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Chronique de Moldavie depuis le milieu du XIVe siècle jusqu'à l'an 1594 / par Grégoire Urechi ; texte roumain avec [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Chronique de Moldavie

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Urechi

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  • Chronique de Moldaviedepuis le milieu du XIVesicle jusqu' l'an 1594 /

    par Grgoire Urechi ;texte roumain avec [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Ureche, Grigore (1590-1647). Chronique de Moldavie depuis le milieu du XIVe sicle jusqu' l'an 1594 / par Grgoire Urechi ; texte roumain avec traduction franaise, notes

    historiques, tableaux gnalogiques, glossaire et table par mile Picot. 1878-1886.

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  • PUBLICATIONS

    L'COLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES

    IX

    CHRONIQUE

    DE MOLDAVIE

  • PUBLICATIONS[> F,

    L'COLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES

    IX

    CHRONIQUE

    DE MOLDAVIE

  • PARIS. IMPRIMERIE LALOUX.PILS ET GUILLOT, 7, RUE DES CANETTES

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  • Avant-Propos.

    Lorsque nous avons entrepris de donner une tra-duction franaise de la Chronique d'Urechi, nous tionsloin de souponner les difficults que devait offrir un sem-blable travail. Ce n'est qu'aprs nous tre mis l'oeuvre,aprs avoir mme commenc l'impression, que nousavons reconnu combien la tche tait ardue et combiennotre prparation tait insuffisante. Non seulement notretexte prsentait et l des obscurits auxquelles nousn'avions pas pris garde dans un premier examen, maisle commentaire que nous avions rsolu d'y joindre exi-geait de minutieuses recherches auxquelles il nous taitdifficile de nous livrer loin des bibliothques roumaines.Des imperfections que le public ne remarquera que tropnous forcent ainsi de solliciter l'indulgence du lecteuravant d'aborder les questions qui doivent faire l'objetde cet avant-propos. Nous allons maintenant dire ceque nous savons de l'auteur de notre Chronique; nousindiquerons sommairement les sources auxquelles il apuises, enfin nous ajouterons quelques mots, sinonsur ce que nous avons fait comme diteur, du moinssur ce que nous nous tions propos de faire.

    I.

    La famille Urechi parat avoir t l'une des plusanciennes de la Moldavie. Sans nous arrter la tra-dition rapporte par Dmtre Cantemir qui la rattache

  • VI Avant-Propos.

    la famille de Mathias Corvin (1), nous voyons les anc-tres de notre chroniqueur figurer, ds le commencementdu XVe sicle, parmi les grands boars du pays. Le7 janvier 1407, le mtropolitain Joseph dlgue PierreUrecle (2) pour faire l'hgoumne de Niamt la remisede tous les biens dpendant du monastre de Bistrita (3).En 1442 un autre Urecle, Oan ou Van, faisait partiedu conseil d'lie Pr et d'Etienne II (4). Le troisime Urechidont nous trouvions le nom dans l'histoire est Nestor, quitait grand logothte en i5g2. Aaron II, dpos par lesTurcs, lui avait laiss la garde de sa capitale, et voulutl'associer ses cruauts quand il eut russi recon-qurir le pouvoir; mais Nestor refusa de jouer le rlesanglant qui lui tait rserv; il passa secrtement enPologne, o il retrouva les boars qui avaient migr la suite de Pierre-le-Boiteux (5). Il se lia surtoutavec les Movilest, et, quand Jrmie Movil eut russi s'emparer du trne, Nestor partagea sa fortune et futinvesti de la dignit de grand-vornic de la basse-Mol-davie (6). Les libralits qu'il fit plusieurs monastres

    (1) Corvinos, cujus ex prosapia derivantur Urecestii." X(ton.PoM.-MoitAO-Biiwinoi), I, Ixx.

    Il est bien vrai que Jean Hunyadi tait d'origine rou-maine (voy. ci-aprs p. 68), mais il appartenait la Tran-sylvanie. Pour expliquer le passage de Cantemir, M. Sbierea,auteur d'un travail rcent sur Grgoire Urechi {Analele Aca-demie romane, Ser. II., V, 11, 289384), pense (p. 295) quele berceau de la famille Urechi doit tre cherch dans laPetite-Valachie, d'o le roi Sigismond avait, au dire de Buon-fini, ramen les Corvins en Transylvanie. Il est certain qu'ontrouve dans la petite Valachie diverses localits qui rappellentle nom d'Urechi.

    (2) Ureacle, Urecle (lat. anricula), telle tait la forme primitivede ce nom, devenu par la suite Urechie, Urechi.

    (3) Hsdu, Archiva istoric a Iomnie, I, 1, 140.(4) Ce personnage est cit dans un diplme d'lie et d'Etienne

    en date du 8 mars (Hsdau, Arch., I, 1, 74) et dans un di-plme d'Etienne en date du 8 mai (ibid. I, 1, 123).

    (5) Voy. ci-aprs, p. 579.(6) Il figure avec ce titre dans un diplme de Jrmie Movila

  • Avant-Propos. VII

    nous permettent de penser qu'il possdait alors de vastesdomaines. Nous le voyons en effet, le 1" octobre 15gg,s'associer avec Ion Mogldea, vornic de gloat, c'est--dire commandant de la leve en masse, pour donnerau monastre de Xeropotamo le village de Giulest, etl'acte de donation rappelle que Xeropotamo tait unefondation des deux vornics (1). En 1602, il fonde lemonastre de Scul, auquel il abandonne successivementdiverses proprits en 1604, 1607 et 1608 (2), et enfaveur duquel il construit le mtoque de sainte Para-scve Iassi (3). Nestor figure, toujours comme grand-vornic, dans les diplmes de Jrmie Movil (4). Aumois de juin 1606, Jrmie, se sentant atteint d'unemaladie incurable, abdiqua en faveur de son jeune filsConstantin, qui fut plac sous la tutelle de Simon Mo-vil, son oncle; Nestor conserva ses fonctions sous lenouveau gouvernement (5) ; mais il parat s'tre bienttbrouill avec Simon qui cherchait favoriser ses en-fants au dtriment du prince mineur. Dans le courantmme de l'anne 1607, il dut chercher un refuge enPologne, o il obtint l'indignat (6); mais il ne tarda,pas rentrer en Moldavie. Constantin et sa mre, Eli-sabeth Czamartowna, avaient russi secouer le jougde Simon, et leurs partisans taient pour quelque tempsen sret. Un acte du mtropolitain Anastase, en datedu 6 juillet 1610, nous montre le grand-vornic Urechi

    dat du 18 juillet i5a5 (Wickenhauser, Molda ocler Beitvgezur Geschichte der Moldau und Bukoinna, 1, 213) et dansun autre acte du mme prince du 3o mars 1599 (ibid., 108).

    (1) Hsdu, Arch., I, 1, 46.(2) Columna lui Traian, 1882, 110.(3) Melchisedec, Chronica Romanulu I, 246.(4) Voy. les diplmes du 3 juillet 1604 (Hsdu, Arch, I, 1, 77),

    du i5 mars 1606 (i'bid., III, 70), du 2 avril 1606 (ibid., III,74) et du 12 mai 1606 (Melchisedec, Chronica Romanulu, I, 3o).

    (5) Voy. un diplme de Simon Movil en date du 10 mars1607, aP- Hsdu, Arch., III, 74.

    (6) Herbarz Pohhi, i855, II, 162, ap. Sbierea, 3o3.

  • VIII Avant-Propos.

    en procs avec les moines d'Agapia (1). Un an plustard, le 16 juillet 1611, il crit, de Iassi, au RagusainGregorio di Nicol, agent de l'empereur, qui avait quittsecrtement la Moldavie pour se rendre Constantinople,et les termes de sa lettre nous le reprsentent commele premier personage du pays (2). Cependant, la mortde Simon Movil, survenue la fin de 1610 ou aucommencement de 1611, la guerre civile avait clatentre ses fils et leur cousin Constantin; celui-ci avaitremport la victoire, mais il s'tait vu tout coupmenac par un prtendant inconnu la veille, EtienneTomsa. Le prince dut demander assistance aux Polo-nais ; il envoya en toute hte Nestor Urechi et lepharnic Bucioc vers le chancelier de Lithuanie, LonSapieha (3). Cette mission n'aboutit pas: la Polognetait en guerre avec la Moscovie, et le roi voulait vitertoute complication nouvelle. Constantin prit donc, sontour, le chemin de la Pologne; Nestor l'y accompagnaet s'tablit Kamieniec, o il s'effora de dissuader sonjeune souverain de poursuivre contre Etienne une luttestrile (4). Ce conseil ne fut pas suivi et Constantinentreprit une campagne qui aboutit la catastrophe deCornul lui Sas (mai 1612). Nestor patienta pendanttrois ans ; puis, jugeant que la situation d'Etienne Tomsa

    (1) Hsdu, Arch., I, 1, 22; Melchisedec, Chronica Hiilor, g3.Une autre querelle engage entre les moines d'Agapia et ceuxde Scul au sujet des domaines donns par Urechi cedernier monastre aboutit un accord constat par le m-tropolitain Anastase et par l'vque de Roman, Mtrophane,le 18 avril 1612. Melchisedec, Chvon. Rom., 1, 240.

    (2) Hiirmnzaki, Documente, IV, 1, 441. La lettre est crite enlatin. Dans son rapport l'empereur, en date du 23 no-vembre 1611, Gregorio accuse les Moldaves et, en particulier,le vornic Urechi d'avoir cherch empcher son dpart(Hurmuzaki, IV, 1, 456).

    (3) Hsdau, Arch,, I, 1, 24.(4) Voy. Miron Costin, ap. Coglniceanu, Letopisete, I, 229.

    On possde une lettre en langue magyare, crite par Urechie Sigismond Forgch en date de Kamieniec le 1e1'fvrier 1612(Hurmuzaki, Doc, IV, 1, 466).

  • Avant-Propos. IX

    s'tait affaiblie, il conseilla la veuve de Jrmie, Eli-sabeth Czamartowna, et son second fils Alexandred'entrer en Moldavie et de donner le signal d'une rvo-lution (1615). Cette prise d'armes eut un plein succset, pendant le rapide passage d'Alexandre sur le trne,Nestor fut son conseiller tout-puissant (1). La funestebataille du 23 aot 1616 livra la Moldavie Radu, filsde Mihnea. Les anciens serviteurs de Jrmie Movilaet de ses fils furent naturellement remplacs. Un actedu 19 fvrier 1617, le dernier dans lequel nous ayonsrencontr le nom de Nestor Urechi, nous prouve qu'ilavait t relev de ses fonctions (2). Il est probable quel'ancien grand-vornic mourut peu de temps aprs ; nousne savons, du moins, rien de lui partir de ce moment.

    Nestor avait pous Mtrophanie, fille de ThodoreIor, dont il eut deux fils mentionns avec lui dans une

    inscription qui existe encore au monastre de Scul (3).Ces deux fils taient Basile et Grgoire. Nous ignoronsce que devint Basile; quant Grgoire, c'est l'historien qui cette notice est spcialement consacre.

    Grgoire Urechi avait d natre avant la fin duXVIe sicle ; il parvint probablement aux honneurs sousle rgne de Mose Movila, dernier fils de Simon, quioccupa le trne de Moldavie depuis le milieu de l'annei63o jusqu'au mois d'avril i632. Lorsque Mose futdpos par les Turcs, Grgoire, qui tait alors grand-sptar, partit avec plusieurs autres boars pour Con-stantinople afin de protester contre l'lvation d'Alex-andre-lie la principaut (4). Cette dmarche chouaet ceux qui l'avaient tente se trouvrent dsigns aux

    (1) Miron Costin, ap. Goglniceanu, Letop., I, 233.(2) Hsdau, Ardu, I, 1, 17.(3) Columna lui Traian, 1882, 110. M. Wickenhauser (Bohotin,

    85) cite un acte d'Elisabeth, fille de Neagoie, veuve de NicolasUrechi, et de sa fille Alecsandra; nous n'avons pu dterminerla parent qui unissait ces personnages Nestor et Gr-goire Urechi.

    (4) Miron Costin, ap. Coglniceanu, Letop., I, 263.

