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8/8/2019 Droit public co et social (UE1)
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Droit public conomique et social CM Mme Mamontoff
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CHAPITRE INTRODUCTIF
Quest ce que le droit public co : le DPE ? Cette notion fait lobjet de controverses
doctrinales en France et ltranger. Pour la comprendre, il faut se rfrer aux grandes tapes
de la formation de ce droit et de ses sources.
Section I : DPE, droit de lintervention publique en matire conomique.
Certains auteurs ont dit que le DPE tait celui qui se caractrisait par ses rapports avec
lconomie. Le problme est celui de savoir, dtablir un lien entre droit et conomie
permettant daffirmer que tel droit est conomique. Dautres auteurs se sont demand sil
fallait distinguer le DPE et le droit priv conomique. Il ny aurait quun seul droit car il y
aurait des imbrications entre les deux droits. Ainsi, par exemple, il est bien connu que ltat a
recourt des techniques de droit priv (recours aux SA, privatisations aujourdhui).
Ce quil faut constater, cest que les auteurs sont peu prs daccord sur un lment :
ils considrent que le champ de ltude du DPE est celui de lintervention publique en matire
conomique. Ce sont les mcanismes juridiques par lesquels les personnes publiques tentent
de modifier le comportement naturel des AE. Les modalits dintervention peuvent revtir
diffrents aspects : Lorsque ltat prend des mesures de blocage des prix, il y a une modalit
dintervention conomique.
Autres exemples : Ltat qui veut favoriser lpargne va mettre certains types demprunt
favorables lpargne. Lorsque ltat interdit quil y ait un dpassement dun certain nombre
de commerces. Lorsque ltat verse des primes certaines entreprises qui sinstallent dans des
zones difficiles.
Le terme intervention dsigne ici des mesures prises par les personnes publiques lgard
dAE qui sont soit des personnes prives, soit des personnes morales prives (des entreprises).
Il existe une conception large de linterventionnisme : cest celle ou la collectivit
publique prend en charge elle-mme une activit conomique.
Le DPE comprend toutes les situations ou les personnes publiques influencent lconomie au
nom de lintrt gnral. En vrit, le DPE cest la traduction juridique des politiquespubliques dintervention en matire conomique. Par exemple, ltat met en uvre une
politique pour lutter contre le chmage. Le DPE traduit une idologie politique et lon se rend
compte que DPE volue en fonction de lidologie politique.
Par ailleurs, lconomie et le march sont au cur des dbats aujourdhui car il y a de
nouvelles rgles europennes avec une concurrence exacerbe entre entreprises prives mais
surtout obligeant les tats eux-mmes ouvrir la concurrence leurs propres activits
marchandes. Le droit communautaire interdit dans certains cas aux tats de favoriser leurs
propres entreprises prives au dtriment des entreprises prives des autres tats membres.
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Aujourdhui, le DPE volue trs rapidement et certains auteurs ont parl dun recul de
celui-ci en raison prcisment du recul de linterventionnisme et de lincursion du droit
europen. En ralit, on ne peut pas dire quil y a un recul DPE, mais un DPE diffrent. On
sattachera voir la place que fait ltat lconomie (surtout linterventionnisme) en
fonction des idologies. Nous en verrons les traductions juridiques.
Section II : les grandes tapes de linterventionnisme conomique.
Trois grandes tapes doivent tre abordes. Dabord le 19me ou ltat est marqu par le
libralisme, le rle de ltat est rduit une fonction de gendarme (fonctions rgaliennes).
Puis le 20me marqu par linterventionnisme conomique et enfin une volution la fin du
20me, dbut 21me ou ltat devient gendarme de lconomie (rgulateur).
1] Le 19me sicle :
Le colbertisme (17me) est la version franaise du mercantilisme. Lide dominante
dalors est que le roi est propritaire de son royaume. Cest son entreprise quil faut
dvelopper sur le plan conomique. En dveloppant simplement la richesse de ses sujets, en
favorisant leur prosprit. Ceci engendre des recettes fiscales supplmentaires, cest en
quelque sorte un retour sur investissement .
Par ailleurs, il faut empcher lor et la monnaie de quitter le pays car les prlvements
sont effectus en monnaie et celle-ci est base sur lor. Si les deux quittent le pays, il y a un
appauvrissement du pays et de facto, du roi. De plus, cette fuite permet lenrichissement desmonarques voisins (augmentation de leur puissance) au dtriment de celle du roi.
Lenrichissement des sujets, le maintien des richesses au sein du pays permettent
lenrichissement du roi et laugmentation de sa puissance face ses voisins.
Lide du mercantilisme est reprise par Colbert : cest la conqute des mtaux prcieux pour
favoriser au maximum la richesse de ltat et cest galement lenrichissement des sujets.
Il y a deux objectifs : conqute des mtaux prcieux et enrichissement des sujets. Pour
atteindre ces objectifs, il faut une politique conomique dirigiste. On institue alors une
rglementation du commerce et de lindustrie avec un contrle douanier de protectionnisme
des produits franais.
Par ces mesures protectionnistes, ltat favorise la production agricole et industrielle (en
particulier celle-ci). Ltat rglemente la marine et Colbert encourage les manufactures de
ltat, il cre de vritables entreprises publiques. De mme quil encourage des manufactures
prives.
La plupart des auteurs sont daccord pour dire que le colbertisme a constitu un
prcdent du dirigisme et quil a influenc trs largement linterventionnisme conomique
ultrieur. La doctrine affirme que la France est de tradition colbertiste.
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Au 19me, nous sommes dans un tat libral avec une conomie comme telle et lide
qui domine est que ltat doit se limiter un rle de gendarme, lconomie doit tre laisse
la socit civile. Il doit y avoir une frontire entre la sphre publique et prive.
Toutefois en pratique, cette sparation doit tre nuance : ltat intervient dans certains
secteurs privs. Ainsi, ltat a quelques fonctions conomiques : il gre lui-mme certaines
entreprises industrielles et commerciales (manufactures de Svres, Beauvais et Gobelins qui
sont un hritage du colbertisme).
En outre, il dtient certains monopoles comme le tabac, les allumettes, les PTT. Les
communes prennent en charge galement certaines activits comme la distribution de leau,
du gaz, dlectricit, les transports urbains. Ces interventions restent les exceptions et restent
inavoues car lide dominante est que les personnes publiques doivent se tenir lcart de la
vie conomique.
Certaines activits sont gres parfois directement par la personne publique (gestion
en rgie). Dans dautres cas, elles sont gres par des personnes prives et un contrat est pass
alors avec la personne publique (concession de service public). Grce cette concession, les
entreprises prives financent des grands quipements comme les chemins de fer, les canaux.
A la base, il y a un contrat entre public et priv. Les grandes concessions du service public
datent du 19me.
La priode de lentre-deux-guerres est importante dans la formation du DPE car elle va
constituer le dbut de celle-ci.
2] Dbut du 20me au lendemain de la 2GM.
Au dbut du 20me, il y a un changement des mentalits car la socit se modifie
profondment.
Sont dnoncs les abus du libralisme conomique. La guerre de 1914 marque larrt de
certaines activits (les transports, les chemins de fer ds lors, problmes de ravitaillement).
Ces activits dintrt gnral ne sont plus assures, ltat devant les prendre en charge lui-
mme et les rglementer. Ltat devient ravitailleur, transporteur. Ce devait tre passager mais
les populations shabituent cette volution. La der des ders met en place un
interventionnisme tatique.
Lentre-deux-guerres avec la crise de 1929 fait que ltat devient interventionniste de
faon accrue et il instaure une conomie dirige partir de 1930. Par exemple, il institue dans
la viticulture des primes larrachage et une interdiction de plantations nouvelles. En 1934, il
tente une coordination des transports entre rail et route. Sur le plan juridique, il y a cration
des socits dconomie mixtes industrielles et commerciales. Socits runissant des
capitaux publics et privs. Le tribunal des conflits et le CE font une distinction entre SPA et
SPIC (arrt Bac dEloka en 1921). Les SPIC relvent du droit priv tandis que les SPA
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relvent du droit administratif. Une partie importante du droit interventionniste conomique
relve dun rgime diffrent du service public administratif.
La 2GM conduit un encadrement de plus en plus important de lconomie par ltat.
En effet, pendant le rgime de Vichy il y a un interventionnisme trs pouss. Par exemple, la
collecte des produits agricoles ou encore la rpartition des produits alimentaires. Les
organisations professionnelles sont utilises des fins interventionnistes et elles rglementent
les professions. Il y a lpoque linstauration dune conomie de guerre totalement dirige.
Le gouvernement et chaque ministre ayant des pouvoirs dintervention importants.
A la Libration, on supprime certaines mesures interventionnistes tout en conservant
certaines, qui seront dveloppes : ltat encadre le crdit, dirige une vague de nationalisations
en 1945 succdant celle de 1936 (Renault, transports ariens, banques, assurances) et
dveloppe le secteur industriel et commercial.
Il est important de noter que lintervention de ltat na pas pour but damliorer la
comptitivit des entreprises. Le but cest la recherche de la solidarit nationale, la cohsion
sociale. Les nationalisations de 36 et 45 ont pour but dinstaurer un compromis social. Aprs
1946, linstauration des monopoles publics nationaux a pour objectif la rduction des
ingalits sociales mais aussi le redmarrage de lconomie. Le but social est alors important
dans linterventionnisme conomique.
