La revue de l’économie de la construction
ÉCLAIRAGE / ENTRETIEN CROISÉ FRANÇOIS BAROIN-PASCAL ASSELIN ZOOM / LA MAISON DE LA FAMILLE À MARQUETTE-LEZ-LILLE TERRITOIRES / MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE INNOVATION / HYDROGÈNE, TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ?
www.untec.comU N E P U B L I C AT I O N D E L ’ U N I O N N AT I O N A L E D E S É C O N O M I S T E S D E L A C O N S T R U C T I O N
o c to b r e 20 1 5
172N°
DOSSIER / EXPERTISE
ÊTRE EXPERT JUDICIAIRE
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 01
CARNETS DE VOYAGES…
LA MONDIALISATION, CE N’EST PAS SEULEMENT POUR LES AUTRES.”
// En Mai 2013 a eu lieu à Xi An en Chine le congrès du PAQS (Pacific Association of Quantity Surveyor), congrès mondial des économistes de la construction. Une table ronde est organisée, une autorité locale demande à chaque représentant des délégations de décrire leur situation économique et les difficultés rencontrées dans le cadre de leur profession : l’Australie prend la parole et indique que sur le plan de la construction, il n’y a pas de problème, la plus grande difficulté se situant au niveau du recrutement (manque de main d’œuvre). Puis la Nouvelle-Zélande prend la parole pour dire presque la même chose. L’Indonésie et la Malaisie tiennent un discours quasiment identique à celui de l’Australie … et ne parlons pas du Canada !
Juin 2014, même congrès cette fois-ci à Hong Kong, même table ronde et « copier/coller » du paragraphe précédent.
Juin 2015, même congrès cette fois-ci à Yokohama, même table ronde avec une légère évolution : les pays du sud de l’Europe, excepté la Grèce pour défaut de paiement et crise politique grave, commencent à sortir la tête de l’eau ; pour la France, on attend, on espère...
Sans être un expert en macro économie, on ne peut s’empêcher, au gré de ses expériences, de se comparer aux autres et d’essayer, modestement, de se forger une opinion. Il serait trop facile de faire du « French bashing » … pour autant, sommes-nous sûrs que c’est la faute de la mondialisation donc des autres ?
Le monde en dehors de la France, ce n’est pas l’enfer, la mondialisation ce n’est pas seulement pour les autres, on peut y prendre part et en tirer profit, voire même de façon surprenante. Car le capital sympathie que j’ai pu apprécier envers la France et les Français est encore très significatif. On le sait : construire une bonne image est ce qu’il y a de plus compliqué et la préserver, encore plus. Nous avons heureusement encore cet atout ; il faut le savoir et s’en servir.
Pascal Asselin
Président de l’Untec
J’en profite pour signaler que j’ai cessé mon mandat de Président du CEEC(*) depuis le 1er octobre 2015 et je souhaite un vif succès à mes successeurs.
(*) Comité Européen des Economistes de la Construction
04VITE DIT
Portail du numérique / Nouvelle édition
du guide pratique / Salon PASSI’BAT / Conseil
Supérieur de la construction et de l’efficacité
énergétique / Accessibilité / PRDA, plan de
recherche et développement pour l’amiante /
Transition énergétique / 77ème édition
du Congrès Hlm / Internationnal.
25DOSSIER EXPERT JUDICIAIRE
Dans le bâtiment, les demandes d’expertise
judiciaire ont connu une importante hausse.
Mais qui sont les experts judiciaires, comment
devient-on expert et quel est le rôle de ces
collaborateurs ponctuels de la justice ?
37EN VUE
Entretien avec
Catherine Dargent-Ahlqvist,
Présidente de RICS France depuis mars 2015.
59LE COIN DES ÉCONOMISTES
L’Untec accueille chaque année de nouveaux
adhérents. Quel est leur profil, comment
adhérer ? Résultats d’une étude menée
sur les trois dernières années.
Une crêche, un relais d’assistantes maternelles,
un centre de consultation PMI et une salle
polyvalente… le tout en neuf mois et en passif !
Zoom sur la Maison de la Famille
à Marquette-lez-Lille.
15 ZOOM
L’hydrogène serait-elle la troisième
révolution industrielle ? L’hydrogène pourrait
à l’avenir jouer un rôle prépondérant comme
vecteur d’énergie durable. Son utilisation se
développe pour l’automobile, mais aussi le
bâtiment.
51INNOVATION
POUR RETROUVER DE PRÉCÉDENTS NUMÉROS : www.untec.com
03
Économie&Construction – 8, avenue Percier 75008 Paris – Tél. 01 45 63 30 41 – Fax : 01 42 56 14 52 – www.untec.com
Éditeur : Untec – Directeur de la publication et ligne éditoriale : Pascal Asselin – Directeur Adjoint de la publication : Benoit Marche – Rédacteur en chef : Thierry Tretz – Conception-réalisation : Obea communication – Ont collaboré à ce numéro les rédacteurs : Laurent Duguet, Dominique Lévy, Joana Maître, Philippe Donnaes, Charlotte d’Alleman, Monique Trancart – Imprimeur : IAPCA – Publicité : Clotilde Pagan – Tél. 01 45 63 54 77 – [email protected]
Les textes de publicité sont rédigés sous la responsabilité des annonceurs. Ils n’engagent pas Économie&Construction. Pour garantir son indépendance, Économie&Construction se réserve le droit de refuser (même en cours de programme) toute insertion publicitaire sans avoir à justifier de sa décision.
Abonnement annuel (4 numéros) : 100 € TTC – Prix du numéro : 25 € TTC – Dépôt légal 4e trimestre 2015 – ISSN 1297-8043 / CPPAP : 0404 G 86427.
Crédits photos : sauf mention, Untec ou iStockphoto. Photo de couverture : iStockphoto.
21ÉCLAIRAGE
Entretien croisé
François Baroin, Président
de l’Association des Maires
de France et Pascal Asselin,
Président de l’Untec.
04
Lancé le 1er juillet 2015, le portail du Plan de transition
numérique dans le bâtiment est accessible à l’adresse
suivante : www.batiment-numerique.fr. Au sommaire - web
donc - de ce portail, de l’actualité sur l’avancée du plan et des
groupes de travail, des interviews, des documents explicatifs, mais
également, d’ici peu, des retours sur de « bonnes pratiques » en
s’appuyant sur les témoignages des acteurs de terrain. Ainsi que
le notait la ministre Sylvia Pinel le 1er juillet, lors du lancement,
« la mise en ligne de ce portail va permettre de valoriser les
premières initiatives, de souligner les gains de coûts et de
productivité obtenus et de guider chaque acteur de la filière dans
l’appropriation et l’usage des outils ». Un appel à témoignage,
pour partager son expérience du bâtiment numérique, est lancé,
avec un formulaire web à disposition sur le portail.
VITE DIT
EN LIGNE ! LE PORTAIL DU NUMÉRIQUE EST EN LIGNE DEPUIS JUILLET
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
L’édition 2015 du guide pratique pour l’établissement des descriptifs et quantitatifs, fruit de la révision d’un
guide datant de 2010, a introduit deux nouveaux descriptifs : les travaux de revêtement de sol PVC et les
travaux de revêtement de sol textiles, qui viennent en sus des fiches déjà consacrées aux travaux de peinture,
de revêtements muraux, de système d’étanchéité liquide, de ravalement de façades. Établi conjointement par
l’Untec et l’UMPF (Union professionnelle des métiers de la finition – FFB), pensé pour proposer des règles de
chiffrage homogène, ce guide se compose d’un mode de rédaction d’un descriptif (avec des recommandations
pour assurer l’exploitation du descriptif) et d’un mode de rédaction d’un devis quantitatif estimatif (DQE).
À SUIVRE
Des moocs, cours disponibles en ligne, sur la thématique Bâtiment durable, devraient être mis en ligne début 2016, sur le site France Université Numérique, à l’initiative de l’ADEME et du Plan bâtiment durable.
Lien
www.batiment-numerique.fr
NOUVELLE ÉDITION DU GUIDE PRATIQUE
LE MONDIAL DU BÂTIMENT APPROCHE À GRANDS PASRDV À PARIS NORD VILLEPINTE DU 2 AU 6 NOVEMBRE
À compter du 2 novembre et pour cinq jours, Paris Nord Villepinte résonnera du bruit des quelques 2 600 exposants et plus de 350 000 visiteurs attendus au Mondial du Bâtiment, répartis sur trois salons : Batimat, Interclima+Elec et Idéobain (regroupés désormais sous l’appellation Mondial du Bâtiment). En 2015, pour sa seconde édition, le concours de l’innovation a recueilli 210 candidatures pour les 10 catégories de la compétition. Les nominés au concours de l’innovation, concours soutenu par l’ADEME, sont cette année connus depuis fin septembre (la remise des trophées a eu lieu le 28 septembre) et le Salon proposera des « Tours de l’innovation », espaces spécifiques implantés au cœur de chaque hall et permettant de découvrir les produits nominés et les lauréats. Vaste lieu de rencontre et d’échanges, le Mondial du Bâtiment accueillera près de 200 conférences et ateliers exposants, proposés en accès libre et gratuit aux visiteurs dans les Forums, des espaces de networking, des « Espaces de démonstration ».
En savoir plus sur www.batimat.com et www.lemondialdubatiment.com
À VOS AGENDAS… Pour obtenir ce guide, contactez l’Untec.
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SIMI 2015 RDV DU 2 AU 4 DÉCEMBRE AU PALAISDES CONGRÈS À PARIS
Événement de référence pour les acteurs de l’immobilier d’entreprise en France, le SIMI aura lieu début décembre, du 2 au 4, au palais des congrès-porte de maillot à Paris. Au programme : plus de 400 exposants, des conférences organisées en 9 cycles thématiques (Conjoncture immobilière, Hospitality, Immobilier connecté, Investisseurs, Retail,
Territoires/métropoles, Transition énergétique, Utilisateurs, Logistique/industries). En 2014, le SIMI avait accueilli près de 25 000 visiteurs sur trois jours.
En savoir plus sur www.salonsimi.com
SORTIES SPÉCIAL BIM, CATALOGUE DES FORMATIONS, VIDÉOS EN LIGNE…
Spécial BIM
Le BIM faisait déjà l’objet du congrès
Untec de juin, placé sous le signe du
« BIM ! oui ! mais ensemble… ». 9 ateliers
sur le BIM avaient permis à l’ensemble
des professionnels d’échanger et de
faire le point sur cette (r)évolution, les
démarches déjà en cours, les premiers
retours d’expériences, le ressenti et les
attentes de l’ensemble des acteurs, du
fabricant au maître d’œuvre. Le sujet est
sur toutes les lèvres alors que le Plan de transition numérique
a désormais neuf mois d’existence et a d’ores et déjà lancé
ses deux premiers appels à manifestation d’intérêt général. Le
Spécial BIM se veut un document à la fois pédagogique, pour
mieux comprendre ce nouveau process de travail collaboratif,
les atouts et les pré-requis, et pratique, avec les retours
d’expérience d’économistes et leur approche du BIM.
Catalogue
Unique organisme professionnel
représentant l’économie de la
construction en France, l’Untec
propose une offre de formation
spécifique à la profession. L’offre de
formation est revue chaque année
pour tenir compte des besoins d’un
secteur en constante évolution et
intégrer de nouvelles thématiques
ou champs de formation (amiante, BIM parmi les dernières
formations mis en place). Au titre des nouveautés 2016, deux
nouvelles formations à noter : gérer et réussir les réceptions de
travaux et les pièges à éviter lors de l’attribution d’un marché
de travaux. Si certaines formations sont réservées aux seuls
membres Untec, un grand nombre est ouvert aux économistes
non-adhérents. Consultez le catalogue et renseignez-vous !
POUR L’UNTEC, OCTOBRE SE RÉVÈLE RICHE EN NOUVEAUTÉS, AVEC LA SORTIE CONCOMITANTE DU SPÉCIAL BIM (EN
VERSION WEB, AVANT UNE SORTIE PRINT PRÉVUE EN DÉBUT D’ANNÉE), DU CATALOGUE FORMATION ET LA MISE EN LIGNE
DE LA CHAINE YOUTUBE DE L’UNTEC, DANS UNE NOUVELLE VERSION, ENRICHIE DE L’ENSEMBLE DES VIDÉOS TOURNÉS
LORS DU CONGRÈS DE JUIN DERNIER, ET NOTAMMENT LA DIFFUSION DES ATELIERS FILMÉS LORS DU CONGÈS
En attendant la refonte de son site internet, qui ne devrait plus
tarder, l’Untec a renouvelé sa chaine youtube. Un petit détour
par Youtube vous permettra de retrouver des vidéos en lien
avec le métier d’économiste de la construction, les temps forts
de l’Untec, mais aussi la retranscription filmée des 9 ateliers
sur le BIM qui se sont tenus en juin dernier au congrès Untec.
À voir également sur ce site l’entretien croisé François Baroin
(Président de l’AMF) et Pascal Asselin (Président de l’Untec),
dont vous pouvez également retrouver l’essentiel dans la
rubrique Éclairage de votre magazine (page 21).
Pour obtenir ce guide, contactez l’Untec.
La chaine Youtube de l’Untec
https://www.youtube.com/channel/UCFi5AkopBQTZVId1i1uwtRwRetrouvez nous sur la chaîne Youtube de l’Untec
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VITE DIT
LA 10E EDITION DE PASSI’BAT SE TIENDRA
LES 17 ET 18 DÉCEMBRE PROCHAINS AU PARC FLORAL DE PARIS.
UN ÉVÈNEMENT INCONTOURNABLE POUR TOUS LES ACTEURS
DE LA CONSTRUCTION PASSIVE EN FRANCE.
PASSI’BAT LE BATIMENT PASSIF EN ACTION AU PARC FLORAL
100%dédié aux techniques et innovations
du passif, PASSI’BAT s’est imposé en
quelques années comme le salon de
référence des professionnels de la
filière. Crée en 2007 à l’initiative de l’association Maison Passive,
il est l’unique évènement à fédérer sur 3 jours l’ensemble des
acteurs du secteur : bureaux d’études, fabricants, constructeurs,
économistes, architectes… mais aussi la fine fleur des experts
européens ou les particuliers en quête d’info pour leur projet
de maison passive. Alors que la filière du bâtiment passif et très
basse consommation gagne du terrain en France, PASSI’BAT est
l’occasion idéale de faire le point sur les dernières innovations et
services en la matière et de profiter de retours d’expériences et de
présentations des projets les plus avant-gardistes. Plus de 2 500
visiteurs et 250 exposants sont attendus cette année.
• Le Congrès PASSI’BAT
Au programme, le Salon donc, mais également le Congrès
PASSI’BAT, moment phare de cette 10e édition. Comme chaque
année, un comité d’experts de la construction innovante a
sélectionné 30 conférences proposées en accès libre aux
visiteurs. À l’honneur, 4 grands axes à forts enjeux se dégagent,
tous centrés sur l’innovation et l’excellence énergétique : retour
d’expérience tertiaire (hôtel 3 étoiles, siège social, crèche) ; défis
techniques (nouveaux labels, ombrage, ACV, miniaturisation) ;
rentabilité et retour sur investissement (coût d’un passif à grande
échelle, argumentaire commercial) ; utilisation des bio-matériaux
(bois, mixte bois-béton, paille).
• Visites privilégiées
PASSI’BAT se conclura le 19 décembre par des circuits de visites
au départ de Paris. Au menu : des visites privilégiées des bâtiments
passifs les plus remarquables d’Île-de-France, tant par leurs
innovations techniques ou architecturales, que par leur complexité
de réalisation : logements collectifs à Montreuil (en chantier), crèche
à Nogent sur Marne, résidences à Chanteloup en Brie, ou maison
particulière à Saint-Nom-la-Bretèche… Un bon moyen de constater
« de visu » les prouesses d’un secteur d’avenir.
ETIENNE VEKEMANS PRÉSIDENT DE LA MAISON PASSIVE
Le bâtiment passif reste encore aujourd’hui une niche, tout
particulièrement en France où nous continuons d’accuser du
retard en la matière, comparativement à nos voisins allemands
ou suédois. Cependant, les choses avancent, lentement
mais sûrement… Nous venons par exemple de participer à
l’inauguration de 300 logements passifs à Nantes. À l’heure
où la réduction des émissions de CO2 est devenue un enjeu
planétaire, les acteurs du bâtiment doivent se mobiliser pour
favoriser l’émergence de constructions durables. En ce sens,
les économistes ont clairement un rôle à jouer. Car, on le sait,
le principal frein à la progression du passif c’est d’abord le
coût, alors même que la rentabilité dans le temps de telles
constructions n’est plus à prouver. Aujourd’hui, l’innovation
permet de concevoir des bâtiments de plus en plus performants
et de moins en moins chers… C’est l’un des objectif du salon
que de présenter les dernières avancées en la matière ; mais
PASSI’BAT est aussi un moment pour débattre, réfléchir et
échanger nos expériences ; j’invite donc les économistes à y
participer et à apporter leur pierre à l’édifice !”
