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Corrige Ds 3 Fr Word

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CORRIGE TYPEMatière : FR10Devoir n° : 03Epreuve de recette du : 03/08/07 statut: 81

7FR10CTPA0307

Objet d’étude :l’argumentation : convaincre, persuader et délibérer

1. Questions (4 points)Question 1 (2 points)Le rôle des personnages et la progression du dialogueLe dialogue semble progresser grâce aux remarques indignées ou aux questions étonnées de la poularde, auxquellesrépondent les explications du chapon. Il s’agit donc d’un dialogue didactique : l’une ignore, l’autre sait.Un premier mouvement, du début à « …Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde ? » constitue une introduction : chaquegallinacé expose à l’autre les mutilations subies pour satisfaire la gourmandise des hommes. Cependant, la satire est déjàprésente car le chapon met en parallèle cette mutilation avec celle infligée à deux castrats qu’il a entendu discuter. C’est lacruauté de certaines moeurs humaines (gourmandise, plaisir esthétique du chant, rite religieux de la circoncision) qui est miseen cause. Devant l’indignation de la poularde, le chapon convoque d’autres exemples d’origine historique, toujours issus de laconversation surprise (« empereurs chrétiens et grecs », Louis le Débonnaire et son neveu Bernard, massacre de vingt mille,supposé cannibalisme des Juifs).Sensible à ses seuls intérêts, ce qui trahit sa naïveté et son ignorance, la poularde introduit une nouvelle articulation : « …Noustraite-t-on ainsi dans le reste du monde ? ». L’exposé auquel se livre alors le chapon est encore nourri des informations glanéesdans la conversation des deux abbés. L’exemple n’est destiné qu’à introduire la contribution de la poularde au dialogue, quicomplète à son tour le rôle didactique du chapon – ce dont témoigne la longueur de la réplique. Comme le chapon exposait lerécit de la conversation des deux castrats, elle raconte une scène qu’elle a personnellement entendue. La distance naïve aveclaquelle elle décrit le prêche dans une église ne l’empêche nullement de raisonner sur les contradictions entre le contenu de ceprêche et le comportement des hommes. Le chapon, dans une réplique autant développée, renchérit en exposant toutes lesentorses que les hommes font subir par leurs actions à leurs lois. Par ce passage à la théorie, il garde son rôle de dispensateurdu savoir, tout en ayant permis à la poularde de s’extraire quelque peu de sa naïveté en raisonnant à son tour.Un dernier mouvement, à partir de « Eh, mon Dieu ! », qui rappelle l’interjection du début, constitue une conclusion amusanteen revenant à la condition des gallinacés promis à la cocotte…

Question 2 (2 points)L’expression de la thèseLes thèses du chapon et de la poularde sont relativement aisées à déterminer car elles sont explicitement exprimées :l’humanité est une « détestable engeance », les hommes sont des « monstres ». Leur cruauté, dictée par la satisfaction de leursseuls plaisirs, en est la raison principale, entérinée par leur attitude face aux lois : le droit est employé à justifier les faits, etlorsque cela n’est pas possible, les lois sont aisément contournées.Cependant, même si les deux volatiles semblent d’accord, il ne faut pas penser qu’ils sont les porte-parole de la pensée deVoltaire. En effet, que faire de l’accusation contre les Juifs et de la naïveté de la poularde, complètement indifférente aumalheur des autres, seulement occupée de l’injustice qu’elle subit : « Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore ellemême,et que la terre soit purgée de cette race » ? L’antisémitisme de la poularde interdit d’en faire le porte-parole de Voltaire.Il en est de même du chapon qui avoue lui aussi son ignorance.Tout en soutenant le raisonnement des gallinacés contre la cruauté des hommes, le philosophe ne veut-il pas non plus mettreen garde son lecteur contre l’indignation gratuite de certains discours contre l’injustice et la cruauté qui ont eux-mêmes leurslimites, parce qu’il sont trop marqués d’ethnocentrisme. En conséquence, Voltaire met sans doute aussi en garde contre lesdiscours qui se limitent à être des discours contre l’injustice : il faut aussi agir. C’est ce qu’il fit dans l’affaire Calas.

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Travail d’écriture au choix (16 points)CommentaireComprendre l’enjeu de l’extrait à commenter :Cet extrait du dialogue fait se succéder deux assez longues répliques de la poularde, puis du chapon. Il s’agit d’un moment unpeu particulier, situé presque à la fin de l’avancée du raisonnement, car la poularde était restée jusqu’alors, par ses questions,l’expression de la naïveté qui permettait les explications du chapon exposant la cruauté des hommes par rapport aux animauxet à leurs semblables.Les deux tirades présentent toutes deux des raisonnements : la poularde part d’une observation (les bribes entendues d’unsermon) pour révéler les contradictions des hommes entre leur comportement vis-à-vis des animaux et leur respect de la loireligieuse ; le chapon élargit l’argumentation en exposant l’ampleur de ces contradictions.Voltaire part donc des acquis de la fable pour aller plus loin : il se sert de l ’animalité pour stigmatiser la cruauté de l’homme,puisque ces animaux sont plus « humains » que les humains.Le dialogue permet de présenter de manière plaisante des animaux raisonneurs qui mettent en cause par leurs observationsindignées les contradictions des hommes et leur perversité.

