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Chapitre 5. Les territoires dans la mondialisation. 1 ère partie. Pôles et espaces majeurs de la mondialisation : Le processus de mondialisation entraîne une forte différenciation et hiérarchie des espaces mondiaux : - l'accroissement des flux commerciaux maritimes valorise de + en + les façades ma- ritimes au détriment des espaces continentaux ; - l'instantanéité des communications et de l'information renforce la domination des métropoles mondiales connectées les unes aux autres + qu'à leur propre environ- nement ; - la rapidité et la baisse des coûts des transports accentuent la concurrence entre es- paces lointains et leur hiérarchisation par voie de conséquence. Il est bien évident que les espaces dominants et dominés se retrouvent à l'intérieur même des territoires et des populations si l'on change d'échelle d'analyse ; c'est ce qui explique que l'on puisse parler de "quart-monde" pour parler des pauvres dans les sociétés développées, par réfé- rence au Tiers Monde des pays pauvres. Nous pourrions peut-être comme problématique définir une relation inverse entre la dis- persion croissante des activités de production à travers le monde au rythme des délocalisations et la concentration croissante des activités de commandement dans quelques points privilégiés du globe. 1. L'archipel métropolitain mondial : - tableau 1 p. 138 ; 2 critères permettent de définir les mégapoles qui ont un rang de com- mandement mondial : leur PUB et leur concentration de tertiaire supérieur ; celui-ci se décompose en administration gouvernementale, siège des FTN, laboratoires de recherche et grandes universités, services bancaires, boursiers et financiers de rang mondial ; exemple atypique et excessif de la City de Londres, entité territoriale de 300 ha et 10.000 habitants au cœur de la ville qui a la + forte densité planétaire de banques et d'instituions financières ; gérée sur le modèle médiéval des "guildes" de métier, avec un représentant permanent au Parlement anglais, des bureaux à Bruxelles, Shangaï, Bombay, … ; Pour la 1ère fois depuis la crise de 1974, seules les grandes métropoles ont été largement protégées. "France productive, marchande et dynamique, concentrée dans les grandes villes, où se forgent les nouveaux atouts de la compétitivité du pays". Une France urbaine qui s'est, elle, montrée rétive au vote Front national, l'extrême droite restant à des niveaux faibles dans la plupart des grandes villes. Fracture entre les principales métropoles, bénéficiant d'un "énorme po- tentiel" (Toulouse, Nantes, Rennes, Paris, Lyon, etc.) et le reste du territoire. Les premières, progressivement spécialisées dans le tertiaire supérieur (banques, santé, communication, nouvelles technologies, etc.), plus riches, dotées de ressources en matière grise, peuvent servir de base à un possible "redressement productif" – et donc justifier d'être aidées au nom de la crois- sance. Les secondes peuvent, au mieux, compter sur une activité écono- mique qui périclite, sur les revenus encore garantis par les retraites et, pour celles qui en bénéficient, le tourisme. - deux autres critères permettent de décrire leur fonctionnement en archipel, c'est-à-dire en réseau : voir la carte 1 p. 135 et les comparer avec les cartes 3 p. 91 et 3 p. 103 pour rendre + concret cette notion d'archipel mondial ; c'est-à-dire l'intensité de leur mise en re-

5. Les territoires dans la mondialisation · - des interfaces maritimes qui polarisent l'activité des aires continentales : Northern Range, Mégalopole américaine, Californie, Sud

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Chapitre 5. Les territoires dans la mondialisation. 1ère partie. Pôles et espaces majeurs de la mondialisation :

Le processus de mondialisation entraîne une forte différenciation et hiérarchie des espaces mondiaux :

- l'accroissement des flux commerciaux maritimes valorise de + en + les façades ma-ritimes au détriment des espaces continentaux ;

- l'instantanéité des communications et de l'information renforce la domination des métropoles mondiales connectées les unes aux autres + qu'à leur propre environ-nement ;

- la rapidité et la baisse des coûts des transports accentuent la concurrence entre es-paces lointains et leur hiérarchisation par voie de conséquence.

Il est bien évident que les espaces dominants et dominés se retrouvent à l'intérieur même des territoires et des populations si l'on change d'échelle d'analyse ; c'est ce qui explique que l'on puisse parler de "quart-monde" pour parler des pauvres dans les sociétés développées, par réfé-rence au Tiers Monde des pays pauvres.

