24
BEJI SEBSI Après sa nomination, après ses beaux discours, après ses actions qui n‟ont rien a voir avec ses discours après ses pas vers le développement d‟un culte de personnalité, moi, jeune tunisien, passionné d‟histoire et de politique, j‟ai fait des petites recherches, armé de Google, et de beaucoup de patience et j‟aimerais bien partager av...ec vous, le résultat partiel de ces recherches, car dans la Tunisie de “Si” Beji, toutes les vérités ne sont pas bonnes a dire.. mais Google est toujours la pour les plus curieux ;) Les recherches ont été orientés par l‟affirmation de Mr Beji Kaid Sebsi que Ben Ali sera jugé pour haute trahison et devra rendre compte des tortures dont il est responsable et les multiples “coïncidences” dont a bénéficié Nesma TV. Bonne lecture a Tous Dans le livre de Gilbert Naccache, Qu‟as tu fait de ta jeunesse (qui est en vente libre a Tunis même sous l‟ère Ben Ali), page 97, l‟auteur parle de la répression de 1968 on lit c‟est donc une répression, une répression générale contre tout ce qui bouge dans la jeunesse, d‟une ampleur et surtout d‟une férocité que nous n‟avions pas imaginées. Il y eut plusieurs centaines d‟interpellations, plus de deux cents arrestations, des interrogatoires de personnes qui n‟avaient que des liens de parenté, d‟amitié ou seulement de proximité avec les militants organisés Pendant des semaines, les policiers allaient et venaient, entraient dans les maisons, posant des question, fouillant, terrorisant les familles. Les jeunes organisés dans les différentes structures contestatrices, le GEST, le Baath ou le PC furent systématiquement torturés : ce fut pour nous une brusque confrontation avec les aspects les plus bestiaux de la police, la vue du visage caché du régime et, avec la rencontre des suspects de droit commun des geôles, la découverte de la

Beji sebsi

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Beji sebsi

BEJI SEBSI

Après sa nomination, après ses beaux discours, après ses actions qui n‟ont rien a voir avec ses discours après ses pas vers le développement d‟un culte de personnalité, moi, jeune tunisien, passionné d‟histoire et de politique, j‟ai fait des petites recherches, armé de Google, et de beaucoup de patience et j‟aimerais bien partager av...ec vous, le résultat – partiel – de ces recherches, car dans la Tunisie de “Si” Beji, toutes les vérités ne sont pas bonnes a dire.. mais Google est toujours la pour les plus curieux ;) Les recherches ont été orientés par l‟affirmation de Mr Beji Kaid Sebsi que Ben Ali sera jugé pour haute trahison et devra rendre compte des tortures dont il est responsable et les multiples “coïncidences” dont a bénéficié Nesma TV. Bonne lecture a Tous

Dans le livre de Gilbert Naccache, Qu‟as tu fait de ta jeunesse (qui est en vente libre a Tunis même sous l‟ère Ben Ali), page 97, l‟auteur parle de la répression de 1968 on lit

c‟est donc une répression, une répression générale contre tout

ce qui bouge dans la jeunesse, d‟une ampleur et surtout d‟une férocité que nous n‟avions pas imaginées. Il y eut plusieurs centaines d‟interpellations, plus de deux cents arrestations, des interrogatoires de personnes qui n‟avaient que des liens de parenté, d‟amitié ou seulement de proximité avec les militants organisés

Pendant des semaines, les policiers allaient et venaient, entraient dans les maisons, posant des question, fouillant, terrorisant les familles. Les jeunes organisés dans les différentes structures contestatrices, le GEST, le Baath ou le PC furent systématiquement torturés : ce fut pour nous une brusque confrontation avec les aspects les plus bestiaux de la police, la vue du visage caché du régime et, avec la rencontre des suspects de droit commun des geôles, la découverte de la

Page 2: Beji sebsi

banalisation de ces pratiques barbares

Ce qui frappe d‟abord, c‟est la facilité avec laquelle on peut enlever des êtres humains, leur appliquer les pires sévices, les enfermer comme des animaux, sans qu‟il se produise rien

