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La Faculté de Droit Virtuelle est la plate-forme pédagogique de la Faculté de Droit de Lyon http://fdv.univ-lyon3.fr Date de création du document : année universitaire 2010/2011 Consultez les autres fiches sur le site de la FDV : http://fdv.univ-lyon3.fr Fiche à jour au 29 novembre 2011 F F F I I I C C C H H H E E E P P P E E E D D D A A A G G G O O O G G G I I I Q Q Q U U U E E E V V V I I I R R R T T T U U U E E E L L L L L L E E E Matière : Contrats spéciaux Auteurs : Cécilia Mollot, actualisé par Nelly Argoud S S S E E E A A A N N N C C C E E E N N N ° ° ° 4 4 4 - - - L L L E E E C C C O O O N N N T T T R R R A A A T T T D D D E E E N N N T T T R R R E E E P P P R R R I I I S S S E E E ( ( ( 1 1 1 ) ) ) Q Q Q U U U A A A L L L I I I F F F I I I C C C A A A T T T I I I O O O N N N E E E T T T R R R E E E G G G L L L E E E S S S G G G E E E N N N E E E R R R A A A L L L E E E S S S S S S O O O M M M M M M A A A I I I R R R E E E I. QUALIFICATION DE CONTRAT D’ENTREPRISE 4 A. CONTRAT DENTREPRISE ET CONTRAT DE VENTE 4 Com., 27 novembre 2001 4 Civ.1 ère , 14 décembre 1999 5 B. CONTRAT DENTREPRISE ET CONTRAT DE DEPOT 6 Civ.1 ère , 3 juillet 2001 6 II. REGLES GENERALES APPLICABLES AU CONTRAT D’ENTREPRISE 7 A. FORMATION DU CONTRAT DENTREPRISE 7 Civ.1 ère , 28 novembre 2000 7 B. OBLIGATIONS DES PARTIES 8

Contrat d Entreprise i

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La Faculté de Droit Virtuelle est la plate-forme pédagogique de la

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Date de création du document : année universitaire 2010/2011

Consultez les autres fiches sur le site de la FDV : http://fdv.univ-lyon3.fr

Fiche à jour au 29 novembre 2011

FFFIIICCCHHHEEE PPPEEEDDDAAAGGGOOOGGGIIIQQQUUUEEE VVVIIIRRRTTTUUUEEELLLLLLEEE

Matière : Contrats spéciaux

Auteurs : Cécilia Mollot, actualisé par Nelly Argoud

SSSEEEAAANNNCCCEEE NNN°°° 444 --- LLLEEE CCCOOONNNTTTRRRAAATTT DDD’’’EEENNNTTTRRREEEPPPRRRIIISSSEEE (((111)))

QQQUUUAAALLLIIIFFFIIICCCAAATTTIIIOOONNN EEETTT RRREEEGGGLLLEEESSS GGGEEENNNEEERRRAAALLLEEESSS

SSSOOOMMMMMMAAAIIIRRREEE

I.  QUALIFICATION DE CONTRAT D’ENTREPRISE 4 A.  CONTRAT D’ENTREPRISE ET CONTRAT DE VENTE 4 

Com., 27 novembre 2001 4 

Civ.1ère, 14 décembre 1999 5 

B.  CONTRAT D’ENTREPRISE ET CONTRAT DE DEPOT 6 

Civ.1ère, 3 juillet 2001 6 

II.  REGLES GENERALES APPLICABLES AU CONTRAT D’ENTREPRISE 7 

A.  FORMATION DU CONTRAT D’ENTREPRISE 7 

Civ.1ère, 28 novembre 2000 7 

B.  OBLIGATIONS DES PARTIES 8 

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Civ.3ème, 24 juin 1987 9 

Civ.3ème, 2 octobre 2002 9 

Civ.1ère, 9 octobre 2001 10 

Civ. 1ère, 3 juin 2010 10 

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Ceci est le Résumé Explicatif du Code Juridique (la version intégrale du contrat).

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L’article 1710 du Code civil donne une définition trop large du contrat d’entreprise ne permettant pas de le distinguer des contrats de travail et de transport.

