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BLUMA /// Février 2013 /// 1 — FÉVRIER 2013 — Bulletin de Liaison d'Un Monde d'Avance, la Gauche décomplexée DOSSIER DU MOIS SPÉCIAL LOI BANCAIRE UN MONDE D'AVANCE MOBILISÉ POUR LA RÉGULATION FINANCIÈRE ET LA PROTECTION DES CITOYENS Budget européen : le PS doit afficher clairement ses convictions Accord National Interprofessionnel : après la négociation sociale, le travail parlementaire Lancement du groupe de travail « Economie »

BLUMA Février 2013 - Dossier Loi Bancaire

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BLUMA du mois de février avec un dossier consacré à la loi bancaire.

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Page 1: BLUMA Février 2013 - Dossier Loi Bancaire

BLUMA /// Février 2013 /// 1

— FÉVRIER 2013 —

Bulletin de Liaison d'Un Monde d'Avance, la Gauche décomplexée

DOSSIER DU MOIS SPÉCIAL

LOI BANCAIREUN MONDE D'AVANCE MOBILISÉ POUR LA RÉGULATION FINANCIÈRE ET LA PROTECTION DES CITOYENS

Budget européen : le PS doit afficher clairement ses convictions

Accord National Interprofessionnel : après la négociation sociale, le travail parlementaire

Lancement du groupe de travail « Economie »

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BLUMA /// Février 20132 ///

Bonjour à tous,

L’Assemblée Nationale vient d’adopter une réforme historique : celle donnant droit au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe. Cette victoire a permis d’abord et avant tout de remettre la question de l’égalité au cœur du débat publique. Elle a aussi permis de rassembler la gauche autour d’une bataille commune, de mobiliser la société, et de se faire le porte-parole des aspirations profondes de la société. Enfin, elle s’inscrit dans l’Histoire de l’avancée des droits des homosexuels, mais aussi dans l’avancée des droits humains.La séquence terminé, l’euphorie retombe tant la réalité économique et sociale nous rattrape vite. Ce mois-ci encore, la crise a inscrit de nouveaux plans sociaux à son tableau de chasse : GoodYear, Petroplus, PSA… A qui le tour demain ? C’est un cercle vicieux qui n’en finit plus, un cercle vicieux provoqué par la rigueur entraînant dans son sillage la récession et le chômage. Sortir de ce cercle, c’est en finir avec les solutions libérales d’hier. A la récession nous devons répondre par la relance, au chômage nous devons répondre par une protection renforcée des salariées, au libre marché nous devons répondre par un retour de la puissance publique. Les occasions ne manquent pas d’inverser la vapeur, et notre groupe profitera de chacune des occasions qui lui sera donnée pour faire avancer notre projet, et quand il le faut, faire avancer nos conceptions économiques et sociales.

Il me semble que cette démarche a bien fonctionné ce mois-ci. Je pense notamment à la loi bancaire, qui a été substantiellement modifiée et musclée grâce à l’action de nos députés notamment. Plusieurs de nos amendements ont été adoptés par l’Assemblée Nationale, notamment sur les paradis fiscaux, les hedges funds et les frais bancaires. Vous retrouverez les détails de cette bataille dans le dossier du mois.

Je pense également à la démarche que nous avons initié avec les syndicats dans le cadre de la future transcription législative de L’accord interprofessionnel. Nous souhaitons nous faire le relais des aspirations du mouvement social et nous rendre le plus utile possible aux salariés. C’est pour cette raison que nous avons commencé par rencontrer les organisations syndicales signataires et non signataires pour préparer nos prochaines interventions, notamment parlementaires. Enfin, nous ne manquerons pas de nous exprimer sur le futur budget européen qui ne peut se résumer à un épisode supplémentaire et funeste de la rigueur défendue par les libéraux.

Toutes ces batailles, nous les mènerons jusqu’au bout pour peser de manière concrète et constructive sur les décisions politiques et contribuer à améliorer le quotidien des Français. Au regard de notre courant politique qui jour après jour ne cesse de se structurer et d’assumer ses responsabilités politiques, j’ai l’ambition de croire que ces objectifs ambitieux sont à notre portée.

Guillaume Balas,Secrétaire Général d’Un Monde d’Avance

EDITO

Comité de rédaction : Guillaume Balas, Annabelle Janodet, Mila Jeudy, Jules Joassard, Stéphane Olivier, Adrien Peschanski, Roberto Romero

Ont également participé à ce numéro : Stéphane Delpeyrat, Laurent Touzet, Pascale Pavy, Mickaël Zemmour

EDITO

SOMMAIREP.2 EDITO

P.3 VIE DU PARTI• Budget européen, le PS doit afficher ses

conviction• A quoi sert le Parti Socialiste ?

P.6 VIE DU PARLEMENT• Accord National Interprofessionnel : la

bataille parlementaire va débuter • Le mariage et l’adoption pour tous

adoptés à l’Assemblée Nationale

P.8 DOSSIER DU MOIS « LOI BANCAIRE »• Loi de séparation des activités

bancaires : Un Monde d’Avance mobilisé pour la régulation et la protection des citoyens

• Pourquoi une réforme bancaire ?• La pression européenne : les rapports

Vickers / Liikanen• La stratégie parlementaire : interview de

Pascal Cherki• Les amendements défendus et déposés• Entretien avec Olivier Berruyer

P.17 ACTUALITÉS• La refondation de l’école à l’épreuve des

rythmes

P.18 VIE DES FÉDÉS• UMA 59

P.19 CULTURE• A mettre dans votre médiathèque

P.20 VIE DES GROUPES DE TRAVAIL• Relance du groupe de travail

« Economie »• Les groupes de travail thématiques :

référent & fonctionnement•P.22 À LIRE / À VOIR / À NOTER

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VIE DU PARTI

BUDGET EUROPÉEN, LE PS DOIT AFFICHER SES CONVICTIONS

Au Bureau National du Parti Socialiste du 12 février 2013, Un Monde d’Avance ainsi que d’autres sensibilités du Parti

ont souhaité présenter un texte (voir page suivante) appelant le Parlement européen à prendre ses responsabilités pour améliorer le budget européen tel qu’il a été adopté par le Conseil européen le 8 février dernier

Tout comme l’ont déclaré les chefs des quatre principaux groupes politiques du Parlement européen — Joseph Daul (PPE, conservateurs), Hannes Swoboda (socialistes), Guy Verhofstadt (Libéraux), Rebecca Harms et Daniel Cohn-Bendit (Verts) —, le budget proposé reste largement insuffisant et ne permettra pas aux Etats-membres de s’appuyer sur la logique communautaire pour sortir de la crise.

Malgré la détermination de notre Président de la République à défendre face aux partisans

de la rigueur un budget européen tourné résolument vers la croissance, le compromis établi est loin d’être satisfaisant pour l’Europe.Pour la première fois de son histoire, le Conseil européen a en effet élaboré un budget en baisse pour la période 2014-2020 en crédits d’engagement (960 milliards d’euros au lieu de 994 milliards), alors même que les préconisations de la Commission européenne étaient de 1033 milliards.

C’est maintenant au Parlement Européen de jouer. C’est au sein de cette assemblée qu’il faudra peser pour obtenir un changement de cap budgétaire, favorable à la croissance et à la lutte contre les inégalités.

Notre courant aurait souhaité que le Parti socialiste appuie cette critique de la logique intergouvernementale, et qu’il encourage le Parlement européen à user de ses droits. Le

Un Monde d’Avance appelle le Parlement Européen à amender le budget européen présenté par les Gouvernements, et souhaite que le PS affiche clairement ses convictions à l’approche des élections européennes.

projet de communiqué du Premier secrétaire ne le permettait pas et nos amendements ont été refusés.

Les représentants Un Monde d’Avance ont refusé de l’approuver, conduisant plus de 40% des membres du Bureau national à contester la position du Premier secrétaire. Pourtant, nous nous nous engagerons bientôt tous ensemble dans la campagne pour les élections au Parlement européen et nous n’avons fait que réaffirmer les positions constantes du Parti socialiste à l’appui des positions du Président de la République.

Au Bureau National, Un Monde d’Avance est représenté par Guillaume BALAS, Tania ASSOULINE, Pascal CHERKI, Lauriane DENIAUD, Liem HOANG NGOC, Nadia PELLEFIGUE.

Mila JEUDY

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BLUMA /// Février 20134 ///

« Une occasion ratée pour l’Europe », Elio di Ruppo

L’accord conclu samedi sur le projet de budget européen a permis de déboucher sur un compromis entre les partisans de la rigueur et les partisans de la croissance dont la France fait partie. Nous ne pouvons que saluer la détermination de notre Président de la République à défendre un budget européen tourné résolument vers la croissance et non vers l’austérité.

Cependant, le compromis trouvé ne peut répondre positivement à la crise économique, sociale et politique qui accable l’Europe.?Non seulement la proposition de 960 milliards reste très en retrait par rapport aux préconisations initiales de la Commission Européenne (1033 milliards), mais elle accuse également une baisse historique par rapport au budget précédent (994 milliards). Si l’on prend en compte l’inflation sur la période, le recul est encore plus flagrant et la situation encore plus inquiétante.

C’est la première fois dans l’histoire de l’Union européenne que le budget est en baisse et que la perspective de créer une relance européenne fondée sur les grands projets et les investisse-ments d’avenir s’éloigne. En effet, la structure interne même de ce projet de budget est aussi très conservatrice et ne dégage aucune réelle vision prospective pour l’Europe. Si l’on peut se féliciter de l’augmentation des fonds de cohésion pour les régions les plus défavorisés, notamment à l’Est, on ne peut que regretter le manque d’ambition pour les grands projets d’infrastructures ou encore la diminution des fonds consacrés aux plus démunis et notamment au tissu associatif qui joue un rôle essentiel dans ce domaine.

Un budget européen en hausse significative est pourtant une double nécessité :

• une nécessité économique pour répondre à la crise européenne par les investissements pu-blic et le pilotage stratégique de l’économie européenne

• une nécessité politique pour l’Union Européenne qui n’est pas parvenue au bout du proces-sus d’intégration des nouveaux entrants, qui peine à imposer une harmonisation sociale et fiscale des politiques nationales économiquement efficace et socialement juste, et qui surtout doit pouvoir s’appuyer sur un budget suffisant pour mettre en œuvre un véritablement gou-vernement économique.

