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DOCUMENTSAutour du 6 février 1934
PCMLM: Document 5 2 - les 80 ans du 6 février 1934, 2014
PC-SFIC: Pour l'unité d'action antifasciste, 1934
Le PC-SFIC et le front antifasciste en 1934
PC-SFIC: Contre le gouvernement Tardieu, contre le fascisme, 1934
PC-SFIC: Anniversaire des journées de février 1934, 1935
PC-SFIC: Résolution pour l'unité de la classe ouvrière et le développement du Front populaire, 1935
PC-SFIC: Les armements des ligues fascistes, 1935
7e congrès de l'Internationale Communiste : la lutte pour l'unité de la classe ouvrière contre le fascisme, 1935
Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoiste [France]Février 2014
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PCMLM - Document 52 - les 80 ans du 6 février 1934
Le PCMLM salue la mémoire desmasses antifascistes qui se sont levées à la suitedu 6 février 1934 ! Il y a 80 ans, l'extrêmedroitetentait le coup de force à la suite d'unemanifestation devant l'Assemblée nationale, àParis.
Cette manifestation visait à soutenir JeanChiappe, qui venait d'être mis de côté sous lapression des masses populaires : Chiappe était lepréfet de police de Paris et menait depuis 1927une brutale répression contre lesrassemblements communistes.
Cette manifestation rentrait dans lecontexte de la crise générale du capitalisme, oùla bourgeoisie traditionnelle au pouvoirs'effondrait, laissant libre cours à une corruptionmassive, comme en témoignait alors l'affaireStavisky (une affaire de fraude fiscalegigantesque ayant abouti au suicide douteux deSerge Staviski et dans lequel un très grandnombre d'hommes politiques étaient mouillés).L'antiparlementarisme fasciste profitait de cettedécadence du personnel politique traditionnel,notamment socialdémocrate. Cettemanifestation était portée par une extrêmedroite encadrée et armée, profitant même d'automitrailleuses et d'avions ; une partiesignificative de l'armée et de la police étaitlargement acquise à ses idées. Nombreusesfurent les organisations manifestant le 6 février1934 : les Croix de feu,l'Action française et ses« camelots du roi », Jeunesses patriotes,Solidarité française, etc.Cette manifestation a culminé dans une tentativede coup de force, de prise d'assaut del'Assemblée nationale, qui a échoué mais a étémarqué par plus de 1500 personnes blessées, lesfascistes étant partis à l'assaut, parfois mêmedirectement armés.
Mais ce n'est pas la police qui a empêchéle fascisme de prendre le pouvoir – c'est aucontraire le Parti Communiste qui a triomphé
dans cette bataille. C'est un fait que labourgeoisie, aidée en cela des révisionnistesayant trahi le communisme, fait tout pourcacher.Dès le 6 février, les communistes avaientorganisé des contremanifestationsparticulièrement par le biais de l'Associationrépublicaine des anciens combattants dont lesmilitants se sont opposés à plusieurs reprisesaux fascistes – notamment sur le pont Solférinomenant à l'Assemblée nationale. Le lendemaintous les faubourgs de Paris étant en alerte.Alors que le Parti Socialiste renonçait àmanifester le 8 février en raison del'interdiction, le Parti Communiste organisaitune grande manifestation illégale le 9 février.Pendant cinq heures, les communistes se sontaffrontés à la police, dans une dynamiqueantifasciste qui fit que les travailleurs socialistesles rejoignirent. Dix révolutionnaires ont laisséla vie dans cet affrontement.
Le 12 février, à l'appel des communistes,tant le syndicat CGTU (alors proche du PartiCommuniste) que la CGT (alors proche dessocialistes) menèrent la grève générale, 4,5millions de personnes cessant le travail. Lamanifestation dans tout le pays rassembla unmillion de personnes ; 200 000 personnes serassemblèrent également à Paris pour honorer,le 17 février, les révolutionnaires tombés le 9février.Voilà ce qui a empêché le fascisme : unemobilisation populaire à la base, guidée par uneidéologie radicale prête à se confronter avec lesystème capitaliste, une idéologieauthentiquement révolutionnaire : lematérialisme dialectique !
Le Parti Communiste, en tant queSection Française de l'InternationaleCommuniste (SFIC), a pris le commandementde la bataille antifasciste, il s'est lancéhéroïquement dans la bataille, pesant de tout son
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poids idéologique, politique et culturel. Lesmasses ont compris alors la direction exigée parle PCSFIC, et ce dernier les a conduit à lavictoire. Le PCMLM affirme : tel est le cheminnécessaire, tel est le chemin inévitable face aucoup de force qui se profile à l'horizon enFrance, 80 ans après.Seule une initiative forte d'action antifasciste,fondée sur des comités populaires solidementimplantés localement et généralisés dans tout lepays, peut exercer la pression suffisante pourfaire temporairement reculer le fascisme.Seule une action antifasciste authentiquementprogressiste, unifiant les progressistes, peutformer un noyau dur sur un territoire donné,pour organiser la confrontation avec le fascismeet ses tentatives de prendre le contrôle de lasociété.
Il y a 80 ans, la juste initiative du PCSFIC ouvrait la voir à un grand progrès desmasses, à leur unification sur une baseprogressiste, bien que par la suite la directionopportuniste du PCSFIC, Maurice Thorez entête, ait saboté les principes du Front populairepour se mettre à la remorque de la socialdémocratie puis du régime bourgeois« démocratique » luimême. Le PCMLMaffirme en ce sens que le Front populaire a été
une initiative tout à fait juste, que seule sonapplication a été, dans un second temps,opportuniste.Face au trotskysme et à l'anarchisme quihistoriquement rejettent l'antifascisme commefront, face aux anarchistes opportunistes quiprétendent assumer l'antifascisme uniquementpour le mettre à la remorque de la socialdémocratie, le PCMLM affirme le caractèreinévitable de la bataille antifasciste et del'unification des progressistes sur ce terrain,seule voie pour une confrontation authentiqueavec le fascisme.Honneur aux antifascistes tombés lors de la
bataille de février 1934 !Que vive l'exemple du Parti Communiste –
Section Française de l'InternationaleCommuniste comme avantgarde de la
révolution socialiste assumant la batailleantifasciste !
Face aux nouveaux 6 février 1934 qui seprofilent, face aux coups de force et auxcoups d’État, vive la juste résistance des
masses populaires !Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France] Février 2014
PC-SFIC: Pour l'unité d'action antifasciste - 1934
Résolution du Comité central sur les tâches des communistes adoptée le 15 mars 1934
1.Les événements de ces dernières semaines vérifient dans les faits la justesse des résolutions
adoptées par la XIIIe assemblée plénière du Comité exécutif de l'I.C. et par le Comité central danssa session de janvier.
Les événements de cette dernière période soulignent l'accentuation de l'essor révolutionnairedans les pays capitalistes (Autriche Espagne, etc.).
En face du monde capitaliste en pleine crise, l'Union soviétique obtient de nouvellesvictoires dans l'édification du socialisme. « Le mouvement des masses ouvrières et paysannes et dessoldats est en développement et passe à un niveau plus élevé », comme l'ont montré les combats declasse de février en France.
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L'activité du Parti communiste a largement contribué à déclencher l'action des massestravailleuses qui, jeunes en tête, ont riposté magnifiquement aux attaques du fascisme, notammentdans la grande manifestation du 9 février; elles ont réalisé leur front unique d'action auquel s'esttoujours opposé le Parti socialiste.
Cela constitue une victoire de la politique menée inlassablement par notre Parti communiste.
2.Le courant de front unique qui entraîne les ouvriers socialistes souligne qu'à l'intérieur de la
socialdémocratie, contrairement à ce que les opportunistes déclarent et attendent, la crises'approfondit.
De nouvelles couches de prolétaires se tournent vers notre Parti, lui témoignent leurconfiance, et de nombreux ouvriers socialistes voient le salut dans le pouvoir des Soviets, oeuvre duparti bolchévik, pilier essentiel de la IIIe Internationale.
Les communistes doivent repousser toute tentative d'atténuer les responsabilités du partisocialiste, principal soutien social de la bourgeoisie dans le développement du fascisme.
Le Parti socialiste, à l'occasion de son récent conseil national, s'est de nouveau dressé contrele front unique des ouvriers socialistes et communistes. Il tente d'entraîner la classe ouvrièrederrière les « doctrines socialistes» qui ont conduit à leur situation tragique les travailleursd'Allemagne et d'Autriche.
3.Les organisations du Parti doivent porter les coups essentiels au fascisme, au gouvernement
DoumergueTardieuLaval qui en est le fourrier et, naturellement, démasquer la capitulation desgauches.
Une telle orientation de l'activité du Parti aidera à surmonter l'insuffisante rapidité dans lesréactions des organisations du Parti et la passivité qui se sont manifestées à la veille desévénements, pendant et après.
4.La mobilisation du Parti, qui a abouti à la montée d'une vague de front unique d'action
contre le fascisme comme jamais on n'en avait vue en France, a été entravée par les tendancesopportunistes de droite qui se sont manifestées pendant et depuis les événements de février.
Les organisations du Parti, en décuplant les efforts pour réaliser le front unique d'action,repousseront toute politique ayant pour conséquence la réalisation d'un bloc avec le Parti socialisteet corrigeront tous les abandons de principe et glissements sur la plateforme de la socialdémocratie.
5.Tenant compte de l'expérience de ces derniers temps, les comités dirigeants et organisations
du Parti s'emploieront à liquider rapidement les insuffisances dans le travail d'organisation du Parti,surtout pour ce qui est des manifestations dont il faut pouvoir en toutes circonstances assurer lapréparation et la direction.
Les organismes dirigeants du Parti prendront toutes mesures pour pouvoir en toutescirconstances assurer leur tâche de direction, maintenir le contact avec les diverses organisations du
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Parti.La liquidation rapide de toutes nos faiblesses et lenteurs, en ce qui concerne l'organisation
d'une autodéfense de masse, constitue une des tâches décisives du moment dans la préparation de lalutte contre le fascisme et les provocations fascistes.
Le Comité central salue l'exemple des travailleurs communistes, socialistes, sans parti, des20è et 15è arrondissements de Paris qui, par leur autodéfense de masse, ont fait reculer les bandesfascistes.
6.Le Parti doit mettre tout en oeuvre pour assurer la défaite du fascisme. Pour cela, il doit
élargir et consolider les résultats obtenus dans l'application de la tactique du front unique d'action àla base.
Les organisations et membres du Parti doivent se mobiliser pour assurer le succès durassemblement national antifasciste du 20 mai en développant les actions partielles dans lesentreprises, en préparant, par un large travail de front unique auprès des ouvriers socialistes etconfédérés, la grève politique de masse, ce qui constitue une des grandes tâches de l'heure, enmultipliant les luttes partout et en créant des comités de front unique dans les usines et localités.
Le 1er mai, dont les communistes doivent travailler à faire une journée de grève générale etde démonstration de masse hors le signe du front unique d'action, sera une étape importante dans lapréparation du rassemblement national antifasciste.
Dans notre lutte implacable contre le fascisme, nous devons mobiliser les masses pourexiger la libération du chef du Parti Communiste d'Allemagne, le camarade Thaelmann, qu'il nousfaut arracher des mains des bourreaux fascistes comme nous avons arraché Dimitrov.
7.La grève générale du 12 février est une grande démonstration, pour tout le parti et la classe
ouvrière, du rôle énorme des syndicats dans la lutte contre le fascisme et de l'importance de la grèvecomme arme de lutte du prolétariat.
Cela exige un travail systématique de tous les communistes dans les syndicats pour élargir lemouvement gréviste en prenant comme base les revendications immédiates et la lutte contre lefascisme.
Les communistes doivent se préoccuper constamment du renforcement des syndicatsunitaires pour en faire des organisations de masse et travailler à l'organisation et au développementde l'opposition dans les syndicats confédérés et autonomes.
Les communistes soutiennent à fond l'action de la C.G.T.U. pour l'unité syndicale de classeet la constitution de syndicats uniques sur la base d'un programme conforme aux intérêts ouvriers etde la répudiation absolue de la collaboration des classes.
Compte tenu de ces deux conditions, les communistes ne se laissent arrêter par aucunequestion de forme dans leur lutte concrète pour l'unité syndicale.
8.Les organisations du Parti ont pour devoir impérieux, dans le moment présent, alors que le
fascisme fait des efforts exceptionnels pour conquérir la jeunesse travailleuse, de mettre d'urgenceun terme à la négligence particulièrement grave des organisations du Parti en ce qui concerne la
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direction du travail de la jeunesse communiste.Il convient de réaliser enfin la directive ayant trait à la création d'une cellule de la J.C. à côté
de chaque cellule d'entreprise du Parti; de diriger la J.C. dans son travail parmi les organisations demasse de la jeunesse, de l'aider à appliquer la tactique du front unique pour gagner les jeunesouvriers socialistes à la lutte contre le fascisme et de préparer le congrès des jeunes contre lefascisme et la guerre qui se conjugue avec le Rassemblement National Antifasciste.
9.La mobilisation des paysans dans la lutte contre le fascisme demeure le point faible de
l'activité de notre Parti. La question décisive dans le moment présent est de gagner la masse despaysans à la lutte contre le fascisme.
C'est pourquoi toute négligence dans l'organisation du travail à la campagne constitue unefaute d'une gravité exceptionnelle.
Non seulement les organisations du Parti à la campagne ont pour devoir de déployer uneactivité intense en vue d'organiser l'action des paysans pauvres et moyens pour leurs revendications,contre le fascisme et la guerre, mais les ouvriers des villes doivent être entraînés dans le travail deconquête des paysans, en particulier les cheminots, les postiers, ainsi que les instituteurs.
Toutes les liaisons des ouvriers avec la campagne devront être utilisées et des prises decontact entre ouvriers et paysans (descentes à la campagne le dimanche) devront être organisées.Des propositions seront faites par les cellules et rayons aux ouvriers socialistes en vue de réaliser encommun cette importante besogne parmi les paysans.
10.Les communistes doivent être les défenseurs acharnés deséléments des classes moyennes
ruinées par la crise.Ils doivent dénoncer la démagogie fasciste et montrer que les classes moyennes ne peuvent
se défendre qu'en luttant avec les ouvriers sur le front antifasciste.Les organisations du Parti ont pour devoir de lutter contre toute atteinte portée aux droits
acquis des anciens combattants et de mettre tout en oeuvre pour qu'ils réalisent leur actioncommune à la base, contre le gouvernement des pleins pouvoirs qui les menace avec la complicitédes chefs fascistes des organisations d'anciens combattants, à l'intérieur desquelles le travail demasse doit être organisé.
11.L'activité fondamentale des organisations du Parti doit consister à réaliser partout le front
unique de lutte à la base en vue d'entraîner les ouvriers socialistes à la lutte révolutionnaire.Partout, nos organisations doivent prendre l'initiative de l'action, proposer aux ouvriers et sectionssocialistes d'adhérer au Rassemblement National, constituer avec eux des comités dans lesentreprises et les localités.
Là où existent des comités de base isolés, les communistes doivent mener l'action pour queles travailleurs rassemblés dans ces comités adhèrent au Rassemblement National.
La politique du Parti socialiste doit être démasquée devant les ouvriers socialistes etl'ensemble des travailleurs en montrant que le souci du Parti communiste est de rassembler lesmasses dans la lutte vigoureuse dans les villes et les villages contre le gouvernement d'Union
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nationale, des pleins pouvoirs et des décretslois, pour l'arrestation de Tardieu et de Chiappe, contrel'offensive du capital, contre le fascisme et la guerre.
Une des tâches quotidiennes du Parti communiste est de développer au cours de l'action unepropagande inlassable autour de son programme d'action après la prise du pouvoir, montrant ainsil'issue révolutionnaire de la crise aux prolétaires et à l'ensemble des masses travailleuses.
