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Conception et rédaction : GRAINES D’IDÉE
Partenaire du développement durable des Cafés Malongo
7 rue Boulard | 75014 Paris | www.graines-idee.fr
www.graines-idee.fr
Maquette et exécution : Céline Lenoir pour _www.clinecast.com
Crédits photographiques : Éric Saint-Pierre, Erick Bonnier, Franck Terlin / Realis, Simon Romain / Max Havelaar
En couverture : photos © Éric Saint-Pierre, www.ericstpierre.ca
Ce rapport est un outil de dialogue et de progrès.
Si vous souhaitez disposer d’informations complémentaires sur Malongo et le développement
durable ou nous faire part de vos observations et commentaires, vous pouvez contacter :
Paola Wintenberger I Département Formation & Communication
courriel : [email protected]
COMPAGNIE MÉDITERRANÉENNE DES CAFÉS MALONGO
BP 121 I ZONE INDUSTRIELLE I 9e Rue I 06513 CARROS
TÉL. +33 4 93 29 08 98 I FAX +33 4 93 29 01 05 I www.malongo.com
SA AU CAPITAL DE 2 053 800 euros I CCP MARSEILLE 587 45 T I RC GRASSE 81 B 111 I SIREN 955 802 061 00015
Ce document est imprimé sur papier PEFC ; notre imprimeur est certifi é Imprim’ Vert.
CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLEA - Le café dans le monde 4
B - Contexte du commerce équitable 5
C - Principes et fonctionnement du label Max Havelaar 7
D - Situation actuelle du commerce équitable 9
E - Le soutien et l’engagement des pouvoirs publics 11
F - Malongo et le commerce équitable 12
L’ENTREVUE AVEC JEAN-PIERRE BLANC,DIRECTEUR GÉNÉRAL DES CAFÉSMALONGO 16
A - LE CAFÉ DANSLE MONDEBoisson des plus populaires, le café est
issu des cerises du caféier qui croît en
zone tropicale et subtropicale et dont
la culture, établie dans 70 pays, contri-
bue aux revenus directs de millions de
producteurs. Ses deux espèces botani-
ques cultivées, l’arabica (Coffea arabica)
et le robusta (Coffea canephora), pous-
sent à des altitudes différentes, et leurs
cerises productives, à partir de la qua-
trième année, donnent à la tasse un
goût et une teneur en caféine distincts.
L’arabica représente les deux tiers de la
production mondiale.
Le Brésil et le Vietnam dominent res-
pectivement la production mondiale
d'arabica et de robusta. Avec la Colom-
bie et l’Indonésie, ces quatre pays réali-
sent plus de 60 % de la production
mondiale. 60 %, c’est aussi la produc-
tion mondiale torréfi ée par six grandes
fi rmes seulement. Le commerce inter-
national du café, estimé à 15 milliards
de dollars en 2007, se caractérise donc
par sa très forte concentration.
La récolte mondiale a été particulière-
ment importante en 2008 avec près
135 millions de sacs 1 produits, soit
15 % de hausse par rapport à l’année
précédente. Les pays importateurs
1. Un sac équivaut à 60 kg de café marchand.
1980
1981
1982
1983
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19
WEEKLY NEW-YORK 2ÈME MOISLINE QKCc2, LAST TRADE (LAST)26/07/2009 123.15
COURS DE L’ARABICA, BOURSE D
En rouge, le prix payé au producteur, avec le minimum garanti du commerce équitable de 135 cents USD/livre incluant la prim
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4
– dont les États-Unis, l'Allemagne, le
Japon, l'Italie et la France sont les cinq
premiers au monde – consomment les
trois quarts du café produit. En Europe,
la consommation par habitant la plus
élevée se situe en Finlande (12,5 kg/an/
habitant, contre 5,5 kg/an/habitant en
France). Elle croît sensiblement dans
les pays producteurs, notamment au
Brésil (+ 20 % en 4 ans), au Mexique
(+ 36 %) et au Vietnam (+ 87%).
Les prix du café sont fi xés à la Bourse
de Londres pour le robusta et à celle de
New York pour l’arabica. La livre, qui
équivaut à 453 grammes, constitue
l’unité de mesure du café marchand.
Son cours est établi sur la base d’une
qualité conventionnelle, auquel des
différentiels de prix sont appliqués
pour des qualités différentes. L’ensem-
ble des échanges se fait en dollars.
Après une période de crise entre 2001
et 2003, où les prix ont crevé le plan-
cher des 50 cents dollars par livre, les
cours ont repris progressivement de la
vigueur avec un pic de hausse en fé-
vrier 2008 (144 cents la livre pour l’ara-
bica) dans l’incertitude des récoltes
brésiliennes. Si les cours de l’arabica et
du robusta ont respectivement aug-
menté de 21 % et de 13 % en 2008, cette
hausse reste néanmoins relativement
modeste en comparaison de la fl ambée
des prix sur les autres matières premiè-
res. Cette reprise relative, malgré des
volumes historiques en 2008, peut lais-
ser supposer qu’elle intègre par antici-
pation une baisse prévisible de la ré-
colte 2009, les caféiers ne produisant
jamais à plein rendement d’une année
sur l’autre. Le marché du café demeure
cependant l’un des plus volatiles, sou-
mis aux aléas climatiques subis par les
principaux pays producteurs – aléas
aggravés par les dérèglements climati-
ques –, objet de spéculation, avec une
production non régulée et une deman-
de mondiale quasiment stable.