Retrouvez les détails du programme sur
www.lamaisonpassive.fr
08 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
VITE DIT
LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA CONSTRUCTION ET DE L’EFFICACITÉ
ÉNERGÉTIQUE (CSCEE), CRÉÉ PAR LE DÉCRET DU 23 MARS 2015,
A POUR MISSION DE MIEUX ASSOCIER LES PARTIES PRENANTES
SUR LES QUESTIONS RÉGLEMENTAIRES, DE MARCHÉ OU ENCORE D’INNOVATION
DANS LE CHAMP DE LA CONSTRUCTION.
LA DATE BUTOIR POUR ASSURER L’ACCESSIBILITÉ
AUX PERSONNES HANDICAPÉES DES ÉTABLISSEMENTS RECEVANT
DU PUBLIC ÉTAIT INITIALEMENT FIXÉE AU 1ER JANVIER 2015, PAR UNE LOI
DE FÉVRIER 2005 (LOI POUR L’ÉGALITÉ DES CHANCES, LA PARTICIPATION
ET LA CITOYENNETÉ DES PERSONNES HANDICAPÉES).
LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA CONSTRUCTION ET DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE A VU LE JOUR
OÙ ON REPARLE DE L’ACCESSIBILITÉ L’AGENDA D’ACCESSIBILITÉ PROGRAMMÉE (AD’AP)
Mis en place par la ministre Sylvia Pinel mi-juin, il est
présidé par Christian Baffy, ancien président de la
FFB, de la SmaBTP et actuel président des ESH.
Chargé d’éclairer les pouvoirs publics dans la
définition, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques
relatives à la construction de logements, le Conseil a retenu lors
de sa première réunion de travail trois thématiques de travail :
- la réduction des coûts de construction ;
- la régulation du flux et la gouvernance des normes
volontaires ;
- le poids des formations obligatoires.
Cinq collèges formeront ce Conseil, issus de représentants de
parlementaires, des collectivités territoriales, des professionnels
de la construction* et d’associations et experts du secteur. .
n délai qui s’annonçait au fil du temps de plus en
plus complexe à tenir… voire illusoire. De nouveaux
délais ont ainsi été accordés par une ordonnance
de septembre 2014, mais avec un impératif : les
lieux ouverts au public dont la conformité n’était pas assurée
se devaient de déposer avant le 27 septembre un « Agenda
d’Accessibilité Programmée », Ad’AP (sauf pour une
minorité, bénéficiant d’un report de délais pour remettre
leur dossier, report qu’il fallait demander en juin). L’Agenda
d’Accessibilité Programmée correspond à un engagement pour
les établissements concernés de réaliser des travaux dans un
délai déterminé (jusqu’à 3 ans, sauf cas très particuliers), de les
financer et de respecter les règles d’accessibilité, et leur évite ainsi
des sanctions pénales. Mais une question reste posée : comment
les préfectures seront-elles en mesure d’examiner l’ensemble des
dossiers qui leur parviendront dans le délai donné de 4 mois ? www.accessibilite.gouv.fr
UAujourd’hui, seulement 40% des lieux publics sont aménagés pour permettre l’accès aux personnes handicapées. Le gouvernement a lancé d’ailleurs une campagne sur l’accessibilité, Plus belle la Ville, avec les acteurs de Plus Belle La Vie, la célèbre série phocéenne.
* USH, FPI, UMF, Cnoa, Unsfa, Untec, Syntec-Ingénierie, FFB, Fédération SCOP BTP, Capeb, AIMCC, FIEEC, FNBM, FFSA, Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l’ingénierie et du numérique, Confédération des organismes indépendants tierce partie de prévention, de contrôle et d’inspection
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 09
ANNONCÉ PAR SYLVIA PINEL, LA MINISTRE DU
LOGEMENT, DE L’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES ET DE LA
RURALITÉ, EN DÉCEMBRE 2014, CE PLAN S’INSCRIT
DANS LE CADRE DU PROGRAMME DE RELANCE DE
LA CONSTRUCTION ET EN CONSTITUE LE TROISIÈME
VOLET, AVEC LE « PLAN TRANSITION NUMÉRIQUE
DANS LE BÂTIMENT » ET LE « PROGRAMME D’ACTIONS
POUR LA QUALITÉ DE LA CONSTRUCTION ET LA
RÉNOVATION ENERGÉTIQUE » (PACTE).
ENTRETIEN AVEC ALAIN MAUGARD, PRÉSIDENT
DE QUALIBAT, NOMMÉ PRÉSIDENT DU COMITÉ DE
PILOTAGE EN CHARGE DU PRDA.
LE PRDA UN PLAN DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT POUR L’AMIANTE
E&C / Quelles sont les grandes caractéristiques du PRDA ?
AM / Comme son nom l’indique, il s’agit d’un plan en recherche
et développement. Le but n’est pas de revenir sur la législation
concernant l’amiante, ni de la remettre en cause, mais bien de
trouver des solutions pour détecter et traiter plus facilement
ce matériau, plus rapidement, à moindre coût, en respectant
les normes de sécurité et de santé, pour les ouvriers comme
les habitants. Le gouvernement a doté le PRDA de 20 millions
d’euros, à charge pour nous d’identifier et de contribuer au
développement de technologies répondant à ces objectifs.
E&C / Quels sont les grands axes ?
AM / Nous travaillons sur trois thèmes. La détection et la
mesure d’une part : aujourd’hui, les procédés de mesure exigent
du temps ; il faudrait réduire ces délais. Si je prends le parallèle
avec la radioactivité, on dispose de mesures en instantané qui
détectent la radioactivité et son taux, et qui alertent par rapport
à la valeur limite d’exposition. Par ailleurs, en cas de présence
d’amiante, les diagnostics aujourd’hui ne permettent pas de
savoir s’il y en a peu ou beaucoup, sur quel volume de surface.
Le traitement d’autre part : les procédés de confinement sont
drastiques, notamment en milieu occupé, et constituent de ce fait
un frein important à la rénovation des bâtiments. Comment peut-
on en réduire le coût, sans revenir sur la sécurité ? Cela pourrait
passer par un confinement au plus près. Enfin, le traitement
des déchets d’amiante constitue le troisième axe de réflexion,
pour améliorer la neutralisation des déchets et leur potentielle
réutilisation.
E&C / Lorsqu’on parle de Recherche et Développement,
cela signifie que cela va prendre du temps…
AM / Oui…et non. Car il ne s’agit pas uniquement de lancer des
projets de recherche pour répondre à la problématique, ce qui
s’inscrit effectivement plutôt dans une vision à long terme, mais
bien également d’identifier des technologies, des process, qui
sont en quelque sorte déjà prêts, je dirais « sur les étagères », mais
non commercialisés, ou pas encore entrés dans la législation. C’est
de la recherche appliquée… mais pas encore utilisée. Le PRDA est
donc une fusée à deux étages : identifier dès maintenant ce qui
existe déjà et pourrait être appliqué très rapidement, et contribuer
à l’émergence de nouvelles méthodes et technologies d’ici un à
trois ans.
E&C / Comment va travailler le groupe en charge de ce
plan Amiante ?
AM / Le comité de pilotage que je préside, au sein duquel
l’Untec est présent, s’est déjà réuni deux fois depuis juillet. Un
comité technique, au sein duquel l’Untec est aussi présent avec
des représentants de l’ensemble des grandes familles de métier
concernées, a été mis en place : la première réunion a eu lieu
en septembre. Nous avons mis en place un groupe de travail
spécifique sur les petits travaux, pour bien prendre en compte la
problématique des petites entreprises confrontées aux problèmes
de l’amiante. D’ici à fin octobre, nous lancerons trois AMI, appels à
manifestation d’intérêt général, en lien avec les trois thèmes.
© B
runo
Lév
y
10 J u i l l e t 2 0 1 5 / / N ° 1 7 1
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 11
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE LA LOI EST PROMULGUÉE
e titre II de la loi traite ainsi de la
rénovation énergétique, avec un
objectif de 500 000 rénovations
lourdes de logements par an (à
compter de 2017) et le renforcement des
performances énergétiques des nouvelles
constructions. Au menu pour atteindre
ces objectifs, entre autres : la mise en
place d’un carnet numérique de suivi et
d’entretien du bâtiment (obligatoire pour
toute construction neuve dont le permis
de construire est déposé à compter du
1er janvier 2017), le principe d’embarquement
de l’efficacité énergétique, soit l’obligation
d’embarquer la performance énergétique à
chaque fois que des travaux importants sont
réalisés (travaux de ravalement importants,
travaux d’isolation, ou réfection de toiture),
l’exigence d’exemplarité énergétique des
nouvelles constructions sous maîtrise
d’ouvrage de l’État, de ses établissements
publics ou des collectivités territoriales (avec
un objectif de bâtiment à énergie positive
et à haute performance environnementale).
Pour les particuliers, de nombreuses mesures
incitatives complètent le dispositif.
Mais reste à définir une stratégie
bas carbone (article 173 de la loi de
transition énergétique), par grand domaine
d’activité, dont le bâtiment, reposant sur
des « budgets carbone », c’est-à-dire
de plafonds d’émissions de gaz à effet
de serre à ne pas dépasser, par période
de 5 ans (et pour les trois premières
périodes : 2015-2018, 2019-2023 et
2024-2028). Une structure collégiale,
présidée par la ministre de l’Écologie
Ségolène Royal et comptant cinquante
membres représentant l’État, les collectivités
territoriales, les parlementaires, les
entreprises, les syndicats et les associations,
travaille en ce sens.
VITE DIT
LA LOI DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE POUR LA CROISSANCE VERTE A ÉTÉ PUBLIÉE LE
18 AOÛT AU JOURNAL OFFICIEL. LE BÂTIMENT, QUI REPRÉSENTE ENVIRON 44 % DE LA
CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE (DONNÉES 2012), UNE ÉMISSION DE 123
MILLIONS DE TONNES DE CO2 PAR AN ET 20% DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE,
FAIT L’OBJET DE NOMBREUSES DISPOSITIONS.
L
77ÈME ÉDITION DU CONGRÈS HLM LES HLM ACTEURS DES TRANSITIONS
Les transitions, numériques, climatiques,
démographiques, étaient au coeur des
échanges lors du dernier congrès Hlm, qui
s’est tenu cette année du 22 au 24 septembre
à Montpellier. Avec un parc de 4,5 millions de
logements, plus de 11 millions de locataires, les organismes
Hlm sont de fait aux premières loges des différentes transitions
en cours. Ce sont plus de 13 000 professionnels, du secteur
public ou privé, qui se sont retrouvés pour échanger et partager
leurs points de vues sur le futur du monde Hlm et la meilleure
manière de répondre aux nombreux défis posés aux territoires.
À noter cette année un pavillon du bâtiment durable, avec des
parcours thématiques et des ateliers, les « séquences du Pavillon
du Développement Durable », l’une de ces séquences étant
consacrée au numérique, avec des retours d’expériences.
12 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
À L’INTERNATIONAL
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 13
VITE DIT
ew York, Venise, Bilbao et Abu Dhabi accueillent déjà un musée
Guggenheim… Demain, ce sera au tour de la capitale finlandaise,
Helsinki. Et il sera de conception française ! C’est en effet l’agence
franco-japonaise Moreau-Kusunoki qui a été retenue, au terme
d’une première sélection parmi 1 715 projets reçus dans le cadre du concours
international lancé en juin 2014 par la Fondation Solomon R. Guggenheim, puis
enfin comme lauréate parmi les 6 finalistes en juin 2015. Nicolas
et Hiroko Kusunoki étaient au congrès du CEEC pour présenter
leur projet.
Le projet «Art in City» des architectes parisiens Nicolas Moreau
et Hiroko Kusunoki est le vainqueur du concours pour le
Guggenheim finlandais. Les deux fondateurs de cette jeune
agence, créée en 2011 à Paris, étaient présents lors du congrès
des économistes européens à Helsinki le 2 octobre dernier
pour parler de leur projet. Un projet « humble et ouvert », selon leurs termes,
qui s’inscrit dans une réflexion sur le musée du 21ème siècle, avec la volonté de
créer un espace et une architecture flexibles, appelés à évoluer avec les usages
pour que ce soit aussi « le public qui fasse le projet ». Et un projet qui soit aussi
représentatif de la société démocratique finlandaise. Une équipe internationale
est désormais en charge de la conception, avec notamment un économiste
finlandais. Côté maîtrise des coûts, le duo d’architectes a indiqué « avoir pris
des décisions raisonnables, pour une conception simple, dans un contexte où
on ne ferait plus un musée comme celui
de Bilbao tout habillé de titane ».
EN MARGE DU CONGRÈS : À PROPOS DU FUTUR GUGGENHEIM MUSEUM D’HELSINKI
N
PRÉSIDENT
TARMO SAVOLEINEN, Finlandais (RAKI),
qui prend donc le suite de Pascal Asselin
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
JUSTIN SULLIVAN, UK (RICS)
VICE-PRÉSIDENT
CHARLES MICHELL, Irlandais (SCIS)
VICE-PRÉSIDENT
VINCENT ARNOU, Français (Untec)
Vous retrouverez prochainement sur la
chaine Youtube de l’Untec une interview
du nouveau président du CEEC, réalisée lors
du dernier congrès du CEEC à Helsinki le
2 octobre.
1 715 PROJETS REÇUS, VENANT DE PRÈS DE 80 PAYS.”
UN NOUVEAU BUREAU POUR LE CEEC
Le CEEC (Comité Européen des Economistes de la Construction) a élu son nouveau bureau :
Le musée se présente sous la forme d’un ensemble de pavillons bas noirs, coiffés d’une tour phare, implantés sur 18 000m2 en front de mer.
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Retrouver l’interview de Nicolas Moreau et Hiroko Kusunoki sur sur la chaîne Youtube de l’Untec
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ZOOM
éritable opération à tiroirs, avec la réalisation d’une crèche de 55 places, un
relais d’assistantes maternelles, un centre de consultation PMI et une salle
polyvalente, ce projet a cumulé l’exploit d’être réalisé en Passiv Haus et en
neuf mois, un temps record !
Pour arriver à relever ce défi, une équipe de maîtrise d’œuvre a réuni toutes les
compétences requises. L’une des grandes spécificités de ce projet a consisté à introduire
des principes bioclimatiques et à intégrer les contraintes techniques induites par la
labellisation « bâtiment passif » (Passiv Haus).
À MARQUETTE-LEZ-LILLE, CE BÂTIMENT PASSIF EST SORTI DE TERRE DANS DES DÉLAIS TRÈS RÉDUITS.
V
LA MAISON DE LA FAMILLE À MARQUETTE-LEZ-LILLE
NEUF MOIS POUR UN BÂTIMENT PASSIF
UNE OPÉRATION D’ENVERGURE POUR NOTRE COMMUNE. ” NADINE LENGLART, Directrice des services techniques / P17
LA CONCEPTION A ÉTÉ PENSÉE EN TENANT COMPTE DES DÉLAIS. ” MAX LAFFARGUE, Économiste de la construction / P18
LA COORDINATION ENTRE INTERVENANTS A ÉTÉ IMPORTANTE. ” PIERRE SAGOT, Conducteur de travaux et responsable organisationnel / P18
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NOV. 2013 Réception des candidatures
21 JANVIER 2014 Désignation du maître d’œuvre
MARS 2014 Études avant projet sommaire (APS)
MAI 2014 Consultation des entreprises
L E S É TA P E S D U P R O J E T
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Situation : L’emplacement de la Maison de la Famille marque l’entrée du quartier de la Zac Becquerelle et celui du Lommelet depuis Wambrechies. Le site se positionne entre deux tissus urbains délimités par la rocade nord-ouest, entre la ville « habitée », parsemée de pavillons résidentiels, aux toitures à deux pentes, mêlant l’usage de briques, tuiles et bois, et la ville « cultivée ». Ce nouvel équipement est destiné à améliorer l’accueil des enfants et les services destinés aux familles.
