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Un Peuple - Un But – Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE DES FINANCES ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET DES
POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES ETUDES ECONOMIQUES
NOTE METHODOLOGIQUE D’ELABORATION D’UN INDICATEUR
SYNTHETIQUE DU CLIMAT DES AFFAIRES
@DGPPE/DPEE/DSC Avril 2015
DPEE, 78 bis Sacré cœur 3 Pyrotechnique,
Tél : 338249265 ; Fax : 338253332 ; site web : www.dpee.sn
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Table des matières
I. PRESENTATION DE L’INDICE ..................................................................................... 3
II. BREVE REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES INDICATEURS
SYNTHETIQUES DE CONJONCTURE .................................................................................. 3
III. METHODOLOGIE ......................................................................................................... 6
III.1 Calcul des soldes d’opinion ........................................................................................ 6
III.2 Définition d’un système de pondération et calcul de l’ISCA ..................................... 6
1. premier niveau : solde d’opinion pour une question q donnée ............................... 7
2. deuxième niveau : agrégation des soldes d’opinion dans la strate j ....................... 7
3. troisième niveau : agrégation des indices des différentes strates ............................ 7
IV. PRATIQUES INTERNATIONALES ............................................................................. 8
V. ANNEXE : Résultats obtenus au premier trimestre 2015 ................................................. 9
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I. PRESENTATION DE L’INDICE
La Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) mène depuis 2007 une
enquête mensuelle d’opinion sur la conjoncture économique auprès des chefs d’entreprises.
Cette enquête a pour objectif d’appréhender rapidement et simplement les évolutions
récentes et attendues de l’activité économique. Toutefois, compte tenu de la quantité
d’informations collectées, il convient de la résumer en une variable unique afin d’améliorer
l’interprétation. Ainsi, la DPEE a élaboré un indicateur synthétique du climat des affaires
(ISCA) en vue de faciliter le diagnostic conjoncturel.
En clair, il s’agit de quantifier la perception de la conjoncture économique par les chefs
d’entreprise en résumant, en une variable unique, l’information contenue dans les différents
soldes d’opinion obtenus à travers les secteurs d’activité couverts par l’enquête. L’indicateur
résumé s’interprétera comme une mesure du climat des affaires tel que perçu par les chefs
d’entreprises.
II. BREVE REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES INDICATEURS SYNTHETIQUES DE CONJONCTURE
o Méthode appliquée par L'Association Suisse pour l'Approvisionnement et l'Achat (ASAA)
L’Association Suisse pour l’Approvisionnement et l’Achat et le Crédit Suisse ont
conjointement élaboré un indicateur composite du climat des affaires (Purchasing Managers
Index) basé sur les soldes d’opinion d’une enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie
suisse. Le PMI est obtenu par pondération de cinq indices dans les proportions suivantes :
carnets de commande (0,3), production (0,25), emploi (0,2), délais de livraison (0,15) et stocks
de matières premières (0,1). Cet indicateur a été critiqué sur la détermination, presque
arbitraire, des pondérations relatives aux soldes d’opinion qui le composent.
o Méthode utilisée par la Banque Nationale de Belgique
La Banque nationale de Belgique publie également un indicateur synthétique, « l’indicateur
de confiance des chefs de ménages belges », sur des soldes d’opinion issus d’une enquête
mensuelle de conjoncture dans l’industrie manufacturière, la construction, le commerce et les
services. A ce niveau, la démarche adoptée est de calculer une moyenne arithmétique simple
des soldes d’opinion corrigés des variations saisonnières, pondérés et agrégés pour les
principales branches d’activité.
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o Méthode de Doz et Lenglart
Doz et Lenglart (1999) ont construit un indice mensuel du climat dans l’industrie
manufacturière en synthétisant, dans un nombre plus limité de variables sous jacentes,
l’information commune contenue dans plusieurs variables.
L’analyse statistique s’effectue dans le cadre des modèles factoriels dynamiques. Un petit
nombre de variables temporelles inobservées expliquent linéairement les variables observées.
