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Ronéo 3, cours n°17 1/17 UE3 Appareil Digestif Pr.Heriberto Bruzzoni Giovanelli Le 9 Octobre 2017 de 15h30 à 16h30 Ronéotypeur : Melany THIMON Ronéolecteur : Célia SETTIER Cours 17 : Bases pharmacologiques des traitements Antiémétiques, laxatifs et antidiarrhéiques Pour les partiels, il faut apprendre les 5 grandes familles de laxatifs, leurs modes d’actions, leurs particularités et les deux grandes classes d’antidiarrhéiques avec leurs mécanismes d’actions. La ronéo sera relue par le professeur, je vous transmettrai les éventuelles modifications.

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Ronéo 3, cours n°17 1/17

UE3 Appareil Digestif

Pr.Heriberto Bruzzoni Giovanelli

Le 9 Octobre 2017 de 15h30 à 16h30

Ronéotypeur : Melany THIMON

Ronéolecteur : Célia SETTIER

Cours 17 :

Bases pharmacologiques des traitements

Antiémétiques, laxatifs et antidiarrhéiques

Pour les partiels, il faut apprendre les 5 grandes familles de laxatifs, leurs modes d’actions, leurs

particularités et les deux grandes classes d’antidiarrhéiques avec leurs mécanismes d’actions.

La ronéo sera relue par le professeur, je vous transmettrai les éventuelles modifications.

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Ronéo 3, cours n°17 2/17

Sommaire

I. Pharmacologie du traitement des nausées et vomissements

II. Les antiémétiques : Les différentes classes

A. Les antiémétiques

1) Les antagonistes du récepteur D2 de la dopamine

2) Antagonistes des récepteurs 5-HT3 de la sérotonine (sétrons)

3) Antagoniste de la substance P

4) Autres antiémétiques

B. Traitement des nausées et des vomissements

III. Les troubles de l’intestin et du colon

A. La constipation

1) Rappel

2) Définition de la constipation

3) La constipation chronique

4) Les causes de la constipation

B. Les laxatifs

1) Mécanisme d’action

2) Le traitement de la constipation

3) Les familles de laxatifs

4) Automédication et consommation abusive des laxatifs

IV. Médicaments antidiarrhéiques

A. La diarrhée

B. Objectif du traitement de la diarrhée

C. Traitement de la diarrhée

1) La réhydratation orale

2) Deux grandes classes d’antidiarrhéiques disponibles

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Ronéo 3, cours n°17 3/17

Les moyens d’expression des troubles au niveau de l’appareil digestif ne sont pas très vairés. On

retrouve des pathologies très différentes mais avec les mêmes symptômes. Donc en tant que médecin

on ne doit pas se conformer avec le traitement des symptômes mais il faut traiter la cause de ces

symptômes

I. Pharmacologie du traitement des nausées et vomissements

Le vomissement est une expulsion puissante du contenu de l’estomac. Le mécanisme entier est

guidé et réglé par le cerveau notamment le centre du vomissement qui à son tour est régulé par

plusieurs stimuli en particulier ceux provenant de l’area postreme qui contient la zone chémoréceptrice

(chemoreceptor trigger zone).

Il y a une grande quantité de stimulations qui vont agir sur le centre de vomissement notamment :

- Une stimulation vagale provoquée par : distension gastrique, distension intestinale, étirement

de la capsule hépatique, irritation intestinale (médicaments, radiothérapies), pathologie

médiastinale (dû à la compression du défilé du X).

- Une stimulation directe provoquée par : hypertension intracrânienne, radiothérapie ou

métastases du tronc cérébral

- Une stimulation de la zone gâchette des chémorécepteurs par les opiacés, toxiques,

l'hypercalcémie

- Une stimulation vestibulaire au niveau de l'oreille interne

- Une stimulation du SNC

Donc le centre de vomissement va intégrer tous les signaux arrivant de l’extérieur et donnera lieu aux

nausées et vomissements. Ce qui est important à retenir c’est que l’Area Postrema a la particularité

de se trouver en dehors de la barrière hémato-encéphalique (BHE). Donc les médicaments qui

vont agir au niveau de cette zone ne vont pas traverser la BHE.