B - CONTEXTEDU COMMERCEÉQUITABLELa libéralisation des marchés des pays
du Sud dans les années 1980, conju-
guée à la dérégulation des échanges
internationaux sur le café, a eu des ef-
fets directs et durables sur la vie de
millions de petits producteurs. Soumis
à la désorganisation des circuits mar-
chands dont l’État avait précédem-
ment la charge, obligés de vendre leur
production à de nouveaux intermé-
diaires souvent peu scrupuleux, ces
petits producteurs se sont retrouvés en
situation de précarité : pauvreté écono-
mique, développement de cultures illi-
cites, abandon des plantations, exode,
restriction de l’accès à la santé et à
PriceUScLbs
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DE NEW YORK, 1980-2009
me de développement.
CAFCAFACAFAFCAAFCACAA É &É &É &É &É &É &É &É &É &É & CO CO COCOC CO COCCCOOCOC MMEMMEMMEMMEMMEMMEMMEMEMMM RCERCERCERCERCERCERCECEER ÉQ ÉQ ÉQÉQÉQ É ÉQÉQÉQQQÉ UITUITUUITUITUITITITTTABLABABLABLABLABLABLABLABLBBA E >E >E >E >E >>E >>>>> ConConConConConConConConCoo textextextextextextexxxetext te tete te tetete tete du du dudu du duddududu comcomcomcomcomcomcomcomccommmmermermermermemermemeremm ce cece cce cececece équéquéqéquququéquéquéqéquitaitaitatataitataitablebleblebleblebleblebleleeblel
5
l’éducation pour leur famille. Au ni-
veau des États eux-mêmes, cela s’est
traduit par une baisse des recettes à
l’exportation sur le café, dont certains
pays comme le Burundi, l’Éthiopie,
l’Ouganda ou le Rwanda sont particu-
lièrement dépendants.
Dans les années 1980, un Hollandais,
le père Francisco Van der Hoff, docteur
en économie politique et en théologie,
missionnaire auprès des Indiens du
Sud mexicain, envisagea de modifi er
les conditions du marché, en offrant à
ces petits producteurs un prix non
seulement plus élevé que celui de la
Bourse mais garanti. Ses moyens ? Un
café un peu plus cher pour le consom-
mateur, une commercialisation via
des circuits modernes de distribution
afi n de l'optimiser, ainsi qu'un label
garantissant la démarche et permet-
tant au café d'être reconnaissable. Ce
sera le héros Max Havelaar, né sous la
plume de l’écrivain néerlandais Dek-
ker et symbole au xixe siècle de la dé-
nonciation du sort réservé aux indigè-
nes dans les colonies, qu’il choisira
pour son label.
En Hollande, terrain d’expérimenta-
tion de la démarche du père Francisco
Van der Hoff en 1988, le succès auprès
des consommateurs est immédiat. Au
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6
cours des années suivantes, le concept
est étendu à de nouvelles fi lières (ca-
cao, thé, banane…) et gagne progressi-
vement les autres pays européens et
anglo-saxons, dont la France en 1992.
En plus de vingt ans, ce sont dix-huit
fi lières labellisées Max Havelaar et dis-
tribuées dans vingt et un pays qui vont
voir le jour. Près de 750 organisations
de petits producteurs dans plus de
soixante pays du Sud bénéfi cient des
conditions de ce commerce équitable.
Aujourd'hui, plus de 290 organisations
de producteurs de café dans 25 pays
sont concernées.
C - PRINCIPES ETFONCTIONNEMENT DU LABEL MAX HAVELAARLe commerce équitable est l'une des
déclinaisons de l’économie solidaire
mises en œuvre entre le Nord et le Sud
depuis une quarantaine d’années, au
même titre que le commerce éthique,
le microcrédit, les fonds éthiques de
développement, etc. Il fi xe entre tous
ses acteurs économiques « un partena-
riat commercial, basé sur le dialogue,
la transparence et le respect qui vise à
plus d’équité dans le commerce inter-
national » (défi nition établie par le re-
groupement des Fédérations interna-
tionales du commerce équitable-Fine,
2001).
Sur la fi lière café labellisée Max Have-
laar, le principe de prix minimum ga-
ranti est de 125 cents/livre pour une
qualité d’arabica lavé. S'ajoute à ce prix
garanti une prime de développement
de 10 cents/livre versée à la coopérative
et destinée à fi nancer des projets écono-
miques et sociaux, votés démocratique-
ment par ses membres. L’agriculture
biologique est incitée économique-
ment par l’existence d’une prime sup-
plémentaire de 20 cents/livre pour les
cafés qui en sont issus. Si l’organisation
de producteurs en fait la demande, sa
campagne caféière peut être préfi nan-
cée à hauteur de 60 %. Enfi n, si le cours
de la Bourse vient à dépasser le prix mi-
nimum garanti, le prix payé au produc-
teur s’aligne sur celui de la bourse
auquel sont ajoutés le différentiel qua-
lité et les autres primes.
Ces règles sont accompagnées d’exi-
gences : fonctionnement transparent
des coopératives, respect des normes
internationales de travail et des modes
de production respectueux de l’envi-
ronnement. L’ensemble de ces règles
est défi ni pour chaque fi lière du com-
merce équitable Max Havelaar, sous la
forme de standards internationaux.