12.La réalisation de ces tâches exige que tout soit mis en action en vue de recruter des
nouveaux adhérents au Parti, de consolider les organisations du Parti à tous les échelons, et enpremier lieu dans les entreprises, de combler rapidement les lacunes d'organisation constatées aucours des derniers événements. Un des instruments essentiels du Parti est l'Humanité, le grandjournal du prolétariat, avec à sa tête le chef révolutionnaire Marcel Cachin.
Le Parti fera tout pour porter encore plus haut le rayonnement de son journal et fera du 30èanniversaire de l'Humanité une vaste campagne de masse. La condition essentielle de la capacitéd'action du Parti communiste dans une période grosse de responsabilités pour lui, réside dans sonunité, dans la mobilisation de tout le Parti pour l'application des décisions du Comité central.
Le Comité central enregistre avec satisfaction que toutes les régions du Parti et la Fédérationde la jeunesse communiste manifestent leur volonté d'appliquer la ligne du Parti, repoussent toutetentative de la modifier et en exigent l'application par tous les membres du Parti.
Avec l'ensemble du Parti, les communistes de la région ParisNord (SaintDenis), fidèles àleurs traditions de lutte contre la bourgeoisie et ses alliés, portent fièrement le drapeau du Particommuniste et repoussent toutes les tentatives d'introduire la contrebande socialdémocrate ettrotskyste dans le Parti que poursuivent les débris du groupe opportuniste sectaire Barbé (Rolland).
Formant un bloc autour de son Comité central, le Parti communiste, qui a subi avec honneurl'épreuve du combat, exige de tous ses membres le dévouement, l'abnégation et la disciplineindispensables afin d'être à même de prendre la direction de vastes batailles de masse qui écraserontle fascisme et nous achemineront vers le pouvoir des Soviets.
Le PC-SFIC et le front antifasciste en 1934
[Extrait de l'historique du Parti Communistefrançais publié sur lesmaterialistes.com, à lapage http://lesmaterialistes.com/parti-communiste-francais-front-populaire.]
Le fascisme était depuis des années déjàl’un des thèmes centraux de la SFIC, et il n’y arien d’étonnant à ce que les progrès du fascismeen France aient été compris, avec une attentiond’autant plus particulière après la victoire nazieen Allemagne. La SFIC s’engage dans uncombat culturel, s’attachant à « étudier etdéceler les particularités » de la situation en
France, « afin de pouvoir combattreefficacement les voies du fascisme en France. »(Maurice Thorez, La situation actuelle en Franceles tâches du Parti Communiste, décembre1933). La SFIC profite également d’un largeavantage sur le Parti Communiste d’Allemagne,pays où avait eu lieu de multiplesinsurrections communistes, écrasées entre autrespar la socialdémocratie. Pareillement, enAutriche les socialistes laisseront vaincre leputsch fasciste en 1934 malgré leur supérioriténumérique et militaire, plutôt que de s’allier auxcommunistes.
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Tel n’est pas le cas en France, ni dans larépublique espagnole, où la base socialisteest moins sous le contrôle de directionssocialistes qui « en retenant les ouvriers del’action révolutionnaire contre l’offensive ducapital et contre le fascisme croissant, jouent lerôle d’un bouclier derrière lequel les fascistesont la possibilité d’organiser leurs forces etfraient la voie à la dictature fasciste. »(Résolution de la douzième assemblée plénièredu comité exécutif de l’InternationaleCommuniste)
L’Internationale socialiste avait ainsirejeté l’appel fait par l’InternationaleCommuniste « pour la lutte commune destravailleurs socialistes et communistes », fait enmars 1933 au moment de la victoire nazie.Pareillement, la SFIO, rejettera, Léon Blum s’enchargeant le 8 mars via un article dans LePopulaire, l’appel de la SFIC fait le 6 mars auxtravailleurs socialistes et à la commissionadministrative permanente de la SFIO pour unelutte commune et l’engagement de cesser toutescritiques contre les organisations socialistesparticipantes.
La SFIC va donc se retrouver seule enpremière ligne face au fascisme. Un fascismefrançais qui, aux yeux de l’écrasante majoritédes historiens français du début du 21ème siècle,n’aurait jamais existé. En pratique, c’estpourtant bien plutôt le contraire qui est vrai, lesfascistes italiens ou même allemands ayantmassivement puisé dans les théoriciens français,autant pour le racisme que pour le culte nationalsyndicaliste de la violence.
Les troupes fascistes sont trèsnombreuses et disposent de multiplesorganisations : Solidarité française et seschemises bleues, l’Action Française et sescamelots du roi (60 000 membres), les JeunessesPatriotes (65 000 membres en 1926, 100 000 en1934) composées d’équipes de cogneurs, laLigue des Patriotes, les Croix de Feu (60 000membres à la fin 1933, 150 000 en 1934, 400000 en 1935)... Les fascistes ontl’habitude du coup de poing, comme le montre
le « cortège national de Jeanne d’Arc »d’avril 1925 qui a lieu malgré l’interdiction etfait 118 policiers et 150 camelots blessés,220 étant arrêtés. Ils pratiquent très largement ladémagogie « anticapitaliste » et mènent desactions « populaires » : assistance sociale,entraide matérielle, soupes populaires, maisonsde convalescence, foyers de jeune, colonies devacances, chorales, groupes de théâtre...
C’est dans cette atmosphère pesante quela SFIC dirige la lutte, la vague degrèves reprenant vigueur, notamment celle desusines Citroën qui dure de la fin mars au 9 mai,avec un comité de grève de 120 représentantsdes travailleurs. De nombreuses marches de lafaim sont organisées par des chômeurs, avecnotamment la grande marche des chômeurs deSaintNazaire sur Nantes et celle de ceux duNord sur Paris.
Les travailleurs socialistes serapprochent parfois des communistes,notamment avec la Fédération socialiste desVosges qui signe un manifeste critiquant le refusde l’unité de la socialdémocratie en Allemagneet en France, ou encore dans le cadre dela grande campagne internationale de soutien aucommuniste bulgare Dimitrov, accusé par lesnazis de l’incendie du Reichstag, et qui serafinalement acquitté.
Une figure du rapprochement entresocialistes et communistes est Jean Zyromsky,fondateur du comité d’action socialiste pourl’Espagne, pays où il ira onze fois entre 1936 et1939 ; il deviendra luimême communiste en1945. A l’été 1933, la tendance représentéepar Zyromsky au sein des socialistes a 300mandats sur 3500 et s’oppose directement aucourant dit « néosocialiste », qui considère queles classes moyennes remplacent la classeouvrière comme protagoniste révolutionnaire.Cette tendance finira dans le camp du fascisme.
C’est avec une large compréhension descontradictions au sein des socialistes que laSFIC lance son « Appel du comité central auxouvriers socialistes », dans l’Humanité du 12novembre 1933 : « Tous ensemble du même
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côté de la barricade, pour défendre notre salaire,pour la diminution de la journée de travail, pourl’allocation de chômage, pour de véritablesassurances sociales, contre le fascisme et laguerre impérialiste, pour la libération de notreclasse. »
L’occasion d’éprouver cette tendance àl’unité va alors arriver à l’« affaire Stavisky »,le suicide du « beau Sacha » le Canardenchaîné de l’époque titra « Stavisky s’estsuicidé d’une balle tirée à 3 mètres. Voilà ce quec’est que d’avoir le bras long » révélantun énorme scandale financier et donnant unprétexte aux ligues fascistes pour un passage àl’action, surtout que le préfet de police de Paris,Jean Chiappe, réputé pour son indulgence pourl’extrêmedroite, est limogé. Le 6 février 1934les ligues se lancent à l’assaut du parlementprotégé par la police sur le pont de la Concorde ;les affrontements font 17 morts et 2309 blessés.L’impression sur la gauche est énorme. Lessocialistes lancent le jour même le mot d’ordre« Mobilisation du Parti ! Tout le pouvoir auxtravailleurs ! » (Le Populaire, 6 février 1934).
Le 7 février au matin ils décidentd’une manifestation pour le lendemain,l’annulant l’aprèsmidi même après uneentrevue avec le président Doumergue où celuici a expliqué qu’il ne l’autoriserait pas.
Ce sont les communistes qui vontassumer le combat, seuls, mais rejoints par labase socialiste. Le soir du 6 février, MauriceThorez lançait déjà à la Chambre des députésvenant d’être assiégé un appel « à tousles prolétaires et à nos frères les ouvrierssocialistes pour qu’ils viennent dans la ruechasser les bandes fascistes. » L’appel lancédans l’Humanité du 8 février 1934 est explicite :« Travailleurs communistes, socialistes,unitaires, confédérés, sansparti, rassemblezvous dans vos usines, dans vos localités, venezensemble à la manifestation ! A l’exemple dessyndicats unitaires qui proposent la préparationimmédiate d’une grève de 24 heures, réalisezdans toutes les usines, bureaux, dépôts,chantiers, votre front unique d’action !
Organisez la grève politique de masse ! (...)Travailleurs socialistes , votre salut comme lenôtre, comme celui de toute la classe ouvrière,est dans notre action commune. Celleci peut etdoit se réaliser sur les mots d’ordre de classe dela manifestation de vendredi. »
Malgré les fascistes et les raflespréventives de la police, on se bat toute la soiréedu 9 février, de la place de la République à lagare de l’Est. 50 000 travailleurs manifestent,souvent rejoint par des socialistes quiabandonnent leurs permanences où la directionavait pourtant exigé qu’ils restent. Lesaffrontements se prolongent dans la nuit, avecun bilan terrible et toujours ignoré des livresd’histoire : 6 morts, 60 blessés par les balles dela police et 1000 par les matraques et lesmousquetons.
L’impact est si grand dans la classeouvrière que la CGT qui refusait tout contactavec les communistes est obligée d’appeler àrejoindre la grève du 12 février, à laquelleparticipent finalement 4 500 000 travailleurs.Des milliers de manifestations ont lieu dans toutle pays. Le 17 février, 200 000 travailleursparticipent aux obsèques de ceux tombés le9. Les affrontements avec les fascistes sontininterrompus jusqu’en juin ; 11antifascistes tomberont encore.
La tension est perceptible : le 20 avril 40000 travailleurs et fonctionnaires manifestent àParis et des dizaines de milliers dans le reste dupays, puis 30 000 à Paris le 1er mai malgré lesprovocations policières qui amènent même à desaffrontements dans les cités populairesd’Alfortville et du XIIIème arrondissement deParis. Et si les socialistes refusent la propositiondu mouvement AmsterdamPleyel concernant lalutte commune contre le fascisme, une forteminorité se dégage, avec 1301 mandats contre2324, en faveur de « l’unité d’action sur desbases révolutionnaires avec les communistes. »La SFIC tient alors sa conférence nationale àIvry, du 23 au 26 juin 1934, avec comme thèmeà l’ordre du jour l’organisation du front uniquede lutte antifasciste, au moment où s’expriment
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dans la CGT de larges mouvements de baseallant dans le sens de l’union.
La résolution de la conférence affirmeainsi : « Le Parti Communistetravaille sincèrement à l’organisation de frontunique de la lutte antifasciste. Il réprouve ceuxqui considèrent le front unique comme unemanoeuvre. Il veut réellement le frontunique pour défendre les revendications desmasses laborieuses et pour barrer la routeau fascisme et à la guerre. Des hommes commeTreint, pour qui la tactique du frontunique consistait à « plumer la volaille », ont étéexclus du Parti Communiste pour unepareille orientation et ont trouvé un refugeauprès du contrerévolutionnaire Trotskyavant de passer à la socialdémocratie. Lescissionniste Doriot prend la même voielorsqu’il considère le front unique comme unemanœuvre, lorsqu’il escompte un refus duParti Socialiste qu’il espère utiliser pour «plumer la volaille ». »
La stratégie est expliquée de cettemanière : « Les fascistes luttent contre la «démocratie » bourgeoise pour sa destruction.Les communistes, eux, luttent contre toutes lesformes de la « dictature bourgeoise », mêmelorsque cette dictature revêt la forme de ladémocratie bourgeoise. Mais les communistesne se désintéressent jamais de la forme que revêtle régime politique de la bourgeoisie. Ilsdémasquent, d’une manière concrète, leprocessus de la dégénérescence réactionnaire dela démocratie bourgeoise frayant la voie aufascisme. Mais ils ont défendu, défendent etdéfendront toutes les libertés démocratiquesconquises par les masses ellesmêmes, et enpremier lieu tous les droits de la classe ouvrière.Ce qui constitue la différence de principe entreles communistes et les socialistes dans cettequestion, c’est le fait que les socialistes, sousprétexte de défense de la démocratie et de laRépublique, aboutissent à la défense de ladictature de classe de la bourgeoisie. Lescommunistes défendent les libertésdémocratiques conquises par les masses afin de
mieux rassembler et organiser ces dernièrescontre le capital et la dictature de labourgeoisie. »
Il est également décidé de renoncer àtoutes attaques ou critiques contreles organisations socialistes participantes dans lapropagande orale ou écrite de l’Humanité, desCahiers du bolchévisme et de la presse écrite deprovince. Au discours de clôture MauriceThorez déclare : « A tout prix nous voulonsl’action. A tout prix nous voulons l’unitéd’action. » Mais audelà de l’unité d’action,un autre aspect se révèle alors dans les positionsde Maurice Thorez. Le rapport à la conférencedisait ainsi : « Pour vaincre, le mouvementantifasciste doit avoir une base ouvrièresolidement enracinée dans l’usine ; la classeouvrière doit donner l’exemple de la lutterevendicative et parvenir de la sorte à entraînertoutes les autres couches sociales frappées parle capital, car sans les classes moyennes, nous nesaurions vaincre le fascisme. »C’estàdire que Thorez décide d’utiliser unetechnique politique, celle de retourner la culturedémocratique issue de 1789 contre labourgeoisie, c’estàdire de retourner contre labourgeoisie de l’époque de l’impérialisme sapropre culture de l’époque démocratique. Alorsque, auparavant, les références idéologiques à larévolution bourgeoise de 1789 étaient rejetéescomme impropres à l’idéologie prolétarienne,désormais pour des raisons tactiques ellesdeviennent nécessaires.A partir de la conférence, le mouvement pour lefront unique est irrésistible. Les JeunessesCommunistes et les Jeunesses Socialistessignent un accord sur le plan national, tandis quedes initiatives communes ont lieu fédération parfédération pour la SFIC et la SFIO. Ainsi a lieule 3 juillet un grand meeting de 25,000travailleurs à Paris à l’appel des sections dechaque parti pour la région Parisville. Lesmêmes initiatives se développent à Lyon,Marseille...
