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la revue de l’UFOLEP Octobre 2015 - N° 18 - Prix 3,50 en jeu une autre idée du sport e j SPORT AU TRAVAIL : LA NOUVELLE DONNE INVITÉ Clément Prévitali ÉVÉNEMENT La Move Week

Ej ufolep 18 octobre 2015

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Revue de l'Ufolep, fédération sport loisir Dossier Sport en entreprise Egalement au sommaire : Move Week, Dispositif d'inclusion par le sport, Sport à la campagne par Clément Prévitali, Université européenne du sport, Laïcité dans le sport, Poésie du football brésilien, Je me souviens du sport par Frédéric Pommier

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la revue de l’UFOLEP Octobre 2015 - N° 18 - Prix 3,50 €

en jeu une autre idée du sportej

SPORT AU TRAVAIL :

LA NOUVELLE DONNE

INVITÉClément Prévitali

ÉVÉNEMENTLa Move Week

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 32 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

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Par Philippe Machu, président de l’Ufolep

L e « sport à la campagne » avec l’éclairage du sociologue Clément Prévitali, « sport en entreprise » avec le dossier du mois, mais aussi « sport fémi-nin », « sport et précarité », « sport et santé », « sport et laïcité », « sport et citoyenneté », « sport et emploi », « sport et recherche universitaire » avec

le compte-rendu de l’Université européenne du sport de Strasbourg…La vie foisonnante de l’Ufolep est tout entière dans ce numéro de rentrée de En Jeu, à l’image de la diversité de ses centres d’intérêt et de l’ambition de son projet éducatif et social. On y apprend par exemple comment nos associations s’engagent dans la Move Week afin de promouvoir la pratique physique, en lien avec nos partenaires européens, ou comment nos équipes départementales frappent à la porte des entreprises pour animer la pause méridienne des sala-riés, et à celle des établissements sociaux pour offrir aussi des activités spor-tives aux plus précaires.Chaque année, nos activités se diversifient un peu plus, pour le plaisir des pu-blics les plus assidus ou jusqu’alors éloignés de la pratique, et qui tous peuvent mesurer leurs progrès et leur mieux-être dans le cadre d’activités vécues dans le partage avec l’autre. L’Ufolep s’efforce d’accompagner tous les acteurs de cette effervescence citoyenne et solidaire en mettant à leur disposition son expertise et tout l’éventail de ses outils techniques, et en utilisant au mieux les disposi-tifs du service civique universel et des emplois d’avenir.Il est toutefois un sujet d’actualité qui ne figure pas au sommaire de ce copieux numéro : la mise en place des nouvelles grandes régions, autour desquelles le mou-vement sportif va devoir se structurer. Ce n’est pas un oubli : après les réunions régionales de septembre, convoquées sur la base de cette nouvelle organisation du territoire, la question sera au cœur des débats du rassemblement national « sport éducation » qui réunira mi-octobre à Bourges les forces vives de la fédération. ●

coup de crayonpar Jean-Paul Thebault

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en jeu “une autre idée du sport” est la revue de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) et de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep), secteurs sportifs de la Ligue de l’enseignement Ufolep-Usep 3, rue Récamier, 75341 Paris Cedex 07 Téléphone 01 43 58 97 71 Fax 01 43 58 97 74 Sites internet www.ufolep.org et www.usep.org Directeur de la publication Nelly Aradan Président du comité de rédaction Philippe Machu Rédacteur en chef Philippe Brenot Ont participé à ce numéro Adil El Ouadehe, Nicolas Armand, Benoît Gallet, Pierre Chevalier, Laëtitia Bonneville, Laurence Nadaud, Benoît Béaur Photo de couverture ThinkStock Maquette Agnès Rousseaux Impression et routage Centr’Imprim, rue Denis Papin 36 100 Issoudun Abonnement annuel 13,50 € Numéro de Commission paritaire 1015 K 79982 Numéro ISSN 1620-6282 Dépôt légal octobre 2015 Tirage de ce numéro 8702 exemplaires

La fièvre de la rentrée

som

mai

reINVITÉClément Prévitali, le sport à la campagne

DR 4 actualitéSport féminin : « Toutes sportives » avec l’UfolepVuLuEntendu : Boss Wang, de Jim Yardley (Globe) ; 1001 vélos (sur lesquels vous rêvez de rouler), (Flammarion) ; La poésie du football brésilien et Consécration du désastre, par Max de Carvalho (Chandeigne)

6 invité8 juridiqueProcédures disciplinaires départementales

9 dossier16 fédéral Accompagnement des comités : trois ans après, un premier bilan ;Partenariat sport-santé avec Asalée : des résultats encourageants

18 événementMove Week 2015 : les associations Ufolep se bougent !

20 recherche

Université européenne du sport de Strasbourg : une première réussie

22 forum« Faire vivre la laïcité à l’Ufolep », par Pierre Tournemire, vice-président de la Ligue de l’enseignement

24 reportage 27 réseau40 ans de GRS Ufolep

28 histoiresMorceaux choisis : « Anatomie d’une partie de rugby », Laurent Bénézech (Prolongations) Je me souviens : Frédéric PommierL’image : « Lartigue, la vie en couleurs » (Seuil)

30 pratiqueLe service civique universel

Existe-t-il un « esprit club » propre au milieu rural ? Et des activités innovantes peuvent-elles trouver leur place à côté des plus traditionnelles ? Les réponses du sociologue Clément Prévitali, auteur de Le Sport à la campagne.

6

En partenariat avec la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) Centre-Val-de-Loire,

l’Ufolep anime dans les six départements de la région des séances pour des personnes en difficulté sociale.

Les mutations du sport en entreprise

DOSSIER

Même s’il concerne statistiquement peu de salariés, le sport en entreprise est aujourd’hui au centre des attentions. Alors que les championnats « corpo » sont en repli, il se réoriente vers le bien-être et s’ouvre à de nouveaux acteurs, dont les fédérations sportives multisports.

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REPORTAGELe sport, malgré

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À Nantes, l’Ufolep propose aux salariés de plusieurs entreprises des activités d’entretien lors de la pause méridienne.

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4 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

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é au Salon européen de l’éducation. Outre la participation à plusieurs débats, l’Ufolep profitera de ce rendez-vous organisé par la Ligue de l’enseignement pour réunir le jury du concours 2015 des Trophées Génération Développement Durable. Placé sous le patronage du ministère de l’Écologie et du collectif « Tous ensemble pour le climat COP 21 », celui-ci est désormais soutenu par un nouveau partenaire, Eco Cup. Les prix du Concours photo 2015, qui avait pour thème « Le sport à travers les éléments naturels » et dont les partenaires sont Vacances pour tous et Décathlon Pro, seront également décernés à cette occasion.

Tout sur la Ligue

Le manuel de poche (64 pages) de la collection des Essentiels Milan consacré à la Ligue de l’enseignement par Pierre Tournemire, vice-président chargé des questions de laïcité et de la « mémoire » de la Ligue, a été réédité à l’occasion de ses 150 ans. Le tirage de cette version actualisée

20 000 participants au Playa Tour 2015

Avec 20 000 personnes touchées et 16 000 officiellement recensées sur ses 26 étapes estivales, l’Ufolep Playa Tour a franchi un nouveau cap lors de sa 9e édition. Les participants ont pu faire le plein d’activités sportives (beach soccer, beach rugby, beach volley, sandball, bubble foot, zumba, etc.) et culturelles, avec notamment des concerts. Grâce à l’appui des bénévoles locaux et du réseau associatif des comités Ufolep, divers ateliers viennent également ajouter une dimension citoyenne au Playa Tour. Durant deux mois, celui-ci aura visité à la fois des plages du littoral, des plans d’eau et des zones urbaines, et accueilli le grand public des vacanciers comme celui des jeunes bénéficiant de moins d’opportunités de loisir. Soutenu par des partenariats forts tels que la radio NRJ, les sociétés Play Rugby et Home Ball, l’association Alcool Assistance et Décathlon Pro, cet

4 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

événement national, décliné en divers lieux du territoire, contribue au rayonnement de notre fédération en proposant un concept ouvert à tous, fidèle à son identité éducative et multisports.

Roc d’Azur

Du 7 au 11 octobre, l’Ufolep partagera un stand avec Vacances pour tous au salon des exposants du Roc d’Azur de Fréjus (Var), afin de mettre en valeur l’offre commune de séjours dédiés aux activités cyclistes lors de ce grand rassemblement du VTT et du cyclosport. Parmi toute la palette d’activités de l’Ufolep, le concept de Kid Bike, approche éducative pour le jeune public, sera également mis en avant.

Salons des maires et de l’éducationL’Ufolep sera présente du 17 au 19 novembre au Salon des maires et des collectivités locales, sur le stand de la Ligue de l’enseignement. Dans la foulée, elle animera du 19 au 22 novembre son propre espace

SPORT FÉMININ : « TOUTES SPORTIVES » AVEC L’UFOLEPL’Ufolep s’attache depuis longtemps au

développement des activités physiques

et sportives auprès du public féminin,

en prenant en compte les spécificités

propres à celui-ci. Avec un certain suc-

cès, puisqu’aujourd’hui un licencié sur

deux est une licenciée. Néanmoins, afin de développer davan-

tage encore la pratique féminine et de favoriser l’émergence

de dirigeantes, l’Ufolep a décidé de faire de la saison 2015-

2016 une « année du sport féminin » sous le slogan « Toutes

sportives ». Soutenue par différents partenaires, cette action

grand public entend valoriser toutes les formes de pratique et

d’engagement associatif au féminin. « Toutes Sportives » s’ac-

compagnera d’une campagne de communication, avec un clip

vidéo et des événements locaux organisés par les comités et

associations Ufolep, en particulier des conférences-débats. Un

dispositif d’aide à la prise de licence

sera mis en place (en partenariat avec

l’ANCV, Agence nationale des chèques-

vacances) tandis que les associations

engagées dans l’opération bénéficie-

ront de dotations (en partenariat avec

Décathlon Pro), parallèlement au lancement d’un appel à pro-

jet basé sur le financement participatif, ou « crowfunding ».

Enfin, des formations visant à favoriser la prise d’initiatives

et de responsabilités des femmes dans le sport seront co-orga-

nisées avec l’association Fémix’Sport.

Opérationnel courant octobre, un site internet « Toutes spor-

tives » réunira les informations nécessaires et proposera tous

les outils de communication en téléchargement. ●

Adil El OuAdEhE, dTN AdjOiNT SpOrT ET SOciéTé

[email protected]

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VuLuEntenduest de 75 000 exemplaires, pour une diffusion interne. L’ouvrage est disponible sur commande, au prix de 1 € (+ frais de port) : [email protected]

À la mer à vélo contre le cancer du sein

Dans le cadre d’Octobre rose, mois dédié à la lutte contre le cancer du sein, l’association Ufolep 4S (Sport, Santé, Solidarité, Savoie) organise du 3 au 10 octobre une randonnée à vélo qui mènera cinquante femmes touchées par la maladie de Chambéry aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Au soir de chaque étape de ce parcours de 441 km, les participantes seront accueillies par des associations de lutte contre le cancer et de promotion du vélo. Des clubs cyclistes Ufolep ont également apporté leur concours au projet. www.4s.savoie.info

Sport sur ordonnanceAprès Strasbourg ou Biarritz, c’est au tour de Blagnac, près de Toulouse, de proposer du « sport sur ordonnance », à l’initiative notamment du Pr Daniel Rivière (voir EJ Ufolep n°11, avril 2014). Le dispositif est destiné à des patients atteints de pathologies chroniques : surpoids et obésité, diabète, pathologies cardio-vasculaires, pulmonaires et cancers. Muni de la prescription de son médecin traitant, le patient bénéficie d’une évaluation de sa condition physique et de sa motivation par un éducateur sportif, avant de se voir proposer deux séances hebdomadaires de 45 minutes. Natation, aquagym, gymnastique d’entretien, vélo et badminton figurent parmi les activités, qui se déroulent sur des installations municipales et sont encadrées par des éducateurs municipaux spécialement formés.