Construire un plan détaillé à partir d’une lecture analytique :I. Un dialogue amusant et fantaisiste1. Vivacité du dialogue2. Les animaux observateurs de l’homme3. Des animaux raisonneursII. … à portée philosophique1. Stigmatiser la cruauté humaine2. Stigmatiser la manipulation des lois et les incohérences de l’homme3. Efficacité du masque de l’énonciation dialogique ?

Proposition de rédaction pour le commentaireLe coup de force de La Fontaine fut de doter les animaux du langage des hommes. Par cette provocation, le fabuliste,précepteur de fils de roi, comptait « instruire et plaire ». Au XVIIIe siècle, Voltaire imagine le Dialogue du chapon et de lapoularde : les deux gallinacés, mutilés pour satisfaire la gourmandise des hommes, font le procès sans appel de leur cruauté. Àun peu plus des deux tiers du dialogue, la poularde, jusqu’alors restée un peu retrait dans son ignorance et son indignation,raisonne, à la faveur d’une observation récente, sur la mauvaise foi avec laquelle les hommes interprètent les lois religieusesqui leur interdisent la consommation de viande. Et le chapon, dans une tirade aussi conséquente, de renchérir sur la perversitéavec laquelle les hommes détournent les lois pour justifier les injustices qu’ils commettent. Si le dialogue permet de présenterde manière plaisante des animaux raisonneurs qui mettent en cause par leur observation indignée les contradictions deshommes et leur perversité, il n’en demeure pas moins que sa fantaisie et ses aspects comiques n’ôtent rien à la profondeur et àl’amertume de la critique : cet échange drolatique entre volatiles de basse-cour est aussi porteur d’une charge violente contreles cibles habituelles des Lumières.Même dans ses développements les plus amples, à savoir ici les deux tirades de la poularde et du chapon, l’échange gardetoute la fantaisie du reste du dialogue.L’extrait composé de la succession de ces deux tirades présente sans doute moins de vivacité dramaturgique que le reste dudialogue : c’est un moment de raisonnement et d’argumentation, y compris pour la poularde, qui ne s’était exprimée jusqu’alorsqu’à travers des questions ou de brèves remarques exprimant son indignation et sa naïveté. Cependant, on y retrouve toute lavivacité perceptible dans le reste du pamphlet : l’exclamative « Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! » qui ouvre l’exposéde la poularde, l’expression « Figure-toi » employée par le chapon font entendre la familiarité à la fois cordiale et courtoise entreces deux habitants de la basse-cour. La trivialité et la simplicité du vocabulaire, particulièrement remarquables chez la poularde,

