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COMACTU MAGAZINE TRIMESTRIEL • N°6 • MAI-JUIN-JUILLET 2016 DANS CE NUMÉRO : 3000 MANIFESTANTS CONTRE LES F-35 ET POUR LA PAIX ! 4 CRISE DES RÉFUGIÉS 6 COMAC À TRAVERS LE PAYS 10 LE DROIT À L’AVORTEMENT EST-IL UN DROIT DE LA FEMME ? 16 QUE NE FERAIT-ON PAS POUR ÊTRE EN SÉCURITÉ ? 19 RETOUR D’ENVOI INFRUCTUEUX : BD MAURICE LEMONNIER 171, 1000 BRUXELLES bpost PB-PP | B-919133 BELGIE(N)-BELGIQUE www.chengetheworld.be

Comactu Juin 2016

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Le journal de Comac, le mouvement de jeunes du PTB, édition juin 2016.

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COMACTUMAGAZINE TRIMESTRIEL • N°6 • MAI-JUIN-JUILLET 2016

DANS CE NUMÉRO :★ 3000 MANIFESTANTS CONTRE LES F-35 ET POUR LA PAIX ! 4 ★ CRISE DES RÉFUGIÉS 6 ★ COMAC À TRAVERS LE PAYS 10 ★ LE DROIT À L’AVORTEMENT EST-IL UN DROIT DE LA FEMME ? 16 ★ QUE NE FERAIT-ON PAS POUR ÊTRE EN SÉCURITÉ ? 19 ★

RETOUR D’ENVOI INFRUCTUEUX : BD MAURICE LEMONNIER 171, 1000 BRUXELLES

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EDITO

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PAR LINE DE WITTE

On nous dit sans arrêt que c’est la crise, et que, parce que c’est la crise, «  nous devons tous faire un effort  ». C’est avec ce message que le gouvernement fait passer à la dure mesure d’austérité après mesure d’austérité. Austérité

sur l’enseignement, dont le sous-finan-cement est de plus en plus insuppor-table. Pour les réfugies non plus il n’y a pas d’argent, les pensions doivent être rabotées, et d’après Bart il faut encore aller chercher de l’argent « dans le seul endroit où il en reste, la sécurité so-ciale » ...

Un gouvernement qui préfère envoyer l’armée dans les prisons pour casser la grève plutôt que d’écouter les reven-dications des travailleurs. Des reven-dications justes  : la Belgique ne cesse d’être condamnée par l’Observatoire International des Prisons à cause de la vétusté de celles-ci.

C’est pourtant ce même gouverne-ment qui réussit le tour de passe-passe consistant à trouver 15 milliards à inves-tir dans du matériel militaire. Le même

gouvernement qui dit aux entreprises qui doivent 700 millions à la Belgique qu’elles n’ont pas à les rendre, malgré que l’Union européenne exige que cet argent soit remboursé. Un gouverne-ment qui décide de ne pas lancer d’en-quête contre les Panama fraudeurs. Et si cela ne suffisait pas, le ministre de l’Emploi Kris Peeters ose déclarer que «  nous vivons tous au-dessus de nos moyens »  ... Il parle probablement des 30 % d’enfants belges qui vivent dans la pauvreté.

Ce discours n’est plus supportable et la résistance grandit. C’est cette résis-tance qui a fait tomber la ministre fla-mande de l’Énergie Turtelboom après son imposition d’une taxe injuste sur l’énergie. En France, la jeunesse des-cend massivement dans la rue depuis 3 mois contre la Loi Travail de El Kohmri. Ils sont jusqu’à 1 million à s’y opposer.

Aujourd’hui c’est une loi similaire que Kris Peeters veut imposer dans nos contrées. Flexibilité totale, dérégula-tion du travail, destruction des acquis sociaux : retour 150 ans en arrière.

Dans la résistance, Comac est toujours présent. Que ce soit dans les Nuits Debout à travers le pays, sous la pluie contre les avions de chasse ou pour

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rappeler que nous serons toujours du côté des 99 % au 1er Mai. Il s’agit de lutter pour maintenir nos droits acquis à travers d’âpres luttes pendant 150 ans. Mais il s’agit aussi de l’avenir qu’on veut construire, un avenir qui ne se limite pas aux acquis sociaux déjà obtenus.

Évidemment nous étions présents à tous les rassemblements contre la Haine, la Terreur et la Division à tra-vers le pays après les attentats. La couverture de ce numéro est là pour rappeler le message : “Fuck ISIS, fuck racism”.

En Flandre, nous étions présents lors des manifestations des Hautes Écoles où des milliers d’étudiants et de membres du personnel dénonçaient les coupes sous le slogan #WeZijn-HetWaard (Nous sommes la richesse).

C’est dans ce contexte aussi que nous avons lancé deux événements à travers le pays. Make Music Not War d’un côté pour dénoncer l’achat de 15 milliards de matériel militaire et la par-ticipation grandissante de la Belgique à l’impérialisme de l’OTAN et les fes-tivals Diversity à Liège, Bruxelles et Anvers pour dénoncer le discours de division porté par les 1 % pour affaiblir nos luttes.

L’année académique touche presque à sa fin et cela signifie qu’il est temps de se préparer pour la Semaine de la Solidarité à Hoge Rielen près d’An-vers. Un camp de 6 jours dans une superbe réserve naturelle, des ren-contres avec les membres de Comac de tout le pays, des formations et des débats sur l’année pleine de luttes à venir. On s’y retrouve !

Dessin de Jasmine Elsen

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PAR SEPPE DE MEULDER

Le vent, la pluie, la grêle n’ont pas su nous refroidir. Avec 3000 autres per-sonnes, Comac manifestait ce 24 avril à l’appel de la plateforme nationale Pas D’Avions de Chasse. Ce n’est pas admis-sible qu’alors qu’on applique l’austérité partout, on trouve de l’argent pour ache-ter des avions de chasse hors de prix. C’est pour ces motifs que nous sommes descendus dans la rue avec un message très clair : « Investissez dans la paix, pas dans la guerre ! ».