Les ides de Keynes (conomiste financier) ont une influence importante dans les pays
occidentaux. Pour Keynes, la crise de 1929 est due la non raction de ltat face un cycleconomique dpressif. Il considre quen prenant des mesures adaptes, la crise aurait pu tre
surmonte. Keynes prconise quen priode de rcession, ltat doit injecter des capitaux dans
les circuits conomiques. Il doit effectuer des grands travaux qui relancent lconomie. La
main visible de ltat doit remplacer celle invisible du march. Cest ltat qui doit simposer
au march. Ltat doit tout mettre en uvre pour assurer le plein emploi. Ltat doit se donner
les moyens de sa politique. Les questions conomiques sont des questions politiques, ltat se
doit dtre interventionniste.
Laprs 2GM marque lapoge de lEtat-providence et de lintervention tatique.
Lentreprise prive et le march sont quelque peu dconsidrs. Ltat apparait alors comme
le seul capable dassurer une certaine modernit. Il y a un retournement des mentalits illustr
par un discours de De Gaulle en 43. Ltat devient alors le modernisateur et le rgulateur de
lconomie. Cela sobserve diffrents niveaux : De Gaulle instaure la planification, la
DATAR (Dlgation lAmnagement du Territoire et lAction Rgionale) est cre en
1963.
Les interventions de lEtat sont faites dans le but dexercer une action sur lconomie,
elles expriment une politique conomique. Linterventionnisme revt alors plusieurs formes :
La police administrative charge de limiter la libre initiative individuelle dans le but demaintenir lordre public conomique. Par exemple, ltat va prendre des mesures pnales
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(amendes, prisons) pour faire respecter lordre conomique. Ce sont des mesures de police
conomique, ladministration interdit, prescrit, rglemente ou octroie un avantage par voie
unilatrale.
Puis il y a une volution et lEtat intervient dune autre faon tout en conservant la mthode
de police conomique. Apparait la mthode de lconomie concerte, contractuelle. Cestlhypothse ou ladministration nimpose plus mais oriente les comportements conomiques
par lincitation. Par exemple, ltat accorde des avantages fiscaux. Cette volution cohabite
avec les mesures de police.
La notion de concertation qui apparait aprs la 2GM, traduisant une aspiration en matire
conomique. Les professionnels veulent laborer avec ladministration des objectifs
atteindre et des moyens mettre en place pour atteindre ces objectifs.
Lconomie contractuelle. Aprs le dialogue, on passe un contrat. Le but de la dmarche
cest que pour obtenir certains comportements, ladministration passe des conventions ou des
contrats avec les professionnels, conventions donnant des avantages. Ladministration
nimpose plus, elle ngocie.
Il y a ces 3 notions (conomie oriente, concerte et contractuelle) qui ont une importance
jusquau dbut des annes 70.
3] Les annes 1973 / 1974 la fin du 20me s :
On assiste une remise en cause de lEtat-providence ainsi qu un double mouvement
des politiques publiques avec un renforcement de linterventionnisme et un dveloppement du
libralisme. A la fin du 20me
, on remarquera une autre volution avec un nouveau rle deltat.
A] La remise en cause de lEtat-providence.
A partir des annes 73/74, la croissance sessouffle (inflation, rcession, chmage). Crise
qui apparait, entre autres, cause des chocs ptroliers. Les thories de Keynes sont remises en
question parce que ltat semble avoir montr ses limites lpoque. La planification existait
mais elle ntait pas mme de prvoir les chocs. Le ralentissement des pays sovitiques
montre bien que linterventionnisme nest peut tre pas la meilleure solution. On vante
nouveau les mrites du march. Il reprend une place importante par rapport ltat. Il est alors
irremplaable mme sil est perfectible. Il y a un dsenchantement de ltat au niveau
conomique. Des conomistes soutiennent que ltat nest l que pour assurer le
fonctionnement du march et non pas pour le remplacer.
B] Le double mouvement des politiques publiques.
Il y a une remise en cause de linterventionnisme de ltat mais sur le plan des ides
uniquement car en pratique, les choses ne changent pas. Jusquen 1981, il y a un renforcement
de linterventionnisme puis nous assistons ensuite un approfondissement du libralisme.
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La cration des AAI rpond ce double objectif : Dabord, couper ladministration du
pouvoir politique afin que des dcisions conomiques soient neutres et indpendantes puis
que des professionnels participent la prise de dcisions.
Ce sont des structures qui sont composes dune part de membres de ltat et dautre part de
professionnels et dexperts du monde conomique concern. Elles ne sont pas soumises la
hirarchie de ladministration et ne peuvent recevoir ni ordres, ni instructions daucune
autorit.
Elles ont par ailleurs une fonction de rgulation du march. Elles assurent un quilibre entre
les droits et les obligations de chacun. Pour cela, elles ont un pouvoir rglementaire (mettre
des rglements), de larges capacits dinvestigation et de contrle et elles ont un pouvoir trs
important : le pouvoir dinfliger des sanctions aux oprateurs conomiques, particulirement
des sanctions pcuniaires qui peuvent tre des amendes importantes. Elles ont galement le
pouvoir de suspendre une autorisation dexercer, voire de la retirer.
Lvolution de lconomie et du DPES a t lorigine de lapparition de nouvelles
structures dont le rle est de rguler le march. Rgulation qui se fait par une administration
indpendante du pouvoir politique et par une administration compose en partie de
professionnels.
c- Le glissement du secteur public vers le priv :
Globalement, on a assist un glissement progressif du secteur public vers le priv.
Ainsi, en 1986, il y a eu des privatisations partielles et il devait y avoir un nombre important
dentreprises publiques qui devaient rentrer dans le priv or seules certaines dentre elles ontt privatises. Cependant, les privatisations qui ont t faites nont pas t remises en cause
par la gauche quand elle revient au pouvoir pas plus que lon a effectu de nouvelles
nationalisations. De plus, il faut noter que certains secteurs publics ont t ouverts aux
capitaux privs ou ramnags pour plus defficacit. Par exemple, les PTT (EPA) en 1990 se
divisent entre France Tlcoms (EPIC) qui est devenu ensuite une SA et La Poste (EPIC) qui
va prochainement le devenir. En 1993, la majorit de droite reprend une politique de
privatisation et la nouvelle majorit de gauche de 1997 limite quelque peu cette ralisation
mais ne larrtera pas totalement. Dans certains cas, cela se fait brusquement, c'est--dire
quune entreprise est privatise mais dans dautres cas, cela se fait pas tapes, les PTT en sont
un exemple.
C] Lvolution du DPE du fait du march unique.
Le grand march europen institu par le trait de Rome transform en 1986 par le
march intrieur unique a transform le DPE. Le march instaure la libre circulation des
biens, des services, des Hommes et des capitaux. Le march supprime les frontires et
instaurera la monnaie unique. Il met en place un droit communautaire avec la CJCE
garantissant lapplication du droit communautaire. Le droit communautaire rsulte des traits
mais il mane galement des organes communautaires chargs ddicter des rgles. Il estimportant dobserver que le droit communautaire simpose quand il entre en conflit avec le
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droit national (arrt Posta Ennel de 1964, arrt Nicolo en 1989 qui fait prvaloir le droit
communautaire alors quil avait rsist). La Cour de Cassation avait fait prvaloir le droit
communautaire sur le droit national (arrt Jacques Vabres, 1973). Dsormais, le juge national
doit faire prvaloir les traits internationaux, les directives et rglements communautaires sur
les lois et rglements nationaux. En matire conomique, 80% des lois viennent du droit
communautaire.
Il y a un problme : le droit communautaire a une conception privatiste du droit (et
non publiciste). Lide dominante est que les activits conomiques doivent tre soumises au
droit commun. En outre, le droit communautaire prohibe toute intervention publique
susceptible de fausser la concurrence ou dentraver la libre circulation des B&S.
En France, lobjet mme du DPE est prcisment de contraindre les acteurs conomiques
davoir tel ou tel comportement conomique, dinfluencer le march. Le juge europen
considre illgal ce type dintervention publique. Il y a un rtrcissement du DPE.
Doit-on considrer alors quil y a une remise en cause voire mme une disparition du DPE ?
En ralit, il y a une remise en cause du DPE keynsien, c'est--dire interventionniste mais le
DPE a aujourdhui une nouvelle fonction car le rle de ltat a volu. En effet, ltat doit
protger le march et assurer le bon fonctionnement. Il est devenu le gendarme de lconomie.
Par ailleurs, ltat est garant de la cohsion sociale. Il va chercher corriger et attnuer les
consquences ngatives du march sur certains groupes sociaux dfavoriss (politiques
sociales de lutte contre lexclusion). Il existe aujourdhui encore de nombreuses entreprises
publiques qui relvent du DPE ! Enfin, il faut remarquer que le droit communautaire laisseune marge de manuvre aux tats membres. Il faut citer dans ce sens le principe de
subsidiarit affirm par Maastricht : cest la recherche de lchelon le plus pertinent pour
exercer telle ou telle activit. Il y a une volution du DPE et non une disparition.
Section III : les sources du DPE
1] Les sources internes:
A] La Constitution.
I/ Le prambule.
Le prambule de la Constitution de 1946 intgre la Constitution de 1958 comporte
des rgles contenu conomique, lesquelles ont une incidence sur le fonctionnement du
march (le droit de travailler, le droit dobtenir un emploi, le droit de grve, libert syndicale).
La DDHC (1789) est galement intgre la Constitution et affirme des droits qui ont une
incidence importante sur le march (droit de proprit, libert, galit). Ces droits de 1789
sont des droits caractre individuel alors que les droits de 1946 sont plutt collectifs. Le CC
tente de crer un quilibre entre droits individuels et collectifs .
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II/ Le texte constitutionnel.