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ramènent au concret des préoccupations de gallinacés : « j’entendais l’autre jour », « notre poulailler », « dévorer nos membresbouillis ou rôtis », « coupé le cou ». Cette vivacité plaisante capte déjà toute l’attention du lecteur : elle va lui faciliter le suivi duraisonnement tenu par les animaux et le forcer au moins, à rire de ses ridicules, au plus, à prendre conscience de sesinconséquences.Le comique du dialogue consiste aussi à représenter la réflexion sur la nature humaine à travers des animaux, particulièrementpacifiques et domestiqués, uniquement destinés à la « gourmandise » des hommes. « Chapon » et « poularde » paraissentainsi dénués de toute valeur d’agressivité et apparaissent beaucoup plus humains que les hommes. Ils emploient d’ailleurs unlangage humain : on peut noter la technicité du vocabulaire dans ce passage, tant pour le champ lexical du droit et de la loi :« défense positive », « traité », « clause », « pacte », « sacrilège », que pour le champ lexical de la manipulation par lelangage : « subterfuges », « sophismes ». Voltaire sait aussi utiliser les moyens éprouvés de l’anthropomorphisme des fables.Ainsi, les animaux n’ayant pas les mots pour désigner des réalités qui ne font pas partie de leur univers, les périphrases sontellesnombreuses : « cette espèce de grange qui est près de notre poulailler » désigne une église ou un temple, quiapparaissent ici sous un jour trivial qui désacralise le lieu de culte. Les conséquences sont les mêmes pour l’« homme quiparlait seul devant d’autres qui ne parlaient point » : la redondance trahit l’ignorance du mot sermon, mais introduit aussi unenote comique. Le verbe « il s’écriait » évoque une gestuelle exagérée et grandiloquente, plus caractéristique d’un histrion qued’un religieux. Au contraire, la périphrase « les habitants des eaux », pour les poissons, ennoblit le monde animal par l’emploid’un terme réservé d’habitude aux humains. De même, l’emploi du mot « victimes » personnifie les animaux, renforce lepathétique, et par conséquent la cruauté de l’outrage commis par les hommes, tandis que le terme de « créatures », renvoyantau langage biblique, rappelle que poissons et hommes sont tous « enfants » de Dieu, ce qui renforce la cruauté etl’inconséquence des hommes. Si les animaux sont personnifiés (« dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte »), leshommes sont animalisés : « ces autres animaux appelés hommes ». Dans sa conclusion, le chapon emploie le mot « espèce ».Leur langage révèle donc que les gallinacés gardent leur point de vue animal et ils paraissent parfois traduire laborieusement lelangage des hommes : « ils appellent cela jeûner, se mortifier », explique le chapon à la poularde ; mais on voit bien qu’en lesfaisant parler ainsi, Voltaire met en évidence les contradictions des hommes et leur désobéissance par rapport à la loi.L’anthropomorphisme a donc ici deux fonctions : introduire une dimension comique, mais aussi augmenter la satire en révélantles hommes inférieurs aux animaux.Cet anthropomorphisme acquiert sans doute sa plus grande efficacité critique quand les volailles se livrent à l’exercice de laraison. Chacune de leur tirade comporte une structure argumentative. Chez la poularde, l’ouverture « Que la gourmandise ad’affreux préjugés ! » est la conclusion du développement précédent sur les mauvais traitements infligés par les chrétiens àl’auteur, jugé impie et païen, du Traité de Porphyre touchant l’abstinence de la chair des animaux. Elle révèle la véritable causede cette stigmatisation : la gourmandise, péché capital dans la religion catholique ! Le point de vue de la poularde, uniquementbête à manger, qui ne voit les choses que par rapport à son ethnocentrisme, dévoile ainsi les véritables motivations deshommes et en révèle l’incohérence par rapport à la religion qu’ils disent observer. C’est ce que va montrer la suite duraisonnement de la poularde, puis la tirade du chapon. Une anecdote est le point de départ du raisonnement de la poularde etjoue le rôle d’un exemple argumentatif : la poularde procède comme un philosophe des Lumières qui part bien de l’observationdes faits (voir l’emploi de l’adverbe « visiblement ») et raisonne à partir d’eux. Elle est capable, on l’a vu, d’employer unvocabulaire abstrait et analytique (« défense positive », par exemple) ; deux questions oratoires ont l’habileté de faire apparaîtreles contradictions des hommes comme le constat d’une évidence, de même que deux syllogismes, alternant adroitementtermes d’articulation logique et parataxe ou double négation (« Il est impossible (…) qu’il ne reste beaucoup… »), assortis del’emploi de l’adverbe « nécessairement ». Le deuxième syllogisme semble laisser la conclusion en suspens en formulant unealternative (« Ou notre créateur (…), ou c’est un crime de nous tuer… »), qui met d’autant mieux en évidence les contradictionsdes hommes entre le respect apparent qu’ils professent de la foi divine (le respect des animaux) et leurs actions véritables (leurcruauté vis-à-vis des mêmes pour satisfaire leur gourmandise). Le chapon est aussi bon rhéteur : la thèse est clairementexprimée dès le début de la tirade : « Ce n’est pas la seule contradiction qui règne chez ces monstres ». Elle précède toute unesérie d’accusations : les anaphores « Ils ne font… », « ils ne se servent… », les parallélismes de construction (tournure

Cned – 7FR10CTPA0307 3/8restrictive « ne … que ») et le rythme binaire qu’ils instaurent rendent les accusations d’autant plus persuasives et percutantes.Elles sont dûment suivies d’un exemple illustratif judicieusement choisi parce qu’il appartient à la communauté du chapon et de

