bilan étape culture acte 2

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    Bilan dtape

    mission culture-acte 2

    jeudi 6 dcembre 2012

    contact Presse

    Dpartement de

    linformation et de

    la communication

    Service de pressetl. : 01 40 15 74 71

    [email protected]

    www.culturecommunication.gouv.fr

    www.facebook.com/ministere.culture.communication

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    www.culture-acte2.fr

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    Sommaire

    Objet, mthode et calendrierpage 3

    Les auditionspage 7

    Accs des publics la culture et dveloppement de loffre lgalepage 13

    Dfense et adaptation des droits de proprit intellectuellepage 17

    Rmunration des crateurs et financement de la crationpage 20

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    Objet, mthode et calendrier

    1. Objet et primtre de la mission

    1.1 Rappel : la lettre de mission

    Par une lettre du 6 aot 2012 signe de la ministre de la Culture et de la Communication, le gou-vernement a confi Pierre Lescure une mission de concertation sur les contenus numriqueset la politique culturelle lheure du numrique . Cette mission doit permettre de prparer lActe II de lexception culturelle , cest--dire ladaptation des mcanismes et instrumentsmis en place dans les annes 1980 pour favoriser la cration et la diffusion des uvres cul-

    turelles, aux enjeux de la rvolution numrique, qui renouvelle les contenus et transforme lesrelations entre crateurs, industries cratives et usagers.

    Les propositions de la mission doivent permettre de favoriser le dveloppement des uvreset des pratiques culturelles numriques et dassurer laccs de tous celles-ci, de soutenir lacration et la diversit, de valoriser les retombes conomiques pour le territoire national et delutter contre la contrefaon commerciale.

    1.2 Primtre de la mission

    La mission doit contribuer la dfinition dune politique culturelle adapte aux enjeux numriques.Sa rflexion concerne prioritairement les contenus produits par les industries culturelles

    destination du grand public : livre, musique, cinma et audiovisuel, presse, jeu vido, photogra-phie... Les questions, par ailleurs cruciales, de la transformation numrique des institutionsculturelles publiques (administrations, muses, bibliothques, thtres publics etc.), de la priseen compte des enjeux et outils numriques dans lducation artistique et culturelle, ou encore desnouvelles formes de cration ( arts numriques ) ne relvent pas du cur de la mission.

    Dans ce cadre gnral, conformment au souci de prendre en compte les intrts respectifs descrateurs, des industries culturelles et des publics, la rflexion de la mission sarticule autour destrois thmes suivants :

    - accs des publics aux uvres culturelles et dveloppement de loffre lgale ;

    - rmunration des crateurs et financement de la cration ;

    - protection et adaptation des droits de proprit intellectuelle.

    Dans plusieurs des domaines couverts par la mission, dimportantes volutions devraient inter-venir dans les semaines venir et avant mme la restitution du rapport : adoption des nouveauxbarmes de la rmunration pour copie prive, notification dun nouveau rgime de TST-distribu-teurs, conclusions de la mdiation Schwartz sur le conflit entre les diteurs de presse et lesmoteurs de recherche, prsentation du rapport sur la fiscalit numrique de MM. Colin et Collin,modification ventuelle de la lgislation sur lexception pdagogique Ces volutions serontsuivies avec attention par la mission et prises en compte dans llaboration de ses propositions.

    Conformment lambition quimplique lexpression Acte II de lexception culturelle , la

    mission sefforcera de proposer, au-del des ajustements techniques apporter court termeaux dispositifs existants, les grands principes dune politique culturelle adapte aux enjeuxnumriques et susceptible de sadapter aux volutions futures.

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    1.3 Enjeux europens et internationaux

    Une grande partie des questions tudies sont encadres par des normes, plus ou moinscontraignantes, de niveau communautaire (ex : rgles relatives la fiscalit ou aux aides dEtat,directive e-commerce, jurisprudence de la CJUE sur la copie prive) ou international (ex :traits OMPI, convention de lUNESCO sur la diversit culturelle). En outre, la rvolutionnumrique ignorant largement les frontires, toute politique culturelle conue dans un cadrepurement national serait demble voue lchec.

    La mission sappuiera donc sur les enseignements tirs des comparaisons internationales.Elle distinguera, parmi ses propositions, celles qui sont compatibles avec le cadre juridiquecommunautaire et international existant, et celles qui ncessitent une modification de ce cadre.Conformment la lettre de mission, elle sefforcera de proposer, en lien avec le ministre desaffaires trangres et europennes, une stratgie communautaire et internationale globale.

    2. Composition et calendrier de la mission

    Prside par Pierre Lescure, directeur gnral dlgu du thtre Marigny, la mission est coor-donne par Jean-Baptiste Gourdin, conseiller rfrendaire la Cour des comptes, et comprend :

    - trois rapporteurs : Sarah Lacoche, inspectrice des finances, Juliette Mant, juriste en droitdes mdias et ancienne assistante parlementaire, Raphal Keller, charg de mission ladirection gnrale des mdias et des industries culturelles (DGMIC) du ministre de la Cultureet de la Communication ;

    - trois experts : Jean-Philippe Mochon, chef du service des affaires juridiques et internationa-les au secrtariat gnral du ministre de la Culture et de la Communication, Frdric Bokobza,sous-directeur du dveloppement de lconomie culturelle la DGMIC du ministre de laCulture et de la Communication, et Thierry Chze, journaliste de cinma ;

    - une assistante : Marie-Laure Drouin.

    Aprs une premire phase consacre au diagnostic de la situation existante et la mise platdes questions, la mission se droule en deux temps :

    - doctobre dcembre 2012, la mission auditionne lensemble des acteurs concerns parles sujets quelle est charge de traiter ;

    - de janvier mars 2013, elle laborera des propositions quelle soumettra la concertationen vue dobtenir le plus grand consensus possible.

    3. Bilan des travaux au 6 dcembre

    3.1 Les auditions

    La mission a auditionn 60 organismes, entreprises ou personnalits. Au total, une centainedauditions est prvue. Les contraintes dagenda de certains auditionns ont conduit la mission prolonger la phase de la mission, qui devait sachever fin dcembre 2012, jusquau 15 janvier2013.

    A ce jour, seules deux entits ont refus dtre entendues par la mission : lorganisation dedfense des droits et liberts des citoyens sur Internet La Quadrature du Net et lassociationde consommateurs UFC-Que choisir .

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    Chaque audition dure en moyenne 1h30 et se dcompose schmatiquement en une heure deprsentation suivie dune demi-heure de questions / rponses. Les auditions sont retransmisesen diffr sur le site de la mission en format audio ou vido, et accompagnes dune synthsecrite rdige par la mission et valide par lauditionn. Les internautes ont la possibilit decommenter chaque audition directement sur le site.