Le gouvernement nous raconte chaque jour qu’on doit faire des économies, se serrer la ceinture, que c’est dou-loureux, mais qu’il n’y a pas d’alternatives. Théo Franc-ken explique qu’il n’y a pas d’argent pour accueillir plus de réfugiés. Bart De Wever quant à lui vient expliquer que le seul endroit où on peut encore aller chercher de l’argent c’est la sécurité sociale. Steven Vandeput vient de son côté annoncer tout guilleret qu’il compte bien investir 15 milliards dans du nouveau matériel militaire offensif. Tant pis si une étude de l’Université d’Anvers montre que la majorité des Belges ne veut pas de ces nouveaux achats. Pourtant ils ont raison : Il ne s’agit pas d’une décision logique ou indispensable. Il s’agit de choix politiques, de mauvais choix.

15 milliards pour de nouveaux avions de chasse, ce n’est pas seulement un énorme paquet de pognon. C’est aussi de l’argent énormément mal dépensé. Des avions de chasse capable de se ravitailler en l’air et de transporter des armes nucléaires ne sont clairement pas

destinés à une « simple » défense de l’espace aérien belge. Ce sont de véritables machines de mort destinées à aller bombarder d’autres pays. Cet achat est donc un signal clair d’investir dans la

3000 MANIFESTANTS CONTRE LES F-35 ET POUR LA PAIX 

Photo Comac

UNE ÉTUDE DE L’UNIVERSITÉ D’ANVERS MONTRE QUE LA MAJORITÉ DES BELGES NE VEUT PAS DE CES NOUVEAUX ACHATS.

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dite par un boycott. Il devrait se battre pour promouvoir une solution politique négociée sous l’égide de l’ONU.

Aujourd’hui, ce gouvernement a déci-dé de ne rien faire de cela. Il n’y a plus au Parlement ces débats qui avaient mené à une absence de participa-tion à la guerre en Irak au début des années  2000. À l’époque ces débats avaient été provoqués par les grades manifestations pour la paix qui avaient eu lieu à travers le pays. Aujourd’hui aussi c’est dans la rue qu’on parvien-dra à mettre un coup d’arrêt à l’achat de ce matériel de mort. Que la mani-festation du 24 avril soit le point de

départ de la reconstruction d’un puissant mouvement pour la paix.

RETROUVE LA BROCHURE COMPLÈTE DE COMAC À PROPOS DE LA GUERRE ET DES F-35 SUR SON SITE CHENGETHEWORLD.BE

politique de guerre de l’OTAN. Et cela alors même que les guerres de l’OTAN en Irak, n Afghanistan, en Libye et en Syrie n’ont pas fait que faire des millions de morts. Elles ont aussi déstabilisé toute une région. Les consé-quences en sont le terreau fertile sur lequel le mons-trueux État islamique s’est bâti et les millions de réfugiés jetés sur les routes pour tâcher de survivre.

Après plus de 30 ans d’interventions militaires de l’Occi-dent au Moyen-Orient et 15 ans de « Guerre contre la Terreur  », il est temps de faire un bilan. Les alliances avec Israël et l’Arabie Saoudite, la présence de pétrole dans la région et le commerce d’armes de nos pays avec tous les criminels de la région font de l’histoire selon laquelle l’Occident amène paix et démocratie à travers ses bombardements une belle blague. Il s’agit de jeux géopolitiques à l’avantage des grandes multinationales où les peuples du Moyen-Orient sont les victimes de ce jeu macabre tandis que le peuple en Occi-dent paye pour les profits sanglants de ces entreprises.

Les profits d’ici façonnent le monde là-bas. Voilà la vérité inconfortable à laquelle on doit faire face.

Les 15 milliards que ce gouvernement veut investir dans la guerre feraient mieux d’être investis dans une politique de paix active basée sur le respect des droits des peuples à l’autodétermination, l’aide sincère au déve-loppement et l’amitié des peuples.

Le gouvernement devrait faire ces choix. Il devrait aussi faire le choix de couper le robinet de pétrole qui ali-mente Daesh en liquidités. Il devrait mettre fin au sou-tien idéologique et logistique fourni par l’Arabie Saou-

Photo Comac

AUJOURD’HUI AUSSI C’EST DANS LA RUE QU’ON PARVIENDRA À METTRE UN COUP D’ARRÊT À L’ACHAT DE CE MATÉRIEL DE MORT.

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PAR MAX VANCAUWENBERGE

Le 18 mars dernier, l’Union Européenne concluait un accord avec la Turquie pour empêcher les réfugiés de venir en Eu-rope. Un accord immédiatement dénon-cé par Amnesty International qui a publié des preuves de l’illégalité de l’accord et du non-respect des droits des réfugiés en Turquie. Mais pour Théo Francken, « il [n’est] pas question de nous opposer à la conclusion d’un accord avec la Turquie » tant qu’il permet d’empêcher les réfugiés d’arriver en Europe.1

L’accord conclu entre l’UE et la Turquie le 18 mars dernier consiste à bloquer tous les réfugiés en Turquie. Ceux qui tentent de traver-ser la mer Égée sont interceptés et mis en détention sur les îles grecques, en attendant d’être renvoyés en Turquie. Seuls 72.000 réfugiés, uniquement syriens, seront autorisés à venir en Europe directement depuis la Turquie. En échange, l’UE s’est engagée à verser 6 milliards d’euros à la Turquie, à rouvrir les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE et à permettre aux citoyens turcs de voyage en Europe sans visa.

Un accord applaudi par la N-VA. « Nous avons été suivis dans notre demande de politique de push-back par l’accord entre l’Union européenne et la Turquie »2 peut-on lire dans un communiqué du parlementaire européen de la N-VA Sander Loones, potentiel futur président du parti nationaliste.

UN ACCORD ILLÉGAL ET INHUMAIN

L’accord avec la Turquie est rendu possible du fait que la Grèce reconnaît à présent la Turquie comme un pays dit tiers-sûr (voir encadré). Le 1er avril, Amnesty International publie cependant un rapport3 indiquant que les gardes-frontières turcs renvoient tous les jours une centaine de réfugiés syriens en zone de guerre de-puis janvier. Le 15 avril, c’est l’ONG Human Right Watch qui sort un rapport indiquant que les gardes-frontières turcs ont ouvert le feu sur des réfugiés syriens fuyant Daesh.4 Quelques mois plus tôt, le 15 décembre, Amnesty International avait déjà publié un pre-mier rapport5 selon lequel des centaines de réfugiés sont détenus illégalement et dans le plus grand secret, sans aucun moyen de prévenir leurs familles, avant d’être renvoyés de force dans le pays qu’ils avaient fui. Ces rapports montrent que la Turquie ne peut en aucun cas être considérée comme un pays tiers-sûr et que l’accord est donc illégal.