Même si le passage décrit la répression de 1968, il s‟applique parfaitement a l‟ère de Ben Ali, surtout pendant les années noirs, les années de répression des Islamistes. Donc tout compte fait, Ben Ali n‟a rien inventé, tout était la depuis le début, il a juste utilisé l‟héritage, les inventions, les méthodes instaurés par le Ministre de l‟intérieur de ces années, les années de répression sauvages , de torture des gauchistes

jetons un coup d‟œil a ces listes

Ministres d‟intérieurs

Avril 1956 – 1965 : Taieb Mhiri Juin 1965 – Septembre 1969 : Beji Kaied Sebsi Septembre 1969 – Juin 1970 : Hedi Khfach

Juin 1970 – Septembre 1971 : Ahmed Mestiri Septembre 1971 – Octobre 1971 : Hedi Nouira

Octobre 1971 – Mars 1973 : Hedi Khfach

Mars 1973 – Décembre 1977 : Taher Belkhouja

Décembre 1977 – 25 Décembre 1977 (48 heures) :

Abdallah Farhat Décembre 1977 – Novembre 1979 : Dhaoui Hnableya

Novembre 1979 – Mars 1980 : Othman Kechrid

Mars 1980 – janvier 1984 : Edriss Guiga

Janvier 1984 – Avril 1986 : Mohamed Mzali Avril 1986 : Zine Abidine Ben Ali

Directeurs de sûreté

Ismail Zouiten

- Idriss Guiga

Beji Kaid Sebssi–

Foued Mbazaa–

Taher Belkhoudja–

Hssan Babou–

Monji Kaali–

Page 3: Beji sebsi

Zakareya Mostapha–

Hedi Cherif–

Abd EL Majid Bousslema–

Zine El Abidine ben Ali–

Abd El Majid Skhiri–

Zine Abindine Ben Ali–

Donc, en 1968 , lors de cette répression, lors de la mise en place de ces méthodes qui ont traversé les décennies : le ministre d‟intérieur était bel et bien : Mr Beji Kaied Sebsi… oui, l‟actuel premier ministre, oui c‟est dans le sous sol et le quatrième étage de son ministère, pas très loin de son bureau, étaient torturés les gauchistes, et de son bureau que sortaient les ordres, étaient conçus les méthodes que ZABA ne fera qu‟appliquer par la suite

une autre “remarque” a tirer de ces listes, Fouad Mbazaa était directeur de sureté, quand beji Kaid Sebssi était ministre de l‟intérieur

Nommer son ancien patron comme premier ministre sera t il une manière de jetter une fleur a un ami de longue date, et un renvoie d‟ascenseur en guise de remerciement pour un ancien service ? peut être

continuons avec un autre témoignage

Dans le Journal Chourouk, Paru le 26-08-2008, Mohamed Babou, directeur de la sureté sous Beji Kaied Sebssi, pendant les émeutes de Ouardanine, émeutes durant lesquelles on a tiré sur les manifestants et y‟a eu plusieurs dizaines de morts, et qui ressemblent a ce qui s‟est passé a Sidi Bouzid et Thala pendant la révolte du jasmin donne sa version des faits

Mr Babou, accuse clairement Mr Beji Kaid Sebssi d'avoir donné l'ordre de tirer

Donc tout compte fait, Ben Ali n‟a fait qu‟utiliser l‟héritage , les méthodes, les outils de Mr Béji Kaid Sebssi a confectionné et a déjà prouvé l‟utilité pour tuer nos martyrs a Thala et SidiBouzid

continuons

En 2002 Béji Kaid Sebssi a réalisé un entretien avec Michel Camau et Vincent Geisser.( Ouvrage : Bourguiba la trace et

Page 4: Beji sebsi

l‟héritage

A la page 597, en réponse à une question portant sur les conditions de détention terribles à la prison de Borj Erroumi , Béji Kaid Sebssi a déclaré