Il y a donc 3 récepteurs de cette région tels que le récepteur à la sérotonine (5HT3), le récepteur

muscarinique (M1) et récepteur à la dopamine (D2) qui vont stimuler le centre de vomissement. Ces

trois récepteurs sont les cibles des médicaments anti nauséeux et antiémétiques.

Il est important que ces 3 récepteurs soient en dehors de la BHE, car la première famille des

médicaments utilisés sont des neuroleptiques (antipsychotiques). Or ils ne traversent pas la barrière

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hémato-encéphalique donc ils n’auront que des effet antiémétiques et pas des effets aux niveau du

SNC

En effet, les psychoses sont traitées avec des neuroleptiques qui sont des antagonistes de la dopamine.

Ils bloquent les récepteurs D2 et traversent la BHE entraînant donc des effets secondaires

périphériques et centraux.

Or les antiémétiques ont le même mécanisme d’action mais ne peuvent traverser la BHE. Ils évitent

ainsi l’effet antipsychotique. Afin de traiter les nausées et vomissements sans agir sur le SNC, ils

doivent pouvoir se fixer sur des récepteurs situés en dehors de la BHE.

Beaucoup de neurotransmetteurs sont donc impliqués dans le vomissement, notamment la dopamine,

la sérotonine, la substance P, l’acétylcholine, l’histamine, les opiacés. Par conséquence, les

traitements médicamenteux ont pour objectif le blocage des récepteurs de ces molécules.

II. Les antiémétiques : Les différentes classes

Ce sont donc ces médicaments qui ne passent pas la barrière hémato-encéphalique et qui bloquent les

récepteurs de l’Area Postrema. Ils sont assez puissants.

A. Les antiémétiques

Il existe différentes classes d'antiémétiques :

- Les antagonistes de la dopamine : ciblant les récepteurs D2 neuroleptiques Dompéridone,

Métoclopramide

- Les antagonistes de la sérotonine : ciblant les récepteurs 5-HT3 : sétrons

- Les antagonistes de la substance P ciblant les récepteurs NK1

- Autres : anticholinergiques, antihistaminiques (anti-H1), cannabinoïdes (Dronabinol),

corticostéroïdes, benzodiazépines

1) Les antagonistes du récepteur D2 de la dopamine

Ces dérivés vont donc bloquer les récepteurs D2. Ils sont membres de la famille des neuroleptiques

(antipsychotiques), ne traversent pas, ou très peu, la BHE. Les neuroleptiques ont le même

mécanisme d’action c’est-à-dire le blocage des récepteurs D2 mais au niveau du SNc dans la région

frontale).

Motilium Pimpréran Vogalène

Action Antiémétique puissant,

antagoniste de la Dopamine

Avantages :

Passe peu la BHE

Effet anti reflux

Pas de propriétés anti-

cholinergiques

-Antiémétique puissant,

antagoniste de la dopamine

-Effets neuroleptiques

faibles

-Effet anti reflux et pas de

pptés anticholinergiques

-Antiémétique puissant,

antagonistes de la

dopamine

-Propriétés NL et

Anticholinergiques

faibles… bien toléré

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Ronéo 3, cours n°17 5/17

EI (Rares)

À forte dose ou en TTT

prolongé : somnolence,

troubles extrapyramidaux,

troubles endocriniens

(retrouvés dans la

schizophrénie, et toutes les

psychoses)

(idem Métoclopramide)

-Risque de glaucome

-Risque de rétention

urinaire par obstacle

urétro-prostatique

PE Si traitement prolongé chez

IR, adaptation posologie

Adaptation posologique à la

fonction rénale

CI -Dyskinésies tardives dues

aux neuroleptiques

-Hémorragie

- Obstruction ou perforation

gastro-intestinale

(idem Dompéridone)

(idem Dompéridone)

IM -Inhibiteurs puissants du

CYP3A4

Anticholinergiques -

Médicaments qui allongent

l'intervalle QTc

-Anticholinergiques et

dérivés morphiniques

-Médicaments

sérotoninergiques, inhib.