Et l’Humanité peut affirmer le 10 juillet1934 : « Chaque jour, un nouveau maillon
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s’ajoute à la chaîne du front unique. » Datesymbolique de la nouvelle ligne, les délégationsde la SFIC et de la SFIO se voient le 14 juillet,le conseil national de la SFIO acceptant lelendemain les propositions d’action unie contrele fascisme et la guerre par 3741 voix contre 336et 67 abstentions. Selon le pacte d’unité d’actionsocialistecommuniste, qui paraîtra dansl’Humanité du 22 juillet 1934, les deuxorganisations s’engagent « à organiser encommun et à participer avec tous leurs moyens(organisations, presse, militants, élus, etc.) à unecampagne dans tout le pays, et ayant pour but :a) mobiliser toute la population laborieusecontre les organisations fascistes, pour leurdésarmement et leur dissolution ; b) pour ladéfense des libertés démocratiques, pour lareprésentation proportionnelle et la dissolution
de la Chambre [des députés] ; c) contre lespréparatifs de guerre ; d) contre les décretslois ;e) contre la terreur fasciste en Allemagne et enAutriche, pour la libération de Thaelmann[dirigeant communiste allemand emprisonné] etde Karl Seitz [dirigeant socialiste autrichienemprisonné] et de tous les antifascistesemprisonnés. » Le pacte précise également, cequi est un succès clair pour les communistes parrapport à la position initiale de la socialdémocratie : « Cette campagne sera menée aumoyen de meetings communs dans le plus grandnombre de localités et d’entreprises, au moyende manifestations et de contremanifestations demasse dans la rue, en assurant l’autodéfense desréunions ouvrières, des manifestations, desorganisations et de leurs militants... »
« Le PCMLM avait annoncé la vague fasciste, à partir d'une lecture matérialiste historiquedu référendum sur la constitution européenne en 2005.Alors que toute l'extrêmegauche considérait le Front National comme enterré, le PCMLM ade manière juste affirmé que la bourgeoisie impérialiste avait soutenu le « non » à laconstitution européenne et lancerait son affirmation politique, afin de diriger l’État.L'extrêmegauche a alors combattu les positions du PCMLM comme surestimant le fascismeet a rejeté l'antifascisme, pour ces derniers mois subitement faire un virage à 180° et tenterde se réapproprier l'antifascisme.Cela en dit long sur l'authenticité de cet « antifascisme », sur sa nature opportuniste. Carcette démarche est vaine, le véritable sens de l'antifascisme étant la bataille contre la visionirrationnelle du monde.Or, cela n'est possible qu'avec une maîtrise avancée du matérialisme dialectique en général,du matérialisme historique dans les conditions concrètes de notre pays, d'une applicationrésolue en termes idéologiques et culturels. » (PCMLM Document 41 Face au coup d'Etat et au fascisme qui se profilent !)
Contre le gouvernement Tardieu, contre le fascisme, Jacques Duclos, février 1934
Les événements qui viennent de se dérouler enFrance illustrent de la manière la plus éclatanteles thèses de la XIIe Assemblée plénière del'Internationale Communiste soulignant que «s'accroît toujours plus l'indignation
révolutionnaire des masses laborieuses et leurvolonté de renverser le joug insupportable declasses exploiteuses ».
La théorie de la France « îlot paisible» au milieu d'une mer démontée reçoit de
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rudes coups. Les actions à masse dans tout lepays, ont révélé la profondeur et l'acuité descontradictions dans le camp bourgeois ; laprofondeur et l'acuité de la crise de la démocratiefrançaise ; la profondeur et l'acuité de la lutte desclasses.
La riposte du prolétariat français contrel'offensive de la réaction fasciste montre combienest grande la colère accumulée dans les masses aucours des dernières années. Des millionsd'ouvriers sont dans la misère. Les salaires sontrognés, avec le concours des leaders socialfascistes. Il y a en France quatre millions et demide chômeurs complets et partiels. D'importantescouches de la petitebourgeoisie urbaine : petitsfonctionnaires, travailleurs intellectuels,commerçants, sont près de la ruine. Les campagnes gémissent sous le poids de lacrise, de la chute des prix, des spéculationsd'intermédiaires, des impôts. Tout cela a créé uneatmosphère d'effervescence et de mécontentementrévolutionnaire.En outre la situation extérieure est pleine decomplications pour l'impérialisme français. Sousles coups des contradictions impérialistes le traitéde Versailles, instrument de la puissance de laFrance, est fortement secoué.Avec chaque jour davantage d'acuité, se pose leproblème de la guerre impérialiste.
Les six gouvernements radicaux qui sesont succédé depuis mai 1932 ne faisaient quelouvoyer, ajourner les questions, manoeuvrerpour se maintenir.
Il s'agissait pour eux de concilier lesinjonctions de l'oligarchie financière, dont ilsn'étaient que les agents, avec la pressioncroissante de masses de leurs électeurs, petitsbourgeois, paysans, ouvriers qui exigeaient laréalisation de leurs promesses électorales, quis'opposaient à toute tentative de réduction destraitements des fonctionnaires, préface à unenouvelle offensive contre les salaires, à toutetentative d'augmenter les impôts qui pèseraientsur eux point essentiel du programme capitalistede solution de la crise. La grève de 25.000chauffeurs de taxis de Paris contre une nouvelle
taxe votée par le Parlement, après les grèvesde Citroën, de Strasbourg, des bateliers, desmanifestations de rues des fonctionnaires,montre la vigueur de la réaction des masses. Incapables de résoudre les problèmes qui seposent devant la bourgeoisie de ce pays, lesgouvernements radicaux ne faisaientqu'aggraver la crise, ce qui accentuait lemécontentement d'en bas et la réaction desouvriers sous la direction de leur particommuniste. Les cercles dirigeants capitalistes représentéspar les partis directs du capital financier, avecTardieu, passaient à l'organisation des forcesfascistes qui auraient maté les ouvriers aumoment où les partis parlementairess'avéreraient complètement compromis etinaptes pour la réalisation du programmecapitaliste.
Le scandale Stavisky qui a éclaté audébut de l'année a accéléré les événements.Ce scandale qui a montré une corruptioninouïe de tout le régime politique du pays, quia montré la vénalité de la magistrature, dugouvernement, de la police, des députés, étaitpour les masses comme le symbole de lapourriture du régime responsable de leursmisères.
Stavisky, cet escroc ordinaire,condamné plusieurs fois pour des délits dedroit commun, avait des complicités dans dessphères si haut placées que la police craignantses indiscrétions a préféré l'éliminer enl'assassinant.
Le gouvernement Chautemps, dont aumoins trois ministres étaient compromis dansl'affaire, dont le ministre de la Justice,Reynaldy, mêlé à un autre scandale, faisaittout pour escamoter l'affaire, pour empêcherl'éclaircissement des responsabilités.La droitea jugé le moment opportun pour livrer l'assautau gouvernement avec sa majorité de «gauche » qui le soutenait. Sous la direction deTardieu, escroc cynique, mêlé à plusieursscandales des plus vils, dont celui d'Oustricest le dernier en date, de Flandin, avocat
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véreux, mêlé à l'affaire de l'Aéropostale, qui avolé des centaines de millions, et d'autrespoliticiens corrompus du même acabit, la droite adéclenché dans le pays une campagne contre legouvernement des voleurs, exigeant sa démissionimmédiate. Mais à côté de cette campagne, leschefs de la droite ont mis en jeu des organisationsfascistes formées depuis longtemps à Paris qui sedéveloppaient sous la protection dugouvernement, sous la haute surveillance deChiappe, préfet de police depuis 1927, nommé àce poste par le ministre radical de l'Intérieur dePoincaré, Albert Sarraut (il détient actuellementle même poste) .
Chiappe, lié à Gorgoulov, protecteur desmonarchistes espagnols, protecteur de Stavisky,ami intime depuis quarante ans, comme il l'avoueluimême, de l'escroc Dubarry, directeur de laVolonté, un des agents principaux de Stavisky, atransformé la police de Paris en garde prétoriennequi lui est complètement dévouée et qu'ilemployait avec une brutalité sans exemple pour lalutte contre le communisme. Par contre, la policede Chiappe avait toujours une attitude des plusbienveillantes envers les manifestants fascistes.Le jeu de Tardieu et de Chiappe fut favorisé partoute la politique de la socialdémocratie.
Par son soutien des gouvernementsradicaux, « moindre mal » par rapport augouvernement de l'Union nationale, par sonsabotage de l'action antifasciste prolétarienne,dont le congrès de Pleyel, en 1933, futl'expression, par son refus du front unique, de lalutte commune contre le fascisme français etétranger, la socialdémocratie a frayé le chemin àTardieu, a affaibli les forces ouvrières.
C'est elle qui porte toutes lesresponsabilités principales du retour de Tardieuau pouvoir.Les néosocialistes développent logiquement lapolitique de la S.F.I.O. En présentant legouvernement TardieuDoumergueHerriot commeun « moindre mal » par rapport à celui de Tardieutout pur, tout comme la socialdémocratieallemande édifiait ses théories sur la nécessitéd'appuyer la combinaison HindenburgPapen
contre Hitler flanqué de HindenburgPapen,alors que l'une préparait l'autre. La S.F.I.O. etla C.G.T. appliquent, en réalité, la mêmepolitique que leurs frères néos, en prêchant lecalme et la dignité en face du gouvernementd'union nationale « protecteur des libertésdémocratiques » devant le fascisme.
Le renvoi par Daladier de Chiappe,compromis dans l'affaire Stavisky, a été leprétexte d'un déchaînement des organisationsfascistes qui adoptaient le mot d'ordre de saréintégration, et, aux cris de « A bas lesvoleurs !», ces organisations ont essayéd'entraîner un courant de masse.La bourgeoisie a voulu pousser une offensiveen vue de créer pour sa politique depréparation du fascisme une base parmi leséléments des couches moyennes,profondément inquiètes, en raison de leursituation.« Le fascisme s'efforce d'assurer au capitalmonopoliste une base de masse au sein de lapetite bourgeoisie en faisant appel à lapaysannerie désorientée, aux artisans, auxemployés, aux fonctionnaires et notammentaux éléments déclassés des grandes villes ettente de pénétrer également au sein de laclasse ouvrière. » (Thèses du XIIIè Plénum.)
C'est dans ces conditions que futorganisé, le 6 février, le putsch fasciste où sevoit la main de la provocation.
La silhouette du Tardieu de Gorgoulovse profile derrière ces événements sanglantsen compagnie de celle de Chiappe. Lesmanifestations fascistes du 6 février ontprovoqué une riposte immédiate de la part duprolétariat.
A l'appel du Parti communiste, l'avantgarde révolutionnaire du prolétariat françaiss'est mise à la tête du formidable mouvementdes masses contre la dictature de labourgeoisie.Tardieu, qui a réussi à grimper au pouvoir, àla faveur du putsch du 6 février, semble avoirremporté la première manche. « L'émeute dedroite a réussi » jubile Kérillis (Echo de Paris
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du 13 février). Or, cette « victoire » de Tardieupeut bien n'être qu'une victoire à la Pyrrhus. Cesmessieurs comptent sans la résistance acharnée etla lutte héroïque de la classe ouvrière, sous ladirection du Parti communiste.Avec un héroïsme magnifique, au premier appeldu Parti communiste les ouvriers de Paris se sontlevés.Déjà le 6 février 25.000 ouvriers ont tenu seulscontre tous tête aux fascistes, aux flics, auxgardes mobiles.Le 7 ils avaient déjà l'initiative dans denombreuses manifestations à Paris et en province.Le 9 février les ouvriers de Paris tenaient seuls lepavé dans la lutte vigoureuse de 5 heures contrela police. La grève générale du 12 févrierconstitue une étape de la plus haute importancedans la contreoffensive ouvrière, sous ladirection communiste, qui se pose comme but dechasser le gouvernement de fusilleurs et d'écraserdans le germe l'hydre fasciste. Dans les rues et lesplaces des villes françaises sont face à face, nonpas trois forces, comme le prétendent les socialfascistes (fascistes, appareil d'Etat et ouvriers),mais deux camps, deux classes : d'un côté labourgeoisie qui se fascise, la police et lagendarmerie, de l'autre le prolétariat français quise lève pour repousser l'offensive de la réactionfasciste.
Notre lutte antifasciste ne signifie point ladéfense de la démocratie bourgeoise, qui préparele lit du fascisme et utilise des procédés de plusen plus violents de domination contre la classeouvrière. Le Parti socialiste qui a saboté le front uniqued'action et boycotté les comités de lutte contre laguerre et le fascisme, qui a fait croire à la classeouvrière qu'elle peut avoir confiance dans lesbourgeois de gauche aujourd'hui associés àTardieu, dans un gouvernement de préparation aufascisme, parle de « défendre la République ». Lamanifestation de Vincennes avait cet objectifd'après les plans du Parti S.F.I.O., mais laparticipation des communistes en a changé lecaractère. Les cris mille fois répétés de « Chiappeen prison » et de « Les Soviets Les Soviets
partout » donnaient à la démonstration sonsens de classe.
Antifascistes nous sommes. Noussommes le parti que peut mobiliser les massespour la lutte contre le fascisme, et quandaujourd'hui le Parti socialiste prend unmasque « antifasciste » pour mieux tromperles ouvriers, nous avons le devoir de préciserque la politique social démocrate du moindremal, d'affaiblissement du front de classe duprolétariat et de capitulation devant labourgeoisie, aide le développement dufascisme.
Les ouvriers d'Autriche qui, dans leurimmense majorité sont restés sous l'influencede la socialdémocratie gauche des austromarxistes, font aujourd'hui la cruelleexpérience de la défaite. Ils avaient réalisél'unité au sein du Parti socialiste qui, de reculen recul, les a conduits à une impasse et à ladéfaite.Le Parti socialiste autrichien, comme le PartiS.F.I.O., a soutenu lui aussi jusqu'au bout laRépublique, pour arriver au tragiquedénouement d'aujourd'hui. Il a soutenuDollfuss qui aujourd'hui mitraille lesprolétaires autrichiens.
Et c'est pourquoi chaque communistedoit comprendre que :« la dictature fasciste n'est nullement uneétape inévitable de la dictature de labourgeoisie dans tous les pays. La possibilitéde l'éviter dépend des forces du prolétariat enlutte, forces paralysées principalement parl'influence dissolvante de la socialdémocratie » (Thèses du XIIIè Plénum.)
Cela signifie que seulement par unelutte vigoureuse contre le fascisme nouspouvons entraîner et convaincre les ouvrierssocialistes, aussi fautil combattre toutemanifestation de passivité opportuniste dontnous avons encore trop d'exemples en dépitdu sérieux des événements.
Entrer résolument dans l'action,réaliser le front unique pour la lutte, voilà cequi doit guider nos organisations dans leur
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activité, mais le front unique ne peut à aucunmoment servir de prétexte à la dissimulation auxyeux de la classe ouvrière de la politique de lasocialdémocratie et de ses conséquences néfastespour le prolétariat. Jamais le front unique ne peutsignifier le silence sur la politique qui conduit leprolétariat à la défaite.
En luttant avec les ouvriers socialistes, enprenant la tête des batailles contre la bourgeoisie,nous devons sans cesse avoir pour objectif demontrer et faire comprendre à ces ouvriers queseule notre politique est une politique de classe.Nous ne devons pas céder aux propos de certainsqui, lorsque nous établissons les responsabilitésde la socialdémocratie, nous accusent de briser lefront unique.Une telle opinion ne peut avoir pour racinepolitique qu'une appréciation fausse du rôle de lasocialdémocratie et un manque de confiancedans notre Parti.
Nous avons entendu déjà maintes foisporter contre nous l'accusation « de diviseurs dela classe ouvrière ». Cette accusation hypocritesera d'autant plus reprise que devant le grandcourant de masse le Parti socialiste ruse etmanoeuvre. Ceux qui brisent l'unité d'action, ceux quil'empêchent, ce sont ceux qui entraînent unepartie du prolétariat sur un terrain decollaboration avec la bourgeoisie, trahissant ainsises véritables intérêts.
Quant à nous, luttant résolument pourréaliser partout à la base le Front unique d'actioncontre la bourgeoisie, nous ne pouvons quedémasquer impitoyablement la politique desoutien de la bourgeoisie menée par le Partisocialiste et il faut démasquer cette politique avecd'autant plus d'acharnement qu'elle prend lesapparences d'une prétendue opposition et d'unesoidisant lutte contre le fascisme. Solidementarmés pour développer et appliquer la politiquede notre Parti, les communistes doivent dans legrand mouvement de masse antifasciste quidéferle à travers tout le pays, mettre tout enoeuvre pour organiser les forces ouvrières et lespréparer à de plus vastes combats.
