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rR-AYGALADES Livret n°2 : Démarche et perspectives d’avenir

Démarche et projet R-Aygalades

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Diplôme de fin d'étude de l'école nationale supérieure de paysage de Versailles - Marseille.

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rR-AYGALADESLivret n°2 : Démarche et perspectives d’avenir

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VOULOIR LE VOYAGE

J’ai construit ce sujet de TPFE en réunissant deux envies qui me semblaient, à priori, contradictoires : - Le désir d’évasion, d’exploration d’un nouveau terrain de jeu qui me permettrait d’éviter tout automatisme.- L’envie de laisser une trace de mon passage à Marseille, d’aboutir l’histoire de quatre années passées dans cette école et cette ville, toutes deux découvertes un peu par hasard.

Travailler à Marseille, faire le deuil de tous les autres lieux possibles, fut une décision délicate. Elle m’a pourtant permis de rattacher un questionnement plus latent sur la place de la pratique artistique dans le métier de paysagiste. L’approche sensible peut être un moyen de redécouvrir un endroit que l’on pensait connaître, de rester attentifs aux petites choses et d’apprendre à aimer le lieu durant un travail de longue haleine. Cette expérience de dépaysement dans la ville met en valeur chaque décalage entre le site et sa représentation, entre l’imaginaire et le réel. Autant d’éléments qui ont produit un projet né de ma rencontre avec les Aygalades.

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SOMMAIREIntroduction 3Vouloir le voyage 3

Marseille 7Portrait de marseille 9Le(s) Marseille(s) : des villes imaginaires 10

Quartiers nord 17Histoire schématique du developpement urbain 20Deux attitudes : Rénover et Être là 22

La démarche 25Inventer une innocence 27Voyages aux aygalades 29Les outils de la narration 31Paysage et représentation 33Euroméditerranée : le nord en projet 37Les Aygalades 41Ouvrir les Aygalades 47

R-Aygalades 49Je vois, je vois... 51Garder le meilleur ? 53Propositions 55

Pourquoi pas ? 73Apprivoiser les lieux 73Être juste ? 75Aimez le site, il vous le rendra bien 75Trouver sa place 75

Bibliographie 77

Remerciements 78

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MARSEILLE

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PORTRAIT DE MARSEILLE

Marseille est une ville aux multiples facettes où l’imaginaire est à l’œuvre.Une ville méditerranéenne, bordée de grands espaces naturels (même si la ville n’est jamais loin).Une ville fière et paresseuse comme un lion, tentaculaire comme une pieuvre.Une ville comparable au gabian qui s’élève dans les airs pour un vol stationnaire.Une ville mythique ou mythomane à l’image de la panthère des calanques que personne n’a jamais vu.Une cité des possibles qui se fantasme et nous donne des envies d’ailleurs tant elle en contient.

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LE(S) MARSEILLE(S) : DES VILLES IMAGINAIRES

Après avoir travaillé sur Marseille, avoir cherché à en comprendre le fonctionnement parfois obscur, je crois déceler une tare majeure : l’envie d’un changement total et brutal de la ville. Il est évident qu’on ne fera jamais rien à Marseille sans frapper un grand coup, mais il l’est aussi que ce changement doit se rattacher à la réalité de la ville pour fonctionner. Le projet urbain doit être soutenu par ses habitants, ce qui ne se fera pas s’il se conduit à leur détriment.La condition bicéphale de la ville paraît parfois la rendre inerte. Entre une municipalité développant tous les stratagèmes pour tenir la ville et rattraper son retard dans la course aux métropoles à coups de grands projets, et un fourmillement d’initiatives individuelles ou collectives, par lesquelles les habitants (citoyens, artistes, associations...) se réapproprient la ville, la fabriquent au jour le jour. Une population qui prend sa place, qu’on lui laisse ou non.Les habitants rêvent leur ville tandis que les grands projets la fantasme. Il ne faut pas pour autant opposer ces deux visions qui participent l’une et l’autre à la fabrication empirique de la ville.

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Cartographie de la côte bleue par Mathias Poisson

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Vacarmes et Stratification, photographies de Doog tirées de la série «Mes villes invisibles» évocant Marseille.

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Je prendrais l’exemple de deux lieux emblématiques :

La Friche Belle de Mai et le Mucem. Le premier a été soutenu et rénové dans le cadre de MP 2013 Capitale de la Culture. Les travaux ont permis d’affirmer ce lieu pré-existant comme acteur de la vie culturelle marseillaise, conservant sa multiplicité (concerts, ateliers d’artistes, conférences, restaurant et événements en tout genre) tout en lui donnant les moyens de s’organiser.

Le Mucem représente une façon de vivre la culture qui n’a jamais été très chère aux marseillais aux vues de l’état des musées de la ville. Le centre regorge pourtant de salles d’expositions et de galeries aux allures plus intimistes. La mise en scène de ces deux structures dépasse les lieux eux-même et donne l’occasion de réorganiser des morceaux entiers de la ville. Amorcer la transformation du quartier de la Belle de Mai ou retravailler le lien au littoral près du port.

