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HENRI HUDE CE MONDE QUI NOUS REND FOUS RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE SUR LA SANTÉ MENTALE MAME

CE MONDE CE MONDE QUI NOUS REND FOUS · Jamais une société n’a été plus riche, plus opulente que ... fragilité, burn-out2 ... physiques, avec un haut niveau, apparemment croissant,

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H E N R I H U D E

CE MONDE QUI NOUS REND FOUS

RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE SUR LA SANTÉ MENTALE

M A M E

Jamais une société n’a été plus riche, plus opulente que la nôtre. Jamais l’espérance de vie n’a été plus haute. Jamais les occasions d’apprendre, de découvrir, de s’émerveiller n’ont été plus nombreuses. Et pourtant, jamais les niveaux de mal-être et de morbidité psychique ne semblent avoir été si élevés.C’est à la résolution de ce paradoxe qu’Henri Hude, dans cet ouvrage salutaire, s’attaque avec conviction. S’il le fait en usant des out ils légués par la tradition psychanalytique, c’est en philosophe et en homme de foi qu’il montre que cette situation est causée par le rejet de l’Absolu.Ce dont nous avons besoin pour retrouver le sens du réel et de nos propres vies, c’est de nous enraciner à nouveau dans le Bien, et surtout dans la personne d’un Dieu qui aime les hommes.

Henri Hude, ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), est agrégé de philosophie. Il a été professeur des universités en philosophie (Rome), puis maître de conférences en management et gestion (France). Il a fondé le centre « Éthique et environnement juridique » aux écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il a publié chez Mame, dans la même collection, La Formation des Décideurs. Méditations sur un humanisme qui vient (2018) et Habiter notre nature. Écologie et humanisme (2018).

22 € France TTCwww.mameeditions.com

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H E N R I H U D E

CE MONDE QUI NOUS REND FOUS

RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE SUR LA SANTÉ MENTALE

H U M A N I S M E C H R É T I E N

M A M E

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M A M E

Direction : Guillaume ArnaudDirection éditoriale : Sophie CluzelDirection artistique : Armelle Riva

Édition : Vincent MorchCompositeur : Text’oh

Direction de fabrication : Thierry DubusFabrication : Audrey Bord

© Mame, Paris, 2019www.mameeditions.com

ISBN : 978-2-7289-2603-9MDS : 532 126

Tous droits réservés pour tous pays.

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REMERCIEMENTS

Merci au professeur Javier Cabanyes pour les précieux échanges qui m’ont permis d’enrichir et de préciser mes idées.

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INTRODUCTION

ILA CRISE NEURONALE. LES FAITS

Ces méditations partent d’un problème majeur de santé publique dans nos pays : la « crise neuronale », dont le noyau le plus connu est l’épidémie de dépressions1. Partons de ce problème et revenons-y, en ayant fait tous les détours nécessaires pour le résoudre. Détours par l’essentiel, c’est-à-dire par le Bien, et par le Mal. Ils semblent éloigner du sujet, mais seuls permettent des solutions véritables.

Les faits constituant la crise neuronale sont connus de tous.Une vulnérabilité psychique croissante se manifesterait dans toutes

les classes  : stress, malaise au travail, absentéisme, fragilité, burn-out2… On  réfléchit partout sur la « résilience ». Insomnie et usage massif de somnifères, angoisse et usage de tranquillisants, hypocon-drie, toxicomanie massive (on parle de « crise opioïde » avec, notam-ment aux États-Unis, une forte mortalité par surdose, équivalant souvent à des suicides3), notamment chez les jeunes4. Troublantes

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aussi, dans des « sociétés dépressives5 », la peur de l’engagement et de la vie, avec des taux très bas de nuptialité et de fécondité. Relevons enfin l’auto-intoxication par surconsommation de divertissement (cinéma, télévision, réseaux sociaux, etc.), comme s’il fallait un grand bruit de fond et une intense agitation pour rabaisser un degré anormal d’angoisse.

En somme, les sociétés développées combineraient, au xxie siècle, le plus haut niveau mondial et historique de bien-être et de santé physiques, avec un haut niveau, apparemment croissant, de mal-être et de morbidité psychiques. L’Organisation mondiale de la santé s’est alarmée d’un phénomène massif6.