Les conditions étaient difficiles parce que Borj Er Roumi était

une ancienne prison française, celle de la Légion étrangère. Personnellement, je ne l‟ai visitée qu‟après. J‟ai vu que c‟étaient des caves humides. Mais auparavant, je ne le savais pas

Une petite recherche nous mène a l‟article de Noura Borsali : « Le complot de décembre 1962 : Fallait-il les tuer ?” ( Noura Borsali, 26-12-2002- Noura Borsali- Réalités- Hebdomadaire tunisien,repris dans son ouvrage : Bourguiba à l‟épreuve de la démocratie » ) on peut lire les témoignages d‟un prisonnier à Borj Erroumi, Temime H‟maidi Tounsi

Ils ont reçu la visite de quelques personnalités politiques

comme Taïeb Mhiri, Béji Caïd Essebsi , Mohamed Farhat, Hédi Baccouche, Tahar Belkhodja, Fouad Mbazaa, le gouverneur de Bizerte… “ Après la visite de Taïeb Mhiri, le système est devenu plus dur

Donc même en visite dans la tristement célèbre prison, et en rencontrant les prisonniers, Mr Sebsi ne savait pas les conditions de détentions et les tortures? heureusement que l‟article détaille ces pratiques, que je partage avec vous

Les autres condamnés ont été amenés, le 2 février, au bagne

ottoman de Porto Farina, au dépôt de munitions du temps des Turcs où enchaînés aux pieds, ils ont passé sept ans dans des conditions très dures et sans aucune nouvelle de leurs familles. Ils ont été conduits ensuite à la prison Borj Erroumi de Bizerte où ils ont vécu dans des damous ,sorte de dépôt de munitions du temps des Français à 37 marches (à environ 15 m) de profondeur. Les murs, selon les témoignages recueillis, suintaient continuellement : 3 à 4 litres par jour si bien que “ nous grelottions hiver comme été à cause de l‟humidité. Quant

Page 5: Beji sebsi

au soleil ou aux rais de lumière, nous n‟y avons eu droit qu‟après nos sept années passées à Porto Farina et notre transfert à Bizerte. Pendant plus de sept ans, nous avons vécu dans l‟obscurité de jour comme de nuit

source : article de Noura Borsali cité précédemment

Pratiques et conditions inhumaines et largement connus sous ZABA? peut être, mais il est de plus en plus clair que ZABA n‟a rien inventé, il a juste marché sur les pas de “SI” Beji

Continuons

A la page 598 (Entretien Béji Caid Essebsi) , à propos du complot de 1962, Béji Kaid Sebssi affirme

Pour celle du complot de décembre 1962, j‟étais en fonctions puisque, comme je l‟ai déjà dit, j‟ai été nommé directeur de la Sûreté à cette occasion. Mais elle a été traitée par le ministère de la Défense

Donc il est innocent des tortures qui étaient appliqués sur les comploteurs contre Bourguiba, puisque c‟était sous la responsabilité du ministère de la défense, et que ces comploteurs étaient jugés devant un tribunal militaire, pas si sur

Azedine Azzouz ( “L‟Histoire ne pardonne pas ». Azzedine Azouz . Tunisie 1939-1969. ) relate dans les pages 223-224-225-226, les conditions dans lesquelles se passaient les interrogatoires qui se déroulaient Bel et bien dans les locaux du ministère de l‟intérieur dirigé par Béji Caid Essebsi. Donc oui, ils étaient jugés par un tribunal militaire, mais les interrogatoires étaient au ministère de l‟intérieur , dirigés par “SI” Beji en personne

Des détails de ces interrogatoires ? un petit extrait de la page 224

Je ne peux décrire ici ce lue j‟ai entendu ce soir-là : tortures,

supplices, cris inhumains, coups de cravache, étouffements à l‟eau, brûlures à la cigarette et à l‟électricité, supplice de la bouteille, etc. Je ne pouvais en croire mes oreilles et n‟imaginer