Nous pourrions peut-être comme problématique définir une relation inverse entre la dis-persion croissante des activités de production à travers le monde au rythme des délocalisations et la concentration croissante des activités de commandement dans quelques points privilégiés du globe.

1. L'archipel métropolitain mondial :

- tableau 1 p. 138 ; 2 critères permettent de définir les mégapoles qui ont un rang de com-mandement mondial : leur PUB et leur concentration de tertiaire supérieur ; celui-ci se décompose en administration gouvernementale, siège des FTN, laboratoires de recherche et grandes universités, services bancaires, boursiers et financiers de rang mondial ; exemple atypique et excessif de la City de Londres, entité territoriale de 300 ha et 10.000 habitants au cœur de la ville qui a la + forte densité planétaire de banques et d'instituions financières ; gérée sur le modèle médiéval des "guildes" de métier, avec un représentant permanent au Parlement anglais, des bureaux à Bruxelles, Shangaï, Bombay, … ;

Pour la 1ère fois depuis la crise de 1974, seules les grandes métropoles ont été largement protégées. "France productive, marchande et dynamique, concentrée dans les grandes villes, où se forgent les nouveaux atouts de la compétitivité du pays". Une France urbaine qui s'est, elle, montrée rétive au vote Front national, l'extrême droite restant à des niveaux faibles dans la plupart des grandes villes. Fracture entre les principales métropoles, bénéficiant d'un "énorme po-tentiel" (Toulouse, Nantes, Rennes, Paris, Lyon, etc.) et le reste du territoire. Les premières, progressivement spécialisées dans le tertiaire supérieur (banques, santé, communication, nouvelles technologies, etc.), plus riches, dotées de ressources en matière grise, peuvent servir de base à un possible "redressement productif" – et donc justifier d'être aidées au nom de la crois-sance. Les secondes peuvent, au mieux, compter sur une activité écono-mique qui périclite, sur les revenus encore garantis par les retraites et, pour celles qui en bénéficient, le tourisme.

- deux autres critères permettent de décrire leur fonctionnement en archipel, c'est-à-dire en réseau : voir la carte 1 p. 135 et les comparer avec les cartes 3 p. 91 et 3 p. 103 pour rendre + concret cette notion d'archipel mondial ; c'est-à-dire l'intensité de leur mise en re-

lation communicationnelle et leur fonction de gateway aéroportuaire ; d'où une forte con-centration des villes mondiales sur les grandes façades maritimes ;

- mégapoles de l'archipel en général au cœur de mégalopole dans leur propre environne-ment, voir le NE américain, le Sud de Honshu ou l'Europe rhénane (cartes p. 145) ; des populations tertiarisées et à fort potentiel culturel ("bobo"?) avec des effets de ségrégation spatiale radicale, les centres villes chassent leurs pauvres dans les suburbs ; ségrégation touche aussi fortement les activités, mégapoles et mégalopoles sont polycentriques ;

- enfin leur participation à cet archipel est censé uniformiser profondément leurs modes de vie et leurs décors ; niveaux de vie nettement + élevé que sur le reste des territoires, langue, habit, vie nocturne, émancipation des morales indigènes, fort taux de célibat, activité cultu-relle internationalisée comme la cuisine, décor urbain partagé entre préservation folklorique et agressivité urbanistique des Down Town, fort contrôle policier et sensibilité aux thèmes environnementaux ;

2. Périphéries intégrées : - les 1ères périphéries intégrées aux pôles mondiaux sont les espaces nationaux des grands

Etats industriels développés :en tout 80% du PIB et des FTN mondiaux ; des infrastruc-tures maîtrisent l'espace, les populations sont industrialisées et tertiarisées, y compris dans les travaux agricoles ; le PIB/h élevé ; rôle de l'Etat est essentiel pour entretenir conditions favorables aux entreprises ; accumulation ancienne de capital financier, technique et hu-main ;

En France, 1/3 des zones d'emploi sur trois, emploi public a + progressé depuis 10 ans qu'emploi privé ; villes moyennes en déclin économique, pour lesquels embauches dans les collectivités locales ou maintien de ser-vices publics, même lorsque l'évolution démographique ne le justifiait pas, ont contenu l'affaissement de l'activité économique privée ; idem pour prestations sociales, au point que certaines zones d'emploi dépendent à + de 70 % de revenus non marchands (retraites, emplois publics, prestations sociales...).

