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Aquacosmos

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- A la découverte de l'Aveyron subaquatique

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Prix de vente : 29,50 €

ISBN : 978-2-918298-05-2Avec le soutien :

L’Aveyron vue de dessous...

C’est sous cet angle de vue inédit que ces plongeurs d’eau douce et amoureux de la nature, traînant leurs palmes depuis plus de vingt ans dans les lacs et rivières de nos campagnes, vont vous faire partager leur passion et leur connaissance des écosystèmes subaquatiques.

Comment préserver notre patrimoine lacustre ?

Comment endiguer la dégradation inexorable du milieu subaquatique sans céder au fatalisme et attendre un hypothétique miracle écologique ?

Sensibiliser les publics jeunes et adultes à la beauté des paysages subaquatiques aveyronnais, véritable trésor écologique.

Eveiller la curiosité en partageant la connaissance.

Rendre accessible à tous cet univers incroyable grâce à une galerie d’images inédites, à des témoignages forts et touchants, c’est l’ambition de cet ouvrage.

Cet ouvrage est dédicacé à nos enfants et nos petits enfants...

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Prix de vente : 29,50 €

ISBN : 978-2-918298-05-2Avec le soutien :

L’Aveyron vue de dessous...

C’est sous cet angle de vue inédit que ces plongeurs d’eau douce et amoureux de la nature, traînant leurs palmes depuis plus de vingt ans dans les lacs et rivières de nos campagnes, vont vous faire partager leur passion et leur connaissance des écosystèmes subaquatiques.

Comment préserver notre patrimoine lacustre ?

Comment endiguer la dégradation inexorable du milieu subaquatique sans céder au fatalisme et attendre un hypothétique miracle écologique ?

Sensibiliser les publics jeunes et adultes à la beauté des paysages subaquatiques aveyronnais, véritable trésor écologique.

Eveiller la curiosité en partageant la connaissance.

Rendre accessible à tous cet univers incroyable grâce à une galerie d’images inédites, à des témoignages forts et touchants, c’est l’ambition de cet ouvrage.

Cet ouvrage est dédicacé à nos enfants et nos petits enfants...

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Récits et Photographies :

Denis PORACCHIAMichel GALLIOURichard LUTRAN

Gérard BOUsqUeTstéphane CAsAGRANDA

Laurent ROUsTANJean-Marie BARRAL

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« Il y a trois sortes d’hommes, les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer » disait Aristote.

Et ceux qui, comme les auteurs de ce beau livre, nagent sous l’eau avec l’aisance des poissons, ceux qui grâce à ces branchies artificielles que sont les bouteilles d’air comprimé, peuvent contempler de longs moments les mystères du monde aquatique, à quel genre d’hommes appartiennent-ils ? Sans aucun doute à celui des voyageurs comme « ceux qui vont sur la mer », mais ce sont des voyageurs d’un type tout à fait particulier. Car pour eux, il ne s’agit pas de parcourir des contrées lointaines mais plutôt de réinventer les lieux les plus proches en les visitant de manière nouvelle. C’est autour de chez eux qu’ils ont su découvrir des paysages jamais vus, explorer avec l’œil des poètes la face immergée des campagnes du Rouergue.L’effet de dépaysement, de projection dans l’inconnu, de découverte d’un nouveau monde n’est, sans nul doute, jamais aussi puissant, jamais aussi troublant que lorsqu’il naît là précisément où l’on de l’attend pas : au cœur même du quotidien.Il faut un vrai talent de visionnaire pour être capable de montrer que sous les eaux de la campagne française se ca-chent des merveilles aussi surprenantes que dans les récifs de coraux des mers tropicales.Plongez donc sans plus tarder dans ces pages surprenantes, et vous y découvrirez cette vérité réjouissante : pour qui sait regarder, il reste à explorer encore beaucoup de royaumes inconnus à portée de main…ou de palme.

Claude Nuridsany Réalisateur, avec Marie Pérennou des films

« Microcosmos » et « Genesis ».

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L’Aveyron calcaire, l’Aveyron de pierre, de schiste, l’Aveyron des champs et des bois, des collines et des vallées, l’Aveyron enfin qui est une terre et pourtant…. Ancré au sud du Massif Central, qui penserait de prime abord que ce département à vocation agricole recelait sous ses jupes des mondes aquatiques, qui penserait de but en blanc que l’Aveyron avait les pieds dans l’eau ?

L’Aveyron, une terre d’eau, absolument ! Une île bien calée entre la lave endormie des volcans d’Auvergne et les terres arides des garrigues du Languedoc. Terre d’eau parce que le carburant de son agriculture est contenu dans ses entrailles, que ce carburant que l’on appelle l’eau, naît sur ses monts, Terre d’eau parce que les rivières parcourent son territoire d’est en ouest pour rejoindre les plaines du Sud-ouest, Terre d’eau jusque dans l’histoire de ses premiers habitants, de ses Gaulois descendant de peuples celtes qui vénéraient avant tout les dieux des sources, les esprits de l’eau. Terre d’eau enfin parce qu’aujourd’hui, l’on y a fait des lacs pour donner de la lumière au monde, des lacs qui récoltent la véritable richesse de cette terre : l’eau, qui coule de source en océan.

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Que connaît-on des mystères et des trésors que toute cette eau douce ou grondante recèle ?

Les pêcheurs du territoire n’en connaissent que sa faune, ils effleurent la surface, y plan-tent, plein d’espoir, des hameçons pour taquiner goujons, truites, sandres et brochets. Et c’est d’ailleurs tel quel que l’on voit d’emblée l’amoureux des eaux aveyronnaises: au bord de ses rives, l’oeil fixé sur le bouchon, immobile, respectueux, se risquant à peine à plonger ses bottes en caoutchouc dans l’onde pour en retirer ses prises.

D’autres y plongent plus goulûment. Palmes et tubas, bouteilles d’air comprimé, combi-naison de plongée, tout un attirail que l’on ne conçoit aisément qu’en milieu maritime, pour le grand Bleu, la grande Salée, la mer ou l’océan. Des hommes grenouilles au mi-lieu des champs ? Et pourquoi pas des agriculteurs dans les grands fonds sous-marins ?

Et pourtant, l’Aveyron plonge dans ses eaux, ici on en a toujours rêvé. Depuis longtemps ! A tel point que c’est au pied des hauts plateaux de l’Aubrac, que naît l’une des inventions dont la destinée sera d’explorer les fonds sous-marins. En 1864, Benoît Rouquayrol d’Es-palion et Auguste Denayrouze de Montpeyroux créent le premier scaphandre autonome de l’histoire, qu’ils essaieront pour la première fois dans le Lot. En 1867, ils repartiront de l’exposition universelle de Paris avec la médaille d’or. Parmi le public, un certain Jules Verne qui cogitait alors sur sa nouvelle œuvre, «Vingt mille lieux sous les mers».

Il ne faudra pas tant de profondeur ici pour plonger sous les eaux et pour découvrir, en plein cœur des terres, un aussi fascinant «monde du silence». Un monde que le plus emblématique des explorateurs de fonds sous-marins, le commandant Jacques-Yves Cousteau, viendra visiter à bord de son bathyscaphe, celui des eaux du lac artificiel de Pareloup, comme s’il s’était agi d’une mer intérieure...

Chaque plan d’eau possède sa marque, son identité. La clarté, la température, les cou-ches d’eau, l’évolution et les espèces présentes sont spécifiques à chaque lac ou à cha-que cours d’eau. Au sein d’ un même site, un lieu peut être clair et accueillant pendant que l’autre peut être trouble et inhospitalier. La faune, les fonds et les couleurs variables en fonction des saisons sont une source de magie visuelle inépuisable pour celui qui s’y aventure.

Telle la déesse gauloise Nantosuelta, l’esprit de l’eau habite à jamais l’Aveyron. Depuis les premiers âges, l’eau a traversé et nourri le territoire, elle s’est mariée avec la terre pour façonner ses paysages. Les temps modernes n’ont fait que répéter voire amplifier ce que la nature a construit, amplifier jusqu’à la transformation. Aux cours d’eau creusant leurs vallées, aux eaux souterraines, à leurs résurgences et aux lacs naturels sont venus s’ajou-ter les «grands lacs» et les retenues d’eau nés de l’appétit de l’homme pour l’électricité. Au XXème siècle l’Aveyron est devenu l’un des plus grands chantiers en Europe dans le domaine de l’hydro-électricité. La Truyère et le Lot au nord, dans une moindre mesure

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le Tarn au Sud-ouest, furent cisaillés de retenues d’eau où naîtront de larges rives d’eaux profondes, des lacs comme celui de Castelnau (sur le Lot). Le Lévezou quant à lui vit fleurir des lacs et non des moindres: Pareloup, riviera aveyronnaise perchée à plus de 800 mètres, fut un temps le plus grand lac artificiel d’Europe.

De ces édifices dévolus à la production de houille blanche naquirent de nouveaux bio-topes subaquatiques, de nouveaux paysages sous la ligne de flottaison, de nouveaux mondes qui se marièrent avec la terre et la pierre dans lesquels ils virent le jour.

Outre l’intérêt de l’industrie hydroélectrique, lacs artificiels et rivières «domestiquées» par maintes retenues d’eau sont devenus, au fil des années, des plans d’eau ouverts aux activités du tourisme, autour desquels se sont installées résidences secondaires, com-merces, campings et bases nautiques.

Au niveau de la faune, ce changement de biotope a profondément bouleversé l’éco-système existant en favorisant l’arrivée de nouvelles espèces. Les perches, brochets ou carpes cohabitent avec les truites, vairons ou gougeons. L’écrevisse autochtone à pattes blanches a laissé sa place à ses deux cousines américaines. Loutres et martres, autre-fois présentes, ont disparu. Ces dernières années, des envahisseurs inattendus, goélands argentés et cormorans, ont remonté les cours d’eau depuis l’océan, se sont installés, adaptés aux conditions climatiques pour enfin coloniser les rives des lacs. Comme si

Neptune lui-même envoyait ses messagers pour signifier sa reconnaissance du monde aquatique de l’Aveyron.

Un monde où s’aventurent aujourd’hui des hommes, dignes héritiers de Denayrouse et Rouquayrol, de Jules Verne et de Cousteau. Des hommes d’ici qui plongent dans leurs terres, en découvrent mystères et beautés, en explorent faune et flore, en notent aspects et couleurs.

L’immersion est imminente, la compagnie Aquacosmos vous embarque en exploration, sous la surface des eaux de nos campagnes. Dans un univers que personne n’aurait sup-posé aussi riche, aussi varié, aussi sauvage que fragile. L’aventure commence.

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En Aveyron, le goût de l’eau et l’envie d’explorer ses profondeurs, c’est d’abord un goût de terre, une pensée pour ceux qui plongeaient dans ses entrailles pour en extraire charbon et autres minéraux.

Le fabuleux scaphandre des fonds sous-marins est ainsi né d’un appareil respiratoire conçu en 1860 à Espalion par l’ingénieur des Mines Benoît Rouquayrol; il est destiné à porter secours aux gueules noires en danger.

Un peu plus de deux ans après, l’inventeur rencontre le lieutenant de vaisseau Auguste Denayrouze, un Aveyronnais comme lui mais qui, une santé déficiente venant juste de lui interdire de naviguer, rêve d’océans. Il voit en Rouquayrol le compère qui lui permettra de surmonter sa frustration, il lui donne des goûts d’embruns et surtout, la possibilité de découvrir un monde inconnu: le monde subaquatique.

Deux ans plus tard encore, «l’appareil plongeur Rouquayrol Denayrouze» est mis au point et homologué. Les eaux du Lot couronneront sa fiabilité. Ce sont les plongeurs d’eau douce, les plongeurs-pêcheurs du coin répondant au doux nom de «cabussaïres», qui effectuent les premiers essais du scaphandre.

