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JEAN-DIDIER VINCENT est neuro- biologiste, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine, écrivain. Il donne sa vision de la ville, qu’il fréquente depuis un demi-siècle. Qu’évoque, pour vous, Bor- deaux ? Y J’ai fait plusieurs fois le tour du mon- de mais j’ai tou- jours été impressionné par cette ville : au bord d’une « rivière », d’un port, avec ses monuments. C’est d’une beauté fulgurante. Je suis content de voir Bordeaux net- toyée et je suis frappé en même temps par la grâce de cette ville, avec ses ruelles intérieures médié- vales. La ville est-elle toujours fidèle à son image d’Epinal de belle bour- geoise, un peu hautaine ? Bien sûr, il y a toujours cette « aristocratie du bouchon », natu- rellement fermée, mais on voit arriver de plus en plus de Pari- siens parmi les nouveaux habi- tants. Et tant qu’il y aura du vin, Bordeaux restera une ville mar- chande. Il existe une université puissante de haut niveau et ce n’est pas un mythe. C’est un étran- ge mélange de ville provinciale avec ses cercles et ses milieux codés, et en même temps une vil- le-capitale ouverte sur le monde, qu’on a longtemps résumée aux marins et aux bordels sur les quais. Mais il y a toujours ce par- fum du large et quelques bateaux qui remontent la Garonne. Il est de bon ton de dire que cette ville est prétentieuse. Mon père disait qu’ils étaient hommes bien habillés avec des chaussettes sales. C’est une légende. C’est la majesté de cette ville et son histoi- re qui donnent cette impression sur ses habitants. Bordeaux a-t-elle un rapport par- ticulier à son maire ? Jusqu’à la Fronde, il y a tou- jours eu une véritable autonomie de cette ville face au pouvoir cen- tral. Depuis Montaigne, il y a tou- jours eu un « roi » ou des « vice- rois » à la tête de cette ville. Et c’est rare qu’ils perdent leur couronne sans l’avoir choisi. Après Jacques Chaban-Delmas, Juppé, arrivé en 1995, a eu beaucoup de difficultés au début, mais il en est devenu le monarque qui va être réélu. La culture est un enjeu de ces élections municipales. La ville en fait-elle assez ? La politique culturelle est un petit peu faible. Sur le plan de l’art contemporain, c’est une politique au petit pied. Peut-être que le monarque actuel porte un intérêt secondaire à ce sujet, même si plein d’initiatives existent. Mais aujourd’hui Nantes taille des crou- pières à Bordeaux. De manière générale, les cultures urbaines, malgré la décentralisation, ont perdu de leur prestige. Sur le plan architectural, Bordeaux s’est un peu endormie, même si je com- prends que c’est difficile de s’inté- grer dans un tissu XVIII e . Pour le moment, hormis le Palais de jus- tice réalisé par Richard Rogers, il n’y a pas de grands projets. Ça va probablement arriver. Que manque-t-il pour que la ville soit une métropole européen- ne? La ville a toujours été un lieu de passage, avec un arrière-pays considérable et la péninsule ibéri- que toute proche. Elle fait jeu éga- le avec Toulouse. C’est une métro- pole universitaire, commerciale et administrative. Pour vraiment prendre cette dimension, il faut que la ligne à grande vitesse arri- ve [elle est prévue pour 2017] ainsi qu’un bon aéroport. p Propos recueillis par C. Co. Portrait D u haut de son grand bureau à la lumière traversante, Bernard Blanc peut contem- pler l’évolution du nouveau quar- tier, Ginko. Symboliquement, c’est à l’entrée de cet écoquartier que le directeur général d’Aquitanis a voulu installer le siège social de l’Office public d’aménagement et de construction (OPAC), spécialis- te des logements sociaux sur la communauté urbaine de Bor- deaux (CUB). Sur les 2 150 loge- ments prévus d’ici à 2017, plus de 30 % seront des logements sociaux, partagés entre Aquitanis et un autre bailleur, Mésolia. Ce nouveau quartier illustre l’ébullition urbaine et architectura- le de la ville depuis les années 2000. Le maire sortant, Alain Jup- pé, en est à son second projet urbain. Il veut bâtir « le grand Bor- deaux 2030 ». La CUB n’est pas en reste et ambitionne d’arriver à une métropole d’un million d’habi- tants. Un peu partout, les grues métalliques deviennent des vigies dans le paysage bordelais. Objec- tif : aménager les différentes fri- ches urbaines. La ville dispose de 700 hectares, l’une des surfaces les plus importantes de France. Bernard Blanc est arrivé en 2008 à la tête d’Aquitanis, débau- ché par un cabinet de recrute- ment. Il découvre alors Bordeaux côté carte postale : une ville de pier- re et de propriétaires héritiers du vin et du commerce. Et, au-delà, une réalité plus complexe : les nou- veaux projets ont l’impératif de proposer 25 % de logements sociaux dans les opérations diffu- ses, jusqu’à 35 % dans les grandes opérations d’aménagement. En 2013, Bordeaux disposait de 16 % de logements sociaux. La loi relative à la solidarité et au renou- vellement urbains (SRU) en exige 25 %. C’est là qu’Aquitanis, parmi les plus importants bailleurs sociaux de Gironde, entre en scè- ne : il gère un parc locatif de 17 000 logements, dont les premiers datent des années 1950, et en livre en moyenne 800 neufs chaque année. Tous bailleurs confondus, 3 650 nouveaux logements sociaux ont été agréés en 2013 dans la CUB. C’est deux fois