Tels sont les faits sur lesquels nous entendons méditer.

IIMÉDITER POUR EXPLIQUER ET POUR COMPRENDRE

LA CRISE NEURONALE

De la compréhension et de l’explication des faits de la crise dépendent la guérison et le soulagement des patients, mais aussi (Introduction, IV) la fonctionnalité de la culture humaniste et la rationalité de la décision publique (§ 61 et Conclusion, II). Le sens de cette responsabilité partagée, exigeant une collaboration, force à surmonter le particularisme des disciplines.

Quand l’épidémie neuronale continue à s’étendre et que ses effets dépassent le champ médical, elle ne peut rester le monopole de certaines catégories de professionnels – médecins, psychiatres, psycha-nalystes, spécialistes des neurosciences. La spécialisation outrée, loin de nous élever à une objectivité supérieure, nous enferme dans des

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croyances philosophiques particulièrement subjectives (§ 22)  : matérialisme, positivisme ou nihilisme. Ces systèmes sont des illu-sions normales de la raison spécialisée, les œillères de l’esprit qui sait de plus en plus et comprend de moins en moins. De plus, ces illusions rendent l’Homme malade en frustrant son besoin de sens. Il  faut donc des avancées conceptuelles fondamentales, des ruptures, et pour cela des prises de risques théoriques calculés.

J’estime qu’un philosophe fait son devoir en exprimant avec modestie une opinion réfléchie sur les problèmes non résolus, surtout s’ils sont très douloureux et touchent au bien commun.

Bergson pensait que le progrès des sciences mettrait fin à leur divorce d’avec la sagesse car les thèses métaphysiques finiraient par pouvoir fonctionner comme des hypothèses susceptibles d’être véri-fiées ou falsifiées par le corps de faits dont elles parviendraient, ou non, à assurer la cohérence. Si le dialogue fonctionne bien, un véri-table savoir humaniste finira par unir la science, la sagesse et l’expé-rience de la responsabilité.

Le problème de santé publique, duquel nous sommes partis, ne peut donc être résolu indépendamment de l’examen d’un problème de sagesse, culturel et existentiel, très vaste, qui est celui de la crise de l’humanisme mondial, occidental, européen. Permettre le bon déve-loppement de la psyché, ou la guérir, signifie aussi surmonter cette crise, mettre au jour un nouvel humanisme et inventer les modes scientifiques et techniques, politiques et sociaux, capables de l’ex-primer : une société qui ne rende pas fou.

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IIIFACE À LA CRISE NEURONALE, UN BESOIN

DE MÉDECINE HUMANISTE

Face à l’extension de la crise neuronale et à la relative impuissance de la médecine à l’enrayer, les Décideurs et tous les citoyens actifs doivent méditer sur ses causes profondes. Son traitement efficace supposerait qu’on approfondît et qu’on attaquât ces causes « profondes ». Mais que signifie « approfondir » ?

Pas seulement dépasser la médecine matérialiste par l’approche psychanalytique : « Les débats sur les psychothérapies et les médica-ments piétinent. Ils vagabondent d’un dualisme à l’autre, alternant le tout psychique sans cerveau et le tout biologique sans psyché7. »

La médecine usant avant tout de pharmacologie se justifie dans la mesure où les troubles psychiques sérieux s’accompagnent de désé-quilibres dans la chimie du cerveau8. Des molécules peuvent y rétablir les équilibres naturels, rendre aux patients une vie normale, les débar-rasser de symptômes éprouvants. Elles ne peuvent pourtant pas agir sur les causes. Les psychologues ou psychanalystes voient très juste-ment que le fou est paradoxalement « rationnel » (y compris le petit fou quotidien9 que chacun de nous peut être). Il adopte une stratégie coûteuse, mais qui lui a semblé « rationnelle », la seule lui permettant de survivre à ses angoisses, frustrations et contradictions. Il réagit à un état profond d’aliénation, familiale, linguistique, sociale, etc. Sa « folie » a un sens et communique avec tous ses grands intérêts humains et elle ne peut certainement pas être guérie si n’est pas proposée à la personne une meilleure solution à son problème

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existentiel – à condition bien sûr qu’elle soit en état de comprendre et de recevoir avec confiance.