- des interfaces frontalières continentales qui dynamisent l'activité entre Etats, comme Main Street, Pugetopolis et Mexamerica de l'ALENA, avec leur Twin Cities, maquiladora; mais cô-té mexicain, frontière matérialisée tandis que Smart Border avec le Canada ; résultat, Canada 400Md$ de commerce extérieur dont 300 avec EU ; Mexique, 300 dont 250 ;

- des interfaces maritimes qui polarisent l'activité des aires continentales : Northern Range, Mégalopole américaine, Californie, Sud de Honshu ; d'où quelques Villes-Etats qui pous-sent à l'extrême ce principe de littoralisation (Singapour et de façon générale les NPIA) ; implantation des zones franches pour attirer flux d'IDE et délocalisation des FTN; voir exemple Rivière des Perles en Chine :

3. Emergence de pôles régionaux à ambition mondiale : - rééquilibrage du développement vers les anciens Empires dominant transformés en pays

ateliers ; pays comme Argentine et Chili ont niveaux de développement qui les rappro-chent des pays développés ; géographie de la puissance et du développement non figée : avantages comparatifs peuvent changer, coûts salariaux exemple de l'ASE : En $ salaire mensuel

ouvrier Prix du m² industriel

PIB réel/ h

Yokohama 2520 1450 46000 Hong Kong 1850 244 36000 Taipé 1050 1180 30000 Singapour 460 ? 46000 Shenzen 220 25 5400 Kuala Lumpur 210 75 8800 Bangkok 160 52 7200 Jakarta 108 55 3500

- des puissances régionales à prétention mondiales: Brésil, Nigeria et Afrique du Sud, Inde, Turquie ; taux de croissance élevés (PIB +7,5% en 2012) et performances macroéco-nomiques importantes ; se mêlent des caractéristiques de sous développement dans leurs populations et l'émergence de classes moyennes et de territoires modernisés (Cf. Bangalore et Shining India) ;

- cas particulier de la Russie : puissance ré-émergente ou pays rentier (75% des export sont des hydrocarbures) ? infrastructures délabrées, état sanitaire de la population en régression ; mais en même temps restes importants de puissance mondiale ;

- autres pays rentiers, essentiellement pétroliers : le Moyen-Orient et le Maghreb, le Golfe de Guinée ; chiffres macroéconomiques flatteurs (PIB/h) mais peu pertinents à cause de la confiscation de la rente pétrolière par les élites, de la difficulté d'induire un développement économique interne autonome à partir de l'exploitation de cette rente ; des populations res-tées traditionnelles et à faible niveau de vie avec une forte immigration sud-sud ; cas du Venezuela de Chavez : tentative d'entraîner un réel développement social et économique par la nationalisation de la rente pétrolière ;

- la Chine à part : avec 3 des 6 + grandes façades maritimes mondiales (Mer Jaune, fleuve Bleu et Rivière des Perles) ; ambitions mondiales économiques, visées sur Afrique et Amé-rique Latine, mais aussi géostratégiques dans son environnement proche mais aussi lointain (collier de perles de l'Océan Indien ; veto dans la question syrienne) ;

2ème partie. Espaces et société en marges de la mondialisation.

(pp. 146-153) Dans la hiérarchisation spatiale que provoque le processus de mondialisation, certains es-

paces et certains groupes sociaux restent en marge. Les conditions naturelles ne sont jamais une explication suffisante pour expliquer cette marginalisation, elles se combinent avec des facteurs sociaux et politiques et historiques pour créée tout un complexe de marginalisation, inséré qui + est dans des rapports de force internationaux qui défavorisent certaines régions au profit d'autres.

C'est ce qui explique la difficulté des politiques de développement qui ne s'attaquent qu'à un critère du sous-développement parmi les autres. C'est ce qui explique aussi que la marginalisa-tion est rarement un phénomène général dans une région du monde mais connaît des variations locales et sociales, les phénomènes de marginalisation doivent être analysés à des échelles diffé-rentes : 45% pop. mondiale vit avec – 2$/j et 25% des enfants anglais en-dessous du seuil de pauvreté (853€/mois).