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QUARTIERS NORD

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QUARTIERS NORD

Le choix de travailler dans les quartiers nord m’est apparu comme une évidence dans ma recherche de dépaysement. Ces quartiers cherchent à se ré-inventer, ça leur est vital. Ils souffrent d’une mauvaise réputation. Quand on dit « Quartier nord » une image s’impose : des barres d’habitations hors d’échelles entourées d’un vaste rien où la figure humaine est absente. Ces barres sont peut-être nées d’un concept de tabula rasa, le sol n’en a pas moins une histoire.

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HISTOIRE SCHÉMATIQUE DU DEVELOPPEMENT URBAIN

Petit retour en arrière :

La ville se résume tout d’abord à un petit port au fond de la calanque du Lacydon. Elle est au cœur d’un vaste bassin, limité par les massifs de l’Étoile, du Garlaban et des Calanques, où coulent le Caravellele, le Jaret et l’Huveaune.Avec la croissance des échanges maritimes, les familles ayant fait fortune grâce au négoce s’éloignent du centre devenu trop dense et bruyant, pour profiter de la campagne. La périphérie est le terrain des bastides, une banlieue de villégiature où les fleuves irriguent les vastes domaines agricoles. Ces cours d’eau sont des appuis pour les grands axes de circulation, facilitant les passages dans la géographie tumultueuse.Marseille continue de s’étendre et de nombreux noyaux villageois se forment autour des axes historiques. Les témoins restent nombreux (l’Estaque, les Aygalades, Saint-Louis, etc...) et s’intégreront plus tard dans le tissus de la ville contemporaine. La construction du canal de Marseille (mi-XX°) permet d’irriguer les terres, si bien qu’on en oublierait presque les cours d’eau. Le Caravelle, soumis au régime méditerranéen, est en crue au printemps et quasi sec en été. Il ne peut irriguer les cultures de façon régulière, son nom est peu à peu oublié. Ne sachant plus comment le désigner on lui attribue le nom d’un des villages qu’il traverse, il devient le ruisseau des Aygalades.Au début du XX° siècle, le port autonome de Marseille commence à se déplacer vers le nord pour s’agrandir, redessinant tout le littoral nord. L’arrière port s’industrialise suivant le ruisseau des Aygalades qui devient le « Biaou » (signifiant caniveau, égout, canalisation, en provençal). De grandes infrastructures viennent s’ajouter à ces activités à la fin du siècle. Le réseau d’autoroutes et de voies ferrées pérennise des activités de stockages malgré la désindustrialisation.Marseille est un port, un lieu de passage. La décolonisation provoque une augmentation de la population. Les grands ensembles se construisent sur toute les terres disponibles (souvent agricoles), dans l’urgence et sans se soucier du raccordement au centre-ville. Les dernières terres cultivables sont au pied du massif de l’Étoile et continuent de disparaître. Le rêve de nature s’individualise et s’exprime par le développement du pavillonnaire.Ce qui abouti à la situation actuelle : un habitat d’urgence vieillissant, constitué en poches au milieu de terrains dont l’industrie se désengage.

2 km

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21

N

1 km

Bati denseLogements collectifsMaisons individuellesActivités

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DEUX ATTITUDES

Face à cette situation, il existe deux grandes attitudes visant à améliorer les lieux, à réparer les erreurs passées.

J’illustrerais la politique de rénovation urbaine actuelle (ANRU) par le projet des Flamants récemment terminé à Marseille. Les barres ont été divisées en immeubles plus petits, mimant encore une fois le centre-ville. Mais changer la forme de la densité ne résout pas tout si ce n’est rien. Dans le cas des Flamants, les critiques fusent. Après avoir « appris » à la population à habiter selon les concepts de l’architecture moderne, les aménageurs veulent détruire ces logements auxquels les habitants se sont attachés et identifiés durant cinquante ans, pour les obliger à connaître le vis à vis, retirant le seul avantage des tours et le peu d’intimité permise.

RÉNOVER

Cette approche compte résoudre les problèmes des cités par l’aménagement. La forme des grandes barres devaient être la source de toutes ces mésententes. On avait d’abord tenté de découper les barres et même de faire passer des routes en plein milieu des ensembles, de façon à ouvrir les cités de manière un peu littérale. Des commerces ont été ajouté au rez-de-chaussé des immeubles reproduisant la forme urbaine du centre-ville. Pourtant ce modèle n’est pas adapté dans un contexte où les commerces comme les logements se regroupent (centres commerciaux et grands ensembles).

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Hôtel du Nord, une association qui regroupe des chambres d’hôtes dans les quartiers nord et y organise des promenades. J’ai notamment suivi Christine Breton dans plusieurs marches aux Aygalades. Elle raconte l’histoire de ces lieux sans se déconnecter de la vie actuelle, mettant à profit les connaissances et les talents de conteurs des habitants. L’Histoire devient une histoire transcendant les époques, la rendant vivante en rappelant que malgré l’urgence un patrimoine est là et dialogue toujours avec le présent.

