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c Christophe Bertault - MPSI Fractions rationnelles Dans tout ce chapitre, K est l’un des corps R ou C. Notre objectif : apprendre à calculer des intégrales telles que 1 0 dt t 4 +1 ou π 0 sin(4t) 1 + cos 2 t dt. Nous avons construit à la main l’anneau K[X] des polynômes à coefficients dans K : un polynôme était alors par définition une suite presque nulle d’éléments de K. La construction du corps K(X) des fractions rationnelles à coefficients dans K n’est quant à elle pas au programme. En deux mots, K(X) se construit à partir de K[X] de la même manière que Q se construit à partir de Z, mais de toute façon nous n’avons pas étudié la construction de Q ! 1 Fractions rationnelles, fonctions rationnelles 1.1 Corps des fractions rationnelles Définition (Corps des fractions rationnelles) Définition : Il existe un ensemble K(X) satisfaisant les trois assertions suivantes : – A tout couple (A, B) K[X] 2 tel que B =0, on peut associer un élément de K(X) noté A B . – Tout élément de K(X) peut être écrit sous la forme A B pour certains A, B K[X] avec B =0. – Pour tous (A, B), (C, D) K[X] 2 tels que B =0 et D =0 : A B = C D ⇐⇒ AD = BC. Addition et produit : On munit K(X) de deux lois internes en posant, pour tous (A, B), (C, D) K[X] 2 tels que B =0 et D =0 : A B + C D = AD + BC BD et A B × C D = AC BD . Ces définitions sont possibles car elles dépendent seulement de A B et C D et non du choix de A,B,C,D eux-mêmes. Structure de corps : Alors ( K(X), +, × ) est un corps appelé le corps des fractions rationnelles à coefficients dans K. Pour tout couple (A, B) K[X] 2 tel que A =0 et B =0, l’inverse de la fraction A B est la fraction B A . Lien avec les polynômes : Tout polynôme P K[X] peut être identifié à la fraction rationnelle P 1 . Cette identification fait de K[X] un sous-anneau de K(X). Structure vectorielle : La multiplication par un polynôme constant munit K(X) d’une structure de K-espace vectoriel. Précisément, si λ K et si A, B K[X] sont tels que B =0 : λ · A B = λA B . Explication L’existence du corps K(X) vous paraît peut-être évidente — « bien sûr que les fractions rationnelles existent ! » — mais souvenez-vous bien que nous avons scrupuleusement distingué les polynômes (suites presque nulles. . . ) des fonctions polynomiales. Ici, c’est le concept abstrait de fraction rationnelle qui vient d’être défini. La notion de fonction rationnelle sera introduite un peu plus loin. Définition (Forme irréductible d’une fraction rationnelle) Soit R K(X). On appelle forme irréductible de R toute écriture de R de la forme R = A B A et B sont premiers entre eux. Une telle écriture est toujours possible, et unique à multiplication près par des scalaires non nuls. Exemple La fraction (X 2 + 1)(X + 1) 2 X(X + 1) n’est pas irréductible, mais la fraction (X 2 + 1)(X + 1) X l’est. Dans tout ce qui suit, quand nous dirons « Soit R = A B K(X) », il sera sous-entendu que (A, B) K[X] 2 et que B =0. 1

Cours - Fractions Rationnelles 26

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Fractions rationnelles

    Dans tout ce chapitre, K est lun des corps R ou C.

    Notre objectif : apprendre calculer des intgrales telles que

    10

    dt

    t4 + 1ou

    pi0

    sin(4t)

    1 + cos2 tdt.

    Nous avons construit la main lanneau K[X] des polynmes coefficients dans K : un polynme tait alors par dfinitionune suite presque nulle dlments de K. La construction du corps K(X) des fractions rationnelles coefficients dans K nestquant elle pas au programme. En deux mots, K(X) se construit partir de K[X] de la mme manire que Q se construit partir de Z, mais de toute faon nous navons pas tudi la construction de Q !

    1 Fractions rationnelles, fonctions rationnelles

    1.1 Corps des fractions rationnelles

    Dfinition (Corps des fractions rationnelles)

    Dfinition : Il existe un ensemble K(X) satisfaisant les trois assertions suivantes :

    A tout couple (A,B) K[X]2 tel que B 6= 0, on peut associer un lment de K(X) not AB.