  • X Avant-Propos.

    coups d'Alexandre qui voulut faire assassiner le vornicBasile Lupul, le vornic Cehan, l'hetman Savin, le ves-tiaire Bonus et le sptar Urechi. Ce fut alors que Lupuldonna le signal de la rvolte: le prince perdu n'eutd'autre ressource que de s'enfuir (1). Aprs un retourpassager de Miron Barnowski, que Lupul dterminaperfidement se rendre Constantinople, o il trouvala mort (2), Mose Movil obtint le trne pour laseconde fois (juin i633). Urechi conserva sans doutealors ses fonctions de sptar; il les conserva galementpendant les premires annes du rgne de Lupul, quifut proclam au mois d'avril ou de mai 1634. Il figureencore avec cette qualit dans un diplme du 3o mars1642 (3). Vers 1643, Grgoire obtint la dignit que sonpre avait prcdemment revtue, celle de vornic de labasse Moldavie; il est mentionn avec ce nouveau titredans un diplme du 18 septembre 1644 (4). Il taitencore vornic l'anne suivante, et Miron Costin nousapprend qu'il contribua puissamment faire aboutir lemariage projet entre Marie, fille de Basile Lupul, et leprince Jean Radziwill, marchal de Lithuanie (5). A partirde 1645, nous n'avons plus de renseignements sur Gr-goire. M. Sbiera croit qu'il se retira volontairement desaffaires pour travailler sa chronique; nous croyonsplutt qu'il mourut dans l'exercice de ses fonctionsavant qu'il et pu mettre la dernire main son ou-vrage. En tout cas, on ne peut supposer que Basile,dont il avait depuis i63o partag la fortune, lui ait en-lev la charge leve laquelle lui-mme l'avait appel ;or, en i65o, cette charge tait occupe par GeorgesGhica (6).

    (1) Miron Costin, ap. Cogalniceanu, Letop., I, 263-266.(2) Basile Lupul se vante lui-mme de sa trahison dans un do-

    cument de l'anne 1643, ap. Hurmuzaki, IV, 1, 669.(3) Wickenhauser, Moldaioa, I, 108.(4) Hsdau, Arch., I, 1, 120.(5) Ap. Cogalniceanu, Letop., I, 284.(6) Miron Costin, ap. Cogalniceanu, I, 295.

  • i%

    Avant-Propos. XI

    IL

    Urechi dit dans sa prface qu'il a t vornic (1),d'o M. Sbiera conclut qu'il ne commena la rdactionde sa chronique qu' aprs avoir rsign ses fonctions,par consquent aprs l'anne 1645. L'argument estloin d'tre dcisif, car le chroniqueur prend encoreen signant le titre de vornic, ce qui prouve bien qu'iln'avait pas cess de l'tre. Du reste, la question n'a qu'unmdiocre intrt. Quel que soit le sens qu'il convientd'attribuer la phrase cite, notre auteur n'a pu commencerd'crire avant 1643, puisqu'il tait encore grand-sptaren 1642, et il mourut selon toute probabilit avant i65o.Ainsi de toute faon, la chronique d'Urechi appartientau milieu du XVIIe scicle.. C'est l un fait qu'il n'estpas sans importance de constater, car la plupart deshistoriens roumains ont cru qu' Urechi avait rdig sonhistoire ds la lin du XVIe sicle (2). M. Hsdu, in-duit sans doute en erreur par le rle prt au vornicNestor Urechi sous le rgne d'Aron II, a pens qu'ils'tait mis lui-mme en scne et qu'il devait tre consi-dr comme le vritable auteur de la chronique ordi-nairement attribue son fils (3). Le savant critiquen'a pas dvelopp cette opinion laquelle il a vraisem-blablement renonc aujourd'hui; aussi bien l'examendes sources auxquelles le vornic a puis ne permet-ilpas d'admettre qu'il ait crit avant l'anne 1611 (4).

    (1) Eu, Grigorie Urechi, care den mila lu Dumnezau si a dom-nulu meu am fost vornic mare." Voy. ci-aprs, p. 2.

    (2) Voy. Sbiera, loc. cit., 809-311.(3) Arch., I, 1, 117, en note; III, 33; Columna In Traian, III

    (1872), 274.(4) Si Urechi avait crit sous Aaron II, la fin du XVI'' sicle,

    on ne s'expliquerait pas qu'il et commis une erreur aussisingulire que celle dans laquelle il est tomb a propos deschefs cosaques Loboda et Nalivajko, qu'il fait venir en Mol-davie en 1476, tandis que leurs incursions n'eurent lieuqu'en 15.93 et en 1596. Voy. pp. 137 et 597.

  • 0XII Avant-Propos.

    Urechi nous apprend lui-mme qu'il a fait usagede tous les documents nationaux et trangers qui luiont t accessibles. Il ajoute qu'avant lui la Moldavie

    possdait une chronique fort abrge qui s'arrtait aurgne de Pierre Rares, et que, tout en prenant cettechronique pour base de son histoire, il s'est propos dela complter avec le secours des auteurs trangers (1).Disons d'abord quelques mots du document auquel ilfait allusion.

    M. Hsdu a donn en 1867 (2) une dition entire-ment nouvelle, accompagne d'un important commen-taire, d'annales moldaves dj publies par V.-C. Woj-ciski d'aprs une copie tout--fait fautive (3), Ces annales,dates du 28 octobre 1566, commencent Dragos etne contiennent qu'un nonc trs-sommaire des vne-ments; elles se divisent en deux parties. La premirepartie, qui se termine au rgne d'Etienne Rares, a dtre traduite en polonais d'aprs un original slovneempreint des formes linguistiques spciales la Mol-davie; la seconde partie, au contraire, qui s'tend dei552 1564, a t directement rdige en polonaispar le traducteur. L'examen minutieux du texte a con-duit M. Hsdu cette conclusion que le rdacteur dela premire partie tait un moine de Putna, qui a soi-gneusement recueilli un certain nombre de faits relatifs son monastre. Telle est la chronique dsigne avecbeaucoup de raison par M. Hsdu sous le nom dechronique de Putna. Il suffit de la comparer au rcitd'Urechi pour s'assurer que le vornic moldave l'a euesous les yeux (4); il l'a mme reproduite presque en

    (1) Voy. ci-aprs, p. 3.

    (2) Ardu, III, 5-34.(3) Biblioteka starozytna piszarzy polskich, VI.(4) Les ronvois qu' Urechi fait la chronique de Moldavie aux

    pp. 27, 3i, 71, 95 et 117 de notre traduction se rapportenteffectivement aux annales de Putna. Cf. p. 234.

  • Avant-Propos. XIII

    entier, sans omettre les dtails relatifs au monastre dePutna (1).

    D'aprs Urechi, l'ancienne chronique nationale s'arr-tait au rgne de Pierre Rares; la premire partie desannales de Putna se termine effectivement ce rgne,car les quelques mots consacrs Elie et EtienneRares n'ont aucune importance. Cependant notre auteurfait plusieurs fois allusion une chronique moldave

    postrieure Pierre Rares (2), et, mme dans les cha-

    pitres qui prcdent le rgne de ce prince, il dit em-

    prunter cette source des faits que le moine de Putnan'a pas recueillis (3). Il faut donc admettre qu'il a existen Moldavie plusieurs chroniques nationales; peut-trele grand-vornic n'en connaissait-il qu'une seule au mo-ment o il crivait sa prface ; mais une expression qu'ilemploie dans le chapitre XIX, une chronique mol-dave (4), prouve bien qu'il avait alors sous le yeuxplusieurs compilations de ce genre (5).

    Les sources trangres consultes par Urechi sontavant tout l'histoire de Martin Bielski et celle de Pasz-kowski. La premire, qu'il cite souvent (6), ne lui estconnue que par l'dition revue et augmente que publiaen 1597 Joachim Bielski, fils de l'auteur (7); la seconde,qu'il parat considrer comme une oeuvre originale, taiten ralit une simple traduction delaSarmatiae De-scriptio du Vronais Alexandre Guagnini, qui lui-mmeavait, dit-on, fait paratre sous son nom une compilationdue Stryjkowski. L'dition latine de Guagnini est de1578; l'dition polonaise est de 1611 (8). La prfrence

    (1) Voy. ci-aprs, pp. 99, 109, 257, 277. Cf. p. 212, en note.(2) Pp. 343, 349, 417, 435, 453.(3) Pp. 5i, 54, 61, 83, io5, 2o3. 211.(4) P. 279.(5) Voy. sur ce point Sbiera, p. 352.(6) Voy. notre Table alphabtique, v Bielski. C'est aussi Bielski

    que se rapportent les mentions de la chronique polonaise,pp. 57, 83, 87, 97, io5, 2o3. Cf. Sbiera, pp. 32g-335.

    (7) Vov- P- xxj. (8) Voy. p. 419.

  • XIV Avant-Propos.

    accorde par Urechi aux deux auteurs que nous venonsde citer atteste que le polonais lui tait plus familier

    que le latin. Il a pu cependant lire dans le texte ori-

    ginal Dtugosz et Kromer, et c'est ordinairement le pre-mier de ces historiens qu'il dsigne sous le nom de

    chroniqueur latin (1). Le vornic moldave avait sansdoute eu entre les mains d'autres auteurs, tels qu'^E-neas Silvius Piccolomini (2), Wapowski (3), Paul Jove,Miechowski (4), Orichowski, etc., mais ses emprunts sontici beaucoup moins directs. Quelques uns peuvent treconstats par les citations que nous avons faites en note.

    III.

    M. Cogalniceanu, qui, en 1843, a publi pour lapremire fois la chronique d'Urechi, prtend avoir suivialors, sinon le manuscrit original, du moins la copie la

    plus ancienne qu'il lui ait t possible de rencontrer, etfait remonter cette copie jusqu' la seconde moiti duXVIIe sicle (5). Il est regrettable que le savant diteurne sous ait pas donn les variantes des divers manu-scrits qui lui ont t accessibles, car il est certain quele texte d'Urechi a subi de la part de divers compila-teurs: le logothte Eustrate (6), le dascl Simon, le

    (1) Pp. 3i, 55, 117. A la p. 55 l'expression de chronique latinene s'applique ni Dlugosz ni Kromer.

    (2) Voy. p. 6.(3) Voy. pp. 224, 292.(4) Voy. p. 187.(5) Voy. Letop., Ha d., I (1872), xvij.(6) Le logothte Eustrate, contemporain de Grgoire Urechi, tait

    surtout jurisconsulte et thologien. Les ouvrages qui nousrestent de lui sont: i une Pravil aleas, dont M. le cha-noine Cipariu possde un manuscrit qu'il croit antrieur i632 (voy. Cipariu, Principia de limba si de scriptwa, Blasiu,1866, in-12, 113); 20 une Carte romneasc de nvfturdumenecelor preste an, imprime Iassi en 1643, in-fol. (Ci-pariu, Principia, 106; Analecte, 204-212); 3 les iapte Tainea Beseareci, simple extrait de la Pravil aleas, imprim

  • Avant-Propos, XV

    moine Michel (1), Miron Costin (2) et enfin NicolasCostin (3), de nombreuses modifications; or le manu-scrit que M. Coglniceanu a imprim contenait les ad-ditions de tous ces auteurs, additions qui n'ont proba-blement pas eu toutes la forme de notes complmen-taires, et n'auront pas manqu de se glisser jusquedans le texte. La preuve des interpolations ou desaltrations dont nous parlons rsulte de ce fait que lesfragments de notre chronique cits par divers historiens

    Iassi en 1643, in-fol. (Cipariu, Principia, 107; Analexte,212-216); 40 la Cafte romneasc de nvtatwr del- pravi-lele tmprte, imprime Iassi en 1646, in-fol., et rim-prime par les soins de M. Georges Sion Gherei en 1875,in-12; 5 les notes sur la chronique d'Urechi. Ces notesattestent une crdulit singulire et une absence complte decritique.

    (1) Le dascl, c'est -dire le matre d'cole, Simon et le moineMichel Mrzacul ne nous sont connus que par leurs notessur Urechi.

    (2) Miron Costin, fils d'Alexandre Costin, occupa les plus hautesdignits de l'tat sous Basile Lupul (1634-1653) et sous E-tienne-Georges (I653-I658) ; il rentra aux affaires en 1672, etfut assassin, 6111692, par ordre de Constantin Cantemir. Sesouvrages sont: i" une Chronique de Moldavie qui fait suite celle d'Urechi et s'tend de 094 1662; 20 une Cartepentru de.sclecatul d'intiu a Moldove; 3 une Viata lumel(envers); 40 un Trait de versification; 5 un pome polonaisen trois chants contenant une description de la Moldavie etde la Valachie ; 6 une pigramme au mtropolitain Dosithe.Les deux premiers ouvrages, destins encadrer la chroniqued'Urechi revue par Miron, ont t imprims par M. Cogl-niceanu dans le tome I de sa collection; les deux suivantssont rests indits ; le cinquime a t imprim par le comteDunin-Borkowski (Pisma, Lww, 1856, I, 239-274) et traduiten roumain par M. Hsdau (Arch., I, 1, 159-172); le siximese trouve dans le Psautier versifi de Dosithe, p. 265.

    (3) Nicolas Costin, fils de Miron. mort en 1712, a continu lachronique de son pre, de 1662 1711 ; il a refait, avec denouveaux dveloppements la Carte pentru desclecatul d'ntia Moldove; enfin il a joint des notes au texte d'Urechi et celui de Miron.