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la poularde « dans le petit pays où nous vivons ». La conclusion a toute l’efficacité d’une péroraison : clairement introduite par« Enfin », efficacement rythmée (« plus… et plus…, plus… et plus… »), elle énonce un avis personnel présentéprécautionneusement après une prétérition (« je ne crois ») : il s’agit moins pour le chapon d’exprimer son ignorance que, pourVoltaire, de faire éclater toute son ironie.En effet, tout drolatique et amusant soit-il, cet échange entre gentes de basse-cour est aussi un essai, porteur d’une vraiecritique de l’homme, à la fois morale, religieuse et sociale.À travers chapon et poularde, le philosophe des Lumières reprend le masque du fabuliste et du moraliste du XVIIe siècle, enmontrant des animaux plus « humains » que les hommes, qui s’expriment comme des hommes et semblent respecter le mêmeDieu qu’eux : l’emploi du discours indirect, dans la première tirade de l’extrait, pour rapporter les propos entendus, permet à lapoularde de parler de Dieu, comme si elle était elle-même humaine. Cette fois, l’anthropomorphisme se garde bien de toutepériphrase ou mise à distance, et la poularde apparaît ainsi aussi respectable que les hommes. La personnification etl’anthropomorphisme mettent les animaux au même niveau que les hommes, en tant que créatures de Dieu, et la poularde peuts’indigner à juste titre, en tant que poularde, représentante de toutes les victimes humaines de la cruauté des hommes : « n’estcepas sacrilège de tuer et de dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? ». Dans les évocations amères des volailles, leshommes ne sont qualifiés qu’à travers la cruauté et la barbarie de leurs actes : les termes employés par les animaux,habituellement réservés à leur préparation pour la gourmandise des hommes, n’apparaissent plus que comme l’évocationhorrible de massacres et de tortures : « coupé le cou », « dévorer nos membres bouillis ou rôtis », « en nous mangeant ». Lesvolatiles parlant comme des hommes, le lecteur frissonne de voir tant de barbarie déchaînée contre son semblable. Le chaponest encore plus explicite dans sa stigmatisation de la cruauté humaine, comme tare morale : les hommes ne sont plus que« ces monstres », qui « vont chercher des victimes », qui « dévorent des créatures » : « une espèce plus ridicule à la fois et plusabominable, plus extravagante et plus sanguinaire ».La critique ne s’arrête pas à ces aspects moraux. Si cet apologue se distingue d’une fable du XVIIe siècle, c’est parce que ledéveloppement du dialogue entre les deux gallinacés permet une satire dûment argumentée de la religion et de la manière dontelle est pratiquée « dans le petit pays où nous sommes », périphrase transparente pour désigner la France du XVIIIe. Leraisonnement suivi par la poularde s’applique clairement au domaine religieux. La désacralisation des rites religieux à traversles périphrases dénonce l’abus de pouvoir, la volonté d’endoctrinement, le discours manipulateur des prédicateurs. Alors que lepremier syllogisme révèle que les hommes – même chrétiens - sont impies (ils n’obéissent pas à Dieu puisqu’il mange desanimaux), le second syllogisme va encore plus loin - c’est pourquoi sa conclusion n’est présentée que comme une alternative - :ou bien le pacte n’existe pas, et ainsi Voltaire fait porter tout le discrédit sur la véracité des textes dits sacrés, ou bien tuer lesanimaux (ou les hommes) est bien un crime, et alors les chrétiens sont sacrilèges et criminels. D’une manière ou d’une autre,l’utilité de pareil « pacte » paraît somme toute bien fragile et la critique est par conséquent très violente, car si le pacte fait avecles animaux n’est pas respecté, comment pourrait l’être celui fait avec les autres animaux « appelés hommes » ? L’exemplechoisi par le chapon constitue en outre, de la part de Voltaire, une critique ironique de la pratique hypocrite du jeûne : le jeûnen’est plus mortification, mais au contraire plaisir accru et dépense somptuaire. L’ironie mordante de Voltaire éclate lorsque lechapon, dans un souci didactique louable à destination de sa commère, reprend le discours de l’adversaire : « Ils appellent celajeûner, se mortifier ». Le lecteur a eu tout loisir d’apprécier de quelle nature plaisante se révèle être en réalité ce sacrifice…La répartie du chapon accumule les griefs et fait apparaître l’impiété de l’homme comme un exemple de la manière dont ilmanipule les lois pour justifier ses plaisirs ou ses ambitions. C’en est fini des exemples que le passé donnait de la cruauté deshommes, comme au début du dialogue. Cette fois, c’est le présent d’actualité qui est employé par le chapon pour énoncer touteune série d’accusations. Le chapon s’indigne de la contradiction qu’observent les hommes entre la lettre (« cent sophismes »)et la pratique (« pour justifier leurs transgressions »), le droit et le fait (« Ils ont inventé cent subterfuges, (…) pour justifier leurstransgressions »), le discours et l’action. Si la critique comporte une orientation morale, en stigmatisant l’hypocrisie des hommes(« Ils n’emploient des paroles que pour déguiser leurs pensées »), elle suggère aussi les dommages causés par cesmanipulations au sein de la société : les termes désignant les « victimes » du « jeûne » des hommes (« habitants des eaux »,« créatures ») donnent une tonalité pathétique qui rappellent la gravité des dommages causés. La manipulation de la loireligieuse (« cette loi, qui te paraît favorable, est très barbare ») est emblématique de la manipulation des lois civiles : elle n’enest, dans l’argumentation du chapon, qu’un exemple, et le lecteur peut voir derrière le chapon et la poularde, une image decette frange du tiers-état qui ne travaille que pour nourrir les privilégiés – aristocrates et haute-bourgeoisie. Voltaire va-t-il si loin,jusqu’à mettre en cause le groupe social dont il est issu ? Rien n’est moins sûr. Certes, les oxymores (« autoriser leurs

