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La revue de l’économie de la construction ÉCLAIRAGE / ENTRETIEN CROISÉ FRANÇOIS BAROIN-PASCAL ASSELIN ZOOM / LA MAISON DE LA FAMILLE À MARQUETTE-LEZ-LILLE TERRITOIRES / MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE INNOVATION / HYDROGÈNE, TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ? www.untec.com UNE PUBLICATION DE L’UNION NATIONALE DES ÉCONOMISTES DE LA CONSTRUCTION octobre 2015 172 DOSSIER / EXPERTISE ÊTRE EXPERT JUDICIAIRE

E&C n°172

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Page 1: E&C n°172

La revue de l’économie de la construction

ÉCLAIRAGE / ENTRETIEN CROISÉ FRANÇOIS BAROIN-PASCAL ASSELIN ZOOM / LA MAISON DE LA FAMILLE À MARQUETTE-LEZ-LILLE TERRITOIRES / MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE INNOVATION / HYDROGÈNE, TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ?

www.untec.comU N E P U B L I C AT I O N D E L ’ U N I O N N AT I O N A L E D E S É C O N O M I S T E S D E L A C O N S T R U C T I O N

o c to b r e 20 1 5

172N°

DOSSIER / EXPERTISE

ÊTRE EXPERT JUDICIAIRE

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O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 01

CARNETS DE VOYAGES…

LA MONDIALISATION, CE N’EST PAS SEULEMENT POUR LES AUTRES.”

// En Mai 2013 a eu lieu à Xi An en Chine le congrès du PAQS (Pacific Association of Quantity Surveyor), congrès mondial des économistes de la construction. Une table ronde est organisée, une autorité locale demande à chaque représentant des délégations de décrire leur situation économique et les difficultés rencontrées dans le cadre de leur profession : l’Australie prend la parole et indique que sur le plan de la construction, il n’y a pas de problème, la plus grande difficulté se situant au niveau du recrutement (manque de main d’œuvre). Puis la Nouvelle-Zélande prend la parole pour dire presque la même chose. L’Indonésie et la Malaisie tiennent un discours quasiment identique à celui de l’Australie … et ne parlons pas du Canada !

Juin 2014, même congrès cette fois-ci à Hong Kong, même table ronde et « copier/coller » du paragraphe précédent.

Juin 2015, même congrès cette fois-ci à Yokohama, même table ronde avec une légère évolution : les pays du sud de l’Europe, excepté la Grèce pour défaut de paiement et crise politique grave, commencent à sortir la tête de l’eau ; pour la France, on attend, on espère...

Sans être un expert en macro économie, on ne peut s’empêcher, au gré de ses expériences, de se comparer aux autres et d’essayer, modestement, de se forger une opinion. Il serait trop facile de faire du « French bashing » … pour autant, sommes-nous sûrs que c’est la faute de la mondialisation donc des autres ?

Le monde en dehors de la France, ce n’est pas l’enfer, la mondialisation ce n’est pas seulement pour les autres, on peut y prendre part et en tirer profit, voire même de façon surprenante. Car le capital sympathie que j’ai pu apprécier envers la France et les Français est encore très significatif. On le sait : construire une bonne image est ce qu’il y a de plus compliqué et la préserver, encore plus. Nous avons heureusement encore cet atout ; il faut le savoir et s’en servir.

Pascal Asselin

Président de l’Untec

J’en profite pour signaler que j’ai cessé mon mandat de Président du CEEC(*) depuis le 1er  octobre 2015 et je souhaite un vif succès à mes successeurs.

(*) Comité Européen des Economistes de la Construction

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04VITE DIT

Portail du numérique / Nouvelle édition

du guide pratique / Salon PASSI’BAT / Conseil

Supérieur de la construction et de l’efficacité

énergétique / Accessibilité / PRDA, plan de

recherche et développement pour l’amiante /

Transition énergétique / 77ème édition

du Congrès Hlm / Internationnal.

25DOSSIER EXPERT JUDICIAIRE

Dans le bâtiment, les demandes d’expertise

judiciaire ont connu une importante hausse.

Mais qui sont les experts judiciaires, comment

devient-on expert et quel est le rôle de ces

collaborateurs ponctuels de la justice ?

37EN VUE

Entretien avec

Catherine Dargent-Ahlqvist,

Présidente de RICS France depuis mars 2015.

59LE COIN DES ÉCONOMISTES

L’Untec accueille chaque année de nouveaux

adhérents. Quel est leur profil, comment

adhérer ? Résultats d’une étude menée

sur les trois dernières années.

Une crêche, un relais d’assistantes maternelles,

un centre de consultation PMI et une salle

polyvalente… le tout en neuf mois et en passif !

Zoom sur la Maison de la Famille

à Marquette-lez-Lille.

15 ZOOM

L’hydrogène serait-elle la troisième

révolution industrielle ? L’hydrogène pourrait

à l’avenir jouer un rôle prépondérant comme

vecteur d’énergie durable. Son utilisation se

développe pour l’automobile, mais aussi le

bâtiment.

51INNOVATION

POUR RETROUVER DE PRÉCÉDENTS NUMÉROS : www.untec.com

03

Économie&Construction – 8, avenue Percier 75008 Paris – Tél. 01 45 63 30 41 – Fax : 01 42 56 14 52 – www.untec.com

Éditeur : Untec – Directeur de la publication et ligne éditoriale : Pascal Asselin – Directeur Adjoint de la publication  : Benoit Marche – Rédacteur en chef : Thierry Tretz – Conception-réalisation  : Obea communication – Ont collaboré à ce numéro les rédacteurs : Laurent Duguet, Dominique Lévy, Joana Maître, Philippe Donnaes, Charlotte d’Alleman, Monique Trancart – Imprimeur : IAPCA – Publicité : Clotilde Pagan – Tél. 01 45 63 54 77 – [email protected]

Les textes de publicité sont rédigés sous la responsabilité des annonceurs. Ils n’engagent pas Économie&Construction. Pour garantir son indépendance, Économie&Construction se réserve le droit de refuser (même en cours de programme) toute insertion publicitaire sans avoir à justifier de sa décision.

Abonnement annuel (4 numéros) : 100 € TTC – Prix du numéro  : 25 € TTC – Dépôt légal 4e trimestre 2015 – ISSN 1297-8043 / CPPAP : 0404 G 86427.

Crédits photos : sauf mention, Untec ou iStockphoto. Photo de couverture : iStockphoto.

21ÉCLAIRAGE

Entretien croisé

François Baroin, Président

de l’Association des Maires

de France et Pascal Asselin,

Président de l’Untec.

Page 6: E&C n°172

04

Lancé le 1er juillet 2015, le portail du Plan de transition

numérique dans le bâtiment est accessible à l’adresse

suivante : www.batiment-numerique.fr. Au sommaire - web

donc  - de ce portail, de l’actualité sur l’avancée du plan et des

groupes de travail, des interviews, des documents explicatifs, mais

également, d’ici peu, des retours sur de « bonnes pratiques » en

s’appuyant sur les témoignages des acteurs de terrain. Ainsi que

le notait la ministre Sylvia Pinel le 1er juillet, lors du lancement,

«  la mise en ligne de ce portail va permettre de valoriser les

premières initiatives, de souligner les gains de coûts et de

productivité obtenus et de guider chaque acteur de la filière dans

l’appropriation et l’usage des outils ». Un appel à témoignage,

pour partager son expérience du bâtiment numérique, est lancé,

avec un formulaire web à disposition sur le portail.

VITE DIT

EN LIGNE ! LE PORTAIL DU NUMÉRIQUE EST EN LIGNE DEPUIS JUILLET

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

L’édition 2015 du guide pratique pour l’établissement des descriptifs et quantitatifs, fruit de la révision d’un

guide datant de 2010, a introduit deux nouveaux descriptifs : les travaux de revêtement de sol PVC et les

travaux de revêtement de sol textiles, qui viennent en sus des fiches déjà consacrées aux travaux de peinture,

de revêtements muraux, de système d’étanchéité liquide, de ravalement de façades. Établi conjointement par

l’Untec et l’UMPF (Union professionnelle des métiers de la finition – FFB), pensé pour proposer des règles de

chiffrage homogène, ce guide se compose d’un mode de rédaction d’un descriptif (avec des recommandations

pour assurer l’exploitation du descriptif) et d’un mode de rédaction d’un devis quantitatif estimatif (DQE).

À SUIVRE

Des moocs, cours disponibles en ligne, sur la thématique Bâtiment durable, devraient être mis en ligne début 2016, sur le site France Université Numérique, à l’initiative de l’ADEME et du Plan bâtiment durable.

Lien

www.batiment-numerique.fr

NOUVELLE ÉDITION DU GUIDE PRATIQUE

LE MONDIAL DU BÂTIMENT APPROCHE À GRANDS PASRDV À PARIS NORD VILLEPINTE DU 2 AU 6 NOVEMBRE

À compter du 2 novembre et pour cinq jours, Paris Nord Villepinte résonnera du bruit des quelques 2 600 exposants et plus de 350 000 visiteurs attendus au Mondial du Bâtiment, répartis sur trois salons : Batimat, Interclima+Elec et Idéobain (regroupés désormais sous l’appellation Mondial du Bâtiment). En 2015, pour sa seconde édition, le concours de l’innovation a recueilli 210 candidatures pour les 10 catégories de la compétition. Les nominés au concours de l’innovation, concours soutenu par l’ADEME, sont cette année connus depuis fin septembre (la remise des trophées a eu lieu le 28 septembre) et le Salon proposera des « Tours de l’innovation », espaces spécifiques implantés au cœur de chaque hall et permettant de découvrir les produits nominés et les lauréats. Vaste lieu de rencontre et d’échanges, le Mondial du Bâtiment accueillera près de 200 conférences et ateliers exposants, proposés en accès libre et gratuit aux visiteurs dans les Forums, des espaces de networking, des « Espaces de démonstration ».

En savoir plus sur www.batimat.com et www.lemondialdubatiment.com

À VOS AGENDAS… Pour obtenir ce guide, contactez l’Untec.

Page 7: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 05

SIMI 2015 RDV DU 2 AU 4 DÉCEMBRE AU PALAISDES CONGRÈS À PARIS

Événement de référence pour les acteurs de l’immobilier d’entreprise en France, le SIMI aura lieu début décembre, du 2 au 4, au palais des congrès-porte de maillot à Paris. Au programme : plus de 400 exposants, des conférences organisées en 9 cycles thématiques (Conjoncture immobilière, Hospitality, Immobilier connecté, Investisseurs, Retail,

Territoires/métropoles, Transition énergétique, Utilisateurs, Logistique/industries). En 2014, le SIMI avait accueilli près de 25 000 visiteurs sur trois jours.

En savoir plus sur www.salonsimi.com

SORTIES SPÉCIAL BIM, CATALOGUE DES FORMATIONS, VIDÉOS EN LIGNE…

Spécial BIM

Le BIM faisait déjà l’objet du congrès

Untec de juin, placé sous le signe du

«  BIM ! oui ! mais ensemble… ». 9 ateliers

sur le BIM avaient permis à l’ensemble

des professionnels d’échanger et de

faire le point sur cette (r)évolution, les

démarches déjà en cours, les premiers

retours d’expériences, le ressenti et les

attentes de l’ensemble des acteurs, du

fabricant au maître d’œuvre. Le sujet est

sur toutes les lèvres alors que le Plan de transition numérique

a désormais neuf mois d’existence et a d’ores et déjà lancé

ses deux premiers appels à manifestation d’intérêt général. Le

Spécial BIM se veut un document à la fois pédagogique, pour

mieux comprendre ce nouveau process de travail collaboratif,

les atouts et les pré-requis, et pratique, avec les retours

d’expérience d’économistes et leur approche du BIM.

Catalogue

Unique organisme professionnel

représentant l’économie de la

construction en France, l’Untec

propose une offre de formation

spécifique à la profession. L’offre de

formation est revue chaque année

pour tenir compte des besoins d’un

secteur en constante évolution et

intégrer de nouvelles thématiques

ou champs de formation (amiante, BIM parmi les dernières

formations mis en place). Au titre des nouveautés 2016, deux

nouvelles formations à noter : gérer et réussir les réceptions de

travaux et les pièges à éviter lors de l’attribution d’un marché

de travaux. Si certaines formations sont réservées aux seuls

membres Untec, un grand nombre est ouvert aux économistes

non-adhérents. Consultez le catalogue et renseignez-vous !

POUR L’UNTEC, OCTOBRE SE RÉVÈLE RICHE EN NOUVEAUTÉS, AVEC LA SORTIE CONCOMITANTE DU SPÉCIAL BIM (EN

VERSION WEB, AVANT UNE SORTIE PRINT PRÉVUE EN DÉBUT D’ANNÉE), DU CATALOGUE FORMATION ET LA MISE EN LIGNE

DE LA CHAINE YOUTUBE DE L’UNTEC, DANS UNE NOUVELLE VERSION, ENRICHIE DE L’ENSEMBLE DES VIDÉOS TOURNÉS

LORS DU CONGRÈS DE JUIN DERNIER, ET NOTAMMENT LA DIFFUSION DES ATELIERS FILMÉS LORS DU CONGÈS

En attendant la refonte de son site internet, qui ne devrait plus

tarder, l’Untec a renouvelé sa chaine youtube. Un petit détour

par Youtube vous permettra de retrouver des vidéos en lien

avec le métier d’économiste de la construction, les temps forts

de l’Untec, mais aussi la retranscription filmée des 9 ateliers

sur le BIM qui se sont tenus en juin dernier au congrès Untec.

À voir également sur ce site l’entretien croisé François Baroin

(Président de l’AMF) et Pascal Asselin (Président de l’Untec),

dont vous pouvez également retrouver l’essentiel dans la

rubrique Éclairage de votre magazine (page 21).

Pour obtenir ce guide, contactez l’Untec.

La chaine Youtube de l’Untec

https://www.youtube.com/channel/UCFi5AkopBQTZVId1i1uwtRwRetrouvez nous sur la chaîne Youtube de l’Untec

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O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 07

VITE DIT

LA 10E EDITION DE PASSI’BAT SE TIENDRA

LES 17 ET 18 DÉCEMBRE PROCHAINS AU PARC FLORAL DE PARIS.

UN ÉVÈNEMENT INCONTOURNABLE POUR TOUS LES ACTEURS

DE LA CONSTRUCTION PASSIVE EN FRANCE.

PASSI’BAT LE BATIMENT PASSIF EN ACTION AU PARC FLORAL

100%dédié aux techniques et innovations

du passif, PASSI’BAT s’est imposé en

quelques années comme le salon de

référence des professionnels de la

filière. Crée en 2007 à l’initiative de l’association Maison Passive,

il est l’unique évènement à fédérer sur 3 jours l’ensemble des

acteurs du secteur : bureaux d’études, fabricants, constructeurs,

économistes, architectes… mais aussi la fine fleur des experts

européens ou les particuliers en quête d’info pour leur projet

de maison passive. Alors que la filière du bâtiment passif et très

basse consommation gagne du terrain en France, PASSI’BAT est

l’occasion idéale de faire le point sur les dernières innovations et

services en la matière et de profiter de retours d’expériences et de

présentations des projets les plus avant-gardistes. Plus de 2 500

visiteurs et 250 exposants sont attendus cette année.

• Le Congrès PASSI’BAT

Au programme, le Salon donc, mais également le Congrès

PASSI’BAT, moment phare de cette 10e édition. Comme chaque

année, un comité d’experts de la construction innovante a

sélectionné 30 conférences proposées en accès libre aux

visiteurs. À l’honneur, 4 grands axes à forts enjeux se dégagent,

tous centrés sur l’innovation et l’excellence énergétique : retour

d’expérience tertiaire (hôtel 3 étoiles, siège social, crèche) ; défis

techniques (nouveaux labels, ombrage, ACV, miniaturisation) ;

rentabilité et retour sur investissement (coût d’un passif à grande

échelle, argumentaire commercial) ; utilisation des bio-matériaux

(bois, mixte bois-béton, paille).

• Visites privilégiées

PASSI’BAT se conclura le 19 décembre par des circuits de visites

au départ de Paris. Au menu : des visites privilégiées des bâtiments

passifs les plus remarquables d’Île-de-France, tant par leurs

innovations techniques ou architecturales, que par leur complexité

de réalisation : logements collectifs à Montreuil (en chantier), crèche

à Nogent sur Marne, résidences à Chanteloup en Brie, ou maison

particulière à Saint-Nom-la-Bretèche… Un bon moyen de constater

« de visu » les prouesses d’un secteur d’avenir.