Le PS demande donc à ce que les parlementaires européens rejettent ce compromis qui affaiblit trop manifestement l’idée même d’Union Européenne. Le PS soutient ainsi l’opposition des chefs des quatre principaux groupes politiques du Parlement européens (socialistes, libéraux, Verts et conservateurs) qui ont annoncé qu’ils refuseraient d’accepter « en l’état » ce budget qui « ne renforcera pas la compétitivité de l’économie européenne ».

Cette prise de position marque d’ailleurs clairement la rupture avec l’idée que des politiques d’aus-térité, qui se trouveraient consacrées au niveau européen, pourraient représenter une solution à la crise. On ne peut pas ajouter aux politiques de rigueur nationales imposées par les gouver-nements conservateurs passés ou présents, une politique de rigueur européenne qui conduirait à renforcer les égoïsmes nationaux. Ainsi, nous souhaitons que le Parlement européen puisse prendre toute initiative qui puisse aboutir à l’adoption d’un budget plus ambitieux à même de ramener l’Europe sur le chemin de la croissance.

TEXTE PROPOSÉ PAR UN MONDE D’AVANCE AU BUREAU NATIONAL DU PARTI SOCIALISTE DU 12 FÉVRIER 2012

VIE DU PARTI

D'AVANCELA GAUCHE DECOMPLEXEE

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BLUMA /// Février 2013 /// 5

VIE DU PARTI

A QUOI SERT LE PARTI SOCIALISTE ?

Après chaque victoire, le Parti Socialiste doit trouver sa place dans le dispositif institutionnel de la Vème République qui ne correspond guère à son tempérament.

N’oublions pas que les socialistes et la gauche se sont, avec les questions sociales, rassemblés aussi contre l’instauration du régime présidentiel imposé par De Gaulle à un pays de tradition et de culture parlementaire. La publication par François Mitterrand du Coup d’État Permanent en 1964 a constitué de ce point de vue un moment important pour la construction de l’identité politique de la gauche sous la Vème République.

Une citation résume bien le sens de cet ouvrage ” en remplaçant la représentation nationale par l’infaillibilité du chef, le général de Gaulle concentre sur lui l’intérêt, la curiosité, les passions de la nation et dépolitise le reste” écrit alors F.Mitterrand. Il suffit de voir dans quelle considération nos concitoyens tiennent aujourd’hui les partis politiques pour constater qu’il n’avait pas tort.

Dès lors le Parti Socialiste se trouvera pris dans une contradiction: pour gagner il lui faut épouser la logique d’un système qu’au fond il n’a jamais complètement accepté ni reçu comme légitime. François Mitterrand pouvait ainsi, après deux mandats, affirmer sans choquer personne « ce régime était dangereux avant moi il le redeviendra après moi », pendant que de nombreux socialistes continuaient d’appeler de leurs vœux une VIème République Parlementaire…

Pour le reste de la gauche et les écologistes, les choses sont encore plus simples: un rejet clair et net de ce régime perçu comme peu démocratique.

Il n’est pas étonnant dans ces conditions que dès que l’un des siens parvient à l’emporter les socialistes peinent à trouver leur place dans les institutions, contrairement à la droite habituée à communier dans le culte du chef et de l’homme providentiel.

Depuis le Congrès de Toulouse, les socialistes connaissent à nouveau les charmes et les affres de cette situation. Dès lors que le Président de la République est issu de leurs rangs à quoi sert le Parti Socialiste ?

Disons-le tout net pour le moment, notre Parti peine à définir clairement son rôle. Il s’enferme dans une contradiction insoluble, parce qu’elle n’a pas de sens, entre un soutien sans nuance politiquement improductif de l’action Présidentielle et la tentation d’une critique institutionnellement intenable et politiquement suicidaire de l’action gouvernementale.

Notre bureau national se déroule ainsi chaque semaine selon un rituel paralysant: un ministre présente son action, quelques voix s’élèvent pour faire part de leurs interrogations ou demander que les socialistes puissent amender les projets gouvernementaux, et notre Premier Secrétaire conclut les débats en indiquant que les socialistes ne sauraient s’écarter de la ligne gouvernementale.

En réalité les choses pourraient, et devraient, se dérouler différemment.

Dans ce système institutionnel présidentiel, une répartition des rôles doit logiquement se mettre en place, au profit du Président de la République comme du parti majoritaire.

Le premier doit parler à tous les Français,sans exceptions, fixer le cap et trancher entre les contradictions qui traversent la société pour indiquer où se situe l’intérêt général.

Le second doit s’employer au rassemblement des socialistes, de la gauche, et mobiliser son camp au service du Président.

Il doit soutenir le gouvernement bien entendu mais aussi proposer, faire vivre le débat politique dans le pays, assumer la confrontation avec l’opposition et les forces sociales hostiles au pouvoir. Ce faisant, il donne au Président la force de sa mobilisation et lui ouvre des options politiques qui lui permettent de trouver sa position centrale d’arbitrage, au sens fort

Dans ce moment particulier de crise économique et politique profonde il est urgent que notre parti trouve et prenne toute sa place en redonnant toute son utilité et sa vigueur au débat politique à gauche en commençant par assumer les débats en son sein.

du terme, c’est à dire celui qui, à la fin, décide au nom de l’intérêt national.

Faute d’une telle répartition des rôles, le Parti Socialiste est inaudible et transparent et le Président se trouve en prise directe avec des forces qui lui sont hostiles, non plus dans la situation de décider mais de sembler reculer sous la pression.

C’est la situation dans laquelle nous sommes englués et nous devons rapidement sortir en redonnant au Parti Socialiste sa véritable place dans le débat public.

Pour ce faire il faut accepter le temps du débat et de la construction de rapports de force dans la société sans craindre d’assumer nos contradictions internes. Elles ne sont après tout que l’expression d’une vie démocratique normale et permettent in fine de trouver un équilibre plus proche des attentes de toute la gauche.

Pour la réussite de ce quinquennat ne laissons pas la haute administration décider seule de notre destin. Nous avons déjà pu apprécier par le passé à la fois son incontestable compétence technique mais aussi son incapacité à comprendre et saisir réellement les humeurs et les attentes du pays.

Dans ce moment particulier de crise économique et politique profonde il est urgent que notre parti trouve et prenne toute sa place en redonnant toute son utilité et sa vigueur au débat politique à gauche en commençant par assumer les débats en son sein. Il ne s’en portera que mieux, et contrairement aux inquiétudes de certains, le Président de la république aussi. Notre Premier Secrétaire a toute légitimité pour ce faire . Nous comptons sur lui pour que désormais vive le débat entre socialistes au service de la gauche et des Français.

Stéphane DELPEYRAT,Secrétaire National du PS à la

RechercheMaire de Saint Aubin

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VIE DU PARLEMENT

ACCORD NATIONAL INTERPROFESSIONNELLE PROJET DE LOI AU PARLEMENT

L’Accord National Interprofessionnel pour un nouveau modèle économique et so-cial au service de la compétitivité des

entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés a été adopté le 11 janvier 2013.

Sur les 8 syndicats reconnus actifs au niveau confédéral en France : CGT, CFTD, FO, FSU, UNSA, SOLIDAIRES, CGC, CFTC. Seulement 5, CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC — représentatives selon les anciens critères — ont été associés par le Medef aux négociations. De plus, les trois syndicats signataires ne représentent que 38% des salariés.

Or, depuis 2008, la loi établit que ce n’est plus le nombre de syndicats qui signent qui établit la majorité et la validité d’un accord. Il faut donc un seuil de représentativité en nombre de voix de salariés derrière les syndicats pour qu’un accord soit validé : ce seuil était fixé à 30 % jusqu’en 2012 sera porté à 50 % au 1er

juillet 2013.

On peut considérer que l’accord étant « minoritaire », le Parlement n’est absolument pas tenu de le « ratifier » tel quel, la majorité de gauche doit jouer tout son rôle pour contrer ce qu’a imposé le Medef. Il y va de la lutte contre le chômage ! En France, chaque fois que les licenciements ont été facilités, le chômage a augmenté. Partout où la flexibilité a augmenté, le chômage a progressé y compris dans les pays scandinaves.

A l’Assemblée Nationale c’est Jean-Marc Germain qui a été désigné comme responsable du suivi du texte pour le Groupe Socialiste. Plusieurs de nos camarades députés UMA seront particulièrement investis sur le sujet. Des sous-thématiques ont été identifiées : la question de la mise en place d’une Mutuelle pour tous sera suivie par Fanélie Carrey-Conte et la question des licenciements sera suivie par Denys Robiliard et Barbara Romagnan.

Sur cette dernière problématique, nos députés ont d’ores-et-déjà annoncé qu’ils seraient particulièrement vigilants sur :

• La prescription qui serait désormais limitée à 2 ans au lieu de 5, ce qui peut poser de gros problèmes lors des litiges pour les créances salariales ou les affaires de discriminations

• La compatibilité de certains points de l’ANI avec les conventions internationales comme la 158 de l’OIT ou la directive 98.59 de l’Europe

• La disparition de certaines phrases du code du travail qui pourrait inverser la charge de la preuve et rendre beaucoup plus difficiles de faire valoir les droits des salariés.

Jules Joassard

« C’est incontestablement un bon accord » Raymond Soubie – ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy« Quand mon adversaire m’applaudit, je sais que je fais fausse route »…

Un Monde d'Avance rencontre les syndicats : Afin de préparer son intervention, notamment parlement, Un Monde d’Avance est allé à la rencontre des acteurs sociaux, signataires et non signataires. A noter également : nous organisons un colloque public sur la sécurisation de l’emploi le 20 mars prochain à l’Assemblée. Pour plus de renseignements : [email protected]

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VIE DU PARLEMENT

Avec l’ouverture du mariage et de l’adoption à tous les couples, le législateur a engagé une nouvelle étape

vers l’égalité entre les citoyens. Cette réforme s’inscrit non seulement dans l’histoire de l’avancée des droits des homosexuels, mais aussi dans l’avancée des droits humains.

