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DOSSIER > ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 5 · MARS 2005 · 11 RÉVISION DU DTU 43.1 Plus de cohérence avec le marché L e nouveau DTU 43.1 devrait opérer une arrivée en dou- ceur dans le monde de l’étanchéité. Car loin de révolu- tionner les techniques, la révision de ce DTU tend plutôt à conforter des pratiques qui se sont imposées depuis une vingtaine d’années dans les entreprises. Sortie en novembre 2004, conformément sident de la commission de Norma- lisation. A l’exception des nouvelles dispositions relatives aux relevés d’étanchéité, les remaniements apportés au DTU ne devraient donc pas générer d’importants bou- leversements sur le terrain. Pour les entreprises, l’effort portera avant tout sur la nécessité de se familiariser avec un ensemble aux délais imposés, cette seconde édition réactualise un document qui n’avait guère évolué depuis sa première publication en 1981. « Il devenait urgent de procéder à une mise à jour générale tant au niveau de la pose que sur le plan des maté- riaux et des produits », souligne Alain Blotière, directeur technique et systèmes de Siplast-Icopal et pré- Après une dizaine d’années de travaux, l’Afnor publiait, en novembre dernier, la révision du DTU 43.1. Une mise à jour des techniques sans grande surprise pour les professionnels mais qui aboutit néanmoins à une profonde réorganisation des textes encadrant l’étanchéité des toitures-terrasses en maçonnerie. L’objectif : coller au plus près des réalités du marché. > Les revêtements en asphalte ont été réexaminés à la lumière de la norme européenne NF EN 12970. Les complexes 5 + 20 et 15 + 25 font leur entrée dans le DTU au détriment du complexe 5 + 15 + 20 qui occupait une place prépondérante dans le document précédent.

EI 5 version 3 - etancheite.com€¦ · existants qui sont pour les marchés privés la norme NF P 03-001 et pour les marchés publics les articles 23.1 et 10.45 du CCAG travaux de

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R É V I S I O N D U D T U 4 3 . 1

Plus de cohérenceavec le marché

Le nouveau DTU 43.1 devraitopérer une arrivée en dou-ceur dans le monde de

l’étanchéité. Car loin de révolu-tionner les techniques, la révisionde ce DTU tend plutôt à conforterdes pratiques qui se sont imposéesdepuis une vingtaine d’annéesdans les entreprises. Sortie ennovembre 2004, conformément

sident de la commission de Norma-lisation. A l’exception des nouvellesdispositions relatives aux relevésd’étanchéité, les remaniements apportés au DTU ne devraient donc pas générer d’importants bou-leversements sur le terrain. Pour les entreprises, l’effort porteraavant tout sur la nécessité de se familiariser avec un ensemble

aux délais imposés, cette secondeédition réactualise un documentqui n’avait guère évolué depuis sapremière publication en 1981. « Ildevenait urgent de procéder à unemise à jour générale tant au niveaude la pose que sur le plan des maté-riaux et des produits », souligneAlain Blotière, directeur techniqueet systèmes de Siplast-Icopal et pré-

Après une dizaine d’années de travaux, l’Afnor publiait, en novembre dernier, la révision du DTU 43.1. Une mise à jour des techniques sans grandesurprise pour les professionnels mais qui aboutit néanmoins à une profonderéorganisation des textes encadrant l’étanchéité des toitures-terrasses en maçonnerie. L’objectif : coller au plus près des réalités du marché.

> Les revêtements en asphalte ont étéréexaminés à lalumière de lanorme européenneNF EN 12970. Lescomplexes 5 + 20 et 15 + 25 font leurentrée dans le DTUau détriment ducomplexe 5 + 15 + 20 qui occupaitune place prépondérante dans le documentprécédent.

C E Q U ’ I L F A U T R E T E N I R

> Ce nouveau DTU met fin à la distinction des systèmes

d’étanchéité fondée sur la valeur de pente des toitures.

