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Institut Suprieur de Co
MASTER SPECIALISE
DELEGATION DUN SERVICE PUBLICCAS : CONCESSION DE SERVICE DE STATIONNEMENT
ARRONDISSEMENT SIDI
Sous la directi
__________________________________________________________
ROYAUME DU MAROC
uprieur de Commerce et dAdministration des E
EN MANAGEMENT DES VILLES ET TERRITOIRES2009-2010
THESE PROFESSIONNELLE
DELEGATION DUN SERVICE PUBLIC: CONCESSION DE SERVICE DE STATIONNEMENT
SUR VOIRIES ARRONDISSEMENT SIDI-BELYOUT
CASABLANACA
Prpar par
Mriama DIBIANY Sous la direction du Pr. Abdelghani BENDRIOUCH
__________________________________________________________Novembre 2010
mmerce et dAdministration des Entreprises
EN MANAGEMENT DES VILLES ET TERRITOIRES
DELEGATION DUN SERVICE PUBLIC : CONCESSION DE SERVICE DE STATIONNEMENT
BELYOUT
on du Pr. Abdelghani BENDRIOUCH
__________________________________________________________
-2-
Remerciements
Je tiens exprimer mes sincres remerciements Monsieur Abelghani. Bendriouch, qui a bien voulu diriger ce travail, et lenrichir par ses orientations et son appui mthodologique, et par la qualit de lencadrement scientifique dont il ma fait bnficier.
Lensemble du corps enseignant du Cycle Suprieur de Gestion de lISCAE et de lESSEC et le staff de la Direction des Etudes, voudront bien trouver ici mon entire reconnaissance pour leur disponibilit.
Je tiens galement exprimer ma gratitude Monsieur Taj-Eddine Cherkaoui, Enseignant-chercheur lI.S., Universit Mohammed V-Agdal, pour la richesse et limportance de la documentation quil ma fournie, ainsi que son suivi dot dune grande rigueur intellectuelle.
Mes remerciements vont galement Monsieur Kamal Dissaoui, Prsident de larrondissement Sidi-Belyout, Monsieur Hassan El Khanoussi, Secrtaire Gnral de larrondissement, Monsieur Khalid Saadallah, Chef du Service Mobilier Urbain et Gestion du domaine public, Houcine HADIA, Chef de Division Technique la Prfecture darrondissement Casablanca-Anfa, pour leur collaboration et pour avoir mis ma disposition linformation et la documentation ncessaires pour enrichir ce travail.
Ddicaces
mes parents qui mont port dans leur cur et spcialement ma
mre qui ma aid et ma encourag aller de lavant ;
Au Professeur Taj-Eddine Cherkaoui, qui a bien voulu investir
beaucoup de son temps et de son nergie dans ce travail ;
mes frres, surs, et amis, spcialement mon amie Loubna ;
mes collgues, et particulirement : Khadija, Khalid et Laarbi , qui
mont support tout au long de cette formation ;
lensemble des professeurs du Master ;
-3-
tous ceux et celles qui mont soutenu de loin ou de prs pour la
ralisation de ce travail.
Rsum
Casablanca, la grande mtropole, le cur conomique btant du Maroc, lieu
de rencontres et dattractions conomique, financire et touristique, parmi les
problmes qui en rsultent, on mentionnera, entre autres, ceux de stationnement qui
se posent avec acuit do la ncessit de lui donner tout lintrt quil mrite.
En effet, cest un calvaire quotidien, lhorreur, les qualificatifs fusent
lorsque les automobilistes casablancais parlent de stationnement. Stationner sa
voiture, cest aussi une question doffre, de demande et surtout de gestion.
En effet, le problme de stationnement dans la ville se pose avec acquitt
surtout larrondissement Sidi-Belyout, et influe directement sur ltat de la
circulation et de la fluidit, ce qui peut nuire limage et lattractivit dune ville qui
se veut tre touristique en plus quil est le premier ple conomique et industriel du
royaume.
Le constat alarmant, est que cest la gestion de stationnement qui laisse
dsirer, la disponibilit des places tant suprieure la moyenne internationale
(Paris comme exemple). Les diffrents types de parcs de stationnement sont grs
par diffrents services de la Commune Urbaine de Casablanca, les arrondissements,
les prfectures, ce qui occasionne un manque de coordination, absence dune
politique unifie, avec intrts convergents, ceci conduit une gestion anarchique du
secteur.
Le contrat de concession de stationnement la socit Pag-Parking se voulait
tre une sortie de cette impasse, or plus inquitant encore, le cahier de charges
noblige pas le concessionnaire du stationnement par horodateurs prsenter ses
rsultats (chiffres daffaires, recettes, taux dutilisation, prix moyens pays par les
usagers). Aucune exigence dinvestissement ou dinnovation en matire de
services, se limitant une gestion ltat brut !, beaucoup de donnes physiques,
conomiques et financires ne sont pas disponibles.
La dlgation dun service ne doit pas tre une fin en soi, lexcution de
mission de service public par ces investisseurs doit tre perue tant comme un
moyen gnrateur de qualit et de baisses des cots des services que comme un
-5-
instrument de promotion de linnovation technologique et de transfert de savoir-faire
des concessionnaires vers les gestionnaires publics locaux. Ces derniers sont
galement tenus dassurer et dassumer un contrle et un suivi troit du service
dlgu. La rgulation se trouve au cur des modalits de fonctionnement des
services urbains, la fois garante de la bonne marche du service, de la dfense des
intrts des usagers et de la rentabilit des oprateurs privs.
-6-
Table des matires Remerciements ........................................................................................................... 2 Ddicaces.....................................................................................................................3Rsum........................................................................................................................4Abrviations utilises............................................................. .................................8
INTRODUCTION GENERALE .................................................................................. 10 ..................................... 16
INTRODUCTION ...................................................................................................... 17
CHAPITRE I .............................................................................................................. 19
I-1 CADRE ET DELIMITATION DE LETUDE ........................................................... 19 I-1-1 Intrt du thme ............................................................................................ 19 I-1-2 Dlimitation du thme ................................................................................... 20
I-2 PROBLMATIQUE ET MTHODOLOGIE POURSUIVIE ................................... 21 I-2-1 Problmatique de stationnement au niveau de larrondissement Sidi-Belyout .............................................................................................................................. 21 I-2-2 Prsentation de la mthodologie dapproche ................................................ 23
CHAPITRE II ............................................................................................................. 24
II-1 CADRE JURIDIQUE DE LA GESTION DELEGUEE .......................................... 24 Introduction ........................................................................................................... 24
II-2 UNE MULTITUDE DE MODES DE GESTION CARACTERISE LE SERVICE PUBLIC ..................................................................................................................... 27
II-2-1 Les modes publics ....................................................................................... 27 II-2-2 La gestion dlgue ..................................................................................... 28
II-3 MODES DINTERVENTION DES COMMUNES DANS LA GESTION DES SERVICES LOCAUX ................................................................................................ 31
II-3-1 La gestion directe ......................................................................................... 31 II-3-2 La gestion dlgue ..................................................................................... 32
...................................................... 34
CHAPITRE I .............................................................................................................. 35
I-1 PRESENTATION DU LIEU DE LETUDE : ARRONDISSEMENT SIDI-BELYOUT-CASABLANCA, LES ENJEUX DE LA DELEGATION.DE SERVICE PUBLIC .......... 35
I-1-1 La rgion du grand Casablanca est la plus importante mtropole du Maroc dont larrondissement Sidi-Belyout est le noyau .................................................... 35
A) Territoire ............................................................................................................... 35 B) volution urbaine.................................................................................................. 37 C) Organisation administrative : ................................................................................ 39
I-2 LIMPORTANCE DE LARRONDISSEMENT CONTRASTE AVEC LES LIMITES DE LA GESTION PUBLIQUE: .................................................................................. 43
I-2-1 Une population imporatnte ............................................................................ 43 I-2-2 Concentration des activits conomiques et quipements au centre-ville .... 47
CHAPITRE II ............................................................................................................. 50
II-1 LES FACTEURS INFLUANT SUR LETAT DE STATIONNEMENT ................... 50 II-1-1 Le transport .................................................................................................. 50
-7-
II-1-2 La mobilit.................................................................................................... 51 II-1-3 La concentration spatiale des grands ples dattraction et dmission des dplacements dans le hyper centre....................................................................... 53
a) Emission ............................................................................................................... 53 b) Les attractions ...................................................................................................... 55
II-2 LABSENCE DINVESTISSEMNT, DIVERSITE DES INTERVENANTS CONDUISENT UNE GESTION PROBLEMATIQUE DE STATIONNEMENT ........ 56
II-2-1 Infrastructures et quipements de stationnement ........................................ 56 II-2-2 Gestion du stationnement public .................................................................. 58
.. 63
INTRODUCTION ...................................................................................................... 64
CHAPITRE I .............................................................................................................. 65 I-1-1 Cadre juridique du contrat ............................................................................. 65