Depuis 1980, Espalion s’enorgueillît de cette invention à travers son musée du Scaphandre où le génial engin, initiateur de «l’ère océanique», trône comme une sainte icône. Le scaphandre fut développé au cours du temps en parallèle avec d’autres appareils favorisant l’exploration sous-marine.

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Autre icône de cette activité, le commandant Jacques-Yves Cousteau, qui travailla aussi sur le développement du scaphandre, vint en Aveyron en septembre 1973 non comme en pèlerinage, mais pour explorer le grand lac artificiel de Pareloup et en vérifier l ’état du barrage. Il y plongea Denise, une dame de 3,5 tonnes, un mini sous-marin qui, entouré d’une garde d’hommes grenouilles, inspecta aussi bien les installations que les fonds subaquatiques. Si l’ouvrage semblait en bon état, une phrase, bien sûr non consignée au rapport, devint légendaire : « Si les gens savaient ce qui se cache sous ces eaux, ils ne s’y baigneraient pas »..

Aujourd’hui enfin, des lycéens Ruthénois en collaboration avec des scientifiques, teste dans les eaux du lac, la bouée océanographique « Vénus ». Destinée à la grande bleue, cette balise bourrée de capteurs permettra d’étudier les courants méditerranéens.

Au pied du Massif Central, la patrie de Rouquayrol et Denayrouze revendique donc le paradoxe d’être une nation maritime, une terre de plongée.

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L’Aveyron est connu pour sa grande variété géologique, qui a façonné des paysages divers. Montagnes, plateaux et vallées, calcaire, schistes et rougiers, un double climat, continental au nord, méditerranéen au sud, font que ce «pays» aime à cultiver les paradoxes: de la rudesse de l’Aubrac aux effets de fœhn de la vallée de Tarn, l’Aveyron du pluvieux Lévezou est également l’un des départements les plus ensoleillés de France.

L’Aveyron est aussi une terre gorgée d’eau, comme en témoigne son hydrographie, une terre que l’eau en rivières et en ruisseaux, aime à traverser. Comme sa terre, comme son climat, l’eau en Aveyron prend des formes multiples, l’homme l’ayant bien compris au XXe siècle, en accentuant et en tirant parti de cette diversité, par des constructions hydroélectriques. Ainsi la voit-on en rivières et en ruisseaux, mais aussi en lacs et en retenues, ainsi ne la voit-on pas, mais la devine-t-on, à ramper sous la terre des Causses, brouiller les pistes et ressortir où on l’attendait à peine, en vasques ou en cours d’eau.

Il y a ceux que cet univers fascinent. Des fils de « cabussaïres » à la curiosité aiguisée par Jules Verne, le scaphandre d’Espalion ou la Denise de Cousteau. L’envie de visiter ce monde du silence, où la pesanteur n’existe plus. Sous l’eau, sous la surface, les paysages sont tout aussi multiples et variés que sur la terre ferme. Des forêts et des bâtisses enfouies dans les lacs, des herbiers aquatiques, les gouffres profonds des rivières ou les galeries d’eau serpentant sous la roche, mais aussi ses habitants, un autre monde animal, tout s’avère aussi fascinant que sous les océans. Des poissons, mollusques, crustacés autochtones ou introduits par l’homme vivent et tentent d’évoluer dans un environnement que l’homme, aussi, menace.

Truites, carpes, perches, cabots, tanches, goujons, écrevisses, brochets et autres silures ont chacun trouvé leur territoire qu’ils arpentent sereinement entre deux saisons de pêche. Nos enfants des Vingt mille lieux sous les mers aiment à y plonger par plaisir, pour découvrir un monde et ses paysages, en ressentir ses attraits et ses étrangetés, ses douceurs et ses inquiétudes, ou faire un safari bonhomme à la rencontre de sa faune muette, moins appétissante sur une assiette que fascinante dans son comportement.

Ce cosmos aquatique, cet univers sous les eaux, univers vivant, existe bel et bien dans cet Aveyron très terrien et les spots où effectuer ce voyage dans un autre monde n’y manquent pas. Un monde dont la découverte peut changer notre vision des choses…

Intéressant d’aller y faire un tour, non ?

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SALLE LA SOURcE LE LOT LAcS dU LEVEZOU GORGES dU TARN L’AUBRAcLES ENTRAILLES dU cAUSSE

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SALLE LA SOURcE

L'eau en Aveyron ne se contente pas de la surface, ne se limite pas à jouer son rôle de miroir des collines et du ciel. Elle aime à s'enfouir sous la terre, elle s'y tient, elle y court. Elle n'a pas délaissé tout à fait les anciens fonds sous-marins et ses sédiments. Une histoire vieille de dizaines de mil-lions d'années mais qui rappellent un peu plus que l'Aveyron fut une terre marine. Qu'une mer roulait sur lui.L'eau stagnante ("lacs", gourgs, laisses de crue, ..) acidifiée par la décom-position des matières organiques de surface et l’eau courante (ruisseau, rivière souterraine, cascade, ..), jouent un rôle de premier plan dans la création, la structure et le fonctionnement des réseaux humides souterrains. Les roches sédimentaires que sont les calcaires et les dolomies se prêtent au creusement de cavités. C’est le Karst qui caractérise l’ensemble des vides créés dans ces massifs que sont les causses.C'est dans la zone dite "noyée" de ce Karst que les plongeurs opèrent. Un monde clos, souterrain, fermé, oppressant parfois. Comme dans le labyrin-the du Minotaure, ils ne doivent qu'à un fil d'Ariane de pouvoir retourner en cette double surface, celle des eaux, et celle de la terre.«Si certaines eaux sont d’apparence bleutée comme la Sorgue au pied du Larzac1, d’autres galeries accumulent des dépôts et de la glaise. L’évo-lution dans ces boyaux est beaucoup moins aisée. A l‘aller, tout va pour le mieux dans une eau claire lorsqu’on est le premier à passer. Par contre au retour, tout ce qui a été soulevé par le passage du plongeur est resté en suspension. De ce fait il n’est pas rare de se retrouver avec une visibilité nulle. Le plongeur est alors obligé de suivre scrupuleusement le fil d’Ariane simplement au touché, tout en s’adaptant aux dimensions et orientations imposées par le boyau : beaucoup de confiance en soi et de souplesse mentale. Ce fil d’Ariane est une sorte de cordon ombilical qui nous relie continuellement à la sortie. Suivant les sites, il peut posséder de nombreu-ses indications comme la distance et la direction de la sortie ou le nom des galeries. Ce fil de vie est un peu la canne blanche du plongeur : ne jamais le perdre de vue mais aussi ne pas s’y emmêler dedans avec le matériel…»Dans ce monde presque clos, les techniques de plongée d'adaptent. «Malgré une solide expérience en plongée, la fait de se lancer dans ce type d’aventure est une forme de réapprentissage (nouveau matériel, nouvelles conditions, nouvelles consignes de sécurité, nouvel esprit). Le matériel doit être doublé afin de pouvoir faire face aux imprévus. Cela concerne entre autre les bouteilles de plongée, l’éclairage, le masque et les instruments de mesure. La gestion de l’air est calculée pour ressor-tir de l’exploration en ayant consommé au maximum la moitié des gaz respirables disponibles : question de sécurité ! Il faut aussi se protéger de la roche, la tête avec un casque adapté, mais aussi les robinetteries des détendeurs. En plongée profonde attention aux différents mélanges. Arrêts obligatoires, les paliers sont calculés au millimètre et déterminés par des

Nager sous la terre... logiciels. Avant de plonger, tout est planifié minutieusement, les profils et les déplacements. Rien n’est laissé au hasard.»Et pour cause: nager sous la terre implique d'abord de maîtriser l'inquiétude accentuée par le noir total environnant. « Les jeux de lumière artificielle apporté par les phares à ces espaces clos, c’est la vision qui cède le pas à la sensation. L’univers des sens et la perception de l’environnement sont constamment sollicités. Les formes, les couleurs des parois, la visibilité, le fil d’Ariane sont nos repères de référence. Les types de roches déterminent l’ambiance dans lequel évoluent les plongeurs. La roche blanche reflète la lumière offrant une bonne visibilité et un aspect lunaire au paysage. Le noir crée une sensation d’oppression par l’absorption. Le rouge illumine par son aspect irréel et son design de peinture abstraite : à chaque gale-rie, sa dominante de couleur et de sensation.»L'aventure vous guette constamment, il devient plus prégnant quand les parois se resserrent sur la veine d'eau. «Parfois en spéléologie, afin de pou-voir continuer la progression, il nous faut passer par des endroits plus étroits. C’est alors que le cerveau prend toute son importance. Le passage du corps ne peut se faire que si la « tête et le mental » l’accepte. Encore une fois, c’est une histoire de confiance, de motivation et de réflexion positive qui s’engage pour franchir l’obstacle. Au premier regard, ces passages paraissent toujours trop petits générant les mêmes questions et doutes : Est ce que je pourrais passer ? Ne vais je pas me retrouver coincé ? Et si je n’arrive pas à repasser au retour ? Peut on faire demi tour ou marche arrière ? …»Ces interrogations sont vitales et maintiennent l'esprit en alerte. Mais l'envie d'aller plus avant est elle aussi impérative, c’est cette pulsion profonde qui anime chacun de nous à des degrés divers et dans toutes les étapes de notre vie. Elle nous pousse à découvrir, à innover, à avancer chaque fois que les obstacles s’accumulent. «Lors d’une plongée, nous nous retrouvons bloqués sur une étroiture connue. Le courant de la dernière crue a re-fermé le passage en le comblant d’une énorme dune de sable. Rageant ! surtout que la visibilité est exceptionnelle ! Malheureusement l’espace restant ne permet le passage que pour un petit poisson. Impossible d’aller plus loin. Néanmoins, l’envie est trop forte. Je m’engage dans l’étroiture en repoussant le sable avec les mains puis les bras vers l’intérieur de la gale-rie. Très vite la visibilité se réduit et l’eau devient trouble. Heureusement, le courant fait le ménage. Mes coéquipiers m’observent, postés à quelques mètres en arrière puis me relais. Il est désormais possible de passer après quelques minutes d’effort et de solidarité. Le franchissement sera délicat tant le passage est étroit. Le matériel frotte contre la paroi mais l’obstacle est vaincu : en se faufilant tel des serpents, l’exploration va pouvoir se pour-suivre. Outre cette satisfaction, c’est l’entraide, l’aventure humaine même minime et l’esprit de groupe qui sont notre plus grande fierté. Ils confortent chacun de nous, nous sécurisent et au final, nous donne le sentiment de vivre des instants riches et uniques»Parcourir les labyrinthes souterrains de ces boyaux d'eau peut souvent déconcerter même les plus expérimentés de ces "mineurs aquatiques" . «Nous plongeons à deux sur un site possédant plusieurs parcours possibles. L’objectif est de faire découvrir une galerie que je connais parfaitement à