Page 6: Beji sebsi

vivre en plein vingtième siècle, dans une Tunisie moderne et indépendante sous la présidence de Bourguiba. Un policier de stature colossale fit irruption dans la pièce où j‟étais, une cravache à la main et tout en sueur à force de frapper les détenus. Me regardant, il me lança : « Estime-toi heureux de ne pas subir le même sort puisque tu es libre

Même les policiers qui assuraient le service de nuit arboraient un air dégoûté et grinçaient des dents. L‟un Parmi eux, un vieux, remarqua : « C‟est une honte, on a jamais vu ça même du temps du colonialisme français

Les mêmes pratiques de ZABA, encore une fois? même la fameuse bouteille dans l‟anus date bien de l‟ère de “SI” Beji, donc tout compte fait, ZABA n‟a fait qu‟utiliser l‟héritage de “Si” Beji

continuons, mais d‟un autre ongle, qui pourra nous éclairer sur ce qui se passe actuellement en Tunisie. Faut il rappeler la fascination de Bourguiba par les “Ben Ammar” ? Faut il rappeler la place de Monther, Neyla, Nabila et Tarek ben Monther Ben Ammar dans le palais de Carthage pendant l‟âge d‟or de Wassila

En quoi c‟est important dans le cadre de ce billet? la suite nous le dira

continuons

dans les années 70, une “alliance” autour de Wassila Ben Ammar, constituée de Hbib Achour, Mohamed Masmoudi, Taher belkhouja , Sadok Ben Jemaa, Hassen Belkhoudja, et “SI” Beji Kaid Sebssi, comme étant un front “tunisois” se concrétise. Les hommes de cette alliance, doivent beaucoup, si ce n‟est pas tout a Wassila Ben Ammar

Est il utile de rappeler que Wassila Ben Ammar était très influencée par son frère Mondher Ben Ammar, père de Tarek Ben Ammar, qu‟il l‟a même poussé a se réconcilier avec un ennemi juré qu‟elle a nommé un jour: Mzali

Donc , recollons les morceaux, “SI Beji” doit énormément a Wassila, qui était très influencée par son frère, un moyen de remercier? de dire qu‟on est reconnaissant ? de “lammen

Page 7: Beji sebsi

chella” ? un petit coup de pouce au fils de Mondher peut etre? Tarek

ça expliquerait peut être bien de “coïncidences” qui se sont passés après la nomination de “Si” Beji par un ami de longue date : Fouad Mbazaa, ou même avant sa nomination (l‟énorme coup de pouce de Nesma TV pour sa nomination, Nesma TV dont un des grands actionnaires est Tarek ben Mondher Ben Ammar

Ce premier ministre si gentil, qui n‟a rien a voir avec les tortures, la répression, absolument rien a voir, ce premier ministre si angélique qu‟on dirait tombé directement du ciel

La Tunisie redeviens donc et encore un gâteau a deviser entre familles, ou la revanche des Ban Ammar sur les Trabelsi, faite par un si gentil Bourguibiste qui -et comme le montre ce billet- n‟a rien a voir avec les pratiques ZABISTES (tirer sur les manifestants, tortures etc

Par Par : Dr Jamel Mouhli (Page Officiellle)

SIHEM BEN SEDRINE

Page 8: Beji sebsi

)

.

:

CHAPEAU BAS A MADAME BEN SEDRINE

**********************************************************

Lettre ouverte au Premier Ministre

Caïd Essebsi

Page 9: Beji sebsi

Aucun autocrate n‟aura plus jamais de prise sur

notre destinée

Monsieur le Premier ministre,

Notre peuple s'apprête à vivre ses premières

élections libres. Ceci n'est pas pour plaire à ceux

qui ont été accoutumés à des élections dont les

résultats sont connus d'avance.

Face à cette grande inconnue, certains paniquent

et complotent contre l'unique institution légitime à

naître après la révolution. Ceux d‟entre eux qui

sont au-devant de la scène s‟ingénient à trouver

des subterfuges pour limiter son mandat, sa

législature et ses compétences. Ceux qui se

tiennent dans l'ombre nous menacent de scénarios

à l'algérienne, mobilisant les bandits du défunt

RCD ainsi que les criminels de la police politique

pour fomenter des actes de violences maquillés en

attaques de « salafistes », dans une tentative

d‟accréditer la thèse éculée de Ben Ali, du rempart

contre l‟extrémisme islamiste.