CRISE DES RÉFUGIÉS : UN ACCORD UE-TURQUIE ILLÉGAL ET INHUMAIN

QU’EST-CE QU’UN RÉFUGIÉ ?La Convention de Genève relative au statut de réfugié, approuvée en 1951 définit comme réfugié toute personne craignant d’être persécutée en raison de sa race, de sa nationalité, de sa religion, de son appartenance à un groupe social particulier ou de ses opinions politiques. Les personnes entrant dans le cadre de cette définition possèdent le droit de recevoir l’asile dans un autre État.

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Le 20 avril, en commission parlementaire, Théo Francken déclare-ra cependant qu’« une solution devait être trouvée en concertation avec la Turquie pour stopper un afflux incontrôlé de demandeurs d’asile, et cela a été un pari gagnant. Le mois dernier, l’afflux était plus faible qu’il ne l’avait jamais été ces sept dernières années. Il n’était dès lors pas question de nous opposer à la conclusion d’un accord avec la Turquie »6. Le président du Conseil Européen Donald Tusk, en visite en Turquie le 23 avril dernier en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel et du vice-président de la Commission Frans Timmermans, déclarait quant à lui que « la Turquie est le meilleur exemple du monde »7.

Pour la N-VA, il faut d’ailleurs aller plus loin. Invité à débattre sur « De zevende dag » le 24 avril, le député européen de la N-VA San-der Loones a proposé d’étendre l’accord conclu avec la Turquie à l’ensemble des pays du bassin méditerranéen.

COMAC SOUTIENT UNE SOLUTION HUMAINE ET EUROPÉENNEUNE POLITIQUE DE PAIXTenter de résoudre la crise des réfugiés sans stratégie de paix revient à colmater une fuite avec le robinet grand ouvert. L’Union Européenne doit s’opposer à la politique de l’OTAN en cessant ses interventions militaires dans la région, mettre en place un embar-go sur la vente d’armes vers des pays comme l’Arabie Saoudite qui soutiennent des groupes terroristes et mettre tout son poids dans

la balance pour soutenir une solution de paix inclusive et négociée en Syrie et en Irak. En attendant, conformément à la Convention de Genève, chaque personne fuyant la guerre doit pouvoir intro-duire sa demande d’asile en Europe.

UNE TAXE TOBIN SUR LA MIGRATION DU CAPITAL POUR FINANCER LA MIGRATION HUMAINEUne taxe de 0,05 % sur les transactions financières appliquée au niveau européen, en excluant les transactions de moins de 10.000 euros effectuées par les particuliers, pourrait rapporter 200 mil-liards d’euros par an. Les recettes de cette taxe sur la migration du capital qui court après les bénéfices permettraient de financer la migration humaine de ceux et celles qui fuient les bombes et les horreurs de la guerre. Les recettes seraient réparties entre les États-membres en fonction du nombre de réfugiés accueillis tandis que le surplus pourrait être investi dans la coopération au dévelop-pement afin de prévenir de nouvelles crises à l’avenir.

LES CHIFFRES-CLÉS DE LA CRISE DES RÉFUGIÉS EN 2015• Lamajoritédesréfugiéssontdanslarégion:2.7millionsenTurquie,

1 million au Liban et 0.6 million en Jordanie.• 1.3millionsdemandeursd’asileenEurope,principalementdeSyrie

(29 %), d’Afghanistan (14 %) et d’Irak (10%)8.• LaBelgiqueaaccueilli35.746demandeursd’asile9.• Lecoûttotaldesréfugiésarrivésen2015approcheraitdes2.5

milliards d’euros pour l’ensemble de la période entre 2015 et 2020, enyincluantlesallocationssocialesquiserontoctroyées.10

PAYS TIERS-SÛRLanotiondepaystiers-sûrfutintroduitedansledroiteuropéenen 2005. Elle permet aux États membres de reconnaitre un Étatcommetiers-sûrssousquatreconditions:lesdemandeursd’asile(1)nepeuventpasyêtrepersécutésenraisondeleurrace, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social ou de leur leurs opinions politiques (2) doivent être protégés contre tout refoulement (3) ne peuvent pas être enfermés et subir des traitements cruels, inhumains et dégradants (4) doivent pouvoir bénéficier d’une protection conforme à la Convention de Genève.

1 Compte-rendu de la Commission de l’Intérieur, des Affaires Générales et de la Fonction Publique du 20 avril 2016, p. 132 http://francais.n-va.be/actualite/la-reforme-des-regles-europeennes-en-matiere-dasile-enlisee-dans-lindecision3 Amnesty International, « Des expulsions illégales de réfugiés syriens en danger », 1er avril 20164 De Morgen, 15 avril 20165 Amnesty International, « Turquie. L’UE complice de graves violations au droit d’asile », 16 décembre 20156 Compte-rendu de la Commission de l’Intérieur, des Affaires Générales et de la Fonction Publique du 20 avril 2016, p. 137 Le Soir, 23 avril 20168 Eurostat9 CGRA10 Banque Nationale de Belgique, « Communication de Mme Marcia De Wachter, Vice-présidente du Conseil supérieur de

l’emploi : Conséquences économiques de l’afflux de réfugiés en Belgique », 24 février 2016.

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Ils ont abandonné leur maison et ont marché des jours et des jours, passé des mois à dormir à l’extérieur, ils ont traversé l’océan sur de minuscules et vétustes ba-teaux, ils ont perdu des frères, des sœurs, des pères, des mères, des amis, des enfants... Et les voilà mainte-nant abandonnés à l’incertitude de leur avenir et aux

cauchemars sur les épreuves passées, présentes et futures.

Ici tout le monde habite une toute petite et froide « maison ». Les nouveaux arri-vants dorment quant à eux encore dans des tentes. Plus longtemps on reste et plus la tente se transforme en maison en dur, ajout d’élément après ajout d’élé-ment. Il faut être claire sur ce que signi-fie « maison » dans la Jungle : elles sont faites de planches, des toiles tendues,

des plaques de métal, tout le bric-à-brac qui tombe sous la main. Tout cela donne une impression de chaos, mais il s’agit d’un chaos ordonné. Les maisons ne sont pas empilées les unes sur les autres. La Jungle ressemble à

TÉMOIGNAGE DE NAOMI STOCKER

Le 26 février, je me suis rendue en France avec une délégation de Comac. Nous sommes allés voir ce qu’on appelle « La Jungle » à Calais, un énorme bidon-ville de réfugiés.

