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Agir par la Culture N°23

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Les 40èmes rugissants de PAC : Résister au Capitalisme culturel !

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TEMPS FORT

« Le Géant de Kaillass » de la compagnie Arsenic, présenté à Mons-Expo le 17 septembre 2010

dans le cadre du 40ème anniversaire de PAC.

© Danièle Pierre

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EDITO

sommaire

Coordination rédactionnelle : Sabine Beaucamp, Aurélien Berthier • Ont participé à ce numéro : Sabine Beaucamp, Aurélien Berthier, Jean Cornil, Franck Lepage, Marie-Yvonne Michez,Yanic Samzun • Crédits photographiques : Danièle Pierre, Jean-François Rochez • Couverture : Nino Lodico • Conception graphique : LN - Hélène Taquet • Lay-out : Nino Lodico •Aide à la relecture : Pierre Thélismar • Mailing : Maria Casale • Editeur responsable : Yanic Samzun

Pour recevoir gratuitement par la poste notre trimestriel ou pour vous désinscrire de la liste d’envoi, veuillez prendre contact avec Maria Casale par mail ([email protected]) ou par téléphone (02/545.79.11).

Tirage : 10 000 exemplaires, imprimé sur papier recyclé, offset Cocoon-100 %

Conformément à la loi du 8 décembre 1992 sur la protection de la vie privée, si vous ne souhaitez plus recevoir nos publications, il suffit de nous le signaler.

Toutes les activités évoquées dans ce numéro ont été réalisées grâce au soutien du Service de l'Education permanente du Ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, de la Loterie Nationale, de la Région Wallonne et del'Agence Fonds social européen.

Ce numéro spécial est consacré au quarantième anniver-saire de notre Mouvement.Les anniversaires sont souvent l’occasion de jeter un coupd’œil dans le rétroviseur.Nous avons choisi plutôt de tenter de nous projeter dansl’avenir. Non pas parce que nous renions notre passé, nous sommesfiers d’être issus du mouvement ouvrier socialiste et nouscontinuerons, dans la tradition des Cercles locaux d’édu-cation ouvrière (CLEO) dont nous sommes les enfants na-turels, a mener notre travail d’émancipation individuelle etcollective par l’action culturelle et l’éducation permanente.

Mais si les objectifs des combats fondamentaux pour l’éga-lité et la justice sociale n’ont pas changés, la société, elle,s’est considérablement transformée. Sans renier nos va-leurs, nous sommes amenés à revoir nos modes d’action età inventer des alternatives à la pensée unique portée parle capitalisme mondialisé. J’ai tenté de situer les nouveauxenjeux dans le discours que j’ai prononcé le 18 septembredernier à l’occasion de la grande soirée de gala* organiséeavec nos amis de la Compagnie Arsenic. (Voir page 14).

Le Congrès que nous tiendrons le 27 novembre prochain à

Charleroi sera l’occasion d’initier un large débat sur les nou-velles stratégies de « résistances culturelles », avec les mi-litants, les mandataires et nos partenaires ar tistiques,sociaux, et culturels. Ce large débat servira de base à larédaction d’un « Manifeste » qui sera débattu dans les ins-tances, puis adopté dans le courant 2011.

Depuis deux ans nous avons mené une réflexion avec l’en-semble des membres des instances locales et régionalessur le fonctionnement du Mouvement. Au congrès, nousadopterons la nouvelle Charte de PAC qui fixe les conditionsd’adhésion et de structuration, mais aussi qui précise nosvaleurs fondamentales ainsi que notre ancrage idéologiqueau PS. Nous réaffirmerons aussi notre indépendance struc-turelle par rapport aux grands acteurs de l’Action Com-mune Socialiste.

En mars prochain, PAC renouera avec l’organisation d’ « As-sises de la Culture ». Ces assises ouvertes à l’ensemble des acteurs culturelsporteront sur l’état des lieux de la démocratie culturelle enCommunauté française et lanceront le nouveau chantier desCommissions de politiques culturelles de PAC, chantier quise donne pour ambition d’élaborer 125 nouvelles proposi-

tions de mesures à prendre par les gouvernements pourrenforcer les politiques culturelles progressistes dans les

entités fédérées de la partie francophone.

Au plaisir de vous rencontrer à l’occasion de ces rendezvous importants qui comprendront tous une partie …

festive.

* Deux grandes manifestations ont déjà eu lieu pourfêter le 40ième anniversaire de PAC :

• Le 11 septembre, quelque 2000 personnes se sontretrouvées pour un grand BAL IMPOPULAIRE sur laplace St Catherine à Bruxelles.

• Le 18 septembre 600 militants et sympathisants dePAC se sont retrouvés à Mons pour découvrir la nou-velle création de la Compagnie Arsenic : « Le géant deKaillass ».

Yanic SamzunSecrétaire Général

• Valmy Féaux : De la centrale d’éducationouvrière à Présence et action Culturelles P4

• Jean-Pol Baras : le pionnier de l’émancipationculturelle P6

• Les armes de la critique plutôt que la critique desarmes P7

• Rompre avec l’imaginaire dominant P9

• Le monde s’affiche au Mundaneum P10

• A propos de « L’avenir » del’éducation populaire P12

• Imaginer l’alternative culturelle P14

• Mochélan du Pays de Charleroi P17

à l’occasion des 40 ans de PAC, nous avons consacré ce numéro aux résistances culturelles. Après avoir rencontréles « Pères fondateurs » de PAC (Rencontres avec Valmy Féaux et Jean-Pol Baras), nous irons vers l’avenir de l’édu-cation populaire (Franck Lepage), ses enjeux pour un mouvement comme PAC (Yanic Samzun, Jean Cornil) et donne-rons la voix à la jeune génération (Mochélan), non sans avoir rappelé la situation présente faite d’un mainstreamculturel (Frédéric Martel) et du retour des pensées critiques (Razmig Keucheyan).

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Dans que l contex te PAC a-t- i l é t c réé ?

L’ancêtre de PAC, c’est la Centrale d’Education ou-vrière (CEO), créée en 1911 par le Parti Ouvrier Belge(POB). Dans l’entre-deux-guerres, la CEO était consi-dérée, au niveau national et international, comme uneparfaite réussite en matière d’éducation ouvrière. Uneécole, l’Ecole ouvrière supérieure avait même étécréée en 1921. Elle formait avant-guerre des militantspour doter le POB d’éléments qui favorisent son dé-veloppement. Après la guerre, la CEO n’a jamais toutà fait retrouvé cette aura.Le POB voulait l’émancipation des travailleurs, à lafois sur le plan matériel mais aussi par une élévationculturelle et intellectuelle. Ce combat a été mené defront pendant de longues années. Pour différentes cir-constances, le PS de l’après-guerre a davantagedonné la priorité à la promotion matérielle et moins àla promotion culturelle, la CEO n’était donc plus vrai-ment dynamique.

C ’est à ce momen t- là que vous ar r i vez ausein de la Centr a le…

J’ai commencé mon action de militant d’éducation po-pulaire au sein du CLEO (le cercle local d’éducation

ouvrière) de mon village natal de Nil-Saint-Vincent, àpartir des années 50. On y organisait des confé-rences, de petites expositions, des sorties culturellesau Théâtre National… des activités certes utiles etenrichissantes, mais relativement peu structurées. Peuà peu, j’ai été amené à m’interroger sur nos pratiques,car cette action ne rencontrait pas vraiment les ob-jectifs de promotion socioculturelle des travailleurs.J’en ai conclu que nous devions procéder autrement.J’étais à la recherche de méthodes d’action plus effi-caces. Je suis allé suivre en France des stages de for-mation, appelés «Universités d’été» de «Peuple etCulture«, mouvement d’éducation populaire porté parle sociologue Joffre Dumazedier. J’y ai appris des mé-thodes pour mener une action plus cohérente, plus ri-goureuse, par exemple l’entraînement mental ouencore la méthodologie des cycles culturels. De re-tour en Belgique, j’ai souhaité transférer cet acquisau sein de la CEO. C’est ainsi qu’est née l’idée d’allervers un autre type de mouvement avec une autre ap-pellation. C’est, lors d’une réunion du Comité du CREO(Centrale régionale d’éducation ouvrière) du Brabantwallon, dont j’étais alors le secrétaire – réunion quieut lieu dans mon bureau – que nous avons lancél’idée d’une autre action et d’un autre nom: «Présenceet Action Culturelles«.

Quelques mois plus tard, en mai 1963, un Congrèsnational de la CEO se tenait à Wavre. Désigné commerapporteur, j’ai clairement fait part de notre volonté dechangement et préconisé de nouvelles méthodes detravail, de nouveaux types d’action et ce nouveaunom. Tout cela a ensuite pris un certain temps. C’estseulement à un Congrès en 1968 que le PS a acceptéla nouvelle dénomination qui sera introduite en 69dans les statuts du Parti.C’est l’époque aussi où un changement intervient à latête du mouvement. René Renard qui assurait depuisla fin de la guerre la direction de la CEO - et publiaitune revue très appréciée, intitulée «Education et So-cialisme» - décède. Il est remplacé par Gilbert Lebrunpuis Jean-Pol Baras, un jeune militant de La Louvière,féru de culture et surtout de lecture.

Quand la CEO de vient PAC, qu’est -ce quic hange ?

Il ne s’agissait pas seulement de changer un nom,mais d’introduire l’idée d’une attitude plus rigoureusedans la manière de mener nos actions de promotionsocioculturelle. Progressivement, les manières defonctionner se sont modifiées. On a coordonné un peuplus notre action et avons inscrite celle-ci dans la

Valmy féaux :DE LA CENTRALE D’ÉDUCATION OUVRIÈRE À PRÉSENCE

ET ACTION CULTURELLES.