Or, c’est rarement le cas, et c’est pourquoi, si ce type de solution est nécessaire, il n’est absolument pas suffisant. Il manque aux psycho-logues une explication adéquate de ce qu’il y a d’involontaire et de subi dans l’aliénation. Une explication « physique » est elle aussi nécessaire pour rendre compte de l’aliénation proprement dite, qu’on ne peut résorber dans une « normalité excessive », ni dans une « souf-france ordinaire ». Mais il est très probable que les thérapies physiques ne mèneront pas loin si elles ne se fondent pas sur une « physique du sens », une « neurologie du métaphysique et du mystique ». Il  faut donc proposer une coordination satisfaisante, seule suffisante, des deux explications nécessaires.

À côté de l’oubli du corps, l’autre faiblesse des explications psycho-logiques, qui lui est commune avec les explications matérialistes, c’est, en général, l’oubli de la métaphysique.

La « psychologie » d’un être humain est celle d’un animal méta-physicien. Le problème humain existentiel est dans son fond méta-physique. Par exemple, nombre d’enfants souffrent d’angoisse à la pensée de la mort de leurs parents, mais, au fond, devant l’énigme de la mort tout court. Cela n’a rien de pathologique  : c’est juste une preuve d’intelligence. Les causes premières des malaises psychiques résident dans une interprétation-compréhension insuffisante ou défectueuse de la situation de la personne, à la fois existentielle- métaphysique et familiale-sociale. Comme l’avait déjà compris la sagesse stoïcienne, changer cette compréhension est la seule solution pour véritablement guérir. Cela requiert une réflexion visant à

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retrouver la vérité de la situation humaine. Il y a là une authentique thérapie cognitive10.

Aurions-nous là les linéaments d’une nouvelle forme de médecine humaniste ? Toute perspective de guérison ouverte par une telle thérapie serait néanmoins refermée si l’idée de connaissance méta-physique et éthique vraie se trouvait a priori écartée. Car il n’est malheureusement pas exact que n’importe quel système suffirait pour guérir, pourvu qu’il donnât du sens à la situation et que la personne en fût suffisamment convaincue  : « Il  faut de l’agréable et du réel. Mais il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai11. » L’Homme qui veut guérir ne peut faire l’économie d’une recherche aboutissant au moins à quelque vérité substantielle, même si le résultat reste partiel.

Une telle pratique thérapeutique mériterait authentiquement le nom de médecine humaniste. Cette remédiation plus profonde requerrait à l’évidence une réforme des cadres culturels et conceptuels dominants. Sans une telle réforme, le scepticisme et la méfiance du public12 ne pourraient que s’aggraver. Le noyau d’une telle réforme est de remettre la science médicale, et d’abord la psychiatrie, en tant que sciences, en relation essentielle, intrinsèque, avec la sagesse.

Les sociétés occidentales ou occidentalisées en partie ont donc besoin d’une nouvelle pensée humaniste unissant sciences et sagesse et reprenant à nouveaux frais les problèmes traditionnels de l’unité humaine et des rapports de l’âme et du corps (§§ 47-48), du mal (§§ 31-34) et de la liberté (§§ 53-63).

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IVVERS UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ HUMANISTE,

QUI NE RENDE PAS FOU

Sur la base d’une telle pensée pourraient se renouveler les sociétés humanistes, dont l’existence même est mise en question à terme par la crise neuronale. Ces sociétés, parvenues au stade postmoderne de leur évolution, doivent se demander si elles ne sont pas folles et si leur type même ne rend pas fou. Ma thèse est qu’il rend fou dans la mesure où la culture est non fonctionnelle et où la structure est hobbésienne13

ou kafkaïenne. La culture est non fonctionnelle parce qu’elle impose des croyances prétendument a-métaphysiques à l’Homme, cet animal métaphysique, ce qui lui cause une frustration et des angoisses formant le terreau des psychopathologies. La structure lui fait violence, d’abord parce qu’elle impose uniformément cette castration spiri-tuelle. De plus, elle présente l’aspect inesthétique, amoral et souvent absurde (kafkaïen) d’une machine impersonnelle, bureaucratique, automatique, écrasante, massive, sans caractère propre, sans lien, sans amitié, sans autonomie de philia14, sans profondeur historique ou spirituelle, purement formelle, procédurale, sécuritaire, uniformi-sante.