Comac organise régulièrement des activités de solida-rité avec les réfugiés et l’objectif était cette fois d’aller constater de nos propres yeux la réalité des habitants de la Jungle, ce qui est fait pour les aider et quelle est la politique de la France à ce sujet

En voiture, sur la route vers le camp de réfugiés, nous voyons de gigantesques barrières des deux côtés de la route. Elles sont menaçantes, comme si elles apparte-naient à une prison à laquelle on se ren-drait. Nous croisons aussi un véhicule de police. Que font-ils  ? De l’intimida-tion… Il n’ya pas seulement un véhicule de police. À chaque entrée du camp se trouvent des agents qui contrôlent chaque véhicule souhaitant rentrer dans le périmètre. Et cela n’est certainement pas pour des raisons de sécurité. De l’intimidation, encore de l’intimidation.

Une fois le véhicule garé, nous sommes allés explorer les alentours. En regardant autour de moi, je ne peux m’empêcher de penser à tout ce qu’ont tra-versé les gens qui vivent ici. Chacun ici a des histoires à raconter, toutes plus effroyables les unes que les autres.

UN JOUR DANS « LA JUNGLE »

EN VOITURE, SUR LA ROUTE VERS LE CAMP DE RÉFUGIÉS, NOUS VOYONS DE GIGANTESQUES BARRIÈRES DES DEUX CÔTÉS DE LA ROUTE.

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armés jusqu’aux dents. Ils sont plantés là à ne rien faire. On se sent intimidés quand une dizaine de flics armés se tiennent autour de nous. Ils sont une énième preuve de la façon dont le gouvernement cherche à instiller l’angoisse chez les réfugiés. Le sang bout en moi.

Sur le chemin de retour vers la maison, je me remé-more tout ce que j’ai vu. Je pense aux enfants dans la classe de cette école dans la Jungle, aux jeunes qui jouaient au foot. Comment des gens qui ont déjà traversé tant, qui ont subi autant de traumatismes, parviennent-ils à continuer à vivre en gar-dant un sourire sur leur visage malgré les conditions de vie horribles dans la Jungle et les menaces permanentes d’expulsion ?

Je pense à tout ce que va détruire le gouvernement ce faisant et à toutes les politiques qu’il ne met pas en place. Une telle réalité n’est pas possible. Elle ne devrait pas être possible. Nous pouvons y faire quelque chose !

une vraie ville avec quelques petits commerces, un res-taurant, des lieux de culte, une petite école.

Nous nous sommes assis dans un café pour partager un thé avec le patron et entendre son histoire. Il travail-lait en Angleterre, mais ne possédait pas de papiers. Il a fini par se faire arrêter et a été expulsé vers la France. Ça fait maintenant un an qu’il vit dans la Jungle et d’après lui c’est bien là qu’il va rester vivre. Il se trouve trop vieux et ne croit plus pouvoir réussir la traversée vers l’Angleterre. Ici tout le monde partage ce rêve : aller en Angleterre et pouvoir y construire une vie meilleure. Chaque jour, les réfugiés tentent de réaliser ce rêve d’une manière ou d’une autre. Certains sont chanceux et y parviennent, mais pour beaucoup chaque échec signifie la prolongation de leur séjour dans la Jungle, parfois pendant des années.

Après notre tasse de thé, nous avons pris le chemin du retour. À la sortie du camp, encore des policiers, tous

À LA SORTIE DU CAMP, ENCORE DES POLICIERS, TOUS ARMÉS JUSQU’AUX DENTS.

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COMAC A TRAVERS LE PAYS

TAXE TAMPONSaviez-vous que les tampons et les autres protections hygiéniques féminines sont taxés comme des produits de luxe en Bel-gique et pas comme des produits de pre-mière nécessité ? On parcourt les campus avec des pétitions contre cette “Taxe Tam-pon”. Et elles ont beaucoup de succès !

MARCHE DE LA SOLIDARITÉÀ Leuven Comac a organisé en partenariat avec une série d’autres organisations une marche de solidarité avec les réfugiés. Des centaines de jeunes y ont pris part. « Pour tous ceux qui arrivent ici en bateau et tous ceux qui manquent à l’appel. »

PAS D’AVIONS DE CHASSE9 milliards pour des avi-ons de chasse et aller en-core aggraver la situation au Moyen-Orient  ? Non merci  ! On fait circuler massivement les pétions contre cet achat et on a participé à la manifesta-tion nationale le 24 avril.

PAY BACK DAYComac était présent au Pay Back day du PTB. On y dénonçait la TurtelTaks qui vise à faire payer chaque flamand 100€ de plus pour son électri-cité. On y dénonçait aussi la redevance télé qui ne subsiste plus qu’en Wallonie. 2 Taxes injustes qui pèsent lourd dans les budgets des familles les plus modestes. La lutte paie  : Turtelboom a démissionné  ! Maintenant ce sont les taxes in-justes qui doivent disparaitre.

MARX TODAYHenri Houben et Jo Cottenier, économistes et chercheurs, ont participé à des conférences sur une analyse marxiste de la crise à travers tout le pays. Nous devons montrer les limites de l’explication capitaliste aux pro-blèmes du capitalisme.

MANAMA TE DUURA Gand, les administrateurs de l’université ont décidé d’aug-menter les frais d’inscription des « masters après le master » (ManaMa) jusqu’à 5330€. Suivre une telle formation devient possible uniquement pour ceux qui peuvent payer. Mais c’était compter la présence de Comac  ! Nous menons des actions contre cette augmentation. Ce combat n’est pas terminé.

ECOLE KARL MARXSous le mot d’ordre «  Comprendre le monde pour le changer  », nous organisons chaque année notre École Karl Marx. Un week-end de formations et de conférence sur des thèmes variés et actuels. 250 jeunes étaient présents cette année pour discuter du socialisme, de la crise des réfugiés ou des jeunes partis en Syrie. 

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COMAC A TRAVERS LE PAYSPAR LINE DE WITTE

SOIRÉE CLIMAT À ANVERSAprès le sommet climatique de Paris, nous voulions savoir ce que cet accord contenait de bon et ce qu’il avait de mauvais. Nous avons invité Natalie Eggermont et Anneleen Kenis qui sont venues partager leurs opinions franches avec nous.

COMAC VUB À LIÈGEComac VUB s’est rendu à Liège et y a rencontré Fred Gillot, un ex-ouvrier sidérurgiste qui est élu du PTB au parlement wallon. Il leur a raconté sa lutte en tant que syndicaliste contre la ferme-ture d’Arcellor Mittal, qui a été une catastrophe pour l’emploi dans la région.