Né en 1933 à Nil-Saint-Vincent, Valmy Féaux n’a eu de cesse que de rechercher les meil-leurs moyens de favoriser l’émancipation des travailleurs. Chercheur en sociologie dutravail à l’ULB, où il a notamment étudié les grèves de l’hiver 60-61 et les loisirs ou-vriers, il tiendra un rôle de plus en plus important au sein de la Centrale d’ÉducationOuvrière (CEO) au cours des années 50 et 60, mouvement dont il anima la section localede son village, puis la régionale du Brabant wallon. Il participera très activement à latransformation de la CEO en «Présence et Action Culturelles«. Homme à plusieurs vies,il se lance à partir de 1968 dans une très riche carrière politique. Il débute comme chargédes affaires culturelles auprès de différents ministres ayant la culture dans leurs attri-butions avant de lui-même prendre les manettes au cours de divers mandats ministé-riels (voir encadré). Il restera toujours attentif au secteur de l’éducation permanenteet participera par exemple à l’écriture du décret sur l’éducation permanente de 1976.Valmy Féaux nous a accueillis pour revenir sur la genèse de PAC dans le bureau même oùsa création a été décidée.

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conception de l’éducation permanente qui progressi-vement supplantait l’éducation populaire.Pour ma part, j’ai été happé par la vie politique, maissans renier mes engagements de départ en faveur dela promotion socioculturelle des travailleurs. Pendantplusieurs années, j’ai été vice-président du Conseil su-périeur de l’Education populaire. J’ai continué de mi-liter au sein de PAC et j’y milite encore.

Que l le d if fér ence f a it es -vous ent r e l ’édu-cat ion per manente et l ’éducat ion popu-la ir e  ?

L’éducation permanente est une formation qui s’éche-lonne tout au long de la vie et englobe, non seulementl’enseignement scolaire, mais l’ensemble des actionsde formation de l’individu, tant au niveau profession-nel que de la vie de tous les jours, en vue de formerdes citoyens éveillés et responsables de leur chemi-nement dans la vie. L’éducation populaire est davantage une action de rat-trapage par rapport à une éducation scolaire insuffi-sante, au départ, on l’appelait «complémentaire del’école», une occupation active des loisirs.Schématiquement, on pourrait dire que la CEO étaitplutôt tournée vers l’éducation populaire, tandis quele PAC s’est plutôt inscrit dans la perspective de l’édu-cation permanente.

Vous êtes socio logue, e t avez étudié lesgrèves de 60  : comment l ’éducat ion per-manente peut -e l l e s’ar t i cu ler avec lesmouvements soc iaux  ?

Lorsqu’on vise à changer la société, à la rendre meil-leure et plus fraternelle, l’action d’éducation perma-nente est essentielle. J’ai toujours défendu l’idée selonlaquelle la promotion matérielle doit aller de pair avecle développement culturel. Certes les améliorationsmatérielles sont primordiales pour rendre plus dé-centes les conditions de vie de nombre de nos conci-toyens, mais je persiste à croire que la promotion desvaleurs culturelles et morales est aussi indispensableà leur épanouissement. Dans ce cadre, et avec d’au-tres, j’ai animé des séminaires de formation àl’adresse des responsables syndicaux, notamment àPont-à-Lesse et à Melreux.Aujourd’hui, si notre société est aussi individualiste,c’est peut-être parce qu’on n’a pas suffisamment misl’accent sur le parallélisme de développement que jeviens d’indiquer. Dans le passé, ces deux approchesn’ont pas toujours été suffisamment complémentaires.

Dans les années 70, après la mise enp lace de PAC, vous par tez dans une car-r ièr e pol i t ique. Que l r egard por tez- voussur l ’ ac t ion de PAC dans les années quiont sui v i ?

J’ai été étroitement mêlé à l’élaboration du décret re-latif aux organisations d’éducation permanente, dontla philosophie correspond à celle que je viens d’évo-quer et dans laquelle s’inscrit aujourd’hui l’action dePAC.Par mes différentes fonctions dans le monde politique,j’ai été amené à ne plus pouvoir suivre au jour le jourl’activité de PAC, à ne plus être ce militant du CLEO,puis du CREO du Brabant wallon, que j’ai été pendantplus de 20 ans. Mais j’ai toujours gardé un contacttrès étroit avec PAC, notamment au niveau localMon sentiment aujourd’hui est que PAC n’est pas en-core assez présent, pas encore assez dynamiquedans son action d’épanouissement de l’individu. Cen’est pas toujours facile, les temps ont changé et le cli-mat général n’est pas toujours propice. Agir dans ledomaine de l’éducation permanente demande de plusen plus une capacité d’adaptation et d’imagination quisoit ….permanente.

C ’est plus dur à réal i ser que dans les an -nées 70 ?

Jadis, nos cercles étaient basés sur la convivialité, la«rencontre entre les hommes» comme aurait dit Bé-gnino Cacérès, auteur d’un livre célèbre sur ce sujet.Aujourd’hui, les conditions de vie ont changé, on vitdans un monde plus fragmenté, cloisonné, où chacuna tendance à se replier sur soi et où se réunir pour ré-fléchir est rendu plus difficile. On appelle aujourd’huià une «éducation à la citoyenneté, mais où en est-on? Je voudrais que le mouvement PAC pèse davantagedans le projet socialiste, dont l’objectif reste toujoursl’épanouissement maximum de l’individu.Je constate une perte de dynamisme au sein du sec-teur de l’éducation permanente. Il n’occupe plus cetteplace motrice qu’il avait précédemment. Face à unecertaine «institutionnalisation» de la culture (centreset foyer culturels,….), voire «sectorisation», voire en-core «marchandisation» de celle-ci-, l’éducation per-manente peine parfois à trouver sa place. L’approcheglobale et militante reste pourtant essentielle dansnotre monde actuel. Ça n’a pas empêché un tas deprojets d’aboutir mais pour des actions qui sont sou-vent menées dans une perspective un peu trop sec-torielle. On se bat contre des problématiques très

particulières, très spécifiques alors qu’on devrait pro-mouvoir une approche plus globale des questions quise posent.

S i vous dev iez de nouveau occuper à nou -veau une place de M in ist re de la Cul tu re àla Communauté frança ise , quel le est l a pr e-m ièr e mesure que vous pr endr iez ?

Il est malaisé pour moi de répondre à cette question.Je ne suis plus en prise directe sur l’état actuel dumonde culturel, même si je suis toujours présent ànombre de lieux et d‘événements culturels.En tous cas, les initiatives que je prendrais dans l’hy-pothèse proposée, s’inscrirait dans la ligne d’actionqui a toujours été la mienne, à savoir faire se rappro-cher «culture» et «peuple». Trop d’activités culturellesrassemblent des «initiés» et pas assez ce que les so-ciologues du loisir ont appelé le «non public». Cela im-plique une démarche de «démocratie culturelle» etd’épanouissement personnel dont l’éducation perma-nente est spécifiquement porteuse.

Propos recueillis par Aurélien Berthier

Valmy Féaux en que lques dates 

1933 : Naissance à Nil Saint-Vincent1958 : Il rentre à l’ULB au département Sociologie

du travail où il officiera jusqu’en 19681963 : Congrès de la CEO de Wavre. Valmy Féaux

pousse l’idée d’une nouvelle structure quis’appellerait Présence et Action Culturellestournée vers l’éducation permanente et ap-pliquant des méthodes nouvelles d’éduca-tion populaire.

1968 : Le PS accepte l’idée de la transformation dela CEO en PAC et l’inscrit dans ses statutsen 1969

1968 : Entrée de Valmy Féaux en politique en tantque chargé des affaires culturelles dans dif-férents cabinets ministériels.

1976 : Décret sur l’éducation permanente1981 : Valmy Féaux devient Député et verra ce

mandat se renouveler jusqu’en 19951988-1992 : Ministre-président de la Communauté

française en charge des affaires culturelleset audiovisuelles

1995-2000 : Gouverneur du Brabant wallon

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JEAN-POL BARAS : LE PIONNIER DE L’EMANCIPATION CULTURELLE

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«   Dans tous l es par t i s , p lusun homme a de l ’espr i t, moinsi l est de son par t i   »

Stendha l

Paris en ce premier jour d’automne. Le ciel est ra-dieux. La ville la plus belle du monde resplendit dansune luminosité estivale qui ne semble jamais s’ache-ver comme une promesse pour demain.

Boulevard Saint-Germain. Yanic Samzun et moi pas-sons sous le drapeau, coq rouge sur fond jaune, dela délégation de la Communauté Wallonie-Bruxellesdans la cité aux mille lumières. Je suis doublementchez moi. Habitant de la langue, de la culture fran-çaise, mais avec un bout de cœur arrimé à cettemodeste terre là-haut dans les brumes du Nord.

Jean-Pol Baras nous accueille avec une chaleur lé-gendaire. Une gentillesse rare. Une mémoire intacte.De puissantes convictions. Un amoureux de Sten-dhal ne peut être que le plus charmant deshommes.

Malicieux et gourmand il se lance dans l’histoire dePAC dont il a été longtemps le Secrétaire général.Une avalanche de souvenirs. L’histoire vivante. Desportraits savoureux. Une émotion qui le traverse.Mais aussi un questionnement lucide. Un regardacéré. Le sang de Jaurès qui coule dans ses veines.Solférino est tout proche.

Deux moments forts de la grande histoire.

Le 11 septembre 1973, l’ambassade du Chili se situeau 15 du boulevard de l’Empereur, tout juste à côtédu parti. Les pinochétistes viennent de prendre le pou-voir par un coup d’Etat. Les jeunes socialistes grim-pent sur le toit et déroulent un portrait géant deSalvador Allende. Avant d’être délogés par les nervisdu nouveau fascisme chilien. Ce bâtiment abritera PACpendant longtemps. Ironie de l’histoire.

