Droit International Public

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Novikov, Ilya V. BARI

Prof. Robert Kolb 2009/2010

DROIT INTERNATIONAL PUBLICPREMIERE PARTIE : ASPECTS INTRODUCTIFSChapitre I - La dfinition du droit international public : Contrairement au droit pnal, ou au droit de la famille, qui ont pour objet des notions familires pour tous, le concept de droit international public chappe la plupart des personnes. Les composantes du terme sont pourtant rvlatrices - droit inter nation al dsigne effectivement le droit qui rgit les relations entre les nations, et le terme public indique que les sujets de ce systme juridique sont les Etats. - Dfinition : sujet de droit : toute personne (physique ou morale) ou entit qui a laptitude dtre titulaire de droits ou dobligations juridiques. Dfinition : droit international : [] droit applicable la socit internationale. Cette formule [] implique lexistence dune socit internationale distincte de la socit nationale ou socit interne, ou encore tatique. Elle dlimite, en mme temps, les champs dapplication respectifs du droit international et du droit interne. Elle confirme enfon le lien sociologique, donc ncessaire, entre droit et socit. Toute socit a besoin de droit et tout droit est un produit social. Ubi societas, ibi jus [l o il y a socit, il y a aussi droit] est un adage qui est vrifi dans le temps et dans lespace. (DAILLIER, FORTEAU, PELLET, Droit International Public , 8me d., Paris, 2009, p.43) - La dnomination droit international est aujourdhui celle qui est le plus couramment employe pour dsigner le droit de la socit internationale. [Cette expression] revient [au philosophe britannique Jeremy Bentham, qui a ressuscit la formule latine ius inter gentes (droit entre les gens) pour dsigner le droit entre les nations ]. Droit international doit tre alors considr comme synonyme de droit rglant les relations entre Etats, ou droit intertatique. (Idem, pp. 43-44) - [En] rapport avec la transformation de la socit internationale, il doit tre galement compris comme un droit qui nest plus exclusivement intertatique, mme sil le reste principalement en raison du rle premier des Etats dans la vie internationale et de linfluence dterminante quexerce la notion de souverainet [caractristique essentielle de lEtat]. (Idem, p. 44) - [Le droit de la socit internationale] est galement prsent parfois comme le droit de la communaut internationale ; [ceci a t remis en question car on] a object que lextrme htrognit des Etats disperss de par le monde est incompatible avec lexistence dune communaut internationale considre comme communaut universelle. Les diffrences de langue, de culture, de religion, de civilisation sparent au lieu dassembler les peuples. (Idem, pp. 44-45) -1-

a). Diffrentes conceptions du droit international : Il existe deux coles de penses dfinissant le droit international et la socit internationale actuelle, lune dominante, lautre minoritaire : i). Conception dominante : Selon la conception dominante, le droit international public (ci aprs, DIP) est lordre international qui rgit essentiellement les relations des Etats entre eux, ainsi que vis--vis dautres sujets de droit. Les organisations internationales (ci aprs, OI) possdent galement des droits et des obligations au niveau international. Certaines organisations non-gouvernementales (ci aprs, ONG), telles que la CICR, sont des associations ayant un statut international qui leur est reconnu par le droit coutumier et diverses conventions. Les deux peuvent conclure des traits avec dautres sujets du DIP, ils possdent donc une personnalit juridique internationale, ce qui permet lextension du DIP aux rapports entre les OI et ONG. Puisque le droit international est un droit entre Etats, le DIP est donc essentiellement un droit politique et cest pour cette raison que lon appelle public. Le DIP est dnomm ius inter potestates, ou droit entre les puissances. ii). Conception minoritaire : Selon cette conception trs anciennes, dont les origines remontent au droit romain, le DIP rgit toutes les relations qui transcendent les frontires nationales. LEglise, les entreprises multinationales, les personnes (physiques ou morales) sengageant dans une activit qui transcende une frontire entreraient dans le domaine du DIP. Cette conception beaucoup plus large du DIP, prnant lagglomration du rglement de tout rapport entre individus et entits dans un mme ordre juridique mondial, provient du ius gentium romain et suscite aujourdhui un intrt nouveau, du fait du recul de la sphre publique par lavance de la privatisation qui atteint toutes les sphres, y compris le domaine des relations internationales. b). Distinctions structurelles entre le droit international public et le droit interne : Outre des diffrences videntes, telles que la diffrence des sujets de droit, de leur droits, de leurs obligations et de leurs comptences, il y a une diffrence structurelle fondamentale qui chappe souvent les esprits : il sagit de la verticalit du droit interne, qui soppose lhorizontalit du droit international public : i). Verticalit : Lordre juridique interne est bas sur la subordination des sujets de droit la collectivit organise. Le droit Suisse, une fois adopt, simpose aux sujets de droits, chaque membre du corps social, il est en ce sens vertical et pourvu de sanctions centralises, et implique la soumission des citoyens lEtat.

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ii). Horizontalit : Le droit international public nest non pas subordinatif, mais coordinatif. Il est excut entre des Etats souverains se rencontrent sur un pied dgalit. Alors que les citoyens sont soumis lEtat. Les Etats nacceptant pas de suprieurs, des rgles de droit ne peuvent tre tablies que dans le cadre daccords entre les premiers. Il est infiniment plus difficile dimposer une rgle un Etat cause de sa souverainet. do le caractre coordinatif de lordre juridique international. Il existe donc des diffrences structurelles normes entre le [DIP] et le droit interne. Dans le cadre de la lgislation au niveau interne, le jour o une nouvelle loi entre en vigueur, elle est valable pour tous. Au niveau international, les rgles ne sont non pas imposes (sauf exceptions rares), mais proposes et ngocies. Lorsquun Etat donne son accord tre li par une nouvelle rgle de droit international, il dcide de la date de son entre en vigueur, et peut produire des rserves cette nouvelle rgle. La souverainet rend tout procd juridique infiniment plus compliqu dans le DIP, et donc pour juger de la qualit ou de la bont (le fait que lordre juridique remplisse ses fonctions) de l'ordre juridique international, il le faire partir faut partir de ce concept de souverainet, quest la base fondamentale de lordre juridique international moderne. - La distinction entre [DIP] et droit international priv [...] repose sur une diffrence dobjet. Alors que le [DIP] rgle les rapports entre Etats, le droit international priv rgle les rapports entre personnes prives, physiques ou morales. Au cur du droit international priv, les mcanismes de conflits de loi sefforcent de permettre la dtermination du droit applicable lorsque le recours deux ou plusieurs systmes juridiques nationaux peut tre envisag pour rgler un problme donn. (DFP, Droit International Public , p. 45) - Selon la Cour Permanente de Justice internationale, les rgles de droit international priv font partie du droit interne , exception faite de lhypothse o elles seraient tablies par des conventions internationales [etc.] (Ibid.) - [En ce qui concerne le droit transnational], le [DIP] et le droit international priv [y] trouveraient leur place, [toutefois, il stendrait] au-del et couvrirait galement le droit interne porte internationale et les relations juridiques directement noues par les personnes prives entre elles. [Le droit transnational englobe en ralit plusieurs ordres juridiques distincts, dont le degr dautonomie relle par rapport ceux des Etats est variable]. (Idem, p. 46) - Pas plus que la socit internationale, le droit international nest homogne. Il est fait de la juxtaposition de rgles gnrales et de rgles particulires, dont la combinaison est parfois malaise. (Idem, p. 49) - [Le] droit international gnral est celui qui est applicable la communaut internationale universelle. Pour de nombreux juristes, la notion de communaut internationale sous-entend la communaut juridique fonde sur le fait que tous les Etats sont soumis un mme droit. Cette conception universelle du droit international est pleinement confirme par le droit positif. Ce mme droit international positif reconnat lexistence de rgles particulires, propres certains Etats ou certains groupes dEtats. (Idem, pp. 49-50) -3-

Chapitre II - Lvolution du droit international public : Lvolution du droit international public peut tre expliqu travers 4 axes principaux : - Durant le XIXme sicle, le droit international est fondamentalement un droit europen : le ius publicum europeum, issu des moult pripties de leffondrement de lEmpire Romain. Ce droit des puissances europennes dominant le monde divise lhumanit en trois groupes ingaux les nations civiliss (comprenant les Europens et leurs colons), les nations barbares ( Orientaux ) et les nations sauvages (toutes les autres). Si au XXme sicle le DIP deviendra rellement universel, mettant tous les pays souverains sur pied lgalit (ce qui rend son rle infiniment plus difficile) lorganisation du droit international au XIXme tait considrablement plus simple, puisque les Etats participants partageaient une histoire, des cultures et des coutumes communes. - A laube du long XXme sicle, priode marque par la rivalit imprialiste des puissances europennes, un grand pas fut franchi lorsque les grandes puissances ont dfini des intrts communs et se sont dots dinstruments pour les raliser volont travers une srie daccords. Le droit international du XIXme ne se dfinit donc pas comme une loi commune impose tous les Etats membres, empchant ces derniers de commettre des actes illicites, mais plutt de fournir aux Etats europens les instruments pour quils puissent faire, en tant que souverains, ce quils entendent : - Afin de pouvoir conclure des traits dchanges diplomatiques ou commerciaux, le DIP fournit aux Etats le vhicule du trait, ayant codifi ce quest un trait, comment il est rdig, comment il entre en vigueur, quels sont ces conditions de validit, comment il est modifi et comment il se termine. - Hors, pour ces accords diplomatiques puissent avoir lieu, il faut dj avoir des contacts, afin de discuter, ngocier des changes et des accords - le DIP fournit ces moyens, selon la volont des Etats. - Lorsque ces derniers refusent le dialogue et choisissent la guerre, quils peuvent dclarer tout moment contre nimporte qui, en raison de leur souverainet, le droit international leur fournit galement les instruments de la guerre, comment la guerre doit tre dclare, comment elle doit tre mene (armes permises, traitement des prisonniers, des civils) et comment elle prend fin. - Le droit international public de lpoque est donc un droit permissif et serviteur. - Les choses vont changer au XXme sicle la suite de la tragdie de la Premire Guerre mondiale, on identifie des causes communes la communaut internationale, soit lhumanit toute entire : quil sagisse du droit humanitaire (secourt face aux pidmies, la famine, lexode de rfugis), dintrts techniques (rgulation de la poste, de lconomie et des transports) ou du maintien de la paix, devenu but social commun tous, une multitude de traits multilatraux sont tablis, aboutissant le plus souvent la cration dOI. Le changement de paradigme ne sarrte pas l dtermins mettre fin la terreur et la misre, les Etats membres de lONU tablissent les droits de lhomme en tant quintrt collectif de la famille humaine , auxquels vont sajouter plus tard la protection de lenvironnement et des espces.