ETIENNE VEKEMANS PRÉSIDENT DE LA MAISON PASSIVE

Le bâtiment passif reste encore aujourd’hui une niche, tout

particulièrement en France où nous continuons d’accuser du

retard en la matière, comparativement à nos voisins allemands

ou suédois. Cependant, les choses avancent, lentement

mais sûrement… Nous venons par exemple de participer à

l’inauguration de 300 logements passifs à Nantes. À l’heure

où la réduction des émissions de CO2 est devenue un enjeu

planétaire, les acteurs du bâtiment doivent se mobiliser pour

favoriser l’émergence de constructions durables. En ce sens,

les économistes ont clairement un rôle à jouer. Car, on le sait,

le principal frein à la progression du passif c’est d’abord le

coût, alors même que la rentabilité dans le temps de telles

constructions n’est plus à prouver. Aujourd’hui, l’innovation

permet de concevoir des bâtiments de plus en plus performants

et de moins en moins chers… C’est l’un des objectif du salon

que de présenter les dernières avancées en la matière ; mais

PASSI’BAT est aussi un moment pour débattre, réfléchir et

échanger nos expériences ; j’invite donc les économistes à y

participer et à apporter leur pierre à l’édifice !”

Retrouvez les détails du programme sur

www.lamaisonpassive.fr

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08 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

VITE DIT

LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA CONSTRUCTION ET DE L’EFFICACITÉ

ÉNERGÉTIQUE (CSCEE), CRÉÉ PAR LE DÉCRET DU 23 MARS 2015,

A POUR MISSION DE MIEUX ASSOCIER LES PARTIES PRENANTES

SUR LES QUESTIONS RÉGLEMENTAIRES, DE MARCHÉ OU ENCORE D’INNOVATION

DANS LE CHAMP DE LA CONSTRUCTION.

LA DATE BUTOIR POUR ASSURER L’ACCESSIBILITÉ

AUX PERSONNES HANDICAPÉES DES ÉTABLISSEMENTS RECEVANT

DU PUBLIC ÉTAIT INITIALEMENT FIXÉE AU 1ER JANVIER 2015, PAR UNE LOI

DE FÉVRIER 2005 (LOI POUR L’ÉGALITÉ DES CHANCES, LA PARTICIPATION

ET LA CITOYENNETÉ DES PERSONNES HANDICAPÉES).

LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA CONSTRUCTION ET DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE A VU LE JOUR

OÙ ON REPARLE DE L’ACCESSIBILITÉ L’AGENDA D’ACCESSIBILITÉ PROGRAMMÉE (AD’AP)

Mis en place par la ministre Sylvia Pinel mi-juin, il est

présidé par Christian Baffy, ancien président de la

FFB, de la SmaBTP et actuel président des ESH.

Chargé d’éclairer les pouvoirs publics dans la

définition, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques

relatives à la construction de logements, le Conseil a retenu lors

de sa première réunion de travail trois thématiques de travail :

- la réduction des coûts de construction ;

- la régulation du flux et la gouvernance des normes

volontaires ;

- le poids des formations obligatoires.

Cinq collèges formeront ce Conseil, issus de représentants de

parlementaires, des collectivités territoriales, des professionnels

de la construction* et d’associations et experts du secteur. .

n délai qui s’annonçait au fil du temps de plus en

plus complexe à tenir… voire illusoire. De nouveaux

délais ont ainsi été accordés par une ordonnance

de septembre 2014, mais avec un impératif : les

lieux ouverts au public dont la conformité n’était pas assurée

se devaient de déposer avant le 27 septembre un « Agenda

d’Accessibilité Programmée », Ad’AP (sauf pour une

minorité, bénéficiant d’un report de délais pour remettre

leur dossier, report qu’il fallait demander en juin). L’Agenda

d’Accessibilité Programmée correspond à un engagement pour

les établissements concernés de réaliser des travaux dans un

délai déterminé (jusqu’à 3 ans, sauf cas très particuliers), de les

financer et de respecter les règles d’accessibilité, et leur évite ainsi

des sanctions pénales. Mais une question reste posée : comment

les préfectures seront-elles en mesure d’examiner l’ensemble des

dossiers qui leur parviendront dans le délai donné de 4 mois ? www.accessibilite.gouv.fr

UAujourd’hui, seulement 40% des lieux publics sont aménagés pour permettre l’accès aux personnes handicapées. Le gouvernement a lancé d’ailleurs une campagne sur l’accessibilité, Plus belle la Ville, avec les acteurs de Plus Belle La Vie, la célèbre série phocéenne.

* USH, FPI, UMF, Cnoa, Unsfa, Untec, Syntec-Ingénierie, FFB, Fédération SCOP BTP, Capeb, AIMCC, FIEEC, FNBM, FFSA, Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l’ingénierie et du numérique, Confédération des organismes indépendants tierce partie de prévention, de contrôle et d’inspection

Page 11: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 09

ANNONCÉ PAR SYLVIA PINEL, LA MINISTRE DU

LOGEMENT, DE L’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES ET DE LA

RURALITÉ, EN DÉCEMBRE 2014, CE PLAN S’INSCRIT

DANS LE CADRE DU PROGRAMME DE RELANCE DE

LA CONSTRUCTION ET EN CONSTITUE LE TROISIÈME

VOLET, AVEC LE « PLAN TRANSITION NUMÉRIQUE

DANS LE BÂTIMENT » ET LE « PROGRAMME D’ACTIONS

POUR LA QUALITÉ DE LA CONSTRUCTION ET LA

RÉNOVATION ENERGÉTIQUE » (PACTE).

ENTRETIEN AVEC ALAIN MAUGARD, PRÉSIDENT

DE QUALIBAT, NOMMÉ PRÉSIDENT DU COMITÉ DE

PILOTAGE EN CHARGE DU PRDA.

LE PRDA UN PLAN DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT POUR L’AMIANTE

E&C / Quelles sont les grandes caractéristiques du PRDA ?

AM / Comme son nom l’indique, il s’agit d’un plan en recherche

et développement. Le but n’est pas de revenir sur la législation

concernant l’amiante, ni de la remettre en cause, mais bien de

trouver des solutions pour détecter et traiter plus facilement

ce matériau, plus rapidement, à moindre coût, en respectant

les normes de sécurité et de santé, pour les ouvriers comme

les habitants. Le gouvernement a doté le PRDA de 20 millions

d’euros, à charge pour nous d’identifier et de contribuer au

développement de technologies répondant à ces objectifs.

E&C / Quels sont les grands axes ?

AM / Nous travaillons sur trois thèmes. La détection et la

mesure d’une part : aujourd’hui, les procédés de mesure exigent

du temps ; il faudrait réduire ces délais. Si je prends le parallèle

avec la radioactivité, on dispose de mesures en instantané qui

détectent la radioactivité et son taux, et qui alertent par rapport

à la valeur limite d’exposition. Par ailleurs, en cas de présence

d’amiante, les diagnostics aujourd’hui ne permettent pas de

savoir s’il y en a peu ou beaucoup, sur quel volume de surface.

Le traitement d’autre part : les procédés de confinement sont

drastiques, notamment en milieu occupé, et constituent de ce fait

un frein important à la rénovation des bâtiments. Comment peut-

on en réduire le coût, sans revenir sur la sécurité ? Cela pourrait

passer par un confinement au plus près. Enfin, le traitement

des déchets d’amiante constitue le troisième axe de réflexion,

pour améliorer la neutralisation des déchets et leur potentielle

réutilisation.

E&C / Lorsqu’on parle de Recherche et Développement,

cela signifie que cela va prendre du temps…

AM / Oui…et non. Car il ne s’agit pas uniquement de lancer des

projets de recherche pour répondre à la problématique, ce qui

s’inscrit effectivement plutôt dans une vision à long terme, mais

bien également d’identifier des technologies, des process, qui

sont en quelque sorte déjà prêts, je dirais « sur les étagères », mais

non commercialisés, ou pas encore entrés dans la législation. C’est

de la recherche appliquée… mais pas encore utilisée. Le PRDA est

donc une fusée à deux étages : identifier dès maintenant ce qui

existe déjà et pourrait être appliqué très rapidement, et contribuer

à l’émergence de nouvelles méthodes et technologies d’ici un à

trois ans.

E&C / Comment va travailler le groupe en charge de ce

plan Amiante ?

AM / Le comité de pilotage que je préside, au sein duquel

l’Untec est présent, s’est déjà réuni deux fois depuis juillet. Un

comité technique, au sein duquel l’Untec est aussi présent avec

des représentants de l’ensemble des grandes familles de métier

concernées, a été mis en place : la première réunion a eu lieu

en septembre. Nous avons mis en place un groupe de travail

spécifique sur les petits travaux, pour bien prendre en compte la

problématique des petites entreprises confrontées aux problèmes

de l’amiante. D’ici à fin octobre, nous lancerons trois AMI, appels à

manifestation d’intérêt général, en lien avec les trois thèmes.

© B

runo

Lév

y

Page 12: E&C n°172

10 J u i l l e t 2 0 1 5 / / N ° 1 7 1

Page 13: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 11

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE LA LOI EST PROMULGUÉE

e titre II de la loi traite ainsi de la

rénovation énergétique, avec un

objectif de 500 000 rénovations

lourdes de logements par an (à

compter de 2017) et le renforcement des

performances énergétiques des nouvelles

constructions. Au menu pour atteindre

ces objectifs, entre autres : la mise en

place d’un carnet numérique de suivi et

d’entretien du bâtiment (obligatoire pour

toute construction neuve dont le permis

de construire est déposé à compter du

1er janvier 2017), le principe d’embarquement

de l’efficacité énergétique, soit l’obligation

d’embarquer la performance énergétique à

chaque fois que des travaux importants sont

réalisés (travaux de ravalement importants,

travaux d’isolation, ou réfection de toiture),

l’exigence d’exemplarité énergétique des

nouvelles constructions sous maîtrise

d’ouvrage de l’État, de ses établissements

publics ou des collectivités territoriales (avec

un objectif de bâtiment à énergie positive

et à haute performance environnementale).

Pour les particuliers, de nombreuses mesures

incitatives complètent le dispositif.

Mais reste à définir une stratégie

bas carbone (article 173 de la loi de

transition énergétique), par grand domaine

d’activité, dont le bâtiment, reposant sur

des « budgets carbone », c’est-à-dire

de plafonds d’émissions de gaz à effet

de serre à ne pas dépasser, par période

de 5 ans (et pour les trois premières

périodes : 2015-2018, 2019-2023 et

2024-2028). Une structure collégiale,

présidée par la ministre de l’Écologie

Ségolène Royal et comptant cinquante

membres représentant l’État, les collectivités

territoriales, les parlementaires, les

entreprises, les syndicats et les associations,

travaille en ce sens.

VITE DIT

LA LOI DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE POUR LA CROISSANCE VERTE A ÉTÉ PUBLIÉE LE

18 AOÛT AU JOURNAL OFFICIEL. LE BÂTIMENT, QUI REPRÉSENTE ENVIRON 44 % DE LA

CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE (DONNÉES 2012), UNE ÉMISSION DE 123

MILLIONS DE TONNES DE CO2 PAR AN ET 20% DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE,

FAIT L’OBJET DE NOMBREUSES DISPOSITIONS.

L

77ÈME ÉDITION DU CONGRÈS HLM LES HLM ACTEURS DES TRANSITIONS

Les transitions, numériques, climatiques,

démographiques, étaient au coeur des

échanges lors du dernier congrès Hlm, qui

s’est tenu cette année du 22 au 24 septembre

à Montpellier. Avec un parc de 4,5 millions de

logements, plus de 11 millions de locataires, les organismes

Hlm sont de fait aux premières loges des différentes transitions

en cours. Ce sont plus de 13 000 professionnels, du secteur

public ou privé, qui se sont retrouvés pour échanger et partager

leurs points de vues sur le futur du monde Hlm et la meilleure

manière de répondre aux nombreux défis posés aux territoires.

À noter cette année un pavillon du bâtiment durable, avec des

parcours thématiques et des ateliers, les « séquences du Pavillon

du Développement Durable », l’une de ces séquences étant

consacrée au numérique, avec des retours d’expériences.

Page 14: E&C n°172

12 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

Page 15: E&C n°172

À L’INTERNATIONAL

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 13

VITE DIT

ew York, Venise, Bilbao et Abu Dhabi accueillent déjà un musée

Guggenheim… Demain, ce sera au tour de la capitale finlandaise,

Helsinki. Et il sera de conception française ! C’est en effet l’agence

franco-japonaise Moreau-Kusunoki qui a été retenue, au terme

d’une première sélection parmi 1 715 projets reçus dans le cadre du concours

international lancé en juin 2014 par la Fondation Solomon R. Guggenheim, puis

enfin comme lauréate parmi les 6 finalistes en juin 2015. Nicolas

et Hiroko Kusunoki étaient au congrès du CEEC pour présenter

leur projet.

Le projet «Art in City» des architectes parisiens Nicolas Moreau

et Hiroko Kusunoki est le vainqueur du concours pour le

Guggenheim finlandais. Les deux fondateurs de cette jeune

agence, créée en 2011 à Paris, étaient présents lors du congrès

des économistes européens à Helsinki le 2 octobre dernier

pour parler de leur projet. Un projet « humble et ouvert », selon leurs termes,

qui s’inscrit dans une réflexion sur le musée du 21ème siècle, avec la volonté de

créer un espace et une architecture flexibles, appelés à évoluer avec les usages

pour que ce soit aussi « le public qui fasse le projet ». Et un projet qui soit aussi

représentatif de la société démocratique finlandaise. Une équipe internationale

est désormais en charge de la conception, avec notamment un économiste

finlandais. Côté maîtrise des coûts, le duo d’architectes a indiqué « avoir pris

des décisions raisonnables, pour une conception simple, dans un contexte où

on ne ferait plus un musée comme celui

de Bilbao tout habillé de titane ».

EN MARGE DU CONGRÈS : À PROPOS DU FUTUR GUGGENHEIM MUSEUM D’HELSINKI

N

PRÉSIDENT

TARMO SAVOLEINEN, Finlandais (RAKI),

qui prend donc le suite de Pascal Asselin

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

JUSTIN SULLIVAN, UK (RICS)

VICE-PRÉSIDENT

CHARLES MICHELL, Irlandais (SCIS)

VICE-PRÉSIDENT

VINCENT ARNOU, Français (Untec)

Vous retrouverez prochainement sur la

chaine Youtube de l’Untec une interview

du nouveau président du CEEC, réalisée lors

du dernier congrès du CEEC à Helsinki le

2 octobre.

1 715 PROJETS REÇUS, VENANT DE PRÈS DE 80 PAYS.”

UN NOUVEAU BUREAU POUR LE CEEC

Le CEEC (Comité Européen des Economistes de la Construction) a élu son nouveau bureau :

Le musée se présente sous la forme d’un ensemble de pavillons bas noirs, coiffés d’une tour phare, implantés sur 18 000m2 en front de mer.

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Retrouver l’interview de Nicolas Moreau et Hiroko Kusunoki sur sur la chaîne Youtube de l’Untec

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ZOOM

éritable opération à tiroirs, avec la réalisation d’une crèche de 55 places, un

relais d’assistantes maternelles, un centre de consultation PMI et une salle

polyvalente, ce projet a cumulé l’exploit d’être réalisé en Passiv Haus et en

neuf mois, un temps record !

Pour arriver à relever ce défi, une équipe de maîtrise d’œuvre a réuni toutes les

compétences requises. L’une des grandes spécificités de ce projet a consisté à introduire

des principes bioclimatiques et à intégrer les contraintes techniques induites par la

labellisation « bâtiment passif » (Passiv Haus).

À MARQUETTE-LEZ-LILLE, CE BÂTIMENT PASSIF EST SORTI DE TERRE DANS DES DÉLAIS TRÈS RÉDUITS.

V

LA MAISON DE LA FAMILLE À MARQUETTE-LEZ-LILLE

NEUF MOIS POUR UN BÂTIMENT PASSIF

UNE OPÉRATION D’ENVERGURE POUR NOTRE COMMUNE. ” NADINE LENGLART, Directrice des services techniques / P17

LA CONCEPTION A ÉTÉ PENSÉE EN TENANT COMPTE DES DÉLAIS. ” MAX LAFFARGUE, Économiste de la construction / P18

LA COORDINATION ENTRE INTERVENANTS A ÉTÉ IMPORTANTE. ” PIERRE SAGOT, Conducteur de travaux et responsable organisationnel / P18

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NOV. 2013 Réception des candidatures

21 JANVIER 2014 Désignation du maître d’œuvre

MARS 2014 Études avant projet sommaire (APS)

MAI 2014 Consultation des entreprises

L E S É TA P E S D U P R O J E T

2

4

Situation : L’emplacement de la Maison de la Famille marque l’entrée du quartier de la Zac Becquerelle et celui du Lommelet depuis Wambrechies. Le site se positionne entre deux tissus urbains délimités par la rocade nord-ouest, entre la ville « habitée », parsemée de pavillons résidentiels, aux toitures à deux pentes, mêlant l’usage de briques, tuiles et bois, et la ville « cultivée ». Ce nouvel équipement est destiné à améliorer l’accueil des enfants et les services destinés aux familles.

