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1/12 Diagnostic Environnemental et Paysager Pays Portes de Gascogne – JUIN 2008 9 - RIVIERES, COURS D’EAU, RIPISYLVES Introduction Axes stratégiques transversaux 1 - Gouvernance et citoyenneté 2 - Le Paysage au service de l’action territoriale 3 - Planification territoriale, urbanisme et maîtrise foncière 4 - L’arbre au cœur de la campagne et de l’aménagement durable 5 - La ressource en eau Axes stratégiques opérationnels 06 - Agriculture et aménagement rural 07 - Commune et gestion durable des espaces collectifs 08 - Routes chemins et itinéraires 9 - Rivière, cours d’eau et ripisylves 10 - Patrimoine rural et architecture de Pays 11 - Patrimoine naturel, milieux remarquables et espaces sensibles 12 La maison, aménagements, espaces et économie domestiques

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Diagnostic Environnemental et Paysager

Pays Portes de Gascogne – JUIN 2008

9 - RIVIERES, COURS D’EAU, RIPISYLVES

Introduction

Axes stratégiques transversaux

1 - Gouvernance et citoyenneté

2 - Le Paysage au service de l’action territoriale

3 - Planification territoriale, urbanisme et maîtrise foncière

4 - L’arbre au cœur de la campagne et de l’aménagement durable

5 - La ressource en eau

Axes stratégiques opérationnels

06 - Agriculture et aménagement rural

07 - Commune et gestion durable des espaces collectifs

08 - Routes chemins et itinéraires

9 - Rivière, cours d’eau et ripisylves

10 - Patrimoine rural et architecture de Pays

11 - Patrimoine naturel, milieux remarquables et espaces sensibles

12 La maison, aménagements, espaces et économie domestiques

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les cours d’eau et leur bassin-versant en Portes de Gascogne

ENJEUX

Nos caractéristiques rivières gasconnes, discrètes et parfois capricieuses constituent l’un des milieuxnaturels majeurs de nos territoires, bien qu’artificialisées et domestiquées depuis de nombreusesannées. Si elles apparaissent aujourd’hui relativement dégradées et en mauvaise santé, lareconquête des rivières passe évidemment par une meilleure gestion de leur bassin versant maisaussi par une renaturation de leur fonctionnement hydrobiologique et de leur contexte hydromorphologique. À cette fin la ripisylve et les bords de rivières jouent un rôle prédominant, tantsur le plan de l’équilibre bio-écologique que sur le plan économique, les milieux riverains étantlogiquement les plus productifs de nos territoires.

- La rivière est un milieu riche et présente un grand intérêt en tant que gisement debiodiversité et que corridor de circulation, utile à l’agriculture et l’ensemble de lacollectivité

- Elle est la ressource essentielle en « eau de ville » (plus de 75%) et nécessite une gestionet une maîtrise de la qualité du milieu aquatique, et de la quantité disponible dans la durée.

- La rivière et la ribère (plaine alluviale) sont des lieux d’une grande productivité sur le planagricole mais aussi en termes de biomasse et d’arbres.

- En tant qu’exutoire et évacuateur principal des excès d’eau et des pollutions, la limitation etl’élimination à la source des pollutions est un objectif incontournable, confirmé par la DirectiveCadre sur l’Eau (DCE 2000, Union Européenne), traduite au niveau national par la Loi surl’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA, 2004) qu’appliquent dans leur 9ème programme lesAgences de l’eau ou de Bassin.

Une politique et une économie de la rivière ne peuvent être envisagées sans une politique del’arbre et des milieux riverains, puisque les ripisylves et formations végétales au contact direct de larivière jouent un rôle d’équilibre biologique et d’éco-épuration de première importance.La question des risques d’inondation ne sera pas abordée dans le cadre de ce diagnostic dans lamesure où ils font l’objet de plans et de cartographies existants qu'il reste toutefois à affiner

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CONTEXTE

Petit historique

Alors que la démographie et l’économie des campagnes étaient à leur apogée au 19ième siècle,l’ensemble du territoire gascon était valorisé et exploité pour la production agricole et diversesaménités domestiques. Une main d’œuvre nombreuse permettait un entretien rapproché et intégré del’espace, et donc des rivières et des cours d’eau qui offraient de multiples ressources : eau, pêche,bois, gibier etc… Ainsi les riverains étaient-ils spontanément de véritables aménageurs etgardes-rivières dont l’objectif était de préserver le milieu-ressource dont ils tiraient profit.