Dans son application, Max Havelaar
met en relation trois types d’acteurs
économiques : les producteurs qui
existent en tant qu’organisations (coo-
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CAFCAFCAFCAFCAFCAFACAFCAFCAFÉ &É &É &ÉÉ &É &É &É &É &É &&& CO COCO COCOCOCCOCOMMEMMEMMEMMEMMEMEMEMMEMMEMM RCERCERCERCERCRCERCERCERCEER ÉQ ÉQ ÉQQÉQÉQÉQÉQQÉQUITUITUITUIUITUITUITUIUITTUITTABLABLBLABLABLABABLABLABLBLLE >E >E >E >E >EE >E >> PriPriPriPriPriPrrir ncincincincncinncncicncnc pespespespespespesss etetet etet etet ettet fofofo fo fofoffff nctncnctctctnctnctnctctctctionionionioniononioionionoo nemnemnemnemnemnemnemmmemneme ententententententententent dudu du du dudu dudu dudu la laalaalallaabelbelbelbelbebelbebellbeelbe Ma Ma MaM MaMaMaMaMa Max Hx HHx Hxx Hx HHx Hx aveaveaveaveaveavaavea laalaalaalaaaalaalaaaaalaaarrrrrr
7
pératives, associations…) ; les déten-teurs de la licence qui sont tous les
utilisateurs du label ; les négociants qui sont les exportateurs et les impor-
tateurs de la matière première.
Le commerce équitable s’organise
autour de deux entités internationales
distinctes :
• FLO-International, association ba-
sée à Bonn, dont le rôle est de défi nir
les standards internationaux du com-
merce équitable et d’appuyer les pro-
ducteurs. L’association est relayée dans
les pays producteurs par des agents de
liaison. Ces agents (trente-cinq aujour-
d'hui) ont un rôle actif et primordial
pour informer et aider les organisa-
tions qui souhaitent intégrer les fi liè-
res du commerce équitable.
• FLO-Cert, SARL de droit allemand
basée à Bonn, s’occupe de la certifi ca-
tion des acteurs de la fi lière, de la déli-
vrance du label et du contrôle annuel
des intervenants. Cette certifi cation
est décidée par un comité multipartite
où les producteurs, les concessionnai-
res, les négociants sont représentés, et
passe par une accréditation des deman-
des et leur renouvellement annuel. Au
niveau des producteurs, l’audit de
contrôle est réalisé annuellement ou
tous les deux ans, fréquence choisie en
Qualité de café Cents US $ / Livre
Arabica lavé 125
Arabica non lavé 120
Robusta lavé 105
Robusta non lavé 101
Prime de développement +10
Prime café biologique +20
STANDARDS DUCOMMERCE ÉQUITABLEMAX HAVELAAR FLO 2008
“L’agriculture biologiqueest incitée économiquement par l’existence d’une prime supplémentaire”
1 livre = 0,453 g
CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLE > Principes et fonctionnement du label Max Havelaar
8
LES ACTEURS ÉCONOMIQUES DU LABEL MAX HAVELAARET LEURS OBLIGATIONS, FILIÈRE CAFÉ 2008
COTISATION D’ADHÉSION (payée à Flo-Cert)Producteur De 2 000 à 3 400 €Détenteur de licence 800 €Négociant De 250 à 500 €
COTISATION ANNUELLE Producteur De 962 à 2 712 € (payée à FLO-cert) Détenteur de licence Droit de marque (payé à Max Havelaar France) : 0,210 € par kilo de café torréfi é vendu, avec un minimum de 2 000 € Négociant De 200 à 2 400 € (payée à FLO-cert)
ORGANISME DE CONTRÔLE FLO-cert
TYPES DE CONTRÔLEAccréditation, déclarations trimestrielles, audit
FRÉQUENCE DE RENOUVELLEMENT Producteur Annuelle ou tous les deux ans Détenteur de licence Annuelle ou tous les deux ansNégociant Annuelle
fonction des résultats du contrôle pré-
cédent. Près de 2 000 audits ont été réa-
lisés en 2008. FLO-Cert possède une
accréditation européenne ISO 65.
FLO est relayée dans chaque pays où le
label existe par des associations natio-
nales. En France, ce rôle est assuré par
l’association Max Havelaar France. Elle est responsable de la promotion
du label auprès des consommateurs.
Depuis 2001, elle organise en partena-
riat avec la Plateforme française du
commerce équitable, le rendez-vous
national de la Quinzaine du commerce
équitable qui se déroule chaque année
en mai. Pour qu’un produit puisse être
labellisé, l’ingrédient pour lequel il
existe une fi lière Max Havelaar doit
être acheté à 100 % selon ses standards.
S'il est composé de plusieurs ingré-
dients, , l’ingrédient pour lequel il exis-
te une fi lière Max Havelaar doit repré-
senter au moins 20 % de la matière
sèche totale ; et si le produit contient
plus de deux ingrédients Max Have-
laar, ils doivent représenter plus de
50 % de la matière sèche totale.
D - SITUATIONACTUELLE DUCOMMERCE ÉQUITABLEDans le monde, les produits équitables
labellisés Max Havelaar ont totalisé
2,9 milliards d’euros en 2008, soit plus
20 % par rapport à 2007. Le café, la ba-
nane et le cacao sont les trois premiè-
res fi lières. On compte vingt et un pays
où le label est représenté.