Le projet : Le bâtiment se pose au cœur du site, mis à distance au nord-ouest par un parking et en recul par rapport à la rue, pour y laisser dominer le parvis et le dépose minute. Couvert d’un manteau végétal et percé de deux patios (le patio minéral et l’aire de jeux), le bâtiment se présente comme un objet creusé, déplié. L’embrasure résultant de l’ouverture permet l’accès au cœur du projet, là où toutes les fonctions sont distribuées : la salle polyvalente, le centre de consultation PMI, le relais assistantes maternelles, l’espace d’accueil petit enfance... La toiture agit comme un « ruban » autour du patio. Le projet réinterprète le toit en pente traditionnel des maisons environnantes par un langage architectural plus contemporain, reposant sur les obliques.

Maître d’ouvrage : Commune de Marquette-lez-Lille (59)

Maîtrise d’œuvre : SCP Otton Sanchez

OPC : SARL NJC Economie (62)

Paysagiste : Cabinet Tesson

Bureau de contrôle : Bureau Veritas (Villeneuve d’Ascq) / BET : BERIM Douai / Bureau d’études Environnement et énergie : AGI2D, Douai (59)

Acousticien : Acapella, Lille (59)

Gros œuvre : Compagnie Générale de Construction, Lezennes (59)

Enveloppe : SARL BMT, Roubaix (59)

Second œuvre : SARL BMT (59)

Plomberie : Quatannens, Tourcoing (59)

Électricité : Delporte, Wasquehal (59)

Mobilier manufacture : E.M.I.T., Marcq-en-Baroeul (59)

Coût de l’opération : 4,7 M€ TTC

Surface : 1 100 m2 (dont 754 m2 pour la crèche la Farandole)

FICHE D’IDENTITÉ

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Page 19: E&C n°172

 

JUIN 2014 Analyse des offres

JUILLET 2014 Notification des marchés

SEPT. 2015 Livraison de la crèche et du relais d’assistantes maternelles

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NADINE LENGLART DIRECTRICE DES SERVICES TECHNIQUES DE MARQUETTE-LEZ-LILLE

1 / Vue extérieure2 / Patio minéral3 / Plan des Flux4 / Espace intérieur

Le projet de la Maison de la Famille sur la Zac de la Becquerelle

intégrait différents équipements, dans le cadre d’une opération « à

tiroirs  », avec une crèche, un relais d’assistantes maternelles (RAM),

un centre de consultation de la PMI ainsi qu’une salle polyvalente.

Orienté en conception BBC à l’origine, la commune a décidé de

faire rapidement évoluer le projet en Passiv Haus : sur ce site isolé,

sans mitoyenneté, il apparaissait plus aisé d’atteindre ce niveau de

performance énergétique qu’au sein d’un tissu urbain dense.

Nous avons lancé un appel à Assistance de maîtrise d’ouvrage (AMO),

AMO avec lequel nous avons élaboré tout le programme, notamment

en consultant régulièrement le personnel de la crèche.

Le choix d’une équipe de maîtrise d’œuvre intégrant un

architecte mandataire, un économiste de la construction, un bureau

d’études fluides et structures, un bureau d’études Développement

durable, un paysagiste, était motivé par la volonté de rassembler

toutes les compétences nécessaires avec les qualifications

particulières exigées par ce chantier. Certes, tout n’a pas été

simple ; nous l’avions d’ailleurs anticipé. Pour autant,

la crèche est en fonction depuis le 14 septembre

tout comme le RAM et la PMI ouvre en octobre. Le

résultat est tout à fait ressemblant au projet initial et

ce grâce à plusieurs paramètres. Le fait que les lots 2

et 3 aient été assurés par la même entreprise a facilité

la réalisation du chantier ; mais ce sont les interfaces

entre chacun, notamment sur les lots techniques,

qui ont permis de se hisser au niveau des exigences

de la labellisation. L’économiste de la construction a

joué un rôle essentiel en estimant un budget au plus

proche de la réalité. La patte du paysagiste se ressent

réellement sur les aménagements extérieurs  ; et le bureau d’études

Développement durable a suivi le chantier de bout en bout pour

atteindre le niveau de labellisation visé.

Il s’agit donc d’un complément de compétences au sein desquelles

la maîtrise d’ouvrage a pris sa place, en suivant chaque étape de

près, sans jamais se substituer à la maîtrise d’œuvre. Au final, ce

bâtiment, en bardage bois, combinant un aspect naturel et une haute

exigence technique, représente une opération d’envergure pour notre

commune d’un peu plus de 10 000 habitants.

L’ÉCONOMISTE DE LA CONSTRUCTION A JOUÉ UN RÔLE ESSENTIEL EN ESTIMANT UN BUDGET AU PLUS PROCHE DE LA RÉALITÉ.”

Page 20: E&C n°172

18 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

ZOOM

Notre entreprise (50 salariés) est spécialisée en charpente bois,

menuiseries extérieures aluminium, bois, bois et aluminium  : sur

ce chantier, nous avons assuré la responsabilité des lots 2 (ossature

bois, charpente, ouvertures, fabrication des menuiseries extérieures,

bardage) et 3 (plâtrerie, carrelage, menuiseries intérieures), ce qui a

grandement facilité la coordination entre les lots, même si nous

avons aussi travaillé en sous-traitance avec six entreprises partenaires,

notamment en carrelage et en plâtrerie. Le délai imposé de neuf

mois était un défi à relever. Face à ce temps très court, les mises au

PIERRE SAGOTCONDUCTEUR DE TRAVAUX ET RESPONSABLE ORGANISATIONNEL DE BMT, À ROUBAIX (NORD)

Le chantier de la Maison de la Famille cumulait en quelque

sorte les difficultés : situé sur une Zac nouvelle, une zone

résidentielle, il devait se dérouler dans un délai très court, et

avec deux principes constructifs à l’oeuvre, des murs bétons

lasurés et une ossature bois préfabriquée. Techniquement,

la conception était complexe… et simple à la fois. Tandis

qu’une première zone ne disposait pas du chauffage au sol,

tout le restant du projet l’était, avec un sol pour ¾ en résine et

¼ en sol souple. Ce choix a nécessité de réaliser les plafonds

en amont, au vu du temps d’exécution et de la mise en œuvre

de la résine. Il convient d’ajouter la toiture végétalisée avec des

mises au point compliquées, dont l’application des DTU. C’est

la raison pour laquelle tout un travail de décomposition a été

réalisé ; et il s’est avéré efficace. La conception a été pensée

en tenant compte de ces délais : ainsi, les éléments en béton

banché ont été préfabriqués en extérieur et assemblés. Quant

au reste du bâtiment en élévation bois, il

a été très rapidement hors d’eau, ce qui

a permis d’accélérer la pose des fluides,

des gaines de ventilation, en amont de la

fermeture hors d’air. On ne peut qu’être

satisfait de ne pas avoir été confrontés

à la problématique de la dégradation et

les délais ont été tenus grâce à un

travail de synthèse de l’architecte et

du BET qui l’accompagnait ainsi que

du bureau de contrôle, mais aussi

des entreprises, qui disposaient

de personnel encadrant. Il n’y a rien

de pire que des réactions lentes pour

un chantier aux délais si courts. Dans ce

contexte, le rôle de pilotage de l’économiste de la construction

s’apparente un peu à celui gendarme, quoi qu’il en coûte. Signé

le 12/11/2014, le planning a été respecté dans ses grandes

lignes par chaque intervenant. J’ai à la fois maintenu la pression

auprès des entreprises pour assurer la qualité d’un bâtiment fait

pour durer mais aussi l’objectif de livraison. Le volet bioclimatique,

demandé par le maître d’ouvrage, a nécessité également plusieurs

tests d’étanchéité à l’air, et des journées complètes à dénicher

les petites fuites, même sur des éléments de préfabrication. Le

bâtiment a été livré dans de bonnes conditions et c’est un

exploit sur ce type de construction.

MAX LAFFARGUEGÉRANT DE NJC ECONOMIE, ÉCONOMISTE DE LA CONSTRUCTION, AMO-OPC, BIACHE-SAINT-VAAST (PAS-DE-CALAIS)

J’AI À LA FOIS MAINTENU LA PRESSION AUPRÈS DES ENTREPRISES POUR ASSURER LA QUALITÉ D’UN BÂTIMENT FAIT POUR DURER MAIS AUSSI L’OBJECTIF DE LIVRAISON.”

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Pour ce projet, je suis intervenu dans le cadre d’une mission de sous-

traitance d’un BET T.C.E. j’ai du traiter les lots suivants : étanchéité

couverture, menuiseries extérieures, menuiseries intérieures, plâtrerie,

isolation, faux plafond, carrelage, sols souples + résines acoustiques,

peinture, signalétique et une partie du mobilier. J’ai notamment

été chargé de la rédaction du CCTP et de l’analyse des appels

d’offres des lots cités ci-dessus. Ce travail de rédaction d’estimatif

des matériaux, en collaboration avec le BET, permet de proposer une

décomposition du prix global sur lequel les entreprises remettent leur

proposition de prix global et unitaire. Par exemple, l’utilisation de résine

caoutchouc relevait d’une obligation de solution acoustique, étudiée

par le BET acoustique, entre les locaux de jeux et de la salle de repos. En

matière de menuiseries extérieures, puisque nous étions dans le cadre

d’une maison passive, les BET acoustique et thermique ont déterminé les

parties vitrées, avec un triple ou double vitrage en fonction de l’isolation

et des pièces, ainsi que la composition thermique des murs de façades

M.O.B. C’est un chantier réellement spécifique, et le premier de ce

type pour moi, où tous les choix acoustiques et la perméabilité à l’air se

sont avérés essentiels pour atteindre le niveau Passiv Haus.

GILBERT NONNONÉCONOMISTE DE LA CONSTRUCTION ET MÉTREUR-VÉRIFICATEUR, FACHES THUMESNIL (NORD)

2 / Entrée

1 / xxxxx

La Maison de la Famille, qui jouera à terme un rôle de centralité pour le

quartier, est intégrée dans une ZAC, au bout d’un lotissement et près

d’un parc en devenir. Pourquoi un tel chantier, qui s’est déroulé sur

neuf « petits » mois, s’est-il bien déroulé ? Tout d’abord, parce qu’il

a bien été pensé en termes d’organisation, grâce à la mise en place d’une

équipe renforcée avec, je dirais, plus de spécificités que de coutume.

Ainsi, tout un travail a été mené en amont pour préparer le Passive House

Planning Package (PPHP) dans le cadre de la labellisation, notamment sur

la modélisation de base du bâtiment. Nous avons trouvé un compromis

de manière à ne pas amener trop de matériaux sur le site. Il s’agissait de

réaliser un cloisonnement structurel interne en béton pour disposer d’un

noyau porteur, d’une inertie interne au bâtiment qui puisse accumuler

la chaleur, tout en réalisant une coque extérieure en solution bois. La

végétalisation de la façade permet de profiter de ses vertus isolantes, de

limiter les rejets d’eau de pluie et de proposer une approche esthétique.

Le déroulement s’est réalisé en deux séquences : la première zone de

construction, proche d’une voie rapide, a été traitée en béton pour servir de

tampon acoustique tandis que la seconde phase est une ossature béton

associée à une enveloppe bois. Outre l’organisation amont, l’allotissement

en macros lots sur la notion d’enveloppe a permis d’optimiser le chantier

car une seule entreprise a porté la responsabilité de l’étanchéité à l’air.

SYLVAIN GRUSONDIRECTEUR DE L’AGENCE D’ARCHITECTURE SCP OTTON SANCHEZ, À LAMBERSART (NORD)

point techniques ont été lancées dès les réunions de démarrage

et nous avons, par exemple, anticipé l’approche technique de la

liaison bardage-charpente-menuiserie. Les contraintes thermiques

étaient également importantes, surtout celles liées à l’étanchéité à

l’air, qui n’avaient rien à voir avec celles de la RT 2012. L’association

délai court et chantier passif a été assez stressante, il faut bien

le dire, notamment pour réussir le test d’étanchéité. Mais nous

avons beaucoup appris, en appliquant la démarche passive dans

une globalité de chantier. La coordination entre intervenants

a été importante sur ce point. Le chantier s’est déroulé

correctement ; les rôles de l’architecte et de l’économiste de

la construction ont été primordiaux.

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ÉCLAIRAGE

e 18 septembre dernier, à l’Association des Maires de France (AMF),

François Baroin, Président de l’AMF, rencontrait Pascal Asselin, Président

de l’Untec, pour un échange portant à la fois sur la baisse des dotations

publiques aux collectivités et ses répercussions sur l’économie locale

et les besoins des Maires en matière d’accompagnement dans la mise en

œuvre des projets d’aménagement. Un entretien mené à la veille de la journée

nationale d’action menée par l’AMF pour mobiliser contre la baisse des dotations

et sensibiliser aux risques encourus.

É&C / Quels sont les risques encourus si les dotations aux collectivités

locales sont de fait réduites ?

FB / Ce qui est proposé est clairement une mesure inédite, sans comparaison

et sans équivalent : en résumé, l’Etat propose, entre 2014 et 2017, une chute

de 30 % des dotations aux collectivités locales, soit de l’argent public que l’État

doit aux communes, donc in fine aux administrés, pour financer et mener à bien

des politiques publiques déléguées à ces communes. Cette baisse de 30 %

représente un stock cumulé de 28 milliards d’euros, soit plus de la moitié d’une

FRANÇOIS BAROIN, SÉNATEUR MAIRE DE TROYES,

PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ

D’AGGLOMÉRATION DU GRAND

TROYES, ANCIEN MINISTRE DU

BUDGET, DES COMPTES PUBLICS,

DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE

LA RÉFORME DE L’ÉTAT ET ANCIEN

MINISTRE DE L’ÉCONOMIE, DES

FINANCES ET DE L’INDUSTRIE, EST

PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES

MAIRES DE FRANCE DEPUIS 2014,

PASCAL ASSELIN, PRÉSIDENT DE L’UNTEC

DEPUIS JUIN 2015 .

ENTRETIEN

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Retrouvez l’interview sur la chaîne Youtube de l’Untec

Page 24: E&C n°172

année d’investissement dans un grand pays comme le nôtre !

Moins 10% d’investissement public dans notre pays, au vu de

son modèle économique qui s’appuie sur la consommation

et sur l’investissement, c’est l’équivalent de 0,2 point de

croissance. Donc, dans les deux années qui viennent, on

peut s’attendre à une perte de 0,6 à 0,8 point de croissance

liée à cette décision. Très concrètement, et par conséquent,

des dizaines de milliers d’emplois sont menacés de disparition,

avec une estimation de 60 000 à 80 000 suppressions

d’emploi pour le BTP. Cette baisse des dotations risque par

ailleurs de contraindre les élus à des choix redoutables :

soit une augmentation de la fiscalité, en contradiction très

nette avec la baisse des prélèvements obligatoires voulue

au niveau national par l’Etat, soit des arbitrages au niveau

des services publics de proximité. Certains devront fermer,

d’autres diminueront leurs prestations, et ce au détriment de la

cohésion sociale qui constitue le cœur de notre mission. Sans

compter que cette décision est en contradiction totale avec les

préconisations de l’Europe, qui souhaite relancer la croissance

avec le soutien à l’investissement public : dans le même temps,

la deuxième économie européenne, la France, elle, se voit

amputée d’une bonne partie de son investissement public. Il

faut noter que 70 % de l’investissement en France est porté

par les collectivités locales, et singulièrement les communes

et les intercommunalités : il y a donc de quoi être très inquiet.

PA / Pour nous, la baisse des dotations de l’état aux

collectivités territoriales est une inquiétude, une angoisse pour

nos petites entreprises qui irriguent tout le territoire français.

Comme le disait le Président Baroin, l’économie locale est

directement impactée, et notamment le tissu social local. Le

mal a déjà commencé, et depuis plusieurs années : nombre

de nos adhérents Untec rencontrent de réelles difficultés. Pour

certains, ils ne se paient plus pendant plusieurs mois pour

garder leurs salariés. Mais la situation n’est pas gérable dans

la durée.

É&C / Il n’est pas simple pour un maire de maîtriser

tout ce que signifie lancer un projet par exemple

d’aménagement ou de construction d’un équipement :

comment mieux les accompagner ?

FB / Les maires sont confrontés à des difficultés, aussi bien

dans l’approche de la préparation de la maîtrise d’ouvrage

que le suivi de la maîtrise d’œuvre. Pour que l’équipement

corresponde à l’idée que

s’en est faite le maire avec

son conseil municipal,

après discussion avec

la population, avec les

services techniques, après

évaluation de l’enveloppe

budgétaire, il faut effectivement tout un processus de

décision avec un accompagnement technique conjugué à

une bonne expertise. C’est d’autant plus nécessaire que l’on

peut dans le cas contraire avoir de «  mauvaises surprises  ».