La Constitution contient peu de dispositions conomiques : cration du Conseil
Economique et Social (CES, qui donne son avis au gouvernement). Larticle 34 donne au
lgislateur des comptences en matire conomique, le lgislateur dtermine les principes
fondamentaux en matire de droit de proprit.
B]Les lois et les rglements.
Le parlement na pas jou un rle important dans ce domaine en raison de
linterventionnisme gouvernemental et de la souplesse accorde ladministration.
Aujourdhui, il y a une multiplication de lois, ce qui entraine un dveloppement lgislatif mais
il sagit de lois dorigine gouvernementale.
Sagissant de la source rglementaire en matire conomique, celle-ci sest dveloppe sous
les 3me et 4me Rpubliques (les dcrets lois).De plus, la Constitution de 1958 accorde une place importante au pouvoir rglementaire. Il y a
de nombreux rglements sous forme de dcrets du PM ou PR (en conseil des ministres).
Par ailleurs, les ministres ont eu des habilitations de prendre des mesures rglementaires en
matire conomique quant lchelon local, les prfets assurent le maintien de lordre public
conomique. Il y a des rglements conomiques qui manent dautres administrations (les
AAI, les organismes privs professionnels qui ont un pouvoir rglementaire pour
laccomplissement de leurs missions).
2] Les sources externes : le droit communautaire.
Le DPE dpend de plus en plus du Droit Communautaire (DC).
A] La structure de DC.
Le DC a plusieurs sources : les traits (Rome, Acte Unique, Maastricht). Le trait de
Rome contient de nombreuses dispositions relatives lconomie. Par exemple, en matire de
circulation des marchandises, cest la suppression de droits de douane, de certaines taxes.
Pour les personnes, il y a libert dtablissement professionnel, circulation des services, des
travailleurs et des capitaux. Il y a encore dautre dispositions pour la sauvegarde de laconcurrence (les monopoles sont interdits, les aides publiques aux entreprises sont plus que
dconseilles). Ce sont l les sources originaires ou communautaires (les traits).
La 2nd source concerne les actes communautaires dictes par les institutions
communautaires (sources secondaires ou drives). Il sagit des rglements, directives et
dcisions, les recommandations et les avis.
La 3me source est celle de la jurisprudence du juge europen (CJCE) ou tribunal de premire
instance des communauts europennes.
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B] La primaut du droit communautaire.
En parlant, du DC, il a un principe fondamental de primaut sur le droit national. Le
DC est un ordre juridique propre qui sintgre au systme juridique des tats. Cest au juge
communautaire de faire respecter la primaut du DC (arrt Nicolo et Jacques Vabres).
Le DC marque le recul interventionnisme de ltat, les activits conomiques des personnes
publiques doivent se soumettre au droit de la concurrence comme nimporte quelle entreprise
prive. Des pans entiers du DPE sont touchs par le DC.
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PARTIE I : LORGANISATION PUBLIQUE EN
MATIERE ECONOMIQUE.
CHAPITRE I : LES INSTITUTIONS CENTRALES.
Les institutions politiques (PR, PM, gouvernement) nont pas le mme poids
aujourdhui quautrefois sur le jeu des acteurs conomiques. Ils ont une fonction diffrente.
Ce qui doit tre retenu cest que lorsquon a apprhend les relations entre ltat et le march,
on a affirm pendant longtemps la supriorit de ltat sur le march. Cest en raison de cette
superiorit de la puissance publique que ltat est devenu interventionniste.
En raction, il y a eu le mouvement inverse (libralisme, mondialisation). Cette
globalisation a eu une consquence importante savoir que la superiorit de ltat sur la
march ne se vrifie plus. Cest le march qui simpose. Les tats ne sont plus mme
aujourdhui de peser sur le march.
Avant, ltat avait le pouvoir dinfluencer sa propre conomie. Aujourdhui, il nest plus
confront sa propre conomie mais un march mondial. Les tats tentent de rquilibrer
cela en voluant dans leur rle qui est maintenant la rgulation du march. Les institutions
actuelles sont le reflet de cette situation.
Section I : les institutions tatiques gnrales.
1] Le parlement.
Cest une structure peu adapte linterventionnisme conomique. Il ny a pas au
parlement de reprsentation conomique. On sait que De Gaulle avait voulu instaurer un
Snat rnov avec des reprsentants politiques et professionnels dsigns par les organisations
reprsentatives. Or, ce fut un chec (referendum repouss, De Gaulle dmissionnaire).
Aujourdhui, le CES a une certaine spcialisation conomique (avec les principauxreprsentants conomiques) mais il na quun rle consultatif (donne que des avis).
Par ailleurs, on sait que larticle 34 de la Constitution donne des possibilits
importantes pour lgifrer en matire conomique mais il est bien connu que la Parlement ne
peut faire le poids face lexcutif, ce qui ne lui a pas permis de maitriser rellement
lconomie.
De plus, des secteurs de lconomie ont t attribus au pouvoir rglementaire. Il faut noter
encore que les nouvelles comptences de lUE ont dpossd encore le Parlement de ses
fonctions lgislatives en matire conomique (de facto, une baisse de son pouvoir). On a tent
damliorer la situation du Parlement mais sans apporter de grands changements.
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2] Le Prsident de la Rpublique et le gouvernement.
A] Le Prsident de la Rpublique.
On sait que le PR a un rle prminent en priode hors cohabitation. Il a un pouvoir
dintervention, de direction dans tous les domaines, notamment en matire conomique.
B] Le gouvernement.
I/Le Premier Ministre.
Au terme de la Constitution, le gouvernement dtermine et conduit la politique de la nation y compris
la politique conomique de celle-ci et cela se fait sous la conduite du PM.
II/ Le ministre conomique.
En ralit, on a voulu crer une administration de lconomie assumant les fonctions
conomiques de ltat. En 1930, apparat un sous-secrtariat dtat charg de lconomie
nationale. En 1936, il devient un ministre de lconomie. Aprs la Libration, le ministre se
heurte au puissant ministre des Finances. Les services conomiques sont attachs aux
Finances, il changera de nom Le fait est quil y lapparition dun ministre de
lEconomie. Les directions du budget et du trsor dans les administrations financires sont
devenus les principaux outils de linterventionnisme de ltat. Le Trsor a t qualifi centre
dimpulsion de la vie conomique. A lintrieur du Ministre de lEconomie et des Finances,
il y a DGCRF, la Direction Economique Extrieure, le Commerce Intrieur, les douanes.LINSEE est rattach au ministre.
3] Apprciation critique de laction publique.
Quelques imperfections de ladministration.
A] La politisation de ladministration.
Critique souvent dnonce puisque ladministration est ncessairement subordonne
au gouvernement et applique les orientations de celui-ci (article 20 de la Constitution). Au
sommet, le PM. En mme temps, les fonctionnaires doivent faire preuve de neutralit,
dimpartialit. Ils sont l pour appliquer les textes et leur action doit tre guide par les
principes suprieurs noncs par la Constitution ou dgags par la jurisprudence.
Deux cas de figure extrmes peuvent se dgager.
1ercas de figure : cest un pouvoir politique trs autoritaire face une faible administration.
Le pouvoir politique pourrait lui imposer un point de vue politicien, parfois incompatible avec
la neutralit de ladministration.
2nd cas de figure : La toute puissance de ladministration face des gouvernements faibles.
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En ralit, ces deux situations ne se produisent pas mais il est invitable quil y ait
interfrence entre pouvoir politique et administration. Il y a, la jonction, une osmose qui se
fait. Cette osmose peut tre positive mais parfois ngative du fait dune certaine politisation
de ladministration. Les dcisions administratives pouvant tre prises du fait dune pression
politique.
Cest pourquoi on a invent les AAI qui sont des structures administratives dtaches des
services gouvernementaux et qui permettent que laction administrative soit mise labri
dinterventions politiques inopportunes.
B] La bureaucratie.
Le dveloppement de linterventionnisme de ltat a t lorigine de la multiplication
dadministrations. Ltat sest appuy sur ladministration pour mettre en place ses politiques
publiques. La consquence est ce que lon appelle la bureaucratie.
La bureaucratie pour Max Weber, cest un type dorganisation rationnel dans un tat
de droit qui est efficace grce aux connaissances techniques de ses agents (hirarchie avec des
fonctions prcises pour chacun avec des comptences spcifiques).
Pour Michel Crozier, lanalyse est diffrente et moins optimiste. La bureaucratie
comporte diffrents aspects ngatifs :
Le dveloppement du caractre impersonnel (rapport administration / administrs qui ne
sont que des numros, des dossiers). Dans le mme temps les fonctionnaires sont inonds de
circulaires restreignant leur marge de manuvre et diminue dautant lapprciationpersonnelle. En outre, ladministration connat parfois des contestations en son sein ce qui
peut entraner parfois laffaiblissement du pouvoir hirarchique.
Autre inconvenant, comme il y a eu beaucoup de fonctionnaires, la pyramide sest
agrandie, augmentant ds lors la distance entre la base et la tte. Certes il y a eu
dconcentration et dcentralisation mais le problme subsiste. La multiplication des chelons
entrane une lenteur de ladministration et en matire conomique, cette lenteur est nfaste
quant on sait que la rapidit est un atout.
Le cloisonnement des dcisions fait que ladministration se grippe et cest la raison pour
laquelle on parle de rformer ladministration. On recherche une meilleure productivit dans
ladministration. Elle fait des efforts en ce sens et lon se demande si ladministration peut
tre gre comme une personne prive. On parle de management comme dans une
entreprise prive. On parle de rationalit . En coutant les discours politiques, ceux-ci
apparaissent comme calqus sur un modle dadministration qui est celui de lentreprise
prive.