En France, le chiffre d’affaires du com-
merce équitable Max Havelaar s’élève
à 256 millions d’euros en 2008 (+22 %
par rapport à 2007), soit le double d’il y
a trois ans. La grande distribution re-
présente près de 65 % des ventes en
2008 mais la progression est aujour-
d’hui principalement tirée par les sec-
teurs hors grande distribution (+57 %
en valeur en un an). 93 % de nos conci-
toyens connaissent le commerce équi-
table en 2008, ils étaient 9 % en 2001.
Toujours en France, un foyer sur trois a
acheté au moins un produit labellisé
Max Havelaar. En moyenne, ces foyers
font quatre achats de produits équita-
bles par an et dépensent 16,40 euros
dans l’année (TNS Worldpanel 2009).
Avec 86 millions d’euros de chiffre
d’affaires, le café est la première fi lière
Max Havelaar dans notre pays (33 %
des parts de marché), suivi du coton
(16 %), de la banane (11 %), du cacao
(10 %) et du thé (9 %). On compte près
de 440 références de café labellisées
Max Havelaar, dont près de la moitié
(46 %) ont aussi la certifi cation agri-
culture biologique.
Dans les pays producteurs, 630 orga-
nisations de producteurs sont certi-
CAFCAFCAFCAFCAFCAFCAFCCAFCAFAC É &É &É &É &É &É &É &É &É && COCO CO COCOCO COCOOOMMEMMEMMEMMEMMEMMEMMEMEMEMMERCERCERCERCERCERCERCERRRCECCR ÉQÉQÉQ ÉQ ÉQÉQÉQÉQÉ UITUITUITUITUITUITUITITIU ABLABLABLABLABLABLABLABLBBLLBA E >E >E >E >EE >E >EE >> SitSitSitSitSitSitititttSSiituatuatuatuatuatuauuuuu ioniononioniononionononionon ac ac acaacacacaacaa tuetuetuetuetuetuetueeeuetueu llellellellellellelelee du dudu du dudud dududu co cococococococccommemmemmemmemmemmmmemmememmemmm rcercercecrcercecercece éq éqéq éq éqéq éq éqéquituituituituituituittu ablablablablablablablbab eeeeeeeeee
9
QUELQUES INDICATEURS MAX HAVELAAR (MH)MONDE ET FILIÈRE CAFÉ 2008 2007 2006
Chiffre d’affaires mondial des produits MH toutes fi lières (en millions d’euros) 2 895 2 381 1 623
Nombre de pays où le label est présent 21 21 21
Nombre de fi lières 18 18 18
Nombre d’organisations de producteurs certifi ées toutes fi lières 747 632 569
Agents de liaison producteurs 35** 40* 25*
Volume de café mondial MH (en milliers de tonnes) 65 808 62 200 52 077
Nombre d’organisations de producteurs de café certifi ées MH 290 263 241
Chiffre d’affaires MH en France toutes fi lières (en millions d’euros) 256 210 166
Notoriété du commerce équitable en France (sondage Ipsos) 84 % 81 % 74 %
Notoriété du label MH (sondage Ipsos) 48 % Ipsos assistée (logo) 42 % IPSOS assistée (nom) 42 % IPSOS assistée (nom)
Taux de pénétration MH dans les ménages français toutes fi lières (Ipsos) 26,5 % (TNS) 24 % (TNS) 22 %
Moyenne d'achat annuel MH par Français (en euros) 3.96 3.29 2.76
Chiffre d’affaires café en France (en millions d’euros) 85 75 73,3
Volume café MH France (en tonnes) 7 110 6 700 6 200
Volume des cafés MH vendus dans la grande distribution (en tonnes) 5 917 5 644 5 126
Nombre de références café France 439 357 320
Dont marques de distributeurs (MDD) 45 38 15
Part de marché du café MH en grande distribution (en valeur) ~5 % ~5 % ~5 %
Nombre de coopératives certifi ées MH, fi lière café France ~60 58 51
*Temps partiel. **Équivalent temps plein.
CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLE > Situation actuelle du commerce équitable
10
fi ées Max Havelaar, ce qui représente
1,5 million de producteurs ou de tra-
vailleurs bénéfi ciant directement des
effets du commerce équitable Max Ha-
velaar, soit près de 8 millions de per-
sonnes avec leur famille.
Les récentes études d’impacts condui-
tes par Max Havelaar France auprès
des organisations de producteurs ont
montré que les conditions du commer-
ce équitable permettaient aujourd’hui
de couvrir les coûts de production ain-
si que les besoins courants familiaux.
En revanche, le revenu des produc-
teurs reste encore insuffi sant pour
couvrir leurs investissements ou ré-
pondre aux aléas. Le commerce équita-
ble a également permis de créer des
emplois stables et qualifi és au niveau
des coopératives. Ces dernières tra-
vaillent aujourd’hui au développe-
ment de leur capacité commerciale, à
l’amélioration de la qualité, ainsi qu’à
la diversifi cation économique. Enfi n et
surtout, ces mêmes coopératives sont
devenues des interlocuteurs privilé-
giés, représentatifs et consultés par les
politiques locales.
E - LE SOUTIEN ETL’ENGAGEMENT DES POUVOIRS PUBLICSL’ouverture de la 9e Quinzaine natio-
nale du commerce équitable à la Bour-
se du commerce de Paris, le 6 mai 2009,
a constitué un événement particuliè-
rement fort. L’histoire de cette place,
qui abrita au xxe siècle les marchés à
terme, et son dynamisme actuel, porté
par la Chambre de commerce de Paris,
constituent en effet une reconnaissan-
ce solennelle du commerce équitable.