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injustices », « justifier leurs transgressions ») sont violents. Certes, on entend frémir dans l’emphase du chapon (« ce qu’il y ade pis, c’est qu’ils les violent en conscience »), dans le rythme que donnent les anaphores et les parallélismes de construction àses accusations, toute l’indignation du juste devant l’injustice, mais la naïveté comique, et touchante à la fois, de nos volatilesn’atténue-t-elle pas la violence du réquisitoire ?Dans cet apologue comique, faisant dialoguer un chapon et une poularde, plus humains que les hommes, et plus sainementraisonneurs qu’eux, Voltaire a su faire passer la plus parfaite sincérité, qualité que nos gallinacés jugent étrangère auxhommes. Sous le masque de l’énonciation animalière, Voltaire utilise les ressources du dialogue didactique pour présenter demanière apparemment naïve une triple critique : cruauté chez l’homme et seul respect du principe de plaisir, une religion quiencourage les hommes à pervertir les discours, manipulation généralisée du verbe et des lois pour justifier des états de faituniquement destinés à ne satisfaire que quelques-uns au détriment des autres. Ainsi, chapon et poularde, animaux de bassecour,uniquement destinés à la gourmandise des hommes, préfigurent ces caricatures pré-révolutionnaires où l’on voit lanoblesse et le clergé s’engraisser sur le dos du tiers-état. En réalité, le propos reste suffisamment général pour que la critiquegarde toute sa portée, et même toute son actualité. Voltaire va plus loin que La Fontaine, chez qui les animaux figuraient labestialité présente en tout homme. Ici, l’anthropomorphisme comporte plutôt une vertu exemplaire puisque les animauxs’étonnent de la barbarie des hommes et de leurs ridicules, et ne sont pas employés pour les représenter.

Écriture d’invention

Le travail préliminaire

1. Quelques remarques sur la formulation du sujet :En vous demandant de rédiger un dialogue entre deux animaux, le sujet vous demande implicitement de respecterl’organisation du texte de Voltaire dans sa présentation et sa critique d’un fait de société, mais aussi son registre (comique,ironique et satirique) et sa forme (le dialogue et l’apologue).En vous invitant à traiter un abus ou une injustice de notre monde, il vous conduit à chercher des modalités précises pourl’actualiser : quel fait choisir ? comment le situer ? comment le mettre en scène ?

2. Il vous faut donc comprendre la structure et la progression du propos de Voltaire dans son Dialogue :- Quel problème a-t-il choisi ? La cruauté des hommes et leurs incohérences dans le respect des lois.- Étudier la progression du texte :a) Exposé de la cruauté des hommes par rapport aux animaux et de sa justification (la gourmandise) : introduction /répliques courtes / registre comique.b) Exemple des deux abbés qui montrent que cette cruauté (ou le problème de société que vous aurez choisi) s’exerceaussi aux dépens des hommes.c) Exprimer l’anthropomorphisme : relevez tous les moyens de désigner les hommes dans la bouche des animaux.d) Argumentations finales de la poularde et du chapon qui élargissent le problème : perversité des hommes dans leurmanière de détourner la loi divine et les autres lois. (répliques longues et équilibrées).e) Conclusion : les animaux eux aussi victimes du problème de société décrit (registre comique, répliques courtes)- Étudiez pour les reprendre les procédés stylistiques : périphrases, raisonnements par syllogisme, questions de la poularde,ignorance du chapon.

- Pensez à faire employer un niveau de langue soutenu par les animaux, afin de montrer qu’ils surpassent les hommes.

3. Choisir un abus ou une injustice d’aujourd’hui : on peut reprendre la cruauté des hommes, malheureusement facile àillustrer par la guerre en Irak, en Tchétchénie, les conflits au Proche-Orient, le terrorisme, ou bien leur égoïsme : la répartitiontrès injuste des richesses dans le monde, ou encore les problèmes écologiques. Nombre de ces abus ont pour origine, uneforme moderne de gourmandise : l’argent, le pouvoir. On peut aussi y voir le sentiment de supériorité de certains peuples parrapport à d’autres ou l’exploitation des peurs de l’autre.

4. Choisir une situation d’énonciation : quels personnages allez-vous mettre en présence, et dans quel cadre ? Il vous fauttrouver deux animaux aussi complémentaires que le chapon et la poularde, et appartenant au même univers ; puis voir en quoiils peuvent être tous deux victimes de l’abus ou de l’injustice que vous avez choisi.La situation de communication doit induire un dialogue didactique, n’excluant pas la naïveté, nécessaire à la distanciationcritique.

