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LES ANNONCES DE LA SEINE J OURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - I NFORMATIONS GÉNÉRALES, J UDICIAIRES ET TECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE Jeudi 29 août 2013 - Numéro 50 - 1,15 Euro - 94 e année L e calvaire de la petite Marina ou celui de la petite Tiphaine, battues jusqu'à la mort par leurs parents, le martyre du petit Lorenzo retrouvé mort de soif et de faim dans un appartement jonché d'excréments de chien où sa maman vivante était anéantie par la drogue, l'affaire des bébés congelés ou celle des nouveau-nés retrouvés dans des sacs- poubelles, la découverte de deux petits garçons battus et sous alimentés, vivant dans une cave sans eau ni lumière ni couverture, la tragédie des deux enfants noyés par leur mère dans une baignoire ou celle des deux enfants égorgés par leur père, autant d'histoires horribles rapportées depuis quelques années et ces derniers mois encore par les médias et qui relatent le sort effroyable d'enfants, victimes de la violence, généralement infligée par des adultes, souvent leurs propres parents. Il ne faut pas se tromper sur la nature et la fréquence de ces événements : en effet, les violences faites aux enfants ne sont pas une simple juxtaposition de faits divers, insoutenables et révoltants pour tous mais souvent bien vite oubliés. Ils constituent en réalité un véritable phénomène de société et un problème grave de santé publique. Aujourd'hui en France, selon des estimations sérieuses, près de deux enfants mouraient chaque jour de violences infligées par des adultes. Selon une acception large mais justitiée des violences faites aux enfants (qui doit englober toutes les situations qui ne permettent pas à un enfant de s'épanouir et de devenir un adulte responsable et bien inséré socialement parce qu'on n'a pas satisfait ses besoins élémentaires physiques, affectifs et éducatifs), il y a en France, comme dans d'autres pays comparables par leur niveau de développement socioéconomique, sans doute 10 % des enfants qui sont victimes de violences physiques, d'agressions sexuelles, de négligences graves, d'abandon affectif, d'humiliations, d'insultes... A long terme, ces enfants devenus adultes, seront atteints de problèmes de santé physique et mentale et seront inaptes à nouer des relations sociales et affectives normales, quand ils ne répèteront pas sur leurs propres enfants les comportements qu'ils ont subis dans leur enfance. Dans notre pays, d'autres problématiques de la santé de l'enfant ont été reconnues comme prioritaires et ont fait l'objet de politiques énergiques et évaluées qui se sont révélées efficaces. Celles qui ont permis par exemple la décroissance spectaculaire de la mortalité infantile, notamment du fait de la chute vertigineuse du nombre annuel de morts subites du nourrisson (1 400 cas en 1990 ; 250 en 2009) ou de la mortalité par Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 VIE DU DROIT Violences faites aux enfants Protéger les enfants par Christiane Taubira ...................................................... 2 Enfance en danger, enfance maltraitée : mieux cerner le phénomène pour mieux agir par Gilles Séraphin ...................... 4 Dépistage de la maltraitance : l’expérience du service de pédiatrie de Nantes par Nathalie Vabres et Georges Picherot ............................................................. 6 Le repérage, dans le cadre scolaire, des violences faites aux enfants par Geneviève Gautron ............................................................................................ 6 Le repérage de la violence dans le cadre scolaire par Evelyne Cluzel ............ 7 Le repérage dans le cabinet du médecin généraliste par Claude Rougeron ...... 8 Comment identifier une situation de violence pouvant aboutir à la mort d’un enfant ? par Caroline Rey-Salmon ................................................................. 9 Quand et comment signaler les violences commises sur des enfants par Sylvain Barbier Sainte Marie ........................................................................ 10 Les prises en charge en période périnatale par Gisèle Apter ....................... 10 Le rôle de la brigade des mineurs après signalement par Frédéric Régnier .......11 Premiers résultats de l’enquête « Saint-Ex » par Daniel Rousseau .............. 12 Les troubles mentaux chez les adolescents placés en foyer par Guillaume Bronsard ....................................................................................... 12 Le suivi et la prise en charge des mineurs placés par Thierry Baranger ......... 13 Le rôle de l’avocat dans le suivi des enfants placés par Dominique Attias .... 13 Protéger les enfants en leur permettant de trouver d’autres liens par Nadège Séverac .............................................................................................. 14 La psychothérapie de l'enfant maltraité : pour la spécialisation du soin par Karen Sadlier .................................................................................................. 14 L’enfant au cœur de l’univers familial par Dominique Bertinotti ....................... 15 Le rôle de la brigade des mineurs après signalement par Frédéric Régnier ...... 15 Cercle des stratèges disparus .................................................................. 29 ANNONCES LÉGALES......................................................................... 17 CULTURE Château de Versailles........................................................... 30 ENTRETIEN avec Jean-Luc Forget ...................................................... 31 Violences faites aux enfants Colloque au Sénat le 14 juin 2013

Edition Du Jeudi 29 Aout 2013

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Journal d'annonces légales : Les Annonces de La Seine

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  • LES ANNONCES DE LA SEINE

    JOURNAL OFFICIEL DANNONCES LGALES - INFORMATIONS GNRALES, JUDICIAIRES ET TECHNIQUESbi-hebdomadaire habilit pour les dpartements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

    FONDATEUR EN 1919 : REN TANCRDE - DIRECTEUR : JEAN-REN TANCRDE

    Jeu di 29 aot 2013 - Numro 50 - 1,15 Euro - 94e anne

    Le calvaire de la petite Marina ou celui de lapetite Tiphaine, battues jusqu' la mort par leursparents, le martyre du petit Lorenzo retrouvmort de soif et de faim dans un appartementjonch d'excrments de chien o sa maman vivantetait anantie par la drogue, l'affaire des bbs congelsou celle des nouveau-ns retrouvs dans des sacs-poubelles, la dcouverte de deux petits garons battuset sous aliments, vivant dans une cave sans eau nilumire ni couverture, la tragdie des deux enfantsnoys par leur mre dans une baignoire ou celle desdeux enfants gorgs par leur pre, autant d'histoireshorribles rapportes depuis quelques annes et cesderniers mois encore par les mdias et qui relatent lesort effroyable d'enfants, victimes de la violence,gnralement inflige par des adultes, souvent leurspropres parents. Il ne faut pas se tromper sur la natureet la frquence de ces vnements : en effet, lesviolences faites aux enfants ne sont pas une simplejuxtaposition de faits divers, insoutenables etrvoltants pour tous mais souvent bien vite oublis.Ils constituent en ralit un vritable phnomne desocit et un problme grave de sant publique.Aujourd'hui en France, selon des estimationssrieuses, prs de deux enfants mouraient chaque

    jour de violences infliges par des adultes. Selon uneacception large mais justitie des violences faites auxenfants (qui doit englober toutes les situations qui nepermettent pas un enfant de s'panouir et de devenirun adulte responsable et bien insr socialement parcequ'on n'a pas satisfait ses besoins lmentairesphysiques, affectifs et ducatifs), il y a en France, commedans d'autres pays comparables par leur niveau dedveloppement socioconomique, sans doute 10 % desenfants qui sont victimes de violences physiques,d'agressions sexuelles, de ngligences graves, d'abandonaffectif, d'humiliations, d'insultes... A long terme, cesenfants devenus adultes, seront atteints de problmesde sant physique et mentale et seront inaptes nouerdes relations sociales et affectives normales, quand ilsne rpteront pas sur leurs propres enfants lescomportements qu'ils ont subis dans leur enfance.Dans notre pays, d'autres problmatiques de la santde l'enfant ont t reconnues comme prioritaires etont fait l'objet de politiques nergiques et values quise sont rvles efficaces. Celles qui ont permis parexemple la dcroissance spectaculaire de la mortalitinfantile, notamment du fait de la chute vertigineusedu nombre annuel de morts subites du nourrisson(1 400 cas en 1990 ; 250 en 2009) ou de la mortalit par

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    VIE DU DROITViolences faites aux enfants Protger les enfants par Christiane Taubira ...................................................... 2 Enfance en danger, enfance maltraite : mieux cerner le phnomne pour mieux agir par Gilles Sraphin ...................... 4 Dpistage de la maltraitance : lexprience du service de pdiatrie de Nantespar Nathalie Vabres et Georges Picherot ............................................................. 6 Le reprage, dans le cadre scolaire, des violences faites aux enfants par Genevive Gautron ............................................................................................ 6 Le reprage de la violence dans le cadre scolaire par Evelyne Cluzel ............ 7 Le reprage dans le cabinet du mdecin gnraliste par Claude Rougeron ...... 8 Comment identifier une situation de violence pouvant aboutir la mort dun enfant ? par Caroline Rey-Salmon ................................................................. 9 Quand et comment signaler les violences commises sur des enfants par Sylvain Barbier Sainte Marie ........................................................................ 10 Les prises en charge en priode prinatale par Gisle Apter ....................... 10 Le rle de la brigade des mineurs aprs signalement par Frdric Rgnier .......11 Premiers rsultats de lenqute Saint-Ex par Daniel Rousseau .............. 12 Les troubles mentaux chez les adolescents placs en foyerpar Guillaume Bronsard ....................................................................................... 12 Le suivi et la prise en charge des mineurs placs par Thierry Baranger ......... 13 Le rle de lavocat dans le suivi des enfants placs par Dominique Attias .... 13 Protger les enfants en leur permettant de trouver dautres liens par Nadge Sverac .............................................................................................. 14 La psychothrapie de l'enfant maltrait : pour la spcialisation du soin par Karen Sadlier .................................................................................................. 14 Lenfant au cur de lunivers familial par Dominique Bertinotti ....................... 15 Le rle de la brigade des mineurs aprs signalement par Frdric Rgnier ...... 15Cercle des stratges disparus .................................................................. 29

    ANNONCES LGALES ......................................................................... 17CULTURE Chteau de Versailles........................................................... 30ENTRETIEN avec Jean-Luc Forget ...................................................... 31

    Violences faites aux enfantsColloque au Snat le 14 juin 2013

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  • 2 Les Annonces de la Seine - jeudi 29 aot 2013 - numro 50

