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“Développement des compétences, employabilité, productivité” 28 janvier 2009 Richard Walther, AFD R. Walther ITCILO Turin Janvier 2009

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“Développement des compétences, employabilité, productivité”

28 janvier 2009

Richard Walther, AFD

R. Walther ITCILO Turin Janvier 2009

R. Walther ITCILO Turin Janvier 2009

Les sources de la présentation

• Une étude sur « La formation professionnelle en secteur informel » dans sept pays d’Afrique (Afrique du Sud, Angola, Benin, Cameroun, Ethiopie, Mali, Maroc, Sénégal)

• Une étude sur « Les nouvelles formes d’apprentissage en Afrique de l’ouest » et « Les dispositifs alternatifs de formation professionnelle post-primaire au Cameroun, Mali et Maroc »

• Le rapport de l’ADEA sur : « Emploi des jeunes et monde du travail: quel développement des compétences? »

• L’étude « Les perspectives économiques en Afrique » de l’OCDE/BAfD

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Le sommaire de la présentation

• Les principaux constats concernant la situation actuelle

• Les voies et moyens d’accroître l’employabilité et la productivité

• Vers un nouveau paradigme du développement des compétences et de la formation professionnelle

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Une question de vocabulaire

• Développement des compétences = EFTP? • L’EFTP: « les aspects du processus éducatif qui, en plus

d’une instruction générale, impliquent l’étude des techniques et des sciences connexes et l’acquisition de capacités pratiques, d’attitudes, d’une compréhension et de connaissances en rapport avec les professions des divers secteurs de la vie économique et sociale » (UNESCO/BIT, 2001)

• Il existe dans les faits une distinction très nette entre ET et FP qui influe sur le concept de développement des compétences

• Employabilité et productivité: quel sens de ces concepts dans des économies qui sont massivement des économies informelles?

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Les principaux constats 1. La difficile entrée des jeunes dans le

monde du travail

• Les jeunes africains: 36,9% de la population active, 59,5% de la population au chômage

• 55% des chômeurs sont des primo-demandeurs d’emploi

• Les jeunes occupent 65% de l’emploi en monde rural

• Les jeunes sont les premières victimes du sous emploi visible et invisible

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Les principaux constats 2. Cette entrée passe obligatoirement par le

secteur informel

• L’économie informelle représente 90% des emplois au Bénin, Mali, Cameroun, Ethiopie, Sénégal…

• Elle fournit 75% des emplois en Angola et en Côte d’Ivoire et 50% en Afrique du Nord

• Elle dépasse largement le continent africain (entre 47 et 84% en Amérique Latine et 90% en Inde)

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Les principaux constats 3. L’insertion dans l’activité est d’autant plus

rapide que le jeune est moins qualifié

Niveau d’instruction

Non scolarisé

Primaire

Secondaire général 1er cycleSecondairegénéral2ème cycleSecondaire technique

1er cycleSecondaire technique 2ème cycleSupérieur

Urbain RuralHommes

Femmes

Hommes FemmesCameroun

3,6 2,3 0,3 0,2

0,5

7 8,6 2 1,5 3,1

9,8 17,2 1,3 4,4 7,3

9,8 22 3,2 4,6 10,7

11,9 12,4 5,6 1,8 8,5

12,2

19,5 1,3 0,8 11,8

9,3 19,4 11,5 40,4 13,4

Sources INS Cameroun, EESI, 2005, Phase 1

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Les principaux constats4. L’EFTP occupe une place mineure dans

les systèmes d’éducation

• A 12/13 ans, plus de la moitié des jeunes sont, en moyenne, hors de tout système scolaire

• 50% des jeunes sont illettrés• Seule une faible minorité du secondaire, soit en

moyenne 5%, suit l’EFTP (18,6% en moyenne dans les pays de l’OCDE)

• Entre 60 et 80% des jeunes acquièrent leurs compétences dans l’apprentissage traditionnel (BM)

• 60% des jeunes en fin de premier cycle de l’ES entrent dans l’apprentissage traditionnel (BM)

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Les principaux constats4. L’EFTP occupe une place mineure dans

les systèmes d’éducation

• La majorité des dispositifs formels sont obsolètes et inadaptés aux technologies et à la demande économique: – sous-financement– sous-équipement– peu sinon pas de contact avec le monde professionnel

• L’EFTP a une image négative: – ne donne pas accès à des emplois considérés – constitue la voie de garage des élèves en échec dans

l’enseignement général

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Les principaux constatsLa faiblesse des dispositifs (selon l’enquête AFD

sur l’itinéraire du jeune africain)