    Tout lment de K(X) peut tre crit sous la formeA

    Bpour certains A,B K[X] avec B 6= 0.

    Pour tous (A,B), (C,D) K[X]2 tels que B 6= 0 et D 6= 0 : AB

    =C

    D AD = BC.

    Addition et produit : On munit K(X) de deux lois internes en posant, pour tous (A,B), (C,D) K[X]2 telsque B 6= 0 et D 6= 0 :

    A

    B+C

    D=

    AD +BC

    BDet

    A

    B CD

    =AC

    BD.

    Ces dfinitions sont possibles car elles dpendent seulement deA

    Bet

    C

    Det non du choix de A,B,C,D eux-mmes.

    Structure de corps : Alors (K(X),+,) est un corps appel le corps des fractions rationnelles coefficientsdans K. Pour tout couple (A,B) K[X]2 tel que A 6= 0 et B 6= 0, linverse de la fraction A

    Best la fraction

    B

    A.

    Lien avec les polynmes : Tout polynme P K[X] peut tre identifi la fraction rationnelle P1. Cette

    identification fait de K[X] un sous-anneau de K(X).

    Structure vectorielle : La multiplication par un polynme constant munit K(X) dune structure de K-espacevectoriel. Prcisment, si K et si A,B K[X] sont tels que B 6= 0 :

    AB

    =A

    B.

    Explication Lexistence du corps K(X) vous parat peut-tre vidente bien sr que les fractions rationnellesexistent ! mais souvenez-vous bien que nous avons scrupuleusement distingu les polynmes (suites presque nulles. . . ) desfonctions polynomiales. Ici, cest le concept abstrait de fraction rationnelle qui vient dtre dfini. La notion de fonction rationnellesera introduite un peu plus loin.

    Dfinition (Forme irrductible dune fraction rationnelle) Soit R K(X). On appelle forme irrductible de R toutecriture de R de la forme R =

    A

    Bo A et B sont premiers entre eux. Une telle criture est toujours possible, et unique

    multiplication prs par des scalaires non nuls.

    Exemple La fraction(X2 + 1)(X + 1)2

    X(X + 1)nest pas irrductible, mais la fraction

    (X2 + 1)(X + 1)

    Xlest.

    Dans tout ce qui suit, quand nous dirons Soit R =A

    B K(X) , il sera sous-entendu que (A,B) K[X]2 et que B 6= 0.

    1

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Dfinition (Drive dune fraction rationnelle) Soit R =A

    B K(X). La fraction rationnelle A

    B ABB2

    dpend

    seulement de R et non du choix de A et B eux-mmes. On lappelle la drive de R.

    Pour tous R,S K(X) et , K : (R+ S) = R+ S, (RS) = RS +RS et si S 6= 0 :(R

    S

    )

    =RS RS

    S2.

    En outre, la drive dun polynme concide avec sa drive comme fraction rationnelle.

    Dfinition (Degr dune fraction rationnelle)

    (i) Soit R =A

    B K(X). La quantit A B dpend seulement de R et non du choix de A et B eux-mmes. On

    lappelle le degr de R, not R. Le degr dune fraction rationnelle est ainsi soit un entier relatif, soit .(ii) Pour tous R,S K(X) : (R + S) 6 max

    { R, S

    }et (RS) = R + S,

    et si R est non constante : R = R 1.

    En outre, le degr dun polynme concide avec son degr comme fraction rationnelle.

    $$ $ Attention ! Seule la fraction rationnelle 0 est de degr , mais une fraction rationnelle peut tre de degr positifsans tre un polynme. Par exemple, la fraction rationnelle

    X4 +X3 + 1

    X2 + 3est de degr 4 2 = 2 sans tre un polynme.

    1.2 Fonctions rationnelles, zros et ples

    Dfinition (Fonction rationnelle) Soient R =A

    B K(X) irrductible et A et B les fonctions polynomiales associes

    respectivement A et B. La fonction xR7 A(x)

    B(x)dfinie sur K priv des racines de B est appele la fonction rationnelle

    associe R. Cette dfinition est possible car elle dpend seulement de R et non de A et B eux-mmes.