+++ du CYP2D6

- Lévodopa et agonistes

-Neuroleptiques

*A l’oral : symptômes des

récepteurs cholinergiques

= (trouble de l’attention,

changement de

l’humeur)+++

-Neuroleptiques

-Lévodopa et agonistes

dopaminergiques

*EI = Effet indésirable, PE = précaution d’emploi, CI = Contre-indication, IM = Interaction

médicamenteuse

2) Antagonistes des récepteurs 5-HT3 de la sérotonine (sétrons)

Les sétrons sont des antiémétiques très puissants qui traitent les vomissements lies à une stimulation

vagale. Ils entrainent un blocage périphérique du récepteur 5-HT3 sur les afférences vagales

intestinales. Ils ont une demi-vie assez longue et peuvent donc être administrés 1 à 2 fois / jour

Ils sont notamment très efficaces pour les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie

(qualité de vie ++).

Les différentes spécialités : Ondansétron (Zophren®)

Dolasétron (Anzamet®)

Granisétron (Kytril®)

Tropisétron (Navoban®)

Les différentes actions :

- Antagonistes sélectifs des récepteurs 5 HT3 de la sérotonine

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Ronéo 3, cours n°17 6/17

- N’entraînant pas de troubles extrapyramidaux

- Effet antiémétique puissant ++++

Indications des sétrons :

- Prévention et traitement des nausées et vomissements induits par les chimiothérapies

cytotoxiques ou la radiothérapie cytotoxique émétisantes 30 min avant, IV

- Traitement des nausées et vomissements post-opératoires

Effets indésirables :

- Communs à tous : céphalées modérées, la constipation, sensation de chaleur, bouffées de

chaleur

-Dolasétron : allongement peu marqué des intervalles PR, QRS et QTc

Les précautions d’emploi :

- Utilisation déconseillée du Dolasétron en cas de BAV, bloc de branche ou QT long

- Ondansétron : ne pas dépasser 8 mg/j chez l’IH

3) Antagoniste de la substance P

On utilise l'Aprepitant (EmendR)

Les différentes actions :

- Antagoniste de la substance P (inductrice de vomissements) à travers les récepteurs NK1

(neurones de la base du cerveau et du complexe vagal).

- Assez bien toléré. Utilisé en association car il est moins efficace qu'un sétron (avec corticoïde

et sétron)

Effets indésirables : hoquet, fatigue, élévation de l'Alamine-aminotranferase (ALAT), céphalées et

constipation

Interactions médicamenteuses : avec les médicaments entrainant des torsades de pointe et les

médicaments inducteurs enzymatiques (Rifampicine, carbamazépine)

4) Autres antiémétiques

On retrouve :

- Antinaupathiques ou médicaments du mal des transports (cinétoses) utilisés à titre préventif

donc à prendre avant les transports (à l’oral : lors d’une perturbation de l’oreille interne qui

entraîne le mal de mer)

- Corticoïdes associés : accroissent l’effet antiémétique (Dexaméthasone ou

Méthylprednisolone (Médrol®)

- Benzodiazépines pour la prévention des nausées et vomissements anticipés

B. Traitement des nausées et des vomissements

Le traitement des nausées et vomissements se fait à plusieurs niveaux. Le niveau 1 concerne les

médicaments prévenant le mal de mer (antihistaminiques). Le troisième palier est surtout utilisé à

l’hôpital pour la chimiothérapie (sertrons et antagoniste de la substance P). Le niveau 2 correspond

aux médicaments utilisés en médecine général pour traiter les vomissements et la nausée

Dompéridone, Métoclopramide.

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Ronéo 3, cours n°17 7/17

Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Indications spécifiques

Antihistaminiques

(anti- H1)

Anticholinergiques

(anti-M1)

Benzodiazépines

-Antagonistes des

récepteurs D2 :

Métopimazine,

Dompéridone

-Corticoïdes

-Antagoniste des

récepteurs D2 :

Métoclopramide

-Antagonistes des

récepteurs 5-HT3

(sétrons)

-Mal de transport : anti-

H1 + anticholinergique

-Nausées et vomissements

induits

par la chimio :

III. Les troubles de l’intestin et du colon

A. La constipation

1) Rappel

La diarrhée et la constipation correspondent à des symptômes +++. Il est donc important de poser un

diagnostic correct afin de recourir à la thérapeutique visant à corriger la cause et non seulement le

symptôme.