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- Le XXme sicle a t galement tmoin dune croissance considrable de la matire du droit international, grce au progrs de linterdpendance et llargissement des questions dans le domaine de comptences du DIP. Aujourdhui il nexiste pratiquement aucune matire qui ne soit couverte par quelque sorte de norme codifie au niveau international, ce qui appelle une sparation droite interne/droit internationale plus nuance. Il faudrait en fait parler non pas de sparation, mais de coordination entre ordres juridiques rgionaux, nationaux et internationaux. - Une ambigut grandissante existe en ce qui concerne le droit international aujourdhui - doit-il naviguer entre la volont des Etats dont il est au fond lexpression, ou doit-il dpasser la volont de ces derniers, et aller dans le sens de la protection des valeurs communautaires dont il sest fait le vhicule ? En tout cas, si le droit international public nest toujours pas matre dans les affaires du monde, il nest certainement plus un simple serviteur.

DEUXIEME PARTIE : LES SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL Introduction : La source de droit a deux dfinitions complmentaires, lune passive, lautre active : i). Dfinition passive : - Il sagit de lensemble des rfrences, du matriel et des endroits o lon peut trouver des rgles de droit. Puisque tout juriste a appliquer des rgles de droit, on peut dire que la source du droit est le lieu do dcoulent ces rgles de droits. - Ex. : le Code Civil, car on y trouve des rgles de droit. ii). Dfinition active : - Il est question des modalits, des processus, les agencies travers lesquels le droit est cr. - Ex. : le code civil est une source de droit car elle cre des normes juridiques - lorsque le lgislateur lgifre il cre des normes de droit, pour ce faire il les incorpore dans une loi. La loi apparat deux fois - une fois comme vhicule, comme processus actif pour crer du droit nouveau, et une fois comme un simple rceptacle aprs que la loi soit accepte. En droit international pourtant, les sources ne sont pas la loi en fait, les termes lois et lgalit sont viter, dans le cadre du DIP car ils ne correspondent pas prcisment ce qui est cibl. Effectivement, il ny a pas de lgislateur au niveau mondial, du moins pas dans le sens troit de ce terme. Ce sont en fait des Etats souverains qui lgifrent selon une modalit horizontale et travers une coordination multilatrale. Sil y avait une -5-

autorit lgislative suprme au niveau mondial,on parlerait non pas de droit international, mais plutt de droit fdral mondial. Ce que lon dsigne comme source du droit international sont les traits qui lient les sujets du droit international.

Chapitre I - La typologie des sources du droit international : Larticle 38 du Statut de la Cour Internationale de Justice nonce les trois types de sources principales utiliss dans le droit international public : - Successivement (1920, 1945) on a dcid de prciser ce qui compose le droit international, en nonant lensemble de ses sources : 1. La Cour [] applique : a. les conventions internationales, soit gnrales, soit spciales, tablissant des rgles expressment reconnues par les Etats en litige; b. la coutume internationale comme preuve d'une pratique gnrale accepte comme tant le droit; c. les principes gnraux de droit reconnus par les nations civilises; d. sous rserve de la disposition de l'Article 59, les dcisions judiciaires et la doctrine des publicistes les plus qualifis des diffrentes nations, comme moyen auxiliaire de dtermination des rgles de droit. 2. La prsente disposition ne porte pas atteinte la facult pour la Cour, si les parties sont d'accord, de statuer ex aequo et bono [selon ce qui est quitable et bon].

1.1). Les fonctions des conventions, traits et accords internationaux : Les Etats souverains tant placs sur un pied dgalit entre eux et ne reconnaissant pas de lgislateur qui leur soit suprieur, laccord est donc la modalit royale pour crer des rgle juridiques entre sujets gaux. Notons que toute source de droit squilibre entre deux tendances antinomiques : - La scurit juridique ne peut tre forme qu partir dune rgle stricte, simple, prcise et sre dans son application. Des litiges sont vits et lgalit des sujets est maintenue. Cependant, une rgle de droit penchant sur le ct de la scurit juridique devient rigide et presque mcanique, ce qui crer des iniquits, puisquelle est incapable dpouser la ralit dans ses multiples facettes. - La justice matrielle demande tre le plus prs possible tout type de fait qui puisse survenir, ce qui rend la rgle de droit complexe, incertaine et force, inapplicable.

Les traits en tant que source du DIP ont surtout pour fonction dobtenir la scurit juridique, la stabilit du droit. Cette fonction que les Etats recherchent en concluant des -6-

traits rempli une fonction importante, car ils leurs permettent de stabiliser les changes internationaux, mnageant lentropie et les dangers que peuvent impliquer ces derniers (notamment issu du rapport de force, des jeux politiques et de lincertitude qui existent dans la communaut internationale). Ce sont aussi les seuls instruments de rglementation juridique : en ce qui concerne les procdures et les protocoles, les accords offrent a possibilit dtablir des rgles trs dtailles et spcialises, contrairement au droit coutumier, plus vague et grossier.

1.2). Les fonctions de la coutume : Contrairement aux ordres juridiques nationaux o la coutume est devenue marginalise au rang de folklore, autorit centrale du lgislateur oblige, le droit coutumier occupe toujours une place importante dans lordre juridique international. Bien que non-crit et donc dpourvu de la solidit du droit interne, le fait que la socit internationale soit dcentralise et que les rgles de droit ne ont tablies que pour ceux qui le souhaitent, les rgles coutumires restent actuelles et constituent dailleurs une grande portion du droit international public. - Le droit coutumier est issu de la pratique uniforme et prolonge certaines rponses sont adoptes pour faire face un problme un moment donn, puis dautres Etats adoptent la mme dcision lorsque les mmes faits surviennent, et force une pratique de fait se transforme en vritable rgle juridique, puisque les Etats eux-mmes la considre ainsi. Contrairement au droit conventionnel, rigide et prcis, les vertus du droit coutumier sont sa flexibilit et subtilit : - Toute source verbale est flexible, mallable, et puisquelle est repose sur la pratique, elle est constamment en changement. La coutume flux et reflux en fonction de la pratique des Etats rpondant des circonstances nouvelles. Ces caractristiques sont importantes car il faut aussi un ple plus subtil, plus flexible lordre juridique international, compensant lapport des traits. Alors que les traits noffre principalement que du droit particulier et non universel, cest-dire quil ne lie que les parties qui souhaitent tre lies, le droit coutumier apporte un droit gnral, applicable tous. Il offre un socle commun aux sujets de lordre juridique international, et contient des rgles automatiquement applicables tous les Etats du monde - cest l la fonction irremplaable du droit coutumier. Ensemble, ces deux sources permettent ltablissement dun certain quilibre indispensable sur la scne internationale. Il y a cependant une troisime source applicable du droit international public reconnue par lArticle 38 du Statut de la CIJ - les principes gnraux de droit, cest--dire des rgles juridiques directement applicables constitues de principes directeurs qui, sans avoir le caractre prcis et concret des rgles de droit positif nen servent pas moins dorientation dans lapplication et les dveloppements de lordre juridique. (cf. II.5) Deux autres sources, qui nont pas le Statut directement applicable, sont mentionns : -7-

- Les arrts des tribunaux et la doctrine du droit international sont considrs comme source non dcisionnelle, informative, du droit international public. - Lquit serait galement une source du DIP, ncessitant cependant laccord de toutes les parties. Cest donc une source subordonne, qui nest applique qu travers une demande des sujets concerns, dans loptique de trouver un accord diffrend des autres sources du DIP par loprateur juridique, qui va alors statuer en quit et proposer une solution quil estime juste. Lnumration des sources fournie par larticle 38 du Statut de la CIJ, complte par la pratique, est assez diversifie pour que soient tents des regroupements ou des rapprochements entre les diverses sources.

1.3). Autres types de sources : Sources matrielles : - Toutes les sources qui prcdent (traits, coutume, principes gnraux) sont des sources formelles. Les sources matrielles du DIP sont les raisons historiques, sociologiques, politiques qui ont pouss lmergence de normes juridiques. - Les sources matrielles ne constituent pas le DIP, mais elles peuvent servir le comprendre et linterprter. Pour linterprte il est important de savoir pourquoi une rgle de droit a t tablie afin de savoir comment la comprendre. Bien quelles ne constituent pas le droit positif, les sources matrielles sont utiles un processus juridique, savoir, linterprtation (en particulier, linterprtation selon le but). - Les sources formelles du droit sont les procds dlaboration du droit, les diverses techniques qui autorisent considrer quune rgle appartient au droit positif. Les sources matrielles constituent les fondements sociologiques des normes internationales, leur base politique, morale ou conomique plus ou moins explicite par la doctrine ou les sujets du droit. (DFP, Droit internationale Public p. 124). - Si les sources formelles du droit sont les seules par lesquelles des normes accdent au droit positif, les sources matrielles intressent directement le droit, en ce sens quelles participent au processus dmergence du droit positif. Elles ne peuvent suffire parfaire une norme juridique mais elles influencent les procdures juridiques qui concrtisent les sources formelles []. (Idem) Les sources primaires et secondaires : - Les sources formelles ont des chelons diffrents. Les sources secondaires sont essentiellement drives des sources primaires, elles ne sont appliques que dans le cadre dune source primaire. - Ex. : La loi prvoit la facult pour un organe dadopter un rglement. Si on a la loi dun ct et le rglement de lautre on dira que la loi est la source primaire, la source secondaire na de validit que dans le cadre et les limites de la source primaire. Il y a une claire subordination entre la source primaire et la source secondaire.

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- Ex. : Un trait peut un organe dadopter une rsolution la Charte des Nations Unies permet au Conseil de Scurit dditer et dappliquer des rsolutions, mais que dans le cadre de la Charte et ne pourraient tre valides que si ces dernires respectent les conditions de la source primaire (la Charte). Une dernire distinction existe entre source et norme : - Les normes du Droit sont lnonciation des droits et devoirs imputables aux sujets du Droit dans un contexte donn. - Ex. : devoir de ne pas utiliser la force dans les relations internationales, devoir de ne pas violer lintgrit des ambassades, de ne pas intervenir dans les affaires intrieures dautres Etats, etc. - Les sources sont les catgories juridiques auxquelles appartiennent les normes. On peut dire quune source de droit rassemble une famille de normes. - Par normes, on entend le contenu, la substance dune rgle labore selon les exigences procdurales de telle ou telle source formelle. Sil convient dinsister sur cette question de terminologie, cest notamment que la solution du problme de hirarchie ne rpond pas aux mmes rgles pour les normes juridiques et pour les sources de droit.

