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BEJI SEBSI
Après sa nomination, après ses beaux discours, après ses actions qui n‟ont rien a voir avec ses discours après ses pas vers le développement d‟un culte de personnalité, moi, jeune tunisien, passionné d‟histoire et de politique, j‟ai fait des petites recherches, armé de Google, et de beaucoup de patience et j‟aimerais bien partager av...ec vous, le résultat – partiel – de ces recherches, car dans la Tunisie de “Si” Beji, toutes les vérités ne sont pas bonnes a dire.. mais Google est toujours la pour les plus curieux ;) Les recherches ont été orientés par l‟affirmation de Mr Beji Kaid Sebsi que Ben Ali sera jugé pour haute trahison et devra rendre compte des tortures dont il est responsable et les multiples “coïncidences” dont a bénéficié Nesma TV. Bonne lecture a Tous
Dans le livre de Gilbert Naccache, Qu‟as tu fait de ta jeunesse (qui est en vente libre a Tunis même sous l‟ère Ben Ali), page 97, l‟auteur parle de la répression de 1968 on lit
c‟est donc une répression, une répression générale contre tout
ce qui bouge dans la jeunesse, d‟une ampleur et surtout d‟une férocité que nous n‟avions pas imaginées. Il y eut plusieurs centaines d‟interpellations, plus de deux cents arrestations, des interrogatoires de personnes qui n‟avaient que des liens de parenté, d‟amitié ou seulement de proximité avec les militants organisés
Pendant des semaines, les policiers allaient et venaient, entraient dans les maisons, posant des question, fouillant, terrorisant les familles. Les jeunes organisés dans les différentes structures contestatrices, le GEST, le Baath ou le PC furent systématiquement torturés : ce fut pour nous une brusque confrontation avec les aspects les plus bestiaux de la police, la vue du visage caché du régime et, avec la rencontre des suspects de droit commun des geôles, la découverte de la
banalisation de ces pratiques barbares
Ce qui frappe d‟abord, c‟est la facilité avec laquelle on peut enlever des êtres humains, leur appliquer les pires sévices, les enfermer comme des animaux, sans qu‟il se produise rien
Même si le passage décrit la répression de 1968, il s‟applique parfaitement a l‟ère de Ben Ali, surtout pendant les années noirs, les années de répression des Islamistes. Donc tout compte fait, Ben Ali n‟a rien inventé, tout était la depuis le début, il a juste utilisé l‟héritage, les inventions, les méthodes instaurés par le Ministre de l‟intérieur de ces années, les années de répression sauvages , de torture des gauchistes
jetons un coup d‟œil a ces listes
Ministres d‟intérieurs
Avril 1956 – 1965 : Taieb Mhiri Juin 1965 – Septembre 1969 : Beji Kaied Sebsi Septembre 1969 – Juin 1970 : Hedi Khfach
Juin 1970 – Septembre 1971 : Ahmed Mestiri Septembre 1971 – Octobre 1971 : Hedi Nouira
Octobre 1971 – Mars 1973 : Hedi Khfach
Mars 1973 – Décembre 1977 : Taher Belkhouja
Décembre 1977 – 25 Décembre 1977 (48 heures) :
Abdallah Farhat Décembre 1977 – Novembre 1979 : Dhaoui Hnableya
Novembre 1979 – Mars 1980 : Othman Kechrid
Mars 1980 – janvier 1984 : Edriss Guiga
Janvier 1984 – Avril 1986 : Mohamed Mzali Avril 1986 : Zine Abidine Ben Ali
Directeurs de sûreté
Ismail Zouiten
- Idriss Guiga
Beji Kaid Sebssi–
Foued Mbazaa–
Taher Belkhoudja–
Hssan Babou–
Monji Kaali–
Zakareya Mostapha–
Hedi Cherif–
Abd EL Majid Bousslema–
Zine El Abidine ben Ali–
Abd El Majid Skhiri–
Zine Abindine Ben Ali–
Donc, en 1968 , lors de cette répression, lors de la mise en place de ces méthodes qui ont traversé les décennies : le ministre d‟intérieur était bel et bien : Mr Beji Kaied Sebsi… oui, l‟actuel premier ministre, oui c‟est dans le sous sol et le quatrième étage de son ministère, pas très loin de son bureau, étaient torturés les gauchistes, et de son bureau que sortaient les ordres, étaient conçus les méthodes que ZABA ne fera qu‟appliquer par la suite