    Vie du droit

    Protger les enfantspar Christiane Taubira

    En quelques jours, il maura t donnloccasion en dehors du Ministre de laJustice dexprimer toute la proccupationque minspire lenfance malheureuse dansnotre pays. En dbut de semaine, jai demand Dominique Attias, Secrtaire gnrale delAssociation Louis Chatain, de bien vouloir accepterde porter ma voix la clture du colloque quelle aorganis sur le placement des enfants.Aujourdhui, nous allons traiter ce sujet sous un

    angle diffrent, plus large et plus sensible. Il sagit detraiter des violences faites aux enfants. Il sagit detraiter les violences, dont les enfants meurent parfoisou conservent des squelles vie. Nous avons toutesles raisons de craindre ces violences frquentes et massives. Aujourdhui, nous allons aborder la faon de traiter la maltraitance des enfants.En matire de droit, la loi du 5 mars 2007 a rappella place minente de lenfant et de la famille.Madame la Premire Dame, vous lavez dit. Desinterrogations nous travaillent. Des interrogationsnous traversent sur la bonne mesure, la bonnedcision qui protge vraiment. Depuis cesdernires annes, nous savons combien la priorita t prconise de maintenir lenfant dans sa

    accidents domestiques chez le jeune enfant et parsuicide chez les adolescents. Pourquoi ? Parce qu'il y a eu de nombreux plans prinatalitet suicide, que la mort subite a fait l'objet d'uneinformation massive sur le couchage des bbset que la scurit domestique a t aborde dansde nombreuses campagnes trs mdiatises et abnfici d'une surveillance active par laCommission de la scurit des consommateurs.Rien d'quivalent n'a t tent contre les mauvaistraitements envers les enfants. Pourquoi ? Parce que les dfinitions ne sont pasconsensuelles? Parce que le phnomne dans saglobalit est difficile apprhender et mesurer ?Parce que la protection des enfants entranencessairement une intrusion dans la sphreprive et une remise en cause du dogme de lafamille naturellement bonne? Ou parce que laviolence envers des tres faibles est unphnomne si drangeant qu'il doit rester tabouet que l'atrocit des svices infligs des enfantsest si difficile mme concevoir qu'elle est chassede l'imaginaire individuel et collectif pour aboutirfinalement un dni de ralit. A fortiori quand les victimes sont sans voix, y compris au sens lectoral du terme.Comment expliquer la sous-estimation desviolences faites aux enfants? Les causes en sontmultiples et notamment l'insuffisance desinvestigations mdicales ou mdico-lgales et lescarences dans la prvention (ds la priodeprinatale), dans le reprage des enfants victimes( l'cole, dans les consultations d'urgence, dans

    le cabinet du mdecin libral) et dans lesignalement, notamment par les mdecins quine seraient l'origine que de 5 % des signalementsalors mme que tous les enfants maltraitspassent un jour ou l'autre par le systme de sant.Ces lacunes sont elles-mmes lies uneformation souvent insuffisante, ou inadapte, desdivers professionnels qui uvrent audveloppement des enfants.Enfin, il existe aussi des dysfonctionnements dansla prise en charge et, malgr le cadre propos parla loi de 2007 rformant la protection de l'enfance,d'importantes disparits gographiques et un vraimanque d'valuation, relevs dans le rapport dela Cour des comptes d'octobre 2009, perdurent demme qu'un cloisonnement professionnel quientrave l'valuation et le suivi des enfants en danger.Ce sont ces constats qui ont conduit le snateurAndr Vallini, entour d'un comit scientifiqueprsid par Anne Tursz, pdiatre, pidmiologiste,directeur de recherche l'Inserm, organiser unemanifestation qui a pour but d'aboutir une prisede conscience collective mais aussi des mesuresconcrtes, de court comme de long terme, quiseront proposes aux pouvoirs publics.Ce fut l'objet du colloque national qui sest tenule vendredi 14 juin 2013 au Snat sous le hautpatronage de Monsieur Jean-Pierre Bel,Prsident du Snat, sous la prsidenced'honneur et en prsence de Madame ValrieTrierweiler, et avec la participation de plusieursmembres du Gouvernement.

    Le comit scientifique

    LES ANNONCES DE LA SEINESige social :

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARISR.C.S. PARIS B 339 349 888

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    Directeur de la publication et de la rdaction :Jean-Ren Tancrde

    Comit de rdaction :

    Thierry Bernard, Avocat la Cour, Cabinet BernardsFranois-Henri Briard, Avocat au Conseil dEtatAgns Bricard, Prsidente de la Fdration des Femmes AdministrateursAntoine Bullier, Professeur lUniversit Paris I Panthon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrg des Universits de droitAndr Damien, Membre de lInstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit lUniversit Paris I Panthon SorbonneBertrand Favreau, Prsident de lInstitut des Droits de lHomme des Avocats Europens,ancien Btonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate la Cour, ancien Btonnier de ParisBrigitte Gizardin, Magistrat honoraireRgis de Gouttes, Premier avocat gnral honoraire la Cour de cassationChlo Grenadou, Juriste dentrepriseSerge Guinchard, Professeur de Droit lUniversit Paris II Panthon-AssasFranoise Kamara, Conseiller la premire chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat gnral honoraire la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat la Cour, Matre de confrence H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit lUniversit Paris II Panthon-AssasChristian Lefebvre, Prsident Honoraire de la Chambre des Notaires de ParisDominique Lencou, Prsident dHonneur du Conseil National des CompagniesdExperts de JusticeNolle Lenoir, Avocate la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur mrite lUniversit Paris II Panthon-AssasJean-Franois Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesGrard Pluyette, Conseiller doyen la premire chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate la Cour, Prsidente dhonneur de lUNAPLYves Repiquet, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisRen Ricol, Ancien Prsident de lIFACFrancis Teitgen, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

    Publicit :Lgale et judiciaire : Didier ChotardCommerciale : Frdric Bonaventura

    Commission paritaire : n 0713 I 83461I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 13 182 exemplairesPriodicit : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P.3, rue de lAtlas - 75019 PARIS

    Copyright 2013Les manuscrits non insrs ne sont pas rendus. Sauf dans les cas o elle est autoriseexpressment par la loi et les conventions internationales, toute reproduction, totale oupartielle du prsent numro est interdite et constituerait une contrefaon sanctionnepar les articles 425 et suivants du Code Pnal.

    Le journal Les Annonces de la Seine a t dsign comme publicateur officiel pourla priode du 1er janvier au 31 dcembre 2013, par arrts de Messieurs les Prfets :de Paris, du 27 dcembre 2012 ; des Yvelines, du 31 dcembre 2012 ; des Hauts-de-Seine, du 31 dcembre 2012 ; de la Seine-Saint-Denis, du 27 dcembre 2012 ; duVal-de-Marne, du 27 dcembre 2012 ; de toutes annonces judiciaires et lgales prescritespar le Code Civil, les Codes de Procdure Civile et de Procdure Pnale et de Commerceet les Lois spciales pour la publicit et la validit des actes de procdure ou des contratset des dcisions de justice pour les dpartements de Paris, des Yvelines, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ; et des Hauts-de-Seine.N.B. : Ladministration dcline toute responsabilit quant la teneur des annonces lgales.

    - Tarifs hors taxes des publicits la ligneA) Lgales :Paris : 5,48 Seine-Saint-Denis : 5,48 Yvelines : 5,23 Hauts-de-Seine : 5,48 Val-de-Marne : 5,48 B) Avis divers : 9,75 C) Avis financiers : 10,85 D) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,82 Hauts-de-Seine : 3,82 Seine-Saint Denis : 3,82 Yvelines : 5,23 Val-de-Marne : 3,82 - Vente au numro : 1,15 - Abonnement annuel : 15 simple

    35 avec supplments culturels95 avec supplments judiciaires et culturels

    COMPOSITION DES ANNONCES LGALESNORMES TYPOGRAPHIQUES

    Surfaces consacres aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinasTitres : chacune des lignes constituant le titre principal de lannonce sera compose en capitales (oumajuscules grasses) ; elle sera lquivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi 4,5 mm.Les blancs dinterlignes sparant les lignes de titres nexcderont pas lquivalent dune ligne de corps6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de lannonce sera compose en bas-de-casse(minuscules grasses) ; elle sera lquivalent dune ligne de corps 9 points Didot soit arrondi 3,40 mm. Lesblancs dinterlignes sparant les diffrentes lignes du sous-titre seront quivalents 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est spare de la prcdente et de la suivante par un filet 1/4 gras. Lespace blanccompris entre le filet et le dbut de lannonce sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot soit2,256 mm. Le mme principe rgira le blanc situ entre la dernire ligne de lannonce et le filet sparatif.Lensemble du sous-titre est spar du titre et du corps de lannonce par des filets maigres centrs. Leblanc plac avant et aprs le filet sera gal une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinas : le blanc sparatif ncessaire afin de marquer le dbut dun paragraphe o dunalina sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces dfinitions typographiquesont t calcules pour une composition effectue en corps 6 points Didot. Dans lventualit o lditeurretiendrait un corps suprieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

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    Vie du droit

    famille. Comme vous lavez dit, parfois, le foyer estun lieu dhostilit et la famille reprsente un dangertrs lev. La loi de 2007 rappelle galement lescritres, qui fondent lintervention de la puissancepublique, de mme quelle tablit la rpartitionentre les Conseils gnraux et ltat. Selon cetteloi, les Conseils gnraux sont les chefs de file. En matire de protection de lenfance, donc delenfance en danger, il leur revient de prendre lespremires initiatives. Les principes de subsidiaritsont trs clairement consacrs dans la loi.Lintervention judiciaire ne peut avoir lieu qudfaut dune intervention administrative.Il demeure que la responsabilit de ltat est

    grande. Cette responsabilit sexprime dabord dansllaboration du socle normatif, autrement dit dansllaboration du socle lgislatif et rglementaire,qui dfinit le cadre dans lequel peut seffectuercette action sociale. La loi de 2007 a sparlintervention auprs des enfants en consacrantaux Conseils gnraux la protection de lenfanceet en rservant la responsabilit judiciaire la priseen charge de lenfance dlinquante. Les relationsse sont construites. Elles se sont affines. Dunecertaine faon, elles se sont installes entre ltatet les services dpartementaux. Osons dire queces relations se grippent parfois ! Nous devonstravailler de faon amliorer la coordination desinterventions des uns et des autres.Les schmas territoriaux, qui sont dfinis par lesConseils gnraux, tmoignent de la volontpolitique des Prsidents des Conseils gnraux.La mise en uvre est assure par les servicesdpartementaux, mais galement par les servicesde ltat dans les dpartements. Nous devonssaluer le travail et leffort que les Conseils gnrauxaccomplissent. Ils consacrent un budgetconsquent la protection de lenfance. En 2011,ils ont consacr prs de 7 milliards deuros. Surcette somme, prs de 5,5 milliards deuros sontconsacrs lhbergement, au placement desenfants. 298 000 enfants sont concerns. 73 %dentre eux sont pris en charge la suite dunedcision judiciaire. Ces chiffres nous donnent lamesure des rponses, qui sont ncessaires auquotidien pour lenfance en danger. Il faut apporterdes rponses aussitt que lenfant en danger a trepr et identifi.Sur notre territoire, nous avons un maillage socialet mdical peu prs satisfaisant. Nous avons undispositif rglementaire et lgislatif. Notredispositif administratif et judiciaire peut treconsidr comme tant correctement labor.Pourtant, comme le disait Monsieur le SnateurVallini, entre un et deux enfants meurent deviolence chaque jour.Que se passe t-il ? Que pouvons-nous faire ? Il nous faut un diagnostic. Il nous faut comprendreles mcanismes. Il nous faut comprendre lessituations qui conduisent une telle violencecontre des enfants. Il nous faut aussi tre enmesure dy rpondre. Nous devons savoircomment nous pourrions noncer un certainnombre de mesures. Surtout, nous devons savoircomment nous pourrions les articuler entre elles.