mon co-équipier. Avant de se mettre à l’eau, je lui décris la topographie et le circuit en boucle que nous allons réaliser. A la mise en eau, je remar-que que la visibilité n’est pas aussi exceptionnelle que lors de mon dernier passage, mais cela ne change rien au programme. Notre progression s’effectue normalement, tous les paramètres sont au vert et nous emprun-tons la galerie annexe pour le retour conformément au planning. En m’en-gageant dans ce boyau plus étroit que la galerie principale, mon équipier stoppe ma progression en m’attrapant fermement le mollet. Que se passe t’il ? ses gestes sont incompréhensibles. Ce n’est pas le moment de traîner, le temps passe. Je lui demande de reformuler. Sortant sa plaquette et son crayon, il griffonne rapidement un message à mon intention : le message déchiffré est le suivant : « T’sûr », accompagné d’un énorme point d’inter-rogation. Touché dans mon estime et plein de certitude, je fais un grand signe affirmatif de la tête en fronçant les sourcils. L’exploration reprend normalement mais c’est alors que le doute me saisit progressivement. Et si avec la mauvaise visibilité, j’avais suivi le mauvais fil d’Ariane ? Non, la di-rection est correcte. Tout en progressant dans le boyau, le doute continue à s’intensifier. Je ne reconnais plus certains endroits et pire je découvre des éléments inconnus jusqu’alors (rochers, formes de la paroi). Pour ne rien arranger, le fil d’Ariane est vierge de toute indication. L’inquiétude grandit. Je me retourne pour vérifier si tout est OK avec une assurance un peu pale : surtout ne rien laisser transparaître !. Tout va bien, on continue. Cette ga-lerie n’en finit pas, chaque coup de palme semble durer une éternité : Rester calme, maîtriser sa ventilation !. Vingt fois, je vérifie mes instruments : rien n’y fait, mon inquiétude ne désemplie pas. Je n’entends plus que les batte-ments de mon cœurs. Je m’en veux d’avoir entraîné mon partenaire dans cette galère. Je mesure toute la fragilité de notre condition de simple mammifère terrien, la désuétude de notre équipement pourtant adapté, je redécouvre l’humilité. En relevant les yeux pour la énième fois, j’entrevois enfin la sortie : le soulagement est intense, je me sens délivré, c’est la fin du cauchemar. Arrivés en surface, je prends deux grandes inspirations pour évacuer les dernières tensions, puis j’interroge négligemment mon partenaire afin d’avoir son sentiment sur l’expédition. Mon équipier est ravi de la plongée, il a particulièrement apprécié le nouveau parcours. Il n’a rien perçu de mon calvaire. C’est alors qu’il m’interroge : « mais pourquoi as-tu autant foncé sur le retour ? » Je pris un air surpris...». Le danger peut naître même dans les lieux les mieux connus, les moins risqués. La faible visibilité peut changer la donne et le stress de se sentir responsable fait le reste. Cela explique pourquoi, lorsque l’équipement le permet, les plon-geurs «souts» préfèrent parfois plonger en solitaire !

Paradoxalement, les galeries ne sont pas que des lieux de stress mais bien au contraire, des espaces recherchés par certains d’entre nous : «un ter-rain d’aventures, un No Man’s Land de calme, de paix et de sérénité, loin de la société et de sa véhémence. J’aime cette aventure intérieure au double sens du terme. Retrouver une forme de solitude, devenir ermite l’espace de quelques minutes, faire le vide pour mieux se ressourcer. Et puis, même si la galerie est bien connue, il y a le sentiment d’être le premier à fouler de ses palmes un nouveau monde pour y découvrir une salle lointaine et admirer en privilégier, des stalactites rougeoyantes».

1 Cf. le chapitre sur les gouffres, dans les entrailles des causses.

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ENTRE LOT ET TRUYERE

Nous sommes au nord de l’Aveyron, sur la terre des eaux montagnardes. Descendant de l’Aubrac ou louvoyant à ses pieds, les torrents capricieux Lot et Truyère grondent parfois en mauvaise saison. De quoi penser à tirer partie de cette force. Les barrages de Castelnau et de Golinhac sur le Lot, les retenues d’eau de Sarrans, La Barthe, Couesque et Cambeyrac sur la Truyère, furent durant le XXe siècle, les fruits des grands travaux d’aména-gements hydroélectriques sans toutefois maîtriser totalement leurs crues.

Les modifications du «relief» de leurs débits respectifs, dû à ces grands tra-vaux, entraînèrent de nouvelles activités humaines autour de leurs bassins: canoë, canyoning et hydrospeed lorsque les lâchers d’eau le permettent et sur les rives des plans d’eau, la pêche bien entendu. Le lac de Castelnau, par exemple, est reconnu internationalement pour sa forte valeur piscicole. Des carpistes chevronnés viennent des quatre coins d’Europe s’y mesurer lors de compétitions de pêche.

Une nouvelle espèce donne encore plus d’attrait à ces lieux. Bien acclimaté, le silure s’est créé une place parmi la faune existante. Sa tête venue du fond des âges, sa taille plus que respectable en font une prise recherchée. Sous la ligne de flottaison, le monde dans lequel il évolue semble lui aller comme un gant...

En apesanteur sous les eaux calmes du Lot ou de la Truyère, un monde d’aventures au parfum de mystère.

Un monde paisible, aux eaux relativement profondes, grâce au gabarit naturel du Lot, mais aussi aux retenues d’eau sur la Truyère et aux lacs artifi-ciels... La plongée commence, pour un monde en apesanteur.

«Après le stress du début, c’est l’émerveillement qui récompense notre obstination. Une plongée de rêve s’offre à nous. Nous ne savons plus où tourner la tête tant il y a d’éléments à observer. Tous les poissons sont au rendez-vous. Pour commencer, notre ami Bébert nous accueille sur son tombant. Ce silure, gardien de ces lieux, est toujours à sa place. Posé au bord de la paroi, notre concierge laisse ses moustaches dépasser comme une langouste dans sa cavité. Facilement repérable lorsque nous le croisons en pleine eau au milieu du tombant, il nous assure la visite. Quelques-uns de ses congénères ont préféré s’assoupir dans un confortable duvet de racines entremêlées. Les situations et les espèces aussi diverses que variées s’enchaînent idéalement les unes aux autres. Dans ces conditions, on aimerait que le temps soit infini.»

Des poissons «volant» entre deux eaux. Volant, oui, comme dans un ciel.«Un arc en ciel passe devant nous. Une perche soleil vient mettre en valeur sa magnifique robe étoilée de couleurs vives. Impossible de rater une si jolie scène !»

Ce ne sont pas les seuls à voler: les arbres aussi font de même. Ils planent au-dessus de nos têtes.«Le courant de la rivière emporte les arbres arrachés. Des centaines de troncs dérivent au fil de l’eau et s’entassent en aval de chaque retenue. Ces bois ballottés par les flots blanchissent avec le temps et s’imbriquent étroitement en un radeau immense. Vu de la surface, leur enchevêtrement inquiète et éloigne le visiteur. Comment deviner que ces barrages flottants constituent un refuge idéal pour de nombreuses espèces ? A l’abri du regard des prédateurs terrestres, de nombreux poissons s’y regroupent en bancs. Les carnassiers y trouvent également leur compte.Il n’est pas rare alors que sous un grand soleil, on puisse voir des silures voler, semblables à de grands oiseaux. Leurs silhouettes se confondent avec celles des bois flottant en surface. En louvoyant entre les troncs, les silures se fondent dans ce décor. Leurs corps longilignes tout de noir vêtus, ressemblent à des troncs d’arbres qui brusquement s’éveillent. C’est alors qu’on distingue en ombre chinoise, leurs ventres marbrés et leurs énormes antennes. Les silures immobiles profitent de ce poste comme d’un obser-vatoire pour surveiller le fond. Sous les rives du Lot, c’est dans les bois flottés qu’on se met aux aguets. Quand on ose plonger sous ce monde flottant pour en lever le voile, on est bluffé par le spectacle. Les rayons de soleil qui parviennent à percer ce rideau noir, irradient les eaux claires comme autant d’arcs en ciel. Éblouis par l’instant, nos yeux s’adaptent vite à ce décor changeant. Le plafond de bois sombre écrase l’horizon et les branches plongeantes sont un vrai dédale : il faut s’habituer et s’y sentir à l’aise : Bienvenue dans la « cabane du plongeur » !

Se glisser, se faufiler entre les branches pour se fondre dans le décor est un réel plaisir. En évoluant sous ce tapis végétal, il nous arrive de distinguer des ombres venues du fond du lac. Ce sont nos « arbres à silures » qui vient pointer leurs branches vers un ciel aujourd’hui disparu. Tels les ruminants, familiers de nos campagnes, ces gros poissons chat aiment venir réguliè-rement s’y frotter le dos.En s’éloignant des rives, le fond s’estompe vite avec la profondeur. En perdant notre repère visuel « naturel », la balade en sous-bois peut déso-rienter le meilleur des pisteurs. Retrouver son chemin en perçant la sur-face, c’est pousser quelques troncs pour se frayer un passage. Certains sont de grosse taille et pèsent plusieurs tonnes. Paradoxalement, ce grand radeau flottant se bouge sans effort... Ce qui est extraordinaire alors, c’est que ses habitants, sans même se stresser, suivent le radeau. Peu importe le vent et la destination, tous suivent le mouvement. On ne change pas un décor qui vous va !»

La vie va parfois d’une onde tranquille. Si bien que les forêts viennent par-fois s’y baigner.«Lorsque le niveau du lac est très haut, la forêt devient aquatique. Les berges sont submergées et les arbres étendent leurs feuillages jusque dans l’eau. Un sentier herbeux, en pente douce, nous conduit jusqu’au bord. Nous nous immergeons avec précautions. Le chemin continue sous l’eau, couvert « d’une prairie aquatique ». Nous quittons le muret de pierre qui le borde pour prendre un peu de profondeur. Digne d’une mer tropicale, le vert émeraude de l’eau nous fascine, contrastant avec le substrat ocre jaune qui recouvre le fond.»

La chlorophylle, peut-être, qui vient faire ses ablutions. Et les silures s’installent dans les nids, histoire de prendre l’air.«Tout près de la surface, juchés comme de grands ducs dans les chê-nes en feuilles, les silures semblent assoupis. Parfois même, ils baillent aux corneilles! Dame nature n’aime pas le vide, faute de volatiles dans les branches, elle offre ses perchoirs immergés aux hôtes du lac et ceux-ci, pour notre grand bonheur, ne s’en privent pas. Ne les dérangeons pas, c’est l’heure de la sieste. Laissons les profiter de la douce tiédeur des rayons du soleil à travers l’eau lumineuse et transparente de cet après midi d’été. Regardant vers la surface, nous découvrons un spectacle magique : la séparation des milieux air et eau n’est plus perceptible. Les arbres sont visibles depuis leurs racines et leurs troncs immergés jusqu’aux plus hautes branches qui se perdent dans le bleu de l’azur.»

Mais au crépuscule aussi, la magie opère. En automne, «la température de l’eau peut avoisiner les 23 à 24°C. L’eau de la rivière réchauffée en amont de la retenue, crée une quasi uniformité de température quelle que soit la profondeur». À la tombée de la nuit, la vie change de cavaliers. Elle s’active pour illuminer une nouvelle plongée: «C’est une plongée trois étoiles que nous entamons: débutée en fin de journée et terminée de nuit. Dés l’immersion,

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nous ne sommes pas surpris de croiser un banc d’une dizaine de belles carpes, toujours très actives en fin d’après-midi. Dérangées dans leur quê-te de nourriture, elles détalent rapidement dans tous les sens comme des fusées. Certaines nous frôlent à vive allure. Spectacle si impressionnant que l’on se retrouve l’espace d’un instant comme saisi, sans oser bouger, de peur d’entrer en collision avec l’une d’elles.»

Après Microcosmos, Aquacosmos.«L’obscurité ouvre le bal. Profitant de leur vue perçante, les sandres en-trent en action les premiers; nous en croisons des jeunes qui chassent en groupe. Gare aux gardons mal cachés qui, par mégarde, s’aventurent dans ces eaux de plus en plus obscures.»