Il regroupe en un seul document les dispositions

applicables à l’étanchéité des toitures-terrasses avec

éléments porteurs en maçonnerie, en climat de plaine,

quel que soit leur niveau de pente. Cette refonte signe

l’abrogation du DTU 43.2.

> La révision entérine la disparition des revêtements

en bitume oxydé et introduit les systèmes bicouches

à base de bitume modifié SBS soudés ou collés.

> Seuls les ouvrages situés à une altitude inférieure

à 900 m (climat de plaine) son concernés par ce DTU.

Pour le climat de montagne, un autre document appelé

DTU 43.11 est en préparation.

> Le texte renforce les dispositions relatives aux relevés

d’étanchéité en introduisant l’obligation de refermer

les tranches des panneaux isolants sur la périphérie

des toitures à l’aide d’une équerre écran pare-vapeur.

> La pente des terrasses accessibles a été portée à 1,5 %

dans le cas de la circulation des piétons et à 2 % dans

le cas de la circulation des véhicules.

> Le document prend en compte, dans certaines

conditions, la possibilité de retenir temporairement

les eaux pluviales.

> Les produits traditionnels en asphalte coulé ont été

réexaminés à partir de la norme européenne NF EN 12970.

> Le DTU 43.1 prend irrémédiablement le virage de

l’harmonisation européenne. Un nombre important

de produits est d’ores et déjà défini par une norme

NF EN. Pour certaines spécifications le texte fait

même référence au Document d’application.

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de textes profondément réorganisé.D’anciennes distinctions disparais-sent et un nouveau découpage destechniques se met en place. « Làencore, il s’agit de renforcer la cohé-rence entre l’articulation des normeset les réalités du marché », expliqueDominique Royer, directeur tech-nique adjoint de Smac Acieroïd.

Introduction des bitumes élastomèresA l’origine de cette mutation nor-mative : la disparition des revête-ments en bitume oxydé et l’intro-duction dans le DTU des systèmesbicouches à base de bitume modi-fié élastomère soudés ou collés.Les conséquences d’une telle nou-veauté sont doubles. D’un côté,elle consacre la généralisation del’usage des bitumes élastomères.De l’autre, elle rend obsolète ladistinction traditionnelle des sys-tèmes d’étanchéité fondée sur l’in-clinaison de la pente des toitures.« Au départ, le champ d’applicationdu DTU 43.1 se limitait aux toi-tures-terrasses en maçonnerie depente inférieure ou égale à 5 %.Quant aux prescriptions imposablesaux pentes supérieures ou égales à5 %, elles étaient décrites dans leDTU 43.2. Or, cette séparation res-tait une spécificité liée uniquement

aux contraintes de mise en œuvredes revêtements en bitume oxydé »,explique Alain Blotière. « Leur dis-parition associée au développementdes bitumes élastomères, non soumisà cette contrainte, nous permettaitde mettre fin à cette distinction ».Résultat, le nouveau DTU 43.1regroupe en un seul document lesdispositions applicables à l’étan-chéité des toitures-terrasses avecéléments porteurs en maçonnerie,en climat de plaine, quel que soitleur niveau de pente. Si une tellerefonte signe l’abrogation du DTU43.2, elle n’implique pas cepen-dant la suppression définitive del’ancienne version du DTU 43.1.Pour les entreprises intervenantsur des chantiers situés à une alti-tude supérieure à 900 m, le textede 1981 reste la seule et uniqueréférence pour quelques moisencore. Il faudra attendre 2006 etla publication du nouveau DTU43.11 dédiée au climat de mon-tagne pour voir ce texte dispa-raître définitivement. C’est l’autregrande nouveauté de cette réorga-nisation normative. « Jusqu’à pré-sent, le DTU 43.1 intégrait lesconditions particulières applicablesaux systèmes d’étanchéité installésen climat de montagne. Ce n’étaitpas le cas du DTU 43.2. Une des

> Le nouveau DTU43.1 regroupedésormais, en unseul document, les dispositionsapplicables àl’étanchéité des toitures-terrassesavec éléments porteurs en maçon-nerie, en climat de plaine, quel que soit leur niveau de pente.