    Ce colloque affiche cette ambition. Nous prouvons de lindignation, de lhorreur, unemotion profonde. Tous, lorsque nous entendonsces faits divers monstrueux, nous fondons sansdoute en larmes. Comme vous le disiez, cela nesuffit pas. Il faut mettre en place une politique deprotection de la jeunesse et de lenfance maltraiteplus efficace. Nous devons nous appuyer sur desprofessionnels forms, aguerris et scuriss danslexercice de leur mtier.Ainsi, nous devons nous interroger sur lesmcanismes. Nous ne sommes peut tre pas siefficaces que cela. Nous devons amliorer lereprage des enfants, qui subissent de lamaltraitance. Nous devons oser nous interrogersur les pratiques professionnelles de tous lesacteurs, qui interviennent autour de lenfance.Nous devons nous interroger sur les instrumentset les outils, qui sont mis la disposition de cesacteurs. Il faut leur permettre de reprer les enfantsqui subissent de la maltraitance. videmment, lesbesoins de coordination et darticulation delintervention des multiples acteurs sontimportants. Les acteurs sont les mdecinstraitants, la protection maternelle et infantile, les centres mdicaux psychologiques, les servicesde pdopsychiatrie, les services hospitaliers, les circonscriptions dactions socialesdpartementales, le milieu scolaire, le milieujudiciaire, le milieu associatif. Nous devons russir percevoir et concevoir laction de chacun. Nous devons mieux articuler le travail que chacunfait au bnfice des enfants exposs lamaltraitance.Les Conseils gnraux ont install des cellulesdinformations proccupantes. Elles concentrentles signalements. Nous devons regarder de prs,ausculter les modalits de fonctionnement de cescellules dinformations proccupantes.Concernant linstitution judiciaire, il est importantque nous mesurions mieux la faon dont lesparquets sont sensibiliss ces questions. Nousdevons mieux mesurer la ractivit avec laquelleils y rpondent. Telle est ma responsabilitpremire. Nous devons mesurer la diligence et lapertinence des rponses avec lesquelles ils peuventsanctionner de faon ce que la conscience de lagravit de lacte soit relle. Nous devons aussi nousinterroger sur les modalits des rponses qui sontapportes. Nous devons surtout nous interrogerpour savoir si ces rponses sont lisibles etintelligibles pour les familles concernes et pourles services sociaux. Nous devons vrifier silinstitution judiciaire est bien arme. Je le rpte,telle est ma responsabilit premire. Les parquetset les juges des enfants doivent disposer doutilsdaide la dcision. Ils doivent pouvoir faire faceavec la plus grande efficacit et la plus grandeclairvoyance aux situations auxquelles ils sontconfronts.Ensuite, nous devons tudier ltat de la questionau niveau de la mdecine lgale. Nous pourrionssrement tirer de nombreux enseignements dela pratique de la mdecine lgale.La maltraitance des enfants nous taraudent. Elle nous poursuit. Elle est dj prise en charge. Elle est prise en charge par les Conseils gnrauxet aussi par lObservatoire national qui nous fournit quelques lments, en plus des donnes scientifiques labores par lINSERM.LObservatoire national fait des prconisations. Jene doute pas quaujourdhui nous enrichirons nosrflexions. Du fait de nos changes, nous devronsrendre les propositions de lObservatoire encore

    plus fructueuses. LObservatoire national estprsent dans certains dpartements. Seuls54 dpartements ont une antenne de cetObservatoire national. Il ma t dit que 18 de cesantennes ne sont animes que par une personne temps plein. Cest indiscutablement insuffisant.Il revient ltat de sassurer que son interventionen matire de mise disposition de personnelssera plus consquente, lavenir. Il faut effectuerun travail interministriel. Nous sommes troisministres. Vous accueillerez galement le Ministrede lducation nationale et la Ministre des Droitsdes femmes. Le travail interministriel saccompliten interministriel. Avec la Ministre dlgu laFamille, nous tiendrons dans les prochains joursun Comit interministriel.Le Ministre de la Justice est charg de lvaluationde la gouvernance de la protection de la jeunesse. ce titre, nous mobilisons tous les ministresconcerns. Nous voulons mieux mesurer lescarences de notre gouvernance de la protectionde la jeunesse. Dailleurs, jai demand au Premierministre de missionner un parlementaire. Il sagitdu snateur Jean-Pierre Michel. Il devra nousremettre un rapport sur la protection de la jeunessedans notre pays.

    videmment, nous avons lobligation dagir. Grce aux antennes de lObservatoire Nationalde lEnfance en Danger (ONED), nousconsidrons quil existe une capacit dinterventionde proximit trs forte. Les dpartements visentcet objectif. Il demeure que nous devons toujoursfaire attention la proximit. Autant il estimportant de recenser les bonnes pratiques, autantil importe de les faire remonter et de lesdiagnostiquer. Il importe de veiller ce quunemultitude de politiques dpartementales ne sedclinent pas sur le territoire. Nous ne devons pasprendre prtexte dlments sociologiques ouculturels pour expliquer des particularismesterritoriaux. Le pacte rpublicain doit nous guider.Nos obligations et nos engagements sur les droitset les liberts, et en matire de protection des plusvulnrables, doivent nous guider. Tel est notre cap.La proximit ne peut nous servir qu mieuxapprhender lhorreur de ces phnomnes.Je vous soumets quelques pistes partir desquellesle ministre de la Justice a dj commenc travailler. Nous avons conscience que nous devonsprendre la mesure du phnomne. Des lmentssont fournis par lINSERM. Le phnomne doittre apprhend de faon quantitative, mais ausside faon analytique et de faon plus fine. Nousavons commenc travailler pour collecter leslments statistiques disponibles. Pour ma part,jai demand aux parquets gnraux de faireremonter le nombre et la nature des procdures.Nous rassemblerons lensemble des lments, quiremonteront des diffrents parquets. Nouscroiserons les divers lments statistiques pour

    Entre un et deux enfantsmeurent de violence chaque jour. Il nous faut comprendre les situationsqui conduisent une telle violencecontre des enfants. Christiane Taubira

    Le pacte rpublicain doit nousguider. Nos obligations et nosengagements sur les droits et lesliberts, et en matire de protectiondes plus vulnrables, doivent nous guider. Tel est notre cap. La proximit ne peut nous servirqu mieux apprhender lhorreurde ces phnomnes. Christiane Taubira

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  • 4 Les Annonces de la Seine - jeudi 29 aot 2013 - numro 50

    Vie du droitVie du droit

    tenter de cerner quantitativement le phnomne.Ensuite, je prpare les travaux de votre colloque.Nous aiderons prciser les choses. Je prpareune circulaire. Elle sera adresse aux procureursgnraux et aux procureurs. Je souhaite toutparticulirement attirer lattention sur lesprocdures pnales, qui arrivent entre leurs mainssuite des signalements de faits douteux. Nousvoulons mettre en place une doctrinedintervention gale sur lensemble du territoiresur ce type de drame.videmment, il faut assurer une meilleureformation. Je parle de la formation des magistrats,des policiers et des gendarmes, qui sont enpremire ligne pour le recueil des plaintes. Ilsdoivent tre forms poser les bonnes questions.

    Ils doivent enregistrer les bons lments, quipermettront la plainte de prosprer et laprocdure dtre solide. Lcole nationale de lamagistrature mettra en place des formationsinitiales destination des futurs magistrats. Nousouvrirons aussi des modules destination de ceuxdautres filires professionnelles, qui viennent lcole nationale de la magistrature pour se former.Nous mettrons en place une formation continue destination de tous les corps professionnelssusceptibles dintervenir. Je pense aux avocats etaux personnels des services sociaux. Jai demand la direction de la Protection Judiciaire de laJeunesse (PJJ) de mettre en place un groupe detravail sur llaboration dun code de lenfance. Dansnotre pays, lenfance doit tre prise en charge danssa totalit, dans son intgralit et dans son intgrit.Enfin, nous allons poursuivre le travailinterministriel, que nous avons commenc. Souslimpulsion de ce colloque, dont linitiative estvraiment bienvenue, nous pourrons peut-tremettre en place une campagne massive desensibilisation et dinformation. Monsieur leSnateur, vous lavez rappel. Des tragdies ontfrapp notre pays. Des campagnes desensibilisation ont t menes sur la mort subitedu nourrisson, les suicides dadolescents et lesdangers domestiques. Elles ont permis de fairereculer de faon trs sensible, notamment la mortsubite du nourrisson. Par exemple, nous avonsinform sur la faon de coucher un bb. Nousallons travailler llaboration de cette campagnede sensibilisation.En substance, nous avons un droit relativementsatisfaisant. Il rpartit clairement les responsabilits.Notre droit tablit la charge, qui revient chacun,la charge de ltat en tant que puissance publique,la charge de ses services territorialiss, des servicesdconcentrs et des services des Conseilsgnraux. Nous avons des services mdicaux etdes services sociaux de qualit. Ils sont informs.Ils sont forms. Ils interviennent sur la totalit duterritoire. Nous avons de nombreux acteurs, quipeuvent procder aux signalements et la priseen charge de ces enfants. En fait, nous avons un

    dispositif juridique et administratif relativementsatisfaisant. Et pourtant !Nous devons nous interroger sur le degrdacceptabilit de cette socit. Monsieur leSnateur, vous le disiez. Nous prfrons vacuer.Nous prfrons chasser. Nous sommes tellementdmunis face une tragdie pareille. Que dit-ellede nous cette tragdie ? Quelles sont nosreprsentations ? Quelles sont nos inhibitions danscette socit ? La sympathie ne suffit pas,lindignation et la souffrance non plus ! Lempathiene suffit pas. Quel est notre rapport cettemorbidit si forte dans la socit ? Quel est notrerapport ces espces de pulsions mortifres ?Maltraiter des enfants, tuer des enfants, cest defaon mtaphorique tuer notre avenir ! Commentpouvonsnous demeurer, dans cette socit, calmeset tranquilles alors que des enfants meurent debrutalit et de violence ? Nous devons nousinterroger. Nous devons nous interroger sur lafaon dont nous passons notre chemin, sur la faondont nous passons autre chose. Lorsque je dis que nous ne devons pas restercalmes et tranquilles, je pense cette phrasepuissante dAim Csaire. Il dcrit lorganisationfroide de la traite ngrire et de lesclavage, puisconclut : Et ce pays tait calme et tranquille, disantque lesprit de Dieu tait dans ses actes. Parfois,nous avons peut-tre eu lillusion que lenfant taitsacr. Il ltait dans les discours. Lenfant est de chair.Lenfant est tenu un destin. Lenfant est unepromesse. Nous navons pas le droit de restercalmes et tranquilles. Au contraire, nous devonstre furieusement rvolts contre cette violence et contre cette brutalit. Nous devons trepositivement dtermins ne pas laisser prosprercette violence. Nous devons ragir face ladestruction de notre avenir. Nous devons trefougueusement rsolus protger notre bien leplus prcieux, nos enfants.

    Enfance en danger, enfancemaltraite : mieux cerner lephnomne pour mieux agirpar Gilles Sraphin Sociologue HDR, Directeur de lObservatoire national de lenfance en danger (ONED)

    Quel est le rle de lONED ?

    LONED a t cr par la loi, en 2004. Sesmissions ont t renforces en 2007 par laloi rformant la protection de lenfance. Ilconstitue une entit du groupementdintrt public Enfance en danger (GIPED). Sesmissions, lgalement dfinies, sont multiples. Dansle cadre de ce colloque, je nommerai les principales : Recueillir lensemble des donnes chiffresconcernant lenfance en danger et la protectionde lenfance.A cette fin, lONED publie tous les ans, dans lecadre de son rapport annuel remis auGouvernement et au Parlement, lensemble deschiffres portant sur la protection de lenfance etlabore des estimations. Depuis la loi du5 mars 2007, lONED met en place galement undispositif exhaustif et longitudinal de remontedes donnes portant sur cette population. Animer la recherche scientifique.A cette fin, le Conseil scientifique de lONEDpropose chaque anne au Conseil dadministrationun appel doffre thmatique (pour 2013, il porte

    sur la maltraitance) et un appel doffre ouvert, afinde soutenir des recherches scientifiques. Il proposegalement un choix parmi les propositions etassure le soutien et lvaluation de ces recherches.Ainsi, il est possible de noter que la plupart desrecherches menes ces dernires annes enFrance, sur les sujets rentrant dans le champ delenfance en danger et de la protection de lenfance,ont t soutenues par lONED. tudier lensemble des pratiques professionnelleset institutionnelles et promouvoir celles quifonctionnent.A cette fin, lONED assure lvaluation desdispositifs innovants et en permet une largeconnaissance, voire une promotion.