BOSS WANG, LE CHINOIS QUI RÊVAIT DU BASKET NBAC’est l’histoire d’un choc des cultures : Boss Wang, magnat de l’acier chinois, s’offre une équipe de basket, les Shanxi Brave Dragons, à laquelle il adjoint un coach américain estampillé NBA pour la faire progresser. Mais les résultats ne seront pas à la hauteur des espé-rances… Directeur du bureau asiatique du New York Times, Jim Yardley propose ici un reportage au long cours non dénué d’humour, étonnante plongée dans la Chine d’aujourd’hui. ● ph.B.Boss Wang, de Jim Yardley, éditions Globe, 362 pages, 24, 50 €.

1001 VÉLOS SUR LESQUELS VOUS RÊVEZ DE ROULER Qu’il pédale en compétiteur, cyclotouriste ou simple adepte des transports doux, le cycliste s’attache inévitablement à l’engin avec lequel il fait corps au quotidien, et développe souvent pour celui-ci un intérêt qui s’élargit volontiers aux autres « bécanes » croisées en chemin : VTT, vélo pliant, cruiser, engin électrique, pièce de musée ou prototype à la pointe de la technologie, il rêve-ra probablement de les essayer… Tel est le « pitch » d’un ouvrage qui, selon le principe de la collection, réunit 1001 exemplaires en tous genres, pourvu qu’ils possèdent (généralement) deux roues et soient mus à la force du mollet. Pour les besoins de l’adaptation française de ce livre anglais, Guy Kesteven, « testeur » pour des magazines spécialisés, a enfourché plusieurs centaines de ces mécaniques. Heureux homme… ● ph.B.1001 vélos sur lesquels vous rêvez de rouler, ouvrage réalisé sous la direction de Guy Kesteven, préface de Gérard Holtz, Flammarion, 960 pages, 35 €.

LA POÉSIE DU FOOTBALL BRÉSILIENLes férus de littérature grecque antique savent que l’épicinie est un poème lyrique saluant les athlètes victorieux lors des Jeux pan-helléniques. Et c’est justement parce qu’ils empruntent au genre leur souffle épique que les vers réunis par Max de Carvalho dans La poésie du football brésilien sont présentés comme une « épicinie pour le pays des palmeraies ». De Carlos Drummond de Andrade à João Cabral de Melo Neto, le recours à une certaine emphase peut aussi évoquer le ton héroïque de nos vénérables chansons de geste. Même Vinicius de Moraes, héraut de la suave bossa nova, emprunte pour une fois au registre dramatique pour rendre dans son Chant d’amour et d’angoisse à la Seleção en or du Brésil (celle du Mondial 1962) toute l’intensité des tourments vécus par l’aficionado durant une partie...Tout poète brésilien est aussi un supporter passionné, semble ainsi suggérer Max de Carvalho. Lui le premier. C’est pourquoi, au lendemain de la déroute (7-1) subie par ses favoris face aux implacables Allemands en demi-finale de la Coupe du monde 2014, il s’est lancé dans l’écriture de Consécration du désastre, ou le triomphe du Brésil : une surprenante fantaisie où, après une ouverture en forme de Tombeau littéraire du jogo bonito ou football-art, il dialogue à la lumière de cette formidable déculottée avec les figures tutélaires du recueil précédent. De prime abord, cette longue ode tenant à la fois du vibrant hommage et de l’humble plagiat pourra apparaître aussi déroutante qu’un passement de jambes du fantasque Garrincha, le défunt footballeur au nom d’oiseau, partenaire et rival de Pelé. Garrincha qui était également surnommé Alegria do povo, « la joie du peuple », une joie que l’équipe emmenée aujourd’hui par Neymar a désormais bien du mal à susciter… Or le jour où il ne se trouvera plus de poètes pour le célébrer, le football brésilien, en tant que figure de style, aura probablement définitivement trépassé. ● philippE BrENOTLa poésie du football brésilien (2014) et Consécration du désastre (2015), par Max de Carvalho, éditions Chandeigne, 12 €. et 11 €. Max de Carvalho est aussi l’auteur et traducteur d’une monumentale anthologie de La Poésie brésilienne (2012) également parue aux éditions Chandeigne.

Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 5

Suivez-nous

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De Chambéry aux Saintes-Maries-de-la-Mer

Du 3 au 10 octobre 2015

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contre le cancer du sein

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6 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

mieux qu’ils peuvent. Mais, au-delà de leurs différences, ces associations partagent toutes un même souci : leur pérennisation, éviter que le club ne meure. Ce qui peut se résumer à court terme par réunir suffisamment d’adhé-rents pour constituer des équipes, trouver un encadre-ment pour les catégories jeunes, ou réussir à boucler le budget de l’année en cours.

Vous accordez une grande place au football…La place que je lui accorde est proportionnelle à celle qu’il occupe sur le terrain : sur les 800 personnes consti-tuant la population de référence des licenciés sportifs des cinq villages de mon échantillon, 350 sont adhérents de clubs de foot. Précisons aussi que je n’ai pas pris en compte la pratique auto-organisée, très répandue parmi les activités de pleine nature, ni les activités développées par les clubs urbains en milieux naturels ruraux.

Vous mettez en évidence le dynamisme d’un petit club qui a développé une « licence à points » pour consolider l’engagement bénévole…On parle de crise du bénévolat, alors même qu’il n’y a jamais eu autant de bénévoles ! Probablement parce qu’ils ne s’engagent plus de la même manière, et que deux logiques s’affrontent aujourd’hui : gérées de plus en plus comme des entreprises, fédérations et ligues exigent davantage de travail administratif de bénévoles qui, eux, conservent une conception plus ancienne de leur enga-gement, inspirée de la symbolique du don et du contre-don. En l’occurrence, le club de Larians-Munans – qui possède davantage de licenciés (280) que le village ne compte d’habitants (214), et dont l’équipe fanion évo-lue au niveau régional – a développé un fonctionnement atypique sur le plan de l’engagement de ses adhérents. Ceux-ci ne déboursent rien pour leur licence car le club s’autofinance par de grandes manifestations, dont une fête des sports qui attire des milliers de visiteurs sur deux jours. En revanche, ils remplissent des tâches qui « valent » un certain nombre de points : encadrement des jeunes, accompagnement d’une équipe en déplace-ment, tenue d’une buvette, tonte du terrain, entretien des infrastructures… S’y ajoute une dimension de fair-play : un carton rouge ou un comportement déplacé, par exemple, font perdre des points. L’intégration au club

C lément Prévitali, pourquoi vous êtes-vous inté-ressé au Sport à la campagne, pour reprendre le titre de votre ouvrage ? J’avais déjà abordé cette thématique dans

le cadre de travaux universitaires et d’études pour la Mutualité sociale agricole (MSA) de Franche-Comté. Elle rejoignait également mon expérience personnelle : depuis l’âge de cinq ans, je pratique à la fois le tennis dans un club urbain et le football dans un club rural. C’est aussi un sujet très peu exploré par la sociologie du sport, qui se focalise plus volontiers sur les questions d’éducation et d’insertion par le sport en banlieue ou sur les pra-tiques auto-organisées, urbaines elles aussi, de « glisse » ou de « roule ».

Votre étude porte précisément sur les associations sportives rurales : qu’est-ce qui les caractérise ?On rencontre parmi elles plusieurs modes de gestion : une gestion de type entrepreneurial, semblable à celle géné-ralement observée en milieu urbain, avec une rationalisa-tion des tâches et des postes ; une gestion plus familiale, où les responsabilités dirigeantes sont parfois assurées de génération en génération par une même « dynastie », le bénévolat étant la valeur cardinale ; et enfin des modes de gestion coopératifs où les adhérents s’engagent du

Clément Prévitali, sociabilités du sport à la campagneExiste-t-il un « esprit club » propre au milieu rural ? Et des activités innovantes peuvent-elles trouver leur place à côté des plus traditionnelles ? Les réponses du sociologue Clément Prévitali, auteur de Le Sport à la campagne.

Auteur d’une enquête menée Auprès de 25 clubs

Docteur en sociologie, Clément Prévitali, 33 ans, propose dans Le

Sport à la campagne une étude nourrie de questionnaires et d’en-

tretiens menés auprès de 25 clubs issus de 5 communes de Haute-

Saône, du Jura et du Doubs, plus ou moins enclavées et peuplées

(200 à 1800 habitants). Treize activités sont présentes dans ces

clubs : football (48 % des répondants à l’enquête), gymnastique

d’entretien (12 %), tennis (10 %), équitation, pétanque, volley,

plongée, handball, VTT, tir à l’arc, tennis de table, badminton et

lutte. Membre du Laboratoire de sociologie et d’anthropologie

(LaSA) de l’université de Franche-Comté, Clément Prévitali a égale-

ment rejoint l’équipe de recherche Sport et sciences sociales (E3S)

de l’université de Strasbourg. ●

UN SOCIOLOGUE AUX CHAMPS

invi

Le Sport à la campagne, Presses universitaires de Franche-Comté, 2015, 404 pages, 27 €.

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 7

y a une quinzaine d’années se pratiquait en Ufolep dans mon club de l’AS Saint-Aubin, dans le Jura.

Et des formats courts avec alternance de pratiques, comme le propose l’Ufolep à travers son concept de Plurisport ?Formidable ! Mais le plus difficile est de fidéliser les adhé-rents et de pérenniser l’activité.

Votre étude fait également ressortir le peu d’espace pour la pratique féminine…C’est simple : jusqu’à l’âge de 35 ans, les femmes sont quasiment absentes de la pratique sportive associative en milieu rural. C’est d’abord un problème d’offre, et c’est pourquoi le foot féminin rencontre un tel succès parmi les jeunes filles à la campagne. Ensuite, les femmes ont des carrières sportives plus décousues et leur motivation principale réside plus souvent dans l’entretien physique et le bien-être psychologique, quand les hommes sont davantage dans l’échange social et le plaisir.

Une pratique mixte comme celle du Plurisport Ufolep serait-elle alors plus difficile à développer à la cam-pagne qu’en ville ?Je ne crois pas, car les contraintes de la vie quotidienne qui pèsent sur les femmes sont les mêmes en ville. En outre, j’ai pu observer que la mixité favorise la convivialité et la cohésion sociale du groupe. En revanche, il convient de bien préciser au départ qu’on s’inscrit dans une démarche loisir et non dans une logique de progression technique ou de compétition. Ceci posé, une telle pratique pourra recueillir une bonne audience à la campagne. ●

prOpOS rEcuEilliS pAr philippE BrENOT

(1) Fondée en 2007 par des organismes à vocation sociale (MSA, RSI, CPAM, Aînés ruraux, Fédération des Maisons de santé…), l’Asept Franche-Comté-Bourgogne intervient en milieu rural, comme ses 25 homologues existant ailleurs sur le territoire national.

passe donc par un investissement bénévole, plus que par un investissement purement sportif.