Les prédateurs sont en chasse et la plongée finie, nous regagnons la rive. «Cette plongée mouvementée nous a ouvert l’appétit. C’est alors le mo-ment de mettre à griller au dessus des braises les châtaignes récoltées l’après midi. Le temps de se sécher et se changer, elles seront cuites à point. Les bonnes odeurs appellent au rassemblement général. Nous pou-vons à présent déboucher le cidre. La fraîcheur de la nuit nous pousse à nous rapprocher du feu de bois. En pelant les « castagnes », nous nous régalons à « refaire la plongée » et revivre les moments forts.»

Dans les retenues d’eau de la Truyère, le décor change, l’eau est plus trouble. «Au printemps, l’eau se réchauffe progressivement. Le développement du phytoplancton donne une couleur verdâtre inhospitalière à la surface de l’eau... J’allume mon phare pour ne pas perdre mon partenaire. Comme dans le brouillard, les rayons lumineux réfléchissent sur les particules en suspension. S’il n’y avait pas devant moi, le battement de palmes de mon coéquipier pour me guider, je me sentirais bien seul. En cette période de l’année, ces conditions sont normales et habituelles. Cette énorme quantité de nourriture en suspension est une des clés de la richesse de ces eaux. La visibilité, de plus en plus faible, nous oblige à avancer au toucher, à tâtons sur le fond, à la recherche d’une profondeur plus importante dans l’espoir de rencontrer des conditions plus favorables. La lumière du phare n’est même plus perceptible dans cette « purée de pois ». De temps en temps, je ferme les yeux pour me concentrer sur l’inclinaison de la pente. Soudain, je pose la main sur quelque chose de gluant qui détalle instantanément. Effrayé, je la retire immédiatement puis je contrôle mon imagination pour éviter de paniquer. Il s’agissait probablement d’un petit silure tout aussi surpris que moi. Une fois calmé, en prenant soin de poser

mes mains ailleurs, je reprends mon évolution : cinq mètres, dix mètres, je compense régulièrement la pression de l’eau sur mes tympans. Soudain, le nuage se dissipe et tout l’environnement réapparaît, magnifique, pres-que inattendu. Je sais enfin où je me trouve! Le fond est noyé d’une belle couleur jaune dans le faisceau du phare et la visibilité devient excellente : plus de quinze mètres de profondeur de champ. Quelle limpidité ! Nous poursuivons notre descente le long d’un petit surplomb. Dans l’enthousiasme, je n’ai pas vu le fond se rapprocher. Je n’ai que peu de temps pour gonfler mon gilet et ralentir la chute. Trop tard ! Cherchant un ultime appui, je tends le bras pour amortir l’atterris-sage mais celui ci s’enfonce dans la vase jusqu’au coude. Chargé de sédiments, le terrain semble couvert de ouate. A peine effleure-t-on le fond qu’une gerbe de fines poussières brouille la vision. Mon arrivée un peu brusque a soulevé un énorme nuage sombre. Je ne vois plus rien, tout est noir et opaque. Qui a éteint la lumière ? En gonflant mon gilet, je ressors comme par magie de cette vase en suspension pour retrouver mon ami qui m’attendait patiemment. Rapide-ment, l’air de rien, je nettoie ma combinaison. Mon partenaire en profite pour esquisser un petit sourire moqueur qui traduit bien sa pensée.»

En apesanteur, il convient aussi de maîtriser ses mouvements. D’autant que dans ce monde apparemment paisible, tout peut encore s’écrouler. Dans les vallées encaissées de la Truyère, la plongée peut se révéler dignes d’une escalade.«Les rives extrêmement pentues de la vallée de la Truyère rendent la mise à l’eau très sportive. L’immersion dans l’eau froide et sombre est assez bru-tale. Seul le lac de Sarrans permet d’évoluer au cœur d’anciennes forêts qui parfois émergent encore. Ici, les saisons et les années n’ont que peu d’emprise sur cet univers englouti. Notre progression s’arrête net sur un des nombreux tombants surplombant l’ancienne vallée. La muraille s’enfonce verticalement à plus de quatre vingt dix mètres de profondeur. Parfois, le vertige nous prend, tant la pa-roi est abrupte. Un jour, notre coéquipier photographe en recherche de stabilité, s’accrocha à la roche tel un alpiniste. Dès le premier contact, un énorme bloc rocheux se déroba sous sa main, créant une importante avalanche mêlée de terre, de pierres et de vase. Outre le bruit sourd des rochers qui s’entrechoquent, l’eau s’est immédiatement troublée formant jusqu’à la surface, un immense panache opaque. La peur de se faire en-traîner vers le fond, nous traversa rapidement l’esprit. Contraints à terminer la plongée en solitaire, aveuglés et perdus dans l’obscurité et les particules, la remontée nous parût interminable.»

Ailleurs, bienvenue dans un village fantôme.

«C’est au bout d’un petit chemin de terre qui menait autrefois à un ha-meau, à l’adret d’une vallée boisée, que nos palmes nous transportent ce matin. Nous partons de la berge en suivant la pente d’abord douce, puis en forme de terrasses. Elle nous guide vers le plateau où gisent d’ancien-nes murailles de maisons aujourd’hui englouties. En suivant un mur effon-dré, nous pénétrons tranquillement dans une de ces anciennes battisses. Soucieux de ne rien déranger, nous avançons tout en douceur. Quelques pierres de taille posées dans la salle à manger : c’était la cheminée. On entendrait presque le feu crépiter ! A ces profondeurs, cela nous réchauf-ferait bien ! Le muret de la grange résiste vaillamment. Plus loin, une toi-ture effondrée laisse apparaître la vieille charpente en chêne. Les lauzes éparpillées jonchent désormais le sol. La volaille ne court plus, la vie s’est arrêtée... A chaque coup de palme, on revit un peu au présent ce qu’était la vallée, soixante ans plus tôt. La visite de ces ruines n’a rien d’une simple visite touristique. C’est une porte d’entrée dans le passé qui touche direc-tement notre sensibilité archéologue. Sous les eaux des retenues, ces ruines qui sommeillent, nous dévoilent petit à petit, au gré des visites, tous leurs secrets. Chaque exploration nous rap-proche un peu plus de ce passé perdu. La descente est une sorte de sas entre ces deux mondes. Elle conditionne l’esprit et affine les sens comme pour nous préparer à recevoir en don, ces parfums du passé.»

Quand ce n’est pas un fantôme tout court. «Je sais maintenant que je n’ai pas rêvé. La silhouette blanche, mon par-tenaire l’a vu aussi. C’est inquiétant d’être incapable de classer la «chose». C’est blanchâtre, assez grand et plutôt rapide. Depuis plusieurs années que nous parcourons ce lac, je n’ai jamais rien croisé de tel. J’ai beau me creuser la mémoire mais je ne vois vraiment pas de quoi il peut s’agir. Ce soir là, cette ombre mystérieuse nous parût irréelle. Sa blancheur contras-tait avec l’obscurité, ses apparitions fugaces, tout juste devinées dans le coin du regard entretenaient le doute. Cette messagère blanche nous donnait le vertige. Sirène séductrice, charmeuse ou ensorceleuse, qui était elle ? Il nous arrive de plaisanter parfois sur l’âme du lac. Mais à ce moment-là, c’est le doute qui a pris le pas sur l’humour. Pendant quelques instants, j’ai bien cru la croiser! Soudain, le voile se leva. Venant de nulle part, la dame apparut, blanche immaculée, dans le faisceau des phares. Pour la première fois, je croisais le regard rougeâtre d’un silure albinos. Rarissime rencontre.»

ENTRE LOT ET TRUYERE

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LES ENTRAILLES dU cAUSSE

Gouffre, ce terme fait froid dans le dos et véhicule encore dans l’imaginai-re populaire, l’angoisse de l’inconnu, les frontières de la vie et du territoire des hommes, la mort, voire le repaire du malin : assurément des endroits peu fréquentables pour le commun des mortels.

Ainsi le gouffre de Lantouy dans le lot, cache de lourds secrets teintés de messes noires et de malédictions. On raconte qu’au fin fond du Moyen Age, en l’an 1211, Tiennet, le petit enfant de Jeannette la lavandière, fut victime d’un rituel satanique dans un couvent. De fureur, la mère invoqua Dieu et maudit les coupables. La colère divine s’abattue sur le couvent et précipita à jamais les cloches de l’édifice dans les eaux du gouffre. Pour les anciens du pays, le glas n’aurait jamais cessé de sonner et des tintements insolites résonnent encore les nuits d’été, autour de la Saint-Jean. A Saint-Sauveur, toujours dans le Lot, à deux pas des falaises de Rocamadour, ce sont des nymphes dénudées et démoniaques qui attirent le promeneur pour s’en emparer.

Chaque gouffre véhicule son flot de légendes et de tragédies. Toutes ces folles rumeurs qui balayaient les eaux glacées des gouffres de nos cam-pagnes ne se résument pas à de simples « illusions aquatiques ». Certes, l’imagination fertile des conteurs locaux et le mysticisme ambiant qui régnait jadis ont contribué grandement à la diffusion et la préservation de ces légendes effrayantes. Mais au-delà des ruines éparses enserrées de broussailles revêches qui témoignent des réalités de jadis, il transparaît parfois au détour des récits, des mises en scène évidentes pour éloigner les rôdeurs des moulins gorgés de grains. Elles redonnent dès lors une force historique aux superstitions d’antan.

Expédition dans les entrailles du causse...

Mais que l’on ne s’y trompe pas, si ces récits font sourire notre monde sans légendes dévoué au rationalisme, ils trouvent toujours écho dans notre inconscient collectif : «Ma première plongée en galerie est un souvenir tenace : la vasque d’un vert intense avait la forme d’un entonnoir. Au fond, l’étroiture donnant sur la galerie était obscure. Après quelques mètres dans celle-ci, je me suis retourné comme pour voir une dernière fois le jour avant de m’enfoncer plus avant. L’ouverture en contre jour me paru une gueule béante armée de dents gigantesques et laissait transparaître les rayons du soleil dans un vert fluorescent : j’étais dedans … dans la gueule d’un monstre… ». «Il faut des mois pour appréhender la technicité et l’expérience de ces milieux atypiques, pour s’y risquer sans appréhension et se débarrasser de ses vieux démons. A l’instar des artisans compagnons, c’est au contact et sous la tutelle des anciens que l’on apprend, plongée après plongée à démystifier les gouffres, à les aimer pour mieux en profiter.»

Démystifier, oui, mais pas désacraliser :«Gourneyras, c’est le nom d’une résurgence exceptionnelle dont la vasque est perdue, en amont d’une vallée étroite qui serpente sur le causse du Larzac. Pour moi, cette rivière souterraine translucide est une cathédrale dédiée au bleu dans toutes ses nuances. Pour la visiter, il faut la mériter : le dénivelé est énorme pour atteindre la vasque et le portage du matériel, un calvaire. La préparation de la plongée doit être minutieuse car l’édifice naturel est gigantesque et profond : plus de 50 mètres en immersion, une hauteur de plafond hors de porter des phares. Ici, pas besoin de ramper pour avancer, l’eau y est limpide et la progression facile, presque trop facile. On imagine mal sur le plateau aride, là-haut, cet océan souterrain.»

A mi-chemin entre l’eau et la pierre, entre le ciel et les ténèbres.« Si la descente dans le bleu est intense, le retour vers le soleil est toujours un grand moment de plaisir, presque d’euphorie. A Gourneyras, un point bleu luminescent s’impose de très loin pour guider le retour comme un second fil d’Ariane. Là-haut, figer au sommet de la galerie, l’entrée de la vasque n’est qu’une petite étoile bleue qui progressivement grossit à chaque coup de palme. Ce retour vers les cieux est toujours singulier: on se croit tout proche, on languit d’arriver, de toucher la lumière alors qu’on est très loin. Pendant tout le chemin, les soucis s’évaporent, les idées vagabondes. Lorsque enfin on pénètre dans le halo bleuté, c’est une renaissance et sans vraiment savoir pourquoi on est content, on jouit de l’instant, du soleil retrouvé. Contrastant avec l’immensité noyée, la vasque paraît alors sous dimensionnée, presque petite : il va falloir s’en contenter et patienter, c’est le temps des paliers.»