1977. Deux ans après la mort de Franco. Felipe Gon-zález, jeune dirigeant des socialistes espagnols en exil,est accueilli par André Cools et Willy Brandt. Cools àGonzález : « Quand tu seras au pouvoir, j’espère quetu rouvriras les loges maçonniques ». Et González àCools : « Et toi j’espère que tu me demanderas l’ex-tradition de Léon Degrelle ! ».

C’est tout Jean-Pol. Mille anecdotes du souvenir vivantde tant de luttes pour la culture populaire et l’émanci-pation du peuple. Quand il prend les rênes de PAC en1976, tout est à faire. Il passe en vedette américainedes meetings d’André Cools qu’il conseille par ailleursen lectures et en cinéma pour les week-ends du pré-sident. Il travaille sur le Décret relatif à l’éducation per-manente, il obtient des financements, il constitue deséquipes d’animateurs, il décentralise les pôles de lapolitique culturelle. Il conseille et côtoie Spitaels, Ing-berg, Féaux, Pirot, Moureaux, Di Rupo… La longuemarche de la conscientisation par les cultures et lessavoirs populaires est entamée. C’était encore le

temps où chacun pouvait lire Le Peuple ou La Wallonie.

Un bilan ? Ne pas faire l’impasse sur les échecs del’émancipation par les arts et par les pensées critiquesquand le capitalisme triomphe partout et particulière-ment dans les domaines de la création et de l’esthé-tique. Mais des résistances se lèvent aussi. Desalternatives s’expriment. De jeunes artistes se dé-ploient. Des espaces de débats s’entrouvrent.

Un rêve ? Une véritable culture populaire qui accom-pagne les combats politiques. Comme en Scandinavie.Comme au temps de la gloire des partis communistes.En prenant en compte de nouvelles minorités agis-santes, la question écologique, des pratiques cultu-relles renouvelées, le prix du livre, une télévisionvéritablement éducative,…

Une envie ? Ecrire un dictionnaire amoureux sur Sten-dhal, en dégustant une Baras, la bière du quarantièmeanniversaire, entre deux planches de Gil Jourdan. Surla porte de son bureau, un petit carton pourrait pré-venir le visiteur : « Fermé pour cause de révolution ».Comme ce café bruxellois pendant l’avril miraculeuxdes œillets au Portugal.

Longue et heureuse vie à toi, Jean-Pol ! Pour faire men-tir la citation de Stendhal !

Jean Cornil

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LES ARMES DE LA CRITIQUEPLUTôT QUE LA CRITIQUE DES ARMES…

Votr e der n ie r l i vr e , Hémisphère gauche ,Une car togr aphie des nouvel les penséescr i t i ques, d r es se un panor ama pass ion-nant de tous les penseur s et de toutes lesré f lex ions qui r efusent l ’o rd re dominantdu capi ta l isme mondia l isé.Dans une des périodic i tés que vous évo-quez, de l a Révo l ut i on f r ança is e à la

chute du mur de Ber lin , de nombreux pro-je ts et nombre d’expér iences d’émanc ipa-t ion se sont matér i a l is és commea lter nat ives au capi ta lisme. Or, ce der n ierest au jourd ’hu i t r iomphant . Que l les sont ,à vo tr e es t ime , les causes ma jeu res del ’échec de toutes ces tenta ti ves d’une vé-r i table t ransfo r mat ion soc iale  ?

Une première cause est que le capitalisme est unsystème extrêmement résistant et adaptable. Sansaller jusqu’à dire comme Luc Boltanski et Eve Chia-pello (dans Le nouvel esprit du capitalisme) qu’il senourrit sur le plan idéologique des critiques dont ilest l’objet, il faut bien constater qu’en un demi-mil-lénaire d’existence, le capitalisme est sorti indemnede toutes les crises et révolutions qu’il a traversées.

À l’heure où la gauche se cherche une boussole idéologique au-delà de programmes ponctuels pour élections toutes proches, dumoins pour ceux qui ne se contentent plus de « fondamentaux » rabâchés en slogans de congrès, Hémisphère gauche est salu-taire. Cet ouvrage de Razmig Keucheyan, sociologue, philosophe, enseignant-chercheur à la Sorbonne, dresse un portrait amplede toutes les pensées critiques du capitalisme contemporain. De l’empire de Michel Hardt et Toni Négri à Slavoj Zizek, de JacquesRancière à Axel Honneth, de Judith Butler à Jürgen Habermas, Keucheyan passe en revue des auteurs et des analyses passion-nantes qui démontrent la richesse et la vigueur de la pensée alternative ayant opéré un retour depuis la fin des années 90.Razmig Keucheyan devrait venir à Bruxelles le 20 janvier 2011 dans le cadre du cycle de conférence organisé par PAC « Vive lagauche ». En attendant cette rencontre, voici quelques réflexions échangées avec ce penseur au sujet de l’avenir du capitalismeet du socialisme, leur lien avec l’écologie ainsi que du rapport entre pensée critique et action militante.

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Il faudrait s’interroger avec précision sur les méca-nismes qui rendent ce système si flexible et protéi-forme. Un second ensemble de raisons est que les alter-natives au capitalisme apparues jusqu’ici se sontavérées soit impraticables, soit humainement ca-tastrophiques, comme dans le cas des régimes dusocialisme dit « réel ». Ces alternatives ont souffertde deux défauts majeurs. Le premier est leur ineffi-cacité, c’est-à-dire leur incapacité à mettre sur pieddes systèmes productifs à même de rivaliser avec lecapitalisme, tout en évitant les effets sociaux et éco-logiques désastreux de ce dernier. Par ailleurs, les régimes dits « socialistes » ont tenules libertés individuelles pour quantité négligeable,ce qui a donné lieu à des massacres de masse, età une défiance des populations vis-à-vis d’eux. Cetteviolence, il est important d’insister sur ce point, n’estpas une création ex nihilo de ces régimes. La plupartd’entre eux sont nés dans un contexte de guerre, ledéchaînement de la violence collective était doncune donnée de départ de la situation. Ceci étant, il est toujours bon de se placer dans la« longue durée » chère à Fernand Braudel : l’anti-capitalisme organisé a deux siècles tout au plus, cequi est très court à l’échelle de l’histoire. Le capita-lisme est un système injuste et irrationnel, que desalternatives plus performantes lui soient opposéesdans les décennies ou siècles à venir fait peu dedoute à mes yeux…

Dans les conc lus ions - chant ie r s de vo trel i vr e , vous évoquez les quatr e des t in sposs ibles , esquissés par Per r y Ander son,pour le soc ia l i sme. Le deux i ème dest i nconsacre une poss ible re for mulat ion doc-t r ina l e autou r des t hémat i ques éco lo -g i s tes qui sont par a i l l eur s fo r t peuévoquées dans vos ana lyses. Les t ravauxd ’André Gorz, d’Edgar Morin , ou l ’ensem-ble des ré f lex ions autour de l ’object ion decroissance à par t i r des t r av aux de SergeLatouc he , de Pau l A r iès , de Ni chol asGeor gescu -Roegen ou de T im Jackson,vous para issent-i ls déve lopper une per t i -nence pour fo r mul er un véri tabl e p ro je ta l ter nat i f au cap i tal isme ?

L’écologie radicale est présente dans l’ouvrage parl’entremise de l’écoféminisme de Donna Haraway etdu marxisme écologique d’Elmar Altvater, deux cou-rants écologiques importants à l’échelle internatio-nale, bien que méconnus dans le mondefrancophone, où les « décroissants » sont nettementplus en vue. Il est clair toutefois que compte tenude l’importance des thématiques écologiques àl’heure actuelle, il aurait fallu aller plus loin. Le so-cialisme du 21e siècle sera écologiste, ou ne serapas, c’est une évidence ! Une fois admise l’importance de l’écologie, de nom-breuses questions surgissent. Dans une de ces in-terventions provocatrices dont il a le secret, lephilosophe Slavoj Zizek affirme que l’écologie est le

« nouvel opium du peuple ». Ce qu’il veut dire par-làest qu’il y a un vrai danger que se développe uneforme d’écologie parfaitement compatible, et mêmeau service, du capitalisme. Les appels à résoudre lacrise actuelle du capitalisme par un « green deal »vont dans ce sens. Or, tout comme il y a deux gauches irréconciliables,l’une radicale, l’autre gestionnaire, il y a deux éco-logies, l’une radicale, l’autre dont le cadre d’inter-vention est le système capitaliste. Bien entendu, despasserelles existent entre les deux. Mais il s’agit toutde même de deux perspectives antinomiques…

Comment analysez-vous le manque d ’an-t ic ipa tion et de per spect ives de la gauched i te de gouver nement face aux impassesh is to r iques qui s ’amp l i f ient un peu pl uschaque jour  : cr ises f inanciè re e t écono-mique , dérèg lement s c l imat i ques, r a ré-f ac t ions des r essources, in capac i té dupol i t ique à agir sur le réel , atomisa t ion e tindividua lisation c roissantes des rappor tssociaux,… ?