Chapitre II - La question de la hirarchie entre les sources : La question de la hirarchie des sources du droit international public est une question de primaut entre elles (conventions, traits, coutumes, principes gnraux, etc.) Dans le droit international, il ny a pas de hirarchie proprement dite entre les sources, sauf une certaine primaut des traits et de la coutume sur certains principes gnraux de droit. - Cela veut dire quune rgle nimporte pas sur une autre simplement parce quelle est coutumire ou conventionnelle. Au contraire, les sources sont places sur un pied dgalit. - Le principe est que pour les sources, il nexiste pas de hirarchie en droit international. Il nest donc pas possible de poser en postulat gnral que les traits lemportent ncessairement sur la coutume et inversement. Toutes les sources sont susceptibles de traduire, selon des modalits diffrentes, des exigences de la socit internationale ; en particulier il n y a aucune raison de penser que, lorsque le droit international coutumier est constitu de rgles identiques celles du droit conventionnel, il se trouve supplant par celui-ci au point de navoir plus dexistence propre . - [] le principe d'galit juridique entre la coutume et le trait qui, un temps discut en doctrine semble aujourd'hui trs largement accept. Cependant cette galit de principe comporte des modalits trs varies de ralisation. En cas de conflit entre un trait et une coutume, en fonction des instruments, des circonstances et des parties, elle peut conduire soit la primaut du trait, soit -9-

celle de la rgle coutumire (KIVILCIM-FORSMAN, Zeynep, Princicipe dgalit entre le droit et la coutume en droit international public , p. 2) Cela vient du fait que les organes ditant les sources du droit international possdent le mme degr dminence, gales entre eux, (contrairement aux organes nationaux). - Dans le droit interne, la constitution du pays est suprieure la loi, qui est son tour suprieure au rglement de lexcutif, etc. Il y a donc une trs nette hirarchie des sources, qui sexplique par le fait que les organes dont manent ces diffrentes sources nont pas le mme degr dminence, ne sont pas gales. Dans le DIP, les Etats (souverains et gaux entre eux) restent toujours eux mmes et agissent toujours dans leur volont propre, quelle que soit la source quils emploient. Les sources refltent donc dans leur galit lgalit des Etats, crateurs des sources du DIP. - Labsence de hirarchie priori entre sources formelles nentrane pas labsence de tout rapport entre ces sources. Il est souvent ncessaire de concilier plusieurs sources au stade de llaboration ou de la preuve du droit positif. Que les sources formelles ne soient pas hirarchises noblige pas considrer quil nexiste pas de hirarchie entre les normes juridiques. Lorsquil y a des conflits juridiques, cest au niveau des normes, et non des sources, quon les rsout. Puisque les sources sont places sur un pied dgalit on les met de ct et on se concentre sur les normes - sil y a un conflit, cest forcment un conflit entre deux normes. Il y a 3 rgles fondamentales pour rsoudre un conflit de normes en DIP : - Il faut dj voir si les rgles A et B sont vraiment en collision. On peut viter le conflit, faisant disparatre la collision, grce linterprEtation. Pour dterminer si deux normes sont incompatibles (rsultats contradictoires), il faut interprter ces normes. Le Juge va interprter de telle manire ce que les conflits soient rsorbs ou napparaisse mme pas, on interprtant de telle manire ce que les normes ne se contredisent plus entre elles - il les harmonise lune avec lautre. Une des manires est donc de le nier, dviter ce conflit. - Un conflit peut apparatre et tre impossible viter - si il y a une vraie collision, deux principes sont surtout appliqus : - La rgle de la loi postrieure : lex posterior derogat legi priori la norme postrieure (la plus rcente) lemporte sur la rgle antrieure en cas de conflit et uniquement dans le cadre de la rsolution de ce conflit. Dans le cas o il y a un nouveau trait, appliqu sur un mme sujet - on prsume donc que lancien trait est abrog (uniquement lorsque les parties expriment cette volont). - La rgle de la loi spciale : lex specialis derogat legi generali la norme plus spciale lemporte sur une norme plus gnrale. On prsume que les cest la volont des Etats de contractants de la norme plus spciale que celle-ci lemporte sur une rgle plus gnrale. - 10 -

Des exceptions existent lgalit des sources du droit international : - Les organisations internationales hirarchisent les sources - le trait constitutif est au sommet, suivent les rsolutions de lassemble, puis les rglements du secrtaire gnral, etc. Cela est fait pour les mmes raisons que pour le droit interne. - La Charte des Nations Unies spcifie sa propre primaut par rapport dautres traits elle prvaut sur tous les autres accords internationaux. Cest l la volont des Etats signataires, qui ont voulu que lONU puisse appliquer des sanctions plus crdibles et plus efficaces : - En cas de conflit entre les obligations des Membres des Nations Unies en vertu de la prsente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premires prvaudront. - Art. 103 CNU. - Il y a aussi certaines rgles du droit internationales qui sont considres comme impratives (ius cogens) qui incorporent des valeurs fondamentales pour la communaut internationales et que par consquent, elles sont places un niveau suprieur aux autres rgles : - Ex. : interdiction de lesclavage, du gnocide, etc. La primaut du droit international sur le droit interne nest pas une exception lgalit des sources du droit international, puisquil sagit de 2 ordres juridiques diffrents cest un rgle qui existe incontestablement en DIP.

Chapitre III - Les traits : Les traits sont fondamentaux ils sont un outil de travail capital pour les juristes car ils sont la principale source de travail des matires de droit international. Ils sont aussi linstrument constitutif de toute Organisation Internationale. Il y a aujourdhui plus de 100'000 traits dans le monde (selon le Bureau des Traits des Nations Unis New York).

3.1). Dfinitions : En droit international gnral (droit coutumier), le trait se caractrise par la conjonction de 4 lments cumulatifs : - Concordance des volonts des sujets concluants les traits ; - Seuls des sujets du Droit International peuvent conclure des traits : - Les sujets tant les entits possdant des droits et devoirs dans le domaine du DIP, les sujets pouvant conclure des traits sont, par excellence, les Etats, mais aussi les organisations internationales et certaines ONGs (comme le CICR). - Lindividu, bien quil jouisse de certains droits (droits de lHomme) et quil rponde - 11 -

certains devoirs (droit pnal international), il na pas aujourdhui le privilge de pouvoir conclure de traits (pas de ius tractatus), bien quil peut dans certains cas conclure un contrat (ou quasi- trait) avec des sujets part entire du DIP.

- Un texte doit avoir des effets juridiques pour tre un trait : - Certains textes, ressemblant de trs prs un trait, ne possdent pas deffets de droits - en vertu de la volont explicite des Etats qui lont conclu. Il sagit daccords politiques, dactes concerts non conventionnels, ou encore de gentlemens agreements. - Cela arrive lorsque les Etats veulent bien saccorder respecter certains principes, sans porter pour autant de responsabilit juridique le suivre la lettre. Cela ne veut pas dire que ces accords politiques (juridiquement non contraignant) sont inefficaces ayant donn sa parole un accord, le respect de tels accords politiques en va de la rputation, de la crdibilit des Etats. - Ex. : Accords de Helsinki de 1975. - Le texte doit tre rgit par le Droit International Public : - A contrario, laccord en question sera appliqu par un autre ordre juridique - cela arrive lorsque des gouvernements effectuent des transactions de type commercial, sans vouloir pour autant passer travers toute la procdure ncessaire pour faire de leur accord un trait soumis lordre juridique international. Puisque le DIP nest pas applicable ces accords, ils ne sont donc pas considrs comme traits. Pour tre qualifi en tant que trait, un texte doit donc tre conclu par des sujets du DIP dont la volont est concordante, il doit aussi produire des effets juridiques ainsi qutre rgit par le droit international. Convention de Vienne sur le Droit des Traits : (Convention conclue en 1969 et en vigueur depuis 1980) - La Convention de Vienne sur le Droit des Traits (ci-aprs CVDT) est un texte fondamental du droit des traits qui est largement utilis par tous les sujets du DIP et rpond toutes les questions sur la vie de traits (validit dun trait, invalidit, modification dun trait, quelles modalits pour terminer un trait, etc.). Elle est largement une reformulation du droit coutumier. - Dfinition : trait : [] sentend dun accord international conclu par crit entre Etats et rgi par le droit international [] - Art. 2, 1, a. CVDT - Cette dfinition rajoute les restrictions suivantes : - Les termes par crit et entre Etats signifient que cette convention ne sapplique qu ce type de traits, les autres tant guids par le droit coutumier (spcifi larticle 3). En termes juridiques, le champs dapplication de cette convention ne stend quaux documents conclus par crit et entre Etats. - 12 -

- La convention de Vienne de 1986, toujours pas en vigueur, enlve ces restrictions. Mme si elle ne peut tre applique en temps que telle, on peut sen servir quant aux traits effectus entre OIs et Etats ou entre OI.

