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* L’hôpital prend ses quartiers dans… un centre commercial Santé. Afin d’améliorer l’accès aux soins dans les quartiers Nord de Marseille, un centre de soins ouvrira cet été au milieu de Grand- Littoral, près de la cité de la Castellane. PUISQUE trop de gens renoncent à se soigner, l’hôpital de Marseille (Bouches-du-Rhône) a décidé d’aller les chercher là où ils sont, là où ils vivent. Dans le courant de l’été, l’Assistance publique-Hôpi- taux de Marseille (AP-HM) ouvrira un pôle santé dans un… centre commercial. Pas n’importe où. Grand-Littoral est situé dans les quartiers Nord, non loin de la cité de la Castellane, gigantesque en- semble abritant 6000 habitants, berceau de Zinedine Zidane et lieu de règlements de comptes san- glants. Mais Grand-Littoral est aussi à quelques encablures d’autres cités aux difficultés sociales complexes : Solidarité, Kallisté… ou encore du Ruisseau-Mirabeau qui héberge des familles nomades en cours de sédentarisation. « Nous avons constaté qu’à la Castellane, par exemple, le taux de prescription de lu- nettes était le plus bas de France, de même que le dépistage du cancer du sein, explique le profes- seur Michel Tsimaratos, secrétaire général de la commission médicale d’établissement. L’idée s’est alors imposée de faire sortir l’hôpital de ses murs pour faire tomber les deux principaux obstacles à l’accès aux soins : le coût et la disponibilité des médecins. » Ni rendez-vous ni avance de frais. Le projet vient de prendre corps avec la signature d’un accord de location d’un espace de 400 m 2 avec la société Corio, gestionnaire du centre commercial. « Dans le centre commercial, nous allons créer cinq cabinets de consultation au minimum et des salles de réunion pour faire de l’éducation thérapeutique et de l’éducation à la santé, détaille Anne Galinier, mé- decin coordinateur du projet, qui a longtemps travaillé dans les prisons. Il y aura des généralistes libé- raux, des spécialistes de l’hôpital (pédiatre, gynécologue ou endocrinologue), des personnels paramé- dicaux et des sages-femmes. Les gens pourront venir sans rendez-vous, aux heures d’ouverture du centre commercial : de 8h30 à 20 heures, six jours sur sept. » Une assistante sociale sera aussi là pour ouvrir ou actualiser rapidement les droits des patients. Les patients n’auront donc aucune avance de frais à faire. Des équipes de consultation mobiles. L’AP-HM s’est aussi associée aux centres sociaux de quartier pour sensibiliser la population à se soigner parce qu’ils sont proches des populations, qu’ils les connaissent bien. Des équipes mobiles de diététiciennes, orthophonistes, psychologues, médiateurs de santé… viendront à la rencontre des habitants. Des séances d’information sont prévues sur la pé- diatrie, la gynécologie et l’endocrinologie, « spécialités qui ont disparu des cités », note Anne Galinier. Si besoin est, l’équipe mobile orientera les patients vers le pôle santé. Dans les mêmes quartiers Nord, un autre local de 500 m 2 sera dédié à la dentisterie et à l’ophtalmologie. Par ailleurs, « quatre cabinets dentaires, deux d’ophtalmologie et un d’orthoptiste sont déjà prévus ». Un coût de 600000 € par an. Le coût annuel de ce dispositif original, 600000 €, sera pris en charge pendant trois ans par l’agence régionale de santé, dans le cadre du pacte de sécurité et de cohésion sociale lancé en décembre 2013. Le conseil régional de Provence - Alpes - Côte d’Azur et le conseil gé- néral des Bouches-du-Rhône apporteront une contribution. « Il a fallu du temps pour convaincre, pour contrer les résistances au changement. Mais nous sommes maintenant en bonne voie », conclut, ravie, Anne Galinier.