Le projet : Le bâtiment se pose au cœur du site, mis à distance au nord-ouest par un parking et en recul par rapport à la rue, pour y laisser dominer le parvis et le dépose minute. Couvert d’un manteau végétal et percé de deux patios (le patio minéral et l’aire de jeux), le bâtiment se présente comme un objet creusé, déplié. L’embrasure résultant de l’ouverture permet l’accès au cœur du projet, là où toutes les fonctions sont distribuées : la salle polyvalente, le centre de consultation PMI, le relais assistantes maternelles, l’espace d’accueil petit enfance... La toiture agit comme un « ruban » autour du patio. Le projet réinterprète le toit en pente traditionnel des maisons environnantes par un langage architectural plus contemporain, reposant sur les obliques.
Maître d’ouvrage : Commune de Marquette-lez-Lille (59)
Maîtrise d’œuvre : SCP Otton Sanchez
OPC : SARL NJC Economie (62)
Paysagiste : Cabinet Tesson
Bureau de contrôle : Bureau Veritas (Villeneuve d’Ascq) / BET : BERIM Douai / Bureau d’études Environnement et énergie : AGI2D, Douai (59)
Acousticien : Acapella, Lille (59)
Gros œuvre : Compagnie Générale de Construction, Lezennes (59)
Enveloppe : SARL BMT, Roubaix (59)
Second œuvre : SARL BMT (59)
Plomberie : Quatannens, Tourcoing (59)
Électricité : Delporte, Wasquehal (59)
Mobilier manufacture : E.M.I.T., Marcq-en-Baroeul (59)
Coût de l’opération : 4,7 M€ TTC
Surface : 1 100 m2 (dont 754 m2 pour la crèche la Farandole)
FICHE D’IDENTITÉ
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JUIN 2014 Analyse des offres
JUILLET 2014 Notification des marchés
SEPT. 2015 Livraison de la crèche et du relais d’assistantes maternelles
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NADINE LENGLART DIRECTRICE DES SERVICES TECHNIQUES DE MARQUETTE-LEZ-LILLE
1 / Vue extérieure2 / Patio minéral3 / Plan des Flux4 / Espace intérieur
Le projet de la Maison de la Famille sur la Zac de la Becquerelle
intégrait différents équipements, dans le cadre d’une opération « à
tiroirs », avec une crèche, un relais d’assistantes maternelles (RAM),
un centre de consultation de la PMI ainsi qu’une salle polyvalente.
Orienté en conception BBC à l’origine, la commune a décidé de
faire rapidement évoluer le projet en Passiv Haus : sur ce site isolé,
sans mitoyenneté, il apparaissait plus aisé d’atteindre ce niveau de
performance énergétique qu’au sein d’un tissu urbain dense.
Nous avons lancé un appel à Assistance de maîtrise d’ouvrage (AMO),
AMO avec lequel nous avons élaboré tout le programme, notamment
en consultant régulièrement le personnel de la crèche.
Le choix d’une équipe de maîtrise d’œuvre intégrant un
architecte mandataire, un économiste de la construction, un bureau
d’études fluides et structures, un bureau d’études Développement
durable, un paysagiste, était motivé par la volonté de rassembler
toutes les compétences nécessaires avec les qualifications
particulières exigées par ce chantier. Certes, tout n’a pas été
simple ; nous l’avions d’ailleurs anticipé. Pour autant,
la crèche est en fonction depuis le 14 septembre
tout comme le RAM et la PMI ouvre en octobre. Le
résultat est tout à fait ressemblant au projet initial et
ce grâce à plusieurs paramètres. Le fait que les lots 2
et 3 aient été assurés par la même entreprise a facilité
la réalisation du chantier ; mais ce sont les interfaces
entre chacun, notamment sur les lots techniques,
qui ont permis de se hisser au niveau des exigences
de la labellisation. L’économiste de la construction a
joué un rôle essentiel en estimant un budget au plus
proche de la réalité. La patte du paysagiste se ressent
réellement sur les aménagements extérieurs ; et le bureau d’études
Développement durable a suivi le chantier de bout en bout pour
atteindre le niveau de labellisation visé.
Il s’agit donc d’un complément de compétences au sein desquelles
la maîtrise d’ouvrage a pris sa place, en suivant chaque étape de
près, sans jamais se substituer à la maîtrise d’œuvre. Au final, ce
bâtiment, en bardage bois, combinant un aspect naturel et une haute
exigence technique, représente une opération d’envergure pour notre
commune d’un peu plus de 10 000 habitants.
L’ÉCONOMISTE DE LA CONSTRUCTION A JOUÉ UN RÔLE ESSENTIEL EN ESTIMANT UN BUDGET AU PLUS PROCHE DE LA RÉALITÉ.”
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ZOOM
Notre entreprise (50 salariés) est spécialisée en charpente bois,
menuiseries extérieures aluminium, bois, bois et aluminium : sur
ce chantier, nous avons assuré la responsabilité des lots 2 (ossature
bois, charpente, ouvertures, fabrication des menuiseries extérieures,
bardage) et 3 (plâtrerie, carrelage, menuiseries intérieures), ce qui a
grandement facilité la coordination entre les lots, même si nous
avons aussi travaillé en sous-traitance avec six entreprises partenaires,
notamment en carrelage et en plâtrerie. Le délai imposé de neuf
mois était un défi à relever. Face à ce temps très court, les mises au
PIERRE SAGOTCONDUCTEUR DE TRAVAUX ET RESPONSABLE ORGANISATIONNEL DE BMT, À ROUBAIX (NORD)
Le chantier de la Maison de la Famille cumulait en quelque
sorte les difficultés : situé sur une Zac nouvelle, une zone
résidentielle, il devait se dérouler dans un délai très court, et
avec deux principes constructifs à l’oeuvre, des murs bétons
lasurés et une ossature bois préfabriquée. Techniquement,
la conception était complexe… et simple à la fois. Tandis
qu’une première zone ne disposait pas du chauffage au sol,
tout le restant du projet l’était, avec un sol pour ¾ en résine et
¼ en sol souple. Ce choix a nécessité de réaliser les plafonds
en amont, au vu du temps d’exécution et de la mise en œuvre
de la résine. Il convient d’ajouter la toiture végétalisée avec des
mises au point compliquées, dont l’application des DTU. C’est
la raison pour laquelle tout un travail de décomposition a été
réalisé ; et il s’est avéré efficace. La conception a été pensée
en tenant compte de ces délais : ainsi, les éléments en béton
banché ont été préfabriqués en extérieur et assemblés. Quant
au reste du bâtiment en élévation bois, il
a été très rapidement hors d’eau, ce qui
a permis d’accélérer la pose des fluides,
des gaines de ventilation, en amont de la
fermeture hors d’air. On ne peut qu’être
satisfait de ne pas avoir été confrontés
à la problématique de la dégradation et
les délais ont été tenus grâce à un
travail de synthèse de l’architecte et
du BET qui l’accompagnait ainsi que
du bureau de contrôle, mais aussi
des entreprises, qui disposaient
de personnel encadrant. Il n’y a rien
de pire que des réactions lentes pour
un chantier aux délais si courts. Dans ce
contexte, le rôle de pilotage de l’économiste de la construction
s’apparente un peu à celui gendarme, quoi qu’il en coûte. Signé
le 12/11/2014, le planning a été respecté dans ses grandes
lignes par chaque intervenant. J’ai à la fois maintenu la pression
auprès des entreprises pour assurer la qualité d’un bâtiment fait
pour durer mais aussi l’objectif de livraison. Le volet bioclimatique,
demandé par le maître d’ouvrage, a nécessité également plusieurs
tests d’étanchéité à l’air, et des journées complètes à dénicher
les petites fuites, même sur des éléments de préfabrication. Le
bâtiment a été livré dans de bonnes conditions et c’est un
exploit sur ce type de construction.
MAX LAFFARGUEGÉRANT DE NJC ECONOMIE, ÉCONOMISTE DE LA CONSTRUCTION, AMO-OPC, BIACHE-SAINT-VAAST (PAS-DE-CALAIS)
J’AI À LA FOIS MAINTENU LA PRESSION AUPRÈS DES ENTREPRISES POUR ASSURER LA QUALITÉ D’UN BÂTIMENT FAIT POUR DURER MAIS AUSSI L’OBJECTIF DE LIVRAISON.”
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Pour ce projet, je suis intervenu dans le cadre d’une mission de sous-
traitance d’un BET T.C.E. j’ai du traiter les lots suivants : étanchéité
couverture, menuiseries extérieures, menuiseries intérieures, plâtrerie,
isolation, faux plafond, carrelage, sols souples + résines acoustiques,
peinture, signalétique et une partie du mobilier. J’ai notamment
été chargé de la rédaction du CCTP et de l’analyse des appels
d’offres des lots cités ci-dessus. Ce travail de rédaction d’estimatif
des matériaux, en collaboration avec le BET, permet de proposer une
décomposition du prix global sur lequel les entreprises remettent leur
proposition de prix global et unitaire. Par exemple, l’utilisation de résine
caoutchouc relevait d’une obligation de solution acoustique, étudiée
par le BET acoustique, entre les locaux de jeux et de la salle de repos. En
matière de menuiseries extérieures, puisque nous étions dans le cadre
d’une maison passive, les BET acoustique et thermique ont déterminé les
parties vitrées, avec un triple ou double vitrage en fonction de l’isolation
et des pièces, ainsi que la composition thermique des murs de façades
M.O.B. C’est un chantier réellement spécifique, et le premier de ce
type pour moi, où tous les choix acoustiques et la perméabilité à l’air se
sont avérés essentiels pour atteindre le niveau Passiv Haus.
GILBERT NONNONÉCONOMISTE DE LA CONSTRUCTION ET MÉTREUR-VÉRIFICATEUR, FACHES THUMESNIL (NORD)
2 / Entrée
1 / xxxxx
La Maison de la Famille, qui jouera à terme un rôle de centralité pour le
quartier, est intégrée dans une ZAC, au bout d’un lotissement et près
d’un parc en devenir. Pourquoi un tel chantier, qui s’est déroulé sur
neuf « petits » mois, s’est-il bien déroulé ? Tout d’abord, parce qu’il
a bien été pensé en termes d’organisation, grâce à la mise en place d’une
équipe renforcée avec, je dirais, plus de spécificités que de coutume.
Ainsi, tout un travail a été mené en amont pour préparer le Passive House
Planning Package (PPHP) dans le cadre de la labellisation, notamment sur
la modélisation de base du bâtiment. Nous avons trouvé un compromis
de manière à ne pas amener trop de matériaux sur le site. Il s’agissait de
réaliser un cloisonnement structurel interne en béton pour disposer d’un
noyau porteur, d’une inertie interne au bâtiment qui puisse accumuler
la chaleur, tout en réalisant une coque extérieure en solution bois. La
végétalisation de la façade permet de profiter de ses vertus isolantes, de
limiter les rejets d’eau de pluie et de proposer une approche esthétique.
Le déroulement s’est réalisé en deux séquences : la première zone de
construction, proche d’une voie rapide, a été traitée en béton pour servir de
tampon acoustique tandis que la seconde phase est une ossature béton
associée à une enveloppe bois. Outre l’organisation amont, l’allotissement
en macros lots sur la notion d’enveloppe a permis d’optimiser le chantier
car une seule entreprise a porté la responsabilité de l’étanchéité à l’air.
SYLVAIN GRUSONDIRECTEUR DE L’AGENCE D’ARCHITECTURE SCP OTTON SANCHEZ, À LAMBERSART (NORD)
point techniques ont été lancées dès les réunions de démarrage
et nous avons, par exemple, anticipé l’approche technique de la
liaison bardage-charpente-menuiserie. Les contraintes thermiques
étaient également importantes, surtout celles liées à l’étanchéité à
l’air, qui n’avaient rien à voir avec celles de la RT 2012. L’association
délai court et chantier passif a été assez stressante, il faut bien
le dire, notamment pour réussir le test d’étanchéité. Mais nous
avons beaucoup appris, en appliquant la démarche passive dans
une globalité de chantier. La coordination entre intervenants
a été importante sur ce point. Le chantier s’est déroulé
correctement ; les rôles de l’architecte et de l’économiste de
la construction ont été primordiaux.
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ÉCLAIRAGE
e 18 septembre dernier, à l’Association des Maires de France (AMF),
François Baroin, Président de l’AMF, rencontrait Pascal Asselin, Président
de l’Untec, pour un échange portant à la fois sur la baisse des dotations
publiques aux collectivités et ses répercussions sur l’économie locale
et les besoins des Maires en matière d’accompagnement dans la mise en
œuvre des projets d’aménagement. Un entretien mené à la veille de la journée
nationale d’action menée par l’AMF pour mobiliser contre la baisse des dotations
et sensibiliser aux risques encourus.
É&C / Quels sont les risques encourus si les dotations aux collectivités
locales sont de fait réduites ?
FB / Ce qui est proposé est clairement une mesure inédite, sans comparaison
et sans équivalent : en résumé, l’Etat propose, entre 2014 et 2017, une chute
de 30 % des dotations aux collectivités locales, soit de l’argent public que l’État
doit aux communes, donc in fine aux administrés, pour financer et mener à bien
des politiques publiques déléguées à ces communes. Cette baisse de 30 %
représente un stock cumulé de 28 milliards d’euros, soit plus de la moitié d’une
FRANÇOIS BAROIN, SÉNATEUR MAIRE DE TROYES,
PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ
D’AGGLOMÉRATION DU GRAND
TROYES, ANCIEN MINISTRE DU
BUDGET, DES COMPTES PUBLICS,
DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE
LA RÉFORME DE L’ÉTAT ET ANCIEN
MINISTRE DE L’ÉCONOMIE, DES
FINANCES ET DE L’INDUSTRIE, EST
PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES
MAIRES DE FRANCE DEPUIS 2014,
PASCAL ASSELIN, PRÉSIDENT DE L’UNTEC
DEPUIS JUIN 2015 .
ENTRETIEN
ENTRETIEN CROISÉ
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Retrouvez l’interview sur la chaîne Youtube de l’Untec
année d’investissement dans un grand pays comme le nôtre !
Moins 10% d’investissement public dans notre pays, au vu de
son modèle économique qui s’appuie sur la consommation
et sur l’investissement, c’est l’équivalent de 0,2 point de
croissance. Donc, dans les deux années qui viennent, on
peut s’attendre à une perte de 0,6 à 0,8 point de croissance
liée à cette décision. Très concrètement, et par conséquent,
des dizaines de milliers d’emplois sont menacés de disparition,
avec une estimation de 60 000 à 80 000 suppressions
d’emploi pour le BTP. Cette baisse des dotations risque par
ailleurs de contraindre les élus à des choix redoutables :
soit une augmentation de la fiscalité, en contradiction très
nette avec la baisse des prélèvements obligatoires voulue
au niveau national par l’Etat, soit des arbitrages au niveau
des services publics de proximité. Certains devront fermer,
d’autres diminueront leurs prestations, et ce au détriment de la
cohésion sociale qui constitue le cœur de notre mission. Sans
compter que cette décision est en contradiction totale avec les
préconisations de l’Europe, qui souhaite relancer la croissance
avec le soutien à l’investissement public : dans le même temps,
la deuxième économie européenne, la France, elle, se voit
amputée d’une bonne partie de son investissement public. Il
faut noter que 70 % de l’investissement en France est porté
par les collectivités locales, et singulièrement les communes
et les intercommunalités : il y a donc de quoi être très inquiet.
PA / Pour nous, la baisse des dotations de l’état aux
collectivités territoriales est une inquiétude, une angoisse pour
nos petites entreprises qui irriguent tout le territoire français.
Comme le disait le Président Baroin, l’économie locale est
directement impactée, et notamment le tissu social local. Le
mal a déjà commencé, et depuis plusieurs années : nombre
de nos adhérents Untec rencontrent de réelles difficultés. Pour
certains, ils ne se paient plus pendant plusieurs mois pour
garder leurs salariés. Mais la situation n’est pas gérable dans
la durée.
É&C / Il n’est pas simple pour un maire de maîtriser
tout ce que signifie lancer un projet par exemple
d’aménagement ou de construction d’un équipement :
comment mieux les accompagner ?
FB / Les maires sont confrontés à des difficultés, aussi bien
dans l’approche de la préparation de la maîtrise d’ouvrage
que le suivi de la maîtrise d’œuvre. Pour que l’équipement
corresponde à l’idée que
s’en est faite le maire avec
son conseil municipal,
après discussion avec
la population, avec les
services techniques, après
évaluation de l’enveloppe
budgétaire, il faut effectivement tout un processus de
décision avec un accompagnement technique conjugué à
une bonne expertise. C’est d’autant plus nécessaire que l’on
peut dans le cas contraire avoir de « mauvaises surprises ».