1. Des espaces à l'écart des flux mondialisés :

- pays enclavés : centres des continents sans accès à la mer, voir exemple de la Bolivie et de la perte de son accès fin XIX° ; surtout quand ce sont des reliefs montagneux obstacles à l'occupation humaine dense (cf. Nepal, Tibet, Afghanistan) ; sur la carte, Afrique saha-rienne et sahélienne, Amérique andine et Asie centrale et sibérienne, avec des isolats mi-niers et des refuges d'illégalité, mais aussi le refuge de populations aborigènes opprimées et marginalisées par leur propre Etat (cf. les Aïnous de Hokkaido, ou les Adivasi de l'Inde) ;

- espaces non maîtrisés : + grande sensibilité aux aléas climatiques : séisme, glissements de terrains, tsunami, incendies ; absence d'infrastructures entretient la marginalisation car décourage investissements ;

- en tout 48 PMA, dont 33 en Afrique subsaharienne, cumulent tous les retards écono-miques et sociaux ;

2. Des sociétés mal protégées : - sous développement sanitaire et scolaire : accès à l'eau potable et installations sanitaires

déficients ; - inégalités sociales maximales et absence de sécurité sociale : travail des enfants, analphabé-

tisme en particulier féminin ; - fuite des cerveaux et émigration de survie : - poches de Tiers Monde dans les pays développés : voir exemple paradigmatique de Detroit

aux EU : 1,8Mh en 50, 0,7 aujourd'hui, ce qui fait que 1/3 du territoire municipal est inha-bité ; + ¼ pop. sous seuil de pauvreté, revenu moyen annuel de 15.000$/h/an (pour 40.000 aux EU) ; cas des anciens bassins industriels et miniers des pays développés, des campagnes arriérées et des montagnes sans équipement touristique ;

3. Des économies fragiles :

- secteurs informels dans les économies : énormité de l'économie domestique non mar-chande, d'une part ; d'autre part, économie grise et corruption détournent revenus natio-naux et aides au développement ;

- agriculture vivrière, menacée qui + est par les plantations commerciales des pays déve-loppés et par les achats de terre par les puissances émergentes (les + touchés : Ethiopie, Congo, Soudan et Madagascar ; les + gourmands : Chine, Inde, EU et RU) ;

- grande vulnérabilité aux fluctuations des cours des matières 1ères, et ce dans les 2 sens (cf. alourdissement facture pétrolière) ; exploitation des matières 1ères s'apparente à un pil-lage dont les populations locales profitent peu ;

4. Des Etats instables :

- faiblesse des Etats favorise corruption, illégalité et criminalité ; drogue du "triangle d'or", du croissant d'or" et des régions andines ; pratique des enlèvements et des rançons ; Mexique : + 100.000 morts depuis la déclaration de guerre aux cartels de la drogue en 5 ans

- piraterie favorisée par absence d'Etat fort, comme en Somalie et toute la Corne de l'Afrique ;

- révolutions et coups d'Etat et guerres civiles : cf. Sierra Leone, Angola, Liberia, ou encore séparatisme du Sud Soudan acquis depuis peu ; et cas des pays fermés par des dictatures dans un complexe obsidional (Myanmar, Corée du Nord) ;

3ème partie. Espaces maritimes : approche géostratégique :

(pp. 154-163) Les Océans et leur maîtrise sont depuis longtemps domination mondiale. Le "grand jeu"

britannique comme l'impérialisme américain étaient fondés sur la domination maritime de leurs marines de guerre et commerciale. Etant donné l'importance des transports maritimes dans la mondialisation et le développement de la littoralisation des activités et des populations, il n'est pas étonnant que l'importance géostratégique des mers et des océans se soit accrue.