Proposition de rédactionL’âne – Eh là ! ami chameau, te voilà bien triste, qu’as-tu ?

Le chameau. – Hélas ! depuis une semaine, j’erre en vain, à la recherche de mon maître chamelier… Il m’avait laissé à unpoteau, en bordure de la banlieue de notre ville et n’est pas revenu. Je l’ai attendu aussi longtemps que j’ai pu, puis n’y tenantplus, j’ai grignoté la corde qui me maintenait à peine attaché et j’ai tourné autour de cette cité. Mais une épaisse fumée noire

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s’élève jusqu’au ciel depuis des jours et le tonnerre et la foudre ne cessent pas, m’en défendant l’entrée. Me voilà livré à moimême…Comment retourner seul au désert ? Je n’ai plus l’habitude. Mon chamelier était mon repère, ma vie. En le perdant, ilme semble avoir tout perdu.

L’âne. – Dis-toi bien, mon ami, que j’ai perdu autant que toi ! Cela fait deux mois que moi-même j’erre autour de cette villemaudite. Mais à ta différence, je sais que mon maître ne reviendra jamais. Je l’ai vu mourir à côté de moi, pulvérisé tout à couppar une sorte de foudre venue d’on ne sait où : ses membres étaient séparés de son corps et gisaient tout autour. J’ai crudevenir fou devant cette vision d’horreur et me suis enfui en brayant vers le désert.Le chameau. – Mais, cher âne, d’où viennent ce feu, ce tonnerre, et ces projectiles destructeurs ? Quel Dieu nous envoie cefléau ?

L’âne. – Je ne crois pas qu’il faille mêler un Dieu quel qu’il soit à tout cela. Quelques jours avant son horrible mort, j’ai entendumon maître s’entretenir avec l’un de ses amis. Il disait craindre avant tout les hommes, ses semblables, ceux d’un autre mondeque je l’ai entendu nommer, mais dont je ne saurais te redire le nom, et ceux de son pays même. Il n’avait pas tort : je ne saisquelle patte humaine a guidé le projectile qui l’a tué, mais il en a bien été victime, comme il craignait, et moi aussi, par voie deconséquence. Et le pire, c’est qu’en parlant avec son ami, sa voix était toute tranquille, davantage encore que lorsqu’il meparlait à moi-même, et il répétait souvent avec un ton fataliste à son ami qui lui exposait ses propres craintes, identiques auxsiennes : Eh, oui ! c’est la guerre…

Le chameau. - Qu’est-ce que la guerre ? Ce terrible tonnerre qui éclate en pluie de feu ? Est-ce un nouveau phénomèneclimatique ?

L’âne. – Non, pas du tout ! c’est une institution des hommes !… Tu sais que mon maître était un lettré et qu’il aimait vivre d’unemanière simple – il me préférait à une rapide automobile. Je le vois encore méditer, le regard levé vers le ciel. Je l’observais demon carré d’herbe sèche. L’ami de mon maître, lui, s’indignait, agitant les bras en l’air : « Nous sommes occupés, Amir, noussommes occupés ! Il faut résister ! ». Et mon bon maître lui a répondu d’un ton tranquille : « Sinah, tu le sais bien,périodiquement, les hommes ont besoin de faire la guerre. La guerre a toujours existé. Les hommes se sont toujours entretuéspour des passions obscures ou des intérêts bien déterminés, ou tout simplement parce qu’ils s’ennuient. Souviens-toi de cephilosophe des Lumières français… ». Ah ! j’ai oublié le nom de celui dont il parlait, et qui déjà, il y a presque trois cents ans, seservait de sa plume pour mettre en garde ses semblables contre la guerre, un certain Voltaire, ou Vlotaire… Ma mémoire d’âneest trop étroite pour retenir tout ce que contenait seulement une petite parcelle de l’esprit de mon maître ! Et il a continué ainsi,de sa voix tranquille, à exposer à son ami l’histoire de terribles massacres. Sais-tu bien, mon ami chameau, que les hommess’entre-déchirent régulièrement, d’un continent à l’autre, ou même parfois d’une région à l’autre. Ces bipèdes se transformenten véritables bêtes sanguinaires, sans foi ni loi, et…

Le chameau. – Et que deviennent les animaux qui les ont servis et qu’ils avaient domestiqués pour cela ?

L’âne. – Ah ! je ne sais… mon maître n’en a pas parlé… Par contre, il a conté d’affreuses choses. Ainsi, à une certaine époque,outre une guerre terrible que se livraient plusieurs peuples, certains ont imaginé d’enfermer leurs semblables dans des campset les faisaient travailler si dur qu’ils ne pouvaient que mourir d’épuisement. Pire encore, ils tuaient dès qu’ils arrivaient dans lecamp ceux qui ne pouvaient travailler parce qu’ils étaient trop faibles.