L’irrégularité de l’alimentation naturelle des rivières gasconnes par l’eau pluviale a conduit à laréalisation du système Neste (1840) qui vise à les réalimenter artificiellement par un canal gravitaire,en eau nivale pyrénéenne. Actuellement le système comprend cinq canaux secondaires. L’objectifinitial était de pouvoir répondre, comme aujourd’hui, à l’augmentation des besoins en eau dansl’Eventail gascon, et de pouvoir en réguler l’alimentation. Le canal servait au flottage du bois, àl’approvisionnement des garnisons militaires du Lannemezan et au fonctionnement des moulins derivière qui vont alors se multiplier et s’agrandir conséquemment à la régulation des débits.

Aujourd’hui, la demande en eau potable et en irrigation s’est considérablement accrue : il faut garantirla salubrité des rivières et une qualité minimale du milieu aquatique, puisque la rivière reste lapremière ressource, et le vecteur d’alimentation principal en eau potable. C’est ainsi que les rivièresgasconnes autrefois capricieuses et indomptées sont devenues de véritables canaux artificielsd’alimentation et d’évacuation de l’eau au milieu biologique très perturbé.

Devenue insuffisante, l’alimentation par le Canal de la Neste a dû être renforcée :- en augmentant la capacité de transport du canal lui-même- en créant un chapelet de grands réservoirs tampon en tête de bassin versant des rivières

principales et secondaires- en dérivant à nouveau l’eau pyrénéenne par l’aqueduc de la Barousse (2001) dont

l’augmentation est déjà en cours d’étude.L’ensemble du réseau est aujourd’hui géré par la Compagnie d’Aménagement des Coteaux deGascogne (CACG).

La rivière : quels rôles et quels usages ?

Après l’exode rural, la Grande Guerre et les profondes transformations qu’ont connues lescampagnes, les rivières ont été livrées à elles-mêmes et sont devenues à l’inverse le laisser pourcompte de l’aménagement rural, leur entretien s’est estompé alors que la population « paysanne »déclinait et qu’avant la 2ème guerre mondiale, les meuniers, principaux questionnaires de la rivière,disparaissaient.

En Gascogne, l’Agence de l’Eau Adour Garonnerelève une :

- « altération généralisée de la qualité des eauxsuperficielles provoquée par des pollutions en nitrates etpesticides agricoles liées aux grandes culturescéréalières »,

- « dégradation de la qualité biologique des rivières deGascogne en particulier occasionnée par uneartificialisation des milieux liée aux aménagements etpratiques agricoles »

- « vulnérabilité de la ressource en eau pour laproduction d’eau potable soumise aux pollutions diffusesd’origine agricole ».

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Ainsi laissées à l’abandon, rivières et ripisylves se sont dégradées sans pouvoir retrouver unedynamique et un équilibre naturels, de fait de leur faible pouvoir autocurant (pentes douces, nombreuxméandres) et parce que l’espace riverain continue à être exploité et entretenu ; la rivière et la ripisylve– qui se résume dans la majorité des cas en une simple haie en bordure de berge – ne peuvent ainsidisposer d’un espace suffisant pour se restaurer naturellement et trouver un équilibre qu’elles avaientatteint dans la pratique d’un entretien approprié.

Avec l’agrandissement des parcelles agricoles, la mécanisation des travaux agricoles et de génierural, il a été à nouveau possible d’intervenir sur la rivière et dans les champs en disposant de moyenstechniques sans précédent. Assainissant par drainage, par la création de fosses, etc…, mais aussipar la mécanisation de travaux lourds sur les rivières délaissées et dont on souhaite utiliser lacapacité d’évacuation de l’eau. L’objectif principal de l’aménagement des rivières devientl’écoulement des eaux, utile à l’évacuation des excès et à l’alimentation des stations depompage : la rivière devient un équipement de transport.Ainsi d’importants travaux de curage, de redressement, reprofilage et arasement des digues et de lavégétation ont été entrepris, compromettant un équilibre déjà instable : la Gimone dans les années1976-77 et l’Arrats en 1970 puis 1999 ont été parmi les plus endommagées.Cercle vicieux, les travaux de terrassement déjà très coûteux sont amplifiés par la déstabilisation desberges qu’ils provoquent, et que l’on tente de corriger par des enrochements souvent inadaptés et trèscoûteux.