Il est une époque où la social-démocratie, tout en in-carnant une gauche de gestion/régulation du capi-talisme, était suffisamment implantée dans le corpssocial (dans les milieux populaires, mais aussi intel-lectuels) pour être à même de sentir les évolutionsde la société, avoir connaissance des débats théo-riques en cours, et adapter ses politiques en consé-quence. Cette social-démocratie-là n’est plus aujourd’huiqu’un lointain souvenir. Elle s’est transformée de-puis lors en partis de professionnels de la politique,issus et œuvrant en faveur des classes moyennessupérieures, et de plus en plus à distance desclasses populaires. Signe des temps, ce sont dessociaux-démocrates - sociaux-libéraux est le termeadéquat - qui se trouvent à la tête de deux des ins-titutions économiques internationales les plus dé-testables, à savoir le FMI et l’OMC, dirigéesrespectivement par Dominique Strauss-Kahn et Pas-cal Lamy.Ceci rend structurellement impossible toute actionpolitique tant soit peu audacieuse ou novatrice,même dans le sens d’une régulation du système(sans parler de sa transformation), comme a pul’être la gauche de gouvernement au moment de ceque l’historien britannique récemment disparu TonyJudt a appelé le « moment social-démocrate » del’après-guerre. S’il ne faut pas l’enterrer trop vite, notamment élec-toralement, il me semble que la social-démocratiea fait son temps. D’où l’apparition de forces nou-velles, comme les Verts où la gauche radicale…

Dans les t ro is chant ier s dont vous appe-lez à la mise en œuvr e, la quest ion str a-t ég ique , la ques t ion éco log i que e t lamond i a l is a t ion des pensées c r i t iques,vous invoquez la désobéissance c iv i le , laca pac i té de l ’éco lo gi e r ad ica le à

s ’émanc iper du marx isme e t les r i squesde neut r a l is a t ion de l a pensée c r i t iquepar son amér icanisat ion. Vous soul ignezéga l ement la coupu re entr e l es mondesde l a pensée e t ceux du gouver nemen tconcr e t , à que lques excep t ions p rèscomme A lvaro Garcia L iner a, le sous-com-mandant Marcos ou encor e Edward Sa ïd.Comment réduire ce fossé entr e les pen-sées c ri ti ques e t leur s expérimentat ionsdans le rée l  ?

Les penseurs critiques sont désormais quasi exclu-sivement des universitaires. Il arrive bien entenduque des syndicalistes, des militants associatifs, desdirigeants de parti, des journalistes ou des guéril-leros produisent des théories critiques. Mais dans laplupart des cas, ces pensées sont élaborées pardes professeurs, et plus précisément des profes-seurs de sciences humaines. Cette professionnalisation de la critique constitueune rupture par rapport à des périodes antérieuresde l’histoire des pensées critiques, et particulière-ment par rapport au marxisme classique, disons dela fin du 19e siècle à la fin des années 1920. Lénine,Trotski, Rosa Luxembourg ou Gramsci, bien en-tendu, n’étaient pas des universitaires, ils étaientdes militants et des dirigeants d’organisations ou-vrières. Ceci implique que le rapport à la politiquedes penseurs critiques contemporains est différentde ceux de générations antérieures de producteursintellectuels. Ce rapport est beaucoup plus distant,l’université ayant un effet de « tour d’ivoire ». Comment faire pour combler cette séparation de lathéorie et de la pratique ? Je continue à croire queles partis politiques - mais aussi les syndicats et lesassociations - de la gauche radicale sont les lieuxpar excellence où la circulation des savoirs et desexpériences peut s’opérer. C’est la raison pour la-quelle je suis pour ma part critique vis-à-vis des ten-dances à l’inorganisation et au spontanéisme quel’on constate dans un mouvement comme l’alter-mondialisme (un mouvement qui a par ailleurs d’im-menses qualités). La rupture entre la théorie et lapratique est fait massif, qu’il faut combattre, maisque l’on ne peut combattre qu’en s’organisant…

Propos recueillis par Jean Cornil

Hémisphère gauche, Une car togr aphie des nouvel les pensées cr i t iques.

Razmig KeucheyanEd i t ions La découver te . Zones. Paris , 2010.Accès l ib re au texte intégr al du l iv resur : www.ed i t ions-zones. f r

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ROMPRE AVEC L’IMAGINAIREDOMINANT : DE LA GUERRE CULTURELLE

La culture américaine, la guêpe, immobilise grâce àson venin l’araignée qu’elle retient captive et y pondses œufs, puis les larves vont se nourrir de la chair,conservée fraîche de l’araignée, les cultures natio-nales ; « Une mort culturelle lente et cruelle maisune conquête en douceur réalisée par la connais-sance affûtée des réalités locales et des populationsciblées »1.

Mainstream, c’est la culture grand public, pour tous,média de masse qui se vend à grande échelle. L’en-quête, détaillée et passionnante, nous conduit à unconstat accablant  : les Etats-Unis ont gagné laguerre culturelle en imprégnant en profondeur lesexpressions artistiques de l’Europe à la Chine, del’Inde au Brésil. Malgré les frémissements et les ré-sistances de l’araignée, celle-ci finit par succomberau cœur même de la géopolitique culturelle.

La grande vitrine du modèle anglo-saxon est qu’ilentre véritablement en nous, il « nous façonne del’intérieur, sous forme d’un ensemble structuré d’in-clinations personnelles »2 comme si ce processusétait naturel, choisi, le seul possible. De la servitudeculturelle volontaire.

L’ouvrage de Frédéric Martel doit être lu. Pour êtreplus lucide sur les rapports de forces commerciauxqui sous-tendent la prétendue liberté créative del’artiste. Pour ne pas être dupe de nos temps decerveaux si disponibles au sens commun, à la mode,à la nouveauté qui n’a rien de nouveau, aux inno-vations technologiques qui véhiculent quant au fond,les mêmes schémas d’une pensée rétrécie et d’ex-pressions d’une affligeante banalité. Ce livre doit,avec d’autres, être lu aussi pour identifier l’ennemiet ne pas sombrer dans un consensus médiatique,égo-grégaire selon la formule de Dany-Robert Du-four3, qui rend presque impensables et incongruesles alternatives culturelles.

Bien évidemment l’imposition de la norme culturellen’est pas brutale et autoritaire. Ce n’est en rien duréalisme soviétique à l’envers. Au contraire, le ca-pitalisme culturel américain s’adapte en perma-nence et produit une diversité standardisée,n’hésitant pas à financer et à réaliser des produitslocaux et régionaux de Hong Kong à Rio, de Mum-bai à Paris, qui ne seront pas diffusés aux Etats-Unis. «  La guerre mondiale des contenus estdéclarée. C’est une bataille qui se déroule à traversles médias pour le contrôle de l’information, dansles télévisions, pour la détermination des formatsaudiovisuels, des séries et des talk-shows ; dans laculture, pour la conquête de nouveaux marchés àtravers le cinéma, la musique et le livre ; enfin, c’estune bataille internationale des échanges de contenusur Internet »4. Les mots sont en hindi, en manda-rin ou en français mais la syntaxe est américaine.

Il y a quelques années, j’avais dévoré l’essai de Ben-jamin Barber5 qui démontrait remarquablementcomment la culture mondialisée Mc World et les par-ticularismes du Djihad, se nourrissaient mutuelle-ment. Mc World progresse chaque jour dans letréfonds des consciences comme dans toutes lesoffres culturelles. Et les particularismes se radicali-sent en fanatismes thématiques. Et la pauvre petiteexception culturelle résiste tant bien que mal au seindu mercantilisme généralisé.

A nous, qui refusons que les symboles de l’hégé-monie culturelle ne paralysent toute expression ettoute sensibilité, d’imaginer les chemins de l’alter-native culturelle pour faire reculer la guêpe.

Jean Cornil

1 La Magazine Littéraire, Le doute, n ° 499, Juillet-Août2010, Editorial de Joseph Macé-Scaron.

2 Alain Accardo, « La liberté de faire comme on doit… »in Echos, Bruxelles laïque, 3ème trimestre 2010. Etaussi du même auteur  : Le petit-bourgeois gentil-homme, Contre-feux, Agone, 2009.

3 Dany-Robert Dufour, Le divin marché, La révolutionculturelle libérale, Denoël, 2007.

4 Frédéric Martel, Mainstream, p. 417.5 Benjamin R. Barber, Djihad versus Mc World, Mondia-

lisation et intégrisme contre la démocratie, Descléede Brouwer, 1996.

Ma instr eam, Enquête sur cet te cu l ture qui p laî t à tout le monde

Frédér ic Mar tel , Flammar ion, 2010De nombreuses in for mations sont d isponible sur  : www. fr eder icmar tel . com

« Chaque Européen a désormais deux cultures : celle de son propre pays et la culture américaine »

Thomas Jefferson

L’éditorial de Joseph Macé-Scaron dans Le Magazine Littéraire de cet été s’intitule la guêpe et l’araignée. Il est consacré au der-nier livre de Frédéric Martel, Mainstream, Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde.

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LE MONDE S’AFFICHE AU

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LEGENDES DES AFFICHES

1 «  Rol l ing Tongues » par Otto Kramp – Espagne

Cette affiche s’inspire d’un symbole de rébellion et de libé-ration : le badge des Rolling Stones. J’ai coupé la langue afinde démontrer que nous faisons un pas en arrière. Nous de-vons dire non à toute nouvelle forme d’oppression.

2 «  Sans t i tr e  » par Manuel Wilson – France

Il n’est pas question ici de critiquer la burqa, mais d’assem-bler deux symboles : celui du foulard, symbole de l’islamcontemporain, et celui de La Joconde, symbole de sérénité.En portant le foulard, La Joconde perd-elle son identité ? Est-elle méconnaissable ? Pourrait-on lui interdire le port du voile? Le foulard est un sujet de controverse, d’autant plus que,pour beaucoup de personnes, l’islam est considéré comme la« mauvaise » religion.

3 «  Barack Obama » par David Bormans – Belgique

Remise en question de cet optimisme à vouloir faire de notremonde un monde meilleur. Vision plus pessimiste de l’avenir,où l’on découvre que les promesses n’ont pas été tenues.

4 «  Socia l Justice 2008 : Immigrant » (Justice sociale2008 : Immigrant) par Luba Lukova – USA

5 «  Soc ial Justice 2008 : Heal th Coverage  » (Jus-tice sociale 2008 : Couverture santé) par Luba Lukova – USA- (a obtenu une mention)

6 « Be fo re / Af te r » (Avant / Après) par Joe Scorsone &Alice Drueding – USA

Le but de cette affiche est de sensibiliser les gens à la situa-tion désespérée des victimes civiles de guerre qui sont tra-giquement laissées sans soins suffisants pour leurs séquellespermanentes physiques, mentales et/ou émotionnelles. C’estun problème mondial dans la multitude d’endroits où desguerres sont en cours.