> La pente minima-le pour toutes lestoitures-terrassesaccessibles aux piétons hors dallessur plots est portéeà 1,5 %, contre 1 % auparavant.

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possibilités consistait à intégrer unchapitre spécial dédié au climat demontagne dans le DTU révisé. Unetelle solution aurait néanmoinscompliqué la lecture du textepuisque les dispositions spécifiquesaux techniques d’étanchéité misesen œuvre à des altitudes supérieuresà 900 m diffèrent sensiblement desprescriptions décrites pour le climatde plaine. La commission de Révi-sion a donc opté pour l’élaborationd’un nouveau DTU, le 43.11, quidevrait être prochainement proposéà la commission de normalisa-tion », explique Alain Blotière.

Dispositions renforcées pour les relevés d’étanchéitéSi la révision du DTU 43.1 procè-de avant tout à une série de mises

ce des défaillances. D’ici la fin del’année, un amendement devraitainsi modifier le DTU 20.12 enintégrant de nouvelles disposi-tions constructives au niveau desmaçonneries. Deuxièmement :l’élévation des niveaux de pentessur les terrasses accessibles auxpiétons et à la circulation des véhi-cules. Sur ce point, les étancheurspeuvent s’attendre à de réels béné-fices sans qu’ils aient pour autantà en supporter les conséquencestechniques. « Pour les terrasses ac-cessibles aux piétons, la raison decette augmentation de pente mini-male réside dans la nécessité demettre en adéquation le DTU 43.1avec le nouveau DTU 52.1. (revête-ments de sol scellés, NDLR). Eneffet, celui-ci modifie les pentes des

à jour, elle introduit néanmoinsquelques innovations techniques.Sur le terrain, la plupart n’entraî-neront pas de conséquencesmajeures, à deux exceptions près. Premièrement : les relevés d’étan-chéité. Dans ce domaine, le DTUimpose désormais aux entreprisesla réalisation d’une remontée dupare-vapeur en refermant lestranches des panneaux isolantssur la périphérie des toitures à l’ai-de d’une équerre supplémentaire.« Il s’agit d’un enjeu important pourla profession puisqu’il est questionde limiter les conséquences d’éven-tuels désordres », précise le prési-dent de la commission de norma-lisation. Prochainement, uneseconde étape consistera à agirplus directement sur la prévalen-

« L’augmen-tation despentes va clairement dans le sensd’une meilleureévacuation des eaux etdiminue nettement lerisque de voirapparaître deszones de stagnation »,DominiqueRoyer, SmacAcieroïd.

> Cette révisionmarque l’intro-duction dans le DTU des systèmesbicouches à base de bitume modifiéSBS soudés ou collés. A l’inverse,elle prend acte de l’obsolescencedes revêtements en bitume oxydéqui disparaissent du texte.

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> Veiller au respect des dates d’applicationLes dates d'application du DTU résultent, suivant les différents cas de figure,

des textes existants qui sont pour les marchés privés la norme NF P 03-001

et pour les marchés publics les articles 23.1 et 10.45 du CCAG travaux de 1976.

Durant la période transitoire, il importe de bien veiller au respect de ces dates

d’application. En cas de sinistres, des erreurs pourraient entraîner des complica-

tions dommageables pour l’entreprise d’étanchéité en charge des travaux.

> Veiller au respect des dates d’applicationLes dates d'application du DTU résultent, suivant les différents cas de figure,

des textes existants qui sont pour les marchés privés la norme NF P 03-001

et pour les marchés publics les articles 23.1 et 10.45 du CCAG travaux de 1976. Durant la période transi-

toire, il importe de bien veiller au respect de ces dates d’application. En cas de sinistres, des erreurs

pourraient entraîner des complications dommageables pour l’entreprise d’étanchéité en charge des

travaux.