La sagesse n’est pas au-delà de la raison, elle en est la structure même, et comme il ne saurait y avoir ni humanisme ni liberté sans raison, il ne saurait non plus y en avoir sans raison ouverte sur la sagesse et sans recherche de la vérité dans le domaine de la sagesse.

Les sociétés postmodernes, occidentales ou occidentalisées, cessent peu à peu d’être fonctionnelles car elles ont peur de l’idée de vérité métaphysique ou éthique, ou de vraie sagesse. Elles en ont peur, car

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elles appréhendent aussitôt un règne d’intolérance et un choc de civi-lisations. Mais un humanisme fonctionnel ne peut se fonder sur une telle peur. Intellectuellement, ce n’est pas honnête, même si cela faci-lite à court terme la coexistence en société multiculturelle. L’huma-nisme fonctionnel de l’avenir fondera au contraire la tolérance sur la recherche de la vérité universelle et sur la tentative d’intégrer les fonc-tionnalités partielles des diverses sagesses.

Une telle réorganisation des rapports entre l’idéal de liberté et celui de la vérité conduit à une réforme de l’ensemble des institutions caractéristiques d’une société libre. Sans une telle réforme, les sociétés occidentales, ou occidentalisées, cesseraient d’abord d’être des sociétés civilisées, puis d’être des sociétés libres.

C’est au sens large que nous parlons de « société qui rend fou », mais non sans rigueur. La science montre qu’il existe en effet un continuum entre le normal et le pathologique. C’est indubitable, par exemple, dans le cas des angoisses, ou de la mélancolie-dépression. Certains ont même parlé du « miracle permanent que constitue, chez la plupart des hommes, leur équilibre mental relatif15 ». Faire le va-et-vient entre le normal et le pathologique est la meilleure façon de connaître l’Homme.

Cette remarque réoriente l’attention du Décideur, soucieux de crise neuronale, vers l’Homme ordinaire et ce qu’on peut appeler sa « normalité souffrante » (§§ 25 et 36), vers la société humaniste et le nouveau malaise dans sa culture.

On ne remplacera jamais la psychiatrie par la sagesse, ou la spiri-tualité, ou la religion, mais on doit se servir de la recherche authen-tique de la vérité première pour porter remède à des malaises qui sont

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toujours liés à un déficit cognitif ou à des erreurs complètes dans ce domaine.

Il  y a là, pour les Décideurs, un sujet d’un intérêt absolument général. Car que la médecine et la psychiatrie décident ou non de changer de paradigme, les Décideurs auront toujours à connaître le cœur de l’Homme et à connaître le leur. Ils ne peuvent perdre confiance dans les médecines de l’âme16.

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PREMIÈRE MÉDITATION

PULSION FONDAMENTALE. FRUSTRATION

§ 1 LE DÉSIR FONDAMENTAL

Chercher à comprendre le cœur humain requiert de partir de notre Désir premier, de l’identifier, d’en prendre conscience avec clarté, avec certitude. Ce Désir est le fondement constitutif de notre action et le facteur d’unité de tout ce qu’elle inclut. Résumons donc la tradi-tion du Désir – de notre Désir, car nous sommes tous pareils à cet égard – pour nous comprendre nous-mêmes et raconter en vérité l’histoire de notre vie.

Que dit la tradition ? Que les Hommes agissent en tout par désir de bonheur, « jusqu’à ceux qui vont se pendre17 ». L’insuccès fréquent de leurs efforts les force à réfléchir.

Déçu par des visées superficielles, l’Homme réfléchi comprend qu’il désire un bonheur profond et véritable, qu’il appellera béatitude. Il s’agit alors d’identifier ce Bien dont la possession équivaut à cette béatitude (Spinoza18). Si le bonheur est possible en ce monde, c’est par l’union à ce Bien qui n’est rien de ce monde, mais dans lequel seul

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existe tout ce qui compose ce monde. Ce Bien n’est assurément ni le pouvoir, ni les richesses, ni la gloire, ni les plaisirs, ni le divertisse-ment, ni la reconnaissance, ni même les amitiés, les amours, les sciences ou les arts (saint Thomas d’Aquin19). Ce Désir est métaphy-sique. Il a pour objet ce que Platon appelle le Bien. Celui-ci est, selon Platon, ce que les hommes réfléchis appellent Dieu.