a) Les obligations gnrales du concessionnaire ..................................................... 65 b) Moyens humains, techniques et financiers : ......................................................... 66 C) La fin du contrat ................................................................................................... 68
I-2 CONCEPTION ET DEPOUILLEMENT DU QUESTIONNAIRE ........................... 68 I-2-1 Conception dun questionnaire de satisfaction .............................................. 68 I-2-2 Analyse du questionnaire rvle un sentiment dinsatisfaction grandissant .. 69
CHAPITRE II ............................................................................................................. 77
II-1 GESTION DE STATIONNEMENT ARRONDISSEMNT SIDI-BELYOUT-PARIS QUELLES LEONS EN TIRES? ............................................................................ 77
II-1-1 Gestion du stationnement Sidi-Belyout: entre blocages institutionnels et difficults techniques. ............................................................................................ 77
a) Impact sur la gouvernance ................................................................................... 77 b) Impact social: les anciens gardiens : .................................................................... 78 c) La qualit de service est au dessous des attentes ............................................... 80 d) Impact juridictionnel : la lgalit de limmobilisation dun bien priv ..................... 81 e) Impact sur la gestion urbaine : dpassement aux normes de circulation .............. 81
RECOMMANDATIONS ............................................................................................. 89 1. Agir en matire de gouvernance ........................................................................... 89 2. Agir au niveau stratgique : .................................................................................. 90 3. Le concessionnaire doit offrir un service de qualit .............................................. 91 4. Agir au niveau environnemental ........................................................................... 92
CONCLUSION .......................................................................................................... 92
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 94
ANNEXE ................................................................................................................... 97
Tableaux ................................................................................................................. 100
Graphiques ............................................................................................................. 100
Figures .................................................................................................................... 100
Photos ..................................................................................................................... 101
-8-
Abrviations utilises
A.D.M : Les Autoroutes du Maroc
C.U.C : Commune Urbaine de Casablanca
D.D.R.F : Division de Dveloppement des Ressources Financires
C.O.M.A.N.A.V : Compagnie Marocaine de Navigation
O.N.E : Office National de lElectricit
O.D.E.P. : Office dExploitation des Ports
O.N.D.A : Office National des Aroports
O.N.E.P : Office National de lEau Potable
P.A .M. Parti Authenticit et Modernit
P.D.U : Plan de Dplacements Urbains
P.J.D : Parti de Justice et Dveloppement
R.E.D.A.L : Rgie de Distribution dEau, dElectricit et du Service dAssainissement Liquide (Rabat, Sal et Tmara)
R.E.D : Rgie de Distribution de l'Eau et d'Electricit (Rabat, Sal et Tmara)
R.A.D : Rgie Intercommunale Autonome de Distribution de l'Eau et dElectricit (Casablanca)
S.I.M.I.A.P.A : La Socit Marocaine dInstallation et dAmnagement des Parcmtres
S.D.A.U : Schma Directeur dAmnagement urbaine
U.S.F.P : Union sociale des forces Populaires
Z.A.T : Zones dAnalyses de Transports
On a dmoli lide de service public. Les fonctionnaires sont somms dtre de plus en plus productifs. Lusager est devenu client. Nos mandarins de lEtat ont voulu singer le management du secteur priv. Mais dans une socit dhommes, le libralisme ne peut tout expliquer
Pierre Bourdieu1
1 Bourdieu.P, interview dans le Globe du 6 au 13 juillet 1993
INTRODUCTION GENERALE
es spectaculaires progrs scientifiques et technologiques que le monde a
connus depuis la seconde moiti du XXe sicle ont certes occasionn
d'importants progrs utiles l'mancipation humaine. Mais, force est de constater
que la vision capitaliste du dveloppement (le court terme, le souci de profits
exclusifs) et le mythe longtemps entretenu sur le caractre inpuisable des
ressources naturelles ont, bien des gards, engendr des dsastres sociaux et
environnementaux sans prcdent2. Il importe donc de repenser le dveloppement
(Bartoli, 1999)3, de revoir le mode de production industriel et les conceptions
mmes du dveloppement (Gagnon, 1994-1995)4. En dautres termes, il faudrait
rflchir dautres manires de produire, damnager et de consommer, qui
combinent prservation de lenvironnement, efficacit conomique et quit sociale.
Mme sil ny a pas de rponse unique et unanime ces questions, il faudrait
que toutes les collectivits locales instaurent un dialogue avec les habitants, les
organisations locales et les entreprises prives pour laborer un mode de gestion
capable de rpondre aux besoins toujours grandissants dune population urbaine qui
ne cessent daccrotre. Et des services publics lourd et peu performants, le recourt
au priv sest naturellement impos comme une solution aux maux de la gestion
urbaine.
Mais il convient tout dabord, de rpondre La question : De quoi parle-t-on
lorsquon emploie lexpression de service public? Les rapporteurs de la commission
Stoffaes qui dissertent alors sur le fameux service public la franaise proposent
la rponse suivante : fondamentalement, on manie des catgories juridiques
forges au cours dune longue histoire.5
2 AYEVA TCHABAGNAN, Gouvernance locale et renforcement des capacits. Quelques pistes de rflexion pour un dveloppement territorial durable des collectivits rurales ; Centre de recherche sur le dveloppement territorial (CRDT) Rimouski, Septembre 2003. 3 BARTOLI, H. (1999). Repenser le dveloppement: en finir avec la pauvret, Paris: conomica, 205 p. 4 GAGNON, C. (1994-1995). Dveloppement local viable : approches stratgies et dfis pour les communauts , Coopratives et Dveloppement, vol. 26, 2. pp.90-93. 5 CF. Services publics. Questions davenir, commissariat gnral du plan, rapport de la commission Stoffaes, Rseaux, d. O. Jacob et la Documentation Franaise 1995, p. 46.
L
-11-
En effet, les principes de bases du service public, celui dgalit, continuit, et
de mutabilit, notamment, sont poss par la Rvolution franaise. Aprs ce moment
fondateur, lidologie librale lemporte jusqu la Seconde Guerre mondiale. Le XIXe
sicle et le dbut du XXe sicle sont en effet caractriss par une conception de
ltat paternel pour dautres (P. Legendre, 1968), ltat ne se contentant pas
dassurer des fonctions dfensives et rpressives, mais prenant en charge
galement des fonctions bienfaitrices. Cependant dans les faits, ltat intervient au-
del de ses fonctions rgaliennes et bienfaitrices, pour des raisons trs
pragmatiques.
Aprs la seconde guerre mondiale, en rupture complte avec ltat libral,
ltat-providence se caractrise par une extension voulue et organise de ltat, au-
del de la sphre du domaine rgalien, et notamment par une prise en charge du
dveloppement conomique et de la protection sociale.
La crise de ltat-providence et le retour en force de lidologie librale6, au
cours des dcennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix, sont lorigine dun vaste
mouvement de drglementation qui remet en cause les monopoles nationaux de
lnergie, des tlcommunications, des transports ferroviaires. La rapidit de ces
changements profonds, dont les justifications conomiques sont trs contestables,
contraste avec la lente et trs pragmatique construction des services publics.
Aujourdhui, le foisonnement de questions sur ltat en termes de moins: moins de
service public, moins de gestion publique, moins de dpenses, moins de
rglementation, etc., en somme moins dtat, traduit non seulement une logique de
lconomie de march et son explosion mondiale, mais aussi le malaise dun
service public aux prises avec ses propres excs et ses propres limites. Et surtout, il
pose la question du rle de ltat dans la socit, non pas en tant quinstance
puissance publique, mais en tant qutat rgulateur social, et particulirement dans
sa fonction de veiller la satisfaction de certains besoins collectifs.
Au Maroc, divers facteurs prsident au dveloppement du service public dans
le cadre dun tat qui doit atteindre lobjectif du dveloppement, mais le service
6 GUERRAOUI.D, EL OUFI.N, BARREAU.J, Le devenir du service public : comparaison France-Maroc ,BARREAU.J, La construction des services publics franais, entre pragmatisme et idologie, Harmattan, 1999, 243 P ; P. 13.
-12-
public et linterventionnisme tatique vont se mesurer non seulement aux dimensions
de besoins conomiques, mais aussi politiques.
Au lendemain de lindpendance, le Maroc sengage dans un processus
dexpansion et dinstitutionnalisation o ltat est constructeur, banquier, agriculteur,
commerant, transporteur voire, pour certaines activits, monopolistique pour
assurer la matrise et le contrle de ltat sur des secteurs stratgiques.
On peut remarquer quil y a de nos jours un mouvement amorc au Maroc
dans la recherche en conomie et en science politique, et qui engage reconsidrer
cette relation et limpact des actions qui font lobjet dintervention publique, il sagit de
lanalyse des politiques publiques 7,
Lintrt majeur de cette nouvelle approche est prcisment de lever
lambigut cre par les discours sur lutilit collective et le sens du service public et
de mettre scientifiquement jour la multitude des gosmes qui animent loffre et
la demande dtat.
Le service public est amen sadapter un certain nombre de modifications
de comportements sociaux et dvolution dans les domaines politiques, conomiques
et administratifs. Ayant pour effet dimposer la reconstruction 8 du service public.
Les contraintes de cette reconstruction sont multiples, on peut nanmoins en
prciser les grandes lignes :
v des contraintes nes dun nouveau paradigme de ltat qui se veut tre, en
mme temps, un instrument de rgulation conomique et un vecteur de cohsion
sociale face aux mcanismes libraux des marchs.
v des contraintes organisationnelles pour faire face la logique dune autre
articulation entre le politique, lconomique et ladministratif : territorialisation de
laction administrative, rpartition des rles des acteurs au niveau local et au niveau
central, rapports dconcentration / collectivits locales, etc.
