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LA COMMUNION
DEMANDE : Qu'est-ce que la Communion ? RÉPONSE : La Communion est l'union commune entre Jésus-Christ et nous qui sommes
membres de l'Eglise.
EXPLICATION : Communion, c'est ainsi
que nous nommons la réception du corps et
du sang de Jésus-Christ : communion, ce
seul mot adopté par l'Eglise exprime
l'union admirable que nous contractons par
l'Eucharistie, soit avec Jésus-Christ, soit
entre nous : communion, c'est-à-dire, union
commune avec Jésus-Christ qui habite en
nous ; union avec les fidèles qui
s'approchent à la même table divine pour
recevoir Jésus-Christ ; union entre Jésus-Christ le chef commun, et nous qui sommes
membres. Par la Communion nous nous unissons donc à Jésus-Christ pour ne faire qu'un avec
Lui.
Il ne faut donc pas confondre la sainte Communion avec la Communion des saints. Celle-ci
nous donne droit à toutes les richesses spirituelles de l'Église, à toutes les grâces dont le
Seigneur l'a établie ; mais, par la Communion eucharistique, nous recevons l'auteur Lui-même
de la grâce, le trésor le plus précieux, le bien suprême, le bien infini, c'est-à-dire Jésus-Christ.
On l'appelle encore Communion, parce qu'elle est un signe de l'union, de la charité, qui doit
régner entre tous les fidèles. Car nous sommes tous invités à la table du Père céleste, et, par
conséquent, il ne doit jamais y avoir entre nous ni haine ni division, puisque, selon Saint-Paul,
nous participons au même pain (I Cor. X, 17) et nous ne faisons plus en Jésus-Christ qu'un
même corps et qu'une seule famille (Gal. III, 58). Les symboles ou apparences de l'adorable
sacrement nous offrent une image sensible de cette divine charité, qui doit animer tous les
chrétiens. Car de même que le pain se compose de plusieurs grains de blé, broyés et pétris
ensemble, et le vin de plusieurs grains de raisin exprimés ensemble pour former une seule
liqueur, ainsi les cœurs des fidèles doivent en quelque sorte se fondre en un avec celui de
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
D : Pourquoi Jésus-Christ a-t-il institué le Sacrement de l'Eucharistie ? R : Jésus-Christ a institué le sacrement de l'Eucharistie pour être toujours avec nous dans nos
tabernacles, se donner à nous et être la nourriture de nos âmes.
En instituant le sacrement de l'Eucharistie, Jésus-Christ s'est proposé une fin bien digne de
son infinie bonté : il a voulu être toujours avec nous, sur nos autels, dans nos tabernacles, non-
seulement pour y être l'objet de nos hommages et de nos adorations, mais bien plus encore
pour que nous puissions, à toute heure et à tout moment, nous entretenir avec lui, lui exposer
nos besoins ; et Il est toujours disposé à écouter favorablement nos prières et à exaucer les
vœux que nous Lui adressons : « je fais mes délices d'être avec les enfants des hommes »
(Prov. VIII, 31) ; « Venez à moi, vous tous qui êtes accablés et qui êtes chargés, et je vous
soulagerai » (Matth. XI, 28).
Jésus-Christ a encore institué l'Eucharistie pour se donner Lui-même à nous, et être notre
nourriture spirituelle durant cette vie passagère et à l'heure de notre mort.
D : Comment Jésus-Christ se donne-t-il à nous
dans la sainte Eucharistie ? R : Jésus-Christ se donne à nous par la sainte
communion.
C'est par la sainte communion que Jésus-Christ
devient la nourriture de nos âmes ; c'est lorsque
nous avons le bonheur de nous approcher à la table
eucharistique qu'il a dressée dans son Eglise, que ce
Dieu d'amour se donne à nous et que nous lui
sommes unis d'une manière si intime que nous ne
faisons plus qu'un avec Lui. « Celui qui mange ma
Chair et boit mon Sang, demeure en Moi et je
demeure eu lui » (Jean VI, 57).
D : Qu'est-ce que communier ? R : Communier, c'est recevoir le Corps, le Sang,
l'Âme et la Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
réellement présent dans la sainte Eucharistie.
Communier, est l'acte le plus auguste, le plus saint de la vie chrétienne, puisque c'est s'unir à
Jésus-Christ par la réception de la sainte Eucharistie et puisque la foi nous enseigne que cet
auguste sacrement contient réellement Jésus-Christ tout entier, il s'ensuit qu'en y participant,
en communiant, on mange le Corps de Jésus-Christ et on boit son Sang ; c'est l'expression de
Jésus-Christ même : « Buvez et mangez ; ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » : Cette
manducation extérieure est le signe sensible de la nourriture spirituelle que Jésus-Christ donne
à nos âmes en se communiquant à nous par sa divine présence. C'est le même Corps qui a été
attaché à la croix, le même Sang qui a coulé sur le Calvaire pour effacer les péchés du genre
humain, la même Âme qui, dans le jardin de Gethsémani, éprouva une tristesse mortelle, la
même divinité qui, le jour de l'Annonciation, s'unit à la nature humaine dans le sein de la
Vierge Marie.
Comment cela peut-il se faire ? Saint Cyrille répond ainsi à cette question : « Est-il permis de
soumettre à une vaine curiosité un mystère qui surpasse la capacité de notre intelligence ? de
le mettre en question, à l'exemple de quelques téméraires qui se donnent la liberté de décider
des dogmes de la foi, approuvant les uns, censurant les autres, au gré de leur caprice ? N'est-il
pas bien plus raisonnable de réserver à Dieu la connaissance de ses œuvres, plutôt que d'avoir
l'impiété de reprendre les choses qu'il a jugé devoir faire ? Ils se demandent comment cela
peut-il se faire ; mais cette seule parole n'est-elle pas un blasphème ? Les juifs se disputaient
entre eux, en disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? Ce comment
est tout à fait judaïque, et sera la matière d'un rigoureux Jugement à l'heure du trépas. »
D : Quels effets la sainte communion produit-elle dans nos âmes ? R : La sainte communion nourrit les âmes bien disposées, c'est-à-dire les fortifie, augmente en
elles la vie de la grâce et affaiblit les passions, et leur donne le gage de la vie éternelle.
Le premier avantage de la communion, c'est de nous unir intimement à Jésus-Christ.
Le deuxième avantage de la communion, c'est de conserver, de fortifier et d'augmenter en
nous la vie de la grâce, de même que le pain que nous mangeons fortifie et augmente en nous
la vie et la santé de notre corps. En effet, la communion est à notre âme ce que le pain est à
notre corps : eh bien, puisque celui-ci ne peut soutenir ses forces sans nourriture, sans ce pain
matériel, il en est de même de notre âme ; elle ne peut non plus conserver les siennes sans la
sainte communion.
Le troisième avantage de la communion est de modérer le penchant au mal, et d'affaiblir en
nous les passions, en donnant à notre âme une grâce de force et de vertu qui l'anime, et lui
donne le courage dont elle a besoin pour résister au penchant qui l'entraîne vers nos passions.
Le quatrième avantage de la communion est de nous donner le gage de la résurrection
glorieuse (Jean VI).
D : Quels effets produit-elle sur les corps ? R : La sainte communion sanctifie nos corps et devient pour eux le gage de la vie éternelle.
La vertu du véritable pain du ciel, de la divine eucharistie, s'étend jusqu'à nos corps : elle les
sanctifie et les divinise en quelque sorte, puisque, par la communion, ils ne font plus qu'un
avec le corps de Jésus-Christ, et elle devient pour eux le gage de la résurrection glorieuse et
de la bienheureuse immortalité : Celui a dit Notre-Seigneur, qui mange ma chair et boit mon
sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.
D : La Communion produit-elle ces effets dans tous ceux
qui communient ? R : Non, la communion ne produit ces heureux effets que
dans tous ceux qui communient dignement.
Pour que l'Eucharistie produise dans l'âme les admirables
effets dont nous venons de parler, il faut la recevoir
dignement ; et quand on a le malheur d'y participer sans
avoir les dispositions requises, ce sacrement, loin d'être un
gage de salut et d'immortalité, devient un gage de
réprobation et de mort éternelle.