Cette importance des espaces maritimes ne se limite pas aux ports, aux routes et aux dé-troits que fréquentent les navires ; ils ont une importance primordiale comme ressource pour les hommes (nourriture, matières 1ères) et jouent un rôle essentiel dans les grands équilibres environ-nementaux. Ils sont donc des enjeux de puissance entre Etats et des sources de conflits poten-tiels.

a. Des enjeux croissants autour de l'espace maritime :

- océans : ¾ de l'espace mondial, pour l'essentiel les abysses encore mal connus et une frange de plateaux continentaux relativement faciles à exploiter ; pour l'essentiel espace de libre circulation, véritable bien commun de l'humanité ; réparti en 5 océans dont le Paci-fique (½ des surfaces maritimes) et Atlantique (1/3) en quelques dizaines de mers + ou – fermées (Baltique, Mer Noire, …) ;

- espace qui n'est cependant pas indifférencié : littoraux et terres pleins, détroits et canaux in-terocéaniques (cf. tableau 4 p. 157) ; et concept de Méditerranée : proximité des interfaces, conflits d'intérêts sur des espaces partagés et complémentarité d'espaces contrastés autour d'un espace maritime relativement fermé et réduit ;

- rôle climatique essentiel de la masse océanique ; et immense intérêt pour la recherche scien-tifique en particulier dans les fosses sous-marines à - 10.000 m (fosse des Mariannes, du Ja-pon) ;

- mais surtout espace de contact et de circulation ; rappeler ici rôle du transport maritime dans la mondialisation et sa concentration sur quelques routes maritimes majeures, cf. carte 2 p. 155 ; 3000 pétroliers, 1500 méthaniers, 5000 porte conteneurs ; ne pas oublier les transports sous-marins en pleine expansion (câbles de télécommunications en fibre optique pour internet et téléphone), gazo et oléoducs (par ex. sous la Baltique) ;

- enfin espace d'exploitation de ressources : ressources halieutiques des plateaux continen-taux dont certaines sont en voie d'épuisement par surexploitation (dans l'hémisphère Nord) ; hydrocarbures off shore : entre 1/3 et ¼ de la prod. mondiale, en 1er Golfe du Mexique, puis mer du Nord, Golfes Persique et de Guinée, nouvelles ressources au large du Brésil, de la Chine et de l'Arctique ;

b. Une tendance généralisée à l'appropriation des espaces maritimes : - droit maritime international : dans l'après guerre, tensions de la Guerre froide et de la déco-

lonisation rendent nécessaire de nouvelles règles, la Convention appelée CNUDM ratifiée définitivement en 94 ; instaure une zonation de l'espace maritime à partir des littoraux en laissant libre de toute souveraineté la haute mer, soir les 2/3 de l'espace marin ; création d'un Tribunal international (TIDM) pour régler les litiges, et d'une Autorité pour gérer les fonds marins décrétés "biens communs de l'humanité" ; enfin un droit particulier sur les détroits internationaux pour assurer leur libre passage (Dardanelles et Bosphore, Malacca, Gibraltar, …) ;

- contrôle étatique sur les espaces limitrophes des continents : cf. tableau p. 162 et croquis 5 p. 158 ; eaux territoriales (22 km à souveraineté nationale +44 km de zone de contrôle po-licier), ZEE (370 km avec seulement droits d'exploitation des eaux, fonds et sous-sol) ; cer-tains Etats sont même dits "archipélagiques" (multitude d'îles dont l'espace maritime est considéré comme mer territoriale tout entier) ; depuis années 70, nombre de pays ont de-mandé à ONU extension de leur ZEE de 200 à 350 miles ; EU ont 1ère ZEE mondiale, France 2ème, Australie 3ème, … ;

- d'où une multiplication des conflits frontaliers dans les zones maritimes, certains réglés par l'arbitrage international : Malouines entre Argentine et RU, Méditerranée orientale entre Israël et Liban ; cf. cartes 8 et 9 p. 159 ;

c. La militarisation des espaces maritimes :

- flottes de guerre comme affirmation des ambitions mondiales de quelques grandes puis-sances : carte 1 p. 154 ; seuls 10 Etats ont une puissance navale réelle, car très coûteux ; non seulement des flottes mais aussi des bases maritimes dans les océans pour faire relâche ; importance particulière des porte-avions et des sous-marins nucléaires pour projeter sa puissance ; EU dominants encore largement (7 flottes, 200 bases dans le monde, 11 porte-avions, 200 sous-marins …) ; mais là aussi émergence de forces maritimes des nouvelles puissances, en particulier de la Chine ;

- contrôle des voies maritimes et des détroits ; comme en Mers de Chine avec les tensions provoquées par les ambitions chinoises, cf. carte 6 p. 158 ; ou compétition autour de l'An-tarctique accentuée par la fonte de la banquise, cf. carte 1 p. 171 ;

- lutte contre l'insécurité croissante des espaces maritimes : piraterie, trafics criminels, boat people ; cf. Océan Indien, zone d'instabilité régionale, carte 1 p. 163;

Sujet de composition : Comment la mondialisation a-t-elle hiérarchisé l'espace mondial ?