La détermination du Gouvernement socialiste a permis d’écrire cette nouvelle page de notre Histoire. Le travail des ministres, et en particulier de Christiane Taubira, est à saluer tant pour la qualité de leurs interventions que pour la conviction profonde qu’ils ont mis dans leurs réponses. On peut également saluer l’engagement de Erwann Binet qui a rempli son rôle de rapporteur avec brio.Alors que les détracteurs de la réforme, dont l’UMP et le FN ont été les plus fervents

porte-voix dans l’hémicycle, n’ont pas hésité à user de tous les stratagèmes pour retarder l’adoption de ce projet de loi historique avec plus de 5 000 amendements déposés. Le gouvernement et les députés de la majorité ont fait preuve d’une ténacité et d’une endurance inébranlables dans le bras de fer qui a marqué ces 11 jours, soit 25 séance de débat.

Ces échanges parlementaires ont malheureusement été marqués parfois de dérapages caractérisés par les orateurs de la droite et de l’extrême-droite : entre les « enfants-playmobils » craints par Jacques Alain Benisti si le droit à l’adoption était octroyé aux homosexuels, la « porte-ouverte à la polygamie » pour Marion Maréchal-Le Pen, « la décadence de notre société » pronostiquée par Céleste Lett et les demandes « d’application du principe

de précaution contre ce mariage pour tous » voulu par Paul Salen, les propos ont souvent dépassés les bornes.Olivier Dussopt et plusieurs de nos camarades UMA ont participé à la quasi-totalité des 111 heures de débat dans l’hémicycle en particulier à la dernière séance historique du 8 février qui s’est achevée à 5h40.

Désormais nous pouvons être collectivement fiers d’appartenir à un pays dont les citoyens ont porté cette majorité de gauche au pouvoir et ont manifesté tout leur soutien lors des nombreuses initiatives organisées, créant ainsi les conditions de l’adoption d’une réforme d’égalité qui apporte la reconnaissance de toutes les familles dans leur diversité et la protection juridique de tous les enfants.

J.J.

LE MARIAGE POUR TOUS ADOPTÉ PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE

Mardi 12 février à 17h, l’Assemblée nationale s’est enfin prononcée par scrutin public sur le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe par 329 voix pour et 229 voix contre.

LE MEILLEUR DU PIRE DES DÉRAPAGES DE LA DROITE « Méditons ensemble, puisque c'est le jour du Seigneur, monsieur le Président, sur les conséquences des décisions que nous allons prendre aujourd'hui. Nous ne souhaitons pas plus créer des « femmes-objet » que des « enfants-Playmobil » Jacques-Alain Bénisti, député UMP du Val-de-Marne, Mairie de Villiers sur Marne

« En conclusion, pourquoi le principe de précaution, si souvent mis en avant et dans tous les domaines, y compris à propos du maïs transgénique, ne devrait-il pas s’appliquer à ce projet ? » Paul Salen, député UMP de la Loire

« Je vous demande donc instamment, mesdames les ministres – et c’est une femme députée qui vous parle –, de respecter le principe de précaution pour ces enfants. Pour assurer aux enfants adoptés un développement harmonieux, je vous demande que le principe de précaution puisse s’appliquer et qu’il ne soit pas en France une exception réservée aux espèces animales, que les enfants des hommes y aient également droit ! » Marie-Christine Dalloz, députée UMP du Jura

« Madame la ministre, comme les quatre cinquièmes des enfants adoptés viennent de l’étranger, nous serons confrontés à une diminution du nombre d’enfants à adopter. Vous créerez à force d’inégalités une discrimination sur

le genre. C’est une régression monstrueuse que vous apportez à la civilisation. » Nicolas Dhuicq, député de l’Aube

« Je souhaite vous faire part d’une simple réflexion. Ce débat n’est pas simplement de nature législative : il touche aux fondements de l’humanité, basé sur des lois naturelles, que l’on oppose aux lois positives. Je crois que jamais une loi naturelle ne peut être dénaturée par une loi positive. Vous nous proposez de réécrire, à la façon d’apprentis sorciers, une loi naturelle… » Georges Fenech, député UMP du Rhône

« J’invite Mme Coutelle à venir manger mon poulet au champagne. En revanche, je ne peux pas enfanter seul, pas plus que les femmes que j’ai connues ne peuvent le faire. C’est cela, la réalité du monde. Cessez donc de bâtir des illusions sociales contraires à la vérité du monde, cessez de vous mentir ! » Georges Fenech, député UMP du Rhône

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DOSSIER DU MOIS

DOSSIER DU MOIS SPÉCIAL

UNE LOI BANCAIRE POUR RÉGULER LE SYSTÈME FINANCIER

Pour comprendre l’importance de la loi de régulation bancaire, il nous faut remonter au 15 septembre 2008. Ce

jour-là, l’effondrement de Lehman Brothers, une des plus grosses banque d’affaire américaine, débouche sur la plus grave crise économique depuis 1929. Ce jour-là, les citoyens et les pouvoirs publics prennent conscience de la nocivité de certaines activités financières et des conséquences terribles dont elles sont l’origine.

Plus de quatre ans après ce cataclysme économique, la finance reste un adversaire de taille. Le bilan cumulé des banque est estimé à 8500 milliards de dollars soit plus de trois fois et demi le PIB de la France. Or, ¼ seulement de cette somme est orientée vers l’économie réelle (prêts aux particuliers et aux entreprises).

Le marché des produits dérivés, instruments considérés comme hautement spéculatifs, a cru 10 fois plus vite que la croissance mondiale en 20 ans. Responsable d’une crise qui frappe directement nos concitoyens, la finance se porte pourtant très bien.De nombreux rapports européens (Liikanen, Vickers) ont été publiés dans le sens d’une plus grande régulation bancaire. Une loi, certes incomplète et pas encore appliquée, a été votée aux Etats-Unis. François Hollande s’est quant à lui engagé durant la campagne, via la proposition n°7, à séparer les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi, de leurs opérations spéculatives. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, a pris l’initiative d’un projet de séparation des activités spéculatives des banques du reste de leurs activités présentées comme « utiles à

l’économie ». Sur le principe, l’engagement d’un gouvernement de gauche à légiférer au plus vite sur cette question correspond aux objectifs que nous nous fixons de placer l’humain au cœur de notre orientation politique. Il faut noter que la France est le premier Etat à agir dans ce sens. Si la Commission européenne s’est engagée à légiférer, si les anglais et les allemands ont fait la même promesse, la gauche française est précurseuse.

Néanmoins, après plusieurs auditions à l’Assemblée Nationale, il a bien fallu constater que le projet initial du Ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, ne répondait pas entièrement aux enjeux de régulation du système bancaire et aux attentes des millions

Dossier réalisé par Annabelle Janodet et

Adrien Peschanski

LOI DE SÉPARATION DES ACTIVITÉS BANCAIRES : UN MONDE D'AVANCE MOBILISÉ POUR LA RÉGULATION ET LA PROTECTION DES CITOYENS

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POURQUOI UNE RÉFORME BANCAIRE ?

DOSSIER DU MOIS

1 // Séparer les activités utiles à l’économie et la spéculation

La crise de 2008 a démontré l’incapacité de notre actuel système bancaire à se réguler et à pouvoir encaisser les aléas du contexte économique. Plusieurs milliards ont été débloqués, notamment en France par Nicolas Sarkozy, pour voler au secours du système. Tous ces fonds ont été alors céder sans contrepartie de la part des banques. Finalement ce sont les Etats eux-mêmes qui se sont mis en difficulté pour recapitaliser les responsables spéculateurs de la crise. Le premier enjeu de la loi bancaire était donc de mettre dans deux structures différentes les activités bancaires utiles à l’économie (dépôts, investissements…), des activités purement spéculatives. Chaque banque devra ainsi créer une filiale pour cantonner ses opérations purement spéculatives qui ne répondent pas à un besoin de financement de l’économie. Cette filiale devra être capitalisée et financée de manière autonome afin de prévenir « l’effet domino » que les expositions à risque sur les marchés financiers font peser sur la maison mère et le dépôt des épargnants. En cas de difficultés, ce sont les actionnaires et les créanciers, et non les contribuables, qui devront assumer les pertes. C’est l’application du principe populaire, qui casse/paye.

2 // L’interdiction de certaines activités spéculatives

Les pratiques les plus dangereuses (et sans retombées sur l’économie réelle) seront désormais prohibées. C’est le cas du Trading à Haute Fréquence ou de la spéculation sur les matières premières agricoles qui a contribué à l’inflation des prix alimentaires. Il sera également interdit à une banque d’être actionnaire d’un hedge fund (fond spéculatif) et de leur accorder des prêts non sécurisés.

La loi agit également contre les paradis fiscaux. Chaque année, les banques devront publier la nature de leurs activités, leurs effectifs et leurs produits nets bancaires pour chaque pays où elles sont présentes. Cette mesure, qui permettra d’exercer un effet dissuasif sur les banques qui se livrent à des abus dans des pays étrangers, positionne la France au premier rang des nations dans la bataille de la régulation financière.

3 // Protéger le consommateur

En séparant les activités des banques, ont créé de faite, une barrière entre le dépôt des français et certaines activités spéculatives. Ainsi, si une filiale spéculative fait faillite, il devient impossible pour la maison mère de voler à son secours. Autre sécurité pour les épargnants : le fond de garantie des dépôts, financé par les banques elles-mêmes, sera très fortement augmenté.Protéger les épargnants, ce n’est pas seulement les mettre à l’abri d’une faillite, c’est aussi mettre fin aux abus de certaines pratiques bancaires dans la gestion des comptes. Les commissions d’intervention seront plafonnées afin de casser la « spirale du découvert » (les agios creusant le montant du découvert). Prévue à l’origine pour les plus démunis, cette disposition a été élargie par un amendement des députés socialistes à tous les clients des banques. Un gain non négligeable de pouvoir d’achat, notamment pour les classes populaires qui ont le plus de mal à boucler les fins de mois. Le projet de loi élargit les droits du consommateur en matière d’accès aux services bancaires. Les établissements de crédit devront justifier leur refus de l’ouverture d’un compte devant la banque de France. Enfin les procédures de surendettement seront améliorées.

de nos concitoyens aujourd’hui frappés par les conséquences des opérations casino opérées avec leur argent. D’une part, l’exécutif renonçait à la scission nette des établissements bancaires au profit d’une filialisation (c’est-à-dire le maintien du modèle de banque universelle pratiquant à la fois activités de dépôts et de marché). D’autre part, suite à la confession aussi surprenante qu’effrayante du Président de la Société générale Frédéric Oudéa aux parlementaires, on apprenait que la filiale réservée aux activités de marché ne regrouperait que 0,75% à 1% des activités des banques.