    La qualit des prsentations prpares par les auditionns, la richesse des changes et lintrtsuscit, dans la presse et sur internet, par ces auditions, confirment la pertinence de la dmarcheouverte et transparente adopte par la mission.

    De nombreux auditionns ont, par ailleurs, insist sur la cohrence des diffrents chantiers cou-verts et se sont flicits du mandat large confi par le gouvernement la mission. En particulier,plusieurs intervenants ont insist sur la ncessit dinclure la rflexion sur la protection du droitdauteur et lavenir de lHadopi dans une analyse plus large des mcanismes de financement de

    la cration, de rmunration des crateurs et de dveloppement de loffre lgale.

    3.2 Les dplacements en province

    Conformment lobjectif, rappel dans la lettre de mission, de faire vivre le dbat en rgions ,trois dplacements ( Rennes les 8 et 9 novembre, Aix-Marseille les 27 et 28 novembre et Bordeaux les 12 et 13 dcembre) permettent la mission de rencontrer les acteurs du mondede la culture et du numrique et de dialoguer avec les tudiants et le grand public.

    Ces rencontres ont rvl de fortes attentes lgard de la mission, qui vont bien au-del de laquestion de la lutte contre le piratage, mme si celle-ci suscite un fort intrt. Elles ont permisde mettre en vidence la vitalit des pratiques et les liens de plus en plus troits qui unissent les

    mondes de la culture et du numrique, loin de limage parfois vhicule par les organisationsreprsentatives nationales. Elles ont aussi mis en lumire la transformation profonde des usages,notamment chez les jeunes : la culture de la gratuit, de limmdiatet et de la profusion nestexclusive ni dun apptit pour une culture exigeante ni dune certaine conscience des enjeux lisau droit dauteur et la rmunration des crateurs.

    3.3 Le blog participatif

    Le blog de la mission offre aux internautes la possibilit, dune part, de commenter les auditionsmises en ligne et, dautre part, de donner leur point de vue sur les diffrents thmes proposspar la mission (10 questions ce jour, telles que Internet a-t-il chang votre rapport laculture et aux mdias ? , Quelles devraient tre les priorits de la politique culturelle lrenumrique ? , ou encore Combien tes-vous prts payer pour une uvre ? ).

    Depuis son ouverture, le blog participatif a enregistr 11 492 visites, avec un pic au mois doc-tobre, au moment des premires auditions (5 317). Il compte 295 abonns et a donn lieu 248commentaires. Le sujet le plus comment est celui sur les modes de consommation culturelleen ligne (56 commentaires). En revanche, les auditions ont t trs peu commentes, probable-ment en raison de leur longueur et en dpit de la mise en ligne de synthses crites.

    Les points de vue exprims par les internautes frappent par leur diversit et, souvent, par leurcaractre constructif : pour quelques interventions irrflchies ou dlibrment provocatrices, leblog a enregistr de nombreuses contributions argumentes et tayes, dont certaines contien-nent des liens vers des analyses juridiques, conomiques ou sociologiques de grande qualit,ainsi que des propositions constructives. Ces contributions, qui clairent les attentes du public

    en matire daccs en ligne aux uvres culturelles, alimenteront la rflexion de la mission.

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    3.4 La coopration des administrations et organismes publics

    La prsence, au sein de la mission, de deux experts du ministre de la Culture et de la Commu-nication, garantit une collaboration troite avec les services de la DGMIC et du Secrtariatgnral. De nombreuses fiches techniques ont t demandes ces services et sont en coursde rdaction.

    Paralllement, si la mission a pris le parti de ne pas recevoir en audition les organismes publicsou parapublics, plusieurs runions de travail et entretiens informels ont t organiss avec leMAEE, le SGAE, la DLF, le CNC, lHADOPI, le prsident du CSPLA le prsident de la Commis-sion copie prive... Dautres entretiens de ce type sont prvus avec le CSA, lARCEP, la CNIL, leCNL, la BNF, lINA, le CGI, OSEO, lIFCIC, etc.

    4. Prochaines chances

    Une fois les auditions acheves, la mission identifiera les pistes de rflexion susceptibles dedboucher sur des propositions concrtes. Chacune de ces pistes sera approfondie travers unedouble dmarche :

    - dune part, la mobilisation des experts comptents (administrations, organismes publics ouparapublics, chercheurs...) afin de formaliser les propositions et den vrifier la faisabilitjuridique et technique, la pertinence conomique, le cot budgtaire, les incidences institu-tionnelles, etc. ;

    - dautre part, lorganisation de concertations thmatiques avec lensemble des acteurs

    concerns (organisations professionnelles, socits de gestion collective, associations)afin dobtenir, sur les propositions de la mission, le plus grand consensus possible.

    Un deuxime comit de pilotage, au cours de la premire quinzaine de fvrier, permettra lamission de rendre compte de lavancement de ces travaux et dinformer les ministres sur les pistesexplores.

    Un rapport provisoire sera tabli pour le 15 mars et soumis aux diffrentes parties prenantesafin de leur permettre de ragir avant la finalisation du rapport, qui sera remis au gouvernement le31 mars.

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    Les auditions

    1. Vue densemble

    Au 6 dcembre 2012, la mission a auditionn 60 organismes ou personnalits ; 40 autresauditions sont prvues en dcembre 2012 et janvier 2013.

    La mission a souhait entendre lensemble des acteurs concerns par lacte II de lexceptionculturelle et par les politiques culturelles lheure du numrique. Cette volont se reflte dans lagrande diversit des 100 auditions ralises ou venir, qui se rpartissent comme suit :

    - par nature dorganisme : 57 associations, syndicats, fdrations ou groupements, 10 soci-ts civiles (SPRD), 19 entreprises, 14 think tanksou personnalits ;

    - par mtier / famille dacteurs : 19 reprsentants des crateurs (auteurs, compositeurs,artistes), 24 des producteurs / diteurs, 17 des diffuseurs / distributeurs, 14 des services enligne, 9 des fournisseurs daccs internet, fabricants de matriels et diteurs de logiciels,4 des publics et utilisateurs, ainsi que 13 experts (universitaires, chercheurs, lus)

    - Par secteur : 25 reprsentants du cinma et de laudiovisuel, 19 de la musique et du spec-tacle, 5 du livre, 4 de la photographie, 2 de la presse, 2 du jeu vido, 23 de linformatique etde linternet (FAI, fabricants de matriels, diteurs de services en ligne, plateformes), ainsique 20 acteurs transversaux.

    Pour des raisons budgtaires, seul un quart des auditions fait lobjet dune captation vido. Lesautres auditions sont enregistres uniquement en format audio.