La grève générale de 24 heures dans laquellecertains voulaient voir une combinaison, sanstenir compte du mouvement de masse, lesdémonstrations puissantes de Paris et deprovince témoignent d'un profondébranlement des masses dont le Particommuniste doit prendre la tête ; mais cela nepeut qu'inciter la bourgeoisie à décupler sesefforts.
C'est pourquoi l'organisation de cevaste mouvement de masse est une des tâchesdécisives du mouvement.Il s'agit maintenant de créer des comités defront unique d'action dans les entreprises, deconsolider ceux qui ont déjà été constitués, dene pas les laisser mourir lentement.
L'entreprise est encore le point faibledu mouvement. Les efforts doivent êtremultipliés pour y développer le travail.Jamais une nécessité aussi impérieuse n'aexisté pour créer partout des comitésantifascistes et rassembler des travailleurs quiont lutté ensemble pour la grève générale, quiont manifesté ensemble. Les communistes à travers tout le paysdoivent oeuvrer pour la création de puissantscomités de masse contre le fascisme et laguerre. Ils doivent être au premier rang de lalutte pour préparer un vaste rassemblementnational de lutte contre la guerre et lefascisme. Durant cette dernière période,l'influence de notre Parti s'estconsidérablement accrue, mais son étatd'organisation est sensiblement resté le même.Or, il peut et il doit s'améliorer. Dans lemouvement de masse, il faut absolumentrecruter pour le Parti, pour les jeunesses ettravailler à réaliser le mot d'ordre de créationd'une cellule des J.C. À côté de chaque celluled'entreprise du Parti.Les communistes doivent considérer commeun devoir impérieux de traduire en effectifsnouveaux l'influence très grande de laC.G.T.U. sur la classe ouvrière.Tout ceci revient à dire que le renforcementdu Parti et des organisations révolutionnaires
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est étroitement rattaché au travail du Parti dans lemouvement de masse que nous voulonsdévelopper, pousser plus en avant et l'entraîner àla lutte.
Alors que l'action antifasciste prend dansles cerveaux ouvriers une si grande place et àjuste titre, il est absolument indispensable derépondre à un besoin de la classe ouvrière encréant des groupes d'autodéfense de masse.Durant les derniers jours, des improvisations dansce domaine se sont produites qui soulignent lanécessité d'organiser et de coordonner les effortsdispersés.Sans doute la lutte contre l'idéologie fasciste estextrêmement importante et il faut la mener, maiscela ne suffit pas. Nous ne voulons pas non plus «battre chaque fasciste où on le trouve », nous nepréconisons pas de terreur individuelle qui couvrela passivité et l'abandon du travail de masse, maisnous appelons les prolétaires à créer des groupesd'autodéfense de masse qui peuvent et doiventjouer un rôle important dans les luttes prochaines.Estil possible par exemple avec un peud'organisation de chasser la presse fasciste desquartiers ouvriers, d'en chasser les vendeurs ?Oui. De même il est possible par l'action demasse à la base de nettoyer les murs des quartiersouvriers de toutes les affiches fascistes et il estévident que, si besoin est, la classe ouvrière doitse défendre contre toute agression fascisteencadrée par ses groupes d'autodéfense et partantplus forte.
La classe ouvrière fait preuve d'unegrande combativité ; elle a manifesté, elle a fait
grève pendant 24 heures. Un tel mouvementpoursuivi est de nature à arracher desrevendications, à faire reculer la bourgeoisie.
A travers les actions de massepartielles pour des revendications politiqueset économiques nous devons préparer unegrève politique de masse avec des butsprécis :Chasser le gouvernement d'Unionnationale TardieuLavalHerriot, fusilleur desprolétaires, qui prépare le fascisme.
Dissolution des ligues fascistes,arrestation de leurs chefs, arrestation duprovocateur Tardieu et de son agent, Chiappe.
En portant des coups rudes à labourgeoisie, on pourrait la faire céder. Laclasse ouvrière prend conscience de sa force,nous devons l'aider à mieux voir encore cequ'est sa puissance.
Maintenant, dans la bataille à mener,les coups les plus durs doivent être portéscontre le gouvernement d'Union nationaleauquel la socialdémocratie a frayé le chemin.Le Parti communiste est le seul à lutter contrece gouvernement qui prépare le renforcementde l'offensive capitaliste, le fascisme et laguerre.
Il mène cette lutte avec la fermevolonté de mobiliser les masses pour l'action,de gagner les ouvriers socialistes et decombattre pour l'application de la lignepolitique de l'Internationale communiste et duParti, gage de la lutte victorieuse sur labourgeoisie.
« Le fascisme est la dictature terroriste ouverte deséléments les plus réactionnaires, les plus chauvins,
les plus impérialistes du capital financier. »
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Anniversaire des journées de février 1934, Jacques Duclos, février 1935
Voici un an que l' émeute fasciste de laPlace de la Concorde, visant à instaurer enFrance un régime semblable à celui de Hitler,était refoulée par l'action des masses populairesréalisant leur front unique dans le combat.
Déjà le 6 février 1934 de nombreuxcamarades socialistes avaient répondu« présent » à l'appel de notre Parti et étaientdescendus dans la rue avec les communistes ;plusieurs d'entre eux montèrent même la gardedes locaux du Parti et des syndicats unitaires,dans la nuit du 6 au 7.
Devant la menace fasciste le prolétariatressentait avec intensité la nécessité de réaliserson unité d'action. L' émeute fasciste rendaitsensible aux travailleurs socialistes le besoin dene pas se tenir à l' écart de leurs frèrescommunistes, le besoin de ne pas se laisserrenouveler l'expérience allemande.Cela explique pourquoi la manifestation du 9février 1934 organisée par le Parti communisterassembla des travailleurs de toutes tendances endépit de certaines directives.
Des camarades socialistes avaient bienreçu en effet l'ordre de ne répondre qu'auxappels de leur parti, mais cela n'avait pointempêché bon nombre d'entre eux de prendre partà la manifestation de la Place de la Républiquedans laquelle le Populaire voyait « la premièremanifestation prolétarienne après le coup deforce fasciste du 6 février. »C'est le mérite de notre Parti communiste d'avoirsu organiser une aussi vigoureuse riposteantifasciste et il est démontré sans contestationpossible que la journée du 9 fé vrier fut décisivepour le succès de la grève générale du 12 février.Ce sont là des constatations désormaishistoriques que ne changeront pas les arguties durenégat Doriot, champion après tant d'autres, dela lutte anticommuniste et insulteur de l'Unionsoviétique.
Ce Doriot, dont la bourgeoisie, avec sa
presse pourrie, s'emploie à faire un « grandhomme » pour son usage, peut bien essayerd'attribuer à d'autres qu'aux communistes lesmérites de la réalisation du front unique ; on n'enest pas, avec lui, à une déformation de la véritéprès.
Il a bien le front de se présenter commeun champion de l'unité, lui qui a tenté descissionner le Parti communiste et qui fait toutpour empêcher que soit appliqué à St Denis lepacte d'unité d'action entre le Parti socialiste etle Parti communiste.
La vérité c'est que les efforts inlassablesdéployés par notre Parti pour réaliser le frontunique avaient permis aux travailleurssocialistes et communistes de se retrouver dansdes Comités de lutte du mouvement AmsterdamPleyel.On ne dira jamais assez combien l'initiative prisepar Henri Barbusse et Romain Rolland deconvoquer le grand Congrès d'Amsterdam acontribué à faire progresser dans les espritsl'idée de l'unité d'action.
Le Parti communiste appuya dès sesdébuts le mouvement contre le fascisme et laguerre et des millions de travailleurs socialistesrejoignirent les comités de lutte, malgrél'interdiction qui leur en était faite.Ce fut là une première victoire du front unique.Les prolétaires socialistes étaient amenés àpenser que si le front unique avait pu être réaliséen Allemagne comme le voulaient lescommunistes, Hitler n'aurait pas réussi son coup.L'expérience tragique du fascisme allemandcontribuait à faire entrer dans les têtes lanécessité de l'action commune en même tempsqu'elle bousculait bien des illusions sur l'évolution pacifique de la démocratie bourgeoisevers le socialisme.
L'attaque du fascisme en France le 6février résonna dans les coeurs des travailleurssocialistes et, devant le péril, la volonté de front
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unique monta avec une rapidité extraordinaireparce que l'initiative communiste du 9 févrieravait donné une base aux aspirations versl'unité : l'action pour battre le fascisme.Depuis, l'unité d'action a fait du chemin, le pactea été signé , mais il sont adressé s aux Partis dela IIe et de la IIIe Internationale en leurdemandant de les soutenir dans leur lutteantifasciste. Nous avons fait au Parti socialisteS.F.I.O. La proposition de répondre à cet appelen convoquant ensemble une Conférence desPartis socialistes qui à l'exécutif de l'I.O.S. Sedéclarèrent partisans de l'unité (Italie, Espagne,Suisse, Pologne, Autriche, France), ainsi que desPartis communistes correspondants, pourcommencer enfin à faire à l' échelleinternationale ce que nous faisons en France :l'unité d'action. Nous n'avons pas encore deréponse officielle, mais notre proposition semblen'avoir pas été favorablement accueillie.
Et cependant il faut aller de l'avant dansla voie de l'unité d'action. Pour battre le fascismequi déferle sur l'Europe, l'action commune danstous les pays capitalistes est nécessaire.Cela non seulement les communistes le pensentmais aussi les militants socialistes de notrepays ; il faudra bien si la classe ouvrière veut sesauver qu'elle ne se laisse pas maintenir en étatde division et d'impuissance par des adversairesde l'unité d'action.Au cours de ce premier anniversaire desévénements de février nous pouvons regarder
avec fierté les succès de l'unit é d'action dontnotre Parti est le champion, nous devons aussien établissant le bilan de ce qui a été fait, agirpour que demain plus qu'hier l'unit é d'actionsoit l'action.
Avec ténacité , avec la volontéindomptable de pionniers du front unique, nousdevons tout faire pour que partout l'unit éd'action soit un fait en France et pour qu' àl'appel de nos camarades autrichiens se réaliseenfin l'unit é d'action internationale et estilbesoin de le dire, personne ne comprendrait queles camarades socialistes ne fassent pas avecnous les efforts nécessaires pour la faire aboutir.C'est l'action commune qui pardessus toutcompte et rien ne doit arrêter ceux qui se sontfixés pour t â che de faire triompher l'unit éd'action qui seule permettra de battre lefascisme.« Les vaincus d'aujourd'hui seront lesvainqueurs de demain, car la défaite est leurmaître. Le prolétariat manque de traditionrévolutionnaire et d'expérience.Et c'est seulement au cours de tentativesconcrètes, d'erreurs juvéniles, de coups pénibleset de défaites, que le prolétariat acquerral'éducation pratique garantie du succès futur.Pour les forces vitales de la révolution dont lapoussée ininterrompue constitue la loi naturelledu développement de la société, la défaitesignifie stimulation. Le chemin de la victoire vaà travers une succession de défaites. »(Liebknecht)
lesmaterialistes.com
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Résolution pour l'unité de la classe ouvrière et le développement du Front populaire, Parti Communiste SFIC, juin 1935
Les élections municipales et les élections auconseil général de la Seine ont marqué uneavance importante de la classe ouvrière et unlarge développement du Front populaire, tant àla ville qu'à la campagne.Les forces réactionnaires et fascistes, qui étaientparvenues à maintenir leurs positions lors desélections cantonales en octobre dernier,accusent un recul certain.
Ces succès sont avant tout le résultat dela politique unitaire et de rassemblement de lapopulation laborieuse poursuivie inlassablementpar notre Parti et de sa lutte efficace pour lepain, la paix et les libertés démocratiques.L'unité de la classe ouvrière qui parvient àsurmonter une à une les difficultés est enprogrès.Durant cette dernière période l'attestation en estdonnée par les nombreuses manifestationsuniques qui se sont déroulées à travers le pays,plus particulièrement le 1er mai, par lemagnifique défilé unique devant le Mur desFédérés, par le rapprochement toujours plusintime des ouvriers et organisations confédéréeset unitaires, par la fusion au sein d'une seuleorganisation syndicale des cheminots d'AlsaceLorraine, par la progression des voix unitairesaux élections de délégués du personnel sur lesréseaux du Nord et de l’État où la résistance deschefs confédérés à l'unité syndicale est la plusvive.
Les succès du Front populaire inquiètentla bourgeoisie qui n'abandonne pas ses plansfascistes et persévère dans sa politique qui tendà faire supporter aux travailleurs, à toutes lespetites gens, tout le poids de la criseéconomique et financière qui s'aggrave.
Les spéculateurs et les pillards del'épargne mènent une attaque violente contre lefranc. Les dévaluationnistes poursuivent leur
propagande néfaste. Au lieu de prendre desmesures énergiques contre ces ennemis de lanation laborieuse, les gouvernants réclament lespleins pouvoirs pour développer, au moyen desdécretslois, une politique de spoliation dupeuple travailleur.Les compagnies de chemin de fer, lesspéculateurs et les marchands de canons quipoussent à la guerre et alimentent la propagandedes hitlériens français, sont les véritablesresponsables du déficit budgétaire.
La défense de la paix
Le Comité central du P.C.F. Se félicited'avoir bien servi la cause de la paix en luttantpour le pacte d'assistance mutuelle, dont lasignature constitue, dans l'état actuel del'Europe, la meilleure garantie de paix contrel'hitlérisme, principal fauteur de guerre, ennemile plus dangereux de la sécurité des peuples.Mais il convient d'exercer une vigilanceextrême, d'autant plus que la politique duministère des Affaires étrangères, sous ladirection de Laval, est un encouragement auxennemis de la paix.Le peuple de France a approuvé les effortsdéployés par l'Union soviétique pour lasauvegarde de la paix, Il exige l'applicationloyale du pacte d'assistance mutuelle. Le Particommuniste continuera, sans répit, sa lutte pourla paix, pour assurer la défense du peuple deFrance qui ne veut pas de la guerre.Il continuera d'apporter à l'Union soviétique sonsoutien inconditionné et à agir, au cas où uneagression militaire se produirait contrel'U.RS.S., pour la défaite de l'agresseur. LeComité central du P.C.F. Approuve sans réservela déclaration du camarade Staline, chef duprolétariat mondial, comme absolument
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conforme aux intérêts de la paix. Il approuve ladéclaration du bureau politique, du 17 avril1935, stipulant :« Qu'aussi longtemps que l'armée est entre lesmains de la bourgeoisie, elle peut être utiliséecomme instrument d'oppression contre lestravailleurs de France et contre les peuplescoloniaux, pour mener une guerre debrigandage impérialiste et pour serviréventuellement à une agression antisoviétique.
C'est pourquoi le Parti communistepersiste dans son refus de voter les budgets deguerre et combat le retour aux deux ans et lemaintien à la caserne du contingent libérable.C'est pourquoi nous luttons pour écarter del'armée les officiers fascistes ou réactionnaires.C'est pourquoi nous luttons vigoureusementcontre les excitations chauvines des bandesfascistes, dont la plupart des dirigeants sont liésavec Hitler. »
Sur le chemin de l'unité
La gravité de la situation, les dangers qui pèsentsur l'ensemble des travailleurs des villes et descampagnes exigent du Parti communiste desefforts toujours plus grands pour continuer àdévelopper et organiser pratiquement le Frontpopulaire. En appliquant les décisions duComité central qui ont abouti à la réunion desgroupes de gauche, en formulant despropositions concrètes correspondant aux voeuxdu pays, la fraction parlementaire a contribué audéveloppement du Front populaire.Au mépris de la volonté du pays, exprimée les5, 12, 26 mai et 2 juin, les ennemis du peupleveulent pratiquer une politique de pleinspouvoirs afin d'écraser les masses travailleuses.Le Parti communiste poursuivra, sans répit, sonactivité pour que l'unité d'action qui a déjà tantdonné à la classe ouvrière, qui a, aux dernièresélections, assuré l'échec de nombreuxréactionnaires et fascistes, puisse se manifesteravec toute la force nécessaire et poursuivre samarche en avant jusqu'à la constitution du partiunique du prolétariat.