Type de marché

Marché privé faisant référence

à la NF P 03-001

Marché privé ne faisant pas référence

à la NF P 03-001 mais faisant référence au DTU 43.1

Marché public précisant

un mois d’établissement des prix

Marché public ne précisant pas

le mois d’établissement des prix

Dates d’application du nouveau DTU

(sauf indication différente dans le marché)

Applicable aux consultations lancées

à compter du 1er février 2005

Applicable aux travaux débutant à compter du 20

novembre 2004

Applicable aux marchés dont le mois d’établissement

des prix est à compter de décembre 2004

Applicable aux marchés dont l’acte d’engagement est

signé à compter du 1er janvier 2005

> Veiller au respect des dates d’applicationLes dates d'application du DTU résultent, suivant les différents cas de figure,

des textes existants qui sont pour les marchés privés la norme NF P 03-001

et pour les marchés publics les articles 23.1 et 10.45 du CCAG travaux de 1976.

Durant la période transitoire, il importe de bien veiller au respect de ces dates

d’application. En cas de sinistres, des erreurs pourraient entraîner des complica-

tions dommageables pour l’entreprise d’étanchéité en charge des travaux.

> Veiller au respect des dates d’applicationLes dates d'application du DTU résultent, suivant les différents cas de figure, des textes

existants qui sont pour les marchés privés la norme NF P 03-001 et pour les marchés publics

les articles 23.1 et 10.45 du CCAG travaux de 1976. Durant la période transitoire, il importe de bien

veiller au respect de ces dates d’application. En cas de sinistres, des erreurs pourraient entraîner

des complications dommageables pour l’entreprise d’étanchéité en charge des travaux.

Type de marché

Marché privé faisant référence

à la NF P 03-001

Marché privé ne faisant pas référence

à la NF P 03-001 mais faisant référence au DTU 43.1

Marché public précisant

un mois d’établissement des prix

Marché public ne précisant pas

le mois d’établissement des prix

Dates d’application du nouveau DTU

(sauf indication différente dans le marché)

Applicable aux consultations lancées

à compter du 1er février 2005

Applicable aux travaux débutant

à compter du 20 novembre 2004

Applicable aux marchés dont le mois d’établissement

des prix est à compter de décembre 2004

Applicable aux marchés dont l’acte d’engagement

est signé à compter du 1er janvier 2005

de ces évolutions sur les tech-niques d’étanchéité se révèle quasinul. « Les entreprises vont sansaucun doute accueillir favorable-ment ces mesures. L’augmentationdes pentes va clairement dans lesens d’une meilleure évacuation deseaux et diminue nettement le risquede voir apparaître des zones destagnation », estime ainsi Domi-nique Royer. Des effets induits quidevraient donc sensiblement con-tribuer à la préservation des sys-tèmes d’étanchéité et à l’améliora-tion de leur durabilité. Toujoursdans cet esprit, les membres de lacommission de révision ont égale-ment évalué l’opportunité d’inclureles bonnes pratiques d’entretiendes toitures-terrasses dans le corpsnormatif du DTU. « La chambresyndicale était favorable à cette évo-lution. Cependant, les règles de nor-malisation ne permettaient pas deprocéder à cette intégration », sou-ligne Alain Blotière. Il n’y auradonc pas de changements sur cepoint. Les règles d’entretien sonttoujours présentes en annexe ducahier des clauses techniques. Uneannexe dont la force d’influencereste limitée par son caractère uni-quement informatif.

L’asphalte coulé également concernéDu côté des mises à jour, une partimportante du travail a résidédans la reconnaissance de pra-tiques qui ont fait leurs preuvesdepuis une vingtaine d’année. Lesdalles sur plots ne sont plus envi-sagées comme un simple complé-ment à la protection de l’étanchéi-té auparavant assurée par unechape en béton ou en ciment. Leurmise en œuvre peut ainsi se réali-ser directement sur le revêtementd’étanchéité. Démarche identiquepour les toitures-terrasses jardinsoù la protection lourde disparaît