Le chameau.- Mon Dieu ! j’ai entendu parler de certains animaux, dits « bêtes de somme », que les hommes faisaient travaillerainsi, mais je crois que ce que tu me racontes là dépasse encore le sort qu’on leur réservait… Mais pourquoi leur faisait-onsubir ces souffrances ? Les hommes n’avaient-ils plus assez de ces « bêtes de somme » ou de ces « machines » sur lesquellesils aiment tant exercer leur puissance ?

L’âne. – Pas du tout ! Ceux-là avaient tout simplement décidé d’éliminer ceux qui étaient d’une certaine religion, ou bien quin’étaient pas de la même opinion qu’eux… Voilà tout leur prétexte !

Le chameau. – Mais dis-moi, cher âne, tous les hommes sont-ils ainsi ? Nos maîtres auraient-ils pu eux aussi se conduire demanière si cruelle ? Crois-tu qu’ils nous auraient abandonnés pour aller à leur tour faire la guerre ?

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L’âne. – Qui sait ? Malgré tout, en tournant autour de notre ville mise à feu et à sang, j’ai vu des spectacles plus rassurants. Il ya aussi des hommes – ceux-là portent souvent devant leurs yeux un appareil à travers lequel ils font comme s’ils observaient –qui semblent émus du malheur de leurs semblables. Ceux-là ne portent jamais de ces longs tuyaux de métal qui crachent lefeu. J’ai entendu une femme se dire pour elle-même en les regardant : « Heureusement qu’ils sont là, pour dire au monde ceque nous souffrons ! Peut-être les hommes cesseront-ils un jour de vouloir utiliser la guerre en voyant ces images ? ». Je n’aipas bien compris pourquoi elle parlait d’images, mais manifestement, elle paraissait presque soulagée, en dépit du déluge defeu tout autour de nous qui, moi, me faisait trembler de tous mes membres.

Le chameau. – Ah ! mais ces hommes qui donnent des images au monde, au moins sont-ils protégés de la cruauté des autres ?

L’âne. – Pas du tout ! au contraire, j’ai entendu dire quelques heures plus tard que deux de ces hommes attrapeurs d’imagesavaient été capturés et qu’on menaçait de les tuer : cela s’appelle « prendre des otages ». Pire encore, un troisième, qui avaitsubi le même traitement quelques jours auparavant, a même été assassiné !

Le chameau. – Ah ! que me dis-tu là ? Nous sommes donc définitivement abandonnés dans ce monde de bipèdes barbares etsanguinaires ?

L’âne. – Non. Il y a aussi des bipèdes dont l’activité principale est de soigner leurs semblables lorsqu’ils sont blessés, oud’apprendre aux enfants à tourner les pages de ce qu’ils appellent des livres. Comme les précédents, ceux-là ne portent jamaisde ces longs tuyaux semeurs de mort.

Le chameau. – Eh bien, cher âne, allons nous mettre à leur service ! S’ils s’occupent de leurs semblables, sans doute sont-ilsassez doux pour s’occuper aussi de nous !

L’âne. – Hélas, cher chameau, ceux-là aussi sont l’objet de la cruauté de leurs semblables. Leur gentillesse et leur attention auxautres ne les met pas à l’abri des bombes : l’autre jour, la maison où ils se trouvaient a explosé. Tout n’est plus que cendres àl’heure qu’il est… Et tu penses bien que ceux qui en ont par miracle réchappé, ne pensent plus qu’à quitter ce pays d’enfer, ouont d’autres soucis que d’adopter un âne et un chameau !

Le chameau. – Ah ! que les bipèdes qui nous domestiquent auraient bien besoin d’être domestiqués ! Mais dis-moi, commenttrouver un nouveau maître, qui ne soit pas tué au premier carrefour, ou qui ne se comporte pas comme un tueur ? As-tu réussià identifier ceux qui sèment la mort dans notre ville ?

L’âne. – Hélas ! la plus grande confusion règne ! Certains, qu’on nomme « américains », semblent avoir commencé : ilsauraient débarqué un jour, et sous une multitude de déguisements et d’artifices, ils se seraient proclamés les « libérateurs » denotre ville : ils ont mis toute la ville à feu et à sang pour la « libérer » du chef sanguinaire qui la gouvernait.

Le chameau. – Eh ! Mon Dieu ! fort bien ! pourquoi les blâmes-tu si ceux dont tu parles sont des libérateurs ?

L’âne. – Ah ! mon pauvre chameau, que tu es naïf ! C’est surtout leur grand chef, à ces « américains », qui se proclamelibérateur et sauveur du monde. Mais en réalité, il envoie les petits des habitants de son pays se faire tuer sous nos palmiers !

Le chameau. – Mais alors, sont-ce les frères de nos maîtres qui sont les assassins ?