Le rôle de l’AMF, sur ce point comme sur beaucoup d’autres,
c’est de faire de la formation pour aider à bien comprendre
les enjeux. Certains points exigent une vigilance sans relâche,
car ils influent sur le budget final. On part sur une enveloppe
budgétaire à un instant T et, très souvent, on nous explique
que pour x raisons, il y a eu dérapage. En général il existe une
forme de tolérance assez surprenante, choquante pour les
élus qui découvrent cela pour la première fois, mais aussi pour
ceux qui, comme moi, sont en place depuis 20 ans. Je crois
qu’un encadrement, une préparation, sont nécessaires et qu’il
faut être extraordinairement rigoureux. Et d’autant plus
dans le contexte actuel : avec une prévision de commande
publique en nette diminution, les élus seront très attentifs au
fait que l’enveloppe budgétaire financée soit une enveloppe
budgétaire respectée par tous les acteurs.
PA / Les économistes de la construction sont
précisément là, en amont des projets, pour guider leur
élaboration, les suivre, les contrôler, et puis surtout être
au côté du maître d’ouvrage pour défendre ses intérêts.
Nous militons d’ailleurs depuis de longues années pour que
l’économiste soit une personne indépendante pour défendre
pleinement les intérêts du maître d’ouvrage. Effectivement,
certains projets dérapent, pour diverses raisons, qui sont
parfois très nombreuses et qui sont souvent explicables, si
ce n’est toujours justifiables. Pour éviter ces dérapages, il faut
s’encadrer d’experts, correctement formés. Pour les petites
communes, qui construisent peu ou rarement, il n’est pas
inutile de s’adjoindre l’aide d’un spécialiste qui, lui, a dans
son panel d’activités, au vu de ses multiples expériences, les
compétences pour éclaircir les données liées au dossier, les
actualiser.
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ÉCLAIRAGE
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É&C / On dit souvent que la construction, notamment
de logements, est freinée par les pesanteurs
administratives, normes en tous genres, délais
d’instruction, aléas judiciaires attachés aux recours…
Quelle est votre vision ?
FB / L’addition des normes proposées par l’État, soit les
administrations centrales, souvent les ministères d’ailleurs, soit
des organismes extérieurs … bref toutes les administrations
publiques à l’échelle nationale, a représenté depuis 2014 un
coût global de 1,4 milliard d’euros imposé aux collectivités.
Outre les normes, il faut prendre en compte les multiples
critères juridiques, notamment de dimension européenne,
en matière d’appels d’offre, de traçabilité de l’argent public, de
contrôle des chambres régionales des comptes… Aujourd’hui,
on doit également faire face aux interventions en justice
menées par des associations, ou des contribuables qui, à
raison ou à tort, saisissent le tribunal administratif, puis la
cour d’appel administrative, et si ça ne suffit pas le conseil…
Un projet présenté en début de mandat, en raison de
l’addition de toutes ces interpellations, de toutes ces
procédures, peut être au point mort à la fin du mandat,
6 ans plus tard. Et pourtant des engagements ont été pris
devant la population, en conseil, des engagements, voir
même des mandats financiers, ont été donnés à des acteurs
économiques. Cela fait partie des sujets sur lesquels l’AMF
travaille pour la meilleure formation possible des élus. Il est là
encore nécessaire de s’adjoindre les services de spécialistes
pour bien envisager tous les points à prendre en compte, au
niveau juridique, réglementaire... Je constate que la situation
est de plus en plus difficile, car les collectivités n’échappent pas
à l’évolution de la société, avec une judiciarisation globale des
procédures.
PA / Nous sommes dans un pays où on adore les normes.
Personne ne veut de norme, tout le monde veut simplifier
mais, curieusement, à chaque fois, on en rajoute « une
couche ». C’est une évolution de la société : est-ce que cela
vient du phénomène de précaution, ou pas… Toujours est-il
qu’il semble extrêmement compliqué de faire machine arrière.
É&C / La France a besoin de logements, notamment
sociaux. Dans ce cadre, il est question de favoriser
les maires bâtisseurs : quelle est votre vision sur les
mesures prises
FB / Elles sont contradictoires avec la programmation de la loi
de finance publique. Vous ne pouvez pas réduire de manière
très significative le transfert de l’argent que l’État doit aux
collectivités et en même temps avoir une ambition de « maires
bâtisseurs ». Avec 30 % d’investissement en moins, le mandat
2014-2020 ne sera évidemment pas un mandat de maires
bâtisseurs, mais un mandat de maires gestionnaires,
avec moins de moyens, qui essaieront de faire ce qu’ils
peuvent pour remplir les missions qui leur sont confiées. Si
on revisite cette loi de programmation des finances, alors
une relance de la construction est possible. Je constate que
les textes qui ont été mis en place en ce début de législature
ont amplifié le blocage global de la sortie des projets. Il y a un
retard énorme de la production de logements sociaux dans
notre pays. Le nouveau texte de l’année 2015 pourra, peut-
être, certainement, favoriser le développement de nouveaux
projets. Mais on le sait très bien, et les spécialistes mieux que
quiconque : entre le moment de la décision et le moment de la
réalisation, il se passe au moins 18 mois. Donc, il y a au moins
18 mois de « quasi blanc » entre le moment où nous parlons
et les premiers résultats.
PA / On estime le déficit de logements à environ 1 million.
Si on voulait rattraper ce déficit, il faudrait en produire
au minimum 500 000 par an
pendant quasiment 15 ans. On
s’aperçoit de plus que le maillage
du territoire est disparate entre les
collectivités, certaines en ont trop,
d’autres pas assez. Il y a bien des
raisons qui expliquent cet état de
fait, et nous avons d’ailleurs évoqué,
entre autres, les normes. Mais il y a
eu aussi des maladresses, ainsi avec
la loi ALUR. On a perdu du temps,
déjà deux ans, et désormais je dirais
qu’il faut relancer le bateau. Mais en relançant maintenant, on ne
peut espérer des résultats que d’ici deux ans… dans deux ans, ne
sera-t-il pas déjà pas trop tard pour nombre d’entreprises ?
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LE BÂTIMENT GÉNÈRE UNE FORTE DEMANDE
D’EXPERTISES JUDICIAIRES, NOTAMMENT
EN LIEN AVEC L’ASSURANCE CONSTRUCTION
ET LE CARACTÈRE PARTICULIER DE SON
TRAITEMENT EN FRANCE.
LES ÉCONOMISTES, QUI SE CARACTÉRISENT PAR
LEURS COMPÉTENCES TRANSVERSALES ET LEUR
MAÎTRISE TECHNIQUE, SONT DES EXPERTS
« DE CHOIX ». POUR AUTANT, SOLIDE EXPÉRIENCE
ET BONNE CONNAISSANCE DE L’ORGANISATION
JURIDICTIONNELLE CONSTITUENT UN PRÉ-REQUIS
À NE PAS NÉGLIGER… LUMIÈRE SUR UNE
FONCTION COMPLEXE, MAIS PASSIONNANTE
À PLUS D’UN TITRE.
EXPERTISE JUDICIAIRE,METTRE SES COMPETENCES AU SERVICE DE LA JUSTICE.
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dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
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dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
ÊTRE EXPERT … ÇA VEUT DIRE QUOI ?
ommis par le juge en raison de ses connaissances techniques, il intervient pour éclaircir le magistrat sur un domaine
précis dans lequel ce dernier possède peu ou pas de connaissance. « Certains auteurs voient l’expert comme la
« loupe » du magistrat. Il lui permet de se rapprocher de la vérité factuelle et d’avoir une meilleure vision des faits dont
il est saisi. »1 La diversité des domaines sur lesquels travaillent les magistrats et la complexité technique de certains
dossiers ont ainsi permis l’apparition progressive de l’homme de l’art au sein des tribunaux. Par son savoir, l’expert est donc en
mesure de guider, voire d’orienter une décision de Justice, qu’il s’agisse d’affaires civiles, pénales ou administratives.
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LES FAITS, RIEN QUE LES FAITS
Si la responsabilité de l’expert est grande, son rôle est
strictement déterminé par la ou les missions qui lui
sont confiées. Précisons que son avis ne s’impose pas aux
juges, qui restent libres de leur appréciation : « dans le cadre
de l’expertise judiciaire, l’expert n’intervient que pour trancher
une « question d’ordre technique » et sur décision du juge
d’instruction ou de la juridiction de jugement. Il doit remplir sa
mission et seulement sa mission, sous le contrôle du juge qui le
commet, et le non-respect de ce cadre peut entraîner la nullité
de l’expertise. » 2
Mais l’expert peut aussi intervenir pour concilier les
parties. « La médiation peut faire partie de nos missions,
mais nous ne sommes pas là pour défendre qui que soit
ou prendre parti. Il s’agit en premier lieu de répondre aux
interrogations du juge. Il faut rester très humble et s’en tenir
à ce qui nous est demandé », explique Patrick Biais, expert
auprès de la Cour d’appel de Bordeaux depuis 20 ans. In fine,
l’expert se doit d’accomplir « la mission, rien que la mission
mais toute la mission » 3 pour, à l’issue de son « enquête »,
remettre au juge un rapport d’expertise qui permettra de
statuer sur les préjudices subis.
L’EXPERT ÉCONOMISTE, GÉNÉRALISTE PAR EXCELLENCE
De quelles missions parle-t-on en matière d’expertise
judicaire en bâtiment ? « Dans notre secteur, il existe
deux types très fréquents de litiges : les désordres et la
malfaçon. Rétablir la réalité, ou la vérité, entre ce qui a été
exécuté et ce qui a été payé, c’est l’affaire classique. À partir
de là, la mission de l’expert est de déterminer les causes et les
conséquences du désordre ou de la malfaçon, de procéder
à l’épurement des comptes (ce qui a été commandé et
comment s’est effectué le paiement) et d’estimer les travaux
de réparation », poursuit Patrick Biais.
On comprend dès lors que, dans des affaires bien souvent liées
à des enjeux financiers, l’économiste de la construction soit
hautement qualifié. Mais au-delà de ces litiges économiques
récurrents, de par sa connaissance des rouages d’un chantier
de A à Z, l’économiste est en mesure d’assurer tous les types
de missions : contrôle du déroulement d’un chantier, OPC,
analyse des pénalités applicables au regard des obligations
respectives des différents intervenants à l’acte de construire,
contrôle du déroulement de la synthèse, analyse des
conditions et conséquences de la rupture d’un marché, etc.
La diversité de ses compétences, sa vision globale du métier
1 Hélène Lavedrine « L’expertise Judiciaire », mémoire de master de Droit Pénal, université Panthéon Assas.
2 Ibid.
3 Michel Olivier, « De l’expertise civile et des expert », Paris, Berger Levrault
HOMME DE L’ART, SPÉCIALISTE, TECHNICIEN, PROFESSIONNEL HABILITÉ… LES QUALIFICATIFS NE MANQUENT PAS POUR
DÉSIGNER L’EXPERT JUDICIAIRE. COLLABORATEUR OCCASIONNEL DE LA JUSTICE, SON STATUT NE CESSE DE FAIRE DÉBAT,
ET TENTER D’EN CERNER LES CONTOURS N’EST PAS TOUJOURS CHOSE AISÉE. IL FAUT DIRE QUE L’EXPERT N’APPARTIENT
À AUCUNE PROFESSION JURIDIQUE À PROPREMENT PARLER. NON SEULEMENT, IL N’EXISTE PAS DE TITRE D’EXPERT
JUDICIAIRE, MAIS L’EXPERTISE, EN SOI, EST UNE FONCTION, NON UNE PROFESSION. CACHÉ DANS L’OMBRE DU MAGISTRAT,
PARÉ D’UNE AURA DE PRESTIGE, L’EXPERT OCCUPE POURTANT UNE PLACE DE CHOIX DANS LES PRÉTOIRES.
27
et sa connaissance du terrain font clairement la différence,
lorsqu’il s’agit de résoudre des affaires qui impliquent une
multitude de paramètres et le fonctionnement d’ensemble
du domaine d’activité. Pour Michel Benedetto, économiste
et expert depuis 15 ans en région PACA, l’avantage de
l’économiste est d’être le « généraliste » par excellence du
bâtiment : « Je compare souvent l’économiste au médecin
généraliste : pour déterminer une pathologie, avant d’aller
chez le spécialiste, il faut avoir une vision globale des causes
et des symptômes. ».
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
CHIFFRES CLÉ
Quelques
13 000 experts de toutes spécialités interviennent auprès des tribunaux hexagonaux.
Avec les experts-comptables et les experts médicaux, les experts bâtiment forment le gros des effectifs.
Les expertises civiles concernent surtout :le domaine du bâtiment
40,6 %et le domaine médical
35 %
28 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
AVOIR DES COMPÉTENCES NE SUFFIT PAS. L’EXPERTISE SOULÈVE BEAUCOUP DE QUESTIONS ET REQUIERT UN ÉNORME TRAVAIL D’ANALYSE. ”
CÉLINE PINTAT
29O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
Tout comme le juge, l’expert n’est pas omniscient. Lorsqu’une affaire déborde ses compétences, il a la possibilité de faire appel à un technicien d’une autre spécialité. Apparaît alors le « sapiteur », qui interviendra sous son contrôle et sa responsabilité. Selon l’étymologie, le sapiteur serait à la fois un sage et un « sachant ». Si le terme est aujourd’hui tombé
en désuétude, il se perpétue dans le langage ordinaire des juges, des avocats et des experts. Entièrement dépendant de l’expert, le sapiteur n’a aucun pouvoir d’initiative et n’est pas tenu de connaître de procédures particulières. Sa rémunération dépend également entièrement de l’expert tant pour son montant que pour son règlement.
LE SAPITEUR : L’EXPERT DE L’EXPERT
E&C / Décrivez-nous votre parcours d’expert…
CP / J’ai été amenée à travailler dans un cabinet d’économie
de la construction durant 14 années aux côtés d’un expert
judiciaire. Je pense que c’est ce qui est à l’origine de mon envie
de faire de l’expertise. En 2008 j’ai créé mon propre cabinet.
J’ai suivi une formation à la Compagnie des Experts Judiciaires
de Dijon, à l’issue de laquelle j’ai été inscrite auprès de la Cour
d’Appel de Dijon. J’ai prêté serment le 30 janvier 2013.
E&C / Cette formation vous a-t-elle été utile ?
CP / C’est une certitude ! Un économiste expérimenté a
beaucoup d’atouts pour mener à bien ce type de mission, mais
la formation est indispensable, ne serait-ce que pour apprendre
à rédiger un rapport. Non seulement l’activité d’expertise
demande un champ de connaissances varié, mais l’expert
évolue dans un monde qui a ses propres codes, ses propres
conventions. Travailler avec des avocats n’est pas toujours
évident… ils sont rarement là pour vous faciliter la vie ! Même si
vous êtes excellent dans votre domaine, avoir des compétences
techniques ne suffit pas. Il faut être en mesure de défendre
son point de vue, d’avoir un discours à la fois technique et
pédagogique.
E&C / Qu’est-ce qui vous
séduit dans la pratique de
l’expertise ?
CP / J’apprécie le fait que chaque dossier soit différent. En
deux ans et demi, j’ai remis environ 25 rapports d’expertise sur
des sujets très divers : un revêtement de sol en résine au bord
d’une piscine avec un risque de glissance et de désagrégation
des granulats, une couverture effondrée depuis 7 ans (qui est
responsable ? Le vent ? La vétusté ? Quel coût pour une remise
à neuf ?), un carrelage sur une terrasse extérieure décollé, des
combles non aménageables transformés en combles aménagés
mal conçus avec un risque de déversement de la charpente…. Et
j’en passe !
L’expertise soulève beaucoup de questions et requiert un
énorme travail d’analyse. Il faut aimer se creuser la tête ! En cela,
c’est une activité très stimulante, mais qui peut être source de
tracas, dans la mesure où la parole de l’expert fait foi… notre
responsabilité est engagée.
E&C / Les qualités d’un bon expert ?
CP / Patience, pondération, neutralité, probité, discrétion,
courtoisie, loyauté…
CÉLINE PINTATCABINET PCÉCONOMISTES,
CHAUMONT
TÉMOIGNAGE
dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
30 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
DES DEMANDES D’EXPERTISES EN HAUSSE
E&C / Quelle est votre formation d’origine ?
PB / Je suis ingénieur IPF diplômé du CNAM, j’ai également une
formation en maîtrise d’économie de la construction à Lyon et
un diplôme universitaire d’Expert de Justice. Je suis économiste
depuis 1972, en libéral depuis 1988. J’enseigne dans le cadre de
l’IUT de génie Civil à l’université de Bordeaux.
E&C / Quelles motivations vous ont poussé à devenir
expert ?