• les difficultés de trouver un lieu de stage• le peu d’accès, dans les établissements

existants, à des formations adéquates• le manque de dispositifs de formation

pour acquérir les compétences nécessaires

• l’absence d’une formation pratique dans l’enseignement formel

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Les principaux constatsL’inadéquation école/monde du travail selon

l’enquête sur l’itinéraire du jeune africain

• 50% des jeunes leaders, – dont 82% ont achevé avec succès leur scolarité

secondaire– dont 60% ont obtenu un diplôme de l’enseignement

supérieur, ont acquis leurs compétences

professionnelles par une formation sur le tas

• 75% d’entre eux ont eu recours à des formations courtes ou à de l’apprentissage pour arriver à entrer sur le marché du travail

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Les principaux constatsLe niveau éducatif est un gage d’employabilité et

de productivité une fois que les jeunes sont insérés

• Les personnes non scolarisées gagnent légèrement moins que celles qui ont un niveau d’éducation primaire

• Le revenu est multiplié par 2 pour une personne ayant fait des études secondaires

• Le revenu est multiplié par 5 pour une personne ayant fait des études supérieures

Données AFRISTAT, Enquête dans les capitales de l’Afrique de l’Ouest, 2005

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Vers plus d’employabilité et la compétitivité

1. Inscrire le développement des compétences dans une stratégie de développement national• De plus en plus de pays inscrivent le développement des

compétences au cœur de leur politique de développements (Rwanda, Mali, Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Afrique du Sud…)

• Des pays sont en train de réformer l’ensemble de leur dispositif EFTP: Ethiopie, Afrique du Sud, Ouganda, Namibie, Maroc…

• Les conditions de la réussite:– faire un diagnostic précis de la situation et des mutations

socio-économiques – mettre en place des politiques nationales cohérentes de

formation, négociées avec l’ensemble des partenaires concernés

– mettre en place des moyens de suivi/évaluation

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Vers plus d’employabilité et la compétitivité

1. Inscrire le développement des compétences dans une stratégie de développement national: le cas

spécifique du Maroc• Il fait réaliser, en 2005, une étude diagnostique sur les

perspectives de développement de l’économie marocaine (Plan, Emergence)

• En fonction des résultats de l’étude il a déterminé des secteurs et des métiers porteurs : les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme, du textile/habillement, du BTP, des TIC, de l’industrie des équipements aéronautiques et automobiles…

• La stratégie économique a débouché sur un plan d’action de formation professionnelle au titre 2008-2012 fixant les compétences à développer, les modes de formation à privilégier (formation alternée et par apprentissage) ainsi que la réingénierie de l’ensemble du système de la formation professionnelle selon l’APC

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Vers plus d’employabilité et la compétitivité

2. Inscrire le développement des compétences dans le développement local

• Le transfert des responsabilités aux territoires est une réalité politique (décentralisation)

• Il est le seul moyen de répondre aux besoins de compétences des jeunes en milieu rural (entre 60% et 80% dans la plupart des pays) et de stopper sinon de ralentir leur émigration vers les villes

• Il appelle un travail en travail en profondeur sur le lien entre économie locale, dynamisation des emplois/activité et attractivité des territoires

• Quelques exemples significatifs: le Congo (RAC), le Bénin (Centre des métiers) le Sénégal et l’Ouganda (professionnalisation de l’enseignement général), le Cameroun (formation aux métiers de l’espace rural), l’Ethiopie (formation aux travaux d’intérêt public locaux)…

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Vers plus d’’employabilité et la compétitivité

2. Inscrire le développement des compétences dans le développement local: l’insertion par l’activité

économique (IAE) de la Côte d’Ivoire• L’ancrage de l’insertion des jeunes dans la dynamique du

développement socio-économique local : le plan local d’insertion des jeunes ou PLIF

• La réalisation de cette insertion par la mobilisation et l’implication de l’ensemble des acteurs locaux : élus, entreprises formelles et informelles, associations, jeunes, population dans son ensemble : le comité local d’insertion des jeunes ou CLIJ ;

• La capacité des différentes collectivités locales et de leurs responsables à initier et conduire des actions et projets au service de l’insertion des jeunes par l’IAE ;

• La montée en qualifications des jeunes dans les emplois/activités existants ou à créer

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Vers plus d’employabilité et la compétitivité

3. Inscrire le développement des compétences dans les métiers et secteurs porteurs

• Le développement des compétences doit permettre de passer d’une économie de la subsistance à une économie de la croissance et du développement

• Ce passage exige une actualisation/redéfinition des métiers existants (exemples de la Tunisie, de l’Afrique de l’ouest dans le cadre des nouvelles formes d’apprentissage…)