    Aujourdhui, dans la collecte de donneschiffres concernant la maltraitance,quels sont les enseignements ?Rencontrez-vous des difficults ?Aujourdhui, au sujet de la maltraitance, nousnavons aucun chiffre global, mais une liste dechiffres qui permettent davoir une ide globalede lampleur du phnomne. En croisant et enarticulant ces sources de donnes, on peut tenterde mieux cerner la situation. Je vais tout dabordparler des difficults gnrales avant dexposer lesenseignements. Deux difficults gnrales nousincitent la prudence. La dnominationQuest-ce que la maltraitance ? Quel acte ouattitude peut tre qualifi de maltraitant ? Plusieursdfinitions sont utilises, selon les lieux, lesinstitutions, les professions et les enqutes ! Parexemple, dans certaines recherches, la ngligencenest pas considre comme une maltraitance ouune situation de danger. Dans dautres, nestconsidre que la ngligence lourde , avecrgulirement des seuils de lourdeur ou degravit diffrents. Parfois enfin, la ngligence esttoujours comprise comme une maltraitance. Cettednomination diffrente, ou plutt ce primtrediffrent des situations considres par letruchement dun concept, conduit deuxdifficults majeures : lextrapolation des chiffresobtenus sur un territoire dlimit un territoireplus vaste ; et la comparaison. Le contexteUn phnomne prend du sens dans un contextegographique, social, culturel et institutionnel : unphnomne observ dans un lieu nest pasidentique dans un autre puisque le contexte estdiffrent. Par exemple, les chiffres obtenus parlobservation de la situation psychique des mineurspeuvent fortement varier selon laccessibilit pourchaque mineur aux soins.Le contexte est aussi temporel. Un phnomneapparat un moment donn : toute observationqui remonte des dcennies peut difficilementfaire lobjet denseignement lheure actuelle. Lecontexte a volu. Par exemple, il est difficile decomparer des offres daccompagnement sur despopulations ayant vcu des situations avant larforme de loi 2007 celles qui les ont vcuesensuite.

    Mais vous parliez quand mmedenseignements ! Quels sont-ils ?Les enseignements sont nombreux. Je vais citerquelques enqutes et donner des chiffres titredexemple. Un dispositif importantNotons tout dabord que le dispositif de protectiondes mineurs est important. Rappelons les chiffres

    Nous devons tre positivementdtermins ne pas laisserprosprer cette violence. Nousdevons ragir face la destructionde notre avenir. Nous devons tre fougueusement rsolus protger notre bien le plus prcieux, nos enfants. Christiane Taubira

    Les Annonces de la Seine 50-2013_Mise en page 1 29/08/13 00:13 Page4

  • contenus dans le dernier rapport de lONED remisau mois de mai au Gouvernement et au Parlement(8me rapport). Aprs avoir crois des donnesdactivit issues de la Drees (direction de larecherche, des tudes, de l'valuation et desstatistiques), de la direction de la Protectionjudiciaire de la Jeunesse (DPJJ) et des tableaux debord des tribunaux pour enfants, nous estimonsqu la fin de lanne 2010, en France,273 000 mineurs sont suivis dans le cadre de laprotection de lenfance. Prs de la moiti desmesures (47 % exactement) sont des mesures deplacement. Ce chiffre est trs stable depuis le dbutdes annes 2000. En 2003, cela reprsentait8,7 enfants pour 1000. En 2010, cela reprsente9,3 enfants pour 1000. Il est donc faux de dire,comme on lentend parfois, que le nombre deplacement baisse. Un dispositif insuffisant mais qui semblesamliorer.Ce dispositif semble insuffisant certes, puisqueparfois des drames ne sont pas vits. Mais ilsemble fortement samliorer. Par exemple, selonlenqute Drees Evnements de vie et sant mene en 2005-2006 auprs de 10 000 personnes,ges de 18 75 ans : 0,2 % des hommes et 2,5 % des femmes gs de20 75 ans en 2005-2006 auraient vcu desviolences sexuelles de manire rpte durantlenfance et ladolescence ; Mais, parmi eux, seulement 8 % de ces hommeset 20 % de ces femmes auraient t pris en chargepar des services de protection de lenfance (soit19 % des victimes) ;Notons quand mme que lenqute tablit desanalyses par classe dge. Il semblerait alors que laprise en charge ait t un peu plus frquente pourles classes les plus jeunes, dmontrant ainsi uneamlioration gnrale du dispositif de reprage etdaccompagnement. Un dispositif dont on peut tracer les pistesdamliorationEn outre, diffrentes enqutes nous montrent lespistes damlioration.Exemple 1 : Enqute ELAP (Etude surlAutonomisation des jeunes Aprs le Placement),soutenue par lInstitut national d'tudesdmographiques (INED), qui porte sur latrajectoire de 809 enfants placs et sortis aprslge de 10 ans, et tudis lge de 21 ans. Selon

    cette enqute, 45 % des personnes enqutesauraient connu des problmes de maltraitance.Pour un quart dentre eux, ces problmes ntaientpas connus au moment de la prononciation de la mesure (36 % indiqus comme motif deplacement). Au-del de ces chiffres, lesenseignements, en termes danalyse desphnomnes et surtout en matire de pistesdamlioration, sont nombreux : le reprage doit tre actif tout au long du suiviet de la prise en charge. En effet, rgulirement,cest la prise en charge qui permet le reprage ; le reprage en cours de mesure permet unemeilleure attention pour les autres membres de la fratrie ; les dispositifs de reprage doivent prendre encompte le sexe. Les garons semblent dclarer plusfacilement des faits de maltraitance quand ils sontjeunes. Ensuite, ils semblent sexprimer par descomportements, et cest dailleurs cescomportements qui conduiront un placement.Exemple 2 : Les enseignements des enqutesportant sur les violences conjugales. Lesenseignements tirs de ces enqutes sontnombreux : Il existe une forte corrlation entre violencesconjugales et mise en danger de lenfant(cf. Rapport ONED Les enfants exposs auxviolences conjugales , novembre 2012). Dans lecadre des dispositifs de protection de lenfance,notamment en ce qui concerne les risques dedanger et le reprage, il est donc ncessaire deconsidrer ces contextes de violences conjugales. Il existe des temporalits de la violence : 10 %des situations du 3919, numro durgence, sontdes femmes enceintes. Il est ainsi possibledaccentuer les dispositifs de reprage sur cesmoments cls, par exemple par un meilleuraccompagnement des PMI.

    On comprend bien les difficultsauxquelles vous tes confronts mais, au-del des enseignements dont vous nousparlez, comment apporter une rponseadapte si on ne connat pas prcismentlampleur du phnomne ? Quanddisposerons-nous de chiffres plus prcis ?Au niveau des donnes chiffres, une partie deces difficults sera bientt rsolue par la mise enplace du dispositif unique de remonte des

    donnes, issu de la loi du 5 mars 2007. Ce dispositifa connu des difficults techniques de mise enuvre qui devraient sestomper puisque noussommes actuellement en aboutissement dunedmarche de consensus. Les prconisations ducomit dexperts ont t rendues publiques le 2 juillet dernier. Les apports de ce dispositif sontnombreux : Ce dispositif est exhaustif (tous les mineurs sont concerns), ce qui permet des comparaisonset des estimations sur des bases solides et non pas sur des chantillons. Ce dispositif est longitudinal ; le suivi desparcours permet de contextualiser lesphnomnes et dtablir, au-del de simplescorrlations, des liens de causalit. Enfin, ce dispositif est unique et commun, ce quipermet dutiliser les mmes rgles, notammenten ce qui concerne les dnominations ; il sera doncpossible dextrapoler et de comparer.Nous nous apprtons donc passer de donnesde gestion des donnes populationnelleslongitudinales, permettant daccder lentre maissurtout au parcours, et la sortie, pourapprhender limpact de la politique publique dela protection de lenfance sur la population priseen charge, et surtout pour mieux reprer lessituations de danger, puisque cest l que se situefinalement le vritable sujet, le vritable objectif.

    Que voulez-vous dire ? Selon vous la question du reprage nest passuffisamment aborde ?Le chiffre est important en soi puisquil est unindicateur dun phnomne. Derrire les chiffres,ce que nous tous essayons de mettre en exergue,cest le reprage. Or, lONED, nous travaillonstrs fortement sur les pratiques qui permettentdamliorer ce reprage. L est la cl, croyons-nous,dune meilleure prise en compte des situations demaltraitance.A cette fin, quelques instruments peuvent tre cits : Le Service National d'Accueil Tlphoniquepour l'Enfance en Danger (Snated - numronational d'urgence 119).Rappelons quelques chiffres pour illustrer lutilitde cette ligne tlphonique durgence,confidentielle, gratuite et ouverte 24h/24 : 10 % des informations proccupantes (IP) auniveau national proviennent du Snated ; pour 70 % des appels pour lesquels on disposedune information en retour, sur la situation, la famille ntait pas connue des services dudpartement pour des situations de danger. Les protocolesLes protocoles labors entre les services des Conseils gnraux (CG) et dautresadministrations permettent un changedinformation et aussi et surtout le reprage, pourtous les professionnels, des circuits utiliser pourfaire remonter leurs inquitudes. Prenonslexemple de lducation nationale, premire pourvoyeuse dIP (cf. Enqute ONED 2011portant sur lIP). Il y a encore quelques annes, unprofesseur ayant quelques inquitudes quant lasituation dun enfant ne savait pas avec qui lespartager, et se trouvait confront un dilemme :soit il faisait part de ses inquitudes en les signalant,au risque de dclencher une procdure qui auraitpu savrer infonde et ainsi perturber une famille ;soit il ne disait rien, au risque de ne pas considrerun (risque de) danger. Aujourdhui, avec cesprotocoles, mme sils sont diffremment connus

    Les Annonces de la Seine - jeudi 29 aot 2013 - numro 50 5

    Vie du droit

    Valrie Trierweiler, Andr Vallini et Thomas Clay

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    Les Annonces de la Seine 50-2013_Mise en page 1 29/08/13 00:14 Page5

  • et partags selon les dpartements, ce professeursait avec quels collgues partager cette inquitudeet cest linstitution qui collectivement, aprs unepremire valuation en interne, effectuera une IP,ou un signalement si ncessaire. En revanche, dansdautres secteurs, les marges de progrs sontindniables. Rappelons que, malgr llaborationde protocoles avec les tablissements hospitaliers,peu dIP proviennent du secteur de la sant. Lesmdecins libraux par exemple sont loriginedun petit nombre de signalements et encoremoins dIP. Des actions spcifiques leur gardsemblent ncessaires et urgentes. Notons dailleurssur ce point que les CRIP qui ont demand unmdecin de rejoindre leur quipe semblent mieuxnouer des liens avec ce corps professionnel. Les rfrentiels pour valuer les situations prmesure ou durant la mesure.Plusieurs rfrentiels dvaluation prmesure sontactuellement disponibles. Citons les deuxprincipaux : le rfrentiel Alfoldi et le rfrentielCREAI Rhne-Alpes. Ils ont t prsents lorsdune journe ONED Lyon le 15 mai 2012.LONED a galement soutenu le second dans lecadre dune dmarche dvaluation scientifique.Ces rfrentiels permettent, non pas dadopter unegrille de lecture commune qui imposerait declassifier et de normer les situations, mais dadopterune culture commune -notamment quant ladfinition de certains termes -et surtout unquestionnement commun. Par exemple, lessituations de violences conjugales, puisquellespermettent de reprer les situations de (risque de)danger pour lenfant sont systmatiquementabordes. De mme, les aspects sanitaires fontlobjet dune attention particulire car la situationde sant est un indicateur qui permet de reprerles situations de (risque de) danger et surtoutdengager le dialogue avec lenfant et la famille.Ainsi, lONED, nous rcoltons toutes sortes dedonnes chiffres et nous laborons un dispositifde remonte des donnes exhaustif et longitudinal.Pour nous, le chiffre est essentiel puisquil est unindicateur. Avec ces indicateurs, nous pouvonsalors mieux valuer les dispositifs qui permettentde protger lensemble des mineurs, en danger ouen risque de danger. Parmi nos missions, nousanalysons ces dispositifs et en assurons la diffusionsur lensemble du territoire.