PB / Je pratique l’expertise juridique depuis 20 ans, auprès de
la Cour d’Appel de Bordeaux. J’interviens auprès du Tribunal de
Grande Instance et du Tribunal de Commerce. À l’origine de ma
motivation à faire de l’expertise judiciaire, il y a la passion du
métier et la volonté de renouveler ma pratique professionnelle.
Je retire avant tout beaucoup de satisfaction à faire bénéficier
la justice de mon savoir. Le sentiment de se rendre utile est la
véritable gratification. Aujourd’hui, j’ai plus de 400 expertises à
mon compte : je suis intervenu dans des affaires pénales, civiles,
administratives. Il m’est aussi arrivé de travailler sur des affaires
d’homicides ou des affaires politiques… c’est passionnant !
E&C / Comment
percevez-vous le rôle
de l’économiste dans
l’expertise judiciaire ?
PB / Nous vivons dans
un monde où l’argent
prime … et la plupart
des affaires traitées ont
trait à des litiges financiers. En ce sens, l’économiste-expert
judiciaire est donc plus que jamais légitime et indispensable.
Si du chemin reste encore à parcourir pour faire reconnaître
nos compétences, il me semble que les magistrats ont pris
conscience de l’importance de de ce métier et du rôle que
l’économiste peut jouer dans une procédure.
E&C / Quelles est la part de l’expertise dans votre chiffre
d’affaire ?
PB / Au cabinet nous sommes 8 personnes. L’expertise
représente 10% de notre activité. En 20 ans, les demandes
d’expertises ont augmenté de manière phénoménale. Il y
a là une véritable opportunité de travail. Mais, soyons clairs,
l’enrichissement ne peut pas être la motivation première, et
l’expertise est plutôt un revenu secondaire.
PATRICK BIAIS61 ANS, CABINET SIEC, BORDEAUX
ANCIEN PRÉSIDENT DÉPARTEMENTAL ET VICE-PRÉSIDENT RÉGIONAL DE L’UNTEC.
ANCIEN PRÉSIDENT RÉGIONAL DE L’OPQTECC.
TÉMOIGNAGE
L’EXPERTISE EST UNE MANIÈRE DE RENOUVELER LA PRATIQUE DE SON MÉTIER ”
PATRICK BIAIS
Dans le bâtiment, les demandes d’expertises judiciaires
ont connu une augmentation très importante ces
dernières années. « Rien que sur Bordeaux, le nombre
d’expertises a doublé sur plusieurs années passant d’environ
2 000 à 4 000 par an (toutes branches expertales confondues),
ce qui est colossal », note Patrick Biais. Les opportunités sont
donc nombreuses. « Dans un contexte difficile où la qualité des
constructions n’est pas toujours au RDV, les gens n’hésitent plus à
faire appel aux tribunaux pour régler leurs litiges. »
Malgré l’adéquation des compétences de l’économiste avec
les besoins exprimés par les juges, trop peu nombreux sont
encore les économistes qui réalisent des expertises. Selon les
derniers chiffres de la cartographie de l’Untec, seul 1% des
économistes de la construction affiliés exercent une activité
d’expert. De plus, on note que les magistrats connaissent
encore peu les économistes, et sont de ce fait plus enclins à
se tourner vers les architectes et les ingénieurs, alors même
que ces derniers, malgré leur savoir-faire, ne disposent pas
d’une maîtrise absolue des différents liés à l’acte de construire
et ayant un fondement d’ordre économique.
dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
32 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
NE DEVIENT PAS EXPERT JUDICIAIRE QUI VEUT
Si en théorie, la juridiction civile ou pénale peut désigner « toute personne
physique ou morale pour répondre à une ou plusieurs questions
techniques qu’elle n’est pas en mesure de résoudre par elle-même et
desquelles dépend la solution d’un procès », en pratique, le magistrat ira plus
volontiers piocher dans les listes établies par les Cours d’appel. L’inscription
sur ces listes s’effectue à l’issue d’une sélection sur dossier… le plus
fourni possible. Titres, diplômes, références, formations, casier judiciaire, et
tout ce qui qui viendra justifier la qualification et la notoriété sont étudiés
en vue de déterminer la compétence, la rigueur mais aussi l’honnête
professionnelle irréprochable du candidat, comme le mentionne le Conseil
National des Compagnies d’Expertise de Justice (CNCEJ). Lors de son
inscription, il devra également préciser les domaines de spécialisation dans
lesquels il souhaite officier. Une fois retenu, le futur expert sera inscrit
sur une liste certifiée, consultable par tous les tribunaux. Et il prêtera
serment : « Je jure d’accomplir ma mission, de faire mon rapport et de donner
mon avis en mon honneur et conscience ». Après une période probatoire de
deux ans, l’expert devra renouveler son inscription tous les 5 ans, via le dépôt
d’un nouveau dossier examiné par une commission composée de magistrats
et d’experts.
• Se faire communiquer tous documents et pièces qu’il estimera utiles pour l’accomplissement de sa mission et notamment les documents contractuels liant les parties.
• Entendre les parties, recueillir leurs observations, dires et explications.
• Faire l’état des lieux et décrire les éléments du litige.
• Rechercher la cause du sinistre et trouver son origine.
• Fournir tous les éléments techniques et de fait, de nature à permettre à la juridiction saisie de déterminer les responsabilités encourues et évaluer les préjudices subis.
• Indiquer et évaluer le coût des travaux éventuellement nécessaires.
• Donner tous les éléments permettant au juge du fond de statuer sur les préjudices subis.
LE PARCOURS D’UN EXPERT JUDICIAIRE JUSQU’À LA REMISE DU RAPPORT D’EXPERTISE
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 33
DES PROFESSIONNELS DE HAUTE VOLÉE
Mais la sélection est rude. Seuls 3 à 5
% des dossiers sont retenus par les
Cours d’Appel, selon le CNCEJ. « Pour être
un bon expert, il faut avoir de la bouteille.
Rares sont les experts de moins de 50 ans.»,
souligne Patrick Biais. Pour autant, l’agrément de justice n’est
pas forcément un sésame.
« Vous pouvez être agrémenté et ne jamais être appelé pour
une mission ». Pour être reconnu en tant que tel, l’expert doit
donc être un professionnel aguerri au sommet de son art,
disposant de grandes aptitudes à l’analyse… mais aussi d’un
bon relationnel. La réputation d’un expert tient d’abord à la
UNE FORMATION INDISPENSABLE ?
Si elle n’est pas obligatoire, une formation à l’expertise
judiciaire est cependant fortement recommandée.
Sans jamais se substituer à l’expérience, elle permet
d’acquérir une connaissance de l’organisation juridictionnelle
indispensable à la pratique de l’expertise. Parmi les
enseignements dispensés : la culture juridique générale, la
maîtrise des principes du procès et des règles de procédures
ou encore la méthodologie du rapport d’expertise. Plusieurs
options de formation sont possibles : en formation
qualité de ses travaux, mais le relationnel est primordial.
« Nous sommes avant tout des techniciens mais il faut savoir
écouter, expliquer, convaincre et ne pas se laisser déstabiliser
par les avocats. Il faut être bien armé et entretenir de bonnes
relations avec les gens pour qui et avec qui vous êtes amené
à travailler » confirme Patrick Biais.
continue via une qualification délivrée par les organismes
de formation professionnelle ou les Compagnies d’Experts
Judiciaire. L’université propose également des DU (Diplôme
Universitaire) d’expertises Judiciaires accessibles sur dossier
et à Bac + 2 minimum. « À mon sens, le DU est quasi un
passage obligatoire. Si vous faites une faute en termes de
procédure… c’est tout votre rapport qui peut être caduque »,
insiste Patrick Biais.
dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
34 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
COMMENT DEVENIR EXPERT ?
PROFESSIONNEL EXPÉRIMENTÉ
1
4
5
• Formation à l’expertise Judiciaire recommandée (Université, Organisme professionnel, Compagnie des Experts Judiciaires).
• Avant le 1er mars de chaque année : dépôt d’un dossier auprès du Tribunal de Grande Instance (TGI) du département où il exerce son activité principale (lettre sur papier libre précisant les domaines de spécialisation + curriculum vitae, extrait du casier judiciaire, copie certifiée conforme des diplômes présentés à l’appui de la demande, travaux déjà effectués dans les spécialités concernées et toute pièce permettant d’apprécier ses compétences).
• Dossier retenu > inscription sur la liste de la Cour d’Appel.
• L’expert prête serment devant la Cour d’Appel.
• Pendant 3 ans l’expert est inscrit sur la liste à titre probatoire.
• Tous les 5 ans, l’expert doit refaire une demande de réinscription sur présentation d’un dossier évalué par une commission de magistrats et d’experts.
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 35
E&C / Comment vous êtes-vous intéressé à l’expertise ?
MB / J’avais déjà 20 ans d’expérience en conduite de travaux lorsque j’ai commencé
à faire de l’expertise judiciaire. Après avoir travaillé comme conducteur de travaux
puis directeur de travaux dans des entreprises générales, je me suis naturellement
dirigé vers l’OPC et les bureaux de prix. En 2007, je me suis mis à mon compte avec
l’angoisse, je dois le dire, de ne pas avoir suffisamment d’activité pour y arriver.
C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de me diversifier. J’avais déjà eu l’occasion
plusieurs fois d’assister à des réunions d’expertise pour constater des sinistres, et
j’avoue que bien souvent j’ai douté des compétences ou de la bonne foi des experts
en assurance ! Et puis, finalement, en tant qu’économiste, j’avais fait déjà 6 années
de conseil. C’est comme ça que j’ai fait mes premières armes…
Mais mon cas est aussi un peu particulier puisque je suis également lieutenant-
colonel de la gendarmerie nationale. L’esprit d’analyse, les procédures et
l’investigation ne sont pas des domaines qui me sont inconnus ! Un expert qui n’est
pas dans l’investigation risque de toute façon de passer à côté de la vérité.
En 2006-2007, je décide donc de me former et je passe un diplôme d’aptitude à
l’Union des Compagnies d’Expert, afin d’obtenir l’agrément de la Cour d’Appel. La
formation a duré 3 ans… c’est un investissement en temps et en travail, mais on ne
fait pas de l’économie de la construction si l’on n’est pas travailleur !
E&C / Quels sont selon vous les atouts de l’économiste pour faire de
l’expertise judiciaire ?
MB / En tant qu’économiste, nous sommes par nature « poly-compétent ».
Coordination, prescription, rédaction des CCTP, connaissance précise des normes
et du terrain, suivi de l’opération de la conception à la réalisation… nous brassons de
multiples connaissances, ce qui fait de nous des professionnels particulièrement
aptes pour répondre aux attentes des magistrats.
E&C / Quelles difficultés êtes-vous susceptible de rencontrer dans
votre fonction d’expert ?
MB / Il faut savoir que l’expertise est une activité complexe et très chronophage.
Les magistrats sont très exigeants quant à la qualité du rapport et aux délais du
rendu… notamment parce que l’expertise en bâtiment coûte une fortune et que
nous sommes rémunérés au temps passé. Il faut donc pouvoir se ménager du
temps, ce qui n’est pas toujours simple quand vous avez une activité principale. Or,
pour un être un bon expert il faut connaître sa matière, et pour cela il faut rester en
activité autant que possible…. De plus, les avocats sont de plus en plus spécialisés
et connaissent parfois très bien leur sujet. Dès qu’ils sentent une faiblesse chez
l’expert, il n’hésite pas à le faire savoir, c’est dans leur intérêt ! Il y a beaucoup
d’enjeux financiers derrière l’expertise et beaucoup de jeux de pouvoirs entre les
interlocuteurs… Il faut apprendre à maîtriser les arcanes du juridique, mais c’est un
défi passionnant.
UN EXPERT QUI N’EST PAS DANS L’INVESTIGATION RISQUE DE TOUTE FAÇON DE PASSER À CÔTÉ DE LA VÉRITÉ ”
MICHEL BENEDETTO
MICHEL BENEDETTOÉCONOMISTE À MANOSQUE,
58 ANS
TÉMOIGNAGE
dossier : EXPERTISE JUDICIAIRE
36 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
EN vue
atherine Dargent-Ahlqvist est membre de la RICS depuis 2005, dans
la continuité d’un parcours débuté en étude notariale, où elle fut en
charge de la direction et du développement du service d’expertise
immobilière, puis à Gecina, avant de fonder son cabinet. Elle a été
nommée en mars dernier Présidente de la RICS France, pour 18 mois, dans le
cadre d’une présidence alternée, prenant la suite de Karl Delattre.
Actuellement, la RICS France réunit plus de 1 100 membres, professionnels de
l’immobilier, de l’aménagement, de l’urbanisme et de la construction, 500 stagiaires
et 1 300 étudiants venant de dix formations accréditées (I.C.H, Université de Paris
Dauphine, Université de la Sorbonne, E.S.S.E.C, GESIIC, Kedge Business School et
E.S.T.P).
La RICS France est rattachée à la Royal Institution of Chartered Surveyors
(RICS), organisation internationale créée en Angleterre en 1868 et rassemblant
160 000 membres dans le monde. C’est un organisme de promotion de toutes
CATHERINE DARGENT-AHLQVIST,PRÉSIDENTE DE RICS FRANCE, DIRIGEANTE
DE LA SOCIÉTÉ DAXTER, CABINET DE
CONSEIL STRATÉGIQUE, D’ADMINISTRATION
DE BIENS ET D’EXPERTISE IMMOBILIÈRE
QU’ELLE A FONDÉ EN 2007.
ENTRETIEN AVEC
LA RICS PROMEUT L’ADOPTION ET LA GÉNÉRALISATION DES STANDARDS INTERNATIONAUX AVEC UN RESPECT DES SPÉCIFICITÉS LOCALES”
“
ACCRÉDITATION RICS DES PROFESSIONNELS
IMMOBILIER
C
0 c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 37
© D
axte
r
les professions de l’immobilier - urbanistes, promoteurs, experts,
conseils, etc. - et qui entend maintenir un haut niveau de
formation et de compétences de ses membres.
E&C / Quelles sont les particularités de RICS France ?
CDA / RICS France a été créée il y a vingt ans «seulement».
Elle doit donc toujours se faire connaître afin d’accroître
son influence et se développer. Elle est dotée d’un conseil
d’orientation accompagné de salariés permanents. Je succède à
Karl Delattre depuis mars 2015 pour une durée de 18 mois dans
le cadre d’une présidence alternée.
Il existe 11 groupes professionnels (immobilier d’entreprise et
commercial, économie de la construction, juristes, évaluation,
développement durable, résolution des litiges, direction de
l’immobilier et des services, urbanisme et promotion, immobilier
résidentiel, conseil en immobilier et recherche immobilière)
et 3 régionaux (Groupe Rhône-Alpes, Groupe Méditerranée et
Groupe Atlantique). En fonction de leurs métiers et de leurs
centres d’intérêts, les membres participent à un ou plusieurs
groupes dans le but d’échanger, de partager les bonnes
pratiques et de réfléchir sur les thématiques du secteur et son
interaction avec les autres composantes de l’économie.
E&C / Sur quels dossiers travaille la RICS en France ?
CDA / Parmi nos priorités, il y a l’accompagnement de l’accréditation
des experts immobiliers (évaluation de biens) mise en place en
2013 et rendue obligatoire cette année. Cette Valuer Registration
passe par un cursus de formation spécial et s’accompagne d’un
audit interne régulier (monitoring). En plus de l’accréditation VR,
RICS France encourage le partage de bonnes pratiques à travers
les différentes formations proposées aux membres.
Elle promeut également l’adoption et la généralisation des
standards internationaux avec un respect des spécificités locales.
Ainsi elle a publié plusieurs guides conformes aux standards
internationaux pour chacune des disciplines du secteur comme le
Red Book qui s’adresse aux experts immobiliers, RICS Real Estate
Agency & Brokerage Standards destiné aux agences ou encore
le Standard Real Estate Management pour la gestion immobilière
Les derniers standards adoptés sont l’International Property
Measurement Standards (IPMS), norme de mesurage des
surfaces, et la RICS est un membre fondateur de la coalition qui
a développé l’IPMS.
E&C / Utiliser la même méthode de mesure d’une surface
intéresse également l’Union nationale des économistes
de la construction, avec laquelle vous travaillez en
partenariat.
CDA / L’Untec, l’ordre des géomètres experts et RICS France
font partie du groupe de travail qui traduit l’IPMS en français
et rédige les annexes spécifiques à la France. Cette norme
sera déclinée par typologie d’actifs - immobilier d’entreprise,
logement, etc. - car chacune prend en compte des surfaces
différentes. Ce travail s’accompagne d’une mise en pratique du
standard dans des entreprises afin de le confronter au terrain. Il
faudra ensuite le faire adopter par les sociétés membres de la
RICS. C’est une tâche de longue haleine que nous menons avec
l’Untec et l’Ordre des géomètres experts.