Tout en ayant une conception très terrestre du bonheur, Aristote dépasse lui aussi pouvoirs, honneurs, plaisirs, richesses, etc., et même la philia, l’amitié. Il voit que la vertu est très nécessaire au bonheur, surtout la prudence, justement pour ne pas nous fourvoyer dans ces culs-de-sac, et il fait culminer sa recherche du bonheur dans la recherche elle-même, non d’un objet prétexte à divertissement, mais de la vérité éternelle.

Dans sa lignée, saint Thomas explique très clairement comment nous organisons nos vies, en mettant en place des systèmes de moyens subordonnés à des fins de plus en plus élevées et englobantes. L’en-semble de l’existence prend forme et s’explique finalement à partir de la visée de la fin dernière qui, pour lui comme pour Aristote, est le bonheur, mais dont il explore mieux toute la profondeur, et qu’il appelle béatitude, comme le fera aussi Spinoza : le Désir de voir Dieu.

Le Désir de Dieu, au départ, est le plus souvent inconscient. À dire vrai, il est l’inconscient même de l’Homme, dont celui-ci prend parfois peu à peu conscience. La preuve en est que le mot « désir » désigne, selon une expérience de vie sociale hobbésienne, un grouille-ment barbare et irrationnel, que l’Homme s’efforce de civiliser en se disciplinant sous des lois et une règle de raison. Mais, parmi ces désirs, figure déjà la banale curiosité. Si nous l’approfondissons, nous

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découvrons que la raison est elle-même animée d’un désir pur. Tous les Hommes tendent vers ceci : connaître la vérité.

Tout Homme, par nature, désire savoir ; savoir, c’est connaître la cause ; savoir la cause première et constitutive de toutes choses, voilà le but. Ce n’est pas un désir artificiel, ou arbitraire : c’est la nature même de l’animal doué de raison, la nature de l’Homme, indéraci-nable, universelle, nécessaire et inépuisable – Freud dirait « la pulsion fondamentale » de l’Homme.

La tradition ne s’arrête pas là. Le fondateur de la culture postmo-derne, Friedrich Nietzsche, n’aime pas Dieu. Il  entend cependant « expliquer l’ensemble de notre vie pulsionnelle comme le développe-ment et la ramification d’une unique forme fondamentale de volonté – à savoir la volonté de puissance20 ». Or, « volonté de puissance », c’est-à-dire pour lui puissance infinie et vouloir inconscient, c’est le nom qu’il donne au principe métaphysique, à « ce que tous appellent Dieu ». Il voit que l’Homme ne veut pas seulement voir Dieu, mais devenir Dieu. Sartre pense que l’Homme est désir d’être Dieu et « se fait homme pour être Dieu21 ». Et Nietzsche annonce la mort de Dieu, parce que s’il y avait un Créateur, il ne pourrait pas être Dieu22.  La lecture de Pascal, arrivant presque à le convaincre du contraire, lui donnait des angoisses. Bref, les relations de l’Homme à Dieu sont aussi étroites et certaines que difficiles.

Le désir d’Absolu est commun à tous, théistes et athées. « Dieu » est le nom donné à l’Absolu quand on voit qu’il est Quelqu’un ; si on ne voit pas cela, on parle simplement d’« Absolu » ; un athée, en Occident, est quelqu’un qui ne veut pas de Dieu, mais qui désire encore l’Absolu, comme tout le monde, sans trop s’en rendre compte23. C’est ce que l’Occident moderne, et surtout postmoderne, qui se

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déclare postmétaphysique, a de terriblement superficiel. L’idée de passer au-delà de la métaphysique est trop naïve. Elle est une « illu-sion de la raison », pour employer une expression de Kant. On passe au-delà d’une métaphysique, ou de deux, voire de n, jamais de toutes. La critique de la métaphysique est tout aussi régionale. Qui critique l’une défend l’autre.