Pour introduire ce sujet, vous devez évidemment partir de la définition de la mondialisation en tant que processus de mise en rapport des espaces mondiaux entre eux. Définir est efficace quand on ne se contente pas de donner une seule phrase globale mais de détailler quelques as-pects du phénomène pertinents pour le sujet : ici, rappelez donc que l'accroissement des trans-ports matériels va favoriser les espaces littoraux au détriment de l'intérieur des continents ; que l'abaissement de leurs tarifs provoque une concurrence accrue entre les espaces mondiaux et que la rapidité des communications va privilégier les mégapoles reliées entre elles.

L'ensemble de ces critères va vous permettre de définir une problématique plus intéres-sante que la seule reprise de la question du sujet : la nouvelle hiérarchie des espaces mondiaux provoquée par cette mondialisation a-t-elle bouleversé la domination traditionnelle des puissances de la triade ou a-t-elle entraîné des reclassements, l'émergence de certains espaces et le déclin d'autres, ce qui interdirait alors de ne plus parler de la division Nord-Sud.

Le plan s'ensuit tout naturellement : en 1er, bien sûr que les pays de la Triade continuent d'exercer le pouvoir mondial, mais il s'agit surtout, en leur sein, de l'archipel métropolitain mon-dial et des interfaces dont les arrière-pays ne sont que des périphéries intégrées ; en 2ème, mais ces espaces dominants sont de plus talonnés par des puissances émergentes qui ont joué la délocalisa-tion pour connaître un développement intense et jouer désormais un rôle de puissance régionale, voire mondiale ; en 3ème, les espaces qui semblent connaître une malédiction due à leur enclave-ment et à leur faiblesses sociale et politique, mais en n'oubliant pas que ses espaces de marginali-sation se retrouvent aussi à l'intérieur des espaces et des sociétés dominantes et émergentes.      

4ème partie. New York, ville mondiale. (pp. 122-7)

Sur un tel sujet, vous devez partir dans l'introduction par une définition de ce qu'est la no-tion de "ville mondiale" et de la place particulière de New York à l'intérieur de l'"archipel mé-tropolitain mondial" ; voyez le cours sur la question afin de donner une définition complète et non une vague tautologie. Peut-être pourriez-vous accrocher votre lecteur par l'anecdote du 11 septembre, devenue bien banale, mais qui permet quand même de mettre en scène le caractère symbolique de cette ville ; ou bien, si vous préférez, partir de la statue de la liberté pour ce même usage ("I lift my lamp beside the golden door !" d'après les vers inscrits sur son socle).

Comme problématique, il me semble que vous pouvez, comme votre livre vous y invitait, poser la question des difficultés actuelles et de l'avenir de cette ville mondiale de deux façons : en soulignant l'énormité de la tâche de gestion d'une telle conurbation et en replaçant son évolu-tion dans celle plus large de la mondialisation et de l'émergence de nouveaux pôles.

Ainsi en arrivez-vous à l'annonce d'un plan : - d'abord, vous devez partir de la définition de l'hyper-centre de Manhattan en dis-

tinguant bien l'accumulation dans Down Town des fonctions de commandement de rang mondial (économique, politique, culturel) qui seule permet de parler de ville mondiale ; n'oubliez de raccorder ce centre au monde en montrant da multiplication et l'intensité des réseaux qui assurent son rayonnement et qui en font un hub mon-dial et une interface majeure mais aussi un "pont continental", c'est-à-dire une porte d'entrée vers l'intérieur des Etats Unis et vers l'autre façade océanique ;

- ensuite, vous passerez à la description de la structure urbaine de la métropole, son cosmopolitisme accentué, sa polarisation par l'hyper-centre comme le mouve-ment de déconcentration des activités dans les suburbs ; en n'oubliant pas de réins-crire cette structure dans la plus vaste mégalopole du Nord-Est (Boswash) ;

- enfin vous devez décrire les actuelles difficultés de la ville à maintenir son rang mondial en relevant des signes de déclin ou de simple restructuration des activités en particulier depuis le 11 septembre, mais en réalité cet événement cache des ten-dances de fond et il faudrait terminer sur la renaissance urbaine par la gentryfication et la multiplication des Gated Communities.