Que de fois nous nous sommes approchés de la table sainte,
et nous en sommes toujours sortis avec les mêmes
inclinations ; au lieu de vivre pour Dieu, nous avons vécu
pour nos plaisirs, pour nos affaires, pour mille futilités. Que
faut-il donc faire ? Nous décourager ? Non, certes ; mais
nous purifier de plus en plus, préparer notre cœur avec tout
le soin possible ; et alors, quand le Sang de Notre-Seigneur coulera dans nos veines, il nous
embrasera des feux de la divine charité, il transformera tout notre être ; et bientôt, par la vertu
de l'auguste sacrement, nous serons entièrement renouvelés.
D : Celui qui communie indignement reçoit-il aussi Jésus-Christ ? R : Oui, celui qui communie indignement reçoit aussi Jésus-Christ, mais il commet un
horrible sacrilège, et mange sa propre condamnation.
Celui qui communie indignement reçoit véritablement Jésus-Christ ; mais, en le recevant dans
un cœur souillé par le péché, il commet le plus grand des péchés. « Quiconque, dit Saint-Paul,
mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du
sang du Seigneur. Que l'homme donc s'éprouve lui-même et qu'il mange ainsi de ce pain et
boive de ce calice ; car quiconque en mange et en boit indignement, mange et boit sa propre
condamnation. »
1°) L'indigne communiant se rend coupable du corps et du sang de Jésus-Christ : il fait
violence à ce divin Sauveur ; il le traite de la manière la plus indigne ; et si nous ne concevons
rien de plus horrible, quelle idée nous ferons-nous d'une mauvaise communion où le Corps
sacré de Jésus-Christ ne fait plus qu'un avec une chair corrompue, où son Sang infiniment pur
coule dans les mêmes veines avec un sang immonde, où Son Âme sainte habile le même corps
avec une âme tachée par le péché, où la Divinité même est comme forcée d'entrer dans un
cœur souillé par le péché ? Est-il possible de faire à Celui qui est la sainteté même un plus
sanglant outrage ?
D : Quels sont ceux qui communient indignement ? R : Ce sont ceux qui communient en état de péché mortel.
Il suffit de conserver de l'affection pour un seul péché mortel, au moment où l'on communie,
pour se rendre coupable d'un horrible sacrilège.
Jésus-Christ est toujours présent dans la sainte Eucharistie, indépendamment des dispositions
de ceux qui communient et les pécheurs le reçoivent aussi bien que ceux qui sont en état de
grâce. Mais les bons, en s'approchant de la table de communion, font l'action la plus sainte, la
plus agréable à Dieu, la plus méritoire pour eux-mêmes, tandis que les pécheurs commettent
un grand sacrilège en recevant la sainte Hostie, car l'indigne communiant fait outrage, non pas
à la loi de Dieu, non pas à l'image de Dieu, mais au propre Corps, au propre Sang de Dieu.
Comme Judas, il trahit le Fils de l'homme par un baiser. Voyez-le, en effet, s'approcher du
divin Sauveur avec les démonstrations les plus touchantes en apparence du respect et de
l'amitié. On dirait qu'il a la douceur et l'innocence d'un agneau, et c'est un cœur de tigre. Il
choisit le moment même où Jésus-Christ, plein de bonté et de mansuétude, se donne à lui et
l'admet à sa table, pour lui faire la plus sanglante injure, pour le trahir et le vendre de la
manière la plus indigne. Oui, le pécheur sacrilège, trahit le Fils de l'homme tout comme le fit
Judas.
Enfin, comme les juifs, l'indigne communiant crucifie de nouveau Jésus-Christ dans son cœur.
Ne croyez pas que ce soit ici une pieuse exagération ; c'est l'apôtre Saint-Paul qui le dit
expressément de tout pécheur, et à plus forte raison du profanateur sacrilège (Heb. VI, 6). Il
est vrai que Notre-Seigneur est maintenant dans un état de gloire et d'impassibilité ; mais si
l'indigne communiant n'est pas déicide de fait, il l'est de désir ; s'il ne fait pas expirer le
Sauveur en personne, il le fait expirer dans ses dons et dans ses grâces, qui ne peuvent se
répandre dans une âme impure et corrompue. Il le prive de son être sacramentel, et le fait
expirer au fond de son cœur, sans que cet adorable Sauveur puisse y produire aucun des effets
pour lesquels il a institué cet auguste et redoutable sacrement : « Celui qui mange indignement
le pain eucharistique, dit Saint-Paul, est coupable du corps et du sang de Jésus-Christ »
(I Cor., XI, 27).
D : Y a-t-il obligation de communier ? R : Oui, il y a obligation de communier, au moins à
Pâques.
Notre divin Sauveur, en plaçant dans son Église la
table eucharistique, ne s'est pas contenté de
permettre aux fidèles de s'y asseoir, il leur en a
imposé la loi : En vérité, en vérité je vous le dis : si
vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si
vous ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en
vous. Ces paroles renferment, tout à la fois, et le
précepte de manger le pain descendu du ciel et la
menace des maux terribles auxquels s'exposent ceux
qui violent ce divin Commandement.
Ainsi tous ceux qui, par leur faute, ne mangent point, au moins à Pâque, la Chair du Fils de
l'homme, et ne boivent point son Sang, sont, aux yeux de Dieu, dans un état de mort ; et, en
s'obstinant à demeurer dans cet état de mort dans le temps, ils courent risque de devenir,
pendant toute l'éternité, la proie de la seconde mort, c'est-à-dire d'avoir à jamais l'enfer pour
partage.
Mais doit-on se contenter de communier à Pâques ? Non, L'intention de Jésus-Christ, en
instituant l'eucharistie, a été que les fidèles s'en approchassent souvent. Ce qui le prouve, c'est
que le divin Sauveur nous a donné ce sacrement comme nourriture et nous en a fait un
breuvage. Il l'a institué en forme de repas pour nous faire comprendre que c'est un aliment
dont nous devons user, non rarement, comme l'on fait des remèdes, mais fréquemment,
comme nous prenons tous les jours les aliments qui nous soutiennent et nous fortifient. Dans
les temps apostoliques, les fidèles communiaient très souvent, et on ne s'est éloigné de la table
du Seigneur qu'à mesure que la charité s'est refroidie. Les Pères de l'Église, pour ranimer cette
première ferveur, ont toujours exhorté les chrétiens de leur temps à la communion fréquente.
« Prenez cette divine nourriture, disait saint Augustin, autant de fois qu'elle peut vous profiter,
et si tous les jours elle vous profite, prenez-la tous les jours. Communiez plus ou moins
souvent, selon que l'esprit de Dieu vous l'inspirera ; mais quant à la préparation habituelle,
vivez de telle sorte que chaque jour vous puissiez vous nourrir de ce pain du salut. »
Le saint concile de Trente excite aussi très fortement les fidèles à la communion fréquente ; il
les excite par les motifs les plus touchants, et les exhorte, par les entrailles de la miséricorde
du Sauveur, à croire les sacrés mystères de son Corps et de son Sang avec une telle constance
et fermeté de foi, et à les révérer avec un si profond respect, qu'ils soient en état de pouvoir
souvent recevoir ce pain, qui est au-dessus de toute substance, et que véritablement il soit la
vie de leur âme et la santé perpétuelle de leur esprit ; afin que, soutenus par sa vigueur et par
sa force, ils puissent passer du pèlerinage de cette misérable vie à la patrie céleste, pour y
manger sans aucun voile le même pain des anges qu'ils mangent maintenant sous des voiles
sacrés. Le même concile déclare qu'il désirerait que les fidèles communient
sacramentellement toutes les fois qu'ils assistent à la messe, pour participer plus
abondamment aux fruits merveilleux de ce sacrement, lequel, est ajoute-t-il, une nourriture
spirituelle qui soutient et fortifie nos âmes, en les faisant vivre de la propre vie de Jésus-
Christ, et un antidote par lequel nous sommes délivrés de nos fautes journalières, et préservés
des péchés mortels.
DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR BIEN COMMUNIER
D : Quelles sont les dispositions nécessaires pour communier dignement ?
R : Il y en a de deux sortes : les unes regardent l'âme, et les autres regardent le corps.
Le sacrement de l'Eucharistie étant, de tous les sacrements, le plus excellent et le plus auguste,
puisqu'on y reçoit non seulement la grâce, mais l'Auteur même de la grâce, exige
nécessairement des dispositions plus saintes, et les exige plus sévèrement que les autres
sacrements. Entre ces dispositions, les unes regardent l'âme, et les autres regardent le corps.