Le flux de nourriture, déchets, électrolytes et eau à travers les intestins dépend d’un équilibre entre les

capacités d’absorption et de sécrétion de l’eau et des électrolytes par l’épithélium intestinal. Ce flux

dépend également de l’existence d’une motilité appropriée tout au long du tractus digestif.

Point culture : 1 à 2 L bues pendant la journée, 8-10 L secrètes par intestin, 1.5 L arrive au colon et

seulement 100 ml sont éliminés dans les selles (capacité absorption intestin grêle 16 L, colon 4-5 L)

Il existe deux types de motilité : une motricité dite basale et une motricité induite après les repas

pour propulser les aliments.

2) Définition de la constipation

Par définition la constipation c’est une baisse de la fréquence des selles (<3x par semaine). Il en

résulte également une diminution de la consistance et l'hydratation des selles : selles dures, peu

volumineuses. Elle découle d'un ralentissement du transit intestinal et d'une insensibilité rectale

+/- importante au phénomène de distension +++.

Attention !! Concernant la fréquence des selles, il ne faut pas définir la normalité (1fois/jour par

exemple) par rapport à soi-même. La fréquence des selles varie en fonction des patients. Ce qui est

important de savoir c’est le changement du transit habituel.

Pour la définition de constipation importent les notions de fréquence, de consistance et de

volume. Donc le premier signe clinique est donc la baisse de la fréquence des selles par rapport

au transit habituel. La fréquence à elle toute seule ne sert pas à définir le symptôme.

Le second point clinique est l’augmentation de la réabsorption d’eau qui entraîne une augmentation

de la consistance des selles. Par conséquence son volume diminue.

Pour parler de constipation les trois points cliniques doivent être appréciés.

La constipation est une sensation de gêne, mais pas une maladie. (Si le patient va à la selle moins de 3

fois par semaine et qu’il n’a aucune gêne alors il n’y a rien à traiter). La constipation ne se complique

pas et ne conduit ni à une « intoxication », ni à une « occlusion ». Néanmoins le risque à terme reste

le fécalome (accumulation de matières déshydratées dans le rectum, habituellement vide).

La constipation est donc un symptôme, celui d'une insuffisance « ressentie » d'exonération fécale.

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Ronéo 3, cours n°17 8/17

3) La constipation chronique

Elle est définie par les critères de Rome II :

Plainte au moins durant 12 semaines au cours des 12 derniers mois concernant au moins 2 des

caractères suivants :

- Moins de 3 évacuations de selles par semaine

- Selles dures (plus de 25% des cas) avec sentiment d’évacuation incomplète (plus de 25% des

cas)

- Effort excessif (plus de 25 % des cas),

- Nécessité de manipulation digitale pour aider l'évacuation

4) Les causes de la constipation

Nous parlerons ici de constipation essentielle donc non organique. Cela suppose d’avoir éliminé

toute pathologie organique (sténose digestive, obstruction, affection péritonéale, etc.) par les examens

adaptés : interrogatoire, examen clinique, (dont l'examen du périnée et le toucher rectal), coloscopie,

colo scanner, etc…

Parmi les causes de constipation on retrouve :

- Les erreurs diététiques (manque de fibres) et les difficultés psychologiques (refus du besoin

d'aller à la selle) jouent un rôle essentiel.

- Les boissons insuffisantes et le manque d'exercice sont également évoqués.

- Troubles de motilité parfois liés à des maladies neurologiques (maladie médullaire, maladie

de Parkinson), psychiatriques (dépression psychoses), endocriniennes (hypothyroïdie),

métaboliques (hypercalcémie, hypokaliémie), anomalies du plancher pelvien (prolapsus) et

troubles sphinctériens.

- Anomalies du transit constitutionnelles (maladie de Hirschsprung) ou fonctionnelles

(troubles fonctionnels intestinaux).

- Prise de médicaments ralentisseurs du transit (opiacés, sédatifs, analgésiques, antitussifs,

psychotropes)

Par ailleurs, de nombreux médicaments peuvent être responsables de l’apparition soit de

constipation, soit de diarrhée. Certains peuvent stimuler ou réduire la motilité intestinale et altérer

ainsi le temps de transit des substances tout le long de l’intestin altérant ainsi l’absorption.