Ladministration tait tourne vers une mission de services publics, parfois mme non
rentables et on lui demande aujourdhui de la performance, des rsultats. Aujourdhui le
march se prsente comme un remde aux maux de ladministration. Il faut quand mme
couter les critiques de faon sadapter aux exigences des administrs.
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Section II : Les institutions conomiques spcialises.
En plus des administrations traditionnelles comme les ministres, il y a des structures
spcialises qui sont les administrations de mission, les AAI et les tablissements publics.
1] Les administrations de mission.
Les administrations de mission sopposent aux administrations de gestion et les
administrations de mission ont prolifr. Parfois, elles ont eu des formes varies qui les
rendues dans certains cas difficiles dceler. Par exemple : le Commissariat Gnral au Plan.
Ladministration de mission se caractrise par les lments suivants, elle peut tre conue
pour raliser une tache dtermine et disparatre une fois la tache accomplie.
Ladministration de mission chappe la hirarchie traditionnelle, rattache un
ministre. A lintrieur de ladministration de mission, la hirarchie nexiste. Cest unestructure lgre, lieu de rencontres et confrontation de diverses administrations. Son rle nest
pas de faire mais de faire faire. Elle donne une vritable impulsion aux administrations
traditionnelles.
Les administrations de mission ont pour certaines russi leur objectif, fdrer les
administrations, contourner les blocages bureaucratiques et parfois elles ont rencontr une
certaine rsistance des administrations classiques qui les ont retardes voire bloques.
2] Les AAI.
Les AAI sont des structures relativement modernes. Elles ont aussi connu un grand
succs et sont le rsultat du mouvement de libralisation qui affecte linterventionnisme. Elles
sont des structures qui sloignent du type des administrations classiques, celles-ci tant
considres comme politises et bureaucratiques.
La fonction de lAAI est de rguler particulirement dans le domaine conomique. Exemples :
lAMF (Autorit des Marchs Financiers), Conseil de la Concurrence, lAutorit de
Rgulation des Tlcommunications, la CNIL.
LAAI est une autorit administrative pouvant prendre des actes administratifs
unilatraux. Elle nest ni une juridiction, ni une instance consultative. Elle est indpendante au
sens ou elle est soustraite tous pouvoir hirarchique. Elle ne reoit ni ordre, ni instruction
des administrations ou du gouvernement. Enfin, elle na pas en principe elle mme la
personnalit juridique. Elle est institue au sein dune personne publique existante.
Cependant, il y a eu une volution et certaines structures considres comme AAI- ont la
personnalit juridique. Cest le cas pour lAMF (en 2003).
Les AAI ont pour fonction la rgulation du march et pour cela, elles disposent dun pouvoir
rglementaire dans leur domaine de comptence et particulirement un pouvoir de sanction
envers aux oprateurs conomiques mconnaissant la rglementation.
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3] Les tablissements publics.
Les tablissements publics sont des personnes publiques qui se caractrisent par la
spcialit de leur mission, c'est--dire quils ont une tache spcifique dont ils ne peuvent
sortir. Luniversit est un tablissement public dont la mission est lenseignement et la
recherche ; lhpital a pour mission de soigner.
La gestion des activits conomiques sest ralise dans beaucoup de cas par lintermdiaire
de la structure de ltablissement public et plus particulirement lEPIC que lon oppose
lEPA. Les grands secteurs de lconomie de ltat ont t assurs par des EPIC (RATP,
SNCF, EDF, Ports Autonomes).
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CHAPITRE II : LES INSTITUTIONS DECONCENTREES.
Il sagit ici de ladministration conomique de ltat un niveau dconcentre,
prolongement de ladministration centrale et qui ne doit pas tre confondue avec
ladministration dcentralise des CT.Avant daborder ladministration conomique dconcentre, il faut voir les cadres
gographiques de cette administration.
Section I : les cadres gographiques de ladministration dconcentre et
leur administration conomique.
La dconcentration est lheure actuelle le droit commun de lorganisation
administrative. Traditionnellement, ladministration centrale tait lchelon comptent sauf
dlgation donne au niveau dconcentr. Divers textes sont intervenus (loi dorientation defvrier 92 relative ladministration territoriale de la Rpublique, dcret du 1er juillet 1992
portant charte de ladministration, dcret de 97) et instaurent que la comptence des
administrations centrales est limite aux affaires nationales insusceptibles dtre dlgues par
dconcentration. Les administrations nationales ont une comptence dimpulsion,
dorientation, dvaluation et de contrle. Toutes les autres missions de ltat sont
dconcentres au niveau de la Rgion ou du dpartement.
1] Les circonscriptions rgionales de base.
La France a t dcoupe en dpartements et que ce dcoupage remonte la priodervolutionnaire. Il est apparu trop troit depuis. On a alors invent le cadre rgional
essentiellement pour des raisons conomiques. Cest sous le rgime de Vichy quapparat
pour la premire fois une structure rgionale caractre dconcentr. Plusieurs dpartements
sont regroups sous lautorit dun prfet de rgion dont les comptences sont administratives
et conomiques. On procde un dcoupage rgional pour y implanter certains services de
lEtat. Ex : En 1964, le trsorier payeur de rgion est cre. Un secrtariat gnral pour les
affaires conomiques dans la rgion.
En 1982, il y a la dcentralisation et le prfet de rgion qui apparat avec des pouvoirsrenforcs en matire conomique. La rgion, circonscription administrative apparat
dsormais comme un chelon des plus importants de ltat. Plus particulirement, elle
apparat comme tant indispensable dans laction conomique de ltat.
2] Les circonscriptions dpartementales et darrondissement.
Le dpartement est une autre circonscription administrative, plus rduite. Le dpartement
na pas de fonction particulire en matire conomique mais ltat intervient dans de
nombreux domaines conomiques sur le plan dpartemental. Ex : la DDE, Direction
Dpartementale de lAgriculture, de la foret, des impts, du travail
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Le dpartement est le principal chelon de mise en uvre des politiques de ltat, y
compris les politiques conomiques sous lautorit du prfet. Le prfet a pour mission de faire
prvaloir lintrt national sur lintrt local.
Toutefois, il y a parfois une certaine concurrence avec dautres structures telles que la rgion.
Larrondissement sert de cadre certaines actions conomiques en fonction des ncessits
locales.
Section II : ladministration conomique dconcentre.
Les services dconcentrs sont devenus comptents pour toutes les affaires qui nont
pas un caractre national ou pour toutes les affaires qui ne peuvent tre dlgues un
chelon territorial.
1] Le prfet de rgion (PdR).
Le PdR cumule deux fonctions : PdR et prfet du dpartement chef lieu de rgion. Il a
diffrentes attributions issues dun dcret et dune loi de 2004. Sur le plan conomique, il met
en uvre la politique de ltat en matire damnagement du territoire, de dveloppement
conomique, dveloppement rural, dveloppement durable, culture, emploi, logement,
rnovation urbaine, sant publique.
Pour accomplir ces taches, le PdR sappuie sur les chefs de services dconcentrs, sur le
secrtariat gnral pour les affaires conomiques rgionales
2] Le prfet de dpartement (PdD).
Il est le dlgu du gouvernement, cest le reprsentant direct du PM et de chacun des
ministres. Depuis les lois de dcentralisation, son rle sest progressivement renforc. Il dirige
sous lautorit des ministres concerns les services dconcentrs de son dpartement. Services
dconcentrs qui ont souvent une forte connotation conomique (DDE, Direction
Dpartementale de lAgriculture, de la foret, des impts, du travail). Par ailleurs, il a des
pouvoirs de police et peut exercer la police conomique des prix, de la rpression des fraudes,
contrle de certains marchs, contrle lexercice de certaines professions, prside des
commissions (urbanisme commercial).
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CHAPITRE III : LES INSTITUTIONS DECENTRALISEES.
Il sagit ici daborder laspect conomique ou les pouvoirs conomiques des CT. Les
lois de dcentralisation ont cre 3 CT (commune, dpartement, rgion) avec 3 excutifs lus
(maire, prsident CG et CR) et une assemble dlibrante (conseil municipal, conseildpartemental et rgional). Indniablement, cest la rgion qui dtient le rle le plus important
dans le domaine conomique. Les autres CT sont non ngligeables bien que plus limites.
Section I : Linfluence de la communaut europenne sur les structures
dcentralises.
Pendant longtemps, on na pas fait le lien entre construction europenne et
dcentralisation. Lors de la cration des 3 CT, on a ax la question sur lapprofondissement de
la dmocratie. On a occult la dimension europenne et donc conomique de ladcentralisation. On a mme pens quil ny avait aucun lien entre les deux. Avec le temps, on
sest rendu compte du lien entre construction europenne et dcentralisation. LEurope a des
politiques rgionales et pour la mise en uvre de sa politique, elle a besoin de sappuyer sur
des entits infra-tatiques de statut et dimportance comparables qui lui servent de relais.
Le droit communautaire nest pas indiffrent aux structures administratives existantes dans les
tats. Ce nest que de faon indiscrte que diffrents textes sont intervenus aux termes
desquels on sest rendu compte que les rgions obissent la construction europenne
(coopration transfrontalire par exemple).
Il faut remarquer que ladaptation des structures administratives aux exigences europennes
est loin dtre acheve. En effet, nos rgions sont trop petites par rapports aux autonomies
espagnoles ou aux lnder allemands. Elles sont moins comptitives et probablement dans un
avenir proche, il devrait y avoir une rorganisation complte de ladministration dcentralise.
Section II : la lgitimit des interventions conomiques des CT.