Le rôle de l’AMF, sur ce point comme sur beaucoup d’autres,

c’est de faire de la formation pour aider à bien comprendre

les enjeux. Certains points exigent une vigilance sans relâche,

car ils influent sur le budget final. On part sur une enveloppe

budgétaire à un instant T et, très souvent, on nous explique

que pour x raisons, il y a eu dérapage. En général il existe une

forme de tolérance assez surprenante, choquante pour les

élus qui découvrent cela pour la première fois, mais aussi pour

ceux qui, comme moi, sont en place depuis 20 ans. Je crois

qu’un encadrement, une préparation, sont nécessaires et qu’il

faut être extraordinairement rigoureux. Et d’autant plus

dans le contexte actuel : avec une prévision de commande

publique en nette diminution, les élus seront très attentifs au

fait que l’enveloppe budgétaire financée soit une enveloppe

budgétaire respectée par tous les acteurs.

PA / Les économistes de la construction sont

précisément là, en amont des projets, pour guider leur

élaboration, les suivre, les contrôler, et puis surtout être

au côté du maître d’ouvrage pour défendre ses intérêts.

Nous militons d’ailleurs depuis de longues années pour que

l’économiste soit une personne indépendante pour défendre

pleinement les intérêts du maître d’ouvrage. Effectivement,

certains projets dérapent, pour diverses raisons, qui sont

parfois très nombreuses et qui sont souvent explicables, si

ce n’est toujours justifiables. Pour éviter ces dérapages, il faut

s’encadrer d’experts, correctement formés. Pour les petites

communes, qui construisent peu ou rarement, il n’est pas

inutile de s’adjoindre l’aide d’un spécialiste qui, lui, a dans

son panel d’activités, au vu de ses multiples expériences, les

compétences pour éclaircir les données liées au dossier, les

actualiser.

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É&C / On dit souvent que la construction, notamment

de logements, est freinée par les pesanteurs

administratives, normes en tous genres, délais

d’instruction, aléas judiciaires attachés aux recours…

Quelle est votre vision ?

FB / L’addition des normes proposées par l’État, soit les

administrations centrales, souvent les ministères d’ailleurs, soit

des organismes extérieurs … bref toutes les administrations

publiques à l’échelle nationale, a représenté depuis 2014 un

coût global de 1,4 milliard d’euros imposé aux collectivités.

Outre les normes, il faut prendre en compte les multiples

critères juridiques, notamment de dimension européenne,

en matière d’appels d’offre, de traçabilité de l’argent public, de

contrôle des chambres régionales des comptes… Aujourd’hui,

on doit également faire face aux interventions en justice

menées par des associations, ou des contribuables qui, à

raison ou à tort, saisissent le tribunal administratif, puis la

cour d’appel administrative, et si ça ne suffit pas le conseil…

Un projet présenté en début de mandat, en raison de

l’addition de toutes ces interpellations, de toutes ces

procédures, peut être au point mort à la fin du mandat,

6 ans plus tard. Et pourtant des engagements ont été pris

devant la population, en conseil, des engagements, voir

même des mandats financiers, ont été donnés à des acteurs

économiques. Cela fait partie des sujets sur lesquels l’AMF

travaille pour la meilleure formation possible des élus. Il est là

encore nécessaire de s’adjoindre les services de spécialistes

pour bien envisager tous les points à prendre en compte, au

niveau juridique, réglementaire... Je constate que la situation

est de plus en plus difficile, car les collectivités n’échappent pas

à l’évolution de la société, avec une judiciarisation globale des

procédures.

PA / Nous sommes dans un pays où on adore les normes.

Personne ne veut de norme, tout le monde veut simplifier

mais, curieusement, à chaque fois, on en rajoute « une

couche ». C’est une évolution de la société : est-ce que cela

vient du phénomène de précaution, ou pas… Toujours est-il

qu’il semble extrêmement compliqué de faire machine arrière.

É&C / La France a besoin de logements, notamment

sociaux. Dans ce cadre, il est question de favoriser

les maires bâtisseurs : quelle est votre vision sur les

mesures prises

FB / Elles sont contradictoires avec la programmation de la loi

de finance publique. Vous ne pouvez pas réduire de manière

très significative le transfert de l’argent que l’État doit aux

collectivités et en même temps avoir une ambition de « maires

bâtisseurs ». Avec 30 % d’investissement en moins, le mandat

2014-2020 ne sera évidemment pas un mandat de maires

bâtisseurs, mais un mandat de maires gestionnaires,

avec moins de moyens, qui essaieront de faire ce qu’ils

peuvent pour remplir les missions qui leur sont confiées. Si

on revisite cette loi de programmation des finances, alors

une relance de la construction est possible. Je constate que

les textes qui ont été mis en place en ce début de législature

ont amplifié le blocage global de la sortie des projets. Il y a un

retard énorme de la production de logements sociaux dans

notre pays. Le nouveau texte de l’année 2015 pourra, peut-

être, certainement, favoriser le développement de nouveaux

projets. Mais on le sait très bien, et les spécialistes mieux que

quiconque : entre le moment de la décision et le moment de la

réalisation, il se passe au moins 18 mois. Donc, il y a au moins

18 mois de « quasi blanc » entre le moment où nous parlons

et les premiers résultats.

PA / On estime le déficit de logements à environ 1 million.

Si on voulait rattraper ce déficit, il faudrait en produire

au minimum 500 000 par an

pendant quasiment 15 ans. On

s’aperçoit de plus que le maillage

du territoire est disparate entre les

collectivités, certaines en ont trop,

d’autres pas assez. Il y a bien des

raisons qui expliquent cet état de

fait, et nous avons d’ailleurs évoqué,

entre autres, les normes. Mais il y a

eu aussi des maladresses, ainsi avec

la loi ALUR. On a perdu du temps,

déjà deux ans, et désormais je dirais

qu’il faut relancer le bateau. Mais en relançant maintenant, on ne

peut espérer des résultats que d’ici deux ans… dans deux ans, ne

sera-t-il pas déjà pas trop tard pour nombre d’entreprises ?

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LE BÂTIMENT GÉNÈRE UNE FORTE DEMANDE

D’EXPERTISES JUDICIAIRES, NOTAMMENT

EN LIEN AVEC L’ASSURANCE CONSTRUCTION

ET LE CARACTÈRE PARTICULIER DE SON

TRAITEMENT EN FRANCE.

LES ÉCONOMISTES, QUI SE CARACTÉRISENT PAR

LEURS COMPÉTENCES TRANSVERSALES ET LEUR

MAÎTRISE TECHNIQUE, SONT DES EXPERTS

« DE CHOIX ». POUR AUTANT, SOLIDE EXPÉRIENCE

ET BONNE CONNAISSANCE DE L’ORGANISATION

JURIDICTIONNELLE CONSTITUENT UN PRÉ-REQUIS

À NE PAS NÉGLIGER… LUMIÈRE SUR UNE

FONCTION COMPLEXE, MAIS PASSIONNANTE

À PLUS D’UN TITRE.

EXPERTISE JUDICIAIRE,METTRE SES COMPETENCES AU SERVICE DE LA JUSTICE.

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dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

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26

dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

ÊTRE EXPERT … ÇA VEUT DIRE QUOI ?

ommis par le juge en raison de ses connaissances techniques, il intervient pour éclaircir le magistrat sur un domaine

précis dans lequel ce dernier possède peu ou pas de connaissance. « Certains auteurs voient l’expert comme la

« loupe » du magistrat. Il lui permet de se rapprocher de la vérité factuelle et d’avoir une meilleure vision des faits dont

il est saisi. »1 La diversité des domaines sur lesquels travaillent les magistrats et la complexité technique de certains

dossiers ont ainsi permis l’apparition progressive de l’homme de l’art au sein des tribunaux. Par son savoir, l’expert est donc en

mesure de guider, voire d’orienter une décision de Justice, qu’il s’agisse d’affaires civiles, pénales ou administratives.

C

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

LES FAITS, RIEN QUE LES FAITS

Si la responsabilité de l’expert est grande, son rôle est

strictement déterminé par la ou les missions qui lui

sont confiées. Précisons que son avis ne s’impose pas aux

juges, qui restent libres de leur appréciation : « dans le cadre

de l’expertise judiciaire, l’expert n’intervient que pour trancher

une « question d’ordre technique » et sur décision du juge

d’instruction ou de la juridiction de jugement. Il doit remplir sa

mission et seulement sa mission, sous le contrôle du juge qui le

commet, et le non-respect de ce cadre peut entraîner la nullité

de l’expertise. » 2

Mais l’expert peut aussi intervenir pour concilier les

parties. «  La médiation peut faire partie de nos missions,

mais nous ne sommes pas là pour défendre qui que soit

ou prendre parti. Il s’agit en premier lieu de répondre aux

interrogations du juge. Il faut rester très humble et s’en tenir

à ce qui nous est demandé », explique Patrick Biais, expert

auprès de la Cour d’appel de Bordeaux depuis 20 ans. In fine,

l’expert se doit d’accomplir « la mission, rien que la mission

mais toute la mission » 3 pour, à l’issue de son « enquête »,

remettre au juge un rapport d’expertise qui permettra de

statuer sur les préjudices subis.

L’EXPERT ÉCONOMISTE, GÉNÉRALISTE PAR EXCELLENCE

De quelles missions parle-t-on en matière d’expertise

judicaire en bâtiment ? « Dans notre secteur, il existe

deux types très fréquents de litiges : les désordres et la

malfaçon. Rétablir la réalité, ou la vérité, entre ce qui a été

exécuté et ce qui a été payé, c’est l’affaire classique. À partir

de là, la mission de l’expert est de déterminer les causes et les

conséquences du désordre ou de la malfaçon, de procéder

à l’épurement des comptes (ce qui a été commandé et

comment s’est effectué le paiement) et d’estimer les travaux

de réparation », poursuit Patrick Biais.

On comprend dès lors que, dans des affaires bien souvent liées

à des enjeux financiers, l’économiste de la construction soit

hautement qualifié. Mais au-delà de ces litiges économiques

récurrents, de par sa connaissance des rouages d’un chantier

de A à Z, l’économiste est en mesure d’assurer tous les types

de missions : contrôle du déroulement d’un chantier, OPC,

analyse des pénalités applicables au regard des obligations

respectives des différents intervenants à l’acte de construire,

contrôle du déroulement de la synthèse, analyse des

conditions et conséquences de la rupture d’un marché, etc.

La diversité de ses compétences, sa vision globale du métier

1 Hélène Lavedrine « L’expertise Judiciaire », mémoire de master de Droit Pénal, université Panthéon Assas.

2 Ibid.

3 Michel Olivier, « De l’expertise civile et des expert », Paris, Berger Levrault

HOMME DE L’ART, SPÉCIALISTE, TECHNICIEN, PROFESSIONNEL HABILITÉ… LES QUALIFICATIFS NE MANQUENT PAS POUR

DÉSIGNER L’EXPERT JUDICIAIRE. COLLABORATEUR OCCASIONNEL DE LA JUSTICE, SON STATUT NE CESSE DE FAIRE DÉBAT,

ET TENTER D’EN CERNER LES CONTOURS N’EST PAS TOUJOURS CHOSE AISÉE. IL FAUT DIRE QUE L’EXPERT N’APPARTIENT

À AUCUNE PROFESSION JURIDIQUE À PROPREMENT PARLER. NON SEULEMENT, IL N’EXISTE PAS DE TITRE D’EXPERT

JUDICIAIRE, MAIS L’EXPERTISE, EN SOI, EST UNE FONCTION, NON UNE PROFESSION. CACHÉ DANS L’OMBRE DU MAGISTRAT,

PARÉ D’UNE AURA DE PRESTIGE, L’EXPERT OCCUPE POURTANT UNE PLACE DE CHOIX DANS LES PRÉTOIRES.

Page 29: E&C n°172

27

et sa connaissance du terrain font clairement la différence,

lorsqu’il s’agit de résoudre des affaires qui impliquent une

multitude de paramètres et le fonctionnement d’ensemble

du domaine d’activité. Pour Michel Benedetto, économiste

et expert depuis 15 ans en région PACA, l’avantage de

l’économiste est d’être le « généraliste » par excellence du

bâtiment : « Je compare souvent l’économiste au médecin

généraliste : pour déterminer une pathologie, avant d’aller

chez le spécialiste, il faut avoir une vision globale des causes

et des symptômes. ».

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

CHIFFRES CLÉ

Quelques

13 000 experts de toutes spécialités interviennent auprès des tribunaux hexagonaux.

Avec les experts-comptables et les experts médicaux, les experts bâtiment forment le gros des effectifs.

Les expertises civiles concernent surtout :le domaine du bâtiment

40,6 %et le domaine médical

35 %

Page 30: E&C n°172

28 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

Page 31: E&C n°172

AVOIR DES COMPÉTENCES NE SUFFIT PAS. L’EXPERTISE SOULÈVE BEAUCOUP DE QUESTIONS ET REQUIERT UN ÉNORME TRAVAIL D’ANALYSE. ”

CÉLINE PINTAT

29O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

Tout comme le juge, l’expert n’est pas omniscient. Lorsqu’une affaire déborde ses compétences, il a la possibilité de faire appel à un technicien d’une autre spécialité. Apparaît alors le « sapiteur », qui interviendra sous son contrôle et sa responsabilité. Selon l’étymologie, le sapiteur serait à la fois un sage et un « sachant ». Si le terme est aujourd’hui tombé

en désuétude, il se perpétue dans le langage ordinaire des juges, des avocats et des experts. Entièrement dépendant de l’expert, le sapiteur n’a aucun pouvoir d’initiative et n’est pas tenu de connaître de procédures particulières. Sa rémunération dépend également entièrement de l’expert tant pour son montant que pour son règlement.

LE SAPITEUR : L’EXPERT DE L’EXPERT

E&C / Décrivez-nous votre parcours d’expert…

CP / J’ai été amenée à travailler dans un cabinet d’économie

de la construction durant 14 années aux côtés d’un expert

judiciaire. Je pense que c’est ce qui est à l’origine de mon envie

de faire de l’expertise. En 2008 j’ai créé mon propre cabinet.

J’ai suivi une formation à la Compagnie des Experts Judiciaires

de Dijon, à l’issue de laquelle j’ai été inscrite auprès de la Cour

d’Appel de Dijon. J’ai prêté serment le 30 janvier 2013.

E&C / Cette formation vous a-t-elle été utile ?

CP / C’est une certitude ! Un économiste expérimenté a

beaucoup d’atouts pour mener à bien ce type de mission, mais

la formation est indispensable, ne serait-ce que pour apprendre

à rédiger un rapport. Non seulement l’activité d’expertise

demande un champ de connaissances varié, mais l’expert

évolue dans un monde qui a ses propres codes, ses propres

conventions. Travailler avec des avocats n’est pas toujours

évident… ils sont rarement là pour vous faciliter la vie ! Même si

vous êtes excellent dans votre domaine, avoir des compétences

techniques ne suffit pas. Il faut être en mesure de défendre

son point de vue, d’avoir un discours à la fois technique et

pédagogique.

E&C / Qu’est-ce qui vous

séduit dans la pratique de

l’expertise ?

CP / J’apprécie le fait que chaque dossier soit différent. En

deux ans et demi, j’ai remis environ 25 rapports d’expertise sur

des sujets très divers : un revêtement de sol en résine au bord

d’une piscine avec un risque de glissance et de désagrégation

des granulats, une couverture effondrée depuis 7 ans (qui est

responsable ? Le vent ? La vétusté ? Quel coût pour une remise

à neuf ?), un carrelage sur une terrasse extérieure décollé, des

combles non aménageables transformés en combles aménagés

mal conçus avec un risque de déversement de la charpente…. Et

j’en passe !

L’expertise soulève beaucoup de questions et requiert un

énorme travail d’analyse. Il faut aimer se creuser la tête ! En cela,

c’est une activité très stimulante, mais qui peut être source de

tracas, dans la mesure où la parole de l’expert fait foi… notre

responsabilité est engagée.

E&C / Les qualités d’un bon expert ?

CP / Patience, pondération, neutralité, probité, discrétion,

courtoisie, loyauté…

CÉLINE PINTATCABINET PCÉCONOMISTES,

CHAUMONT

TÉMOIGNAGE

Page 32: E&C n°172

dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

30 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

DES DEMANDES D’EXPERTISES EN HAUSSE

E&C / Quelle est votre formation d’origine ?

PB / Je suis ingénieur IPF diplômé du CNAM, j’ai également une

formation en maîtrise d’économie de la construction à Lyon et

un diplôme universitaire d’Expert de Justice. Je suis économiste

depuis 1972, en libéral depuis 1988. J’enseigne dans le cadre de

l’IUT de génie Civil à l’université de Bordeaux.