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    2. Les auditions ralises

    Au 6 dcembre 2012, la mission a auditionn 60 organismes, entreprises ou personnalits :

    Entit ou personnalit auditionne Date Format

    ACCEN - Assemble pour la culture et la cration lre du numrique 5 octobre audio

    ADAMI administration des droits des artistes et musiciens interprtes 15 octobre vido

    AFDEL - Association franaise des diteurs de logiciels et solutions internet 4 dcembre audio

    ALPA - Association de Lutte Contre la Piraterie Audiovisuelle 2 octobre vido

    ALTAR Think tank culture mdias 30 novembre audio

    APC - Association des Producteurs de Cinma 18 octobre vido

    API - Association des producteurs indpendants du cinma 3 dcembre audio

    ARP Socit civile des Auteurs Ralisateurs Producteurs 2 octobre vido

    BABINET Gilles 22 novembre audio

    BENGHOZI Pierre-Jean 3 octobre audio

    BENHAMOU Franoise 24 octobre audio

    BOMSEL Olivier 22 novembre audio

    CGT- Spectacle (FNSAC-CGT) 22 novembre audio

    DailyMotion 9 octobre vido

    DIRE - Syndicat professionnel des distributeurs indpendants runis europens 13 novembre audio

    ESML Association des diteurs de services de musique en ligne 7 novembre vido

    FFT - Fdration Franaise des Tlcoms 29 novembre audio

    FIEEC- Fdration des industries lectriques, lectroniques et de communication 6 novembre audio

    FNCF - Fdration nationale des cinmas franais 12 octobre vido

    FNDF - Fdration nationale des distributeurs de films 21 novembre vido

    FREE / ILIAD 14 novembre vido

    France Telecom -ORANGE 30 octobre vido

    GESTE - groupement des diteurs de contenus et de services en ligne 16 octobre audio

    GOOGLE Europe 10 octobre vido

    Groupe M6 19 novembre vido

    IABD Interassociation archives bibliothques documentation 17 octobre vido

    My Major Company 4 octobre audio

    MySkreen 5 novembre audio

    PAJ Photographes Auteurs - Journalistes 18 octobre audio

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    Parti Pirate franais 6 dcembre vido

    PRODISS Union du spectacle Musical et de Varits 29 novembre audio

    PROFEDIM Syndicat des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indpendants demusique

    30 novembre audio

    QOBUZ 15 octobre audio

    Renaissance Numrique 3 dcembre audio

    SACD - Socit des Auteurs et Compositeurs Dramatiques 8 octobre vido

    SACEM - Socit des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique 19 novembre vido

    SAIF - Socit des auteurs des arts visuels et de lImage fixe 21 novembre audio

    Savoirs Com1 26 septembre vido

    SCAM Socit civile des auteurs multimdia 8 octobre audio

    SEVAD Syndicat des diteurs de vido la demande 20 novembre vido

    SEVN - Syndicat de lEdition Vido Numrique 11 octobre audio

    SFA Syndicat franais des artistes interprtes 6 novembre audio

    SFIB - syndicat de lindustrie des technologies de linformation 11 octobre audio

    SIMAVELEC - syndicat des industries de matriels audiovisuels lectroniques 26 octobre audio

    SLF Syndicat de la librairie franaise 23 octobre audio

    SNAC Syndicat national des auteurs et des compositeurs 23 novembre audio

    SNAM CGT Union nationale des syndicats dartistes musiciens 5 novembre audio

    SNE Syndicat national de ldition 14 novembre vido

    SNEP Syndicat national de ldition phonographique 9 octobre audio

    SNJV - syndicat national du jeu vido 23 novembre vido

    SPEDIDAM - Socit de perception et de distribution des droits des artistes-interprtes 17 octobre vido

    SPI Syndicat des producteurs indpendants 12 octobre audio

    SPPF - Socit Civile des Producteurs de Phonogrammes en France 24 octobre audio

    SPQN Syndicat de la presse quotidienne nationale 4 octobre vido

    Terra Nova 13 novembre audio

    UNAC- Union nationale des auteurs et compositeurs 23 novembre audio

    UPF Union des producteurs de films 25 octobre audio

    UPFI Union des producteurs phonographiques franais indpendants 24 octobre audio

    UPP - Union des photographes professionnels/auteurs 26 octobre audio

    WIKIMEDIA France - Association pour le libre partage de la connaissance 19 octobre audio

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    3. Les auditions venir

    Entit ou personnalit auditionne Date

    ADAGP- Socit des auteurs dans les arts graphiques et plastiques 7 dcembre 2012

    BLANDIN Marie-Christine 21 dcembre 2012

    BLOCHE Patrick 14 dcembre 2012

    BOUYGUES Telecom 10 dcembre 2012

    Canal + 17 dcembre 2012

    CAP DIGITAL 18 dcembre 2012

    CD1D Fdration des labels indpendants 14 dcembre 2012

    CPA - Confdration des Producteurs Audiovisuels 17 dcembre 2012

    Creative Commons France 11 dcembre 2012

    CSDEM Chambre syndicale de ldition musicale 19 dcembre 2012

    France Tlvisions 20 dcembre 2012

    KissKissBankBank 11 dcembre 2012

    MICROSOFT France 17 dcembre 2012

    SCPP Socit civile des producteurs phonographiques 19 dcembre 2012

    SDLC Syndicat des distributeurs de loisirs culturels 11 dcembre 2012

    SELL- Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs 18 dcembre 2012

    SFR 18 dcembre 2012

    SGDL socit des gens de lettres 14 dcembre 2012

    SIRINELLI Pierre 21 dcembre 2012

    SMA Syndicat des musiques actuelles 14 dcembre 2012

    SRF- Socit des ralisateurs de films 10 dcembre 2012

    STIGLER Bernard 20 dcembre 2012

    TF1 20 dcembre 2012

    UNEVI - Union de lEdition Numrique et Vidographique Indpendante 21 dcembre 2012

    USPA Union syndicale de la production audiovisuelle 17 dcembre 2012

    VIVANT Michel 21 dcembre 2012

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    Le 9 novembre, la mission a rencontr les tudiants de lUniversit dconomie RENNES 1, dansle cadre dun dbat organis par le Centre de recherche M@rsouin, auteur de plusieurs tudessur les pratiques culturelles en ligne et lefficacit de la lutte contre le piratage. Ont t voquesles attentes des internautes en matire daccs aux contenus culturels, la rmunration descrateurs et la place des industries culturelles dans le nouvel cosystme.

    Enfin, un dbat public sest tenu la FNAC de Rennes (Centre commercial Le Colombier) sur laconsommation de biens numriques culturels.