Ces variables cachées appelées facteurs expliquent la corrélation entre séries temporelles
observées.
= + …+ +
… = …
= + …+ +
La composante représente la part de non expliquée par les facteurs communs. Elle
est supposée non corrélée avec et est appelée composante spécifique de la variable .
L’estimation de ces modèles passe par deux étapes :
D’abord le test de sélection du nombre de facteurs communs pertinents ;
Puis, l’estimation des paramètres du modèle par la méthode dynamique ou la
méthode statique.
L’avantage de la méthode de Doz et Lenglart est qu’elle a un fondement scientifique
rigoureux. La démarche est bien structurée et permet de juger la qualité des résultats obtenus.
La principale critique à la méthode est qu’elle ne peut conduire à un seul indicateur que si les
données sont fortement corrélées. Aussi, sa mise en œuvre requiert l’utilisation de logiciels
statistiques pour faire l’analyse factorielle, les régressions et les tests d’hypothèses.
o Méthode employée par la banque de France
La Banque de France publie, depuis février 2000 dans son bulletin et dans la note d’analyse
des résultats de l’enquête mensuelle de conjoncture, un indicateur dénommé « Indicateur
Synthétique Mensuel de l’Activité de la banque de France (ISMA)». Il s’agit d’un instrument
de projection de l’activité, à fréquence mensuelle.
Cette méthode repose sur une analyse en composantes principales (ACP) qui résume
l’information contenue de façon diffuse dans les variables de l’enquête de conjoncture. Dans
un second temps, des étalonnages sont effectués entre le taux de croissance du PIB, en
variation trimestrielle, et les facteurs issus de l’ACP.
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Pour réaliser l’ACP, les séries d’une vingtaine d’années, portant sur l’évolution de l’activité du
secteur industriel dans sa globalité et de deux branches spécifiques, indicateurs précurseurs de
l’activité (les biens d’équipement et les biens intermédiaires), ont été désaisonnalisées.
Après l’ACP, les facteurs ont reflété :
l’évolution passée et attendue de l’activité ;
l’évolution des prix (produits finis, matières premières) ;
les inflexions défavorables de la conjoncture (axe négativement lié aux soldes d’opinion
correspondant aux variations ultérieures des carnets de commande et de la
production) ;
l’état des stocks actuels et futurs et ;
l’évolution prochaine de l’offre.
Une série de régressions du taux de croissance du PIB, sur les différents facteurs obtenus, a
été ensuite effectuée. Quatre équations sont retenues vue la périodicité du PIB disponible au
titre des comptes trimestriels : une équation de prévision différente correspond à chaque mois
de chaque trimestre et une estimation supplémentaire est, en outre, disponible pour prévoir le
taux de croissance du trimestre suivant.
Ainsi, quatre prévisions différentes de la variation du PIB sont effectuées par trimestre,
chacune d’elle donnant une estimation de la variation trimestrielle anticipée du PIB.
L’estimation réalisée au cours d’un mois est révisée le mois suivant.
Les techniques utilisées pour construire l’ISMA sont relativement simples (ACP et techniques
de régression). Aussi, une grande partie de l’information contenue dans les variables d’enquête
est prise en compte.
Les contraintes de la méthode sont principalement liées au fait que le nombre de facteurs
significatifs issus de l’ACP est important lorsque les données utilisées sont peu corrélées, ce
qui peut entraîner l’exclusion de facteurs pertinents et, par suite, une perte d’information.
Une méthode similaire est utilisée par la Caisse des Dépôts et Consignations française (CDC)
pour construire un indicateur avancé de conjoncture, puis reprise par la Direction de la
Politique Economique Générale au Maroc dans un « essai de mise en place d’un indicateur
synthétique de conjoncture ».
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III. METHODOLOGIE
Chacune des méthodes de construction d'indicateurs synthétiques de conjoncture exposées
ci-dessus présente des avantages, mais aussi quelques inconvénients. Au regard de notre
présent champ d’action qui est la perception de l’évolution du climat des affaires, la démarche
proposée dans ce document s’inspire des travaux de l’INSEE mais aussi de l’ASAA. Elle a
l’avantage de prendre en compte les poids des différents secteurs de l’économie, d’une part, et
les poids des entreprises dans leurs secteurs d’activité, d’autre part. La mise en œuvre est
également relativement simple.