supports de revêtements de sols scel-lés en portant à l’extérieur la penteminimale de 1 à 1,5 %. Dans unsouci de simplicité, il a été décidé,dans le DTU 43.1, d’établir à 1,5 %la pente minimale pour toutes lestoitures-terrasses accessibles aux pié-tons hors dalles sur plots », expliqueAlain Blotière.L’évolution est similaire pour lestoitures-terrasses parking. Ici,l’impulsion vient directement desprofessionnels de l’étanchéité. Lestravaux réalisés par la CSFE dansle cadre de l’élaboration de règlesprofessionnelles ont ainsi soulignéles difficultés pour régler parfaite-ment les pentes sur ces ouvragescaractérisés par des surfaces im-portantes. L’une des solutionsconsiste alors à en augmenter l’in-clinaison. Et c’est cette alternativequi a été retenue pour les règlesprofessionnelles en fixant à 2 % –contre 1 % auparavant – la penteminimale des toitures-terrassesparking. Cette nouvelle limitefigure d’ores et déjà dans le nou-veau DTU 43.1 et sera prochaine-ment intégré au DTU 20.12. Dansun cas comme dans l’autre, l’impact

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au profit des revêtements anti-racinaires autorisant l’implanta-tion, sans intermédiaire, de lacouche drainante, du filtre et dusubstrat sur le revêtement.Cette actualisation touche égale-ment les revêtements en asphaltecoulé. Les produits ont ainsi étéréexaminés à la lumière de lanorme européenne NF EN 12970.Les complexes 5 + 20 et 15 + 25font leur entrée dans le DTU audétriment du complexe 5 + 15 + 20qui occupait une place prépondé-rante dans le document précé-dent. De nouvelles dispositions audroit des seuils viennent égale-ment entériner la mise en confor-mité avec le DTU 20.12. Enfin,cette révision marque l’intégrationde l’isolation inversée et la mise àjour des techniques de pose desisolants thermiques. Ce nouvelinventaire ne devrait donc pasréserver de surprises pour les pro-fessionnels. D’ailleurs, son objectifn’est pas de balayer le champ com-plet des procédés existants. Aveccette révision, seules les tech-niques de rétention temporairedes eaux pluviales font réellementleur entrée dans le DTU par l’inté-gration de leurs règles profession-

généraux de choix des matériaux, lecahier des clauses spéciales et enfinun guide à l’intention du maîtred’ouvrage. Conformément auxrègles de la normalisation euro-péenne, la description des maté-riaux fait donc dorénavant l’objetd’un cahier particulier. Une nouvel-le articulation qui part du principeque les matériaux sont susceptiblesd’évoluer plus rapidement que lestechniques de mise en œuvre. Ainsiisolé, ce fascicule pourra être révisésans nécessairement modifier lecahier des clauses techniques. Au-delà de la forme, l’influence euro-péenne se mesure également à l’im-pact grandissant de la DirectiveProduits de construction. Dans ceDTU, un nombre important de pro-duits est d’ores et déjà défini par unenorme NF EN. Et pour certainesspécifications le texte fait mêmeréférence au Document d’applica-tion qui permet l’évaluation del’usage. L’étanchéité devient ainsil’un des premiers secteurs du bâti-ment à disposer d’un DTU « euro-compatible ». Les conditions sontdésormais remplies pour voir sedévelopper sans entrave les pre-mières prescriptions de produitsmarqués CE. BASTIEN CANY

> Le DTU imposedésormais auxentreprises la réalisation d’uneremontée du pare-vapeur en refermant les tranches despanneaux isolantssur la périphériedes toitures à l’aided’une équerre supplémentaire.

nelles. A côté, elles sont encorenombreuses à échapper à cettereconnaissance. C’est le cas de lavégétalisation extensive ou semi-intensive des toitures-terrasses,des revêtements modifiés par APP,des couches de désolidarisationsous protections dures ou encoredes revêtements monocouches.« Un DTU doit sanctionner le carac-tère traditionnel d’une technique etson ancrage dans les pratiques desprofessionnels. Ces systèmes n’ontpas encore été éprouvés sur uneéchelle et sur une durée suffisam-ment grandes pour revendiquer untel statut », explique Alain Blotière.