Les lois de dcentralisation de 1982 ont t trs favorables aux initiatives conomiques
des CT. En effet, la dcentralisation consacre des comptences nouvelles des CT en matire
conomique. Il est alors acquis que les CT concourent avec ltat au dveloppement
conomique. Il est bien connu que les communes, dj par le pass, sont intervenues enmatire conomique (le socialisme municipal), laquelle est bien connue du droit administratif.
La loi de 1983 consacre linterventionnisme conomique des CT et lgitime le SP
administratif daction conomique. Lacte II de la dcentralisation institue de nouveaux
transferts de comptences dans plusieurs domaines conomiques (loi du 13 aot 2004 relative
aux liberts et responsabilits locales qui transfrent aux CT un certain nombre de nouvelles
comptences en matire conomique (aroports, ports)).
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Les interventions conomiques des 3 CT visent les objectifs suivants :
Favoriser le dveloppement conomique.
Protger les intrts conomiques et sociaux de la population (aides aux
entreprises en difficult).
Maintenir des services ncessaires la satisfaction des besoins de lapopulation en milieu rural.
Si les interventions des CT sont admises, elles peuvent tre tempres. Ainsi, elles
doivent respecter comme ltat- la libert de commerce et dindustrie. Les CT doivent
respecter les comptences conomiques des autres CT. Certaines politiques relvent de ltat
et les CT ne peuvent substituer leur propre politique celle de ltat, elles ne peuvent que
prolonger les politiques tatiques dans certaines matires (dfense de lemploi). Il nest pas
toujours facile dtablir une frontire claire entre ce qui relve de ltat et ce qui relve des
CT, ni mme entre les CT.
Des initiatives des CT sont de plus en plus encadres par le droit communautaire, constituant
une contrainte stricte.
La rgion a une clause gnrale de comptence en ce qui concerne les affaires de la
rgion, sous rserve de ne pas empiter sur les autres CT. Par ailleurs, les lois de
dcentralisation lui ont attribu des comptences spcifiques. Par exemple, elle a une
comptence en matire de formation professionnelle, dans les lyces, dans la cration de
canaux. La loi de 2004 lui a opr un transfert de comptences en matire aroportuaire. Elle
dfinit les ples technologiques rgionaux. Elle participe llaboration du plan national et
elle adopte le plan rgional
Le dpartement a galement une comptence gnrale pour dvelopper les affaires
dpartementales (sic). Il a diffrentes comptences conomiques mais moins marques que
pour la rgion. Il a en charge les transports scolaires dintrt dpartemental, en matire
daide lquipement rural, en matire de ports maritimes. Plus rcemment, la loi lui a
transfr la proprit des routes nationales. Il a galement une comptence en matire
sanitaire et sociale (RMI, RMA).
La commune possde aussi une clause de comptence gnrale pour les affaires de sonressort. Les lois de dcentralisation lui ont attribu des comptences en matire durbanisme.
Elles peuvent agir en matire conomique (zones industrielles, artisanales), comptence dans
les ports de plaisance, dans les aroports.
Le bilan. Certains auteurs considrent que le bilan a t limit. Les CT nont pas une
autonomie financire suffisante. Dautres pensent que les rsultats de linterventionnisme sont
mineurs voire ngatifs. Enfin, certains affirment que les comptences sont parfois facultatives,
disperses, concurrentielles. Ds lors, on peut remarquer une certaine confusion sur les rles
respectifs de chacune voire un certain dsintrt des CT pour ces actions. On reproche aux CT
un manque de coordination de leurs actions. On reproche au lgislateur davoir effectu un
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partage de comptences peu clair, ni mme rationnel. On ne stonne pas alors des dsordres
aperus.
Cependant, les critiques sur laction des CT ne doivent pas masquer les qualits de
certaines interventions conomiques qui ont une incidence heureuse sur le dveloppement
conomique. Il faut remarquer que la dcentralisation des annes 80 a entran un
bouleversement profond des institutions. Cela saccompagne alors obligatoirement dune
priode dadaptation, de ttonnement. Il peut mme y avoir des aspects ngatifs jusqu la
recherche dun nouvel quilibre.
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PARTIE II : LENCADREMENT PUBLIC DE
LECONOMIE.
Linterventionnisme public sest ralis lintrieur dun cadre juridique. Nous verrons les
cadres juridiques de linterventionnisme puis les moyens daction utiliss.
CHAPITRE I : LES CADRES JURIDIQUES DE
LINTERVENTIONNISME.
Ici sera abord lencadrement par le droit interne traditionnel et lencadrement par le droit de
la concurrence, droit plus moderne.
Section II : lencadrement par le droit interne traditionnel.
Le cadre juridique traditionnel de linterventionnisme sest ralis grce
lencadrement par des principes propres au DPE. Il sest ralis par ailleurs grce un
encadrement par des rgles du droit administratif mais avec une incidence conomique.
1] Lencadrement par des principes propres au DPE.
Parmi les principes propres au DPE, il y a des principes libraux qui limitent
linterventionnisme. Il y a inversement, des principes interventionnistes qui limitent les
principes libraux. Le DPE oscille entre ces deux extrmes et il recherche un quilibre entredes principes qui sont contradictoires.
A] Les principes libraux.
I/ La libert de commerce et dindustrie.
Il faut rappeler la notion de libert de commerce et industrie. Il faut remonter lAR
ou lconomie tait marque par des rgles et institutions contraires la libert. Par exemple,
il y a avait des barrires douanires lextrieur du pays mais aussi lintrieur. Il y avait les
corporations. Cette organisation conomique tait dnonce par les physiocrates qui
prconisaient le laisser faire, laisser passer. la DDHC du 1789 naffirme pas la libert
conomique de faon expresse. Cependant, la plupart des auteurs sont daccord pour dire que
la libert conomique est un des aspects de la Libert. La Rvolution de 1789 est faite par la
bourgeoisie qui veut senrichir et pour cela, elle veut faire sauter les carcans conomiques de
lpoque. Il ne faut pas oublier que le droit de proprit, dans la DDHC, est considr comme
un droit inviolable et sacr. Proprit qui a un lien indniable avec lconomie.
Il y a la loi des 2 et 17 mars 1791, dite loi dAllarde. Cette loi affirme la libert
dexercer lactivit de son choix condition de se munir dune patente (un impt). Lobjectifde ce texte semble a priori tre la fiscalit. Or, au fond, sa porte a t beaucoup plus large
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puisque il a t le fondement juridique utilis par le CE et la CC pour affirmer la libert de
commerce et dindustrie. Ce texte na jamais t abrog.
Doit tre rapproch du dcret dAllarde, la loi Le Chapelier (14 et 17 juin 1791). Ce
dcret interdit le rgime des corporations, c'est--dire quil interdit des citoyens dune mme
profession puissent se regrouper. Ce texte a t abrog en 1884 par une loi qui admettait les
syndicats, la loi Waldeck-Rousseau. Cependant, le dcret dAllarde et la loi Le Chapelier sont
la base de linspiration idologique et philosophique qui ont domin lconomie franaise. Le
CE a affirm de nombreuses fois la libert de commerce et dindustrie (Assemble, 1951,
Daudignac). La CC en a fait de mme. Le Conseil Constitutionnel a utilis des expressions
proches (le libre exercice de lactivit professionnelle). Il reconnat la libert dentreprendre
et lui confre une valeur constitutionnelle. Il a t affirm de nombreuses reprises la libert
de commerce et dindustrie, la libert dentreprendre.
En mme temps, il faut remarquer quil y a eu des restrictions importantes celles-cimotives lIG. Par larrt bien connu du CE (Sec, 30/05/1930, Chambre syndicale du
commerce de dtail de Nevers), il est affirm que les activits prives caractre commercial
restent en gnral rservs linitiative prive. Cependant, elles peuvent tre concurrences
par les personnes publiques si, en raison de circonstances particulires de temps et de lieu, un
intrt public justifie leur intervention. Le Conseil Constitutionnel a affirm dans le mme
temps que le lgislateur peut apporter la libert dentreprendre des limitations exiges par
lIG (interdiction de publicit pour lalcool ou le tabac par exemple). Le juge a admis encore
que ladministration grce des mesures de police puisse porter atteinte la libert de
commerce et dindustrie.
A noter toutefois quil y a aujourdhui une volution importante du fait du droit
national et europen de la concurrence. Aujourdhui, ladministration est soumise elle mme
au droit de la concurrence quand elle exerce des activits conomiques. Ses actes sont
galement soumis au droit de la concurrence y compris, dans certains cas, les mesures de
police administrative (interdiction daffichage publicitaire par exemple).
Il y a diffrents procds pour restreindre la libert de commerce et dindustrie. Par
exemple, lorsquon exige quune activit professionnelle soit soumise autorisation pralable.
Un autre procd consiste en une dclaration pralable. Parfois, il peut y avoir une
interdiction dexercer une profession en sachant que les interdictions gnrales et absolues
sont dclares illgales et le cas qui illustre cet exemple est le maire qui va interdire le
commerce ambulant sur toute la commune. Le maire peut restreindre le commerce ambulant
mais ne peut linterdire totalement. Les monopoles cres par la loi ont t des restrictions la
libert de commerce et dindustrie.
Toutes ces notions ont subi des atteintes importantes un point tel que certains auteurs,
une poque, se sont demands si la libert de commerce et dindustrie ntait pas un mythe,
un leurre. Lorsque le juge a t confront aux deux principes contradictoires (la libert etlinterventionnisme), cest linterventionnisme qui a pris le pas sur la libert de commerce et
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dindustrie. Malgr tout, la libertexiste et ceci a t affirm par les juges. Aujourdhui, on
sait quil y un renversement de la situation en raison du droit de la concurrence.