La tentation de prolonger la vie de votre

Page 10: Beji sebsi

gouvernement provisoire au-delà du 23 octobre est

explicable, le pouvoir est séducteur et corrupteur.

Mais la volonté du peuple doit être respectée et

votre gouvernement s‟était engagé à le faire,

même si l‟adage veut que les promesses

n‟engagent que ceux qui les reçoivent. Vous auriez

tort d‟oublier que notre peuple a fait une révolution

contre un régime dictatorial et n‟est pas près de se

laisser usurper sa liberté par les nostalgiques de

l‟ancien régime.

Ce fut une révolution pacifique, une marque

distinctive qui lui valut le respect du monde entier.

La passation s‟est faite en douceur et notre pays

n‟a pas eu à déplorer de coupure d‟électricité ou

d‟eau, d‟insécurité grave, de paralysie des

transports, de cessation de l‟activité économique

ou de banqueroute ; notre peuple s‟est remis au

travail, malgré tous les sabotages organisés par la

vieille garde de Ben Ali sous couvert de

syndicalisme, et a traversé cette période

dangereuse dans la vie des peuples sans trop de

dégâts, Dieu merci. Cela a été réalisé dès la

première quinzaine de la transition.

Votre gouvernement provisoire avait eu pour tâche

Page 11: Beji sebsi

de poursuivre ce travail et de gérer les affaires

courantes jusqu‟à l‟élection de la première

institution légitime et légale, la Constituante. Après

sept mois d‟exercice, nous ne voyons aucune

transparence dans la gestion de votre

gouvernement. Et tout le monde sait que la

démocratie c‟est d‟abord et avant tout la

transparence dans la prise de décision.

Monsieur le Premier ministre,

Sous réserve de réalisations cachées, votre bilan

parait peu reluisant :

o Vous étiez supposé prendre des mesures

urgentes pour protéger nos archives de la

prédation. Il s‟agissait de préserver la mémoire de

notre pays à travers ces documents qui vont

permettre au peuple de demander des comptes

aux vrais criminels, aujourd‟hui libres de leurs

mouvements et aussi puissants que sous l‟ancien

régime ; au lieu de livrer à la vindicte publique ces

pauvres « mounachidin » pour taire les voix qui

réclament justice. Ceux qui ont osé tirer la

Page 12: Beji sebsi

sonnette d‟alarme contre la destruction de nos

archives se sont retrouvés devant les tribunaux

tandis que ceux qui les ont détruites sont promus à

des postes de responsabilité.

o Vous étiez supposé prendre des mesures

urgentes pour encourager la liberté d‟expression,

réformer les médias, éliminer les responsables

traditionnels de la propagande et donner les

moyens aux médias étatiques et privés

d‟accompagner la démocratie en marche. Au lieu

de cela, les médias sont sous contrôle et les

nouveaux Abdelwahab Abdallah veillent au grain,

faisant la guerre aux médias indépendants, comme

Radio Kalima qui n‟a toujours pas de licence

malgré vos promesses. Que de temps perdu par

une INRIC légalement consultative, transformée en

instance de lobbying et à l‟occasion en autorité

autoritaire de régulation. Les élections seront

couvertes par un audiovisuel entièrement mis en

place sous Ben Ali. C‟est, indéniablement, une

réalisation à mettre au crédit de votre

gouvernement convaincu par la conversion des

barons des médias de Ben Ali en «

Page 13: Beji sebsi

révolutionnaires-démocrates ».