Le GR 2013 est un autre exemple de promenade organisée, tracée de façon à traverser la ville et ses territoires, manifestant un travail sur le regard. Pourquoi un GR serait-il exclusivement naturelle ? N’y a-t-il rien de contemporain qui soit digne d’être regardé ? Ce sentier

Hotel du Nord GR 2013 Quartiers CréatifsIci, belvédère de la Viste par Civic City et Ruedi Baur

met en exergue le paysage contemporain et sa fabrication.

Enfin, les quartiers créatifs qui expriment une volonté d’être là et de faire quelque chose. L’un d’eux met en place des prototypes d’espaces à échelle un aux Aygalades. Un belvédère a été installé à la Viste en 2012, et un chemin traversant le talus jusqu’aux Aygalades est en cours. Le but est d’amorcer une transformation, de proposer en construisant.

Je n’oppose pas ces deux attitudes qui me semblent complémentaires malgré leur dissociation (la première aux budgets conséquents émanant de l’État, la seconde organisée par la population dans le temps, parfois avec l’aide de la ville). J’ai donc eu besoin d’être là pour ensuite proposer une transformation de l’espace.

ÊTRE LÀ

Je regroupe sous ce terme les différentes initiatives qui travaillent sur les représentations. Quelques exemples dans les Quartiers nord :

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LA DÉMARCHE

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INVENTER UNE INNOCENCE

Peut-être faut-il une utopie pour cette partie de la ville... Pourtant, cette utopie ne me semble pas juste tant les problèmes économiques et sociaux sont présents ici. Mais pour me dépayser moi même, pour parler de l’abandon de ces lieux, ne faudrait-il pas les idéaliser quelques peu ? Je dois pouvoir me donner cette liberté.

Toute la difficulté est de se défaire du regard du Saint-Bernard qui veut sauver les quartiers nord de Marseille. Pourquoi ne pas prendre le problème par un autre bout, celui du sensible ? C’est ici que la formulation des chapitres du livre « Théorie du Voyage » de Michel Onfray fait écho. « Inventer une innocence » signifie poser un regard sans jugement.

Dans ce contexte, je me souviens d’une remarque de Luigi Snozzi, architecte suisse rencontré lors d’un workshop à Sospel, qui nous disait : « Plus de problèmes on se pose, plus on se rapproche de la solution ? C’est faux. Je suis architecte et je me préoccupe de l’espace, pas de la sociologie ni de l’agriculture. » En nuançant ce propos, je dirais que ma quête se situe dans ma position de paysagiste. Quel regard puis-je poser sur ce lieu ? Quelle proposition singulière ressortirait de ma rencontre avec le site ?

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VOYAGES AUX AYGALADES

Livret n°1 : Récit d’attachement à un lieu

« Ce mouvement et les vues qu’il découvre favorisent semble-t-il l’apparition d’objets qui occupent l’esprit, et c’est par là que la marche est une activité ambigüe et infiniment fertile : elle est en même temps un moyen et une fin, un voyage et une destination. » L’art de marcher, Rebecca Solnit

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VOYAGES AUX AYGALADES

Je suis donc partie marcher aux Aygalades, arpenter le site dans un premier temps. La marche est à la fois voyage et destination. C’est une ligne constituée d’une infinité de points, un paysage plein de détails et de pratiques.

Par ces voyages, j’ai pu expérimenter le site sous un angle qui n’est ni celui de l’aménageur ni celui de l’habitant. Les détails amassés dans le carnet de voyages me permettent de sortir le site de ses limites, de raconter les lieux en mettant l’accent sur une expérience sensible.

Vient le moment de la spatialisation de cette expérience, j’ai besoin de savoir où je suis, de me représenter l’espace par moi-même au lieu de faire passivement confiance au regard de l’IGN ou de l’INSEE. La photographie est instantanée, la carte se veut objective et omnisciente, je préfère me fier à mes propres outils, plus proches de ma pensée qui se déploie dans le temps.

Je raconte dans ce carnet un site tel qu’on peut le découvrir. Je crois que la réalité des lieux n’est pas absente d’un récit constitué d’anecdotes.

Le récit est une façon de partager le site et ses dynamiques. Le paysagiste travaille avec le vivant, nous sommes des êtres mobiles, ce qui ne peut se représenter dans l’immédiateté. Une vision percole de ces descriptions, plus juste qu’un portrait brossé par des chiffres ou l’étude des formes urbaines.