[Pour la réalisation du croquis correspondant, vous pourriez adopter le même plan, mais

votre 3ème partie serait squelettique, car traitant d'éléments fort peu cartographiables, et la 1ère hy-pertrophiée ; je pense donc qu'il faut réaménager le plan de cette façon : séparer dans la 1ère ce qui concerne la centralité (pôles sous forme de cercles et de points) de ce qui concerne la relation au reste du monde (flux sous forme de flèches), ce qui vous fait deux parties ; la 3ème de la légende correspondrait à la 2ème de la carte, c'est-à-dire à la structure urbaine (plages de couleurs et flèches d'évolution). Si vous persistez à vouloir garder le même plan que pour la composition, il vous faut trouver un moyen pour dessiner ses éléments sur les difficultés de la ville.]

1. Une hyper-centralité. manifeste dans l'exubérance des skyscraper (gratte-ciel) et la skyline ; un des + parfaits CBD

qui a servi de modèle au monde ; a. fonctions de commandement mondial concentrées dans Down Town : - point majeur du commandement mondial de l'économie et de la finance : financial dis-

trict autour de Wall Street : NYSE + Euronext = reste des autres places boursières mon-diales ; système bancaire international a une influence économique qui dépasse largement les seuls EU (Bank of NY, Bank of America, JP Morgan Chase, Citigroup contrôlent les 4 pétro-

liers Exxon Mobil, Royal Dutch/Shell, BP Amoco et Chevron Texaco), agences de contrôle glo-bales (Standard and Poor's, Moodys) imposent leur loi aux Etats par le biais de leur dette pu-blique ; 25 sièges des 500 + grandes FTN ;

- rôle politique mondial de l'ONU : si NY n'est pas capitale politique des EU, son rôle poli-tique internationale est affirmé comme centre de la diplomatie mondiale ;

- concentration des sites de production de l'innovation scientifique, culturelle et sociale : Columbia et NY University d'un côté, Lincoln Center (Metropolitan Opera, NY City Ballet, Philar-monie et Julliard School), Broadway (Music Hall) et Museum Mile (Metropolitan Museum, Frick Collection, Guggenheim + Moma) de l'autre, mais aussi salles des ventes, clubs de Jazz (Apollo Theater) ; école de NY a pris le relais de Paris dans l'après guerre dans les arts plastiques ; Coney Island, 1er parc d'attraction ; d'où pôle touristique mondial (43M visiteurs/an) ;

- nœud essentiel des communications mondiales : WS Journal et NY Times, agence de presse (Associated Press) ; ABC et CBS pour la télé, 300 M de spectateurs hors EU ; NY par là est un des pôles mondiaux de l'information dominante dont le symbole est Times Square ;

b. hub mondial et pont continental : - terminaux maritimes et aériens : comme dans tous les grands ports mondiaux, termi-

naux ont quitté Manhattan vers l'aval à Newark ; 2 aéroports internationaux (JFK et Newark) et 2 nationaux (La Guardia et Teterboro) ;

- réseaux câblés sous marins et teleport qui permet de centraliser les informations câblées nécessaires à l'économie et la finance ;

- pont continental ; grandes gares ferroviaires (Penn Station et surtout Grand Central, 1 des + grandes gares du monde en souterrain) ; colossale gare routière des Greyhound dessert tout le continent depuis Manhattan ;

c. un élément de la mégalopole : en fait une nébuleuse aux centres multiples : - un corridor industriel de centaines de km, chimique, pharmaceutique, pétrolière, sidérur-

gique, chantiers navals, textiles, agro-alimentaires ; mais aussi multiples technopoles autour par ex. d'IBM ;

- rôle politique de Washington ; mais aussi présence de 6 des 8 Universités de l'Ivy league : Princeton, Harvard, Yale… et route 128 à Boston comme parc technologique ;

- d'où un réseau dense de transports y compris ferroviaire à grande vitesse, autre exception aux EU ;