Le manège.mons en co l labor a t ion avec le Mundaeum pré-sente au publ ic une étonnante expos i tion jusqu’au 30 avri l2011. Vér i ta ble ode à la d i ver s i té et à la to lé r ance, laXIème Triennale Inte r na t ionale de l ’af f iche po l i t ique est àdécouvr i r dans le décor s ingul ier du Mundaneum, à Mons.

Les 150 affiches proposées au public, font émerger des questionne-ments sur l’actualité de ces trois dernières années : les dominations etrésistances, les droits des minorités, la problématique environnementale,la mutation de notre société... Fenêtre ouverte sur le monde, cette Trien-nale se révèle un formidable outil au service de la liberté d’expression,sans cesse encouragée par la création artistique et les valeurs démo-cratiques de notre société.

Un concour s inter nat iona l

Le début de l’aventure est une compétition. Chaque graphiste est au-torisé à présenter autant d’affiches qu’il le désire à condition qu’ellesaient pour thème les luttes sociales et qu’elles aient été réalisées durantles trois années précédentes. Les affiches sont alors sélectionnées etplusieurs prix sont attribués par un jury international et pluridiscipli-naire. Il se compose de graphistes professionnels, de membres dumonde culturel, de représentants syndicaux, de membres du Gouver-nement et de l’éducation permanente, ainsi que de journalistes. Les150 meilleures créations sont présentées par thématique au public,sous forme d’une exposition temporaire au Mundaneum.

Plus de 30 ans d’ex is tence

En mettant sur pied en 1978 ce grand concours international, le Cen-tre Culturel de Mons, devenu l’actuel « Le Manège Mons Maubeuge »,s’est intéressé à l’art graphique conçu comme un média ancré dans lequotidien. L’idée est venue de la convergence d’une sensibilité artis-tique et d’une compassion aux différentes polémiques quotidiennes detoute une société. Au départ réservée aux graphistes européens, laTriennale est ouverte depuis 1998 aux graphistes du monde entier. Lorsde la première édition, 480 affiches de 18 pays différents sont récep-tionnées. Trente ans plus tard, à l’occasion de la dixième édition, ce nesont pas moins de 909 affiches venues de 41 pays qui sont rassemblées! Cet événement a réuni au fil des éditions plus de 400 graphistes et unecollection de 7.000 affiches.

Une expos i t ion fo r te dans un l ieu symbo l ique

Situé en plein cœur de Mons, le Mundaneum est aussi appelé l’« inter-net de papier ». Centre d’archives de la communauté française, il estaussi un espace d’expositions temporaires. Lieu d’échange d’idées et dedébats, il fait revivre l’utopie de ses deux fondateurs : classer et parta-ger le savoir universel. A travers un cycle original de conférences etd’ateliers pédagogiques, le Mundaneum porte plus loin encore ces ré-flexions de société soulevées par la Triennale. Une exposition vibranted’actualité, en un lieu qui ouvre à la réflexion citoyenne et à la tolérance.

Marie-Yvonne Michez

XIe Tr ienna le de l ’a f f iche pol i t iqueMundaneum

Rue de Nimy, 76 à 7000 MonsTé l . : 065/[email protected]

www.mundaneum.be

MUNDANEUM

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L’EDUCAT ION POPULAIRE COMME « CONCEPT »

Comme beaucoup de concepts politiques, il y a de-puis plus d’un siècle une lutte d’appropriation et derevendication de paternité sur ce terme, de la partde forces, de tendances ou d’institutions di-verses...tant mieux ! Cela prouve qu’il est un vivantterrain d’enjeux, et que nul n’arrivera à en imposerune définition arrêtée. L’éducation populaire faitpartie de ces concepts disponibles constamment ré-inventés. Quasiment passé de mode (« ringardisé »)au milieu des années 80 en France, (les années« développement local »), il connaît dès 1989, à par-tir des réflexions sur la citoyenneté autour de lacommémoration du bicentenaire de la révolution, unregain d’intérêt, au point que certains intellectuels– prudemment – se risquent à le ré-employer. Pavédans la mare, en 1998, l’arrivée de l’associationATTAC dans le paysage militant signe sont retour,ATTAC se définissant (malicieusement) comme une« association d’éducation populaire tournée versl’action ».

Telle que nous l’entendons au Pavé (coopératived’éducation populaire), il s’agit clairement d’uneéducation politique, dont les formes privilégientl’échange d’expérience des résistances à la domi-nation capitaliste, et la construction d’une analysepatiente sur les moyens d’envisager son dépasse-ment à terme, sur la lecture d’analyses descen-dantes. Ce qu’un intellectuel belge – Luc Carton –a appelé les « savoirs chauds » par complément aux«  savoirs froids  » (universitaires). Comme deuxmasses d’air inconciliables, la rencontre d’un savoirchaud et d’un savoir froid, cela ne donne pas un sa-voir tiède, mais un orage, comme l’a montré le so-ciologue français Luc Boltanski : pour qu’il y aitconflagration comme en 1789 ou en 1968, il fautl’improbable rencontre entre les intellectuels et lemouvement social, entre la « critique artiste » d’unBeaumarchais ou d’un Marcuse, et la critique so-ciale de la rue. S’agissant d’éducation populaire,nous parlons donc là d’un concept, et la question deson avenir n’a guère plus de sens que celle de« l’avenir du bonheur »?, « l’avenir de la liberté » ou« l’avenir de l’esprit critique... » Toute différente estla question de l’avenir des méthodes et des institu-

tions dans lesquelles le concept d’éducation popu-laire avait fini par s’incarner au cours des décen-nies passées.

L’EDUCAT ION POPULAIRE COMME METHODES

Au cours des années 80, l’essentiel de l’inventioncritique du mouvement social des années 70 estperdu ! On n’a pas le temps ici d’en faire l’analyse,contentons-nous du constat. En quelques années àpeine, (qui coïncident avec l’accession au pouvoirde partis « socialistes » dans des pays de l’UnionEuropéenne, et d’une accélération-modernisationdes formes capitalistes : argent, marchandise,consommation, crédit, publicité, etc...), le travaild’expression critique sur la société cède le pas àune pragmatique du développement, du résultat, dela gestion. Dans le champ éducatif strict, la réflexiondes années 70 sur l’école, qui avait donné de re-marquables critiques du système de sélection-com-pétition et maintes naissances d’écoles alternatives,se referme sur l’obsession de la performance et ducouple diabolique école-emploi. En Belgique, voir àce sujet Nico Hirt de l’APED, Appel Pour une ÉcoleDémocratique.

Dans le champ de l’éducation permanente, les ins-titutions construites après guerre sur une revendi-cation d’éducation populaire ont viré à l’animationsocioculturelle dont l’intitulé nouveau dit assez lechangement qui s’est opéré. En France, ces institu-tions se détournent du travail critique au profit d’untravail « d’accompagnement des mutations » (sic)qui –crise oblige- les font s’engouffrer dans des lo-giques d’insertion sociale pour les unes, d’actionculturelle de prestige pour les autres, c’est à diredans tous les cas de communication politique auservice des nouveaux pouvoirs élus. Il faut dire, à leur décharge, que du côté de l’hexa-gone, la « décentralisation  » a brisé le cadre decontestation qu’offrait la sécurité d’un espace na-tional, mis tous les territoires en concurrence lesuns contre les autres sur le modèle de l’entreprisecapitaliste, et soumis les associations civiles (LesASBL) à une logique de financement basée sur lavalorisation du pouvoir local. C’est le « développe-ment  » – entendons la future privatisation/mar-

chandisation de toutes les politiques publiques dansle nouveau cadre de l’Union Européenne (qu’il nefaut jamais confondre avec l’Europe) qui se met enplace. La critique, la contestation, le conflit font mau-vais ménage avec le développement. En cette dé-cennie du consensus, le conflit (qui est la conditionde la démocratie) est présenté comme repoussoirde la démocratie. Le nouveau mot d’ordre de cesinstitutions est : « PDVMV » (Pas De Vagues, MonVieux, Pas De Vagues !!!).

L’EDUCAT ION POPULAIRE COMME INST ITUT IONS

Le paradoxe est alors celui-ci : Des institutionsd’éducation populaire seraient devenues le principalobstacle au déploiement de l’éducation populairecomme concept et mobilisation de méthodes de cri-tique de la société qui nous est proposée.

Tous ex-salariés de ces institutions, nous les avonsquittées pour pouvoir faire enfin de l’éducation po-pulaire. Il s’est agi de se dégager des contraintes definancement liées au modèle associatif, totalementaliéné dans la subvention/subsidiation par des pou-voirs territoriaux. La liberté est venue de là où on nel’attendait pas : nous avons créé une société !!! Maispas n’importe quelle société, une société coopéra-tive ouvrière de production (SCOP), modèle héritédu 19ème siècle dans lequel des travailleurs pre-naient leur destin et leur outil de travail en main. As-sociation de salariés qui assument pleinement leurrôle et ne se cachent plus derrière le faux nez desélus et des bénévoles, cela nous a apporté une li-berté totale, pour redécouvrir des méthodes de pé-dagogies émancipatrices ou critiques, que les autresinstitutions ne pouvaient plus se permettre d’utiliser,sauf à fragiliser leur existence financière en se fâ-chant avec leurs pouvoirs financeurs. Nous avonsre-développé des méthodes qui étaient tombées endésuétude ou en disgrâce. Une partie de notre ac-tion concerne les méthodes de travail. Nous por-tons une attention particulière aux méthodesd’animation des groupes. En finir avec le tour detable et la parole libre (la réunionnite et la discus-sion stérile, la soirée débat qui ne débouche surrien, etc... nous privilégions des approches auto-biographiques dans la façon d’aborder une ques-

à PROPOS DE « L’AVENIR » DE L’éDUCATION POPULAIRE

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« Quel avenir pour l’éducation populaire ? » Cette question fréquemment posée suppose de s’arrêter sur l’ambiguïté du terme :qu’entend on par « éducation populaire » au juste ?