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    XVI Avant-Propos.

    d'aprs des manuscrits aujourd'hui inconnus offrent denotables diffrences avec les passages correspondantsde l'dition donne par M. Coglniceanu. Sans nousarrter aux extraits insrs par Schlozer dans sa Ge-schichte von Lithauen (1), Engel avait pu se pro-curer, grce aux bons soins de l'vque d'Alba Iulia,Jean Bob, une traduction latine complte de notre chro-nique, dont il allgue frquemment le tmoignage (2).Sinkai accuse d'inexactitude la version latine suivie parEngel (3), sans observer que cette prtendue inexacti-tude vient en grande partie de ce qu'il possdait lui-mme un manuscrit assez loign de celui de Bob. Unautre texte, gnralement fort mauvais, a t publi en1859 Bucarest, par le libraire Ioanid, dans une com-pilation o l'on a voulu runir l'histoire de la Valachie celle de la Moldavie (4). En comparant entre elles cesdonnes trs-incompltes, M. G.-Gr. Tocilescu a montr (5)que le texte des chroniques roumaines ne peut tre tabliqu'aprs un travail de collation des plus longs et desplus minutieux. Nous n'avons pas t en situation d'en-treprendre ce travail, que l'acquisition par l'Acadmieroumaine des manuscrits de M. Coglniceanu, de lariche bibliothque de M. D.-C. Sturdza et de plusieursautres collections vient seulement de rendre possible.Nous nous sommes born reproduire l'dition de 1845, laquelle nous avons ajout et l des variantes tiresde la rimpression de 1872, afin de montrer commentles textes s'altrent insensiblement.

    (1) WeltgescMchte, L (Halle, 1785, in-4). Schlozer fait usaged'une traduction latine dont il ne nous fait pas connatrel'auteur.

    (2) Geschichte der Moldau und Valachey, I, 68. Engel attribuela chronique Miron Costin.

    (3) XpoHiKa roMT.Hi.lop, II, 18. Sinkai, comme Engel, attribue Miron l'oeuvre d'Urechi.

    (4) Voy. p. xxiv.(5) Gum sunt publicate Cronicele romane, article insr dans la

    Col. lui Tr., VII (1876), 385-4i9. Cf. Hsdau, Arch., III, 34.

  • Avant-Propos. XVII

    Le but que nous nous sommes propos a td'clairer l'oeuvre d'Urechi l'aide des documents detoute espce publis sparment depuis un certain nombred'annes et de jeter ainsi les bases de la chronologiedes princes de Moldavie jusqu' la fin du XVIe sicle.Cette tche restreinte n'a pas laiss que d'tre des plusardues. La traduction de la chronique prsente djpar elle-mme des difficults srieuses. Urechi critavec une grande inexprience ; il parvient raconterd'une manire assez prcise le dtail des faits, maisil a grand'peine exprimer des ides gnrales. On sentparticulirement ce dfaut de nettet dans la prface etdans les premiers chapitres de sa chronique. La langueest souvent obscure, les phrases sont mal quilibres:parfois concises l'excs, parfois surcharges de rpti-tions inutiles. Nous avons fait de notre mieux pourrendre notre auteur intelligible, sans nous astreindre donner une traduction absolument littrale.

    La chronologie des historiens roumains est uneautre source d'embarras. Jusqu' la fin du XVIIe sicleet mme pendant une partie du sicle dernier, les Rou-mains ont dat leurs actes, non pas d'aprs l're chr-tienne, mais d'aprs l're de la cration du monde, telleque l'employaient les Byzantins. L're de Constantino-pole tait en avance de 55o8 ans et 4 mois sur l'rechrtienne, c'est--dire que l'anne 5509 des Grecs avaitcommenc le 1" septembre de l'an i; etc. (1). L'usagede faire partir l'anne du icr septembre parat avoirencore t gnral dans l'Europe orientale pendant lepremier tiers du XVIie sicle; mais, peu peu, s'intro-duisit l'habitude plus rationnelle de la faire commencerau icr janvier. Les tables dresses en 1643 par Allacci (2)

    (1) Voy. l'Art de vrifier les dates, d. de 1783, in-fol, I, xvij ;Ideler, Lehrbuch der Chronologie (Berlin, I83I, in-8), 450.

    (2) Leonis Allatii de Ecclesiae occidentalis atque orientedis per-ptua Consensione Libri trs (Goloniae Agrippinae, 1648, in-4), col. 1495-1526.

  • XVIII Avant-Propos.

    donnent dj la correspondance entre les annes vul-

    gaires et les annes de l're de la cration du mondeen retranchant simplement de ces dernires le nombre55o8, c'est--dire en les faisant commencer les unes etles autres au ier janvier.

    En Russie, o l'anne avait d'abord t compte partir de l'quinoxe du printemps, elle eut son pointde dpart au ier septembre jusqu' l'anne 1700. Pierre-le-Grand refusa d'adopter le calendrier Grgorien, maisil dcida que, partir de 1701, on n'emploierait plusen Russie que l'anne vulgaire commenant au 1er jan-vier (1).

    Insensiblement la rforme gagna la Moldavie et laValachie. On continua d'employer pendant un demi-sicle encore l're de Constantinople, mais on fit partirles annes du icr janvier.

    En ce qui touche la chronique d'Urechi, les datesparaissent avoir t, au moins en partie, revues aprs coup,pour les mettre d'accord avec la chronologie trangre, moins qu'Urechi lui-mme n'ait fait commencer l'annetantt au 1er janvier, tantt au 1" septembre (2). Teln'est pas le cas pour les nombreux diplmes que nousavons eu l'occasion de citer dans nos notes. Si doncnous avons donner la date moderne d'un diplmesign le 3i octobre 6910, nous dirons 1401 et non1402. Il en rsulte qu'un acte qui serait dat du rr sep-tembre 7000 serait antrieur de 11 mois, et non post-rieur, un acte dat du r:r aot 7000. On voit sanspeine combien il est important de tenir compte desusages de la chronologie byzantine.

    Il entrait dans notre plan primitif de terminer cevolume par des tableaux gnalogiques beaucoup pluscomplets que ceux que nous avons donns et l en

    (1) Schnitzler, L'Empire des Tsars au point actuel de la science,III, 523.

    (2) Voy. pp. 100 et 375.

  • Avant-Propos. XIX

    note; mais le dveloppement inattendu qu'a pris notrecommentaire nous a forc de rserver ces appendicespour une publication ultrieure. Le manque de place nousa galement dtermin rduire le plus possible notre

    glossaire; aussi bien l'oeuvre d'Urechi ne pourra-t-ellefaire l'objet d'une tude grammaticale srieuse qu'aprsune svre rvision des manuscrits.

    En terminant ces lignes, nous considrons commeun devoir de remercier publiquement les amis qui nousont assist de leurs conseils ou nous ont communiqudes documents peu accessibles. Nous tenons nommerMM. D. A. Sturdza, B.-P. Hsdu, A. Odobescu, G.-G.Tocilescu, G. Bengescu, G. Sion-Gherei et D. Teodorescu,sans oublier deux estimables savants trop tt enlevs leur pays, MM. le Dr. G. Obdnare et A. Lambrior.Nous prions galement notre excellent imprimeur, M. leDr. Edouard Grgr; de Prague, que nos lenteurs n'ontpas dcourag, de recevoir ici l'expression de notre gra-titude.

    Emile Picot.

    Gouvieux (Oise), le i5 septembre i885.

    P. S. Les armes de Moldavie places sur le titrede notre volume sont tires du Psautier imprim Iassien 1680; nous les avons reproduites d'aprs Palauzov(PyjiHHCiciaTocuo^apcTBa Baaaxia H Moj;uiBi>i; CaHETiiCTepvpn,,i859, in-8).

  • Liste des principaux ouvrages cits.

    Acta Patriarchatus Constantinopolitani, MCCCXVMCCCCII, ecodicibus manu scriptis Bibliothecae Palatinae Vindobonensisediderunt Fr. Miklosich et Jos. Mller. Vindobonae, 1860-1862,4 vol. in-8.

    A t en eu'lu romanu. Revista literara, sciintifica si artistica. Re-dactore Vasile Alecsandrescu. Jasii, 1861, gr. in-8.

    Il n'a paru que deux livraisons de cette revue.

    Atheneul roman, revista periodic. Bucuresc, 1867, in-8.Ce nouvel Athne, dont nous n'avons vu que' deux n 03,

    a cess de paratre au milieu de 1867.

    Bielski. Kronika Marcina Bielskiego. W Warszaivie, 1764, in-fol.Cette chronique, publie par le fils de l'auteur, Joachim

    Bielski, parut pour la premire fois en 1597.

    C an ternir. XpoiMisHi POMIIIO-MO;ISO-KIIWH!IOOMKMBHT fte SOHIIB,\MoapBeii ^iiiiiiTpe KiiTeMiij) M SHH1710. ft\uiitt, i835, 2 vol. in-8.

    Cette dition, publie par Georges Seulescu, laisse beau-coup dsirer. Non seulement l'diteur a introduit dansle texte des changements arbitraires, mais il a port la n-gligence jusqu' imprimer la table des matires sans y joindreles renvois au texte.

    Cantemir. Histoire de l'Empire ottoman, avec des notes parDmtrius Cantimir. Paris, 1743, 2 tom. en un vol. in-4.

    L'original latin de cette Histoire est rest ms. La tra-duction franaise a t publie par Jonquires d'aprs la tra-duction anglaise de Nicolas Tyndall (Londres, 1734).

  • XXII Liste des principaux ouvrages cits.

    Cantemir. Operele principelui Demetriu Cantemiru, typarit;de Societatea academica romana. Tomul I. Descriptio Moldaviae.Bucwesci, 1872, in-8.

    Chalcocondylas. Laonici Chalcocondylae Atheniensis Histo-riarum Libri decem, ex recognitione Immanuelis Bekkeri. Bonnae,1843, in-8.

    Codrescu. Kpiisapiss KsnpinztTopw dexpicoaBe, ^iprianspi uii ai\ieaKTe aae Moadoee, din esta XlVa ninn aa a XIXa. Iauii, I85I-1862, 5 vol. in-8.

    Une seconde dition de ce recueil a commenc pa-ratre en 1871, mais nous n'en avons eu entre les mains quele tome Ier.

    Coglniceanu. 5eT0nicii|ise l|t(>i Moj^oBi, iiBGfliisivre neinfia,]WI"L.IUI ftwh. kuii, 1845-1846, 3 vol. in-4.

    La chronique d'Urechi occupe les pp. 93-209 du tome lor.Nous avons dsign cette dition par la lettre A et la

    suivante par la lettre B.

    Coglniceanu. Cronicele Romnie, su Letopisejele Moldavie!fi Valachie. A doua editiune revdut, ndestrat eu note, bio-grafi si fac-simil. Bucuresc, 1872-1874, 3 vol. gr. in-8 (la pu-blication se continue).

    La chronique d'Urechi occupe les pp. 127-242 du tome Ior.

    Coglniceanu. ApxiBa ponrBneacE'B. Ediniea a doa. Ianii1860-1862, 2 vol. in-8.

    Columna lu Traianu. Istoria. Sciinfe economice.

    Drept. Medicina. Sciinfe naturale. Poesia. Biblio-grafia. Litteratura poporan, etc. 1870-1874, 5 vol. in-fol. ;1875-1877, 3 vol. in-8.

    Cette collection, publie sous la direction de M. Hsdu,contient une foule de documents importants.

    Nous n'avons eu malheureusement notre dispositionqu'un exemplaire fort incomplet.

    Dlugosz. Joannis Dlugossi, seu Longini, canonici quondamCracoviensis, Historiae Polonicae Libri XII. Lipsiae, 1711, in-fol. Ejusdem Historiae Polonicae Liber XIII et ultimus. Lipsiae,1712, in-fol.

  • Liste des principaux ouvrages cits. XXIII

    Dogiel. Codex diplomaticus regni Poloniae et magni ducatusLithuaniae. Vilnae, 1758-63, tomi I, IV, V, in-fol.

    Le recueil devait se composer de huit volumes, donttrois seulement ont paru.

    En gel. Geschichte der Moldau und Walachey. Halle, 1804,2 vol. in-4.

    Fortsetzung der Allgmenen Welthistorie durch eine Ge-sellschaft von Gelehrten in Teutschland tend England, XLIX.Theils IV. B. I. u. II. Abth.

    Esarcu. Stefan cell Mare.-Documente descoperite n ArchiveleVenetie de G. Esarcu. Bucuresc, 1874, in-8.

    Extr. de la Columna lui Traian.

    Esarcu. Petru Cercel. Documente descoperite n Archivele Ve-nefie. Bucuresc, 1874, in-8.

    Fejr. Codex diplomaticus Hungariae. Pesthini, 1829-1844, 12tomes en 40 vol. Index alphabeticus Codicis diplomatici Hun-gariae per Georgium Fejr editi. Jussu Academiae Scient, hun-garicae concinnavit Maurus Czinr. Pesthini, 1866, in-8.