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ierr
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“En France, le chiffre d’affaires du commerce équitable Max Havelaar s’élève à 256 millions d’euros en 2008, soit le double d’il y a trois ans”
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11
Cette reconnaissance a aussi été témoi-
gnée par les représentants d’institu-
tions nationales et internationales qui
ont souligné à cette occasion leur sou-
tien et leur détermination à faire avan-
cer la cause du commerce équitable : le
vice-président de la Chambre de com-
merce de Paris, le président des Cham-
bres d’agriculture, M. Jacques Diouf,
directeur de la FAO, Mme Chantal
Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie,
M. Christian Jacob, député et président
de la Commission développement du-
rable de l’Assemblée nationale…
Cette inauguration, précédée d’un col-
loque à l’Assemblée nationale où minis-
tres, députés, producteurs, ONG et ac-
teurs économiques ont souligné la
pertinence du modèle économique du
commerce équitable et ses résultats de
terrain, a aussi été l’occasion de réaffi r-
mer l’engagement du gouvernement
comme l’implication des collectivités
locales. Engagement du gouvernement
pour que la Commission nationale du
commerce équitable (CNCE), instance
publique créée en 2007, établisse le ca-
dre national de reconnaissance des ac-
teurs du commerce équitable avant la
fi n de l’année 2009. Implication des col-
lectivités locales et affi rmation de leurs
engagements avec le lancement de la
campagne « Territoires de commerce
équitable ». Cette campagne nationale
en phase d’expérimentation est conjoin-
tement portée par Max Havelaar Fran-
ce, Artisans du monde et la Plate-forme
française du commerce équitable. Elle
décernera la mention « Territoire du
commerce équitable » aux collectivités
locales les plus engagées, pour les pre-
mières avant la fi n de l’année.
Lentement mais sûrement, le commer-
ce équitable a réussi un triple pari :
pari théorique en ce qu’il représente
aujourd’hui une réponse économique
structurée face aux défenseurs d’une
économie de marché sans règle ; pari
environnemental et social en ce qu’il
permet aujourd’hui à plus de 1,5 mil-
lion de producteurs à travers le monde
de s’organiser et d’envisager le futur
selon leurs propres choix de dévelop-
pement ; pari sur l’avenir enfi n en ce
que l’actuelle reconnaissance du com-
merce équitable concourt à appuyer
les changements nécessaires en matiè-
re d’économie et de développement
dont notre monde a besoin.
F - MALONGO ETLE COMMERCEÉQUITABLEMalongo est une entreprise de torré-
faction niçoise, familiale et dynami-
que. Créée en 1934, elle emploie 376
salariés et son chiffre d’affaires est de
80,2 millions d’euros en 2008. Sa politi-
≥ ≥ Ouverture de la 9e Quinzaine nationale du commerce équitable
à la Bourse du commerce de Paris le 6 mai dernier
≥ ≥ Malongo était bien sûr présent à ce rendez-vous
≥ ≥ Le journaliste Philippe Taddéï, animateur de cette soirée,
aux côtés de Joaquin Munoz, directeur de Max Havelaar France
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que qualité la spécialise sur le segment
des cafés gourmets dont elle est le lea-
der en France. Elle est aussi le premier
intervenant français des cafés issus du
commerce équitable et de l’agriculture
biologique.
Malongo torréfi e annuellement près
de 70 origines de café vert en prove-
nance des meilleures plantations. Tou-
tes les qualités de café vert recherchées
par Malongo justifi ent un différentiel
de prix par rapport aux qualités
conventionnelles cotées en Bourse. Les
plantations sous ombrage, situées en
altitude (1 500 mètres) et dont les ré-
coltes sont effectuées à la main, en plu-
sieurs passages, répondent à la deman-
de de l’entreprise. Les plantations des
petits producteurs labellisés Max Ha-
velaar s’inscrivent donc pleinement
dans cette demande.
Le tiers des qualités de café vert impor-
tées par Malongo sont issues des coopé-
ratives labellisées Max Havelaar. En
2008, ces cafés représentaient 40 % du
volume global importé par l’entreprise
et 43 % en valeur, chiffre en progression
constante depuis l’adhésion de Malon-
go au label Max Havelaar. Parmi les dix
premières qualités importées, cinq sont
labellisées Max Havelaar. Malongo tra-
vaille sur les bases du commerce équi-
table avec les coopératives de petits
planteurs depuis 1992 et adhère à la dé-
marche Max Havelaar depuis 1997.
Malongo a développé des liens privilé-
giés avec de nombreuses plantations et
coopératives (Mexique, Haïti, Congo,
Guadeloupe, Laos, Nouvelle-Calédo-
nie, Zimbabwe). Ces liens sont contrac-
tuels, basés sur une relation à long
terme , et intègrent de nombreux parte-
nariats dans différents domaines (for-
mation, santé, art, tourisme…). Avec
les coopératives de petits producteurs,
les efforts de Malongo sont prioritaire-
ment tournés sur la formation en vue
d’améliorer la productivité et la quali-
té ainsi que sur la diversifi cation éco-
nomique.