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« Le discours à au moins un point commun avec la route : comme elle, il se déploie dans le temps et ne peut donc être saisi instantanément dans sa globalité. »

L’art de marcher, Rebecca Solnit

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LES OUTILS DE LA NARRATION

Le récit est directement prolongé dans le geste lent de la cartographie subjective. Cet acte est réfléchi mais pas entièrement maîtrisé, linéaire et empirique il se rapproche de la marche ou de la narration. Cette pratique me permet à la fois de revivre l’expérience, manipulant l’espace de manière familière, et de la partager. Les cartes se succèdent et s’enrichissent, leur lecture et leur comparaison dévoilent l’essence du lieu. Elles permettent une vue d’ensemble que le discours exclu, d’où l’appellation de carte.

Chaque carte apporte de nouvelles informations, traces d’une pensée en un moment donné. Je dessine comme je pense, un paysage d’assemblages et de désirs. Le basculement du détail à l’ensemble c’est la vue que je peux avoir à mon échelle, lorsque j’arpente l’espace. En cela elles complètent le récit.

Ces dessins cartographiques me servent aussi d’aides mémoire, racontant la genèse de mon regard sur un lieu. Ils sont des amarres lorsque les problématiques affluent et que mon esprit se brouille ou s’évade dans la théorie. Ils me retiennent, me font revenir à l’essentiel et me rappellent pourquoi j’apprécie un lieu. Ils sont des témoins précieux comme des prises de notes inconscientes.

Ce carnet de Voyages aux Aygalades me sert de base de travail, d’analyse du site comme de pistes de projet. Ma façon d’utiliser le dessin me permet de décloisonner les étapes, de sortir du schéma linéaire : analyse, enjeux, stratégie, projet... La pensée ne fonctionne pas de cette manière. Elle se promène entre les impressions passées et les envies futures, se déforme à force de remises en questions et d’intuitions. Les liens apparaissent, formant une image cohérente. Tout est là mais tout reste à faire, c’est un projet qui s’esquisse.

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Cartographie des interstices

Mur d’enceinteMur de soutènement

Friche végétaliséeFriche imperméabilisée

Bordure de parcelleTalus autoroutier

Ripisylve

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PAYSAGE ET REPRÉSENTATION

Grâce aux promenades d’Hôtel du Nord avec Christine Breton, je m’aperçoit que le ruisseau des Aygalades traverse un désert qui ne date pas d’hier. Des lieux délaissés et en attente qui ne sont pas à l’abri d’une destruction soudaine non sans une certaine violence. Chaque cité, chaque entreprise, chaque village abrite une vie propre. Ils sont porteur d’une capacité à vivre ensemble malgré des contextes urbains et sociaux difficiles. Mais qu’en est-il des interstices entre ces unités autonomes ? L’avenue des Aygalades ? Le ruisseau ? Les talus ? Leur vide d’usage en fait des lieux abandonnés, en proie aux dégradations et pollutions diverses. Une ruinification volontaire qui laisse la porte ouverte au désarroi et aux opérations immobilières de type lotissement. Ces dernières ne sont, à mon sens, porteuses que de tensions supplémentaires et de valeurs individualistes. Les épaisses limites entre les îlots font de ces interstices des non-lieux repoussant pour le passant et inutiles à l’habitant, si ce n’est comme espace tampon.

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Cartographie du site arpenté

Mur d’enceinteMur de soutènement

Lieux repèresOpportunités pour le projet

GROTTE

DES CARMES

CASCADE

LES CRENEAUX

USINE ABANDONNEE

GUILLERMY

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Ces aménagements, ces restes, ce patrimoine que l’on m’a fait découvrir racontent une autre histoire des lieux. Ils parlent de la succession, du temps qui passe, du réemploi.Voir et raconter cette autre histoire des lieux, c’est lui redonner vie et importance. Une protection non pas physique mais une sauvegarde de la mémoire. Le patrimoine a une importance et je crois déceler dans les promenades patrimoniales que les représentations priment sur la forme. Bien souvent, c’est pourtant uniquement cette matérialité que nous parvenons à protéger. La pérennité de la forme dépend de la persistance du sens. Sans le discours les pierres restent inertes comme à leur habitude, se laissent oublier sous la falaise.

La méthode adoptée par Christine Breton et les membres du GR 2013 à pour objectif d’ouvrir les yeux en passant par les pieds, arpentant le territoire, racontant son histoire et son identité. Changer l’image par l’orientation du regard.

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Périmètre Euromed 1Périmètre Euromed 2Bati denseBatiActivités

N

1 km

Les Aygalades

La Viste

Saint-Louis

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N

100 m

Carte du projet Euroméditerranée 2 : tirée du site officiel de l’opération.

EUROMÉDITERRANÉE : LE NORD EN PROJET

Un ruisseau est aujourd’hui un atout pour une ville. On le voit à travers les nombreux projets d’aménagements des berges et quais de Bordeaux, Paris ou Lyon. A Marseille c’est via Euroméditerranée, grande opération d’intérêt national ayant pour but de rénover et reconstruire le nord du Vieux Port, que l’on prévoi (dans la deuxième phase en cours) de valoriser le ruisseau des Aygalades avec un grand parc de 14 hectares. La qualité de vie se mesure aujourd’hui au mètre carré d’espaces verts par habitants.