    Fessier. Geschichte von Ungarn. Zweite vermehrte und ver-besserte Auflage, bearbeitet von Ernst Klein. Leipzig, 1867-1876,4 vol. in-8.

    Fia Societti Romnismul. Bucuresc, 1870-1871, 2 vol. gr. in-8.Cette feuille a t rdige par MM. B. P. Hsdu, N. V.

    Scurtescu, T. P. Rdulescu, G. Dem. Teodorescu, Gr. G. To-cilescu, Const. D. Vucic, G. Misail, et N. At. Popovic.

    Notre exemplaire s'arrte au n 2-5 de 1871 ; nousignorons si cette anne a t termine.

    Frunzescu. Dictionar topograrc si statistic al Romnie.Bucuresc, 1872, in-8.

    TjiacHHK cpncKOK yiieHor ftpymTBa. y Eeozpady, 1847-1877,45 vol. in-8.

    Bulletin de la Socit scientifique de Serbie.

    Golubinski. KpaTEi (kepK'E HCTopiH npaBciaBHHxi HepsBefiCoarapcKO, cepdcKO H pyjiHHCKoS MH MOJiji;o-Ba.ianiCKO. E. To-JiyHHCKaro. Mocuea, 1871, in-8.

    Abrg de l'histoire des glises orthodoxes bulgare, serbeet roumaine ou moldo-valaque.

  • XXIV Liste des principaux ouvrages cits.

    Hammer-Purgstall. Histoire de l'Empire ottoman, depuisson origine jusqu' nos jours. Ouvrage traduit de l'allemand surles notes et sous la direction de l'auteur, par J. J. Hellert. Paris,1835-1844, 18 vol. in-8 et atlas in-fol.

    Hsdu. Ion-Vod cell cumplit: Aventurele, Domnia, Res-bellele, Mrtea lu; Rollul se n istoria universal si n vita

    poporulu romn (1572-1574). Bucuresc, 1865, in-8.

    Hsdu. Archiva istoric a Romnie. Bucuresc, 1865-1867,3 vol. gr. in-4.

    Hsdu. Istoria critic a Romnilor. Volumul I. Editiunea II.Bucuresc, 1874, in-4. Volumul II; Fascira I. Bucuresc,1874, in-4.

    Inventarium omnium et singulorum Privilegiorum, Litterarum,Diplomatum, Scripturarum et Monumentorum quaecunque inArchivo regni, in arce Cracoviensi continentur, per commissariosa Sacra Regia Majestate et Republica ad revidendum et conno-tandum omnes scripturas in eodem Archivo existentes deputatosconfectum, anno Domini MDCLXXXII; cura Bibliothecae Polo-nicae editum. Lutetiae Parisiorum, 1862, in-8.

    Ioanid. Istoria Moldo-Romnie, an&tnd neamsrile de kares'a lokit8 ayeste nT.mtntsri dsnt n,siiT>ndirea fiilors ls Noe;oriyina Moldo-Romtnilor, mi ma mlte resboait aile domnilorMoldove k deosebite nai|i niiiT, la anBls lHme 7103 (15g5 dela Xristos). Bucuresc, i858, in-8. Istoria Tzerre Romanest,nYentndB de la desk'Lleki.toarea Romxnilors la Tarnal Severi-nsls mm, la ansl 7236 (1728 dnx Xristos). Vol. II. Bu-curet, 1859, in-8.

    Ipsilanti. 'A&avuGov Kopvrjvov 'TiprjXdvrov 'ExxXfjGiaGtixvxc Jlolirixcv xv slg csxa BifiHov H' &' xal T, y\zoi, Ta[ist vr\v alcoGiv (145 3-1789). ('Ex %siQoyQa

  • Liste des principaux ouvrages cits. XXV

    J u n g. Rmer und Romanem in den Donaulndern. Historisch-ethnographische Studien von Dr. Julius Jung. Innsbruck, 1877, in8.

    K a t o n a. Historia critica regum Hungariae, ex fide domesti-corum et exterorum scriptorum. Pestini, 1779-1802, 41 vol. in-8.

    Krorner. Martini Cromeri de origine et rbus gestis PolonorumLibri XXX. Tertium ab authore diligenter recogniti. Basileae,i568, in-fol.

    Lurian si Blcescu. Magazinu istoriku nentr Dacia, SUBpedaki|ia SK A. Tpec. Saspian uii Nikos. KMYeska. KskBpeijii,1845-1848, 5 vol. in-8.

    Melchisedec. Chronica Husilor si a Episcopie eu asemineanumire, dupre documentele episcopie si alte monumente aietere, scris de episcopul Dunre-de-Jos Melchisedek. Bucuresc,1869, in-8.

    Melchisedec. Chronica Romanulu si a Episcopie de Roman,compus dupre documentele national-romne si streine, dite siindite. Bucuresc, 1874-1875, 2 vol. in-8.

    Mitilineu. Collectiune de Tratatele si Conventiunile Romnieeu puterile strine de la annul 1368 pn n dilele nstre. Bu-curesc, 1874, in-8.

    Papiu Ilarianu. Tesaur de Monumente istorice pentru Ro-mnia, att din vechi tiparite ct fi manuscripte, cea maimare parte strine. Bucuresc, 1862-1864, 3 vol. in-4.

    Pistorius. Polonicae Historiae Corpus: hoc est PolonicarumRerum latini recentiores et veteres Scriptores, quotquot extant,uno volumine compraehensi omnes, et in aliquot distributi tomos.Ex bibliotheca Ioan. Pistorii Nidani D. Basileae, [1572], 3 part,en un vol. in-fol.

    Pray. Annales regum Hungariae ab anno Christi 997 usquead annum 1564 deducti. Vindobonae, 1764-1770, 5 vol. in-fol.

    Revista roman a pentru sciinte, littere si arte Bucuresc, 1861-i863, 3 vol. in-4.

    Cette revue, publie par MM. Alexandre Odobescu,Georges Creteanu, Dmtre Berendei et autres, contient desdocuments historiques importants. Nous n'avons eu par mal-heur notre disposition que le t. Ier.

  • XXVI Liste des principaux ouvrages cits.

    Roesler. Romanische Studien. Untersuchungen zur lterenGeschichte Romaniens von Robert Roesler. Leipzig, 1871, in-8.

    Sanuto. Marino Sanuto Vilagkrnikjanak Magyarorszgot illettudsitsai. A szerz' eredeti kziratbl kozli Wenzel Gusztv.Pesten, 1869-1877, 2 vol. in-8.

    Magyar t'rtnelmi Tdr. Kiadja a Magyar tudomnyasAkademia. XIV, XXIV.

    Saranjevic. HCTOpHH raflHn;EO-BOJI0flHMHpCKOHPyCH T"B Hafi-SaBHSniHXT, BpeMeffB #0 pOKy 1453. Bs Meoei, i863, in-8.

    Histoire des Russes de Halicz et de Wlodzimirz depuisles temps les plus anciens jusqu'en 1453.

    Schwandtner. Scriptores rerum hungaricarum veteres ac ge-nuini. Vindohonae, 1746-48, 3 vol. in-fol.

    Sinkai. Xponika Pomnijiop mi a mai maJiTop neamsp. ...aakTBTBiTT) de Teoprie IHinkai din IHinka. Iaini, 185 3-1854,3 vol. in-4.

    Sokolowski et Szlujski. Codex epistolaris saeculi decimiquinti, ex antiquis Libris formularum, Corpore Naruszeviciano,Autographis, Archivisque plurimis collectus cura Augusti Soko-lowski [et] Josephi Szlujski. W Krkowie, 1876, in-4.

    Wydawnictwa Komisyi Historycznej Akademi Umiejet-nosci IU Krkowie Nr. 8.

    Sturdza. Uebersicht der Mnzen und Medaillen des Frsten-thums Romanien (Moldau und Walachei). Von Demetrius Alexan-der Sturdza. Wien, 1874, in-8, figg.

    Extr. de la Numisraatische Zeitschrift.

    Sturdza. Memoriu asupra portreteloru domnilor romn, deD. A. Sturdza. Bucuresc, 1875, in-8.

    Teleki. Hunyadiak Kora Magyarszgon. Irta grf Teleki Jzsef.Pesten, 1852-1857, tora. IV, XXII, in-8.

    Les tomes VIIX n'ont pas paru. Teleki est mort avantd'avoir pu achever ce grand ouvrage, qui doit tre terminpar l'Acadmie hongroise.

    Transilvani'a. Fi'a Asociatiunei transilvane pentru literatur'aromana si cultur'a poporului romanu. Brasiovu, 1868, gr. in-8;1869-1876, 8 vol. gr. in-4.

  • Liste des principaux ouvrages cits. XXVII

    Vaillant. La Romanie, ou Histoire, Langue, Littrature, Oro-graphie, Statistique des peuples de la langue d'or, Ardialiens,Vallaques et Moldaves, rsums sous le nom de Romans. Paris,1844 3 vol. in-8.

    Venelin. B.naxo-6o;irapcKiji H.H jjaKO-ciaBHHCKiH TpaMOTH, co-paHHHH H ofoacHeHHiia Ha Hayi;HBeHiH HMnepaTopcKofl poccia-CKO KaseMia rOpieMl BeHejraHHSrt. C. Ilemepypzs, 1840, in-8.

    Documents valaco-bulgares ou daco-slaves.

    Wenzel, Kritikai Fejtegetsek Mramaros megye trtnethez.Elterjesztette Wenzel Gusztv. Pest, 1857, in-8.

    Extr. du Bulletin (rtesito) de l'Acadmie hongroise.

    Wickenhauser. Die Urkunden des Klosters Moldowiza. VonFranz Adolf Wickenhauser. Wien, 1872, in-8.

    Moldaioa, oder Beitrcige zu^einrit-Ukmideiibuch fibr dieMoldau und Bukowina. I. Abtheilurig. /:,\

  • &OMIIIH

    1 rPHrpi oypKH,

    VIEDES

    PRINCES DE MOLDAVIEPAR

    GRGOIRE URECHI,GKAND-VOMNIC DE MOLDAVIE

  • IPAOGyOI.

    JVISALLH CKpilITOpH CAB HEBOIIT ^ 8 CKpHC pttlIA^A aLUI noB-kcT'k LLXp^AWp UJH 8 AZCAT H^BO^ npe oypA\z, uni

    K8HE LUH pZAE CX pZA\;E (J>HMOpHAVVp1} LUH !IEnOl|ZAVVp, CZ

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    AE XIE M'kAE ESIE AE ^BEU,XT8pX, IAp3) N4\E pZAE KA CZCZ

    nOATZ (j)Epfl LUI! CZCZ COKOT'kCKZ, UJI MAVVp ESIE CZ

    OypAVK^E. IH AALLil nH^Slill^, LUH JjiCZMH^H^, UJH CKpiHIIJ,, bK8A\ UJH g8 rpnropiE Oyp'kKH, KAPE ^II AAHAA A8H $8A\-

    HEZ8 UJH $OA\H8A8H M8 A\ (|)6CT BOpllHK AAApE,K8 AV8ATZ HEBOHIILLZ A\ METHT KXpLLHAE UJH llBOA,A,EAE,UJH AAE HOACTpE, LUH MAVVp CTpZHIIE, UJH AV (j)AT Kll

    UJII J]UIEnXT8pZ A\UJHAVVp, ,\E Oyil/LE A8 H^BOp^T J$i LLApZ, cC8 JJMSALLZT, UJH CAS AZLLHT, KA CZ Il8 CZ JjHME llil

    MH TpEK8u,H TOATE LLXpHAE, LUH IJOH CZ Il8 CZ HOATX

    UJH M C8 A8h'pT, CZCZ CAULHE ^HpEAVVp LUH ^IVGH-

    TOAMEAVVp A\8TE, LUH (])ZpZ AAHHTE. vJS OifpA\ZH/L, UJH

    A\ZKAp KZ CZ A(j)AZ LUH ^E AAUJL JjUEMIITE A8Kp8pHAE LLXpfil

  • PREFACE.

    Un grand nombre d'auteurs ont entrepris d'crirela chronologie et l'histoire des tats ; ils ont laiss aprseux des documents qui transmettent leurs fils et leurs arrire-neveux le souvenir du bien et du mal, afinque le bien leur serve d'exemple et que, par la connais-sance du mal, ils sachent s'en prserver et faire le bien.Tandis que d'autres amassaient notes sur notes, moi,Grgoire Urechi, lev par la grce de Dieu et de monprince, la dignit de grand-vornic *), j'ai lu les livreset les documents, et de notre pays et de l'tranger; j'aitrouv la source des origines de nos anctres ; [j'ai appris]d'o ils sont venus [s'tablir] dans notre pays, commentils s'y sont multiplis et propags. [J'ai voulu] que lesannes coules de l'histoire ne tombassent pas dansl'oubli, qu'on pt savoir ce que [nos anctres] ont fait etque l'on ne crt pas qu'ils ressemblaient des btes sau-vages, des tres inintelligents et muets. la poursuitede cette [ide], et bien que les vnements de la Mol-davie aient t recueillis par d'autres, je me suis appli-qu dpeindre ses origines et ses progrs, puis, encomparaison de l'tat primitif de notre pays, son abais-sement actuel. En effet, comme un torrent se forme ets'enfle tout--coup et, subitement aussi, dcrot et s'abaisse,de mme la Moldavie, qui ne fut occupe qu'assez tard

    *) Urechi fait connatre lui-mme plus loin les attributions dugrand-vornic. Voy. le ch. IV.

