoisier, guitareDany Emblard, chanteuseClaudio Mascotto, sax ténorBlaise Demierre, clarinette basseJean-Paul Vergari,contrebasseHelène Riganti, batterie

LES ATELIERS DEL’AMR EN CONCERT

j e u d i 2 f é v r i e r à 2 0 h 3 0s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

• en ouverture à 20 h , un atelierjunior de Maurizio Biondaavec David Donath, guitareIlya Levin, pianoPerry Heirtzler, batterieSacha Kreis, saxophone altoMartin Rieder, saxophone alto.• 20 h 30: jam standards pro

• en ouverture à 20 h 30, un atelierbop & rock de Julien « Vulzor »avec Antoine De La Rochefordire,pianoSophia Bischoff, chantYvonne Lomba, chantJean-Luc Schindler, guitareRaphaël Grandjean, saxophone alto Julien Dinkel, batterie• 21h30 : jam

À LA CAVE, ENTRÉE LIBRE

JAM DES ATELIERSDU MERCREDI À 21 H 30AU SUD DES ALPES

l e 1 e r f é v r i e r

l e 2 2 f é v r i e r

• 20 h 30 - Alco-pop. Groupe jeu-nes adultes d'Yves Jolidon• 21 h 30 - Supernova. Groupeélectro-pop de Pascal Hausaman• 22 h 30 - Funky Town. Groupefunk-rock d’Alexandre Coppaloni

LES GROUPES ETMEN CONCERT

j e u d i 2 f é v r i e r à 2 0 h 3 0c a v e d u s u d d e s a l p e s

Stephan Crump, contrebasseJamie Fox, guitareLiberty Ellman, guitare

Stephan Crump, contrebassiste émérite auson rond, chaud et boisé, qui officie entre au-tres dans le trio de Vijay Iyer, vient présenterRosetta Trio, son projet le plus personnel,fondé en 2006. Deux albums plus tard(Rosetta en 2006 sur Papillon Sounds etReclamation en 2010 sur Sunnyside Records),le trio passe par le Sud des Alpes pour unconcert qui soulignera ses délicates et néan-moins solidement charpentées compositions. Le contrebassiste a fait le choix de s’entourerde deux guitaristes au style et au son sensi-blement différents. A la guitare acoustique, onretrouve Liberty Ellman, qui se démarque parson jeu en retenue et en tension permanen-tes. A la guitare électrique, Jamie Fox offre unstyle plus mélodique, qui puise ses racinesdans le rhythm & blues, le folk et le blues.Comme le dit Vijay Iyer: «Personne (dans cetrio) n’est pressé d’arriver à quelque chose,chaque geste musical est au service dugroupe, d’une image plus globale. Et cela...c’est terriblement difficile à réussir.»au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

vendred i 3 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Joy Frempong, chant, électroniquePhilippe Ehinger, clarinette bassePhilippe Ehinger, musicien à la créativité po-lymorphe de Romandie et d’au-delà vientavec une partenaire de choix pour cette soi-rée placée sous le signe du dialogue intense.La chanteuse, slameuse et bidouilleuse de ta-lent Joy Frempong qui a collaboré entre aut-res avec «Stade» (Christophe Calpini, PierreAudétat) et le groupe de pop-électro «File-wile» est une musicienne qui se caractérisepar l’intensité de son engagement musical,par une créativité et un éclectisme hors ducommun, le tout porté par une voix au timbred’une rare richesse et un usage inventif del’outillage électronique. C’est un duo élégantet passionnant que nous avons la chanced’accueillir au Sud des Alpes.au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

JOY FREMPONG-PHILIPPE EHINGER

«LES VOISINSNE PARLENT PASTOUS LA MÊME LANGUE»

samed i 4 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Myriam de Rougemont, piano, chant, compositionsCédric Gysler, contrebasseAndrew Flückiger, batterieLe Myriam de Rougemont Trio propose desmorceaux interprétés tels des tableaux, mé-langeant diverses touches de couleurs entretrois musiciens. Le répertoire s’inspire d’unvoyage que la pianiste, chanteuse et composi-trice a fait tout récemment en Argentine. Ellerevient avec de nouvelles idées, des composi-tions personnelles et quelques pièces d’unpianiste qui l’a beaucoup marquée, ErnestoJodos. Elle conçoit sa voix comme un instru-ment à part entière, et joue souvent avec sesdeux instruments simultanément dans un butd’expression globale. Une sensibilité musi-cale à entendre pour sa poésie et son insou-ciante beauté.