Parfois, le retour peut être plus rapide «Lors d’une exploration en galerie, nous démarrons la plongée alors qu’une forte pluie s’abattait en surface, en amont du réseau. A l’aller, tout se déroule normalement. Mais progres-sivement, nous sentons que nous avançons de moins en mois vite. Pour maintenir la cadence il nous faut effectuer un palmage de plus en plus énergique. Naturellement, notre consommation d’air augmente plus vite que prévue. Impossible de continuer, le risque d’essoufflement serait trop important. L’eau se trouble progressivement et le courant forcit de minutes en minutes. Il n’y a plus aucun doute possible, nous devons faire demi tour avant que les conditions ne deviennent trop critiques. Portés par l’eau, le retour s’effectue très rapidement. Il aura fallu 4 fois moins de temps pour revenir au point de départ. Emergeant de la vasque, notre surprise est totale : le niveau de l’eau est monté de plus d’1m depuis notre départ. Comme en mer, il faut suivre la météo et connaître la réactivité de la cavité aux précipitations.»

Les résurgences ne font pas naître que rivières et ruisseaux. Dans chaque vasque, il y a souvent de la vie, beaucoup de vie ! Comme si la faune aquatique se lovait contre la terre. Eté comme hiver, la température de l’eau sous terre est quasiment constante quelle que soit la saison. Géné-ralement elle varie de 8 à 13° C. Ce sont ces conditions qui en hiver, ex-pliquent les brumes matinales baignant les points d’eaux, les rendant plus mystérieuses encore. Ce sont ces mêmes conditions qui attirent les pois-sons. Remontant les cours d’eaux, ils trouvent refuge dans les premiers mè-tres des galeries, se répartissant les territoires par espèce. Les petits poissons évoluent en bans alors que les plus gros colonisent les strates rocheuses. Seules les anguilles font bande à part en investissant les zones plus recu-lées. Ces aquariums naturels sont une aubaine pour les plongeurs « des champs » qui s’offrent ainsi un spectacle de vie dans le vert de la vasque.

Plus loin, beaucoup plus loin, là où la seule lumière n’émane que des pha-res, de ci de là, la vie, une autre forme de vie colonise les fonds. «Sans lumière, des organismes dépigmentés et aveugles vivent dans l’obscurité la plus total». Discret, ils ne font pas le spectacle laissant ce soin aux plon-geurs spéléo qui arpentent les boyaux, projecteurs allumés. Dehors, sur les parkings en bordure de route, c’est l’Europe qui stationne : allemand, polo-nais, anglais ou Français se partagent les galeries, solidaires et fraternels. « Il n’est pas rare alors de se croiser dans un même boyau. Sortant brusque-ment du noir, les phares, semblables à des lucioles deviennent des lasers balayant les parois le temps de la rencontre. Puis comme dans Abyss, tout s’estompe aussi vite dans l’obscurité ! j’ai peut être rêvé ?. »

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LAcS dU LEVEZOU

Le Lévézou, véritable château d’eau du centre de l’Aveyron, est traversé par cinq principales rivières : l’Alrance, le Céor, Le Bage, Le Viaur, le Vioulou. L’importance de leurs bassins versants 1 rendait ces rivières imprévisibles, dangereuses et destructrices : de nombreuses crues affectèrent cette région durant des siècles; les drainages et les réservoirs d’eau installés par l’homme n’ont pas totalement éliminé ce fléau.

Après la seconde guerre mondiale, EDF a construit plusieurs barrages sur le Lévézou, de Villefranche de Panat jusqu’à Pont de Salars. Le plus important a été réalisé sur la rivière du Vioulou, commune de Canet de Salars. Il a été mis en eau en 1951, année de son achèvement. Ce qui n’était que marécages et prairies devint un réservoir d’eau de 170 millions de m3 pour une étendue d’eau de 1260 hectares. Ce lac du Lévezou, cinquième plan d’eau de France, était né. Mais c’était bien plus qu’une «unité de produc-tion d’énergie» qui venait de voir le jour. D’abord ce fut une petite Atlantide qui se retrouva sous les eaux: prairies, champs, habitations et constructions humaines se retrouvèrent comme la cité mythique engloutie sous les eaux du lac. Perches, sandres, brochets ou écrevisses paissaient désormais dans les prés subaquatiques, les sous-bois s’étaient métamorphosés en herbiers. Un autre monde venait de se constituer. Les hommes, eux, s’adaptèrent au nouveau territoire, développèrent le tourisme de loisirs, abandonnèrent la charrue pour les voiliers et les canots. Et y plongèrent parfois avec l’envie de découvrir ce que ces vieilles et rudes terres agricoles étaient devenues.

«S’enfoncer dans les eaux au petit matin, lorsque les premiers rayons du jour font scintiller les flots, est un vrai plaisir. Cachés dans les méandres du lac, les herbiers ont envahis les bras morts du plan d’eau. La végétation, roseaux et arbustes rendent les berges incertaines et insondables. Lorsque le niveau du lac monte, ses bras se prolongent en inondant prairies et sous bois. Ces territoires immergés à l’abri des vents et courants dominants peuvent s’étendre sur plusieurs centaines de mètres. Difficiles d’accès pour le marcheur, impraticables avec une embarcation, ces territoires lacustres où la nature règne en maître, sont un vrai jardin secret. Pendant plusieurs semaines, jour après jour, on peut les arpenter, palmes aux pieds et tuba en bouche sans jamais les connaître vraiment. Pour les pénétrer, il faut agir sans heurs, tout en douceur. Arrivant en barque, c’est une muraille verte qui bloque le passage. Sous l’eau, c’est un mur sombre où s’entrelacent

Le monde enfoui...

racines et feuillages. Perçue comme hostile et dangereuse par le néo-phyte, cette zone de mangrove stimule notre imaginaire et laisse planer dans notre inconscient, un sentiment irrationnel d’insécurité, peuplé de sables mouvants, de serpents et de prédateurs en tout genre. Pire, ces territoires peuvent paraître inutiles. Face à ce chaos végétal, désordonné et insalubre, il est alors tentant pour nos esprits cartésiens, d’y mettre bon ordre en aménageant les berges dans un souci de netteté et de commo-dité. Quelle erreur ! Ces eaux sont les plus riches du lac. Comme toutes mangroves, elles constituent une zone de refuge et de reproduction pour toutes les espèces. Elles écartent les intrus et offrent une protection natu-relle face aux éléments. Les végétaux, fixateurs des nutriments minéraux et grands pourvoyeurs d’oxygène, filtrent et régénèrent les eaux. Ils servent d’aliments à la faune aquatique, mais aussi de cache et de support de ponte. Ces herbiers constituent des oasis de vie où cohabitent le poisson fourrage et les carnassiers.» Ici, les princes des eaux douces se disputent le lac. Certains sont débonnaires, d’autres moins !«Ce matin là, « l’île aux serpents », émerge tout juste du brouillard et le so-leil peine à paraître. Si chaque heure de la journée impose sa dominante de couleur, de mystère et de beauté, c’est le pastel qui imprègne le lac, au lever du jour. Alors que je m’équipe, je repense à ce brochet qui a élu domicile dans les branchages d’un arbuste, à l’ombre de la grosse pierre plate. Plusieurs fois cette semaine, j’ai croisé son regard et à chaque pas-sage il s’est écarté dignement sans crainte ni panique. C’est en partenai-res respectueux que nous nous sommes observés. Je sais qu’il ne fuit pas et je décide aujourd’hui de le prendre en photo. Il est de belle taille, sa robe est magnifique. C’est un vrai seigneur plein de noblesse et d’élégance. Je prends mon appareil et m’immerge doucement sans même un cla-potis. Tous les gestes sont comptés et mesurés. Je ne veux pas réveiller à grand bruit, ce monde qui sommeille. Je suis là en observateur, espérant qu’on m’accepte. Tous les mouvements doivent être fluides et strictement nécessaires, ce qui n’est pas aisé avec un appareil photo équipé de deux flashs. Je glisse la tête entre les racines pour trouver un passage dans la muraille verte. Tout est sombre, mais très vite, mes yeux s’habituent à la pénombre. Il n’y a même pas un mètre d’eau et c’est avec les mains que je me propulse en tirant sur les branches. Il faut éviter de palmer pour ne pas remuer les feuilles déposées sur le fond. Après quelques minutes de progression, je touche enfin au but et mon ami est là, prêt pour la photo. Il a sa pose habituelle, tapi dans les roseaux. Il ne chasse pas et les alevins ne s’y trompent pas: ils vaquent à leurs occupations sans prêter attention au voisin prédateur. Commence alors un lent travail d’approche et de réglages pour saisir un regard, un reflet, une profondeur de champ…Lentement, le soleil s’est imposé sur les brumes du matin. Bientôt, c’est la grande clarté qui envahit les eaux du lac. La luminosité est idéale. Mon brochet semble l’avoir compris, il s’approche enfin et passe devant moi pour une première pose.

Je m’applique à figer l’instant quand soudain une ombre fugace et im-posante traverse le champ de l’objectif. Sa masse est supérieure à celle du brochet. En dépit de mon calme et de ma concentration, je ne peux réprimer un sursaut en arrière. Devant moi, une carpe massive et déci-dée, pose et s’impose face à l’objectif, les nageoires ventrales déployées. Loin de s’esquiver, elle occupe l’espace reléguant le brochet au rang de figurant, puis en un éclair disparaît à nouveau. Ce n’est pas la pre-mière fois que je croise des carpes dans ces eaux poissonneuses, mais leur comportement m’interpelle encore. Voulait-elle poser? Venait-elle en éclaireur évaluer l’intrus et attirer mon regard pour protéger le groupe? Peut-être simplement, voulait-elle me signifier leur domination dans ces eaux. C’est en tout cas l’image qu’il m’en reste, car peu de temps après, tout un groupe de carpes tournait à mes côtés. Quant au brochet, il s’était fait discret.»

L’homme, l’intrus, toujours évalué par les habitants du lac : Les uns chas-sent les autres et font corps face à l’importun, sauf si ce dernier se révèle diplomate, même malgré lui. «Une perche mécontente de mon arrivée, nageoire dorsale déployée, repousse plusieurs fois mes avances en tapant du museau, la main qui se tendait. Conscient de la gêner, je tente alors de m’effacer en reculant. Prenant appuis sur une pierre, je la déplace par mégarde et déloge ainsi une grémille cachée. Le petit poisson démasqué est aussitôt gobé par la perche. Ce plateau repas inattendu est bien inter-prété car en quelques minutes, venant de nulle part, tout un groupe de perches tourne à mes côtés. Durant toute la plongée, elles ne me quittent plus. Finalement, même sous l’eau, tout se négocie...»

En palmes et combinaisons, l’homme, finalement, peut être bien utile à la faune aquatique : visiteur, nourricier, voire protecteur. «Le menu fretin, constitué de petites perches et gardons, se déplace toujours ensemble pour se protéger mutuellement. Il évolue toujours aux abords ou dans les herbiers, là où la végétation offre naturellement des refuges face aux prédateurs. Ces petits poissons blancs constituent pourtant des proies faciles qui alimentent au quotidien leurs congénères adultes, les brochets ou les sandres. Surnommés «poissons fourrage», leur comportement évoque pour moi celui des moutons, sans malice ni stratégie. Pourtant ce jour là, ils m’ont étonné. Lorsque ma coéquipière s’est approchée du banc, c’est l’ensemble de la colonie qui s’est regroupé autour d’elle au lieu de fuir comme à l’accoutumée. Sans la moindre hésitation, des centaines de petits poissons se sont massées à ses côtés, accompagnant au plus près chacun des ses mouvements. Cette dévotion subite et inhabituelle nous a laissé perplexe. Troublée par ce comportement puis flattée, mon amie pensa peut-être qu’il s’agissait d’amour. Pour ma part, j’étais hilare de la voir évoluer en pareille compagnie et de lire dans ses yeux un certain étonnement. En fait, l’apparition d’un énorme brochet leva toute incerti-tude quant au comportement de ses nouveaux fans. A l’instar du rémora qui se colle au requin, ces petits alevins avaient trouvé asile à nos côtés.»