La doctrine et la jurisprudence l’ont précisée. Le contrat d’entreprise s’analyse ainsi en « une convention par laquelle une personne charge une autre, moyennant rémunération, d’exécuter, en toute indépendance, et sans la représenter, un travail ».

La diversité des activités pouvant se couler dans ce moule juridique explique que le contrat d’entreprise soit soumis à des règles générales auxquelles se superposent des règles spéciales propres à telle ou telle convention (Cf. séance 6 – Le contrat d’entreprise - règles spéciales - )

I. Qualification de contrat d’entreprise

La prestation caractéristique du contrat d’entreprise est à chercher dans l’obligation principale de l’entrepreneur qui est de réaliser l’ouvrage attendu par son cocontractant (construction d’un immeuble, fourniture d’un renseignement, nettoyage…). La qualification du contrat d’entreprise pose néanmoins problème quand à cette obligation s’en ajoutent d’autres susceptibles d’emporter une qualification différente (vente, dépôt, bail, mandat…)

A. Contrat d’entreprise et contrat de vente

La qualification est importante car elle commande le moment du transfert de propriété, le régime des clauses de responsabilité et les règles sur la détermination du prix.

Le contrat d’entreprise a pour objet l’exécution d’un travail. Doit ainsi être qualifié de vente le contrat par lequel une partie s’engage à fournir à l’autre une chose de genre moyennant paiement d’une somme d’argent.

CCoomm..,, 2277 nnoovveemmbbrree 22000011

Sur le premier moyen :

Attendu que la SAPISE reproche à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen, que la qualification d'un contrat repose sur la détermination de la prestation la plus importante effectuée par le débiteur, que l'objet de la prestation est défini non par référence à la seule lettre du contrat mais aussi aux opérations réellement effectuées pour parvenir à la livraison promise, que la livraison d'eau brute suppose des opérations matérielles antérieures telles que le pompage en l'espèce dans la rivière La Lézarde et l'acheminement sur le lieu du traitement qui à l'évidence constituaient l'essentiel du travail de la SAPISE et étaient la cause de sa rémunération, l'eau en elle-même ne lui coûtant rien, que la convention du 31 décembre

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1979 avait d'ailleurs fixé le prix du mètre cube d'eau uniquement par référence aux frais de gestion et d'entretien de la station de pompage située sur la rivière La Lézarde, qu'en décidant en l'état de ces éléments que l'opération devait être considérée comme une vente et non comme un contrat d'entreprise, l'arrêt attaqué a violé l'article 1134 du Code Civil ;

Mais attendu que la cour d'appel, qui a relevé que l'objet du contrat n'était pas l'exécution d'un travail mais la fourniture par la SAPISE à la SEM d'une chose de genre, à savoir une certaine quantité d'eau, moyennant un prix constitué par une somme d'argent, déterminable à échéances régulières, en a à bon droit déduit qu'une telle convention était une vente ; que le moyen n'est pas fondé ;

La jurisprudence récente considère que le contrat est un contrat d’entreprise lorsqu’il « porte non sur des choses déterminées à l’avance mais sur un travail spécifique destiné à répondre aux besoins particuliers exprimés par le donneur d’ordre ». Ainsi, doit être qualifié de vente le contrat laissant au fabricant une totale liberté, la commande ne présentant aucune particularité spécifique (Cf. déjà en ce sens civ.3ème 05/02/85 BC 85 III, n°23 et com. 04/07/89 BC 89 IV, n°210). La solution ne vaut pas pour les contrats portant sur des prestations intellectuelles, lesquelles sont toujours originales.

CCiivv..11èèrree,, 1144 ddéécceemmbbrree 11999999

Attendu que la société Bretagne hydraulique (la société) a procédé à la fourniture et à l'installation de deux nouveaux moteurs sur le navire de pêche de M. Dagorn ; qu'à la suite d'avaries de l'installation, celui-ci a assigné en responsabilité la société qui a demandé le paiement de ses factures de travaux et fournitures ;

Sur le premier moyen, pris en ses trois branches :