    2. Marseille Aix-en-Provence (27 et 28 novembre 2012)

    Le 27 novembre, la mission a rencontr les acteurs locaux de la culture et du numrique, laFriche de la Belle de Mai. Organise par lassociation Zinc, cette rencontre a pris la forme dequatre tables rondes thmatiques, animes chacune par un modrateur et quelques grands

    tmoins, et portant respectivement sur la diversit et lexception culturelles au service de lin-trt collectif , les savoirs comme biens communs , lconomie crative et les territoires et les arts et les cultures numriques : pour un dveloppement libre et durable . Elle sestconclue par une sance plnire qui a permis un partage des rflexions issues des tables rondeset un dbat associant lensemble des participants.

    Le 28 novembre, la mission sest rendue lUniversit dAix-Marseille III, pour une confrence dbat anime par lInstitut de recherche et dtudes en droit de linformation et de la communi-cation (IREDIC) et lInstitut de Droit des Affaires (IDA). Plusieurs spcialistes du droit de laproprit intellectuelle et des mdias ont expos leur point de vue sur la rgulation descommunications lectroniques, lexception culturelle, les enjeux du droit dauteur lheure dunumrique, les licences libres ou encore la fiscalit du numrique. Les tudiants ont t invits

    ragir ces interventions la fois en tant que juristes et comme consommateurs - internautes.Enfin, une rencontre avec le grand public sest tenue la librairie Goulard dAix-en-Provence, enprsence de la presse locale. Les changes ont dabord port sur la lecture numrique et ledevenir des libraires, avant de stendre aux enjeux plus gnraux du numrique pour laccs la culture, le financement de la cration et la rmunration des crateurs.

    3. Bordeaux (12 et 13 dcembre 2012)

    Les 12 et 13 dcembre, la mission se rendra Bordeaux pour une srie de quatre tables rondesco-organises par le Conseil rgional dAquitaine et la Direction rgionale des affaires cultu-relles, associant des professionnels de la culture, des acteurs du numrique et des tudiants desuniversits et coles dingnieurs de la rgion.

    Les thmes de ces tables rondes, proposs par les organisateurs, sont les suivants :

    - Innovation numrique, cration de valeur et filire musicale ;

    - Au-del de lcran : quelles mutations pour le cinma et laudiovisuel ;

    - Transition vers le numrique : nouvelles relations entre auteur, diteur et libraire ;

    - Patrimoine et numrisation : enjeux de laccs aux savoirs .

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    Accs des publics la culture

    et dveloppement de loffre lgale

    1. Laccs en ligne aux uvres culturelles : un triple enjeu

    1.1 Renouer le lien entre internautes, crateurs et industries culturelles

    Le dveloppement de loffre lgale de contenus culturels en ligne correspond, avant tout, lasatisfaction dune demande des publics, dsireux de profiter pleinement des opportunitsdaccs aux uvres offertes par les technologies numriques. Il sagit galement doffrir une

    alternative crdible au piratage, dont le dveloppement a t en grande partie provoqu parlinexistence de toute offre lgale, et dont la persistance sexplique encore aujourdhui parlinsatisfaction des consommateurs lgard de loffre existante.

    Les attentes des internautes lgard de loffre culturelle en ligne sont, de fait, trs leves : ilserait naturel que les uvres soient toutes disponibles, immdiatement et facilement accessi-bles, gratuites ou bas prix, interoprables et changeables. La gestion numrique des droits(DRM), les principes de territorialit, dexploitation exclusive, la chronologie des mdias, lescots de numrisation et de stockage, etc. sont mconnus ou incompris, sinon remis en cause.La frustration qui sexprime ici et l sur Internet se double, dans le discours, dune mfianceenvers les industries culturelles, particulirement en ce qui concerne le partage des revenusavec les crateurs.

    La situation de la jeunesse, qui cristallise les attentions, mrite une analyse particulire. Offriraux jeunes une alternative au piratage nest sans doute pas une mesure dune grande porteconomique, du moins court terme, mais jouera un rle essentiel dans la rconciliation entreindustries culturelles et internautes.

    1.2 Promouvoir la comptitivit des industries culturelles franaises

    Lessor du numrique va de pair avec de nouveaux usages culturels, mme si peu dauditionnsse sont risqus prdire jusquo irait la numrisation des pratiques culturelles. La chane devaleur de diffusion des uvres se reconfigure, au dtriment des acteurs installs de lindustriede la culture.

    Ce sont souvent des acteurs trangers, particulirement amricains, issus des industries du

    numrique, qui ont su rpondre le plus rapidement et le plus efficacement aux nouvelles attentesdes consommateurs. Par exemple, iTunes concentre 50% du march de la musique en ligne et30% de la VD. Plusieurs auditionns ont accus les gants du net (Google, Apple, Amazon,etc.) de se dvelopper aux dpens des acteurs de la culture, et au moyen de mthodes anti-concurrentielles : enfermement dans des terminaux et formats propritaires, grilles tarifairesrigides des magasins dapplications, numrisation sauvage, etc.

    Cette prdominance amricaine soulve des problmes de souverainet conomique et cultu-relle. Il est crucial que lindustrie de la culture adopte une attitude offensive dans sa conversionau numrique, plutt que de retarder une volution inluctable. La numrisation des industriesculturelles passe non seulement par la transformation de lactivit des industries existantes,mais aussi par lmergence dacteurs nouveaux, nativement numriques, capables de fournir

    des services innovants.

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    1.3 Renouveler les formes de laction publique lheure du numrique

    Les outils de la politique culturelle franaise destins maintenir la diversit culturelle de loffrede contenus sont confronts au dfi de la transition au numrique, qui laisse peu demprise une rgulation de la diffusion. Des quotas dexposition de crations europennes et francopho-nes ont certes t imposs, comme dans le monde linaire , aux diteurs de services de VD,mais ils ne sappliquent quaux diteurs franais et nassurent quune diversit de principe dansun monde dlinaris .

    Un vivier dacteurs conomiques franais de premier plan serait un atout indniable pour lespouvoirs publics. Des mcanismes plus incitatifs seraient imaginer, afin que les plates-formessengagent dans une promotion volontariste de la diversit. Le SEVAD voquait mme la possi-bilit dalliances , qui viseraient au dveloppement doffres spcifiques ladresse des jeunesou des mdiathques.