II/ Le droit de proprit.
Il a t au centre de dbats importants. Il a subi des atteintes srieuses du fait des ides
socialistes et des doctrines conomiques. Il faut rappeler limportance capitale du droit de
proprit pour les rvolutionnaires. Ceux-ci veulent supprimer toutes les entraves au droit de
proprit institues par lAR. Il faut noter que les rvolutionnaires, dans la DDHC, en font un
droit naturel et imprescriptible au mme titre que la Libert, la sret, la rsistance
loppression. La DDHC dit quil est inviolable et sacr et que nul ne peut en tre priv si ce
nest en raison de la ncessit publique et sous la condition dune indemnit pralable et juste.
Le droit de proprit lpoque apparat comme une source de libert car il est la base
de lactivit conomique et il permet lpanouissement personnel. Cette conception estraffirme jusquau 19me sicle. Cependant, on en dnonce ensuite les abus et il y a des
courants de pense opposs.
Le plus virulent est le courant marxiste qui considre que le droit de proprit nest pas une
source de libert contrairement ce quaffirmaient les rvolutionnaires mais cest un moyen
doppression des dtenteurs de ce droit au dtriment des autres. Dautres doctrines critiquent
ce droit : le socialisme, les chrtiens qui militent pour un droit de proprit moins individuel
et plus social. Ces ides vont progressivement faire leur chemin. Elles vont transformer le
rgime du droit de proprit, qui sera moins absolu. Par exemple, lexpropriation peut tre
mise en uvre en raison de lutilit publique.Autres atteintes : les limitations de la construction par des rgles durbanisme. La
rglementation des loyers. Les nationalisations.
Il faut constater que ce droit a rgress de faon importante un point tel que lon se
demande aujourdhui quelle est la place du droit de proprit par rapport la priode
rvolutionnaire. Il ressort du droit en gnral que les garanties apportes par la DDHC doivent
tre mises en uvre mais il faut prendre en compte lvolution de la socit et ses besoins. Il
est difficile de dire aujourdhui que le droit de proprit est inviolable et sacr. Certes, il est
apprhend dans sa dimension individuelle mais il lest galement dans sa dimension
collective et sociale. La conception collective, sociale du droit de proprit ne remplace pas la
conception individuelle mais elle cohabite avec. Cette conception a t reprise dans le
prambule de la Constitution de 1958 qui prvoit les nationalisations.
III/ Le principe dgalit.
Il nest pas propre au DPE, cest un principe gnral du droit : galit devant limpt,
galit daccs la fonction publique, devant la loi
Bref rappel du principe dgalit : cest un principe gnral du droit (arrt du CE de 1951,
socit des conserves du conservatoires). Lide retenir est qu des situations identiques,
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doivent tre appliqus des traitements similaires moins que lIG justifie une discrimination.
Ce principe a t appliqu la matire conomique et la, deux situations sont distinguer :
- Lorsque ladministration encadre lconomie.
- Dans ses rapports avec les usagers, lorsque nous nous trouvons dans un service public
conomique.
a- Lencadrement de lconomie.
Lorsque ladministration encadre lconomie, elle est tenue de respecter lgalit des
oprateurs. Cest la jurisprudence du CE et CC qui laffirme. En pratique, le principe dgalit
est dapplication souple dans la matire conomique et peu contraignant pour
ladministration. Les situations de plusieurs oprateurs conomiques sont rarement identiques.
Par exemple, la situation est diffrente entre plusieurs entreprises de rparations automobiles
suivant le nombre des salaris de chacune. Dans une affaire, le juge a considr que le
fromage Saint Paulin 45% de matires grasses tait dans une situation diffrente que lemme fromage 50% de m.g. il est donc relativement facile de ne pas respecter le principe
dgalit entre oprateurs conomiques car ils sont presque toujours dans une situation
diffrente. Par ailleurs, lorsque deux situations sont identiques, latteinte au principe dgalit
est admise au nom de lIG. En matire dinterventionnisme conomique, cest prcisment
lIG qui a justifi laction de ladministration.
En rsum, la discrimination a t facilement ralisable et donc cela revient effacer
la notion dgalit. Dailleurs, dans ce sens il faut citer larrt de 1951 (syndicat de la
raffinerie du souffre franais) qui affirme que ladministration peut traiter diffremment une
entreprise par rapport dautres quand elle pense quil est de lintrt de lconomie nationale
de favoriser lexpansion dune entreprise dtermine.
Il faut constater la contradiction qui existe entre interventionnisme et principe dgalit
puisque par dfinition, trs souvent, linterventionnisme opre une atteinte lgalit. On
admet la discrimination conomique motive par lIG. Cest la conception du juge
administratif mais galement celle du juge constitutionnel.
En priode interventionniste, il faut constater la faiblesse du principe dgalit. Lorsque ltat
agit en tant que rgulateur de lconomie. En revanche, la situation est diffrente lorsquil est
un acteur lui mme de lconomie.
b- Ltat, acteur de lconomie.
Cest lhypothse ou ladministration est un AE, plus particulirement le traitement quelle
fait aux usagers du SP conomique. En effet, il y a le principe bien connu de lgalit des
usagers devant tous les SP, y compris les SPIC (Arrt Bachelet, CE, 1991). La question qui se
pose est lgalit des tarifs pays par les usagers. Les usagers dune SPIC doivent-ils tous
payer le mme tarif ?
Lusager du SP est de plus en plus le client du SP. Cest partir de l quon la appel usager-
client ou client-usager. Cette notion nouvelle apparat parce que ladministration cherchait de
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plus en plus rentabiliser le SP. Il apparat ds lors des discriminations tarifaires. Dans
certains cas, il y a eu atteinte au principe dgalit.
Lorsque le juge a t confront cette question de discrimination tarifaire, il a cherch
faire un compromis entre principe dgalit et rentabilit. Tache ardue voire impossible.
Finalement, des deux aspects, la rentabilit prdomine. Le juge motive sa dcision en
admettant quil y ait des discriminations tarifaires parce quil y a des prestations de service
diffrentes.
Ainsi, le juge a admis que le propritaire dune piscine ait un traitement diffrent de leau par
rapport celui qui na pas de piscine. Aujourdhui est au cours du dbat les ressources des
usagers. Les moins aiss doivent-ils bnficier des tarifs plus avantageux ?
Pour le JA, la nature du SP peut justifier une diffrenciation. Cest le cas des SP caractre
social. En revanche, les SP dpourvus pas de caractre social (SP culturels, SPIC) ne doivent
pas prendre en compte les revenus des usagers (en principe). Cette jurisprudence suscite les
critiques parfois virulentes de certains car ils considrent que les plus dmunis peuvent treexclus de SPIC dont ils ont absolument besoin.
Par ailleurs, il y a un autre cas de diffrenciation tarifaire bas sur lheure dutilisation.
Il sagit ici dun objectif de rentabilit. Le juge a admis cette diffrenciation.
Lautre question est celle de savoir si des situations diffrentes doivent tre traites
diffremment ? Cest ce quon appelle la discrimination tarifaire. Le JA refuse.
Ladministration peut les traiter diffremment mais elle nest pas oblige de le faire.
A noter que parfois, le lgislateur a introduit cette ide de compensation automatique en
matire damnagement du territoire (loi de 1995) ou lide dune compensation au profit decertaines zones dfavorises. Ainsi, les zones franches bnficient du fait de cette loi
davantages fiscaux. Avantages qui permettent de corriger lhandicap territorial.
B] Les principes interventionnistes.
Nous avons vu que le DPE est encadr par des principes libraux diffrents. Il est aussi
encadr par des principes interventionnistes. Ces principes limitent par dfinition les principes
libraux et cette limitation est justifie par lIG. Par exemple, lIG justifie latteinte au droit de
proprit. Les autorisations pralables se justifient parce que ladministration doit contrler
certaines activits. Ladministration peut encore limiter les principes libraux conomiques en
exploitant elle mme des activits prives. Cest encore lIG qui justifie que ladministration
exploite elle mme des activits prives. Ainsi, ladministration est tenue dans certains cas de
crer certains SP car ils correspondent des besoins de la socit civile. Lordre public peut
encore justifier que ladministration cre des activits prives payantes comme les parkings.
En effet, ils rpondent lide de scurit dans la circulation. Le logement social galement.
Il est dIG que les logements sociaux concurrencent le march priv. Par le pass, louverture
de restaurants conomiques destins aux indigents.
Certains SP doivent tre institus dans certaines circonstances, lorsquil y a dfaillancede linitiative prive. Dfaillance entendue de plus en plus largement. Ainsi, le juge a admis
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que ladministration cre ou prenne en charge des activits prives ds lors quil y a
dfaillance totale du secteur priv. Puis, le juge reconnat la cration dactivits prives par
ladministration la simple insuffisance qualitative et quantitative. Cest partir de cette
jurisprudence que les communes ont pu crer des campings municipaux. Les communes ont
pu intervenir dans des activits diverses et varies du fait de la carence ou insuffisance du
priv partir du moment ou lactivit est considre dIG. Ceci est de nouveau dactualit
dans le secteur rural.
2] Lencadrement par les rgles du droit administratif incidence conomique : les
sanctions administratives.
Aujourdhui, il est de plus en plus frquent que lorsquun oprateur conomique ne
respecte pas le droit, ladministration lui inflige une sanction conomique. La sanction
administrative conomique a but prcis punitif et rpressif. La particularit de cette sanction
cest quelle est prononce par ladministration et non pas par un juge et cela suscite lescritiques de la doctrine car dans une socit dont les pouvoirs sont spars, les sanctions
manent du juge.