Le Comité central est heureux deconstater que les contacts entre ouvrierscommunistes et socialistes sont toujours plusétroits et plus fraternels.C'est la bonne méthode qui permettra au pacted'unité d'action, dont les bienfaits pour la classeouvrière sont inappréciables, de donner toute samesure.
Les incidents minimes et localisés quipeuvent se produire (Puteaux, Suresnes, etc...)ne peuvent en rien atténuer la vigueur del'action commune et fraternelle des ouvrierssocialistes et communistes, ni ralentir sondéveloppement. A plusieurs reprises le Particommuniste a suggéré des réunions communesentre sections socialistes et rayonscommunistes, pour discuter des problèmes del'unité organique et permettre à la base des deuxpartis d'apporter sa contribution à l'édificationdu parti unique. Cette méthode apparaît lameilleure.Les réunions communes à la base seraient denature à permettre, dans un délai assezrapproché, la tenue d'une conférence nationalequi déciderait de la convocation du congrèsd'unification.Soucieux de tout mettre en oeuvre pouratteindre ce but, le Comité central décide lapublication d'un projet de charte pouvant servirde base à la discussion pour l'unité politique dela classe ouvrière. Il se réjouit des résolutionsadoptées par de nombreuses fédérationssocialistes en prévision du congrès du Partisocialiste de Mulhouse et qui affirment lanécessité de développer l'unité d'action et demarcher hardiment à la réalisation de l'unitéorganique.
Le Parti communiste, avec toutes sesorganisations, poursuivra son travail derapprochement auprès des travailleurs radicaux.Il estime nécessaire, et il s'y emploiera, que lescontacts établis sur le plan parlementaire aientleur prolongement dans les villes et les villagesde France dans le but d'opérer de largesrassemblements populaires, durables etfraternels, pour l'action commune qui garantira
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les intérêts du peuple, ses libertés et la paix.
La défense du pain des travailleurs
La menace des pleins pouvoirs et des décretslois met en relief l'importance de la lutte pour lepain.Les communistes, qui ont su remporter degrands succès dans la lutte antifasciste et pourla défense de la paix, doivent se tourner avecplus d'allant vers la défense des revendicationsimmédiates de toutes les couches de lapopulation laborieuse et vers le travail syndical.C'est là une des conditions essentielles dudéveloppement du Front populaire et de sonsuccès sur le capitalisme et ses bandes fascistes.Le Front populaire aurait une ampleur bien plusconsidérable, il deviendrait invincible si, par laréalisation de l'unité syndicale, était assuréel'unité d'action des ouvriers dans les entrepriseset les bureaux de pointage. La classe ouvrière sedemande pourquoi l'unité syndicale tarde tant àse réaliser.
Les communistes soutiennent touteaction pour l'unité syndicale, c'est pourquoi ilsdoivent appuyer avec plus de vigueur encorel'action de la C.G.T.U, pour renverser lesbarrières qui s'opposent, de par la volonté decertains dirigeants de la C.G.T., à la réunion, ausein d'une seule centrale syndicale, del'ensemble de la classe ouvrière.
Ils doivent contribuer à accélérer partous les moyens les fusions à la base, laconstitution et le développement des syndicatsuniques et le renforcement massif des syndicatsunitaires qui constituent la force principaled'unité syndicale. En tant que syndiqués actifs ilest du devoir des communistes, en respectantscrupuleusement la démocratie syndicale etl'indépendance des syndicats, d'oeuvrer avecinitiative, intelligence et persévérance àl'élaboration des cahiers de revendications, descontrats collectifs de travail et de suggérer, entravaillant à leur application, les méthodesd'action capables de les faire triompher.Le Parti communiste, qui lutte pour l'unification
des forces de la classe ouvrière, est décidé auxplus grands sacrifices pour que les adversairesde l'unité syndicale n'aient aucun prétexte,même injustifié, pour retarder encore l'heure dela réalisation de l'unité syndicale.
Le front populaire doit organiser ladéfense des revendications des massespaysannes.Les communistes doivent entrer en contact avecles diverses organisations quelle que soit leurétiquette et grouper des paysans et leur faire despropositions d'action revendicative quis'inspirent du programme du Front populaire.Les municipalités communistes ont pour tâcheessentielle la défense des intérêts de lapopulation laborieuse de leurs cités. Ellesdoivent aider au groupement de toutes lesvictimes de la crise économique dont lecapitalisme est seul responsable. Elles nesauraient remplir cette mission sans apporter unconcours absolu et dévoué aux actionséconomiques et politiques des travailleurs.
Le Comité central se félicite que desmilliers de travailleurs se soient rassembléssous le drapeau du communisme. Lerenforcement numérique du Parti et de sescadres sont les conditions préliminaires qui luipermettront de jouer son rôle avec succès dansle Front populaire et le développement ultérieurde la situation.Nous devons donc rassembler encore desmilliers de nouveaux combattants sous notredrapeau.Le Comité central salue les milliers de jeunesqui, pour se défendre, ont rejoint les rangs de lajeunesse communiste. Tous les amis de la paixet de la liberté sont heureux de voir que descouches toujours plus larges de jeunestravailleurs se rangent aux côtés de leurs frèresadultes pour la bataille commune.
Vive le gouvernement ouvrier et paysan !
Le Comité central du P.C.F. Souligne, une foisde plus, que seulement un gouvernementouvrier et paysan, seulement la République
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française des Soviets, organe de la dictature duprolétariat, qui est le régime du pleinépanouissement de la démocratie, pourra mettrefin à la crise économique, assurer au paysl'ordre, la prospérité, le bienêtre, la liberté et lapaix, en même temps qu'il réduira les ennemisdu peuple à l'impuissance.En poursuivant ce but, le Comité central penseque dans le moment présent il y a place enFrance pour une politique tenant compte de lavolonté populaire.
Le peuple de France n'a pas besoin desTardieu, des Flandin, des Laval. Il veut qu'onfasse payer les riches, qu'on défende le francmenacé, qu'on prenne contre les spéculateurs lesmesures répressives qui s'imposent, qu'onassure la défense des libertés démocratiques, dela laïcité, le désarmement et la dissolution desligues fascistes, la défense de la paix dans ledéveloppement de la collaboration loyale avecl'Union soviétique.
Le Comité central déclare à nouveau que lescommunistes soutiendront dans les assembléesélectives et dans le pays, toutes les mesuresconformes aux intérêts du peuple. Lescommunistes agissent ainsi parce qu'ils n'ontpas d'autres intérêts que ceux du peuple, parcequ'ils ne poursuivent pas d'autres buts que ceuxconformes aux aspirations et à la volonté destravailleurs.
Le Parti communiste de France qui, enluttant sous le drapeau de l'Internationalecommuniste, en collaboration fraternelle avecles travailleurs socialistes ainsi que lestravailleurs de toutes tendances, a fait reculer lefascisme dans notre pays, est décidé à mettretout en S uvre pour rendre plus vivante et plusforte l'unité d'action, pour dresser dans tout lepays un vaste Front populaire du travail, de lapaix et de la liberté, qui assurera la victoire destravailleurs de France et les acheminera vers letriomphe de la cause des travailleurs.
Les armements des ligues fascistes, Lucien Sampaix, octobre 1935
Depuis le 6 février 1934 les liguesfascistes ont fait de gros efforts pourperfectionner et renforcer leur armement. Lestemps sont révolus où les camelots du roi etleurs amis montaient à l'assaut du PalaisBourbon armés de cannes emmanchées de lamesde rasoir ! Désormais les fascistes ont beaucoupmieux et beaucoup plus. Nous assistonsactuellement à l'armement systématique, avecles engins les plus modernes et les plusperfectionnés, des sections d'assaut des fascistesfrançais et à la constitution de dépôts d'armes àpeine clandestins puisque constitués biensouvent au su du gouvernement et de la police.Voilà plus d'un mois que l'Humanité mène unecampagne pour dénoncer ces armements et ilnous semble utile de récapituler ici les premiers
résultats de nos investigations – résultats quidéjà montrent amplement le danger.
Des obusiers, des mitrailleuses
Une de nos premières découvertes fut, le20 août – et grâce aux renseignements fournispar des camarades du bâtiment – un véritabledépôts d'armes en plein coeur de Paris.Un officier de réserve, le Croix de feuBessureau, avait emmagasiné dans sa cave, rueGarancière un obusier Brandt et une centained'obus à ailettes.
On sait que l'obusier Brandt, dont lacourte trajectoire permet au projectile de passerpardessus les maisons et de retomber dans unerue voisine, est une arme de guerre civile, une
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arme de combat de rues, par excellence.Or, il fallut une campagne de trois jours dansl'Humanité et l'Oeuvre , pour contraindre lapolice à saisir ces dangereux engins. Peu après, àla suite d'une dénonciation anonyme, unemitrailleuse en état de marche était saisie, aucours d'une perquisition, chez un royaliste deGien, l'armurier Pillé.Ce n'est pas la seule arme de ce genre qui setrouve aux mains des fascistes. C'est ainsi quel'Humanité a dénoncé le dépôt d'armes constituéà 6 kilomètres de Dieppe au château deGaillefontaine, par le marquis des Roys,royaliste notoire.
Ce château détient notamment unemitrailleuse neuve, marque Hotchkiss, n°matricule 17.850.A Paris, un Croix de feu, colonel de réserve etdirecteur d'une importante firme, détenait luiaussi dans la cave de son immeuble duboulevard des Batignolles, deux mitrailleusesHotchkiss, à l'état de neuf et qui, plus est,accompagnées de créneaux de protection.Toujours en prévision des combats de rues...Bien entendu, nous ne citons que ce qu'il nous aété permis de vérifier jusqu'à présent, mais nousavons en mains des documents qui nousprouvent que des dépôts de mitrailleuses existentégalement en province.
D'où viennent ces mitrailleuses ? Qui lesfournit ? Il ne s'agit pas là d'armes decontrebande. Ces engins de guerre sontfabriqués en France et mis directement entre lesmains des fascistes. A ce sujet, nous avonssignalé dans l'Humanité que des mitrailleusesHotchkiss sortaient d'une usine de SaintCloud –les pompes Guinard soigneusement emballéedans des caisses de vermicelle... Estce pourl'armée ou bien une partie de ces armes estelledestinée à pourvoir les fascistes ?De toutes façons, nous savons que le patron decette usine est un Croix de feu et qu'il peutmettre instantanément des dizaines demitrailleuses à la disposition des troupes ducolonel de La Rocque. Sans doute n'estil pas leseul dans ce cas.
Enfin, le 21 septembre, seize caisses demitrailleuses Hotchkiss entrant en fraude dansParis, étaient découvertes par une brigademobile de l'octroi. Détail curieux : ces caissesexpédiées de France avaient été faire un tour àLisbonne pour rentrer ensuite à Paris en passantpar le Havre.
Voici qui rappelle singulièrement, n'estce pas, les 26.000 kilos d'armes et de munitionsBrandt expédiés au Paraguay et que l'on retrouvequelques mois après au Havre ! Mais les caissesne contenaient plus que du sable et des pavés.Des autosmitrailleuses, des mitraillettes, descanons de campagne
Le 29 août, l'envoyé spécial de ParisMidi au Havre, communiquait à son journall'information suivante, concernant la découverted'une automitrailleuse par un douanier :« La carrosserie de la voiture était blindée pardes plaques de 4 millimètres d'épaisseur, plaquesqui recouvraient tout l'intérieur de la carrosserie,du capot, etc. Et mieux que cela, à l'intérieur desaffûts de mitrailleuses étaient disposés. Ledouanier venait de découvrir la pre mière voiturelimousine, automitrailleuse, importée enFrance. » En fraude naturellement. Et notreenquête nous permit d'établir que cette autromitrailleuse était arrivée au nom de M. Hermanndu Pasquier, président de la Chambre deCommerce du Havre... Bien entendu, ce M.Hermann du Pasquier n'a pas été arrêté !Combien d'automitrailleuses de ce genre ont étéainsi introduites en France et qui servirontcontre les travailleurs ?
Mais voici à présent un autre genred'armes. Le 21 août, ParisMidi posait cettequestion :« Qu'est devenu le wagon rempli de mitraillettesqui venait d'Hadesberl voici seulement six mois.Qu'estil devenu ? À qui étaitil destiné ? »Destiné aux fascistes, bien sûr ! Et depuis nousavons appris que le contenu de ce wagon,déchargé au Havre, avait été transporté à Paris.
Mais il n'était pas seul ! car le 2septembre le même journal publiait cettenouvelle information :
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« Depuis un mois quatre wagons au chargementcompromettant circulent de gare en gare enpassant par Le Havre... » Ces wagons étaient,eux aussi, chargés de mitraillettes et la police nes'est pas souciée de rechercher ces arsenauxambulants qu'il était pourtant facile de retrouverpuisqu'elle connaissait les numéros des wagonssuspects et leur dénomination d'origine.
Enfin, après les mitraillettes, voici encorede nouveaux engins. Voici ce qu'écrivait Parismidi : Le 31 août, ParisMidi racontait à seslecteurs une des dernières histoires decontrebande. Elle est courte, mais ne manquepas de saveur.« Savezvous sous quelle dénomination cesmessieurs faisaient passer en fraude les canons,les petits canons de campagne. Sous cellesd'arcticles de ménage ! »
Ainsi la presse bourgeoise avouait ellemême l'introduction en France – et en fraude –d'automitrailleuse, de wagons de mitraillettes etde canons de campagne. Voilà n'estil pas vrai,un solide armement de guerre civile.Les munitions en massePour tout cela il faut des munitions, c'estévident. Là aussi s'est établi un véritable trafic.En premier lieu ce fut la substitution, en sable eten pavés, de 310 caisses de matériel Brandt. Ces310 caisses contenaient 25.000 kilogrammesd'armes et dé munitions. La police n'a rien faitpour retrouver ces 25 tonnes de matériel Brandt.Or l'affréteur Auby, à qui fut livrée lacommande, est président d'une ligue d'officiersde réserve de la « Marine royale ». Et Auby estCroix de feu, ami du colonel de la Rocque.Après cela il est aisé de comprendre où sonpassés ces 25.000 kilos d'obusiers et demunitions Brandt.Peu après nous découvrions une affaire degrande envergure elle aussi : 201 caisses demunitions étaient transportées le 2 août deRouen à Haubourdin...
Le 6 août, un transport semblable étaiteffectué de Rouen à Amiens... Là encore, lapolice n'ignorait rien puisque le commissairespécial de Rouen, le policier Solassol avertissait
par télégramme du départ du premier envoi, unepersonnalité d'Haubourdin. Depuis, malgré lesprécisions fournies par l'Humanité , aucuneperquisition n'a été effectuée. Partout s'affirmaitdonc la même complicité. Ces munitions sontallées grossir les dépôts clandestins desorganisations fascistes. Ajoutons qu'en dehorsde ces dépôts ainsi constitués, les fascistes – outout au moins certains d'entre eux – sontabondamment pourvus !
C'est ainsi que le prince Murat, habitant102, rue de Miromesnil à Paris, détenait dans sacave, il y a quelques mois, une vingtaine decaisses de balles explosives : chaque caissecontenait mille de ces cartouches.Depuis, le prince Murat a fait sans doute unerépartition de ces munitions puisqu'il ne lui resteplus que mille de ces cartouches. De quoi, toutde même, faire quelques vides dans les rangsouvriers !