Vous suggérez aussi qu’à la campagne on rejoint un club pour être avec les autres, davantage que pour l’activité…C’est plus ambigu : à la campagne comme à la ville, la pratique compétitive demeure l’essence même de l’adhé-sion, sauf peut-être pour une activité comme la gymnas-tique d’entretien. Les matchs rythment la vie du club et les résultats animent les conversations. Pour autant, l’état d’esprit est moins centré sur cet aspect. C’est plu-tôt : « Tant pis si on perd, le plus important est de se retrouver ensemble, de partager un bon moment... » Je citerai une anecdote révélatrice : dans le club de Larians-Munans évoqué plus haut, des tensions sont apparues à une époque lorsque des joueurs extérieurs ont rejoint l’équipe senior parce qu’elle évoluait à un bon niveau. Ils accordaient toute son importance au seul résultat, alors que pour les dirigeants primaient le fair-play, la convi-vialité, l’engagement bénévole… Les représentations des uns et des autres différaient trop et ces joueurs ont quitté le club au bout d’une ou deux saisons.

C’est ce que vous appelez « l’esprit club »… Exactement. Il existe un « esprit club » dans chaque association sportive, mais il diffère selon plusieurs critères : son histoire, ses valeurs, etc. En milieu rural dominent des valeurs de bon-vivre, quand dans un club de banlieue – où l’on parlera peut-être plutôt de « pro-jet de club » – l’insertion professionnelle des adhérents pourra constituer un élément central de ce projet. Certains clubs ruraux construisent aussi leur identité en opposition au milieu urbain. Et l’on y observe des manières propres de nouer connaissance, de se dire bon-jour, d’échanger…

Les pratiques traditionnelles sont dominantes à la campagne. Dans ce contexte, y a-t-il de la place pour des activités innovantes et exclusivement loisir ? Certainement. Dans une démarche de sport-santé, des associations s’efforcent d’ailleurs de faciliter l’accès des ruraux à des pratiques physiques sans caractère propre-ment sportif, voire « adaptées ». Je développe moi-même cette approche en Franche-Comté avec l’Association de santé, d’éducation et de prévention sur les territoires (1), sur des sessions de marche nordique. La prochaine loi de santé fait la promotion de l’activité physique sur ordon-nance et l’on tend de plus en plus vers ces pratiques de bien-être, pour lesquelles il existe bel et bien une demande en milieu rural, et donc un espace pour des associations dédiées au sport-santé ou à des pratiques innovantes. En Franche-Comté, le nombre de licenciés en football est en constante diminution, idem pour le tennis : cela signifie que le système actuel ne répond plus aux évolutions de la société et aux aspirations des pratiquants, qui recherchent des formules plus souples en termes de format de jeu ou d’organisation de la pra-tique, tandis que dans le même temps les clubs étouffent sous le poids des contraintes. L’Ufolep ou des fédérations multisports partageant le même projet auraient à mon sens tout à fait leur place, à condition de proposer une offre innovante. Je pense par exemple au foot à 7, qui il

Clément Prévitali : « Au-delà de leurs différences, les associations que j’ai interrogées partagent toutes un même souci : leur pérennisation, éviter que le club ne meure. »

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 98 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

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Les mutations du sport en entreprise

duquel les faits se sont déroulés, et ce dans les 48 heures ; lorsque l’incident n’a pas fait l’objet d’un rapport officiel, tout licencié Ufolep s’estimant victime dispose d’un délai d’un an pour saisir la commission disciplinaire.Chaque comité directeurs désigne le représentant chargé de l’instruction (lequel ne peut avoir d’intérêt direct ou indirect dans l’affaire). Le licencié poursuivi est convo-qué par le président de la commission disciplinaire par lettre recommandée avec avis de réception, 15 jours au moins avant la date de réunion. Cette lettre doit men-tionner les faits qui lui sont reprochés, afin de lui per-mettre de commencer à préparer sa défense, et rappeler ses droits : être représenté par un avocat ; être assisté d’une ou de plusieurs personnes ; demander l’audition de témoins ; consulter le rapport et l’intégralité du dossier.En cas d’urgence, ce délai de 15 jours peut être réduit à 8 jours, à la demande du représentant de la fédération chargé de l’instruction. Le report de l’affaire ne peut être demandé qu’une seule fois, sauf cas de force majeure, 48 heures au plus tard avant la réunion initialement prévue. La durée du report ne pourra excéder 20 jours.Pour rappel, le respect du principe du contradictoire est primordial. Dans tous les cas, l’intéressé doit avoir la pos-sibilité de se faire entendre et doit prendre, lui ou ses défenseurs, la parole en dernier.La décision, prise de façon collégiale à l’issue des déli-bérations et signée par le président et le secrétaire, doit également faire mention des voies et délais d’appel. 3.Procédure de 1ère instance d’une commission tech-nique. Cette procédure permet de traiter rapidement les fautes relevant des sanctions du groupe 1.La compétence disciplinaire des commissions techniques est énoncée dans l’art. 2 du règlement disciplinaire et précisée dans l’art. 19 relatif aux sanctions. La convo-cation doit être faite dans les mêmes formes que celle prévue à l’art. 9 ; c’est de même pour les possibilités de report (art. 10) et le déroulement de l’instance (art.11).Il faut également retenir deux choses : l’accès au dos-sier doit être respecté afin de préserver les droits de la défense et la décision doit être faite dans les mêmes formes qu’une décision de commission disciplinaire.4.Procédure d’appel (art. 9 à 18 du règlement inté-rieur Ufolep). L’appel doit être formé dans un délai de 20 jours à compter de la date de réception de la lettre de notification de la décision de première instance. Il est suspensif, sauf si la décision de 1ère instance l’a expres-sément prévu et dûment motivé. Le licencié poursuivi est convoqué par le président par lettre recommandée avec AR 15 jours au moins avant la date de réunion. Le déroulement ainsi que le droit d’accès au dossier sont les mêmes que pour la commission de 1ère instance. ●

NicOlAS ArmANd, AdjOiNT à lA [email protected]

Procédures disciplinaires départementalesNos comités ont enregistré ces derniers mois une augmentation des procédures disciplinaires. Rappel des règles et modes de fonctionnement.

Au nombre de trois au minimum, les membres des commissions disciplinaires (et leur président) sont désignés par le comité départemental en début de mandature. Ces commissions sont indépendantes

des instances dirigeantes de la fédération et doivent respecter les principes d’impartialité et de confidentialité.1.Compétences des instances disciplinaires. Les ins-tances disciplinaires fédérales ne sont compétentes que pour sanctionner des licenciés Ufolep et ne se préoc-cupent que de l’atteinte portée à la fédération au regard de la gravité des actes commis. L’art. 7 du règlement dis-ciplinaire pose comme principe que les poursuites dis-ciplinaires sont engagées par le président de l’instance dirigeante de l’échelon concerné.Il existe différents degrés de juridiction : l’art. 2 du règle-ment intérieur de l’Ufolep prévoit l’institution à chaque échelon de la fédération d’organes investis de pouvoirs disciplinaires de 1ère instance (commissions disciplinaires départementales, régionales et techniques) ainsi qu’une commission d’appel compétente pour les recours intentés contre les décisions des commissions techniques et disci-plinaires de leur échelon. Important : en l’absence de cas-sation en matière sportive, la commission d’appel statue en dernier ressort. Toutefois, l’art. L. 141-4 prévoit une procédure de conciliation devant le CNOSF.2.Procédure de première instance. C’est le président de l’instance concernée qui engage les poursuites, de sa propre initiative ou sur « plainte ». L’art. 7 du règlement disciplinaire prévoit deux cas de figure : le signalement est effectué par le responsable de l’évènement au cours

juri

diqu

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Groupe 1 (commission technique) : fautes de jeu ou « petit disci-

plinaire » comme des agressions verbales ou des gestes déplacés :

jusqu’à 3 mois de suspension.

Groupe 2 (commission disciplinaire) : volonté délictuelle, compor-

tement délibérément dangereux ou récidive du groupe 1 : jusqu’à

2 ans de suspension.

Groupe 3 (commission disciplinaire) : fraude du dirigeant, vanda-

lisme, récidive du groupe 2, coup donné à un participant, etc. : 2

à 5 ans de suspension, la récidive pouvant entraîner la radiation

définitive.

Groupe 4 (commission disciplinaire) : coups et blessures, vol, orga-

nisation de paris ou jeux illégaux, infractions pénales, etc. : de 5

ans de suspension à la radiation à vie.

La commission fixe la date d’entrée en vigueur des sanctions et la

décision doit être publiée au bulletin de la fédération. ●

L’ÉCHELLE DES SANCTIONS

Page 9: Ej ufolep 18 octobre 2015

Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 9

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Même s’il concerne statistiquement peu de salariés,

le sport en entreprise est aujourd’hui au centre

des attentions. Alors que les championnats « corpo »

sont en repli, il se réoriente vers le bien-être

et s’ouvre à de nouveaux acteurs,

dont les fédérations sportives multisports.

Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 9

Les mutations du sport en entreprise

Procédures disciplinaires départementalesNos comités ont enregistré ces derniers mois une augmentation des procédures disciplinaires. Rappel des règles et modes de fonctionnement.

Page 10: Ej ufolep 18 octobre 2015

Octobre15 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 1110 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

Longtemps, le sport en entreprise a été assimilé au sport corporatif, caractérisé par des championnats réservés à des équipes exclusive-

ment composées des personnels des sociétés dont elles défendent fièrement les couleurs. On y comptait bon nombre d’ouvriers, avec une certaine prédilection de classe pour le football. Il n’était pas non plus interdit de voir là une lointaine filiation avec les préoc-cupations sociales et hygiénistes du pater-nalisme industriel de la fin du xixe siècle, quand les grands patrons éclairés s’effor-çaient d’offrir des loisirs à leurs employés, tout en se montrant soucieux d’entretenir

leur force de travail, notamment en les écartant du fléau de l’alcoolisme...Ce sport « corpo » a connu son âge d’or dans les années 1970, lorsque les Trente Glorieuses jetaient leurs derniers feux. Les premiers soubresauts de la crise et les pro-fondes transformations de l’économie qui suivirent – désindustrialisation au profit du développement des activités de services, forte progression du chômage – ont remis en cause ce modèle. Les bouleversements du marché de l’emploi et les nouveaux modes d’organisation du travail et de management (lire ci-dessous) n’ont fait qu’accélérer son déclin, sinon son obsolescence.

Par ailleurs, cette pratique n’a jamais concerné qu’une part modeste de la popu-lation active. Maître de conférences à la faculté des sciences du sport de Strasbourg et récent auteur d’une enquête très fouillée sur Le sport en entreprise, Julien Pierre (1) l’estime entre 10 et 15 % des salariés. Mais si cette proportion peut atteindre jusqu’à un quart ou un cinquième du personnel au siège de grandes firmes qui valorisent la pratique physique et mettent à disposition des infrastructures ou proposent une prise en charge financière, ces exemples sont peu représentatifs.

PAUSE MÉRIDIENNE

Le deviendront-ils demain ? Le sport en entreprise est en effet aujourd’hui valo-risé à la fois comme outil de management et, surtout, comme moyen de favoriser le bien-être au travail, en particulier pour le personnel de bureau, rivé à son écran d’ordinateur et le téléphone à portée de main.... Dans un univers professionnel généralement moins éprouvant physique-ment qu’auparavant mais toujours plus stressant, le sport en entreprise concerne désormais principalement une population – parfois très féminisée – d’employés ou de cadres et affiche des préoccupations de santé. La pratique sportive régulière est envisagée comme un moyen de prévenir le surmenage qui conduit à l’épuisement et à la dépression : le fameux burn-out, que cer-tains souhaiteraient voir reconnu comme maladie professionnelle.Il serait également sans doute plus juste

Le sport au travail, c’est la santé ?

les prAtiques de bien-être s’y développent Aujourd’hui

Volontiers encouragé par les entreprises, l’exercice physique en milieu professionnel apparaît comme un moyen de lutter contre le stress des salariés. Un nouveau marché où la concurrence s’aiguise.