Une fois ces éléments assimilés, les députés d’Un Monde d’Avance ont œuvré durant plusieurs semaines, en commission des finances et des affaires économiques d’abord, en séance publique ensuite afin de renforcer le texte. Les résultats sont là et nous avons pu faire évoluer substantiellement ce texte. En cas de crise touchant les filiales de marché, les contribuables ne paieront pas. La part des activités à filialiser a augmenté. Les activités de la maison mère sont encadrées. En outre, un amendement sur la transparence dans les paradis fiscaux a été adopté. Certes, il ne répond pas à l’ensemble de nos exigences,

mais c’est un combat identitaire des socialistes qui trouve un débouché dans ce texte. Enfin, le gouvernement s’est engagé à protéger les épargnants en élargissant à tous les français le plafond des frais bancaires.

Si la loi présentée est loin d’être en tout point satisfaisante, la mobilisation du courant Un Monde d’Avance, à l’Assemblée nationale via de multiples amendements, dans les médias via des communiqués et une tribune, a permis l’adoption d’un texte bien plus ambitieux. Le combat de la régulation n’est pas terminé, mais il s’agit là d’une première pierre essentielle.

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BLUMA /// Février 201310 ///

DOSSIER DU MOIS

SÉPARATION DES ACTIVITÉS BANCAIRES : UNE IDÉE QUI PLAÎT

La séparation des activités bancaires n’est pas en soi une idée neuve. Dès 1933, les Etats Unis adoptent le Steagall

Act qui instaure l’incompatibilité entre les métiers de banques de dépôts et de banque d’investissement. Cette loi faisait suite à la grande crise de 1929. Le paysage bancaire américain va alors se polariser et faire émerger des banques d’investissement de très grande taille mais qui n’ont pas la surface financière que donnerait leur adossement à une grande banque de dépôts. Mais peu à peu, le Steagall est contourné par les banques qui trouvent les parades nécessaires pour ne pas se confirmer à cette législation. Le Steagall Act est finalement abrogé en 1997 par le congrès républicain de l’époque.

Cette idée de séparation des activités bancaires est revenue récemment sur le devant de la scène lors du G20 de Londres en 2009. Les grandes puissances s’étant à l’époque fixée pour objectif de « renforcer le système financier ». Les dirigeants prenaient enfin conscience de la nécessaire régulation du système financier après la crise de 2008. Cependant, les conclusions du G20 sont restées timorés et se sont plus concentrées sur la mise en cause des produits toxiques que sur ceux qui les avaient créé.

En Europe : Le rapport Liikanen et une future directive européenne ?

Le 2 octobre 2012, le rapport « Liikanen » de la commission européenne rend ses conclusions. Il propose un seuil minimal d’activités à haut risque pour intégrer une entité juridique spécialisé. Celui serait fixé entre 15% et 25%

de l’actif total de l’établissement. Quatre groupes bancaires français remplissent les deux critères susceptibles de les y rendre éligibles: BNP Paribas (39%), Société Générale (33%), Crédit Agricole (26%) et BPCE (20%). Néanmoins, on sent l’impact lobbying des grandes banques sur le rapport. Il ne propose pas la séparation des activités mais la création d’entités juridiques spécialisées. Les banques s’en sont d’ailleurs félicitées.

La BCE s’était quant à elle félicitée prudemment de ce rapport, mais avait demandé de lourdes études d’impact avant l’écriture d’une directive européenne.

Ce rapport reste évidemment une avancée et un élément positif dans une Europe trop libérale. Il permet d’impulser de nouvelles politiques dans les Etats de l’Union. Cependant, que cela soit en France, en Grande Bretagne ou en Allemagne, les trois pays qui ont mis à l’agenda ou voté une telle réforme, sont encore en deçà des préconisations de Liikanen.

En Grande Bretagne : un rapport mais pas de loi avant 2019

En septembre 2011, le rapport Vickers fait l’effet d’une bombe au pays de la City. Il rend en effet un avis sur la nécessaire séparation des activités bancaires et propose un cloisonnement des activités de banque de détail à l’intérieur des grandes banques universelles. Après quinze mois d’enquête, son verdict tombe et préconise une sanctuarisation des activités de dépôt pour protéger le contribuable d’une faillite des activités plus risquées de la banque d’investissement.

Musclant sa réforme sous la pression du Parlement et de l’opinion, le gouvernement conservateur britannique a menacé les banques de séparer purement et simplement leurs activités de détail et d’investissement si elles ne respectaient pas les nouvelles règles, une décision critiquée par la City.Toutefois, cette loi n’interviendrait qu’en 2019, dans 6 ans. La City a encore de belles années devant elle avant que le projet de loi ne voit réellement le jour.

En Allemagne : un projet à minima

Le gouvernement allemand a approuvé mercredi un projet de réforme du système bancaire qui contraindrait les établissements à isoler leurs activités les plus risquées et prévoit des peines d’emprisonnement pour les banquiers ayant pris des risques inconsidérés.Ce projet de loi obligera les banques à séparer leurs activités de trading pour compte propre de leurs activités de détail (uniquement quand les montants engagés dépasseront 100 milliards d’euros ou 20% du bilan). Mais c’est un projet de loi qui ne contraint pas les banques à scinder leurs activités les plus risquées de leurs activités de dépôt et qui laisse aux banques la liberté de conduire des activités de trading pour le compte de leurs clients de tenue de marché (market making) et de gestion de trésorerie. Les positions de Berlin sur la réforme bancaire sont plus souples en matière de séparation des activités des établissements de crédit que celles de la commission Liikanen.

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DOSSIER DU MOIS

LA STRATÉGIE PARLEMENTAIRE POUR RENFORCER LA LOI BANCAIREINTERVIEW DE PASCAL CHERKI

BLUMA : Quel a été l’enjeu de cette réforme bancaire ?

Il s’agit de la première réforme en ce genre en Europe en attendant la grande réforme que doit conduire l’Union Européenne. Nous sommes inscrits dans la ligne de Liikanen qui vise à créer des filiales étanches de la maison mères pour y verser progressivement les activités spéculatives. Faire la séparation entre ce qui est utile au fonctionnement de l’économie et ce qui est purement spéculatif afin de protéger les dépôts des épargnants et les finances publiques en cas de crise.

Cette réforme est très importante, c’est une première. Il fallait donner une impulsion à l’Europe. Ne soyons pas trop en avance : le milieu bancaire est un milieu concurrentiel et il ne faudrait pas décaler nos banques.

BLUMA : Quel a été le rapport des députés dans cette réforme ?

Les députés socialistes ont joué un rôle majeur dans ce processus. Le texte tel qu’il avait été rédigé par le Gouvernement été le fruit de discussions avec les banques qui avaient pesé de tout leur poids pour faire en sortes que finalement peu de choses changent. Les banques nous disent « on a tiré les leçons de la crise, laissez-nous faire » ; et bien nous ne sommes pas d’accord avec ce que disent les banques. D’ailleurs le gouvernement en avait conscience car nous avons eu un dialogue très constructif avec lui. Ce que nous voulions c’est redonner du pouvoir à la puissance publique et qu’elle puisse jouer son rôle de régulation. Ce n’est pas au système financier de créer ses

normes. C’est bien au législateur de fixer le cadre ou le système bancaire doit se déployer. Alors cela prendra du temps car nous sommes au début d’un processus, nous sommes en train de sortir de trente de libéralisation des marchés financiers, qui nous a amené à la crise de 2008. Malheureusement on ne changera pas les choses du jour au lendemain, mais il faut se donner les instruments pour le changer.

Si je résume en une image : les banques souhaitaient que la filiale soit une maison à part mais fermée à double tour et vides et qu’on jette les clés et qu’on n’y revienne plus. Nous avons voulu faire l’inverse et nous y sommes arrivés. Nous avons ouverts la maison, nous avons donné la clé à la puissance publique en disant à l’Etat : « voilà vous avez la possibilité et le devoir de la meuler progressivement ». Ce débat s’est concentré sur la tenue de marché. Pourquoi ? Dans la situation dans laquelle nous sommes, tout est emmêlé, et imbriqué. Il faut du temps pour tout remettre à plat.

BLUMA : Tu as été très investi, avec beaucoup de députés d’Un Monde d’Avance, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Les députés socialistes ont fait un travail remarquable, nous avons vraiment tous joué le jeu. Le Gouvernement a aussi compris qu’il fallait s’adosser au Parlement pour faire bouger les lignes. Il ne pouvait se mettre dans un tête à tête avec les banques.

Nous avons travaillé dans deux directions.

D’abord donner du pouvoir au régulateur, notamment pour verser progressivement dans la filiale les activités liées à la tenue de marché. Puis, toute la gauche réunie, nous avons fait pression sur le domaine de la lutte contre les paradis fiscaux. Là aussi nous sommes au début de cette bataille qui concerne des dizaines de milliards d’euros qui chaque année échappe au budget de l’Etat. Nous avons agi pour la transparence. Nous sommes au début d’une bataille d’opinion au niveau mondial pour que ces pratiques s’inversent. C’est un peu la même bataille que celle que nous avons connu il y a dix ans sur la taxe sur les transactions financières. C’est ce même processus qu’il faut mettre en place. Et dans ce combat la France a été novatrice.

Concernant l’action des députés UMA nous avons souhaité aller plus loin sur deux domaines : • La lutte contre les paradis fiscaux et le

blanchissement d’argent, notamment pour renforcer les pouvoirs de notre TRACFIN (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits FINanciers clandestins) de renseignements financiers afin d’agir. Nous avons créé un nouveau mécanisme obligatoire pour un certains nombres d’institutions financières.