Cette Opération d’Intérêt National est basée sur un partenariat public privé (avec 80% de privé) ayant pour but de ré-aménager plus de 400 hectares dans la ville. Le projet est en cours de réalisation et a pour ambition de faire de la Joliette un grand quartier d’affaire. L’extension du périmètre, Euroméditerranée 2 (financements principalement publics), contient un parc de 14 hectares qui s’appuiera sur le ruisseau des Aygalades jusqu’ici canalisé sous la gare d’Arenc.

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N

1 km

Les Aygalades

La Viste

Saint-Louis

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Photomontage du futur parc Euroméditerranée : tiré du site officiel de l’opération.

Photographie actuelle : gare du Canet

Vue inclinée du parc : tirée du site officiel de l’opération.

La mise en valeur du cours d’eau montre une volonté de la ville de retrouver des espaces publics et de la végétation dans son centre, même à grands frais. Le parc a pourtant été positionné sur la seule partie canalisée en souterrain du ruisseau. Plus en amont, il se découvre pour traverser les quartiers industriels. Rien n’a été prévu en ce qui concerne l’amont du ruisseau, malgré une usine de batterie qui le pollue à partir de Septèmes. Il a pourtant été désigné comme colonne vertébrale nord de la Trame Verte et Bleue dans le Schéma de Cohérence Territorial. Comment expliquer que l’on remette à jour un ruisseau pour le plaisir des yeux et que l’on ne s’occupe pas de rendre tout son cours accessible ou de la qualité de son eau ?

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A7

RUE LE CHATELIER

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RÉSIDENCES MONTLÉRIC

LA GUILLERMY

CITÉ DE LA VISTE

CIMETIERE

NOYEAU VILLAGEOIS DES AYGALADES

SAVONNERIE DU MIDI

LES CRÉNEAUX

CITÉ DES ARTS DE LA RUE

EPIDE

RUISSEAU DES AYGALADES

DÉCHETTERIES

CITÉ DES AYGALADES HAUTE BASSE

N

100 m

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Les Créneaux

Friche industrielle

La Viste

Talus autoroutier

Friche

Ruisseau des Aygalades

Montléric

Marseille est comme une vaste maison que l’on rénove morceau par morceau : elle a refait le salon et la salle de bain par coquetterie mais devra tout de même un jour s’occuper de la cave où elle a stocké tout ce qui prenait trop de place et la dérangeait.

Ma proposition aura pour but de changer le statut de cette nature présente aux Aygalades, de la rendre qualitative et plus seulement stigmate de l’abandon. Je propose d’améliorer l’image des Aygalades non par le récit du passé mais par celui d’un futur possible. Raconter l’avant c’est montrer que l’après peut être différent.

Bastide de la Guillermy

Talus

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Friche Industrielle

Ancienne industrie

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Friches sèches fauchées

La Viste

Cité des Aygalades

Friches sèches fauchées

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Friche de longue date arborée

La Viste

Montléric

Bastide de la Guillermy

A7

Friche de longue date arborée

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OUVRIR LES AYGALADES

Je m’intéresse à la transformation de ce quartier, à son avenir. « La ville accélère ! » Euroméditerranée 2 promet un changement de l’aval du ruisseau, mais il faudra en passer par le traitement de l’amont. Comment instaurer les conditions d’une ré-invention ?

Chacun à droit à un espace privé, commun ou individuel, un jardin, une cour, une entrée, un pas de porte. Le droit de profiter de l’extérieur pour tous est aussi un enjeu fondamental en méditerranée. Ce qui fait ville c’est de pouvoir être ensemble, une sensation d’appartenance à un même lieu. « Aygalades », c’est le nom d’un village, d’une avenue, d’une cité et d’un ruisseau, il marque une identité commune.

Le ruisseau des Aygalades, ou le Caravelle comme préfère l’appeler Christine Breton (c’est après tout son véritable nom!) est déjà l’objet de questionnements et de désirs. La communauté patrimoniale officialisée par la convention de Faro s’est d’ores et déjà fixée comme objectif majeur de restaurer cet axe de sens.

Étant reconnu localement comme élément identitaire, matérialisation de la mémoire du quartier, il sera donc le point de départ de mon projet, le point d’accroche de la réinvention de ce morceau de ville.

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R-AYGALADES

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La Viste

Montléric

Extension du cimetière

Une Zone Artisanale

Logements

JE VOIS, JE VOIS...

J’ai commencé par me pencher sur les projets en cours qui dévoilent une vision des lieux, une attitude, un futur possible. Les Créneaux ayant été détruit, un ensemble de projets vient remplir la parcelle. Des projets que je n’ai pu m’empêcher de critiquer tant ils font preuve d’une volonté de combler le vallon et d’y déverser le tout venant. Ils répondent à une logique purement foncière.

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La Viste

La Viste

MontléricLa Viste

La Viste

Z.A.