plus qu’il y a six ans, mais c’est toujours insuffi- sant : il en faudrait plus du double pour absorber la demande. On oublie vite, surtout à Bor- deaux, que les barres HLM des années 1960 ont logé la France d’après-guerre et permit l’accès au confort moderne. « Longtemps relé- gués à la périphérie, ces grands ensembles sont aujourd’hui dans la ville, explique le directeur. Il y a eu la première séquence de modernité dans les années 1950 et 1960, celle de l’oubli, jusque dans les années 1990, et, maintenant, comment les remettre en selle pour une nouvelle modernité ? », s’interroge-t-il. Un sujet excitant pour un pas- sionné de 59 ans. La vision du loge- ment social de Bernard Blanc est aussi décoiffante, voire transgressi- ve que la couleur des murs orange du nouveau siège social d’Aquita- nis. Il défend les charmes de la hau- teur quand aucun politique n’ose s’aventurer sur ce terrain. Il parle de qualité architecturale quand la plupart des bailleurs sociaux pen- sent optimisation, industrialisa- tion et diminution des coûts. Ce lauréat d’un MBA à HEC Paris et d’un DEA en sciences de gestion aime penser la ville, ses approches constructives, ses logements et les politiques publiques de l’habitat. « Il a des goûts très prononcés pour l’architecture et cela dénote dans le paysage national des bailleurs sociaux, reconnaît Michèle Laruë- Charlus, directrice générale de l’aménagement de la ville de Bor- deaux. Autre qualité : il a un vrai goût de la réflexion sur le logement de demain, son adaptation et sur ses occupants. » Alors, à côté de la gestion classi- que des immeubles de quinze éta- ges, cet amateur d’aïkido et de jeu de go lance des expérimentations : il a inventé un nouveau principe constructif préfabriqué, modulai- re et reproductible, à ossature bois, baptisé Sylvania. Une première. Déjà 250 logements sont conçus avec ce principe un peu partout dans la CUB. Objectif : réaliser ainsi 20 % de la totalité des nouveaux logements Aquitanis. Avec la mairie de Bordeaux, sur le futur quartier Brazza, rive droi- te, Aquitanis et une de ses filiales réfléchissent à des logements loca- tifs participatifs : « Ce seront de grands plateaux nus et vides, et les familles vont dessiner leur loge- ment et les espaces partagés, expli- que le directeur, l’œil brillant. A nous ensuite de trouver les solu- tions techniques. » Jouer l’innovation et la prise de risque avec Bordeaux et son agglo- mération en terrain de jeu. Ce prof à Sciences Po et à l’Essec aime don- ner leur chance à de jeunes archi- tectes sans expérience. « Il a été le premier à nous faire confiance sur des projets d’envergure », se sou- vient Diane Cholley, une des trois associés trentenaires de l’agence bordelaise whyarchitecture. Quand ils ont rencontré Ber- nard Blanc, l’agence spécialisée dans la construction à ossature bois n’avait sur son CV que des mai- sons individuelles ou des réhabili- tations. Il leur a proposé de trans- former l’ancien siège social d’Aqui- tanis en logements. La jeune équi- pe a également conçu quinze loge- ments neufs en plein cœur de Bor- deaux. « Soutenir la construction à ossature bois et son esthétisme en pleine ville de pierre, il faut oser », souligne Diane Cholley. Sa réputation et ses lauriers ont germé à Saint-Nazaire, ville dans laquelle il a dirigé l’OPAC, de 1998 à 2008. Il y a expérimenté avec l’agence Lacaton-Vassal deux extensions à une HLM des années 1960. Un exemple d’habitats indi- viduels très denses qui n’obère pas le confort d’usage. « Il se préoccupe réellement de la question du bien-vivre dans le loge- ment, de la qualité d’usage et de savoir comment impliquer tout le monde dans cette démarche », assurent Antoine Carde et Siegrid Péré-Lahaille. Eux aussi sont de jeunes architectes bordelais à qui Bernard Blanc a tendu la main pour construire à côté de Bor- deaux, au Bouscat, un établisse- ment intergénérationnel décoif- fant. L’histoire familiale de ce bour- reau de travail a fondé sa souples- se intellectuelle : un père suisse, colonel de l’armée de l’air, protes- tant calviniste, et une mère indo- chinoise – on dirait vietnamienne aujourd’hui – bouddhiste animis- te. « Je me suis construit dans la compréhension d’un monde très mélangé. » Il voit Bordeaux com- me une ville « cosmopolite, avec cette capacité à être là et en même temps loin ». p Claudia Courtois « Ici, il y a toujours eu un roi » Entretien Jean-Didier Vincent, écrivain et neurobiologiste, vante la majesté de la ville Bernard Blanc, créateur de HLM haute-couture A la tête du bailleur public Aquitanis, ce passionné défend l’architecture, dans une ville où le nombre de logements sociaux est insuffisant 1954 Naît à Vesoul (Haute-Saône). 1992 Intègre l’Union sociale pour l’habitat à Paris. 2000 Prend la direction de l’OPAC de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Depuis 2008 Directeur de l’OPAC Aquitanis à Bordeaux (Gironde). élections municipales Ce prof à Sciences Po et à l’Essec aime donner leur chance à de jeunes architectes sans expérience Bernard Blanc, directeur général d’Aquitanis, dont le nouveau siège social surplombe l’écoquartier Ginko, en construction dans le nord de Bordeaux, le 25 février. RODOLPHE ESCHER/DIVERGENCE POUR « LE MONDE » IV 0123 Vendredi 7 mars 2014