L’âne. – Comment savoir ? Vois-tu, chameau, la raison de tout cela se trouve peut-être sous nos sabots. Sais-tu combien valentplusieurs litrons de ce vin noir qu’ils appellent « pétrole » ? Des tonnes et des tonnes de ce sarrasin que nous avons aidé nospauvres maîtres à transporter bien des fois… Comprends-tu maintenant pourquoi ces fourbes ne sont ni libérateurs, ni sauveursdu monde comme ils se le proclament ? La seule chose qui intéresse leur chef, c’est l’argent et le pouvoir : mettre sa patte surla plus grande partie du monde et de ses richesses.

Le chameau. – Ah ! quelle terrible hypocrisie ! Maintenant, je comprends mieux la conversation entendue distraitement l’autrejour entre deux jeunes hommes, vêtus d’un drôle de costume marron verdâtre, qui se reposaient de la chaleur du désert,réfugiés à l’ombre de ce qu’ils appellent un char – mais ce char n’a rien à voir avec la carriole de bois à laquelle ton maîtret’attelait de temps à autre. C’est une machine monstrueuse et géante, devancé d’un long tuyau – comme ces petits tuyauxcracheurs de feu portatifs qu’ils ont tous. L’un d’eux pleurait : il se souvenait de ce qu’on lui avait dit, là-bas, dans son pays,derrière les sables et les mers dont m’a parlé mon père, qui avait commencé sa carrière sur les bords de la Méditerranée, dansun pays nommé Palestine et réduit comme peau d’onagre par la peur et l’appétit de pouvoir ou le désir de vengeance de sesvoisins, je ne sais trop. Ce jeune homme se plaignait amèrement : on lui avait promis qu’il reviendrait en héros de chez nous,que les femmes l’embrasseraient sur les deux joues, comme cela était arrivé à son ancêtre, qui soixante ans auparavant avait

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traversé les mers pour libérer un autre pays d’un tyran sanguinaire et exterminateur, qu’après l’âpre odeur de la mort et du feu,il connaîtrait de nouveau celle du parfum de l’été, qu’il serait un colporteur de liberté et de fierté retrouvée pour un peuple endétresse. Moi-même, avec mon petit jugement de chameau, je pouvais bien me rendre compte, qu’avec l’engin contre lequel ilétait adossé pour se protéger des brûlures de notre soleil, il ne pouvait guère garder son innocence. Il m’a même tiré une larme,ce jeune porteur de mort : avec son engin monstrueux, il était comme enlisé dans notre désert.L’âne. – Assurément ! La guerre n’est finalement qu’un outil dans la main des puissants qui, quant à eux, ne bougent pas deleur fauteuil, bien à l’abri derrière leurs bureaux. Non seulement, ils offrent en sacrifice à leur ennui et à leur avidité la vie desenfants de ceux qui les ont portés au pouvoir pour les représenter, mais en outre ils attisent les appétits de puissance et lesrivalités des pays qu’ils enrichissent. Les frères de nos maîtres s’entretuent aujourd’hui, croyant se défendre de ces fameuxAméricains. Ils honorent un même Dieu, aiment leurs enfants de la même façon et s’entretuent ! Entends-tu bien ? Et comme ilsn’ont pas les puissants moyens des envahisseurs, ils se rattrapent en semant la terreur : enlevant des otages, comme je te l’aiconté tout à l’heure, semant le feu et la mort au milieu même des familles des amis de leurs enfants, tuant les mères qui lesmènent à l’école, assassinant les frères qui les défendent. La guerre est un poison que l’homme lui-même distille lorsqu’il selaisse aller à ses envies et à ses pulsions, et qui contamine de proche en proche tous ceux qu’elle atteint : lorsqu’elle est là,même ton frère devient ton ennemi.Et nous, nous voilà sans maître. La seule chose qui nous reste, chameau, c’est de nous mettre au service de ces familles quenous voyons quitter la ville à pieds, emportant leurs pauvres hardes, c’est de les accompagner et de marcher à côté d’eux. Ilsmettront leurs enfants sur notre dos. Viens, chameau, allons-y !

Le chameau. – Tu as raison, cher âne ! Tentons d’aider ces bipèdes. Mais mon Dieu, faites que jamais le peuple des chameauxn’entre en guerre… Mais qu’entends-je, mon ami âne ? Ce sifflement lancinant qui approche ? Les cris des femmes et desenfants qui se mettent à courir, encore plus affolés qu’ils ne l’étaient tout à l’heure ?

L’âne. – Ah ! cher ami chameau ! Tu étais naïf et tu étais bon ! Il est naturel que tu sois à ton tour une victime de la guerre.Adieu, cher ami. J’entends à mon tour le sifflement mortel qui va avoir raison de moi et de l’enfant qui vient de grimper sur mondos…