D’autres peuvent altérer directement l’absorption ou la sécrétion intestinale.

Les médicaments inducteurs de constipation sont : les anticholinergiques, les morphiniques, les

antihistaminiques de type 1, les corticostéroïdes, la clonidine, les antidiarrhéiques, laxatifs pris de

façon chronique etc. Il faut savoir qu’il y a plus de 150 spécialités laxatives sont disponibles sans

prescription médicale obligatoire. Donc toujours demander aux patients ce qu’il prend comme

médicament

Maintenant nous allons voir les moyens thérapeutiques pour palier à la constipation.

B. Les laxatifs

1) Mécanisme d’action

Il repose sur :

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Ronéo 3, cours n°17 9/17

- Rétention de liquide dans le côlon induisant une augmentation du contenu colique et facilitant

le transit en raison de leur propriété hydrophile ou osmotique

- Diminution de l’absorption d’eau et de sel

- Diminution de l’absorption de sel et d’eau secondaire à la diminution du temps de transit

2) Le traitement de la constipation

Il repose sur :

- Une hygiène de vie : présentation régulière et sans retard à la selle, activité physique, régime

et médication quotidienne adaptés

- L'augmentation du volume du contenu colique via : les fibres alimentaires, les Mucilages,

PEG 4000

- Et/ou la stimulation de la motricité du côlon : glucides non absorbés dans le grêle, laxatifs

irritants de la muqueuse colique

- Lubrification de la muqueuse avec de l'huile de paraffine

Les moyens thérapeutiques sont donc : des règles hygiéno-diététiques et des fibres alimentaires.

3) Les familles de laxatifs +++

On retrouve 5 familles de laxatifs selon leur mécanisme d’action : Les laxatifs de lest (fibres

alimentaires et mucilages), les laxatifs osmotiques, laxatifs lubrifiants, laxatifs stimulants.

- Les laxatifs de lest : Fibres alimentaires

Le moyen le plus simple et naturel pour favoriser le transit intestinal est d’augmenter le volume

fécal par rétention de l’eau action hydrophilique) avec l’utilisation des fibres alimentaires dont la

source principale est le son des céréales (enveloppe).

Les fibres sont présentes, en plus petites quantités, dans les légumes verts et les fruits.

La dose quotidienne de fibres nécessaire au transit intestinal est de 15 à 20 g. On pourra conseiller la

consommation de pain complet ou au son.

Mode d’action : Les fibres alimentaires, non digérées dans le grêle, parviennent au côlon où elles

sont plus ou moins hydrolysées par la flore colique. Les fibres augmentent le volume fécal par leur

effet hydrophile propre et par celui des produits de leur hydrolyse que sont notamment les acides gras

à chaînes courtes. Ces derniers augmentent de plus l’activité motrice intestinale

Type : Son de blé, son d’orge

Spécialités : Actisson, Pectibran

Propriétés hydrophiles : hydratation du bol fécal (+ fixation d’acides biliaires)

Précautions d’emploi : apport d’eau obligatoire, dose progressive.

Effets indésirables : ballonnements intestinaux, accidents obstructifs, douleurs abdominales.

Contre-indications : occlusion, fécalome, enfant de moins de 8 ans.

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Ronéo 3, cours n°17 10/17

- Laxatifs de lest : Les mucilages

Les mucilages sont des polysaccharides cellulopectosiques d'origine biologique non digestibles dans

le grêle, à grand pouvoir hygroscopique. Ce sont des extraits de gommes végétales qui permettent

une augmentation du volume en présence d’eau. Leur effet mécanique repose sur le meme principe

que pour les fibres alimentaires c’est-à-dire sur l'hydratation du bol fécal qui augmente de volume

et stimule au niveau rectal le réflexe de défécation.

Par leur mécanisme d’action les laxatifs de lest demandent la prise concomitante d’eau ou d’autres

liquides. Les risques d’obstruction du transit, si cette prise de liquides n’est pas adaptée, les obligent à

être déconseillés pour des enfants.