Attendu que la société fait grief à l'arrêt attaqué (Rennes, 2 juillet 1997) d'avoir accueilli la demande de M. Dagorn, alors, selon le moyen, d'une part, que constitue un contrat de vente la convention portant sur une chose fournie par l'entrepreneur, laquelle répond en outre à des caractéristiques déterminées par avance et ne présente aucune particularité ; que la cour d'appel qui a constaté que la société avait fourni les moteurs litigieux à M. Dagorn, en vue de les installer dans le système hydraulique du navire appartenant à celui-ci, a, en décidant que la convention en cause n'était pas un contrat de vente, violé les articles 1582 et 1787 du Code civil ; alors, d'autre part, que le marché conclu est une vente, et non un contrat d'entreprise, dès lors que la valeur de la matière première est supérieure à celle du travail ; qu'en se bornant à relever dans le contrat litigieux une " part élevée " de petites fournitures et de main-d'oeuvre sans autrement préciser l'importance respective de la main-d'oeuvre et de la matière fournie, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des textes précités ; alors, enfin, que la cour d'appel a affirmé qu'il résultait des " documents " versés aux débats que les moteurs litigieux auraient été installés conformément aux besoins du donneur d'ordre sans préciser le contenu de ces documents, ni les analyser, même sommairement, de façon à faire apparaître en quoi ces documents révélaient que les travaux auraient été effectués par référence à des exigences précises et spécifiques du client de la société Bretagne hydraulique, de sorte que la cour d'appel a méconnu les exigences de l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;

Mais attendu, sur la première et la deuxième branches, que la cour d'appel a relevé qu'il résultait des factures émises par la société chargée de l'entretien

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du navire de M. Dagorn, depuis plusieurs années, que celle-ci avait reçu commande d'une nouvelle installation comprenant la fourniture de moteurs et la pose de ceux-ci sur le navire ; qu'elle a retenu qu'il s'agissait de procéder à l'installation de ceux-ci dans le système hydraulique, conformément aux règles de l'art et aux besoins du donneur d'ordre ; que la cour d'appel qui a fait ainsi ressortir que le contrat portait non sur des choses déterminées à l'avance mais sur un travail spécifique destiné à répondre aux besoins particuliers exprimés par le donneur d'ordre en a exactement déduit que la convention ne constituait pas un contrat de vente ; qu'il en résulte donc qu'il s'agissait d'un contrat d'entreprise ;

Attendu, sur la troisième branche, que contrairement aux allégations du moyen, la cour d'appel n'a pas dit que le fait que les moteurs litigieux avaient été installés conformément aux besoins du donneur d'ordre résultait des documents versés aux débats ;

D'où il suit que le moyen, qui manque en fait en sa troisième branche, n'est fondé en aucune de ses autres branches ;

Sur le deuxième moyen, pris en ses neuf branches : (sans intérêt) ;

Sur le troisième moyen : (sans intérêt) ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.

B. Contrat d’entreprise et contrat de dépôt

Le contrat conclu avec un entraîneur hippique, assurant à la fois une mission d’entraînement et une mission de soins et d’hébergement de l’animal, s’analyse pour partie en un contrat d’entreprise et pour partie en un contrat de dépôt salarié.

CCiivv..11èèrree,, 33 jjuuiilllleett 22000011

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

Vu les articles 1915, 1927 et 1928 du Code civil ;

Attendu que M. Guedj a confié son cheval "Classic Crown" à M. Lhomet ; qu'aux termes du contrat, celui-ci avait l'obligation d'entraîner l'animal, de l'héberger et de lui donner des soins ; qu'en contrepartie, il percevait une rémunération mensuelle de 3 000 francs à laquelle s'ajoutaient le remboursement des frais de vétérinaire et un pourcentage sur les courses gagnées ; qu'ayant quitté l'écurie le 12 juillet 1993 vers 18 heures 30, alors que le cheval était en parfait état, M. Lhomet l'a retrouvé le lendemain matin, dans un état comateux ; que le vétérinaire, qui a dû euthanasier le cheval, a conclu, après autopsie, que celui-ci avait présenté des troubles neurologiques en relation avec une hémorragie intra-crânienne d'origine traumatique sans pouvoir préciser si la fracture était primitive dans ce phénomène ;