une autre “remarque” a tirer de ces listes, Fouad Mbazaa était directeur de sureté, quand beji Kaid Sebssi était ministre de l‟intérieur
Nommer son ancien patron comme premier ministre sera t il une manière de jetter une fleur a un ami de longue date, et un renvoie d‟ascenseur en guise de remerciement pour un ancien service ? peut être
continuons avec un autre témoignage
Dans le Journal Chourouk, Paru le 26-08-2008, Mohamed Babou, directeur de la sureté sous Beji Kaied Sebssi, pendant les émeutes de Ouardanine, émeutes durant lesquelles on a tiré sur les manifestants et y‟a eu plusieurs dizaines de morts, et qui ressemblent a ce qui s‟est passé a Sidi Bouzid et Thala pendant la révolte du jasmin donne sa version des faits
Mr Babou, accuse clairement Mr Beji Kaid Sebssi d'avoir donné l'ordre de tirer
Donc tout compte fait, Ben Ali n‟a fait qu‟utiliser l‟héritage , les méthodes, les outils de Mr Béji Kaid Sebssi a confectionné et a déjà prouvé l‟utilité pour tuer nos martyrs a Thala et SidiBouzid
continuons
En 2002 Béji Kaid Sebssi a réalisé un entretien avec Michel Camau et Vincent Geisser.( Ouvrage : Bourguiba la trace et
l‟héritage
A la page 597, en réponse à une question portant sur les conditions de détention terribles à la prison de Borj Erroumi , Béji Kaid Sebssi a déclaré
Les conditions étaient difficiles parce que Borj Er Roumi était
une ancienne prison française, celle de la Légion étrangère. Personnellement, je ne l‟ai visitée qu‟après. J‟ai vu que c‟étaient des caves humides. Mais auparavant, je ne le savais pas
Une petite recherche nous mène a l‟article de Noura Borsali : « Le complot de décembre 1962 : Fallait-il les tuer ?” ( Noura Borsali, 26-12-2002- Noura Borsali- Réalités- Hebdomadaire tunisien,repris dans son ouvrage : Bourguiba à l‟épreuve de la démocratie » ) on peut lire les témoignages d‟un prisonnier à Borj Erroumi, Temime H‟maidi Tounsi
Ils ont reçu la visite de quelques personnalités politiques
comme Taïeb Mhiri, Béji Caïd Essebsi , Mohamed Farhat, Hédi Baccouche, Tahar Belkhodja, Fouad Mbazaa, le gouverneur de Bizerte… “ Après la visite de Taïeb Mhiri, le système est devenu plus dur
Donc même en visite dans la tristement célèbre prison, et en rencontrant les prisonniers, Mr Sebsi ne savait pas les conditions de détentions et les tortures? heureusement que l‟article détaille ces pratiques, que je partage avec vous
Les autres condamnés ont été amenés, le 2 février, au bagne
ottoman de Porto Farina, au dépôt de munitions du temps des Turcs où enchaînés aux pieds, ils ont passé sept ans dans des conditions très dures et sans aucune nouvelle de leurs familles. Ils ont été conduits ensuite à la prison Borj Erroumi de Bizerte où ils ont vécu dans des damous ,sorte de dépôt de munitions du temps des Français à 37 marches (à environ 15 m) de profondeur. Les murs, selon les témoignages recueillis, suintaient continuellement : 3 à 4 litres par jour si bien que “ nous grelottions hiver comme été à cause de l‟humidité. Quant
au soleil ou aux rais de lumière, nous n‟y avons eu droit qu‟après nos sept années passées à Porto Farina et notre transfert à Bizerte. Pendant plus de sept ans, nous avons vécu dans l‟obscurité de jour comme de nuit
source : article de Noura Borsali cité précédemment
Pratiques et conditions inhumaines et largement connus sous ZABA? peut être, mais il est de plus en plus clair que ZABA n‟a rien inventé, il a juste marché sur les pas de “SI” Beji
Continuons
A la page 598 (Entretien Béji Caid Essebsi) , à propos du complot de 1962, Béji Kaid Sebssi affirme
Pour celle du complot de décembre 1962, j‟étais en fonctions puisque, comme je l‟ai déjà dit, j‟ai été nommé directeur de la Sûreté à cette occasion. Mais elle a été traitée par le ministère de la Défense