3.2). Conclusion des traits : Le fait que tous les Etats soient souverains garantit une libert quasi-totale ceux-ci dans la conclusion des traits - formelles ou pas, orales ou crites. Dun point de vue juridique, quun trait soit conclu de faon trs informelle (deux ministres des affaires trangres saccordent sur un sujet lors dun communiqu de presse) ou au contraire trs solennel (accord formalis conclu par crit entre chefs dEtats) ninfluence pas son degr de validit. Dun point de vue politique par contre, la forme de la conclusion dun trait prend bien plus dimportance. - Ce non-formalisme se transfert aussi la terminologie choisie - accords, pactes, concordats, conventions, traits, etc. La terminologie choisie na pas dimportance juridique en soi. On distingue en tout 5 tapes conscutives dans la conclusion dun trait : la ngociation, ladoption, la signature, la ratification et lentre en vigueur. a). La ngociation : Cette premire tape de la conclusion dun trait est trs flexible - il y a peu de rgles juridiques qui la rgisse, si ce nest quil ny a que certaines personnes qui sont admises reprsenter un Etat lors de ngociations. - Trois personnes cls ngocier et engager lEtat automatiquement en vertu de leur simple fonction : il sagit du chef de lEtat, du chef du gouvernement et du ministre des affaires trangres. - (Art. 7, 2 CVDT) - Toutes les autres personnes doivent tre reconnues spcialement pour avoir accs la ngociation, et ne peuvent engager lEtat quen vertu des pleins pouvoirs fournis par le gouvernement afin dtre considrs en tant que dlgus officiels de la confrence (le gouvernement peut spcifier des restrictions la comptence de ngocier ou de conclure des traits un dlgu il sagit alors de pouvoir limit). b). Ladoption du texte et son authentification : Cette phase nest pas obligatoire, mais elle est souvent ncessaire, surtout lorsquil sagit dun trait multilatral avec de nombreuses parties prsentes. Lide est quil faut en premier lieu saccorder sur le texte arrt. - Alors que des traits bilatraux ne ncessitent pas dadoption formelle, les textes des traits internationaux peuvent parfois tre ngocis et remanis pendant des dcennies avant dtre adopt. - 13 -

Une fois le texte adopt par les parties, il devra tre ensuite authentifi car il ne sagit non seulement de dterminer sur quoi lon vote, mais aussi dviter les erreurs et les malentendus, qui peuvent parfois survenir de dtails. Cest pourquoi le dlgu de chaque partie devra parapher chaque tape du texte (brve signature certifiant le fait quun texte t vu et sa forme accepte.) c) La signature : Celle-ci peut tre fusionne avec ladoption et lauthentification, les Etats ntant pourtant pas obligs de signer du trait de suite. La signature du trait est lacte qui met fin la phase de ngociation, rendant pertinent le texte diplomatique. Cela entrane doffice deux consquences juridique : - Consquence positive : certaines dispositions du traits entrent provisoirement en vigueur - il sagit de certaines des clauses finales du trait : - Ex. : la commission prparatoire, qui doit mettre en mouvement des procdures de prparation lentre en vigueur du trait (gnralement spcifis dans les dispositions finales des traits) doit tre compose et commence ses fonctions ds la signature. - Consquence ngative : obligation de sabstenir de faire des actes contraires bona fides, la bonne foi en relations internationales : - Les Etats signataires dun trait ont lobligation de ne pas faire des actes qui priveraient le trait de son objet ou de son but (Art. 18 CVDT). - Ltat doit donc au trait une certaine loyaut minimale et ne peut striliser, saper, torpiller le trait qui ferait que ds que le trait entre en vigueur il nait plus de sens. - Ces obligations prennent fin une fois que la partie a signale son attention de na pas ratifier le trait, si elle en souhaite ainsi. Le trait nest pourtant pas en vigueur ds le jour de sa signature par les parties et cellesci ne sont pas lis au trait ce moment l. Les traits nentrent vigueur qu une date prcise, prvue dans le texte du trait. d). Ratification : Dfinition : ratification : consentement dfinitif tre li par le trait, envoy sous forme de lettre au dpositaire. Les expressions ratification , acceptation , approbation et adhsion sentendent, selon le cas, de lacte international ainsi dnomm par lequel un Etat tablit sur le plan international son consentement tre li par le trait (Article 2, 1, b). CVDT). Cette tape complmentaire de confirmation est capitale. La signature tant effectue par lexcutif, labsence de cette phase ne permettrait pas le contrle de lorgane dmocratiquement lgitim (parlement, ou autre). - 14 -

- Cependant, nimporte quel Etat peut ratifier en mme temps quun reprsentant de sa branche excutive signe le trait, si le droit interne de lEtat le permet. - Ce nest quaprs lautorisation donne par lorgane comptant (procdure ad referendum) et la ratification du gouvernement sen suivant que le trait sign peut entrer en vigueur. - Si lautorisation est refuse (par le parlement, peuple, comit central du parti au pouvoir), lexcutif e peut pas, en principe, ratifier et par ce fait lier lEtat au le trait. Il y a une distinction faire entre la procdure dautorisation et la procdure de ratification. La ratification tant le consentement dfinitif tre li par un trait, envoy sous forme de lettre au dpositaire. Hors, la signature et lenvoi de la lettre au dpositaire sont tous deux des effectus par lexcutif. Lautorisation est donc octroye par le lgislatif lexcutif pour la ratification. Si un vice a t commis par lexcutif lors de la ratification du trait, il se pose la question de la validit de celui-ci. Il y a aussi une diffrence technique entre la ratification et ladhsion (accession). Bien que le rsultat des deux procdures soit le mme, ladhsion inclut la possibilit aux Etats tiers (qui nont pas t prsents lors des procdures de cration du trait) de se lier au trait un moment ultrieur. e). Lentre en vigueur : - (Article 24 CVDT) Cest dans les clauses du trait en question quil est spcifi quand lentre en vigueur entre en vigueur. Dans les rares cas o lentre en vigueur ny est pas spcifie, on prsumera gnralement que lentre en vigueur a lieu lors des changes des instruments de ratification (dans le cas dun trait bilatral - sil sagit dun trait multilatral, on dit quil y a lacune, le trait nentrera donc pas en vigueur tant que celle-ci nest pas rgle). - Dfinition : instrument lgal : expression juridique dsignant tout document crit qui peut tre formellement attribu son auteur et exprime formellement des obligation et/ou des devoirs juridiquement applicables (enforceable). Certains traits stipulent dans leurs dispositions finales que ledit trait entre en vigueur 1 mois aprs le n-me (10, 20, 30 parfois mme 60) dpt dinstrument de ratification/adhsion. Parce que cela peut prendre beaucoup de temps, certains Etats font appliquent provisoirement le trait (ou une partie de celui-ci). (Art. 25 CVDT) Les Etats sont obligs denregistrer le droulement de tout trait conclu, puis de les publier au service des traits, ce dans un souci de transparence. (Art. 102 de la Charte de lONU) - Si cela nest pas fait, le trait peut sappliquer, bien que lEtat ayant omis de la faire ne pourra pas invoquer un organe des Nations Unies (comme la CIJ). Un trait nest pas rtroactif, sauf sil en dispose lui-mme autrement : - Sans prjudice de lapplication de toutes rgles nonces dans la prsente Convention auxquelles les traits seraient soumis en vertu du droit international indpendamment de ladite Convention, celle-ci sapplique uniquement aux traits - 15 -

conclus par des Etats CVDT)

aprs son entre en vigueur lgard de ces Etats (Art. 4

3.3). Rserves : Lors de traits multilatraux, il se peut quun Etat veuille devenir partie un trait mais ne souhaite pas tre li par certaines dispositions. Il peut donc dcider soit de se retirer sans conclure le trait, soit il peut dcider de se lier tout de mme par le trait mais pas ans ces quelques disposition - il fait donc une rserve. Lexpression rserve sentend dune dclaration unilatrale, quel que soit son libell ou sa dsignation, faite par un Etat quand il signe, ratifie, accepte ou approuve un trait ou y adhre, par laquelle il vise exclure ou modifier leffet juridique de certaines dispositions du trait dans leur application cet Etat (Art. 2, 1, d).) - Cest au moment de la signature quon met lenvie de faire une rserve en faisant une dclaration formelle. Une fois quun tat donne son consentement tre li par un trait, il ne peut plus faire de rserves. - On dfinit la rserve par rapport ces effets - le nom que lon donne cette dclaration nest pas important : (dclaration, dclaration interprtative, etc.) Ces dnominations ninfluencent pas la substance de la disposition, mais prcise comment un Etat comprend une disposition. Lorsquon met une rserve une disposition, on attaque la substance du trait mme. On peut rduire le champ dapplication dune disposition. Cest l lune des grandes diffrences entre les ordres juridiques nationaux et internationaux - avec lordre juridique national, chaque sujet est soumis aux mmes rgles, sans quil y aie la possibilit de faire de rserves, mais les Etats, eux, sont libres et gaux. - Ex. : lors de la conclusion de la convention de 1951 sur le Droit des Rfugis, des pays du bloc de lEst ont fait une dclaration interprtative dans le sens que le principe du traitement le plus favorable (une disposition du trait) tel quil est dans le droit coutumier international, et non comme il la t dfinit dans le cadre de traits entre pays socialistes. - Ex. : lorsque elle a sign la convention europenne des droits de lhomme, la dlgation suisse a spcifie quelle nallait pas adopter la disposition qui spcifiait que chaque accus ne parlant pas la langue du procs auquel il faisait face avait le droit aux services dun interprte et ce gratuitement il sagit dune rserve, puisque la substance mme du trait est attaque. a). Le rgime juridique des rserves : Au dbut du 20me sicle, on traitait les traits et les rserves sous le rgime de lunanimit. Si un tat voulait donc faire une rserve, il lui fallait pour ce faire laccord de tous les tats. Mme si ce rgime protge la substance du trait, il tait toutefois trs rigide, et incapaciterait lordre juridique tel quil est aujourdhui. Le rgime juridique daujourdhui est souvent celui de la majorit qualifie ; avec laugmentation du nombre et la diversification de la nature des Etats on a du - 16 -

progressivement abandonner la rigidit des rgimes prcdant. Pour ce rgime de la majorit qualifie, il faut toujours se poser deux questions : i) Est-ce que lEtat a droit de formuler la rserve ? La question de la validit de la rserve est rgie par le principe de libert - bien videmment, les Etats sont libres pendant la ngociation dun trait dy inclure des dispositions par rapport aux rserves. Il peut pourtant y avoir des traits qui interdisent certaines rserves ce qui induit que les autres sont admises. (valeurs universelles donc pas de drogations possibles, donc pas de rserves). Si certaines rserves spcifies dans les dispositions du trait sont permises, cela veut dire que toues les autres rserves sont interdites. Si lEtat ne laccepte pas, il ne peut tre li. Un Etat, au moment de signer, de ratier, daccepter, dapprouver un trait ou dy adhrer, peut formuler une rserve, moins : a) Que la rserve ne soit interdite par le trait ; b) Que le trait ne dispose que seules des rserves dtermines, parmi lesquelles ne gure pas la rserve en question, peuvent tre faites (Art. 2 CVDT) Lorsque le trait est silencieux (la possibilit de produire des rserves nest pas spcifie) - la Cour Internationale de Justice a dvelopp le critre de compatibilit lobjet et au but du trait, dsormais intgr la lettre c). de larticle 19 CVDT - ce critre est assez abstrait et vague car il est trs difficile de juger lobjet et le but mme dun trait. ou c) Que, dans les cas autres que ceux viss aux alinas a et b, la rserve ne soit incompatible avec lobjet et le but du trait (Idem) ii) Quels sont les effets juridiques dune rserve ? Une rserve expressment autorise par un trait na pas tre ultrieurement accepte par les autres Etats contractants, moins que le trait ne le prvoie (Art. 20, 1 CVDT). Pour les autres cas, lorsquun Etat met une rserve, les effets juridiques de celleci vont dpendre de la raction des autres tats : - Lobjecteur simple : lEtat soppose la rserve, mais ne soppose pas ce que le trait entre en vigueur. - Lorsquun Etat qui a formul une objection une rserve ne sest pas oppos lentre en vigueur du trait entre lui-mme et lEtat auteur de la rserve, les dispositions sur lesquelles porte la rserve ne sappliquent pas entre les deux Etats dans la mesure prvue par la rserve (Art. 21, 3 CVDT)