aquitanis et Bernard Blanc dans Le Monde

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Dans son édition du vendredi 07 mars, Le Monde consacre un supplément à la ville de Bordeaux. On y retrouve un portrait de Bernard Blanc, directeur d'aquitanis, qui nous expose sa vision du logement de demain !

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Page 1: aquitanis et Bernard Blanc dans Le Monde

JEAN-DIDIERVINCENTestneuro-biologiste,membrede l’Académiedes sciences et de l’Académiedemédecine, écrivain. Il donne savisionde la ville, qu’il fréquentedepuisundemi-siècle.Qu’évoque, pour vous, Bor-deaux?

YJ’ai fait plusieursfois le tour dumon-demais j’ai tou-

jours été impressionnépar cetteville : au bordd’une «rivière»,d’unport, avec sesmonuments.C’est d’unebeauté fulgurante. Jesuis content devoir Bordeauxnet-toyée et je suis frappé enmêmetempspar la grâcede cette ville,avec ses ruelles intérieuresmédié-vales.La ville est-elle toujours fidèle àson imaged’Epinal de belle bour-geoise, un peu hautaine?

Bien sûr, il y a toujours cette«aristocratie dubouchon», natu-rellement fermée,mais on voitarriver de plus enplus de Pari-siensparmi les nouveauxhabi-tants. Et tant qu’il y auraduvin,Bordeaux resteraunevillemar-chande. Il existe uneuniversitépuissantedehaut niveauet cen’est pasunmythe. C’est unétran-gemélangede ville provincialeavec ses cercles et sesmilieuxcodés, et enmêmetempsunevil-le-capitale ouverte sur lemonde,qu’ona longtemps résuméeauxmarins et aux bordels sur lesquais.Mais il y a toujours ce par-fumdu large et quelquesbateauxqui remontent la Garonne. Il estdebon tondedire que cette villeest prétentieuse.Monpère disaitqu’ils étaienthommesbienhabillés avecdes chaussettessales. C’est une légende.C’est lamajestéde cette ville et sonhistoi-re qui donnent cette impressionsur ses habitants.Bordeaux a-t-elle un rapport par-ticulier à sonmaire?

Jusqu’à la Fronde, il y a tou-jours euune véritable autonomiede cette ville face aupouvoir cen-tral. DepuisMontaigne, il y a tou-jours euun «roi» oudes «vice-rois» à la tête de cette ville. Et c’estrare qu’ils perdent leur couronnesans l’avoir choisi. Après JacquesChaban-Delmas, Juppé, arrivé en1995, a eubeaucoupdedifficultésaudébut,mais il en est devenu lemonarquequi va être réélu.La culture est un enjeu de cesélectionsmunicipales. La villeen fait-elle assez?