E&C / Quelles motivations vous ont poussé à devenir

expert ?

PB / Je pratique l’expertise juridique depuis 20 ans, auprès de

la Cour d’Appel de Bordeaux. J’interviens auprès du Tribunal de

Grande Instance et du Tribunal de Commerce. À l’origine de ma

motivation à faire de l’expertise judiciaire, il y a la passion du

métier et la volonté de renouveler ma pratique professionnelle.

Je retire avant tout beaucoup de satisfaction à faire bénéficier

la justice de mon savoir. Le sentiment de se rendre utile est la

véritable gratification. Aujourd’hui, j’ai plus de 400 expertises à

mon compte : je suis intervenu dans des affaires pénales, civiles,

administratives. Il m’est aussi arrivé de travailler sur des affaires

d’homicides ou des affaires politiques… c’est passionnant !

E&C / Comment

percevez-vous le rôle

de l’économiste dans

l’expertise judiciaire ?

PB / Nous vivons dans

un monde où l’argent

prime … et la plupart

des affaires traitées ont

trait à des litiges financiers. En ce sens, l’économiste-expert

judiciaire est donc plus que jamais légitime et indispensable.

Si du chemin reste encore à parcourir pour faire reconnaître

nos compétences, il me semble que les magistrats ont pris

conscience de l’importance de de ce métier et du rôle que

l’économiste peut jouer dans une procédure.

E&C / Quelles est la part de l’expertise dans votre chiffre

d’affaire ?

PB / Au cabinet nous sommes 8 personnes. L’expertise

représente 10% de notre activité. En 20 ans, les demandes

d’expertises ont augmenté de manière phénoménale. Il y

a là une véritable opportunité de travail. Mais, soyons clairs,

l’enrichissement ne peut pas être la motivation première, et

l’expertise est plutôt un revenu secondaire.

PATRICK BIAIS61 ANS, CABINET SIEC, BORDEAUX

ANCIEN PRÉSIDENT DÉPARTEMENTAL ET VICE-PRÉSIDENT RÉGIONAL DE L’UNTEC.

ANCIEN PRÉSIDENT RÉGIONAL DE L’OPQTECC.

TÉMOIGNAGE

L’EXPERTISE EST UNE MANIÈRE DE RENOUVELER LA PRATIQUE DE SON MÉTIER ”

PATRICK BIAIS

Dans le bâtiment, les demandes d’expertises judiciaires

ont connu une augmentation très importante ces

dernières années. « Rien que sur Bordeaux, le nombre

d’expertises a doublé sur plusieurs années passant d’environ

2 000 à 4 000 par an (toutes branches expertales confondues),

ce qui est colossal », note Patrick Biais. Les opportunités sont

donc nombreuses. « Dans un contexte difficile où la qualité des

constructions n’est pas toujours au RDV, les gens n’hésitent plus à

faire appel aux tribunaux pour régler leurs litiges. »

Malgré l’adéquation des compétences de l’économiste avec

les besoins exprimés par les juges, trop peu nombreux sont

encore les économistes qui réalisent des expertises. Selon les

derniers chiffres de la cartographie de l’Untec, seul 1% des

économistes de la construction affiliés exercent une activité

d’expert. De plus, on note que les magistrats connaissent

encore peu les économistes, et sont de ce fait plus enclins à

se tourner vers les architectes et les ingénieurs, alors même

que ces derniers, malgré leur savoir-faire, ne disposent pas

d’une maîtrise absolue des différents liés à l’acte de construire

et ayant un fondement d’ordre économique.

Page 33: E&C n°172
Page 34: E&C n°172

dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

32 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

NE DEVIENT PAS EXPERT JUDICIAIRE QUI VEUT

Si en théorie, la juridiction civile ou pénale peut désigner « toute personne

physique ou morale pour répondre à une ou plusieurs questions

techniques qu’elle n’est pas en mesure de résoudre par elle-même et

desquelles dépend la solution d’un procès », en pratique, le magistrat ira plus

volontiers piocher dans les listes établies par les Cours d’appel. L’inscription

sur ces listes s’effectue à l’issue d’une sélection sur dossier… le plus

fourni possible. Titres, diplômes, références, formations, casier judiciaire, et

tout ce qui qui viendra justifier la qualification et la notoriété sont étudiés

en vue de déterminer la compétence, la rigueur mais aussi l’honnête

professionnelle irréprochable du candidat, comme le mentionne le Conseil

National des Compagnies d’Expertise de Justice (CNCEJ). Lors de son

inscription, il devra également préciser les domaines de spécialisation dans

lesquels il souhaite officier. Une fois retenu, le futur expert sera inscrit

sur une liste certifiée, consultable par tous les tribunaux. Et il prêtera

serment : « Je jure d’accomplir ma mission, de faire mon rapport et de donner

mon avis en mon honneur et conscience ». Après une période probatoire de

deux ans, l’expert devra renouveler son inscription tous les 5 ans, via le dépôt

d’un nouveau dossier examiné par une commission composée de magistrats

et d’experts.

• Se faire communiquer tous documents et pièces qu’il estimera utiles pour l’accomplissement de sa mission et notamment les documents contractuels liant les parties.

• Entendre les parties, recueillir leurs observations, dires et explications.

• Faire l’état des lieux et décrire les éléments du litige.

• Rechercher la cause du sinistre et trouver son origine.

• Fournir tous les éléments techniques et de fait, de nature à permettre à la juridiction saisie de déterminer les responsabilités encourues et évaluer les préjudices subis.

• Indiquer et évaluer le coût des travaux éventuellement nécessaires.

• Donner tous les éléments permettant au juge du fond de statuer sur les préjudices subis.

LE PARCOURS D’UN EXPERT JUDICIAIRE JUSQU’À LA REMISE DU RAPPORT D’EXPERTISE

Page 35: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 33

DES PROFESSIONNELS DE HAUTE VOLÉE

Mais la sélection est rude. Seuls 3 à 5

% des dossiers sont retenus par les

Cours d’Appel, selon le CNCEJ. « Pour être

un bon expert, il faut avoir de la bouteille.

Rares sont les experts de moins de 50 ans.»,

souligne Patrick Biais. Pour autant, l’agrément de justice n’est

pas forcément un sésame.

« Vous pouvez être agrémenté et ne jamais être appelé pour

une mission ». Pour être reconnu en tant que tel, l’expert doit

donc être un professionnel aguerri au sommet de son art,

disposant de grandes aptitudes à l’analyse… mais aussi d’un

bon relationnel. La réputation d’un expert tient d’abord à la

UNE FORMATION INDISPENSABLE ?

Si elle n’est pas obligatoire, une formation à l’expertise

judiciaire est cependant fortement recommandée.

Sans jamais se substituer à l’expérience, elle permet

d’acquérir une connaissance de l’organisation juridictionnelle

indispensable à la pratique de l’expertise. Parmi les

enseignements dispensés : la culture juridique générale, la

maîtrise des principes du procès et des règles de procédures

ou encore la méthodologie du rapport d’expertise. Plusieurs

options de formation sont possibles  : en formation

qualité de ses travaux, mais le relationnel est primordial.

« Nous sommes avant tout des techniciens mais il faut savoir

écouter, expliquer, convaincre et ne pas se laisser déstabiliser

par les avocats. Il faut être bien armé et entretenir de bonnes

relations avec les gens pour qui et avec qui vous êtes amené

à travailler » confirme Patrick Biais.

continue via une qualification délivrée par les organismes

de formation professionnelle ou les Compagnies d’Experts

Judiciaire. L’université propose également des DU (Diplôme

Universitaire) d’expertises Judiciaires accessibles sur dossier

et à Bac + 2 minimum. « À mon sens, le DU est quasi un

passage obligatoire. Si vous faites une faute en termes de

procédure… c’est tout votre rapport qui peut être caduque »,

insiste Patrick Biais.

Page 36: E&C n°172

dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

34 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

COMMENT DEVENIR EXPERT ?

PROFESSIONNEL EXPÉRIMENTÉ

1

4

5

• Formation à l’expertise Judiciaire recommandée (Université, Organisme professionnel, Compagnie des Experts Judiciaires).

• Avant le 1er mars de chaque année : dépôt d’un dossier auprès du Tribunal de Grande Instance (TGI) du département où il exerce son activité principale (lettre sur papier libre précisant les domaines de spécialisation + curriculum vitae, extrait du casier judiciaire, copie certifiée conforme des diplômes présentés à l’appui de la demande, travaux déjà effectués dans les spécialités concernées et toute pièce permettant d’apprécier ses compétences).

• Dossier retenu > inscription sur la liste de la Cour d’Appel.

• L’expert prête serment devant la Cour d’Appel.

• Pendant 3 ans l’expert est inscrit sur la liste à titre probatoire.

• Tous les 5 ans, l’expert doit refaire une demande de réinscription sur présentation d’un dossier évalué par une commission de magistrats et d’experts.

Page 37: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 35

E&C / Comment vous êtes-vous intéressé à l’expertise ?

MB / J’avais déjà 20 ans d’expérience en conduite de travaux lorsque j’ai commencé

à faire de l’expertise judiciaire. Après avoir travaillé comme conducteur de travaux

puis directeur de travaux dans des entreprises générales, je me suis naturellement

dirigé vers l’OPC et les bureaux de prix. En 2007, je me suis mis à mon compte avec

l’angoisse, je dois le dire, de ne pas avoir suffisamment d’activité pour y arriver.

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de me diversifier. J’avais déjà eu l’occasion

plusieurs fois d’assister à des réunions d’expertise pour constater des sinistres, et

j’avoue que bien souvent j’ai douté des compétences ou de la bonne foi des experts

en assurance ! Et puis, finalement, en tant qu’économiste, j’avais fait déjà 6 années

de conseil. C’est comme ça que j’ai fait mes premières armes…

Mais mon cas est aussi un peu particulier puisque je suis également lieutenant-

colonel de la gendarmerie nationale. L’esprit d’analyse, les procédures et

l’investigation ne sont pas des domaines qui me sont inconnus ! Un expert qui n’est

pas dans l’investigation risque de toute façon de passer à côté de la vérité.

En 2006-2007, je décide donc de me former et je passe un diplôme d’aptitude à

l’Union des Compagnies d’Expert, afin d’obtenir l’agrément de la Cour d’Appel. La

formation a duré 3 ans… c’est un investissement en temps et en travail, mais on ne

fait pas de l’économie de la construction si l’on n’est pas travailleur !

E&C / Quels sont selon vous les atouts de l’économiste pour faire de

l’expertise judiciaire ?

MB / En tant qu’économiste, nous sommes par nature « poly-compétent ».

Coordination, prescription, rédaction des CCTP, connaissance précise des normes

et du terrain, suivi de l’opération de la conception à la réalisation… nous brassons de

multiples connaissances, ce qui fait de nous des professionnels particulièrement

aptes pour répondre aux attentes des magistrats.

E&C / Quelles difficultés êtes-vous susceptible de rencontrer dans

votre fonction d’expert ?

MB / Il faut savoir que l’expertise est une activité complexe et très chronophage.

Les magistrats sont très exigeants quant à la qualité du rapport et aux délais du

rendu… notamment parce que l’expertise en bâtiment coûte une fortune et que

nous sommes rémunérés au temps passé. Il faut donc pouvoir se ménager du

temps, ce qui n’est pas toujours simple quand vous avez une activité principale. Or,

pour un être un bon expert il faut connaître sa matière, et pour cela il faut rester en

activité autant que possible…. De plus, les avocats sont de plus en plus spécialisés

et connaissent parfois très bien leur sujet. Dès qu’ils sentent une faiblesse chez

l’expert, il n’hésite pas à le faire savoir, c’est dans leur intérêt ! Il y a beaucoup

d’enjeux financiers derrière l’expertise et beaucoup de jeux de pouvoirs entre les

interlocuteurs… Il faut apprendre à maîtriser les arcanes du juridique, mais c’est un

défi passionnant.

UN EXPERT QUI N’EST PAS DANS L’INVESTIGATION RISQUE DE TOUTE FAÇON DE PASSER À CÔTÉ DE LA VÉRITÉ ”

MICHEL BENEDETTO

MICHEL BENEDETTOÉCONOMISTE À MANOSQUE,

58 ANS

TÉMOIGNAGE

Page 38: E&C n°172

dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE

36 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

Page 39: E&C n°172

EN vue

atherine Dargent-Ahlqvist est membre de la RICS depuis 2005, dans

la continuité d’un parcours débuté en étude notariale, où elle fut en

charge de la direction et du développement du service d’expertise

immobilière, puis à Gecina, avant de fonder son cabinet. Elle a été

nommée en mars dernier Présidente de la RICS France, pour 18 mois, dans le

cadre d’une présidence alternée, prenant la suite de Karl Delattre.

Actuellement, la RICS France réunit plus de 1 100 membres, professionnels de

l’immobilier, de l’aménagement, de l’urbanisme et de la construction, 500 stagiaires

et 1 300 étudiants venant de dix formations accréditées (I.C.H, Université de Paris

Dauphine, Université de la Sorbonne, E.S.S.E.C, GESIIC, Kedge Business School et

E.S.T.P).

La RICS France est rattachée à la Royal Institution of Chartered Surveyors

(RICS), organisation internationale créée en Angleterre en 1868 et rassemblant

160 000 membres dans le monde. C’est un organisme de promotion de toutes

CATHERINE DARGENT-AHLQVIST,PRÉSIDENTE DE RICS FRANCE, DIRIGEANTE

DE LA SOCIÉTÉ DAXTER, CABINET DE

CONSEIL STRATÉGIQUE, D’ADMINISTRATION

DE BIENS ET D’EXPERTISE IMMOBILIÈRE

QU’ELLE A FONDÉ EN 2007.

ENTRETIEN AVEC

LA RICS PROMEUT L’ADOPTION ET LA GÉNÉRALISATION DES STANDARDS INTERNATIONAUX AVEC UN RESPECT DES SPÉCIFICITÉS LOCALES”

ACCRÉDITATION RICS DES PROFESSIONNELS

IMMOBILIER

C

0 c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 37

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axte

r

Page 40: E&C n°172

les professions de l’immobilier - urbanistes, promoteurs, experts,

conseils, etc. - et qui entend maintenir un haut niveau de

formation et de compétences de ses membres.

E&C / Quelles sont les particularités de RICS France ?

CDA / RICS France a été créée il y a vingt ans «seulement».

Elle doit donc toujours se faire connaître afin d’accroître

son influence et se développer. Elle est dotée d’un conseil

d’orientation accompagné de salariés permanents. Je succède à

Karl Delattre depuis mars 2015 pour une durée de 18 mois dans

le cadre d’une présidence alternée.

Il existe 11 groupes professionnels (immobilier d’entreprise et

commercial, économie de la construction, juristes, évaluation,

développement durable, résolution des litiges, direction de

l’immobilier et des services, urbanisme et promotion, immobilier

résidentiel, conseil en immobilier et recherche immobilière)

et 3 régionaux (Groupe Rhône-Alpes, Groupe Méditerranée et

Groupe Atlantique). En fonction de leurs métiers et de leurs

centres d’intérêts, les membres participent à un ou plusieurs

groupes dans le but d’échanger, de partager les bonnes

pratiques et de réfléchir sur les thématiques du secteur et son

interaction avec les autres composantes de l’économie.

E&C / Sur quels dossiers travaille la RICS en France ?

CDA / Parmi nos priorités, il y a l’accompagnement de l’accréditation

des experts immobiliers (évaluation de biens) mise en place en

2013 et rendue obligatoire cette année. Cette Valuer Registration

passe par un cursus de formation spécial et s’accompagne d’un

audit interne régulier (monitoring). En plus de l’accréditation VR,

RICS France encourage le partage de bonnes pratiques à travers

les différentes formations proposées aux membres.

Elle promeut également l’adoption et la généralisation des

standards internationaux avec un respect des spécificités locales.

Ainsi elle a publié plusieurs guides conformes aux standards

internationaux pour chacune des disciplines du secteur comme le

Red Book qui s’adresse aux experts immobiliers, RICS Real Estate

Agency & Brokerage Standards destiné aux agences ou encore

le Standard Real Estate Management pour la gestion immobilière

Les derniers standards adoptés sont l’International Property

Measurement Standards (IPMS), norme de mesurage des

surfaces, et la RICS est un membre fondateur de la coalition qui

a développé l’IPMS.

E&C / Utiliser la même méthode de mesure d’une surface

intéresse également l’Union nationale des économistes

de la construction, avec laquelle vous travaillez en

partenariat.