E&C / Quels sont les dossiers à venir de la RICS en
France ?
CDA / Nous souhaitons aussi être mieux connus des autorités
publiques pour faire le lien entre le secteur public et le secteur
privé sur des sujets comme l’éthique, la déontologie ou encore
les bonnes pratiques. Nous nous devons d’accompagner la
mutation des métiers et l’innovation qui est d’ailleurs le thème
de notre colloque du 25 novembre. Les échanges entre
membres font évoluer les métiers.
Par ailleurs, Paris aura l’occasion d’accueillir en novembre
prochain la session d’automne du Governing Council qui est
l’instance suprême de l’organisation. Son rôle est la formulation
d’une vision stratégique pour la RICS.
E&C / Avez-vous d’autres sujets à traiter avec l’Untec ?
CDA / Nous souhaitons travailler avec l’Untec sur le BIM
(Bâtiment et informations modélisés) qui va révolutionner
l’approche de tous les professionnels du secteur au-delà
des métiers techniques. La RICS va contribuer à diffuser
le BIM dans les professions immobilières et encourager la
transprofessionnalité.
POUR ÊTRE MEMBER RICS (MRICS) OU FELLOW RICS (FRICS),
IL FAUT AVOIR SUIVI UN PARCOURS SELON SON EXPÉRIENCE
ET SA FORMATION. CHAQUE CHARTERED SURVEYOR S’ENGAGE
À CONTINUER DE SE FORMER AU MOINS VINGT HEURES PAR AN
ET À RESPECTER UN CODE DÉONTOLOGIQUE QUI VISE
À PROTÉGER LES CLIENTS COMME LES CONSOMMATEURS.
L’ACCRÉDITATION DE PROFESSIONNELS DE L’AMÉNAGEMENT,
DE LA CONSTRUCTION ET DE L’IMMOBILIER PAR
LA RICS GARANTIT UN HAUT NIVEAU DE COMPÉTENCES .
38 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
EN vue
40 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
O c t o i b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 41
territoires
LE 1ER JANVIER 2015 EST NÉE MÉTROPOLE ROUEN
NORMANDIE, ISSUE DE LA COMMUNAUTÉ
D’AGGLOMÉRATION (LA CREA) MISE EN PLACE EN
2010 ET QUI RASSEMBLAIT, À FIN 2014, QUELQUES
494 380 HABITANTS. LES 71 COMMUNES DE LA
MÉTROPOLE AFFICHENT AUJOURD’HUI UNE MÊME
AMBITION ET PARTAGENT UN MÊME PROJET,
À SAVOIR CONSOLIDER L’ATTRACTIVITÉ ET
LE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE, EN LUI
CONSERVANT SA SINGULARITÉ, EN JOUANT
DE SES ATOUTS ET EN AFFIRMANT SA VOCATION
DE “LOCOMOTIVE” DE LA FUTURE GRANDE
NORMANDIE.
DURANT PRÈS DE 150 ANS, L’INDUSTRIE A
FAÇONNÉ LE PAYSAGE DE L’AGGLOMÉRATION
ROUENNAISE. AUJOURD’HUI, IL S’AGIT D’ÉVOLUER
SANS TOURNER LE DOS À CE PASSÉ : DE GRANDS
CHANTIERS DE RÉAMÉNAGEMENT DES USINES ET
DES PORTS EN FRICHE SONT PENSÉS DANS
L’OBJECTIF DE CRÉER DE NOUVEAUX ESPACES
DÉDIÉS AUX ENTREPRISES, AUX HABITATIONS,
AUX ÉQUIPEMENTS DE LOISIRS ET AUX ESPACES
VERTS. L’INDUSTRIE RESTE PRÉSENTE,
MAIS L’ACCENT EST MIS SUR L’INNOVATION, ET LA
DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE EST RECHERCHÉE.
PRÉSERVER L’ÉQUILIBRE ENTRE NATURE ET
URBANITÉ ET ASSURER UN LIEN FORT ENTRE
LES DIFFÉRENTES COMMUNES, DEVELOPPER
UNE INDUSTRIE DE POINTE ET PARIER SUR
L’INNOVATION POUR CRÉER DES EMPLOIS…
COMMENT LA MÉTROPOLE ACCOMPAGNE-T-ELLE
ET IMPULSE-T’ELLE CES CHANGEMENTS ? ZOOM
SUR UNE TOUTE NOUVELLE MÉTROPOLE QUI
NOURRIT DE GRANDES AMBITIONS.
MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE, UN TERRITOIRE EN MOUVEMENT
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42 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
É&C / Quels sont les changements induits par le
passage en Métropole en janvier 2015 ?
F S / Le point le plus fort est le changement de dimension
qui nous permet de rentrer dans la strate assez fermée des
14 Métropoles françaises. Depuis 2010, nous avons rassemblé
nos territoires pour construire une communauté de destin pour
près de 500 000 habitants. Cela nous fait aujourd’hui Métropole.
C’est un élément de fierté pour de nombreux habitants en
même temps que l’aboutissement d’une stratégie pour le
territoire. Techniquement, cela se traduit par le transfert de
nouvelles compétences, l’urbanisme, la voirie communale dès
2015, les routes départementales à partir du 1er janvier prochain,
la création d’un pôle muséal unique …
É&C / Quelle est votre vision de la métropole demain ?
F S / La Métropole Rouen Normandie sera un des territoires
français qui compte. Elle aura su se transformer, se projeter, se
ré-imaginer. Rouen accueille un bassin d’emploi puissant (le
5ème des emplois de la nouvelle région), de grands équipements
de rayonnement national, voire au-delà. Nous travaillons
aujourd’hui sur une recomposition urbaine d’envergure :
un nouveau cœur de métropole va voir le jour au cours
des prochaines années, avec un centre historique rénové
pour le 30ème anniversaire de l’Armada en 2019, des quais
de Seine reconquis, de nouveaux quartiers qui étendront le
cœur métropolitain hors de son enveloppe historique dans le
cadre du projet Seine Cité, et ce avec une ambition culturelle
singulière. Cette dynamique métropolitaine, qui met l’accent sur
la qualité de vie et accompagne l’ensemble des communes de
notre agglomération, voit une éco-cité moderne et innovante
se dessiner sur les bords de Seine. La vision, l’ambition, c’est le
rang européen à 20 ans.
territoires
FREDERIC SANCHEZ PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE
ROUEN NORMANDIE
ENTRETIEN AVEC
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O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 43
É&C / Sur quels grands projets s’appuie le développe-
ment de la Métropole Rouen Normandie ?
F S / Nous avons une grande histoire industrielle et portuaire :
au 1er rang français pour l’exportation dans l’agro-alimentaire,
au 1er rang européen pour l’exportation de céréales, le port
maritime de Rouen est un port dynamique, allié à ceux du
Havre et de Paris au sein d’Haropa. C’est un atout considérable.
L’axe Seine, véritable corridor de développement reliant
Paris à l’estuaire, reste un axe de développement majeur
pour la Métropole de demain. Mais nous oeuvrons aussi à la
diversification économique pour devenir la capitale tertiaire du
Nord-Ouest de la France entre Lille et Rennes : les nouveaux
quartiers de Seine Cité formeront un pôle à la vocation affirmée
en matière de tertiaire et tertiaire supérieur. La Métropole, c’est
aussi le soutien à la création d’entreprises et à l’innovation, avec
l’un des premiers réseaux de pépinières et d’hôtels d’entreprise
en France. Enfin, la Métropole accompagne des grands projets
d’infrastructures, ainsi de la Ligne Nouvelle Paris Normandie.
La LNPN est une opportunité rare : nous serons encore mieux
reliés, à Paris et ses interconnexions, à la Normandie, et ce
projet représente pour nous un enjeu de dynamisation urbaine
extraordinaire avec la création d’une gare nouvelle en bord de
Seine et au cœur de la Métropole.
É&C / Comment la Métropole Rouen Normandie
s’insère-t-elle dans la vision d’une Région Normandie
unique ?
F S / Métropole en même temps que chef-lieu de la grande
Région, nous serons demain le 2ème investisseur public
normand derrière le Conseil Régional. Cela nous donne une
responsabilité qui dépasse les frontières strictes de notre bassin
de vie. Chacun souligne l’homogénéité de destin économique,
historique, culturel des villes et territoires de Normandie. Avec
les agglomérations de Caen et du Havre, j’ai le sentiment que
nous l’avons compris ; nous recherchons les convergences,
travaillons en bonne intelligence sur des enjeux communs de
développement : filière numérique, soutien à l’enseignement
supérieur et à la recherche, culture… La Métropole veut
être partenaire de l’ensemble des villes et agglomérations
normandes pour construire avec elles la Normandie de demain :
l’enjeu est exaltant.
POUR MOI, IL N’Y AURA PAS DE NORMANDIE FORTE SANS MÉTROPOLE FORTE. ”
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Situé au cœur de l’axe Seine, en rive gauche, le projet Seine
Sud présente clairement une vocation économique. Mais
il s’agit également de relever un pari fort, en conciliant le
développement économique, la reconquête des berges et la
valorisation des espaces naturels. Les quelques 500 hectares
de Seine Sud s’inscrivent en effet dans un contexte
géographique stratégique où se croisent le rail, le fleuve
et la route. Perçue comme complémentaire aux grands ports
maritimes de Rouen et du Havre et à d’autres plateformes proches,
la zone d’activités a vocation à participer au développement de la
Métropole en redynamisant le tissu industriel de la rive gauche. Elle
est d’ores et déjà le plus important projet de reconversion de
friches et de redynamisation économique sur le territoire
de la Métropole.
Les études ont duré de longues années, le site est complexe
en raison de la nature des sols, des droits de propriété,
de la pollution de terrains jadis industriels. Il a bénéficié
d’une « approche environnementale de l’urbanisme ».
L’aménagement entre désormais en phase concrète pour
deux premiers secteurs : la ZAC du Halage (16 hectares) et la
ZAC de la Sablonnière (25 hectares).
La ZAC du Halage sera dédiée aux activités logistiques et de
transport, pour des PME/PMI à vocation plutôt industrielles.
Les premiers travaux sont prévus pour 2017.
Le dossier du parc d’activités de la Sablonnnière, à Oissel
(montant prévisionnel de 10 M€ HT) est actuellement en
cours de constitution. La Sablonnière accueillera pour sa
part des PME-PMI dans le domaine mixte artisanal. Sur ce
site, 5 hectares d’une zone boisée inaccessible au public
aujourd’hui et en mauvais état seront remis en état. Ce site
servira de lien entre la zone d’activité et le reste de la ville. Les
premiers travaux sont prévus pour 2016.
Métropole Rouen Normandie passera deux traités de concession
avec une société publique locale (SPL) qui assurera l’aménage-
ment et la commercialisation de ces deux opérations.
O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2 45
territoires
MUTATIONS EN VUE
LES PROJETS DE L’ÉCO-QUARTIER FLAUBERT, AVEC SES 90 HECTARES PARTAGÉS
ENTRE LES COMMUNES DE ROUEN ET DE PETIT-QUEVILLY, ET SEINE SUD, AVEC SON
SECTEUR ÉCONOMIQUE, DONT LE PROJET DE PLATEFORME MULTIMODALE, ÉTENDU
SUR 800 HECTARES ENTRE LES COMMUNES D’OISSEL, SAINT-ÉTIENNE-DU-ROUVRAY,
SOTTEVILLE-LÈS-ROUEN ET AMFREVILLE-LA-MIVOIE, CONSTITUENT DES PROJETS
MAJEURS ET EMBLÉMATIQUES DE LA NOUVELLE MÉTROPOLE. PENSÉS IL Y A UNE
QUINZAINE D’ANNÉES, LES PROJETS COMMENCENT AUJOURD’HUI PEU À PEU À SE
CONCRÉTISER.
Seine Sud
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DEUX PROJETS EMBLÉMATIQUES
SEINE SUD, UNE OPÉRATION ÉCONOMIQUE MAJEURE POUR CES PROCHAINES ANNÉES
ÉCO-QUARTIER FLAUBERT, POUR UNE VILLE DURABLE, POUR TOUS
À 10 minutes à pied de l’hyper centre rouennais, l’éco-quartier
Flaubert est un des piliers d’un projet plus vaste, Seine Cité,
qui rassemblera à terme l’écoquartier Lucilline (livraison
en cours) et le futur écoquartier, dont un centre d’affaires
autour de la nouvelle gare. L’écoquartier Flaubert se situe
pour sa part à l’interface de différents enjeux urbains, à
N338
Seine
ROUEN
PROJET SEINE SUD
ÉCO-QUARTIER FLAUBERT
territoires
FOCUSAU CŒUR DE L’ÉCOQUARTIER, LE NOUVEAU SIÈGE DE LA MÉTROPOLE
Le siège de la Métropole se construit sur le site du hangar 108,
lui-même démoli en janvier 2015. Il recyle ainsi du foncier déjà
urbanisé et s’inscrit dans une logique de « faire la ville sur la ville ».
Conçu par Jacques Ferrier, le bâtiment se veut à la fois un
geste architectural et technique, visant même l’exemplarité
environnementale : il devrait atteindre 2 labels européens
de référence, les labels PassivHaus (limitation des besoins de
chauffage et d’électricité) et Bepos (bâtiment à énergie positive,
produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme). Une double
peau constituée de 2 000 m2 de panneaux photovoltaïques lui
procurera ainsi une partie de son électricité et jouera avec les
reflets du ciel et de la Seine toute proche. Débutés le 3 juillet
dernier, les travaux devraient durer environ 22 mois, pour
une livraison en 2017. Le coût total du chantier a été estimé à
25 M € HT. Regrouper les services de la Métropole au sein d’un
même bâtiment, alors même qu’ils sont aujourd’hui éparpillés sur
4 sites, permettra selon la Métropole de réaliser une économie
de 260 000 euros par an en coût de fonctionnement, et donc
d’amortir le coût du projet sur 20 ans .
46 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
la limite du port et de la ville, en bord de Seine. Un de ses
objectifs est l’intégration de contraintes fortes (voies
rapides). L’ensemble des opérations du projet s’inscrit sur
90 hectares, une surface équivalente à celle du centre
historique de Rouen. L’enjeu consiste à faire de cet ancien
site industriel et portuaire un quartier multi fonctionnel, qui
accueillera à terme 15 000 usagers. Créer des logements,
des commerces, des équipements, des bureaux et locaux
d’activité, dans un environnement paysager de qualité,
ouvert sur le fleuve, en favorisant les mobilités douces, et
« adoucir » cet environnement marqué aujourd’hui par les
interférences avec les infrastructures portuaires, ferroviaires
et routières : l’enjeu est de taille.
Actuellement « terrain » en friche, le choix des premières
réalisations, à savoir le jardin de la Presqu’île et les bords de
Seine, dont les 15 premiers hectares réaménagés ont été
livrés au printemps 2013, et le 106, Scène des musiques
actuelles, livré dès 2010, a rendu le secteur attractif et facilite
l’appropriation de ce nouveau quartier.
La voie de raccordement au pont Flaubert et la voie rapide
sud 3, présents sur le site, doivent être restructurées, un
projet porté par l’État en tant que maître d’ouvrage. Pour
offrir une meilleure qualité de vie aux résidents et usagers du
futur quartier, les flux traversant de véhicules seront limités.
Repères
PREMIERS TRAVAUX
2016 Travaux préparatoires et réseaux des premières voiries, réseaux T4.
2017-2018 Premières voiries de l’écoquartier et T4.
2019 1ères réalisation (1er secteur de 40 000 m²).
La composition de l’équipe de maîtrise d’œuvre de l’écoquartier Flaubert Atelier Osty / Attica / Egis / Burgeap.
Part du logement : 45 %
Part des locaux d’activité (principalement du tertiaire) : 55%
Sur une vingtaine d’années, le budget prévisionnel de cette opération est de 220 M€ HT.
La qualité de l’espace public et les aménagement favoriseront
les déplacements piétons ou à vélo ; deux lignes de transport en
commun en site propre seront mis en place : le T4 devrait ainsi être
mis en service en 2018, ce qui correspondra à l’arrivée des premiers
usagers des bureaux et logements, et une nouvelle ligne de transport en
commun en site propre Est-Ouest, rive gauche, desservira à terme les 3
opérations phares de Seine Cité que sont : rive gauche les écoquartiers
de la nouvelle gare et Flaubert et rive droite l’écoquartier Luciline. La
création d’une trame verte (bosquet, jardins pédagogiques) et d’une
trame bleue (canal) mettra en valeur les différents écosystèmes avec
pédagogie.