    Dpistage de la maltraitance :lexprience du service depdiatrie de Nantespar Nathalie Vabres et Georges PicherotPdiatres, CHU de Nantes

    Quel est le rle de lONED ?

    Le dpistage des mauvais traitementsimplique de penser la maltraitancecomme un diagnostic mdical. On nepeut voir et entendre, que si lon a dans latte la maltraitance comme possibilit, comme tiroir diagnostic, avec la gravit de sesconsquences sur le dveloppement de lenfant.Lunit daccueil des enfants en danger du CHUde Nantes est une unit fonctionnelle rattacheau service de pdiatrie.Cest une quipe pluridisciplinaire qui intervienten cas de suspicion de maltraitance dans les

    diffrents services de lhpital mre-enfant :urgences, pdiatrie, chirurgie, ranimation. En tantque professionnels ressources, nous sommesrgulirement appels laide par nos collguesmdecins et soignants lorsquils reprent dessignes, des paroles, des attitudes qui les inquitent.

    Cela permet de ne pas rester seul, derflchir plusieurs et de dfinirensemble une conduite tenir.Lobjectif est daider au diagnostic, daccueillir lesenfants et les parents dans les situations demaltraitance, dassurer les soins ncessaires, departiciper un projet de soins avec les institutionspartenaires impliques dans la protection delenfance.En 2012 nous avons t sollicits pour 368 enfantsdont 124 taient hospitaliss. Nous avons fait77signalements et 93 informations proccupantes.Des protocoles spcifiques sont disponibles pourles pdiatres de garde aux urgences avec des feuxrouges imposant lhospitalisation : fracture ou ecchymose chez un nourrisson quine se dplace pas, lsion traumatique grave sansexplication ou avec explications non plausibles,absence de manifestations douloureuses chez unenfant prsentant une lsion traumatique grave, enfant ou adolescent vu plusieurs fois auxurgences de faon rapproche pour des symptmes flous , des pathologies accidentellesou des accidents domestiques rpts, dcouverte dune grossesse chez une adolescentede moins de 15 ans.En effet parmi les nombreux enfants et adolescentsqui consultent aux urgences, certains sont victimesde mauvais traitements physiques, sexuels,psychologiques ou de ngligence grave.Chez les enfants, outre les traumatismes infligs,la maltraitance peut se rvler par des troubles dudveloppement et de la croissance, ou des troublesdu comportement.Chez les adolescents, les tentatives de suicide, lestroubles des conduites alimentaires, les troublessomatomorphes, les alcoolisations aigues et misesen danger rptes, doivent faire voquer cediagnostic.Lhospitalisation permet la mise labri,lobservation de lenfant ou de ladolescent, et deses interactions avec sa famille. Cela implique desquipes soignantes averties, vigilantes etbienveillantes, qui savent couter, mais aussi poserdes questions ouvertes en faisant part de leursinquitudes devant telle lsion, devant la tristessede lenfant ou de ladolescent, devant ses troublesdu comportement.Les entretiens et consultations sont toujoursraliss de manire conjointe, associant enbinme : pdiatre, psychologue, pdopsychiatre,puricultrice, assistante sociale.En effet, il nous parat important dviter la relationduelle qui peut tre pesante pour un enfant victimede violence, dviter lenfant de rpter etrpondre plusieurs fois aux mmes questions avecchaque professionnel, de permettre les regardscroiss des professionnels durant les entretiens etles examens, et de limiter leur sidration devantla violence des situations.Ce cadre est maintenu lors des consultations surrquisition, et galement lors des demandes davisdans les services dhospitalisation.Cependant faire le diagnostic ne suffit pas.Construire un projet de soin ncessite deconstruire un rseau, dtre en lien avec lesinstitutions impliques dans la protection de

    lenfance : parquet, juges des enfants, services depolice et de gendarmerie, Aide Sociale lEnfanceet PMI, associations exerant les mesuresdinvestigation et de protectionLes fractures, les traces de coups, les violencessexuelles, les humiliations, mme aprs lesignalement, mme au cours dune mesure deprotection, peuvent rapidement paratre moinsgraves. Limpossibilit pour des professionnelsmme avertis de se reprsenter et d'imaginer laralit des mauvais traitements, peut conduire la minimisation voire au dni. Le doute profite la famille tant il est plus facile de penser punitionsexcessives, accidents, enfant ou adolescent difficile.Il faut dcrire, dire la gravit de ce qui a t constat,crire les paroles des enfants et des adolescents,montrer les photos des lsions, mais aussi lister les faits, les actes poss par les familles,particulirement dans les maltraitancespsychologiques si difficiles dmontrer.

    Il faut rester en lien avec lesprofessionnels qui vont accompagnerlenfant par la suite.Louverture du lieu dAccueil Audition filmeau CHU de Nantes en janvier 2010, nous apermis dobtenir des moyens, de renforcer nosliens avec les institutions partenaires etdamliorer nos pratiques dans lintrt desenfants et des adolescents : 341 auditions ontt ralises en 2012.La dmarche judiciaire doit pouvoir se droulerde manire rigoureuse, tout en vitant untraumatisme supplmentaire lenfant.Ce dispositif permet laccueil des mineursvictimes de violences dans un lieu adapt leurdveloppement, leur particulire vulnrabilit,et au type de violences subies, le plus souventintra familiales.Il permet galement un dpistage prcoce dessignes de souffrance et un accs rapide aux soins.

    Le reprage, dans le cadrescolaire, des violences faites aux enfantspar Genevive Gautron Chef dtablissement

    Ce nest quassez tardivement que lcolea pris en compte cette problmatiquedes violences faites aux enfants. Depuiselle y a mis tout son coeur, mais hlassans formation ni priorit.Actuellement, des structures de type quipe-relais fonctionnent, mais elles sont dpasses parle nombre et la diversit des situations (pourrappel, une quipe-relais runit, par exemple, laDirection, le CPE, un ou deux professeurs etlquipe mdico-sociale du collge pour travaillerensemble sur des cas dlves en difficult).Il faut aussi ajouter que la loi de 2005 sur lehandicap a amen lcole des lves quijusqualors ntaient pas dans le systme banal et multipli les reconnaissances MDPH1(1) quiconduisent des PPS (projet personnalis descolarisation). Cette donne, pour souhaitablequelle soit, na pas t accompagne de moyenshumains supplmentaires.Pour moi donc, laction de reprage est la foisgnreuse et trs empirique. Cest dans ce cadre

    6 Les Annonces de la Seine - jeudi 29 aot 2013 - numro 50

    Vie du droit

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  • que je vais voquer 3 situations actuelles du collge.Cet lve est arriv en classe dunits localisespour l'inclusion scolaire (ULIS) Troubles desfonctions cognitives et adopte un comportementtotalement inappropri, mme dans ce cadre (crisstridents, fuite dans les couloirs). Il faut du temps lquipe, par ailleurs pour une bonne part nonforme, pour dcouvrir que cet enfant na aucunsuivi, la famille tant dans le refus daide, et cemalgr une reconnaissance MDPH en colematernelle. Lenfant apparat victime dun regardfamilial rigide, voire clairement raciste, mais devientun problme pour les autres lves : il se heurtealors la rgle scolaire. Les difficults saggravent.Et notre regard sur cet enfant est brouill : troublesdes fonctions cognitives, cela veut dire beaucoupde choses, mais bien incertaines pour nous. Quest-ce quil est possible dexiger face ses manquements la rgle scolaire ? Dans ce contexte prcis, nousimaginions tort quune reconnaissance MDPHgarantissait des soins, mme a-minima. Jai choisicet exemple pour montrer quil est difficile pourdes professionnels de lducation de se faireconfiance face des situations de cet ordre : lereprage est alatoire. Si cet enfant avait t sage, nous ne laurions pas repr. Et dailleurs que noussoyons actuellement la recherche de solutionsna amen quun seul rsultat : une demande dechangement de collge par la famille.Dans le mme ordre dide (refus daide de lafamille), je voudrais parler de cet enfant de 6me quidemande que son tlphone portable soit rechargau collge. On apprend alors que llectricit a tcoupe chez lui. Lassistante sociale dcouvre unesituation qui a t prise antrieurement en charge,puis abandonne. Dautres inquitudes (dordresexuel) se font jour. Cet enfant se positionnecomme homosexuel , le dit, ce qui entrane desapostrophes varies, et nous amne intervenirauprs de ses camarades et de lui. Manifestement,il cherche lappui des adultes, auprs de qui il livredes bribes de confidence confuses. Mais la mre,contacte aprs de longs efforts de lassistantesociale, ne voit pas : aucun besoin clair nesexprime. Elle accepte un dossier daide financire,mais refuse dchanger sur tout autre sujet. Cegaron, nous semble-t-il, protge sa mre : sesdifficults lui, pour anciennes quelles soient(comme en tmoigne lcole lmentaire), lelaissent cependant dans la capacit de suivre unescolarit, un peu bancale certes, mais il y en abeaucoup dautres. Et nous narrivons pas allerplus loin.Je terminerai par le cas dune lve grande, forte etau caractre affirm. Un beau matin, des coupssont constats par linfirmire que llve est venuevoir. Nous faisons intervenir les services adquats.Le fait est que la mre, que nous connaissons biencomme prsente et attentive, a dcouvert que safille a dtourn son portable et la facture detlphone atteint 600 euros, ce qui est peu dechoses prs son salaire. Elle reconnat avoir voulucorriger sa fille. Finalement des conseils lui sontdonns par la Brigade des mineurs. A la fille aussi,il est expliqu le mal fond de son attitude. Maisfaute de pouvoir aider une mre qui se bat seule,sans soutien, cet accs de violence peutventuellement recommencer. De plus nousestimons que cette fille aura du mal nous faire denouveau confiance.Il existe une violence physique irrgulire danscertaines familles dont les enfants ne disent rien,en particulier lorsque, adolescents, ils souhaitentconserver leur image auprs des camarades.