    2. Etat des lieux de loffre lgale

    Le secteur de la musique, dont les contenus sont facilement numrisables et peu volumineux,a t le premier prouver en profondeur les effets de la transition numrique. Depuis 2007,tous les nouveaux enregistrements font lobjet dune sortie en format numrique. Si le marchtend se concentrer, loffre propose est, dans lensemble, riche et de qualit. Il existe une quar-antaine de plateformes de musique, dont 7 proposent plus de 15 millions de titres. Plusieursmodles tarifaires coexistent, du tlchargement lacte au streaming audio ou vido gratuit,en passant par des formules dabonnement. Lergonomie et les services associs (paroles,partitions, sonneries de tlphone, partage, recommandation) progressent, tandis que les DRMont presque entirement disparu. Les prix sont en baisse et dsormais abordables (le tlchar-

    gement dun titre cote en moyenne 1s

    et les abonnements sont compris entre 5 et 30s

    ). En matire de cinma et daudiovisuel, loffre de vido la demande (VD) est diversifie maisses prix, dj relativement levs, augmentent, et les catalogues restent incomplets (en partie cause de la chronologie des mdias mais galement faute de numrisation dune partie dupatrimoine). En 2011, environ 70 plateformes de VD proposent 42 000 rfrences (dont 50%de programmes audiovisuels et 22% de films cinmatographiques). La logique dexclusivit, trsmarque sur les programmes audiovisuels, est aussi, en partie, luvre pour les films : 36%des rfrences sont actives sur une seule plateforme. En labsence de systme efficace derfrencement, il peut donc savrer difficile de trouver un film.

    Loffre de tlvision de rattrapage (TVR) sest considrablement enrichie. Lensemble deschanes nationales gratuites offrent un service de TVR gratuit sur leur site internet. Les chanes

    historiques mettent disposition la quasi-totalit de leurs programmes de flux et un nombrecroissant de programmes de stock ; il en va diffremment des nouvelles chaines de la TNT.

    Loffre de vido la demande par abonnement (SVD) continue accuser du retard. La plate-forme la plus riche, CanalPlay, propose 3 387 films sur une offre globale de plus de 8 000programmes, pour 9,99 s par mois. Le manque de fracheur des films, sortis en salle depuisau moins 3 ans, est un frein important lintrt du public. Larrive sur le march franais dac-teurs puissants tels quAmazon ou Netflix est annonce.

    Le livre entre dans le numrique reculons. Les catalogues sont pour linstant trs incomplets :quelque 90 000 titres seraient disponibles, pour 620 000 rfrences disponibles en format papier.Les diteurs semblent attendre que lquipement des foyers en liseuses croisse et que les

    pratiques de lecture numrique se dveloppent. Toutefois, 70 80 % des livres de la rentrelittraire de 2012 ont bnfici dune sortie numrique et un grand programme de numrisationde livres indisponibles du XXme sicle doit tre initi courant 2013. En outre, le numrique a faitmerger un vivier de livres auto-dits.

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    Il existe plus de 100 services en ligne offrant des livres numriques, mais plus de 70% de lavaleur est entre les mains de trois acteurs, la FNAC, Amazon et Apple (ces deux derniers pos-sdent prs de 50% du march). Le tlchargement lacte domine, mais dautres modlesmergent (vente au chapitre pour les guides de voyage, location pour les BD, gratuit par la pub-licit pour les titres du domaine public, etc). Dans lensemble, les diteurs, qui revient par laloi le rle de fixer le prix des ouvrages, ont appliqu une dcote de 25-30% par rapport au livreimprim, soit un prix moyen de 14,50 s par livre, un prix peru comme trop lev par lesusagers. En outre, la multiplication des formats non interoprables, conjugue linsertion deDRM, rend loffre techniquement complexe et freine son dveloppement.

    La grande majorit des diteurs de presse ont dvelopp leur site Internet depuis de nom-breuses annes. On dnombre plus de 500 sites franais dinformation en ligne, dont 42% depure-players, 37% de sites de magazines ou dinformation spcialise, 11% dinformationnationale et 10% dinformation rgionale et dpartementale. Les contenus et services offerts,

    comme les modles tarifaires existants, sont extrmement varis. Une majorit de journaux sesont accords pour maintenir une large zone gratuite sur leur site. Plusieurs diteurs reviennentaujourdhui sur ce choix cependant, en rintroduisant des zones payantes, car la presse en lignetarde dvelopper un modle conomique prenne : la diffusion numrique reste financirementdpendante de la diffusion papier, alors que les recettes de limprim baissent continment.

    3. Freins au dveloppement de loffre lgale

    3.1 Un manque de disponibilit des catalogues

    Quel que soit le secteur considr, une proportion plus ou moins importante des uvres exis-tantes nest pas disponible sous format numrique. Certains proposent de contraindre les

    dtenteurs de catalogues assurer la disponibilit numrique de leurs uvres, en sinspirant parexemple de lobligation dexploitation qui existe dans le domaine du livre. Cependant, la numri-sation des uvres est coteuse et sa rentabilisation incertaine (les avis sur le potentiel de lalongue trane sont partags). Une rflexion sur les dispositifs de soutien la numrisation paratdonc indispensable ; dans le cinma, ces dispositifs sont soit jugs inadapts (investissementsdavenir) soit menacs par les restrictions budgtaires (CNC). La numrisation du domainepublique requiert une analyse spcifique.

    Mme lorsque les uvres existent sous format numrique, laccs des services en ligne auxcatalogues nest pas toujours assur dans de bonnes conditions.

    Dans la musique, les mesures de rgulation ( Charte des 13 engagements ) semblent avoirproduit des effets et les reprsentants des plateformes demandent quelles soient prennises

    et renforces ; dautres, plus radicaux, prconisent un recours la gestion collective obligatoire,qui se heurte lhostilit des producteurs phonographiques. En outre, laccs aux droits dito-riaux, qui passe aujourdhui par la SACEM, pourrait se trouver compliqu si la tendance lafragmentation des rpertoires et la reprise en gestion individuelle, de facto encourage parla Commission europenne, se confirmait.

    Sagissant du cinma, une refonte radicale de la chronologie des mdias constituerait peut-trela meilleure rponse aux attentes des internautes en matire de VD. Toutefois, elle est refusepar la majorit des acteurs concerns, qui soulignent que les fentres exclusives sont consen-ties aux diffrentes catgories de diffuseurs en contrepartie dune participation au financementde la cration. Ds lors, plutt quune remise plat qui fragiliserait le systme de financementdu cinma, le ralisme commande denvisager des assouplissements et des exprimentations

    de nature enclencher une dynamique favorable au dveloppement de loffre lgale.

    Pour exister en ligne, une uvre ne doit pas seulement tre disponible en format numrique,elle doit aussi tre pourvue de mtadonnes fiables et compltes. Or, les bases gres par les

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    socits de perception et de rpartition des droits souffrent dun triple manque de fiabilit,dinteroprabilit et douverture aux dveloppeurs. Lenjeu est triple : promouvoir la visibilit desuvres franaises au sein de lhyper offre numrique, favoriser le dveloppement de nouveauxservices et assurer la juste rmunration des crateurs.