Il faut que l'âme et le corps se préparent à une si grande action ; il faut que tout concoure en
nous à préparer à Jésus-Christ une demeure digne de Lui : notre âme qu'il vient nourrir
spirituellement, et notre corps dans lequel Il daigne venir habiter corporellement.
D : Quelles sont les dispositions qui regardent l'âme pour bien communier ? R : C'est d'être en état de grâce.
Les dispositions qui regardent l'âme sont de n'être coupable d'aucun péché mortel, d'être
instruit des principaux Mystères de la Foi, et de croire fermement qu'on va recevoir le Corps,
le Sang, l'Âme et la Divinité de Jésus-Christ ; en un mot, Jésus-Christ tout entier.
D : Quelle est la première disposition de l'âme nécessaire pour communier dignement ? R : C'est de n'avoir sur la conscience aucun péché mortel, c'est-à-dire, être en état de grâce.
La sainte Eucharistie étant un sacrement des vivants, elle suppose la vie spirituelle de la grâce
et une sainteté au moins commencée dans ceux qui la reçoivent ; voilà la première et la plus
essentielle disposition pour la communion ; sans cela, on commet un horrible sacrilège.
Quiconque mangera indignement ce pain sacré, ou boira indignement le calice du Seigneur, se
rendra coupable du Corps et du Sang de Jésus-Christ (I Cor. XI, 27). Le chrétien qui se
prépare à la sainte communion doit, par conséquent, s'éprouver soi-même ; et si, après un
sérieux examen de conscience, il se sent coupable d'un seul péché mortel, c'est pour lui une
obligation indispensable de recourir au sacrement de pénitence pour s'en purifier ; et, quelque
contrition qu'il lui semble avoir, il ne doit pas communier avant d'avoir reçu l'absolution de
son péché (Concile de Trente, sess. XIII, cap. VII).
La pureté, l'état de grâce, voilà la première, la plus importante, la plus indispensable des
conditions pour bien communier. C'est la robe nuptiale, sans laquelle nul ne peut être admis
au festin du Père de famille, « Je suis, dit le Seigneur, l'ami de la pureté ; je cherche un cœur
pur, et j'en fais le lieu de mon repos... Si vous voulez que je vienne à vous et que j'y demeure,
purifiez-vous du vieux levain et nettoyez la maison de votre cœur » (I Cor. V, 7). Mais Notre-
Seigneur, dans sa miséricorde infinie, consulte plus nos besoins et la bonté de son cœur que
nos mérites ; et il se contente, pour établir sa demeure en nous, que nous soyons exempts de
toute tache mortelle. Le pain de vie, en effet, ne peut être que pour ceux qui jouissent de la vie
de la grâce. Notre adorable Sauveur, selon l'expression de l'Écriture, est un Agneau sans
tache, qui aime à paître au milieu des lis ; il est une blanche colombe : comment pourrait-il
habiter dans des âmes souillées par les péchés ? Concevez en effet quelle indignité ! quelle
profanation ! Introduire le Saint des saints dans un cœur où règne le péché ! Le mettre sous les
pieds du démon qui en est le maître en ce malheureux moment ! Quel sacrilège ! Communier
ainsi, quel malheur pour l'âme ! Puisque, nous dit l'Apôtre, c'est boire et manger son propre
jugement et sa propre condamnation. Le divin Sauveur qui va se donner à vous pour
nourriture, trouvera-t-il le démon dans vos cœurs ? Pour éviter ce malheur, il faut donc, ou
avoir conservé son innocence baptismale, ou l'avoir
recouvrée par la Pénitence.
D : Que signifie s'éprouver soi-même ? R : C'est examiner et discuter sa conscience par une
recherche sérieuse de ses péchés.
Avant d'aller nous confesser, nous devons faire un
examen de conscience. Nous devons repasser dans
notre tête tout ce que nous avons fait et qui a déplu à
Dieu ; ainsi nous pourrons faire un humble aveu de
nos fautes au tribunal des miséricordes, en les
détestant de tout notre cœur, dans l'amertume de
notre âme.
D : Quelle est la seconde disposition de l'âme
nécessaire pour communier dignement ?
R : Il faut être instruit des principaux mystères de la Foi ; autrement on ne serait pas en état de
comprendre la grandeur et l'excellence de l'action que l'on fait en communiant.
Tout fidèle est obligé de connaître les mystères de la Trinité, de l'Incarnation, de la
Rédemption, les principales obligations de la morale chrétienne, ce qui a rapport aux
sacrements qu'il se propose de recevoir, et les devoirs de son état. Tout homme, qui n'est pas
suffisamment instruit, ne peut être sauvé ni absous, jusqu'à ce qu'il soit sorti de son ignorance.
D : Quelle est la troisième disposition de l'âme nécessaire pour communier dignement ? R : Il faut croire fermement qu'en recevant l'Eucharistie, c'est Jésus même qu'on va recevoir.
En communiant, nous recevons en nous ce même Jésus-Christ qui est mort pour nous
racheter, qui est sorti du tombeau plein de gloire et d'immortalité, et qui est maintenant assis
au plus haut des Cieux, où il reçoit les adorations des anges et des saints ; il faut croire
fermement ce saint Mystère et se soumettre entièrement à Dieu.
D : Que doit faire celui qui se souvient, avant la communion, d'avoir oublié en
confession un péché mortel ? R : Il doit, s'il est possible, s'en confesser avant de se présenter à la table sainte.
Il est certain que le péché omis dans la confession, par un oubli non coupable, a été remis,
avec tous les autres, par l'absolution générale qu'on a reçue. En conséquence, celui qui aurait
communié sans avoir confessé ce péché, et croyant de bonne foi s'être accusé de tout ce qu'il
avait commis n'aurait pas communié indignement, et la communion produirait en lui tous ses
salutaires effets. Celui qui ne se souvient du péché oublié en confession qu'au moment de la
communion, et lorsqu'il est déjà à la sainte table, ne doit pas se retirer ; il faut seulement qu'il
forme dans son cœur un acte de contrition, et qu'il prenne la résolution d'accuser ce péché
dans sa prochaine confession. Mais si l'on se rappelle un péché grave omis en confession,
assez à temps pour réparer cette omission sans crainte de scandale, on doit, s'il est possible,
aller retrouver le confesseur avant de se présenter à la sainte table.
D : Suffit-il de s'être confessé pour aller ensuite communier ? R : Non, il faut s'être confessé avec les dispositions nécessaires, et avoir reçu l'absolution de
ses péchés.
La confession est indispensable pour obtenir la
rémission des péchés ; mais il n'est pas moins
indispensable qu'elle soit bien faite. Or, pour être
bonne, il faut qu'elle soit précédée d'un examen
suffisant de l'état de notre âme, accompagnée d'un
vif regret de nos fautes et d'une ferme résolution de
les éviter à l'avenir ; enfin, pleine de franchise et de
sincérité, en sorte qu'on s'accuse de toutes ses fautes
mortelles, sans en cacher, sans en déguiser aucune ;
faute de ces conditions, la confession est nulle.
Que penser donc de ceux qui se confessent par
routine, sans examen, sans douleur, sans ferme
propos ? Ils ne font qu'irriter le Seigneur, au lieu de
l'apaiser. Que penser encore de ceux qui s'accusent
de quelques fautes légères, et qui ne cherchent qu'à
s'étourdir sur les obligations les plus essentielles de leur état qu'ils négligent et sur leurs
mauvaises habitudes dont ils ne veulent pas se corriger ? Ne sont-ils pas semblables à ces
hommes, dont parle Jésus, qui ont grand-peur d'avaler un moucheron et qui ne craignent pas
d'avaler un chameau (Matth. XXIII, 24) ?
Outre la confession, et une bonne confession, il faut de plus, avant de s'approcher de la Table
sainte, avoir reçu l'absolution. Jusqu'au moment solennel, où le prêtre lève la main sur vous
pour vous absoudre, vous êtes en voie d'obtenir le pardon de Dieu ; mais vous ne l'avez pas
encore obtenu. La cause est instruite ; mais la sentence n'est pas prononcée ; vous êtes encore
enchaîné par les liens du péché, et vous ne pouvez, par conséquent, aller communier. Tant que
le confesseur juge à propos de vous différer l'absolution, vous devez vous soumettre avec
humilité à son jugement, et mettre en pratique tous les avis qu'il vous donne pour vous en
rendre digne. Souvent il est nécessaire qu'il vous éprouve pendant quelque temps. Ceux
particulièrement qui ont été dans l'habitude de souiller leur âme par de nombreux péchés sans
cesse renouvelés. Il faut s'y soumettre, prier et demander à Dieu la force de se détacher des
péchés dont ont a du mal à s'en détacher.