• Un amendement a été également déposé (et soutenu par l’ensemble des groupes) pour interdire à l’Etat de recapitaliser des filières qui se trouveraient en situation de faillite. Ce n’était pas prévu dans la loi. Mais nous considérons que l’argent des français ne doit pas servir à recapitaliser la spéculation.

Propos recueillis par Vincent JAROUSSEAU

Les députés Un Monde d’Avance se sont investis de manière exemplaire dans la bataille parlementaire pour améliorer le contenu de la loi bancaire. Parmi eux, Pascal Cherki s’est particulièrement illustré par les nombreux amendements qu’il a déposé pour faire pencher la barre à gauche.

Les députés socialistes ont fait un travail remarquable. Nous

avons vraiment tous jouer le jeu.

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SÉPARATION DES ACTIVITÉS BANCAIRES

UNE BELLE BATAILLE PARLEMENTAIRE POUR RENFORCER LA RÉFORME BANCAIRE : LES AMENDEMENTS DÉPOSÉS ET DÉFENDUS PAR LES DÉPUTÉS UN MONDE D'AVANCE

Le projet de loi du gouvernement vise à la filialisation des activités de marché considérées comme spéculatives. Le principe est simple : l’argent des épargnants déposé à la banque ne peut servir à alimenter la spéculation. Cependant, il est très vite apparu que la part des activités appelées à in-tégrer la filiale était extrêmement faible. C’est pourquoi, « Un Monde d’avance » a défendu une première série d’amendements en faveur du transfert d’activités potentiellement dangereuses pour les épargnants de la maison mère vers la filiale.

Encadrement de l’activité de tenue de marché

Projet de loi initial :La tenue de marché fait partie des activités de marché que le projet de loi ne cantonne pas dans la filiale. Cela signifie que l’argent des dé-pôts peut l’alimenter. Il s’agit d’une activité qui consiste à proposer en permanence des actifs à vendre ou à acheter.

Problème :Les dérives spéculatives sont nombreuses. Prenons l’exemple du « trading haute fré-quence ». Il s’agit d’échanger par le biais d’or-dinateurs des titres à très grandes vitesse. L’effet déstabilisateur de cette pratique est connu (l’année passée, le Nasdaq avait chuté de 20% en trente secondes). Or, ce THF est considéré en grande partie comme une activité de tenue de marché.

Amendement voté :Par leur intervention, les députés « Un Monde d’avance » ont permis l’adoption d’un amende-ment socialiste en faveur d’un encadrement de la tenue de marché. L’Autorité de Contrôle Pru-dentiel et de Régulation, régulateur en charge de la surveillance des activités bancaires, de-vra définir celle-ci sur la base de critère définis par la loi.

Encadrement des opérations liées aux besoins de couverture

Projet de loi initial :Les instruments utilisés pour les besoins de couverture sont appelés communément les « produits dérivés » ou « instruments financiers à terme ». Ces opérations font partie des activi-tés de marché que le projet de loi ne cantonne pas dans les filiales.

Problème :Les produits dérivés ont causé d’énormes dégâts. Il s’agit d’instruments liés à un actif et qui visent à promettre des échanges. Leur volume a cru 10 fois plus vite que la croissance mondiale depuis 1990. Parmi ces instruments, les CDS, qui agissent comme une assurance sur un actif, ont été mis en cause dans l’explosion des taux d’intérêts grecs. Si certaines couvertures sont essentielles (notamment sur les changes), d’autres sont purement destinées à la spéculation.

Amendement voté :Les instruments de couverture devront pré-senter une relation économique avec les risques identifiés dans les conditions définies par un arrêté du ministre chargé de l’écono-mie. Si nous espérions un transfert partiel de ces opérations vers la filiale, cet amendement introduit le politique et définit les contours d’une notion bien trop large à l’origine.

DOSSIER DU MOIS

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L’« aléa moral »

Projet de loi initial :Le gouvernement a choisi de filialiser les ac-tivités spéculatives plutôt que de casser les banques en deux. La filiale restera donc au sein du même établissement bancaire. Selon le gouvernement, s’appuyant sur l’expertise de plusieurs rapports, tout est fait pour que la barrière entre les deux entités soit étanche.

Problème :Le risque existant est celui de l’aléa moral, c’est-à-dire que les banques se sentent la pos-sibilité d’agir comme bon leur semble puisque l’Etat interviendra en dernier recours ne pou-vant risquer une crise systémique. Rappelons que AIG, premier assureur américain a failli tomber en faillite du fait d’une filiale équivalent à 0,3% de son activité. C’est l’Etat américain (donc les contribuables) qui a renfloué les caisses.

Amendement voté :L’amendement proposé par les députés UMA et adopté par l’Assemblée nationale, inscrit dans le droit que l’Etat ne pourra pas couvrir les pertes de la filiale. Il s’agit là d’un dispositif très fort en faveur de responsabilisation des acteurs de marché.

Interdiction du Trading Haute Fréquence dans les filiales

Projet de loi initial :L’exposé des motifs du Projet de loi définit le Trading Haute Fréquence (THF) comme une pratique dangereuse. C’est pourquoi, le texte proposé à l’Assemblée propose l’interdiction de cette pratique par la filiale.

Problème :La définition qui est donnée du THF dans le texte de loi renvoie à un article du code moné-taire et financier dans lequel on découvre tout un tas d’exceptions qui rendent l’interdiction factice.

Amendement voté :Nous avons donc proposé un amendement qui reprend la définition juridique du THF sans mentionner les exceptions. Si le gouvernement n’a pas repris l’amendement en tant que tel, il a renvoyé les députés à la seconde lecture pour proposer une rédaction plus contraignante.

Projet de loi initial :Initialement, le projet de loi ne contient aucune disposition relative à la transparence dans les paradis fiscaux.

Problème et Historique :Il s’agit pour le PS d’un combat identitaire depuis la fin des années 1990.La Commission européenne : « estime désormais que les pertes fiscales découlant de la fraude et de l’évasion fiscales s’élèvent à 1 000 milliards d’€ au sein de l’Union européenne » (communication de la commission européenne du 6/12/2012).Le conseil des prélèvements obligatoire : « la fraude fiscale et sociale représente 30 à 40 milliards d’€ par an, dont 2/3 de fraude fiscale ».La BNP Paribas possède aujourd’hui 34 filiales aux îles Caïmans.

Amendement voté:Lors des débats, les amendements ont porté sur la transparence des activités. Ceux finalement votés imposent aux groupes bancaires de publier en annexe de leurs comptes, dans le cadre de leurs activités à l’étranger, dans chaque pays : « Nom et nature d’activité ; »« Produit net bancaire ; »« Effectifs en personnel ».Aussi, les députés UMA ont eu pour objectif d’ajouter un certain nombre de critères (impôts versés, résultat net) via de nouveaux amendements. En effet ces informations sont primordiales pour assurer la transparence des activités dans les paradis fiscaux et accentuer la lutte. Le débat reste ouvert en deuxième lecture mais l’amendement voté constitue une première victoire.

PARADIS FISCAUX

ENCADREMENT DES FRAIS BANCAIRES

Projet de loi initial :Dans sa première mouture le gouvernement prévoyait un plafonnement des frais bancaires liés à certains découverts pour les publics les plus fragiles et endettés.

Amendement voté :UMA a soutenu un amendement dans le sens d’un élargissement du plafonnement à l’ensemble des consommateurs.

DOSSIER DU MOIS

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DOSSIER DU MOIS

ENTRETIEN AVEC OLIVIER BERRUYERAnimateur du blog économique www.les-crises.fr, Président de l'association DiaCrisis

BLUMA : Quelle est la part de responsabilité du système bancaire dans la crise que nous connaissons depuis 2008 ?

Olivier Berruyer : Importante, bien évidemment, puisqu’elle a fait surgir de profonds problèmes mis sous le tapis depuis vingt ans, déclenchant la pire crise depuis 1929.

Durant la Crise de 2008, les premières banques à tomber ont été les banques d’investissement américaines (dont Lehman Brother), démontrant la dangerosité intrinsèque de ces activités de marché. Elles sont explosives en raison du volume de spéculation généré – de l’ordre de 50 fois la taille de l’économie réelle –, insoutenable en cas de difficultés.

Mais le cœur du problème n’était pas la faillite de ces banques spécialisées (toute banque, quelle qu’elle soit, courra toujours le risque de faire faillite), mais le fait que leur faillite a alors menacé d’entrainer celle des activités d’investissement des banques universelles, qui étaient en contrepartie, et donc de toutes les banques universelles, puisqu’on a, bien imprudemment, laisser se mélanger les activités.

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DOSSIER DU MOIS

Désormais « Too Big to Fail », ces banques universelles ont finalement pris en otage les gouvernements, les obligeant à intervenir massivement pour faire cesser le début de panique bancaire. La France a ainsi annoncé fin 2008 un plan de 360 Md€. Puis la BCE a prêté à nos banques environ 200 Md€. La Crise de 2008 a ainsi largement démontré la faillite du modèle des banques universelles, plombées par des pertes colossales. Si elles n’ont pas fait faillite, comme Lehman Brothers, c’est uniquement à cause de ces interventions publiques.

Or, la suite a montré que nous n’avons clairement plus les moyens de faire face à une seconde crise de cette ampleur. Mais comme il n’y a eu aucune réforme remettant sérieusement en cause la philosophie ultralibéraliste des années 1990, tout peut recommencer. Et recommencera.

BLUMA : Le projet de loi bancaire vient de passer en première lecture à l’Assemblée nationale. Il touche à une matière, la finance, technique et opaque. Quels sont les enjeux d’une telle réforme ?

O.B. : Ils sont simples : sécuriser l’épargne des français et préserver les contribuables, et donc la notation de la France.

Il faut savoir que les banques exercent schématiquement deux types d’activités, risquées : • des activités bancaires traditionnelles :

recueil des dépôts, prêts aux ménages et aux entreprises, gestion des moyens de paiement… ;

• des activités de marché : tenue de marché (engagement inconditionnel à acheter ou vendre un produit sur un marché pour en assurer la liquidité), création de produits dérivés, courtage, activités de banque d’affaires…

Ces deux activités sont « utiles », mais seules les premières méritent une garantie publique en raison de leur rôle fondamental dans le financement de l’économie réelle et la confiance du public.