Au niveau des ventes, le chiffre d’affai-
res Malongo 2008 sur les cafés Max Ha-
velaar a été de 25 millions d’euros, soit
37 % du chiffre d’affaires café. C’est en
grande distribution que Malongo com-
mercialise 95 % de ses cafés Max Have-
laar. Le Café des Petits Producteurs est la
première de ses références Max Have-
laar. Une quinzaine de références exis-
tent au jour d’hui, dont Le Cachet d’Or
(mélange Haïti/Guatemala), Le Dessert
(mélange Congo/Éthiopie), La Tierra
issue des fi ncas du Guatemala et certi-
fi ée agriculture biologique, ou le Deca
Aqua, premier décaféiné à l’eau issu du
commerce équitable et de l’agriculture
biologique.
Malongo est particulièrement actif ≥ ≥ Serge Fraichard,
président Max Havelaar France
≥ ≥ Logo de la campagne « Territoires du commerce équitable »
offi cialisée le même jour à l’Assemblée nationale
≥ ≥ Jacques Diouf,
directeur de la FAO
≥ ≥ Philippe Solignac, vice-président
de la Chambre de commerce de Paris
≥ ≥ Christian Jacob, député et président de la Commission
développement durable de l’Assemblée nationale aux côtés
de Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie
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13
auprès du grand public pour une
reconnaissance du commerce équita-
ble : à travers son département forma-
tion, ses boutiques de dégustation (les
Malongo Cafés), par son implication
dans la Quinzaine du Commerce équi-
table et par l’organisation annuelle de
débats.
Récompensée en 2008 par le label En-
treprise du Patrimoine vivant du minis-
tère de l’Économie et lauréate du
concours national 2008 Entreprises et
Environnement organisé par le ministè-
re du Développement durable dans la
catégorie Initiatives et Management du
développement durable, Malongo est une
entreprise engagée (à travers l’ensem-
ble de ses collaborateurs). Engagement
en faveur de l’excellence et de la quali-
té, à travers de son histoire et son sa-
voir-faire. Engagement en matière de
responsabilité environnementale, éco-
nomique et sociale, grâce à une politi-
que développement durable cohérente
et ambitieuse. Le développement de
liens privilégiés avec les pays produc-
teurs et le soutien aux coopératives de
petits producteurs constituent (en ef-
fet) l’un des douze axes de sa politique
développement durable.
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SITESINTERNETMAX HAVELAAR FRANCEwww.maxhavelaarfrance.org
FLOwww.fairtrade.net
PLATE-FORME NATIONALE DU COMMERCE ÉQUITABLEwww.commercequitable.org
TERRITOIRES DU COMMERCE ÉQUITABLEwww.territoires-ce.fr
MALONGOwww.malongo.com
POUR ALLER PLUS LOINCYCLOPE – LES MARCHÉSMONDIAUXSous la direction de PhilippeChalmin, édition Economica, 2009
COMMERCE ÉQUITABLE– 20 RÉPONSES POUR AGIR Joaquin Munoz, édition Michalon, 2008
EFFETS DU COMMERCE ÉQUITA-BLE AUPRÈS DES COMMUNAUTÉS DU SUD. RÉSULTATS DE 3 ÉTUDES DE CAS AU PÉROU ET ENRÉPUBLIQUE DOMINICAINECabinet Oréade-Brèche, restitution de l’étude consultable sur le siteInternet de Max Havelaar, 2008
LE COMMERCE ÉQUITABLE. QUAND LES HOMMES DÉFIENTLE MARCHÉPhotographies : Éric Saint-Pierre, éditions Aubanel, 2008
REGARDS CROISÉS SUR LE COMMERCE ÉQUITABLE : VERS UN LIBÉRALISME RESPONSABLE ?Actes du colloque organisé parle Cercle de l’art du café, sous la direction de Jean-Pierre Blanc, Ondine Bréaud et Pierre Massia, L’Harmattan, Paris, 2006
NOUS FERONS UN MONDE ÉQUITABLEFrancisco Van der Hoff, Flammarion, 2005
COMMERCE ÉQUITABLE ET CAFÉ : RÉBELLION OU NÉCESSAIRE ÉVOLUTIONActes du colloque organisé par leCercle de l’art du café en 2001, L’Harmattan, 2003
L’AVENTURE DU COMMERCE ÉQUITABLE, PAR LES FONDATEURS DU COMMERCE ÉQUITABLENico Roozen, Francisco Van der Hoff, Jean-Claude Lattès, 2001
CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLE > Malongo et le commerce équitable
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De quelle manière a débuté votre engagement dans le commerce équitable ?C’était en 1992. J’étais au Mexique en
prospection de plantations nouvelles,
quand des amis m’ont parlé d’une coo-
pérative située dans la région de Oaxa-
ca, la coopérative UCIRI. Je m’y suis
donc rendu, et c’est là que j’ai rencontré
son fondateur, le padre Francisco Van
der Hoff. Le courant est immédiate-
ment passé ! Avec les petits producteurs
de la région, ils avaient créé UCIRI
quelques années auparavant afi n de
réorganiser la fi lière café et se battaient
en même temps sur le front de la com-
mercialisation avec un objectif : trou-
ver des acheteurs qui acceptent de
payer le café à un prix minimum ga-
ranti hors des fl uctuations du marché.