o Vous étiez supposé prendre des mesures

urgentes pour libérer l‟institution judiciaire du

carcan des mandarins qui l‟ont gouvernée et

dévoyée de sa fonction première en la soumettant

aux diktats des puissants. Au lieu de cela, vous

avez maintenu en place l‟équipe de Tekkari qui

s‟est appliquée à protéger les criminels de l‟ancien

régime et à abuser l‟opinion en offrant des

mascarades de procès, comme celui de Ben Ali,

indigne de la Tunisie révolutionnaire par son non-

respect des normes d‟un procès équitable. Les

rares affaires enrôlées à l‟initiative de vos deux

commissions d„investigation alibi, retenaient des

charges ridicules (consommation de drogues ou

infraction aux règles de change) tandis que

l‟essentiel des dossiers, et notamment celui des

assassins de nos martyrs, des exactions et des

spoliations commises tout au long des deux

décennies Ben Ali, était traité dans l‟opacité la plus

totale.

Page 14: Beji sebsi

o Vous étiez supposé prendre des mesures

urgentes pour réformer la police, permettre à cet

appareil sécuritaire de se purger des criminels qui

l‟ont mis au service d‟une mafia et de se

restructurer afin de répondre aux exigences de la

Tunisie post-révolutionnaire. Mais vous avez

limogé le seul vrai réformateur, Farhat Rajhi, et

nommé un ministre de la réforme dont le rôle est

d‟enterrer toute réforme. Mises à part les

entreprises de déstabilisation menées par les

vestiges de l‟ancien régime, le bilan sécuritaire est

plutôt positif. L‟armée tunisienne, qui est une

armée républicaine, a joué un rôle décisif pour la

protection de notre révolution et la sécurisation de

nos frontières menacées par les hordes de

Kadhafi. Le peuple a salué son rôle à plusieurs

reprises, mais il n‟acceptera jamais que l‟armée se

mêle de politique ou soit tentée par le pouvoir.

L‟opinion publique ne voit pas d‟un bon œil la

nomination de militaires à la tête d‟entreprises

publiques, d‟institutions économiques ou des

gouvernorats. Et j‟espère que ces rumeurs qui

donnent le général Ammar comme le nouvel

homme fort de la Tunisie sont infondées.

Page 15: Beji sebsi

Durant ces sept mois d‟exercice, vous avez

longuement communiqué ; mais jamais vous

n‟avez rendu compte au peuple de ce que faisait

votre gouvernement avec l‟argent public et celui

alloué par la communauté internationale pour le

redressement de la Tunisie ; vous n‟avez jamais dit

quelles initiatives vous avez prises pour réduire le

chômage, favoriser le développement des régions

marginalisées, redresser nos hôpitaux ou sauver

nos écoles.

Bien au contraire, votre gouvernement provisoire a

légiféré à tour de bras, là où il ne devrait pas et

sans débat public, engageant l'avenir de notre

pays bien au-delà de ce que votre mandat vous

octroie.

Vos prises de paroles ont été une série

d‟injonctions à renoncer à notre liberté

d‟expression, acquise de haute lutte ; à cesser les

manifestations publiques et les sit-in de

protestations contre l‟inaction de votre

gouvernement face aux dossiers brûlants toujours

en instance.

Page 16: Beji sebsi

Vous vous êtes mis au service de la restauration et

de nombreux corrompus notoires sont revenus aux

affaires avec votre bénédiction ; tout ce que vous

avez réussi à communiquer au peuple, c‟est que

les snipers sont des fantômes, les martyrs des

dommages collatéraux et la révolution une erreur

de parcours ;

Monsieur le Premier ministre,

Vous avez dernièrement prononcé le discours le

plus musclé de votre mandat et menacé

d‟appliquer à la lettre l‟état d‟urgence. Notre peuple

a fait cette révolution pour que l‟Etat de droit soit

respecté et la loi appliquée ; menacer d‟« appliquer

la loi » laisse entendre que votre gouvernement

est en train de faillir à son respect.

De nombreux observateurs ont vu dans votre

dernier discours des menaces qui me sont

personnellement adressées. Outre qu‟il s‟agit de

propos diffamatoires qui tombent sous le coup de

la loi, je serais curieuse de savoir de quel crime

Page 17: Beji sebsi

vous m‟accusez? Celui de refuser de me taire sur

les méfaits de ceux qui complotent contre la

révolution de notre peuple ? Ou d‟avoir continué

mon activité de militante de droits humains dans

les sphères de contre-pouvoir de la société civile,

loin de tous les honneurs et les privilèges accordés

à la vieille garde de Ben Ali ?