- Lobjecteur radical : outr par la volont de lEtat rservataire, lautre Etat - 17 -

soppose non seulement celle-ci mais galement lentre en vigueur entre luimme et lEtat rservataire il ny aura donc pas de lien contractuel entre ces deux parties. Cela veut donc dire que le simple fait que deux Etats sont parties un mme trait ne signifie pas automatiquement quils ont des obligations lun avec lautre en vertu de ce trait. - Lobjection faite une rserve par un autre Etat contractant nempche pas le trait dentrer en vigueur entre lEtat qui a formul lobjection et lEtat auteur de la rserve, moins que lintention contraire nait t nettement exprime par lEtat qui a formul lobjection (Art. 20, 4, b). in fine CVDT) - Lacceptant : si un Etat accepte la rserve, elle prend tout son effet. Les relations entre les Etats ayant accept la rserve seront modifies dans le sens de la rserve. - Une rserve abrogative (self imposing) est une rserve qui exclut un article. Cela veut donc dire quentre un Etat rservataire, acceptant et objecteur simple, ledit article du trait nentre pas en vigueur. - Une rserve modificative, quant elle, modifie le lien contractuel entre Etat rservataire et Etat acceptant, mais exclue ce lien entre Etat rservataire et Etat objecteur simple en ce qui concerne larticle concern. lheure actuelle, lexigence de lunanimit nest plus maintenue, partiellement, que pour les traits dont les parties sont en nombre restreint. Pour les autres, on a mme renonc lide dun consentement collectif donn par un pourcentage raisonnable dtats parties. Il suffit quun seul tat accepte la rserve pour que ltat rservataire soit partie au trait. La Convention de Vienne invite mme les tats faire une plus large place lacceptation tacite des rserves : labsence dobjections dans le dlai relativement bref dun an doit tre interprte comme un acceptation. Lobjection ne peut tre prsume, elle doit toujours tre expresse, mais peut maner dun tat simplement signataire... La pratique arbitrale confirme cette volont de limiter les cas o lensemble du rapport conventionnel serait remis en cause par la combinaison dune rserve et dune objection celle-ci. Toutefois, lobjection une rserve a pour effet dexclure larticle sur lequel porte celle-ci des dispositions de la convention en vigueur entre les Parties . Lexistence de rserves ne modifie videmment en rien le jeu du trait entre les tats qui lont accept intgralement... Entre les tats rservataires et ceux qui ont fait objection la rserve, sans cependant sopposer lentre en vigueur du trait entre eux, celui-ci sapplique lexception des dispositions sur lesquelles porte la rserve, ce qui ne va pas sans poser parfois, de graves problmes de mise en oeuvre. Lidal reste videmment de retrouver le plus rapidement possible une application intgrale du trait ; aussi suffit-il dun acte unilatral de retrait pour que disparaissent rserves et objections aux rserves ; ce retrait peut intervenir tout moment.

3.4). Effets des traits sur les Etats tiers :- 18 -

Un trait ne produit aucun effet juridique pour les Etats tiers - principe fondamental dans le droit des traits, il dcoule de la souverainet des Etats. - Un trait ne cre ni obligations ni droits pour un Etat tiers sans son consentement (Art. 34 CVDT)

Il y a pourtant des exceptions : - Un trait cre des droits pour Etat tiers - cest a priori quelque chose davantageux. En cas de silence, le consentement est donc prsum (Art 36 CVDT). - Lorsquun trait cr des obligations la charge dun autre Etat, le consentement explicite de lEtat tiers est ncessaire. On peut avoir des traits qui crent des situations objectives, comme le statut politique ou territorial dun pays. Les situations objectives reprsentent des faits, des ralits qui sappliquent tous, mme si ceux-ci nont pas adhr au trait qui les a cr. - Ex. : La Suisse fut dote du statut dEtat neutre lors du Congrs de Vienne de 1815. Hors, de nombreux Etats nouveaux furent crs depuis lors - le statut politique de neutralit perptuelle de la Suisse simpose galement ces Etats tiers. - Ex. : Linstauration dorganisations internationales. Suite lentre en vigueur de la Charte des Nations Unies lONU a reu une personnalit juridique internationale objective opposable tous les tats, mme ceux comme la Suisse qui pendant longtemps ntaient pas membres de lorganisation.

3.5). Validit et nullit des traits : Dans le droit international moderne, le principe dis que le trait nest pas valide quelles que soient les dfectuosits issues de son processus de conclusion - il y a donc des raisons dinvalider un trait, selon les motifs exprims dans les articles 46 53 de la Convention de Vienne sur les Traits. - Cette notion de nullit dun trait international est relativement moderne - au pas mettre en danger les grands traits de paix, qui souvent ntaient pas conclus entres gaux. Il sagit donc dun certain progrs puisque les Nations Unies peuvent aujourdhui invalider un trait jug injuste, non conforme au DIP. - Aprs laccomplissement des formalits de sa conclusion, le trait nat la vie juridique. Toutefois, il ne peut sy maintenir pour produire durablement ses effets que sil est valide. Comme tous les actes juridiques, il est frapp de nullit en cas dinvalidit... Daprs des principes trs gnraux de droit, les conditions requises pour la validit dun acte juridique sont : un sujet capable, un objet licite, une volont libre (ce qui, pour un acte bilatral ou multilatral, signifie un consentement rgulier dpourvu de vices ) et des formes conditions... on envisagera successivement les conditions relatives la capacit des parties, la rgularit du consentement exprim par ltat qui traduit sa volont de sengager et la licit de lobjet du trait - 19 -

- Capacit des parties - Seul un sujet de droit international a la capacit requise pour conclure un trait, puisque, par dfinition, celui-ci est un acte conclu entre sujets de droit international... ltat est le sujet qui, par excellence, possde la capacit de conclure un trait (Convention de Vienne, Art. 6) ; aucun domaine de rglementation ne lui est, a priori, ferm ; tout au plus peut-il apparatre un problme lorsque certains tats dnient une entit la qualit dtat. Dautres difficults peuvent surgir du fait de la participation dentits dcentralises, et, en particulier, dtats membres dun tat fdral, un trait. Elle pose deux problmes... : celui de la capacit de lentit conclure le trait et celui de limputation du trait un tel sujet... une institution dcentralise peut conclure un trait si cette capacit lui est reconnue par le droit constitutionnel de ltat dont elle relve... La question de limputation du trait conclu par une entit dcentralise avec un tat tranger est tout fait diffrente : la responsabilit internationale de ltat dont dpend lentit cocontractante se trouverait engage en cas de non-respect de lengagement, sauf si cette dernire avait manifestement excd les comptences qui lui sont reconnues en droit interne... La capacit des organisations internationales de sengager par trait ne saurait, aujourdhui, tre mis en doute... Mais cette capacit est drive et partielle, en ce sens quelle drive de la volont des tats membres exprime dans lacte constitutif et se trouve limite par le principe de spcialit (lorganisation ne peut sengager que dans les domaines relevant de sa comptence) (Art. 20, 1 de la CVDT). - La validit dun trait dpend-elle de la licit de son objet ? Pour quil puisse en aller ainsi, il faut pouvoir affirmer lexistence dun ordre public international... Aucun droit ne peut tolrer limmoralit, mais le droit ne peut se confondre avec la morale. On ne peut envisager de sanctionner les traits immoraux que si le droit positif est susceptible de recevoir, par un processus de formation spontane, des rgles morales. Seul ce droit objectif pourrait servir de fondement positif un ordre public international auquel le contenu des traits devrait obligatoirement se soumettre. a). Article 46 CVDT - Dispositions du droit interne concernant la comptence pour conclure des traits : Lart. 46 de la CVDT a trait aux ratifications irrgulires. Lexemple type dun tel cas est la ratification dun trait sans lapprobation du parlement (obligatoire par le droit interne de ltat en cause). Mais dautres exemples existent aussi : malgr la non approbation du parlement, lexcutif ratifie le trait, la procdure dapprobation utilise par le parlement tait fausse (trop de parlementaire absents, etc.) Larticle 46 nonce le principe que de tels dfauts ne peuvent pas tre invoqus pour invalider internationalement un trait. Le trait reste donc valide. La seul possibilit pour terminer un trait dans un tel cas est de lui mettre fin Le principe gnral veut donc que la violation du droit interne ne peut donc tre invoque comme motif pour invalider un trait, ceci afin de garantir la stabilit des traits. - Ce qui est logique en connaissance du grand principe de stabilit de la parole donne. Si cette parole ntait pas lgitime le droit interne du pays concern doit en tirer les consquences, et non pas lautre parti du trait. - De plus lintervention dautres tats dans les affaires internes nest normalement pas tolre, ce nest donc pas eux de contrler la lgitimit (confre par le droit interne) de la parole donne ou den payer les frais dans le cas contraire. - 20 -