1 surfaces d’écoulement des eaux de pluie jusqu’aux rivières

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Une sorte de rencontre du troisième type qui n’est pas donnée à tout le monde.«Plusieurs fois, j’ai assisté à des rencontres surprenantes où le plongeur tenant une carpe ou un sandre entre ses bras, le caresse doucement sous le ventre et le ramène progressivement à lui. Pour l’avoir si souvent observé, je suis persuadé que ces animaux ne sont guère différents de nos animaux de compagnie. Comme eux, ils sont intelligents et intuitifs. Ils savent lire en nous le respect qu’on leur porte et perçoivent le danger ou l’opportunité à nous côtoyer. Sous l’eau, nous avons nos coins favoris, ceux que nous affectionnons particulièrement pour la luminosité, l’ambiance ou pour les souvenirs qu’ils portent en eux. Au printemps 2006, je me sou-viens m’être lié d’amitié avec un petit brocheton né à la fin de l’hiver. Il était très vorace et j’ai passé de longues minutes à l’observer chasser. La tête vers le haut, il restait immobile mais son regard perçant en disait long sur son appétit et sa détermination. Il était évident que sa survie dépendait de sa taille. Il lui fallait grandir vite, très vite. Face à ses congénères, seule une taille dissuasive pouvait lui conférer ce minimum vital d’impunité. A chaque entrevue, je misais sur ses chances et espérais pour lui. C’était mon rendez-vous matinal. A chaque fois je poussais plus encore le contact et l’approche. Quelle fierté lorsque je l’ai présenté à mon petit neveu et quel moment magique lorsque j’ai vu leurs regards se croiser. Dans les yeux de l’enfant, il n’y avait plus de lac, plus d’eau, plus de tonton, juste l’envie de jouer. L’enfant avait remarqué qu’en écartant les feuillages, il mettait à nu une nursery d’alevins. Le brocheton en profitait alors pour simuler une attaque puis revenait à son poste dès que son compère relâchait la branche. Cette réplique inattendue du jeune brochet amusait l’enfant, ceci devint très vite un jeu entre les deux complices. Je revois encore ce tandem incongru évoluant à proximité de la surface. Lorsqu’une semaine après, je suis retourné voir mon petit brochet, la place était déserte. J’y repense encore.»

Un brochet joueur, une carpe cabotine, de la friture empressée... Il ne faut pas croire pourtant que ses messieurs-dames à écailles accueillent toujours l’homme à bras ouverts. Avec ou sans figure de style, certains n’apprécient pas sa présence, surtout si celui-ci ne fait pas preuve de mesure. «Un de nos amis plongeurs ignorait tout des lacs et de ses habitants. Il avait vis à vis des poissons de nos campagnes, la vision idyllique de l’écologiste rêveur. Ainsi, lorsqu’il croisa un sandre de belle taille, il tendit naturelle-ment la main dans l’espoir de caresser l’animal. Taillé pour la chasse, le sandre est un guerrier accompli. Celui-ci mesurait au moins quatre vingt centimètres et devait peser plus de quatre kilogrammes. Émerveillé, il le vit par trois fois venir lui toucher les doigts du bout du museau. Soucieux de ne pas le blesser, il avait posé ses gants pour ne pas arracher l’épiderme fragile du poisson. Dans une ronde sans fin, le sandre passait et repassait devant lui. A chaque contact, il ressentait du bout des doigts, la force et la détermination de l’animal. Laissant courir sa main sur les flancs, il pouvait percevoir la fermeté et la vivacité du poisson. Ces sensations fugaces sont uniques et magiques. On a le sentiment merveilleux de vivre intensément. Ignorant que le sandre protégeait ses œufs, il ne voyait pas la frayère qui était sous son nez. Le sandre manifestait sa nervosité en redressant sa na-

geoire dorsale, mais en vain ; béat d’admiration, notre ami restait sourd à cet avertissement. Bien au contraire, il agitait sous les yeux du poisson, ses doigts blanchis par le froid comme pour mieux l’attirer. Et soudain, ce furent les dents acérées d’une flèche d’acier qui mordit dans sa chair. Arrachant vivement sa main meurtrie, notre ami déconfit réalisa bien vite qu’un prédateur n’est pas destiné aux câlins. Que l’on soit gros ou petit, lorsqu’on protège sa couvée, l’instinct est le même. L’idéaliste était devenu pragmatique. Cette mésaventure revient souvent comme un vieux refrain en fin de repas.»

Le sandre, prédateur redoutable, est aussi le plus dévoué et le plus intrai-table des pères. «Ventilées en permanence par les adultes afin d’écarter les alluvions, les frayères occupent les mâles à plein temps. Cette période de l’année leur est particulièrement difficile. Restant plusieurs semaines sans s’alimenter au point d’en périr d’épuisement, le sandre passe sa journée à repousser les intrus et à oxygéner les oeufs. Gare à l’écrevisse qui s’aventure trop prés ! Défenseur obstiné contre toute menace potentielle, il devient alors une proie facile. Le moindre appât proche de sa frayère, déclenche im-manquablement son attaque à ses dépends. Dans les gorges de l’Hérault, nous avons recensé plus d’une vingtaine de frayères sur un site à peine plus grand qu’un terrain de basket. Cette vulnérabilité explique à elle seule la pertinence des règlements de pêche qui protègent la reproduction de ces animaux. En sachant que d’une année sur l’autre, les frayères sont toujours situées au même endroit, on imagine aisément les risques pour l’espèce. Heureusement, le sandre ne se jette pas sur les intrus pour se nourrir. Il s’empare du gêneur et le déplace loin de sa frayère.»

Entre vieux compères de safaris aquatiques : le sandre, prédateur redouta-ble, sait aussi ruser pour protéger sa couvée. «Ainsi, au cours d’une plongée d’observation de frayère, mon coéquipier filmait un sandre à bonne distance en espérant ne pas le déranger. Au bout de quelques minutes, le poisson n’appréciant plus notre présence, fonça directement sur lui, disparaissant ainsi de son objectif. L’ayant perdu de vue, il m’interrogea du regard. C’est en baissant les yeux qu’il l’aper-çut, quasiment immobile à ses côtés. Le sandre était à portée de main. Il semblait attendre qu’on s’intéresse à lui. Lorsque le caméraman s’écarta pour le filmer, le sujet s’éloigna en douceur sans accélération ni signe d’in-quiétude, la nageoire dorsale abaissée. Instinctivement mon coéquipier suivit le mouvement en se laissant guider. Après avoir parcouru ensemble une bonne distance, le poisson pilote fit une accélération brutale puis dis-parut, laissant le cameraman à sa déception. A l’évidence, il nous avait berné...»

Lorsque la température de l’eau s’abaisse, certains poissons s’envasent comme pour hiberner: «Nous avons tous un souhait pour l’avenir: laisser à nos enfants une nature dans son état originel, sans déchets ni pollution. Mais les contrariétés sont nombreuses quand on parcourt les fonds. Marmonner son désespoir dans le détendeur n’est donc pas anormal. Ce jour là, notre ballade lacustre

longeait une berge très fréquentée. Mon ami, l’oeil aux aguets, repéra un vieux pneu à demi enseveli dans la vase. Après avoir émis quelques grognements, il décida de le sortir de l’eau. Le groupe s’immobilisa en attendant qu’il ait réalisé son acte éco-citoyen. Convaincu d’œuvrer pour la nature, il s’avança plein d’assurance, pour se saisir du pneu. Peine perdue, dès que la main s’approcha, la masse noire prit vie et s’éclipsa en un éclair. C’est dans un nuage de particules en suspension qu’il vit son pneu s’envoler. Surpris, les yeux médusés, mon partenaire comprit vite qu’il venait de déranger une grosse carpe cuir à demi envasée. Retrouvant très vite ses moyens, il haussa les épaules et poursuivit sa route avec dignité, ignorant la mine réjouie de ses compagnons».

Lorsqu’il n’y a rien à voir, tout ressurgit : «ne nous le cachons pas, il nous arrive également d’effectuer des «plongées sans». Une immersion pas déplaisante, avec une température correcte et une visibilité acceptable, mais durant laquelle on ne voit rien. Rien de rien, pas un poisson à l’horizon, les écrevisses «aux abonnées absentes», bref aucun signe de vie». L’homme se retrouve alors face à lui-même, parcourant un fond désertique. «Cet espace est propice à la méditation. C’est souvent dans ces situations que nous nous remémorons les moments vécus sous ces mêmes eaux.»

Face aux intempéries : «Je me souviens alors d’un orage de l’été dernier où nous nous étions po-sés sur le fond comme une tortue les pattes en l’air. Nous admirions les éléments qui se déchaînaient. La diminution brutale de la luminosité puis l’apparition des éclairs avec le bruit du tonnerre précédèrent le crépitement des gouttes à la surface de l’eau : un spectacle son et lumière inédit et mémorable !»

Ou face aux vestiges devenus inutiles :«Le pont des 15 arches, ouvrage imposant datant du 18ème siècle, franchissait à l’époque la vallée du Vioulou, reliant Rodez à Millau. La route qui jadis empruntait ce pont était bordée de haies. Aujourd’hui, il repose par vingt mètres de fond. Les restes des arbres sont encore présents et donnent toujours le tracé de l’ancienne route. Arrivant par le haut à l’aplomb du bateau, retrouver le vieux pont est toujours un défi et une grande fierté.»

Ou même, face à l’univers entier :«Au crépuscule nous nous équipons la tête encore pleine des soucis de la journée ; nous nous immergeons avec le bruit des moteurs de bateaux et le piaillement des enfants qui jouent sur la plage. De retour en surface au beau milieu du lac, la nuit a inondé le plan d’eau qui baigne désormais dans un profond silence. Les bruits ambiants se sont éteints et la quiétude règne : plus une ride sur l’eau et plus un son à terre. Sur les berges, seules les lumières du hameau de Notre-Dame-d’Aures scintillent encore au loin. Nous prenons le temps de regarder le ciel, de se laisser flotter, allongé sur le dos dans le reflet de la lune. Le regard perdu dans l’infini, il nous faudra de longues minutes avant qu’une parole jaillisse et donne le signal du retour vers la berge.»

C’est pour ces moments là qu’on plonge et replonge, encore et toujours.

LAcS dU LEVEZOU

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GORGES dU TARN

Monsieur Tanara prit pour berceau le Mont Lozère pour en faire une Olympe. Il descendit alors sur la terre des Grands causses et leur fit rendre gorge en faisant se lever des falaises. Tanara, est à l’origine du nom du Tarn, tanara : la rivière aux falaises. Car se sont bien ces 53 km de gorges aux hautes falaises calcaires qui donne au Tarn toute sa splendeur et son caractère. Qu’il glisse ensuite, fier comme un méridional, de Millau à Castelsarrasin en passant par Albi sur quelque 300 km relève de la vie d’un long fleuve tranquille. La légende du Tarn, elle s’est bâti là, au pied de ses gorges, dans ce relief torturé. Site enchanteur, grandiose, c’est là que le Tarn puise aussi sa force, d’eaux vives en marmites, serpentant entre falaises et rocs éboulés. Dans ce décor de mythologie, dans et sous ses eaux, le plongeur téméraire et expérimenté fait face aux aléas de la nature. La forte curiosité le pousse à aller fouiner en ces mystérieuses entrailles, il y découvre alors un terrain de jeu merveilleux à chaque fois renouvelé.