Donc il est innocent des tortures qui étaient appliqués sur les comploteurs contre Bourguiba, puisque c‟était sous la responsabilité du ministère de la défense, et que ces comploteurs étaient jugés devant un tribunal militaire, pas si sur
Azedine Azzouz ( “L‟Histoire ne pardonne pas ». Azzedine Azouz . Tunisie 1939-1969. ) relate dans les pages 223-224-225-226, les conditions dans lesquelles se passaient les interrogatoires qui se déroulaient Bel et bien dans les locaux du ministère de l‟intérieur dirigé par Béji Caid Essebsi. Donc oui, ils étaient jugés par un tribunal militaire, mais les interrogatoires étaient au ministère de l‟intérieur , dirigés par “SI” Beji en personne
Des détails de ces interrogatoires ? un petit extrait de la page 224
Je ne peux décrire ici ce lue j‟ai entendu ce soir-là : tortures,
supplices, cris inhumains, coups de cravache, étouffements à l‟eau, brûlures à la cigarette et à l‟électricité, supplice de la bouteille, etc. Je ne pouvais en croire mes oreilles et n‟imaginer
vivre en plein vingtième siècle, dans une Tunisie moderne et indépendante sous la présidence de Bourguiba. Un policier de stature colossale fit irruption dans la pièce où j‟étais, une cravache à la main et tout en sueur à force de frapper les détenus. Me regardant, il me lança : « Estime-toi heureux de ne pas subir le même sort puisque tu es libre
Même les policiers qui assuraient le service de nuit arboraient un air dégoûté et grinçaient des dents. L‟un Parmi eux, un vieux, remarqua : « C‟est une honte, on a jamais vu ça même du temps du colonialisme français
Les mêmes pratiques de ZABA, encore une fois? même la fameuse bouteille dans l‟anus date bien de l‟ère de “SI” Beji, donc tout compte fait, ZABA n‟a fait qu‟utiliser l‟héritage de “Si” Beji
continuons, mais d‟un autre ongle, qui pourra nous éclairer sur ce qui se passe actuellement en Tunisie. Faut il rappeler la fascination de Bourguiba par les “Ben Ammar” ? Faut il rappeler la place de Monther, Neyla, Nabila et Tarek ben Monther Ben Ammar dans le palais de Carthage pendant l‟âge d‟or de Wassila
En quoi c‟est important dans le cadre de ce billet? la suite nous le dira
continuons
dans les années 70, une “alliance” autour de Wassila Ben Ammar, constituée de Hbib Achour, Mohamed Masmoudi, Taher belkhouja , Sadok Ben Jemaa, Hassen Belkhoudja, et “SI” Beji Kaid Sebssi, comme étant un front “tunisois” se concrétise. Les hommes de cette alliance, doivent beaucoup, si ce n‟est pas tout a Wassila Ben Ammar
Est il utile de rappeler que Wassila Ben Ammar était très influencée par son frère Mondher Ben Ammar, père de Tarek Ben Ammar, qu‟il l‟a même poussé a se réconcilier avec un ennemi juré qu‟elle a nommé un jour: Mzali
Donc , recollons les morceaux, “SI Beji” doit énormément a Wassila, qui était très influencée par son frère, un moyen de remercier? de dire qu‟on est reconnaissant ? de “lammen
chella” ? un petit coup de pouce au fils de Mondher peut etre? Tarek
ça expliquerait peut être bien de “coïncidences” qui se sont passés après la nomination de “Si” Beji par un ami de longue date : Fouad Mbazaa, ou même avant sa nomination (l‟énorme coup de pouce de Nesma TV pour sa nomination, Nesma TV dont un des grands actionnaires est Tarek ben Mondher Ben Ammar
Ce premier ministre si gentil, qui n‟a rien a voir avec les tortures, la répression, absolument rien a voir, ce premier ministre si angélique qu‟on dirait tombé directement du ciel
La Tunisie redeviens donc et encore un gâteau a deviser entre familles, ou la revanche des Ban Ammar sur les Trabelsi, faite par un si gentil Bourguibiste qui -et comme le montre ce billet- n‟a rien a voir avec les pratiques ZABISTES (tirer sur les manifestants, tortures etc
Par Par : Dr Jamel Mouhli (Page Officiellle)
SIHEM BEN SEDRINE
)
.