Si nous admirons les œuvres des lettrés chinois24, nous compre-nons avec évidence que leur culture ou art (yi) est d’abord une « culture de soi », qui consiste à vivre dans l’harmonie de l’Homme calme et de la Nature mouvante, sur fond d’Absolu vaporeux. Dieu se tient ici au-delà de l’horizon, encore que… Il s’agit, pour le pinceau de l’artiste, du sage, du lettré méditatif, de « tracer l’intention ». Pas seulement la sienne, mais celle de la Nature, le « sens spirituel » de la nature – le dessein mystérieux de l’Esprit ?

Freud a voulu, lui aussi, expliquer les malaises de la psyché à partir d’une pulsion fondamentale. Il a tort de la qualifier de sexuelle, même au sens large, car cette pulsion est métaphysique. Mais l’âme anime, fait vivre et elle-même vit. Si, au lieu de pulsion sexuelle, nous disions pulsion vivante, élan vital de la personne, ce serait très vrai. La pulsion fondamentale est en partie désir de Beauté (c’est la définition que Platon donne de l’éros métaphysique), mais aussi désir de Vie, de vie immortelle, de vie éternelle, désir d’éternité. La pulsion est aussi désir de béatitude, d’une jouissance qui consisterait à partager le plaisir de Dieu, « un et simple25 ».

Bien sûr, notre vie comprend nombre de désirs en plus du Désir, mais tous ces autres désirs sont tristes et impurs s’ils ne participent pas à l’élan fondamental. Cette participation n’est pas facile à réaliser,

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justement parce que les relations de l’Homme avec l’Absolu-Dieu sont particulièrement complexes.

Les disciples de Freud les plus originaux sont allés dans ce sens, mais ont stoppé à mi-chemin. Viktor Frankl parle du « désir de sens26 », Erich Fromm du « désir d’aimer27 ». Ce qui donne sens, c’est toujours une fin dernière, ou provisoirement dernière. La dépression, souvent, naît d’une désillusion, qui semble nous montrer que tel désir qui structurait notre vie, malgré nos espoirs, n’était pas taillé en vérité pour faire une fin dernière – et nous voici soudain privés de sens. Le désir d’aimer est authentique au sein du désir de vérité ; car est-ce aimer quelqu’un qu’aimer de lui une image fausse ? Et la confiance n’existe que si on ne se ment pas. La confiance fait confidence, devient révélation de la vérité intime. L’estime reconnaît le véritable mérite.

Le sexuel a beaucoup à voir avec les malaises de la psyché, tout particulièrement dans les temps postmodernes. Mais ce facteur n’est pas premier. Il  faut donc d’abord laisser ressortir de l’inconscient notre Désir fondamental, et donc notre projet fondamental. Ce n’est pas si facile dans la culture occidentale (ou occidentalisée) postmo-derne. Le Désir premier y fait l’objet d’un refoulement et d’une censure, car les désirs seconds « sublimés » (§§ 4 et 9) ont besoin de mettre en place des défenses pour se protéger contre son retour.

§ 2LE SECOND PÔLE DE LA PULSION FONDAMENTALE

Le Désir premier a deux pôles, car c’est toujours une personne qui désire l’Absolu. Le désir de Dieu enveloppe donc forcément une forme de désir de soi-même : si l’Homme désire le Bien, nécessairement

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il désire aussi « lui-même-avec-le Bien ». Ce dernier but doit inclure en lui tout ce qui est qualifié de bien humain : bonheur et devoir, justification et paix de conscience, perfection, salut. Ce second pôle de la pulsion fondamentale est l’amour de soi. Parce que nous sommes des animaux sociaux, le besoin d’être « moi-même-avec-le-Bien » ne va pas non plus sans désir d’être reconnu par les autres comme « un être bon », à cause de cette relation ontologique et existentielle avec le Bien. Ce dernier désir est normal, à condition de ne pas voir les choses à l’envers (§§ 11-12).

L’emploi ici du terme « pulsion » est justifié car ce Désir n’est pas libre : il nous est impossible de ne pas l’éprouver (si tant est que nous soyons en bonne santé psychique). L’être et le posséder, c’est la loi qui définit notre nature. Le déployer, c’est notre histoire et notre liberté. Nous trouvons en lui une énergie apparemment inépuisable, et qui ne cesse de s’écouler dans la production d’une action continue qui est notre existence même. Notre liberté se définit comme un pouvoir de décisions ayant toujours pour objet de nous procurer l’objet de ce Désir, y compris et d’abord quand nous faisons notre devoir de façon désintéressée. Ce Désir n’est pas calculateur car, en lui-même, il précède tout calcul. Il n’est pas égoïste, car il est naturel et précède même la conscience que le moi (l’ego) prend de lui-même. Il est bon, puisqu’il est essentiellement relié au Bien.