- Si une telle raison pourrait tre invoque, les tats pourraient volontairement commettre des erreurs lors de la conclusion pour invalider un trait en cas de consquences nfastes pour eux-mmes. - Le fait que le consentement dun Etat tre li par un trait a t exprim en violation dune disposition de son droit interne concernant la comptence pour conclure des traits ne peut tre invoqu par cet Etat comme viciant son consentement, moins que cette violation nait t manifeste et ne concerne une rgle de son droit interne dimportance fondamentale. - Une violation est manifeste si elle est objectivement vidente pour tout Etat se comportant en la matire conformment la pratique habituelle et de bonne foi. Exceptionnellement, un tat peut nanmoins invoquer un dfaut commis lors de la procdure de ratification si la violation de son droit interne tait manifeste et quelle concernait une rgle de son droit interne qui tait fondamentale. - Si le tiers aurait d connatre la rgle viole, et que cette rgle est de plus objectivement importante, il ne mrite pas quon protge sa confiance. - Ex. : lAutriche ne peut prtendre ne pas avoir su que le peuple suisse doit donner son accord un trait de grande importance. b). Article 47 CVDT - Restriction particulire du pouvoir dexprimer le consentement dun Etat : Larticle 47 indique que la non lgitimit dun reprsentant exprimer le consentement dun tat tre li ne suffit pas invalider celui-ci, sauf si les tats tiers en taient informs auparavant. Si le pouvoir dun reprsentant dexprimer le consentement dun Etat tre li par un trait dtermin a fait lobjet dune restriction particulire, le fait que ce reprsentant na pas tenu compte de celle-ci ne peut pas tre invoqu comme viciant le consentement quil a exprim, moins que la restriction nait t notie, avant lexpression de ce consentement, aux autres Etats ayant particip la ngociation. c). Article 48 CVDT - Erreur : Larticle 48 de la convention a trait lerreur fondamentale, motif largement utilis par lordre juridique interne pour invalider une trait. Une telle erreur est trs rare et a essentiellement lieu lorsque des cartes gographiques sont lies aux traits. Le terme erreur fondamentale dcrit un fait ou une situation qui constitue une condition sine qua non pour le consentement dun tat tre li, au moment de la conclusion du trait. Dcider si une erreur remplie ces conditions se fait par interprtation. - 1). Un Etat peut invoquer une erreur dans un trait comme viciant son consentement a tre li par le trait si lerreur porte sur un fait ou une situation que cet Etat supposait exister au moment o le trait a t conclu et qui constituait une base essentielle du consentement de cet Etat tre li par le trait. 2). Le paragraphe 1 ne sapplique pas lorsque ledit Etat a contribu cette erreur par son comportement ou lorsque les circonstances ont t telles quil devait tre averti de la possibilit dune erreur. - 21 -

3). Une erreur ne concernant que la rdaction du texte dun trait ne porte pas atteinte sa validit; dans ce cas, larticle 79 sapplique.

La rgle selon laquelle un contrat nest valable que sous la condition de la ralit et de la libert du consentement... est prvue et organise par le lgislateur qui dtermine avec prcision les faits constitutifs des vices du consentement : lerreur, le dol, la violence, auxquels sajoute la lsion... Il parat cependant difficile de transposer purement et simplement ces principes dans lordre international... Le droit positif nadopte pas entirement la thorie de droit priv, mais il reconnat que, certaines conditions, lerreur, le dol et la contrainte peuvent vicier le consentement et entraner la nullit du trait, conformment ce que lon peut considrer comme des principes gnraux de droit... Les cas derreur rencontrs dans la pratique se rapportent presque toujours des points de fait relatifs des traits de dmarcation ou de trac de frontires... d). - Article 49 CVDT - Dol : Si un Etat a t amen conclure un trait par la conduite frauduleuse dun autre Etat ayant particip la ngociation, il peut invoquer le dol comme viciant son consentement tre li par le trait. On parle de dol ou de fraude lorsquon induit volontairement en erreur un Etat afin quil conclue un trait les cas en relations internationales sont rares, il faut gnralement remonter au XIXme sicle o le dol tait pratiqu surtout entre des puissances coloniales et des tribus. Selon la CDI de lONU, le dol devrait constituer un vice spcifique et autonome qui se distingue de lerreur proprement dite en ce quil se traduit toujours par des comportements dlibrs en complte contradiction avec la confiance mutuelle qui devrait normalement exister entre les ngociateurs. e). Article 50 CVDT - Corruption du reprsentant de lEtat : Si lexpression du consentement dun Etat tre li par un trait a t obtenue au moyen de la corruption de son reprsentant par laction directe ou indirecte dun autre Etat ayant particip la ngociation, lEtat peut invoquer cette corruption comme viciant son consentement tre li par le trait. Larticle 50 a trait la corruption dun reprsentant dun tat. Dans ce cas il est vident que ltat concern puisse invalider le trait. f). Articles 51 et 52 CVDT - Contrainte exerce sur un Etat (ou reprsentant de lEtat) par la menace ou lemploi de la force : Lexpression du consentement dun Etat tre li par un trait qui a t obtenue par la contrainte exerce sur son reprsentant au moyen dactes ou de menaces dirigs contre lui est dpourvue de tout effet juridique. Est nul tout trait dont la conclusion a t obtenue par la menace ou lemploi de la force en violation des principes du droit international incorpors dans la Charte des Nations Unies. - 22 -

Si une contrainte selon le droit international a eu lieu, le trait perd son effet juridique et ne peut tre invoqu devant un organe international (par exemple la cours international de justice). Dans la mesure o la menace ou la force est utilise de manire licite, un trait (de paix) nest pas nul. Larticle 51 de la Convention de Vienne proclame en termes catgoriques la nullit des traits conclus par la violence exerce sur les reprsentants... Il ressort de ces prcdents que les contraintes taient exerces sur des personnages placs au sommet mme de la hirarchie des autorits tatiques et quil tait difficile, dans ces conditions, de les sparer entirement de ltat quils reprsentaient ou incarnaient... la contrainte retenue en lespce doit tre comprise dans un sens trs large, qui englobe non seulement les violences physiques ou menaces de telles violences contre la personne du reprsentant, mais encore tous les actes susceptibles datteindre sa carrire comme des rvlations de fait de caractre priv ou encore des menaces diriges contre sa famille... le reprsentant est pris en tant quindividu et non en tant quorgane de ltat. On espre, par l, viter toute confusion entre ltat lui-mme et son reprsentant... Plus frquent, le problme de la contrainte exerce sur ltat lui-mme... Traditionnellement il tait pos en relation avec lusage de la force arme... mais il convient aussi de sinterroger sur leffet de la contrainte constitue par la pression conomique et politique... Les donnes du problme ont subi une mutation radicale avec la conscration du principe de linterdiction de lemploi de la force dans les relations internationales... Ds 1919, le Pacte de la SdN a cr les premires limitations substantielles du droit des tats de recourir la force. Plus tard, le Pacte Briand-Kellogg de 1928 a mis la guerre hors la loi. Actuellement la Charte des Nations Unies (art. 3, 2) formule en termes gnraux la rgle de linterdiction de recourir la menace ou lemploi de la force en violation de ses principes et en dehors des cas permis par elle... Cette nullit est conue dune manire aussi rigoureuse que celle rsultant de la contrainte exerce sur la personne dun reprsentant de ltat (Art. 52 de la CVDT). - De tels traits taient considrs comme valide avant la Charte puis sont devenus proscrits en vertu du principe de la non utilisation de la force (Art. 2 4) qui rend le trait nul. Cependant, seul lutilisation non licite (ou la menace de celle-ci) est cible. - Tous les traits de paix sont conclus sont coercition dun des partis, la force ici est pourtant considre comme licite. Cette licit est mesure, dune part, par la Charte des Nations Unies, et dautre par, par le droit coutumier. g). Article 53 CVDT - Traits en conflit avec une norme imprative du droit international gnral (Ius Cogens) : Est nul tout trait qui, au moment de sa conclusion, est en conit avec une norme imprative du droit international gnral. Aux ns de la prsente Convention, une norme imprative du droit international gnral est une norme accepte et reconnue par la communaut internationale des Etats dans son ensemble en tant que norme laquelle aucune drogation nest permise et qui ne peut tre modie que par une nouvelle norme du droit international gnral ayant le mme caractre. Larticle 53 a trait aux traits en conflit avec les normes impratives du droit international, afin dviter que des actes contraires au Jus Cogens, rgles impratives acceptes et reconnues par lensemble de la communaut internationale, puissent permis par le biais daccords entre des Etats. - 23 -

Lide derrire cet article propos par la CDI (Commission du Droit International de ONU, ayant prpare la CVDT) tait de faire en sorte que les Etats ne puissent saccorder sur une norme violant, drogeant une norme imprative et fondamentale du DIP, telles quelles sont dcrites dans la Charte de lONU. Ainsi larticle 53 interdit par exemple les accords sur le gnocide, sur lesclavage, sur la traite humaine, etc. qui drogent au droit international. Il sagit dune ide simple saisir, mais qui a suscit nombre de complications et de dsaccords dans son application. - Droger signifie remplacer un rgime normatif par un autre : - Ex. : des Etats dcident dappliquer une rgle spciale entre eux, drogeant ainsi la rgle gnrale (en vertu de la lex specialis). La rgle gnrale reste donc valide, mais ne sappliquera pas dans le cadre des relations entre les pays y ayant drog. - En droit abroger signifie quune rgle cesse dtre en vigueur (pour tous) partir dun certain moment, soit parce quelle a t remplace, soit parce que tout le monde sest mis daccords quelle ne convient plus. Notons quil existe des causes de nullit absolue, et des causes de nullit relative : - Dans le cas de la nullit relative les intrts en causes sont uniquement des intrts privs des tats directement affects. Ainsi si une raison dannulation du trait existe ou est dcouverte il leurs revient, et uniquement eux de dcider sil veulent faire annuler le trait. Ainsi une erreur fondamentale (art. 48) ne doit pas remettre en cause un trait, si les Etats concerns ne le veulent pas - en dtectant une erreur dans un trait, un Etat peut dcider sil veut garder ou non le trait tabli, sans invoquer lerreur (envoyer une note diplomatique aux autres Etats et au dpositaire les informant de leur position). - Dans le cas de la nullit absolue, les intrts de lensemble de la communaut internationale sont en causes. Un trait contraire au ius cogens (concluant par exemple un gnocide) ne peut tre que relativement nul. Sinon il suffirait que les partis concerns ninvoquent pas la nullit pour quil reste en vigueur, ce qui serait absurde. Tout les motifs sont donc des motifs de nullit relative sauf les deux contraintes (Art. 51 et 52) et le ius cogens (art. 53). Divisibilit : - Il est possible quun trait, dont lessentiel nest pas vici par lerreur, soit divis ou spar sans rendre nulle le trait. En cas de nullit absolue la divisibilit nest naturellement pas admise. (Art. 44 CVDT 5)

3.5). Interprtation : Linterprtation constitue une partie majeur du travail dun juriste. Il sagit de tenter de comprendre ce que dit une norme juridique. Les rgles applicables lgard de linterprtation se trouve dans les article 31, 32 et 33 de la CVDT. Rgle gnrale dinterprtation : - 24 -