Cité des Aygalades

Logements

Ex t ens i on du cimetière

La Guillermy

Un belvédère pour les morts

Une Zone Artisanale enclavée

Des logements en vis à vis

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GARDER LE MEILLEUR ?

La loi oblige tout d’abord le bailleurs à proposer des relogements sur place. Comme dans l’exemple des Flamants, les logements proposés sont de petites tailles, disposés en rangée qui se regardent en chien de faïence.

L’extension du cimetière sur le talus me paraît étendre encore ce linéaire limitant (puisque un cimetière doit être fermé d’après la loi) tandis que Civic City et Ruedi Baur, par exemple, travaillent sur la traversée de ce talus. Il existe des astuces pour clore sans fermer un cimetière, on peut le diviser en plusieurs partie pour n’en citer qu’une. Soit, mais un élément me gêne encore, la vue depuis ce lieu est si ouverte, si agréable - on trouve d’ailleurs un ensemble de maisons individuelles construites à côté. Pourquoi réserver la vue au cimetière tandis que les habitants sont envoyé au coin en fond de vallon ?

Au bout, on prévoit tout de même quelques jardins partagés et familiaux. Mais maintenant ce n’est plus la vue la priorité, mais l’eau. Pourquoi mettre des jardins tout en haut d’un talus alors qu’en bas coule une rivière ?

L’installation d’une ZA scelle définitivement l’avenir du vallon comme déversoir des activités que le centre urbain ne veut pas accueillir. Elle sera de plus un peu à l’étroit au fond du vallon et fixera le large gabarit automobile de la rue Augustin Roux qui n’est pourtant pas si passante.

J’ai donc réfléchie à quelques propositions en m’affranchissant des règles foncières.

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AA’ Coupe nord/sud du cimetière possible

Un cimetière / parc

AA’BB’

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Bastide de la Guillermy

BB’ Coupe ouest/est du cimetière possible

Talus de Montléric

Plan de principe de végétalisation du cimetière : alterner les rangées plantées et les tombes

RAVIN DE LA MEMOIRE

Le ravin étant déjà celui de la mémoire, mis sous cloche par la présence de l’autoroute, l’espace de la Guillermy est naturellement fermé. On pourrait donc en profiter pour installer le cimetière, les morts ne sont pas gêné par le bruit des voitures, qui soit dit en passant n’est pas si insupportable. Régulier, il rappelle plus la mer que les klaxons du centre ville. Ce cimetière pourrait d’autant plus être vécu comme un parc étant donné la végétation déjà existante. Je propose ici quelques exemples de végétalisation du cimetière en lui même. La Guillermy serait au centre de quelque chose, se confondant dans ce lieu de l’intemporel.

PROPOSITIONS

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Bastide de la Guillermy

La Viste

Grotte des Carmes

Cascades

Montléric

A7

La Zone Artisanale

Rue le Chatelier

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Structurer les entreprises par le végétal et permettre les traversées

La Zone Artisanale

VIVRE ET TRAVAILLER

La ZA pose la question de ces lieux que l’on ne veut pas voir. Une trame végétale et la présence de différents niveaux de terrassements serait parfait pour son implantation. Elle sera plus proche de la rue le Chatelier, axe majeur déjà calibré pour une forte circulation et permettra de dégager la rue Augustin Roux des nombreux camions.

Ruisseau des Aygalades

Avenue des Aygalades

Allée EntreprisesHabitat

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Habitat dans la pente

Habitat dans le vallon

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Habitat dans la pente

La Viste

Habitat dans le vallon

Cité des Aygalades

LES CONDITIONS DU VIVRE ENSEMBLE

Dans cette situation le talus devient un parfait belvédère pour les habitations. L’A7 ouvre une vue sur toute la ville. Les logements peuvent être implanté de façon a ce que chacun profite de la vue, conservant cet atout des grands ensembles, tout en développant des logements plus petits, avec moins de voisins. Comme les systèmes de terrasses on peut même imaginer que les toits participent à la vie, devenant des espaces extérieurs quasi individuels.

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Cascades

Travail de la roche

Dessin d’une géographie

Méandres

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AU RYTHME DE L’EAU

Mais vivre ensemble implique aussi de circuler, de pouvoir se retrouver. Notre ruisseau reste pour l’instant une fracture. Il a modelé le ravin et son rythme, sa rencontre avec la topographie a créé différents espaces comme des cascades, des berges et un couvert végétal majestueux.

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Rencontre avec les usages

D’un bras de fer à une rencontre

Route +

Trottoir =

Passage piéton

Sentier +

Eau =

Passerelle

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UN LIEU DE VIE

Il a créé les ambiances et je m’en suis inspiré. La rencontre entre des linéaire n’est pas toujours égale. Elle ressemble parfois à un bras de fer ou le plus fort des deux écrase le plus faible et parfois elle crée autre chose ou les deux se mêlent. La rencontre des usages et de l’habitat avec le ruisseau et la nature peut créer quelque chose de profitable aux deux : élargir le lit des Aygalades, laisser le cours d’eau respirer et en faire un espace de flânerie ou de rencontre pour les habitants. La flânerie, la vacance, la gratuité qui manque tant à ces lieux construits à la va-vite. Certes dans ces lieux à fort taux de chômage, l’ennui et l’économie souterraine qui occupe les lieux sont source de violence. Mais ce n’est pas à l’espace de régler ce problème et encore moins pas la seule interdiction. L’empêchement est un outil de non-projet.