Lapolitique culturelle est unpetit peu faible. Sur le plande l’artcontemporain, c’est unepolitiqueaupetit pied. Peut-être que lemonarqueactuel porte un intérêtsecondaire à ce sujet,même sipleind’initiatives existent.Maisaujourd’huiNantes tailledes crou-pières à Bordeaux.Demanièregénérale, les culturesurbaines,malgré la décentralisation, ontperdude leur prestige. Sur le planarchitectural, Bordeaux s’est unpeuendormie,même si je com-prendsque c’est difficile de s’inté-grer dansun tissuXVIIIe. Pour lemoment, hormis le Palais de jus-tice réalisé par RichardRogers, iln’y a pas de grandsprojets. Ça vaprobablementarriver.Quemanque-t-il pour que la villesoit unemétropole européen-ne?

La ville a toujours été un lieudepassage, avec unarrière-paysconsidérableet la péninsule ibéri-que toute proche. Elle fait jeu éga-le avec Toulouse. C’est unemétro-poleuniversitaire, commercialeet administrative. Pour vraimentprendre cette dimension, il fautque la ligne à grandevitesse arri-ve [elle est prévuepour 2017] ainsiqu’unbonaéroport. p

Proposrecueillis par C.Co.

Portrait

Duhautdesongrandbureauà la lumière traversante,BernardBlancpeutcontem-

pler l’évolution du nouveau quar-tier,Ginko.Symboliquement,c’està l’entrée de cet écoquartier que ledirecteur général d’Aquitanis avoulu installer le siège social del’Office public d’aménagement etde construction (OPAC), spécialis-te des logements sociaux sur lacommunauté urbaine de Bor-deaux (CUB). Sur les 2 150 loge-ments prévus d’ici à 2017, plus de30% seront des logementssociaux, partagés entre Aquitaniset un autre bailleur,Mésolia.

Ce nouveau quartier illustrel’ébullitionurbaineetarchitectura-le de la ville depuis les années2000. Lemaire sortant, Alain Jup-pé, en est à son second projeturbain. Il veut bâtir « le grand Bor-deaux 2030». La CUB n’est pas enresteetambitionned’arriveràunemétropole d’unmillion d’habi-tants. Un peu partout, les gruesmétalliques deviennent des vigiesdans le paysage bordelais. Objec-tif : aménager les différentes fri-ches urbaines. La ville dispose de700hectares, l’unedessurfaces lesplus importantesde France.

Bernard Blanc est arrivé en2008 à la tête d’Aquitanis, débau-ché par un cabinet de recrute-ment. Il découvre alors Bordeauxcôtécartepostale:unevilledepier-re et de propriétaires héritiers duvin et du commerce. Et, au-delà,uneréalitépluscomplexe: lesnou-veaux projets ont l’impératif deproposer 25% de logementssociaux dans les opérations diffu-ses, jusqu’à 35% dans les grandesopérationsd’aménagement.

En 2013, Bordeaux disposait de16% de logements sociaux. La loirelative à la solidarité et au renou-vellement urbains (SRU) en exige25%. C’est là qu’Aquitanis, parmiles plus importants bailleurssociaux de Gironde, entre en scè-ne: il gèreunparc locatif de 17000

logements, dont les premiersdatent des années 1950, et en livreen moyenne 800 neufs chaqueannée. Tous bailleurs confondus,3 650 nouveaux logementssociauxontétéagréésen2013danslaCUB.C’estdeuxfoisplusqu’il yasixans,mais c’est toujours insuffi-sant: il en faudrait plus du doublepourabsorber la demande.

On oublie vite, surtout à Bor-deaux, que les barres HLM desannées 1960 ont logé la Franced’après-guerre et permit l’accès auconfortmoderne.«Longtempsrelé-gués à la périphérie, ces grandsensemblessontaujourd’huidanslaville, explique le directeur. Il y a eulapremière séquencedemodernitédans les années 1950 et 1960, cellede l’oubli, jusque dans les années1990, et, maintenant, comment lesremettreen selle pourunenouvellemodernité?», s’interroge-t-il.

Un sujet excitant pour un pas-sionnéde59ans. Lavisiondu loge-ment social de Bernard Blanc estaussidécoiffante,voiretransgressi-ve que la couleur desmurs orangedu nouveau siège social d’Aquita-nis. Ildéfendlescharmesdelahau-teur quand aucun politique n’oses’aventurer sur ce terrain. Il parlede qualité architecturale quand laplupart des bailleurs sociaux pen-sent optimisation, industrialisa-tion et diminutiondes coûts.