D : Que faut-il faire encore pour communier avec fruit ? R : Il faut se purifier, autant que l'on peut, des péchés véniels et de tout attachement déréglé
aux créatures et ne rien négliger de ce qui peut exciter en nous la dévotion et la ferveur.
Il ne suffit pas d'éviter le sacrilège, il faut encore apporter à la réception de l'Eucharistie les
dispositions nécessaires pour qu'elle opère en nous tous ses fruits. Car bien que nous soyons
en état de grâce, il peut se faire que nos communions ne nous soient guère profitables, et
même qu'elles nous deviennent dangereuses, si nous n'avons soin de nous y préparer d'une
manière convenable à la grandeur de cet auguste Sacrement.
Il faut donc :
1°) se purifier, autant que l'on peut, des péchés véniels ;
2°) se purifier de tout attachement déréglé aux créatures ;
3°) ne rien négliger de ce qui peut exciter la dévotion et la ferveur.
Il est plusieurs méthodes pour s'examiner. La meilleure, c'est de parcourir les
commandements de Dieu et de l'Église, les péchés capitaux et les devoirs de son état. On peut
aussi considérer les péchés dont on s'est rendu coupable envers Dieu : voir si on a été exact à
la prière, aux offices, en un mot, aux devoirs de religion. On peut encore examiner les péchés
qu'on a commis par les pensées (doutes contre la foi, jugements téméraires, pensées impures,
mauvais désirs, etc.) ; par les paroles (blasphèmes, jurements, impiétés, médisances,
mensonges, calomnies, etc.) ; par actions (vols, querelles, ivrognerie, etc.) ; par omissions
(négligence à ses devoirs, manquements aux prières, aux offices, etc.). Enfin on peut parcourir
les divers sens extérieurs, qui sont les ouvertures par où la mort du péché s'introduit en nous :
péchés des yeux (regards indécents, spectacles coupables, etc.) ; péchés des oreilles (quand on
écoute avec complaisance les médisances) ; pêchés de la bouche (gourmandise, recherche
immodérée de ses goûts et de ses appétits, etc.) ; péchés du cœur (en aimant les créatures plus
que Dieu, par exemple).
On entend quelquefois certaines personnes dire : « J'ai beau m'examiner, je ne trouve rien ; je
n'ai pas de mémoire. » Hélas ! Il n'arrive que trop que les plus coupables se croient les plus
innocents, tandis que les âmes timorées se trouvent toujours coupables. À force de se
familiariser avec le péché, on ne se rend plus compte que l'ont sert les œuvres du démon, sans
en éprouver aucun regret. Oh ! qu'on a besoin alors d'être éclairé de la grâce d'en haut ! Que si
réellement vous n'avez à vous reprocher aucun péché notable, remerciez-en le Seigneur ;
mais, si vous y réfléchissez bien, que de fautes échappent journellement à votre fragilité !
Les bons chrétiens, qui veulent se corriger de leurs défauts et marcher fidèlement dans le
chemin de la vertu, ne laissent passer aucun jour sans examiner leur conscience, et ont ainsi
toujours devant Dieu leurs comptes réglés, comme ceux d'un économe exact, qui tient un
journal soigneux de sa gestion. Le moment le plus favorable pour faire cet examen, c'est le
soir, avant d'aller prendre son repos. Il est bon aussi, tous les dimanches, de passer quelques
moments à l'église, devant le saint Tabernacle, pour repasser dans l'amertume de son cœur les
péchés commis pendant la semaine, en demander pardon à Dieu, et prendre les mesures
convenables, pour les éviter la semaine suivante.
D : Comment faut-il faire sa confession ? R : Après avoir fait le signe de la croix, il faut dire : « Mon père, bénissez-moi, parce que j'ai
péché » ; et ensuite réciter le Confiteor (le je crois en Dieu) jusqu'à "mea culpa" en latin, ou
en français, si on ne le sait pas en latin.
Remarquez d'abord qu'en attendant votre tour, il faut bien vous garder de parler, de rire, de
regarder de côté et d'autre, de vous laisser aller en aucune manière à la dissipation. Ne vous
disputez pas non plus pour passer avant les autres ; il vaut mieux attendre un peu de temps,
que de perdre le recueillement nécessaire pour une si sainte action. Vous pouvez employer le
temps fort utilement, en priant le Saint-Esprit de vous faire connaître vos péchés : « Mon
Dieu, donnez-moi les lumières nécessaires pour connaître mes péchés, et la grâce pour les
détester de tout mon cœur, et pour les confesser avec sincérité ; je Vous demande cette grâce,
par les mérites de Jésus-Christ, mon Sauveur, par l'intercession de la Sainte Vierge, de mon
saint Ange Gardien, de mes saints Patrons et de tous les saints. Ainsi soit-il. »
Il faut ensuite examiner votre conscience et rechercher vos péchés ; découvrir si vous avez
manqué à vos devoirs envers Dieu (1er
, 2ème
, 3ème
commandements de Dieu et les
commandements de l'Église) ; à vos devoirs envers le prochain (4ème
, 5ème
, 7ème
, 8ème
, 10ème
commandements de Dieu) ; à vos devoirs envers vous-mêmes (6ème
et 9ème
commandements
de Dieu, péchés capitaux, devoirs d'état).
Il faut enfin regretter vos péchés et en avoir une sincère contrition. Pour avoir la contrition
aussi sincère et parfaite que possible, vous devez réfléchir, méditer sur la bonté de Dieu et sur
ses bienfaits ; sur les souffrances et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; sur votre misère
et sur votre ingratitude envers Dieu ; sur le Ciel que vous pouvez perdre par un seul péché
mortel, sur le Purgatoire et l'enfer.
Une fois entré au confessionnal, lorsque le moment de commencer votre confession est arrivé,
faites le signe de la Croix et implorez la bénédiction céleste par l'entremise de votre père
spirituel en disant : « Mon père, bénissez-moi, parce que j'ai péché. » Récitez posément et
avec attention le Confiteor jusqu'à mea culpa (ou c'est ma faute, en français) et continuez en
disant : « Je me confesse à Dieu et à vous, mon père. Je ne me suis pas confessé depuis [...] .
J'ai reçu l'absolution (ou je n'ai pas reçu l'absolution) et j'ai fait ma pénitence (ou je n'ai pas
fait ma pénitence) ». (Si vous avez eu le malheur de faire une confession sacrilège, c'est ici
qu'il le faudrait dire et le prêtre vous aiderait à faire une bonne confession). Il est nécessaire
que votre confesseur sache en quel état, lui ou un autre, vous a laissé. Si on vous a refusé
l'absolution et que vous changiez de confesseur, vous êtes obligé de redire à celui auquel vous
vous adressez en dernier lieu, tous les péchés mortels, dont vous vous êtes accusé au
confesseur précédent. Car votre nouveau confesseur ne peut vous absoudre des péchés, que
vous avez déclarés à un autre et qu'il ne connaît pas. Si vous vous rappelez quelques péchés
oubliés à votre confession précédente, c'est encore ici le moment de vous en accuser, car ils ne
vous ont été remis qu'à la condition expresse que vous vous en confesseriez, à la première
occasion. Faites ensuite l'accusation de tous vos péchés en disant avant chaque péché : « je
m'accuse de [...] ». Quand vous aurez fini l'accusation de vos péchés, dites : « Je m'accuse de
tous les péchés que je pourrais avoir commis, et dont je ne me souviens pas ; j'en demande
pardon à Dieu, et à vous, mon père, pénitence et absolution. »
Faites attention à ces derniers mots, pour ne pas les confondre. Vous demandez pardon à
Dieu, parce que c'est Dieu que vous avez offensé ; quant au confesseur, vous lui demandez
pénitence et absolution, parce que c'est lui qui est le ministre de la réconciliation. Vous
demandez l'absolution, si vous vous êtes préparé à la recevoir, mais toujours avec la plus
grande déférence à la décision de votre confesseur. S'il fait ensuite quelques questions, il faut
y répondre avec simplicité et candeur, puis écouter avec humilité ce qu'il croira devoir être le
plus avantageux au salut de votre âme ; les écouter en silence, et ne pas imiter ceux qui,
presque à chaque mot que leur adresse le confesseur, l'interrompent par ces paroles : Oui, mon
père, oui, mon père ; c'est là une mauvaise habitude que vous devez bien vous garder de
contracter.