quatre soirées de concerts offerts à la cave de l'AMR,entrée libre, majoration de un franc sur les boissons

MYRIAM DE ROUGEMONTTRIO

l u n d i 6 , m a r d i 7 ,m e r c r e d i 8 e t j e u d i 9 f é v r i e r à 2 1 h 3 0à l a c a v e d u s u d

Scott Dubois, guitareGebhard Ullmann, saxophone ténor, saxophone soprano, clarinetteThomas Morgan, contrebasseKresten Osgood, batterieCe passionnant quartet américano-européenfondé autour des compositions avant-gardis-tes du leader Scott Dubois, se caractérise parl’interaction stellaire, les dynamiques pas-sionnées et l’imprévisible. Le saxophonisteallemand Gebhard Ullmann (Paul Bley,William Parker, Han Bennink) et le batteur da-nois Kresten Osgood (Sam Rivers, JoshuaRedman, Kurt Rosenwinkel) apportent le côtésauvage de leur longue pratique de la mu-sique improvisée dite «free». Thomas Mor-gan, un des jeunes contrebassistes actuelsles plus surprenants et polyvalents (SteveColeman, le regretté Paul Motian, John Aber-crombie...) est le liant de cette fine équipe em-menée par Scott Dubois, guitariste élégant etaventurier dans ses compositions et dans sonjeu.

au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs (membres AMR, AVS,AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

SCOTT DUBOISBLACK HAWKDANCE

ven 10 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Daniel Erdmann, sax ténorSamuel Rohrer, batterieVincent Courtois, violoncelle.Frank Möbus, guitareAvec un son collectif impressionnant de pré-cision, des interactions de très haut niveau,des constructions thématiques qui tiennentl’oreille constamment en éveil, le quartetfondé par le saxophoniste allemand DanielErdmann et le batteur suisse Samuel Rohrerpropose une musique résolument actuelle,excitante et fraîche. Quatre voix parmi les pluspassionnantes d’Europe aujourd’hui, quatreunivers qui se croisent au meilleur moment,de la meilleure des manières.

au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

SAMUEL ROHRER-DANIEL ERDMANNQUARTET

sam 11 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Bennie Maupin, clarinette basse, clarinette ténor,saxophone sopranoHania Chowaniec-Rybka, chantMichal Tokaj, pianoMichal Baranski, contrebasseLukasz Zyta, batterieBennie Maupin, compositeur et multi-souf-fleur connu surtout pour son travail avecHerbie Hancock dans les Headhunters et avecMiles Davis pour son disque Bitches Brew, estle leader de ce quintet dans lequel on retrouvedes musiciens de haut vol. En 2008 ils avaientsorti un disque en quartet sur le label Crypto-gramaphone: Early Reflections, et c’est la ri-che substance de ce disque qui sera présen-tée ce soir à l’AMR, en compagnie de la chan-teuse Hania Rybka.

au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

BENNIE MAUPINQUINTET

vendredi 17 févr ier à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

David Robin, guitareGil Lachenal, contrebasseCharles Clayette, batterie

David Robin, guitariste d’une grande finesseau jeu mélodique et soigné, nous présenteson dernier projet, accompagné de bons amisqui ne demandent qu’à prendre la mer aveclui, en quête de nouvelles aventures. Ensem-ble ils nous proposent un programme fait decompositions, de standards, ou de reprises demusiciens actuels.au sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

LES CUBISTES

samedi 18 févr ier à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

• 20 h 30 - un atelier junior deStéphane Métraux avecLoïc Roux, pianoLeo Mohr, guitareMatteo Pellegrini, saxophone altoThéo Jaquier, batterie• 21h 30 - un atelier jazz modernede Nicolas Lambert avecRaphaël Herrera, pianoAnthony Merton, guitareEvelyne Brügger, chantOscar Urio, violonFrédéric Bellaire, contrebasseCécile Walder, batterie• 22 h 30 - un atelier juniorde Stéphane Métraux avecNicolas Lagnaux, guitareGaspard Sommer, pianoStéphanie Bolay Robin, trompettePaul Nomblot, saxpophone altoThomas Bellego, basse électriqueNoam Kestin, batterie