Laxatifs osmotiques

Ils peuvent être utilisés chez la femme enceinte et les nourrissons. Ils sont contre indiqués en cas

d’allergie, colopathie inflammatoire, occlusion, fécalome…

Il s’agit, comme pour les laxatif de lest, de molécules très hydrophiliques (qui vont retenir l’eau) et

par conséquence vont augmenter le volume fécale. A déréférence des premiers (d’origine naturel), il

s’agit de molécules de synthèse. On retrouve parmi eux des :

• Disaccharides qui absorbent de l’eau et diminuent l’absorption intestinale de l’ammoniac

par acidification colique et activent le péristaltisme intestinal par effet osmotique. Non

résorbés, ils sont transformés au niveau du colon en acides et éliminés dans les selles.

• Les PEG ou macrogol sont des mélanges de polymères de polyéthylène glycol de haut poids

moléculaire capables de fixer des molécules d’eau. Ils sont non résorbés ni fermentés. À

charge osmotique égale, l'effet laxatif est plus élevé.

Le Sorbitol (Sorbitol Delalande) est un autre laxatif osmotique.

- Laxatifs lubrifiants

Ce sont des huiles minérales de paraffine ou de vaseline qui ont pour effet mécanique la

lubrification du contenu colique et le ramollissement des selles. Ils entraînent des suintements

anaux. Ils peuvent être associé avec des mucilages pour diminuer leurs effets indésirables

- Laxatifs stimulants

Ils agissent par augmentation de la motricité colique, et augmentation des sécrétions d’eau,

d’électrolytes, et de protéines. Ils sont utilisés pour un traitement de la constipation occasionnelle

(courte durée de traitement avec surveillance des signes d’hypokaliémies).

Dû à leur efficacité cette classe produit le plus de dépendances pouvant entrainer la maladie des

laxatifs

- Laxatifs de contact ou mécaniques

En cas de constipation basse ils sont utilisés par voie rectale. Ils agissent par stimulation du réflexe

de défécation.

- Laxatifs pour investigation coliques

On retrouve également les laxatifs pour investigations coliques, à part. Ils sont utilisés pour assurer

une évacuation intestinale pour exploration endoscopique ou radiologique. Ils sont préparés à base de

PEG (=polymères capables de fixer des molécules d'eau) et d'électrolytes.

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Ronéo 3, cours n°17 11/17

- Précaution d'emploi : nécessite d'ingérer une grande quantité d'eau et de suivre un régime

sans résidus.

- Effets indésirables : nausées, vomissements, ballonnement

- Contre-indications : enfant, déshydratation sévère, occlusion intestinale, insuffisance

cardiaque grave

Laxatifs de

Lest

=

mucilagineux

Laxatifs

osmotiques

Laxatifs

lubrifiants

Laxatifs

stimulants

Laxatifs

mecaniques

Précaution

D'emploi

Apport d'eau

obligatoire,

delai d'action

Delai d'action

de 8 à

72heures.

suintements

Ne pas utiliser

avec des

médicaments

entrainant des

torsades de

pointe

(antiarythmiques)

Délai d'action

de 5 à 20mn.

Effets

indésirables

-

Ballonnements

intestinaux,

-Accidents

obstructifs (si

prise sans

eau),

-Allergie

(gomme

de sterculia,

psylllium)

Météorisme,

-Prurit et

douleur anale,

-Diarrhée si

surdosage

Suintement

Anal

Association

avec des

mucilages

pour ↓ les

-Hypokaliemie

(alcalose

hypoK en cas

d'utilisation

prolongée →

maladie des

laxatifs),

-Douleurs

abdominales,

diarrhées +++

-Brûlures anales

rectites et

dépendance

-Rectite si

usage

prolongé

Contre

indications

Allergie,

enfant

<2ans, sténose

du tube

digestif,

Diverticule

œsophagien,

Megaoesophag

e,

mega-colon

Allergie,

Colopathie

Inflammatoire,

Occlusion,

fécalome

Grossesse Grossesse,

Allaitement

-MICI (Crohn

et RCH),

-<15ans

-IM

-Poussées

Hémorroïdaires

-Fissures anales

Lésions

locales :

Poussées

hémorroïdaires

,

Fissures

anales,

Rectites,

anites.