L’harmonisation européenne se préciseDerrière ces mises à jour se dessineen réalité une tendance plus fonda-mentale pour le secteur : le DTU43.1 prend irrémédiablement levirage de l’harmonisation euro-péenne. Une évolution qui se tra-duit d’abord par d’importantesmodifications de forme. Alors quele précédent document ne compor-tait que deux fascicules, la textes’organise désormais autour dequatre grandes parties : le cahierdes clauses techniques, les critères

Derrière cesmises à jour se dessine en réalité une tendance plusfondamentalepour le secteur :le DTU 43.1prend irrémé-diablement le virage del’harmonisationeuropéenne.

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A P P L I C AT I O N >

Étanchéité discrèteface à la cathédraleEn centre-ville, face à la cathédrale de Reims, le système d’étanchéité installé sur la toiture de la nouvelle médiathèque centrale devait s’adapter à une contrainte inhabituelle :se dissimuler sous une structure métallique jouant le rôle d’une cinquième façade.

M É D I AT H È Q U E D E R E I M S

Huit siècles d’histoirecontemplent l’étanchéitéde cette toiture qui, pour

le coup, a su se faire discrète.Construit au pied de la cathédralede Reims, le bâtiment de cettemédiathèque ouverte en 2003joue la sobriété face à l’un des plus

façades vitrées qui sont soutenuespar une structure nervurée, faitede poutres et de colonnes métal-liques, toujours tracées sur lamême base géométrique. Et c’estjustement ce quadrillage régulierqui a été reporté sur la toitured’environ 1 000 m2. Une continuité

beaux chefs-d’œuvre de l’artgothique. « Un site d’une perma-nence redoutable », selon Jean-PaulViguier, l’architecte qui a conçu cenouveau bâtiment autour delarges baies en verre clair sur les-quelles vient se refléter la faceouest de la cathédrale. De grandes

> Le système d’étanchéité est dissimulé par unestructure de typecaillebotis diviséeen carrés afin dereproduire le dessin des façades.

2 > Mise en œuvre du relevé d’étanchéité en zone technique avec asphalte modifié.

3 > Le nouveau bâtiment de la médiathèque de Reims est conçu autour de larges baies en verre clair sur lesquelles vient se refléter la face ouest de la cathédrale.

4 > De nombreux plots métalliques supportent les poutres qui reçoivent elles-mêmes les caillebotis. La bonne réalisation des relevés d’étanchéité sur ces points singuliers a été particulièrement surveillée.

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du dessin qui laisse l’impressiond’une cinquième façade réaliséegrâce à des caillebotis divisés encarrés par des poutres métalliqueslaquées noir. La structure dissimu-le ainsi l’étanchéité assurée par unsystème bicouche en bitume élas-tomère avec une autoprotectionégalement noire. « Si la pose de cecomplexe n’a pas généré decontraintes techniques particu-lières, il a néanmoins été nécessairede veiller rigoureusement à labonne réalisation des relevés d’étan-chéité sur les nombreux plots enmétal qui supportent les poutres.Par la suite, la présence de ce fauxplancher rend en effet difficile lecontrôle de ces points singuliers »,explique Frédéric Cordin de SmacAcieroïd, en charge des travaux.

Une zone technique en asphalte modifiéSoumises à un camouflage similai-re, les installations de climatisa-tion ont été implantées dans unegalerie technique, elle-même mas-quée par les caillebotis. « Pour cetespace particulièrement sollicité lors

des travaux, il a été décidé de limi-ter les risques de dégradation durevêtement générés par l’activité desdifférents corps d’état », préciseBruno Deptuch, de Smac Acieroïd.Sur ces 200 m2 d’espaces tech-niques, le choix s’est donc portévers un complexe mixte qui asso-cie une chape en bitume élasto-mère (Baryprène 25 SI) et unecouche d’asphalte retenu ici poursa résistance et sa durabilité. Desqualités optimisées sur cette zoneavec l’emploi d’un asphalte(Néophalte gravillonné) modifiépar l’ajout de polymères PSA(Polymères Structurant l’Asphalte)et d’élastomères qui améliorent larésistance à la fissuration du revê-tement. Aucun soudage n’esteffectué sur la feuille bitumineuseposée librement sur l’isolant ther-mique en perlite expansé. En réa-lité, c’est la chaleur transmise parl’asphalte coulé qui permet alorsde souder les lés entre eux et deles faire adhérer par points au sup-port. Autre particularité de ce sys-tème : il autorise une applicationdu matériau à des températures

L E S I N T E R V E N A N T S

Maître d’ouvrage : ville de Reims.

