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dhia-eddine-arfaoui
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Super cellules
La création, la mort, la régénération, trois grands mots : tout un monde. L’être Humain, en saurons-nous assez ? Sûrement
pas, la science a été et demeurera pour toujours, avide de savoir, s’acharnant à décortiquer, déchiffrer les mystères de notre
organisme. Des cellules qui défient la mort, l’inversion du processus de création, de la science-fiction diriez-vous ? Absolument
pas ! A l’idée : Le Graal de la médecine moderne: « Les cellules souches » : Qu’en savez-vous ? Qu’en sait la science ? Ouvrez
grand vos yeux et suivez nous…
Vous savez bien que l’être humain, le fœtus, est né de l’union de deux cellules, deux cellules qui n’en forment
qu’une, une qui en fait des millions… Ces fameuses cellules souches totipotentes, capable de se différencier en
n’importe quel type de cellule, ne sont en aucun cas restreintes au fœtus, il en persiste partout dans notre corps,
des milliers nichées au milieu des tissus, assurant leur renouvellement permanent.
Depuis les travaux de Leroy Stevens et Barry Pierce dans les années 1950, les scientifiques se sont intéressés de
plus près aux cellules souches. Tel est le cas de Shinya yamanaka et John B. Gurdon dont les travaux sur les
cellules souches leur a valu le prix Nobel en médecine de 2012.
Pour mieux comprendre revenons aux B.A.-BA, une cellule souche dans un schéma d’évolution embryologique
classique se différencie petit à petit en se créant un matériel enzymatique et protéique spécifique, s’en suit les
modifications histologiques et métaboliques qui font qu’une cellule appartient à tel ou tel type de tissus :
musculaire, cardiaque... Ce schéma obéit à une règle fondamentale de la science et de l’évolution : « de la
simplicité vers la complexité ». Alors imaginez donc l’émanante découverte de Mr. Shinya en inversant ce
processus : créant à partir de cellules différenciées « banales », des cellules souches capable de se différencier en
tout autre type cellulaire! Une vraie reprogrammation ! Vous imaginez bien l’impact que constitue cette
découverte sur la biologie cellulaire, la thérapie et la science ; «Leurs découvertes ont révolutionné notre
compréhension de la manière dont les cellules et les organismes se développent», écrit le comité Nobel.
Maintenant, c’est dans l’Institut Pasteur de Paris, que se joue une autre scène tout aussi intéressante dont le rôle
principal est bien évidement attribué aux cellules souches. C’est sur des cadavres que l’équipe de Fabrice chrétien
a choisi de travailler, leur but : en savoir plus sur les conditions dans lesquels peuvent vivre les cellules souches.
Vous vous tenez devant une boite de pétri, un milieu de culture dans lequel a été incorporé des cellules prises sur
des individus morts depuis 17 jours. En post mortem, sans oxygénation, sans nutriments, et voilà qu’elles
s’animent de VIE, des cellules qui se multiplient, reproduisant des tissus musculaires parfaitement fonctionnels.
En d’autres termes, après la mort, ces cellules se mettraient dans un état dormant bloquant toute activité
métabolique, empêchant toute différenciation. Ces super cellules défieraient ainsi la mort, du moins sur la
période de 17 jours.
Que signifie tout ce charabia biologique sur le plan pratique ? Avant tout: une nouvelle source de cellules souches
et croyez-y on n’en trouve pas partout ; de nouvelles perspectives s’ouvrant sur la thérapie cellulaire. Les
découvertes nouvellement faites notamment celles de Shinya Yamanaka et de l’équipe de Fabrice chrétien,
ouvrent une nouvelle ère thérapeutique, notamment dans le traitement des métastases résistantes aux
chimiothérapies, qui pourrait être contrôlées par des cellules souches cancérigènes dormantes. Ça permettra
aussi de fabriquer des lignées cellulaires à partir de donneurs atteints de maladies génétiques et d’obtenir des
cultures permettant le criblage de molécules potentiellement thérapeutiques. Jusqu’où irait-on dans la biologie
cellulaire ? Jusqu’où nous mèneront ces cellules en or ? Serait-on un jour capable de « réparer » les tissus, de
vaincre la maladie ? Détiendra-t-on un jour les clés de la création ? Tant de questions qui se posent, et les
réponses se chamaillent dans de toute petits neurones, dans des tout petits tubes de laboratoires, et un jour
devant nos yeux…
Emna Hammami