Aujourd'hui en France

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Page 1: Aujourd'hui en France

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L’hôpital  prend  ses  quartiers  dans…  un  centre commercial Santé.  Afin  d’améliorer  l’accès  aux  soins  dans  les  quartiers  Nord  de  Marseille, un centre de soins ouvrira cet été au milieu de Grand-Littoral, près de la cité de la Castellane. PUISQUE trop de gens renoncent à se soigner,  l’hôpital de Marseille (Bouches-du-Rhône) a décidé d’aller les chercher là où ils sont, là où ils vivent. Dans le courant  de  l’été,  l’Assistance publique-Hôpi-taux de Marseille (AP-HM) ouvrira  un  pôle  santé  dans  un…  centre  commercial.  Pas  n’importe où. Grand-Littoral est situé dans les quartiers Nord, non loin de la cité de la Castellane, gigantesque en-semble abritant 6  000  habitants, berceau de Zinedine Zidane et lieu de règlements de comptes san-glants.

Mais Grand-Littoral est aussi à quelques encablures  d’autres  cités  aux  difficultés sociales complexes : Solidarité, Kallisté…  ou  encore du Ruisseau-Mirabeau qui héberge des familles nomades en cours de sédentarisation.  «  Nous  avons  constaté  qu’à  la  Castellane, par exemple, le taux de prescription de lu-nettes était le plus bas de France, de même que le dépistage du cancer du sein, explique le profes-seur Michel Tsimaratos, secrétaire général de la commission médicale  d’établissement.  L’idée  s’est  alors imposée de faire sortir  l’hôpital de ses murs pour faire tomber les deux principaux obstacles à l’accès aux soins : le coût et la disponibilité des médecins. »

Ni rendez-vous ni avance de frais. Le projet vient de prendre corps avec la signature  d’un  accord de location  d’un  espace de 400 m 2 avec la société Corio, gestionnaire du centre commercial. « Dans le centre commercial, nous allons créer cinq cabinets de consultation au minimum et des salles de réunion  pour  faire  de  l’éducation thérapeutique  et  de  l’éducation à la santé, détaille Anne Galinier, mé-decin coordinateur du projet, qui a longtemps travaillé dans les prisons. Il y aura des généralistes libé-raux, des spécialistes  de  l’hôpital (pédiatre, gynécologue ou endocrinologue), des personnels paramé-dicaux et des sages-femmes. Les gens pourront venir sans rendez-vous,  aux  heures  d’ouverture du centre commercial  :  de  8  h  30  à  20  heures,  six  jours  sur  sept.  »  Une  assistante sociale sera aussi là pour ouvrir ou actualiser rapidement les droits des patients. Les patients  n’auront donc aucune avance de frais à faire.

Des équipes de consultation mobiles.  L’AP-HM  s’est  aussi  associée aux centres sociaux de quartier pour sensibiliser la population à se soigner  parce  qu’ils  sont  proches  des  populations,  qu’ils les connaissent bien. Des équipes mobiles de diététiciennes, orthophonistes, psychologues, médiateurs de  santé…  viendront à la rencontre des habitants.  Des  séances  d’information sont prévues sur la pé-diatrie, la gynécologie  et  l’endocrinologie, « spécialités qui ont disparu des cités », note Anne Galinier. Si besoin  est,  l’équipe  mobile orientera les patients vers le pôle santé. Dans les mêmes quartiers Nord, un autre local de 500 m 2 sera dédié à la dentisterie et  à  l’ophtalmologie. Par ailleurs, « quatre cabinets dentaires,  deux  d’ophtalmologie  et  un  d’orthoptiste sont déjà prévus ».

Un  coût  de  600  000  €  par  an.  Le  coût  annuel de ce dispositif original,  600  000  €,  sera  pris  en  charge  pendant  trois  ans  par  l’agence  régionale de santé, dans le cadre du pacte de sécurité et de cohésion sociale lancé en décembre 2013. Le conseil régional de Provence - Alpes - Côte  d’Azur  et  le  conseil  gé-néral des Bouches-du-Rhône apporteront une contribution. « Il a fallu du temps pour convaincre, pour contrer les résistances au changement. Mais nous sommes maintenant en bonne voie », conclut, ravie, Anne Galinier.

Page 2: Aujourd'hui en France

Centre commercial Grand-Littoral, Marseille (Bouches-du-Rhône). Dès  cet  été,  400 m2  de  la  galerie marchande abriterontau minimum cinq cabinets de consultations médicales regroupant des généra-listes et des spécialistes. par Daniel Rosenweg