-<2ans

-Crohn

IM ↓de

l'absorption

orale des Vit.

liposolubles

A,D,E,K

↑ de

l'activité des

-Autres hypoK

-Corticoïdes

-Diurétiques

hypoK

-Amphotéricine

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Ronéo 3, cours n°17 12/17

AVK si

utilisation

prolongée)

B

-digitaliques

4) Automédication et consommation abusive des laxatifs

En général, l’évacuation des selles est incomplète. On libère une partie du colon et un laps de temps

permet au colon de se remplir à nouveau et aux selles d’arriver jusqu’au rectum pour déclencher la

défécation.

Or la prise de laxatifs entraine la vidange complète du colon. Il faudra donc un temps plus long,

notamment le double du temps que l’on prend habituellement pour déféquer à nouveau.

Ceci peut être une source d’inquiétude pour un patient quelconque qui sera tenté de reprendre un

laxatif. C’est un cercle vicieux qui peut entrainer une dépendance psychologique puis physique. C’est

donc le rôle du médecin d’expliquer aux patients ce phénomène en cas d’automédication.

IV. Médicaments antidiarrhéiques

A. La diarrhée

La diarrhée est une émission de selles plus liquides (consistance), plus fréquentes (fréquence) et

plus abondantes (volume) (< 300 g/dia). On retrouve donc 4 mécanismes

- Variation intraluminale de l'osmolarité (diarrhées osmotiques)

- Augmentation du débit liquidien soit par stimulation de la sécrétion, soit par inhibition de

l'absorption

- Troubles de la motricité intestinale

- Surtout altération muqueuse, allant jusqu'à sa destruction.

Les différentes causes de diarrhée

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Ronéo 3, cours n°17 13/17

- Diarrhée aigues (moins de 14 jours). L'origine est le plus souvent infectieuse, surtout virale,

bactérienne, ou parasitaire. L’interrogatoire est donc primordial (repas, médicaments,

voyages…)

Les diarrhées infectieuses peuvent être dues sont dues à l’ingestion d'un aliment contenant une toxine

(Staphylococcus aureus). La diarrhée survient en 6 à 12 heures. L’ingestion d'un aliment contaminé

par un germe peut se développer dans la lumière intestinale (E.coli entérotoxinogène). La diarrhée

survient alors en 12 à 36 heures. La contamination par un germe se développant dans la muqueuse

intestinale (germe dit invasif : rotavirus, salmonelles ou Entamoeba histolytica), entraîne une diarrhée

en 2 à 3 jours.

- Diarrhée chronique d’origine colique (maladie de Crohn, RC)

On retrouve d’autres causes comme les causes médicamenteuses en particulier les antibiotiques

mais la liste est longue, des intolérances alimentaires, des maladies inflammatoires aiguës de la

muqueuse (plus rares), des allergies, des désordres hormonaux, stress.

B. Objectif du traitement de la diarrhée

En France les diarrhées aiguës sont fréquentes et la plupart bénignes cédant spontanément en 1 à 3

jours. Les formes plus sévères (> 4 jours) justifient une prise en charge médicale et des examens.

Les objectifs du traitement sont :

- Traiter la cause

- Assurer l’état d’hydratation

- Traiter les symptômes

De nombreux médicaments peuvent être responsables de l’apparition soit de constipation, soit de

diarrhée. Parmi eux on retrouve les antibiotiques (effet direct et/ou modification de la flore intestinale

normale → sulfonamides, tétracycline.), la colchicine, les antiacides, les acides biliaires, les agents

procinétiques (cisapride, metoclopromide), les laxatifs etc. Ces médicaments peuvent abîmer la flore

intestinale. Lorsque c’est le cas on peut avoir recours à une transplantation fécale (on empreinte les

selles d’un sujet sain que l’on transfère aux patients pour rétablir la flore attaquée par les

antibiotiques).

C. Traitement de la diarrhée

Avant d’utiliser un anti-diarrhéique, il faut connaître la cause de la diarrhée :

- Inflammatoire ?

- Infectieuse ?