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TABLE DES MATIÈRES

Remerciements 7

INTRODUCTION

I La crise neuronale. Les faits 9II Méditer pour expliquer et pour comprendre la crise neuronale 10III Face à la crise neuronale, un besoin de médecine humaniste 12IV Vers une nouvelle société humaniste, qui ne rende pas fou 15

PREMIÈRE MÉDITATION  PULSION FONDAMENTALE. FRUSTRATION

§ 1 Le Désir fondamental 19§ 2 Le second pôle de la pulsion fondamentale 23§ 3 Les deux pôles de la frustration 25§ 4 Le Désir et les désirs. Sublimation 25§ 5 Les stratégies de la psyché 27§ 6 Il est raisonnable de croire que l’harmonie est possible.

Condition suprême de l’harmonie 30§ 7 Distinguer nettement la frustration et les privations 32§ 8 Conseil : se libérer d’une culture de frustration, qui produit

un malaise dans la civilisation 34

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DEUXIÈME MÉDITATION  ALIÉNATIONS DU DÉSIR FONDAMENTAL

§ 9 Préciser l’idée de sublimation 37§ 10 Définition du narcissisme comme second pôle de la sublimation 40§ 11 Sur l’estime de soi 43§ 12 Sur l’estime des autres 44§ 13 Sublimations particulières et sublimations généralisées 45§ 14 Transfert et fantasmes 47§ 15 La vérité de la sublimation 50§ 16 Définir la dramatisation 51§ 17 Sur le tragique racinien et la sagesse de la croix 53§ 18 Définir la précipitation 55§ 19 Les trois compensations 56§ 20 La religion et le plaisir pur 58

TROISIÈME MÉDITATION  DÉSALIÉNATION DU DÉSIR FONDAMENTAL

OU APPROFONDISSEMENT DE SON ALIÉNATION DANS LES NÉVROSES

§ 21 Désublimation. Désidéalisation. Définitions 61§ 22 Le rationalisme est la sublimation de la raison 63§ 23 Resublimation. Définition. Problème 64§ 24 Dédramatisation. Redramatisation. Définitions 66§ 25 De la normalité souffrante à la névrose 67§ 26 Trois stratégies existentielles névrotiques 69§ 27 Le cas Mathilde 73§ 28 La guerre et la paix dans l’âme 80§ 29 Le corps de la névrose 82

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QUATRIÈME MÉDITATION  POUR INTRODUIRE À LA MÉDITATION

DE LA VRAIE PEUR, QUI EST L’ANGOISSE LE NOUVEL HUMANISME ET LE PROBLÈME DU MAL

§ 30 Le Mal comme problème fait partie du Mal 85§ 31 Le problème du Mal nous fait souffrir. Besoin de sagesse 86§ 32 La dramatisation a beaucoup de difficulté à souffrir un discours

rationnel au sujet du Mal et de la souffrance 89§ 33 De la solution du problème du Mal à la position du problème

du Salut 91§ 34 Savoir que nos souffrances ont un sens 94§ 35 Redramatisation et resublimation 96

CINQUIÈME MÉDITATION  LA PEUR FONDAMENTALE ET L’ANGOISSE

§ 36 Angoisse et « normalité souffrante » 99§ 37 Ce que dit la tradition sur l’angoisse 100§ 38 L’angoisse qui s’empare de l’Homme et la recherche du vrai

qui lui rend la paix 102§ 39 Angoisse et enfance 104§ 40 L’objet de l’angoisse est le Mal avec majuscule 106§ 41 Le second pôle de l’angoisse : la culpabilité 108§ 42 Le matérialisme scientiste, source d’angoisse 109§ 43 L’angoisse d’enfer 112§ 44 L’angoisse et l’humanisme agnostique 114§ 45 L’angoisse de la souffrance et le sens de la demande d’euthanasie 118§ 46 L’angoisse de la mort 120§ 47 L’âme et l’angoisse de la destinée 121§ 48 La résurrection 123§ 49 Le doute sur la vérité. L’angoisse de perdre la raison 124§ 50 Comment maîtriser le stress ? 127§ 51 Traumatismes et protections 128