:
CHAPEAU BAS A MADAME BEN SEDRINE
**********************************************************
Lettre ouverte au Premier Ministre
Caïd Essebsi
Aucun autocrate n‟aura plus jamais de prise sur
notre destinée
Monsieur le Premier ministre,
Notre peuple s'apprête à vivre ses premières
élections libres. Ceci n'est pas pour plaire à ceux
qui ont été accoutumés à des élections dont les
résultats sont connus d'avance.
Face à cette grande inconnue, certains paniquent
et complotent contre l'unique institution légitime à
naître après la révolution. Ceux d‟entre eux qui
sont au-devant de la scène s‟ingénient à trouver
des subterfuges pour limiter son mandat, sa
législature et ses compétences. Ceux qui se
tiennent dans l'ombre nous menacent de scénarios
à l'algérienne, mobilisant les bandits du défunt
RCD ainsi que les criminels de la police politique
pour fomenter des actes de violences maquillés en
attaques de « salafistes », dans une tentative
d‟accréditer la thèse éculée de Ben Ali, du rempart
contre l‟extrémisme islamiste.
La tentation de prolonger la vie de votre
gouvernement provisoire au-delà du 23 octobre est
explicable, le pouvoir est séducteur et corrupteur.
Mais la volonté du peuple doit être respectée et
votre gouvernement s‟était engagé à le faire,
même si l‟adage veut que les promesses
n‟engagent que ceux qui les reçoivent. Vous auriez
tort d‟oublier que notre peuple a fait une révolution
contre un régime dictatorial et n‟est pas près de se
laisser usurper sa liberté par les nostalgiques de
l‟ancien régime.
Ce fut une révolution pacifique, une marque
distinctive qui lui valut le respect du monde entier.
La passation s‟est faite en douceur et notre pays
n‟a pas eu à déplorer de coupure d‟électricité ou
d‟eau, d‟insécurité grave, de paralysie des
transports, de cessation de l‟activité économique
ou de banqueroute ; notre peuple s‟est remis au
travail, malgré tous les sabotages organisés par la
vieille garde de Ben Ali sous couvert de
syndicalisme, et a traversé cette période
dangereuse dans la vie des peuples sans trop de
dégâts, Dieu merci. Cela a été réalisé dès la
première quinzaine de la transition.
Votre gouvernement provisoire avait eu pour tâche
de poursuivre ce travail et de gérer les affaires
courantes jusqu‟à l‟élection de la première
institution légitime et légale, la Constituante. Après
sept mois d‟exercice, nous ne voyons aucune
transparence dans la gestion de votre
gouvernement. Et tout le monde sait que la
démocratie c‟est d‟abord et avant tout la
transparence dans la prise de décision.
Monsieur le Premier ministre,
Sous réserve de réalisations cachées, votre bilan
parait peu reluisant :
o Vous étiez supposé prendre des mesures
urgentes pour protéger nos archives de la
prédation. Il s‟agissait de préserver la mémoire de
notre pays à travers ces documents qui vont
permettre au peuple de demander des comptes
aux vrais criminels, aujourd‟hui libres de leurs
mouvements et aussi puissants que sous l‟ancien
régime ; au lieu de livrer à la vindicte publique ces
pauvres « mounachidin » pour taire les voix qui
réclament justice. Ceux qui ont osé tirer la
sonnette d‟alarme contre la destruction de nos
archives se sont retrouvés devant les tribunaux
tandis que ceux qui les ont détruites sont promus à
des postes de responsabilité.