« Les nouvelles technologies accélèrent le travail, amplifient la pression exer-

cée et justifient au final l’avènement de ce mal moderne qu’est le stress. Cette

logique inflationniste génère son lot de dégâts humains. C’est ainsi que ces

mêmes entreprises s’attachent à endiguer la propagation de la souffrance au

travail – alors qu’elles en sont les principales responsables – et se soucient

de plus en plus de la santé physique et morale de leurs collaborateurs. Un

autre paradoxe mérite d’être relevé : l’ergonomie, cette science de l’adaptation

des situations de travail aux hommes, a fait d’énormes progrès ces dernières

années. (…) Mais ce faisant, on fait le lit d’une sédentarité croissante qui

touche de plus en plus de collaborateurs que l’on encourage désormais explici-

tement, par différents moyens, à se remettre en mouvement. (…) Le sport est

à la fois susceptible d’intervenir comme un exutoire, un moyen de se défouler,

une échappatoire au stress accumulé au travail. Il est par ailleurs souvent pré-

senté comme un outil de stimulation, de cohésion et d’intégration. » ● Extraits de la préface de Le sport en entreprise, de Julien Pierre (Économica, 2015).

NOUVELLES TECHNOLOGIES, STRESS ET SÉDENTARITÉ

Page 11: Ej ufolep 18 octobre 2015

Octobre15 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 11

de parler désormais de « sport au travail » plutôt que de « sport en entreprise ». Dans ce contexte, la pause méridienne est deve-nue le créneau privilégié de pratiques qui tiennent davantage de l’exercice physique que du « sport » proprement dit, avec la connotation compétitive du terme. Ces pra-tiques se développent parfois à l’initiative de salariés qui invitent leurs collègues à les accompagner pour aller courir ou nager. L’entreprise peut faciliter les conditions de cette pratique : pause plus longue acceptée, accès à des douches… Elle peut aussi l’en-courager en prenant en charge une partie de son coût ou en « sponsorisant » une ins-cription groupée à une course hors stade. À la condition toutefois que ses employés revêtent un tee-shirt à son nom, ce qui lui permettra de surfer sur l’événement pour sa communication interne (2)…Le sport est d’ailleurs volontiers utilisé par les directions des ressources humaines pour sa dimension de performance et sa capa-cité à souder un groupe. Dans les années 1980 et 1990 ont fleuri des stages utilisant des activités de pleine nature invitant à se dépasser et à vaincre ses appréhensions dans un contexte collectif : course d’orien-tation, canyoning, rafting, escalade avec descente en rappel, saut à l’élastique...

Une pratique pas forcément adaptée pour motiver l’employé lambda, mais plébiscitée par les responsables marketing souhaitant remobiliser leur équipe de vente !

OUTIL DE MANAGEMENT

Une version plus soft de ces « parcours du combattant » s’est développée depuis sous la forme de séminaires de team building et autres incentives consistant en « l’orga-nisation, en dehors du cadre spatial de l’entreprise, de réunions professionnelles agrémentées d’activités sportives dans un environnement propice à la pratique. Plus doux, ces stages de deuxième génération restent liés à la volonté des encadrants de stimuler leurs subordonnés » souligne Julien Pierre. Cependant, ces stages organisés par des agences événementielles restent ponc-tuels et ne concernent généralement qu’une partie des salariés ou des cadres d’une entreprise. Or la tendance actuelle est bien de favoriser une pratique régulière, dans l’idée qu’un salarié bien dans son corps et dans sa tête sera plus efficace au travail. Et si, en plus, une pratique partagée permet de décloisonner les services ou de faire se ren-contrer des personnels de différents étages, la cohésion des équipes et l’esprit maison ont tout à y gagner !

Plusieurs acteurs se sont positionnés sur ce créneau d’une pratique quotidienne ou hebdomadaire, à commencer par les gestionnaires de structures de remise en forme comme le Club Med Gym et sa filiale pro, le CMG Sports Club Corporate. Ces poids lourds ciblent les grands groupes, pour les-quels ils animent généralement des espaces dédiés bien pourvus en matériel d’exercice. Les clusters, ces regroupements sur un même lieu d’entreprises œuvrant généra-lement dans des domaines proches, sont particulièrement propices à ce type d’ini-tiatives, l’exemple le plus fameux étant le quartier d’affaires de La Défense.Ces structures sont concurrencées par les coachs sportifs, qu’ils soient freelance ou regroupés au sein de sociétés plus aptes à répondre aux demandes. Des gestionnaires d’équipements sportifs viennent également mordre sur ce marché, comme les centres de futsal indoor volontiers fréquentés par de jeunes cadres après leur journée de tra-vail. Des créneaux horaires qu’une entre-prise peut décider de financer, au même titre qu’un abonnement à une salle de remise en forme.Les fédérations sportives sont également présentes. Historiquement, plusieurs l’étaient déjà sur le terrain de la compéti-

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Les mutations du sport en entreprise

Les coachs comptent parmi les nouveaux acteurs du sport en entreprise.

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Octobre15 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 1312 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

tion. N’est-ce pas la vocation de la Fédération française du sport en entreprise (FFSE), héritière de l’Amicale des clubs corporatifs (lire ci-dessous) ? De son côté, la Fédération française de football fédère encore 20 000 adeptes d’un « football entreprise » qui, au seuil des années 1980, en réunissait néan-moins quatre fois plus... À des degrés et avec des succès divers, les fédérations de basket, de badminton, de golf, d’aviron ou d’athlé-tisme développent aussi une offre spécifique en direction des entreprises.Enfin, depuis quelques années le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) s’efforce de rapprocher le monde du sport de celui de l’entreprise. Une convention signée en 2010 avec le Medef, s’est traduite par un Guide pratique du sport en entreprise et par l’ajout d’une journée dédiée au pro-gramme de l’événement annuel « Sentez-vous sport ». L’organisation représentative du patronat français a ainsi accueilli le 10 septembre les premières Assises euro-péennes sport et entreprises, où le sport était présenté comme « un enjeu de perfor-mance sociale et économique pour l’entre-prise », étude commune avec le CNOSF à l’appui.Les fédérations multisports posent à leur tour quelques jalons, en ciblant la dimen-

sion « bien-être ». En cela, leur offre est plus complémentaire que concurrente de celle de la FFSE et des fédérations unisports. Dès les années 2000, la Gymnastique volontaire (3) a développé une offre « corpo gym » qui visait notamment à accompagner le renou-vellement de ses adhérent(e)s. Sans doute trop orientée vers la prévention des risques, cette formule proposant musculation, gym-nastique douce et jeux collectifs n’a toute-fois pas rencontré tout le succès escompté. La FFEPGV n’en est pas moins présente dans une cinquantaine de sociétés.

LES FÉDÉRATIONS MULTISPORTS AUSSI

De son côté, depuis deux ans la Fédération française Sports pour tous accompagne les salariés sédentaires vers une pratique régu-lière avec une méthode qui insiste sur « la motivation » et « l’aide au changement de comportement ». « Le public sédentaire se rencontre dans l’entreprise. C’est même là où il est le plus facile à toucher, car pratiquer sur son lieu de travail supprime le frein le plus souvent invoqué : le manque de temps. D’où notre volonté d’être présents sur ce lieu de travail », explique Julien Cizelle, chargé de mission sport santé en entreprise.Ces interventions – qui débouchent parfois sur la création d’une association sportive –

se font en étroite concertation avec l’entre-prise concernée, qui y voit aussi son propre intérêt. « Nous intervenons généralement sur des périodes de trois mois, à raison de deux heures par semaine, pour des groupes d’une quinzaine de personnes (4). Mais nous savons nous adapter. Lorsque les dirigeants de l’entreprise préfèrent une première sensi-bilisation, nous proposons par exemple des tests de condition physique validés scientifi-quement » précise Julien Cizelle.Et les autres ? En dépit de leur nom, la Fédération sportive du sport travail-liste (FFST) – aux effectifs relativement modestes – et la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) ne ciblent pas particulièrement le public des salariés. Cette dernière touche surtout ceux-ci en raison de liens privilégiés avec certains comités d’entreprises ou du rayonnement de son championnat de football à 7 en région parisienne, auquel s’inscrivent entre autres des équipes composées de collègues de travail. Pour la Fédération sportive et culturelle de France (FSCF) issue des patro-nages catholiques, ce n’est pas non plus « un public cible », explique Gladys Bézier, directrice des services. En revanche, « même si elles n’interviennent pas directement au sein des entreprises, nombre de nos associa-

LA FFSE, LE SPORT TAILLE « PATRON »Pour juger des habits neufs de l’ex-Amicale des

clubs corporatifs (ACC), fondée en 1952 et deve-

nue en 2003 Fédération française du sport d’en-

treprise (FFSE), affiliée au Comité national olym-

pique et sportif français, il suffit de feuilleter la

nouvelle formule de son trimestriel Sport & entre-

prises et ses faux airs de magazine économique.

En couverture, le costume-cravate est de rigueur,

et l’entretien central généralement réservé à un

haut dirigeant sportif ou un manager au discours résolument

positif et corporate . « Nous avons revu notre stratégie de com-

munication : auparavant principalement tournée vers les CE,

elle s’adresse désormais plus directement aux dirigeants d’en-

treprise, auprès desquels nous mettons en avant le sport-santé

et le sport comme outil de management, pour l’intégration des

nouveaux arrivants par exemple » explique le DTN Frédéric

Delannoy. Cette stratégie semble porter ses fruits puisque la

FFSE revendique aujourd’hui 40 000 licenciés, « un chiffre en

progression de 20% sur l’année ». « De plus en plus d’entre-

prises nous sollicitent. Nous les aidons à concevoir une organi-

sation du travail qui facilite la pratique physique

et sportive et dans la recherche d’infrastructures

disponibles pour l’accueillir. Nous les accom-

pagnons dans un projet global, en étant à leur

écoute : il s’agit de sur-mesure » insiste Frédéric

Delannoy.

C’est toutefois la communiste Marie-George

Buffet, ministre de la Jeunesse et des Sports du

gouvernement Jospin, qui a assis la légitimité

de la FFSE à organiser le sport en entreprise en l’autorisant

à délivrer elle-même des licences : plus besoin d’être licencié

à la FFF ou à la FFBB pour participer à une compétition de

football ou de basket ! D’ailleurs, même si la FFSE s’efforce

de faire oublier l’image « corpo », façon « bleu de travail »,

qui fut la sienne, elle n’oublie pas cette vocation historique

et organise des championnats pour 2000 clubs d’entreprise

et des Jeux nationaux d’été biannuels : en 2014, ils ont réu-

ni 2200 sportifs (dont 550 femmes) dans 28 disciplines, et

cette année une délégation de 1500 athlètes représentait la

France aux Jeux européens organisés en Italie. ● Ph.B.

Page 13: Ej ufolep 18 octobre 2015

Octobre15 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 13

SENIORS EN ENTREPRISE ET PRÉPARATION À LA RETRAITE AVEC L’UFOLEP ET LA MGENLes seniors « en entreprise » ou « en activité » sont l’un des

publics ciblés par la stratégie de l’Ufolep en direction des

plus de 50 ans, qui distingue plus précisément : les « jeunes

seniors » en bonne santé, à qui l’on propose plutôt du mul-

tisports ; les « 55-65 ans » susceptibles d’être intéressés par

la prévention des maladies liées au vieillissement (arthrose,

ostéoporose) ; et enfin les seniors souffrant de douleurs mus-

culaires ou de stress au travail et que des ateliers spécifiques

(en lien avec la médecine du travail) contribuent à « soula-

ger ». Reste à traduire ce plan sur le terrain.