    L la barrire est trs haute franchir pour nous.Je conclurai en disant que je souhaiterais quuneffort soit fait pour diminuer limpact des carencesducatives de la part de familles qui remplissentune partie de leurs missions mais sont elles-mmesdans une telle fragilit quelles ne sont plus mmedentrer en contact avec qui propose une aide. Etparfois sans doute lintrt de lenfant pourrait-illemporter sur la libert des parents lorsquunemise en danger est avre.Il me semble donc que si laccord des familles estessentiel pour que toute mesure ducative soitpossible, il ne peut tre obtenu que par une priseen charge premire et forte de celles-ci dans lecadre dun soutien la parentalit.(1) MDPH : Maison dpartementale des personnes handicapes.

    Le reprage de la violencedans le cadre scolairepar Evelyne Cluzel Infirmire scolaire

    Maltraiter n'est pas simplement laviolence physique. Elle part souventde la famille, mais peut tre le faitde n'importe quel adulte ou jeuneen contact avec l'adolescent.

    A travers les diffrentes sortes demaltraitance, comment s'effectue lereprage au niveau scolaire?Les diffrentes sortes de mailtraitance : violences physiques: fractures, coups, brlures, etc; atteintes sexuelles : viols, attouchements,pdophilie, etc ; violences psychologiques : cruauts mentales,humiliations, brimades, dvalorisation, punitions,rejet affectif, etc ; ngligences lourdes au sein de la famille : enfantnon soign, pas d'entretien, carences alimentaires,rythme de vie non adapt, etc.

    Comment s'effectue le reprage ?Les violences physiques sont souvent les plusfaciles reprer car les svices corporelssont visibles. Le plus souvent dans le milieuscolaire, c'est soit l'enfant qui vient dnoncer, soitun adulte de l'tablissement ou un ami.Les violences sexuelles sont plus difficiles dtecter. La plupart du temps, le jeune a honte, sesent coupable ou a subi des menaces. Cela peutse traduire au sein de l'cole par un isolement, dustress, de l'anxit, des troubles psychosomatiquesdivers, des conduites auto agressives (tentativesde suicide, auto-mutilation, etc).Soit le jeune finitpar en parler l'infirmire, l'assistante sociale ou d'autres adultes de l'tablissement, soit lesprofesseurs s'inquitent de son tat et le signalent l'quipe mdico-sociale de l'tablissement.Quant aux maltraitances psychologiques, leslves osent rarement se confier, et cela se traduitpar des maux divers: refus de venir l'cole, mauxde ventre, niveau scolaire en baisse, etc. Lepersonnel de l'tablissement s'en inquite et leproblme est signal l'quipe mdico-sociale afinde reprer les causes de la souffrance.

    Quelles actions pour la prise en charge ?En fonction des types de maltraitance et du niveaud'urgence, les lves sont pris en charge et orientsvers les services adapts.

    Les Annonces de la Seine - jeudi 29 aot 2013 - numro 50 7

    Vie du droit Agenda

    UNION INTERNATIONALEDES AVOCATS5e forum des droits des affaires : Les dfis mondiaux d'intgrit dans lagestion dentreprises - Lutte contre lacorruption et le blanchiment d'argentLes 8 et 9 septembre 2013 Hogan Lovells US LLP875 Third AvenueNew York, NY 10022, ETATS-UNISRenseignements : 01 44 88 55 66

    [email protected] 2013-612

    BARREAU DE QUBEC

    Rentre Solennelle judiciaireLe 13 septembre 2013Palais de justice de Qubec300, boulevard Jean-Lesage, bureau RC-21Qubec (Qubec) G1K 8K6 Renseignements : 418 529-0301www.barreaudequebec.ca 2013-613

    ASSOCIATION INTERNATIONALE DES JEUNES AVOCATS - AIJA 51me congrs Du 17 au 21 septembre 2013 Htel Hilton Avenue Macacha Guemes 351BUENOS AIRES - ARGENTINE Renseignements : 01 45 02 38 38

    [email protected] 2013-614

    ASSOCIATION DROIT ET COMMERCE Laction de groupeConfrence le 23 septembre 2013 Tribunal de Commerce 1, quai de la Corse75004 PARIS Renseignements : 01 46 28 38 37

    [email protected]

    2013-615

    ASSOCIATION DES JURISTESFRANCO-BRITANNIQUES

    Dieu et mon DroitReligion, Socit et Etat - Quelquesproblmes daujourdhui Colloque Annuel le 27 septembre 2013Salle Lamartine101, rue de l'Universite 75007 PARISRenseignements : 01 44 09 79 00 [email protected]

    2013-616

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    Vie du droit

    Pour les violences physiques ou sexuelles, il estimpratif de protger l'enfant et de signalerimmdiatement le problme aux autoritscomptentes. Concernant les maltraitancespsychologiques, il est plus difficile et dlicatd'intervenir car elles sont plus complexes dtecter et valuer. Toute suspicion demaltraitance sur un enfant doit amener signaleraux autorits administratives et judiciaires.Par ailleurs, le niveau socio-culturel des famillespeut altrer le jugement du personnel alert.Une bonne quipe bien informe et vigilenteau sein de l'tablissement scolaire permet dedtecter plus facilement toute souffrance subiepar un lve et d'agir de manire efficace. Il estimportant galement d'avoir des servicesextrieurs comptents capables d'apporter unesolution, d'valuer et d'tre l'coute de lasouffrance de ces jeunes.Dans les tablissements secondaires parisiens,sont affectes des infirmires qui sont l pourcouter, reprer et rpondre l'urgenceimmdiate, le tout dans un climat d'quipe avecl'ensemble de la communaut scolaire.On peut ainsi noter une grande disparitnationale suivant les lieux o l'on se trouve.Cependant, en tant qu'infirmire, on remarqueque certains signalements faits ne donnent passuite des effets ou restent sans rponse.

    Le reprage dans le cabinetdu mdecin gnralistepar Claude Rougeron Mdecin gnraliste

    Les enfants au coeur de notre socitmoderne sont de plus en plus objetiss par les mdiascommerciaux, les politiques, les parentseux-mmes. Il y aurait un importantdveloppement faire.Cette objtisation de l'enfant engendre uneambivalence du regard que le socit porte surlui. Il est la fois le roi qui a tous les droits et quipeut faire driver les parents vers des dettes ou

    des comportements de surprotection. Il est dansle mme temps, et parfois au sein des mmesfamilles, la victime de violences physiques,psychologiques, sociales ou spirituelles dont lagravit peut atteindre les extrmes.Reprer, diagnostiquer, signaler, mettre en placedes mesures de sauvegarde, de traitement et desuivi constituent des objectifs de laresponsabilit de la socit et sa Sant publique.Il n'existe pas de typologie de la personnemaltraitante, et toute personne constituantnotre socit est concerne par le reprage deces enfants. Nul ne peut prtendre ne pas treconcern. Nul ne peut prtendre ne pas savoirce qu'il a vu ou entendu ou compris. Et la loioblige chacun signaler un tel constat,professionnel de l'enfance, du soin, du droit, del'enseignement ou autre.Cependant, ce reprage n'a rien de simple. Lepropos qui suit reste centr sur le reprage desenfants victimes de violences. Il existe denombreuses difficults et entraves pour raliserce reprage, mais il existe des mesures pourl'amliorer. Analysons les.

    Les difficults L'accs aux soinsL'aggravation de la pnurie de mdecinsgnralistes en milieu ambulatoire engendredirectement une relle difficult d'accs aux soinsde premiers recours. La population en gnralse dplace donc vers les services dits d'urgencesdes hpitaux et cliniques o les temps d'attentesont la mesure de la disponibilit desprofessionnels. Mais ces professionnels sontforms prendre en charge des dfaillancesphysiques. Par ailleurs, les mdecins de cesservices sont volontiers en formation, interne demdecine gnrale pour la majorit. Ils font appelau mdecin senior en cas de difficult diagnosticou thrapeutique. Encore faut-il que le repragesoit fait pour que le senior soit sollicit.La course contre la montre qui caractrise cesservices ne permet pas la disponibilit intellectuellepour raliser le reprage d'un trouble trs souventbien masqu par les auteurs, notamment s'ils sontles accompagnants de l'enfant dans le service. C'estpourtant dans les services des urgences que les

    mdecins gnralistes adressent les enfantsdpists ou reprs.En ville, les parents auteurs de svices sur leursenfants vitent de frquenter la consultation dumdecin de la famille. Un indice intressant dereprage est le carnet de sant sur lequel apparatun suivi irrgulier, auprs de mdecins diffrents,avec des consultations habituellementsystmatiques non faites. Cela constitue un indice,pas une preuve, bien sr. A l'inverse, il s'agit parfoisd'enfants qui nous sont frquemment amenspour des motifs varis, disparates voire futiles.

    Des freins lis au mdecin Les mdecins de premiers recours, c'est dire lesgnralistes et les pdiatres, connaissent pluttmal les procdures de signalement et de contactde la CRIP : cellule de recueil et d'valuation desinformations proccupantes du Conseil gnral.Cette mconnaissance est lie multiplesfacteurs. La formation initiale n'aborde pas cetteprocdure au cours du cursus des tudesmdicales. Les syndromes de Silverman et deMunchausen sont tudis dans leur dimensionbio-mdicale. La formation continue estextrmement pauvre du fait de la dfinition desthmes prioritaires par les institutions (assurancemaladie, ministres, syndicats). Ces thmesprioritaires concernent prfrentiellement lesproblmes de sant organique pour lesquelsl'valuation des pratiques est facile et la rentabilitconomique directe.La communication sur ce problme de la partdes instances telles les conseils des Ordresprofessionnels, la Scurit sociale, les ministres,la Haute autorit de sant, l'institut national deveille sanitaire etc. est inexistante. C'est donc unsilence assourdissant qui existe autour de laviolence faite aux enfants. Il en est d'ailleurs demme pour les personnes ges qui constituentune gale part de mon activit que les enfants demoins de 16 ans.

    La peur de signalerLes mdecins ont vcu ou ont t tmoins dessituations d'inculpation pour des signalementsqui auraient t considrs comme injustifis. Ils gardent une peur intense du risque

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    Vie du droit

    d'inculpation pour dnonciation calomnieuse etnon moins intense de perdre le contact avec unefamille qui reoit des soins difficiles depuis plusou moins longtemps. Cela signifie qu'a ct del'enfant maltrait, il y a d'autres enfants et desparents, parfois ou souvent. Qu'une rupture deconfiance envers le mdecin dnonciateur expose la famille au risque majeur de perte deconfiance envers la mdecine dans son ensemble.La situation est suffisamment dlicate et complexepour que d'aucun se permet de jeter l'opprobresur la mdecine gnrale et les mdecinsgnralistes en particuliers. Il faut chercherensemble une dmarche humaine. Et l se posele grave problme de l'absence totale de relationavec le monde judiciaire aprs un signalement ouune information proccupante. Les servicessociaux ignorent galement le mdecingnraliste, fut-il celui qui a rdig le signalement,sauf lorsqu'il y a des documents mdico-administratifs renseigner ou des bons pour... rdiger. Bon pour un transport par exemple.