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Situation actuelle : Recouvrir

Proposition : Marquer le passage

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TRAVERSER UN COURS D’EAU

Je prends l’exemple du pont de la Traverse du Cimetière, c’est aujourd’hui une route ni plus ni moins, ce pourrait simplement être une passerelle, en profitant pour faire une place au piéton et marquer le passage du ruisseau, élément de repère au même titre que l’A7.

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Ruisseau AlléeJardins

Allée traversante vers le ruisseau

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Cité des AygaladesAv. des Aygalades

TRAVERSER DES AMBIANCES

Cette trame permet aussi de relier des parcelles isolées comme la Cité des Aygalades. La partie basse étant déjà isolée du reste de la cité.

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Le ruisseau vécu comme une barrière

Ruisseau Entreprises

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LA PLACE DU VÉGÉTAL : D’ISOLANT À VALEUR AJOUTÉE

Le ruisseau et sa ripisylve sont pour l’instant contraint entre des entreprises. Abandonnés au bord de l’eau, de grands platanes sont envahi par le lierre. Les parties les plus hautes des talus sont entretenues par les entreprises, simplement fauchées pour limiter le risque incendie.

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Un dégradé d’espaces publics

SE RASSEMBLER OU S’ISOLER

Autour de ce cours d’eau, on pourrait jardiner (il y a de l’eau autant en profiter), se promener, jouer au foot ou juste passer. La végétation serait entretenue pour renforcer les talus redessinés, faire de l’ombre et profiter de la fraîcheur et de la lumière en hiver (les arbres perdant leurs feuilles).

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Eclaircir tout en conservant quelques grands sujets de façon à permettre le renouvellement du peuplement et le jardinage.

LES JARDINS PARTAGÉS

Sélection de plantes pour consolider les talus. (Saules, iris, carex...)

Eclaircir tout en conservant quelques grands sujets pour faire de l’ombre à l’allée principale.

LES ALLÉES

LE RUISSEAU

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POURQUOI PAS ?

« - Pourquoi comme ça et pas comme d’habitude ? - Et pourquoi pas ? Les habitudes ne sont pas toutes bonnes, certaines sont juste de la fainéantise. »

Lasse de la prédominance du discours sur le fond, voir sur la forme, présent dans tous les domaines (artistiques, commerciaux...), et pourtant tellement passionnée de belles histoires, j’ai voulu raconter ce diplôme de la façon la plus juste, la plus proche possible de ce que j’ai vécu.

J’ai retrouvé dans l’une de mes premières notes d’intentions ces questionnements pêle-mêle : Comment éviter l’ennui et les automatismes ? Comment redécouvrir la ville et la raconter ? Comment me dépayser ? Quel projet serait le fruit d’une rencontre avec le site ? Qu’est-ce qu’être juste ?Ils restent tous d’actualité en cette fin de voyage et j’entrevois quelques pistes de réponses que voici.

APPRIVOISER LES LIEUX

Christine Breton parle « de prendre le site à bras le corps, de le porter, de prendre charge son histoire... ». Tant d’expressions actives et signes d’un profond investissement, d’une volonté de partager ses connaissances mais surtout son émotion au sujet des quartiers nord. Être là, c’est ce qui importe. Apprendre, rester ouvert, accepter les perturbations et les remises en question, s’astreindre à une connaissance du territoire, autant d’attitudes qui permettent d’aborder le site de façon éthique. Mais comprendre le site, n’est pas encore suffisant pour échanger avec les lieux. C’est d’ailleurs ce qui me déplais dans la méthode du diagnostique classique, qui s’acharne à extraire les données, à mener un interrogatoire musclé du site jusqu’à tout savoir sans forcément en proposer une lecture ou lui rendre la pareille. A travers les récits et cartographies, j’ai voulu poursuivre l’investissement des arpentages du site même derrière mon bureau. Rester en action sans pour autant me disperser. Le digérer lentement.

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ÊTRE JUSTE ?

J’ai parlé d’inventer une innocence et j’apprécie toujours autant la pertinence de ce terme employé par Michel Onfray. J’en propose une définition relative à cette expérience de paysage : se faire sa propre image. Ce qui suppose de ne pas tenter de changer celle que l’on en a au préalable mais d’en construire une nouvelle. D’aller sur place, de regarder, d’être attentif et naïf dans un certain sens. Ce qui nous mène à l’étape suivante : se faire son opinion. Une image est un premier pas mais ça reste une image, une carte postale un peu frivole. L’opinion se forge dans le temps, à force de rencontres, de buttées et d’erreurs. Ces longs récits et ces cartes vont à l’encontre d’un esprit synthétique, qui m’est par ailleurs très cher, mais à dessein. Ils matérialisent une temporalité, celle de la marche, de la mémoire, du récit.