LES BLOQUES COLLECTIVES« Étudier ensemble pour réussir ensemble », c’est ce leit-motiv qui guide l’organisation de nos différentes bloques collectives à travers le pays durant les vacances de Pâques. Il nous reste à attendre les résultats maintenant ;)

JOURNÉE DES DROITS DE LA FEMME À L’EKMLe 8 mars, c’était la journée des droits de la femme, et nous ne l’avons pas oublié. Le féminisme n’est plus né-cessaire  ? Oh que si  ! Les femmes gagnent toujours en moyenne 22 % de moins que les hommes pour un travail égal. Chaque jour 8 femmes introduisent une plainte pour viol. Et ce n’est que le sommet de l’iceberg.

C’EST DU BELGELa plupart des étudiants ne sont pas confrontés quotidiennement à la réalité du monde ouvrier. Et l’université cherche à nous en éloi-gner. C’est pour ces raisons que nous organisons un week-end de rencontre avec la classe ouvrière belge. Cette année nous étions aux Docks d’Anvers. Les injustices du système y sont flagrantes !

MAKE MUSIC NOT WARDans toutes ses sections, Comac a orga-nisé des concours musicaux pour pro-mouvoir de jeunes talents et leur offrir une chance de jouer à Manifiesta en septembre. Mais MMNW ce n’est pas seulement un moyen de promouvoir une culture populaire et accessible. C’est aussi un moyen de protester contre l’achat pour 15 milliards de matériel militaire et mon-trer que d’autres choix sont possibles. Par exemple, investir dans la culture...

DÉBATS SUR LES CAUSES DU TERRORISMEÀ Érasme (ULB) et Louvain-La-Neuve, Comac a orga-nisé des débats sur les causes du terrorisme. Peut-on vraiment mettre fin à un phénomène qui trouve ses racines dans une longue tradition d’impérialisme et de destruction du tissu socio-économique par plus de guerres et moins d’investissement dans le social, la prévention, l’éducation et l’intégration ?

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PAR MORGANE DE MEUR

Nous fêtons cette année le 26e anniver-saire de l’adoption du projet de loi du 3 avril 1990 dépénalisant l’avortement qui reconnait depuis lors à toute femme enceinte se trouvant « en situation de détresse » le droit de demander un avortement. Mais la cellule qui a gagné le combat il y a 26 ans pose le constat que l’espace politique n’est plus celui de l’époque.

La Belgique est intégrée profondément dans une Eu-rope traversée de courants divers. En effet, les 6 000 manifestants qui étaient attendus à « la Marche pour la Vie » le 17 avril dernier démontrent un incontestable suc-cès du mouvement souhaitant la répression des IVG. De tristes fous isolés ? Le sentiment d’un retour en force de courants conservateurs amène à se poser la question suivante : le droit à l’interruption volontaire de grossesse est-il menacé en Europe ?

L’Organisation Mondiale de la Santé rappelle qu’il existe plus de 65 700 femmes dans le monde qui perdent la vie chaque année suite à un avortement dans les pays où il est « fortement restreint, ou illégal ». Dans les pays où il est illégal, ce sont principalement des femmes sans res-sources qui se résolvent à faire appel à des méthodes dangereuses. Or 25 % de la population mondiale vit dans 54 pays (essentiellement en Afrique, en Amérique Latine et en Asie) où la loi est très stricte. L’association Médecins du Monde souligne que « les lois restrictives ne font en aucun cas baisser le nombre d’avortements »,

mais poussent les plus pauvres à « mettre leur vie en danger » en allant dans « des lieux clandestins à hauts risques ».

L’EUROPE À LA POINTE POUR LES DROITS DES FEMMES ?L’état des lieux en Europe est loin de donner à sourire : dans les pays où l’Église catholique est encore fort pré-sente, comme l’Irlande ou l’Italie, les conditions sont particulièrement restrictive. En Italie 80 % des médecins refusent de pratiquer l’avortement. En Hongrie où l’ex-trême droite de Viktor Orban est au pouvoir, des projets de loi visent à interdire l’avortement. En Espagne, l’accès à l’avortement est restreint pour les femmes mineures depuis ce 9 septembre du fait d’un gouvernement néo-

LE DROIT À L’AVORTEMENT EST-IL UN DROIT DE LA FEMME ?

Depuis 2015, un groupe de travail « féminisme » est mis enplaceàComac-ULBafindediscuterdesproblèmesquotidiens liés aux questions de genre. « Un espace non mixte où les femmes peuvent librement dire ce qu’elles pensent,unesafe-placeoùlesfemmespeuventnonseulementdiscuterdessujetsquilestouchent,maiséga-lement les prendre en main, prendre plus de responsa-bilités et d’assurance, réellement prendre leur place au sein de l’organisation face au temps de parole masculin. C’est, en outre, un espace politique privilégié pour travailler sur les thématiques du sexisme, du féminisme etdesrevendicationsquiysontassociées.»

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libéral et ultraconservateur marquant un recul législatif de 30 ans, en pleine ère franquiste ; alors qu’au Portugal, il vient d’être voté une loi supprimant le rem-boursement de l’acte et soumettant les femmes qui désirent avorter à des entre-tiens préalables humiliants.

Comment est-il possible qu’en 2015, chaque pays membre de l’Union euro-péenne ait sa propre législation sur le sujet ?

En effet, il est grand temps que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Conven-tion Européenne des droits de l’homme. Parce qu’elle a été le premier instrument concrétisant et rendant contraignants certains des droits énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, son importance réside non seulement dans l’étendue des droits fon-damentaux qu’elle protège, mais aussi dans le mécanisme de protection établi à Strasbourg pour examiner les violations alléguées et veiller au respect par les États de leurs obli-gations découlant de la Convention. Dès lors, une évo-lution vers l’acquisition d’un réel droit de la femme nous semble non seulement possible, mais également néces-saire pour garantir la santé et la sécurité des femmes. Par ailleurs, ce projet s’inscrit directement dans une politique de progrès social pour les droits des femmes en faveur de l’élimination des sté-réotypes sexués qui influencent les comportements et les politiques ; ou encore de l’intégration du genre dans l’ensemble des politiques dé-veloppées par la collectivité.