J’avais en face de moi le fondateur de
Max Havelaar, démarche totalement
inconnue à l’époque. J’ai accepté tout
de suite pour deux raisons : son café
correspondait aux qualités que nous
recherchions. Par ailleurs, et surtout,
j’ai été sensible à l’engagement de ce
père franciscain, docteur en théologie
et en économie politique, et au courage
de ces producteurs dans un contexte
régional diffi cile et dangereux. Cela fait
maintenant dix-sept ans que Malongo
travaille avec UCIRI.
Pourtant, votre adhésion à la démar-che Max Havelaar a été ultérieure.En effet. Notre adhésion remonte à
1997, date à laquelle nous avons lancé
le Café des Petits Producteurs labellisé
Max Havelaar, qui a offi cialisé l’enga-
gement de Malongo. Cela a pris du
temps. Il fallait avoir l'assurance que le
label présentait les garanties suffi san-
tes en matière de fonctionnement,
d’organisation et de sérieux. Nous en-
gagions notre image de marque, ces
décisions importantes doivent donc
être réfl échies. Depuis, nous avons
ENTREVUE avecJEAN-PIERRE BLANC,Directeur généraldes Cafés Malongo
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déployé une quinzaine de références
Max Havelaar avec le succès que vous
connaissez et nous avons fortement
développé nos liens avec ces coopérati-
ves de petits producteurs. Aujourd’hui,
les cafés issus du commerce équitable
certifi és Max Havelaar représentent
43 % de nos achats en valeur, chiffre en
progression constante depuis notre ad-
hésion au label. Nous sommes les pre-
miers intervenants du commerce équi-
table en France.
Certains reprochent à Malongo de se servir de l’image du commerce équitable dans la mesure où tous ses cafés ne sont pas labellisés Max Havelaar…Ce genre de réfl exions émane de per-
sonnes qui ne nous connaissent pas.
D’une part, nous sommes en France le
premier contributeur de Max Havelaar
par les volumes que nous réalisons et
la redevance annuelle que nous rever-
sons à l’association en tant qu’adhé-
rent. D’autre part, au niveau de la pro-
duction de café, le label Max Havelaar
concerne les coopératives de petits
producteurs seulement. Or nous tra-
vaillons avec ces coopératives mais
aussi avec des plantations, sur les
soixante-dix origines de café que nous
importons annuellement. Enfi n et sur-
tout, nous ne torréfi ons que des cafés
haut de gamme : donc tous nos achats,
qu’ils soient labellisés ou non, justi-
fi ent des prix supérieurs aux qualités
conventionnelles cotées en Bourse.
Nous payons 125 cents US $ minimum
la livre de café aux coopératives labelli-
sées Max Havelaar, auxquels s'ajoutent
10 cents US $ pour la prime de dévelop-
pement, plus 20 cents US $ pour les
qualités issues de l’agriculture biologi-
que. À côté de nos achats auprès de ces
coopératives, nous travaillons par
exemple avec la plantation Farfell, au
Zimbabwe, sur les mêmes bases, ou
nous achetons l’excellente qualité Blue
Mountain de Jamaïque vingt fois plus
chère que le prix Max Havelaar. Ces ré-
fl exions n'ont donc aucun sens. En re-
vanche, je souhaite par engagement et
conviction renforcer nos liens avec les
coopératives labellisées Max Havelaar,
ce que nous faisons déjà, sachant que la
principale contrainte réside dans les
volumes disponibles sur le marché aux
qualités que nous recherchons. C’est la
raison pour laquelle j’ai recruté un col-
laborateur chargé de m’appuyer dans
la prospection et que Malongo lance
d’importants programmes de forma-
tion auprès des coopératives afi n de
développer les volumes et la qualité.
Malongo a été lauréat du prix Entre-prises & Environnement en 2008, dans la catégorie Initiatives & Manage-ment du développement durable.Selon vous, commerce équitableet développement durable sont-ilssynonymes ?Non. Le développement durable con-
cerne la responsabilité environne-
mentale, économique et sociale de
mon entreprise au quotidien, c'est-à-
dire l’ensemble de nos activités. Nous
avons développé une politique ambi-
tieuse qui engage la responsabilité de
mon comité de direction et celle de
tous mes collaborateurs. En ce qui
concerne spécifi quement nos liens
avec les pays producteurs (l’un des
douze axes de notre politique), notam-
ment nos partenariats avec les coopé-
ratives de petits producteurs, le com-
merce équitable est la base même du
développement durable. Et j’insiste
sur ce point. Car le problème de ces
petits producteurs est d’abord d'ordre
économique. Leurs modes de produc-
tion traditionnels respectent l’envi-
ronnement. Leurs plantations sont
d’ailleurs les premiers centres de bio-
diversité après les forêts primaires.
Mais, isolés et soumis à un contexte
de marché particulièrement violent,
ils sont fragilisés et précarisés. Tous
les grands consortiums vous diront
faire du développement durable à tra-
vers des programmes environnemen-
taux et sociaux dans les pays produc-
teurs : des grenouilles, des oiseaux et
des épouvantails… Mais question prix,
pour eux, c’est l’affaire du marché : il
faut laisser faire la « main invisible » !