L’Ufolep aborde également avec la Mutuelle générale de l’Édu-

cation nationale ce public sous l’angle de la préparation à la

retraite, en liant l’engagement associatif à la pratique spor-

tive. On sait que, si elle n’est pas anticipée, la fin d’activité

professionnelle peut se traduire par un isolement social, la

sédentarité physique, voire un état dépressif. Or l’engagement

dans la création ou l’animation d’une section sportive loisir –

tout en pratiquant soi-même à cette occasion – peut contribuer

à l’épanouissement du jeune retraité et au maintien de son

capital santé : une approche à laquelle le concept de Plurisport

développé par l’Ufolep correspond parfaitement. L’Ufolep et la

MGEN expérimentent actuellement une offre de formation qui

s’adresse notamment aux professionnels de l’éducation (géné-

ralement rompus à la pédagogie) bientôt en retraite ou l’étant

depuis peu. À l’instar du dispositif « Lire et faire lire » par-

rainé par la Ligue de l’enseignement, où des retraités effec-

tuent des séances de lecture dans les écoles, le projet « Bouger

et faire bouger » souhaite mobiliser de nouvelles ressources

humaines sur des activités multisports. ●

BENOîT GAllET, dTN AdjOiNT dE l’ufOlEp

tions adaptent leurs créneaux pour accueillir des salariés à la pause méridienne ou après la journée de travail, pour des pratiques de loisir au sens large, y compris de plein air. »

« SPORT ET SOCIÉTÉ »

Quant à l’Ufolep, elle est encore peu pré-sente sur ce nouveau « marché », à l’excep-tion notable du comité de Loire-Atlantique (lire page 14). Nombre de comités dépar-tementaux sont toutefois à l’affût, comme celui d’Eure-et-Loir. « En lien avec les CE, nous souhaitons nous positionner sur le temps de pause méridienne, avec une offre qui s’appuie sur les activités physiques d’en-tretien et de bien-être, la marche nordique et les concepts Ufo Move et Plurisport. Mais les sollicitations que nous menons depuis deux ans ont du mal à aboutir » constate le délé-gué Hervé Pelletier. « Nous en sommes venus à penser que les CE ne sont pas toujours la meilleure porte d’entrée », ajoute son adjoint Adrien Jouvencel, qui anime par ailleurs des ateliers de posture et de renforcement mus-culaire pour des personnels d’une maison de retraite médicalisée, amenés à porter et déplacer des personnes âgées impotentes. « C’est un créneau difficile à investir, estime pour sa part Ludovic Trézières, délégué des Yvelines. Surtout en région parisienne, où de nombreux prestataires l’occupent déjà. »Les comités possédant plusieurs éducateurs sportifs et proposant des activités physiques d’entretien ou engagés dans des actions sport-santé sont toutefois bien placés pour se lancer. Et ceux qui animent des activités

sportives dans le cadre de stages de remobi-lisation pour personnes en recherche d’em-ploi pourraient tout aussi bien intervenir auprès de ceux qui en ont un ! Aujourd’hui, la promotion du sport pour tous ne s’arrête plus à la porte de l’entreprise. Et l’Ufolep pourrait trouver là l’occasion de donner une dimension supplémentaire à ses actions « sport et société »…●

philippE BrENOT

(1) Le sport en entreprise. Enjeux de société, préface de Stéphane Diagana, Économica, 2015, 204 pages, 27 €. Cet article s’appuie sur cet ouvrage documenté, synthétique et accessible, qui aborde tous les aspects du sujet. Julien Pierre est également interve-nu dans le cadre de l’atelier « sport,

bien-être en entreprise » de l’Université européenne du sport de Strasbourg. L’intitulé de son intervention : « Promouvoir le sport pour tous les salariés : au travail ! »(2) Des épreuves sont même aujourd’hui dédiées aux entreprises. Le jeudi 21 mai, le 1er « running des entre-prises » (développé par B2Run, en partenariat avec la FFSE) s’est déroulé à Nice selon la formule suivante : départ à 17 heures (après le travail) et arrivée à l’Allianz Arena après un parcours de 6 km permettant de réunir le plus grand nombre de salariés. Le même jour, Run at Work (une organisation ASO) a accueilli 3000 partici-pants en soirée au cœur de La Défense autour du même concept : « Le moyen idéal de booster le bien-être des salariés, tout en s’inscrivant dans la tendance sportive du moment » résumait l’organisateur.(3) FFEPGV : Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire.(4) Selon Julien Cizelle, un an après avoir bénéficié dans le cadre de leur entreprise de deux heures de pratique hebdomadaire sur trois mois, plus de 80% des personnes conservent une pratique régulière, quelle qu’elle soit.

« Run at Work » à La Défense : quand le running se mue en outil de com’.

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Les mutations du sport en entreprise

Page 14: Ej ufolep 18 octobre 2015

14 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

Un comité Ufolep souhaitant pénétrer le monde de l’entre-prise imite souvent les deman-deurs d’emploi : il arrose de CV

les employeurs potentiels. « Pour présenter notre offre, nous avons adressé un courrier aux 600 comités d’entreprise du départe-ment », explique Maxime Lethu, chargé de mission à l’Ufolep de Loire-Atlantique.

SÉANCES HEBDOMADAIRES

Si les réponses furent rares, un projet s’est toutefois rapidement concrétisé avec l’en-treprise Quille Construction, filiale BTP de Bouygues, pour une animation sportive hebdomadaire pour des personnels du siège, en centre-ville de Nantes. Depuis trois ans, chaque mardi un animateur départemental intervient sur le créneau 12 h-13 h pour un effectif – exclusivement féminin – d’une dizaine de salariées, renouvelé d’un tiers chaque année. Les séances, Pilates et gym-nastique douce, se déroulent dans une salle de réunion dont on pousse les tables. « Ce sont des activités où l’on transpire peu et qui n’exigent pas de prendre une douche après, car il n’y en a pas à disposition. Surtout, elles conviennent parfaitement à ce public » souligne Maxime Lethu. Précision impor-tante, le coût de la pratique est pris en charge à 100 % par l’entreprise.Pendant deux ans, le comité Ufolep a éga-lement encadré de la marche nordique pour le CE du conseil général, qui souhaitait compléter le panel d’activités proposées aux salariés lors de la pause méridienne. Deux lieux s’y prêtaient à proximité : l’Île de Nantes et le Jardin japonais. Mais la fré-quentation, fluctuante selon la météo, s’est progressivement réduite de dix à quatre ou cinq personnes par séance, et l’an passé la prestation n’a pas été renouvelée.Depuis la rentrée 2014, l’Ufolep de Loire-Atlantique propose surtout quatre créneaux hebdomadaires (du mardi au vendredi 12 h 30- 13 h 30) sur le quartier Madeleine-Champ de Mars, où sont concentrées de nombreuses sociétés. Ces séances réunissent une soixan-

taine de salariés appartenant à une vingtaine de structures différentes : SNCF, CIC, Canon, scène nationale du Lieu unique, agences d’ar-chitecture et de communication, etc. Elles se déroulent dans une maison de quartier ou des salles louées (à une compagnie de danse par exemple), avec un effectif maximal de quinze. « Notre offre est complémentaire de celle des salles de remise en forme, dont les prestations sont bien supérieures (machines, spa, squash, gym douce) mais pour des tarifs plus élevés. Les nôtres vont de 120 à 150 €

à l’année (septembre-juin), avec une prise en charge très variable – de 100% à rien du tout – de la part des entreprises » explique le chargé de mission.

PÉNURIE DE SALLES

Actuellement, la principale limite au déve-loppement de ces prestations réside dans la pénurie de salles. C’est pourquoi le comité s’est rapproché de la ville de Nantes, qui l’appuie dans une démarche qu’elle consi-dère d’utilité sociale. En revanche, il ne manque pas d’éducateurs sportifs puisqu’il en emploie déjà une quarantaine : « Beaucoup sont disponibles à la mi-journée et intéressés pour compléter leur temps par-tiel. Toutefois, seuls trois sont formés à l’en-seignement du Pilates, les autres proposant de la gymnastique douce plus classique. »

« Le plus compliqué est de réussir à se faire connaître comme acteur du sport en entre-prise », estime Maxime Lethu. C’est pour-quoi l’Ufolep de Loire-Atlantique anime de temps en temps des réveils sportifs, comme l’an passé pour la journée « sport et entre-prise » de la semaine « Sentez-vous sport » du CNOSF : « Nous insistons sur la ”responsa-bilité sociale des entreprises“, en soulignant que le sport participe à la fois au bien-être physique et mental et à la cohésion du per-sonnel. »Comme le comité ne néglige aucune porte d’entrée, il propose aussi ses services en matière de lutte contre les douleurs phy-siques au travail : des contacts sont en cours avec La Poste, où le personnel des centres de tri effectue des gestes répétitifs, et avec une clinique dont les infirmières et aides-soi-gnants doivent quotidiennement s’occuper de patients peu valides. De même, le comité aimerait capitaliser sur son expertise en matière d’activités de pleine nature et pro-pose des raids multisports par équipe clés en main : « Nous avons les sites, les éducateurs sportifs, tout est en place. Mais nous n’avons pas encore de retour » observe Maxime Lethu. Comme quoi, sur ce créneau comme sur les autres, se positionner sur le sport en entreprise est souvent un investissement à moyen et long termes…● ph.B.

La Loire-Atlantique en éclaireurForte d’une solide équipe d’éducateurs sportifs, l’Ufolep de Loire-Atlantique s’est lancée il y a trois ans sur le créneau.

pArmi les comités ufolep

Pas toujours facile de trouver une salle à proximité du lieu de travail.

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Page 15: Ej ufolep 18 octobre 2015

Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 15

Les mutations du sport en entreprise

Du sport corpo au sport loisir Ufolepdoivent y demeurer majoritaires. » Mais le club s’étant étoffé d’une section pétanque essentiellement « cheminote » (engagée dans le championnat « hivernal » Ufolep par équipe), cette présence majo-ritaire est assurée…Autre exemple de la « solubilité » du sport corpo dans le sport loi-sir Ufolep : l’association Basket Aveyron Loisir Mixte (1). Née à Rodez il y a une trentaine d’année pour fédérer une pratique alors exclusivement inter-entreprise, celle-ci a été rebaptisée il y a deux ans par la nouvelle équipe de diri-geants pour bien signifier qu’elle accueille désormais des pratiquants venus de tous

Les championnats Ufolep accueillent parfois des équipes issues du monde de l’entreprise. Comme à Chartres et Rodez.

Parmi les 80 équipes du championnat de football à 7 qu’organise l’Ufolep de l’Eure-et-Loir, une petite dizaine est issue d’en-treprises telles que Philips ou la SNCF, une entreprise publique où la tradition « corpo » est particulièrement ancienne. « Même si le nom a pu varier, l’Amicale corpo des cheminots de Chartres existe depuis 1935, explique Daniel Garnon, ancien joueur devenu dirigeant, et qui siège désormais à la commission technique départementale football de l’Ufolep. En 1973, nous avons intégré le championnat départemental corpo de la FFF, qui a compté jusqu’à 45 équipes. Puis, au fil des ans et de la désindustrialisa-tion, le nombre d’équipes s’est réduit comme peau de chagrin… Aussi, il y a une quin-zaine d’années, nous avons rejoint le cham-pionnat Ufolep de foot à 7 en auto-arbitrage, auquel nous sommes fidèles. »La section football compte une vingtaine de licenciés, ce qui avec les obligations professionnelles et familiales des uns et des autres permet d’en réunir une dizaine pour chaque match. « Le club s’est progres-sivement ouvert aux non-cheminots, même si pour continuer à nous présenter sous la bannière de l’Union sportive des cheminots de France (USCF), et bénéficier à ce titre d’une subvention, les employés de la SNCF

horizons. Même si, par nostalgie ou simple-ment par habitude, nombre d’équipes ont conservé le nom de l’entreprise au sein de laquelle elles ont vu le jour… ● ph.B.