Ainsi, la loi française interdisait de mélanger ces activités entre 1945 et 1984, et en pratique, les réels changements ne sont intervenus qu’au milieu des années 1990 avec les premières fusions de banque, puis leur internationalisation. Ainsi, là où le bilan

du groupe BNP représentait un peu plus d’une année de recettes nettes de l’État en 1995, il en représentait en 2011 plus de dix années. Et si les banques se sont internationalisées, le contribuable sur lequel repose le risque reste national.

Avec 5 banques systémiques sur 29 en 2012, la France est très exposée, d’autant qu’elles sont parmi les moins capitalisées du monde – les fonds propres y représentent moins de 4 % du bilan...

A contrario, l’Allemagne finance sans difficulté son économie avec une seule mégabanque mais 1 500 banques régionales sans activités de marché, et dirige ses ingénieurs vers ses PME plutôt que dans des salles de marché à spéculer contre elles...

BLUMA : La réforme Hollande est une première en Europe. Permet-elle de répondre aux enjeux de régulation ?

O.B. : C’est en effet la première, mais c’est hélas la moins ambitieuse au monde. Elle s’appelle « séparation des activités », mais au final, elle ne sépare à peu près rien comme l’ont reconnu les banquiers. D’ailleurs aucun chiffre ne figure dans l’étude d’impact, ce qui est scandaleux, et empêche les députés de comprendre ce qu’ils votent.

Il y a quatre vices sérieux dans la loi.

Le premier est le fait que, quand elle prétend s’attaquer à la « spéculation », elle définit cette dernière comme « la spéculation de la banque avec son argent » (compte propre). Or, nos banques étant les moins capitalisées du monde, leurs fonds propres sont très faibles, et donc elles ont toujours très peu spéculé pour compte propre

Le deuxième est le fait qu’elle cherche à isoler des « activités utiles au financement de l’économie », qu’elle définit comme « avoir un

client ». Du coup, cette loi qualifie de façon stupéfiante d’utile à l’économie les gigantesques masses de spéculation inutile des clients, pour lesquelles la banque est intermédiaire (tenue de marché entre autres). Rappelons qu’il y avait dix fois moins de produits dérivés il y a 10 ans, qui n’ont jamais manqué à l’économie réelle, bien au contraire… Le FMI a d’ailleurs rappelé en 2012 que plus le secteur financier était gros, plus la croissance était faible, vu qu’il attire des talents qui manquent à l’économie et qui créent des produits destructeurs. Le troisième est qu’il refuse de sécuriser le système, prétendant plutôt gérer les crises futures par des mécanismes de « testament » ou de « fonds de résolution » (10 Md€ en 2020, pour un bilan du Crédit Agricole de 2 000 Md€ par exemple). Ils ne sont pas inutiles, mais cela ne peut remplacer une réforme sérieuse visant à empêcher autant que possible le prochain accident nucléaire bancaire.

Le quatrième est que, pour les mécanismes de prévention ou de résolution, il refuse de mettre fin aux conflits d’intérêts, en créant des structures réellement indépendantes. La Banque de France reste au centre du dispositif. Elle y a évidemment sa place, mais en tant que premier créanciers des banques, à des niveaux qui la mettent en péril, elle ne peut sérieusement être qualifiée d’indépendante. De même, la haute fonction publique reste également très présente, sans contrepouvoirs.

BLUMA : Le texte a été enrichi par des amendements sur la spéculation, les paradis fiscaux ou le plafonnement des frais bancaires. Pouvez-vous nous livrer votre avis sur ce sujet ?

O.B. : Bien que le sujet aurait plutôt dû se trouver dans une loi de protection du consommateur, le plafonnement des frais est une avancée très positive.

De même, le fait de mettre en place un reporting pays par pays pour détecter l’évasion fiscale, est un grand progrès. En effet, la lutte bloquait contre l’impossibilité diplomatique à établir des listes de paradis fiscaux crédibles, car les principaux sont européens : la Suisse, le Luxembourg, la Belgique, l’Autriche, l’Irlande, la City de Londres… Donner ainsi des informations sur tous les pays est fondamental pour sortir de ce piège.

Mais là encore, au-delà du principe, la mesure est malheureusement de peu d’effet car il n’y a pas transparence sur les résultats et les impôts

(...) Ce texte compte de nombreuses diversions visant à distraire le législateur du vrai problème : la sécurité financière du pays.

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payés pays par pays. Le tout sous des raisons fallacieuses de « désavantage concurrentiel », alors qu’il s’agit en fait de protéger les fraudeurs. BLUMA : Quelles sont les prochaines étapes pour avancer dans le sens d’une plus grande régulation de la finance ?

O.B : Tout d’abord, il faut remplir les filiales, en constituant des holdings, sur le modèle des groupes d’assurance, et conformément aux recommandations de l’OCDE Le modèle préféré de l’OCDE est la séparation juridique et le cantonnement sous la forme d’une société holding non opérationnelle. » [Angel Gurría, Secrétaire-Général de l’OCDE, 7/11/2012]. Et il faut le faire tout de suite, 2008 et 2011 ont largement démontré l’urgence à agir. Rien ne nous garantit que le système pourra supporter une troisième crise. Bref, la vraie séparation, c’est maintenant…

Filialiser toute la tenue de marché est essentiel. Il serait possible de reprendre les seuils objectifs retenus par la loi allemande, conformément à la recommandation Liikanen. C’est au législateur de fixer la règle, pas à l’administration.

Il faudrait également indiquer clairement les règles de cantonnement dans la loi, qui restent très floues dans le projet actuel (simple renvoi à un arrêté très complexe). Et préciser de façon objective les activités dans les filiales – il faudrait même créer une nouvelle catégorie pour ce type de filiale.

Comme indiqué, pour être efficace, la transparence pays par pays doit absolument concerner également les bénéfices et les impôts payés, comme le réclament les ONG de lutte contre l’évasion fiscale.

Il convient évidemment de reprendre les propositions allemandes visant à sanctionner pénalement les dirigeants fautifs, mais aussi, comme promis par le candidat Hollande, de supprimer les stock-options et plafonner les rémunérations variables dans ce secteur, véritables pousses-au-crime.

Il convient de ne pas accepter le hold-up visant

à pouvoir utiliser les 2 Md€ actuels du fonds de garantie des dépôts pour éventuellement renflouer des banques. Les fonds de garantie et de résolution doivent être distincts, comme permis par le projet de directive. Et le second devrait évidemment être public, pour des problèmes de conflits d’intérêts majeurs.

Enfin, il faut évidemment que des juges et des personnalités indépendantes participent au processus de résolution et à la prévention du risque systémique.

Bref, il n’est plus temps d’ergoter, il faut tenir la promesse du candidat Hollande : « Maîtriser la finance commencera ici par le vote d’une

loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives » [Discours du Bourget]. Il faut des règles simples et compréhensibles. Une large séparation est indispensable pour renforcer nos banques, et les remettre au service de l’économie réelle – on observe clairement que ce n’est pas leur priorité actuelle, puisqu’elles ont le choix de soutenir la spéculation sur les marchés financiers, à leur plus grand profit.

C’est pourquoi une vaste majorité de l’intelligence économique mondiale indépendante appelle à séparer réellement les activités des banques, pour retrouver des banques sûres et dédiées au financement de l’économie réelle.

Citons par exemple les prix Nobel d’économie Maurice Allais, Edmund Phelp ou Joseph Stiglitz, l’ancien chef économiste du FMI Kenneth Rogoff, ou les économistes Nouriel Roubini, John Kay ou Jacques Attali, Michel Rocard, Christine Lagarde, la Réserve fédérale de Dallas, le directeur de la stabilité financière de la Banque Centrale d’Angleterre, plusieurs anciens présidents de CitiGroup, Merrill Lynch, Lloyds, Barclays, Crédit Lyonnais…

Pourquoi la loi française est-elle à des années-lumière du remarquable projet du SPD allemand « Regagner la confiance » - 31 pages de pure intelligence dans la régulation financière ? Pourquoi est-elle bien moins ambitieuse que la future loi des conservateurs anglais, ou même que la faible loi que viennent de présenter les conservateurs allemands ? Pourquoi est-elle bien plus libérale que Nicolas Baverez ? La réponse à ces questions est un enjeu démocratique majeur.

(...) il n'est plus temps d'ergoter, il faut tenir la promesse du candidat Hollande : « Maîtriser la finance commencera ici par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives

A lire pour comprendre mieux : Diplômé de l’Institut de Science Financière et d’Assurances et de l’EM-Lyon, créateur du blog www.les-crises.fr et Président de l’association DiaCrisis, Olivier Berruyer est actuaire, profession de référence en termes de gestion du risque dans ta finance et l’assurance. Il bénéficie ainsi d’un point de vue privilégié pour analyser le basculement de notre société dans le financiarisme et la gestion à très court terme.

Il est l’auteur de plusieurs bouquins dont :

Stop ! Tirons les leçons de la crise : Et ce n’est pas fini : la preuve par les chiffres... [Broché]Chiffres à l’appui, l’auteur nous montre comment notre système a finalement déraillé, aboutissant à la crise que nous connaissons aujourd’hui.

Les faits sont têtus [Broché]Un réquisitoire contre la vision actuelle à court terme de la finance. 100 graphiques originaux, tout en couleurs, permet-tent de comprendre la crise dans laquelle nous sommes plongés et ce qui nous attend. L euro aggrave la crise au lieu de protéger l Europe.

DOSSIER DU MOIS

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ACTUALITÉS

LA REFONDATION DE L’ÉCOLE À L’ÉPREUVE DES RYTHMES

En dix ans de casse de l’école par la Droite, on n’avait jamais vu à Paris autant d’écoles en grève qu’en ce début 2013 !