o Vous étiez supposé prendre des mesures
urgentes pour encourager la liberté d‟expression,
réformer les médias, éliminer les responsables
traditionnels de la propagande et donner les
moyens aux médias étatiques et privés
d‟accompagner la démocratie en marche. Au lieu
de cela, les médias sont sous contrôle et les
nouveaux Abdelwahab Abdallah veillent au grain,
faisant la guerre aux médias indépendants, comme
Radio Kalima qui n‟a toujours pas de licence
malgré vos promesses. Que de temps perdu par
une INRIC légalement consultative, transformée en
instance de lobbying et à l‟occasion en autorité
autoritaire de régulation. Les élections seront
couvertes par un audiovisuel entièrement mis en
place sous Ben Ali. C‟est, indéniablement, une
réalisation à mettre au crédit de votre
gouvernement convaincu par la conversion des
barons des médias de Ben Ali en «
révolutionnaires-démocrates ».
o Vous étiez supposé prendre des mesures
urgentes pour libérer l‟institution judiciaire du
carcan des mandarins qui l‟ont gouvernée et
dévoyée de sa fonction première en la soumettant
aux diktats des puissants. Au lieu de cela, vous
avez maintenu en place l‟équipe de Tekkari qui
s‟est appliquée à protéger les criminels de l‟ancien
régime et à abuser l‟opinion en offrant des
mascarades de procès, comme celui de Ben Ali,
indigne de la Tunisie révolutionnaire par son non-
respect des normes d‟un procès équitable. Les
rares affaires enrôlées à l‟initiative de vos deux
commissions d„investigation alibi, retenaient des
charges ridicules (consommation de drogues ou
infraction aux règles de change) tandis que
l‟essentiel des dossiers, et notamment celui des
assassins de nos martyrs, des exactions et des
spoliations commises tout au long des deux
décennies Ben Ali, était traité dans l‟opacité la plus
totale.
o Vous étiez supposé prendre des mesures
urgentes pour réformer la police, permettre à cet
appareil sécuritaire de se purger des criminels qui
l‟ont mis au service d‟une mafia et de se
restructurer afin de répondre aux exigences de la
Tunisie post-révolutionnaire. Mais vous avez
limogé le seul vrai réformateur, Farhat Rajhi, et
nommé un ministre de la réforme dont le rôle est
d‟enterrer toute réforme. Mises à part les
entreprises de déstabilisation menées par les
vestiges de l‟ancien régime, le bilan sécuritaire est
plutôt positif. L‟armée tunisienne, qui est une
armée républicaine, a joué un rôle décisif pour la
protection de notre révolution et la sécurisation de
nos frontières menacées par les hordes de
Kadhafi. Le peuple a salué son rôle à plusieurs
reprises, mais il n‟acceptera jamais que l‟armée se
mêle de politique ou soit tentée par le pouvoir.
L‟opinion publique ne voit pas d‟un bon œil la
nomination de militaires à la tête d‟entreprises
publiques, d‟institutions économiques ou des
gouvernorats. Et j‟espère que ces rumeurs qui
donnent le général Ammar comme le nouvel
homme fort de la Tunisie sont infondées.
Durant ces sept mois d‟exercice, vous avez
longuement communiqué ; mais jamais vous
n‟avez rendu compte au peuple de ce que faisait
votre gouvernement avec l‟argent public et celui
alloué par la communauté internationale pour le
redressement de la Tunisie ; vous n‟avez jamais dit
quelles initiatives vous avez prises pour réduire le
chômage, favoriser le développement des régions
marginalisées, redresser nos hôpitaux ou sauver
nos écoles.
Bien au contraire, votre gouvernement provisoire a
légiféré à tour de bras, là où il ne devrait pas et
sans débat public, engageant l'avenir de notre
pays bien au-delà de ce que votre mandat vous
octroie.
Vos prises de paroles ont été une série
d‟injonctions à renoncer à notre liberté
d‟expression, acquise de haute lutte ; à cesser les
manifestations publiques et les sit-in de
protestations contre l‟inaction de votre
gouvernement face aux dossiers brûlants toujours
en instance.
Vous vous êtes mis au service de la restauration et
de nombreux corrompus notoires sont revenus aux
affaires avec votre bénédiction ; tout ce que vous
avez réussi à communiquer au peuple, c‟est que
les snipers sont des fantômes, les martyrs des
dommages collatéraux et la révolution une erreur
de parcours ;
Monsieur le Premier ministre,
Vous avez dernièrement prononcé le discours le
plus musclé de votre mandat et menacé
d‟appliquer à la lettre l‟état d‟urgence. Notre peuple
a fait cette révolution pour que l‟Etat de droit soit
respecté et la loi appliquée ; menacer d‟« appliquer
la loi » laisse entendre que votre gouvernement
est en train de faillir à son respect.