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tion politique, et nous prenons résolument le contrepied du fameux « ne raconte pas ta vie » propre auxréunions militantes ! Nous cherchons l’explorationdes contradictions, des conflits et des désaccords.Nous n’évacuons pas la polémique. Nous assumonsune radicalité.

L’une de nos méthodes est la conférence gesticulée.Nous y invitons des personnes à témoigner de cequ’elles ont compris politiquement de leur expé-rience dans un domaine. Cela prend la forme d’unspectacle, le plus souvent drôle, où tout un chacunpeut en finir avec les couleuvres qu’on lui a fait ava-ler. Imaginez une assistante sociale qui aurait 25ans d’ancienneté et qui viendrait raconter ce qu’ellen’a jamais pu raconter de son métier et de la façondont elle l’a pratiqué ? Cela donnerait une trans-mission ENFIN politique. Combien sommes-nous àprendre notre retraite en emportant le savoir poli-tique d’une vie de travail ?

Nous avons accompagné 22 conférences gesticu-lées à ce jour plus les dix qui ont été réalisées parle Pavé. Sur le mensonge de la culture réduite àl’art, ou sur le mensonge de l’école comme facteurde réduction des inégalités, ou sur le sens de la pro-tection sociale et du travail, ou sur la fin du pétrole,ou sur les dégâts du management et de la dé-marche qualité, ou sur le sexisme, etc.

Le mot le plus souvent entendu à la sortie de nosconférences spectacles était « merci  ». Commentcomprendre le sens de ce remerciement ? Peut êtredans un mélange d’humour, de radicalité, et de tra-vail intellectuel rigoureux ? Ce n’est pas la penséecritique qui manque...alors quoi ? Une forme parti-culière de transmission qui allierait l’intellectuel et lesensible, la théorie et le vécu ? L’intelligence et l’émotion ? De l’éducation populaireen somme ! Parce qu’il faudra bien sortir du capi-talisme, forme historique très récente et ô combien

navrante de stupidité, de prédation légale etd’égoïsme imbécile et, dont l’issue est déjà écologi-quement programmée, nous pensons que l’éduca-tion populaire a un immense avenir devant elle, entant que somme de toutes les nouvelles formes demobilisation contre la domination capitaliste.

Franck Lepage

SCOP Le PavéCoopéra t ive d’éducat ion popula i reht tp :/ /www.scoplepave .org

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IMAGINER L’ALTERNATIVE CULTURELLE

Chers amis,Chers camarades,Chers partenaires associatifs ou artistiques,Chers mandataires,

Permettez-moi d’abord de vous remercier toutes ettous d’être présents pour lancer les festivités duquarantième anniversaire de Présence et Action Cul-turelles.

Généralement les anniversaires nous invitent à re-garder dans le rétroviseur de notre aventure col-lective. Cette aventure qui a commencé bien avantces quarante dernières années par la mise en placedes Cercles locaux d’éducation ouvrière, est née dela volonté de militants et d’élus socialistes convain-cus de la nécessité d’investir l’Ar t et la Culturecomme outils d’émancipation individuelle et collec-tive.

J’en profite pour excuser l’absence de notre amiValmy Féaux qui fut un des fondateurs de notremouvement avant d’être incontestablement le plusculturel de nos ministres socialistes. Salut à toiValmy !

Pendant quarante ans le Mouvement s’est structuréautour de 200 sections locales et a développé d’in-nombrables actions dans les domaines de la for-mation, de la diffusion artistique, de l’édition, de lamobilisation citoyenne contre les inégalités et les in-justices sociales.

Quarante ans pour développer des outils de com-préhension du monde et des mobilisations pour satransformation. Quarante ans vécus dans la convic-tion que tout individu, quel que soit son origine so-ciale, ethnique ou religieuse a la capacité d’être uncitoyen actif, un acteur dans l’espace public, et peuts’émanciper dans les combats collectifs.

Je veux rendre hommage à tous les militants et lesmandataires qui se sont investis sans compter danscette belle aventure. Grâce à eux il y a chaque jourdans un coin de Wallonie ou de Bruxelles, une ex-position, un ciné club, un débat, une rencontre ci-toyenne, une fête, un concert …

Rendre hommage aussi à mes prédécesseurs quiont exercé, parfois dans des conditions très diffi-ciles, les fonctions de Secrétaire Général : Jean PolBaras, Jean-Pierre Rapaille, Marc Bertholomé, HenriGoffin et le dernier en date, et pas des moindres,mon ami Serge Hustache.

Après le coup d’œil dans le rétroviseur, il nous fauttenter de nous projeter dans l’avenir. Car en qua-rante ans, le monde a beaucoup changé mais lesinégalités se sont scandaleusement amplifiées.

En cette aube d’un nouveau millénaire, nous pres-sentons plus ou moins confusément que nous vi-vons à un tournant historique de l’humanité.

Historique car les impasses économiques, socialeset environnementales, en interactions croissantes,forment un immense défi auquel jamais auparavantn’a été confronté le genre humain.

Après la révolution du néolithique et celle de l’in-dustrie, les enjeux contemporains ont atteint une di-mension inédite et inouïe qui nécessite unetroisième révolution de la destinée des hommes.

Les crises qui accablent notre époque pourraientse conjuguer en trois temps qui scandent les ver-tiges et les espoirs du futur.D’abord, l’ombre prégnante du capitalisme et celled’une économie de marché chaque jour moins ré-gulée, s’étendent sur l’ensemble de la planète en-gendrant des îlots de prospérité perdus au seind’inégalités abyssales.

La crise financière qui découple le profit de l’inves-tissement productif, la crise économique qui attiseune concurrence effrénée et mondialisée et la crisesociale qui sacrifie peuples et citoyens au dogme dela compétitivité, nous enjoignent de creuser le sillond’un autre paradigme de développement à la foisplus public – les biens communs de l’humanité – etplus solidaire – la réinvention de l’économie socialeet coopérative.

Ensuite, les bouleversements des écosystèmes etles conséquences dramatiques qu’ils entraînent –

réchauffement climatique, réfugiés environnemen-taux, famines, perte de la biodiversité,…

Enfin, se nourrissant aux racines des crises écono-miques, écologiques et sociales, la crise culturellequi par le désenchantement du monde, la parcelli-sation des savoirs, les modes de consommation ato-misés et standardisés et l’individualisme possessif,définit le sens de l’existence sur le seul modèle del’anthropologie capitaliste, nous enjoint de briser lavaleur marchande et l’accumulation des bienscomme horizon indépassable de notre condition.

Ces trois temps concourent à déboucher sur unecrise de civilisation qui appelle une alternative poli-tique culturelle.

Nous avons la conviction que le modèle culturel do-minant doit être profondément contesté car c’est luiqui assure les soubassements intellectuels et la pro-duction des désirs nécessaires à la machine mer-cantile du libéralisme économique et existentiel.

Le capitalisme n’a pas seulement gagné sur lesplaces boursières ou dans les transactions com-merciales. Il s’est infiltré d’abord dans les cœurs etdans les esprits.

Et seule la construction d’une alternative culturellepourra permettre de freiner la domination de la cul-ture mercantile qui triomphe aujourd’hui.

Comme l’exprimait admirablement Antonio Gramsci,les conditions de la victoire politique dépendentavant tout de l’hégémonie culturelle qui traverse lesconsciences. En ce sens les échecs de la gauche,des totalitarismes rouges aux errements de la so-cial-démocratie, traduisent le recul de nos idéauxsolidaires et fraternels au cœur même de l’imagi-naire sociétal et personnel de nos contemporains.

Le cadre mental libéral totalement intégré, les dé-faites ou les lignes défensives des socialismes ontlogiquement suivi et ce, malgré les évidentes vic-toires du mouvement ouvrier comme la mise enœuvre de la sécurité sociale, la réduction du tempsde travail ou la progressivité de l’impôt.

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Nous reproduisons ici le discours, écrit par Yanic Samzun et Jean Cornil, prononcé le samedi 18 septembre à Expo-Mons, à l’issue duspectacle « Le Géant de Kaillass » de la Compagnie Arsenic à l’occasion de l’ouverture des festivités du 40ème anniversaire dePrésence et Action Culturelles

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À PAC nous sommes convaincus que le combat cul-turel et l’éducation permanente sont essentiels pourla gauche, même si les forces en présence sont dé-mesurément déséquilibrées.

Que pèsent l’admirable travail d’une association, undébat citoyen, un programme ambitieux d’éducationpopulaire face aux gigantesques machines à pro-duire la culture dominante ?

Quelles résistances opposer à l’omniprésence ver-tigineuse de l’écran, de la mode, du nouveau, du je-table, du jeunisme, de l’instantané, de l’utile, durapide, du matériel ?

Comment reconquérir l’imaginaire de nos cerveauxirrigués en permanence par la marchandisation cul-turelle anglo-saxonne qui uniformise les goûts, lessaveurs, les images, les rythmes, les odeurs, lesmélodies, les conceptions du temps, de l’espace, dubonheur, de la vie même. Tous les savoirs-être ettous les savoirs-faire sont homogénéisés.

Certes il ne faudrait pas tomber dans le simplismeet la caricature. Des rebellions se lèvent. Les mu-siques du monde explosent. Les romans étrangersse traduisent. La gastronomie se diversifie.

Des créations originales, en chorégraphie commeau théâtre, en photographie comme en littérature,émergent ça et là, se déclinant en une richesse in-finie.

Des pratiques associatives alternatives se dévoilent.Jardins solidaires, écrivains publics, porteurs de pa-roles, échanges non-marchands, spectacles de rue,actions de solidarité internationale au travers desarts plastiques et de concerts, partout la société ci-vile crée, invente, s’interroge, résiste.