Contrebande organisée
Pour organiser un tel trafic, les liguesfascistes ont fait appel aux meilleurs spécialistesde la contrebande. C'est ainsi que de la Rocqueuti lise ces flibustiers de la fraude.Carbone, le gangster marseillais, est entré auxCroix de feu. Or, Carbone est un des principauxorganisateurs de la contrebande en France. Et lecolonel l'a pris à son service non pas – on s'endoute pour ravitailler les Croix de feu encigarettes ou en poteries, mais bien pourravitailler en armes de tous genres ses sectionsd'assaut. Il est bien difficile de chiffrer lemontant des armes introduites en contrebande.Là encore nous voulons nous en tenir à uneappréciation qui n'est pas celle d'un militantcommuniste. Dès le début de l'enquête sur lesfraudes fiscales du Havre, le directeur desdouanes luimême a annoncé qu'il y avait 128millions de fraudes. Immédiatement la pressebourgeoise a affirmé qu'il s'agissait là de lampesde T.S.F.
Or, M. Plantagenest, expertcomptablede l'Etat, qui enquête sur cette affaire, a établi
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que le trafic des lampes n'atteignait que troismillions de francs.Il reste donc 125 millions de francs – chiffreavoué rien que pour le Havre – qui sans aucundoute ont été consacrés, pour la plus grosse part,au trafic des armes.
Dans la Somme, les Croix de feu se sontégalement abouchés avec des contrebandiersprofessionnels qui passent des armes deBelgique. Enfin, signalons qu'à Parismême, desgangsters ont proposé à certains dirigeantsd'organisations, de leur fournir des pistoletsautomatiques en quantité presque illimitée.Bien entendu il est certain que ces gangsters liésà la police ne manquent pas de faire des offresde service à des camarades du Parti ou desorganisations antifascistes dans un but évidentde provocation. Le munitionnaire Brandt, luinon plus, ne reste pas inactif. En dehors des25.000 kilos de matériel de guerre si habilementsubtilisés, nous pouvons affirmer qu'un traficclandestin a lieu.
Par exemple le 27 mars dernier, deuxcamions de munitions camouflés, évidemment,quittaient l'usine Brandt en direction de Rouen.Ce trafic est si nettement établi, que le journal laLiberté (n° du 26 août) prévoyait l'inculpation deBrandt le munitionnaire. Cette inculpation n'apas eu lieu ! Car n'estce pas Weygand luimême, alors président du Conseil supérieur de laguerre, qui imposa Brandt au ministère de laGuerre, comme fournisseur de l'armée ? D'autrepart le ministre actuel de la Guerre, le colonelFabry, n'atil pas chez Brandt un de seshommes de confiance, un certain capitaineRank, à qui il fit quitter l'armée pour le faireentrer chez le munitionnaire ?La chaîne, du gouvernement aux Croix de feu,en passant par les fournisseurs d'armes, est ainsicontinue.
Les escadrilles d'aviation Croix de feu
Les Croix de feu ont également fait un très groseffort dans le domaine de l'aviation. Chacun sesouvient de la démonstration d'Alger ou de la
Rocque passa en revue une escadrille de trenteavions Croix de feu.Ces 30 avions ne sont qu'une même partie de lavéritable flottille de l'air dont peuvent disposerles Croix de feu qui ont en réalité mis la mainsur une grande partie de l'aviation civile. Ceciappelle quelques explications.
En France existe tout un réseau d'aéroclubs de tourisme (plus de 200 aéroclubs sontrépartis sur le territoire). Or, les Croix de feu ontréussi à prendre la direction de ces centresd'aviation et nos camarades des différentesrégions feraient bien, à ce sujet, de se livrer àune enquête approfondie.
Nous citerons quelques exemplesseulement : Deux des aéroclubs les plusimportants sont dirigés par des Croix de feu. Lepremier est l'aéroclub d'Auvergne qui est dirigépar le Croix de feu Gilbert Sardier et parSandral, président d'une section de Croix de feu.Le second est l'aéroclub du Rhône, dont le viceprésident n'est autre que le Croix de feuBurlaton, arrêté récemment en Roumanie pourcontrebande.
A Fez, l'aéroclub est dirigé par le Croixde feu Thumay. A Marrakech c'est le Croix defeu Ducolombier qui préside aux destinées del'aéroclub, cependant que le Croix de feu Caillatdont le fils est « volontaire national » dirigecelui de Meknès. Rayonnant sur tous ces aéroclubs et coordonnant leur activité, on trouvel'aéroclub de France – organisme central dont leprésident est le colonel Watteaux, Croix de feu.
De l'avis de tous les milieuxaéronautique, cet aéroclub de France dont ladirection est ultraréactionnaire, est plus puissantque le ministère de l'Air luimême, dont lesservices ne font rien, en général, sans l'avis,sinon l'autorisation de dirigeants de l'aéroclub deFrance. De plus, le moindre incident est parfoisrévélateur. C'est ainsi, par exemple, que lapseudoagression du docteur Dupéchez, à Sens,nous a révélé que celuici était Croix de feu etqu'il disposait de son avion personnel.De la Rocque organise méthodiquement sonaviation de guerre civile dont les aviateurs
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Mermoz et Détroyat semblent avoir pris ladirection.
Une « Amicale de l'aéronautique » a étéconstituée. De plus, les Croix de feu font preuved'une grande activité dans « l'Association desofficiers de réserve de l'aéronautique »,association à tendances nettement fascistes qui,par l'entremise du capitaine Heurteaux, Croix defeu et collaborateur du général Denain, disposede gros moyens d'action au ministère de l'Air.On le voit, l'aviation Croix de feu est bien uneréalité. C'est, en fait, une véritable armée de l'air,avec ses aérodromes que la Rocque a déjàinstitué.
Ajoutons à cela que les Croix de feu ontune école de pilotage à laquelle sont déjà inscritsune centaine de volontaires nationaux.
Les complicités du ministère de l'Air
Toute facilité est d'ailleurs accordée auxfascistes pour organiser leur aviation. Nonseulement ils rencontrent l'aide de certainsconstructeurs – en particulier Potez, Renault etLeyatJacquemain (ce dernier pour la fournitured'avionnettes), mais encore le ministère de l'airaccorde des subventions aux acheteurs d'avions.Un décret du 15 août, pris par le général Denain,ministre de l'Air, accorde une prime de 40 % dumontant du prix d'achat des avions de tourisme.Pour un avion coûtant 35.000 francs, l'acheteurreçoit donc du ministère de l'Air une prime de14.000 francs.
Il va de soi que les travailleurs nepeuvent se payer d'avion de 35.000francs et quand bien même ! Le général Denaina pris toutes ses précautions en spécifiant, dansson décret, « que les primes seront attribuéesdans la limite des crédits disponibles ».Cela signifie, en bon français, que les primes de40 % seront attribuées après examen sérieux desopinions politiques du postulant. A ceux dont lesopinions seront contraires aux volontés duministère de l'Air, il sera aisé d'opposer lapénurie de crédits pour refuser la subvention.On sait que le général Denain est acquis à de la
Rocque avec lequel il banqueta à Lyon.Il a commencé par chasser de ses services lesofficiers républicains, tels le colonel Lacolley,qui assumait la direction du personnel etcontrôlait l'avancement ; le général Berger,directeur du matériel et l'ingénieur Demanoy,directeur des constructions aéronautiques. Parcontre, le ministère de l'Air a pris comme chefde cabinet un fasciste notoire, Siscard d'Estaing,dont le frère est un des manitous des moteursLorraine. D'où une commande importante dePotez54 à moteurs Lorraine, car la politique nefait pas oublier les affaires. Un autrecollaborateur du ministre est le colonel Davet,Croix de feu ayant aussi des attaches à l'ActionFrançaise. Un troisième collaborateur de Denainest le capitaine Croix de feu Testard. En fait, leministère de l'Air est entre les mains deshommes de confiance du colonel de la Rocque.Avions de contrebande
Le 3 août une dépêche de l'Agence Radiovenant de Modane, signalait le fait suivant :« A l'arrivée d'un train de marchandises italien,en gare de Modane, hier, trois wagons spéciaux,pour le transport des autos et des avions,affectés provisoirement au rapatriement desceuvres inestimables provenant de l'expositiondes arts italiens à Paris, figuraient dans lacomposition du convoi, avec la mention « vide,destination Paris. » Malgré ces indications, ledouanier chargé de reconnaître le train àl'arrivée, voulut se rendre compte et fit ouvrirles wagons, deux sur trois contenaient desavions. »
Ces appareils sortaient des usines Fiat, deTurin. Donc la contrebande d'avions se fait aumême titre que la contrebande de mitraillettes oud'autosmitrailleuses et l'Humanité a pu signaler sans obtenir d'ailleurs de moindre démentiofficiel ni la moindre... perquisition – que lesfascistes avaient institué, dans des souterrainsprès de PontAudemer, des dépôts d'avions.
Liaison dans l'armée
Nous pourrions ajouter à tout cela, les
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liaisons établies entre les fascistes et l'armée.De l'aveu même de M. Perrier, directeur desrenseignements généraux à la Préfecture dePolice, les Croix de feu ont réussi à noyauter lescadres de l'armée et à créer des « groupes degarnison » parmi les officiers d'active. D'autrepart, de nombreux élèves des grandes écolesmilitaires (SaintCyr, Polytechnique et Navale)ont donné leur adhésion aux « VolontairesNationaux ». Au cours d'une interview dudéputé Paul Perrin – président de la Fédérationdes Officiers de réserve républicains – àl'Humanité , le député du 18è a pu nousdéclarer :« Les fascistes jouissent dans les cadres del'armée, de complaisances indiscutables. Le 6Février 1934 des tanks dirigés de Versailles surParis, sont tombés en panne à michemin.Certains officiers de chars d'assaut se sontvantés d'avoir participé à ce sabotage. »Depuis le 6 Février 1934 l'effort des fascistes etsurtout des Croix de feu, a été considérable pourgagner les cadres de l'armée. Et il est hors dedoute que, dans ce domaine, ils ont obtenu desrésultats importants qu'il importe de contrebattreau plus tôt par une propagande et une actioninlassables pour la défense des revendicationsdes soldats, des cadres subalternes, et aussi pourla défense des officiers républicains, brimés parun étatmajor fasciste. Le mot d'ordre :licenciement de l'armée des officiers fascistes , aplus que jamais toute sa valeur.Des conciliabules ont réuni ces jours derniersdivers représentants de ligues fascistes en vue dela création de sections d'assaut.
Subventions capitalistes
L'article paru dans l'Agence technique de lapresse (n° du 25 septembre) est à ce sujethautement significatif :« Ces jours derniers, des conciliabules ontréuni, à plusieurs reprises, des représentantsdes trois « Ligues »: Front paysan, Croix de feuet Ligue des contribuables.Sans doute, les Croix de feu n'étaientils pas
représentés officiellement par leurs chefsautorisés et peutêtre même le colonel de laRocque n'estil pas au courant des tractations deplusieurs de ses lieutenants qui se flattentd'obtenir son acquiescement au momentopportun, mais ce qui ne saurait être contesté,c'est qu'un plan a été élaboré en vue d'une actioncommune des trois groupements précités et quece plan a été soumis à l'approbation de M.DubreuilLemaigre, président de la Ligue descontribuables .
Ce plan préconise la création de sectionsd'assaut groupant 50.000 hommes recrutés danstoutes les classes de la société, l'intensificationde la propagande, au nom du Salut national et dela Salubrité publique, auprès des officiers del'armée, et, dans le texte écrit de ce plan, figurequ'au cas où il viendrait à être réalisé, lePrésident de la République seraitimmédiatement gardé à vue » (...)
On avait fait grand état des Croix de feu,de leurs parades paramilitaires, de leursrassemblements périodiques, de leur armementplus ou moins clandestin. Mais pour s'entourerd'ombre, l'action souterraine de la Ligue descontribuables n'en est pas moins dangereusepour l'ordre public et le régime républicain. Sousle couvert de la défense des contribuables contrel'appétit du fisc ; comme au temps où la Ligueavait pour président le baron d'Anthouard etpour secrétaire général M. Large, la Ligue desContribuables est, maintenant, une organisationd'opposition et, bien qu'elle se défendestatutairement de toute intrusion dans lapolitique, on l'a vue récemment faire causecommune avec M. Dorgères, chef du Frontpaysan.C'est qu'elle a trouvé en M. DubreuilLemaigreun chef dont on aurait tort de méconnaître laverdeur et le cran. Copropriétaire de la célèbrefirme Les Huiles Lesieur, dont a dit que lechiffre d'affaires atteint annuellement 240millions de francs, M. Dubreuil Lemaigre, dontla part de bénéfices n'est pas mince, anciencombattant d'un courage éprouvé, d'undésintéressement incontestable, dispose d'une
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caisse importante qu'alimentent, en dehors deses dons personnels, les cotisations des quelquetrois cent mille membres de la Ligue et lescontributions bénévoles de ses pairs, grands« capitaines d'industrie ».
Une simple lettre de M. DubreuilLemaigre à M. Pierre Thibaud, du Gibbs et deLa Brosse, par exemple, et ce sont 10.000,20.000, 50.000 francs qui tombent dans la caissede la Ligue des Contribuables. »
Voilà, n'estil pas vrai, quelquesrenseignements significatifs sur les subventionsaccordées aux ligues fascistes et sur l'activité deces ligues.Les provocations fascistes se multiplientDimanche 22 septembre, le colonel la Rocquefaisait opérer à ses troupes une véritable rentréede guerre civile. Une formidable concentrationdes Croix de feu et de Volontaires nationauxétait opérée à Senlis et à Meaux. Desexpéditions motorisées avaient amené dedizaines de départements les sections d'assaut ducolonel. Cette mobilisation des Croix de feu aété une opération de grande envergure.
Le colonelcomte affirme que sesrassemblements ont groupé 150.000 hommes.Ces chiffres sont manifestement exagérés. Parexemple, la Rocque annonce 80.000 hommes aurassemblement de Meaux, or des renseignementssûrs nous permettent d'affirmer que 25.000hommes ont participé à cette démonstration.Aussi, ce ne sont pas les chiffres discutables ducolonelcomte qui retiennent aujourd'hui notreattention, mais bien plutôt les moyens demobilisation rapide et la technique quiprésidèrent à cette opération. Les moyens demobilisation rapide : ce sont les centaines decars, les milliers d'automobiles et demotocyclettes dont disposent les Croix de feu.
La technique : c'est d'une part, lapréparation secrète de ces expéditionsmotorisées... Les adhérents Croix de feu sontconvoqués sur des points déterminés, sansconnaître le lieu du rassemblement définitif.Seul, l'étatmajor du colonel la Rocque connaîtle lieu du rassemblement et l'itinéraire à suivre.
Ceci démontre amplement le caractère militairede ces opérations.D'autre part, à ce rassemblement de Meauxparticipèrent les sections Croix de feu de tous lesdépartements environnant la capitale. Lamobilisation s'effectua à 200 kilomètres à laronde, en Normandie, dans l'Eure, le Loiret, enChampagne, dans la région troyenne, etc., et, pardes itinéraires soigneusement choisis, leslongues colonnes motorisées convergèrent versParis , en l'occurrence représenté par la forêt deSenlis.
Cette démonstration montre que le plandu colonel de la Rocque consiste à jeter toutesses troupes d'une vaste région sur un pointdéterminé, et à une heure choisie à l'avance.Tactique militaire ! Tactique du coup de forcebrutal et organisé dans ses moindres détails.De semblables opérations se déroulèrent enprovince. Un double rassemblement dans leNord, 5.000 hommes près d'Arras, 2.000 près deBoulogne. Rassemblement dans la banlieue deMarseille, avec 5.000 participants.
Rassemblement régionaux dans laManche, la Meuse, la Loire, les BassesPyrénées, l'Hérault, le Calvados, l'Algérie, etc.Partout la même tactique ! les sections alertéeset munies de vivres se rendaient à un pointdéterminé où les prenaient les autos, les carspour les diriger sur les lieux de rassemblementinconnus des adhérents.