Attendu que, pour débouter M. Guedj de sa demande en paiement de dommages-intérêts dirigée contre M. Lhomet et son assureur, la société Generali France assurances, l'arrêt attaqué énonce que le contrat litigieux, qui faisait peser sur M. Lhomet, entraîneur, l'obligation essentielle de développer les performances de l'animal et seulement, d'une façon accessoire, de l'héberger, constituait un contrat d'entreprise ne comportant qu'une obligation de moyen quant à la sécurité de l'animal, même en dehors de l'entraînement,

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et que le propriétaire ne rapportait pas la preuve d'une faute commise par M. Lhomet à l'origine de la mort de l'animal ;

Attendu qu'en statuant ainsi, après avoir relevé que M. Lhomet assurait à la fois une mission d'entraînement et une mission de soins et d'hébergement de l'animal, en sorte que le contrat s'analysait pour partie en un contrat d'entreprise et pour partie en un contrat de dépôt salarié, la cour d'appel, qui a encore relevé que l'animal s'était blessé non pendant l'entraînement, mais dans son box, c'est-à-dire dans le cadre de l'obligation d'hébergement et de soins qui pesait sur M. Lhomet en sa qualité de dépositaire salarié de l'animal, a violé les textes susvisés en mettant à la charge du déposant la preuve d'une faute du dépositaire, alors que celui-ci ne pouvait s'exonérer qu'en démontrant que le dommage n'était pas imputable à sa faute ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 13 janvier 1999, entre les parties, par la cour d'appel de Rouen ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Caen ;

II. Règles générales applicables au contrat d’entreprise

A. Formation du contrat d’entreprise

Le contrat d’entreprise est un contrat consensuel. La rencontre des volontés exprimées par les parties sur les éléments essentiels de la prestation suffit à son existence.

Un accord préalable sur le montant de la rémunération n’est pas un élément essentiel du contrat d’entreprise. Si le prix n’a pas été déterminé par les parties dès l’origine l’entrepreneur le fixera lui-même à l’issue des travaux. Le maître de l’ouvrage peut contester ce prix et saisir le juge qui le déterminera en fonction des éléments de la cause et notamment d’éléments objectifs tirés des prix pratiqués sur le marché.

CCiivv..11èèrree,, 2288 nnoovveemmbbrree 22000000

Attendu que la société JF Le Baron, devenue Société des carrières de Billy, exploitant une décharge contrôlée d'ordures ménagères, a conclu au mois de décembre 1978 une convention avec le Syndicat intercommunal d'élimination des ordures ménagéres d'Argences (SIDEOM) pour une durée de dix ans renouvelable par tacite reconduction tous les deux ans, un préavis d'un an ètant pràvu en cas de dénonciation par l'une des parties ; que la rémunération de l'exploitant, fixée sur la base de 23 francs la tonne HT, était révisé chaque année suivant une formule stipulée au contrat, les parties ayant en outre la faculté de modifier, de concert, ou, en cas de désaccord, suivant une procédure prévue au contrat, soit le prix de base, soit la formule de révision ; qu'en 1988, aucun accord n'ayant pu être trouvé sur une demande de modification formée par la société Les Carrières de Billy, celle-ci a avisé le SIDEOM qu'elle ne pourrait plus recevoir les déchets à compter du 7 décembre 1991 ; que bien que, postérieurement à cette date, les parties

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n'aient pu se mettre d'accord sur un prix, les livraisons se sont cependant poursuivies jusqu'au mois de décembre 1992 ; que la société Les Carrières de Billy a assigné le SIDEOM, qui estimait à la somme de 79,97 francs la tonne le prix des prestations, en paiement des sommes correspondant au prix de 120 francs la tonne qu'elle facturait ;

Sur le premier moyen :

Attendu que le SIDEOM fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Caen, 24 mars 1998) d'avoir fait droit aux demandes de la société Les Carrières de Billy, alors, selon le moyen, que la cour d'appel qui a constaté que la convention initiale avait pris fin le 7 décembre 1991 du fait de sa résiliation, qu'il résultait d'une lettre du 12 mars 1992 que la société se réservait le droit d'arrêter la prise en charge de déchets, ce dont il se déduisait que la société n'avait contracté aucun nouvel engagement, ne pouvait décider que les relations entre les parties s'étaient poursuivies dans le cadre d'un contrat d'entreprise, et a violé les articles 1108, 1134 et 1787 du Code civil ;