En même temps que son milieu physique est malmené, la rivière subit la pollution urbaine et surtoutagricole, aggravée par l’irrigation et le drainage direct vers son milieu aquatique qui présenteaujourd’hui un état hydrobiologique alarmant : pollutions par les nitrates, les phosphates et lesherbicides des cultures de printemps essentiellement.Le fort développement de l’irrigation a conduit à réglementer les prélèvements à usage agricole ;La CACG accorde des droits aux irrigants et le SDAGE actuel prévoit que tout nouveau prélèvementsoit compensé par la mobilisation d’une ressource ou la réduction d’une consommation équivalente.

C’est ainsi qu’à l’aube des années 2000, la rivière est saccagée, la ripisylve maltraitée, l’eau trouble etpolluée, limitant considérablement les potentialités d’un milieu pourtant prolifique. À l’instabilitéchronique des berges, il faut ajouter l’érosion globale des bassins versants. À la pollution chimique,s’ajoutent les incessants marnages (variations du niveau d’eau) induits par les besoins de l’irrigation,qui amènent une eau chaude et eutrophe chargée de sédiments, préjudiciable à toute vie. Écrevisseset cistudes ont disparu, les peuplements autochtones de poissons se sont raréfiés et subissent despics de mortalités chroniques, à tel point que depuis une trentaine d’années on pratique des lâchersartificiels pour maintenir une activité halieutique. Bien que les concentrations de moléculesphytosanitaires aient sensiblement diminué ces dernières années, la situation reste préoccupante :l’eau brute est de mauvaise qualité et nécessite des traitements coûteux. Le Gers est le départementde Midi-Pyrénées où le traitement de l’eau est le plus cher.

Des urgences, une prise de conscience, des objectifs difficiles à atteindre

En 2000, la DCE donne un signal d’alarme et permet de mobiliser de nouveaux moyens en directiond’une amélioration de la qualité de l’eau. Cette même année, le Conseil Général instaure une

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CATER (Cellule d’Assistance Technique à l’Entretien des Rivières) afin de connaître, suivre etinformer de l’état des cours d’eau et de coordonner les syndicats de rivières qui se dotent detechniciens locaux pour la veille et l’entretien raisonné des rivières. Ce qui aura comme conséquencede limiter les travaux lourds et de développer les techniques douces d’entretien.Il faut en effet souscrire aux objectifs de la DCE qui vise à un « bon état » de l’eau à l’horizon2015, et qui devrait d’ici 2022 promouvoir la continuité écologique des milieux d’eau et unerenaturation des rivières, dont on accepte la divagation.Le PDRH (Plan de Développement Rural Hexagonal) 2007-2013, en adéquation avec le FEADER etle RDR (Règlement européen de Développement Rural) abonde les objectifs de la DCE, notammentpar sa volonté de « préservation d’un espace agricole varié, de qualité et respectueux d’un équilibreentre activités humaines et préservation des ressources naturelles ». Le PDRH entame un dispositifd’aide conséquent, le PVE (Plan Végétal pour l’Environnement) qui, sur des territoires restreints etsous conditions restrictives, propose un cadre d’intervention prenant en compte la limitation despollutions et l’économie de l’eau.En 2005, la généralisation des bandes enherbées en bordure de cours d’eau est une grandeavancée dans la protection et la reconquête des rivières. Cette mesure permet la création de zonestampon hydrobiologiques et des zones de régulation écologique d’un grand intérêt, mais elle permetsurtout une meilleure défense des berges et la réinstallation naturelle de la ripisylve.Au niveau du Bassin Adour Garonne, l’Agence de l’Eau (AEAG) définit son 9ème programme d’actionet révise actuellement pour la période 2010-2015 son SDAGE (Schémas Directeur d’Aménagement etde Gestion des Eaux).

Dans le département, différentes études et opérations sont menées depuis plusieurs années pourmieux connaître et maîtriser les transferts hydrodynamiques des bassins versants et la réductiondes contaminations des rivières, où pour mieux gérer et développer l’espace rivière :

- En amont de la station d’eau potable de l’Isle-Jourdain, en bord de Save, mais surtout sur lesbassins versants de la Boulouze, un PAT (Plan d’Action Territorial) est en cours de validation.Porté par l’Association des Agriculteurs d’Auradé, il s’inscrit dans la continuité d’uneobservation et d’applications qui datent de plusieurs années.