7 Rousset M.: Le service public au Maroc, d. La Porte, 1994. 8 DINIA-MOUDDANI.L, la reconstruction du service public au Maroc , P 41, Le devenir du service public : comparaison France-Maroc , GUERRAOUI.D, EL OUFI.N, BARREAU.J, Harmattan, 1999, 243P
-13-
v des contraintes de proximit nes des aspirations dune socit qui aura plus
dexigences et plus dattentes envers le service public, au risque de sa lgitimit et
de sa crdibilit.
v des contraintes lies la gestion publique en termes de rationalisation et de
qualit des prestations, autrement dit, obliger le service public faire plus et mieux
avec moins de dpense.
Comment faire face ces contraintes? entre satisfaction dune demande en
augmentation rapide tout en assainissant et transformant fondamentalement les
secteurs.
Comment instaurer une politique de la ville ayant pour ambition dapporter une
rponse globale et territorialise aux consquences lies une crise urbaine et
sociale stigmatisant des populations et des territoires ?. Cette crise socio-urbaine se
Caractrise par un niveau de chmage lev, une abstention massive aux lections,
un repli sur la sphre prive, des comportements individualistes Ces faits sociaux
se matrialisent aussi dans lespace urbain par des vagues de violence et des
dgradations matrielles touchant les espaces publics, les transports, les centres
commerciaux, les coles. Cette crise, aujourdhui structurelle, rsulte de mutations
conomiques et sociales profondes qui sinscrivent dans le contexte de villes
dchires par lurbanisme des grands ensembles.
La politique de la ville est ainsi cense rpondre ces enjeux par une
approche politique globale et prenne. Corrlativement, elle doit prendre en compte
les spcificits et la diversit des situations urbaines et sociales, de sorte que soient
valorises sur chaque territoire, les initiatives locales dune conomie en
dveloppement.
Le systme des concessions offre-t-il toutes les garanties pour assurer une
plus grande efficacit dans la gestion des villes en crise ?
Quapporte-t-il de diffrent ou de mieux en comparaison avec ce que des
oprateurs nationaux peuvent offrir, toutes choses tant gales par ailleurs, cest--
dire dbarrasss dune tutelle contraignante et soumis aux rgles de lvaluation des
performances. Dans le rgime des concessions, la probabilit de lchec existe aussi
pour que la russite soit plus vraisemblable, elle doit tre fonde sur des
-14-
engagements crdibles, sur lmergence dune coopration intelligente entre ltat, le
concessionnaire, les salaris, les lus9.
En premier lieu, le rgime juridique et rglementaire de la gestion dlgue
doit tre clarifi et simplifi. En prcisant lobjet de la gestion dlgue, on peut
optimiser les avantages et minimiser les inconvnients attachs la dlgation de
service public. On ouvrira ainsi la voie un nouveau partenariat public/ priv dans la
ralisation des grands projets dinfrastructure et donnera du contenu et du sens la
notion de Co-dveloppement.
En second lieu, la finalit de la gestion dlgue est de rguler autrement les
services publics, c'est--dire dintroduire de nouveaux principes de gestion. Or, le
caractre alatoire de lexploitation expose cette gestion des risques et prils. La
longueur de la dure du contrat est cense attnuer par certains aspects le degr de
ces risques.
En troisime lieu, diverses questions structurent les enjeux des contrats de
concession : il en est ainsi de la gestion du patrimoine dlgu (rgimes des biens
de retour et des biens de services), des obligations, droits et prrogatives du
dlgataire, des conditions dexploitation des services dlgus (cahiers de charges,
scurit de lapprovisionnement, qualit de service, etc.), des dispositions financires
(rgime comptable et financier, programme dinvestissement, politique de
financement, redevances, taxes et conditions tarifaires) et enfin, le contrle et le suivi
de la gestion.
Cest sur ces questions et bien dautres que notre tude essaiera de se
pencher, travers lclairage que nous apportera ltude du contrat de concession
sign entre la commune urbaine de Casablanca et la socit Pag-parking par le
biais duquel, elle aura le droit dexploiter les voiries pour le stationnement voitures.
Ainsi, la premire partie sera consacre au cadre juridique dans lequel volue
la gestion dlgue, la 2me est une inspection du lieu de notre tude, objet du
contrat de concession de parkings, qui consiste relever les facteurs qui influent
directement sur ltat de stationnement au sein de lArrondissement Sidi-Belyout,
9 El Mernissi M., Ginoves.M, de saint-lager.O, la dlgation de service public : au confluent de lEtat et du march Etude de cas, Fondation Abderrahim Bouabid pour la science et la culture, Service public ; cahier n 20, P 4. 1998 56 pages.
-15-
alors que la troisime partie de ce travail traite les dfaillances de la gestion actuelle
de stationnement par la socit Pag-Parking.
-16-
-17-
INTRODUCTION
a notion de service public repose sur ce postulat que les activits dintrt
gnral ou qui ont pour objet la satisfaction dun besoin collectif doivent
tre prises en charge par les collectivits publiques.
Il appartient ces collectivits dapprcier, librement comment la gestion des
services publics doit tre assure. Cest une question dopportunit qui chappe au
contrle du juge.
cet gard, il existe une grande varit de modes de gestion du service
public. On peut les regrouper en deux grandes rubriques : les modes publics de
gestion qui englobent : la rgie directe, ltablissement public; et les modes privs de
gestion qui intgrent : la socit dconomie mixte, la rgie intresse, la grance, et
enfin la gestion dlgue qui nous intresse au cours de cette tude. Mais avant de
pousser lanalyse plus loin, il faut sarrter sur la terminologie et en prciser les
contours.
La gestion dlgue est une expression rcente qui na t officialise en
France que par la loi dorientation du 6 fvrier 1992 relative lAdministration
territoriale de la Rpublique, et reprise par la loi SAPIN du 29 janvier 1993 relative
la prvention de la corruption et la transparence de la vie conomique et des
procdures publiques. Cest ce qui explique pourquoi elle est maintenant en vogue.
Mais il ne faut pas croire pour autant quil sagit dun nouveau mode de dvolution du
service public. Cest une simple expression gnrique qui pouse les formes
contractuelles classiques de la concession et de laffermage. Ce passage
smantique de la concession la gestion dlgue nimplique pas aucune
modification du concept de dlgation de service public ; il y a juste une volution du
vocabulaire lgislatif en France.
Au Maroc, on a utilis cette formule pour la premire fois dans la convention
entre la Commune Urbaine de Casablanca et la Lyonnaise des eaux10. Il y a ensuite
10 EL MERNISSI M., le rgime juridique de la gestion dlgue , la dlgation de service public : au confluent de lEtat et du march , Fondation Abderrahim BOUABID pour la science et la culture, Service public ; cahier n 20, P 7. 1998, 56p.
L
-18-
la convention avec REDAL qui va se substituer le 1er janvier la RED pour la
distribution de leau et de llectricit et lassainissement Rabat et Sal. Dautres
villes vont suivre par la suite. ( savoir Ttouan, Tanger, Marrakech ; ainsi que
dautres secteurs notamment la dlgation des voiries pour le stationnement, une
concession qui a suscit beaucoup de polmique et a fait couler beaucoup dencre.)
Cette appellation de gestion dlgue semble se limiter lactivit de
distribution deau, dlectricit et lassainissement ; dans dautres secteurs, on a
conserv le terme de concession. Tel le contrat sign par la Commune urbaine de
Casablanca et la socit Pag-parking pour la gestion des voiries pour le
stationnement de voitures, ou encore le contrat de gestion des autoroutes.
Il faut dire que la gestion dlgue nest pas nouvelle au Maroc, elle a t
utilise sur une grande chelle pendant toute la priode du protectorat et a permis la
ralisation de grands travaux dinfrastructure dans plusieurs domaines : chemins de
fer, ports, lectricit, eau, transports urbains.
Au lendemain de lindpendance, ltat, pour des raisons essentiellement
politiques, a rachet ou na pas renouvel la quasi-totalit des anciennes
concessions pour les confier des tablissements publics en situation de monopole.
Le bilan de cette politique est tout le moins mitig, et ce pour de multiples
raisons :
v La rigidit du rgime juridique des entreprises publiques ; v Lincomptence ou lincurie de certains des dirigeants ; v Lirresponsabilit des dirigeants qui, souvent, nont de compte ne rendre
personne ; v La lourdeur des procdures de contrle.
Il en est rsult des dysfonctionnements, une grande inefficacit et un dficit
chronique.
Cest en fonction de ces lments, aggravs par la crise des finances
publiques et du manque de ressources, que les pouvoirs publics ont t amens
entreprendre une rflexion densemble en vue denvisager des approches nouvelles
dans le domaine de la gestion des services publics.
Trois objectifs sont viss :
-19-
v Lintroduction de nouvelles mthodes de gestion pour amliorer la productivit, la qualit du service et abaisser les cots de production et les tarifs ;
v Faire appel des professionnels de la gestion des services publics ; v Allger la charge financire de ltat.
Cette politique tend un recentrage de ltat sur ses missions essentielles ;
ltat ne doit plus tre ni commerant ni industriel. Pour raliser les objectifs quils se
sont assigns, les pouvoirs publics ont retenu la formule de la gestion dlgue de
services publics.
Depuis, plusieurs municipalits se sont lances dans cette exprience,
notamment Casablanca, Rabat et Sal qui ont jou le rle pilote dans ce cadre,
dautres villes vont suivre savoir Ttouan, Tanger, Marrakech, et a touch des
secteurs diversifis, de leau et llectricit, les secteurs de nettoiement, de la
collecte, du transport, du stockage et du traitement des ordures mnagres et
dchets assimils, et lexploitation des voiries et parking pour le stationnement qui
nous intresse plus particulirement au cours de cette tude.