Mais attendu qu'un accord préalable sur le montant exact de la rémunération n'est pas un élément essentiel du contrat d'entreprise ; que c'est dès lors à bon droit que, par motifs propres et adoptés, l'arrêt qui relève souverainement que la poursuite du dépôt des ordures ménagères, et l'acceptation de celles-ci manifestait l'accord des parties sur le principe de la prestation, en a déduit qu'elles avaient conclu un contrat d'entreprise ; que le moyen n'est pas fondé;

Sur le second moyen : Attendu qu'il est encore reproché à l'arrêt d'avoir fait droit aux demandes de la société Les Carrières de Billy, alors, selon le moyen, qu'en fixant le prix uniquement par référence aux tarifs pratiqués par des entreprises concurrentes, ou encore aux tarifs pratiqués par la société Les Carrières de Billy à l'égard d'autres clients, sans rechercher s'il ne convenait pas de prendre en compte la mission de service public qui est celle d'un SIDEOM, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1134 et 1787 du Code civil ;

Mais attendu que c'est par une appréciation souveraine des éléments objectifs tirés des prix pratiqués sur le marché qui lui étaient soumis, que la cour d'appel a fixé le montant de la rémunération due à la société prestataire de services ; que le moyen ne peut être accueilli ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.

B. Obligations des parties

L’obligation principale de l’entrepreneur est d’exécuter le travail promis. Il assume également de nombreuses obligations accessoires variables selon l’objet du contrat (travail sur une chose ou simple fourniture de service) : obligation de livraison, obligation de conservation, obligation de conseil, obligation de sécurité.

Trois obligations sont à la charge du maître de l’ouvrage : payer le prix de l’ouvrage, voire en prendre livraison et en accuser réception si la prestation de l’entrepreneur concerne un bien et ne consiste pas en un simple service.

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L’obligation d’exécuter le travail promis s’analyse tantôt en une obligation de résultat, tantôt en une obligation de moyens. Il faut rechercher dans chaque cas quel est l’engagement que l’entrepreneur a entendu souscrire.

CCiivv..33èèmmee,, 2244 jjuuiinn 11998877

Sur le moyen unique :

Vu l'article 1134 du Code civil ;

Attendu que, pour débouter M. Bertrand de sa demande en paiement du coût de travaux de nettoyage de canalisations que lui avait confiés M. Codaccioni, le jugement attaqué (tribunal d'instance de Mortagne-au-Perche, 21 novembre 1985), rendu en dernier ressort, retient que M. Bertrand avait été chargé de déboucher les canalisations et que ce résultat n'a pas été obtenu, le fait étant indépendant du mauvais état des ouvrages ;

Qu'en statuant ainsi, sans rechercher si M. Bertrand avait pris l'engagement de parvenir au résultat escompté, le tribunal d'instance n'a pas donné de base légale à sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE le jugement rendu, le 21 novembre 1985, entre les parties, par le tribunal d'instance de Mortagne-au-Perche ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit jugement et, pour être fait droit, les renvoie devant le tribunal d'instance de Nogent-le-Rotrou.

L’entrepreneur doit informer le maître de l’ouvrage sur le bien-fondé des travaux et sur la meilleure façon de les exécuter. Au titre de son obligation de conseil, l'entrepreneur doit ainsi s'assurer que le devis estimatif qu'il établit est en concordance avec la construction autorisée par le permis de construire.

CCiivv..33èèmmee,, 22 ooccttoobbrree 22000022

Sur le premier moyen :

Vu l'article 1147 du Code civil ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 19 janvier 1999), qu'en 1989, Mme X... a chargé la société Deixonne de la rénovation et de la construction d'un immeuble ; qu'après exécution de travaux, un litige a opposé les parties sur l'apurement des comptes et l'entrepreneur a assigné le maître de l'ouvrage en paiement de diverses sommes ;