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L’INNOVATION EN LIGNE DE MIRE
L’ACCOMPAGNEMENT DES FILIÈRES INNOVANTES
CONSTITUE UN DES AXES PRIORITAIRES
DE LA MÉTROPOLE. POUR ATTIRER LES
ENTREPRISES INNOVANTES ET FAVORISER LEUR
DÉVELOPPEMENT, LA METROPOLE PEUT METTRE
EN AVANT UNE OFFRE DE QUALITÉ EN MATIÈRE
DE PARCS D’ACTIVITÉS, AVEC NOTAMMENT
TROIS PARC DÉDIÉS AUX FILIÈRES INNOVANTES, LE TECHNOPÔLE DU
MADRILLET POUR LES ECOTECHNOLOGIES, SEINE INNOPOLIS POUR LE
NUMÉRIQUE ET L’ESPACE SEINE BIOPOLIS, EN PROXIMITÉ DU CHU, POUR
LA BIOTECHNOLOGIE.
ZOOM SUR SEINE ÉCOPOLIS, UN PIVOT POUR L’ÉCONOMIE DE L’ÉCOCONSTRUCTIONSur la technopôle du Madrillet sont regroupés des entreprises, des
laboratoires de recherche, la faculté de sciences et des écoles d’ingénieurs
(ESIGELEC, INSA, lycée le Corbusier qui forme aux métiers du bâtiment).
C’est sur ce technopôle dédié aux éco-technologies qu’un pôle a également
été dédié à l’écoconstruction dans le but de faciliter le développement
des compétences des entreprises dans ce domaine. La première partie
de ce pôle est une pépinière/hôtel d’entreprises nommée Seine Écopolis,
bâtiment exemplaire en matière de développement durable et qui se veut
une vitrine de l’excellence environnementale. Ouvert en mars 2014, le
bâtiment de 1 500 m² accueille aujourd’hui 27 entreprises dont 14 en hôtels
et 13 en pépinières. Architectes, maîtres d’œuvre, bureaux d’étude en VRD et
environnement, entreprises spécialisées en murs végétaux, en menuiserie
ou en isolation, artisans, partagent ainsi l’espace. Ce réseau fait partie des
premiers réseaux français dédiés à l’écoconstruction par rapport
au nombre d’entreprises et d’emplois créés. Aujourd’hui, un peu plus d’un
an après son ouverture, 80% du bâtiment est occupé. L’hôtel est complet
mais le bâtiment peut encore recevoir 3 ou 4 créations d’entreprises. Un
certain nombre d’évènements s’y déroulent régulièrement et notamment
des conférences dans le but d’aider les entreprises à développer leurs
compétences et à promouvoir l’écoconstruction.
CHIFFRE CLÉAujourd’hui, les pépinières de la Métropole accueillent
165 entreprises
et près de
700 emplois.
13 350 m² de terrain
100 places de stationnement
1 500 m² de surface utile comprenant des espaces communs, d’accueil et de gestion
39 bureaux de 15 m²
11 ateliers / 4 surfaces : 30, 45, 60 et 90 m²
1 matériauthèque de 90 m²
Description du site
FOCUSNORMANDY FRENCH TECH (NFT), PLUS QU’UN LABEL, UN ÉTAT D’ESPRIT !
Unies, les agglomérations de Le Havre, Caen et Métropole Rouen Normandie ont présenté en 2015 leur candidature
commune au label French Tech. Label obtenu en juin 2015 ! Et avec lui donc la reconnaissance d’un écosystème de
startups dynamiques et matures, dans une région qui compte quelques 1 235 entreprises dans le numérique et près de
11 000 emplois (chiffres CCI Normandie – 2013). Bâtiment totem de la NFT, la pépinière et hôtel d’entreprise Seine Innopolis
fédère deux ans après sa création 61 entreprises et 300 emplois.
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LES ÉCONOMISTES DE LA RÉGION UNTEC NORMANDIE
Logements à énergie positive à “la presqu’île” à Malaunay Construction de 40 logements BEPOS
Bâtiment primé par l’ADEME
Maître d’ouvrage : LOGEAL Immobilière
Architecte mandataire : En Act Architecture
Economiste : Auvray Dubaillay
Mission de l’économiste : ECO/ FLUIDES
Surface SHON : 3 179 m²
Montant des travaux : 6 700 000 € HT
Stade d’avancement de l’opération : Livraison réalisée fin mai 2015
École de musique et de danse à Saint-Aubin-les-Elbeuf Construction d’une école de musique et de danse comprenant :- un bâtiment neuf (R+1) - un parc de stationnement extérieur - l’aménagement des abords immédiats du
projet
Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie
Économiste : ICEGEM
Mission : Fluides/HQE/VRD/OPC
Surface SHON : 2 100 m²
Équipe : Architecte Mandataire - HESTERS OYON, Acoustique - STANISLAS GANDON, Structure – SICRE, Bureau de contrôle - DEKRA INSPECTION
Montant des travaux : 4,2 M € HT
Stade d’avancement de l’opération : En cours de travaux – livraison prévue fin 2015
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Construction d’un complexe sportif de 2 530 m2 d’emprise au sol (4 terrains de judo et une salle de force athlétique) et sur l’aménagement d’un parc de stationnement de 96 places (2 250 m2)
Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie
Architecte : l’Atelier Feret et Fréchon
BET Fluide : Tecnic-Consult
BET VRD : Composantes environnementales
Économiste : Reber SAS
Mission de l’économiste : Rédaction de notice descriptives au stade ESQ, APS, de CCTP pour l’ensemble des lots hors corps
d’état techniques pour les phases APD et DCE. Estimation et analyse des offres (ACT)
Montant des travaux : 4 500 000 € HT.
Économiste : Thomas Reber
Rôle de l’économiste : APS, APD, Consultation + suivi financier de l’opération dans la phase de chantier.
À noter : Lopération s’inscrit dans une démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE) sans certification avec des objectifs de basse consommation. Le bâtiment a été conçu pour réduire les consommations d’énergie de 20% par rapport à la norme actuelle.
Planning : Le chantier sera livré fin 2017
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économistes Untec
THOMAS REBER RÉBER SAS,
ÉLU EN JUIN 2015
PRÉSIDENT
Crêche à ClasvilleConstruction d’un CMA (Centre Multi Accueil) de la petite enfance
Maître d’ouvrage : Communauté de communes Cote d’Albatre
Architecte mandataire : En ActArchitecture
Composantes environnementales : 1er Centre Multi Accueil pour la petite enfance atteignant le niveau bâtiment passif du département de Seine-Maritime
Économiste : Arcaade
Mission de l’économiste : Rédaction de notice descriptives au stade ESQ, APS, de CCTP pour l’ensemble des lots hors corps d’état techniques pour les phases APD et DCE. Estimation et analyse des offres (ACT)
Surface SHON : 835 m²
Montant des travaux : 1 773 000 € HT
Stade d’avancement de l’opération : Livraison réalisée en janvier 2014
Construction d’un complexe sportif à Caudebec-Lès-Elbeuf
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14 Calvados27 Eure50 Manche61 Orne76 Seine-Maritime
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innovation
lors que les derniers travaux du GIEC (1) confirment la nécessité
impérieuse de devoir abaisser d’au moins 3% par an, en moyenne, les
émissions mondiales des gaz à effet de serre pour avoir une chance
de limiter le réchauffement climatique, les résultats sont, à l’inverse et
en dépit des accords de Kyoto, sur une dangereuse trajectoire ascensionnelle :
accroissement continu, depuis 1990, de 2,5% par an, avec pour les seules
émissions de C02 une augmentation de 61% au niveau mondial durant les 25
dernières années.
L’UTILISATION DE L’HYDROGÈNE, COMME SOURCE D’ÉNERGIE DIRECTE OU POUR LE STOCKAGE PROVISOIRE DE L’ÉLECTRICITÉ EXCÉDENTAIRE, POURRAIT CONSTITUER UNE DES PRINCIPALES SOLUTIONS DE RUPTURE DANS LE CADRE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE.
L’HYDROGÈNE, TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ?
ÉNERGIE
A
LE PÉTROLE EST FINI, VIVE L’HYDROGÈNE ?
Paru en 2002, l’ouvrage de Jeremy Rifkin « L’économie hydrogène » expliquait qu’il existe une alternative au pétrole, bientôt manquant, une ressource énergétique inépuisable et « propre » : l’hydrogène, utilisé dans les piles à combustible déjà introduites sur le marché américain pour les usages domestiques et industriels, en cours de développement pour les voitures, bus, camions…Dans son dernier essai « Troisième révolution industrielle », il récidive : le déploiement des technologies de stockage, par le biais de l’hydrogène ou d’autres moyens, dans chaque bâtiment et dans toute l’infrastructure, pour emmagasiner et réguler la production de ces énergies intermittentes, constitue à ses yeux un des 5 piliers de la mise en place d’une économie durable.
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53O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
L’URGENCE DES SOLUTIONS VERTES
Face à cette spirale pour le moins
inquiétante, l’hydrogène pourrait jouer
un rôle prépondérant comme vecteur
d’énergie durable, ainsi que l’atteste
le rapport de l’Office parlementaire
d’évaluation des choix scientifiques et
technologiques (2). Son emploi, notamment
dans les véhicules à hydrogène et les piles
à combustible destinées aux bâtiments,
ne génère en effet absolument aucune
pollution. C’est ainsi qu’à Londres, un
immeuble de bureaux de 38 étages,
actuellement en construction, sera
prochainement chauffé, climatisé et
alimenté en électricité par le biais
d’une centrale à hydrogène, de 300 kW,
capable de produire simultanément de
l’électricité et de la chaleur. Autre exemple,
helvétique cette fois. À Lausanne, quatre
immeubles seront approvisionnés en
électricité et chaleur au moyen de piles
à combustible. Malheureusement, dans
ces types d’application, les piles sont
approvisionnées, le plus souvent, à partir
de sources extérieures ; l’hydrogène,
stocké et transporté dans des bonbonnes,
est produit par le biais de technologies
- vaporeformage, oxydation partielle pour
celles qui offrent les rendements les plus
élevés - non neutres au plan environ-
nemental, puisque basées sur l’utilisation
d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon).
Tout comme la plupart des procédés
industriels d’électrolyse qui emploient de
l’électricité d’origine nucléaire ou produite
principalement, là encore, via ces mêmes
sources fossiles fortement polluantes.
Mais plusieurs technologies de rupture,
en cours de développement, devraient
rapidement émerger et permettre de
produire un hydrogène « propre », à
échelle industrielle.
MIEUX COMPRENDRE : LA PILE À COMBUSTIBLE
Une pile à combustible est constituée, comme toute pile, de deux électrodes : une anode et une cathode séparées par un électrolyte, autrement dit un matériau qui bloque le passage des électrons libres. L’anode est alimentée en hydrogène (H2), provenant d’un réservoir, tandis que la cathode est chargée en oxygène (O2) puisé dans l’air atmosphérique. Dans l’anode, les molécules d’H2 se dissocient en ions H+, qui diffusent dans l’électrolyte, et en électrons contraints de circuler dans un circuit externe, et qui génère ainsi un courant continu. En parvenant à la cathode, les ions H+ se combinent avec l’oxygène et les électrons, la réaction chimique provoquant la formation d’eau sous forme de vapeur, mais aussi de chaleur qui peut être, bien entendu, récupérée et valorisée. Une solution verte qui n’engendre aucune pollution sous réserve que l’électricité initiale provienne d’une source d’énergie renouvelable (éolien, solaire, micro centrale, biomasse). Extrait de http://www.rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/121030_-_DREAL_Hydrogene_-_Livret_de_promotion_cle149915-1.pdf
plaque distributrice
anodeélectrolyte polymère solide
cathode
O2 (air) H+
EMEH2O
électricité chaleur
H2
collecteur de courant+
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innovation
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innovation
AUTONOMIE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS
La montée en puissance des énergies renouvelables
(photovoltaïque, éolien, biomasse, microcentrale)
devrait, par ailleurs, permettre de produire de l’hydrogène
susceptible d’être ensuite employé, de la même façon,
comme source de chauffage - seul ou combiné à d’autres
gaz comme le gaz naturel dans des applications de type
« Power to Gas » (3) - ou valorisé comme carburant dans
les futurs véhicules à hydrogène. Cet hydrogène pourrait
également servir de solution intermédiaire pour
résoudre le problème de surcapacités des installations
renouvelables qui fonctionnent de façon intermittente.
Dans cette dernière configuration, l’électricité en surplus
serait alors utilisée pour produire de l’hydrogène qui
pourrait ensuite être stocké et servir, à son tour, afin de
générer de l’électricité, en fonction des besoins, via une
pile à combustible.
Une solution qui, en dépit d’un certain retard à l’allumage
hexagonal, commence à susciter l’intérêt des instances
politiques nationales : un département comme la Manche
qui, avec le réacteur de Flamanville et les fermes éoliennes
off-shore, va se retrouver excédentaire, s’intéresse à ce
type d’application. Les bâtiments isolés (refuges) et les
structures (antenne relais) non connectées au réseau
d’alimentation électrique pourraient également bénéficier
de cette solution, à même de leur garantir une autonomie
de fonctionnement complète. Mais, et même si la Russie
semble déjà développer un programme hydrogène qui
lui permettrait d’effacer à terme son réseau de lignes
électriques – en éliminant au passage tous les problèmes
de déperditions - c’est dans les régions insulaires que
l’hydrogène est en train de s’imposer, l’émergence, là
encore, de technologies de rupture permettant la production
locale ainsi que le stockage à grande échelle.
É&C / Dans quelles circonstances avez-vous été amené à
vous intéresser aux applications de l’hydrogène ?
TB / Suite à la demande de la région Guadeloupe, et plus
particulièrement du Sy.MEG (Syndicat Mixte d’électricité de
la Guadeloupe), dans le cadre d’une étude portant sur les
problèmes énergétiques. Comme la plupart des territoires
insulaires, la Guadeloupe produit et consomme son électricité
localement. Les énergies fossiles, charbon et fuel, qui étaient
jusqu’alors importées pour assurer cette production, sont
progressivement supplantées par les énergies renouvelables,
de type éolien et solaire. Mais les programmes ont atteint
leurs limites, la production, notamment photovoltaïque, étant
devenue trop importante. Devant ce constat, le problème du
stockage nous est apparu comme une évidence, le maillon
manquant pour mettre en adéquation l’offre et la demande.
É&C / Un domaine assez éloigné de l’économie de la
construction ?
TB / Pas du tout. Notre métier ne concerne pas uniquement le
béton armé, les briques et les toitures ! Lorsque nous étudions
l’implantation d’une station service en hydrogène, il faut, par
exemple, chiffrer le coût de connexion des modules au champ
photovoltaïque, et toutes les problématiques qui ont trait aux
performances énergétiques d’un bâtiment relèvent encore et
toujours de l’économie de la construction.
É&C / Quelles ont été les préconisations principales de votre
rapport ?
TB / Créer un réseau de distribution autonome, afin de pouvoir
alimenter les futurs véhicules électriques, tramway et flottes
captives dans un premier temps, et, parallèlement, développer
l’implantation de piles à combustible afin de lisser la production
électrique et pouvoir ainsi redistribuer l’électricité durant les
phases creuses du photovoltaïque, principalement la nuit..
THIERRY BIGOTPRÉSIDENT D’EAUPALE CONSULTING,
ECONOMISTE
DE LA CONSTRUCTION
ENTRETIEN AVEC
(1) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(2) www.assemblee-nationale.fr/14/cr-oecst/rapport-hydrogene.pdf
(3) Par exemple le projet GRHYD, à Dunkerque, dont l’objectif est, en explorant la possibilité d’injecter de l’hydrogène dans les réseaux de gaz naturel, d’en évaluer la pertinence technique, économique et environnementale.
LES BÂTIMENTS SONT AUSSI CONCERNÉS
Dans le cadre du programme des Investissements d’Avenir
mis en oeuvre par l’ADEME, le projet GRHYD2, issu de l’AMI
Hydrogène et piles à combustible, s’intéresse à la valorisation du
mélange hydrogène et gaz naturel pour des usages intégrés au
logement (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson). L’intérêt
est de transformer en hydrogène de l’électricité issue d’énergies
renouvelables localement et produite en dehors des pointes de
consommation. Cette recherche permettra ainsi d’apporter au
système énergétique une solution de flexibilité couplant l’électricité
et le gaz naturel à travers la production d’hydrogène, et de maximiser
la part d’énergies renouvelables intégrées dans la consommation
d’énergie française.