Ensuite il faut achever le Confiteor (ou le Je confesse à Dieu, en français) à partir du mea
culpa jusqu'à la fin.
Écoutez ensuite attentivement la pénitence et les conseils que le confesseur vous donne et,
pendant qu'il prononce l'absolution, vous direz l'acte de contrition parfaite du mieux que vous
le pourrez.
Après avoir quitté le confessionnal, vous devez faire sans retard la pénitence que le confesseur
vous a donnée.
Vous devez remercier Dieu de son pardon et dire quelques prières d'Action de grâces.
Recommandez-vous à la Sainte Vierge, à saint Joseph, à votre Ange Gardien et à vos saints
Patrons.
D : Celui qui, se croyant de bonne foi en
état de grâce, communierait avec un
péché mortel, commettrait-il un
sacrilège ? R : Non, il ne commettrait pas un
sacrilège, pourvu qu'il ne conservât aucune
affection au péché mortel.
Celui qui, se croyant de bonne foi en état
de grâce, s'approcherait de la table sainte
avec un péché mortel pour lequel il ne
conserverait aucune attache ne commettrait
pas un sacrilège. Dans ce cas, le sacrement
de l'Eucharistie effacerait d'abord en lui le péché dont son âme se trouve souillée, et produirait
ensuite tous ses autres effets. Il en serait de même à l'égard de celui qui, ne pouvant se
confesser, et croyant avoir la contrition parfaite avec le vœu du sacrement de pénitence,
communierait avec la seule attrition. Toutefois, il doit se confesser dès que possible.
D : Quelles sont les autres dispositions de l'âme requises pour s'approcher de la
Communion ?
R : Il faut s'en approcher avec une foi vive, une espérance ferme, une charité ardente, une
humilité profonde, et une reconnaissance parfaite.
Voilà les vertus qui doivent orner votre âme pour recevoir la communion. Expliquons
chacune de ces dispositions :
1°) une foi vive : il faut être instruit sur les principaux mystères de notre sainte Religion, et
les croire fermement. Il faut être instruit sur le mystère de la sainte Eucharistie auquel on
participe en cette circonstance heureuse. C'est pour exprimer vos sentiments de croyance sur
ce mystère ineffable, que vous devez connaitre les actes de foi, d'adoration, d'humilité, de
contrition, d'espérance, d'amour et de désir que vous trouverez dans votre missel. Prononcez-
les donc avec la persuasion et la conviction la plus intime.
2°) une ferme espérance : espérez en Dieu ; ayez confiance en Lui. Quand Il daigne se
donner Lui-même à vous, que n'avez-vous pas droit d'en attendre ? Oui, vous avez alors le
gage le plus assuré de votre éternelle félicité. Avec cela pourriez-vous manquer d'espoir en sa
bonté ? Parlez-lui donc alors, comme à l'ami le plus tendre et le plus généreux ; c'est alors
surtout qu'Il vous offre et qu'Il vous donne les moyens les plus efficaces pour arriver au ciel
qu'Il vous a promis.
3°) une charité ardente : à la communion nous recevons le Dieu de toute charité ; il s'unit à
nous de la manière la plus intime. La Charité doit donc s'exalter en nous avec la plus vive
ardeur dans ces circonstances heureuses.
a) Avant la communion, en désirs empressés ;
b) Pendant et après la communion, quand vous possédez ce Dieu d'amour, quel est le
cœur qui n'en serait pas consumé ?
4°) Humilité profonde : qui sommes-nous et quel est Celui que nous recevons ? Deux
considérations bien propres à nous humilier et à nous confondre, dans une circonstance où
nous devons remarquer une si grande différence ! D'un côté le Dieu unique, si saint, si
parfait ; de l'autre, une créature si imparfaite, si coupable de tant de péchés.
5°) reconnaissance parfaite : Dieu vient à vous avec tous les biens dont il est la source. À
cette pensée, et avant même de l'avoir reçu, nous devons être saisis d'amour et de
reconnaissance ; mais cette reconnaissance doit être effective par une générosité réciproque et
sans réserve de votre part. C'est un retour que vous devez à la généreuse libéralité de Dieu qui
se donne à vous. Voilà pourquoi on place un acte d'offrande après la communion.
Après vous être ainsi offert et donné à Dieu pour gage de votre reconnaissance, il faut être à
Lui pour toujours ; il faut aussi que votre communion soit suivie d'une résolution sincère et
inébranlable de ne plus jamais l'abandonner : c'est une suite naturelle de l'offrande que vous
venez de lui faire. Non, ce n'est pas pour un moment que vous vous donnez au Seigneur à la
communion ; c'est pour toujours, puisque Lui se donne à vous pour toujours, puisque c'est
pour vous rendre heureux dans l'éternité ; c'est aussi jusqu'à la fin de votre vie, jusque dans
l'éternité, que doivent s'étendre vos résolutions.
En un mot, quand vous aurez le bonheur de communier, que vos cœurs soient tous pénétrés de
foi, d'amour, de confiance, d'humilité, de respect, de vénération, de reconnaissance, de
générosité, d'une résolution ferme et inébranlable d'être désormais tout en Dieu, tout à Dieu,
pour le temps et pour l'éternité. Telles doivent être les dispositions d'une belle âme
chrétienne ; unie à la Divinité, elle doit se transformer en un autre Jésus-Christ ; mais cette
action est si sainte et si vénérable que le corps même doit s'y préparer.
D : Quels actes dois-je faire avant et après la communion ? R : Les actes que nous trouvons dans notre missel sont les suivants :
Acte de foi. — Mon Dieu, je crois fermement que votre Corps, votre Sang, votre Âme et votre Divinité sont en ce
divin Sacrement ; je le crois, ô mon Seigneur, parce que vous l'avez dit et que vous êtes la Vérité même.
Acte d'adoration. — Mon Dieu, je vous adore en ce divin Sacrement, et je vous reconnais pour mon Créateur et
mon souverain Seigneur.
Acte d'humilité. — Mon Dieu, je ne suis pas digne de vous recevoir, mais dites seulement une parole et mon âme
sera guérie.
Acte de contrition. — Seigneur, j'avoue que je vous ai souvent offensé. J'en ai un profond regret. Je vous en
supplie, pardonnez-moi mes infidélités et mes offenses ! Accordez-moi la grâce de ne plus retomber dans le péché
et d'en fuir les occasions. Je veux sincèrement réparer mes fautes, et en faire pénitence.
Acte d'espérance. — Mon Dieu, j'espère que par le moyen de cet adorable Sacrement, vous me préserverez du
péché et que vous me donnerez la gloire du Paradis.
Acte d'amour. — O mon Jésus, je vous aime de tout mon cœur, et par dessus toutes les créatures, parce que
vous êtes infiniment bon envers nous et que vous vous donnez tout entier, comme nourriture de nos âmes dans le
saint Sacrement de l'Autel.
Acte de désir. — Venez, ô mon divin Jésus, Sauveur des âmes, venez prendre possession de mon âme : je souhaite
ardemment de m'unir à vous. Venez, doux Médecin des âmes !
En recevant la sainte Hostie, dites : « MON Sauveur Jésus-Christ, bénissez ma langue, afin
que jamais elle ne vous offense ; mais qu'elle vous loue éternellement. »
Après la Sainte Communion :
Acte d'adoration. — Mon Seigneur Jésus, vrai Dieu et vrai Homme, je vous adore reposant dans mon pauvre
cœur : daignez-y régner à jamais.
Acte d'amour. — Ô mon aimable Sauveur, je vous promets de vous aimer et de vous servir toujours ; je ne puis
rien sans votre grâce, mon cœur est froid et insensible ; enflammez-le d'amour pour vous, et de zèle pour votre
service.
Acte de remerciement. — Mon Dieu, je vous remercie de tout mon cœur de m'avoir accordé cette grande grâce,
de vous donner entièrement à moi.
Acte d'offrande. — Ô mon très doux Jésus, je me donne tout à vous et pour toujours, comme vous vous êtes
donné tout à moi.