AIMEZ LE SITE, IL VOUS LE RENDRA BIEN

Tout ça pour mettre en évidence ce qui est déjà là, en utilisant des moyens de représentation qui sont les miens, souvenirs des Aygalades. Transmettre ces paysages désirés autant que ces possibles en montre une autre facette, une histoire secrète. Un premier pas vers une reconnaissance et une transformation, espérons-le, positive.

TROUVER SA PLACE

Ce diplôme n’a jamais eu pour objectif de ressembler à une commande réelle, d’être un pré-travail d’agence ni un travail de recherche, c’est le fruit d’un intérêt pour un lieu et d’une réflexion au fil du temps et des envies. Une démonstration de ce que peut produire une démarche de projet atypique pour des lieux qui n’ont plus d’autres choix.

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BIBLIOGRAPHIE

Le dépaysement de Jean-Christophe Bailly.

Théorie du voyage de Michel Onfray.

L’art de marcher de Rebecca Solnit.

La France sensible et Éloge de la lenteur de Pierre Sansot.

Les villes invisibles de Italo Calvino.

Paysages en devenir sous la direction de F. Costa et D. Méaux.

Projet urbain de David Mangin et Philippe Panerai.

Nouveau portrait de la France de Jean Viard.

Des mots de paysage et de jardin de Pierre Donadieu et E. Mazas

Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement sous la direction de Pierre Merlin et Françoise Choay.

Les Récits d’hospitalités d’Hôtel du Nord :

La ville perchée, Christine Breton, Martine Derain

& Zohra Adda Attou

Sous l’Étoile, Christine Breton et Giuseppe Caccavale

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REMERCIEMENTS

Merci aux membres de mon jury :

à Rémi Duthoit pour son enthousiasme et sa confiance absolue,

à Christine Breton pour toute la matière apportée et son travail

remarquable,

à Julien Rodriguez pour avoir été présent dans des moments clés,

à Jean-Luc Brisson pour sa présence au cours de ces quatre

années, son discours toujours pertinent et son laisser faire,

à Jean-Bernard Martel pour sa participation au jury et un stage

dans un environnement incroyable.

Merci aux copains et plus particulièrement à :

Val et Dodo mes accolites d’APR et autres actvités plus détendues,

Élodie pour sa bonne humeur qui illumine les journées pénibles,

Charlotte pour son écoute, ses conseils et ses chansons!

[email protected]

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J’ai profité de ce dernier travail d’école, et de toute la liberté que cela implique, pour mettre à l’essai une méthode de projet qui m’a toujours séduite, menant ce diplôme comme un récit. Comme la pensée, la narration se construit par fragments et de façon non linéaire, se déformant au fil des réécritures et des intuitions. J’ai commencé sans trop savoir qui serait le personnage principal, n’ayant qu’une vague indication de lieu et me refusant de connaître la fin de l’histoire avant de l’avoir écrite. J’ai choisi comme terrain d’expérimentation le quartier des Aygalades dans le nord de Marseille. Cette moitié de ville stigmatisée nécessite un nouveau regard pour se transformer sans disparaître, dans une « ville qui accélère » (slogan de la Capitale de la Culture) quitte à s’oublier.

Quand on parle des quartiers nord de Marseille, une image s’impose : des barres d’habitations hors d’échelles entourées d’un vaste rien sans vie. Ces barres sont peut-être nées du tabula rasa, le sol n’en a pas moins une histoire. Comprendre et raconter ces lieux pour éviter les raccourcis néfastes a constitué la première partie de ce diplôme de fin d’étude. À travers l’analyse de la fabrication de ces paysages urbains ainsi que le récit des lieux tels qu’ils sont vécus et perçus, une image du quartier des Aygalades apparaît. J’ai constitué un carnet de voyages qui m’a servi de base de travail, d’analyse du site comme de pistes de projet. Chaque visite du quartier y a été retranscrite en texte, consignant sur le papier les informations recueillies au gré des rencontres lors de mes marches (conservatrice honoraire du patrimoine, habitants, aménageurs...). Une carte dessinée vient illustrer chaque récit, comme une autre forme d’écriture décrivant l’espace.

Au cours de cette histoire, je me suis aperçue que ces lieux souffraient avant tout du profond désintérêt des uns et de l’incrédulité des autres. J’ai rencontré des projets et un fleuve oublié sur mon passage, et les ai retravaillés pour donner une vision cohérente du site, me dégageant d’une logique purement foncière. Mettre ce paysage en désir est une première étape dans la reconnaissance du patrimoine de ce quartier et dans son évolution.

Juliette LOQUET TPFE 2013 - ENSP Marseille Encadrée par Rémi DUTHOIT

rR-AYGALADES