Cest pourquoi on parle dune justice sans juge. Dautres parlent de punir sans juger.
Cest un lment dun tat policier. Malgr les critiques de la doctrine, les sanctions
administratives ont intgr le droit administratif et elles sont admises par la CEDH, par le
Conseil Constitutionnel, le Conseil dEtat, la Cour de Cassation et elles se sont
particulirement dveloppes dans le domaine conomique.
A] Gense et dveloppement de la sanction administrative.
Les sanctions administratives apparaissent dans un premier temps en matire
contractuelle et elles sont appliques au contrat pass entre ladministration et son
cocontractant, personne prive. Autrement dit, il faut quil y ait un lien contractuel pour quil
y ait sanction administrative. La sanction apparat galement en matire de fonction publique
lorsquun fonctionnaire commet une faute, ladministration prononce une sanction son
gard. A lorigine, la sanction tait marginale et elle apparat dans des domaines trs
spcifiques. A la base, il y a un lien entre ladministration et la personne sanctionne (lien
contractuel ou de travail).
Cependant, cest durant la priode du rgime de Vichy quapparat un nouveau type de
sanction administrative qui est une vritable rpression administrative. Le but est de punir des
comportements conomiques du fait de la mconnaissance de lois et rglements caractre
conomique. Il sagit de la priode particulire de guerre et le domaine particulirement
concern est le ravitaillement alimentaire de premire ncessit. La sanction fondamentale
tait le retrait dagrment ou dautorisation. Aprs la guerre, ce procd est maintenu et
tendu dautres secteurs.
Mais partir des annes 60, la sanction administrative semble tomber en dsutude puisrapparat dans les annes 70, dabord avec la cration dune autorit particulire (le
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mdiateur de la Rpublique) puis cest avec le dveloppement des AAI en matire
conomique. Ces AAI se voient octroyer un pouvoir de sanction quelles peuvent infliger aux
oprateurs conomiques qui mconnaissent lois etrglements. Ces sanctions sont de divers
ordres (blme, retrait dagrment ou autorisation, suspension dexercice) mais cest surtout
des amendes qui peuvent tre parfois extrmement lourdes.
A partir du dveloppement des AAI qui sont un nouveau type dadministration, on a
vu se dvelopper le droit rpressif administratif en matire conomique. Aujourdhui, la
sanction apparat comme permettant la rgulation de lconomie. Elle sapplique en France
mais aussi dans les pays occidentaux dconomie librale.
Quel est lavantage de ce type de sanction par rapport la sanction judiciaire ? Dabord,
lefficacit de ce type de sanction. En effet, elle est prononce rapidement linverse de la
dcision du juge qui met plusieurs annes aboutir (lenteur chronique de la justice). Par
rapport aux oprateurs conomiques, elle est beaucoup moins infamante parce quelle est
prononce par ladministration et non pas par une juridiction pnale. La sanctionadministration suscite les critiques de la doctrine qui considre quelle va lencontre dun
tat de droit.
B] La conformit la Constitution de la sanction administrative.
Le juge constitutionnel aprs une priode dhsitation a admis la conformit de la
sanction avec la Constitution.
La CEDH a admis la rgularit des sanctions administratives car elle y voit l un lment
defficacit. Cependant, elle entoure de garanties le prononc de la sanction. Le CC
sinspirant probablement de la CEDH va dans le mme sens. Ainsi, il admet que des sanctions
puissent tre prononces par ladministration (traditionnelle ou AAI) mais il exclut de ces
sanctions les peines privatives de libert qui seules peuvent tre prononces par le juge pnal.
En revanche, il admet les autres sanctions comme le retrait dagrment, dautorisation,
suspension Le CC entoure galement le prononc de la sanction administrative de garanties
quil emprunte au procs pnal. Par exemple, il impose la proportionnalit de la peine la
faute, le respect des droits de la dfense, la rgle de non bis in idem qui signifie quon ne peut
tre puni deux fois la chose.
Cependant, certains auteurs continuent de critiquer cette rpression.
Section II : Lencadrement nouveau par le droit de la concurrence.
Il faut rappeler que le droit communautaire est marqu par le libralisme en matire
dchanges conomiques. Trs vite, apparat le problme de lincidence du libralisme sur le
SP franais.
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1] Le cadre juridique europen.
Le droit europen prime sur le droit national. Il simpose aux pouvoirs publics y
compris au lgislateur. Depuis larrt Nicolo, le juge a intgr ce droit europen au droit
administratif et il applique couramment le droit communautaire. Aujourdhui, il est clair que
ce droit communautaire affecte le DPE parce quil a comme base la libert conomique. Cette
libert conomique revt deux aspects principaux : la libre circulation et la libre concurrence .
A] La libre circulation.
La libre circulation sapplique aux marchandises, personnes, capitaux et prestations de
services. La libre circulation a impliqu llimination des droits de douane et des taxes
quivalentes. De la mme faon, on supprime les restrictions quantitatives lentre et la
sortie des marchandises ou toute mesure deffet quivalent. Sont interdites toutes
rglementations tentant dentraver la circulation des marchandises entre tats. Par exemple,cest le fait de soumettre visa des iMportations, des contrles systmatiques ce qui retarde la
mise sur le march.
La libre circulation vise galement les travailleurs qui peuvent aller bosser dans
nimporte quel tat de lUE.
La libre prestation des services caractre industriel, artisanal () ayant un caractre
temporaire et occasionnel est concerne. Le prestataire peut se dplacer librement lintrieur
de lUE avec son personnel sans obligation dautorisation de travail. La libre prestation doit se
distinguer de la libert dtablissement qui na pas un caractre temporaire mais permanent et
ceci permet un prestataire de services de sinstaller de faon durable dans un pays de lUE .
Il y a galement la libre circulation des capitaux sans autorisation pralable avec toutefois
une nuance : cest quau-del dune certaine somme, on impose une dclaration
ladministration. Cette libert de circulation affecte notre DPE.
B] La libre concurrence.
I/ Le principe.
La libre concurrence inspire largement le droit communautaire. Cest probablement
lun de ses aspects les plus importants. Un des objectifs de la libre concurrence est de
permettre une galit des chances aux diffrents oprateurs conomiques.
La libre concurrence sapplique aux entreprises et la question qui sest pose est de savoir que
signifie la notion dentreprise.
La CJCE a une conception extensible de la notion. Pour elle, cest toute entit qui
exerce une activit conomique. Cest une entreprise, quel que soit son statut juridique -public
ou priv- et quel que soit son mode de financement. Cela veut dire que mme
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ladministration, ds lors quelle a une activit conomique, est une entreprise. Elle doit donc
se soumettre au droit de la concurrence.
Cette rglementation sapplique aux entreprises. La CJCE dfinit de faon extensible
la notion dentreprise comme toute entit qui exerce une activit conomique et ce
indpendamment de son statut juridique et de son mode de financement . Cette dfinition a
une consquence importante : toutes les entreprises prives sont concernes par le de droit de
la concurrence ainsi que certains organismes publics. Le juge europen sattache laspect
matriel de lactivit et non pas laspect organique.
La notion dentreprise publique nest pas ignore par le droit communautaire. Pour
celui-ci, est une entreprise publique celle sur laquelle les pouvoirs publics exercent
directement ou indirectement une influence dominante : par la proprit, par la participation
financire (subventions), par des rgles qui rgissent lentreprise. Le droit communautaire est
particulirement vigilent en ce qui concerne les entreprises publiques et il impose quellesrespectent scrupuleusement le droit de la concurrence.
En outre, la CJCE a galement une conception extensible de la notion dactivit conomique,
ce qui conduit de nombreuses activits se soumettre au droit de la concurrence. Par exemple,
lANPE gre une activit conomique. Cest donc une entreprise au sens communautaire et
doit de facto se soumettre au droit de la concurrence.
II/ Les exceptions.
Il rsulte de lanalyse de la jurisprudence communautaire que certaines activits
peuvent ne pas avoir un caractre conomique lorsquelles remplissent les conditions
suivantes : lactivit ne doit pas avoir un but lucratif mais une finalit exclusivement sociale,
elle doit tre fonde sur la solidarit et elle doit tre base sur un rgime lgal obligatoire. Ds
lors que lactivit remplit ces 4 conditions cumulatives, elle est soustraite au droit de la
concurrence.
Sagissant des CNAM, le juge europen dit quelle nest pas une activit conomique
puisquelle remplit les conditions prcites. En revanche, une caisse qui gre un rgime
dassurance complmentaire au rgime obligatoire est une activit conomique et non sociale
(pas obligatoire et pas fond sur la solidarit).Il faut noter que lactivit conomique au sens communautaire est une notion large qui
englobe de nombreuses lectivits. Les activits caractre sociale sont en nombre rduit.
Autre exception, cest dans certains cas les services SIEG (Services dIntrt
Economique Gnral) qui sont normalement soumis au droit de la concurrence puisque cest
une activit marchande dintrt gnral (EDF) mais on peut les soustraire au droit de la
concurrence dans le cas ou le fait de les soumettre la concurrence les empcherait
daccomplir leur mission.
En ce sens, voir les arrts Corbeau de 1993(Monopole Postal Belge au profit de la rgie des Postes) etlarrt Commune dAlmeno (1994) pour llectricit.
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2] Les incidences du cadre juridique europen sur le droit franais.
A] Droit europen et SP franais.