Ce lauréatd’unMBAàHECParis

et d’unDEA en sciences de gestionaimepenser la ville, ses approchesconstructives, ses logements et lespolitiques publiques de l’habitat.«Il a des goûts très prononcés pourl’architectureet celadénotedans lepaysage national des bailleurssociaux, reconnaît Michèle Laruë-

Charlus, directrice générale del’aménagement de la ville de Bor-deaux. Autre qualité : il a un vraigoûtde la réflexionsur le logementde demain, son adaptation et surses occupants.»

Alors, à côté de la gestion classi-que des immeubles de quinze éta-ges, cet amateur d’aïkido et de jeudego lancedesexpérimentations:il a inventé un nouveau principeconstructif préfabriqué, modulai-reetreproductible,àossaturebois,baptisé Sylvania. Une première.Déjà 250 logements sont conçusavec ce principe un peu partoutdanslaCUB.Objectif : réaliserainsi20% de la totalité des nouveauxlogementsAquitanis.

Avec lamairie de Bordeaux, surle futur quartier Brazza, rive droi-te, Aquitanis et une de ses filialesréfléchissentàdes logementsloca-tifs participatifs : «Ce seront degrands plateaux nus et vides, et lesfamilles vont dessiner leur loge-mentet les espacespartagés,expli-que le directeur, l’œil brillant. Anous ensuite de trouver les solu-tions techniques.»

Jouer l’innovation et la prise derisqueavecBordeauxet sonagglo-mérationen terrainde jeu. Ceprofà SciencesPo et à l’Essec aimedon-ner leur chance à de jeunes archi-

tectes sans expérience. «Il a été lepremier à nous faire confiance surdes projets d’envergure», se sou-vient Diane Cholley, une des troisassociés trentenaires de l’agencebordelaisewhyarchitecture.

Quand ils ont rencontré Ber-nard Blanc, l’agence spécialiséedans la construction à ossatureboisn’avaitsursonCVquedesmai-sons individuellesoudes réhabili-tations. Il leur a proposé de trans-formerl’anciensiègesociald’Aqui-tanis en logements. La jeune équi-pea égalementconçuquinze loge-mentsneufs enplein cœurdeBor-deaux. «Soutenir la constructionàossature bois et son esthétisme enpleine ville de pierre, il faut oser»,souligneDianeCholley.

Sa réputationet ses lauriers ontgermé à Saint-Nazaire, ville danslaquelle il a dirigé l’OPAC, de 1998à 2008. Il y a expérimenté avecl’agence Lacaton-Vassal deuxextensions à uneHLMdes années1960. Un exemple d’habitats indi-viduelstrèsdensesquin’obèrepasle confort d’usage.

«Il sepréoccuperéellementde laquestiondubien-vivredans le loge-ment, de la qualité d’usage et desavoir comment impliquer tout lemonde dans cette démarche»,assurent Antoine Carde et SiegridPéré-Lahaille. Eux aussi sont dejeunes architectes bordelais à quiBernard Blanc a tendu la mainpour construire à côté de Bor-deaux, au Bouscat, un établisse-ment intergénérationnel décoif-fant.

L’histoire familiale de ce bour-reau de travail a fondé sa souples-se intellectuelle : un père suisse,colonel de l’armée de l’air, protes-tant calviniste, et une mère indo-chinoise – on dirait vietnamienneaujourd’hui – bouddhiste animis-te. « Je me suis construit dans lacompréhension d’un monde trèsmélangé.» Il voit Bordeaux com-me une ville «cosmopolite, aveccette capacité à être là et enmêmetemps loin». p

ClaudiaCourtois

«Ici, ilyatoujourseuunroi»Entretien Jean-DidierVincent,écrivainetneurobiologiste,vantelamajestédelaville

BernardBlanc,créateurdeHLMhaute-couture

AlatêtedubailleurpublicAquitanis,cepassionnédéfendl’architecture,dansunevilleoù lenombrede logementssociauxest insuffisant

1954Naît àVesoul(Haute-Saône).1992 Intègre l’Unionsociale pour l’habitatàParis.2000Prend la directionde l’OPACdeSaint-Nazaire(Loire-Atlantique).Depuis 2008Directeurde l’OPACAquitanisàBordeaux (Gironde).

élections municipales

CeprofàSciencesPoetàl’Essecaime

donnerleurchanceàdejeunesarchitectessansexpérience

Bernard Blanc, directeur général d’Aquitanis, dont le nouveau siège social surplombe l’écoquartier Ginko,en construction dans le nord de Bordeaux, le 25 février. RODOLPHE ESCHER/DIVERGENCE POUR «LE MONDE»

IV 0123Vendredi 7 mars 2014