Sous cette impulsion, la plateforme « Abortion Right ! » encourage les députés belges à prendre les mesures nécessaires en vue d’une normalisation de l’avortement ; et ce en retirant du Code pénal les dispositions relatives à l’avortement, actuellement toujours inscrites dans le chapitre « crimes contre l’ordre des familles et la morale publique ». La condition de « l’état de détresse » de la

femme, notion jugée comme une « inobjectivable dans la pratique et source d’insécu-rité juridique » est également remise en cause.

Photo : archivesdutravail.org

CE SONT PRINCIPALEMENT DES FEMMES SANS RESSOURCES QUI SE RÉSOLVENT À FAIRE APPEL À DES MÉTHODES DANGEREUSES

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UNE LUTTE LOIN D’ÊTRE ACHEVÉELa lutte pour le droit à l’avortement est pourtant exem-plaire à plus d’un titre. Elle est le fer de lance et le sym-bole d’un nouveau féminisme égalitaire, défendu dans son origine par le mouvement marxiste, et qui a connu un regain en Europe dans les années 60-70. Au début des années 60, dans le sillage des travailleuses de la Fabrique Nationale d’armes à Herstal les femmes se mo-bilisent et luttent pour l’égalité des salaires. Bien qu’elles travaillent comme leurs collègues masculins, elles n’ont pas les mêmes droits que les hommes, notamment en termes de salaires. Et quand il s’agit du droit à dispo-ser de leur corps, pas d’avortement possible, mais pas de contraception non plus. En effet, suite à la Première Guerre mondiale une loi nataliste édictée en 1923 pour repeupler la Belgique interdit toute publicité pour la contraception. Dans les milieux progressistes, femmes et hommes se mobilisent pour dénoncer cette situation révoltante. Ils tiennent pour acquis que pour lutter effica-cement contre les IVG, d’autres moyens que la sanction pénale sont possibles.

En 2002, la Cour Européenne des droits de l’homme a, elle-même, dans son arrêt Boso c. Italie, estimé que la différence objective existant dans l’implication person-nelle de la femme justifie : « que son autonomie de déci-sion soit prioritaire. »

Ainsi, ce débat s’attaque à ce qu’il y a de plus fondamental dans la conception que la société a des femmes. Or, si toutes avancées dans les droits des femmes sont toujours nées d’un climat politique de démocratie et de lutte contre les in-justices ; Jean Faniel, directeur du Centre de recherche et d’information sociopoli-tiques, n’hésite pas à affirmer « qu’il y a une proximité entre la Suédoise néolibé-rale et l’ère Thatcher des années 1980. » En effet, notre gouvernement Michel n’a pas l’égalité pour objectif principal.

Les menaces nous viennent donc par le biais des débats sur avortements tardifs et des avancées en néonatologie, sous

Photo : cvfe.be

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prétexte que la science médicale sauve des bébés pré-maturés à 26 semaines de gestation. Ou encore de la reconnaissance juridique du fœtus comme personne, suite à la récente proposition de loi déposée par le CD&V et le SPA. La proposition de l’Open VLD de 2011, qui pré-conise un seuil de 106 jours depuis la conception, soit 15 semaines de grossesse, semble être la proposition retenue. Sans compter, les rencontres de l’OSCE (Orga-nisation pour la sécurité et la coopération en Europe) qui se sont transformées en un lieu de rendez-vous des fondamentalistes religieux de toute l’Europe. Der-nièrement, la question de l’élargissement de principe de l’objection de conscience a été vivement débattue,

celle-ci doit permettre d’empêcher l’acte, mais également de permettre au médecin de ne pas le pratiquer lui-même. Citons également la pré-éminence de partis de droite dans certaines régions d’Europe. Ainsi, Marine Le Pen, membre du parti FN qui s’est

exprimée ce 17 novembre en faveur d’une suppression des budgets alloués aux plannings familiaux et aux as-sociations LGBT « dont je condamne fermement l’idéo-logie ». « Il est de temps de faire le ménage (…). Il n’est pas question de leur verser un sou. » De même, en ile de France, le conseil régional a voté la suppression du « Pass » contraception qui permettait aux étudiants d’avoir accès gratuitement à une contraception ou des dépis-tages. Cette suppression est inquiétante pour la santé sexuelle des jeunes.

Nous pensons que seule une législation respectueuse des droits des femmes sur leurs corps associés à un

environnement favorable tel que l’éducation sexuelle à l’école pour tous, des services de planning familiaux accessibles et un accès à une contraception d’urgence peut apporter une réponse structurelle. On constate que le mouvement pro-vie est en guerre, il a des moyens financiers, des puissants lobbies et ses attaques sont, avant tout, idéologiques et politiques. Or, les avorte-ments clandestins sont la cause de décès de femmes toutes les 9 minutes dans le monde. Cela montre que nous sommes face à un véritable enjeu de société qui ne peut être ignoré. Dès lors, cette lutte nécessite d’être menée sur trois terrains : le terrain juridique en faveur d’une reconnaissance d’un droit acquis de la femme, le front sociosanitaire pour le libre accès aux services et le front politique par et pour les groupes de femmes.

C’est pourquoi, s’inscrivant dans cette lutte, le groupe de travail « féminisme » de Comac-ULB mène une cam-pagne active pour obtenir l’accessibilité et la gratuité de la contraception depuis que la Région wallonne a pris pour décision d’interdire légalement aux plannings fa-miliaux de distribuer la pilule contraceptive et celle du lendemain en l’absence d’un médecin ; rappelant par ailleurs que la démocratie est un projet égalitaire dont l’objectif est de réduire les injustices, qu’elles soient volontaires ou non, et d’avancer vers un progrès social.

TOUTES AVANCÉES DANS LES DROITS DES FEMMES SONT TOUJOURS NÉES D’UN CLIMAT POLITIQUE DE DÉMOCRATIE ET DE LUTTE CONTRE LES INJUSTICES

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PANAMA PAPERSPlus de 700, c’est le nombre de Belges qui cachent de l’argent dans ce paradis fiscal qu’est le Panama. Après les LuxLeaks, les SwissLeaks, les BelLeaks, voilà donc encore un cas d’ex-trémisme fiscal. Et encore une fois, c’est les mêmes noms qu’on retrouve, des membres du club restreint des grandes fortunes belges, les De Spoelberch par exemple, 52 milliards de capital.

Dur d’entendre De Wever répé-ter que le seul endroit où on peut trouver de l’argent c’est la sécu-rité sociale quand on voit com-ment les plus riches échappent à leurs devoirs fiscaux.