- Diarrhée osmotique ou malabsorption ? (Intolérance au lactose, maladie cœliaque…)

- Diarrhée sécrétoire ? (Sida, tumeur neuroendocrine …)

Dans certaines circonstances, en particulier lorsque la diarrhée est très importante, on recourra à un

traitement de la diarrhée non spécifique visant à réduire l’inconfort lié à celle-ci. Ce qui est très

important dans la diarrhée c’est de s’assurer de la présence de sang, de mucus dans les selles.

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Ronéo 3, cours n°17 14/17

1) La réhydratation orale

Le risque principal d’une diarrhée aiguë quelle qu’en soit la cause est la déshydratation (signe de

déshydratation = soif, fatigue, hypotension). Une réhydratation orale doit donc être entamée

immédiatement, quelle que soit la cause de la diarrhée.

Spécialités : Solution de réhydratation orale : ADIARIL®, GES 45®, VIATOL®

Propriétés et indications : traitement essentiel de toute diarrhée aiguë quel que soit son mécanisme

Contre-Indications : Déshydratation sévère (perte de poids supérieur à 10 %) et ou vomissements

incoercibles et ou signe de gravité comme choc, hypovolémie

Posologie : Quantité à adapter en fonction de la perte de poids

2) Deux grandes classes d’antidiarrhéiques disponibles +++

- Ralentisseurs du transit intestinal : Agonistes opioïdes : Lopéramide (se rappeler que la

morphine induit presque toujours chez le patients de la constipation)

Définition Agonistes opioïdes des récepteurs μ (Loperamide ou ImodiumR) utiles dans

les diarrhées chroniques avec accélération du transit et dans certaines

situations de diarrhée aigue. Morphinique (analogue structurel) ne traversant

pas la BHE : pas d'effet antalgique ou de pharmacodépendance

Mécanisme Diminue le péristaltisme intestinal (temps de transit colique ++). Modeste effet

antisécrétoire. Respecte la flore intestinale.

Posologie 2 comprimes (de 2mg) d'emblée puis 1cp après chaque selle liquide (max 8cps

= 16mg/jour)

EI Constipation, rash cutané. Le surdosage → dépression du SNC, iléus

paralytique

CI Enfant <2ans, allergie, recto-colite hémorragique (RCH), colite

pseudomembraneuse post ATB, diarrhée bactérienne (stase intestinale, diffusion

bactériémique importante), dysenterie avec hématémèse ou fièvre importante,

association laxatif de Lest, grossesse, allaitement (sauf si grande nécessite) ;

Insuffisant hépatique à surveiller.

Formes

galéniques

Cp : ImodiumR, ArestalR, Imossel R

Gouttes buvables : Imodium Rsolution ; Diohenoxilate (DiarsedR > 8ans)

Les antis sécrétoires intestinaux : des inhibiteurs des enképhalinases (qui indirectement vont

augmenter les opioïdes endogènes)

Définition Ce sont principalement des inhibiteurs des enképhalinases (peptidase membranaire

qui dégrade les enképhalines (endorphines) du cerveau et de la paroi intestinale)

proposés dans les diarrhées aiguës

Mécanisme Comment son nom l’indique agissent en inhibant la sécrétion intestinale.

Agissent au niveau des récepteurs opioïdes delta en favorisant la réabsorption de

l'eau et des électrolytes.

Exemple du Racecadotril (Tiorfan®) :

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Ronéo 3, cours n°17 15/17

Définition Inhibiteur de l’hypersécrétion intestinale d’eau et d’électrolytes.

Action Ne modifie pas le transit gastro-intestinal et n’entraîne pas de constipation

secondaire ou de ballonnement.

Action uniquement périphérique ne passe la barrière HE. Il s’agit d’un pro

médicament qui est hydrolysé en thiorphan (métabolite actif).

Posologie Bien toléré. Une gélule d'emblée, puis une gélule trois fois par jour (au début des

repas). Ne jamais dépasser 7 jours de traitement.

Par manque de temps, le prof n’a pas traité les diapos suivantes. Mais les possibles questions

tombables sont expliquées dans la ronéo.

Je vous mets le reste des diapos 😊

D. La flore de substitution

E. Levures et bactéries

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Ronéo 3, cours n°17 16/17

F. Les modificateurs de la résorption intestinale

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Ronéo 3, cours n°17 17/17