CHAPITRE I
I-1 CADRE ET DELIMITATION DE LETUDE
l sagit ici de prciser limportance de ce thme et pourquoi il a t choisi,
avant d'entamer la problmatique et la mthodologie qui ont t poursuivis
tout au long de ce mmoire.
I-1-1 Intrt du thme La croissance extraordinaire des besoins et les limites de la capacit des
financements publics font peser des contraintes nouvelles sur la gestion des services
publics urbains surtout, des formes organisationnelles originelles se dveloppent,
partir dune implication accrue des entreprises prives. Bien conue ces nouvelles
modalits daction permettent dapporter des rponses appropries aux besoins des
habitants, en matire daccs au service, de la qualit et le cot de service, et de
protection de lenvironnement.
Cependant, si le partenariat public-priv dessine un nouveau cadre gnral, il
nexiste pas de modle unique reproductible, mais des solutions adaptes des
situations locales et des problmes particuliers.
I
-20-
Ainsi, la dlgation de service public est actuellement au cur du dbat
national sur la modernisation et la transparence des relations entre les collectivits
locales, les entreprises concessionnaires et les usagers bnficiaires.
Dans ce cadre, la gestion des voiries destines au stationnement de voitures
qui fait lobjet de ce mmoire, constitue un problme dactualit, plusieurs
municipalits se sont tournes vers des oprateurs privs pour soccuper de ce
secteur, gestion qui a suscit beaucoup de contradictions et fait couler beaucoup
dencre do lintrt de cette tude.
Aussi, ce mmoire se penche sur un sujet qui, ma connaissance, est trs
peu soulev par des recherches universitaires ou autres. Do lide dapprocher ce
problme en se fondant sur le vcu et sur lexprience professionnelle au sein de
larrondissement Sidi-Belyout.
Le sujet, objet de ce mmoire, prsente aussi pour moi un intrt particulier,
dans la mesure o notre activit professionnelle se penche sur ce problme et fait
face quotidiennement aux problmes lis la gestion de ce secteur.
Ce thme constitue galement une occasion pour capitaliser le maximum de
connaissance sur ce sujet et par la mme, la mise en uvre des connaissances en
management acquises au cours du Cycle Suprieur de Gestion.
Et enfin, il sagit, par la voie de cette tude, dapporter plus dclaircissement
sur cette relation trilatrale, concdant, concd et usager, et mettre la main sur les
points de dfaillance de cette gestion, mettre au profit des oprateurs et
responsables dans ce domaine.
I-1-2 Dlimitation du thme Dans la plupart des pays en dveloppement, la gestion des services publics
urbains savre difficile. Avec la croissance dmographique, laugmentation des
besoins et lexode rural, les villes doivent rpondre un nombre toujours plus
important des habitants. Les dfis sont nombreux : concilier investissement et
rentabilit, avec laccs aux services pour les plus dmunis, assurer limplication de
loprateur priv souvent tranger dans un contexte local dont il faudra faire
lapprentissage, crer les conditions dune rgulation efficace. Satisfaire aux
conditions dun dveloppement durable.
-21-
En effet, la ville de Casablanca tait parmi les premires villes tre
intresse par la dlgation des services publics, un choix justifi par la croissance
des besoins des habitants, dont le nombre ne cesse de crotre. La ville cumul le
retard plusieurs niveaux, les pouvoirs publics et lus se trouvent confronts une
situation problmatique qui ncessite la multiplication des actions.
En ce sens, la ville a opt pour la gestion dlgue dans plusieurs secteurs
savoir : leau, lassainissement liquide, llectricit, les dchets solides, la production
dnergie, les parkings notamment lexploitation des voiries par le dpt des
horodateurs, etc.
Il serait aberrant de vouloir traiter lensemble de ces secteurs par ltude et
lanalyse, dans le cadre de ce mmoire, alors je me suis contente de me limiter un
problme dactualit qui est celui du stationnement au niveau de la ville de
Casablanca et plus spcialement au niveau de larrondissement Sidi-Belyout.
I-2 PROBLMATIQUE ET MTHODOLOGIE POURSUIVIE
I-2-1 Problmatique de stationnement au niveau de larrondissement Sidi-Belyout
vec ses trois millions dhabitants, la rgion de Casablanca se prsente
comme la plus grande agglomration du Maroc ; elle en constitue aussi
la capitale conomique, dont larrondissement Sidi-Belyout constitue le centre
conomique et commercial le plus attractif, do le flue important du parc automobile
circulant sur son territoire et par la mme plus de demande en stationnement.
Les tudes du Plan de Dplacements Urbains, labores lhorizon 2019,
ont permis de lancer une rflexion sur le systme de dplacements de
lagglomration et a mis le doigt sur la problmatique cl que connat le
stationnement.
En effet, loffre actuelle de stationnement sur voirie est de 41 places/ha dans
lhyper centre (Rapport PDU Casablanca), de ce faite, elle est suprieure ce qui est
constat dans la plupart des mtropoles. Cette offre est disponible pour le public
85%, les autres places tant rserves des activits.
A
-22-
Loccupation de loffre est de 90%, au cours de la pointe de demande de
stationnement, ce qui implique des tensions au cours de priodes particulires. Elle
est exploite selon 3 rgimes :
w stationnement payant par horodateurs w stationnement payant des gardiens w stationnement rserv des activits, moyennant paiement dune
redevance par le bnficiaire
Loffre publique hors voirie est de 16 places/ha, dans la zone dense, mais plus
faible en priphrie, o les besoins sont localiss dans des zones ddies des
activits commerciales. Elle est occupe 75% dans les zones de forte demande et
il existe une capacit encore disponible. Ces parcs sont en gnral exploits par des
oprateurs privs concessionnaires. Les parcs privs sont souvent conus selon des
normes qui en restreignent lusage.
Quant aux usagers sont, dans leur ensemble, insatisfaits de la situation du
stationnement. Ils supportent mal de chercher une place qui se trouve trop rarement
proximit immdiate de leur destination finale. Selon un rapport de la Commission
de Circulation Communale, il faut huit minutes pour trouver une place disponible et
qui est loigne denviron 100m de la destination finale.
La gestion du stationnement soulve un certain nombre de difficults dont les
principales consquences sont de ne pas utiliser le stationnement comme un levier
pour agir sur la mobilit.
La croissance du parc automobile dans la Rgion (855.000 units en 2019) va
gnrer des difficults considrables, y compris usage constant de la voiture
particulire. Le stationnement rsidentiel deviendra un problme difficile rsoudre.
La demande crotra et un total de 30.000 places sera ncessaire dans le centre de
Casablanca, o la demande est dj forte. Paralllement, le partage de la voirie en
faveur des transports collectifs aboutira rduire la capacit de stationnement sur
voirie, et des parcs privs installs dans des immeubles anciens seront convertis
dautres activits sous la pression foncire. Loffre publique programme pour les
prochaines annes est de lordre de 4.000 places, mais elle ne suffira pas satisfaire
la demande moyen terme, mme dans le cas dune gnralisation du
stationnement payant par horodateurs dans Casablanca.
Le problme de stationnement Casablanca et notamment Sidi-
Belyout est un problme de gestion essentiellement, les oprateurs publics de
-23-
la ville manquent de vision et de politique ce niveau, ceci sexplique par un
certain nombre de raisons:
Les pratiques de gestion du stationnement sont en de de ce que lon devrait trouver dans des villes de limportance de Casablanca. La ville ne dispose pas de plans de circulation/stationnement. Gestion obsolte du trafic (rseau, feux lumineux, stationnement), cela engendre ; une congestion grandissante Casablanca le ratio volume/capacit; circulation difficile dans 40% des points de comptage (V/C > 0,6); congestion dans 26% des cas (V/C > 0,9) (Etudes PDU); manque dinvestissement que ce soit public ou priv dans ce secteur; manque de suivi et de contrle de lapplication de contrat de concession de stationnement, etc.
I-2-2 Prsentation de la mthodologie dapproche Ce travail se prsente essentiellement sous forme de trois parties, dans la
premire partie nous avons procd llaboration dune synthse documentaire des
diffrentes typologies de modes de gestion utiliss. Pour ce faire, nous avons
exploit une documentation riche en la matire des experts en droit et en gestion.
Par la suite, on sest intress au contexte de la ville de Casablanca et plus
particulirement larrondissement Sidi-Belyout. Les problmatiques et les
contraintes dune gestion urbaine au sein de larrondissement. Dans la troisime
partie, on a examin lvolution de lexprience de la commune et spcialement
larrondissement Sidi-Belyout qui a opt pour la gestion dlgue du service de
stationnement sur voiries, en mettant laccent plus particulirement sur la concession
de la gestion de ce service dans la ville et dans larrondissement et en faisant un
petit arrt sur dautres expriences qui pourraient nous tre utiles.
En vue de bien expliquer le concept du mode de gestion dlgue, nous
avons donn au chapitre I un aperu sur les diffrents modes dintervention des
communes.
Notre dmarche a consist dans une premire phase entamer une vaste
recherche bibliographique, dans le but de bien cerner et dlimiter le champ de notre
tude relative la gestion de stationnement, une tache qui na pas t facile vue que
trs peu dcrits ont trait ce sujet.