    Explication On impose ici lcriture R =A

    Bdtre irrductible pour que le dnominateur de R ait le moins

    de racines possible, et donc pour que la fonction R soit dfinie sur le plus grand ensemble possible. Par exemple, la fonction

    rationnelle x 7 x3 + x+ 1

    x 1 est dfinie sur R \{1}, mais la fonction x 7 x(x

    3 + x+ 1)

    x(x 1) lest seulement sur R \{0, 1

    }.

    Dfinition (Zro et racine dune fration rationnelle, ordre de multiplicit) Soit R =A

    B K(X) irrductible.

    Soit K. On dit que est un zro de R si est une racine de A. La multiplicit de dans A est alors appele lamultiplicit de dans R.

    Soit K. On dit que est un ple de R si est une racine de B. La multiplicit de dans B est alors appele lamultiplicit de dans R. Un ple de multiplicit 1 est aussi appel un ple simple ; de multiplicit 2, un ple double.

    Explication On a bien pris soin ici de travailler avec une forme irrductible de R : quand A et B sont premiers entreeux, il est certain quils nont pas de racine commune. La confusion zro/ple est donc impossible.

    Exemple Dans R(X), la fraction(X2 + 1)(X 2)3(X + 1)X

    (X 1)2(X2 +X + 1) a pour zros les rels 1, 0 et 2 et pour ple le seul rel 1. Lamultiplicit de 2 est gale 3, celle de 1 est 2, etc.

    2

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    2 Etude locale dune fraction rationnelle

    2.1 Partie entire

    Thorme (Partie entire) Soit R =A

    B K(X). Il existe un unique polynme E K[X] et une unique fraction

    rationnelle Q K(X) tels que :R = E +Q et Q < 0.

    Le polynme E est appel la partie entire de R. Il est gal au quotient de la division euclidienne de A par B.

    Dmonstration

    Existence : Ecrivons R = AB

    et introduisons la division euclidienne (E,F ) de A par B. Alors aussitt

    R =A

    B=

    EB + F

    B= E+

    F

    B. Posant Q =

    F

    B, nous obtenons bien le rsultat voulu, car Q = F B < 0.

    Unicit : Soient R = E + Q et R = E + Q deux dcompositions de R conformes lnonc du thorme.Alors E E = QQ. Comme (QQ) 6 max{ Q, Q} < 0 et comme E E est un polynme, alors(E E) = , i.e. E = E. Du coup Q = Q.

    Exemple La partie entire de la fractionX4 3X3 + 5X2 1

    X2 3X + 1 est X2 + 4.

    En effet Petite division euclidienne : X4 3X3 + 5X2 1 = (X2 3X + 1)(X2 + 4) + (12X 5).

    2.2 Parties polaires

    Thorme (Partie polaire associe un ple) Soient R K(X) et K un ple de R de multiplicit m. Il existe uneunique famille (a1, a2, . . . , am) Km et une unique fraction rationnelle Q K(X) nadmettant pas pour ple telles que :

    R =mk=1

    ak

    (X )k +Q. La sommemk=1

    ak

    (X )k est appele la partie polaire de R associe .

    Les ples de Q sont alors exactement les ples de R autres que , avec les mmes multiplicits.

    Dmonstration Nous admettrons ce rsultat pour gagner du temps.

    En pratique La mthode ci-dessous de multiplication par (X )m puis dvaluation en est la base de la base !

    Exemple La partie polaire deX2 + 3X + 1

    (X 1)2(X 2) associe au ple 1 est 5

    (X 1)2 10

    X 1 .

    En effet Il existe a, b R et Q R[X] nadmettant pas 1 pour ple tels que :

    X2 + 3X + 1

    (X 1)2(X 2) =a

    (X 1)2 +b

    X 1 +Q.

    Calcul de a : Multiplions par (X1)2 puis valuons en 1. Sachant que 1 nest pas un ple de Q : a = 5. Calcul de b : Pour calculer b, dbarrassons-nous du terme a

    (X 1)2 :

    b

    X 1 +Q =X2 + 3X + 1

    (X 1)2(X 2) +5

    (X 1)2 =X2 + 8X 9

    (X 1)2(X 2) =(X 1)(X + 9)(X 1)2(X 2) =

    X + 9

    (X 1)(X 2) .