• Ce passage exige une promotion/identification des métiers et secteurs à fort potentiel d’avenir (Maroc, Afrique du Sud, Cameroun…)

• Former aux métiers et secteurs porteurs : une projet de recherche de l’AFD

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Vers plus d’employabilité et la compétitivité

4. Valoriser le développement des compétences à l’intérieur du système éducatif

• Il s’agit, pour beaucoup de pays, de sortir du rôle très minoritaire joué actuellement par la formation professionnelle.– volonté d’accueillir 50% des jeunes en formation

professionnelle au Mali et au Cameroun en 2012 (contre 5 et 10% à ce jour)

– multiplication par 6 effectifs éthiopiens et par 4 des effectifs sud-africains entre 2005 et 2015

– progressions significatives prévues au Maroc, Mozambique, Rwanda…

• Il s’agit, suite aux conclusions de la Biennale de Maputo, de : – reconnaître la formation professionnelle comme un dispositif

de réussite professionnelle et sociale (passer du concept de 2ème chance à celui de 1ère chance)

– établir des passerelles horizontales et verticales entre les différents parcours d’éducation et de formation

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Vers plus d’employabilité et la compétitivité

5. Créer un système unifié d’éducation et de formation

• L’analyse des études et enquêtes pays souligne l’émergence d’une diversité de parcours et de dispositifs: – la montée en puissance des parcours d’alphabétisation et de

préprofessionnalisation en direction des jeunes exclus de l’éducation de base (Maroc, Mali, Sénégal, Burkina Faso…)

– l’évolution de l’apprentissage traditionnel vers des formes d’apprentissage dual (Bénin, Togo, Mali, Sénégal, Ghana, Burkina Faso…)

– le développement des diverses formes d’alternance en vue d’assurer une insertion effective dans le monde du travail (tous pays)

– la professionnalisation de l’enseignement général (Sénégal…)• L’avenir est dans la reconnaissance et la valorisation, au

plan national, de la diversité des voies de professionnalisation et de qualifications

R. Walther ITCILO Turin Janvier 2009

Vers plus d’employabilité et la compétitivité

6. Piloter et gérer, de manière partenariale, le développement des compétences

Il s’agit de mettre en œuvre une nouvelle forme de gouvernance ayant pour modalités de :

• conforter « le principe de subsidiarité » (Ouganda, Ethiopie, Bénin, Mali, Côte d’Ivoire…) et faire de l’Etat le régulateur d’un système véritablement décentralisé

• impliquer les organisations professionnelles et les partenaires sociaux à toutes les étapes de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation du développement des compétences (apprentissage dual en Afrique de l’Ouest)

• renforcer le partenariat de travail public/privé au niveau national et local : établissements, autorités locales, organisations professionnelles, chambres de commerces, chambres des métiers…(différents pays)

R. Walther ITCILO Turin Janvier 2009

Vers plus d’employabilité et la compétitivité

7. Investir de manière conséquente dans des politiques soutenables

L’avenir d’un développement efficace des compétences suppose que les pouvoirs publics :

• sortent du sous-investissement actuel dans l’EFTP (entre 2 et 5% des dépenses publiques d’éducation)

• mettent en œuvre des réformes soutenables du point de vue financier

• réorientent les fonds publics vers des parcours de formation efficaces en terme d’insertion professionnelle et de développement économique (formations en alternance et en apprentissage)

• promeuvent des mécanismes et instruments financiers favorisant le cofinancement et la pérennité des moyens mis en œuvre

R. Walther ITCILO Turin Janvier 2009

En conclusion Vers un nouveau paradigme de la formation

professionnelle

• Passer d’un système contrôlé par l’Etat à un système conçu, piloté et évalué de manière partenariale

• Passer d’un système orienté « formation diplôme » à un système orienté « insertion professionnelle et développement économique » et création d’activités entrepreneuriales

• Passer d’un système exclusivement formel à un système intégrant les diverses voies de professionnalisation non formelles et informelles

• Passer d’un ETFP très résidentiel à de véritables filières de formation l’alternance et l’apprentissage (position de l’OIT)

• Passer d’un système basé sur le diplôme à un système basé sur la validation des compétences acquises par tous

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En conclusion Vers un nouveau paradigme de la formation

professionnelle

Système intégré de formation professionnelle/développement des

compétencesUn enseignement technique et une formation

professionnelle ciblés sur les besoins de l’économie et du monde du travail•Apprentissage/Alternance

•Education pré-professionnelle non formelle…En réponse à l’exigence d’équité et aux besoins de professionnaliser les publics les plus fragiles

Pilotage partenarialPartenariat public/privé

Cadre national de qualifications

En réponse aux besoins du développement local et

sectoriel, dont le développement rural