III.1 Calcul des soldes d’opinion
L’ISCA est construit sur la base d’un échantillon de 95 entreprises réparties en quatre
strates (secteurs d’activité) comme l’indique le tableau ci-dessous :
Tableau 1 : Composition de l’échantillon
STRATES NOMBRE D’ENTREPRISES
Industrie 39
BTP 8
Commerce 18
Services 30
Les questions abordées dans l’enquête d’opinion sur la conjoncture sont trichotomiques
(hausse, stabilité et baisse) et portent en général sur le passé récent et le futur proche. Les
variables ciblées sont l’activité, la production, le chiffre d’affaires, les stocks de produits finis,
les commandes, les tarifs des prestations et l’emploi de la main d’œuvre.
Par définition, un solde d’opinion est la différence entre la proportion des entreprises ayant
exprimé une opinion positive (hausse) et celle des entreprises ayant exprimé une opinion
négative (baisse).
Solde= % réponses positives - % réponses négatives
III.2 Définition d’un système de pondération et calcul de l’ISCA
Afin de tenir compte du poids de chaque entreprise dans l’activité d’une branche ou d’une
sous branche, il est important de définir un système de pondération dans le calcul des soldes
d’opinion. Trois niveaux de pondération sont retenus dans le calcul de l’ISCA :
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1. premier niveau : solde d’opinion pour une question q donnée
Soit nj le nombre d’entreprises de la strate j (j= industrie, btp, services, commerce) et Sq le
solde d’opinion lié à une question q donnée.
=
+
avec =
et
= 1
= poids de l’entreprise i dans la strate j
=chiffre d’affaires de l’entreprise i dans la strate j
= *100 si l’entreprise a exprimé une opinion positive (hausse)
= *100 si l’entreprise a exprimé une opinion négative (baisse)
2. deuxième niveau : agrégation des soldes d’opinion dans la strate j
Soit Ij l’indice de la strate j. A défaut d’avoir des informations sur l’importance relative de
chacune des questions de base, les soldes sont équipondérés. Par conséquent, l’indice de
la strate j devient une moyenne arithmétique simple des soldes d’opinion relatifs aux
différentes questions q.
Ij =
, avec le nombre de questions posées aux entreprises de la strate j.
3. troisième niveau : agrégation des indices des différentes strates
L’indice global s’obtient comme suit : Ig = , avec
désigne le poids de la strate j (avec j= industrie, btp, services, commerce). Les sont
fournis par les comptes nationaux afin de refléter au mieux la structure de l’économie.
Par ailleurs, pour faciliter les comparaisons, l’indice Ig est centré et réduit : I=
, avec
la moyenne de Ig et sont écart-type.
Au final, l’ISCA est obtenu en faisant la transformation suivante :
ISCA = 10* I + 100.
Cette transformation permet d’interpréter plus facilement l’indicateur. Ainsi, si sa valeur est
inférieure à 100 alors le climat des affaires serait défavorable car inférieur à sa moyenne de
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long terme. Dans le cas contraire (indicateur > 100), le climat des affaires serait favorable.
En somme, plus la valeur de l’ISCA est élevée, plus les jugements sont favorables sur le
climat des affaires.
IV. PRATIQUES INTERNATIONALES
Les enquêtes de conjoncture sont une pièce maitresse du système d’information économique
d’un pays. Ainsi, plusieurs pays à travers le monde utilisent les résultats de ces enquêtes
pour calculer des indicateurs (indicateur du climat des affaires, indicateur de retournement,
etc.) servant à faciliter le diagnostic conjoncturel.