Mais les normes dominantes du goût, du beau, del’utile, de l’agréable, de l’esthétique, du plaisir, de lasensualité, continuent à se disséminer impercepti-blement, par tous les pores de l’existence humaine.

Pour reprendre Feuerbach nous vivons un tempsoù l’on « préfère l’image à la chose, la copie à l’ori-ginal, la représentation à la réalité, l’apparence àl’être.... ». Un temps du spectacle, moment oùcomme dit Guy Debord, « la marchandise est par-venue à l’occupation totale de la vie sociale ».

*

Quels fondements mettre en œuvre pour permettrel’éclosion d’une alternative culturelle ?

Tout d’abord opérer un renversement majeur dansnotre mode d’interprétation du monde.

Cela implique une pensée panoramique qui englobeles reliances entre les connaissances et les arts afinde faire cesser la toute puissante hégémonie de lapensée économique qui normalise et marchandisele mental, le corps, les comportements sociaux

comme l’expertise politique.Cela nécessite de réinterroger tous les processusde socialisation, de la famille à l’école, qui condi-tionnent les êtres à l’adaptation au système.

Cela exige de rétablir et de valoriser la pensée cri-tique qui ne peut en aucun cas se satisfaire du senscommun ou des grandes explications simplistes etdéfinitives.

Ensuite cette attitude profondément critique, qui cul-tive le doute, l’étonnement, la contestation de l’or-dre dominant et l’indignation face à l’inacceptable,doit réhabiliter le débat, le dialogue, le libre échangedes idées et des convictions dans la société civilecomme dans la société politique.

Cette démarche, au cœur de la démocratie partici-pative, se doit d’irriguer les mille canaux de l’édu-cation populaire, pour faire mieux vivre et mieuxpenser les travailleurs, les chômeurs, les réfugiéset tous les précarisés dont les élites et les mass-médias capturent la voix.

Enfin, il s’agit fondamentalement de relégitimiserl’extraordinaire richesse des savoirs populaires etdes valeurs qui les accompagnent.

De privilégier les chemins de traverse, les créationsnovatrices, les solidarités improbables, les modesde pensée ailleurs et d’ailleurs, en refusant catégo-riquement tous les mécanismes de normalisation et

© J-F Rochez - 2010

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tous les embrigadements qui enferment et rétrécis-sent la perspective humaine.

Cela présuppose une attention permanente à lacondition des plus démunis, chez nous comme au-delà des sables et des mers, sans les déposséderde leur expression propre, qu’elle soit revendica-trice ou esthétique, en tissant de nouvelles coopé-rations et des solidarités « chaudes », en soutenantles nouveaux modes de participation citoyenne, enactivant les démarches d’émancipation, sans lesconfisquer et sans les dénaturer.

Cela exige également de faire encore mieux vivreles valeurs du socialisme et des classes populairesface parfois à leur affadissement, voire à leur dé-voiement.

La mémoire des luttes et des résistances du passé,la défense des acquis des solidarités du présent,l’anticipation des enjeux et des combats de demain,le refus des vanités et du pouvoir de l’argent, la cé-lébration de la coopération et de l’entraide, de labonté et de la gratuité… bref toutes ces valeurssimples et fortes que Georges Orwell nommait la dé-cence ordinaire.

** *

Pour Présence et Action Culturelles, l’essence mêmed’un mouvement d’éducation populaire qui s’inscrit

dans la longue tradition du combat socialiste, seconjugue sous les modes suivants :

l’impérative nécessité d’accompagner, de souteniret de faire éclore, toutes les cultures populaires,dans le respect de leur immense diversité et qui re-fusent la logique du système capitaliste ;

la mise en avant permanente de la pensée critique,libre et sauvage, co-construite par mille savoirs etde mille expériences qui s’enrichissent mutuelle-ment, face à l’endormissement généralisé, la normeexistentielle et la pensée unique ;

la participation citoyenne renforcée de tous les ex-clus de l’expression, artistique, sociale ou culturelle,de la formation aux nouveaux modes de communi-cation à l’appui aux expérimentations sociales et cul-turelles novatrices ;

la promotion inconditionnelle des principes et desvaleurs d’une société fondée sur le partage, laconvivialité, la justice et la solidarité dans le respectdes identités culturelles et de la préservation denotre rapport à la nature ;

une capacité à anticiper la civilisation du futur ens’émancipant des contingences du présent, en sefixant un horizon teinté de rêve ou d’utopie, d’unmonde réconcilié avec lui-même.

Chers Amis, je ne peux pas terminer cette interven-tion sans remercier chaleureusement toute l’équipede permanents et le conseil d’administration denotre mouvement qui m’accompagnent depuis bien-tôt quatre ans et qui se sont adaptés aux multipleset incontournables mutations de notre organisation.

A l’occasion de cet anniversaire, nous avons aussivoulu rendre hommage à celui qui a été pendant detrès nombreuses années l’âme et l’animateur infa-tigable de ce mouvement.

Je veux parler de notre ami Jean-Pol pour qui nousavons créé en forme de salut fraternel une bièrespéciale du quarantième anniversaire que nousavons appelé tout simplement : LA BARAS. Santé àtous !

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MOCHéLAN DU PAYS DE CHARLEROI

Percuté par le Hip Hop au milieu des années 90,Simon essayera toutes les disciplines  : mais soncorps pataud lui fera comprendre qu’il n’est pas faitpour la danse, son manque de dextérité l’éloigneradu DJing, et son absence de symétrie lui vaudrad’abandonner rapidement le Graff. C’est donc versl’écriture qu’il se tournera, un soir seul dans sachambre, rite qui ne le quittera plus : Simon griffe lepapier d’une écriture automatique sans contrainte nicomplaisance. De cette transe sortent des textes àlire, à la poésie dense, mais aussi des formes pluspopulaires et orales : chansons, raps, slams, duthéâtre qu’il agence en one-man show. Le personnage de Mochélan lui ne naît qu’en 1998.Issu d’une schizophrénie assumée, il est devenucelui qui relie le Simon « de l’intérieur » tendre, sen-

sible, attentionné ; et celui de l’extérieur, parfois dur,provocateur, désinvolte. En 2007, Mochélan se fait remarquer sur plusieursscènes slam importantes (Le Botanique, le festivaldes Libertés) où il rafle quelques prix. Il est le grand vainqueur de la saison Envol des Cités2010, une opération artistique interculturelle etinter-quartiers, conçue par PAC en partenariat avecla Province du Hainaut et la Ville de Mons, qui a pourbut de promouvoir et mettre à l’avant-scène lacréativité et la diversité musicale et découvrir ainside jeunes talents, dont Mochélan. Les profession-nels apprécient sa présence scénique, le caractèreviscéralLes professionnels apprécient sa présence scé-nique, le caractère viscéral, sensible et corrosif de

ses textes, l’aspect à la fois ciselé et populaire, di-rect de son écriture.

Tu as, sembl e- t - i l , début é t on parcour spar du S lam, pu is avo ir gl issé ver s le rap,le h ip hop de quoi par lent tes textes engénér al ?

En fait, c’est le contraire, j’ai commencé par le rapà la fin des années 90. Je suis resté dans l’ombrepas mal d’années pour travailler mes textes, moninterprétation. J’estimais qu’il fallait avoir un certainniveau pour se montrer. Pour moi le hip hop repré-sente le travail, l’effort. Partir de rien et évoluer petità petit. C’est avant tout un état d’esprit, je pourraismême dire une philosophie de vie. Mais je déplore

Mochélan est un artiste polymorphe né dans la région de Charleroi, ce qui n’est pas sans importance pour la suite de son par-cours. Bien que fortement attaché à sa région et au passé ouvrier et populaire de sa ville comme le révèlera plus tard sa chansonNotre Ville avec laquelle il raflera quelques prix- Simon est très tôt globe-trotter dans l’âme. De l’un de ses voyages, il ramèneraun film primé également, « vain temps en Bolivie ? » consacré aux aspirations de la jeunesse Bolivienne. La réalisation vidéo, pa-rallèlement à l’écriture, la chanson, le slam, le rap et le théâtre sont les multiples cordes dont Mochélan se joue.

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l’image actuelle de ce mouvement. J’ai donc unecertaine tendance à m’écarter de cette image. Lehip hop je le vois comme une démarche très per-sonnelle, intérieure. Limite spirituelle. Comme diraitmon pote Alexis (Phazy Phaz) : « fais ce que tu asà faire fils ! »Mon écriture est avant tout automatique. C’est unemanière d’extérioriser sainement un ressenti. J’aidonc un aspect très introspectif dans mon écriture.J’ai, très jeune, ressenti le besoin de parler de lamanière dont je perçois l’environnement qui m’en-toure. J’ai d’abord beaucoup écrit sur la cohésionde groupe, sur les relations entre les gens ; l’ami-tié, la rancune, l’hypocrisie, les affinités, …Si j’ai atterri sur la scène Slam, c’est parce que jen’avais pas de connaissance dans le monde musical,je ne connaissais personne qui faisait de musique.Une fois ma scolarité terminée, je n’avais plus depublic (rire) l’appel de la scène s’est donc fait res-sentir et j’ai découvert les slam sessions organiséespar l’asbl Lezarts Urbains.

Vous c hant ez par -dessus t out vo tr e ré -gion, vo tre vi l le , votre Poumon noir ! Vouspouvez -nous exp l iquer d ’où v ien t ce tamou r pass ionne l   ? Et ce que r evê t ceproje t «  Poumon noir  »  ?