Je mets au défi quiconque - et notamment les

services de la police politique qui sont en train de

ficeler des dossiers préfabriqués sur moi comme

sur d‟autres militants patriotes – de fournir un seul

fait, un seul acte, un seul élément de preuve non

falsifié, établissant mon implication dans une

quelconque action de subversion contre mon pays,

contre mon peuple et sa glorieuse révolution ou

une quelconque activité illégale punissable par la

loi tunisienne.

Je ne pourrais pas en dire autant de ceux qui vous

entourent et qui se sont improvisés les nouveaux

maîtres de la Tunisie révolutionnaire, pensant que

les Tunisiens sont amnésiques et ne savent pas

qui ils sont véritablement, ni leur niveau

d‟implication dans l‟édification de la dictature de

Ben Ali.

Page 18: Beji sebsi

Ceux-là qui se sentent aujourd‟hui lésés par mon

activité citoyenne, en même temps qu‟ils

multiplient leurs campagnes vénéneuses et

mensongères contre moi et les révolutionnaires

loyaux, s‟auto-désignent comme les rescapés du

régime de Ben Ali dont ils cherchent à restaurer les

privilèges et les passe-droits. Je n‟ai jamais eu

d‟autre ennemi que ce régime despotique et

mafieux. Ils ont toujours, durant des deux

décennies, tenté de me salir dans leurs journaux

aux ordres ; aujourd‟hui encore leurs mercenaires

de la plume multiplient leurs campagnes de

diffamation dans leurs nouveaux journaux de

caniveau comme El Massaa.

Ce sont les mêmes qui ont monté une série de

dossiers préfabriqués et m‟ont accusée ainsi que

Hamma Hammami de « mener le pays droit au

mur ». J‟avoue n‟avoir saisi le sens de cette

formule que bien plus tard, lorsque je l‟ai vu

répétée in extenso dans les PV de police falsifiés,

accusant injustement des manifestants qui

s‟étaient exprimés pacifiquement contre les

politiques répressives de votre gouvernement, ou

des journalistes honnêtes qui avaient eu le

Page 19: Beji sebsi

malheur de filmer la barbarie policière réprimant

les manifestants.

Ce terme avait pris tout son sens lorsqu‟il a été

réutilisé lors des « aveux » filmés extorqués au

jeune Oussama Achouri en détention et diffusés

sur vos « deux chaînes nationales » Nessma et El

Watanya, m‟accusant de payer des jeunes

hooligans pour organiser des violences et piller les

magasins en y mettant le feu. Le lendemain Al

Jazzeradiffusait le témoignage de ce même jeune,

affirmant que ces « aveux » avaient été extorqués

sous la torture et qu‟il avait été contraint de signer

des PV où il me désignait, avec Hamma

Hammami, comme l‟instigatrice des troubles.

Evidemment, votre chaîne nationale qui ne s‟est

jamais excusée pour ce « reportage » préfabriqué,

m‟a dénié un droit de réponse, arguant du fait que

je n‟avais pas été explicitement nommée et m‟a

interdite d‟antenne depuis!

Lorsque le juge Rajhi avait dénoncé un «

gouvernement de l‟ombre », ces mêmes services

m‟avaient accusée de l‟avoir incité à faire ces

déclarations, comme si ce magistrat avait besoin

d‟un maître à penser pour agir ; la suite des

Page 20: Beji sebsi

événements a montré l‟inconsistance de ces

accusations.

En fait, ce qu‟ils n‟ont jamais admis, c‟est que le

Conseil National pour les libertés en Tunisie

(CNLT) s‟engage activement dans un processus

de réforme de la police, ce que Rajhi, durant son

mandat de ministre de l‟Intérieur, a favorisé,

conscient du fait que cette réforme ne pouvait être

menée à bien sans la participation de la société

civile.