De nombreux observateurs ont vu dans votre
dernier discours des menaces qui me sont
personnellement adressées. Outre qu‟il s‟agit de
propos diffamatoires qui tombent sous le coup de
la loi, je serais curieuse de savoir de quel crime
vous m‟accusez? Celui de refuser de me taire sur
les méfaits de ceux qui complotent contre la
révolution de notre peuple ? Ou d‟avoir continué
mon activité de militante de droits humains dans
les sphères de contre-pouvoir de la société civile,
loin de tous les honneurs et les privilèges accordés
à la vieille garde de Ben Ali ?
Je mets au défi quiconque - et notamment les
services de la police politique qui sont en train de
ficeler des dossiers préfabriqués sur moi comme
sur d‟autres militants patriotes – de fournir un seul
fait, un seul acte, un seul élément de preuve non
falsifié, établissant mon implication dans une
quelconque action de subversion contre mon pays,
contre mon peuple et sa glorieuse révolution ou
une quelconque activité illégale punissable par la
loi tunisienne.
Je ne pourrais pas en dire autant de ceux qui vous
entourent et qui se sont improvisés les nouveaux
maîtres de la Tunisie révolutionnaire, pensant que
les Tunisiens sont amnésiques et ne savent pas
qui ils sont véritablement, ni leur niveau
d‟implication dans l‟édification de la dictature de
Ben Ali.
Ceux-là qui se sentent aujourd‟hui lésés par mon
activité citoyenne, en même temps qu‟ils
multiplient leurs campagnes vénéneuses et
mensongères contre moi et les révolutionnaires
loyaux, s‟auto-désignent comme les rescapés du
régime de Ben Ali dont ils cherchent à restaurer les
privilèges et les passe-droits. Je n‟ai jamais eu
d‟autre ennemi que ce régime despotique et
mafieux. Ils ont toujours, durant des deux
décennies, tenté de me salir dans leurs journaux
aux ordres ; aujourd‟hui encore leurs mercenaires
de la plume multiplient leurs campagnes de
diffamation dans leurs nouveaux journaux de
caniveau comme El Massaa.
Ce sont les mêmes qui ont monté une série de
dossiers préfabriqués et m‟ont accusée ainsi que
Hamma Hammami de « mener le pays droit au
mur ». J‟avoue n‟avoir saisi le sens de cette
formule que bien plus tard, lorsque je l‟ai vu
répétée in extenso dans les PV de police falsifiés,
accusant injustement des manifestants qui
s‟étaient exprimés pacifiquement contre les
politiques répressives de votre gouvernement, ou
des journalistes honnêtes qui avaient eu le
malheur de filmer la barbarie policière réprimant
les manifestants.
Ce terme avait pris tout son sens lorsqu‟il a été
réutilisé lors des « aveux » filmés extorqués au
jeune Oussama Achouri en détention et diffusés
sur vos « deux chaînes nationales » Nessma et El
Watanya, m‟accusant de payer des jeunes
hooligans pour organiser des violences et piller les
magasins en y mettant le feu. Le lendemain Al
Jazzeradiffusait le témoignage de ce même jeune,
affirmant que ces « aveux » avaient été extorqués
sous la torture et qu‟il avait été contraint de signer
des PV où il me désignait, avec Hamma
Hammami, comme l‟instigatrice des troubles.
Evidemment, votre chaîne nationale qui ne s‟est
jamais excusée pour ce « reportage » préfabriqué,
m‟a dénié un droit de réponse, arguant du fait que
je n‟avais pas été explicitement nommée et m‟a
interdite d‟antenne depuis!
Lorsque le juge Rajhi avait dénoncé un «
gouvernement de l‟ombre », ces mêmes services
m‟avaient accusée de l‟avoir incité à faire ces
déclarations, comme si ce magistrat avait besoin
d‟un maître à penser pour agir ; la suite des
événements a montré l‟inconsistance de ces
accusations.