    L'absence d'information en retour du signalementQu'il s'agisse d'un contact tlphonique avec unepersonne de la cellule de recueil des informationsproccupantes (CRIP) du Conseil gnral ou unsignalement direct auprs du Procureur de larpublique, il est demand au mdecin d'adresserun certificat de signalement par fax et par courrier,puis c'est l'paisseur du silence judiciaire. La familledisparat dans la rupture avec le mdecin. Il n'estmalheureusement pas rare de voir rapparatrequelques annes aprs l'enfant victime de nouvellessvices ou pour un certificat de dcs. Il s'agit l devcus personnels. Comment imaginer que je soisle seul mdecin gnraliste franais qui ait vcucela ? Non. Il rside l un problme majeur.Problme de communication professionnelle dansl'intrt de l'enfant avec des personnes habilites en connatre. Et en quoi le mdecin qui a pris laresponsabilit de faire un signalement ne serait-ilpas habilit en connatre ? Parfois, c'est un confrrequi, sous cape, nous informe des suites de l'histoire.J'ai vcu deux telles histoires dans les trois annespasses. Une fillette de 11 ans est prise en chargeen pdopsychiatrie, le cousin coure toujours, lamre est seule et psychologiquement dtruite etje suis terriblement inquiet pour la suite. Qu'ellesont t les conclusions des magistrats ? Quel suivia t-il t mis en place pour l'enfant et le maltraitant ?Quelle mobilisation de l'aide sociale l'enfance ?Je ne sais rien, strictement rien et je suis trs inquietpour cette pr-adolescente dont les risques dercidive par le mme agresseur me semblentmajeurs. Donc, que puis-je faire ? De la passivit l'activisme ? Dois-je refaire une informationproccupante pour enfant en pril imminent ?Voil certaines difficults relles.

    Les mesures pour amliorer le reprage Accs aux soinsLe maillage des mdecins gnralistes en milieuambulatoire justifie des prises de dcisionspolitiques courageuses et efficaces. Despropositions existent imposant de sortir d'unconservatisme dltre. Il s'agit de sauver l'accsaux soins de premiers recours dans notre pays detoute urgence afin d'viter le recours aux urgencessystmatique.

    Inclure la smiologie mdico-psycho-sociale dureprage des violences faites aux enfants, aux

    personnes ges et aux femmes dans la formationinitiale et dans les thmes prioritaires dudveloppement professionnel continu (nouvelleterminologie pour dcrire la formation mdicalecontinue des mdecins). Cette smiologiecomporte des points communs. La rforme dusecond cycle des tudes mdicales permet cettetransversalit depuis plusieurs annes, mais lapratique facultaire n'y est pas. Il faut y remdier ;cela est urgent et facile. Aux conseillers ministrielset aux doyens de prendre leurs responsabilits.En effet, en qualit de mdecin gnraliste, je visles mmes difficults concernant les violencesfaites aux personnes ges, aux personnesvulnrables, aux femmes, aux enfants. Les loi sesuccdent. Les chiffres stagnent.

    Mettre en place une campagne de communicationefficace de la part des ministres impliqus, desOrdres professionnels auprs des acteurs afin deles rassurer lorsqu'ils communiquent uneinformation proccupante ou ralisent unsignalement.

    Informer clairement sur le secret professionnel etses drogations, sur la dfinition de ladnonciation calomnieuse, les comptences dechaque professionnel et ses limites.Rflchir de faon pluri professionnelle unedmarche de communication double sens entretous ces professionnels qui migrent autour del'enfant sans exclure le Procureur et le Prsidentdu Conseil gnral, ni les mdecins et les patients.

    Un rel partage des donnes concernant uneaffaire selon l'habilitation de chacun et dans l'intrtde l'enfant reste mettre en place afin de permettreun reprage des violences faites aux enfants selondes principes thiques incontournables : seconnatre et se reconnatre, parler et laisser parler,ne pas mentir et ne pas entendre le mensonge, nepas manipuler et ne pas entendre la manipulation,respecter l'autre pour gagner son respect.

    Comment identifier unesituation de violence pouvantaboutir la mort dun enfant ?par Caroline Rey-Salmon Pdiatre, mdecin lgiste

    Grce leurs comptences, lesprofessionnels de sant sont souventles premiers intervenants capablesdidentifier une situation de violencepour un enfant.

    Faut-il signaler ?Le mdecin est plac devant la double obligationdontologique et lgale de protger lenfant suspectde mauvais traitements, et notamment deviolences futures exerces son encontre. Cetteprotection doit passer par linformation desautorits comptentes, soit par une informationproccupante (IP) adresse la cellule de recueildes informations proccupantes (CRIP), soit parun signalement adress au procureur de laRpublique.En cas de danger imminent, avr, et lorsque leprojet thrapeutique ne suffit pas faire procderaux amnagements ncessaires la scurit de

    lenfant, la rdaction dun signalement nous paraitindispensable. Il nest pas ncessaire davoir lacertitude de mauvais traitements pour effectuercette dmarche. Un des avantages majeurs de cetteorientation est que le procureur de la Rpubliquepeut intervenir en urgence pour assurer la scuritimmdiate de lenfant.

    A qui signaler ?Le prsident du conseil gnral est charg durecueil, du traitement et de lvaluation des IPrelatives aux mineurs en danger ou qui risquentde ltre. Aprs valuation, ces informationsindividuelles font lobjet, si ncessaire, soit duneprise en charge par les services du conseil gnralvia une mesure de protection administrative, soitdun signalement lautorit judiciaire. Lesinformations proccupantes peuvent doncdevenir un signalement lorsquelles sont passesau crible de la CRIP, qui a estim que la prventionadministrative ne permettait pas de traiter lasituation, du fait de la complexit de cette dernireou du refus de la famille de contractualiser unemesure de protection.Le procureur de la Rpublique peut tredirectement avis par toute personne travaillantau sein dun service public, ou dun tablissementpublic ou priv, susceptibles de connatre dessituations de mineurs en danger ou risquant deltre, du fait de la gravit de la situation . Dansce cas, la loi fait simplement obligation dadresserune copie de cette transmission au prsident duconseil gnral.

    Quand signaler ?Sil faut, notre avis, signaler le plus tt possiblepour garantir la scurit de lenfant, le temps de larflexion collgiale nest jamais une perte de tempset il convient de ne pas confondre vitesse etprcipitation. En effet, lanalyse de la situationncessite la mise en commun dinformationsvenant de champs de comptence diffrents, maisplus le signalement se situe prs des faits, pluslenqute pnale sera efficace.

    Quelles spcificits du signalement par les mdecins ?Le secret professionnel est le principal argumentdopposition au signalement. Il sarticule avec la crainte de poursuites ordinales pourdnonciation calomnieuse.Du fait de sa formation et de sa place particulireau sein du dispositif de protection des mineurs endanger, le professionnel de sant est rput agiravec discernement dans lintrt du mineur. Lelgislateur a donc souhait lui reconnatre unecomptence diffrente de celle du simplecitoyen . Entre une attitude visant prserver tout prix le secret professionnel, parfois au prilmme de la vie du mineur et une attitude visant dlier systmatiquement le professionnel dusecret, lassimilant alors un non-professionnel,le lgislateur franais a opt pour une positionintermdiaire.Le Code pnal sanctionne les atteintes portes la vie prive dans le cadre dune activitprofessionnelle. A ct de drogations lgales o la loi impose la rvlation du secret , lelgislateur a prvu des drogations facultativeso la loi autorise la rvlation du secret . Ainsi,en cas de privations ou de svices, y comprislorsquil sagit datteintes ou de mutilations sexuellesdont il a eu connaissance et qui ont t infligs un mineur ou une personne qui nest pas en

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    Vie du droit

    mesure de se protger en raison de son ge, de sontat physique ou psychique , le mdecin estautoris rvler la situation aux autoritsjudiciaires, mdicales ou administratives. Ce mme article stipule que laccord du mineurnest pas ncessaire et que le signalement auxautorits comptentes effectu dans les conditionsprvues au prsent article ne peut faire lobjetdaucune sanction disciplinaire .Le code de dontologie mdicale (CDM) suit lesmmes dispositions. La rvlation des mauvaistraitements enfant reste donc discrtionnairepour les professionnels condition toutefois quedes mesures de protection efficaces soient misesen place autour de lenfant pour viter la rptitiondes violences et partant linfraction de non-assistance personne en danger. La non-assistancevise, non pas le fait de ne pas parler, mais le fait dene pas agir. Il ny a donc ici aucune exception ;professionnel et non-professionnel y sont soumis.

    Risque de labsence de signalement pour le mdecinLe dfaut de signalement peut aboutir, en cas de violences rptes, la mort de lenfant ou des squelles particulirement lourdes,compromettant son dveloppement physique,psychique et affectif. Dans le cas dune suspicionde mauvais traitements non signale et ayant eupour consquence la commission de nouvellesviolences, il pourrait tre reproch au mdecinson inaction.Proposition de mettre en place au niveau de tousles Parquets une fiche navette permettantdindiquer aux professionnels rdacteurs dunsignalement quelles suites immdiates ont tapportes. Cela leur permettra de vrifier que leursignalement a bien t reu. Il pourrait tre prcisau bas de cette fiche navette que les suites moyenet long terme ne pourront pas tre donnes parle Parquet.

    Quand et comment signaler les violencescommises sur des enfants ?par Sylvain Barbier Sainte Marie Vice-Procureur, Chef de la section des mineurs du parquet de Paris

    Le rle du Procureur de la Rpubliquecharg des mineurs est polymorphe dansla mesure o ses attributions sont la foisciviles et pnales. Dans le cadre des

    violences faites aux enfants, elles sarticulentprcisment au carrefour de ces deux champs decomptence.

    Quelle protection ?Un signalement concernant des faits de violences l'gard d'un mineur permettra au Procureur dela Rpublique d'intervenir d'abord dans le champcivil de la protection de l'enfance (article 375 etsuivants du Code civil) afin de se demander si unesaisine du juge des enfants est opportune, voire siune ordonnance de placement provisoire (OPP)est ncessaire. Dans un second temps, il ordonneraune enqute dans le champ pnal auprs desservices de la brigade de protection des mineurs(BPM) afin de dterminer les circonstances desviolences et l'identit de l'auteur.A partir de ces lments, une protection optimaleet double dtente (civile et pnale) peut se mettreen place dans l'intrt de l'enfant. Elle peut allerjusqu' la prise d'une OPP et la condamnation del'auteur, fut-il un parent.

    Quel doit tre le contenu dessignalements ?Les signalements doivent rpondre un certainnombre de critres prcis afin que les lmentsprincipaux y soient mentionns.Il faut essentiellement motiver le danger et indiquerl'urgence, la rponse tant prise en fonction de cesdeux critres, outre la situation prcise de la familleet sa composition.

    A qui signaler ?Les signalements, par principe, doivent treadresss la CRIP. Par exception, lorsqu'il y aurgence, ces signalements doivent tre adresss,par tlcopie, au Procureur de la Rpublique, etdans les grands parquets la permanence de lasection des mineurs du parquet. Ces envois sontadresss en double la CRIP. Dans les cas les plusgraves, s'agissant des mdecins de ville ou des hpitaux (fractures inexpliques, bbs secous, violences), ces signalements doiventncessairement tre adresss au Procureur.Quel reprage ? L'exemple des hpitaux parisiens.Il convient avant tout de faire connatre lesmaltraitances, y compris auprs des hpitaux. A Paris, des cellules dites de maltraitance ontt cres dans les trois hpitaux pdiatriques(Debr, Trousseau, Necker). Elles runissent lesmdecins, les assistantes sociales, le chef de lasection des mineurs du parquet et un membre dela brigade de protection des mineurs (BPM). Lesrunions sont trimestrielles et permettent l'changed'informations sur des cas pratiques, en amont dutraitement judiciaire (hpital) et en aval (parquet).