Attendu que pour condamner Mme X... à payer à la société Deixonne une somme au titre de la diminution de la masse des travaux, l'arrêt retient que le maître de l'ouvrage était assisté d'un architecte et que l'entreprise de construction n'avait nulle raison de penser que le permis de construire mentionné était insuffisant pour la construction projetée aux termes du marché, alors qu'elle n'avait pas participé à l'obtention du permis de construire ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'il incombe à l'entrepreneur, tenu d'une obligation de conseil, de s'assurer que le devis estimatif qu'il établit est en concordance avec la construction autorisée par le permis de construire, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

Et sur le second moyen : […]

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PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il condamne Mme X... à payer à la société Deixonne une indemnité au titre de diminution de la masse des travaux et une somme à titre de révision du prix à la suite de l'interruption du chantier, l'arrêt rendu le 19 janvier 1999, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier ;

Comporte une obligation de conseil le contrat d’entreprise qui ne porte que sur la simple fourniture d’un service. Ainsi en est-il du contrat liant le médecin à son patient.

CCiivv..11èèrree,, 99 ooccttoobbrree 22000011

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

Vu l'article 1147 du Code civil ;

Attendu qu'un médecin est tenu de donner à son patient une information loyale, claire et appropriée sur les risque graves afférents aux investigations et soins proposés et n'est pas dispensé de cette information par le seul fait que ces risques ne se réalisent qu'exceptionnellement ;

Attendu que Mme X... a subi en 1993 une intervention chirurgicale à visée à la fois fonctionnelle et esthétique réalisée par M. Y..., médecin ; qu'à la suite de cette intervention Mme X... a présenté une importante nécrose de la plaie dont les suites ont été sévères, notamment au plan esthétique ; que pour écarter le grief fait par Mme X... au praticien de ne pas l'avoir informée de ce risque, la cour d'appel a énoncé que sa responsabilité ne pouvait être engagée eu égard au caractère rare et imprévisible de ce risque ;

Attendu qu'en statuant ainsi la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 17 février 1999, entre les parties, par la cour d'appel de Rennes ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Angers.

Cependant, par un arrêt rendu par la première chambre civile, la Cour de cassation le 3 juin 2010 (n°09-13.591, FS P+B+R+I), a opéré un revirement de jurisprudence au visa des articles 16, 16-3 et 1382 du Code civil en matière de responsabilité médicale.

Le manquement du médecin à son obligation d’information est désormais de nature délictuelle aboutissant à la réparation d’un préjudice que le juge ne peut laisser sans réparation.

CCiivv.. 11èèrree,, 33 jjuuiinn 22001100

Attendu qu'ayant subi, le 20 avril 2001, une adénomectomie prostatique, M. X... qui s'est plaint d'impuissance après cette intervention, a recherché la responsabilité de M. Y..., urologue, qui l'avait pratiquée ; Sur le moyen unique, pris en ses deux premières branches :

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[…] Mais sur la troisième branche du moyen :

Vu les articles 16, 16-3, alinéa 2, et 1382 du code civil ;

Attendu qu'il résulte des deux premiers de ces textes que toute personne a le droit d'être informée, préalablement aux investigations, traitements ou actions de prévention proposés, des risques inhérents à ceux-ci, et que son consentement doit être recueilli par le praticien, hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle elle n'est pas à même de consentir ; que le non-respect du devoir d'information qui en découle, cause à celui auquel l'information était légalement due, un préjudice, qu'en vertu du dernier des textes susvisés, le juge ne peut laisser sans réparation ; Attendu que pour écarter toute responsabilité de M. Y... envers M. X..., l'arrêt, après avoir constaté le manquement du premier à son devoir d'information, retient qu'il n'existait pas d'alternative à l'adénomectomie pratiquée eu égard au danger d'infection que faisait courir la sonde vésicale, qu'il est peu probable que M. X..., dûment averti des risques de troubles érectiles qu'il encourait du fait de l'intervention, aurait renoncé à celle-ci et aurait continué à porter une sonde qui lui faisait courir des risques d'infection graves ; En quoi la cour d'appel a violé, par refus d'application, les textes susvisés ; PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en sa disposition rejetant la demande en paiement d'une indemnité au titre du manquement au devoir d'information, l'arrêt rendu le 9 avril 2008, entre les parties, par la cour d'appel de Bordeaux ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Toulouse ;