En fait, mon premier Street-album « officiel » (« auchapitre pléonasme ») parle de Charleroi, du hip hopet de la société dans laquelle ils évoluent. C’estavant tout né d’un ras-le-bol de voir et d’entendrela manière dont on parle de Charleroi dans les mé-dias. Je ne dis pas que tout y est toujours rose, maisne présenter que le côté négatif, c’est faux aussi. C’est la ville où je suis né, où mes parents et grands-parents sont nés, et ce ne sont pas de dangereuxbraqueurs. Ce que je veux dire c’est que l’endroitoù l’on grandit, et évolue, participe à la constructionde la personnalité. Je suis fier des parents que j’aiet de l’éducation qu’ils m’ont donnée. Je suiscontent d’être comme je suis. Je suis donc très fierdu rôle que Charleroi a joué dans la construction dema personne.

Poumon Noir  : si la Belgique est un corps, noussommes l’organe noirci.Nous sommes un collectif d’ar tistes pluridiscipli-naires. L’idée est de développer un projet selon plu-sieurs aspects : musique, vidéo, graphisme, photo,…

Tu es un ar t is t e mu l t iméd ia , commen tfa is- tu pour mettr e en musique ces di f fé -rentes di sci pl in es ar t is t iques  ? C ’est çaqui fai t la fo rce d ’occuper le ter ra in mu-sical aujourd’hu i ? Une pol it ique cu lture llemul t iméd ia ?

Je ne pense pas que ce soit propre à l’univers mu-sical. Pour ma part, j’ai un projet, un message, et lesdifférents médias sont des supports qui aident àfaire passer un même message.

Il ne s’agit donc pas d’un projet marketing où on sedit  : tiens il faut un clip, un visuel pour se faireconnaître, un site internet racoleur … L’idée est d’exploiter toutes les facettes qui sont ànotre disposition pour faire passer ce message etde les faire évoluer en parallèle.

Comment cons i dères - tu au j ourd ’hu i l espo l i t iques cu l t ur e l les en Communau téf rança ise e t les a ides qu’el les appor tenten mat ièr e , de di f fus ion, de produc t ion,de p romot ion e tc. ?Y vo is- tu des changements impor tants àfa i re dans les décennies qui v iennent ? S iou i , lesque ls ?Se l on t o i , ce ser a i t commen t des po l i -tiques cu lture lles idéales pour les ar t is teset auteur s- inte r p rè tes- p roducteur s ?

Hé bien j’ai un regard assez négatif sur cette poli-tique. Et pas seulement en ce qui me concerne(puisque ça se passe plutôt pas mal pour moi en cemoment) mais de manière générale, dans le pay-sage artistique de la Communauté française.J’ai vraiment le sentiment que pour être soutenu, unartiste de la Communauté française doit d’abordfaire ses preuves à l’étranger, dans la plupart descas en France.Combien de fois n’ais-je pas vu de soirées, ou desévénements, où les trois quarts du budget sont ré-servés à la tête d’affiche, «star internationale» et lereste aux différents artistes belges qui assurent lapremière partie. Est-ce un manque de confiance oula peur de ne pas rentabiliser, je ne sais pas ? Maisun fait certain est que très peu d’événements, degrande envergure, misent uniquement sur des ar-tistes belges.Dans les médias, n’en parlons pas. Aucune placen’est réservée aux artistes belges sur les heures degrande écoute des chaînes ou stations nationales.D’autre part, combien de centres culturels se pren-nent pour des salles de concert privées ? J’ai l’im-pression que les artistes belges, en Belgique, sontconsidérés comme des débutants qui balbutient.Pour jouer dans un Centre culturel, il faut, dans laplupart des cas, assurer la première partie d’un ar-tiste étranger.En matière de promotion, la Communauté françaisene prend aucun risque, elle soutient des artistes quimarchent déjà. Elle fonctionne comme une entre-prise privée. Je trouve cela dommage. Mais bon,j’imagine bien que tout cela est très compliqué, je nesuis pas en train de cracher bêtement mon veninmais si ça ne tenait qu’à moi, j’organiserais leschoses autrement. Notamment à la RTBF, qui est unservice public belge avec trois missions (dans l’or-dre) : éduquer, informer, divertir. Et qui essaye de ri-valiser avec RTL, chaîne privée, appartenant à ungrand groupe européen.La politique culturelle de la Communauté françaiseest à l’image de la RTBF, pour moi, elle se trompe decheval de bataille, elle s’éparpille et fait les chosesà moitié. Je crois qu’il n’est même pas question de

choix, à savoir : miser sur l’international ou sur lelocal. Ce choix ils ne l’ont pas fait mais ils fontcomme si, et pour moi c’est là qu’ils se trompent.Qu’ils arrêtent de faire semblant de pouvoir organi-ser des événements qui nécessitent des budgetsqu’ils n’ont pas. Qu’ils s’assument, qu’ils voient leschoses à notre échelle avec plus de place pour nosartistes.

Tu encha înes concer t sur concer t , so r t ietou t récente en sep tembr e du seconda lbum, Moc hé lan passe sur les antennesde la RTBF, tu as r empor té le 1er p rix duconcour s «  l ’Envo l des C ités » , un rêve quip r end une rée l l e amp leu r   ? Ce l a ne tefa i t - i l pas peur de sor t i r pet i t à pet i t del ’anonymat  ? Tout marche b ien pour Mo-ché lan ?

Peur … nooooooooooon ! Au contraire. Je suis trèscontent de tout ce qui arrive mais si ça marche je nesuis qu’une jambe, ou plutôt une rotule. Les autresmembres du collectif forment l’ensemble de lajambe et l’autre jambe, c’est Lézarts Urbains et Fa-brice Laurent (PAC Charleroi) ainsi que tous lesmembres du monde culturel qui nous aident.

Quel les sont les in f luences e t référ encesmusicales de Mochélan ?

En premier : mon pote MaxLanders sans qui je neserais rien.En termes de référence : IAM (plus particulièrementAkhenaton à qui je me suis beaucoup identifié étantado), Oxmo Puccino, Jacques Brel, Triptik, Brassens,Rocé, Atmosphere, Busdriver, Daedelus, … la listeest assez longue.

S i vous é t iez un f i lm , ce ser ai t…. ?Un mélange de deux Takeshi Kitano : « l’été de Ki-kujiro » et « Kids return ».

S i vous é t iez un l iv re , ce sera i t… ?« La face B » d’Akhenaton

Si vous é t iez un mot, ce sera i t… ?Impulsif

S i vous é t iez un instr ument de musique,ce ser a i t… ?La corde vocale.

Propos recueillis par Sabine Beaucamp

Pour découvr i r le t r ava i l de Moché lan :

www.myspace .com/mochelanMochélan ser a en concer t

le 27 novembre 2010 au P iano fabr iek (Br uxel les)

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Aujourd ’hui , l ’économie rée l le (marchés desbiens e t ser v ices) ne const i tue p lus que 2%de l ’ensemble des tr ansact ions f inanc ièr esmond iales, éva luées à tro is mi l l ions de mi l -l i a rds de do l la r s ! La quas i- to ta l i té de cebutin far amineux est aux mains de la sphèrespécu la t i ve (mar chés bou r s i e r s, mar chésdes changes, produi ts déri vés. . . ) .

Comme d ’aut res assoc iat ions progress istesà tr aver s la p lanète , Présence e t Act ion Cul-tur e l les dé fend l ’ i dée d ’une taxe min ima le(0,05 %) sur les t r ansact ions f inanc ièr es.Les sommes pré levées annuel lement par cemécani sme innov ant pour r a i ent ê t r e u t i l i -sées de di ver ses manièr es : lu tte contr e lapauv re té , a ide au déve loppemen t , p ro tec-t ion des ser v ices publ ics e t des acquis so-c i aux , combat cont r e les changementsc l imat iques, etc . . .

Le pr inc ipe de cet te taxe a é té adopté cheznous par une lo i de 2004. I l fa i t au jourd ’hu il ’ob jet d’un groupe de tr ava i l réunissant 59pays, char gé de mett re au po int des pr opo-s i t i ons concrè tes de taxa t ion à l ’ éche l lemond iale .

A l ’heure de la Présidence be lge de l ’Un ioneur opéenne , nous i nv i tons nos r e présen-tants po l i t iques à appuyer ce tte r evend ica-t ion pour un par ta ge p l us équi tab le desrichesses.

signons la pétition sur http://taxe-robin.pac-g.be

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Congrès du quarantième anniversaire de Présence et Action Culturelles

Imaginons ensemble l’alternative culturelle ! 

«   Je me révo l te donc nous sommes »A lber t Camus

Face à la marchandisation croissante de la culture, Face aux impasses civilisationnelles du capitalisme,Face à la colonisation des imaginaires,Face à l’individualisme consumériste généralisé,

Venez const r u i r e avec nous, , les rés istances cu l ture l les.

Par une éducation populaire revivifiée,Par la défense des cultures et des savoirs des peuples,Par l’intensification de la pensée critique,Par le combat pour les valeurs fondamentales de la gauche socialiste,

Penser plutôt que dépenser, ,

Ces réflexions enrichiront l’adoption de la Charte et du Manifeste du Mouvement

Date : le samedi 27 novembre 2010Lieu : Charleroi Espace Meeting Européen (CEME) Rue de Français 147 à 6020 Dampremy

Infos : Aspects pratiques : via les régionales PAC (Br uxe l les - 02/ 511 88 26 ; Brabant Wa l lon – 0492/58 59 52 ; Char le roi - 071/ 79 72 08 ; D inant -Phi l ippevi l le - 060/ 3134 48 ; Huy-War emme – 085/ 250 850 ; L i ege– 04/ 221 42 10 ; Mons Bor inage - 0476/ 66 64 90 ; Namur - 081/ 64 99 96 ; Soi gn ies - 064/ 28 10 82 ;T hudin ie – 071/ 59 38 64 : Pac Ver v ier s - 087/ 33 75 33 ; Wa l lon ie P icarde - 068/ 26 98 98).Contenus : Aurélien Berthier ([email protected] – 02/545.77.65)