Tableau 2 : Exemples de pays pratiquant des enquêtes de conjoncture
Pays Date de début
Périodicité Taille de
l'échantillon
Nombre de variables dans
l'indice synthétique
France 1976 mensuelle 4000 6
Suisse 1995 mensuelle 200 8
Italie 2002 mensuelle 4000 6
Maroc 2003 trimestrielle 400 9
Japon 1957 trimestrielle 10000 7
Canada 1994 trimestrielle 4000 6
Sénégal 2015 mensuelle 95 7
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V. ANNEXE : Résultats obtenus au premier trimestre 2015
Le climat des affaires s’est légèrement dégradé au premier trimestre 2015, comparativement
au dernier trimestre de 2014. En effet, l’indicateur qui le synthétise, calculé sur la base des
opinions des chefs d’entreprises de l’industrie, des BTP, du commerce et des services a baissé
(- 2 points) sur la période. Il est également en dessous de sa moyenne de long terme. Au
niveau sectoriel, l’indice du climat des affaires a gagné quatre (4) points dans l’industrie et
vingt quatre (24) points dans les BTP, comparativement au trimestre précédent. Par contre,
des pertes respectives de vingt trois (23) et douze (12) points sont notées dans les services et
le commerce sur la période sous revue.
Au premier trimestre 2015, les industriels interrogés sur les facteurs qui limitent le
développement de leurs activités ont, pour la plupart, évoqué la concurrence supposée
déloyale (22%) et le non recouvrement des créances (13%). Par ailleurs, le solde d’opinion
correspondant aux carnets de commandes s’est amélioré par rapport au quatrième trimestre
2014 et s’est situé au-dessus de sa moyenne de longue période. Pour sa part, la production
resterait proche de son niveau moyen et les industriels sont plus nombreux qu’au trimestre
précédent à indiquer une baisse des stocks de produits finis.
Concernant le sous-secteur des bâtiments et travaux publics, les entrepreneurs ont considéré
les difficultés de recouvrement des créances (42%), la concurrence supposée déloyale (19%) et
la fiscalité (19%) comme les principaux facteurs ayant contraint l’activité durant le premier
trimestre 2015. Néanmoins, l’activité et les carnets de commandes publiques et privées se
sont bien orientés, selon les chefs d’entreprises de BTP, au-dessus de leurs moyennes
respectives de long terme.
Au niveau des services, le non recouvrement des créances (31%), la concurrence supposée
déloyale (21%), la baisse de la demande (15%) et la fiscalité (12%) sont cités comme les
principaux facteurs qui plombent le développement de l’activité. En outre, le chiffre d’affaires
et les tarifs pratiqués ont diminué par rapport à leur niveau du trimestre précédent et sont
inférieurs à la normale de saison. Les carnets de commandes sont restés stables à leur niveau
moyen.
Pour ce qui est de l’activité commerciale, les difficultés de recouvrement des créances (26%)
vis-à-vis de la clientèle, la concurrence supposée déloyale (16%) et l’accès aux crédits (10%)
ont été les principales contraintes durant le premier trimestre 2015. Toutefois, les
commerçants sont plus nombreux qu’au trimestre précédent à juger que les stocks de produits
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finis sont inférieurs à la normale et que le chiffre d’affaires s’est bien orienté. S’agissant des
carnets de commandes, ils se sont situés en deçà de leur niveau moyen.
Tableau: Soldes d’opinion en %
CLIMAT DES AFFAIRES Moyenne 1 T4-2014 T1-2015
Indicateur Synthétique 100 101 99
INDUSTRIE 100 110 114
Production passée 5 6 4
Carnets de commandes -31 -32 -29
Stocks de produits finis 4 10 -3
BTP 100 90 114
Activité passée -12 -20 -3
Carnets de commandes publiques -19 -21 -16
Carnets de commandes privées -8 -26 9
SERVICES 100 110 87
chiffre d'affaires passé 14 23 6
tarifs pratiqués 20 37 3
Carnets de commandes -2 -2 -2
COMMERCE 100 110 98
chiffre d'affaires passé 12 5 19
Stocks de produits finis 7 9 5
Carnets de commandes 20 26 13
Source : DPEE-enquête mensuelle d’opinion sur la conjoncture 1 Moyenne de long terme