Acte de demande. — Mon Dieu, je vous demande toutes les grâces dont j'ai besoin, et plus particulièrement la
grâce de ne vous offenser jamais par le péché mortel.
Pour recevoir tous les fruits de la sainte communion, il faut être dans la volonté sincère de ne
commettre aucun péché véniel de propos délibéré, et s'exciter à une grande dévotion au
moment de la communion. Le péché véniel ne rendant pas l'homme ennemi de Dieu, la
communion que fait celui qui en est chargé n'est pas une communion indigne ; mais il est
certain que celui qui reçoit le corps de Jésus-Christ dans une âme plus pure reçoit une plus
grande abondance de grâces. C'est donc une pratique salutaire, importante, et que l'on ne doit
pas négliger, de se confesser, avant la communion, de tous ses péchés véniels ; et si, en
communiant, on conservait de l'affection pour quelque faute légère, si on n'avait pas la
volonté sincère de n'en commettre aucune de propos délibéré, on ne recevrait pas la plénitude
des grâces attachées à la réception du Corps et du Sang de Jésus-Christ. Il faut donc, pour
recueillir tous les fruits de la sainte communion, être exempt de l'affection à tout péché
véniel : il faut, de plus, s'exciter, au moment de la communion, à une grande dévotion, à une
ardente ferveur, à une piété tendre et affectueuse, à un vif amour pour Jésus-Christ, et à un
désir profond de le recevoir et de s'unir à
Lui par le Sacrement.
D : Est-il nécessaire de prononcer ces
actes ? R : Non, il suffit de bien les faire de cœur.
Il n'est pas nécessaire de prononcer de
bouche ces actes avant la communion, il
suffit de bien les faire de cœur ; c'est-à-dire
qu'il suffit que vous ayez, au fond du
cœur :
1°) les sentiments d'une foi ferme qui vous montre Jésus-Christ dans la sainte eucharistie
d'une manière plus certaine que si vous le voyiez de vos propres yeux ;
2°) une profonde humilité, en considérant votre infinie bassesse et la majesté infinie de Celui
qui va se donner à vous ;
3°) un vif repentir, au souvenir de vos péchés, qui vous rendent si indignes de vous unir au
Saint des saints ;
4°) un ardent amour pour un Dieu qui se prépare à vous donner une preuve si touchante de
son amour et de sa tendresse ;
5°) un extrême désir de vous unir à ce divin époux de votre âme, et de ne plus vivre que par
Lui et pour Lui.
D : Convient-il de faire des prières vocales au moment de la communion ? R : Non, au moment de la communion, l'âme seule doit être occupée de cette grande action.
Il faut, au moment de communier, que la bouche se taise ; le cœur seul doit parler, et, sur les
ailes d'une sainte liberté, prendre un noble essor pour aller se reposer en Jésus-Christ et goûter
combien Il est doux à ceux qui l'aiment.
D : Quelles sont les dispositions qui regardent le corps ? R : Les dispositions qui regardent le corps sont d'être à jeun, c'est-à-dire de n'avoir ni bu ni
mangé depuis une heure avant la messe, et d'avoir un extérieur modeste et recueilli.
La première disposition du corps, nécessaire pour communier dignement, est de s'abstenir de
manger et de boire une heure avant de communier.
La seconde disposition du corps nécessaire pour communier dignement, c'est d'avoir un
extérieur grave et recueilli ; un extérieur dissipé, un air évaporé, seraient une véritable insulte
faite à Jésus-Christ, et annonceraient qu'on est bien peu pénétré de la grandeur de l'action que
l'on va faire, et qu'on en sent bien peu la sainteté et l'importance. Quant aux vêtements, ils
doivent être propres et décents, c'est-à-dire qu'il ne doit s'y trouver ni négligence, ni vanité, ni
rien qui soit contraire aux règles de la pudeur et de la modestie. Pour les femmes, pas de
pantalon, mais une jupe ou robe décente qui couvre les bras et les genoux. Elles doivent porter
une mantille ou toute autre chose couvrant la tête. Pour les hommes, pas de pantalon court ou
mi-long, ni chemise à manches courtes.
D : Ne peut-on jamais communier sans être à jeun ? R : On peut communier sans être à jeun, en cas de maladie, quand on est en danger de mort,
c'est ce que l'on appelle communier en viatique.
S'il est un moment dans la vie où la communion soit ordonnée, c'est certainement le dernier de
tous, puisque c'est celui où elle est le plus nécessaire. Dans ce dernier combat où, affaiblie par
la maladie, l'âme est en même temps plus vivement attaquée par l'ennemi du salut, elle a plus
que jamais besoin de se munir du Pain des forts, et de recevoir comme son bienfaiteur le Dieu
qu'elle va bientôt contempler comme son Juge. Aussi est-ce une pratique très-ancienne, dans
l'Église catholique, de porter la communion aux malades ; et le saint concile de Trente a statué
que cette coutume, tout à la fois et nécessaire et salutaire, serait suivie avec la plus grande
exactitude.
Lorsqu'un fidèle est en danger de mort, il peut communier sans être à jeun, et après avoir pris
ce que le médecin a jugé lui être utile ; c'est ce qu'on appelle communier en viatique. Viatique
signifie les provisions dont un voyageur se munit pour le cours de son voyage : on donne ce
nom à la communion administrée aux fidèles qui sont en danger de mort, parce qu'elle les
soutient et les fortifie dans le voyage du temps à l'éternité.
D : Y a-t-il obligation de porter ostensiblement le saint viatique aux malades ? R : Oui, excepté dans quelques circonstances extraordinaires.
Le Rituel romain dit expressément que le prêtre doit porter le saint sacrement aux malades,
non pas en cachette, mais d'une manière ostensible et avec les solennités requises, sauf dans le
cas où il s'agit d'administrer ce sacrement à un fidèle qui est en grand danger, et dont les
parents impies, tout en tolérant qu'un prêtre s'approche du malade, s'opposent absolument à ce
qu'on ne fasse aucune cérémonie religieuse dans la maison.
D : Est-ce un grand malheur d'être privé du saint viatique ? R : Oui, et l'on ne doit rien négliger pour en préserver les moribonds.
C'est un grand malheur d'être privé, par sa faute, du saint viatique, et de paraître devant son
Juge sans avoir purifié son âme de toutes souillures. Mais comme les malades, accablés par la
douleur, ignorent leur état et ne songent pas à demander les secours de l'Église, c'est à leurs
parents ou à leurs amis de leur procurer cette consolation et ce bonheur. Cependant on se
laisse souvent aveugler par une fausse tendresse ; et pour ne pas contrister celui qu'on prétend
aimer, on l'expose de sang-froid à un grand danger pour son âme. Si l'on était vraiment
chrétien, si l'on avait la foi, on ne négligerait rien pour faciliter à ceux qu'on chérit
l'accomplissement d'un devoir si important et si indispensable.
D : doivent faire les fidèles lorsqu'on porte le saint viatique à un malade ? R : Ils doivent prier pour le malade à qui le prêtre porte le saint viatique.
Les fidèles doivent adresser au Ciel, pour le malade que l'on va administrer, des prières
ferventes, afin qu'il reçoive de la divine miséricorde toutes les grâces dont il a besoin. Ce n'est
point, sans doute, une obligation ; mais cette charitable pratique envers le prochain est une
œuvre très-méritoire pour celui qui le fait.
D : Que faut-il faire quand on est prêt à communier ? R : Il faut d'abord entendre la messe avec toute la dévotion et toute la piété dont on est
capable.
C'est par la communion que Jésus-Christ nous applique les effets du sacrifice qu'il renouvelle
chaque jour au milieu de nous ; c'est aussi par la communion que nous sommes incorporés à
la victime immolée sur l'autel en signe de notre réconciliation avec Dieu. Ainsi la communion
est la conclusion et le fruit du sacrifice. Aussi l'esprit de l'Église, c'est-à-dire son intention,
son désir, est-il que l'on entende la messe avant de communier, et il n'y faut point manquer, à
moins qu'on n'en soit empêché par
infirmité ou par quelque autre bonne
raison.
D : À quel moment de la messe doit-on
communier ? R : Immédiatement après la communion
du prêtre, afin de s'unir davantage à l'action du saint Sacrifice de la messe.