Architecte : Jean-Paul Viguier.

BET : Serete Constructions.

Étanchéité : Smac Acieroïd.

2 3

de 30 à 50 °C inférieures à cellesdes asphaltes traditionnels. Ungain qui participe à la réductiondes dégagements de fumées etd’odeurs. Et cette amélioration desconditions de mise en œuvre peutse révéler un avantage appréciépar les maîtres d’ouvrage.D’autant plus, lorsqu’ils sont enga-gés, à l’image de la ville de Reims,dans une politique de préventiondes nuisances liées au chantier.Depuis 1993, la municipalité éta-blit un palmarès des chantierspropres et impose le respect d’unprotocole strict en matière de ges-tion du bruit, de stockage desmatériaux, d’accès des camions delivraison ou encore de barriérage.Au même titre que les autres corpsd’état, les travaux d’étanchéitéauront dû, là encore, faire preuvede discrétion. BC

Becquet

Equerre de renfort + Armalu

Néophalte Gravilloné 25 mm

Baryprène 25 SI

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Un temple de la consommationsous couvert végétal

Pour son inauguration, les Polonais sont venusen nombre : plus de 130 000 en une journée,provoquant un embouteillage de plusieurs

kilomètres près du centre de Varsovie. Et chaquesemaine, ils devraient être près de 400 000 à se pres-ser dans les allées d’Arkadia, le plus grand centrecommercial jamais construit en Europe centrale,implanté au cœur de la capitale polonaise. Uneaffluence à la mesure de l’engouement du pays pources complexes qui se sont multipliés dans les grandesvilles à la fin des années 90. Il faut dire que laPologne affichait alors une croissance insolente,dépassant les 6 % et attisant la soif de consommationd’une population qui sortait de quarante années decommunisme. Aujourd’hui, la croissance économiques’est nettement ralentie. Mais les ménages dont lepouvoir d’achat continue d’augmenter, manifestenttoujours le même enthousiasme pour ces surfacescommerciales qui travaillent savamment leur imagede « centres de vie modernes ». Quelque 190 bou-

tiques, un hypermarché, 30 moyennes surfaces, 22 restaurants et cafés, ainsi que 15 salles de cinéma,le tout sur une surface de 287 000 m2 : à la manièredes shopping malls américains, Arkadia joue sur l’as-sociation des commerces et du loisir dans une archi-tecture qui se veut esthétique, lumineuse, conviviale,en tout point conforme aux dernières tendances enmatière de conception des centres commerciaux. Desvitrines des boutiques aux façades extérieures, tout lebâtiment doit privilégier le plaisir du consommateurjusqu’aux toitures-terrasses qui ont fait l’objet d’unevégétalisation extensive. Près de 24 000 m2 de sur-faces végétalisées sur une toiture d’environ 45 000 m2

qui aura nécessité plus d’un an de travail pour lasociété Rossi Polska, en charge de la réalisation sur labase de solutions proposées par le départementSopranature de Soprema. « Au-delà de la taille, cechantier présentait avant tout une configuration com-plexe. Il a fallu intervenir sur des terrasses en maçonne-rie, des bacs acier et traiter de nombreuses émergences

La Pologne vient d’ouvrir les portes du plus grand centre commercial d’Europe centrale :Arkadia. Un complexe dernier cri, entièrement conçu pour les plaisirs du consommateur jusqu’à la toiture-terrasse qui reçoit une végétalisation de 24 000 m2.

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D E S F R A N Ç A I S E N P O L O G N E1 > Le chantier présentait uneconfiguration complexe avec de nombreusesémergences etd’importantes installations de climatisationimplantées sur toutes les terrasses de la toiture.