Pour ce faire, nous avons consult un ensemble de documents et rapports qui
traitent le sujet, notamment le rapport de dplacement urbain et le projet du tramway
-24-
de Casablanca qui nous a permis daccder un ensemble de statistiques, cartes et
tableaux riches en enseignement, ainsi que des rapports et des recensements sur le
terrain effectus dans notre domaine professionnelle.
La deuxime phase a t consacre la collecte dinformations auprs des
institutions responsables de la gestion de stationnement savoir la Direction des
Autorisations au sein de la Commune Urbaine de Casablanca: responsable du suivi
du contrat de concession, la Direction Technique la prfecture des
arrondissements de Casablanca-Anfa qui nous ont facilit laccs linformation, et
bien entendu le Service de Gestion du Domaine Public et Mobilier Urbain au sein de
larrondissement Sidi-Belyout, le recours la socit Pag-parking sest sold par un
chec, celle-ci a refus toute coopration ou loctrois de documents ou toute
information interne.
Enfin, nous avons procd ltablissement dun questionnaire, quon a voulu
rvlateur du degr de satisfaction des usagers des services proposs par la socit
concessionnaire et la qualit de cette gestion. Cependant quelques donnes nous
ont t adresses tardivement ou ne nous ont pas toujours t fournies. On peut
nanmoins se fliciter de la collaboration de chacun des services rencontrs.
CHAPITRE II
II-1 ASPECT JURIDIQUE DE LA GESTION DELEGUEE
Introduction
a dlgation du service public, concerne les services publics caractre
industriel et commercial, cependant, le caractre administratif du service
public nexclut pas que la collectivit locale comptente en confie lexcution des
personnes prives. Par contre, certaines activits ne peuvent tre dlgues de par
leur nature, cest ce quon appelle les activits rgaliennes.
En outre, les pouvoirs publics conscients de limportance des enjeux
financiers, conomiques, sociaux et environnementaux des services publics en
gnral et des services urbains en particulier, avec le soutien des institutions
internationales, ont affich leur volont de mettre en place un cadre institutionnel et
juridique de la dlgation de service public qui soit clair et comptitif afin de donner
L
-25-
des garanties de transparence et un signal incitateur fort aux investisseurs potentiels
nationaux et trangers.
En effet, avec le changement profond qu connu le Maroc dans tous les
domaines y compris dans la gestion des services publics, avec la consolidation de la
dcentralisation et le renforcement de lautonomie communale en leur dotant dune
personnalit juridique distincte de celle de ltat et dune autonomie budgtaire. Ceci
a permet la commune de se repositionner comme un acteur cl dans toute
volution locale.
Dans ce cadre, le recours de la ville de Casablanca la gestion dlgue ne
date pas daujourdhui, elle a t introduite par le biais de la dlgation de
lexploitation de llectricit (R.A.D), par la voie dune rgie directe. Cependant, le
mode de gestion directe communal na pas toujours donn de bons rsultats. En
effet, plusieurs services connaissent une dgradation, transport urbain, eau,
lectricit, gestion des voiries, parcs dattractions et espaces verts, etc. Pour trouver
une solution cette dfaillance, plusieurs communes urbaines se sont engages
dans la dlgation de gestion de leurs services publics aux entreprises prives.
Mais en faite, lorsquon parle de gestion dlgue de quoi parle-t-on au
juste ?
Il sagit d'un contrat par lequel une collectivit publique confie une entreprise
prive la gestion dun service public ses risques et prils, pour une longue dure,
suivant un cahier des charges prcis et moyennant une rmunration prleve
directement sur les usagers du service.
Il faut dire que, la notion de dlgation de service public a t utilise pour la
premire fois dans le droit positif franais par la loi du 6 fvrier 1992 relative
ladministration territoriale de la rpublique, dautres textes vont voir le jour et
contribuer tablir un rgime juridique dtaill des conventions entrant dans cette
catgorie juridique.
Au Maroc, la gestion dlgue a t utilise pour la premire fois dans le
contrat sign entre la lyonnaise des eaux et la Commune urbaine de Casablanca en
1997, sans quaucun texte lgislatif ou rglementaire nen dfinisse les contours de
son application. Dautres villes vont suivre par la suite.
-26-
Il a fallu attendre cinq annes avant quil ne soit introduit pour la premire fois
par un dahir n 1.02.271 en date du 3 Octobre 2003, appliquant la loi n 78.00
relative la charte communale de 2002, notamment son article 39 qui stipule que
le conseil communal dcide de la cration et du mode de gestion des services
publics communaux, par voie de rgie directe ou de rgie autonome, de concession
ou de toute autre forme de gestion dlgue des services publics , un texte repris
par la charte de 2009.
La jurisprudence va entrer en ligne le 8 dcembre 2004, lorsque le juge du
tribunal administratif de Casablanca a dfinit pour la premire, dans laffaire KHATIB
Abdelmajid contre la socit la lydic, la gestion dlgue comme tant un contrat
administratif par lequel un concdant dlgue un concessionnaire, dans un
primtre territoriale dlimit et dans le cadre de ses attributions, lexploitation et la
gestion dun service public pour une dure bien dtermine .
Il a fallu attendre la nouvelle loi n54-05 en date du 14 fvrier 2006,
relative la gestion dlgue pour consacrer le principe qui englobe toutes les
formes dune gestion externalise dun service public ou la ralisation dun
ouvrage public.
Si la thorie de la gestion dlgue reste trs jeune au Maroc, puisquelle
ne date que de quelques annes, plusieurs questions restent poses, notamment
celle concernant la thorie des risques , la novelle loi na pas prcis le partage
des risques contrairement son homologue franais qui a bien dfinis le partage des
risques et profits.
De nos jours, le recours la gestion dlgue est monnaie courante, plusieurs
services ont t dlgus des oprateurs privs, notamment les services de
nettoiement et de collecte des dchets mnagers ou encore lexploitation des voiries
destines au stationnement.
Avant daller plus loin dans notre tude, dfinissons tout dabord les modes de
gestion dun service public.
-27-
II-2 UNE MULTITUDE DE MODES DE GESTION CARACTERISE LE SERVICE PUBLIC
Le Service Public se dfinit comme la satisfaction des besoins vitaux des
citoyens. Cest une obligation qui doit tre assume par la puissance publique. Il
appartient ces collectivits de choisir le mode de gestion le plus adquat.
A cet gard, il existe une varit de modes de gestion Nous les prsentons
succinctement.
II-2-1 Les modes publics Englobe la rgie directe et ltablissement public.
La rgie directe est un mode de gestion du service public par lequel la
collectivit, responsable de la cration de lorganisation, assure elle-mme le
fonctionnement et la gestion du service11 .
Ainsi, ladministration, non seulement dcide de la conception et de la cration
dun service public, mais elle assume elle-mme la tche de le grer en mobilisant,
pour son fonctionnement, ses propres ressources humaines, financires et
matrielles.
Cest ce quon appelle la rgie simple ou directe, la collectivit fait fonctionner
elle-mme le service par le biais de son propre personnel et de ses propres moyens.
Cest le cas au niveau central des grandes administrations de ltat: police, dfense,
finances, justice, ducation nationale, sant, urbanisme. Au niveau local, larticle 30
de la charte communale confre au conseil communal le pouvoir de dcider de la
cration, lorganisation et de la gestion des services publics communaux qui peuvent
concerner leau, llectricit, lassainissement liquide, la collecte et le traitement des
dchets solides, les transports urbains, les travaux municipaux et la lutte contre
lincendie.
Ltablissement public est dot de la personnalit juridique et de
lautonomie financire. Ce procd est utilis pour la gestion des services industriels
et commerciaux ; il permet dintroduire une certaine souplesse dans la gestion et
dindividualiser les rsultats financiers de lexploitation. Cest le cas en particulier de
lONE, lONEP, lODEP et lONDA. 11 VEDEL.G, DEVOLVE.P, Droit Administratif , presse universitaire de France, 1988, Collection THEMIS, 1206p
-28-
II-2-2 La gestion dlgue La socit dconomie mixte, cest gnralement une socit anonyme
de droit qui associe des capitaux publics et des capitaux privs ; ce mode de gestion
a t choisi essentiellement dans le domaine des transports : RAM, COMANAV, et
ADM.
La rgie intresse, o la gestion du service public est confie un
rgisseur qui gre pour le compte de la collectivit moyennant une rmunration
forfaitaire qui chappe aux alas de la gestion, augmente dun intressement aux
rsultats de lexploitation. Ce mode na connu, semble-t-il, quune seule application
au Maroc : cest celle de la Rgie Tabac du Maroc qui a disparu le 31 dcembre
1968 pour laisser la place la Rgie des Tabacs.
La concession ; pour De Laubardre12 (1953) le terme concession est
un terme vague et imprcis du droit administratif. Il revt plusieurs formes de gestion
qui trouvent toujours leur raison dtre dans une autorisation, une permission de
ladministration.
Cest un procd par lequel une personne publique dite autorit concdante
confie une personne physique ou morale, appele concessionnaire, le soin
dinstaller ou de grer un service public sous lautorit concdante, moyennant une
rmunration qui consiste le plus souvent dans une redevance que le
concessionnaire percevra des usagers des services .
La thorie classique considre la concession de service public comme un
simple contrat bilatral conclu entre deux parties suite la rencontre de leurs deux
volonts.