Les fidèles offrent, avec le prêtre, le saint Sacrifice de la messe ; il est donc dans l'ordre qu'ils
y participent en même temps que lui. C'est donc immédiatement après la communion du
prêtre qu'il faut se présenter à la table sainte.
Après donc que le prêtre a communié, le diacre, aux messes solennelles (et, aux messes non
solennelles, le répondant), récite le Confiteor au nom de ceux qui désirent participer aux
saints mystères, afin qu'ils renouvellent publiquement les sentiments de douleur et de
componction dont ils doivent être pénétrés.
Le Confiteor terminé, le prêtre se tourne vers ceux qui doivent communier, et dit : « Que le
Dieu tout-puissant ait pitié de vous, et que, vous ayant pardonné vos péchés, il vous conduise
à la vie éternelle. »
On répond alors : « Amen ».
Le prêtre ajoute : « Que le Seigneur tout-puissant et miséricordieux vous accorde l'indulgence,
l'absolution et la rémission de tous vos péchés. »
On répond encore : « Amen ».
Puis, tenant de la main gauche le ciboire, et de la main droite une des hosties consacrées, qu'il
élève un peu, il dit : « Voici l'agneau de Dieu, voici Celui qui efface les péchés du monde » ;
puis on dit trois fois, en se frappant la poitrine : « Seigneur, je ne suis pas digne que vous
entriez en moi, mais dites seulement une parole et mon âme sera guérie », afin d'exciter en
nous les sentiments de foi, d'humilité et de confiance dont nous devons être pénétrés en ce
moment.
D : Comment doit-on recevoir la sainte communion ? R : La sainte communion doit être reçue avec respect, car elle contient Notre-Seigneur Jésus-
Christ avec son Corps, son Sang, son Âme humaine et sa Divinité. La meilleure façon
d'exprimer ce respect est de recevoir la sainte communion sur la langue, de la main du prêtre,
et à genoux.
Le concile de Trente a défini comme étant un Dogme de foi, que « le Christ est tout entier
sous l'espèce du pain et sous la moindre parcelle de cette espèce » (Sess. 13, ch. 3). Cette
Vérité est donc un Dogme de foi : le Christ, qui est Dieu, est présent sous la moindre parcelle
eucharistique. Il n'est donc pas permis de prendre l'hostie dans la main, car ce Pain consacré
est le Christ Lui-même ! Nous devons donc l'accueillir respectueusement — c'est-à-dire à
genoux, et non debout en traitant d'égal à égal avec Dieu — en prenant soin de ce divin Corps
qui vient habiter en nous.
Enfin, sachez que lorsqu'on n'a pas d'autre choix que d'assister à une célébration selon le rite
moderniste, NUL NE PEUT IMPOSER AU FIDÈLE LA COMMUNION DANS LA MAIN !
Car les règles énoncées dans l'instruction Memoriale Domini et tous les textes qui s'y réfèrent
impliquent partout et toujours la pleine liberté de recevoir la communion sur la langue. Mais,
en France particulièrement, de nombreux clercs obligent les fidèles, spécialement aux enfants,
désirant communier sur la langue à le faire dans la main. C'est pourquoi il faut préciser ici que
tous les textes traitant de ce sujet soulignent la nécessaire liberté qui doit être laissée aux
fidèles. Citons-en deux seulement :
La Note du conseil permanent de l'épiscopat français, publiée à l'issue de sa réunion du 17 au
19 juin 1969 donne comme première norme pour la communion dans la main ce qui suit :
« La nouvelle manière de communier ne devra pas être imposée d'une manière qui exclurait
l'usage traditionnel. Il importe notamment que chaque fidèle ait la possibilité de recevoir la
communion sur les lèvres, là où sera concédé légitimement le nouvel usage et lorsque
viendront communier en même temps d'autres personnes qui recevront l'hostie dans la main. »
La Notification de la Congrégation pour le culte divin du 3 avril 1985 rappelle de son côté :
« On n'obligera jamais les fidèles à adopter la pratique de la communion dans la main, mais
on laissera chacun pleinement libre de communier de l'une ou l'autre façon. »
Obliger quelque fidèle à communier dans la main constitue donc un abus d'autorité
caractérisé : ce qui est confirmé par la réponse de la Congrégation pour le culte divin à une
question posée sur ce point en 1999 (Bulletin de la Congrégation pour le culte divin et la
discipline des sacrements, mars-avril 1999) : « Ceux qui obligent les communiants à recevoir
la sainte communion uniquement dans la main comme ceux qui refusent aux fidèles de
recevoir la communion dans la bouche dans les diocèses qui ont cet indult agissent donc
contre la règle. »
Au moment de communier, donc, chaque fidèle s'avance humblement, avec respect et les
mains jointes sur la poitrine vers la table de communion où il s'agenouille en signe de respect
envers Celui qu'il va recevoir. Le prêtre distribue l'eucharistie, et, faisant un signe de croix
avec la sainte hostie, il la met sur la langue de chacun, en disant : « Que le Corps de Jésus
garde votre âme pour la vie éternelle. Ainsi soit-il. ». Une fois que le fidèle a reçu Notre
Seigneur, il doit regagner sa place et se recueillir profondément. L'hostie ne doit pas être
mâchée, mais il faut la laisser s'humecter un peu puis l'avaler entière.
Il est rare que cela arrive, mais chaque fidèle doit savoir que si le prêtre s'aperçoit, en donnant
la communion, que le nombre des hosties contenues dans le ciboire est inférieur à celui des
personnes qui se sont présentées à la table sainte, il peut en diviser quelques-unes en plusieurs
parties pour que chacun puisse communier. Le fidèle n'a donc pas à s'en inquiéter, car comme
nous venons de le dire plus haut, Jésus est tout entier dans la moindre parcelle d'hostie.
D : La communion fréquente est-elle un remède contre la rechute ? R : La communion fréquente est un remède efficace contre la rechute.
À chaque communion bien faite sont attachées les grâces les plus précieuses et les plus
abondantes. Or, à l'aide de ces grâces, il devient facile de résister aux attaques de l'ennemi du
salut, et d'éviter les pièges qu'il pourrait nous tendre. D'ailleurs, quand on communie souvent,
les tentations deviennent beaucoup plus rares. « Parce que, dit saint Cyrille de Jérusalem,
lorsque les démons voient le sang de Jésus-Christ circuler dans nos veines, ils prennent la
fuite ; tandis qu'à la vue de ce même sang, les Anges s'empressent de venir à nous. »
Enfin, celui qui communie souvent est nécessairement un homme qui met en pratique cette
recommandation du divin Maître : « Veillez et priez, afin de ne point entrer en tentation »
(Matth. XXVI, 41). La pensée qu'il vient de recevoir Dieu, qu'il porte en lui-même le Saint des
saints, ne peut que lui inspirer une vive horreur pour le péché, et par là même il évite avec le
plus grand soin tout ce qui pourrait déplaire à Celui qui s'est montré si bon et si généreux à
son égard.
C'est donc avec raison que depuis toujours tous les
saints ont regardé la communion fréquente comme
un remède efficace contre la rechute.
D : Peut-on communier autrement que
sacramentellement ? R : Oui, on peut aussi communier spirituellement.
Pour ce faire, il faut avoir un grand désir de recevoir
Notre-Seigneur dans notre cœur, et s'y préparer
comme si on devait communier sacramentellement.
Communier spirituellement, c'est s'unir à Jésus-Christ présent dans l'eucharistie, non pas en le
recevant sacramentellement, mais par un désir procédant d'une foi animée par la charité.
Si vous ne pouvez communier tous les jours ou presque tous les jours, au moins faites souvent
la communion spirituelle, et n'en doutez pas, votre cœur en retirera les plus grands fruits.
Voici donc comment la pratiquer :
Une à plusieurs fois par jour, selon l'attrait que vous en éprouverez, recueillez-vous en esprit,
en vous mettant en la présence de Dieu ; faites un acte de contrition sur tous vos péchés ; puis,
considérant combien il est heureux d'être uni à Jésus dans le sacrement de son amour, désirez
ardemment qu'Il vienne à vous, en disant du fond du cœur une prière ; et tandis que vous lui
adressez cette oraison, figurez-vous que votre Ange Gardien vous apporte l'Hostie sainte pour
vous communier ; recevez-la, et gardez précieusement Jésus au dedans de vous, comme si en
effet vous l'aviez reçu ; faites ensuite votre Action de grâces, puis retournez à vos occupations
toute recueillie et unie à Dieu, comme au sortir de la communion. Si vous pratiquez ce pieux
exercice une ou plusieurs fois par jour, alors que vous ne pouvez vous rendre quotidiennement
au saint Sacrifice de la messe, votre âme obtiendra de Dieu des grâces analogues à celles de la
communion sacramentelle.