Cette tactique peut permettre ainsi aucolonel de la Rocque de jeter ses troupes, à unmoment donné, sur une grande cité industrielleet sur des centres décisifs.
A la même date, nous apprenions qu'àParis les « Jeunesses patriotes » se préparaientpour une action prochaine. C'est ainsi que dansla 9° section des J.P. Notamment, nous sommesinformés que les groupes de combat viennentd'être reconstitués sur de nouvelles bases et quechaque membre de ce groupes a été avisé qu'ildisposerait, au moment opportun, de telle outelle arme, la distribution de ces armes devantêtre faite au moment décisif.Ces groupes de combat se sont d'ailleurs exercés
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depuis quelques semaines. Les agressionsfascistes se sont multipliées au cours de ces deuxderniers mois et il semble qu'il s'agit bien d'unplan d'agression systématique.
Dans la première semaine d'août, les J.Ptirent sur la foule dans une assemblée populaire,à Paris, rue de la Réunion (20°). A Oran, lesVolontaires nationaux tirent des coups de feu surles travailleurs. Deux jours après à BrysurMarne, les fascistes blessent quatre ouvriers.Le 14 août, à Ormesson, les provocateursfascistes tentent un coup de main sur la mairie,siège d'une municipalité communiste. Surpris ilstirent. Précédemment ils avaient saccagé lespréparatifs d'une fête populaire à Ormesson.A Sainty (SeineetOise), les fascistes viennentla nuit du 16 au 17 août et se livrent à des actesde vandalisme. Ils tentent d'arracher desoriflammes rouges.Dans l'Ile d'Oléron, ils s'attaquent à la colonie devacances de la municipalité communiste deBagnolet.
Dans la nuit du 3 septembre, les fascistess'enhardissent, s'attaquent à la Maison du Parti,120, rue Lafayette, et enlèvent un drapeau rougecravaté de crêpe, placé à l'occasion de la mortd'Henri Barbusse. La nuit du 4 au 5 septembre,c'est le saccage de la Maison du Peupled'Argenteuil et de la Maison des Syndicats deLevallois, cependant qu'à Valmondois (SeineetOise), des Croix de feu tirent sur destravailleurs.Le 14 septembre, c'est à BlancMesnil que lesfascistes saccagent les préparatifs d'une fêtepopulaire ; le 15 ils opèrent à Bagneux où lesouvriers leur donnent la chasse.Le lendemain ils brisent les vitres de ladevanture d'un magasin de la Belleviloise, placedu Combat à Paris.
La complicité de Laval
De ces agressions, nous en passons !elles sont trop nombreuses pour être toutesrelatées.Mais il apparaît que les bandes fascistes opèrent
toute une série d'attaques contre les sièges desorganisations révolutionnaires et contre lesmunicipalités communistes.
C'est une sorte d'exercice d'entraînementavant une attaque plus généralisée.Loin de réprimer ces agressions, les Tribunauxacquittent avec félicitation les vandales fascistes.C'est ainsi que le tribunal de VilleneuveSaintGeorges a acquitté des fascistes qui avaientsaccagé les préparatifs d'une fête populaire, «attendu, dit le jugement , qu'on ne saurait voirdans cet acte faisant cesser une exhibitioncontraire à la loi d'un emblème révolutionnaire,une contravention à d'autres règlements ».Ce jugement est une prime à la provocationfasciste contre nos municipalités et les sièges denos organisations.En même temps, Laval, qui autorise et favoriseles expéditions motorisées des Croix de feuopère toute une série de coups de force contrenos municipalités.Sur les injonctions des fascistes, il suspend lesmaires de Chelles, d'Argenteuil et de différentesmunicipalités communistes. Il fait arbitrairementannuler les élections municipales de Fresnes etde Colombes et interdit l'usage des locauxmunicipaux pour les meetings du Frontpopulaire.L'offensive de Laval contre les libertésmunicipales se conjugue admirablement avec lesattaques à main armée des fascistes contre lesmunicipalités ouvrières.Front populaire
Déjà les municipalités communistes ontorganisé un système de défense et ont pris toutesdispositions utiles pour appeler la populationlaborieuse à s'opposer à toute attaque fasciste.Mais nous ne pouvons oublier que les liguesfascistes disposent d'un matériel considérable deguerre civile.Camions, autos et motos leur permettent desraids rapides et brusques et leur armement estdes plus perfectionné. Un tel armement constituede toute évidence un immense danger pour lestravailleurs. Et à nouveau certains émettentl'opinion qu'à ces dépôts d'armes fascistes, il faut
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répondre par l'armement de groupes de combatchez les travailleurs.Nous ne reviendrons pas sur ce qu'a dedangereux une telle conception de « groupesarmés », conception qui n'a absolument rien decommun avec l'armement du prolétariat.
Tout d'abord, nous ne répéterons jamaistrop que le trafic des armes, la contrebande, laconstitution de dépôts ne se fait en généralqu'avec la complaisance et la complicité de lapolice.Nous avons prouvé que la Sûreté nationalen'ignorait rien des dépôts d'armes fascistes.
Il en serait de même des dépôts d'armesconstitués dans nos rangs. Que la police laisseconstituer quelques dépôts semblables par desgroupes d'ouvriers ou par des « milices », c'estchose possible, car elle saurait les « découvrir »au moment opportun et en faire une arme deguerre contre le organisations révolutionnaires.Ce serait là le coup classique de la provocation.
D'ailleurs, quelques revolvers, quelquesmitrailleuses même estce suffisant pour assurerla victoire définitive du prolétariat ? A cetteconception, les communistes doivent opposer enpremier lieu la pratique de la conquête del'armée. Pour battre le fascisme, il faut renforcernotre propagande chez les jeunes et passer à unedéfense résolue des revendications des soldats.D'autre part, nous pensons qu'il est utile derappeler l'article paru le 28 janvier, dansl'Humanité :« L'armement du prolétariat, il est – sansinsister sur l'armée – dans les usines. C'est de lapuissance de notre parti, c'est de son activitédans les entreprises qu'il dépend.L'armement du prolétariat, il s'appelle Renault,Hotchkiss, Gevelot, LioréOlivier, par exemple.L'armement du prolétariat, il s'appelle Puteaux,SaintEtienne, Châtellerault, Bourges, Toulon...Il s'appelle aussi Cars Citroën, Cars Renault,
S.T.C.R.P. Il y a deux mois, quand, au momentde la chute de Doumergue, l'étatmajor dugouvernement militaire de Paris a craint uneaction ouvrière contre un nouveau 6 févrierfasciste, quel est l'un des points qu'il a faitimmédiatement occuper militairement ? L'usineHotchkiss, à Levallois.Quand ils, ont pris le pouvoir aux Asturies, oùdonc, en dehors de leur armement individuelprimitif – quelques pistolets et quelques fusils dechasse chargés à chevrotines – les ouvriersespagnols ont ils pris de quoi armer leprolétariat ? Dans les usines. Ils y trouvèrentmême des fusils d'un nouveau modèle inconnuencore de la majorité de l'armée !Avec des camions et quelques plaques deblindage, ils sont même arrivés à faire destanks. » (...)« Contre le fascisme – dans la période actuelle– action de masse, autodéfense de masse, pourle désarmement et la dissolution des liguesfascistes.C'est à l'usine, par le développement de notreparti dans la lutte pour les revendicationsimmédiates, que se prépare la lutte décisivecontre le fascisme et que s'organise la prise dupouvoir. »
Certes, il faut organiser et renforcer ladéfense populaire et à cela, nos municipalitésdoivent y veiller avec soin. Mais l'effortprincipal, urgent, c'est de renforcer partout leFront populaire. Les fascistes reculeront une foisde plus lorsqu'ils seront assurés que le bloccontre eux sera plus compact, plus massif et plusuni que jamais.Les communistes doivent donc tout mettre enoeuvre pour que soit tenu le serment du 14juillet, pour imposer la cessation du traficclandestin des armes, la saisie des dépôts, ledésarmement et la dissolution des liguesfascistes.
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4.L'antifascisme comme nécessaire front des progressistesEn raison de la compréhension que nous avions de l'inévitable progression du fascisme, nous
avons tenté au milieu des années 2000 de générer un antifascisme à la base, sur une base d'unitédes progressistes. Nous n'avons été optimistes dans le succès de cette entreprise, pour deuxraisons : tout d'abord, la négation de la menace pratiquée par le trotskysme et la frange anarchistequi lui est alliée, ensuite en raison de l'anticommunisme forcené diffusé par l'anarchisme.
Pour cette raison, notre appel et nos efforts à l'unité d'action antifasciste n'ont pas étécouronnés de succès. Cela ne signifie pas pour autant une défaite politique, bien au contraire : nousavons assumé ce choix politique de l'antifascisme, et c'est une composante qu'il était nécessaired'ajouter à notre matrice. A ce titre, nous ne sommes pas du tout dans la déception par le fait quenombre d'initiatives, principalement anarchistes, assume désormais, par un retournement à 180°, leprincipe de l'unité antifasciste.
Seulement, nous avertissons ici les antifascistes sincères : sans approfondir votre démarche –et cela dans le sens où nous l'avons fait – vous soulevez une question bien trop grande pour vous.Le fascisme est assassin, il est meurtrier, il est porté par des forces sociales immenses ; il ne consistepas en une poignée de mercenaires et de gangsters, il n'est pas une gangrène qu'il serait possible destopper. Le fascisme va vers la mobilisation de masses et seule une compréhension idéologiqueapprofondie de l'anticapitalisme romantique permet de contrer cela, en sachant qu'au final ce serala guerre civile.
En ce sens, nous appelons de nouveau et encore au Front des progressistes dans un cadred'unité antifasciste le plus large possible, sur une base populaire et métissée, dans le refus ducommunautarisme et dans l'affirmation claire de la nécessité absolue de la révolution sociale.
Le Front des progressistes ne doit pas être soumis à la socialdémocratie, ni rentrer dans lejeu des médias et des syndicats ; il doit être autonome par rapport aux institutions, revendiquantl'écologie dans son identité, il doit porter les valeurs de la classe ouvrière, l'exigence de larévolution sociale.Seul cet antifascisme peut s'ancrer dans les masses populaires et ne pas être débordé par lesinéluctables prochains sauts du fascisme, auxquels « l'antifascisme » petitbourgeois n'aurastrictement aucune réponse.PCMLM - Document 50 - Résolution stratégique , janvier 2014
L’OFFENSIVE DU FASCISME ET LES TÂCHES DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE DANS LA LUTTE POUR L’UNITÉ DE LA CLASSE OUVRIÈRE CONTRE LE FASCISME
Résolution sur le rapport du camarade Dimitrov, adoptée le 20 août 1935 [Extraits]
Le capital financier cherche à maîtriserl’indignation des masses petitesbourgeoisescontre le capitalisme à l’aide de son agencefasciste, qui adapte démagogiquement ses motsd’ordre à l’état d’esprit de ces couches. C’est ense créant ainsi une base de masse et en dirigeantces couches, comme une force réactionnaire,
contre la classe ouvrière, que le fascismeconduit à un asservissement encore plusaccentué de tous les travailleurs par le capitalfinancier (…).
Bien que le mouvement du front unique ne setrouve, pour le moment, qu’au début de son
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développement, les ouvriers communistes etsocialdémocrates de France, luttant la maindans la main, ont réussi à repousser lespremières attaques du fascisme, et ont exercépar là une action mobilisatrice sur lemouvement du front unique à l’échelleinternationale.
La lutte armée commune des ouvriers socialdémocrates et communistes en Autriche et enEspagne a montré aux travailleurs des autrespays non seulement un exemple héroïque, maisaussi l’entière possibilité d’une lutte efficacecontre le fascisme, s’il n’y avait pas eu sabotagedes chefs de droite, ni oscillations des chefs de« gauche » de la socialdémocratie (et aussi, enEspagne, la trahison ouverte de la plupart deschefs anarchosyndicalistes), dont l’influencesur les masses privait le prolétariat d’unedirection révolutionnaire décidée et l’empêchaitd’établir clairement les objectifs de la lutte (…).
II. Le front unique de la classe ouvrièrecontre le fascisme.
Devant la grave menace que représentele fascisme pour la classe ouvrière et pourtoutes ses conquêtes, pour tous les travailleurset leurs droits élémentaires, pour la paix et pourla liberté des peuples, le VIIe Congrès del’Internationale Communiste déclare que laréalisation du front unique de la classe ouvrièreest, à l’étape historique actuelle, la tâcheprincipale immédiate du mouvement ouvrierinternational. La lutte efficace contre l’offensive du capital,contre les mesures réactionnaires de labourgeoisie, contre le fascisme, ce pire ennemide tous les travailleurs qu’il prive de tous lesdroits et libertés, quelles que soient leursopinions politiques, exige impérieusement quel’unité d’action de toutes les couches de laclasse ouvrière, quelle que soit l’organisation àlaquelle elles appartiennent, soit réalisée avantmême que la majorité de la classe ouvrière
s’unisse sur la plateforme commune de la luttepour le renversement du capitalisme et lavictoire de la révolution prolétarienne.Mais c’est précisément pour cela que cette tâchefait un devoir aux Partis Communistes de tenircompte du changement de la situation etd’appliquer la tactique du front uniqued’une nouvelle manière, s’efforçant d’obtenirun accord pour des actions communes avec lesorganisations de travailleurs des différentestendances politiques à l’échelle de l’usine, àl’échelle locale, régionale, nationale etinternationale.
Partant de là, le VIIe Congrès del’Internationale Communiste invite les PartisCommunistes à s’inspirer, dans l’application dela tactique du front unique, des directives ciaprès :
1. La défense des intérêts économiques etpolitiques immédiats de la classe ouvrière, ladéfense de celleci contre le fascisme doit êtrele point de départ et former le principal contenudu front unique des ouvriers dans tous les payscapitalistes.
Pour mettre en mouvement les grandesmasses, il est nécessaire de mettre en avant desmots d’ordre et des formes de lutte quidécoulent des besoins vitaux des masses, duniveau de leur capacité de combat à chaqueétape donnée du développement.Sans se borner aux seuls appels à la lutte pour ladictature du prolétariat, les communistesdoivent indiquer aux masses ce qu’elles ont àfaire aujourd’hui pour se défendre contre lepillage capitaliste et la barbarie fasciste.
Ils doivent, par l’action commune desorganisations ouvrières, tendre à mobiliser lesmasses autour d’un programme derevendications visant à reporter effectivementles conséquences de la crise sur le dos desclasses dominantes, des revendications tellesque la lutte pour leur réalisation désorganise lefascisme, rende difficile la préparation de laguerre impérialiste, affaiblisse la bourgeoisie etrenforce les positions du prolétariat.
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Préparant la classe ouvrière à unesuccession rapide de formes et méthodes delutte pour le cas où la situation viendrait àchanger, il est nécessaire, dans la mesure où lemouvement se développe, d’organiser lepassage de la défensive à l’offensive contre lecapital et de s’orienter vers l’organisation dela grève politique de masse, en faisant tout pourassurer la participation à cette organisation desprincipaux syndicats du pays.
2. Sans renoncer un instant à leur travailindépendant de propagande communiste,d’organisation et de mobilisation des masses,les communistes doivent, pour faciliter auxouvriers le chemin de l’unité d’action,s’efforcer de réaliser des actions communesavec les partis socialdémocrates, les syndicatsréformistes et autres organisations destravailleurs contre les ennemis de classe duprolétariat sur la base d’accords de brève ou delongue durée.Ici, il faut prêter la plus grande attention audéveloppement d’actions de masse réalisées àl’échelle locale par les organisations de base aumoyen d’accords locaux.