(1) Lire aussi page 18 l’engagement de cette association dans la Move Week.

Spécialisée dans le traitement du diabète, l’entreprise danoise Novo Nordisk pos-

sède une importante unité de production à Chartres. Il y a quelques années, plu-

sieurs sections sportives de l’entreprise avaient été affiliées à l’Ufolep d’Eure-et-

Loir. Mais le nouveau directeur du site a récemment souhaité donner une nouvelle

impulsion à l’activité physique et sportive de ses salariés : une priorité qui fait sens

pour une firme dont les produits concourent au traitement d’une maladie chro-

nique, au même titre qu’une pratique physique régulière… En outre, sur le plan

de la communication interne et externe, l’affiliation de l’ensemble de l’association

sportive d’entreprise à l’Ufolep, plutôt qu’à plusieurs fédérations distinctes, permet

de mettre plus facilement en avant le nom de celle-ci. Notamment à l’occasion de la

grande épreuve de course à pied qu’elle organise chaque année… ● ph.B.

POLITIQUE D’ENTREPRISE

Les cheminots de Chartres jouent désormais en Ufolep.

ACCC

Le comité Ufolep de la Somme a lancé à la rentrée une offre de

« sport au travail » avec l’appui d’un cabinet de communica-

tion rompu aux techniques du marketing. « Considérant l’inté-

rêt social du projet, cette prestation de conseil proposée par

le Griep Picardie, une structure de soutien à l’économie sociale

et solidaire, est intégralement prise en charge dans le cadre

du Dispositif local d’accompagnement (DLA) », se félicite le

délégué départemental, Stéphane Lecossois. Dans un premier

temps, un demi-poste d’éducateur sportif a été dégagé afin

de proposer de la gymnastique douce, des sports collectifs et

des activités d’extérieur sur le créneau 12h-14h. Une offre

complétée par celle d’ateliers liés à la « pénibilité » : d’une

part, des échauffements avant le travail pour les ouvriers du

bâtiment ; de l’autre, une « école du dos » pour l’industrie, à

savoir des exercices de renforcement musculaire adaptés au

travail debout.

Dès avant l’été, les contacts étaient bien avancés avec trois

structures : l’Agence régionale de santé (APE et danse), la

Direction régionale des affaires culturelles (sports collectifs

ludiques) et Pôle emploi, où l’activité physique est envisagée

comme une manière d’évacuer le stress des personnels.

Pourquoi se lancer aujourd’hui ? « C’était l’un des derniers chan-

tiers de notre projet départemental de développement (PDD),

explique Stéphane Lecossois. Le monde de l’entreprise restait

pour nous un secteur inexploré, alors que les bienfaits de l’acti-

vité physique et sportive y sont évidents. » ● ph.B.

LA SOMME SE POSITIONNE À SON TOUR

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16 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

fédé

ral

T rois années de fonctionnement déjà, depuis que le comité directeur de l’Ufolep a fait de l’accompagne-ment de son réseau une des priorités de l’actuelle mandature. Trois années bien remplies pour le

groupe de travail Vie du réseau et accompagnement des comités qui, piloté par Michèle Roig, secrétaire générale de la fédération (1), s’est attaché à traduire en actions concrètes la volonté politique affichée.Première réalité : même si absolument tous les comités n’ont pas encore utilisé les quatre dispositifs aujourd’hui proposés, tous ont clairement identifié la « mission Vrac » et les modes d’accompagnement mis à leur disposition. Le deuxième constat qui s’impose concerne « l’état de l’union ». Force est de constater que les écarts se creusent de plus en plus au sein du réseau, ce qui interroge nos principes de solidarité. Face aux mêmes difficultés (réduc-tion des financements, concurrence exacerbée) ou aux mêmes opportunités, tous les comités ne possèdent pas le même potentiel de résistance ou de développement. C’est pourquoi la question de l’accompagnement nous inter-pelle collectivement, à tous les échelons de la fédération !

Aide à la création d’emploi. En 2012-2013, dès sa pre-mière année, ce dispositif a permis 41 créations d’emploi via une aide ponctuelle de 3 800 €. En 2013-2014 s’y sont ajoutées 34 autres, selon les mêmes modalités. En 2014-2015, le dispositif a évolué et à l’aide financière directe s’est substitué un accompagnement « à la carte » : aide à la gestion financière, à la méthodologie…

Dispositif expérimental d’accompagnement. Six comités départementaux et régionaux (Eure-et-Loir, Ille-et-Vilaine, Isère, Bourgogne, Champagne-Ardenne et Midi-Pyrénées) s’investissent dans cette expérience pilote de mutualisation des ressources et des expériences : l’idée est que l’ensemble du réseau puisse ensuite bénéfi-cier de leurs réflexions. L’an passé, l’impact de la réforme territoriale sur les comités a été au centre des travaux. Le groupe, qui se réunit trois fois par an au siège national, a toutefois éprouvé des difficultés à s’auto-organiser entre ces rendez-vous. Surtout, les comités font preuve de trop de modestie et hésitent à faire partager des expériences qu’ils jugent trop banales pour cela : un travers que l’on rencontre trop souvent dans notre réseau, et qui parfois nous fait passer à côté de fonctionnements innovants ! Suivi longitudinal des comités. C’est le dispositif central, en ce qu’il doit devenir un outil d’évaluation, d’analyse et de pilotage politique et technique, tant au niveau de la fédération que des comités. Rappelons que cet outil est disponible sur l’espace « délégation » du site

www.ufolep.org, où figure également une « fiche dia-gnostic » de chaque comité (avec photographie actuelle et évolution sur plusieurs années). La collecte des don-nées est essentielle et l’échelon national s’efforce de faciliter la tâche des comités. Attention : la prochaine campagne de collecte s’ouvrira le 15 novembre pour s’achever le 30 janvier.

Accompagnement des comités. Ce dispositif permet de venir en aide, à leur demande, aux comités en difficulté. Lors du premier semestre 2015, 26 comités ont ainsi été épaulés par la mission Vrac pour des problèmes ayant principalement trait à leur structuration, aux relations Ligue-Ufolep (la démarche est alors menée conjointement avec la Ligue nationale), aux projets de développement (PDD-PRD) et appels à projets, ou à la gestion financière.

Si sa mission porte prioritairement sur les relations avec les structures déconcentrées de la fédération, le GT Vrac a également un rôle prospectif. L’expérience acquise lui a ainsi permis de pointer plusieurs dysfonctionnements. À titre d’exemple, certains comités ont pu profiter d’aides nationales alors que, par ailleurs, ils ne respectaient pas certaines règles fédérales de base... Discutées lors des « interrégionales » de l’automne dernier puis du congrès d’Orléans et ensuite affinées en comité directeur, des propositions visant à y remédier ont été abordées lors des réunions territoriales de rentrée. Dans une même logique d’équité et de transparence, il convient égale-ment de veiller à ce que les dispositifs d’aide profitent à tous les comités, en particulier à ceux qui en ont le plus besoin. Or, moins rodés au montage de dossiers et aux demandes de subventions, ils ne sont pas toujours les premiers à bénéficier de dispositifs imaginés d’abord pour eux… Qu’ils n’hésitent plus : le Vrac est à leur service ! ●

BENOîT BEAur, AdjOiNT à lA dTN ufOlEp

[email protected]

vie du réseAu et AccompAgnement des comités (vrAc)

Trois ans après, un premier bilanDepuis sa création, le groupe de travail Vrac a mené 165 missions d’accompagnement des comités départementaux et régionaux.

(1) Le GT Vrac est actuellement composé de 4 élus nationaux, 2 permanents nationaux, 3 délégués départementaux et 2 régionaux, 2 élus départementaux et 3 régionaux.

82 créations de poste ont bénéficié d’une aide nationale (les deux tiers étant des emplois d’avenir).

Postes créés : fonctions et missions

27%

43%

10%

5%

7%

8% Animateur sportif

Agent de développement

Délégué

Délégué adjoint

Secrétariat ou communication

Profil animation + administration

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 17

D e janvier à juin 2015, trois groupes de 15 patients, souffrant de maladies chroniques et suivis dans les Deux-Sèvres par les infirmières et médecins généralistes du réseau Asalée (1), ont bénéficié

d’activités physiques dans le cadre d’un partenariat innovant avec l’Ufolep. À raison de deux séances par semaine, chacun a pu prendre part à 36 séances d’une heure, organisées en trois temps : échauffement, exercices cardio et musculaires, et jeux pour finir. Ces contenus avaient été co-construits par les infirmières et les éducateurs sportifs Ufolep en fonction des capacités des patients ; retraités et actifs diabétiques (type 2) ou pré-diabétiques, ou concernés par des risques cardio-vasculaires et tabagiques. Ceux-ci s’étaient alors engagés à ne pas abandonner le projet en route.Les résultats de cette expérience inédite, calculés à par-tir de tests réalisés au début et à la fin de celle-ci, sont très encourageants : tous les objectifs que les patients s’étaient eux-mêmes fixés (perdre du poids, gérer sa maladie, gagner en souffle et en muscle, améliorer sa confiance, sortir de chez soi) ont été atteints. On a égale-ment constaté chez les personnes en surpoids une perte moyenne de 3 kg et une diminution du périmètre abdo-minal de 1 à 5 cm, tandis que des patients diabétiques ont pu espacer leurs prises d’insuline. Des gains notables ont été observés en termes de renforcement musculaire, d’équilibre, de souplesse articulaire, ou concernant la dis-tance que chacun était capable de couvrir en marchant en un temps donné de six minutes. Des petits groupes se sont même constitués pour continuer à marcher en-semble en dehors des séances hebdomadaires. Et tous

les patients – moyenne d’âge 65 ans – ont pu se rendre compte que l’activité physique, ce n’était pas seulement pour les autres !Quelles suites donner aujourd’hui au projet ? Les trois groupes constitués à Thouars, Niort et Parthenay veulent absolument continuer l’activité ensemble : cela pourrait se faire en dehors du dispositif, en créant sur chaque site une association Ufolep offrant un cadre à l’intervention d’un éducateur départemental. En revanche, l’activité ne pourra plus être prise en charge à 100 % (2).Un autre souhait commun de l’Ufolep et d’Asalée est d’élargir l’expérience à d’autres territoires où l’associa-tion, au rayonnement national, est présente. Peut-être dans le Puy-de-Dôme, en lien avec l’épidémiologiste Mar-tine Duclos, qui dirige un service de recherche au CHU de Clermont-Ferrand. Le Dr Martine Duclos, qui a participé le 9 juillet à une réunion de travail Asalée-Ufolep en marge de l’Université européenne du sport, propose notamment de mettre en évidence les résultats de cette expérience de manière plus scientifique, et à plus long terme. La seule limite à l’élargissement du projet étant financière, espérons que la prise en compte par la loi du « sport-santé sur ordonnance » aidera à dépasser cet obstacle. ●

lAurENcE NAdAud, AdjOiNTE à lA dirEcTiON ufOlEp

[email protected]

(1) Acronyme signifiant Action de santé libérale en équipe, les infirmières travaillant au sein de cabinets médicaux en lien étroit avec des médecins généralistes.Voir dans EJ Ufolep n°14, décembre 2014, l’interview du pré-sident de l’association Asalée, le Dr Jean Gautier. (2) Durant l’expérience, Asalée finançait chaque prestation (mise à dis-position d’un éducateur sportif Ufolep et d’une salle) à hauteur de 100 €.

vie du réseAu et AccompAgnement des comités (vrAc) pArtenAriAt Avec l’AssociAtion AsAlée

Sport-santé : des résultats encourageantsL’état physique des patients atteints de maladies chroniques participant aux séances encadrées par l’Ufolep Deux-Sèvres s’est clairement amélioré.