En fait, ce qu‟ils n‟ont jamais admis, c‟est que le
Conseil National pour les libertés en Tunisie
(CNLT) s‟engage activement dans un processus
de réforme de la police, ce que Rajhi, durant son
mandat de ministre de l‟Intérieur, a favorisé,
conscient du fait que cette réforme ne pouvait être
menée à bien sans la participation de la société
civile.
Monsieur le Premier ministre,
Certains parmi ceux qui vous entourent ont été «
heurtés » de voir les représentants du CNLT
traverser les couloirs du ministère de l‟Intérieur et «
accéder » prétendument aux archives de la police
politique ; A ceux-là, je voudrais rappeler que c‟est
le rôle des ONG de droits humains de traiter avec
ce ministère qui gère les principaux dossiers
relatifs aux violations des libertés fondamentales
héritées de l‟ancien régime comme celles
commises actuellement. Que le dialogue avec les
autorités compétentes est une chose naturelle
dans les pays démocratiques - et nous nous en
sommes félicités lorsque ce dialogue existait.
Concernant l‟accès aux archives, qui est un droit,
ni le CNLT ni toute autre représentant de la société
civile n‟y a été autorisé, malgré nos alertes sur les
risques de destruction dont on avait eu vent au
lendemain de la révolution; Et nous sommes tristes
d‟apprendre que les premiers à avoir eu
récemment accès aux geôles du ministère de
l‟Intérieur, ce furent des étrangers et non pas les
Tunisiens qui ont un légitime droit de regard.
Affirmer que nous interférons d‟une quelconque
manière dans la vie du syndicat des forces de
sécurité est un pur mensonge destiné à faire
diversion. Cependant, le CNLT a déclaré
publiquement que le droit syndical, pour les agents
de police, est un droit fondamental garanti par les
instruments internationaux. Un syndicat peut
constituer un rempart propre à protéger nos
policiers contre les dérives sécuritaires dont ils ont
souffert durant l‟ancien régime et les prémunir des
« instructions » illégales qu‟ils avaient reçu de
leurs supérieurs pour violer la loi en toute impunité;
les menacer de dissoudre leur syndicat n‟est
vraiment pas d‟inspiration heureuse.
Nous avons essayé de promouvoir un processus
de justice transitionnelle, dont notre pays a
douloureusement besoin ; non seulement pour
exiger des comptes des criminels qui ont tué,
torturé et violé la loi, faire éclater la vérité sur les
assassins de nos martyrs et réhabiliter les
victimes, mais aussi afin de tourner au plus tôt la
page de cette dictature et engager notre pays dans
un processus de réconciliation. C‟est l‟objectif du
Centre de justice transitionnelle fondé avec des
femmes et des hommes venus de bords différents,
autant de la dissidence que du système lui-même,
avec en commun un désir sincère de servir notre
pays. Mais votre entourage a réagi par une levée
de boucliers, en cherchant à la saboter et en
suscitant d‟autres « initiatives » commanditées, à
la manière de Ben Ali. Ces gens-là oublient que la
révolution est passée par là et que toute tentation
conspiratrice est vouée à l‟échec.
Monsieur le Premier ministre,
Si vous en avez le désir, vous savez ce qu‟il vous
reste encore à faire pour laisser aux Tunisiens un
souvenir positif de votre passage aux commandes
de notre pays.
En commencant par honorer nos martyrs fideles
symboles de notre revolte contre la dictature et de
nos blesses en les elevant au rang les plus
honorifiques et en leur octroyant le moyen le plus
honorable et plus glorieux pour ces heros celui de
la dignite et non de la mendicite. La Libye
recemment liberee a eu le bon sens de leur
assujetir tout un ministere qui porte leur nom et
soccupe de leurs revendications et problemes de
sante..Prenez exemple sur Elle et ordonnez le
necessaire tant que vous en avez encore le
pouvoir sinon je vous avertis nulle menace que la
roue de lhistoire tourne et vous sera impitoyable.
Quoiqu‟il en soit, sachez, monsieur le Premier
Ministre, que la peur a déserté l‟esprit et le cœur
des Tunisiens et qu‟aucun autocrate n‟aura plus
jamais de prise sur notre destinée Tunis le
4 octobre 2011
Sihem Bensedrine