    Multiplions alors par X 1 puis valuons en 1. Sachant que 1 nest pas un ple de Q : b = 10.

    3

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Thorme (Partie polaire associe un ple simple) Soient R =A

    B K(X) et K. On suppose que est ple

    simple de R, de sorte que : R =a

    X +Q pour certains a K et Q K(X) nadmettant pas pour ple.

    Alors : a =A()

    B().

    En pratique Ce thorme vient complter la mthode de multiplication par X puis dvaluation en dans lecas des ples simples. Choisissez, en fonction de la forme de B, celle des deux mthodes qui vous parat la plus rapide.

    Dmonstration Comme est ple simple de R, B = (X)C pour un certain C K[X] avec C() 6= 0. AlorsA

    C= (X )R = a+ (X )Q, donc si nous valuons en : a = A()

    C().

    Or B = C + (X )C donc B() = C(), et enfin comme voulu : a = A()C()

    =A()

    B().

    2.3 Dcomposition en lments simples dans C(X)

    Thorme (Dcomposition en lments simples dans C(X)) Soit R C(X). Alors R est la somme de sa partieentire et de ses parties polaires. En dautres termes, si E est la partie entire de R et si 1, 2, . . . , r sont les ples distinctsde R de multiplicits respectives m1,m1, . . . , mr :

    On noublie pas la partie entire !

    R = E +r

    i=1

    mij=1

    aij

    (X i)j pour certains aij C uniques.

    Cette dcomposition de R est appele la dcomposition en lments simples de R (dans C(X)).

    Dmonstration Nous admettrons ce rsultat pour gagner du temps.

    En pratique Le tableau ci-dessous recense quelques techniques classiques de calcul des coefficients dunedcomposition en lments simples. Je vous les donne ici titre essentiellement culturel car nous nous contenterons dutiliser, parsouci de simplicit, la mthode de multiplication par (X)m puis dvaluation en . A des fins dillustration, intressons-nous la dcomposition en lments simples suivante :

    1

    X(X2 + 4)=

    a

    X+

    b

    X 2i +c

    X + 2io a, b, c C restent dterminer.

    Multiplication par (X )mpuis valuation en

    Multiplions par 2i puis valuons en 2i : b = 18.

    Ples simples

    Pour A = 1 et B = X(X2 + 4), sachant que B = 3X2 + 4 : a =A(0)

    B(0)=

    1

    4

    et b =A(2i)

    B(2i)=

    1

    3(2i)2 + 4= 1

    8.

    Evaluation en un point Evaluons en i : i3= ia+ ib ic

    3, ou encore : 3a 3b + c = 1.

    Multiplication par Xm

    puis passage la limite en Multiplions par X puis valuons en x R, et faisons tendre enfin x vers :0 = a+ b+ c.

    Parit/imparit

    Comme1

    X(X2 + 4)est impaire, remplaons X par X dans et multiplions

    par 1 : 1X(X2 + 4)

    =a

    X+

    b

    X + 2i+

    c

    X 2i , puis identifions : b = c.

    ConjugaisonConjuguons :

    1

    X(X2 + 4)=

    a

    X+

    b

    X + 2i+

    c

    X 2i , puis identifions :a = a et c = b.

    4

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Exemple La dcomposition en lments simples deX5

    X4 1 dans C(X) est :X5

    X4 1 = X+1

    4

    [1

    X 1 +1

    X + 1 1X i

    1

    X + i

    ].

    En effet

    Forme de la dcomposition en lments simples : Comme X5 = X(X4 1)+X, la partie entire deX5

    X4 1 est X. La dcomposition en lments simples deX5

    X4 1 dans C(X) est donc de la forme :

    X5

    X4 1 =X5

    (X 1)(X + 1)(X i)(X + i) = X+a

    X 1+b

    X + 1+

    c

    X i+d

    X + ipour certains a, b, c, d C.

    Calcul de a : Multiplions par X 1 puis valuons en 1 : a = 14.

    Calcul de c : De mme, multiplions par X i puis valuons en i : c = 14.

    Calcul de b et d : b = 14

    et d = 14.