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SIXIÈME MÉDITATION  PEUR FONDAMENTALE, DÉCULPABILISATION

ET JUSTIFICATION

§ 52 Problématique des Méditations 6 et 7 133§ 53 L’angoisse de la liberté et l’angoisse de la non-liberté 134§ 54 Fautivité 136§ 55 Justification 138§ 56 Culpabilisation 139§ 57 Le problème de la culpabilisation 140§ 58 Déculpabilisation théologique ? 143§ 59 Faute première et culpabilisation première 144§ 60 Éloge paradoxal de la culpabilisation ? 147§ 61 La violence de la déculpabilisation 148§ 62 Drogue, éros et religion narcissique 150§ 63 Comment la culpabilisation devient insupportable 151§ 64 Religion, irréligion et malaise dans la culture 152§ 65 Difficulté de la psychosynthèse au niveau naturel.

La vie surnaturelle 153§ 66 La masse d’inconscience 155§ 67 Généalogie de l’idée d’inconscient 159§ 68 Le corps d’esprit 160§ 69 Liberté utopique. Dix remarques sur la notion de tension 162§ 70 La liberté réelle comme pouvoir de décider de consentir 168

SEPTIÈME MÉDITATION  MÉTAPHYSIQUE ET DÉCULPABILISATION ?

§ 71 Dualisme et culpabilisation. Le triangle de l’angoisse 171§ 72 Sortir de la culpabilisation en élargissant la raison hors

du triangle de l’angoisse 176§ 73 Sur le statut de l’Homme et sur le sens de la matière 179§ 74 La science se construit autour de l’Homme en tant qu’Homme 181§ 75 De la mégalomanie de l’Homo faber à la magnanimité

de l’Homo sapiens 184

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HUITIÈME MÉDITATION  FATIGUE, DÉPRESSION

§ 76 La société de la fatigue 185§ 77 Burn out. Fatigue et démesure 188§ 78 Burn out. Fatigue et absurdité 190§ 79 Réinterprétation éthique du complexe d’Œdipe 193§ 80 Dépression 196§ 81 La panne du Désir fondamental 199§ 82 Pourquoi et à qui le fou fait-il peur ? 204§ 83 Le sommeil et le rêve 206§ 84 Le symbolisme métaphysique du rêve 210§ 85 La folie et l’hypothèse des substrats d’absurdité 216

CONCLUSIONS

I Médecine et sagesse 221II Sagesse et démocratie 224III Religion-foi humaniste 225

Notes 227Index des noms et des matières 249

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CE MONDE QUI NOUS REND FOUS

RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE SUR LA SANTÉ MENTALE

M A M E

Jamais une société n’a été plus riche, plus opulente que la nôtre. Jamais l’espérance de vie n’a été plus haute. Jamais les occasions d’apprendre, de découvrir, de s’émerveiller n’ont été plus nombreuses. Et pourtant, jamais les niveaux de mal-être et de morbidité psychique ne semblent avoir été si élevés.C’est à la résolution de ce paradoxe qu’Henri Hude, dans cet ouvrage salutaire, s’attaque avec conviction. S’il le fait en usant des out ils légués par la tradition psychanalytique, c’est en philosophe et en homme de foi qu’il montre que cette situation est causée par le rejet de l’Absolu.Ce dont nous avons besoin pour retrouver le sens du réel et de nos propres vies, c’est de nous enraciner à nouveau dans le Bien, et surtout dans la personne d’un Dieu qui aime les hommes.

Henri Hude, ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), est agrégé de philosophie. Il a été professeur des universités en philosophie (Rome), puis maître de conférences en management et gestion (France). Il a fondé le centre « Éthique et environnement juridique » aux écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il a publié chez Mame, dans la même collection, La Formation des Décideurs. Méditations sur un humanisme qui vient (2018) et Habiter notre nature. Écologie et humanisme (2018).

22 € France TTCwww.mameeditions.com

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