CDA / L’Untec, l’ordre des géomètres experts et RICS France

font partie du groupe de travail qui traduit l’IPMS en français

et rédige les annexes spécifiques à la France. Cette norme

sera déclinée par typologie d’actifs - immobilier d’entreprise,

logement, etc. - car chacune prend en compte des surfaces

différentes. Ce travail s’accompagne d’une mise en pratique du

standard dans des entreprises afin de le confronter au terrain. Il

faudra ensuite le faire adopter par les sociétés membres de la

RICS. C’est une tâche de longue haleine que nous menons avec

l’Untec et l’Ordre des géomètres experts.

E&C / Quels sont les dossiers à venir de la RICS en

France ?

CDA / Nous souhaitons aussi être mieux connus des autorités

publiques pour faire le lien entre le secteur public et le secteur

privé sur des sujets comme l’éthique, la déontologie ou encore

les bonnes pratiques. Nous nous devons d’accompagner la

mutation des métiers et l’innovation qui est d’ailleurs le thème

de notre colloque du 25 novembre. Les échanges entre

membres font évoluer les métiers.

Par ailleurs, Paris aura l’occasion d’accueillir en novembre

prochain la session d’automne du Governing Council qui est

l’instance suprême de l’organisation. Son rôle est la formulation

d’une vision stratégique pour la RICS.

E&C / Avez-vous d’autres sujets à traiter avec l’Untec ?

CDA / Nous souhaitons travailler avec l’Untec sur le BIM

(Bâtiment et informations modélisés) qui va révolutionner

l’approche de tous les professionnels du secteur au-delà

des métiers techniques. La RICS va contribuer à diffuser

le BIM dans les professions immobilières et encourager la

transprofessionnalité.

POUR ÊTRE MEMBER RICS (MRICS) OU FELLOW RICS (FRICS),

IL FAUT AVOIR SUIVI UN PARCOURS SELON SON EXPÉRIENCE

ET SA FORMATION. CHAQUE CHARTERED SURVEYOR S’ENGAGE

À CONTINUER DE SE FORMER AU MOINS VINGT HEURES PAR AN

ET À RESPECTER UN CODE DÉONTOLOGIQUE QUI VISE

À PROTÉGER LES CLIENTS COMME LES CONSOMMATEURS.

L’ACCRÉDITATION DE PROFESSIONNELS DE L’AMÉNAGEMENT,

DE LA CONSTRUCTION ET DE L’IMMOBILIER PAR

LA RICS GARANTIT UN HAUT NIVEAU DE COMPÉTENCES .

38 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

EN vue

Page 41: E&C n°172
Page 42: E&C n°172

40 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

Page 43: E&C n°172

O c t o i b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 41

territoires

LE 1ER JANVIER 2015 EST NÉE MÉTROPOLE ROUEN

NORMANDIE, ISSUE DE LA COMMUNAUTÉ

D’AGGLOMÉRATION (LA CREA) MISE EN PLACE EN

2010 ET QUI RASSEMBLAIT, À FIN 2014, QUELQUES

494 380 HABITANTS. LES 71 COMMUNES DE LA

MÉTROPOLE AFFICHENT AUJOURD’HUI UNE MÊME

AMBITION ET PARTAGENT UN MÊME PROJET,

À SAVOIR CONSOLIDER L’ATTRACTIVITÉ ET

LE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE, EN LUI

CONSERVANT SA SINGULARITÉ, EN JOUANT

DE SES ATOUTS ET EN AFFIRMANT SA VOCATION

DE “LOCOMOTIVE” DE LA FUTURE GRANDE

NORMANDIE.

DURANT PRÈS DE 150 ANS, L’INDUSTRIE A

FAÇONNÉ LE PAYSAGE DE L’AGGLOMÉRATION

ROUENNAISE. AUJOURD’HUI, IL S’AGIT D’ÉVOLUER

SANS TOURNER LE DOS À CE PASSÉ : DE GRANDS

CHANTIERS DE RÉAMÉNAGEMENT DES USINES ET

DES PORTS EN FRICHE SONT PENSÉS DANS

L’OBJECTIF DE CRÉER DE NOUVEAUX ESPACES

DÉDIÉS AUX ENTREPRISES, AUX HABITATIONS,

AUX ÉQUIPEMENTS DE LOISIRS ET AUX ESPACES

VERTS. L’INDUSTRIE RESTE PRÉSENTE,

MAIS L’ACCENT EST MIS SUR L’INNOVATION, ET LA

DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE EST RECHERCHÉE.

PRÉSERVER L’ÉQUILIBRE ENTRE NATURE ET

URBANITÉ ET ASSURER UN LIEN FORT ENTRE

LES DIFFÉRENTES COMMUNES, DEVELOPPER

UNE INDUSTRIE DE POINTE ET PARIER SUR

L’INNOVATION POUR CRÉER DES EMPLOIS…

COMMENT LA MÉTROPOLE ACCOMPAGNE-T-ELLE

ET IMPULSE-T’ELLE CES CHANGEMENTS ? ZOOM

SUR UNE TOUTE NOUVELLE MÉTROPOLE QUI

NOURRIT DE GRANDES AMBITIONS.

MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE, UN TERRITOIRE EN MOUVEMENT

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É&C / Quels sont les changements induits par le

passage en Métropole en janvier 2015 ?

F S / Le point le plus fort est le changement de dimension

qui nous permet de rentrer dans la strate assez fermée des

14 Métropoles françaises. Depuis 2010, nous avons rassemblé

nos territoires pour construire une communauté de destin pour

près de 500 000 habitants. Cela nous fait aujourd’hui Métropole.

C’est un élément de fierté pour de nombreux habitants en

même temps que l’aboutissement d’une stratégie pour le

territoire. Techniquement, cela se traduit par le transfert de

nouvelles compétences, l’urbanisme, la voirie communale dès

2015, les routes départementales à partir du 1er janvier prochain,

la création d’un pôle muséal unique …

É&C / Quelle est votre vision de la métropole demain ?

F S / La Métropole Rouen Normandie sera un des territoires

français qui compte. Elle aura su se transformer, se projeter, se

ré-imaginer. Rouen accueille un bassin d’emploi puissant (le

5ème des emplois de la nouvelle région), de grands équipements

de rayonnement national, voire au-delà. Nous travaillons

aujourd’hui sur une recomposition urbaine d’envergure  :

un nouveau cœur de métropole va voir le jour au cours

des prochaines années, avec un centre historique rénové

pour le 30ème anniversaire de l’Armada en 2019, des quais

de Seine reconquis, de nouveaux quartiers qui étendront le

cœur métropolitain hors de son enveloppe historique dans le

cadre du projet Seine Cité, et ce avec une ambition culturelle

singulière. Cette dynamique métropolitaine, qui met l’accent sur

la qualité de vie et accompagne l’ensemble des communes de

notre agglomération, voit une éco-cité moderne et innovante

se dessiner sur les bords de Seine. La vision, l’ambition, c’est le

rang européen à 20 ans.

territoires

FREDERIC SANCHEZ PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE

ROUEN NORMANDIE

ENTRETIEN AVEC

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É&C / Sur quels grands projets s’appuie le développe-

ment de la Métropole Rouen Normandie ?

F S / Nous avons une grande histoire industrielle et portuaire  :

au 1er rang français pour l’exportation dans l’agro-alimentaire,

au 1er rang européen pour l’exportation de céréales, le port

maritime de Rouen est un port dynamique, allié à ceux du

Havre et de Paris au sein d’Haropa. C’est un atout considérable.

L’axe Seine, véritable corridor de développement reliant

Paris à l’estuaire, reste un axe de développement majeur

pour la Métropole de demain. Mais nous oeuvrons aussi à la

diversification économique pour devenir la capitale tertiaire du

Nord-Ouest de la France entre Lille et Rennes : les nouveaux

quartiers de Seine Cité formeront un pôle à la vocation affirmée

en matière de tertiaire et tertiaire supérieur. La Métropole, c’est

aussi le soutien à la création d’entreprises et à l’innovation, avec

l’un des premiers réseaux de pépinières et d’hôtels d’entreprise

en France. Enfin, la Métropole accompagne des grands projets

d’infrastructures, ainsi de la Ligne Nouvelle Paris Normandie.

La LNPN est une opportunité rare : nous serons encore mieux

reliés, à Paris et ses interconnexions, à la Normandie, et ce

projet représente pour nous un enjeu de dynamisation urbaine

extraordinaire avec la création d’une gare nouvelle en bord de

Seine et au cœur de la Métropole.

É&C / Comment la Métropole Rouen Normandie

s’insère-t-elle dans la vision d’une Région Normandie

unique ?

F S / Métropole en même temps que chef-lieu de la grande

Région, nous serons demain le 2ème investisseur public

normand derrière le Conseil Régional. Cela nous donne une

responsabilité qui dépasse les frontières strictes de notre bassin

de vie. Chacun souligne l’homogénéité de destin économique,

historique, culturel des villes et territoires de Normandie. Avec

les agglomérations de Caen et du Havre, j’ai le sentiment que

nous l’avons compris ; nous recherchons les convergences,

travaillons en bonne intelligence sur des enjeux communs de

développement : filière numérique, soutien à l’enseignement

supérieur et à la recherche, culture… La Métropole veut

être partenaire de l’ensemble des villes et agglomérations

normandes pour construire avec elles la Normandie de demain :

l’enjeu est exaltant.

POUR MOI, IL N’Y AURA PAS DE NORMANDIE FORTE SANS MÉTROPOLE FORTE. ”

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Situé au cœur de l’axe Seine, en rive gauche, le projet Seine

Sud présente clairement une vocation économique. Mais

il s’agit également de relever un pari fort, en conciliant le

développement économique, la reconquête des berges et la

valorisation des espaces naturels. Les quelques 500 hectares

de Seine Sud s’inscrivent en effet dans un contexte

géographique stratégique où se croisent le rail, le fleuve

et la route. Perçue comme complémentaire aux grands ports

maritimes de Rouen et du Havre et à d’autres plateformes proches,

la zone d’activités a vocation à participer au développement de la

Métropole en redynamisant le tissu industriel de la rive gauche. Elle

est d’ores et déjà le plus important projet de reconversion de

friches et de redynamisation économique sur le territoire

de la Métropole.

Les études ont duré de longues années, le site est complexe

en raison de la nature des sols, des droits de propriété,

de la pollution de terrains jadis industriels. Il a bénéficié

d’une «  approche environnementale de l’urbanisme  ».

L’aménagement entre désormais en phase concrète pour

deux premiers secteurs : la ZAC du Halage (16 hectares) et la

ZAC de la Sablonnière (25 hectares).

La ZAC du Halage sera dédiée aux activités logistiques et de

transport, pour des PME/PMI à vocation plutôt industrielles.

Les premiers travaux sont prévus pour 2017.

Le dossier du parc d’activités de la Sablonnnière, à Oissel

(montant prévisionnel de 10 M€ HT) est actuellement en

cours de constitution. La Sablonnière accueillera pour sa

part des PME-PMI dans le domaine mixte artisanal. Sur ce

site, 5  hectares d’une zone boisée inaccessible au public

aujourd’hui et en mauvais état seront remis en état. Ce site

servira de lien entre la zone d’activité et le reste de la ville. Les

premiers travaux sont prévus pour 2016.

Métropole Rouen Normandie passera deux traités de concession

avec une société publique locale (SPL) qui assurera l’aménage-

ment et la commercialisation de ces deux opérations.

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 45

territoires

MUTATIONS EN VUE

LES PROJETS DE L’ÉCO-QUARTIER FLAUBERT, AVEC SES 90 HECTARES PARTAGÉS

ENTRE LES COMMUNES DE ROUEN ET DE PETIT-QUEVILLY, ET SEINE SUD, AVEC SON

SECTEUR ÉCONOMIQUE, DONT LE PROJET DE PLATEFORME MULTIMODALE, ÉTENDU

SUR 800 HECTARES ENTRE LES COMMUNES D’OISSEL, SAINT-ÉTIENNE-DU-ROUVRAY,

SOTTEVILLE-LÈS-ROUEN ET AMFREVILLE-LA-MIVOIE, CONSTITUENT DES PROJETS

MAJEURS ET EMBLÉMATIQUES DE LA NOUVELLE MÉTROPOLE. PENSÉS IL Y A UNE

QUINZAINE D’ANNÉES, LES PROJETS COMMENCENT AUJOURD’HUI PEU À PEU À SE

CONCRÉTISER.

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DEUX PROJETS EMBLÉMATIQUES

SEINE SUD, UNE OPÉRATION ÉCONOMIQUE MAJEURE POUR CES PROCHAINES ANNÉES

ÉCO-QUARTIER FLAUBERT, POUR UNE VILLE DURABLE, POUR TOUS

À 10 minutes à pied de l’hyper centre rouennais, l’éco-quartier

Flaubert est un des piliers d’un projet plus vaste, Seine Cité,

qui rassemblera à terme l’écoquartier Lucilline (livraison

en cours) et le futur écoquartier, dont un centre d’affaires

autour de la nouvelle gare. L’écoquartier Flaubert se situe

pour sa part à l’interface de différents enjeux urbains, à

N338

Seine

ROUEN

PROJET SEINE SUD

ÉCO-QUARTIER FLAUBERT

Page 48: E&C n°172

territoires

FOCUSAU CŒUR DE L’ÉCOQUARTIER, LE NOUVEAU SIÈGE DE LA MÉTROPOLE

Le siège de la Métropole se construit sur le site du hangar 108,

lui-même démoli en janvier 2015. Il recyle ainsi du foncier déjà

urbanisé et s’inscrit dans une logique de « faire la ville sur la ville ».

Conçu par Jacques Ferrier, le bâtiment se veut à la fois un

geste architectural et technique, visant même l’exemplarité

environnementale : il devrait atteindre 2 labels européens

de référence, les labels PassivHaus (limitation des besoins de

chauffage et d’électricité) et Bepos (bâtiment à énergie positive,

produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme). Une double

peau constituée de 2 000 m2 de panneaux photovoltaïques lui

procurera ainsi une partie de son électricité et jouera avec les

reflets du ciel et de la Seine toute proche. Débutés le 3 juillet

dernier, les travaux devraient durer environ 22 mois, pour

une livraison en 2017. Le coût total du chantier a été estimé à

25  M  €  HT. Regrouper les services de la Métropole au sein d’un

même bâtiment, alors même qu’ils sont aujourd’hui éparpillés sur

4 sites, permettra selon la Métropole de réaliser une économie

de 260 000 euros par an en coût de fonctionnement, et donc

d’amortir le coût du projet sur 20 ans .

46 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

la limite du port et de la ville, en bord de Seine. Un de ses

objectifs est l’intégration de contraintes fortes (voies

rapides). L’ensemble des opérations du projet s’inscrit sur

90 hectares, une surface équivalente à celle du centre

historique de Rouen. L’enjeu consiste à faire de cet ancien

site industriel et portuaire un quartier multi fonctionnel, qui

accueillera à terme 15 000 usagers. Créer des logements,

des commerces, des équipements, des bureaux et locaux

d’activité, dans un environnement paysager de qualité,

ouvert sur le fleuve, en favorisant les mobilités douces, et

«  adoucir  » cet environnement marqué aujourd’hui par les

interférences avec les infrastructures portuaires, ferroviaires

et routières : l’enjeu est de taille.

Actuellement « terrain » en friche, le choix des premières

réalisations, à savoir le jardin de la Presqu’île et les bords de

Seine, dont les 15 premiers hectares réaménagés ont été

livrés au printemps 2013, et le 106, Scène des musiques

actuelles, livré dès 2010, a rendu le secteur attractif et facilite

l’appropriation de ce nouveau quartier.

La voie de raccordement au pont Flaubert et la voie rapide

sud 3, présents sur le site, doivent être restructurées, un

projet porté par l’État en tant que maître d’ouvrage. Pour

offrir une meilleure qualité de vie aux résidents et usagers du

futur quartier, les flux traversant de véhicules seront limités.

Repères

PREMIERS TRAVAUX

2016 Travaux préparatoires et réseaux des premières voiries, réseaux T4.

2017-2018 Premières voiries de l’écoquartier et T4.

2019 1ères réalisation (1er secteur de 40 000 m²).

La composition de l’équipe de maîtrise d’œuvre de l’écoquartier Flaubert Atelier Osty / Attica / Egis / Burgeap.

Part du logement : 45 %

Part des locaux d’activité (principalement du tertiaire) : 55%

Sur une vingtaine d’années, le budget prévisionnel de cette opération est de 220 M€ HT.

La qualité de l’espace public et les aménagement favoriseront

les déplacements piétons ou à vélo ; deux lignes de transport en

commun en site propre seront mis en place : le T4 devrait ainsi être

mis en service en 2018, ce qui correspondra à l’arrivée des premiers

usagers des bureaux et logements, et une nouvelle ligne de transport en

commun en site propre Est-Ouest, rive gauche, desservira à terme les 3

opérations phares de Seine Cité que sont : rive gauche les écoquartiers

de la nouvelle gare et Flaubert et rive droite l’écoquartier Luciline. La

création d’une trame verte (bosquet, jardins pédagogiques) et d’une

trame bleue (canal) mettra en valeur les différents écosystèmes avec

pédagogie. 