RÉCAPITULATION PRATIQUE
1°) Formez-vous une grande idée de la communion et des dispositions qu'il faut apporter à
cette action divine.
2°) Apportez-y toujours bien soigneusement les dispositions nécessaires.
3°) Souvenez-vous que les plus importantes sont celles de l'âme, l'état de grâce, la foi,
l'espérance, la charité, l'humilité, le respect, la vénération, la reconnaissance, la générosité,
l'offrande, la fermeté, la constance dans vos bonnes résolutions.
4°) Ne négligez pas les dispositions du corps, surtout la modestie et le recueillement, et
souvenez-vous que ce serait un sacrilège de communier après avoir pris la moindre goutte
d'eau.
5°) Passez saintement la journée de votre communion et conservez-en les fruits précieux ; ne
chassez pas de vos cœurs le divin Sauveur qui y est entré avec tant de bonté.
6°) Demandez tous les jours au Bon Dieu la grâce de bien faire votre communion et de ne
jamais profaner dans tout le cours de votre vie cet adorable sacrement.
7°) Pénétrez-vous d'une grande estime pour les heureux effets de la communion, et en
conséquence ayez une sainte faim de ce Pain de vie.
8°) Tremblez à l'aspect d'une communion sacrilège qui anéantirait ces effets et qui ne serait
qu'une profanation détestable de cet auguste sacrement.
9°) Soyez fidèles au précepte qui vous oblige de vous approcher de la table sainte avec de
bonnes dispositions.
10°) Communiez souvent, et faites-le bien ; suivez en cela l'avis d'un sage directeur spirituel.
11°) Demandez à Dieu la grâce de faire toujours un digne usage de la sainte Eucharistie.
TRAITS HISTORIQUES
Saint Dom Bosco. — Ce saint prêtre avait un moyen d'éducation tout nouveau : ne pas punir
le mal, mais l'empêcher de se commettre.
Et pour cela il employa trois moyens surnaturels :
- la communion fréquente ;
- la confession fréquente ;
- la dévotion à la Sainte Vierge (Notre Dame Auxiliatrice).
Les fruits furent merveilleux : 200.000 garçons dont la plupart étaient des voyous ou des
vagabonds, sont devenus de bons chrétiens et même 6.000 d'entre eux devinrent de saints
prêtres.
Le secret de Dom Bosco. — Saint Jean Bosco, si connu pour ses œuvres d'orphelins et
d'enfants abandonnés, recevait de fréquentes visites ; il reçut un jour celle d'un ministre
anglais qui voulait voir par lui-même les institutions de ce saint prêtre. Il fut stupéfait du bon
esprit qui régnait dans ces établissements, et en partant il demanda à Dom Bosco quel était le
secret d'une discipline aussi admirable. « Sans doute, dit-il, vous êtes obligé d'employer des
corrections corporelles ? » — « Jamais ! répliqua Dom Bosco ; notre secret se trouve dans la
réception fréquente des sacrements. » La sainte Communion est un préservatif efficace contre
le péché mortel. « Celui qui mange de ce pain, dit Jésus-Christ, ne mourra pas », c'est-à-dire
qu'il n'éprouvera pas la mort de l'âme. Il est d'ailleurs naturel que le démon soit chassé de là
où Dieu a sa demeure habituelle.
La communion est l'union la plus parfaite entre nous et notre Seigneur. — Quand vous
communiez, vous mangez le Corps de notre Seigneur, présent dans la sainte Hostie, sous
l'espèce du pain, et Jésus devient vraiment la nourriture de votre âme ! Quand vous avez reçu
Notre Seigneur dans la sainte Communion vous pouvez dire : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est
Jésus qui vit en moi »
La communion spirituelle d'un condamné. — Un condamné à mort, admis à la confession,
mais privé de la communion, se prosterna devant le Saint Sacrement et dit : « Seigneur Jésus,
vous êtes ici présent sous les apparences du pain ; mon âme vous désire, mais je ne puis vous
recevoir réellement, venez donc en moi d'une manière invisible : vous êtes tout-puissant et
vous pouvez le faire. » Agissez de même et vous communierez spirituellement. Il n'est donc
pas difficile de communier spirituellement : il suffit de se recueillir un instant, de se
transporter en esprit devant le tabernacle et de dire : « Seigneur Jésus, descendez dans mon
cœur. »
Les deux hôpitaux. — II y avait autrefois à Tolède, en Espagne, deux hôpitaux : dans l'un on
guérissait les maladies graves, dans l'autre, on fortifiait les convalescents pour les préserver
d'une rechute. — Notre Seigneur, le médecin de nos âmes, poursuit le même but dans la
Pénitence, où il sauve les pécheurs de la mort, et dans la communion, où il préserve les justes
du péché.
Le matelot mourant et le pilote. — Un matelot mourant avait reçu les derniers sacrements
et devint d'une humeur très sereine. « Je suis prêt, disait-il, pour la grande traversée. » — « Et
pourquoi, dit le prêtre, êtes-vous dans ces sentiments de tranquillité et de joie ? » — « Mais
parce qu'il n'y a rien à craindre ; j'ai ici un excellent pilote. » Et en disant cela, il montrait son
cœur. — Le chrétien muni du viatique ressemble à un voyageur pourvu de toutes les
ressources nécessaires.
Un communiant accompagné dans la rue par deux enfants de chœur. — Saint Philippe
de Néri éprouvait une vive douleur à la vue d'un homme qui après la communion s'éloignait
presque immédiatement. Un jour, le saint appela deux enfants de chœur et leur dit : « Allumez
vite ces deux flambeaux et accompagnez cet homme. » Ce cortège fit sensation dans la rue : à
la vue des personnes qui le regardaient, notre homme se retourna et apercevant ces deux
acolytes, il leur dit : « Que faites-vous là ? » — « Monsieur le curé nous a dit de vous
suivre ». Aussitôt il revint à l'église et demanda à saint Philippe ce que cela signifiait. « Mais,
répondit celui-ci, j'ai fait ce que vous avez omis de faire ; j'ai fait rendre à Celui qui était dans
votre cœur les honneurs que vous ne lui avez pas rendus ». Le coupable tout confus se remit à
genoux pour faire son Action de grâce, qu'il n'omit plus jamais, et à laquelle il consacra
désormais un quart d'heure, ce que devraient toujours faire tous les communiants.
PRIÈRES
Seigneur Jésus qui avez dit à vos apôtres : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix »,
oubliez mes péchés pour ne considérer que la foi de votre Église et daignez, selon votre
volonté, lui donner la paix et l'unité ; vous qui étant, Dieu, vivez et régnez dans tous les
siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Faites, Seigneur, que je garde dans un cœur pur ce que ma bouche a reçu, et que cette
offrande temporelle devienne pour moi un remède éternel. Puissent votre Corps que j'ai pris
me pénétrer intimement ; et faites qu'il ne demeure en moi aucune souillure de péchés alors
que j'ai été réconforté par des sacrements purs et saints ; vous qui vivez et régnez dans les
siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Ô, Seigneur Jésus, comme je ne puis Vous recevoir maintenant dans Votre Présence
sacramentelle, je Vous supplie de venir spirituellement dans mon âme pour m'enrichir de
Votre sainte Grâce et faire de moi Votre véritable héritage pour toujours.
Ô Jésus vivant en Marie, venez et vivez en moi, dans l'esprit de Votre Sainteté, dans la
plénitude de Votre Puissance, en communion avec Vos Mystères, dans la perfection de Vos
Voies.
Ô mon Divin Sauveur, donnez à mon âme une Foi ferme et vivante, une confiance sans
bornes, une parfaite humilité, un regret constant pour mes péchés, une totale soumission à
Votre divine volonté et un amour parfait en union avec Vous de cœur et d'esprit.
Ô Très Saint Sacrement, Ô Sacrement Divin, que toute louange et grâce vous soient rendues à
tout instant.
Seigneur Jésus, je Vous remercie pour toutes les bénédictions et grâces que Vous m'avez
données par cette Communion Spirituelle.