LES ATELIERS DEL’AMR EN CONCERT

j e u d i 2 3 f é v r i e r à 2 0 h 3 0s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Manu Theron, chantDaniel Malavergne, tubaPatrick Vaillant, mandolineAu départ, il y eut pour Patrick Vaillant, DanielMalavergne et Manu Théron un engouementpour les cançons tout à fait singulières deVictor Gélu, poète majeur de la culture popu-laire marseillaise. Pour cette remise en bou-che d’un esprit frondeur, le trio oscille entremélodrame et farce. Plus tard, leur répertoires’enrichit de compositions ou d’emprunts àdiverses musiques populaires, sicilienne, na-politaine, sévillane ou même française. Pourdonner une pertinence à cette diversité,chaque membre du trio distille ses ingré-dients, l’unité se faisant dans le goût partagépour la mélodie populaire.

au Sud des Alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 18 francs (plein tarif)• 15 francs (membres AMR et ADEM,

AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

VENDREDIS DE L’ETHNOCHIN NANA POUNchansons de Marseille et d'ailleurs

vendredi 24 févr ier à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Alain Guyonnet, arrangementset compositionSylvie Canet, Bertrand Guerra, Manu Araoz, Nicolas Lambertet Philippe Jenni, guitaresStéphane Fisch, basseDans cet ensemble composé de cinq guitareset d'une basse les cordes sont traitées à lamanière d'une section de souffleurs, ce quiconfère à cette formation un son bien particu-lier, tout de cordes tissé. Dans l'esprit du jazzou de styles parallèles (samba, bossa-nova,ou même twist), les compositions et arrange-ments d'Alain Guyonnet bénéficient autant de

contrepoints savants que d'improvisations li-bératrices, sans pour autant se refuser uncertain humour iconoclaste. www.myspace.com/danslescordessextetau sud des alpes, ouverture des portes à 20 h 30• 20 francs (plein tarif)• 15 francs

(membres AMR, AVS, AC, AI)• 12 francs (carte 20 ans)

DANS LES CORDES

samed i 25 f év r i e r à 21 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Vincent Ruiz, contrebasseNicolas Masson, sax ténorValentin Liechti, batterieMarc Méan, piano

Ce sont les premiers pasd’un groupe auxquels vouspourrez assister, une occa-sion de voir un répertoireoriginal se développer etune complicité se cons-truire entre ces quatre mu-siciens issus de différentesgénérations. Un mélanged’expérience et de fraî-cheur et une belle créativitécompositrice de la part dujeune contrebassiste Vin-cent Ruiz.Quatre soirées de concerts offertsà la cave de l’AMR.Entrée libre, majoration de unfranc sur les boissons.

VINCENT RUIZ FOUR

l u n d i 2 7 , m a r d i 2 8 ,m e r c r e d i 2 9 f é v r i e r e t j e u d i 1 e r m a r s à 2 1 h 3 0à l a c a v e d u s u d

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

prélocations à l’AMR

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

prélocations AMR et DISCOCLUB

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prélocations AMR et DISCOCLUB

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prélocations AMR et DISCOCLUB

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prélocations AMR et DISCOCLUB

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

ROSETTA TRIO

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

• 20 h 30 - Flat Five. Groupe jazzde Christophe Bovet• 21 h 30 - E=Fb. Groupe rock deChristophe Matthey• 22 h 30 - What the Funk? Groupefunk de Florence Chitacumbi

LES GROUPES ETMEN CONCERT

j e u d i 9 f é v r i e r à 2 0 h 3 0s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

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VENDREDI 3 ROSETTA TRIO

MERCREDISÀ 20 H 30 22 CONCERT ET JAM DES ATELIERS

VENDREDI 17 BENNIE MAUPIN QUINTETSAMEDI 18 LES CUBISTES

VENDREDI DE L’ETHNO 24 CHIN NANA POUNSAMEDI 25 DANS LES CORDES

SAMEDI 11 SAMUEL ROHRER-DANIEL ERDMANNQUARTET

DU LUNDI AUJEUDI À LA CAVE MYRIAM DE ROUGEMONT TRIO

VENDREDI 10 SCOTT DUBOIS: BLACK HAWK DANCE

SAMEDI 4 JOY FREMPONG-PHILIPPE EHINGER :« LES VOISINS NE PARLENT PAS TOUSLA MÊME LANGUE »