Un mouvement social focalisé sur la question des rythmes scolaires et qui n’épargne pas le reste du pays, même si le mécontentement enseignant s’y fait plus discret. N’est-ce que le symptôme attendu d’une réforme qui prétend justement toucher aux fondations de l’école ? Ou plutôt le malaise d’une profession à vif, dont les socialistes n’ont pas su regagner la confiance ? N’a-t-on pas aussi sous-estimé les difficultés des communes à prendre en charge les nouveaux rythmes ? Toujours est-il que la refondation de l’École lancée par V. Peillon porte une ambition de justice sociale et de réussite pour les enfants, appuyée par un réel effort budgétaire pluriannuel : un vrai changement qu’il nous faut maintenant saluer et soutenir sans ambages !

S’il y a malentendu avec les enseignants, c’est que la réforme bientôt examinée au Parlement affiche des priorités qui n’amélioreront pas les conditions de travail de la majorité d’entre eux. Le projet de loi programme d’abord la création sur cinq ans de 60 000 postes, dont près de la moitié (27 000) sont en fait consacrés à la reconstruction de la formation initiale des enseignants, avec le rétablissement d’une entrée progressive dans le métier. Si cette réforme ne touchera pas immédiatement au quotidien des enfants, elle conditionne notre capacité à démocratiser l’accès au métier d’enseignant et à faire évoluer les pratiques pédagogiques, à condition d’être vigilants sur le détail de sa mise en œuvre.

Afin d’attaquer les inégalités à la racine, le projet de loi donne ensuite priorité au primaire auquel seront affectés 2/3 des créations de postes d’enseignants titulaires. Leur affectation sera logiquement concentrée sur une minorité d’écoles. Les 7000 postes du dispositif « plus de maîtres que de classes », tout comme les 3000 postes destinés à la scolarisation des enfants de moins de trois ans, seront fléchées vers les « zones difficiles ». Ainsi beaucoup d’enseignants ne verront pas leur effectif de classe diminuer et le ministère laisse en suspens leur demande récurrente de rétablir les nombreux RASED supprimés par la Droite. Leurs attentes sont fortes aussi sur leur pouvoir d’achat en baisse depuis plus de dix ans – une prime annuelle de 400 euros est envisagée par le ministère – de même que sur le remodelage des programmes et des évaluations, que le projet de loi reporte à la création annoncée d’un « Conseil supérieur des programmes ».

Examiné à l’Assemblée début mars, ce projet de loi ouvre d’autres chantiers, par exemple sur les projets éducatifs territoriaux, tout en laissant de côté des sujets essentiels tels que la sectorisation ou la réforme du secondaire. Mais ce sont les rythmes du primaire que V. Peillon a choisis dès mai 2012 pour être le fer de lance de sa refondation de l’École. Il pouvait s’appuyer sur un consensus favorable au retour à la semaine de quatre jours et demi et à l’allègement de la journée d’apprentissage, que le décret fait passer de 6h à 5h15. Il pensait aussi avoir un accord avec les directions syndicales, sous-estimant la déception d’une base enseignante touchée

dans ses conditions de travail par une réforme qu’elle considère par ailleurs superflue et trop rapide.

Fin 2012, avant même de se confronter au mécontentement enseignant, le ministre avait déjà du revoir ses ambitions à la baisse. D’abord contraint de repousser sine die l’allongement de l’année scolaire, il s’est surtout heurté aux inquiétudes des maires face au coût et à l’organisation d’une réforme qui les oblige à prendre en charge les trois heures hebdomadaires de temps périscolaire libéré. Il a fallu que le Président lui-même tranche en faveur d’un étalement de la réforme sur deux ans, avec certes une incitation financière à l’appliquer dès 2013. Le décret est paru le 24 janvier 2013 et ces jours-ci, tandis que la tension monte entre les enseignants parisiens et B. Delanoë, décidé à l’appliquer dès cette année, de plus en plus de villes se positionnent sur 2014, non sans risque de voir la réforme s’embourber dans la préparation des municipales.

De fait, le service public périscolaire que les municipalités sont sommées de créer pourrait être un formidable outil de lutte contre les inégalités éducatives, par le biais d’activités culturelles, sportives ou encore d’aide aux devoirs, à condition d’en avoir les moyens ! La création d’un fond spécifique d’aides aux communes de 250 millions d’euros est une première étape encourageante, mais son montant – à peine la moitié du coût probable de la réforme – et surtout son caractère provisoire posent problème, à l’heure où les collectivités font déjà les frais de la rigueur budgétaire. Quand on sait que les communes pèsent déjà pour 39% de la dépense globale d’éducation du premier degré, avec des écarts de financement des écoles de 1 à 10, on peut craindre qu’en l’état la réforme n’accroisse inconsidérément les inégalités territoriales.

En conclusion, si l’ambition de la réforme est bonne, il reste encore des améliorations à apporter. C’est l’enjeu des prochaines semaines qui s’ouvrent, notamment via le travail d’amendements dans lequel se sont d’ores et déjà concentrés nos députés.

Laurent Touzet

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BLUMA /// Février 201318 ///

LANCEMENT DU GROUPE DE TRAVAIL « ÉCONOMIE »

Le groupe de travail économie de Un Monde d’Avance reprend du service à partir de ce mois de mars. Si ce groupe

de travail était «en sommeil» depuis la primaire, le courant lui n’a pas cessé de mettre les ques-tions économiques et sociales au cœur de ses préoccupations et de son agenda: depuis la convention « égalité réelle » jusqu’aux prises de position de nos élus sur le budget 2013, le rapport Galois, récemment en Bureau National sur le budget européen ou encore au parle-ment sur la loi bancaire. Dans ce contexte la réactivation du groupe de travail « économie » a pour but de renforcer cette dynamique et de l’alimenter dans trois directions : vers les élus et dirigeants du courant par un travail de veille sur des sujets moins médiatiques ou qui le de-viendront à moyen terme en produisant; en direction de l’ensemble du courant ensuite par la production de formations (écrite ou de vive voix) de notes d’analyse ou de synthèse issue de l’abondante littérature économique, ou en-core en organisant des conférences militantes à l’exemple du colloque de 2010 « conver-gences pour dépasser le libre échange » qui

avaient nourri notre contribution à la rédaction du projet socialiste ; vers la société enfin, en forgeant des outils et arguments directement utilisables dans l’expression publique du cou-rant (interview, tribunes, etc.) pour être pré-sent sur les sujets d’actualité mais également pour faire émerger des sujets économique qui nous importe.

En effet, « Un Monde d’Avance » partage avec quelques autres au PS la particularité de ne pas avoir seulement un avis sur chaque sujet, mais également de plaider pour une nouvelle cohérence économique pour la gauche au pou-voir: dépasser des contraintes européennes les plus absurdes, mettre l’emploi et la crois-sance au cœur des arbitrages budgétaires, et reconnaitre le rôle des salaires, des presta-tions sociales et des services publiques, non comme des coûts de plus en plus difficilement supportables mais comme des atouts, à la fois utiles aux citoyens et générateurs d’acti-vité économique. Et lorsqu’il s’agit de résister au prêt à penser libéral des matinales radios, des hebdomadaires et des chaînes infos, la

réflexion autonome, le débat, l’échange et la formation ne sont pas de trop pour défendre des alternatives cohérentes sur l’emploi, la compétitivité, le financement de la protection sociale, la politique industrielle, etc.

Le travail de la commission « économie » se fera donc en étroite collaboration avec les autres groupes de travail (en particulier « travail » et « Europe ») et l’équipe de la coordination « Un monde d’avance », et s’organisera sous la forme de réunions mensuelles ou bimestrielles et d’une liste de diffusion mail (dans laquelle seront intégrés les comptes rendus des réu-nions parisiennes). Bref, sur la base des orien-tations d’un monde d’avance, la commission économie a vocation à être une « boîte à outil » pour les militants et dirigeants du courant.

Toutes les militantes et militants souhaitant prendre part à ce groupe de travail, experts en quelque domaine ou simplement disponibles et intéressés par le sujet et peuvent se faire connaître en envoyant un mail à [email protected].

VIE DES GROUPES DE TRAVAIL UMA

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BLUMA /// Février 2013/// 19

LES GROUPES DE TRAVAIL À PIED D'OEUVRE• Les groupes de travail thématiques mis en place au sein du réseau UMA ont pour vocation d’organiser le travail de fond et la réflexion sur

différents sujets. L’objectif de long terme est de nous réarmer idéologiquement et de faire d’UMA la sensibilité la plus créative de la famille socialiste.

• La Coordination UMA met à disposition de ces groupes informels de militants des facilités en termes de salles de réunion ou d’outils de diffusion de l’information. Des petits déjeuners de travail à l’Assemblée Nationale sont même possibles les mercredis matin de 8h à 9h.

• Ces groupes sont invités à produire des textes, des articles, des analyses : l’ambition d’UMA est d’aboutir, après validation politique, à des rencontres avec des spécialistes du sujet, des notes de cadrages, des tribunes de presse voire des propositions de lois ou d’amendements législatifs.

• La liste des groupes de travail thématiques n’est pas limitative et a, au contraire, vocation à s’allonger. Si vous souhaitez participer à l’un des groupes de travail existant, voici la liste des contacts :

VIE DES GROUPES DE TRAVAIL UMA

LES GROUPES DE TRAVAIL THÉMATIQUERÉFÉRENT ET FONCTIONNEMENT

* TRAVAIL-EMPLOIDelphine Mayrargue [email protected] * EDUCATIONLaurent Touzet [email protected] * CULTUREFrédéric Hocquard [email protected] * INTERNATIONALCapucine Edou [email protected] * SANTÉHakim Bécheur [email protected] * INSTITUTIONSMarc Gauché [email protected] * JUSTICE-DROITS-LIBERTESVincent [email protected] * DROITS DES FEMMESMarie-Noëlle Bas [email protected] * DÉVELOPPEMENT DURABLEAntoine Détourné[email protected]

* ECONOMIE SOCIALEDavid Huynh et Pauline [email protected] * ECONOMIEMichaël Zemmour [email protected] * EUROPELiem [email protected] * MOUVEMENT SOCIALYannick [email protected] * SECURITE SOCIALEJacques [email protected] * INSERTIONSandrine Charnoz [email protected] * ECONOMIE NUMERIQUEJean-François [email protected]

* SPORTAlexis Manouvrier et Alexis [email protected]

Contact général : [email protected]

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BLUMA /// Février 201320 ///

LIEM HOANG NGOC DANS LE NORD À L’INITIATIVE DES MILITANTS UMA

VIE DES FÉDÉS

Liem Hoang Ngoc était le 8 février dernier à la réunion UMA de la Fédération du Nord.