Je précise que dans la pratique il
n’existe aucune « main invisible »
mais une « petite poignée d’acteurs »,
“Le problème des petits producteurs est d’abordd'ordre économique. Leurs modes de production traditionnels respectent l’environnement”
CAFCAFCAFCAFCAFAFCAFAFACA É &É &É &É &É &É &É &É &É &É & COCOC CO CO CO COCCOCCC MMEMMMMEMMEMMEMMEMMEMMEMMEMMM RCERCERCERCERCERCERCEEERCRRCEE ÉQ É ÉQ ÉQÉQÉQÉQÉQÉQÉQQÉ UITUITUITUITUITTUITUITTABLABLABLABLABLABLABABABBBA E >E E >E >E >E >E >E >>> > EntEntEntEntntEntEntntnEE revrevrevrevrevvrevvverevr ue uue ueueueueuue aveaveaveaveaaveaveaveavevec Jc JJc Jc Jc Jcc JJeaneananeananananeanneaeea -Pi-Pi-PiPi-PiPiPPPi-Pierrerrrrrrerrrrerrer e Be Be Be Be Be Be Be Blanlanlanlanlananannnanncccccccccc
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puissants fi nancièrement, dont le seul
objectif est de rafl er la mise. Là, le dé-
veloppement durable, c’est soit du
maquillage, soit de la façade.
Vous êtes bien catégorique… !L'idée de ces grandes fi rmes est relative-
ment simple et séduisante. Leur logique
s’inscrit dans la continuité même de la
société du spectacle mise en lumière
par Guy Debord. Le désastre écologique,
social et sanitaire auquel nous sommes
arrivés, et qui ne va qu’empirant, résul-
te en partie des modes d’appropriation
du vivant de ces consortiums dont l’ob-
jectif n’est que fi nancier : écraser les
coûts de production et maximiser la
consommation, peu importe ce qu’elles
produisent. Je pense qu’elles sont tota-
lement conscientes de leurs responsabi-
lités mais qu’elles sont dans l’incapacité
de réagir de par leur fonctionnement.
Or, les consommateurs ont aujourd’hui
besoin d’être rassurés : donc, ce qu’elles
font, c’est divertir, divertir le regard, du
latin divertire, distraire, faire diversion.
La maison brûle ? On repeint ses meu-
bles en vert…
Êtes-vous quand même optimiste ?Nous sommes beaucoup de PME en-
gagées dans le commerce équitable,
pour une agriculture respectueuse
des hommes et de l’environnement,
qui se battent pour l’emploi, avec une
éthique véritable des affaires. Je pen-
se à Léa Nature, à Soléou dans ma ré-
gion… Mais nous toutes PME sommes
une goutte d’eau dans un environne-
ment de plus en plus aride.
Aujourd’hui, ce n’est plus une ques-
tion de labels ni de prise de conscien-
ce : il faut agir. Et pour cela, il faut des
objectifs politiques, une refonte des
règles de la fi nance et une vision à
long terme. Car le développement
durable, ce n’est ni après-demain, ni
demain, mais aujourd’hui. Or, fi xer
par exemple des objectifs de réduc-
tion de gaz à effet de serre à l’horizon
2050, avec comme ambition de quali-
té de vie de +2 °C pour nos petits en-
fants, ce n’est pas acceptable. De la
même façon, considérer la fonte des
glaces aux pôles comme une oppor-
tunité économique me paraît édi-
fi ant. Nous restons dans une vision à
court terme, sans réelle capacité de
prise en charge des problèmes, et re-
portons nos erreurs sur les généra-
tions futures. Quant au présent, les
bénéfi ces engendrés par les grands
consortiums de l’industrie et de la fi -
nance génèrent un coût économique
supporté par le collectif qui, à mon
sens, est bien supérieur au bénéfi ce.
Donc, d’un point de vue fi nancier, ces
grands consortiums ne sont parado-
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xalement pas rentables. Ils sont
même défi citaires… Il nous appar-
tient de faire entendre notre voix.
C’est en ce sens que je suis optimiste.
Quid du commerce équitable ?Le commerce équitable devrait être la
base des échanges commerciaux avec
l’ensemble des petits producteurs.
Mais, très concrètement, cela reste in-
suffi sant. Je constate les progrès envi-
ronnementaux, économiques et so-
ciaux réalisés localement grâce à ces
organisations de petits producteurs,
mais tous se serrent la ceinture : 2 dol-
lars par jour, c’est peu… Je rappelle que
nous subissons une crise en Europe,
mais que cette crise est permanente et
plus grave encore pour la moitié de
l’humanité. Les défenseurs de l’ultrali-
béralisme jugent depuis leur bureau
climatisé que le commerce équitable
est une entrave au marché. Sur le ter-
rain, je rencontre également des
hordes d’experts payés une fortune
pour nous montrer de beaux Power
Point avec des tableaux dynamiques.
Moi, je dis que tout ça est scandaleux.
Il faut d’abord changer les règles de
l’économie et de la fi nance, et redon-
ner à chacun la possibilité de son auto-
nomie et de son développement. Le
commerce équitable est un point de
départ. Il faut lutter contre la corrup-
tion, réfl échir à la répartition des mar-
ges sur l’ensemble de la fi lière, réguler
les marchés, restreindre les pratiques
abusives comme les ventes à découvert
et les ventes à perte. Et taxer les tran-
sactions monétaires internationales
dans l’objectif d’une meilleure réparti-
tion ! Il est quand même paradoxal que
cette question reste taboue en France.
Vraiment, je ne comprends pas.
“Il faut d’abord changer lesrègles de l’économie et de lafi nance et redonner à chacunla possibilité de son autonomie et de son développement”
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