    1*

  • 4 ll|ieflociioiiio.

    MlVA/LVVBA, KpE A\H nOH &EAA ATE U,Zpft C8 AECK&-a

    AEKT, UJH CAB AZU,ttT &E CZpr LUH (^ZpZ /LE 3ZKEZ.

    IlMAE MEpKZII/L A'kM ^pEIlTT K8 HEBOHIILLZ, KZ Il8

    H8A\AH A^TOnUCl^SA HOCTpS, ME LUH KZpLLH CTpZHHE A\

    MEpKT, KA CZ H8TM (|)A /LEBZp8A, KA CZ Il8 A\Z A(j)A8

    CKpHTVVp A,E K8BHHTE, ME &E AP^nTE '> Ks AlTOIlHCLlgA t>

    HOCTpS MA MOAA,VVBHHCK UJ CKpIE AEnE CK8pT, KX

    MHME AE Kl^A AVVMHHAVVp KpE 8 (f)WCT TWATZ K-KpAU

    n8 A'KLJE, IIEK8M A8Kp8pHAE &\\ AznTpS cz A'krz, uin

    nE CK8pT CKpHHA, LUH JJVCEAUIZHA A,EAA Jj(MEn8T nZIIZ AA

    ^OA\NIA A8H LTZTpS O^Z PApLU, LUH C8 CTttliC ; KZ A,E

  • Prface. 5

    par des gens venus du dehors, s'est dveloppe tout d'uncoup. J'ai recherch les faits et les ai coordonns, nonsans peine; j'ai compuls notre chronique et les livrestrangers ; j'ai voulu trouver la vrit, afin de ne pas treun crivain de vaines paroles, mais un historien vridique.Notre chronique moldave, bien loin de faire connatre lesvnements de l'extrieur, est ce point abrge qu'ellen'esquisse mme pas la vie de nos princes, matres detous les pouvoirs. Elle a enregistr sommairement lesfaits depuis les origines jusqu' au prince Pierre Rares, ets'est arrte; ds lors, personne n'a plus crit. Et il nefaut pas s'en tonner, car nos chroniqueurs n'ont pu seprocurer des livres ; c'taient des hommes rudes et illet-trs, aux moeurs vagabondes. Ce qu'ils nous ont rapport,ce ne sont gure que des traditions et des lgendestransmises de gnration en gnration. Les ouvragestrangers se distinguent, au contraire, par la quantitdes dtails; les auteurs ont mis tout leur zle et toutleur soin crire non seulement leur propre histoire,mais encore l'histoire des autres pays. J'ai puis dansces ouvrages un grand nombre de renseignements, quej'ai compars ceux que contenaient nos annales. Telleest la mthode que j'ai suivie pour crire cette chronique ;si, sur divers points, il s'y est gliss des anachronismes,que le lecteur clair me le pardonne. Quelle difficult,en effet, n'avons-nous pas raconter avec ordre les faitsqui se sont passs sous nos yeux! Nous en altronstoujours quelque chose; nous en disons trop ou troppeu. Qu'est-ce donc des vnements d'autrefois, qui sesont accomplis il y a tant d'annes ! Pour moi, j'ai sim-plement racont ce que j'ai trouv.

    GRGOIRE URECHI,grautl-vornie.

  • IliiTpS ^ECKZAEKATSA I|pKft MOA^OBIH.

    Wp OpiA CZH 3HKX M\VAA,OBM K& 8 KEAMTVV j\E

    MAHHIITE GHHTA\, C8 CKHTA, npE AHMKA CAVVBEHCKX;'"")ME Gl^HTA KOnpiill^E AVVK A\8AT, Il8 H8A\AI A HVVCTpS,ME .^KH^E IJUII pAKVAgA, mil gpA MSHTEHIACKB, III II

    K^jwnifi AEcnPE HiicTpS, mil Konpiin^E w npTE A\pEmil AII I|pA 7IEUJCKZ. KEA\T8VVA8 oyniii mil (J)AKA, '>

    AEipE (|)AK XAAll8A P^A\AEHCK8, M CKpl'8 ArkTonn-

    CI^ZAE AZTHNWH K& 8 KXT8T px^EOAA K8 GKHTH npEMiCT'k AOKSpi ; ^ME, CKHAAR^H^SCE mil CKHA\OCHIIA8CE

    H8MEAE, A,H (J)AKA IA8 3HC PiAXA ; """"") ME IIOH MCT

    *) Danicic (PjeifflHE, III, 115), enregistre le mot CIIITHIJ, maisni lui ni Miklosich ne connaissent la forme CifiiTiir.i, qui cor-respond la prononciation vulgaire du latin Scythia, en Po-logne et en Hongrie.

    **) La fable de ce Flaccus, qui aurait donn son nom aux Va-laques, est emprunte YHistoria sui temporis dVEneas Syl-vius Piccolomini. Cet auteur parlant de la conqute de laDacie parles Romains, ajoute: Et colonia Romanorum quaeduces coercet eo deducta, duce quodam Flacco, a quo Flaccianuncupata. Exin longo temporis tractu, corrupto ut fit voca-bulo, Valachia dicta, et pro Flacciis Valachi appelati." Voy.Aeneae Sylvii Piccolomini Opra; Basileae, 1551, in-fol., p. 3g3.

    Martin Fume [Histoire generalle des Troubles de Hon-grie et Transilvanie, d. de Paris, 1608, in-fol., p. 85) ditde mme, en parlant de la Transylvanie: Vers le cou-chant, elle se confine la Hongrie et vers l'orient, s'estendantjusques aux rives du Danube, elle prent fin contre la Wa-

  • De l'occupation de la Moldavie.

    Quelques uns prtendent que la Moldavie s'est appeleprimitivement Stsitia ou Skitia, en langue slave *) ; or laScythie comprend une grande tendue de pays, nonseulement le ntre, mais la Transylvanie, la Valachie,les plaines du Dniestr et une grande partie de la Pologne.Quelques uns l'ont appele galement FlaccJiia, du nom deFlaccus, gnral romain, qui, d'aprs les chroniques latines,fit campagne contre les Scythes dans ces parages; deFlacchia on aurait fait Vachia par altration et par cor-ruption.**) Cependant nous ne pouvons donner ce nom

    lachie, les habitans de laquelle s'appellent Walacchiens, des-cendus anciennement d'une colonie romaine extraicte de lafamille des Flacchiens, qui furent envoyez pour subjuguerce pays, desquels puis aprs la province print son nom, Flaccie,qui maintenant est corrompu en celuy de Walachie, laquellecontient aussi en soy la Moldavie, estant toutes ces deuxprovinces, qui pour le jourd' huy sont spares, comprinses,le temps pass, soubs ce nom de Flaccia.

    L'hypothse d'iEneas Sylvius n'a d'autre fondement queces vers d'Ovide (Epist. ex Ponto, IV, ix, v. 75-78.):

    Praefuit his, Graecine, locis modo Flaccus, et illo

    Ripa ferox Istri sub duce tuta fuit;Hic tenuit Mysas gentes in pace fideli,

    Hic arcu fissos terruit ense Getas.

    Cantemir (XpoiiiKKi, I, 11 i-ia5) s'arrte longuement d-montrer l'inanit de cette tradition.

    Buonfini (Eerum ungaricarum Dcades, d. 1568, in-fol., p. 3o5) propose une tvmologie plus singulire encore ;

  • 8 ^cciiT.;veiiiTKi\ l|io;s\ii Moa^OKiil.

    ll8A\E H8A nSTM ^ApE IJ^Xp^H IIWACTpE MWA^OBIJI, ME

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    ^OX U,Xpi, ME CKpl'8 KX 8 (|)OCT TWT VV l^p^w UIH OlfllAVVK. MpX Il6H (j)AXM KX MWAA,0KA C8 A,ECKXAEKT A1

    llpE OYpA\X, LUI1 M8llT"klliH AU H A,EIITtfH; AVXKAp KX C8

    TpAC A,EAA OlfH HBVVp, M8HT"klliH JJVTVRH UJH MWAA,0- 'VVCT np'k CK8PTX BIAISA

    ^6A\H8A8H A,EHTXIS, *mA WH AOMiiii M Bvvp (p npE &

    OVPA\X A,CE CEBVVp CKHA\K ; WH A\8ATZ HEAUJZ^pE B

    (j)H #TpE AOMHH MOA^OBiH.

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    8 A0MIIHT v^nT AIIH.'"')

    *) Bogdan est le premier prince sur lequel on possde quelquesdonnes positives. Ce serait lui qui, d'aprs Turczi (ap,Schwandtner, Scriptores, I, 196), aurait quitt le Marmaros pourfonder un tablissement en Moldavie. Bogdan se dclara in-dpendant du roi de Hongrie, qui fut oblig de le combattrepar les armes. Un diplme dat du 13 des calendes d'avrili36o numre divers fiefs que, sous le nom de villae ola-chales le roi Louis 1er abandonna Dragos, fils de Gyula quil'avait aid dans cette guerre (Fejr, Cod. diplom., IX, m, 169;Wenzel 32). On doit donc forcment placer l'avnement deBogdan avant i36o.

    Malgr la rcompense accorde Dragos, la campagnedes Hongrois en Moldavie ne parat pas avoir t heureuse,et ils durent la recommencer sans plus de succs. En 1365,le roi Louis confra au voivode du Marmaros, Baie, fils duvoivode Sas, et ses frres Drag, Dragomir et Etienne,plusieurs fiefs situs dans le Marmaros. Le diplme nousapprend que Baie avait perdu en Moldavie ses vassaux et sesbiens et qu'il avait d suivre le roi en Hongrie. Voy. Fejr,Cod. diplom., IX, m, 469; Wenzel, 33; Transilvania, 1871,266; 1872, 42, 113.

    Turczi (ap. Schwandtner, I, 193) dit en parlant du roiLouis : fere>ingulis annis ... movit exercitum contra demuloset rebelles et saepius contra Rachenos et Moldavos.

    La chronique moldave que M. Hsdau (Archiva torica Romnie, III, 5-i5) a publie d'aprs un texte polonais

  • Premiers Princes de Moldavie. 19

    temps, la dignit de prince tait comme une capitainerie.Cette courte dure du premier rgne fut comme le signeque les princes de Moldavie seraient peu solides sur leurtrne. Si le premier prince ne vcut pas longtemps,ses successeurs se suivront de mme de courts inter-valles ; il y aura une grande instabilit parmi les princesde Moldavie.

    Aprs Dragos, son fils, Sas, parvint la principaut ;il rgna quatre ans et mourut.

    Son fils, Latco, conserva la couronne et rgnahuit ans.

    crit en 1566, donne les princes de Moldavie dans l'ordresuivant:

    En i352, Dragos passe du Marmaros en Moldavie; ilrgne deux ans et a pour successeurs : son fils dont le nomest inconnu ; Bogdan, qui rgne quatre ans ; Latco, fils deBogdan, qui rgne huit ans; Pierre, fils de Musat; Romain,fils de Pierre, qui rgne huit ans ; Etienne, frre de Romain,qui rgne sept ans; Iug, qui rgne deux ans. En 6907 [1419],le prince Alexandre monte sur le trne; il y reste trente-deux ans et huit mois.

    Ces indications chronologiques sont beaucoup plus satis-faisantes que celles d'Urechi. En effet, nous possdons surLatco des documents authentiques qui ne permettent par dedouter qu'il ne soit postrieur Bogdan. Une bulle du papeUrbain V, date du 9 des calendes d'aot 1370, est adresse Latzko, dux Moldaviensium partium seu nationis Vala-chicae; une autre bulle du mme pape, date du 8 des calendesde fvrier 1372, porte: Dilecto filio nobili viro Latzkoni,duci Moldaviensi salutem, etc. (voy. Raynaldi Annales coles.,d. Lucc, VII, i83, 227, ad ann. et Magazinu istoriku pentruDacia, III, 135-141).