En bref Commissions sportives : rendez-vous à BourgesUn rassemblement national « sport éducation » réunira les samedi 17 et dimanche 18 octobre au Creps de Bourges les membres des commissions nationales et groupes techniques sportifs de l’Ufolep et les référents nationaux d’activités. Avec les élus et cadres professionnels nationaux, départementaux et régionaux, ils travailleront tout particulièrement sur : les concepts d’« éducation par le sport » et d’« innovation sociale », le développement des pratiques sportives fédérales, l’encouragement de la vie

associative, la structuration territoriale et l’accompagnement du réseau, ou le plan ministériel « Citoyens du sport ».

Site internetLa page d’accueil de l’espace extranet (réservé à notre réseau) de notre site www.ufolep.org a été retravaillée, avec des blocs mieux identifiés. La vidéo et la photo y sont valorisées, les événements davantage mis en avant et les réseaux sociaux directement accessibles. Les onglets ont également été renommés afin de mieux coller à la nouvelle structuration fédérale, caractérisée par nos deux secteurs « sport éducation » et « sport et société ». Parallèlement, une version du site grand public adaptée à la consultation sur smartphone doit être finalisée courant octobre.

DisparitionSilhouette longiligne et chevelure retenue par un catogan, il était une figure des rassemblements nationaux Ufolep :

Didier Cailluyère, délégué départemental du Pas-de-Calais de 2004 à 2014, est décédé le 14 juillet, à l’âge de 52 ans. « Par son dévouement et son attachement à nos valeurs de laïcité et de citoyenneté, Didier a marqué notre comité et l’a orienté vers son véritable objectif : être au service de la société et de nos concitoyens dans une œuvre éducative, au sein de l’éducation populaire permanente » a souligné dans son message de condoléances Michel Coeugniet, président de l’Ufolep Pas-de-Calais.

DR

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18 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

évén

émén

tC ombien de personnes la Move Week touchera-t-elle

cette année ? L’an passé, cette opération de portée européenne, dont l’Ufolep est l’un des principaux relais dans l’Hexagone aux côtés de l’Usep, de la FF

Sports pour tous et de la FSGT, avait concerné un million de personnes, dont 58 000 en France, pour 144 « événements » officiellement inscrits. Ces chiffres seront probablement dépassés, d’autant plus que, au-delà de la période du lundi 21 au dimanche 27 septembre, il était aussi possible de labelliser « Move Week » des actions menées plus tôt dans le mois. Cette semaine destinée à sensibiliser le grand public à l’importance d’une pratique physique régulière s’appuie sur l’implication des comités Ufolep (1) et d’associations de terrain, parfois engagées dans l’aventure depuis plusieurs éditions…

EX-AEQUO. Initialement créée près de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) autour d’une pratique mixte du handball pour jeunes adultes, l’association Ex-Aequo propose aus-si désormais du plurisport. Également impliquée dans le sport santé, elle participe pour la troisième fois à la Move Week. « En 2013, nous nous sommes contentés d’ouvrir au grand public nos trois créneaux de soirée, explique Valérie Serbin-Lefèvre, l’une des deux éducatrices sportives à plein temps du club, qui compte 264 adhérents. En 2014, nous avons conservé ce principe et proposé en plus des animations à la mi-journée, avec l’appui d’éducateurs de

l’Ufolep : danse avec Ufo Move, exercices d’abdo-fessiers et futsal sur les communes d’Osny, Jouy-le-Moutier et Cergy. Ces animations ont touché une centaine de personnes extérieures à l’association. Cette année, nous renouvelons ces deux actions en y ajoutant une grande journée “fami-liale” à Auvers-sur-Oise, en partenariat avec le comité Ufolep : jeu de piste, parcours motricité, etc. »

BESANÇON INTERCROSSE. Portée sur les fonts baptis-maux à l’été 2014, Besançon Intercrosse a profité quelques semaines plus tard de la Move Week pour inviter les Bisontins à découvrir cette activité mixte et ludique qui, importée en France par l’Ufolep dans les années 1980 sous le nom de « crosse québécoise », demeure pratiquée dans quelques bastions. « Côté affiches et communication dans la presse, nous avons manqué de visibilité pour cette pre-mière, mais cette année nous nous y prendront davantage à l’avance » explique Emmanuelle Debrand. L’association a même estampillé « Move Week » les Jeux mondiaux d’in-tercrosse qu’elle organisait début août et qui ont réuni 65 participants venus de France, du Québec, d’Allemagne, d’Autriche, d’Italie et de République tchèque.

FOOT DE BONHEUR. L’association Foot de bonheur anime des activités sportives pour les enfants du secteur de Verdun (Meuse) et leurs camarades placés auprès de la Maison de l’enfance de Belleville : du football le samedi après-midi, mais aussi du rugby désormais, plus des acti-vités ponctuelles durant l’année : sorties nature, anima-tions sportives et culturelles… Foot de bonheur participe à la Move Week depuis le début. « Le message visant à inciter chacun à avoir une pratique sportive rejoint tout à fait notre projet, explique son éducateur, Patrick Duchêne. Et la dimension événementielle de la Move Week a non seulement permis de communiquer sur l’invitation à se “bouger”, mais aussi de mieux faire connaître notre propre action localement. Dès la première année, nous avons élargi la pratique aux parents, qui se sont retrouvés à leur tour en short, dans une atmosphère très conviviale. L’an passé, nous avons ajouté une animation trottinette. Et cette année nous continuerons dans le même esprit ! »

BASKET AVEYRON LOISIR MIXTE. L’association Balm rayonne sur Rodez et ses environs et propose – comme son nom l’indique – une pratique mixte et loisir du bas-ket, le soir en semaine, pour une centaine de licenciés regroupés en une dizaine d’équipes. « Notre engagement dans la Move Week est né d’une initiative personnelle, sus-citée par la lecture de votre magazine En Jeu, explique Steve Ferfer, secrétaire de l’association et membre du

pour lA 4e move Week, du 21 Au 27 septembre

Les associations se bougent !La Move Week fédère des événements sportifs loisir dans toute l’Europe pour inviter chacun à « se bouger ». Et s’appuie notamment, en France, sur les initiatives d’associations Ufolep. Exemples choisis.

Le message de la Move Week en faveur des activités physiques auprès

du plus grand nombre a-t-il inspiré la Commission européenne ?

Toujours est-il que celle-ci a décrété du 7 au 13 septembre 2015 une

« Semaine européenne du sport ». Les deux événements se veulent

toutefois complémentaires et non concurrents, convention de parte-

nariat à l’appui. Ainsi, même si nombre des actions fédérées par la

Move Week devaient être organisées du 21 au 27 septembre, d’autres

étaient prévues dès le début du mois.

C’était le cas de la manifestation grand public programmée samedi

12 septembre après-midi dans le cadre prestigieux du Jardin du

Luxembourg, à Paris. Les activités proposées étaient les suivantes :

marche nordique, handi-basket, gymnastique douce et suédoise…

S’y ajoutait la participation à une flashmob, baptisée « flash Move »

et reprise simultanément dans les grandes villes d’Europe, avec

pour support sonore un remix de l’Hymne à la joie de Beethoven,

que l’Union européenne a depuis longtemps fait sien. ●

AVEC LA SEMAINE EUROPÉENNE DU SPORT

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 19

Nous présentons le basket loisir non comme un sport de compétition mais comme une activité sportive où le but n’est ni de gagner ni se dépenser jusqu’à l’épuisement, mais de se bouger tout en prenant du plaisir. Et c’est un message que les gens entendent très bien. » ●

philippE BrENOT(1) Les comités organisent des manifestations spécifiques ou mènent des actions de sensibilisation originales, comme les Yvelines ou la Loire-Atlantique, qui vont au-devant du grand public sur les marchés ou dans des galeries commerciales.

comité départemental Ufolep. J’en ai parlé à mon pré-sident et au délégué départemental, Jean-Michel Sébert, et depuis nous ouvrons nos gymnases à tous ceux qui veulent essayer le basket loisir. Cette année, l’idée est aussi d’asso-cier la Ligue de l’enseignement et l’Usep pour proposer, le samedi, une rencontre “familiale” autour de la plu-riactivité, enfants et parents réunis. » Et pour la com-munication ? « Nous sollicitons les médias locaux et nous distribuons des flyers dans la rue, avec un bon retour.

ENGAGEMENT LOCAL ET LOBBYING EUROPÉENL´un des objectifs de la campagne NowWeMOVE

lancée par l´Association Internationale du

Sport et de la Culture (ISCA) en 2012, et

dont la Move Week est l´événement phare,

est de hisser l´activité physique au premier rang des priori-

tés de l´agenda politique européen. Non seulement le manque

d´exercice menace la santé publique mais les pathologies

engendrées par celui-ci coûtent chaque année 80 milliards

d’euros à l’échelle européenne (9,5 milliards en France*).

C´est pourquoi l´ISCA souhaite favoriser la mise en œuvre de

solutions novatrices et pratiques au niveau européen, en prise

avec le niveau local : « Nous accordons beaucoup d´attention au

renforcement des capacités d´accueil des clubs, et connaître les

opportunités sportives dans son quartier est un facteur essen-

tiel dans la prise de décision de pratiquer » souligne Laska

Nenova, coordinatrice de la Move Week à l´échelle européenne

au sein de l´ISCA.

Parallèlement, l´ISCA mène des actions de

lobbying, notamment auprès des députés

européens. « Si nous pouvons amener des

populations, particulièrement en centre-ville,

à se réunir et à jouer ensemble, on aura encouragé les citoyens

à être physiquement actifs, mais aussi à prendre part à la

vie de leur communauté. C´est pourquoi la Move Week est le

genre d´événement dans lequel je souhaite m´investir » affirme

Daniel Dalton, député européen anglais. Son homologue belge

Marc Tarabella – qui est également intervenu à l’Université

européenne du sport de Strasbourg – encourage pour sa part

chaque pays à soutenir la campagne NowWeMOVE et la Move

Week. « C´est même une nécessité et un devoir pour nous autres

députés européens, lorsque l´on voit les conséquences écono-

miques et sanitaires de l´inactivité physique », explique-t-il. ●

* Rapport du CEBR (Center for Economics & Business Reserch) pour l´ISCA : « Les coûts économiques de la sédentarité en Europe », juin 2015.

Pour engager son association dans la Move Week, il suffit d’inscrire un micro-événement sur le site france.moveweek.eu !

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20 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

rech

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eS i l’on se fie aux commentaires « à chaud » des 200

personnes ayant participé, comme conférenciers ou simples auditeurs, à l’Université européenne du sport (UES) conjointement organisée par l’Ufo-

lep, l’Usep et la Ligue de l’enseignement, celle-ci peut être considérée comme une réussite. Les seconds soulignaient la qualité des intervenants, sollicités en lien avec la Faculté des sciences du sport de l’Université de Strasbourg. En retour, les universitaires et autres « experts » venus témoigner d’expériences innovantes en matière de sport pour tous, de sport-santé et de citoyenneté par le sport, se félicitaient de l’attention du public et de l’intérêt des échanges : les débats se sont en effet souvent prolongés de manière informelle lors des pauses. Tous s’accordaient enfin sur le confort de travail offert par le lieu – le Palais universitaire sis au cœur de Strasbourg – et la parfaite organisation de ces trois demi-journées thématiques, introduites mercredi 8 juillet en fin d’après-midi par une cérémonie d’ouverture venue rappeler les ambitions de l’événement.