- De 1999 à 2005, la Save a bénéficié dans sa partie amont d’un contrat de rivière porté par leSyndicat Intercommunal de valorisation et de Gestion de la Save gersoise. Une étudehydrodynamique de son bassin destinée à mieux comprendre les phénomènes d’inondationest en cours de réalisation à la demande de la DDE.

- Sur le Sousson, une étude s’est aujourd’hui élargie à tout le bassin amont du Gers (PAT GersAmont) où il s’agit de concerter tous les acteurs pour agir sur l’ensemble du bassin versant.Pour Portes de Gascogne, seules 2 communes sont concernées : Marsan et Lussan.

- Sur la Gimone, une étude et un programme d’action pour la reconquête des prairies humidesont été confiés à l’ADASEA et sont en cours. Près de 500 parcelles ont été recensées, maisdéjà un certain nombre ont été retournées. Une autre étude hydrodynamique de son bassindestinée à mieux comprendre les phénomènes d’inondation est aussi en cours de réalisation.

- L’Arrats devrait aussi être étudié prochainement : Bassin versant et hydromorphologie de larivière.

L’ensemble de cette dynamique devrait être valorisé en termes de résultats et mérite d’être prolongé.Dans le même courant, les syndicats de rivières bénéficient d’une expérience et de savoir-fairenouveaux. Beaucoup de progrès reste à faire mais une nouvelle émulation se fait jour.La coordination institutionnelle par la CATER et la concertation volontaire que mène les techniciensde rivière au sein du Bassin participent à une optimisation de la connaissance et aux échangesd’expériences. Les moyens manquent pourtant à assurer les missions d’animation et depédagogie indispensables à la bonne gestion et au bon déroulement des travaux d’entretien. D’autantqu’aujourd’hui la volonté d’action s’étend vers l’ensemble du réseau hydographique et vers latotalité du bassin versant de la rivière.

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TYPOLOGIE ET COMPOSANTES

Les caractéristiques physionomiques et géographiques des rivières gasconnes ont largement étédécrites, mais on s’est rarement penché sur leurs caractéristiques hydromorphologiques actuelles. Sil’on peut imaginer leur fonctionnement naturel, originel, il est complexe aujourd’hui de comprendre lesparticularités de chaque rivière en fonction de leur contexte environnemental (pluviométrie et bassinversant : « l’impluvium ») et anthropique (réalimentation, aménagements ponctuels, prélèvementspériodiques… L’Auroue est à ce titre une rivière atypique puisqu’elle n’est pas réalimentée.

Comme nous l’avons évoqué1 la problématique « rivière » est directement liée à la gestion et à lanature de son bassin versant, bien que celle-ci soit réalimentée artificiellement. L’ensemble desmodalités de gestion et de valorisation du territoire influe fortement sur l’état des rivières2.

Les rivières principales (Gers, Save, les « jumelles » Arrats et Gimone, et à moindre échellel’Auroue) déplient une large ribère (plaine alluviale) qui coïncide généralement à la zone d’expansionde leurs plus fortes crues ; elles ont été traditionnellement aménagées en conséquence : casierd’étalement et de contention des crues, formés par des levées de terre, fossés, ripisylves etplantations perpendiculaires en « brise courants ». L’ensemble du ruban alluvial est réceptacle etespace de concentration des flux hydriques du bassin versant : nappes superficielles, milieuxhumides. La généralisation des grandes cultures irriguées de plaine s'avère particulèrementpréjudiciable à l’ensemble de la ribère, notamment du fait des techniques mises en oeuvre :

- Le « couple irrigation-drainage affecte directement la rivière, sans que soit possible detamponner et d’épurer les intrants dissous dans l’eau.

1. Les espaces riverains nécessitent plus que d’autres, une hétérogénéité des faciès végétaux etculturaux, Il est indispensable de maintenir une rugosité de l’espace « ribère », unediversité de son état de surface sous forme de mosaïque, ce qui permet de tamponnerl’onde des crues et le déversement des sous bassins versants affluents. On doit accepter quele lit majeur soit temporairement une surface de rétention et d’encaissement des crues, quipuisse mieux équilibrer les variations de quantité et qualité de l’eau.