    Les fils de Sas fondrent dans le Marmaros une sortede principaut et nous retrouvons leurs noms dans un certainnombre de diplmes. Un diplme de 13y3 confirme et tendla donation faite en x365 aux frres Baie, Drag, Dragomiret Jean (Wenzel, 44). Deux actes de 1378 parlent de Dragh

    2*

  • Mpx bnz MU,KO Bo^x 8 AOMHIIT EOT^H 6 6 A "wkCE ANH.

    et de Walk (Fejr, IX, iv, 566; v, 3o8); deux actes de i383mentionnent Baie et ses frres qu'ils appellent Drag et Jean(Trcmsilvania, 1872, 113) ; un diplme de 1384 donne gale-ment les noms de Drag et de Jean aux frres du vovodeWolk (Fejr, X, VIII, 13g). En I3QO, on trouve encore unefois Balk, Drag et Jean (Wenzel, 47), puis nous ne voyonsplus que les noms de Baie et de Drag (Fejr, X, VIII, 307;Transilvania, 1872, 128; Columna lui Traian, V (1874), 126).Deux diplmes du patriarche de Constantinople Antoine, datsdu mois d'aot 6899 [13g 1] parlent de mme des vovodesMnlit,as et Nyog, qui ont fond nitel tov rnov tovMctQU(i6()6o un monastre en l'honneur de St. Michel (Mi-klosich et Mller, Acta Patriarch. Const., II, I56-I58). Lesmmes personnages, Baie et Drag, comits Marmaros et Ugocsareparaissent en i3g2 (Transilvania, 1872, i5o, 151 ; Fejr,X, II, 63; Wenzel, 42, 47) et sont encore cits en 13g8 (Fejr,X, 11, 628 ; Wenzel 42). Valk ou Balk parat pour la dernirefois en 1413; Dragh tait mort cette poque (Wenzel, 48).

    Le Dragos, dont parle Urechi, n'est autre que le Drag,ou Nyog, dont nous venons de parler; seulement le chro-niqueur intervertit l'ordre de la filiation, comme il l'a fait pourBogdan et La|co. D'aprs lui, Sas serait le fils et non lepre de Dragos. Voy. les tableaux gnalogiques placs lafin de ce volume.

    Les descendants du vovode roumain se maintinrentjusqu'au milieu du XVIe sicle, en possession d'une grandepartie du Marmaros et, sous le nom de Rednik, sont encoreles plus riches propritaires de la valle de la Mara. Voy.Bidermann, Die ung. Ruihenen, II, 1, 83.

    Quant la tradition qui fait venir du Marmaros lescolons de la Moldavie, elle peut difficilement tre rvoqueen doute. M. Rosier lui-mme, qui ne croit pas que les Rou-mains, c'est--dire des populations de langue romane, aientpu se maintenir sans interruption au nord du Danube, nefait pas difficult de l'admettre (Rom. Studien, 339). Pournous, qui ne croyons pas possible que l'abandon de la Daciepar Aurlien ait t suivi d'une migration complte de tousceux des habitants de la province auxquels Rome avait russi

  • Premiers Princes de Moldavie. 21

    Aprs Latco vint Bogdan; qui rgna six ans.*)

    imposer sa langue et ses institutions, nous admettons sanspeine que les montagnes du Marmaros furent le principalrefuge des Roumains, l'poque des invasions gotiques, bul-gares et magyares. Ds l'anne 1234, les Roumains du Mar-maros possdaient un vque du rite oriental (lettre du papeGrgoire IX au roi de Hongrie Bla IV, ap. Pray, Annalesregum Hung., I, 240; Fejr, Cod. diplom., III, 1, 399; Maga-zinu istoricu pentru Dacia, III, 119). Bien qu'ils fussent asseznombreux pour avoir un vque, et pour que le pape songet les convertir, on ne trouve d'eux aucune trace'dans l'histoire,prcisment parce qu'ils vivaient retirs dans les montagnes.Aujourd'hui encore presque tous les noms gographiques dela rgion du Bihar sont des noms roumains, que les Magyarseux-mmes emploient; il en est de mme dans une partiede la Transylvanie, tandis que les noms des villes et desvillages, construits dans la plaine, portent rarement, soit dansle Marmaros, soit dans en Transylvanie, des noms d'origineroumaine (cf. Schmidl, DasBihav-Gebirge; Wien, i863, in -8,116, 405 ; Jung, Romer und Romanen; Innsbruck, 1877, in -8,283-307). Les futurs colons de la Moldavie purent ainsivivre pendant plusieurs sicles en dehors des vnements quis'accomplissaient au pied des montagnes. Suivant la remarquejudicieuse de Sllner (Statistik des Grossfurstenihums Sieben-biirgen; Hermannstadt, i856, in-8, I, 151 ; cf. Jung, loc. cit.,284), le fait que les Roumains ont adopt le mot magyarErdly (roum. Ardeal) pour dsigner la Transylvanie, prouve,non pas qu'ils sont venus dans ce pays seulement aprs lesMagyars, mais qu'ils n'en furent pas les matres politiques.Adonns la vie pastorale, ils pouvaient, sans descendre desmontagnes, parcourir de vastes espaces, aller du Danube jusqu'enTransylvanie, dans le Marmaros et mme au del.

    Nous avons runi, sous forme d'appendice, la fin dece volume, tous les documents relatifs la prsence des Rou-mains dans les Garpathes au moyen-ge, ce qui nous dispen-sera d'entrer plus avant dans la discussion des origines rou-maines. Nous devons revenir maintenant aux princes dontparle Urechi et nous efforcer d'en dresser une liste reposantsur des bases solides. Le dfaut d'espace ne nous permettantpas de longues digressions nous n'entreprendrons pas de discuter

  • 22 J|\YCIIKTS ^mniiio)) l|ipAii MEMVVpH,UJH8 ^OMIIHT wfcnTE AIIH. ''

    le tmoignage des historiens et nous nous bornerons enre-

    gistrer les dates que nous fournissent les diplmes recueillis

    jusqu'ici.On ne sait plus rien de Latco aprs la bulle de 1372.

    Deux ans aprs, on voit figurer un autre prince. Un diplme,dat de Brlad, le 3 juin 137e (Hsdu, Foita de istori $ilitter., Ias, 1860, in -16, II, 41) commence ainsi: "MIMOCTIIOGOilMOlO MM lilll^l, fllITOKCliblfi lOpr'f, Ko(llll.\TOIilfYL UOeKOfli\, TO-

    cnopp'S 36I.1HH MOii^JKCioi (Jurg Korijatovic, par la grce de

    Dieu, prince de Lithuanie, seigneur de Moldavie). Ce Jurg,ou Georges, que notre chroniqueur appelle Iug, tait le troi-sime fils de Michel Korijat, prince de Novgorod et petit-filsde Gedymin, prince de Lithuanie. Olgerd, prince de Krevoet de Vitepsk, frre an de Michel Korijat, ayant soutenirune guerre contre les Tatars, prit avec lui ses quatre neveux :

    Alexandre, Constantin, Georges et Thodore ; et, pour les r-

    compenser de leurs services, leur cra de petites principautsen Podolie. Georges abandonna la Podolie pour la Moldavieet russit remplacer Latco sur le trne. Urechi (voy. ci-

    aprs p. 3o) prtend qu'il fut fait prisonnier par le prince deValachie Mircea ; Basilovits (Notitia fundationis Theodori Koria-

    tovits, I (Cassoviae, 1799, in-4,) c 11) raconte, au contraire,qu'il prit empoisonn Suceava. M. Hsdau (Istor., I, 91)croit que Georges mourut entre le mois de juin 1374, datedu diplme dont nous venons de parler et le mois de mars

    1375, date d'un diplme d'Alexandre Korijatovic, qui lui suc-cda en Podolie (AKTH 3anajH0 PoCCiH, I, 21). L'explicationdonne par l'historien roumain est fort plausible, mais ellen'est pas absolument certaine. Si, en effet, l'on carte la tra-dition rapporte par Basilovits, rien ne prouve d'une manireirrcusable que Georges ait pri en 1374 ou 1375. Urechidit simplement qu'il tomba entre les mains de Mircea, mais

    n'ajoute pas qu'il fut mis mort par le prince valaque. Il puttrs-bien tre dpossd a la fois de ses tats de Podolie et

  • Premiers Princes de Moldavie. 23

    Aprs Bogdan vint Pierre, fils de Musat, qui rgnaseize ans.

    Aprs Musat, son frre, Romain, rgna pendanttrois ans.

    Aprs Romain, le pouvoir passa entre les mainsd'Etienne, qui eut deux fils et rgna sept ans.

    de Moldavie, sans cependant perdre la vie. Son frre cadet,Thodore, fut lui-mme oblig de quitter la Podolie, surlaquelle Alexandre et Constantin continurent seuls de rgner;c'est alors que le roi de Hongrie Louis I 01'lui confra le duchde Munkcs. (Saranjevic, 188, 190; Fessier, Geschichte vonTJngarn, bearb. von E. Klein, II, 144). En tout cas, unGeorges Korijatovic, qualifi de duc de Slug {cornes slucencis)est cit dans des diplmes de 1387 et de 1401 {Invent., 25o,378). Rien ne prouve que ce Georges Korijatovic n'est pasle mme personnage que le prince de Moldavie. C'est peut-tre galement lui qu'il convient d'attribuer un diplmenon dat, mais qui parat tre de la fin du XIVe sicle (Co-glniceanu, pxiBa ponw.irlCKt, I, 14), dans lequel unGeorges Korijatovic prend encore le titre de prince de Mol-davie. M. Hsdu {Ist., I, 90) rapporte ce diplme unsecond personnage du mme nom.

    Le successeur de Georges Korijatovic est Pierre Musat,qui parat avoir t impos la Moldavie par le prince deValachie Mircea, et que M. Hsdu {Ist, I, 92) croit avoir tlui-mme d'origine valaque. En 1387, Pierre fait hommageau roi de Pologne Vladislas Jagellon {Invent., 131 ; Dogiel,I, 597) ; l'anne suivante, il prte Vladislas une somme de4000 roubles, et le roi lui garantit, lui et son frre Romain,en cas de non-paiement, l'usufruit de la possession de Halic{Invent., i3a; Dogiel, I, 597; Hsdu, Arch., I, 1, 177). Deuxans plus tard (1389), les ambassadeurs de Pierre figurent la cour de Pologne (Dogiel, I, 587; Hsdu, Ist., I, 92).

    Pierre Mujat est loign du trne entre 1289 et 1392.Le 3o mars de cette dernire anne, son fils, Romain, par lagrce de Dieu, grand autocrate et seigneur, dominant sur la

    Moldavie, depuis les montagnes jusqu' la mer, signe, avec sesdeux fils, Alexandre et Bogdan, un acte de donation (Hsdu,Arch., I, 1, 18). En 13g3? Romain prte serment au roi de

  • 24 JJ\YenT8i\ ^oMiiiiiicop IJf.pxii Mton^oBi.

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    N8 CE A

  • Premiers Princes de Moldavie. 25

    On ne trouve relats nulle part les faits accomplissous le rgne de ces personnages, qui eut une duretotale de quarante-six ans. C'est peut-tre qu'ils taientde moeurs vagabondes, que leur passage fut rapide etqu'ils n'avaient personne pour crire leur histoire. Nosvoisins eux-mmes, qui n'ont rien laiss dans l'ombre,n'ont connu aucun crit relatif ces princes.

    CHAPITRE IL

    Rgne des fils d'Etienne Ier.

    Etienne, ainsi qu'on l'a dit plus haut, eut deux fils,Etienne et Pierre, qui, aprs la mort de leur pre, sedisputrent le pouvoir. Etienne, l'an, se rfugia chezle roi de Pologne Casimir et lui demanda du secourscontre son frre Pierre, promettant de reconnatre avectout le pays, la suzerainet royale; mais Pierre, avecl'aide des Hongrois, russit s'emparer du trne. Le roiCasimir voulut faire la conqute de la Moldavie et laplacer sous le gouvernement d'Etienne. Il lui donna unearme et pntra lui-mme dans la principaut, le premierjour de juillet. Il remporta d'abord quelques avantages,

    Le dernier document ne fait pas connatre la date de la guerrede Moldavie, mais nous savons d'autre part, qu'Etienne deKanizsa tait prcisment comte de Szklers en i3g5 (Fejr,X, il, 274). Le prince Etienne figure encore, en i3g5, dansun autre diplme hongrois (Fejr, X, VIII, 401) et les archivesde Cracovie possdent peut-tre encore les lettres d'hommage

    adresses par lui, cette mme anne, au roi de Pologne{Invent., 133; Dogiel, I, 623).

    En 1400, Romain parvint remonter sur le trne, qu'iltransmit son fils Alexandre-le-Bon, mais nous parleronsplus loin des successeurs d'Etienne.

  • 26 ^omiia $eY((>ima)(i ziv CTe^ati K6&T>.

    il NOCTpfi, AE ^8 EXrT AA KO/^pS, (])HHA KOnMH

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    MHCKH, (|)EMVVp8A BOEBO^SASH

  • Rgne des fils d'Etienne Ior. 27

    mais les ntres lui tendirent un pige. Ils l'attirrent auprsd'une fort, saprent les arbres le long de la route etles firent tomber sur ses soldats. Ceux qui ne furentpas crass furent pris vivants et Casimir les rachetaplus tard. Il y eut parmi ces prisonniers de grands per-sonnages, [notamment] Zbigniew et Tczynski, fils duvovode de Cracovie. [Les Moldaves conquirent] aussiles tendards des trois vovodes de Cracovie, de San-domir et de Lopol, ainsi que neuf drapeaux de boars.