    Ce travail extrmement important a permisd'augmenter le nombre de signalements auparquet, concernant des violences commises surdes enfants, voire sur des nourrissons.Ces cellules ont aussi permis chaque partenairede mieux connatre les difficults de l'autre. Laconfiance s'est instaure et le partenariat fonctionned'autant mieux.

    Les prises en charge en priode prinatalepar Gisle Apter Pdopsychiatre

    Un bref rappel du processus dedveloppement de la parentalit estncessaire pour faciliter le recours un reprage prcoce et uneorganisation dinterventions en rseau des famillesles plus vulnrables par les professionnels. Il est souligner que la parentalit comporte delambivalence naturelle lgard du bb et que lesexigences ncessaires ses soins peuvent treempches par de multiples facteurs. La psychopathologie et la rptitiontransgnrationnelle en font partie. Cependant, ilest ncessaire de ne pas effectuer de paralllismeentre pathologie et maltraitance, tout comme il estimpratif dobserver, de reprer et de proposer dessoins lorsque les risques sont avrs. Le dni esttoujours lentrave la plus grande des prises encharges prcoces, dont lefficacit clinique estaujourdhui visible. Prendre en charge les troublesaussi rapidement que possible, en particulier dansles familles o se mlent plusieurs facteurscumulatifs est essentiel. La prcocit de la prise encharge amliore la qualit de vie des petits patients,quels que soient leur ge une fois que les troublessont perus (Haddad et al., 2004(1)). La maniredont une prise en charge vient djouer les prdictions lies au groupe risque est lameilleure des prventions tout en tant du soin.De plus, les prises en charge impactent la totalitde la famille, modifiant ainsi les parcours des autresenfants de la fratrie, dont les pronostics souventassez sombres peuvent tre considrablementpositivement influencs.Une fois la famille entire engage dans le soin, ilfaut dployer une prise en charge intgrativeimpliquant de ce fait de nombreux acteurs dusystme de sant et de la protection de lenfance etceci pendant une dure longue, voire trs longue.Comment alors imaginer lvaluation de ces prisesen charge ? Quels en seront les indicateurs ?Quel cot mais aussi quel investissement pourparler selon les termes des conomistes de la sant?A quelle tape considrer que la sant des enfantsest telle que lon peut considrer que la prise encharge est fructueuse ? Quels symptmes et quelsmcanismes psychiques, quels processusrelationnels sont valuer pour cela ? Commentenvisager partir de ce levier que reprsente lapriode prinatale, une rorganisation familiale quiimplique alors de faire face toute une famillenotamment en ce qui concerne les rles parentaux?Il nous semble quil faut alors supposer que lesdispositifs de soins se doivent imprativement desarticuler entre eux, les quipes de communiquer,alors mme que chacune peut avoir soccuperspcifiquement dun aspect de la famille (adolescence,tout petit, troubles des apprentissages etc).

    Comit de pilotage scientifique autour du Snateur Andr Vallinipour le colloque du 14 juin 2013 au Snat Diogo Alves de Oliveira, interne en pdopsychiatrie, Lille Sylvain Barbier Sainte Marie, Vice-Procureur, Responsable de lasection des mineurs, Parquet de Paris Clara Brenot, collaboratriceparlementaire dAndr Vallini,secrtaire du comit Guillaume Bronsard, pdopsychiatre,Marseille Stphane Csari, directeur gnral adjoint des services du Conseil Gnral de l'Isre Jon Cook, anthropologue mdical Judith Dulioust, mdecin de santpublique, responsable de la cellule

    sant de l'ASE de Paris Amlie Girerd, collaboratriceparlementaire d' Andr Valini, charge des relations publiques pour le colloque Monique Limon, directrice de l'insertion et de la famille, au Conseil Gnral de l'Isre Jean-Franois Michard,mdecin lgiste Fabienne Quiriau, directrice de la CNAPE Cline Raphal, interne de mdecinegnrale, auteur de La dmesure Caroline Rey, pdiatre, mdecinlgiste et victimologue, AP-HP

    Claude Rougeron, mdecingnraliste, professeur d'thiquemdicale Daniel Rousseau, pdopsychiatre en libral et dans un foyer de l'Enfance, Angers Nadge Sverac, sociologueconsultante spcialise sur les violences intra-familiales Anne Tursz, pdiatre, pidmiologiste, directeur de recherche mrite l'Inserm,prsidente du comit Roselyne Venot, commandant depolice, conseillre scurit auprs durecteur de l'Acadmie de Versailles.

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    Vie du droit

    Quelle que soit la porte dentre au soin, lquipequi sera bnficiaire du premier pr-transfert auracomme tche de se soucier, sans cesse, desdiffrents protagonistes. Contrairement ce quiavait jusqualors t envisag dans le soin, cestprcisment le fait de ne pas considreruniquement un seul patient qui donne toute lalgitimit ces prises en charge multifocales. Laddiffrenciation de chacun des membres de lafamille, assortie au traitement spcifique de chacunde ses membres et de leurs troubles ne pourra sefaire que dans un deuxime temps. Sans cela, il nepeut y avoir de soins pour ces troubles familiauxmultiples souvent transgnrationnels qui sontlapanage de nombreuses familles reues enconsultation de psychiatrie infanto-juvnileaujourdhui.Nous dcrirons un dispositif de soin ambulatoirequi dmarre ds la priode prinatale qui proposeune valuation contenante conjointement despropositions de soins qui assure la coordinationultrieure. Il sagit de lunit PPUMMA qui setrouve en rgion Parisienne (Psy PrinataledUrgence Mobile en maternit, environ500 situations par an). La manire dont lesprofessionnels se saisissent de lunit, la rencontreavec la femme, le couple et/ou la famille ; lacoordination avec les services de soins et lesservices sociaux seront dcrits afin de mettre envidence limportance dun dispositif intgratif quiarticule et coordonne les diffrents professionnelsentre eux autour de lenfant et de sa famille.(1) Haddad A., Gudeney A. & Greacen T. (2004). Sant mentale du jeune enfant : prvenir et intervenir. Editions Ers.

    Le rle de la brigade desmineurs aprs signalementpar Frdric Rgnier Capitaine de police la brigade de protection des mineurs de Paris

    Comment procde la police judiciaire une fois que le Parquet la saisie ?

    Dans un premier temps nous regardonssi des actes sont effectuer en urgencesous entendant est ce que le mineurest toujours en contact avec sonagresseur ? Si c'est le cas il faudra le rcuprer le

    plus rapidement possible afin d'viter que le ou lamineure soit de nouveau victime. Cela vaut pourles infractions caractre sexuel mais galementles violences.Ensuite nous procdons l'audition de l'enfant etdu civilement responsable (dpt de plainte). Le mineur est ensuite dirig vers l'hpital et plusexactement les UMJ.Nous nous assurons qu'il n'y a pas d'autres victimesdans l'environnement proche. Ensuite nousconvoquons le mis en cause. Si nous voyons qu'ilrisque de ne pas venir nous avisons le Parquet quinous dlivre un 78 (un ordre de comparution avecutilisation de la force publique). Garde vue de l'individu ; Expertise psychiatrique (systmatique pour lesauteurs d'agressions sexuelles) ; Perquisition ; Confrontation ; Avis Parquet ;Gnralement la garde vue est le dernier acted'une procdure.

    Comment pose-t-on des questions unenfant? Comment recueille-t-on sa parole ?Il faut s'adapter en fonction de son ge en tenantcompte de son dveloppement intellectuel et deson niveau de langage (repre dans le temps etdans l'espace). On peut commencer obtenir unpremier tmoignage ds l'ge de deux ans chezl'enfant (il comprend 300 mots). A 4 ans l'enfantne fait pas la diffrence entre le rel et l'imaginaire.L'enfant ne saura se situer correctement dansl'espace et le temps qu l'ge de 10/11 ans.Laudition se fait sans la prsence des parents,gnralement le matin o lenfant est plus attentif.On le met en confiance en se prsentant : quisommes nous, ce que nous faisons, notre rle quiest de protger les enfants.Les questions (ouvertes) doivent rester simples, il ne faut pas hsiter reposer la question sousune autre forme, la reformuler afin de s'assurerque l'enfant a bien compris.Le rcit est libre !!!!!

    Utilise-t-on un protocole d'entretienstandardis pour recueillir la parole de l'enfant ?Non, nous nous adaptons l'enfant, c'est nous quinous mettons son niveau.

    Comment se termine l'entretien avec l'enfant ?Nous expliquons l'enfant ce qu'il va se passer,nous le rassurons en expliquons que nous allonsparler avec ses parents, le but tant de le soulagerd'un poids. Souvent l'enfant se sent responsablede ce qui arrive.Depuis peu a t mis en place un protocole dansle but d'instaurer une passerelle entre les UMJ etles services de police. A cette fin, un filmd'animation est notre disposition. A l'issue del'audition nous montrons la vido explicative dansle but de rassurer le mineur sur l'examen mdical.

    Quand fait-on appel un professionnel de la sant mentale pour examinerl'enfant puis l'auteur prsum des faits ?Pour l'enfant : alatoire, en fonction du ressenti dufonctionnaire. Sil y a un doute, cela permet dedterminer si l'enfant est crdible.Pour l'auteur prsum : si lagression est sexuelle,cette procdure est systmatique. Il fautdterminer sil existe un risque de ritration desfaits ainsi que l'accessibilit une sanction pnale.

    La prsence d'un avocat pour assister le misen cause a-t-elle modifi les procdures ?Indiscutablement oui, mais avant de rpondre il est important d'apporter une prcisionimportante. Les victimes d'incestes, de violspeuvent se prsenter plusieurs annes aprs lesfaits et ce pour divers raisons, ce que je veux vousdire c'est que bien souvent nous avons traiter desdossiers o il n'y a aucune preuve matrielle, aucuntmoin, nous avons donc la parole de l'un face la parole de l'autre. Comment alors obtenir desaveux circonstancis sans preuve... jeu de rle,pice de thtre. La prsence de lavocat a pourconcquence lintervention intempestive de celui-ci mme sil sait qu'il n'a pas le droit parlerdurant l'audition. Perte de temps (temps d'attentede l'avocat) avec limpossibilit de l'entendre avant.Prolongation presque systmatique. Moinsd'auditions sur 48 heures.

    Quand vous devez intervenir en urgence,comment faites-vous ?Souvent dans le cadre du flagrant dlit, nousdevons extraire rapidement l'enfant de sonenvironnement familial, nous avisons le Parquet

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  • 12 Les Annonces de la Seine - jeudi 29 aot 2013 - numro 50

    Vie du droit

    des Mineurs qui souvent procde au placementprovisoire de l'enfant aprs que le mineur ait texamin aux UMJ (ITT). L'important est derecueillir rapidement le tmoignage de l'enfantsans quoi et vous le comprendrez il nous estdifficile d'entendre le mis en cause.

    Quel est l'impact du manque de moyenssur le travail de la police judiciaire ?En termes de moyens matriels nous sommesassez privilgis. Je parlerais davantage du manqued'effectifs. Se pose en effet le problme du nonremplacement des fonctionnaires de police quisont muts. Nous voyons les dossiers s'accumulersur les bureaux des fonctionnaires ce qui peut avoirune incidence sur la qualit du travail rendu maisaussi la motivation des policiers.

    Comment amliorer les circuits, lessignalements ? Comment amliorer laformation ?Je ne reviendrai pas sur les circuits et les signalementsmais m'arrterai davantage sur la formation de mescollgues. Il faut s