Monsieur le Premier ministre,

Certains parmi ceux qui vous entourent ont été «

heurtés » de voir les représentants du CNLT

traverser les couloirs du ministère de l‟Intérieur et «

accéder » prétendument aux archives de la police

politique ; A ceux-là, je voudrais rappeler que c‟est

le rôle des ONG de droits humains de traiter avec

ce ministère qui gère les principaux dossiers

relatifs aux violations des libertés fondamentales

héritées de l‟ancien régime comme celles

commises actuellement. Que le dialogue avec les

Page 21: Beji sebsi

autorités compétentes est une chose naturelle

dans les pays démocratiques - et nous nous en

sommes félicités lorsque ce dialogue existait.

Concernant l‟accès aux archives, qui est un droit,

ni le CNLT ni toute autre représentant de la société

civile n‟y a été autorisé, malgré nos alertes sur les

risques de destruction dont on avait eu vent au

lendemain de la révolution; Et nous sommes tristes

d‟apprendre que les premiers à avoir eu

récemment accès aux geôles du ministère de

l‟Intérieur, ce furent des étrangers et non pas les

Tunisiens qui ont un légitime droit de regard.

Affirmer que nous interférons d‟une quelconque

manière dans la vie du syndicat des forces de

sécurité est un pur mensonge destiné à faire

diversion. Cependant, le CNLT a déclaré

publiquement que le droit syndical, pour les agents

de police, est un droit fondamental garanti par les

instruments internationaux. Un syndicat peut

constituer un rempart propre à protéger nos

policiers contre les dérives sécuritaires dont ils ont

souffert durant l‟ancien régime et les prémunir des

« instructions » illégales qu‟ils avaient reçu de

leurs supérieurs pour violer la loi en toute impunité;

Page 22: Beji sebsi

les menacer de dissoudre leur syndicat n‟est

vraiment pas d‟inspiration heureuse.

Nous avons essayé de promouvoir un processus

de justice transitionnelle, dont notre pays a

douloureusement besoin ; non seulement pour

exiger des comptes des criminels qui ont tué,

torturé et violé la loi, faire éclater la vérité sur les

assassins de nos martyrs et réhabiliter les

victimes, mais aussi afin de tourner au plus tôt la

page de cette dictature et engager notre pays dans

un processus de réconciliation. C‟est l‟objectif du

Centre de justice transitionnelle fondé avec des

femmes et des hommes venus de bords différents,

autant de la dissidence que du système lui-même,

avec en commun un désir sincère de servir notre

pays. Mais votre entourage a réagi par une levée

de boucliers, en cherchant à la saboter et en

suscitant d‟autres « initiatives » commanditées, à

la manière de Ben Ali. Ces gens-là oublient que la

révolution est passée par là et que toute tentation

conspiratrice est vouée à l‟échec.

Monsieur le Premier ministre,

Page 23: Beji sebsi

Si vous en avez le désir, vous savez ce qu‟il vous

reste encore à faire pour laisser aux Tunisiens un

souvenir positif de votre passage aux commandes

de notre pays.

En commencant par honorer nos martyrs fideles

symboles de notre revolte contre la dictature et de

nos blesses en les elevant au rang les plus

honorifiques et en leur octroyant le moyen le plus

honorable et plus glorieux pour ces heros celui de

la dignite et non de la mendicite. La Libye

recemment liberee a eu le bon sens de leur

assujetir tout un ministere qui porte leur nom et

soccupe de leurs revendications et problemes de

sante..Prenez exemple sur Elle et ordonnez le

necessaire tant que vous en avez encore le

pouvoir sinon je vous avertis nulle menace que la

roue de lhistoire tourne et vous sera impitoyable.

Quoiqu‟il en soit, sachez, monsieur le Premier

Ministre, que la peur a déserté l‟esprit et le cœur

des Tunisiens et qu‟aucun autocrate n‟aura plus

jamais de prise sur notre destinée Tunis le

4 octobre 2011

Sihem Bensedrine

Page 24: Beji sebsi