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© Métropole Rouen Normandie

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L’INNOVATION EN LIGNE DE MIRE

L’ACCOMPAGNEMENT DES FILIÈRES INNOVANTES

CONSTITUE UN DES AXES PRIORITAIRES

DE LA MÉTROPOLE. POUR ATTIRER LES

ENTREPRISES INNOVANTES ET FAVORISER LEUR

DÉVELOPPEMENT, LA METROPOLE PEUT METTRE

EN AVANT UNE OFFRE DE QUALITÉ EN MATIÈRE

DE PARCS D’ACTIVITÉS, AVEC NOTAMMENT

TROIS PARC DÉDIÉS AUX FILIÈRES INNOVANTES, LE TECHNOPÔLE DU

MADRILLET POUR LES ECOTECHNOLOGIES, SEINE INNOPOLIS POUR LE

NUMÉRIQUE ET L’ESPACE SEINE BIOPOLIS, EN PROXIMITÉ DU CHU, POUR

LA BIOTECHNOLOGIE.

ZOOM SUR SEINE ÉCOPOLIS, UN PIVOT POUR L’ÉCONOMIE DE L’ÉCOCONSTRUCTIONSur la technopôle du Madrillet sont regroupés des entreprises, des

laboratoires de recherche, la faculté de sciences et des écoles d’ingénieurs

(ESIGELEC, INSA, lycée le Corbusier qui forme aux métiers du bâtiment).

C’est sur ce technopôle dédié aux éco-technologies qu’un pôle a également

été dédié à l’écoconstruction dans le but de faciliter le développement

des compétences des entreprises dans ce domaine. La première partie

de ce pôle est une pépinière/hôtel d’entreprises nommée Seine Écopolis,

bâtiment exemplaire en matière de développement durable et qui se veut

une vitrine de l’excellence environnementale. Ouvert en mars 2014, le

bâtiment de 1 500 m² accueille aujourd’hui 27 entreprises dont 14 en hôtels

et 13 en pépinières. Architectes, maîtres d’œuvre, bureaux d’étude en VRD et

environnement, entreprises spécialisées en murs végétaux, en menuiserie

ou en isolation, artisans, partagent ainsi l’espace. Ce réseau fait partie des

premiers réseaux français dédiés à l’écoconstruction par rapport

au nombre d’entreprises et d’emplois créés. Aujourd’hui, un peu plus d’un

an après son ouverture, 80% du bâtiment est occupé. L’hôtel est complet

mais le bâtiment peut encore recevoir 3 ou 4 créations d’entreprises. Un

certain nombre d’évènements s’y déroulent régulièrement et notamment

des conférences dans le but d’aider les entreprises à développer leurs

compétences et à promouvoir l’écoconstruction.

CHIFFRE CLÉAujourd’hui, les pépinières de la Métropole accueillent

165 entreprises

et près de

700 emplois.

13 350 m² de terrain

100 places de stationnement

1 500 m² de surface utile comprenant des espaces communs, d’accueil et de gestion

39 bureaux de 15 m²

11 ateliers / 4 surfaces : 30, 45, 60 et 90 m²

1 matériauthèque de 90 m²

Description du site

FOCUSNORMANDY FRENCH TECH (NFT), PLUS QU’UN LABEL, UN ÉTAT D’ESPRIT !

Unies, les agglomérations de Le Havre, Caen et Métropole Rouen Normandie ont présenté en 2015 leur candidature

commune au label French Tech. Label obtenu en juin 2015 ! Et avec lui donc la reconnaissance d’un écosystème de

startups dynamiques et matures, dans une région qui compte quelques 1 235 entreprises dans le numérique et près de

11 000 emplois (chiffres CCI Normandie – 2013). Bâtiment totem de la NFT, la pépinière et hôtel d’entreprise Seine Innopolis

fédère deux ans après sa création 61 entreprises et 300 emplois.

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LES ÉCONOMISTES DE LA RÉGION UNTEC NORMANDIE

Logements à énergie positive à “la presqu’île” à Malaunay Construction de 40 logements BEPOS

Bâtiment primé par l’ADEME

Maître d’ouvrage : LOGEAL Immobilière

Architecte mandataire : En Act Architecture

Economiste : Auvray Dubaillay

Mission de l’économiste : ECO/ FLUIDES

Surface SHON : 3 179 m²

Montant des travaux : 6 700 000 € HT

Stade d’avancement de l’opération : Livraison réalisée fin mai 2015

École de musique et de danse à Saint-Aubin-les-Elbeuf Construction d’une école de musique et de danse comprenant :- un bâtiment neuf (R+1) - un parc de stationnement extérieur - l’aménagement des abords immédiats du

projet

Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie

Économiste : ICEGEM

Mission : Fluides/HQE/VRD/OPC

Surface SHON : 2 100 m²

Équipe : Architecte Mandataire - HESTERS OYON, Acoustique - STANISLAS GANDON, Structure – SICRE, Bureau de contrôle - DEKRA INSPECTION

Montant des travaux : 4,2 M € HT

Stade d’avancement de l’opération : En cours de travaux – livraison prévue fin 2015

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Construction d’un complexe sportif de 2 530 m2 d’emprise au sol (4 terrains de judo et une salle de force athlétique) et sur l’aménagement d’un parc de stationnement de 96 places (2 250 m2)

Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie

Architecte : l’Atelier Feret et Fréchon

BET Fluide : Tecnic-Consult

BET VRD : Composantes environnementales

Économiste : Reber SAS

Mission de l’économiste : Rédaction de notice descriptives au stade ESQ, APS, de CCTP pour l’ensemble des lots hors corps

d’état techniques pour les phases APD et DCE. Estimation et analyse des offres (ACT)

Montant des travaux : 4 500 000 € HT.

Économiste : Thomas Reber

Rôle de l’économiste : APS, APD, Consultation + suivi financier de l’opération dans la phase de chantier.

À noter : Lopération s’inscrit dans une démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE) sans certification avec des objectifs de basse consommation. Le bâtiment a été conçu pour réduire les consommations d’énergie de 20% par rapport à la norme actuelle.

Planning : Le chantier sera livré fin 2017

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économistes Untec

THOMAS REBER RÉBER SAS,

ÉLU EN JUIN 2015

PRÉSIDENT

Crêche à ClasvilleConstruction d’un CMA (Centre Multi Accueil) de la petite enfance

Maître d’ouvrage : Communauté de communes Cote d’Albatre

Architecte mandataire : En ActArchitecture

Composantes environnementales : 1er Centre Multi Accueil pour la petite enfance atteignant le niveau bâtiment passif du département de Seine-Maritime

Économiste : Arcaade

Mission de l’économiste : Rédaction de notice descriptives au stade ESQ, APS, de CCTP pour l’ensemble des lots hors corps d’état techniques pour les phases APD et DCE. Estimation et analyse des offres (ACT)

Surface SHON : 835 m²

Montant des travaux : 1 773 000 € HT

Stade d’avancement de l’opération : Livraison réalisée en janvier 2014

Construction d’un complexe sportif à Caudebec-Lès-Elbeuf

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territoires

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14 Calvados27 Eure50 Manche61 Orne76 Seine-Maritime

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innovation

lors que les derniers travaux du GIEC (1) confirment la nécessité

impérieuse de devoir abaisser d’au moins 3% par an, en moyenne, les

émissions mondiales des gaz à effet de serre pour avoir une chance

de limiter le réchauffement climatique, les résultats sont, à l’inverse et

en dépit des accords de Kyoto, sur une dangereuse trajectoire ascensionnelle :

accroissement continu, depuis 1990, de 2,5% par an, avec pour les seules

émissions de C02 une augmentation de 61% au niveau mondial durant les 25

dernières années.

L’UTILISATION DE L’HYDROGÈNE, COMME SOURCE D’ÉNERGIE DIRECTE OU POUR LE STOCKAGE PROVISOIRE DE L’ÉLECTRICITÉ EXCÉDENTAIRE, POURRAIT CONSTITUER UNE DES PRINCIPALES SOLUTIONS DE RUPTURE DANS LE CADRE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE.

L’HYDROGÈNE, TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ?

ÉNERGIE

A

LE PÉTROLE EST FINI, VIVE L’HYDROGÈNE ?

Paru en 2002, l’ouvrage de Jeremy Rifkin « L’économie hydrogène » expliquait qu’il existe une alternative au pétrole, bientôt manquant, une ressource énergétique inépuisable et « propre » : l’hydrogène, utilisé dans les piles à combustible déjà introduites sur le marché américain pour les usages domestiques et industriels, en cours de développement pour les voitures, bus, camions…Dans son dernier essai « Troisième révolution industrielle », il récidive : le déploiement des technologies de stockage, par le biais de l’hydrogène ou d’autres moyens, dans chaque bâtiment et dans toute l’infrastructure, pour emmagasiner et réguler la production de ces énergies intermittentes, constitue à ses yeux un des 5 piliers de la mise en place d’une économie durable.

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L’URGENCE DES SOLUTIONS VERTES

Face à cette spirale pour le moins

inquiétante, l’hydrogène pourrait jouer

un rôle prépondérant comme vecteur

d’énergie durable, ainsi que l’atteste

le rapport de l’Office parlementaire

d’évaluation des choix scientifiques et

technologiques (2). Son emploi, notamment

dans les véhicules à hydrogène et les piles

à combustible destinées aux bâtiments,

ne génère en effet absolument aucune

pollution. C’est ainsi qu’à Londres, un

immeuble de bureaux de 38 étages,

actuellement en construction, sera

prochainement chauffé, climatisé et

alimenté en électricité par le biais

d’une centrale à hydrogène, de 300  kW,

capable de produire simultanément de

l’électricité et de la chaleur. Autre exemple,

helvétique cette fois. À Lausanne, quatre

immeubles seront approvisionnés en

électricité et chaleur au moyen de piles

à combustible. Malheureusement, dans

ces types d’application, les piles sont

approvisionnées, le plus souvent, à partir

de sources extérieures ; l’hydrogène,

stocké et transporté dans des bonbonnes,

est produit par le biais de technologies

- vaporeformage, oxydation partielle pour

celles qui offrent les rendements les plus

élevés - non neutres au plan environ-

nemental, puisque basées sur l’utilisation

d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon).

Tout comme la plupart des procédés

industriels d’électrolyse qui emploient de

l’électricité d’origine nucléaire ou produite

principalement, là encore, via ces mêmes

sources fossiles fortement polluantes.

Mais plusieurs technologies de rupture,

en cours de développement, devraient

rapidement émerger et permettre de

produire un hydrogène «  propre », à

échelle industrielle.

MIEUX COMPRENDRE : LA PILE À COMBUSTIBLE

Une pile à combustible est constituée, comme toute pile, de deux électrodes : une anode et une cathode séparées par un électrolyte, autrement dit un matériau qui bloque le passage des électrons libres. L’anode est alimentée en hydrogène (H2), provenant d’un réservoir, tandis que la cathode est chargée en oxygène (O2) puisé dans l’air atmosphérique. Dans l’anode, les molécules d’H2 se dissocient en ions H+, qui diffusent dans l’électrolyte, et en électrons contraints de circuler dans un circuit externe, et qui génère ainsi un courant continu. En parvenant à la cathode, les ions H+ se combinent avec l’oxygène et les électrons, la réaction chimique provoquant la formation d’eau sous forme de vapeur, mais aussi de chaleur qui peut être, bien entendu, récupérée et valorisée. Une solution verte qui n’engendre aucune pollution sous réserve que l’électricité initiale provienne d’une source d’énergie renouvelable (éolien, solaire, micro centrale, biomasse). Extrait de http://www.rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/121030_-_DREAL_Hydrogene_-_Livret_de_promotion_cle149915-1.pdf

plaque distributrice

anodeélectrolyte polymère solide

cathode

O2 (air) H+

EMEH2O

électricité chaleur

H2

collecteur de courant+

-

innovation

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innovation

AUTONOMIE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS

La montée en puissance des énergies renouvelables

(photovoltaïque, éolien, biomasse, microcentrale)

devrait, par ailleurs, permettre de produire de l’hydrogène

susceptible d’être ensuite employé, de la même façon,

comme source de chauffage - seul ou combiné à d’autres

gaz comme le gaz naturel dans des applications de type

« Power to Gas » (3) - ou valorisé comme carburant dans

les futurs véhicules à hydrogène. Cet hydrogène pourrait

également servir de solution intermédiaire pour

résoudre le problème de surcapacités des installations

renouvelables qui fonctionnent de façon intermittente.

Dans cette dernière configuration, l’électricité en surplus

serait alors utilisée pour produire de l’hydrogène qui

pourrait ensuite être stocké et servir, à son tour, afin de

générer de l’électricité, en fonction des besoins, via une

pile à combustible.

Une solution qui, en dépit d’un certain retard à l’allumage

hexagonal, commence à susciter l’intérêt des instances

politiques nationales : un département comme la Manche

qui, avec le réacteur de Flamanville et les fermes éoliennes

off-shore, va se retrouver excédentaire, s’intéresse à ce

type d’application. Les bâtiments isolés (refuges) et les

structures (antenne relais) non connectées au réseau

d’alimentation électrique pourraient également bénéficier

de cette solution, à même de leur garantir une autonomie

de fonctionnement complète. Mais, et même si la Russie

semble déjà développer un programme hydrogène qui

lui permettrait d’effacer à terme son réseau de lignes

électriques – en éliminant au passage tous les problèmes

de déperditions - c’est dans les régions insulaires que

l’hydrogène est en train de s’imposer, l’émergence, là

encore, de technologies de rupture permettant la production

locale ainsi que le stockage à grande échelle.

É&C / Dans quelles circonstances avez-vous été amené à

vous intéresser aux applications de l’hydrogène ?

TB / Suite à la demande de la région Guadeloupe, et plus

particulièrement du Sy.MEG (Syndicat Mixte d’électricité de

la Guadeloupe), dans le cadre d’une étude portant sur les

problèmes énergétiques. Comme la plupart des territoires

insulaires, la Guadeloupe produit et consomme son électricité

localement. Les énergies fossiles, charbon et fuel, qui étaient

jusqu’alors importées pour assurer cette production, sont

progressivement supplantées par les énergies renouvelables,

de type éolien et solaire. Mais les programmes ont atteint

leurs limites, la production, notamment photovoltaïque, étant

devenue trop importante. Devant ce constat, le problème du

stockage nous est apparu comme une évidence, le maillon

manquant pour mettre en adéquation l’offre et la demande.

É&C / Un domaine assez éloigné de l’économie de la

construction ?

TB / Pas du tout. Notre métier ne concerne pas uniquement le

béton armé, les briques et les toitures ! Lorsque nous étudions

l’implantation d’une station service en hydrogène, il faut, par

exemple, chiffrer le coût de connexion des modules au champ

photovoltaïque, et toutes les problématiques qui ont trait aux

performances énergétiques d’un bâtiment relèvent encore et

toujours de l’économie de la construction.

É&C / Quelles ont été les préconisations principales de votre

rapport ?

TB / Créer un réseau de distribution autonome, afin de pouvoir

alimenter les futurs véhicules électriques, tramway et flottes

captives dans un premier temps, et, parallèlement, développer

l’implantation de piles à combustible afin de lisser la production

électrique et pouvoir ainsi redistribuer l’électricité durant les

phases creuses du photovoltaïque, principalement la nuit..

THIERRY BIGOTPRÉSIDENT D’EAUPALE CONSULTING,

ECONOMISTE

DE LA CONSTRUCTION

ENTRETIEN AVEC

(1) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

(2) www.assemblee-nationale.fr/14/cr-oecst/rapport-hydrogene.pdf

(3) Par exemple le projet GRHYD, à Dunkerque, dont l’objectif est, en explorant la possibilité d’injecter de l’hydrogène dans les réseaux de gaz naturel, d’en évaluer la pertinence technique, économique et environnementale.

Page 58: E&C n°172

LES BÂTIMENTS SONT AUSSI CONCERNÉS

Dans le cadre du programme des Investissements d’Avenir

mis en oeuvre par l’ADEME, le projet GRHYD2, issu de l’AMI

Hydrogène et piles à combustible, s’intéresse à la valorisation du

mélange hydrogène et gaz naturel pour des usages intégrés au

logement (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson). L’intérêt

est de transformer en hydrogène de l’électricité issue d’énergies

renouvelables localement et produite en dehors des pointes de

consommation. Cette recherche permettra ainsi d’apporter au

système énergétique une solution de flexibilité couplant l’électricité

et le gaz naturel à travers la production d’hydrogène, et de maximiser

la part d’énergies renouvelables intégrées dans la consommation

d’énergie française.