Les SP franais ont t domins par lide quil fallait les exclure du march et donc
les exclure de la concurrence. La grande majorit des SP ont t rigs en monopole. March
et SP sont deux notions qui sopposent et cest prcisment par la considration selon laquelle
le march nest pas capable lui seul dassurer le bon fonctionnement dune activit que
certaines ont t riges en SP. Doit-on considrer le SP franais comme en voie de
disparition du fait du droit communautaire ? En ralit, non.
Le juge admetdans certains cas que certaines activits ne soient pas soumises au droit
de la concurrence (voir ci-dessus). Il faut voquer ici la notion de SP universel au terme de
laquelle certains services doivent tre ouverts tous un prix abordable avec une qualit
standard. Il faut noter que la notion de SP est une notion floue qui a t tendue toutes lesactivits.
Le droit communautaire a probablement lavantage de clarifier cette notion de SP et il
nous ramne peut-tre la conception de Lon Duguit. Pour lui, doit relever du SP lactivit
qui est indispensable lexistence mme de la socit et qui implique une solidarit nationale.
Les services correspondant ce critre dpendent de lpoque. Dans la pense de Duguit,
cest aux gouvernants de dfinir priodiquement ce qui est indispensable et ce qui doit tre
rig ou non en SP. La conception de Duguit serait proche de la jurisprudence europenne
prcite qui admet quil y ait attente la libre concurrence.
Le droit communautaire, dans cette optique, noprerait pas une dstabilisation du
droit franais des SP. Il y aurait simplement une conception proche de celle de Duguit du SP.
() La trs grande majorit des activits industrielles et commerciales doivent se soumettre
au droit de la concurrence et souvrir la concurrence. Des activits qualifies
traditionnellement dadministrative peuvent tre requalifies par le juge europen
dindustrielles et commerciales. Cela signifierait alors quelles doivent se soumettre
galement au droit de la concurrence.
A] Droit de la concurrence et prrogative de puissance publique.
Il y a une volution nouvelle : Outre les activits marchandes qui doivent se soumettre
la concurrence, cest prsent certains actes administratifs qui doivent se soumettre
galement la concurrence. Il sagit des prrogatives de puissance publique. En effet,
lactivit administrative est jalonne de prrogatives de puissance publique car
ladministration est en situation de supriorit par rapport aux personnes prives. En effet, elle
agit au nom de lIG et pour cela, elle prend des actes unilatraux qui simposent (mesures de
police). Les contrats administratifs comportent galement des prrogatives de puissance
publique et aujourdhui, il se pose de plus en plus la question de lapplication du droit de la
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concurrence aux actes de ladministration y compris des actes pris dans le cadre dun SP
administratif.
La rgle de rfrence est larrt Socit Million et Marais, 1997. Dans cette affaire, il
sagissait dune socit qui attaquait lacte administratif qui octroyait en monopole une
concession de SP de pompes funbres une autre socit. Loctroi dun SP est prrogative de
puissance publique mais en mme temps, cet acte a une incidence sur la concurrence. Dans
cette dcision, le juge administratif dit que ladministration ne doit pas placer son
cocontractant dans une position qui lui permettrait dabuser de sa situation dominante en
raison de llimination dautres entreprises. En ralit, par cette dcision, le juge administratif
contrle de la lgalit de lacte de lacte de dvolution du SP. Avec cet arrt, le JA contrle la
lgalit dun acte administratif au regard du droit de la concurrence. Cela constitue une
volution trs importante car jusqu' prsent, le JA jugeait les actes administratifs de
ladministration et il ne jugeait pas les comportements conomiques. Il devient le juge des
comportements conomiques.
Larrt du CE de 1999, EDA, constitue une autre volution. Il sagissait de
ladministration des aroports de Paris qui avait impos des socits de location de voitures
de simplanter dans les deux aroports parisiens alors quelles ne voulaient simplanter que
dans un seul aroport. Dans cet arrt, le JA recherche si ladministration aroportuaire elle-
mme na pas abus de sa position dominante. Le JA rappelle que loctroi dun titre
doccupation sur les aroports de Paris est un acte de puissance publique mais que la
dvolution de cet acte ne doit pas porter atteinte au droit de la concurrence et que
ladministration aroportuaire ne doit pas abuser de sa position dominante.
Lavis du CE en 200, socit L & P publicit : Il sagissait du maire de Bayonne qui
rglementait la publicit par un arrt (mesure de police). Cet arrt restreignait la publicit
dans certains endroits et le CE affirme que ces mesures de police doivent se soumettre au
droit de la concurrence.
Ce qui ressort ici est quaujourdhui, les actes de puissance publique, y compris les mesures
de police administrative doivent se soumettre au droit de la concurrence sous le contrle du
juge administratif.
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CHAPITRE II : LES INSTRUMENTS DE
LINTERVENTIONNISME PUBLIC.
Les instruments de linterventionnisme sont divers mais nous nous concentrerons sur la
planification et sur la police de lconomie.
Section II : la planification ou le plan conomique.
Le Plan est un document adopt par les pouvoirs publics et destin analyser les
probabilits dvolution conomique et dfinir les orientations de ces volutions,
considres souhaitables et vers lesquelles les autorits entendent pousser les AE.
La planification a revtu dans certains tats une signification politique et idologique. Ainsi,
le Plan a t un lment fondamental de la doctrine de Marx. Il faisait parti du mythe
rvolutionnaire marxiste et les marxistes considraient que ctait LA mthode pour modifierla socit. Engels avait la mme conception. Laspect rvolutionnaire de la planification est
lorigine de lhostilit de la majorit de la classe politique europenne lgard du plan. La
crise inattendue de 1929 montre la ncessit du Plan qui prvoit les probabilits dvolutions
conomiques. Dans les annes 30, on revendique la planification. Le Plan est prsent comme
permettant la matrise du futur.
A partir des annes 40, un manquement est ressenti : lespace. Il faut donc prvoir une
planification du territoire (amnagement du territoire).
1] La planification dans le temps.
Lide qui gouverne les plans lorigine est quils permettent de matriser le futur,
dchapper aux alas de la conjoncture. Les plans sont prsents comme rducteurs
dincertitudes en matire conomique. Cette ide se dveloppe surtout gauche et le Plan
sovitique est tudi. Il possdait les caractres suivants : impratif, autoritaire. La question
tait de savoir si ce plan tait transposable dans une conomie librale.
Est instaure en France une planification mais qui na pas un caractre impratif. Elle est
indicative. Dailleurs, le pre de la planification tait le libral Jean Monnet. Le premier plan
concerne la priode 1947-1953 (Plan Monnet) qui se veut une priode de modernisation et
dquilibre. Ce Plan est suivi dautres plans. De Gaule tait attach la planification. Pour lui,cest une ardente obligation.
A] Le contenu.
Il y a eu des plans successifs stalant sur des priodes de plusieurs annes (4, 5 ou 6
ans). Le contenu des plans varie selon les poques. Le Plan Monnet planifiait prvoyait
lvolution de certains secteurs (charbons, lectricit, acier, ciment, engrais azots). On va
rajouter lors du Plan suivant les industries de production, de consommation, de commerce
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Sous De Gaule, les plans se rfrent la dfense, lnergie, la communication. Ils intgrent
une dimension sociale et pas seulement conomique. Ensuite, les plans prconisent des
actions prioritaireset rduit les objectifs slectionns. Un Plan souligne que la planification
na pas vocation a tout prvoir.
Dans un premier temps, le Plan est un document unique national mais rapidement, le plan
national senrichit dune dimension territoriale (plans rgionaux, locaux).
B] Les caractres du Plan.
Les Plans se prsentent un caractre indicatif souple et ils se caractrisent par une
concertation.
Le caractre indicatif soppose au caractre impratif du plan sovitique. Il comporte des
recommandations, incitations, prvisions. Il ne donne pas dordres la diffrence du plan
sovitique. Les plans ont un caractre souple, ce qui signifie quils peuvent sadapter en cours
dexcution en fonction de circonstances nouvelles.La concertation se fait avec les partenaires conomiques et sociaux car le Plan nest
quindicatif. On considre quil na de relles chances daboutir que sil est accept par les
principaux concerns.
C] Llaboration du Plan.
Le plan national est principalement mis au point par le Commissariat Gnral au Plan.
Il a eu son ge dor durant la premire priode gaulliste ou il est rattach Matignon jusquen
1962. Puis son prestige sefface, de mme que son importance. La preuve en est quil est
rattach un simple secrtariat dEtat. Le CGP na quun rle dimpulsion et non de dcision.
En fin de compte, cest le Parlement qui dcide officiellement du plan national sachant quau
terme dune dcision du Conseil Constitutionnel, le lgislateur ne doit pas adresser des
injonctions au Gouvernement dans le domaine qui est le sien et ne peut pas se lier pour
lavenir.
La planification est en ralit une loi mais une loi qui a une porte normative trs limite. En
effet, la loi du Plan comporte des vux, dclarations dintentions et autres annonces.
La loi de 1982 a un rle important en matire de planification au profit des rgions. Celles-ci
peuvent laborer leurs propres plans rgionaux la condition quils respectent le plan
national. De plus, les rgions ont un rle consultatif pour llaborer du plan national.
La planification a subi une transformation importante. A lorigine, le but est de
matriser le futur en matire conomique, lvolution conomique et sociale. Cest un
document rducteur dincertitudes. Cependant, le Plan fut vivement contest car il na pas t
mme de prvoir la grave crise due aux chocs ptroliers. Le Plan, considr comme
rducteur dincertitudes avait t incapable de dceler la crise et de facto ne prvoyait rien
pour remdier la situation.
La mondialisation de lconomie a t lorigine du fait que des dcisions conomiques, des
vnements ont compltement chapp aux dcideurs franais. Il y avait une augmentationdes incertitudes conomiques et politiques.
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