On attend toujours un niveau  4 d’alerte fiscale de la part du gou-vernement... Un gouvernement qui vient de mobiliser 150 huis-siers pour faire la chasse au wal-lon qui n’ont pas payé leur rede-vance télé...

« Sire, taxons les pauvres, ils sont bien plus nombreux ».

RÉFORME PEETERS : RETOUR 150 ANS EN ARRIÈRELa réduction collective du temps de travail... Voilà au bas mot 150 ans que le mouvement ouvrier en a fait une de ses revendications phares. Grève insurrectionnelle (1886), manifestations, entre-deux-guerres et émergence du socialisme en Russie, victoire sur le fas-cisme et influence des communistes... Autant de moments qui ont vu le mouvement ouvrier progresser sur cette revendication. Rien de plus naturel finalement que de voir la productivité des travail-leurs compensée par plus de salaires et plus de temps libre.

N’est-ce pas Keynes qui prophétisait en 1930 qu’à la fin du XXe siècle, trois heures par jour, et une semaine de 15 heures de travail suffiraient amplement à subvenir aux besoins  ? Keynes, contrai-rement à Kris Peeters, n’avait pas tenu compte de la soif sans fin de profits des capitalistes. Ce dernier nous propose donc de faire sauter les limites des 8 h par jour et des 38h/semaine. Une déré-gulation totale des acquis sociaux. En sens inverse de la marche de l’histoire donc... Pour nous, comme pour les camarades français face à la loi El Kohmri, pas de négociations possibles sur ce point. Chômage de masse, burn-outs, retraite retardée au-delà de l’espérance de vie en bonne santé... Rédui-sons le temps de travail !

EN BREF

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#NUITDEBOUT : PREMIÈRE BRISE D’UN VENT QUI SE LÈVE ?Nées en France comme une prolongation des manifestations contre la Loi Travail d’El Kohmri, elles se sont propagées partout, de Bordeaux à Louvain-La-Neuve, de Bruxelles à Montréal. Le principe ? Une agora popu-laire, où un langage gestuel hérité des Indignés vient ponctuer les interventions. Des interventions aussi variées que les préoccupations des participant. e. s : Panama Papers, guerre en Syrie, austérité des les services publics, place des femmes dans la société, écologie... Si en France, le mouvement a un lien avec le mouvement social de par son origine, en Belgique ce lien est encore à construire. Et les axes de lutte ne manquent pas en Belgique et en Europe en 2016 ! Sur quoi va déboucher le mouvement ? Va-t-il être ca-pable de s’organiser et de s’élargir ? De durer ? Com-ment éviter les écueils du mouvement des Indignés ? Ces réponses sont encore à construire, mais ce qui est sur c’est qu’un vent se lève en Europe...

MEXIQUE : LES FEMMES SE MOBILISENT Elles étaient des centaines de milliers le 25 avril à prendre la rue. Derrière le hashtag #Vivas-NosQueremos (Nous nous préférons vivantes), c’est une gigantesque marée qui a déferlé sur plus de 40 villes du pays contre la violence machiste et les féminicides, contre les stéréotypes de genre, mais aussi contre les disparitions des étudiants. e. s de l’école d’Ayotzinapa (en

2014, 43 étudiants de cette école de gauche radicale étaient enle-vés, probablement par la police, pour être remis à des narcotrafi-quants. On est toujours sans nouvelles de leurs corps).

Au Mexique, la situation mondiale des violences contre les femmes est exacerbée : 7 femmes sont assassinées chaque jour. 63 % des Mexicaines de plus de 15 ans ont déjà été victimes de violences phy-siques et/ou sexuelles. Ce qui choque, c’est le taux d’impunité des auteurs ; 95 % des plaintes ne débouchent sur aucune condamna-tion. Une réalité loin d’être spécifique au Mexique : En Belgique, 8 femmes portent plainte pour viol chaque jour...

EN BREF

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Mais très vite les lieux abandonnés livrent leurs dernières richesses et il faut aller prospecter plus loin. Ce petit hôtel par exemple, où vit un couple de personnes âgées. Serez-vous prêt à voler leurs médicaments pour sauver votre ami malade ou préférerez-vous zigzaguer entre les balles des snipers dans le centre-ville au risque d’y rester ?

Les choix sont cornéliens et la pression est intense. D’autant qu’il faut absolument rentrer avant que le jour se lève et que la pro-tection que vous offre la nuit face aux combattants disparaisse. Si cela devait arriver, il y a de forte chance que votre personnage ne retrouve jamais ses amis. Si l’on reste bien entendu loin de l’horreur que constitue une guerre pour les populations civiles, on se surprend à s’investir dans l’histoire et dans ses protagonistes ; chacun possède sa biographie, a ses doutes, ses craintes et ses vices et réagit à chacune de vos actions.

Dans un monde vidéoludique dominé par quelques firmes qui produisent du contenu qui vise le profit plutôt que la diffusion de messages ou la promotion d’une culture progressiste, This War of Mine est un vrai courant d’air frais. Et oui, après y avoir joué, on comprend encore un peu mieux ce que doit être la réalité des hommes, des femmes et des enfants qui subissent les guerres im-périalistes ou les conflits civils excités ou alimentés par l’Occident. À moins de 20 euros, dont une partie bénéficie à des associations qui viennent au secours des enfants victimes de la guerre, il serait dommage de se priver !

PAR MAX VAN LAERE

This War of Mine, cette guerre qui est la mienne. Voilà le titre de ce jeu qui casse les canons du genre.

Ici pas de soldat bodybuildé dont le but est de causer le plus de dégâts dans les rangs ennemis, de gagner une guerre. Non. Ici ce sont les grands absents de ces jeux que l’on incarne : les civils bien sûr.

Oubliés des débats au Parlement quand les partis de la majorité s’en prennent aux réfugiés ou quand ils votent l’investissement de 15 milliards d’euros dans plus de guerres aux côtés de l’OTAN, et oubliés des médias culturels que sont les jeux vidéos, on est presque surpris qu’un titre leur soit consacré dans son entièreté.

Dans This War of Mine vous incarnez un groupe de civils pris dans la tourmente d’une guerre civile dans une république fictive d’Eu-rope de l’Est qui évoque la Yougoslavie des années 1990 prise entre l’excitation des tensions ethniques et une intervention impé-rialiste de l’OTAN.