- 1). Un trait doit tre interprt de bonne foi suivant le sens ordinaire attribuer aux termes du trait dans leur contexte et la lumire de son objet et de son but. (Art. 31, 1 CVDT) - Linterprtation des normes juridiques internationales se passent travers linterprtation des traits, qui peuvent avoir deux significations diffrentes : - Le texte lui-mme (point de dpart et objet principal de linterprtation, selon la convention) : - La volont des rdacteurs, exprime ou pas dans le texte. Selon lArt. 31, 1, la volont nest pertinente que pour autant quelle ait t exprime dans le texte. Si elle na pas t exprime de manire concrte, elle reste spculative et est donc carte du processus dinterprtation principal. - Linterprte dun trait soriente dans son travail principalement aux quatre lments les plus importants mentionns dans larticle 31, 1 : - Le sens ordinaire attribuer aux termes du trait, donc au texte (en droit aussi appel interprtation grammaticale). La manire dont a t crit un texte en dit long sur ce quil voulait dire - une virgule pouvant dj changer sa comprhension (do limportance des traits - une fois crits ils ne sont plus mallables). - Interprter des mots selon le sens ordinaire veut dire prendre le sens le plus apparent et le plus raisonnable. Celui qui soffrirait en premier une personne qui na aucune connaissances dune matire. Bien sr le sens ordinaire peut aussi tre un sens trs technique. Ordinaire ne veut donc pas dire, le plus facile ou comprhensible mais, le plus usuel dans le domaine en cause. - Il sagit essentiellement de protger la confiance lgitime des parties contractantes. En ratifiant un texte les parties le font en lui attribuant le sens le plus raisonnable et non pas le plus dviationniste ou particulier. - Comme dans toutes autres rgles il existe aussi une exception - celle-ci est codifie dans larticle 31, 4. Il est possible dinterprter selon un sens particulier. Mais ce sens particulier doit tre tabli par les parties, par exemple dans les travaux prparatoires. La partie qui invoque un sens particulier doit tre capable de le prouver, sinon linterprtation se fera dans le sens ordinaire. - Le contexte : cette interprtation est aussi nomme interprtation systmatique (vocabulaire provenant de Friedrich von Savigny). Parfois le sens ne se laisse pas tablir de manire dfinitive. Cest le cas de mots qui peuvent tre compris de manires diffrentes, mais qui sont tout aussi ordinaire les unes que les autres. Dans ce cas le contexte (la phrase, le paragraphe, larticle, le chapitre, le trait, dautres traits, etc.) peuvent livrer la manire utiliser dans le cas du litige ; - La bonne foi (bona fides) peut avoir plusieurs significations. Mais en matire dinterprtation des traits les deux significations principales sont : - Priorit de lesprit sur la lettre du trait. Il ne faut pas pouvoir utiliser la lettre du trait pour pouvoir contrecarrer lesprit (lobjet et le but) dun trait. Par exemple, la - 25 -

convention de La Haie interdisait lpoque de la Premire Guerre mondiale lutilisation de projectiles chimiques, quoi les Allemands ont rtorqu quils utilisaient non pas des projectiles mais des cylindres et quils navaient donc en aucun cas viol la dite dclaration. La fonction principale de la bonne foi est donc dliminer les interprtations susceptibles dutiliser la lettre pour compromettre lesprit du trait ; - Dans un sens plus large linterprtation selon la bonne foi veut dire interprtation raisonnable. Dans ce deuxime sens la bonne foi vient renforcer linterprtation selon le sens ordinaire. - Lobjet et le but. Lobjet traite de la matire soumise rglementation et ses rgularits propres, tandis que le but dcrit la finalit (ratio legis) poursuivie par un lgislateur. La connaissance du but peut totalement changer la manire dinterprter lobjet dun trait. - Lobjet et le but (linterprtation tlologique) est une modalit dinterprtation importante mais toutefois aussi critique. Le lgislateur peut interprter de manire restrictive, raisonnable ou expansive. Et cest cette dernire interprtation qui peut tre dangereuse puisque susceptible dentamer la souverainet des tats. En interprtant le but dun trait de manire trs large il est possible dimpliquer des lments qui nont pas t formul dans un texte. Du coup le lgislateur peut imposer aux tats des obligations quils navaient pas accepts de manire explicites. - 2). Aux ns de linterprtation dun trait, le contexte comprend, outre le texte, prambule et annexes inclus : a). Tout accord ayant rapport au trait et qui est intervenu entre toutes les parties loccasion de la conclusion du trait ; b). Tout instrument tabli par une ou plusieurs parties loccasion de la conclusion du trait et accept par les autres parties en tant quinstrument ayant rapport au trait. 3). Il sera tenu compte, en mme temps que du contexte : a). De tout accord ultrieur intervenu entre les parties au sujet de linterprtation du trait ou de lapplication de ses dispositions ; b). De toute pratique ultrieurement suivie dans lapplication du trait par laquelle est tabli laccord des parties lgard de linterprtation du trait ; c). De toute rgle pertinente de droit international applicable dans les relations entre les parties. 4). Un terme sera entendu dans un sens particulier sil est tabli que telle tait lintention des parties. (Art. 31, 2, 3 et 4 CVDT) Moyens complmentaires dinterprtation : - 26 -

- Il peut tre fait appel des moyens complmentaires dinterprtation, et notamment aux travaux prparatoires et aux circonstances dans lesquelles le trait a t conclu, en vue, soit de conrmer le sens rsultant de lapplication de larticle 31, soit de dterminer le sens lorsque linterprtation donne conformment larticle 31 : a). Laisse le sens ambigu ou obscur; ou b). Conduit un rsultat qui est manifestement absurde ou draisonnable. (Art. 33 CVDT) Interprtation des traits authentifis en plusieurs langues : - 1). Lorsquun trait a t authenti en deux ou plusieurs langues, son texte fait foi dans chacune de ces langues, moins que le trait ne dispose ou que les parties ne conviennent quen cas de divergence un texte dtermin lemportera. 2). Une version du trait dans une langue autre que lune de celles dans lesquelles le texte a t authenti ne sera considre comme texte authentique que si le trait le prvoit ou si les parties en sont convenues. 3). Les termes dun trait sont prsums avoir le mme sens dans les divers textes authentiques. Cependant, nul ne peut jamais rglementer entirement linterprtation (qui est un art et non pas une mcanique) les rgles applicables sont donc volontairement incompltes. Bien entendu on ne peut pas interprter un texte daprs un seul de ces lments. Seul la corrlation de tous ces lments - et dautres qui ne sont pas nomms pas dans la convention de Vienne - rsulte dans une bonne interprtation. par les rgles qui ne sont pas nommes dans la CVDT existe encore toute une srie de maximes telle que les exceptions sont dinterprtations strictes (cf. Art. 31, 4 CVDT) Finalement il y a aussi encore des techniques dinterprtations telle conclure a contrario (la prsence ou labsence dun lment dans plusieurs dispositions indique que la prsence ou labsence de cet lment dans une autre disposition est volontaire). Lopration juridique oppose serait lanalogie (une rglementation juridique dans un cas peut tre transfre un cas similaire - dans la mesure ou linterprtation le permet). Lanalogie nest pas forcment une forme dinterprtation. - En effet, suivant les cas elle consiste plutt combler une lacune de droit et devient donc cratrice de droit - et non pas interprtatrice. Largument a fortiori indique une argumentation selon le but dune rgle (marcher sur le gazon est interdit puisque cela pourrait lendommager, rouler dessus avec le vlo lest tout autant). Lexemple du vlo montre les diffrentes manire dinterprtation applicable ( contrario, par analogie et a fortiori) un cas. Cest linterprtateur qui doit savoir en faire bonne usage pour viter des erreurs.

3.7). Succession des traits dans le temps et fin des traits : Les traits ne sont pas crits pour lternit et sont donc vou prendre fin. Le but des traits tant dinscrire certaines relations dans la stabilit, il serait manqu si leurs terminaison - 27 -

ntait pas rglemente de manire claire. Cette rglementation se trouve de manire exhaustive dans les articles 54 et suivant de la CVDT (extinctions des traits et suspension de leur application).

- Lextinction dun trait ou le retrait dune partie peuvent avoir lieu : a) Conformment aux dispositions du trait; ou b) A tout moment, par consentement de toutes les parties, aprs consultation des autres Etats contractants (Art. 54 CVDT) Lextinction met un terme au trait vis--vis de tout les tats contractant : - Lextinction dun trait produit un effet exclusivement ngatif : un trait frapp dextinction prend fin... Lextinction ne porte atteinte aucun droit, aucune obligation, ni aucune situation des parties crs par lexcution du trait avant quil ait pris fin. La suspension met lapplication du trait pour une priode donne en pause , soit en partie, soit en entier : - la suspension : dans cette hypothse, linstrument subsiste : seules les normes quil contient cessent provisoirement de produire leurs effets. Elles reviendront la vie juridique ds que prendra fin cette suspension puisque le trait demeure... Pendant la priode de suspension, les parties doivent sabstenir de tous actes tendant faire obstacle la reprise de lapplication du trait (Art. 72 de la CVDT). - La modification dun trait est une opration qui a pour but de remplacer ses dispositions, ou certaines dentre elles, par de nouvelles ; elle est la fois ngative et constructive car le vide cr est en gnral aussitt combl. - Pour diverses que soient ces notions, elles rpondent souvent des proccupations comparables et leur rgime juridique est voisin. En particulier les mmes faits, quil sagisse de la volont des parties ou de circonstances qui lui sont extrieurs, peuvent souvent justifier alternativement lextinction, la suspension ou la dnonciation du trait. Lexception lexhaustivit de la CVDT en matire de terminaison des traits se trouve dans larticle 73. Elle traite la succession dtats en matire de trait et de leffet de la guerre sur les traits. Ces deux cas ne relvent pas du droit des traits; la succession des tats tant une question part en DIP, tout autant que la guerre (qui ne relve pas du droit de la paix - rglement par la CVDT - mais du droit des onflits arms). Deux types de motif de terminaison de traits existent : - Les motifs qui relvent de la volont des tats contractants (les motifs subjectifs) : - Les clauses rsolutoires et le consentement informel de mettre un terme un trait (art. 54 de la CVDT). Ces clauses insres dans le trait indiquent suivant quelles circonstances ou quelles dates il steindra. Le consentement nest pas inscrit dans le - 28 -