    Notre chronique ne mentionne par les fils d'Etienne,dont nous venons de parler; elle rapporte seulement que,aprs le rgne d'Etienne, le pouvoir passa entre les mainsde Iug, puis d'Alexandre, dont il sera question plusloin. Nous n'avons cependant pas voulu passer cettehistoire sous silence, car elle peut tre vraie. En effet,le chroniqueur Bielski *) n'a pas montr de partialitenvers ses compatriotes, en racontant la dfaite subiepar Etienne, malgr l'assistance des Polonais, qui prirenten masse.**)

    ne citent que beaucoup plus tard un prince du nom d'Etienne.Les princes dont ils nous rvlent les noms jusqu' la fin duXIV 0 sicle, sont les suivants : B ogdan (i 359), Latco (1370,1372), Iug (1374), Pierre Mus at (1387, 1389), Romain,fils de Pierre (1392, r3g3), Etienne (i3o5), Romain, pourla seconde fois (1400). Nous croyons, quant nous, que leschroniqueurs polonais ont commis ici une confusion. Ils ontattribu aux fils d'Etienne la lutte qui eut lieu, en 1400, entreles deux fils de Pierre Musat.

    Etienne tant mort ou ayant t dpossd, les fils dePierre se disputrent le pouvoir. Ivasko, l'an, implora contreson frre, l'assistance du roi de Pologne, Vladislas Jagellon;il lui promit que, s'il obtenait la couronne de Moldavie, ilse reconnatrait son vassal et lui cderait la Bucovine ; (Invent.133 ; Dogiel, I, 600). Cependant Ivasko choua et ce fut Ro-main, second fils de Pierre Musat qui s'empara de la princi-paut. Tout nous porte a croire que le nouveau vovodetait ce mme Romain qui avait occup le trne en 1392

  • 28 ^OI.MS ln.ii Kd,yt.

    KM f.^OMNIA M)r^H ^fc KApEAE C

  • Rgne de Iuga. 29

    CHAPITEE III.Rgne de Iug, qui se montra suprieur

    en tout [ ses prdcesseurs],Iug surpassa les princes qui avaient rgn avant

    lui. Il envoya demander la bndiction du patriarched'Ohrida et plaa Thoctiste sur le sige mtropolitain.*)Il fonda des villes, qu'il btit sur les meilleurs empla-cements, et choisit, pour les fortifier, les villages [lesplus faciles dfendre]. Le premier, il accorda des terresaux braves qui s'taient distingus dans ses armes. Il

    peuvent. tre fortuites ; les deux rcits doivent provenir d'unemme source. Il a suffit qu'un seul historien et commis uneerreur de date pour que tous ceux qui sont venus aprs luil'aient reproduite. Il ne semble pas, en effet, qu'au XVIe siclemme, les documents dont on pouvait se servir pour crirel'histoire des premiers temps de la Moldavie aient t beaucoupplus nombreux qu'aujourd'hui. Si donc certains dtails rap-ports par les auteurs polonais sont authentiques, ces faitsdoivent, notre avis, s'appliquer l'anne 1400. Telle a dtre aussi l'opinion de M. Saranjevic, qui raconte la rivalitd'Ivasko et de Romain (ICTOpiil, 291)? mais ne fait aucuneallusion aux prtendus fils d'Etienne. Wickenhauser (Urkunclenp. 55) cite un diplme du 24 fvrier 1409, par lequel levovode Etienne fait donation d'un tang au monastre deMoldovita. Faut-il voir dans ce personnage le prince de Mol-davie, qui aurait t dtrn en 1400, ou bien un de ses filsdu mme nom; c'est ce que nous ne nous hasarderons pas dcider.

    *) Tout ce que le chroniqueur rapporte ici de Iug est absolumentinexact. On a vu ci-dessus (pp. 21-23) que Iug ou GeorgesKorijatovic ne figure dans l'histoire de Moldavie qu'en 13j4 ;or Thoctiste n'occupa le sige mtropolitain de Suceavaqu'un sicle plus tard. Il est cit dans deux diplmes de 1463et 1470 (voy. Golubinski, 379). Du reste Urechi rectifie luimme, dans le chapitre suivant, l'erreur qu'il commet ici;c'est au prince Alexandre-le-Bon qu'il attribue la fondationde la hirarchie moldave.

  • 30 ^OMIII'A lOrtii K^'t.

    VVLJ1H. IIIH 8 A0MI,HT AM AHH LUH A8 A8T MpMt

    OAV") ACCUSA A\8HTEHCK, AA CHUE.

    KM A.^OMNIA A8H ^AEgAN^pS fi^ft MA K#N LUH KZTpZN.

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    (J)VVCT K8pc8A ANHAWp /SM^ KZHj\ 8 CTZT^T fr6m\ llAE-

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    LUH BEMHHH, LUH K8 XXAZLLIE3) LUH K8 BELUMHHTE CK8A\riE

    JJV AX8NTp84) LUH K8 VV^OApE. IIIH ^AKX C8 BZ^ST A8~

    A\HMT ^ MHHCTk ^OAUIIEH, Jfr ^OH AHH ^OAMIIEH CAE,

  • Rgne de Iug, 31

    rgna deux ans et fut fait prisonnier par le prince de

    Valachie, Mirc.*)

    CHAPITKE IV.

    Egne d'Alexandre le Bon on le Vieux.Notre chronique moldave rapporte que ce fut en

    6907 [1399] qu'Alexandre commena de rgner, maisla chronique latine dit que l'on tait en 6921 LH1^]lorsque la principaut lui chut. Ce prince fut le premier entreprendre beaucoup d'oeuvres utiles. Il construisitdeux vastes monastres en Moldavie, Bistrita**) et Mol-dovita***) et les dota d'un grand nombre de villages, dedpendances, d'tangs, et, l'intrieur, leur donna desvtements prcieux et des objets sacrs. Il brillait depuisdeux ans de tout l'clat du pouvoir lorsque, plus vertueuxet plus sage que les princes qui l'avaient prcd, plein

    6917 [1408], i5 fvrier 6918 [1410], 14 avril 6919 [1411],14 avril 6923 [1415] et 17 mars 6928 [1418]. Le diplmede 1409 existe en original Czernowicz ; ceux de 1407 et1415 sont tirs d'un recueil form en 1775, par BarthlemiMazeran, hgoumne du monastre de Putna; ceux de 1410,1411 et 1418 sont publis d'aprs des traductions officiellesexcutes, vers 1780, pour le colonel autrichien Metzger (voy.Wickenhauser, 6).

    Lorsque la Bucovine fut spare de la Moldavie et devintprovince autrichienne, le monastre de Moldovita possdaitencore des biens immenses. Ces biens passrent sous l'admi-nistration de l'tat, aprs que Joseph II eut chass les derniersmoines (23 avril 1785); ils devaient tre employs pour lebien de la religion, du clerg et de l'humanit en gnral,mais ils n'ont pas tard devenir l'instrument le plus puissantque le cabinet de Vienne ait eu entre les mains pour germa-niser la Bucovine.

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    2) TBNME JfiA CAZBLUE

    TOATX U,pA ^ C(j),&HTA A\HTpOnOAIE ^ GBM^BX, OI^H^EM

  • Rgne d'Alexandre-le-Bon. 33

    de zle et d'empressement pour tout ce qui pouvait con-tribuer au salut de son me, il fit venir, grands frais,du pays des infidles*), les saintes reliques du grandmartyr Jean Novi, et les dposa, avec beaucoup de pompeet d'apparat, dans son clbre chteau de Suceava, pourle bonheur de son rgne et la garde de son trne. Sil'on parcourt les livres de l'glise **), on trouvera la viede ce saint au mercredi et au jeudi de la Pentecte;c'est alors que sa fte est clbre par tout notre peupledans la sainte mtropole de Suceava, o reposent sesossements sacrs.***)

    Avec l'intelligence qu'il avait reue de la misricordedivine, il rechercha ce qui donne du prestige dansle monde et reconnut que les rois, les empereurs et lesprinces doivent tre entours d'un appareil et d'un cr-monial propres inspirer le respect. Il tourna alors sapense vers notre pays, tandis que ceux qui avaient tprinces avant lui n'y avaient pas song. Le premier, ilenvoya demander la bndiction du patriarche d'Orient ;il nomma un mtropolitain et lui assigna pour rsidenceun monastre, situ prs du palais princier. Ce mona-stre devint la mtropole et reut en apanage un grand

    pendant la guerre contre les Turcs, le prince Constantin Can-temir les confia au roi de Pologne Jean Sobieski, lequel lesfit dposer dans l'glise des Basiliens fonde par lui Zolkiew.En 1783, sur les instances de l'vque de Rdut, Dosithe,et de la ville de Suceava, Joseph II les fit transporter deZolkiew dans l'glise mtropolitaine de Suceava (voy. Schema-tismus der Bukoioinaer griechisch-orientalischen Dioecese furdas Jahr i865, 16). C'tait une faible compensation accordeaux moines roumains, au moment o l'empereur les dpouillaitde leurs biens.

    Aujourd'hui encore trois moines sont chargs de veillersur les reliques de saint Jean Novi (Schernatismus, 17).

    3

  • CTE UJH IVHHNH*) CZ fylt ^E nOCA8lMHfE C^IJHTEH MH-*

    TponoAiH. #TA8 UJH VV CMX AE U,HH8T8PH ^ nApxfA

    MHTponoAiiT8i\8H, $KKXNA8A nHTpon A^yitt. MH (|)XK8TA8UJH A AOEAE

    1}nHCKOn, ^8nX MHTpOnOAHT, AA C(f)^IITA

    AV&NZCTIJpE # WpAUJ JT> PoMAH, UJIH ft^A 6 GHAp^lE W

    npTE AE UHH^Tgpft, riE C$ET M^HTE # U'^C. b

    MH (|)XKTA8 UJH A TpHAE nHCKOH AA A\ZHZ-

    CTHp*k2)

    PAA^UJH, UJH nApJ(IE ft8 A^ U,HN8lT8pHAE p'il

    U,pA3)

    AE C8C, A^CUpE JJpA IEUJ'KCKX.

    x) B: doilea. ~) B: wionastirea. 3) B: partea.

    *) Nous avons dj fait remarquer l'inconsquence de notre auteur,qui attribue successivement Iug puis Alexandre la fon-dation de la mtropole moldave (voy. p. 29). Sans recherchers'il ne s'est pas gliss quelque interpolation dans le chapitre III 0,nous dirons que, selon toute probabilit, cette mtropole datede l'avnement d'Alexandre-le-Bon. L'glise catholique deMoldavie est par consquent plus ancienne. En i3yo, Latcoavait demand et obtenu du pape Urbain V le dmembrementdu diocse de Halic et l'rection d'un vch Siret (RaynaldiAnnales eccls., ed Luc. VII, i83). Le Saint-Sige crut si bienque tout l'orient allait reconnatre la suprmatie de l'glise ro-maine que, par un bref dat de I38I, Urbain VI permit ausuprieur des frres prcheurs d'instituer trois nouveaux in-quisiteurs, unum videlicet in Armenia et Georgia, et aliumin Graecia et Tartaria, ac alium in Russia et Valachia Majoriet Minori* (Voy. Supplem. ad histor, Russiae Monum. ; Petro-poli, 1848, in-fol., 453). Nous ne savons rien de l'inquisiteurenvoy en Valachie et en Moldavie, mais l'vch de Siretsubsista; il est cit en i382 (Fejr, Cod. diplom., Ind., II, 193).En 1400, le dominicain Jean Sartorius, qui tait plac latte de ce diocse, obtint du pape Boniface IX l'autorisationde transporter son sige Bcu (Engel, II, 114); cependantil continua de porter le nom d'vque de Siret. Le prlatcatholique, qui rsidait en Moldavie tait un des suffragantsde l'archevque de Halic. Ce dernier, qui, en 1411, changeala rsidence de Halic contre celle de Lopol, avait au dessousde lui cinq vques diocsains : quatre en Pologne et en Petite-Russie, ceux de Chelm, de Kamieniec, de Wtodzimirz et de

  • Rgne d'Alexandre-le-Bon. 35

    nombre de villages et de terres.*) Il plaa divers territoiresdans le ressort du mtropolitain, qu'il institua gardiende la foi.

    Au dessous de ce prlat, il cra un second vchau monastre de Roman ; il lui donna pour circonscriptionla Basse-Moldavie, c'est--dire la rgion situe au pieddes montagnes.