6 7 8 9

DU LUNDI AUJEUDI À LA CAVE

VINCENT RUIZ FOUR27 28 29

1

1eerrmmaarrss

MARDIS

EN MARS, VENDREDI 2 ET SAMEDI 3

DU 20 AU 25

JAM SESSIONS

CARTE BLANCHE À VINCENT HAENNI31e AMR JAZZ FESTIVAL

147 21 28

JEUDIS À 20 H 30À LA CAVE

DANS LASALLE LES GROUPES ETM 2 9

JEUDIS À 20 H 30 LES ATELIERS DE L’AMR EN CONCERT2 23

Maël Godinat, pianoManu Hagmann, contrebasseNelson Schaer, batterie

Steve Coleman, saxophone altoJonathan Finlayson, trompetteMatt Brewer, contrebasseDamion Reid, batterie

TRIONYX

STEVE COLEMAN& FIVE ELEMENTS

mard i 20 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Jordanov (Claude Jordan),flûte électrique, électroniqueJacques Demierre, fender rodhesProvinescu (Hervé Provini),batterie

Arve Henriksen, trompette, électroniqueAudun Kleive, batterie, percussionHelge Norbakken, batterie, percussion

VOID

ARVE HENRIKSENTRIO

mercred i 21 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Elina Duni, chantColin Vallon, pianoPatrice Moret, contrebasseNorbert Pfammatter, batterie

Marc Ribot, guitareCooper-Moore, clavierBrad Jones, basseJ.T. Lewis, batterie

ELINA DUNIQUARTET

MARC RIBOT -«REALLY THE BLUES»

samed i 24 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

John Aram, trombone,compositionsTom Cawley, pianoGraeme Blevins, flûte,saxophone ténor Arthur Hnatek, batteriePhil Donkin, contrebasse

John Taylor, pianoHayden Chisholm, saxophone altoPetter Eldh, contrebasse

JOHN ARAM QUINTETSATURDAY NIGHTAND SUNDAY MORNING

BREVE

d imanche 25 mars à 19 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Florence Melnotte, piano, claviers

Will Vinson, saxophone altoAaron Parks, pianoOrlando le Fleming, contrebasseJochen Rückert, batterie

FLORENCEMELNOTTE SOLO

WILL VINSONQUARTET

vendred i 23 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

Michel Bastet, pianoHadrien Jourdan, clavecins

John Tchicai, saxophonesVitold Rek, contrebasse

DUO BASTET-JOURDAN

JOHN TCHICAI& VITOLD REK

j eud i 22 mars à 20 h 30s a l l e d e c o n c e r t d u s u d

INFORMATIONS PRATIQUESLIEU DES CONCERTSAMR/Sud des Alpes, 10, rue des alpes, GenèvePRIX PAR SOIRÉE (deux concerts):Fr. 35.- (plein tarif)Fr. 25.- (membres, étudiants, chômeurs et retraités)Fr. 20.- (titulaires de la carte 20 ans)ABONNEMENT pour tous les concerts du festival:En vente uniquement à l’AMRFr. 150.- (plein tarif)Fr. 100.- ( membres, étudiants, chômeurs et retraités)Fr. 80.- (titulaires de la carte 20 ans) Pour en savoir plus: www.amr-geneve.ch

10 rue des Alpes, CH-1201 GENÈVE tél.+41(0)22 716 56 30 / www.amr-geneve.ch

DOUZE

A M R

CLUB DE JAZZ ET AUTRES MUSIQUES

IMPROVISÉES

S U D D E SA L P E S

F E V R I E R

10 RUE DES ALPES À GENÈVEOUVERTURE À 20 H 30.

CONCERT À 21 H30. SAUF INDICATION CONTRAIRE

SUD DES ALPES / 10, RUE DES ALPES, 1201 GENÈVE TEL+ 41(0) 22 716 56 30 / FAX + 41(0) 22 716 56 39

INTERNET : WWW.AMR-GENEVE.CHL’AMR EST SUBVENTIONNÉE

PAR LE DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES DE LA VILLE DE GENÈVE ET LE DÉPARTEMENT DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE DE L’ETAT DE GENÈVE

DUAL ENTITY LE 16 DÉCEMBRE 2011 AU SUD DES ALPES, PAR JUAN-CARLOS HERNÁNDEZUNE AFFICHETTE DE ALOYS LOLO

AMR JAZZ FESTIVAL (UN APERÇU DU PROGRAMME)3 1 e É D I T I O N D U 20 AU 25 M A R S 20 1 2 AU S U D D E S A L P E S