Après un rappel de l’histoire récente d’UMA, aux niveaux national et fédéral, et de notre positionnement commun lors du dernier congrès, nous passons la parole à Liem membre du Bureau national et député européen, qui à répondu à notre invitation et que nous sommes heureux d’accueillir.

Liem nous propose pour commencer un regard sur le « socialisme de l’offre » en vigueur actuellement, déclinant l’orthodoxie budgétaire sur le modèle des thèses du « réformisme de gauche ». Ainsi, les ressources fiscales supplémentaires générées par l’augmentation des impôts des plus riches sont d’abord affectées à la diminution de la dette et au rétablissement du taux de marge des entreprises , plutôt qu’à la redistribution aux plus démunis, au travers des priorités annoncées pour l’éducation, la jeunesse, la justice sociale ou des nécessités de transition écologique et énergétique.

Dans le cadre du « Pacte de compétitivité », c’est de 20 milliards d’euros que diminuent les impôts des entreprises, certes, des entreprises de main d’œuvre : il faudra mesurer l’impact de ce cadeau fiscal sur les investissements !

Les anglo-saxons considèrent que la redistribution ne fonctionne pas, que l’équité

l’emporte sur l’égalité, ce qui amène par exemple à recourir aux fonds de pension plutôt qu’aux mutuelles.Un capital de formation censé permettre aux chômeurs de se rehausser pour entrer dans un marché libre qui, spontanément, créerait de nouveaux emplois et de nouvelles technologies, est-il suffisant ?

La France se trouve actuellement entre les deux : ni dans le système anglo-saxon, ni dans le socialisme égalitaire et solidaire. Il n’y a pas de mise en cause radicale du CDI et on observe des avancées : sécurisation des parcours professionnels, mobilité interne et externe des salariés, gouvernance des entreprises, licenciement, droits rechargeables pour les chômeurs, obligation de complémentaire santé…

En ce qui concerne nos marges d’action, le courant UMA est confronté à la limite des institutions de la 5ème république : les parlementaires sont tenus de ne pas mettre en difficulté l’exécutif. Un échec de la majorité au pouvoir nous ramènerait le droite pour plusieurs décennies !

A nous, bases actives d’UMA, de rester organisés pour discuter sur le fond, formuler nos propositions, rassembler sur nos idées, non pas contre mais aux côtés des nôtres au pouvoir.L’ensemble des signataires des motions 1 pour UMA, 3 et 4 représente entre 25 et 30

% du Parti. A nous de travailler de manière constructive, selon nos convictions, pour faire évoluer , lors des prochaines échéances, le « réformisme de gauche » aujourd’hui majoritaire.

Deux bonnes heures de réunion et d’échanges avec une vingtaine de militants et sympathisants, d’autres membres actifs étant excusés. Un groupe intergénérationnel d’avenir, où les jeunes ont toute leur place. En cours de réorganisation en fin d’année dernière, UMA 59 est bien reparti !

Outre des réunions structurelles comme celle-ci, des rencontres- formations sont organisées régulièrement : la dernière sur l’Europe en décembre, la prochaine le 22 mars sur l’environnement. Le bulletin BLUMA 59 est diffusé à peu près tous les 2 mois, le blog est mis en place, en attendant facebook…

Selon les souhaits de la mandataire, l’organisation est très collective et partagée. Merci en particulier à Marie, Thierry, Julien, Cassandre, Marc, Mila, Laurent…

Pascale PAVY, Mandataire UMA 59,

Membre de la Direction fédérale du Nord, Conseillère régionale

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BLUMA /// Février 2013/// 21

POUR VOTRE MÉDIATHÈQUE

CULTURE

Chaque mois, l’équipe de coordination d’Un Monde d’Avance s’efforce de vous livrer un BLUMA revenant sur ce qui fait l’actualité du courant. Pour continuer à creuser les différents sujets abordés, nous vous proposons ce mois-ci d’ouvrir une nouvelle rubrique «Culture» qui vous donnera quelques conseils de lecture, de films ou encore d’expositions pour occuper vos moments de détente et de réflexion.

Pour une révolution fiscale : Un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle [Broché], 133 pagesde Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez La fiscalité française est asphyxiée par sa complexité, son manque de transparence et l’accumulation de privilèges pour une minorité de contri-buables ultra-riches. Mais on en reste trop souvent, en la matière, à des énoncés aussi vagues que stériles. Ce livre innove en proposant une cri-tique d’ensemble du système fiscal français.

Un homme est mort [Relié]de Kris et Etenne Davodeau1950, la guerre est finie depuis cinq ans. De Brest, il ne subsiste plus rien. Brest est un désert. Il faut tout reconstruire. 1950, Brest est un immense chantier. De la ville fortifiée, aux ruelles étroites, une nouvelle ville va surgir, ce sera Brest-la-Blanche, qui deviendra très vite, Brest-la-grise. Des milliers d’ouvriers travaillent sur les chantiers. 1950. C’est la grève. Les chantiers sont immobilisés, les ouvriers de l’Arsenal rejoignent le mouvement. De violents affrontements surviennent lors des manifestations. Le 17 avril, le drame se produit. La police tire sur la foule, blessant plus de vingt personnes et tuant un homme. Édouard Mazé. Le lendemain, appelé par la CGT pour tourner un film sur le mouve-ment, René Vautier débarque clandestinement à Brest (il est alors recherché par la police suite à un premier film documentaire, Afrique 50, témoignage sans concessions du système colonial français d’après guerre). René arrive dans une ville en état de siège.

L’Europe mal-traitée [Broché], 65 pagesdes Economistes AttérésAngela Merkel et Nicolas Sarkozy l ont voulu : un nouveau traité européen, le Pacte budgétaire, va inscrire la règle d’or du zéro déficit dans les lois suprêmes des Etats européens. Le dernier opus des Economistes Atterrés propose un décapant et pénétrant décryptage de ce texte qui semble inscrire l’Europe dans la rigueur économique et sociale.

Le Peuple d’en bas [Poche]de Jack London1902. London, déguisé en clochard, se perd pendant trois mois dans les bas-fonds de Londres, et en rapporte ce témoignage terrifiant. L’auteur est un militant, certes, mais d’abord un homme qui sait que les idées générales et généreuses ne valent rien au regard de la crudité des faits.Pour ceux qui connaissent bien son oeuvre, Le Peuple d’en bas (souvent traduit par Le Peuple de l’Abîme) est , sans conteste possible, l’un de ses plus forts récits que nous livre London.

Au nom du pèrede Jim Sheridan avec Daniel Day-Lewis, Pete Postlethwaite, Emma ThompsonInspiré d’une histoire vraie, Au nom du père est un film poignant qui ra-conte une erreur judiciaire commise à la suite d’un attentat de l’IRA pen-dant les années 70. Gerry Conlon, jeune délinquant originaire de Belfast, est arrêté par la police londonienne qui l’accuse d’être l’instigateur des attentats terroristes à Guildford pour le compte de l’IRA. Sous la pression des policiers, Gerry signe des aveux fabriqués de toutes pièces qui non seulement le mettent en cause mais également plusieurs membres de sa famille dont son propre père.

L’art de voler [Broché], 216 pagesde Kim et Alexandra CarrascoL’art de voler est une biographie, mais c’est bien plus encore. Antonio Altarriba, né en 1910 en Espagne, a traversé le siècle et ses vicissitudes les plus noires, pour finir par se défenestrer en 2001 depuis le qua-trième étage de la maison de retraite où il vivait, dans les environs de Saragosse. C’est l’histoire de son père qu’Antonio Al-tarriba Jr., « fils d’un anarchiste et d’une nonne » a choisi de raconter, pour tenter de comprendre ce qui a pu conduire au suicide ce vieil homme de 91 ans qui avait survécu à deux guerres mondiales.

Page 22: BLUMA Février 2013 - Dossier Loi Bancaire

BLUMA /// Février 201322 ///

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A LIRE / A VOIR / A ECOUTER sur www.unmondedavance.euDÉFICITS PUBLICS : TROP DE SÉRIEUX N’EST PAS SÉRIEUX // PAR LIÊM HOANG NGOChttp://unmondedavance.eu/deficits-publics-trop-de-serieux-nest-pas-serieux-par-liem-hoang-ngoc/

LOI BANCAIRE : QUAND LES DÉPUTÉS D’UN MONDE D’AVANCE OBTIENNENT DES AVANCÉES // INTERVIEW DE PASCAL CHERKIhttp://unmondedavance.eu/loi-bancaire-quand-les-deputes-dun-monde-davance-obtiennent-des-avancees-interview-de-pascal-cherki/

UNE DÉPUTÉE PS MET SA RÉSERVE PARLEMENTAIRE EN PLEIN JOURhttp://unmondedavance.eu/une-deputee-ps-met-sa-reserve-parlementaire-en-plein-jour/

UN SIGNAL TRÈS PRÉOCCUPANT POUR LA PÊCHE EUROPÉENNE http://unmondedavance.eu/un-signal-tres-preoccupant-pour-la-peche-europeenne/

METTRE LES BANQUES AU SERVICE DE L’ÉCONOMIE ET DE L’EMPLOIhttp://unmondedavance.eu/mettre-les-banques-au-service-de-leconomie-et-de-lemploi/

Un fil actualités de nos apparitions média est également disponible sur le site

AGENDA11 mars :

début du débat sur la refondation de l’école à l’AN

16 mars : Colloque UMA « la transition

écologique, une chance pour la Gauche ? », Assemblée Nationale,

salle Colbert, 126 rue de l’Université (7e arr)

20 mars : Colloque UMA sur l’ANI, Assemblée Nationale, salle Colbert, 126 rue

de l’Université(7e arr)

Pour toute informations sur les colloques UMA :

[email protected]

23 mars : Forum du Parti Socialiste sur

l’écologie

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