Mais la ralit de la concession est en fait beaucoup plus complexe, car le
contrat de concession ne se limite pas la rglementation, fixation des devoirs et
obligations des uns et des autres, mais il fixe les rgles et conditions dorganisation
et de fonctionnement du service, ce quil lui confre alors le caractre dun vritable
acte de rglement qui dicte une vritable loi du service. Cest donc un vritable
acte rglementaire et pas seulement contractuel. Cest pourquoi certains auteurs y
voient un double caractre : 12 De Laubadre.A, Trait lmentaire de droit administratif, Paris, librairie gnrale de droit et de jurisprudence, 1953
-29-
1. Contractuel ; lorsquelle rglemente les relations entre la puissance publique et le concessionnaire ;
2. Rglementaire ; lgard des usagers.
Cette conception a t, elle-mme, critique parce quelle nvite pas la
nature contractuelle du contrat de concession entre ladministration et le
concessionnaire, dautant plus que les clauses financires des contrats ne peuvent
avoir une nature rglementaire vis--vis des usagers.
La concession renvoie le plus souvent un cahier de charges qui dfinit les
obligations du concessionnaire et les conditions dexploitation de service.
La concession ne se situe pas dans un cadre prtabli par les lois et les
rglements.
a) Laffermage Il nexiste pas de dfinition lgislative ou rglementaire dun contrat
daffermage.
Laffermage est un mode contractuel de gestion13 qui a pour objet de confier
une personne, lexploitation sous sa responsabilit dun service public, lexclusion
de toute autre prestation, notamment la ralisation des travaux ncessaires
lexcution du service public qui restent la charge de la collectivit dlgante. La
collectivit apporte les ouvrages et les biens ncessaires. Le fermier se rmunre au
moyen de redevances perues sur les usagers. Quelques lments le caractrisent
et permettent de le diffrencier des autres modes de gestion :
La dure du contrat
Le contrat daffermage est gnralement un contrat dune dure assez courte
(7 12 ans en moyenne). En effet, le fermier na pas amortir les ouvrages ou les
installations quil exploite. Au contraire, la collectivit doit pouvoir mettre fin
rapidement au contrat si les conditions dexploitation ne lui apparaissent pas
satisfaisantes.
Toutefois, il est possible de rencontrer des contrats daffermage dans lesquels
il a t prvu une dure assez longue, dans la mesure o les fermiers sont en
charge des travaux.
13 Raymundie.O, Gestion dlgue des services publics en France et en Europe, Le Moniteur, Collection Actualits juridiques 1995, p.37).
-30-
Les frais dtablissement et les travaux dentretien
Ils sont pris en charge par la collectivit publique. Le fermier ne construit ni ne
finance les moyens ncessaires lexploitation. Les ouvrages lui sont remis et il na
dautres charges que de les entretenir. Il reste que la tendance actuelle est de confier
de nombreux travaux des fermiers, particulirement dans le secteur de leau.
La responsabilit du fermier
La gestion du service afferm seffectue aux risques et prils du fermier. Ainsi,
ce fermier a la responsabilit de lexploitation du service, ce qui lautorise prlever
sa rmunration sur les usagers.
La rmunration du fermier
Le fermier se rmunre par la perception de redevances sur les usagers, cette
rmunration tant tablie en tenant compte des charges affrentes lexploitation
du service public afferm. Mais, le fermier ne conserve pas la totalit des sommes
perues sur les usagers du service, il verse la collectivit affermant une redevance
appele surtaxe , destine couvrir les dpenses engages par cette collectivit
pour ltablissement et lextension de louvrage afferm. Cest en fait la contrepartie
de la mise disposition douvrages quil na pas financs. Une redevance peut
galement tre verse la collectivit concdante pour loccupation du domaine
public.
Aucun de ces lments ne prsente de caractre absolu et lorsquil sagit de
comparer le contrat daffermage la concession, la distinction est dlicate. En effet,
en pratique, il nexiste entre ces deux contrats quune diffrence de degr et non de
nature.
b) Le contrat de grance La grance peut tre dfinie comme le contrat par lequel une collectivit
publique confie la gestion dun service public une personne, en continuant en
assumer les risques et prils, moyennant une rmunration forfaitaire verse au
grant et impute sur les comptes du service public14.
Ce contrat prsente plusieurs traits spcifiques :
14 Raymundie.O, Passation des dlgations de services publics: les clefs pour russir vos procdures , edition Efe, 2004, 274 P
-31-
Cest la collectivit contractante qui assume la responsabilit administrative et financire du service ; la collectivit conserve pour elle les risques et conserve les profits ;
Le grant apparat comme un mandataire puisquil agit au nom et pour le compte de la collectivit publique ;
La collectivit prend en charge les investissements de premier tablissement ; elle arrte les tarifs partir desquels le grant dterminera les prix effectivement pays par les usagers.
Le grant peroit une rmunration forfaitaire. La rmunration du grant est en principe fixe, mais il peut tre pris en compte la qualit de la gestion sous forme de prime variable, sajoutant au salaire de gestion. Le grant peroit une redevance sur les usagers, mais pour le compte de la collectivit et la lui rserve. Le grant a lobligation de verser le montant de lexcdent dexploitation la collectivit publique. La rmunration du grant nest pas fixe en fonction des rsultats de la gestion.
II-3 MODES DINTERVENTION DES COMMUNES DANS LA GESTION DES SERVICES LOCAUX
En ce qui concerne lorganisation et la gestion des services publics locaux, le
conseil communal, en vertu de la charte communale, est le seul comptent pour
dcider si ce service public relevant de ses comptences doit tre gr directement
par les services de la collectivit ou faire lobjet dune gestion dlgue une
entreprise prive. Le conseil peut opter pour la gestion directe pour en conserver la
matrise totale ou prfrer un contrle de rsultat dans le cadre dune gestion
dlgue.
II-3-1 La gestion directe
Ce mode de gestion se prsente sous deux formes :
rgie directe, cest un mode de gestion dans lequel la Commune intervient directement par ses propres moyens humains et financiers dans le cadre de son budget. Ce mode de gestion est le plus utilis par les communes dans la gestion des services publics communaux, notamment le service de la collecte des dchets mnagers et assimils ;
rgie autonome, elle est dote de lautonomie financire et de la personnalit morale, qui a le statut dtablissement public local relevant de la commune. La rgie autonome est cre par dlibration du Conseil Communal ou du groupement de communes pour assurer la gestion de certains services publics locaux, et ce, lintrieur du primtre des Communes concernes. notre connaissance, aucune commune na jamais opt pour ce mode de gestion pour la collecte et lvacuation de ses dchets.
-32-
II-3-2 La gestion dlgue
Aujourdhui, au Maroc, il existe un texte 45-05 du 24 fvrier 2006, qui dfinit le
rgime juridique des concessions et autres modes de gestions dlgues, et donne
une dfinition lgale de la concession en droit marocain. Aussi, les concessions sont
galement rgies par les principes du droit administratif, et plus particulirement de
la thorie gnrale des contrats administratifs.
Le dit loi dfinit la gestion dlgue de la manire suivante: La concession
ou gestion dlgue est un contrat par lequel une personne morale de droit public
dnomme concdent ou dlgant dlgue, pour une dure limite, la gestion dun
service public de nature conomique dont elle a la responsabilit une personne
morale de droit public ou priv, dnomme concessionnaire ou dlgataire en lui
reconnaissant le droit de percevoir une rmunration ou de raliser des bnfices
sur ladite gestion (exemples: assainissement, stationnement, ouvrages pages,
chauffage urbain, etc.).
La collectivit dlgante demeure responsable de lorganisation du service.
Elle doit donc contrler lactivit du dlgataire. Cependant, le degr de son
implication et lintensit de son contrle peuvent varier. Il est prciser que lexercice
de ces missions de contrle ncessite que le dlgataire fournisse la collectivit les
informations et outils ncessaires lexercice de sa fonction de contrle.
Il est ncessaire de distinguer entre la dlgation de service public et du
march public. Le march public consiste en une prestation fournie par un oprateur
public ou priv une collectivit publique moyennant le paiement, par elle, dun prix
fix au contrat. Le titulaire dun march public nest pas responsable de lexcution
du service public. Et la dure du contrat est strictement limite celle ncessaire la
fourniture des prestations fixes.
La procdure de dlgation de service public comporte plusieurs tapes
distinctes :
i. Le choix de la gestion dlgue, ii. La publicit et la prslection des candidats, iii. La slection des offres, iv. La ngociation v. Lapprobation du projet de convention et la signature de la convention.
-33-
Comme nous avons pu le voir ci-dessus, la dlgation de service public peut
tre organise selon plusieurs mcanismes, il revient la collectivit de choisir le
mode de gestion qui rpond mieux aux objectifs dfinis. Cependant, la concession
reste le mode de gestion le plus frquemment utilis dans le champ communal
marocain, vu lapport en investissement et en savoir faire, quil peut profiter aux
communes. Le contrat de concession de stationnement entre la Commune Urbaine
de Casablanca et la socit Pag-Parking illustre au mieux cet exemple.
-34-
-35-
CHAPITRE I
I-1 PRESENTATION DU LIEU DE LETUDE : ARRONDISSEMENT SIDI-BELYOUT-CASABLANCA, LES ENJEUX DE LA DELEGATION DE SERVICE DE STATIONNEMENT
Figure 1 : vue arienne de la ville de Casablanca (http://maps.google.com)
I-1-1 La rgion du grand Casablanca est la plus importante mtropole du Maroc dont larrondissement Sidi-Belyout est le noyau
A) Territoire remire rgion urbaine du pays, lune des principales dAfrique, le Grand
Casablanca constitue la capitale conomique du Maroc, et aspire
aujourdhui devenir une grande mtropole reconnue lchelle mondiale.