Mais là, l’expédition commence bien avant la mise à l’eau. «La topogra-phie du site rend l’accès à la rivière très difficile, surtout pour des plongeurs lourdement équipés.. Un petit sentier étroit et pentu rend moins périlleux l’expédition.»

Et une fois mise la tête sous l’eau, l’aventure commence, on sent le flux du Tarn battre comme un sang courant dans une artère de calcaire. «Dans un très fort courant, le seul moyen de progresser est de trouver des zones de sable fin. Plus les galets sont importants, plus le courant est violent. Savoir lire la rivière est une aptitude obligatoire afin de pouvoir évoluer sans risque dans ces eaux tumultueuses. Après chaque crue, c’est un fond différent à découvrir. La force et la puissance de la nature remodèlent à leurs grés la rivière.»

Le Tarn sait être vif, il faut le visiter prudemment, lui et ses phénomènes, ses particularités. Ne pas répondre avec trop d’empressement, par exemple, à l’appel des tourbillons. «La surface de l’eau des rivières se déforme avec les phénomènes locaux créés par le courant. La crainte des tourbillons que nous ont inculqué nos parents, la peur dans notre jeunesse d’être englouti s’est transformée aujourd’hui en curiosité attirée par la connaissance de ce spectacle... Dans le bouillon des eaux vives, une machine à laver ! Les tourbillons se forment parfois sous les cascades ou chutes d’eau. Cet élément est repérable par l’aspiration qu’il provoque de la surface vers le fond. En plongée, il arrive même d’observer les bulles descendre vers le

Autour des marmites d’émeraude...

fond, à l’opposé de la loi de la gravité. Pris dans un tourbillon, le plongeur ne sait plus ou il se trouve. Au cœur d’un nuage de milliers de petites bulles, il ne peut distinguer la surface du fond, ni même l’orientation de son corps, entraînant parfois quelques vertiges et un risque pour les tympans. Ces perturbations s’estompent une fois sorti de la zone de turbulence. Cette zone serait extrêmement dangereuse pour un baigneur.»

Ici, il vaut mieux être au courant, et savoir le grimper.«Nager sous l’eau, c’est savoir lire la rivière et ses courants. L’objectif est de faire comme les poissons. Il nous faut les suivre et les imiter dans leur tech-nique de nage. Les truites qui apprécient le courant arrivent à remonter dans n’importe quelles conditions avec une facilité déconcertante. Plus nous remontons les gorges, plus la rivière se rétrécit et le courant augmen-te. C’est un mur d’eau qui se déverse continuellement sur nous ! A la vue de sa force, très vite les palmes ne nous servent plus à rien. Elles en sont réduites à un rôle de simple accessoire de beauté. La violence du courant nous oblige à nous plaquer au fond pour rechercher des prises solides tel un grimpeur de cimes. L’escalade subaquatique à contre-courant se poursuit jusqu’à ne plus posséder de prise suffisante pour progresser. Tout support est bon pour s’accrocher solidement (arbres, roches, grosses pierres). Les endroits les moins exposés au courant se situent à l’arrière des blocs rocheux. Généralement on retrouve du sable grossier derrière ces blocs. On imagine les poissons rigoler à la vue de ces apprentis nageurs ! Souvent le masque et le détendeur sont à la limite de s’arracher du visage et de la bouche. Lorsque les prises ne sont plus assez nombreuses, que les muscles des bras commencent à tétaniser et que la violence du courant stoppe toute tentative de progression, c’est alors le moment de redes-cendre la rivière. Concédant aux autochtones de ces lieux le privilège de poursuivre, nous nous regroupons en grappe sur un rocher avant de s’abandonner au courant lorsque le « go » est donné. Tel des parachutistes, nous nous retrouvons en train de chuter rapidement en pleine eau, emporté par la rivière par deux mètres de fond : attentions aux innom-brables rocheux à éviter !. La descente est jouissive ! tout le mal que l’on s’est donné pour monter se transforme en bonheur intense: une cerise sur le gâteau, la récompense ultime. Le plongeur, les bras déployés comme un aigle, dévale le lit de la rivière à bonne vitesse, tel un skieur sur un piste noire évitant les obstacles : chute libre subaquatique comme dans un film en accéléré ! Ultra grisant, des sensations uniques de plénitude ! Parfois même, il arrive que l’on rentre brusquement dans un banc de poissons qui se détournent en un éclair sur notre passage. Quels chauffards des eaux, ces palmipèdes ! Et nous voici retourné au point de départ. Fini la récréation, sortie de l’eau pour tout le monde !»

Ailleurs, le Tarn semble épouser le roc, s’y frotter et en même temps le façonner, encore et toujours. Trous d’eau, failles rocheuses et blocs de pierre plantés dans le lit du cours d’eau forment autant de terrains d’exploration. «Les galets dansant avec le courant viennent caresser les parois rocheu-ses. Avec le temps, ce frottement anodin creuse progressivement la roche et laisse apparaître des trous plus ou moins importants en forme de ronds. Ce sont les « marmites » du Tarn. Les marmites qui continuent à se creuser peuvent aussi laisser place à une cheminée, nous offrant la possibilité de passer à l’intérieur de la structure rocheuse sculptée par le temps.»

Sans parler des sources qui naissent... sous l’eau : «Parmi les multiples sources alimentant la rivière, certaines apparaissent sous une couche de sable. Ce phénomène naturel crée de petits geysers de sable fins : un feu d’artifice continu et glacé !»

Dans ce monde minéral tourmenté mais grandiose fait d’eau et de roc, la vie foisonne en été. «Un monde luxuriant : des algues filamenteuses se fixent sur la roche. Certains rochers se retrouvent coiffés d’une belle perru-que verte : les cheveux dans le courant ! La truite , elle, joue avec sa belle robe pour faire du mimétisme en fonction de sa situation : d’une couleur sombre sous les rochers à une couleur claire sur un fond sablonneux. C’est alors un jeu de cache-cache qui se joue entre le plongeur et la truite. Etant sûre de son camouflage, celle ci ne s’enfuira qu’à l’ultime moment, lorsque la distance est devenue critique. C’est alors que le jeu continu en tournant autour du rocher dans le sens opposé au poisson pour retrouver la belle à l’opposé du point initial. Le surnom donné à celle-ci est la truite « Adidas ». Sa robe laisse apparaître sur sa longueur 3 bandes verticales»

Ici, les barbeaux se serrent dans leur grotte, là un petit banc de vairons danse sous les rayons du soleil, autour d’un gros tronc d’arbre bloqué par la crue. «A la recherche de nourriture, les goujons viennent à proximité du plongeur dès que celui ci se met à gratter la surface des rochers recouverts d’une fine couche d’algues. Les poissons recherchent tout les éléments nutritifs que décroche la main du plongeur : un repas opportuniste !» Les poissons ne sont pas seuls : «A 1,50 m de profondeur, lézardait au soleil une couleuvre vipérine : pas commune à observer ! Elle est des plus habile dans son déplacement subaquatique. Celle-ci se déplace dans un espace à 3 dimensions. D’un seul coup, la voilà qui s’avance dans ma direction en pleine eau. Me sentant dépourvu face à ce type de nage à ondulations horizontales complètement imprévisible mais néanmoins rapide, je me penche en arrière vers le fond. L’ami continu sa course au dessus de moi m’ignorant superbement, attiré vers la berge : inoffensive, mais impressionnante tout de même.»

En hiver en revanche la vie s’assoupit dans le Tarn. Seules les truites ont choisi cette saison pour frayer, les autres attendent patiemment le printemps. «La légère couleur émeraude de l’eau translucide est spécifique à cette saison hivernale et lui donne une impression de calme et d’apaise-ment. Comme si la rivière hibernait. La surface vient jouer le rôle de miroir avec le fond de la rivière. On distingue sa propre silhouette et les galets s’y reflétant, cachant les rives. Seules la vision des hautes falaises constituant les gorges parviennent jusqu’à nos yeux, traversant la surface des eaux pour s’offrir en spectacle à nos yeux de plongeurs. Leur image danse au rythme du vent et des bulles qui viennent rider la surface de l’eau. Nous assistons à la naissance d’une subtile harmonie entre les différents éléments en présence : le fond de galets, le ciel, les falaises et le sable.»

Un spectacle pour les yeux, ces gorges. «Le meilleur moment de la plongée est déterminé par le soleil. Lorsque celui ci est au zénith, un jeu commence alors entre les failles rocheuses. Les plus beaux rayons viennent illuminer pendant un court instant des espaces clos et sombres. Balayant de son projecteur ces sanctuaires de lumière, le soleil nous offre son spectacle magique d’une rare beauté.»

Des marmites et des cheminées d’émeraude éclairées.

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L’AUBRAc

L’Aubrac, ce vieux plateau volcanique est fort comme un granit et rude au climat. Résidus des grands glaciers, il est tourbières et lacs, plateau balayé par les vents, pluies, neige et froid jusqu’à moins 20 degrés. De là, les boraldes vont plonger leurs eaux dans le Lot, comme pour échapper à cette rigueur. L’occasion pour les plongeurs qui ne craignent pas les frimas de piquer une tête dans un monde blanc, immaculé.

Immaculé ? Pas si sûr ! Au fond de l’eau couleur de rouille il y a parfois un double fond : «Aux environs des 5 m de profondeur les plongeurs se déplacent sur un nuage de tourbe en suspension ressemblant en tout point à un fond classique. Je passe ma main au travers de ce sol et réalise instantanément qu’il est virtuel. Y pénétrer, c’est s’enfoncer dans une sorte de soupe épaisse de tourbe en suspension. Le vrai fond nous est inaccessible.»

Sous ces eaux dormantes, la tourbe ne supporte pas les visites. Au moindre mouvement d’un corps étranger, elle se réveille, trouble l’eau, gomme les reflets blancs de la lumière du jour.

Sous la glace du ciel...

Certains de ces lacs, comme celui de Saint-Andéol en Lozère, le plus grand de l’Aubrac, accueillaient depuis les temps gallo-romains et jusqu’au siècle dernier des offrandes selon des rites païens. Certains disent qu’ils perdurent encore...«Plus de 1000 ans d’histoire apparaissent aux yeux des plongeurs (depuis l’âge du fer). Sur un fond aussi meuble, les poissons viennent chercher tout support dur afin d’enlever les parasites de leurs écailles. De ce fait, depuis des millénaires, ils ont évité l’enfouissement des offrandes et maintenu à la vue des plongeurs la poterie, ainsi que des vestiges païens, maisons sur pilotis, poteries et bois sculptés. C’est grâce à nos découvertes que ces poteries sont actuellement visibles au musée de Montrozier.»