En remplissant loyalement lesconditions de l’accord, il est nécessaire dedévoiler à temps tout fait de sabotage desactions communes de la part des personnes etorganisations participant au front unique et, encas de rupture de l’accord, en appelerimmédiatement aux masses en continuantinlassablement la lutte pour le rétablissement del’unité d’action compromise.
3. Les formes de réalisation du front uniqueprolétarien, qui dépendent de l’état et ducaractère des organisations ouvrières et de lasituation concrète, doivent être variées.
Ces formes peuvent être, par exemple,des actions communes concertées desouvriers, à telle ou telle occasion concrète, pourdes revendications particulières ou sur la based’une plateforme commune ; actionsconcertées dans telle ou telle entreprise, dans
telle ou telle branche de production ; actionsconcertées à l’échelle locale, régionale,nationale ou internationale ; actions concertéespour l’organisation de la lutte économique desouvriers, la défense des intérêts des chômeurs,la réalisation d’actions politiques de masse,l’organisation d’une autodéfense communecontre les agressions fascistes ; actionsconcertées pour l’aide aux détenus et leursfamilles, pour la lutte contre la réaction sociale ;actions communes pour la défense des intérêtsde la jeunesse et des femmes, dans ledomaine coopératif, culturel, sportif ; actionscommunes pour soutenir les revendications despaysans travailleurs, etc. ; création d’alliancesouvrières ou ouvrières et paysannes (Espagne) ;création de coalitions durables sous la formed’un parti ouvrier ou d’un « parti ouvrier etpaysanne » (ÉtatsUnis, etc.).
Afin de développer le mouvement defront unique, en tant qu’œuvre des masses ellesmêmes, les communistes doivent tendre àcréer des organismes de front unique de classehorsparti par voie d’élection (ou, dans les paysde dictature fasciste, choisis parmi lesparticipants les plus autorisés du mouvement)dans les entreprises, parmi les chômeurs, dansles quartiers ouvriers, parmi les petites gens desvilles et dans les campagnes.
Seuls de tels organismes, qui ne doiventévidemment pas se substituer aux organisationsparticipant au front unique, pourront engloberdans le mouvement du front unique égalementl’immense masse inorganisée des travailleurs,pourront contribuer au développement del’initiative des masses dans la lutte contrel’offensive du capital et contre le fascisme et,sur cette base, à la création d’un large actifouvrier du front unique.
4. Partout où les chefs de la socialdémocratie,cherchant à détourner les ouvriers de la luttepour la défense de leurs intérêts quotidiens et àfaire échouer l’établissement du front unique,mettent en avantdes projets « socialistes » grandiloquents (plan
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de Man et autres), il faut dévoiler le caractèredémagogique de pareils projets, en expliquantaux travailleurs l’impossibilité de réaliser lesocialisme aussi longtemps que le pouvoir resteentre les mains de la bourgeoisie.
Toutefois, il convient d’utiliser, enmême temps, telle ou telle mesure proposéedans ces projets et que l’on peut relier auxrevendications vitales des travailleurs, commepoint de départ pour développer la lutte demasse sur un front unique, en commun avec lesouvriers socialdémocrates.
Dans les pays où le pouvoir est exercépar des gouvernements socialdémocrates (oudes gouvernements de coalition avecparticipation des socialistes), il ne faut pas seborner à dénoncer par la propagande seule lapolitique d’un tel gouvernement ; il estnécessaire de mobiliser les larges masses autourde la lutte pour la réalisation de leursrevendications pratiques et vitales de classe,revendications dont les socialdémocratesproclamaient la réalisation dans leurs plateformes, notamment lorsqu’ils n’étaient pasencore au pouvoir ou ne faisaient pas encorepartie du gouvernement.
5. Les actions communes avec les partis etorganisations socialdémocrates, non seulementn’excluent pas mais, au contraire, rendentencore plus nécessaires une critique sérieuse etmotivée du réformisme, du socialdémocratisme, en tant qu’idéologie et pratiquede la collaboration de classe avec labourgeoisie, ainsi qu’une explication patiente,aux ouvriers socialdémocrates, des principes etdu programme du communisme.
Dévoilant devant les masses le sens desarguments démagogiques des chefs socialdémocrates de droite contre le frontunique, intensifiant la lutte contre la partieréactionnaire de la socialdémocratie, lescommunistes doivent établir la collaboration laplus étroite avec ceux des ouvriers, militants etorganisations socialdémocrates de gauche quiluttent contre la politique réformiste et
s’affirment pour le front unique avec le PartiCommuniste.
Plus nous accentuerons notre lutte contrele camp réactionnaire de la socialdémocratieformant bloc avec la bourgeoisie, plus effectivesera notre aide aux éléments socialdémocratesqui deviennent révolutionnaires. De même, lalutte la plus résolue des communistes pour lefront unique avec les partis socialdémocratesaccélérera, à l’intérieur du camp de gauche, leprocessus de l’autodétermination de ses diverséléments.
La question de l’attitude visàvis de laréalisation pratique du front unique sera leprincipal indice des positions effectives prisespar les différents groupements de la socialdémocratie.Dans le cours de la lutte pour la réalisationpratique du front unique, ceux des chefs socialdémocrates qui se présentent, en paroles,comme étant de la gauche seront contraints demontrer pratiquement qui d’entre eux esteffectivement prêt à lutter contre la bourgeoisieet les socialdémocrates de droite et qui est,avec la bourgeoisie, contre la cause de la classeouvrière.
6. Les campagnes électorales doivent êtreutilisées pour poursuivre le développement etl’affermissement du front unique de lutte duprolétariat.
En se présentant aux élections d’unefaçon indépendante, en développant devant lesmasses le programme du Parti Communiste, lescommunistes doivent tendre à l’établissementdu front unique avec les partis socialdémocrates et les syndicats (ainsi qu’avec lesorganisations des paysans travailleurs, desartisans, etc.) en appliquant tous les efforts pourempêcher l’élection des candidatsréactionnaires et fascistes.
Face au danger fasciste, lescommunistes peuvent, en tenant compte dudéveloppement et des succès du mouvement defront unique ainsi que du système électoral envigueur, mener la campagne électorale avec une
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plateforme commune et des listes communesde front antifasciste, en se réservant la liberté deleur propagande politique et la liberté decritique.
7. Visant à unifier, sous la direction duprolétariat, la lutte de la paysannerietravailleuse, de la petite bourgeoisie des villeset des masses travailleuses des nationalitésopprimées, les communistes doivent s’efforcerde créer un large front populaire antifasciste surla base du front unique prolétarien, endéfendant toutes les revendications spéciales deces couches de travailleurs qui vont dans le sensdes intérêts fondamentaux du prolétariat.
Il importe particulièrement de mobiliserles paysans travailleurs contre la politiquefasciste de spoliation des masses paysannesessentielles, contre leur exploitation par lapolitique des prix du capital monopoliste et desgouvernements bourgeois, contre le fardeauexorbitant des impôts, les fermages,l’endettement, contre les ventessaisies desbiens des paysans, pour le secours de l’État à lapaysannerie ruinée. Travaillant partout parmila petite bourgeoisie urbaine et les intellectuels,ainsi que parmi les employés, il est nécessairede dresser ces couches contre l’augmentationdes impôts et la vie chère, contre leur spoliationpar le capital monopoliste, par les trusts, contrel’esclavage de l’usure, contre les licenciementset la réduction des traitements des travailleursde l’État et des municipalités.En défendant les intérêts et les droits desintellectuels avancés, il faut soutenir par tousles moyens leur mouvement contre la réactionculturelle et faciliter leur passage aux côtés dela classe ouvrière dans la lutte contre lefascisme.
8. Dans les conditions d’une crise politique,lorsque les classes gouvernantes ne peuventplus avoir raison du puissant essor dumouvement de masse, les communistes doiventmettre en avant des mots d’ordrerévolutionnaires fondamentaux (par exemple le
contrôle de la production, des banques,licenciement de la police, son remplacement parune milice ouvrière armée, etc.), tendant àébranler encore davantage le pouvoiréconomique et politique de la bourgeoisie et àaugmenter les forces de la classe ouvrière, àisoler les partis conciliateurs — des motsd’ordre rapprochant de près les massesouvrières de la prise révolutionnaire du pouvoir.
Si au moment d’une telle poussée dumouvement de masse il apparaît possible etnécessaire, dans l’intérêt du prolétariat, decréer un gouvernement de front uniqueprolétarien ou de front populaire antifasciste,qui ne sera pas encore un gouvernement dedictature du prolétariat, mais qui s’engagera àprendre des mesures énergiques contre lefascisme et la réaction, le Parti Communiste soittendre à la création d’un tel gouvernement. La condition essentielle pour qu’un telgouvernement de front unique soit créé est lasituation suivante : a) lorsque l’appareil d’État de la bourgeoisieest fortement paralysé, au point que labourgeoisie n’est pas en état d’empêcher lacréation d’un tel gouvernement ; b) lorsque les grandes masses de travailleursse dressent contre le fascisme et la réaction,mais ne sont pas encore prêtes à se souleverpour la lutte pour le pouvoir soviétique ; c) lorsqu’une partie considérable desorganisations de la socialdémocratie et desautres partis qui participent au front uniqueréclame déjà des mesures impitoyables contreles fascistes et les autres réactionnaires, et estprête à lutter en commun avec les communistespour l’application de ces mesures.
Pour autant que le gouvernement defront unique prendra effectivement des mesuresdécisives contre les magnats contrerévolutionnaires de la finance et leurs agentsfascistes et ne gênera en aucune manièrel’activité du Parti Communiste et la lutte de laclasse ouvrière, la Parti Communiste soutiendrapar tous les moyens ce gouvernement, laparticipation des communistes au gouvernement
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de front unique devant être décidée dans chaquecas particulier en tenant compte de la situationconcrète.
IV. Les tâches des communistes dans lesdifférents secteurs du mouvementantifasciste.
1. Le congrès attire l’attention la plus sérieusesur la nécessité d’une lutte idéologiquesystématique contre le fascisme.Considérant que le chauvinisme est laprincipale et la plus dangereuse forme del’idéologie fasciste, il est nécessaire de montreraux masses que la bourgeoisie fasciste, sousprétexte de défendre les intérêts de la nationtout entière, réalise sa politique intéressée declasse, politique d’oppression et d’exploitationde son propre peuple, comme aussi despoliation et d’asservissement d’autres peuples.
Il importe de montrer que la classeouvrière, qui lutte contre tout esclavage et touteoppression nationale, est le seul, le véritablechampion de la liberté nationale et del’indépendance du peuple. Les communistesdoivent combattre énergiquement lafalsification fasciste de l’histoire du peuple enfaisant tout pour éclairer les massestravailleuses d’une façon historiquement juste etdans un esprit véritablement léninistestaliniste,sur le passé de leur propre peuple, afin de relierse lutte actuelle avec les traditionsrévolutionnaires du passé.
Le congrès met en garde contre touteattitude dédaigneuse à l’égard de la question del’indépendance nationale et des sentimentsnationaux des grandes masses populaires,attitude qui facilite le développement descampagnes chauvines du fascisme (Sarre,régions allemandes de la Tchécoslovaquie,etc…) ; il insiste sur la nécessité d’uneapplication juste et concrète de la politiquenationale léninistestaliniste.Adversaires de principe intransigeantes dunationalisme bourgeois dans toutes ses variétés,
les communistes ne sont nullement partisans dunihilisme national, d’une attitude de dédain àl’égard du sort de son propre peuple.
2. Les communistes doivent entrer dans toutesles organisations fascistes de masse ayant lemonopole de la légalité dans les pays respectifs,utilisant à cet effet la moindre possibilité légaleou semilégale de travail dans ces organisations,afin d’opposer les intérêts des masses qui enfont partie à la politique du fascisme et dedécomposer sa base de masse.
En commençant par les mouvements lesplus élémentaires de protestation autour desbesoins vitaux des travailleurs, les communistesdoivent, par une tactique souple, s’efforcerd’entraîner dans le mouvement des masses deplus en plus nombreuses et surtout les ouvriersqui, par inconscience, suivent encore lesfascistes. Au fur et à mesure que le mouvements’étend en largeur et en profondeur, il fautchanger les mots d’ordre de lutte en préparant lerenversement de la dictature fasciste avec l’aidedes masses mêmes qui se trouvent dans lesorganisations fascistes.
3. En défendant énergiquement et avecconséquence les intérêts et les revendicationsdes chômeurs, en les organisant e les conduisantà la lutte pour l’obtention du travail, pour desallocations suffisantes, pour les assurances,etc…, les communistes doivent entraîner leschômeurs dans le mouvement de front unique,éliminant de toutes les façons l’influence dufascisme dans leur milieu.Ce faisant, il faut tenir rigoureusement comptedes particularités des différentes catégories dechômeurs (qualifiés et non qualifiés, organiséset inorganisés, hommes et femmes, jeunesse,etc…).
4. Le congrès insiste devant tous les PartisCommunistes des pays capitalistes sur le rôleextrêmement important de la jeunesse dans lalutte contre le fascisme. C’est principalementdans les rangs de la jeunesse que le fascisme
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recrute ses détachements de choc.Combattant la sousestimation de
l’importance du travail de masse parmi lajeunesse travailleuse, prenant des mesureseffectives pour en finir avec le caractère fermédes organisations des jeunesses communistes,les Partis Communistes doivent contribuer detoutes les façons à grouper les forces de toutesles organisations non fascistes de masse desjeunes, et notamment, des organisations dejeunes des syndicats et des coopératives, etc.,sur la base du plus large front unique, allantjusqu’à la création de toutes sortesd’organisations communes pour la lutte contrele fascisme, contre la spoliation inouïe de lajeunesse des tous ses droits et sa militarisationpour les intérêts économiques et culturels de lajeune génération.Il faut poser le problème de la création d’uneassociation antifasciste des jeunessescommunistes et socialistes, sur une plateformede lutte de classes. Les Partis Communistesdoivent aider par tous les moyens audéveloppement et au renforcement desorganisations des jeunesses communistes.
5. La nécessité vitale d’entraîner dans le Frontpopulaire unique des millions de femmestravailleuses, et en premier lieu les ouvrières etles paysannes travailleuses, quelles que soientleurs opinions de parti ou leurs convictionsreligieuses, exige des communistes une activitérenforcée en vue de développer un mouvementde masse parmi les femmes travailleuses autourde la lutte pour leurs revendications et intérêtsvitaux, notamment dans la lutte contre la vie
chère, l’inégalité de la femme et sonasservissement par le fascisme, contre leslicenciements massifs, pour l’augmentation dessalaires selon le principe : « À travail égal,salaire égal », contre le danger de guerre.
Il faut, dans chaque pays, ainsi qu’àl’échelle internationale, appliquer avecsouplesse les formes d’organisation les plusdiverses afin d’établir un contact et d’assurer letravail en commun des organisations fémininesrévolutionnaires, socialdémocrates etprogressistes, avec garantie de la libertéd’opinion et de critique, sans reculer devant lacréation, là où il le faudra, d’organisationsféminines distinctes.
6. Les communistes doivent lutter pourentraîner dans les rangs du front unique duprolétariat et du front populaire antifasciste lesorganisations coopératives.
Il faut que les communistes prêtent uneaide des plus actives dans la lutte descoopératives pour les intérêts vitaux de leursmembres, notamment dans la lutte contre la viechère, pour les crédits, contre l’introduction dedroits de douane spoliateurs et de nouveauximpôts, contre la limitation de l’activité descoopératives et leur destruction par les fascistes,etc.
7. Les communistes doivent prendre l’initiativede la création d’une autodéfense antifasciste demasse contre l’agression des bandes fascistes,autodéfense composée des éléments fermes etéprouvés du mouvement de front unique.