    Il cra, en outre, un troisime vque, qui rsidaau monastre de Rdut et dont le diocse comprit lapartie suprieure de la Moldavie, vers la Pologne.

    Kyjev, et un en Moldavie, celui de Siret (Theiner, Monumentavetera Poloniae et Liihuaniae; Romae, 1860-64, in-fol., II, 5).

    L'vche de Siret ou de Bcu, sur lequel nous possdonsdes documents de 1439 (Transilvania, 1873, 81) et de 1476(Hsdu, ap. Esarcu, 11), fut runi vers la fin de XVI 0 sicleau vicariat apostolique de Valachie et le titulaire porta dslors le titre d'episcopus Argensis et Bacoviensis. Voy. Col.lui Tr., VII (1876), 3o5 ; cf. Ateneu'lu romanu, I, 109 et Hsdu,Arch., I, 1, 170.

    Mais si la hirarchie catholique eut pour elle l'anciennet,elle n'eut pas longtemps l'influence politique. Lorsque PierreMusat fit hommage au roi de Pologne, en 1387, ce fut lemtropolitain de Kyjev qui tint la croix sur laquelle le princeroumain jura fidlit son suzerain (Invent,, 131 ; Dogiel, I,597). Ce mtropolitain n'tait pas, croyons-nous, le prlat ca-tholique, que nous voyons mentionner en 1411 ; c'tait unprlat grec-oriental; aussi peut-on penser que, s'il y avait eualors un mtropolitain en Moldavie, c'est lui qui aurait eul'honneur de prsider cette crmonie. Par contre, le di-plme dj cit du patriarche de Constantinople Mathieu, endate du 26 juillet 1401 (Acta Patr. Constant., II, 528-532),parle de l'vque de Moldo-Valachie, Joseph, et du princeAlexandre qui y est qualifi: o svyevsGtatog (lyag (ioe(i6cigrtorjg Mo\dofilu%iag, XVQ 'Akl-uvdQog*. Cf. Golubinski, 375.Par un diplme dat du 7 janvier 6915 [1407], le mtropolitainJoseph, dont il vient d'tre question, chargea Pierre Urecle,qui tait sans doute un anctre du chroniqueur, de runir lesdeux monastres de Niamt et de Bistrita sous l'administrationd'un seul hgoumne (Hsdu, Arch., I, 1, 140).

    3*

  • 30 ^OMIU'A S8H ftnepiiAF Kdflt.

    $KZ 8 UIE^T BAZA^MM^ A"fc8 ^ZK^T MIJHCTE

    MpE, KZ A"k8 n8C CKOHEAE ftk8 UIEg8T ^H A^p^nTA^

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    TOU,H C(j)'kTHHU,iH.

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    IIHCKAA U,XpM LUH nZM&HT8A8H MOAA,BEH *) : &

    iIorO(j)ZT A\pE, yK|\EKZTOp UJH AECZTOp AE

    VVMHI1H, HCnpBHHK nE W CMZ A,E #AA\ENH &E (j)p8NTE,

    ME GKHT K8pTIIH AA IJ^ApZ, UJH UIO^EKXTOp T8T8pWp3)

    MHIIE CZIIT K8 CTp

  • Rgne d'Alexandre-le-Bon. 37

    Aprs avoir institu les vques, il leur dcerna degrands honneurs et leur donna des siges la droite duprince, plus hauts, c'est--dire plus rapprochs du trne,que ceux de tous les [autres] dignitaires.

    Ce fut aussi Alexandre qui tablit les grandes chargesdu conseil (sfat), pour le gouvernement de la Moldavie,[savoir] *) :

    Le grand-logothte, juge et arbitre dans les questionsde proprit, chef de divers grands personnages, qui sontles courtisans en dehors de la capitale; magistrat auquels'adressent ceux qui se plaignent de quelque injustice ;charg de surveiller tous les officiers qui sont la courdu prince ;

    Le grand-vomic de la Basse-Moldavie, qui juge tous[les malfaiteurs] **) et qui est charg de punir les homicideset les crimes commis dans son ressort; vornic de Brlad;

    Le grand-vomic de la Haute-Moldavie, qui juge tousles malfaiteurs du pays et qui est charg de punir leshomicides et les crimes commis dans son ressort ; vornicde Dorohoi;

    Le porcolad de Rotin, la frontire de la Pologneet du pays des Cosaques ; juge de tous ceux qui habitentcette rgion;

    L'hetman, gouverneur et portier de Suceava et chefde toutes les armes du pays;

    Le grand-postelnic, charg du service auprs du prince;gouverneur de Iassi et interprte pour les langues trangres ;

    et du 18 novembre 1410 (Wickenhauser, 56-57) parlent djdu grand-stolnic Domocus, du grand-pharnic Ilias et du ve-stiaire Stan. Les mmes textes distinguent galement lesgrands et les petits boars.

    Les noms des dignits numres par Urechi seront ex-

    pliqus dans le glossaire.**) Nous rtablissons ces mots d'aprs le ms. publi par Ioanide.

  • 38 ^oMiia HH iie-uiAf>8 KdftT..

    G n A T pX>M p E W H CTApOCTE #Tp8 M*kAE

    3)^IIAE.

    IIXXApHHK MpE Ul H nXpK&AAE AA KoTIIp

    UJH AA XttpA&8; ApE WKHM'kw ex pp*krx A

  • Rgne d'Alexandre-le-Bon. 39

    Le grand-sptar et staroste de Cernuft, qui a cou-tume, les jours de fte, de revtir de riches habits prin-ciers et de se tenir derrire le souverain en portant desarmes princires;

    Le grand-pharnic et porcoab de Cotnar et de Hrlu,qui, les jours de fte est charg, de prsenter la coupeau prince pendant le repas;

    Le grand-vestiaire, qui administre [le produit de] tousles impts levs dans le pays, surveille les employs et leurdistribue leur traitement, prside toutes les dpensesde la cour et des trangers qui reoivent l'hospitalit enMoldavie, et tient entre ses mains tous les livres decompte du pays ;

    Le grand-stolnic, qui, les jours de fte et de rjouis-sance la cour, revt des habits princiers, s'avance au-devant des plats qui sont destins au souverain, les posesur la table devant lui, avec les assiettes, et fait le serviceces mmes jours;

    Le grand-comis, qui a la haute-main sur les coureurset sur tous les chevaux princiers et prcde les coureursainsi que le prince lui-mme;

    Le grand-medelnicer, qui, suivant l'usage, revt, lesjours de fte, des habits princiers et sert le souverainpendant le repas, en lui prsentant les rtis apports surla table;

    Le grand-clucer, intendant des celliers princiers, quiveille au beurre, au miel et aux gteaux envoys parles villes l'poque de nol;

    Le grand-sluger, qui s'occupe de l'approvisionnementde la viande pour la cuisine du prince et pour les ser-viteurs de la cour;

  • 40 ^OMIII'A SBH Aie-sariftf Ko^t.

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    ipA\U] A\pE, HCnpBHHK UIH nSpTXTOp & rpHKZ

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    j^ AVAHA A8H A\pr8; UIH, K8 ^B^xT8pA &OA\H8A8H, A,EAA /

    A*HC8A 'c8 pxcn8nc8pHAE ; UIH nEM-KTk upift ^ MXHA

    A8H; UIH vvpfi ME UIO^E UIH ^HpEnTXpH CE

  • Rgne d'Alexandre-le-Bon. 41

    Le grand-jitnicer, qui est charg de l'approvisionnementdu pain pour la cour et pour les serviteurs du prince,ainsi que pour les trangers qui reoivent l'hospitalitdans le pays;

    Le grand-vames, qui occupe les ports du pays poury percevoir les droits de douane ; qui, aux jours de fte,apporte les confitures et les bonbons sur la table du

    prince et qui est l'intendant du commerce ;

    Le grand-strar, prpos aux tentes du prince l'arme et en voyage; matre de l'artillerie;

    Le grand-user, qui prend soin de tous les ambassadeurset sert d'interprte aux trangers devant la justice ;

    Le grand-armas, qui s'occupe de tous les malfaiteursdtenus en prison; qui veille ce qu'ils subissent leur

    peine, et qui les condamns mort sont remis pourqu'il les fasse excuter;

    L'aga*), chef des dorobans, juge de la ville de Iassi ;

    Le second logothte, qui dlimite les proprits danstout le pays;

    Le second postelnic, qui est en tout temps de serviceauprs du prince et qui est le fils d'un boar distingu;

    Le troisime logothte, homme lettr, habile tenirla plume; c'est le secrtaire intime du prince, entreles mains de qui arrivent toutes les lettres relatives auxaffaires publiques ou prives, de quelque part qu'ellesviennent; c'est lui qui y rpond d'aprs les instructionsdu prince; il garde le sceau du pays. Aucun jugement,aucun arrt d'appel ne peut sortir son effet s'il n'estrevtu du sceau princier, qui est entre les mains de cetroisime logothte;

    *) Ce fonctionnaire, qui porte un nom turc, ne peut naturellementpas remonter jusqu' Alexandre-le-Bon.

  • 42 ^OMIII'A A8H \aeaeaiiAfH Ko^t.

    IIOCT'KANHMH ^H A AMAE CHAHUTE, KXU,H Ba

  • Rgne d'Alexandre-le-Bon. 43

    Le second postelnic et les autres postelnics dont leprince fixe le nombre; ces fonctions leur permettent des'habituer au service et d'occuper ensuite des charges plusleves ;

    Le second et le troisime sptar : le second sert table,en l'absence du grand-sptar ; il porte la livre de la cour,ceint l'pe et tient le bton -de commandement auxcts du prince; le troisime fait le service en tout temps;

    Le second pliarnic, qui sert table, quand le grand-pharnic a fait son service, et prsente au prince la coupeet les boissons;

    Le troisime paharnic, qui, son tour, sert tableet donne boire au prince, quand le second n'est pasde service ; etc.

    CHAPITEE Y.Du Concile tenu Florence, [concile] o il

    ne se fit rien de bon.En l'anne 6940 [1432]*), sous le rgne d'Alexandre,

    eut lieu Florence un grand concile qui devait amenerla runion des glises d'Orient et d'Occident, entre les-quelles existent de nombreuses dissidences et de nom-breuses querelles, au sujet des articles de foi. ce concileassistrent en personne le patriarche de Constantinopleet l'empereur Jean Palologue, ainsi qu'un grand nombred'vques et de mtropolitains. De notre pays mme

    *) Il y a ici une erreur de date vidente. Ce n fut qu'aucommencement de l'anne 1436, aprs la mort d'Alexandre-l-Bon, que le pape expdia les invitations au concile.

  • 44 CiEwptfs v ci a^uHiT $ (psopeimiiia.

    (|)lvCT TpHMHC npE TpHropiE IJIVVKAMK.*) MpX ^EAA n8C,

    CHHrSp nnA XpHCT0(|)0p**) K8 KAp^HHAiH, WH A,H

    A\8ATE AOKgpfl pX'lEnHCKOnH, UJH CXKVVp MpE ^ KXA&VxpH.

    IIIH A,8nx A\8ATX ^pRX UJH r^AM-kBX, HEMIJKX E8N N8

    HCnpXBHT, KX JJVAOK j\E JfinpESNpE MH MpE ^ECnxpUHpEC8 (])XK8T, MXKAp KX ^n'pTgA, ^E IIEBOA T8pMHAWp, &

    MH COCHCE AA Kn ^E pXMXCKCE U8A\AH K8 H8MEAE .fmXpT,

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    (j)XrXA,8HCE. MpX AATWpA, ^E TOKA\AA ME (])ZK8CE, A^8

  • Du Concile tenu Florence. 45

    Grgoire Tamblic y fut envoy.*) Quant l'Occident,il fut reprsent par le pape Christophe lui-mme **), avecles cardinaux, les archevques de diverses provinces etune grande assemble de moines. Aprs beaucoup debruit et de discussions, on n'aboutit rien de bon: aulieu d'oprer la runion des glises, on ne fit que rendreleur sparation plus grande. L'empereur, accabl par les

    Turcs, qui le serraient de si prs qu'il n'tait plus em-

    pereur que de nom et qui s'taient empars de tout le

    pays situ autour [de Constantinople], accepta cependanttous les articles de foi imposs par le pape, la con-dition que celui-ci lui donnerait assistance contre sesennemis, ce qu'il promit. Mais le march qu'il avaitconclu parut aux autres une atteinte porte l'indpen-dance de l'glise d'Orient, car [Jean] avait fait toutes les

    parvint pas celui qui elle tait adrese. Le prlat roumainmourut dans l'intervalle. Damien, son successeur, reut la bullepontificale, au retour d'un voyage de Constantinople, o l'avaientamen des dmls avec l'empereur et avec le patriarche. Il re-partit aussitt pour la capitale de l'empire, accompagn d'un repr-sentant du prince, nomm Neagogis, et d'un protopope (ni/X&ovvtccv&a 6 (iTjTQOr