GRHYD, CHRONOS, EPILOG, ainsi que le projet européen ENE.

FIELD3 témoignent de l’émergence des filières hydrogène et piles

à combustible pour ce secteur. Cela est d’ailleurs à mettre en

perspective des 40 000 piles déjà installées dans des bâtiments au

Japon.

PRODUIRE ET CONSOMMER LOCAL

C’est notamment le cas de la solution innovante

proposée par la société française McPhy Energy, celle-ci

ayant mis au point un système de stockage de l’hydrogène

sous forme solide (composites et pastilles hydrures). Le

procédé, qui repose sur l’utilisation de nanoparticules

d’hydrates de magnésium, permettrait de concevoir des

équipements quatre fois plus compacts que des batteries

conventionnelles, tout en offrant des puissances distribuées

de 1 à 50 kW et une durée de vie supérieure à 15 ans. Ce

phénomène de développement conjoint des véhicules

à hydrogène et des piles à combustibles destinées

aux bâtiments, laisserait donc augurer, dans un avenir

proche, l’émergence d’un réseau de production/

consommation/distribution local et transversal qui

pourrait bien bouleverser les conceptions actuelles.

D’autant plus que ce schéma futuriste serait organisé à partir

de réseaux intelligents (Smart grids) intégrant les nouvelles

technologies de l’information et de la communication.

LA LOI SUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

La loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, promulguée le 17 août 2015, sera-t-elle un levier pour la filière hydrogène ? Elle contient en tout cas certaines dispositions qui le laissent à penser, notamment la volonté de travailler sur un plan de développement du stockage des énergies renouvelables par hydrogène décarboné. L’hydrogène est ici mis en avant pour sa fonction stockage, l’accent étant mis sur le développement de flotte de véhicules « propres », avec la volonté de valoriser les débouchés de ce nouveau vecteur d’énergie.

56 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

innovation

Page 59: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 57

Page 60: E&C n°172

58 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

Page 61: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 59

le coin des économistes

PROFIL DES NOUVEAUX MEMBRES DE L’UNTEC (2012-2014)

ENQUÊTE

LES ADHÉRENTS

Pour bien connaître ses adhérents, leur activité, les tendances de l’économie de la construction, les constantes et les évolutions, l’Untec réalise depuis deux ans une cartographie annuelle de ses adhérents (la cartographie 2015 a d’ailleurs fait l’objet d’un article dans le précédent numéro d’Economie&Construction). Les résultats concernant les profils des nouveaux membres de l’Untec ont été établis à partir des informations extraites des dossiers d’inscription, sur la période 2012-2014. A noter que les membres participatif enseignants ne sont pas pris en compte et que le panel n’intègre pas les personnes ayant démissionné (ou radiées a posteriori).

Untec, unique organisation professionnelle des économistes de

la construction, se donne pour mission de promouvoir la profession,

d’accompagner les évolutions techniques et réglementaires du métier et

d’accueillir les économistes de la construction dans un esprit confraternel,

en leur offrant différents services (formations, ressources documentaires, conseils

personnalisés) et également la force d’une communauté de professionnels avec

lesquels échanger, partager ses réflexions et ses expériences. Chaque année,

l’Untec accueille une trentaine de nouveaux adhérents, signe de la reconnaissance

de l’organisation par ses pairs et de la qualité de l’action menée, dans un contexte

économique difficile.

L’UNTEC COMPTABILISE 2 300 ÉCONOMISTES DE LA CONSTRUCTION, SOIT PLUS DE LA MOITIÉ DES EFFECTIFS NATIONAUX, ÉVALUÉS À ENVIRON 4 400 PROFESSIONNELS (POUR 2 000 STRUCTURES D’ÉCONOMIE DE LA CONSTRUCTION RECENSÉES). CHAQUE ANNÉE, L’UNTEC ACCUEILLE DE NOUVEAUX ADHÉRENTS, ÉCONOMISTES DE LA CONSTRUCTION QUI CHOISISSENT DE RALLIER L’ORGANISATION : QUI SONT-ILS, QUEL EST LEUR PROFIL ?

L’

Page 62: E&C n°172

ZOOM SUR SUR LES NOUVEAUX ADHÉRENTS

le coin des économistes

60 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

LORS DE LEUR ADHÉSION, LES NOUVEAUX MEMBRES

REMPLISSENT DES DOSSIERS D’INSCRIPTION.

LES INFORMATIONS QUI SONT PRÉSENTÉES CI-DESSOUS

SONT EXTRAITES DE CES DOSSIERS, POUR LES ANNÉES 2012,

2013 ET 2014, CE QUI REPRÉSENTE UN PANEL

DE 29 PERSONNES (EN 2012), 26 PERSONNES (EN 2013)

ET 28 PERSONNES EN 2014. LE NOMBRE D’INSCRIPTIONS

PAR ANNÉE EST PLUS ÉLEVÉ, MAIS N’ONT PAS ÉTÉ INTÉGRÉS

AUX PANELS LES INSCRIPTIONS EN TANT QUE MEMBRES

PARTICIPATIFS ET LES ADHÉRENTS SORTIS EN COURS

D’ANNÉE (DÉMISSION, CESSATION D’ACTIVITÉ, RADIATION).

QUI SONT LES NOUVEAUX ADHÉRENTS ?

ÂGE MOYEN LORS DE L’ADHÉSION : 41 ANS

Ce chiffre s’inscrit en cohérence avec les chiffres relevés

concernant la moyenne d’âge des économistes au sein de

l’Untec (51 ans) et s’explique aisément : pour devenir membre

actif de l’Untec, il faut être à son compte, or cette prise

d’indépendance s’effectue rarement avant une expérience

professionnelle préalable. En moyenne, l’économiste s’établit à

son compte entre 30 et 45 ans, comme le relevait la cartographie

2015 (voir Économie & Construction N° 171)

HOMME/FEMME : UN ÉCART QUI NE SE CREUSE PAS… MAIS NE S’ATTÉNUE PAS

Pas de surprise : le nombre de femmes nouvelles adhérentes

est bien inférieur à celui des hommes. Ce qui est représentatif

du secteur dans son ensemble et, au-delà de l’économie de

la construction, du monde de la construction. Il faudra sans

doute attendre encore plusieurs années avant un éventuel

rééquilibrage. Pour l’Untec, les consœurs sont les bienvenues,

en attestent l’intégration au sein du nouveau bureau national de

Céline Pintat et Estelle Duclos.

UN GRAND NOMBRE DE PROFESSIONNELS QUALIFIÉS

En 2013 et 2014, les nouveaux adhérents sont, à près de 40 %

lors de leur adhésion (42 % d’entre eux en 2013 et 38 % en

2014), déjà détenteurs d’une qualification. La seule qualification

mentionnée à l’adhésion pour les trois années prises en compte

est celle de l’OPQTECC, premier organisme de qualification

professionnelle dédié aux économistes de la construction et

aux programmistes.

UNE VARIÉTÉ DE CURSUS Du BTS au master ou équivalent Bac + 5, tous les cursus sont

représentés, avec quelques constantes :

• une majorité des nouveaux adhérents est titulaire d’un BTS

ou équivalent BAC +2 (plus de 30 % des nouveaux adhérents

en 2012, 2013 et 2014, avec un pic en 2013 de 47 % des

adhérents),

• le nombre de nouveaux adhérents titulaires d’un master ou

équivalent bac + 5 a cru en 2013 et représente désormais

le second niveau d’étude le plus représenté (après le BTS ou

équivalent bac + 2).

À noter que l’étude ne permet pas de déterminer si ces diplômes

ont été obtenus dans le cadre de la formation initiale ou d’une

VAE, ou encore d’une reconversion.

70

60

50

40

30

20

10

02014

7 %

29 % 32 %25 %

7 %

RÉPARTITION DES NOUVEAUX MEMBRES PAR TRANCHES D’ÂGE AU MOMENT DE L’ADHÉSION

20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans

30

25

20

15

10

5

0

2012 2013 2014

86 %

25

81 %

2182 %

23

14 %

4

19 %

5

18 %

5

RÉPARTITION DES NOUVEAUX MEMBRES PAR ANNÉES ET PAR SEXE.

Hommes Femmes

Page 63: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 61

ANCIENNETÉ DE LA STRUCTURE À LA DATE DE L’ADHÉSION

L’ancienneté moyenne d’une structure adhérente (au vu des

résultats sur les trois dernières années) est de 10 ans. A noter

qu’une majorité de structures adhérentes ont de 1 à 5 ans

d’existence, ce qui atteste d’une prise de conscience assez

rapide du besoin de se rapprocher de ses pairs, et de la nécessité

de ne pas rester seuls lorsqu’on se lance. Mais il n’est jamais trop

tard : 12% des nouvelles structures adhérentes ont plus de 30

ans, ce qui peut aussi s’expliquer par un développement de la

société, le changement de direction, une reprise…

UN GRAND NOMBRE DE CRÉATIONS Pour 55%, les sociétés des nouveaux adhérents sont des créations

d’entreprises, soit plus de la moitié des nouvelles adhésions.

QUI PEUT DEVENIR MEMBRE ACTIF DE L’UNTEC ?

Tout Économiste de la construction :• qui dispose d’un pouvoir complet de direction de l’entité par laquelle il exerce son activité et qui est

personnellement responsable de cette entité ; • de nationalité française quel que soit son lieu d’exercice ou de nationalité étrangère exerçant principalement en

France.À noter que la procédure d’admission diffère selon que l’entité a pour objet exclusif l’économie de la construction ou pour objet notamment l’économie de la construction.Retrouvez les modalités sur le site de l’Untec

Ancienneté de la structure à

l’adhésion, sur la période

2012-2014.

41 %

16 %

15 %

10 %

10 %8 %

Création d’entreprise :

55 %

Reprise : 17 %

40

35

30

25

20

15

10

5

02014

50 %

7 %5 % 4 %

8 %

15,4 %

RÉPARTITION MOYENNE DU CA DES NOUVELLES SOCIÉTÉS PAR ACTIVITÉS ET PAR AN EN 2014

Ingénierie économique et financière Métrés et vérifications OPC AMO Maîtise d’œuvre Assistance à l’entreprise

ZOOM (SUITE)

PROFIL DES NOUVELLES STRUCTURES

TYPE DE MISSIONS L’ingénierie économique et financière représente une bonne

moitié du CA des nouvelles structures sur la période 2012-14

et les métrés et vérifications 18 % sur cette même période.

Mais preuve s’il en est que l’économiste devient de plus en

plus « multi-tâche », ne sont pas exclus l’OPC, l’AMO, la maîtrise

d’oeuvre ainsi que le management de projet.

1 à 5 ans

6 à 10 ans

11 à 20 ans

21 à 30 ans

Plus de 30 ans

Moins d’un an

Page 64: E&C n°172

62 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

Page 65: E&C n°172

O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 63

le coin des économistes

BENOÎT MARCHEVICE-PRÉSIDENT

COMMUNICATION

(CABINET BET MARCHE,

MÉDITERRANÉE)

TROIS QUESTIONS À

E&C / Que peuvent trouver les nouveaux adhérents au

sein de l’Untec ?

BM / La force d’une organisation, aujourd’hui seul syndicat

représentatif des économistes, une organisation qui plus est

reconnue, dynamique, sollicitée par les acteurs de la construction

et les instances dans le cadre de groupe de travail. Ainsi que,

de manière pratique, un ensemble de services, d’informations,

de formations. Et sans oublier un point très important, dans un

métier où on travaille en indépendant : la possibilité de rejoindre

une communauté de professionnels, pour échanger, créer des

synergies, travailler en commun sur des dossiers, en s’appuyant

sur l’expertise, l’expérience de confrères adhérents.

E&C / Comment l’Untec organise l’accueil de ces

nouveaux adhérents ?

BM / Depuis deux ans, nous organisons des sessions d’accueil,

environ 3 par an ; la prochaine aura d’ailleurs lieu en décembre.

L’objectif est de mieux connaître nos nouveaux adhérents, leurs

attentes, de leur présenter tout ce que l’Untec peut mettre à

leur disposition, et ce dans un esprit convivial. Nous souhaitons

même aller plus loin, en prolongeant cet accueil en région par le

parrainage : la réflexion est lancée.

E&C / Quels sont vos objectifs en matière de nouvelles

adhésions ?

BM / Chaque année, nous enregistrons plus d’une trentaine

d’adhésions (en comptant aussi les membres participatifs et

enseignants). L’objectif est de plus que doubler ce nombre, en

faisant mieux connaitre l’Untec d’une part aux économistes

déjà installés depuis 10, 20 ans, et qui n’ont pas encore fait la

démarche, et en accueillant d’autre part les jeunes économistes

en devenir par la création d’un « passeport jeune » destiné à faire

connaître notre Union plus largement.

RAPPEL DE QUELQUES RÉSULTATS CONCERNANT LA CARTOGRAPHIE (CONCERNANT DONC L’ENSEMBLE DES MEMBRES DE L’UNTEC)

Sociétés (SARL ou autres)

Profession libérale

Forme juridique de votre cabinet

73 %

27 %

Marché public

Marché privé

Répartition du CA global des

membres 52 %

48 %

391 K€ en moyenne

52 % Marché public versus Marché privé

48 %

4 en moyenne

73 % en SARL,

27 % en libéral

Effectifs

Chiffre d’affaire

Page 66: E&C n°172

le coin des économistes

64 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2

MANIFESTATION

D’INTÉRÊT

DEMANDE

D’ADHÉSION

EXAMEN DE VOTRE CANDIDATURE

ET DÉCISION

FINALISATION DE VOTRE

ADHÉSION

1 Vous signalez

votre intérêt pour

l’Untec.

Vous nous

retournez

le dossier

« Demande

d’adhésion »

correspondant

à votre situation

(Actif, Participatif).

Veillez à joindre

à ce dossier

toutes les pièces

demandées.

Les responsables

de la Région Untec

vous contactent

puis émettent

un avis sur votre

candidature.

Pour les

enseignants,

la décision

d’admission

appartient à la

Région.

L’Untec vous en informe par courrier,

avec le calcul au prorata temporis

de votre cotisation pour l’année en

cours.

Les responsables de votre Région

Untec reçoivent copie de ce dossier.

2 L’Untec vous

adresse un dossier

L’Untec vérifie

la conformité

de votre

candidature et

de votre dossier.

Si l’avis de la

Région Untec

est favorable, le

Bureau Exécutif

entérine votre

admission.

Cas particuliers

(entité n’ayant pas

pour objet exclusif

l’économie de la

construction) ou

dérogations : le

Secrétaire Général

présente votre

dossier au Conseil

d’Administration

qui décide.

Vous réglez votre cotisation.

Vous êtes désormais membre de

l’Untec.

L’Untec vous adresse vos codes

d’accès à l’Espace membre du

site internet et une documentation

fondamentale.

Les responsables de votre Région

Untec en sont informés.

3 L’Untec transmet

votre dossier

conforme aux

responsables

de votre Région

Untec.

Vous êtes invités à participer à

toutes les activités de l’Untec en

région et au national.

PROCÉDURE D’ADHÉSION DES MEMBRES

Page 67: E&C n°172

MANIFESTATION

D’INTÉRÊT

DEMANDE

D’ADHÉSION

EXAMEN DE VOTRE CANDIDATURE

ET DÉCISION

FINALISATION DE VOTRE

ADHÉSION

1 Vous signalez

votre intérêt pour

l’Untec.

Vous nous

retournez

le dossier

« Demande

d’adhésion »

correspondant

à votre situation

(Actif, Participatif).

Veillez à joindre

à ce dossier

toutes les pièces

demandées.

Les responsables

de la Région Untec

vous contactent

puis émettent

un avis sur votre

candidature.

Pour les

enseignants,

la décision

d’admission

appartient à la

Région.

L’Untec vous en informe par courrier,

avec le calcul au prorata temporis

de votre cotisation pour l’année en

cours.

Les responsables de votre Région

Untec reçoivent copie de ce dossier.

2 L’Untec vous

adresse un dossier

L’Untec vérifie

la conformité

de votre

candidature et

de votre dossier.

Si l’avis de la

Région Untec

est favorable, le

Bureau Exécutif

entérine votre

admission.

Cas particuliers

(entité n’ayant pas

pour objet exclusif

l’économie de la

construction) ou

dérogations : le

Secrétaire Général

présente votre

dossier au Conseil

d’Administration

qui décide.

Vous réglez votre cotisation.

Vous êtes désormais membre de

l’Untec.

L’Untec vous adresse vos codes

d’accès à l’Espace membre du

site internet et une documentation

fondamentale.

Les responsables de votre Région

Untec en sont informés.

3 L’Untec transmet

votre dossier

conforme aux

responsables

de votre Région

Untec.

Vous êtes invités à participer à

toutes les activités de l’Untec en

région et au national.

Page 68: E&C n°172