La rgion du Grand Casablanca sorganise autour de deux ples urbains
principaux : la commune urbaine de Casablanca, la plus importante du pays, et la
commune urbaine de Mohammedia.
La commune de Casablanca est le ple central de larmature urbaine de la
rgion. Elle comptait, au recensement gnral de la population de 2004, 2.949.805
habitants, soit 81% de la population de la Wilaya. Au premier rang national en ce qui
concerne lactivit conomique, commerciale et industrielle, premire place
P
-36-
financire du pays et ple urbain le plus peupl, la commune urbaine de Casablanca
doit limpressionnant essor quelle a connu au courant du 20e sicle limplantation,
en 1912, du premier port moderne du Maroc proximit de la bourgade existante
(moins de 25.000 habitants).
Le Grand Casablanca comprend, outre ces deux principaux ples, des noyaux
urbains plus ou moins structurs de moindres importances. Si Tit Mellil et Mdiouna
sont les deux seules autres units qui ont un statut de Commune urbaine, on peut
galement citer la ville nouvelle de Nouaceur, en bordure de laroport international
Mohammed V, et les dveloppements urbains plus disparates de Bouskoura (sur la
route de Nouaceur) et Dar Bouazza ( louest).
Larrondissement Sidi-Belyout constitue le centre de la ville, stalant sur une
superficie de 881ha 04a 41ca, et a t pendant longtemps considre comme le
cur de Casablanca, avec son histoire architecturale riche, lancienne mdina reste
un monument qui marque lhistoire de la ville blanche. cela sajoute la
concentration de la majorit des activits conomiques, commerciales,
administratives et les principaux siges des plus importantes multinationales, ce qui
fait de larrondissement un ple dattraction (Figure 2).
Figure 2 : Arrondissement Sidi-Belyout
(http://maps.google.com)
-37-
B) volution urbaine La structure urbaine de Sidi-Belyout est marque par son volution historique,
rsultat des nombreux plans durbanisme qui ont rgi le dveloppement urbain de la
ville, notamment au cours de la premire moiti du 20e sicle.
Ces divers plans sont dtaills dans le rapport de Diagnostic et vision
partage du SDAU. On retiendra essentiellement que :
v Le plan Tardif (1912) et le plan Prost (1917) ont donn sa structure
radioconcentrique au centre de lagglomration. Ils ont donn naissance aux rocades
(Zerktouni-Rsistance et Moulay Youssef, puis Bir Anzarane-Temara et Gandhi-
Modibokita) et aux grandes pntrantes (Corniche, Anfa, Brahim Roudani, Hassan II,
etc.). Ils ont prvu lextension de la ville jusqu la rocade Gandhi, avec un axe fort
en direction du sud-est (vers lactuelle nouvelle Mdina et la gare Casa Voyageurs),
et ont entrin la cration du port.
v Le plan Courtois (1944) a prconis une extension en doigts de gant,
donnant naissance aux principaux quartiers priphriques de la premire couronne :
zones industrielles lest, Ain Diab, Ain Chock
v Le plan Ecochard (1946-1952) propose la cration des quartiers situs
aujourdhui le long de lautoroute urbaine ; Les Crtes, Sidi Othmane, Ben MSick,
Moulay Rachid. Il propose de dvelopper forte densit, trs prsente dans ces
quartiers (cit Jemaa par exemple), mais aussi Hay Hassani, Hay Mohammadi
v Le SDAU de 1985 promeut une extension de la mtropole le long du
littoral, o les infrastructures de transport efficientes existent (autoroute, chemin de
fer) et la promotion du polycentrisme.
v Et enfin le scnario de dveloppement du SDAU qui a t labor
dernirement et a t retenu lissue de la concertation, courant 2007-2008. Cette
tradition de planification, trs tt mise en uvre, sous le protectorat franais, dans
lhistoire du dveloppement de la ville, a permis une assez bonne matrise du
dveloppement urbain, qui se traduit aujourdhui par une structure assez rationnelle,
articule autour dun rseau viaire hirarchis de pntrantes et de rocades. Au
centre, lorganisation radioconcentrique est trs marque, elle commence de
larrondissement Sidi-Belyout et stale sur le reste du territoire de la ville.
Au-del de lautoroute urbaine, si cette structure domine, elle est moins nette.
Les quartiers du plan Ecochard galement fortement structurs autour de lautoroute
-38-
urbaine, et laissent apparatre des excroissances urbaines en doigts de gant (Sidi
Moumen, Sidi Bernoussi, Sidi Maarouf), signes dextensions linaires le long daxes
viaires importants. louest et au sud-ouest, la structure urbaine est moins marque,
du fait de la faible densit de certains quartiers rsidentiels et de prsence de
lancien aroport dAnfa.
Figure 3 : Radio concentration: arrondissement Sidi-Belyout (SYSTRA Maroc,
2007)15
Comme il apparat sur la carte de la figure 3, la radio concentration de la ville
commence de larrondissement Sidi-Belyout pour staler ensuite sur les
arrondissements avoisinants, structure fortement influenc par le plan Tardif (1912)
et le plan Prost (1917). Une radio concentration qui fait de larrondissement Sidi-
Belyout un lieu dattraction pour les capitaux et pour les investisseurs, et par
15 tudes de dfinition prliminaires et davant-projet des lignes de TCSP de Casablanca, SYSTRA Maroc, juillet 2007
-39-
consquent une forte concentration des quipements, situation qui influe directement
sur ltat de stationnement.
C) Organisation administrative : Le territoire du Grand Casablanca est celui de la Wilaya du mme nom. Une
Wilaya est une circonscription administrative la tte de laquelle est nomm un Wali,
qui est le reprsentant du Roi et de ladministration centrale lchelle territoriale.
Depuis le redcoupage de 2003, la Wilaya du Grand Casablanca se divise
administrativement en plusieurs provinces et prfectures :
La prfecture de Casablanca se compose de huit prfectures
darrondissements (Tab. I):
v Casablanca Anfa v El Fida Mers Sultan v Ain Sebaa Hay Mohammadi v Hay Hassani v Ain Chock v Sidi Bernoussi v Ben Msick v Moulay Rachid v La prfecture de Mohammedia v La province de Nouaceur v La province de Mdiouna
-40-
Tableau I : Dcoupage administratif de la ville de Casablanca
Prfectures d'arrondis-sement Arrondis-sements Municipalits
Superficie en km
Population (2004)
An Chock An Chock 28,89 253 496
An Seba - Hay
Mohammadi
An Seba
26,7 407 892 Hay Mohammadi
Roches Noires
Anfa Anfa
37,5 492 787 Marif Sidi-Belyout
Ben M'sick Ben M'Sick
10,27 285 879 Sbata
Sidi Bernoussi Sidi Bernoussi
38,59 453 552 Sidi Moumen
Al Fida - Mers Sultan
Al Fida Mechouar 17,9 332 682
Mers Sultan Hay Hassani Hay Hassani 25,91 323 277
Moulay Rachid My Rachid
13,38 384 044 Sidi Othmane
Sur le territoire du Grand Casablanca, paralllement lorganisation en
circonscriptions administratives, diverses collectivits locales exercent leurs
comptences respectives sous la tutelle de la Wilaya. Le Grand Casablanca est
compos des collectivits suivantes (Fig. 4):
la rgion du Grand Casablanca est une collectivit dcentralise jouissant de la personnalit morale, elle est dirige par un Conseil Rgional et dun Prsident, autorit excutive de ce conseil. Le territoire de la collectivit englobe lintgralit du territoire de la Wilaya du Grand Casablanca
les communes composes de dix municipalits (ou communes urbaines), et sept communes rurales. Les communes de plus de 25.000 habitants sont dotes dun conseil communal, et dun Prsident, autorit excutive de ce conseil.
-41-
Figure 4: Reprsentation par carte du dcoupage du territoire du Grand
Casablanca en communes rurales, urbaines et arrondissements (SYSTRA Maroc, 2007)
Notons que, la Commune Urbaine de Casablanca (CUC) est la principale
parmi les municipalits, elle se compose de 16 arrondissements, chacun est dot
dun Conseil darrondissement. Avant la rforme de la charte communale de 2002, la
ville de Casablanca tait divise en 27 communes urbaines indpendantes, qui
coopraient dans le cadre dune structure intercommunale, uniquement sur les
thmes dintrts supracommunaux. La rforme a permis dinsuffler la ville une
plus grande cohrence administrative et politique.
Selon le dcoupage actuel, larrondissement Sidi-Belyout fait partie de la
prfecture dArrondissement Casablanca-Anfa, qui regroupe en plus de Sidi-Belyout,
Anfa et Marif.
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-43-
Lactuel prsident darrondissement Sidi-Belyout est du parti de lUnion
Socialiste des Forces Populaires (USFP), le bureau du prsident est compos dune
majorit du Parti de la Justice et du Dveloppement (PJD) et le Parti Authenticit et
Modernit (PAM).
I-2 LIMPORTANCE DE LARRONDISSEMENT CONTRASTE AVEC LES LIMITES DE LA GESTION PUBLIQUE:
I-2-1 Une population importante ors du recensement gnral de la population de 2004, la rgion du Grand
Casablanca comptait 3.630.000 habitants, dont 2.950.000 (81%)
habitaient au sein de la CUC et 218 918 larrondissement Sidi-Belyout (Source:
RGP 2004, Direction de la Statistique)16.