Le but ? Le même que celui des civils d’Irak, du Mali ou de Pales-tine pris entre des groupes militaires qui s’affrontent : survivre. Le jeu se divise en 2 phases. Durant la journée il faut tâcher d’amé-liorer son abri, de veiller au bien-être physique et moral de votre groupe, de s’assurer un approvisionnement en eau en construi-sant un purificateur et de quoi commercer avec d’autres groupes de civils en installant une distillerie. Le moral est un facteur décisif : trop peu de nourriture, pas assez de repos, un temps trop froid ou la perte d’un proche et c’est la dépression qui guette. Jusqu’aux conséquences les plus extrêmes.

L’autre phase de jeu se déroule la nuit, sur une carte de la ville vous avez le choix entre plusieurs lieux qui pourraient bien abri-ter les ressources qui vous permettront de tenir quelques jours de plus et, qui sait, de voir la fin du conflit.

THIS WAR OF MINE

RUBRIQUE CULTURELLE

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OPINIONAÏMANE MENIOUI

Je n’ai jamais été aussi concerné et bous-culé depuis les horribles attentats qu’a subis la Belgique le 22 mars 2016. Sans doute, toi aussi. Après l’hommage natio-nal et le recueillement, s’imposent alors les questions : Qui ? Pourquoi ? Y aura-t-il une prochaine fois ? Comment éviter cela ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Avait-on prévu le coup ?

Ces questions sont diverses, mais surtout légitimes. Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai envie de savoir. Savoir pourquoi les suspects étaient « fichés », mais ont néan-moins pu se «  balader  » au petit bonheur la chance au sein du continent européen, avant d’organiser et de commettre leurs atrocités. Savoir pourquoi les autorités n’ont pas pris au sérieux les menaces qui pesaient sur notre quotidien.

Non, je ne veux pas savoir, je dois savoir. Je dois savoir pourquoi le gouvernement collabore avec des pays déstabilisateurs et totalitaires au Moyen-Orient. Pourquoi est-ce que la Belgique s’engage au sein d’une guerre qui n’alimentera là-bas et ici que chaos, déstabilisations et malheur pour la population civile ?

Déjà depuis 2015, le gouvernement Michel avait réagi et entrepris une série de me-sures censées protéger la population belge

de la menace terroriste. Mon scepticisme, quelque peu nuancé, commençait alors à se faire sentir. Quelles libertés allaient être mises à mal ? Oseraient-ils le faire et jusqu’où ? Il est toujours intéressant, voire malveillant, d’élaborer un magnifique plan antiterrorisme en un laps de temps record, laps de temps où l’opinion publique ne peut qu’être souple pour accepter des lois qui fi-nalement, ne font que normaliser et élargir une surveillance de masse.

Ces mesures vont de la surveillance aux frontières, du déploiement militaire (+ 500 militaires) à la révision de la Consti-tution en passant bien évidemment par la reconnaissance vocale, digitale et minéra-logique. Mais ce n’est pas tout  : écoutes téléphoniques, un «  plan Molenbeek  » et tout récemment, le PNR. Le «  Passenger Name Record » est un système permettant

l’échange international d’informations sur nous (nom, prénom, voiture utilisée, hôtels fréquentés, type de repas commandés...) et nos déplacements au sein du continent (et plus si affinités). Toutes ces mesures n’ont pas empêché de constater notre désarroi, que ce soit à l’aéroport ou dans le métro.

J’ose mettre en perspective toute cette po-litique avec un panel beaucoup plus large de mesures. Il n’est malheureusement pas seulement question de participer à des guerres. En plus de cela, il est question d’appauvrissement des peuples, de pré-cariser le droit du travail et de la sécurité sociale sans oublier le harcèlement inces-sant et stigmatisant sur la population socia-lement fragilisée à savoir les étudiants, les pensionnés, les chômeurs, les handicapés, les familles monoparentales et les per-sonnes isolées. Et bien sûr la banalisation d’un certain discours islamophobe qui voudrait qu’une « partie significative de la communauté musulmane » ait dansé le soir des attentats. Les preuves ? On les cherche toujours...

Cerise sur le gâteau, on assume protéger et par conséquent, inciter le « 1 % » à proté-ger leurs fortunes dans des paradis fiscaux voire même de refuser une enveloppe de 700 000 000 € d’impôts que des multina-tionales doivent à la Belgique. Alors moi je me pose les mêmes questions : Pour qui ? Pourquoi ? Et pour quoi ?

QUE NE FERAIT-ON PAS POUR ÊTRE EN SÉCURITÉ ?

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REJOINS COMAC !Comac le mouvement de jeunes du PTB rassemble tous les jeunes, écoliers et étu-diants qui n’acceptent pas la société d’aujourd’hui. Les jeunes qui n’acceptent pas que leur futur soit hypothéqué par les 1% qui profitent l’inégalité, de la destruction de l’environnement, de la guerre et du racisme. Des jeunes qui veulent d’une société juste, une société à la hauteur des humains et de la nature et pas une société qui a pour seul horizon le profit d’une infime minorité. C’est pour construire cette société des gens d’abord que Comac cherche à rassembler tous les jeunes qui veulent lutter contre les injustices et pour la construction d’une alternative, le socialisme 2.0. Tout est possible quand on est suffisamment nombreux à s’unir et à s’organiser pour cet objectif. Et toi, est-ce que tu veux changer le monde avec nous ?

Surf sur www.chengetheworld.be, onglet devenir membre.

PARTICIPE À LA SEMAINE DE LA SOLIDARITÉ !La Semaine de la Solidarité, c’est plus de 100 membres de Comac qui profitent du cadre de la réserve naturelle de Hoge Rielen (Kas-terlee, province d’Anvers) pour faire le point sur l’année qu’ils ont vécu ensemble, échanger, se rencontrer. C’est un moment de réflexion sur les campagnes et les actions que Comac a menées, pour mieux préparer l’année suivante. Mais c’est aussi bien sûr un grand moment de détente fait d’activités sportives et ludiques, de soirées concerts et de feux de camp. C’est un moment d’appren-tissage, de discussions et de débats sur ce monde que la jeunesse doit changer, et sur les alternatives qui s’offrent à elle. La Semaine de la Solidarité, c’est rencontrer des travailleurs qui parlent de leur quotidien, des luttes sociales pour leurs emplois de qualité, et pour l’avenir de la jeunesse. Car face à l’avenir que certains nous pré-parent, il faut répondre qu’on vaut mieux que ça !

É.R.

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