2 > Les nombreux lanterneaux présents sur la toiture sont tousentourés d’une zone stérile qui doit faciliter le contrôle de relevés.

3 > Les zones de couleur marron correspondent à la partie de la toiture recevant une végétalisation.L’effet visuel global sera atteint au second semestre 2006.

> La végétalisa-tion se présentesous la forme degrandes bandesmonochromesavec une secondestrate végétaleen surimpression.

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sur une toiture qui reçoit d’importantes installations detraitement d’air, des galeries et une multitude de lanter-neaux. Un travail d’autant plus important que chacunedes ces émergences est entourée d’une zone stérile »,explique Gérard Roux, président du Conseil de sur-veillance du groupe Jean Rossi.

Plus d’une tonne et demie de fragments de plantesPour la partie végétalisée, l’étanchéité est assurée parun système bicouche à base de bitume modifié SBSrésistant au passage des racines. Quant au substrat, il a été déposé régulièrement sur une épaisseur qui nedépasse pas dix centimètres. Une couche de culturesuffisamment fine pour limiter l’implantation de mau-vaises herbes tout en assurant le développement devégétaux sélectionnés pour leur résistance au climatcontinental. La végétalisation se présente sous formede très grandes bandes monochromes orientées versle parvis circulaire situé à l’entrée principale du bâti-ment. Pour un tel agencement, il aura fallu élaborer dessemis composés de six espèces différentes et disséminerplus d’une tonne et demie de fragments de plantes. A cepremier tapis végétal vient également s’ajouter unemultitude de plantations réalisées en îlots localisés. Ceszones, de un à quelques mètres carrés, produiront rapi-dement un effet de pigmentation sur la première stratede végétation. Environ 50 000 plantes ont été installéeset 17 espèces sélectionnées en fonction de leur capaci-té à coloniser naturellement le sol. Un mécanisme qui

doit être anticipé au plus juste. Pour ce projet, l’ob-jectif consiste à obtenir, d’ici deux à trois ans, la créa-tion d’une seconde strate végétale en surimpressiondes bandes monochromes. Au final, ce processus natu-rel de développement doit conduire à un véritable éco-système ne nécessitant qu’un nombre limité d’interven-tions d’entretien. Sur cette toiture, un système d’arro-sage automatique a néanmoins été mis en place afind’assurer un bon développement des végétaux les pre-miers mois, et dans les années qui suivent, de les sau-vegarder uniquement en cas de sécheresse durable. Laville de Varsovie a largement encouragé l’installationde cette toiture végétalisée en raison de sa capacité àretenir jusqu’à 50 % de l’eau pluviale. Une rétentionqui, en cas d’orage, réduit sensiblement les risques d’en-gorgement du réseau d’assainissement. L’exploitantpeut aussi s’attendre à des avantages non négligeables.Cette végétalisation vient non seulement améliorerl’inertie thermique quotidienne du bâtiment maiscontribue également à la protection et à la durabilitédu système d’étanchéité. Il faudra néanmoins patienterplusieurs mois avant de voir ce tableau végétal prendreforme. Au printemps 2005, seules les espèces intro-duites par plantation seront visibles. Les bandes mono-chromes réalisées par semis devraient, quant à elles,apparaître progressivement dès la fin de l’été. Mais c’estseulement au second semestre 2006 que l’effet visuelglobal sera atteint. Avec 24 000 m2 de couverture végé-talisée, cette toiture-terrasse compte d’ores et déjàparmi les réalisations européennes les plus importantesdans le domaine de la végétalisation. BC

L E S I N T E R V E N A N T SMaître-d’ouvrage : GDANSK Station Shopping Groupe sp. Z.o.o.

Maître d’œuvre délégué : groupe franco-américain ERE

(BEG /Simon property Group).

Architectes : RTKL International Ltd. et BPA Polska.

Étanchéité : Rossi Polska, filiale du groupe Jean Rossi.

Procédé de végétalisation : Sopranature de Soprema.

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