Au sein de ce rustre Aubrac, dans ses eaux sans vie venues des glaciations, c’est un lent vol à demi transi entre glace et fonds ténébreux: Saint-Andéol, 1300 mètres, une eau à un degré centigrade... «Nous commençons par revêtir notre combinaison de plongée avant de découper la glace à l’aide d’un pic. Les blocs de glace, une fois extraits, laissent place au trou d’accès. Ils ont une épaisseur d’environ 40 cm. Première surprise, une fois le trou fini, la couche de glace s’est mise à craquer et à trembler sous nos pieds, comme si l’on marchait sur une vieille char-pente en bois. Ce phénomène a duré quelques minutes et s’est terminé une fois que les tensions internes au sein de la couche se sont équilibrées. Toujours très impressionnantes et inquiétantes à ressentir lorsqu’on est sur le lac gelé, ces réactions ne sont jamais dangereuses avec une telle épais-seur de glace. En plongée, ce bruit est très fortement amplifié. Pour évo-luer sous la glace par équipe de deux, chacun est attaché fermement à une corde qui est tendue depuis la surface par un coéquipier. Dans ce type de plongée, le lien avec la surface est vital pour le plongeur. A défaut, il est presque impossible de retrouver la sortie tout seul et de s’extraire de cette carapace : la glace pourrait se transformer à tout moment en prison. En cas de perte de la corde, le plongeur se verrait condamné à une mort certaine, d’autant plus qu’il est impossible de s’orienter sous ce plafond uniforme. Même les bulles expirées du détendeur, circulent en vain à la recherche d’une sortie. La liberté ne viendra qu’au radoucissement du temps et au dégel du lac.»

Dans cette eau plus que fraîche, la plongée ne dure pas plus d’une dizaine de minutes :«Le froid entraîne une réaction brutale d’adaptation de l’organisme qui doit lutter contre une déperdition calorique importante. Si en combinaison étanche, le phénomène est moins rude, les vêtements humides qui équipent beaucoup d’entre nous, laissent entrer l’eau. Elle se réchauffe lentement au contact de la peau. C’est cette pellicule humide qui isole ensuite le plon-geur. Dans ces conditions, tout mouvement brusque est à proscrire au risque de chasser l’eau chaude: c’est quelque chose que l’on apprend vite à ses dépends.»

Dessous, la vue est unique :«Une lumière bleutée émane de la glace qui semble aussi pure que du verre. Elle crée un contraste avec l’eau sombre et teintée du lac. Les bulles, une fois collées au plafond, prennent la couleur du mercure, devenant des miroirs mobiles.»

Pour narguer les frimas, les plongeurs finiront sur terre, ou plutôt sur la glace... en maillots de bain ! Ces plongées revigorantes dans l’hiver liquide de l’Aubrac sont devenues une tradition… de Noël :«Dans un premier temps, Richard décide d’aller observer le fond du lac en apnée. Equipé d’une combinaison, de son fil d’Ariane et d’une monopalme, il évolue à proximité du trou en effectuant des descentes et remontées verticales dans l’eau sombre du lac. La température de l’eau réduit fortement le temps d’immersion et les capacités de l’apnéiste. La sensation est dense et le silence n’est troublé que par les bruits sourds et profonds de la glace qui travaille. L’eau est vite troublée par quelques particules en suspension et l’évolution se cantonne à quelques figures subaquatiques autour de la seule sortie possible de ces eaux.»

Un univers minéral en guise d’offrande. L’eau, la glace, la montagne et le ciel, avec comme seule vie des légendes anciennes: les rites perdurent donc au lac de Saint-Andéol, mais d’une autre manière.

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La pêche… un loisir, souvent une passion transmise de génération en génération en même temps que l’amour et le respect de la nature. Tout pêcheur pourrait raconter certains souvenirs d’enfance, sa fascination à observer l’adulte déployant son savoir-faire, ses émotions lors de ses premières prises après tant de maladresses et d’espoirs déçus.

« Dés l’âge de six ans, mon père me réveillait et je l’accompagnais pour une partie de pêche, c’était pour moi un cadeau inestimable. Silencieux, un peu engourdi par la fraîcheur matinale, je ne perdais rien de ses gestes qui peu à peu devenaient rituels pour moi et que plus tard j’ai pu reproduire inconsciemment. Je me rappelle, de ma première truite fario, à l’âge de 7 ans ; je l’avais ferrée si fort que nous l’avons retrouvée accrochée dans un arbre ! Mais quelle fierté de rapporter ma prise à la maison ; j’avais le sentiment qu’avec ce trophée j’entrais enfin dans le cercle des pêcheurs.Peu à peu, en observant mes aînés et en écoutant leurs conseils et astuces j’ai appris à connaître le milieu aquatique des lacs et rivières, les poissons, leur comportement et comment choisir mon matériel, mes appâts en fonction des espèces et des conditions climatiques de la saison… Avec la pratique et l’expérience, les prises se font de plus en plus belles et nombreuses aussi il n’est pas rare de rendre le poisson à la rivière après avoir réalisé une photo souvenir. Au fil du temps le plaisir ressenti à travers cette activité s’est renforcé avec le sentiment d’une communion parfaite avec la nature. J’éprouve encore aujourd’hui la même sensation de plénitude en me fondant dans le décor, tous mes sens en éveil : c’est un moment très fort, les tracas du quotidien s’estompent et je me dis que la vie est belle. J’aime aussi la convivialité des parties de pêche entre copains, les anecdotes à partager…Je reviens parfois sur le ruisseau de ma première prise, j’ai l’ai vu évoluer et je continue à y pêcher avec la même envie.Mon seul regret est de constater, impuissant, l’état de nos rivières, de moins en moins entretenues et victimes des activités humaines… J’aimerais tant pouvoir moi aussi amener mes petits enfants à la pêche et leur transmettre tout ce qu’elle peut apporter dans la vie de tous les jours. »

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Le monde aquatique n’est pas un monde à part. L’eau reconnaît bien les paysages qu’elle traverse, elle n’ignore pas les décors que se partagent la terre et le ciel, elle en est également partie intégrante. Comme l’air et la terre, elle est de la vie et de l’univers une composante... élémentaire et s’en fait un miroir. En elle, on en retrouve les saisons, les climats, le jour ou la nuit. Miroir des contrées dans lesquelles ses ondes voyagent, elle traduit ces paysages à sa manière, sous la ligne de flottaison.

Forêts, murs et pierres passent en elle de la réalité à l’étrange, au mystère. En elle les hommes ne marchent plus: ils volent. Arbres et fleurs, en elle, deviennent des tableaux impressionnistes: ce n’est plus le vent qui les agite mais l’eau et sa vie. Une vie plus nonchalante, dans un décor de monde magique et ténébreux.

Dessus, tout est net, précis, éclatant de lumière. Dessous, même les contours des pierres dansent, nous sommes en clair-obscur et tout pourrait s’envoler comme un mirage si l’on venait à y toucher de près.

De chaque côté de la ligne de flottaison, une vie se développe, en parallèle. Hors d’eau, sous l’eau, poissons, oiseaux ou mammifères vivent et évoluent dans les branches des arbres ou les hautes herbes. Quant aux rocs, on ne sait lequel de l’émergé ou de l’immergé a épousé la forme de l’autre. Monde aquatique et monde terrestre sont du même monde, du même moule, l’un ne serait rien sans l’autre, il en ressort des mimétismes troublants: coccinelles ou larves de poissons grimpent ou grandissent sur un même brin d’herbe, l’animal et le végétal s’effleurent, se répondent de part et d’autre de la ligne de flottaison. Si la vie est en surface, elle est des deux côtés: des deux côtés du miroir.

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169Cette association a pour objet de communiquer, développer et de favoriser par tout moyen approprié (sportif, artistique, scientifique, événementiel …), la connaissance et la protection du monde aquatique et subaquatique.

S’inscrivant dans une perspective de développement durable, l’association se propose d’œuvrer pour témoigner du présent, d’informer et de sensibiliser le public par tout moyen d’éducation mais aussi de contribuer à la préservation des écosystèmes en contact étroit avec les organismes publics ou privés déjà en charge de cette action.

En participant à l’élaboration, la diffusion et au respect des lois et règlements, elle contribue à la conservation de la faune, de la flore et des richesses sous-marines. Elle a pour objectif d’être un témoin de l’évolution des milieux et des effets de l’activité humaine sur l’environnement et plus précisément sur les écosystèmes aquatiques d’eau douce (étangs, lacs, rivières, eaux souter-raines, …).

Ce livre est le fruit et le résultat du travail réalisé par les membres de l’association AQUACOSMOS. Nous sommes un petit groupe de plongeurs ou explorateurs passionnés par la découverte et constamment avides de satisfaire notre curiosité, heureusement jamais assouvie.

Contact :Association AQUA COSMOSChemin de la Toucade 12000 RODEZ

www.aquacosmos.fr

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Denis PORACCHIA

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Michel GALLIOU

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Richard LUTRAN

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Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous soutiennent et sans qui se projets n’aurait jamais pu voir le jour...

LE CONSEIL GENERAL DE L’AVEYRONLA MAIRIE DE SALLES LA SOURCE

LE CLUB SUBAQUATIQUE RUTHENOISLA FEDERATION DE PECHE DE L’AVEYRONLE MUSEE DU SCAPHANDRE A ESPALION

LE CREDIT AGRICOLE NORD MIDI-PYRENEELA MJC D’ONET LE CHATEAU

LES EDITIONS « AU FIL DU TEMPS «

CLAUDE JOUVES BERNARD SOULIERPASCAL GUENEAU

BERNARD MARTEAURENE CABROLIER

RODOLPHE MALJEANSTEPHANE ALLEGUEDE

ANDRE ESPINASSE BRUNO POUGET

LAURENT MAIGNOT

Crédits Photos :BRUNO POUGET (p. 62-63)

LAURENT MAIGNOT (p. 132-133)

Pécheur et Texte :CYRIL DUSSUTOUR (Pêche à la truite)

Familles : Josette, Laurent, Sophie, Julie, clément, Jeanne, Léonie et Adèle

Monique, Aurélie, Mélanie, Zora, Naïs, NoaClaude, Geneviève, Pascal

Louise, Antoine et Simon.

REMERCIEMENTS

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Editions Au fil du TempsRoute de Trinquies12 330 SOUYRI (France)

www.fil-du-temps.com

Direction Artistique :

SICHI Stéphane

N° ISBN : 978-2-918298-05-2

Dépot Légal : Novembre 2010

Impression : Graphi Imprimeur - France

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Prix de vente : 29,50 €

ISBN : 978-2-918298-05-2Avec le soutien :

L’Aveyron vue de dessous...

C’est sous cet angle de vue inédit que ces plongeurs d’eau douce et amoureux de la nature, traînant leurs palmes depuis plus de vingt ans dans les lacs et rivières de nos campagnes, vont vous faire partager leur passion et leur connaissance des écosystèmes subaquatiques.

Comment préserver notre patrimoine lacustre ?

Comment endiguer la dégradation inexorable du milieu subaquatique sans céder au fatalisme et attendre un hypothétique miracle écologique ?

Sensibiliser les publics jeunes et adultes à la beauté des paysages subaquatiques aveyronnais, véritable trésor écologique.

Eveiller la curiosité en partageant la connaissance.

Rendre accessible à tous cet univers incroyable grâce à une galerie d’images inédites, à des témoignages forts et touchants, c’est l’ambition de cet ouvrage.

Cet ouvrage est dédicacé à nos enfants et nos petits enfants...

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Prix de vente : 29,50 €

ISBN : 978-2-918298-05-2Avec le soutien :

L’Aveyron vue de dessous...

C’est sous cet angle de vue inédit que ces plongeurs d’eau douce et amoureux de la nature, traînant leurs palmes depuis plus de vingt ans dans les lacs et rivières de nos campagnes, vont vous faire partager leur passion et leur connaissance des écosystèmes subaquatiques.

Comment préserver notre patrimoine lacustre ?

Comment endiguer la dégradation inexorable du milieu subaquatique sans céder au fatalisme et attendre un hypothétique miracle écologique ?

Sensibiliser les publics jeunes et adultes à la beauté des paysages subaquatiques aveyronnais, véritable trésor écologique.

Eveiller la curiosité en partageant la connaissance.

Rendre accessible à tous cet univers incroyable grâce à une galerie d’images inédites, à des témoignages forts et touchants, c’est l’ambition de cet ouvrage.

Cet ouvrage est dédicacé à nos enfants et nos petits enfants...