    Exemple La dcomposition en lments simples deX

    (X2 +X + 1)(X + 1)2dans C(X) est :

    X

    (X2 +X + 1)(X + 1)2=

    i3

    ( 1X j +

    1

    X j

    ) 1

    (X + 1)2, o j = e

    2ipi

    3 .

    En effet

    Forme de la dcomposition en lments simples : De degr strictement ngatif, X(X2 +X + 1)(X + 1)2

    est de partie entire nulle. La dcomposition cherche scrit donc, pour certains a, b, c, d C :

    X

    (X2 +X + 1)(X + 1)2=

    X

    (X j)(X j)(X + 1)2 =a

    X j +b

    X j +c

    (X + 1)2+

    d

    X + 1.

    Calcul de a et b : Multiplions par X j puis valuons le rsultat obtenu en j :

    a =j

    (j j)(j + 1)2 =j(

    i3)( j2)2 = i3 . De mme : b = i3 .

    Calcul de c : Multiplions par (X + 1)2 puis valuons en 1 : c = (1)(1)2 + (1) + 1 = 1.

    Calcul de d : Dbarrassons-nous du terme c(X + 1)2

    :

    a

    X j +b

    X j +d

    X + 1=

    X

    (X2 +X + 1)(X + 1)2+

    1

    (X + 1)2=

    X2 + 2X + 1

    (X2 +X + 1)(X + 1)2=

    1

    X2 +X + 1.

    Multiplions alors par X + 1 puis valuons en 1 : d = 0.

    3 Application au calcul intgral

    3.1 Intgrales de fractions rationnelles

    En pratique

    La dcomposition en lments simples des fractions rationnelles est utilise notamment pour le calcul de leurs primitives.

    Partie entire Facile primitiver.

    1

    (X )n avec n > 2 Primitive x 7 1

    (n 1)(x )n1 .

    1

    X avec R Primitive x 7 ln |x |.

    1

    X (a+ ib) avec a R et b R

    1

    X (a+ ib) =(X a) + ib(X a)2 + b2 =

    1

    2 2(X a)

    (X a)2 + b2 +ib

    (X a)2 + b2 .

    Primitive x 7 12

    ln((x a)2 + b2)+ i Arctan x a

    b.

    5

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Cas particulier : Les fonctions rationnelles de la forme x 7 ax+ bx2 + px+ q

    pour certains a, b, p, q R avec p2 4q < 0(discriminant ngatif au dnominateur) mritent dtre primitives sans dcomposition en lments simples.

    On commence par isoler de force un morceau u

    u :

    ax+ b

    x2 + px+ q=

    a

    2 2x+ px2 + px+ q

    + . . . quonsait primitiver sans problme. Le terme restant not . . . est de la forme

    c

    X2 + pX + q. Aprs avoir mis le dnominateur sous forme

    canonique, on primitive laide dune arctangente.

    Exemple

    12

    0

    t5 dt

    t4 1 =1

    8+

    1

    4ln

    3

    5.

    En effet Pour tout t [0,

    1

    2

    ]:

    t5

    t4 1 = t+1

    4

    [1

    t 1 +1

    t+ 1 1t i

    1

    t+ i

    ]= t+

    1

    4

    [1

    t 1 +1

    t+ 1 2tt2 + 1

    ]comme on la vu au paragraphe prcdent. En particulier : 1

    2

    0

    t5 dt

    t4 1 =[t2

    2+

    1

    4

    [ln(1 t) + ln(t+ 1) ln(t2 + 1)]]t= 12

    t=0

    =

    [t2

    2+

    1

    4ln

    1 t21 + t2

    ]t= 12

    t=0

    =1

    8+

    1

    4ln

    3

    5.

    Exemple limx

    x0

    t dt

    (t2 + t+ 1)(t+ 1)2=

    2pi

    33 1, ce quon note aussi :

    0

    t dt

    (t2 + t+ 1)(t+ 1)2=

    2pi

    33 1.

    En effet Nous avons dj calcul la dcomposition en lments simples de la fractionX

    (X2 +X + 1)(X + 1)2.