    3.2 Des barrires conomiques

    Du ct de loffre, la cration de nouveaux services en ligne et le dveloppement des servicesexistants supposent des investissements souvent lourds, qui ne trouvent pas toujours definancements, ni auprs des industries culturelles traditionnelles ni auprs des tablisse-ments de crdit ou des socits de capital-risque. Les dispositifs de soutien existants, quilssoient propres au secteur culturel ou orients vers linnovation, sont, de lavis de certains acteurs,inadapts aux enjeux des services numriques culturels, soit quils mettent laccent sur la cra-tion au dtriment de la diffusion, soit quils peinent apprhender linnovation non technolo-

    gique (ou innovation dusage) caractristique de ce secteur.

    Du ct de la demande, le faible consentement payer des usagers pour des contenus enligne constitue un frein majeur au dveloppement de loffre. Mme les services de streaming parabonnement, qui offrent pour un prix relativement modique laccs toute la musique en ligne,ne rencontrent quun succs modr. Il convient ds lors de rflchir aux moyens de solvabiliserde la demande, en prenant en compte lchec de dispositifs tels que la carte musique ; pour lelivre et la presse, lalignement des taux de TVA des offres numriques sur leur quivalent physi-que pourrait y contribuer, mais il suppose une modification du droit communautaire. Il convientgalement de sinterroger sur la promotion des offres lgales, afin de les faire mieux connatreet dattirer de nouveaux usagers. De ce point de vue, laction de lHADOPI (labellisation, portailde rfrencement) na pas produit de rsultats probants.

    3.3 Des enjeux concurrentiels

    La concurrence des gants du net (Google, iTunes, Amazon, etc.) est juge inquitable : alorsque ces acteurs disposent dj dune force de frappe considrable, grce aux positions acquisessur dautres segments (vente de terminaux, moteurs de recherche), leur implantation ltrangerleur assure une fiscalit plus favorable ; en matire de TVA, cette distorsion ne prendra fin quen2015 avec lapplication de la rgle du pays du consommateur . Ils chappent aussi desrgulations spcifiques : dans le secteur de la distribution de vidos, un acteur comme YouTubeest trait comme un hbergeur, alors que les plateformes franaises de VD sont soumises des obligations dinvestissement et dexposition semblables celles des diteurs de tlvision.

    Dautres stratgies dviction, manant de diffrents acteurs, lencontre des nouveaux en-

    trants sont dnonces : laccs aux catalogues et aux mtadonnes leur est difficile et coteux ;les fournisseurs daccs ne laissent pas toutes les offres de VD accder leurs box ; Deezer,adoss Orange, est accus de pratiquer un dumping sur les prix. Apple, lui, est en mesuredimposer ses volonts la fois en tant que terminal lorsquil rejette des plateformes, quen tantque plateforme lorsquil impose les grilles tarifaires ses fournisseurs de contenus. Une meil-leure rgulation entre les diffrents acteurs est attendue. Elle pourra aussi sattacher juguler lamultiplication de formats et de verrous numriques, qui nuit au dveloppement du march dansson ensemble.

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    Dfense et adaptation des droits de proprit

    intellectuelle

    1. Un dispositif de lutte contre le piratage appel voluer

    1.1 La dfense du droit dauteur reste une demande forte

    Pour la plupart des auditionns, et notamment pour les ayants droit, la rvolution numrique nedoit pas tre loccasion dune remise en cause du droit dauteur. Les possibilits de diffusion,de copie et de partage offertes par les nouveaux outils ne doivent pas se traduire par une

    gnralisation de la gratuit, incompatible avec la rmunration des crateurs, le financementde la cration et le dveloppement de loffre lgale.

    Lide de lgaliser les changes non marchands (via une licence globale ou une contri-bution crative ) fait lobjet dun rejet assez gnral, quelques exceptions prs (Spedidam,Terra Nova, LQDN, UFC-Que Choisir). Elle permettrait de reconnatre un droit au partage, decontourner la question du consentement payer et de rguler le partage de la valeur entre in-dustries culturelles et crateurs. Mais pour la plupart des acteurs, elle conduirait dconnecterle paiement des usages, ce qui est la fois injuste socialement et inefficace conomiquement ;elle risquerait de cannibaliser loffre lgale commerciale et de dcourager linnovation ; enfin, ellese heurterait dimportants obstacles pratiques (observation du trafic coteuse et attentatoireaux liberts) et juridiques (incompatibilit avec les engagements internationaux de la France).

    1.2 La rponse gradue est critique et son efficacit incertaine

    La rponse gradue mise en uvre par lHADOPI fait lobjet de nombreuses critiques, manantnotamment des associations de dfense des consommateurs et de la communaut des inter-nautes . Il lui est reproch de stigmatiser les internautes, dopposer les crateurs et leurspublics et, en consquence, de dgrader la perception du droit dauteur et limage des industriesculturelles. La suspension de labonnement internet, juge attentatoire aux liberts, est trscritique et une partie des ayants droit semble prte accepter sa suppression. Enfin, la notionde ngligence caractrise , qui permet dimputer linfraction au titulaire de labonnementinternet sans avoir prouver quil est lauteur du tlchargement, suscite de fortes rserves.

    Lefficacit de la rponse gradue est difficile valuer prcisment. Si, ce jour, les tribunaux

    nont prononc quune condamnation pour ngligence caractrise , leffet dissuasif desavertissements pralables la sanction semble corrobor par la faiblesse du taux de ritrationet le recul du tlchargement en P2P. Cependant, les moyens techniques de contournement dela surveillance mise en uvre par Hadopi sont nombreux. Surtout, cette surveillance ne concer-ne quun type dchanges parmi dautres ; il est probable quune proportion significative desinternautes qui ont cess de tlcharger en P2P se soit tourne vers dautres types de pratiquesnon surveilles (streaming, tlchargement direct) plutt que vers loffre lgale gratuite oupayante.

    1.3 La lutte contre la contrefaon commerciale a t trop nglige

    Les lois DADVSI et HADOPI, en se concentrant sur le tlchargement en P2P, ne se sont gure

    attaques aux vritables bnficiaires de la contrefaon, cest--dire aux sites (sites de streamingou de tlchargement, hbergeurs, annuaires de torrents) qui tirent un profit commercial deleurs atteintes massives et rptes aux droits de proprit intellectuelle.