trait lui-mme mais a lieu sur la base dune volont partage des diffrentes parties concernes. - Clauses rsolutoires - Ce sont celles qui subordonnent la fin de lengagement la survenance de certains faits prvus lavance par les parties. celles-ci peuvent fixer un terme lexpiration duquel le trait steint automatiquement. Ce terme peut concider avec une date prcise... mais, dans la plupart des cas, il est tabli en nombre dannes, de 1 99 ans... Lextinction du trait peut galement tre subordonne la survenance de faits, ertains ou probables, prvus lavance par les tats parties. - La conclusion dun trait postrieur peut tre une manire de consentement mettre fin un trait. Ce consentement est soit impliqu dans le nouveau trait, soit exprime de manire concrte (Art. 59 de la CVDT) - La dnonciation des traits. Le grand principe est quun trait doit inclure des disposition qui rglemente sa dnonciation pour quil soit dnonable (art. 42). Larticle 561a+b contient les exceptions qui consistent dire que la nature du trait peut tre telle quil faut prsumer que les parties aient voulu que le trait soit dnonable ou que la volont des parties admettre la dnonciation soit implicite. - En ce qui concerne la dnonciation, linstrument et la norme subsistent. Seul est modifi le champ d'application du trait : il cessera dtre applicable ltat qui en est lauteur... La dnonciation (rgulire) dun trait bilatral entrane videmment on extinction. - Clauses de dnonciation et de retrait - La dnonciation (ou le retrait) est un acte de procdure accompli unilatralement par les autorits comptentes des tats parties qui dsirent se dlier de leurs engagements. Les motifs qui sont indpendants de la volont des parties contractantes (les motifs objectifs) : - La violation substantielle du trait (art. 60 de la CVDT). Il sagit de savoir si un partenaire dun trait est forc de continuer lappliquer si un autre (le violateur) ne le fait pas. Une telle situation serait gravement inquitable et fortement dsquilibre, car elle irait jusqu favoriser le violateur. - Dans une telle situation la partie lse est autorise suspendre lapplication du trait, soit totalement soit partiellement, ou lui mettre fin ex nunc ( partir du moment o la partie lse fait valoir son droit). Ceci pour protger les droits des parties lses. - Se distinct dans ce cas les traits bilatraux des traits multilatraux qui se distincte suivant le nombre de parties affectes par la violation (Art. 60, 2, a)., b). et c).) : - En agissant de manire unanime les parties non violatrices peuvent suspendre le trait ou le terminer soit totalement soit partiellement, soit entre elles-mmes et le violateur soit entre toutes les parties. - Dans un trait multilatral il se peut trs bien quune violation nest lieu quenvers une seule partie, donc que seul ses droits elle aient t viols. Dans ce cas cette partie est - 29 -

dcrite comme spcialement atteinte et elle ne peut que suspendre le trait entre elle et le violateur, soit en tout soit en partie. Elle ne peut lui mettre fin. - Les traits intgraux dsignent des traits o aucune partie ne peut tre spcialement atteinte. Elles le sont toutes. La CVDT confre dans ces cas chaque parties du trait la possibilit de suspendre en tout ou en partie le trait. Par contre cette suspension a lieu envers toutes les autres parties et non pas quenvers le violateur. Ce qui est logique tant vu lintgralit de ces traits (le trait nest pas bilatrisable). - La violation doit avoir t substantielle pour permettre de suspendre le trait ou lui mettre fin ( art. 603). Puisque la suspension ou la terminaison du trait a lieu ex nunc et non pas quaprs avoir prouver sa violation il est important quelle ne puisse tre exprime quen cas dimportance majeur. Larticle 604 prcise que les dispositions qui ont attrait la violation du trait ne sont pas affectes par les paragraphes de larticle 60, justement parce quelles ont t faites pour ce genre de cas. - Finalement larticle 60 5 exclu lapplication des paragraphes 1 3 aux traits concernants la protection de la personne humaine. Ceci pour conserver certaines dispositions qui sont perues comme fondamentales. La procdure suivre pour prouver la violation dun trait et appliquer les consquences de lart. 60 se trouve dans larticle 65. - Le changement fondamental de circonstances, la clausula rebus sic stantibus (Art. 62 CVDT) : - Tout trait est conclu dans un contexte politique, social, conomique, montaire et/ou juridique. Ce quil prvoit repose donc forcment sur ces conditions extrieurs. Un changement drastique de ces conditions peut remettre en cause les accords conclus. Normalement les parties les adaptent automatiquement, mais que faire si une delles se refuse le faire ? - Larticle 62 rpond cette question en disant quun changement fondamental de circonstances...ne peut tre invoqu comme motif pour mettre fin au trait ou pour sen retirer, moins que . Puisque les changements de circonstances sont constant et que pacta sunt servanda , il a t important pour les fondateurs de la CVDT de limiter cette dispositions de rares cas. Ce qui inclue une interprtation restrictive des paragraphes numrs dans cette article. - Il faut donc que le changement soit dramatique et quil attrait des circonstances qui aient constitu une base fondamentale - sine qua non - au consentement des parties tre lies par le trait (donc que ces circonstances aient dj exist lors de la signature du trait).

Chapitre IV - La coutume : Si la coutume ne joue plus quun rle trs limit, voir nul, dans le droit interne, du fait de sa supplantation par des lois fermes et cohrentes, le droit coutumier demeure de toute importance dans le DIP. Ce qui tombe sous le sens, tant donn que la socit internationale que rgit le DIP est tout fait dcentralise, dfaut dun lgislateur international (les Etats - 30 -

restant souverains et matres du droit qui leur est applicable), le droit coutumier comble un nombre de lacunes en liant lensemble de la socit internationale. Pour ce faire, le droit coutumier repose une autorit indniable qui dcoule de la somme de deux lments, lun objectif, lautre subjectif : la pratique des Etats dune part et lopinio iuris, savoir lacceptation de cette pratique comme reposant sur des motifs juridiques et exprimant une obligation juridique. La pratique : - Toute coutume ou usage repose sur une pratique plus ou moins rgulire. Dans le cadre du DIP, la pratique la racine du droit coutumier est bien celle des sujets du DIP, savoir, par excellence, les Etats, ainsi que leurs organes et leurs institutions. - Dans les domaines pertinents, il est tout fait plausible de dire que la pratique des organisations internationales, telles que les oprations du maintient de la paix, contribuent forger du droit coutumier universellement applicable. Dans certains cas, on peut mme dire que la pratique dONG, telles que le CICR dans le domaine du droit international humanitaire, sont lorigine dune coutume internationale. - En ce qui concerne la qualit de la pratique internationale, on distingue deux volets : lun actif, lautre passif. Ainsi, une pratique peut dcouler dun acte, tel que celui de saisir un navire approchant plus de treize milles des ctes dun Etat, mais peut aussi dcouler dune abstention, comme celui de laisser lEtat du pavillon dun navire tranger stationnant dans un port la poursuite dun crime commis bord. - On considre galement que des prises de position verbales des chefs dEtats peuvent constituer une pratique internationale. - Pour quune pratique puisse constituer du droit coutumier, celle-ci doit encore tre constante, uniforme et gnrale. - Le premier critre, celui de la constance, a trait une continuit dans le temps. Ainsi, une pratique doit tre suffisamment assise dans le temps pour quelle constitue de la coutume internationale. Cependant, depuis le dveloppement des moyens de communication et la crations dOI, le critre temporel a perdu beaucoup de poids : on estime que quelques annes de pratique suffise sa cristallisation en droit coutumier. Il faut noter, cependant, quune pratique peut tre constante sans pour autant tre frquente : ainsi, il existe des coutumes internationales qui ne sont pratiques que quelques fois par sicle. - Luniformit constitue un critre matriel : ainsi, les actes pertinents et la raction qui sen suivent doivent tre raisonnablement similaires pour quils constituent de la pratique. Lorsque les Etats perptuent une pratique uniforme dans un domaine mais pas ncessairement dans dautres, ces derniers ne constitueront pas de droit coutumier. - Pour quune coutume universelle puisse stablir, il faut encore que la pratique qui donne lieu cette coutume soit gnrale. Cela ne veut pas dire quil ne peut y avoir de coutume rgionale ou particulire, ou quelle doivent tre perptre par chacun - 31 -

des sujets du DIP : il faut, cependant, quune pratique soit reprsentative dun ensemble donn pour lier cette ensemble par une coutume. - Pour parler dune pratique gnrale, lunanimit nest pas requise, mais la simple majorit des Etats concerns ne pourrait suffire non plus. Si la rgle approximative est davoir une majorit fortement consistante, la cl de lecture laquelle les juristes internationaux se rfrent constamment, est de considrer que le silence, la non-opposition ou labstention dun sujet con-cern une pratique qui stablit quivaut son acquiescence de la pratique. - Ce nest donc que lorsque le nombre dEtats sopposant explicitement une pratique devient suffisamment consistant pour reprsenter une partie consistante de la communaut internationale que lon peut dire quune pratique nest pas gnrale. - Ex. : la nouvelle dfinition du combattant du Protocole additionnel I aux Conventions de Genve aux articles 43 et 44 ne reflte donc pas du droit coutumier, puisquun nombre non ngligeable dEtats occidentaux sy sont oppos activement. Lopinio iuris : - Lopinion juridique constitue le volet subjectif du droit coutumier. Il consiste dire quil existe des pratiques assises dans le temps, tout fait constantes, uniformes et gnrales qui ne pourraient toutefois pas tenir de droit international. Cela tombe sous le sens car, pour quune pratique devienne une norme juridique contraignante, il faut encore quil y ait une raison concordante pour que tous soient lis par le droit de se tenir cette pratique. Cette raison tient la volont ou la position des sujets du DIP et constitue un critre qui permet de distinguer une coutume, gnrant une obligation juridique gnrale de la suivre, dun usage, qui ne porte quune obligation morale, politique ou culturelle. - Lopinio iuris fait donc le pont entre le fait de la pratique et lobligation de la coutume. Il faut donc bien que le motif, ou le fondement dune pratique soient reconnus comme juridiques, pour que cette pratique donne lieu un droit coutumier contraignant. - Ex. : il y a une pratique absolument invariable entre les ministres des affaires trangres qui consiste correspondre sur du papier blanc, question de courtoisie, mais non pas de droit. Si un Etat envoyait une lettre diplomatique sur du papier color, pour montrer une appartenance idologique par exemple, lacte sera vu comme un manquement la courtoisie, mais non pas au droit. La coutume rempli une fonction fondamentale car, contrairement aux traits, qui restent fermes et stables, fournissant une scurit juridique parfaite, la coutume, quant elle, rpond dautres besoins, tels que la diversit, la flexibilit, ladaptabilit et le dynamisme qui marquent la socit internationale, si htroclite et si changeante. Etant donn que la coutume reflte la pratique des Etats, elle forme un ordre juridique bea