Les rivières secondaires (Auchie, Lauze affl.Gers, Orb, Lauze Affl.Gimone, Sarrranpion, Marcaoué,Esquinson, Aussoue et Boulouze), procèdent à une moindre échelle des mêmes logiques.

Le reste du chevelu hydrographique se déversant dans les rivières est extrêmement ramifié ethiérarchisé. Les ruisseaux affluents collectent l’eau de coumes (bassins élémentaires),particulièrement allongées en Savès et en Pays de Gaure. Les rus qu’ils reçoivent drainent lesmicroversants et les glacis sommitaux. Leur qualité dépend de l’entretien de leurs abords, de laqualité de la ripisylve et globalement de la rugosité du petit ruban colluvial qui les borde. Globalementbien représentée, la ripisylve mérite dans de nombreux cas un meilleur traitement.

1 Cf. axe « Ressource en Eau »

2 Cf. axes « Urbanisme et Agriculture » essentiellement

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A la confluence des ruisseaux et des rivières un petit atterrissement triangulaire (les anglades)concentre et raccorde le bassin élémentaire à la plaine de rivière. Ces anglades sont des tamponshydriques de premier plan et disposent de potentialités agronomiques et forestières élevées.

La ripisylve3 : Indissociable de la rivière, l’arbrement des berges et des espaces riverains est

indispensable à la stabilité morphologique de l’ensemble et à la pérennité de la géométrie parcellairedes bords de cours d’eau. Mais il est surtout essentiel à la diversité et à la qualité des échangesbiophysiques et biochimiques qui s’opèrent entre le cours d’eau et son environnement.L’ensemble constitue un milieu particulièrement riche sur le plan écologique et du fait de la présenced’eau et de la qualité de sols, il est à l’évidence extrêmement productif.Par définition, la ripisylve doit être équilibrée, c’est-à-dire suffisamment large, saine et diversifiée entermes d’espèces et de strates végétales (herbes, arbustes, arbres d’essences autochtones) et degénération (diversité des classes d’âges pour assurer un renouvellement continu). L’aménagement etla gestion des ripisylves font référence à des techniques de génie végétal qui nécessitent uneconnaissance et un professionnalisme accomplis. Comme toute formation arborée, il faut veiller etagir pour son renouvellement.L’objectif d’aménagement d’un cours d’eau n’est pas la fermeture complète de la rivière (diversitéd’expositions et de situations écologiques), la prédominance de formations arborées en bordure decours d’eau est souhaitable.Outre son effet régulateur des flux hydriques, la ripisylve amplifie considérablement le rôle épurateurdes milieux riverains et des bandes enherbées. Les arbres et les arbustes, de par les associationsmycorhizienes qu’ils génèrent, assurent l’absorption et le recyclage biologique des moléculescomplexes issues de l’agropharmacie.

3 Cf. axe « Arbre et boisements »

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DIAGNOSTIC ET POSITIONNEMENT STRATEGIQUE

« La solution est dans la rivière » à condition que l’on prenne en compte l’ensemble de sonbassin versant. Il a fallu connaître des situations catastrophiques pour reconsidérer l’enjeu quereprésente la bonne santé de nos rivières, en termes d’écologie, de paysage, mais aussi enjeutechnique, fonctionnel et économique.

Pour réapprendre qu’une gestion prudente et intégrée doit permettre d’intervenir de manièredifférenciée sur des milieux et des situations variées, où plusieurs objectifs doivent être menés defront, il faut savoir observer et apprendre à connaître la rivière. Face aux désordres et auxdysfonctionnements les plus complexes, la rivière trouvera toujours une réponse et détient lacapacité de réagir, à condition que l’on sache interpréter et accompagner.

La nécessité d’échanger et d’expliquer

La diversité des intervenants et la multiplicité des riverains favorisent les mauvaises interprétations etles pratiques inadaptées. Combien de riverains bien intentionnés tondent et dénudent totalement lesberges, terrassent et aménagent sans autorisation, délaissent ou surexploitent la ripisylve…Il faut pouvoir mettre en cohérence les partis pris, définir des logiques techniques partagéespour former la cohésion des différents acteurs et impliquer les riverains eux-mêmes.Une étape qui passe par la pédagogie et l’échange, mais aussi par l’exemplarité. La réalisation deprogrammes ou d’aménagements pilotes est un levier incontournable pour attester de la faisabilitéd’interventions efficaces et concertées.