2. Un éclatement urbain. rappeler les 22 M d'habitants de l'aire urbaine (8M dans la seule ville) ; comment forment-

ils une ville ? a. revivification urbaine centrale et gentry f i cat ion : - NY a défini le mode de vie urbain de la modernité ; accumulation de la richesse entretient

une consommation de haut de gamme : PIB/h : 53. 700 $ (40.000 aux EU) ; 3ème ville la + chère du monde ;

- opulence de Manhattan, g en try f i ca t ion et rénovation urbaine (offensive sur Harlem et Brooklin) ; contrôle policier et sécuritaire ultra présent : 5.000 caméras de surveillance rien que dans down town ; succès de la politique sécuritaire de l'ancien maire Giuliani qui a ren-du la ville sûre ; voir les images apocalyptiques de la ville dans les films des années 70-80 ;

- mais poches d'ancienne pauvreté et de ghettos ethniques même au cœur de Manhattan : China Town et Little Italy ;

b. ségrégation spatiale des activités et des populations dans les burroughs, décon-centration de la ville dans les suburbs :

- activités industrielles et logistiques rejetées au large de Manhattan ;

- Jersey City et multiplication des edge c i t i e s (?) dans une répartition du travail entre les activi-tés de commandement à Manhattan et le back-office moins prestigieux en périphérie ; multi-plication des technopoles font de l'agglomération la 3ème métropole high tech du pays ;

- ville la + cosmopolite, signe de son rôle mondial ; 1/3 des NY nés à l'étranger, ainsi les 2/3 de la pop. appartiennent à une minorité ethnique ; regroupement des minorités eth-niques et nationales en quartiers, cf. Little Odessa pour Europe de l'Est ; s'ajoutent à l'an-cienne ségrégation contre les noirs et leurs quartiers (Bronx et Harlem) ;

- zones résidentielles et ga ted communit i e s (?) pour les classes moyennes et supérieures ; ex-tension de la ville sur ses franges rurales et forestières, refuges des classes moyennes et ai-sées ;

c. réseaux urbains de transport pour permettre fonctionnement de l'aire métropoli-taine :

- rôle crucial de la Port Author i t y pour gérer tous les transports ; propriétaire du World Trade Center où était son siège ; existe aussi une authority pour ponts et tunnels ; tradition de la gestion privée des infrastructures urbaines comme du logement "social" que la gentryfi-cation rejette de + en + loin du centre ;

- rythme des mouvements pendulaires : 1,5 M de voyageurs/jour vers Manhattan ; mais 250.000 en sens inverse vers les edge cities ; + de la ½ des NY se déplacent en transports en commun, exception américaine ;

- zone du métro : + grand réseau de monde, assure ¾ des déplacements vers down town ;

3. Le maintien problématique de la puissance.

déclassée au 7ème rang des villes mondiales en 2025 ?

a. une ville touchée dans son activité principale, la finance : - finances : 12% des emplois et + du 1/3 des profits ; or activité ultra-concurrentielle, Paris

et Londres menacent sa suprématie ; - crise des subprime entraîne forte baisse des revenus de la ville mais aussi baisse des emplois

et départs d'entreprises ; symbole de la faillite de Lehman Brothers ;

b. explosion des inégalités sociales et criminalité : - 20% de pauvres, à côté de l'explosion des salaires de la finance ; logement social nettement

insuffisant surtout avec la politique de gentryfication qui remplace les classes populaires par les artistes et les intellectuels, puis par les milieux de la finance ; dizaines de milliers de SDF

- persistance de la question raciale ; revenus des noirs 1/3 inférieurs à ceux des blancs ; afflux permanent d'immigrés fournit des contingents de travailleurs pauvres ;

- 40.000 policiers, + importante police aux EU ; crimes divisés par 3 sous Giuliani ("tolé-rance zéro") ; devenue une des villes les + sûres ; mais là aussi forte inégalité entre blancs et noirs ;

c. paralysie menace toujours ce cœur des relations mondiales : - récente tornade tropicale rappelle soumission de la ville aux aléas climatiques ; pas tant par

nombre de morts que par arrêt de tous les transports pendant plusieurs jours, ce qui touche la ville en plein cœur de son rôle mondial ; épisodes de ce genre assez réguliers, cf. tempête de neige de 2009 ;

- infrastructures vieillies et incroyablement archaïques, pas toujours suffisantes pour affron-ter défis d'une telle agglomération ; cas en particulier des infrastructures de transport tou-jours menacées par l'engorgement et la paralysie;