    Pour tout t R+ : t(t2 + t+ 1)(t+ 1)2

    =i3

    ( 1t j +

    1

    t j

    ) 1

    (t+ 1)2=

    i3 (j j)t

    (t j)(t j) 1

    (t+ 1)2

    Aussitt, pour tout x R+ :

    =1

    t2 + t+ 1 1

    (t+ 1)2=

    1(t+

    1

    2

    )2+

    3

    4

    1(t+ 1)2

    .

    x0

    t dt

    (t2 + t+ 1)(t+ 1)2=

    23 Arctant+

    1

    23

    2

    +1

    t+ 1

    t=x

    t=0

    =23Arctan

    2x+ 13

    +1

    x+ 1 2

    3Arctan

    13 1,

    et enfin : limx

    x0

    t dt

    (t2 + t+ 1)(t+ 1)3=

    23 pi

    2+ 0 2

    3 pi

    6 1 = 2pi

    33 1.

    3.2 Intgrales de fractions rationnelles en sinus et cosinus

    En pratique Soit R une fraction rationnelle de deux variables par exemple R(X,Y ) =X + Y 2

    X3 XY + Y . Dans le

    cas o cette intgrale est bien dfinie, nous cherchons calculer des intgrales de la forme

    ba

    R(cos t, sin t) dt. Le calcul repose

    sur certains changements de variables appels rgles de Bioche qui nous ramnent toujours au calcul dune intgrale de fractionrationnelle classique. Les rgles de Bioche sont hors programme donc vous navez pas les connatre, mais il nest pas inutile desavoir quelles existent.

    Si la quantit R(cos t, sin t) dtAttention !

    nest pas modifie quand on remplace t par t, changement de variable x = cos t. Si la quantit R(cos t, sin t) dt nest pas modifie quand on remplace t par pi t, changement de variable x = sin t. Si la quantit R(cos t, sin t) dt nest pas modifie quand on remplace t par pi+ t, changement de variable x = tan t. Enfin, si aucune des rgles prcdentes ne sapplique, changement de variable x = tan t

    2. Rappelons ici trois formules

    indispensables : cos t =1 x21 + x2

    , sin t =2x

    1 + x2et tan t =

    2x

    1 x2 . En ralit, cette dernire rgle de Bioche marche tous les coups, mais elle complique souvent les calculs par rapport aux trois prcdentes.

    Exemple

    pi0

    sin t dt

    4 cos2 t =ln 3

    2.

    En effet Pour commencer :

    pi0

    sin t dt

    4 cos2 tx=cos t=

    1

    1

    dx4 x2 =

    1

    1

    dx

    4 x2 . Ensuite, il nest pas dur de

    trouver la dcomposition en lments simples de1

    4X2 :1

    4X2 =1

    4

    [1

    X + 2 1X 2

    ].

    Conclusion :

    pi0

    sin t dt

    4 cos2 t = 11

    dx

    4 x2 =1

    4

    [ 11

    dx

    x+ 2 11

    dx

    x 2]=

    1

    4

    [ln

    2 + x

    2 x]x=1x=1

    =ln 3

    2.

    6

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Exemple Pour tout ]1,[ :

    2pi

    0

    dt

    + sin t=

    2pi2 1 .

    En effet Fixons ]1,[. Ici, seul le changement de variable x = tan t2convient. Or ce changement de variable

    ne peut tre effectu que si t dcrit par exemple lintervalle ] pi, pi[. 2pi0

    dt

    + sin t=

    pipi

    dt

    + sin tpar 2pi-priodicit de la fonction sinus

    = limrpi

    rr

    dt

    + sin tcar r 7

    rr

    dt

    + sin test continue sur R daprs le thorme fondamental de lanalyse

    = limrpi

    tan r

    2

    tan r2

    1

    +2x

    1 + x2

    2 dx1 + x2

    daprs le changement de variable x = tant

    2

    = lims

    ss

    2 dx

    x2 + 2x+ aprs une composition de limites.

    Nous allons calculer sparment cette nouvelle intgrale. Pour tout s R : ss

    2 dx

    x2 + 2x+ =

    2

    ss

    dx

    x2 +2

    x+ 1

    =2

    ss

    dx(x+

    1

    )2+2 12

    =2

    [2 1 Arctan

    1 + x2 1

    ]x=sx=s

    .

    On obtient le rsultat voulu en faisant tendre s vers .

    7