La preuve par l’exemple

Le Pays Portes de Gascogne peut stimuler une démarche de requalification des rivières, et accéléreraux cotés des acteurs concernés, la remise en bon état écologique de la ressource en eau. Sans pourautant s’investir dans la gestion de l’ensemble du réseau hydrographique du Pays, il peut initier desréalisations exemplaires sur des tronçons représentatifs de plusieurs rivières en prolongeant lesprotocoles et les études déjà en cours.Il est nécessaire d’identifier de manière concertée les échantillons les mieux appropriés et de recenserauprès des techniciens, les volontés locales. En ce sens le Pays bénéficie de la présence d’unnombre réduit de techniciens sur le territoire, un handicap qui présente l’avantage de simplifier laconcertation : un technicien pour la Save Amont, un technicien pour la Gimone, l’Arrats et la SaveAval. A notre connaissance, l’Auroue ne dispose pas d’un syndicat de riverains.

Remarquable, ordinaire, dégradée : la rivière est un patrimoine précieux

Une meilleure gestion des rivières passe par la différenciation des types de cours d’eau et par lacaractérisation de leur état ; chaque catégorie de cours d’eau présente des caractéristiques physiqueset hydrobiologiques propres, chaque cours d’eau traverse en son profil en long une grande diversitéde situations paysagères et de traitements : perturbations, désordres, ou à l’inverse équilibre et bonétat fonctionnel.Le croisement de ces typologies permet d’identifier des cas de figure, pour lesquels on pourra adopterune gestion appropriée et localiser des sites d'actions tests, afin :

- d’optimiser la gestion des zones remarquables- de réhabiliter ou restaurer les zones dégradées- de développer l’aménagement et la gestion des zones ordinaires aux fortes potentialités.

Les « tronçons remarquables » déjà identifiés dans l’Axe « Patrimoines Milieux Naturels » méritentune action en rapport avec l’enjeu global que représente les milieux qu’ils traversent :

- Le Gers au niveau de Lectoure-Castéra Lectourois- L’Arrats en aval de la RN 124- La Gimone et la Save dans les espaces qui ont conservé leurs casiers d’inondations- L’Orbe- L’Auchie

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- La Lauze affluent GimoneÀ cela on peut rajouter l’Auroue, non réalimentée artificiellement et la Boulouze qui fait l’objet du PAT.

Les segments « ordinaires » présents sur l’ensemble des rivières du territoire méritent d’êtreobservés sous l’angle de leur diversité paysagère : taille du cours d’eau, contexte géographique(Lomagne, Savès…) et occupation des sol (zone de grande culture, prairie, urbaine etc..) ;

Les zones dégradées sont à identifier avec précision auprès des techniciens de rivière, des élus, desassociations de pêche : zones de forte pression agricole, ou fortement exposées à l’érosion, brasmorts et canaux des moulins.

Le défi de la ripisylve : l’arbre, avenir de la rivière

La question de la végétation, de l’arbre et de l’eau ne peut se limiter à la ripisylve puisque c’estl’ensemble de la couverture du bassin versant qui influe sur la rivière. La thématique de l’arbre estabordée de manière transversale dans le diagnostic.

Sur le plan environnemental, l’ensemble des acteurs consultés a évoqué le besoin d’un référentieltechnique pour la gestion de la ripisylve.

Le maintien de la ripisylve pour tirer profit des divers services environnementaux et techniquesqu’elle dispense ne doit pas occulter le fort potentiel de production de biomasse et de bois qu’elleoffre.Si globalement l’essentiel du bois issu de l’entretien des ripisylves et valorisé pour le chauffage par lesriverains du Pays, d’autres destinations doivent être étudiées :

- Production de bois d’œuvre, en concertation avec les acteurs de la filière- Production de bois « fertilité » (BRF) et éventuellement bois énergie par le déchiquetage des

produits de taille.

Ainsi, par l'exploitation d’essences comme le frêne, noyer, tilleul, peuplier, cormier, aulne,… laripisylve pourrait devenir un véritable débouché économique d’appoint pour les riverains àcondition :

- Que l’on favorise la régénération spontanée,- Que l’on utilise pour la plantation des végétaux issus d’une selection locale (arbres sources)

de graines.

L’exploitation traditionnelle des arbres en têtards ou « trognes », extrêmement rentable, peut tout àfait être modernisée pour répondre à ces différentes destinations.

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