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    Afin de rorienter la rpression vers ces acteurs, souvent bass ltranger et par nature plusdifficiles apprhender, plusieurs pistes ont t voques par les auditionns :

    - mieux responsabiliser les hbergeurs en les obligeant retirer promptement les contenusillicites et prvenir leur rapparition, et en renforant la coopration judiciaire internationalepour punir les sites rcalcitrants ;

    - rduire la visibilit de loffre illgale en agissant sur le rfrencement par les moteurs derecherche, le cas chant avec le concours de la puissance publique ;

    - asscher les sources de revenus des sites contrefaisants (approche Follow the money ),en responsabilisant les intermdiaires (annonceurs, rgies, services de paiement en ligne).

    2. Un droit dauteur partiellement inadapt aux usages numriques

    Le dveloppement de nouvelles technologies induit de nouvelles utilisations des uvres etbrouille la frontire entre usage priv et public. Il interroge un droit de la proprit intellectuelleconu pour un monde physique, dans lequel la reproduction et la transformation des uvrestait matriellement moins facile.

    2.1 Les exceptions au droit dauteur peinent apprhender correctement lensembledes usages numriques

    Les exceptions au droit dauteur dfinissent les cas dans lesquels lauteur ne peut interdire ladiffusion ou lutilisation de son uvre une fois celle-ci divulgue. Elles traduisent un quilibreentre le respect des droits des crateurs et la libert des publics ou utilisateurs. La prise en

    compte des nouveaux usages pourrait conduire ajuster cet quilibre dans le sens dune plusgrande ouverture.

    Sont notamment concernes :

    - lexception pdagogique, dont le ministre de lducation nationale prpare une rformedans le cadre de la future loi dorientation et de programmation, pour ltendre aux uvresralises pour une dition numrique de lcrit ;

    - lexception de courte citation, que la jurisprudence restreint aux citations littraires, et quine peuvent donc couvrir les pratiques de remix ou de mash-up ;

    - lexception de conservation, applicable aux bibliothques, archives, muses, qui ne

    permet la communication des uvres que sur place et interdit la diffusion distance via desrseaux scuriss ;

    - la libert de panorama, dont certains acteurs (ex : Wikimedia) demandent la reconnais-sance, afin de permettre tout citoyen de reproduire une uvre protge se trouvant danslespace public.

    2.2 Le numrique renouvelle les enjeux de protection et de valorisation du domainepublic

    La numrisation ouvre de nouvelles possibilits de diffusion et de mise en valeur des uvres dudomaine public. Mais elle permet aussi le dveloppement de pratiques, parfois regroupes sous

    le terme de copyfraud , ayant pour objet ou pour effet de crer de nouveaux droits sur lesuvres et dentraver laccs ou lutilisation. Certaines institutions culturelles offrent la consul-tation du public, sur leurs propres sites, des uvres du domaine public numrises accompag-nes de mentions restrictives des usages. Des uvres du domaine public sont vendues sous

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    forme de bases de donnes, en partenariat avec des entreprises prives qui assurent la numri-sation et se rmunrent sur le produit des ventes.

    Il convient donc de rflchir la mise en place de dispositifs juridiques de protection, de promo-tion et de valorisation du domaine public adapts lre numrique.

    2.3 Le recours aux licences libres permet de concilier les droits des crateurs et lesattentes des publics

    Les licences libres (et notamment les plus connues, les Creative Commons) permettent dau-toriser lavance le public effectuer certaines utilisations selon les conditions dfinies par lestitulaires de droits, au lieu de soumettre tout acte ne relevant pas des exceptions lgales leurautorisation pralable. Il existe toute une gamme de licences qui se distinguent par le degrde libert accord pour la distribution et la rutilisation des uvres, permettant dadapter la

    pratique contractuelle aux attentes et aux usages numriques des publics (consommateurs etr-utilisateurs).

    Selon leurs promoteurs, les licences libres permettent la constitution dun cosystme num-rique de la culture dans lequel le partage et la circulation des uvres sont encourags. Loin deremettre en cause le droit dauteur, elles en constituent au contraire une modalit dexercice, enpermettant chaque ayant droit de dterminer avec prcision les contours du rgime juridiquesous lequel il souhaite placer ses uvres.

    Afin de promouvoir le dveloppement de nouveaux usages et contenus, la mission rflchit auxmoyens de faciliter le recours aux licences libres pour les crateurs qui le souhaitent, et leurreconnaissance dans le monde de la cration, linstar de lexprience pilote lance par la

    SACEM fin 2011.

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    Rmunration des crateurs et financement

    de la cration

    1. Le dveloppement du numrique transforme en profondeur les modlesconomique des industries culturelles

    1.1 Une transition ingalement avance selon les secteurs

    Si le numrique reprsente une part croissante des revenus dans lconomie de la culture, sonimpact sur les mcanismes de valorisation des uvres, de rmunration des crateurs et de

    financement de la cration diffre profondment selon les secteurs de la cration :

    - Dans le domaine du livre, les usages en ligne ne reprsentent quune part extrmementfaible des revenus des diteurs et des auteurs, en raison de la faiblesse du march franaisdes e-books.

    - Dans le cinma et laudiovisuel, le poids de loffre en ligne reste galement limit, enraison notamment dune chronologie des mdias qui encadre strictement les possibilits dediffusion en ligne. Au sens large, cependant, ces industries sont dsormais trs largementnumriques : la plupart des salles de cinma sont numrises et la tlvision passe de plusen plus massivement par des canaux numriques (TNT, ADSL).

    - Dans la musique, les ventes numriques reprsentent dsormais prs dun tiers desrevenus des producteurs de disque. Cependant, leur progression ne suffit toujours pas compenser lrosion des ventes de supports physiques (-60% en dix ans).

    - Le modle conomique de la presse a t profondment boulevers par lirruption dinter-net : la presse prouve des difficults adapter son offre ditoriale aux usages en ligne,sagissant du prix comme des contenus ; les moteurs de recherche captent une part crois-sante des recettes publicitaires en ligne alors que la publicit est, avec les ventes et abonne-ments, lune des deux principales sources de revenus du secteur.

    - La photographie est probablement le secteur le plus profondment affect par le dve-loppement du numrique : la frontire entre contenus professionnels et amateurs parat deplus en plus brouille et le droit dauteur est remis en cause par le dveloppement doffres

    prix modiques et forfaitaires.

    - Le jeu vido semble mieux tirer son pingle du jeu, grce une facult dadaptationconstante des modalits de montisation de son offre en ligne aux nouveaux usages.

    1.2 Un dplacement de la valeur vers laval

    Loin de les remettre en cause, le numrique accentue certaines caractristiques traditionnellesdes industries culturelles : importance des cots fixes, conomie de loffre, industrie de proto-type, tension entre productions commercialement rentables et productions indpendantes, etc.Le dveloppement des technologies de linformation et de la communication a peu dimpact surles cots de production et, contrairement une ide reue, nentrane pas toujours une diminu-

    tion des cots de diffusion, au contraire : il oblige les industries culturelles investir davantagedans lditorial et le marketing pour se diffrencier au sein dune hyper-offre , et dans la re-cherche et dveloppement, par exemple pour dcliner leur offre sur une multitude de supportset dcrans.