GRHYD, CHRONOS, EPILOG, ainsi que le projet européen ENE.
FIELD3 témoignent de l’émergence des filières hydrogène et piles
à combustible pour ce secteur. Cela est d’ailleurs à mettre en
perspective des 40 000 piles déjà installées dans des bâtiments au
Japon.
PRODUIRE ET CONSOMMER LOCAL
C’est notamment le cas de la solution innovante
proposée par la société française McPhy Energy, celle-ci
ayant mis au point un système de stockage de l’hydrogène
sous forme solide (composites et pastilles hydrures). Le
procédé, qui repose sur l’utilisation de nanoparticules
d’hydrates de magnésium, permettrait de concevoir des
équipements quatre fois plus compacts que des batteries
conventionnelles, tout en offrant des puissances distribuées
de 1 à 50 kW et une durée de vie supérieure à 15 ans. Ce
phénomène de développement conjoint des véhicules
à hydrogène et des piles à combustibles destinées
aux bâtiments, laisserait donc augurer, dans un avenir
proche, l’émergence d’un réseau de production/
consommation/distribution local et transversal qui
pourrait bien bouleverser les conceptions actuelles.
D’autant plus que ce schéma futuriste serait organisé à partir
de réseaux intelligents (Smart grids) intégrant les nouvelles
technologies de l’information et de la communication.
LA LOI SUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
La loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, promulguée le 17 août 2015, sera-t-elle un levier pour la filière hydrogène ? Elle contient en tout cas certaines dispositions qui le laissent à penser, notamment la volonté de travailler sur un plan de développement du stockage des énergies renouvelables par hydrogène décarboné. L’hydrogène est ici mis en avant pour sa fonction stockage, l’accent étant mis sur le développement de flotte de véhicules « propres », avec la volonté de valoriser les débouchés de ce nouveau vecteur d’énergie.
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innovation
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le coin des économistes
PROFIL DES NOUVEAUX MEMBRES DE L’UNTEC (2012-2014)
ENQUÊTE
LES ADHÉRENTS
Pour bien connaître ses adhérents, leur activité, les tendances de l’économie de la construction, les constantes et les évolutions, l’Untec réalise depuis deux ans une cartographie annuelle de ses adhérents (la cartographie 2015 a d’ailleurs fait l’objet d’un article dans le précédent numéro d’Economie&Construction). Les résultats concernant les profils des nouveaux membres de l’Untec ont été établis à partir des informations extraites des dossiers d’inscription, sur la période 2012-2014. A noter que les membres participatif enseignants ne sont pas pris en compte et que le panel n’intègre pas les personnes ayant démissionné (ou radiées a posteriori).
Untec, unique organisation professionnelle des économistes de
la construction, se donne pour mission de promouvoir la profession,
d’accompagner les évolutions techniques et réglementaires du métier et
d’accueillir les économistes de la construction dans un esprit confraternel,
en leur offrant différents services (formations, ressources documentaires, conseils
personnalisés) et également la force d’une communauté de professionnels avec
lesquels échanger, partager ses réflexions et ses expériences. Chaque année,
l’Untec accueille une trentaine de nouveaux adhérents, signe de la reconnaissance
de l’organisation par ses pairs et de la qualité de l’action menée, dans un contexte
économique difficile.
L’UNTEC COMPTABILISE 2 300 ÉCONOMISTES DE LA CONSTRUCTION, SOIT PLUS DE LA MOITIÉ DES EFFECTIFS NATIONAUX, ÉVALUÉS À ENVIRON 4 400 PROFESSIONNELS (POUR 2 000 STRUCTURES D’ÉCONOMIE DE LA CONSTRUCTION RECENSÉES). CHAQUE ANNÉE, L’UNTEC ACCUEILLE DE NOUVEAUX ADHÉRENTS, ÉCONOMISTES DE LA CONSTRUCTION QUI CHOISISSENT DE RALLIER L’ORGANISATION : QUI SONT-ILS, QUEL EST LEUR PROFIL ?
L’
ZOOM SUR SUR LES NOUVEAUX ADHÉRENTS
le coin des économistes
60 O c t o b r e 2 0 1 5 / / N ° 1 7 2
LORS DE LEUR ADHÉSION, LES NOUVEAUX MEMBRES
REMPLISSENT DES DOSSIERS D’INSCRIPTION.
LES INFORMATIONS QUI SONT PRÉSENTÉES CI-DESSOUS
SONT EXTRAITES DE CES DOSSIERS, POUR LES ANNÉES 2012,
2013 ET 2014, CE QUI REPRÉSENTE UN PANEL
DE 29 PERSONNES (EN 2012), 26 PERSONNES (EN 2013)
ET 28 PERSONNES EN 2014. LE NOMBRE D’INSCRIPTIONS
PAR ANNÉE EST PLUS ÉLEVÉ, MAIS N’ONT PAS ÉTÉ INTÉGRÉS
AUX PANELS LES INSCRIPTIONS EN TANT QUE MEMBRES
PARTICIPATIFS ET LES ADHÉRENTS SORTIS EN COURS
D’ANNÉE (DÉMISSION, CESSATION D’ACTIVITÉ, RADIATION).
QUI SONT LES NOUVEAUX ADHÉRENTS ?
ÂGE MOYEN LORS DE L’ADHÉSION : 41 ANS
Ce chiffre s’inscrit en cohérence avec les chiffres relevés
concernant la moyenne d’âge des économistes au sein de
l’Untec (51 ans) et s’explique aisément : pour devenir membre
actif de l’Untec, il faut être à son compte, or cette prise
d’indépendance s’effectue rarement avant une expérience
professionnelle préalable. En moyenne, l’économiste s’établit à
son compte entre 30 et 45 ans, comme le relevait la cartographie
2015 (voir Économie & Construction N° 171)
HOMME/FEMME : UN ÉCART QUI NE SE CREUSE PAS… MAIS NE S’ATTÉNUE PAS
Pas de surprise : le nombre de femmes nouvelles adhérentes
est bien inférieur à celui des hommes. Ce qui est représentatif
du secteur dans son ensemble et, au-delà de l’économie de
la construction, du monde de la construction. Il faudra sans
doute attendre encore plusieurs années avant un éventuel
rééquilibrage. Pour l’Untec, les consœurs sont les bienvenues,
en attestent l’intégration au sein du nouveau bureau national de
Céline Pintat et Estelle Duclos.
UN GRAND NOMBRE DE PROFESSIONNELS QUALIFIÉS
En 2013 et 2014, les nouveaux adhérents sont, à près de 40 %
lors de leur adhésion (42 % d’entre eux en 2013 et 38 % en
2014), déjà détenteurs d’une qualification. La seule qualification
mentionnée à l’adhésion pour les trois années prises en compte
est celle de l’OPQTECC, premier organisme de qualification
professionnelle dédié aux économistes de la construction et
aux programmistes.
UNE VARIÉTÉ DE CURSUS Du BTS au master ou équivalent Bac + 5, tous les cursus sont
représentés, avec quelques constantes :
• une majorité des nouveaux adhérents est titulaire d’un BTS
ou équivalent BAC +2 (plus de 30 % des nouveaux adhérents
en 2012, 2013 et 2014, avec un pic en 2013 de 47 % des
adhérents),
• le nombre de nouveaux adhérents titulaires d’un master ou
équivalent bac + 5 a cru en 2013 et représente désormais
le second niveau d’étude le plus représenté (après le BTS ou
équivalent bac + 2).
À noter que l’étude ne permet pas de déterminer si ces diplômes
ont été obtenus dans le cadre de la formation initiale ou d’une
VAE, ou encore d’une reconversion.
70
60
50
40
30
20
10
02014
7 %
29 % 32 %25 %
7 %
RÉPARTITION DES NOUVEAUX MEMBRES PAR TRANCHES D’ÂGE AU MOMENT DE L’ADHÉSION
20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans
30
25
20
15
10
5
0
2012 2013 2014
86 %
25
81 %
2182 %
23
14 %
4
19 %
5
18 %
5
RÉPARTITION DES NOUVEAUX MEMBRES PAR ANNÉES ET PAR SEXE.
Hommes Femmes
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ANCIENNETÉ DE LA STRUCTURE À LA DATE DE L’ADHÉSION
L’ancienneté moyenne d’une structure adhérente (au vu des
résultats sur les trois dernières années) est de 10 ans. A noter
qu’une majorité de structures adhérentes ont de 1 à 5 ans
d’existence, ce qui atteste d’une prise de conscience assez
rapide du besoin de se rapprocher de ses pairs, et de la nécessité
de ne pas rester seuls lorsqu’on se lance. Mais il n’est jamais trop
tard : 12% des nouvelles structures adhérentes ont plus de 30
ans, ce qui peut aussi s’expliquer par un développement de la
société, le changement de direction, une reprise…
UN GRAND NOMBRE DE CRÉATIONS Pour 55%, les sociétés des nouveaux adhérents sont des créations
d’entreprises, soit plus de la moitié des nouvelles adhésions.
QUI PEUT DEVENIR MEMBRE ACTIF DE L’UNTEC ?
Tout Économiste de la construction :• qui dispose d’un pouvoir complet de direction de l’entité par laquelle il exerce son activité et qui est
personnellement responsable de cette entité ; • de nationalité française quel que soit son lieu d’exercice ou de nationalité étrangère exerçant principalement en
France.À noter que la procédure d’admission diffère selon que l’entité a pour objet exclusif l’économie de la construction ou pour objet notamment l’économie de la construction.Retrouvez les modalités sur le site de l’Untec
Ancienneté de la structure à
l’adhésion, sur la période
2012-2014.
41 %
16 %
15 %
10 %
10 %8 %
Création d’entreprise :
55 %
Reprise : 17 %
40
35
30
25
20
15
10
5
02014
50 %
7 %5 % 4 %
8 %
15,4 %
RÉPARTITION MOYENNE DU CA DES NOUVELLES SOCIÉTÉS PAR ACTIVITÉS ET PAR AN EN 2014
Ingénierie économique et financière Métrés et vérifications OPC AMO Maîtise d’œuvre Assistance à l’entreprise
ZOOM (SUITE)
PROFIL DES NOUVELLES STRUCTURES
TYPE DE MISSIONS L’ingénierie économique et financière représente une bonne
moitié du CA des nouvelles structures sur la période 2012-14
et les métrés et vérifications 18 % sur cette même période.
Mais preuve s’il en est que l’économiste devient de plus en
plus « multi-tâche », ne sont pas exclus l’OPC, l’AMO, la maîtrise
d’oeuvre ainsi que le management de projet.
1 à 5 ans
6 à 10 ans
11 à 20 ans
21 à 30 ans
Plus de 30 ans
Moins d’un an
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le coin des économistes
BENOÎT MARCHEVICE-PRÉSIDENT
COMMUNICATION
(CABINET BET MARCHE,
MÉDITERRANÉE)
TROIS QUESTIONS À
E&C / Que peuvent trouver les nouveaux adhérents au
sein de l’Untec ?
BM / La force d’une organisation, aujourd’hui seul syndicat
représentatif des économistes, une organisation qui plus est
reconnue, dynamique, sollicitée par les acteurs de la construction
et les instances dans le cadre de groupe de travail. Ainsi que,
de manière pratique, un ensemble de services, d’informations,
de formations. Et sans oublier un point très important, dans un
métier où on travaille en indépendant : la possibilité de rejoindre
une communauté de professionnels, pour échanger, créer des
synergies, travailler en commun sur des dossiers, en s’appuyant
sur l’expertise, l’expérience de confrères adhérents.
E&C / Comment l’Untec organise l’accueil de ces
nouveaux adhérents ?
BM / Depuis deux ans, nous organisons des sessions d’accueil,
environ 3 par an ; la prochaine aura d’ailleurs lieu en décembre.
L’objectif est de mieux connaître nos nouveaux adhérents, leurs
attentes, de leur présenter tout ce que l’Untec peut mettre à
leur disposition, et ce dans un esprit convivial. Nous souhaitons
même aller plus loin, en prolongeant cet accueil en région par le
parrainage : la réflexion est lancée.
E&C / Quels sont vos objectifs en matière de nouvelles
adhésions ?
BM / Chaque année, nous enregistrons plus d’une trentaine
d’adhésions (en comptant aussi les membres participatifs et
enseignants). L’objectif est de plus que doubler ce nombre, en
faisant mieux connaitre l’Untec d’une part aux économistes
déjà installés depuis 10, 20 ans, et qui n’ont pas encore fait la
démarche, et en accueillant d’autre part les jeunes économistes
en devenir par la création d’un « passeport jeune » destiné à faire
connaître notre Union plus largement.
RAPPEL DE QUELQUES RÉSULTATS CONCERNANT LA CARTOGRAPHIE (CONCERNANT DONC L’ENSEMBLE DES MEMBRES DE L’UNTEC)
Sociétés (SARL ou autres)
Profession libérale
Forme juridique de votre cabinet
73 %
27 %
Marché public
Marché privé
Répartition du CA global des
membres 52 %
48 %
391 K€ en moyenne
52 % Marché public versus Marché privé
48 %
4 en moyenne
73 % en SARL,
27 % en libéral
€
Effectifs
Chiffre d’affaire
le coin des économistes
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MANIFESTATION
D’INTÉRÊT
DEMANDE
D’ADHÉSION
EXAMEN DE VOTRE CANDIDATURE
ET DÉCISION
FINALISATION DE VOTRE
ADHÉSION
1 Vous signalez
votre intérêt pour
l’Untec.
Vous nous
retournez
le dossier
« Demande
d’adhésion »
correspondant
à votre situation
(Actif, Participatif).
Veillez à joindre
à ce dossier
toutes les pièces
demandées.
Les responsables
de la Région Untec
vous contactent
puis émettent
un avis sur votre
candidature.
Pour les
enseignants,
la décision
d’admission
appartient à la
Région.
L’Untec vous en informe par courrier,
avec le calcul au prorata temporis
de votre cotisation pour l’année en
cours.
Les responsables de votre Région
Untec reçoivent copie de ce dossier.
2 L’Untec vous
adresse un dossier
L’Untec vérifie
la conformité
de votre
candidature et
de votre dossier.
Si l’avis de la
Région Untec
est favorable, le
Bureau Exécutif
entérine votre
admission.
Cas particuliers
(entité n’ayant pas
pour objet exclusif
l’économie de la
construction) ou
dérogations : le
Secrétaire Général
présente votre
dossier au Conseil
d’Administration
qui décide.
Vous réglez votre cotisation.
Vous êtes désormais membre de
l’Untec.
L’Untec vous adresse vos codes
d’accès à l’Espace membre du
site internet et une documentation
fondamentale.
Les responsables de votre Région
Untec en sont informés.
3 L’Untec transmet
votre dossier
conforme aux
responsables
de votre Région
Untec.
Vous êtes invités à participer à
toutes les activités de l’Untec en
région et au national.
PROCÉDURE D’ADHÉSION DES MEMBRES
MANIFESTATION
D’INTÉRÊT
DEMANDE
D’ADHÉSION
EXAMEN DE VOTRE CANDIDATURE
ET DÉCISION
FINALISATION DE VOTRE
ADHÉSION
1 Vous signalez
votre intérêt pour
l’Untec.
Vous nous
retournez
le dossier
« Demande
d’adhésion »
correspondant
à votre situation
(Actif, Participatif).
Veillez à joindre
à ce dossier
toutes les pièces
demandées.
Les responsables
de la Région Untec
vous contactent
puis émettent
un avis sur votre
candidature.
Pour les
enseignants,
la décision
d’admission
appartient à la
Région.
L’Untec vous en informe par courrier,
avec le calcul au prorata temporis
de votre cotisation pour l’année en
cours.
Les responsables de votre Région
Untec reçoivent copie de ce dossier.
2 L’Untec vous
adresse un dossier
L’Untec vérifie
la conformité
de votre
candidature et
de votre dossier.
Si l’avis de la
Région Untec
est favorable, le
Bureau Exécutif
entérine votre
admission.
Cas particuliers
(entité n’ayant pas
pour objet exclusif
l’économie de la
construction) ou
dérogations : le
Secrétaire Général
présente votre
dossier au Conseil
d’Administration
qui décide.
Vous réglez votre cotisation.
Vous êtes désormais membre de
l’Untec.
L’Untec vous adresse vos codes
d’accès à l’Espace membre du
site internet et une documentation
fondamentale.
Les responsables de votre Région
Untec en sont informés.
3 L’Untec transmet
votre dossier
conforme aux
responsables
de votre Région
Untec.
Vous êtes invités à participer à
toutes les activités de l’Untec en
région et au national.