La population a progress de 504.000 personnes entre 1994 et 2004, ce qui
correspond une croissance dmographique annuelle de 50 500 personnes, avec
une moyenne de +1,5% par an.
Ltude des divers recensements effectus depuis 1960 montre, comme cela
est rappel dans le rapport diagnostic et vision partage du SDAU, que le
dynamisme dmographique de la rgion est en baisse : de 4,4% par an entre 1960
et 1971, le taux de croissance dmographique annuel na cess de baisser et est
pass 1,5% par an au cours de la dernire priode intercensitaire. Lanalyse de
lvolution entre les recensements de 1994 et de 2004 montre que la croissance
dmographique moyenne de la rgion du Grand Casablanca (+1,5 % par an)
recouvre en fait des ralits fortes contrastes sur le plan spatial.
Ainsi, certains arrondissements centraux et anciens de la ville de Casablanca
ont, par exemple, vu leur population diminuer : Sidi-Belyout (-1.5 %), El Fida (-1.6
%), Mers Sultan (-1.3 %), probablement au profit dactivits tertiaires.
Depuis le dbut des annes 1980, le poids dmographique du Grand Casablanca au
sein du Maroc est rest stable, autour de 12%. Par contre, comme cela est mis en
vidence dans le rapport de diagnostic 2.1 du PDU, le poids de la population urbaine
de Casablanca par rapport la population urbaine marocaine a sensiblement
16 Recensement Gnral de la Population, 2004 (direction de la statistique)
L
-44-
diminu, passant de 29,5% en 1960 20% en 2004, alors que le Maroc passait
dune population dominante rurale une population dominante urbaine17.
Les documents relatifs au SDAU citent plusieurs facteurs explicatifs du faible
dynamisme dmographique, depuis 20 ans, de la mtropole du Grand Casablanca,
qui avait connu une vritable explosion urbaine et dmographique lors du dernier
demi-sicle prcdent.
Tout dabord, le Maroc parat aujourdhui avoir pratiquement achev sa
transition dmographique, un rythme bien plus rapide que celui de lvolution des
indicateurs de dveloppement qui y sont habituellement corrls. Ainsi, dans la
rgion du Grand Casablanca, o le niveau de vie et le degr dducation des
femmes sont suprieurs la moyenne nationale, la fcondit stablit 1,9 enfant
par femme, et est donc infrieure au seuil de renouvellement de la population.
En outre, lattractivit du Grand Casablanca vis--vis des populations rurales a
baiss, relativement celui dautres villes marocaines, du fait des difficults daccs
au logement et lemploi et des problmes de dplacements que lon y rencontre.
Ainsi, le dynamisme dmographique de ples urbains comme Tanger, Agadir ou
Nador est suprieur celui de la capitale conomique.
Or, les mnages progressent beaucoup plus rapidement que la population
dans son ensemble (+ 2,9 % par an pour le nombre de mnages contre + 1,5% par
an pour la population)18. Ainsi, lvolution des mnages larrondissement Sidi-
Belyout a pass de 53.442 en 1994 55.754 en 2004.
Cette hausse est due laugmentation de lesprance de vie et une
propension croissante des adultes former des mnages indpendants. Elle
maintient la demande de logements un niveau lev, qui se traduit par un
dveloppement urbain continu et rapide. Ainsi, sur la priode 1982-2004, malgr le
tassement dmographique, lurbanisation a avanc, selon le SDAU19, de 670 Ha par
an en moyenne, et la tche urbaine a plus que doubl.
17 Ministre de lIntrieur, Wilaya de la Rgion du Grand Casablanca : tudes dun Plan de Dplacements Urbains, dun Compte Transport de Voyageurs, dune Restructuration du Rseau de Transports Collectifs, dun Plan de Circulation sur le territoire de la Rgion du Grand Casablanca 2006. 18 Rapport PDU 19 SDAU, rapport diagnostic et vision partags, AUC/IAURIF), rapport tablit en 2006-2008 encore en phase dapprobation.
-45-
Cependant, le foncier au sein de larrondissement se fait rare pour ne pas dire
satur, ce qui pose problme pour tous les projets qui visent une rnovation de
linfrastructure de larrondissement, ceci doit avoir pour effet de penser dj mettre
au point une politique anticipe la rutilisation du foncier existant.
Le recensement de la population par district (chelle proche de celle de llot)
a permit dtablir une carte dtaille de la densit de la population dans la rgion du
Grand Casablanca en 2004 (Figure 5).
Lexamen de la carte de la figure 5 est riche denseignements. Il apparat tout
dabord que la densit de population au sein de lagglomration de Casablanca est
trs ingale.
Certains quartiers sont peupls avec des densits de population extrmement
fortes, usuellement caractristiques des villes asiatiques les plus denses, avec des
zones continues peuples par plus de 1000 habitants/ha. Cest le cas de lancienne
mdina larrondissement Sidi-Belyout, tout comme de la nouvelle mdina, les deux
quartiers les plus densment peupls de la ville, o la densit est continment
suprieure 1000 habitants/Ha20.
20 tudes de dfinition, prliminaires et davant-projet des lignes de TCSP. Option cit.
-46-
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-47-
I-2-2 Concentration des activits conomiques et quipements au centre-ville
Le Grand Casablanca est la capitale conomique du Maroc. La rgion occupe
le premier rang national en ce qui concerne lactivit commerciale et industrielle, et la
production de service haute valeur ajoute. Casablanca est en outre, de loin, la
premire place financire du pays, et concentre les principaux centres de dcision
conomique du Royaume.
Sil est difficile destimer le Produit Rgional Brut de la rgion du Grand
Casablanca, celui-ci reprsente une grande part de lconomie marocaine, part
largement suprieure au poids dmographique de la rgion (12% de la population
nationale). Il est galement trs difficile destimer la part de larrondissement Sidi-
Belyout dans lactivit conomique de la ville en labsence de donnes disponibles
faisant tat de cette part.
Le recensement conomique de 2001 a permit dtablir une rpartition
gographique des emplois et des tablissements conomiques par prfecture et par
secteur dactivit : dans la prfecture de CasablancaAnfa, qui comprend Sidi-
Belyout et concentre 27% des emplois du Grand Casablanca, essentiellement dans
le secteur tertiaire, se trouvent plus de la moiti des emplois de service de la rgion
et de nombreux commerces.
Dans le quartier central des affaires, on compte notamment les activits
bureaux et commerces du Triangle dOr (quartiers Marif, Racine et Gauthier), du
quartier des banques (Abdel Moumen et Zerktouni), du centre administratif autour de
la place Mohammed V, du quartier des affaires de lavenue des FAR, de lavenue
Mohammed V. A lexception de quelques ples forte concentration de bureaux, la
rgle au centre-ville reste nanmoins la mixit urbaine, avec une dispersion des
activits au sein des logements (souvent modernes ou de luxe). Larrondissement
dispose dun ensemble important dquipements dont notamment :
quipements lis lenseignement suprieur, aux instituts et coles
suprieurs publics sy ajoutent ceux du secteur priv.
Le ple des tudes mdicales par exemple accueille 3.300 tudiants. Dans le
quartier des Hpitaux, au sud de Sidi-Belyout, le Centre Hospitalier Universitaire Ibn
Rochd, regroupe plusieurs units hospitalires (20 aot, Ibn Rochd, Averros), son
-48-
rayonnement est national. Il concentre prs de 3 300 lits, ainsi que les universits de
mdecine et de la chirurgie dentaire, en plus dune dizaine de centres de sant. Le
secteur priv est aussi fortement dvelopp comprenant des cliniques et des
polycliniques.
Figure 6: Rpartition du nombre de lits dans les hpitaux publics par
prfecture (SYSTRA Maroc, 2007)
Cette offre hospitalire abondante souffre cependant dune mauvaise
rpartition gographique lie son extrme concentration. Les trois arrondissements
centraux dAnfa, El Marif et Sidi-Belyout concentrent en effet eux seuls 65% de l
loffre prive et 55% de loffre publique, alors que moins de 15% des habitants du
Grand Casablanca y vivent. linverse, offre hospitalire prive est quasi-inexistante
en milieu rural tout comme parfois loffre publique.
Les grands quipements sportifs et cultuels Parmi les quipements structurants sportifs et culturels susceptibles de
gnrer un nombre consquent de dplacements on peut citer notamment :
v la mosque Hassan II v complexe culturel de Sidi-Belyout v villa des beaux arts v le complexe Club Municipale de Casablanca
-49-
v le parc de la ligue arabe
Les quipements commerciaux Des hyper marchs sont disperss un peu partout dans larrondissement,
larrondissement compte galement un certain nombre de grands marchs
spcialiss, parfois informels, qui sont fortement gnrateurs demplois et de
dplacements.
La zone de Derb Omar, qui fonctionne de fait comme un grand march de
gros et de demi-gros pour llectronique, les meubles les produits alimentaires et le
site touristique de Bab Marrakech.
Le port de Casablanca Le port de Casablanca est le principal port de commerce du Royaume. Selon
les chiffres de la Direction des Ports, il accueille, lui seul, 36,4% de lactivit
portuaire nationale (compte en tonnes). Il a trait en 2006 un trafic de 24 millions de
tonnes (MT) de marchandises, en croissance par rapport 2003 (20,9 MT).
Historiquement, il tait le point dexportation des phosphates qui taient
achemins par trains lourds jusquau port. Dsormais,