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    Surtout, la rvolution numrique se traduit par une dvalorisation des uvres culturelles etun dplacement de la valeur de lamont vers laval, des contenus vers les services. Cephnomne sexplique par la conjonction de plusieurs facteurs : hyper offre de contenus surinternet, lgaux ou non, gratuits ou trs bas prix, captation de lattention des consommateurspar de nouveaux usages et de nouveaux contenus (rseaux sociaux, vido amateurs), cot levdes quipements informatiques Alors que le public semble de moins en moins prt payerpour les contenus, il dpense directement (matriels, abonnements) ou indirectement (via lapublicit) des sommes importantes dans des matriels ou des services qui donnent accs cescontenus.

    Ce dplacement de la valeur constitue un enjeu de comptitivit majeur pour la France, quidispose dindustries de contenus relativement fortes, alors quelle est faiblement reprsentedans les industries numriques tant hardware que software (si lon excepte les oprateursde tlcom, dont lactivit nest gure dlocalisable). Dune part, la France doit protger ses

    industries de contenu en se dotant de mcanismes de rgulation et de compensation adapts.Dautre part, dans un march numrique o les positions, loin dtre figes, voluent rapide-ment, la France doit soutenir les quelques champions dont elle dispose (Deezer, Dailymotion)et en faire merger de nouveaux.

    1.3 Un partage de la valeur contest

    Dune part, certains diteurs de services en ligne reprochent aux ayants droit dimposer desconditions tarifaires calques sur le monde physique, et demandent une rgulation des rapportscontractuels.

    Dautre part, les crateurs (auteurs, artistes) sestiment insuffisamment rmunrs au titre de

    lexploitation en ligne de leurs uvres ; les dbats relatifs la gestion collective de la musiqueen ligne ou au contrat ddition numrique en sont quelques illustrations.

    2. Le dveloppement du numrique interroge les instruments et les outils despolitiques culturelles

    2.1 Des aides la cration inadaptes

    Certains dispositifs daide la cration naccompagnent pas suffisamment la transition techno-logique et le dveloppement des nouveaux usages. Par exemple, les aides la presse restent,selon certains (ex : le dput Michel Franaix), trop orientes vers la distribution de la presseimprime et ne soutiennent pas suffisamment le dveloppement de la presse en ligne. De mme,dans la musique, la plupart des aides la production phonographique restent subordonnes

    lexistence dune distribution physique.

    2.2 Des mcanismes de rmunration et de financement fragiliss

    Le dveloppement du numrique fragilise certains mcanismes de rmunration et de finance-ment existants, quils soient gnraux (rmunration pour copie prive) ou spcifiques unsecteur (COSIP). Ces mcanismes nont pas t crs spcifiquement pour lunivers numrique,mais rsultent dune adaptation aux nouvelles technologies et aux nouveaux usages de mcan-ismes prexistants. Ils se concentrent sur les acteurs les plus faciles apprhender : les fabri-cants ou importateurs de matriels (RCP) et les FAI (TST-D). Les autres acteurs (diteurs deservices en ligne, hbergeurs de contenus) restent largement ignors de ces mcanismesalors quils profitent tout autant du dplacement vers laval de la valeur lie aux contenus.

    Tous secteurs confondus, la rmunration pour copie prive (RCP), dont le produit slve prs de 200 Ms et dont 25% sont affects des aides la cration, la diffusion et la for-mation des artistes, fait lobjet dune profonde remise en cause de la part des industriels. Ses

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    barmes, nettement plus levs que chez nos partenaires europens, et sa gouvernance, basesur une commission tripartite, sont contests. Surtout, la RCP, perue en contrepartie de la pos-sibilit de copier des fichiers sur des supports physiques, parat mal adapte aux nouveauxusages de plus en plus fonds sur un accs distance (cloud computing).

    Le cinma et laudiovisuel bnficient, travers le COSIP et les obligations dinvestissement,dun dispositif de soutien financ par lensemble des acteurs qui participent la diffusion desuvres. Or, les chanes de tlvision, dont la contribution (TST-diteurs, obligations dinvestis-sement) est importante, risquent dtre fragilises par lmiettement des audiences et la con-currence de nouveaux acteurs peu contributeurs (chanes de la TNT, tlvision connecte). Enoutre, la contribution des FAI (TST-distributeurs) est menace, dans son rendement voire dansson principe, par un problme de compatibilit avec le droit communautaire. Enfin, ni les plate-formes de VD bases ltranger (ex : iTunes) ni les nouveaux acteurs de la diffusion (ex :YouTube) ne contribuent au compte de soutien, alors que certains commencent mettre en

    place de manire volontaire des mcanismes de contribution au financement de la cration (cf.le projet YouTube original programming).

    Certains acteurs revendiquent la cration de nouveaux mcanismes de financement (taxes)et/ou de rmunration (droits) assis sur les revenus des industries numriques au sens large.Lexemple le plus vident en est la Lex Google souhaite par les diteurs de presse, qui setraduirait par linstauration dun droit voisin sur le rfrencement ou lindexation des articles depresse par les moteurs de recherche. Dautres secteurs de la cration (ex : musique, photogra-phie) entendent galement faire reconnatre leur profit le principe dune contribution des acteursnumriques la rmunration des crateurs et au financement de la cration. A cet gard, lesconclusions de la mission sur la fiscalit numrique devraient nourrir la rflexion sur les moyensdapprhender territorialement lactivit dmatrialise des grands acteurs internationaux.

    2.3 De nouvelles opportunits de financement

    Les outils numriques ont permis le dveloppement de nouveaux modles de financement,tels que le financement participatif (crowdfunding) qui permet aux internautes de soutenirfinancirement la production dun album, dun film ou dune bande dessine. Toutefois, les mon-tants levs travers ce type doutils restent limits et sils peuvent constituer un complmentde financement utile, ils ne pourront sans doute pas se substituer aux modles conomiquesexistants. Les acteurs auditionns nont dailleurs pas mis le souhait dun soutien public cetype de modles.

    ***

    Si plusieurs des problmatiques sont transverses, lapprhension des solutions ne sauraitsabstraire dune analyse conomique sectorielle afin didentifier les points de fragilit desacteurs essentiels pour la cration et la diversit culturelle. Nombre de sujets ont une dimensioncommunautaire, avec des calendriers de ngociations de moyen long terme. Un des enjeuxde la mission sera donc didentifier des mesures de plus court terme pouvant tre dployes auniveau national.