L’INDIVIDU ET LE COLLECTIF

Doyen de la Faculté des sports de l’Université de Strasbourg, le sociologue William Gasparini a souligné combien les thèmes de l’université – réunis sous trois intitulés généraux : « Grandir avec le sport », « Sport et santé » et « Les enjeux d’un projet sportif territorial » – entraient en résonnance avec les travaux de recherche menés au sein de son établissement. C’est la raison pour laquelle « de nombreux chercheurs de notre laboratoire et de notre réseau européen » ont participé à un événement qui permet un dialogue « entre acteurs et experts scienti-fiques, en dépassant nos frontières nationales et mentales, pour jeter les bases d’une réflexion sur une nouvelle culture sportive européenne partagée ».Conseillère municipale de Strasbourg déléguée aux acti-

vités physiques et sportives pour tous les publics et aux pratiques douces, Françoise Bey a observé pour sa part que ces débats concernaient au premier chef les collecti-vités territoriales. Elle a rappelé au passage le rôle pion-nier de la capitale alsacienne dans la prise en compte de l’activité physique dans l’espace urbain (1ère ville cyclable de France, également dotée de parcours de marche ou de jogging…) ou dans l’expérience de « sport sur ordon-nance » qui fait école aujourd’hui. Autant d’orientations prises au lendemain d’États généraux du sport justement organisés avec l’appui de l’Université de Strasbourg : un exercice de démocratie locale qui a contribué à « redéfinir les axes d’une politique sportive adaptée aux attentes des administrés ». L’élue strasbourgeoise s’est donc félicitée que l’UES puisse élargir une telle approche « à l’ensemble des territoires français et européen ».Entre deux réunions, le député européen de nationalité belge Marc Tarabella a également apporté son soutien à l’UES et rappelé que le sport et ses pratiques avaient désormais droit de cité « au sein de la Commission euro-péenne, où depuis la dernière mandature un commissaire est en charge des sports », tandis qu’un « intergroupe sport réunissant 70 élus » existe au sein du Parlement de Strasbourg. Maire d’une commune de 4000 habitants, il encourage aussi « le sport amateur, le sport citoyen », en soutenant les clubs et des actions de promotion du sport pour tous.Ce fut enfin au tour des co-organisateurs (1) de s’expri-mer. Jean-Michel Ducomte, président de la Ligue de l’enseignement, a replacé les débats dans le cadre de la construction européenne, en observant que si « l’Europe doute aujourd’hui, il y a 50 ans elle était portée par les idées de rapprochement des peuples, de culture de la paix et de réduction des différences ». Jean-Michel Sautreau, président de l’Usep, prolongea son propos en demandant :

université européenne du sport de strAsbourg

Une première réussieDu 8 au 10 juillet, le « sport citoyen » a bénéficié d’une tribune à l’échelle européenne. Rendez-vous en 2017 pour la seconde édition.

DES ACTES BIENTÔT EN LIGNELes Actes de la 1ère Université européenne du sport seront

prochainement mis en ligne. Ils proposeront la retranscrip-

tion des interventions orales et des liens vers les Powerpoint

dont les intervenants auront accepté la libre consultation.

On y trouvera l’ensemble des interventions en plénière et en

atelier des trois grandes thématiques de l’UES 2015 :

Grandir avec le sport : Pierre Parlebas (plénière), Kalliopi

Trouli, Pascale Garnier, Laurent Lescourach, David Le Brenton

(conférenciers), Roisin Lochrin Hopkins, Mélanie Schoger,

Mikka Neuvonen, David Blough, Usep (témoignages).

Sport et santé : Martine Duclos (plénière), Sandrine Knobé,

Mathieu Vergnault, Simone Di Gennaro, Julien Pierre

(conférenciers), Lauren Logan, Richard Gormley, Karen

Creavin, Flavia Epureanu, Patrick Laure et Martine Roegel,

Pierre Mbas, Corinne Pacaud, Maxime Lethu (témoignages)

Enjeux territoriaux : William Gasparini (plénière), Marina

Honta, Elke Grimminger, William Gasparini, Michel Koebel

(conférenciers), Edurado Balekian, Lian Lawrence, Milan

Hosta, Jennifer Osthus, Yassire Bakhallou, Marie-Françoise

Potereau, Haïfa Tlili, Noemie Garcia Ajona (témoignages). ●

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 21

avons la solution : il ne reste plus qu’à la mettre en œuvre. » Or pour cela, a observé le président de l’ISCA, il faut « dépasser le cercle des convaincus » qui composent les rangs de cette université.Justement, le but de l’UES est que ses débats se traduisent « par des propositions aux politiques, à la société civile » a insisté en conclusion Philippe Machu. S’exprimant à la suite de la vice-présidente de l’Usep Véronique Moreira – qui mit en évidence « l’apport de formation » d’un tel événement pour les « militants » – le président de l’Ufo-lep a pointé « les enjeux politiques » liés à l’accessibilité des pratiques, au bien-être et à la santé ou à l’ambition de « faire société ». « Ce premier rendez-vous est un suc-cès, s’est félicité Philippe Machu. C’est aussi un point de départ vers d’autres initiatives », notamment « la mobili-sation des acteurs du sport à travers des événements terri-toriaux » destinés à entretenir la dynamique enclenchée à Strasbourg et contribuer à nourrir les réflexions de la seconde édition de l’Université européenne du sport, « que nous pourrions tenir en 2017 ». Le rendez-vous est donné. ● philippE BrENOT

(1) Les trois co-organisateurs se sont félicités que, plus de dix ans après la fin de l’Université du sport de Bombannes, l’UES ait réuni tout le « mou-vement », avec une collaboration dans le choix des contenus et l’anima-tion des ateliers.

« Le sport peut-il contribuer à la construction européenne ? Et le sport scolaire peut-il jouer un rôle prospectif ? » avant d’apporter « un oui franc et massif » aux deux questions. Puis Philippe Machu, président de l’Ufolep, déclara les travaux ouverts.

DÉPASSER LE CERCLE DES CONVAINCUS

Il serait hasardeux de vouloir les synthétiser ici en quelques mots. C’était pourtant l’exercice orchestré en clôture, vendredi 10 juillet, par Stanislas Frossard, responsable de la division sport au Conseil de l’Europe. Étaient désignés pour cela la vice-présidente de l’Usep Françoise Petit (thématique « Grandir avec le sport »), le Dr Alexandre Feltz, conseiller municipal de Strasbourg en charge de la santé (« Sport santé »), et le président de l’Association internationale pour le sport et la culture (ISCA), Mogens Kirkeby (« Enjeux territoriaux »). Ce dernier s’en est sorti très adroitement en mettant en exergue une citation de chaque intervenant des ateliers dont il était invité à rendre compte. Il s’offrit même le luxe de résumer l’esprit de l’UES en citant deux interve-nants de la thématique « sport et santé ». Le Dr Martine Duclos tout d’abord : « Les choses changent. Nous com-mençons à être entendus. Est-ce assez vite, assez tôt ? » L’universitaire italien Simone Di Gennaro ensuite : « Nous

INSTALLER L’UNIVERSITÉ EUROPÉENNE DU SPORT DANS LA DURÉEL’enjeu de cette première édition était d’asseoir la crédibilité

de l’UES. Il convient désormais de s’appuyer sur cette première

édition pour l’installer durablement dans le paysage européen.

FRÉQUENTATION. Environ 200 personnes ont participé à l’UES,

dont près de 40 intervenants. Si cela est satisfaisant pour une

première, l’UES a vocation à mobiliser un public plus large et

devra à l’avenir dépasser davantage les frontières de notre mou-

vement, avec plus de représentants des collectivités locales.

EUROPE. Si la dimension européenne s’est traduite dans les inter-

ventions (avec des orateurs venus d’Allemagne, d’Espagne, de

Finlande, de Grèce, d’Italie, de Roumanie, du Royaume-Uni et de

Slovénie), cette diversité ne s’est pas retrouvée parmi le public.

PRÉCONISATIONS. Chaque atelier était censé déboucher sur des

préconisations à proposer aux responsables politiques et aux

acteurs du sport. Mais celles-ci n’ont pas toujours été claire-

ment formulées.

ENGLISH. À la différence de nos hôtes, souvent polyglottes,

la maîtrise des langues étrangères nous fait souvent défaut.

Reste deux ans pour travailler notre anglais… ●

Les intervenants et les participants présents à la clôture des débats se sont prêtés à une « photo de famille » sur les marches du Palais universitaire.

Phili

ppe

Bren

ot

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22 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

sport à pratiquer ou dans une conception abstraite d’un athlète à former, mais ceux qui partent des individus pour qu’ils prennent conscience d’eux-mêmes afin de parvenir au maximum de leurs potentialités.

2. Raisonnable. Au deux sens du terme : inspiré par la raison et guidé par la mesure. La paix civile est un bien trop précieux pour qu’on fasse de « la Terre un Enfer parce qu’on n’est pas d’accord sur le Ciel » ! Il faut donc être raisonnablement accommodant, sans accepter pour autant tout et n’importe quoi. Mais si on doit réprimer des comportements contraires au respect des libertés et des consciences, il est vain de vouloir contraindre à abandon-ner des convictions fausses. Il faut convaincre sur leurs erreurs et faire partager des réponses plus pertinentes. En démocratie, il n’y a pas d’autres voies que la démo-cratie, qui suppose que soient respectés dans le même temps chaque personne, l’intérêt général, l’éthique du débat et le temps nécessaire à la maturation des idées, car il n’y a pas de raccourci historique pour faire évoluer les mentalités. Dans le traitement des comportements irritants, il faut se départir de l’idée que nous serions les seuls détenteurs de l’idée du bien et de n’accepter « l’Autre » qu’à la condition qu’il ne soit plus lui-même, ne le distinguer que s’il décide de nous ressembler, ne l’admettre que s’il renonce à tout ce qu’il fut. Il faut au contraire faire émerger tout ce qui relie et donc mettre en lumière la part d’universel contenue dans chaque culture spécifique, penser à la fois l’universel et le singulier, la solidarité et la diversité, l’unité et le pluralisme.

3. Rigoureux. Prendre en compte les situations concrètes et apporter des réponses adaptées, sans tomber dans une gestion au coup par coup dénuée de principes, exige d’être juste et rigoureux. Parce que nous sommes des éduca-teurs, nous savons que, s’il ne faut pas varier sur les buts à atteindre, on peut admettre que tout le monde n’avance pas à la même vitesse, ni n’emprunte forcément les mêmes chemins pour y parvenir. Cela suppose des efforts pour expliquer les décisions prises car nous vivons de plus en plus dans une démocratie de consentement qui exige de faire la preuve constante du bien-fondé d’une norme, d’une valeur ou d’une décision, notamment en associant les personnes concernées à leur élaboration : ce n’est pas juste parce c’est la loi, c’est la loi parce c’est juste.

4. Rassembleur. Si l’on est respectueux des singula-rités, raisonnable et rigoureux dans le traitement des

Pour l’Ufolep, le sport, s’inscrivant dans une démarche d’éducation populaire, est un bon moyen de faire vivre concrètement la laïcité. Soyons convaincus qu’il y a bien une manière

laïque de faire, par exemple, du vélo à l’Ufolep. Non pas parce qu’à chaque sortie il y aurait des prédicateurs déve-loppant les vertus laïques mais en raison de la posture des animateurs et par les modalités d’actions qu’ils mettent en œuvre dans un fonctionnement réellement associatif.Le sport, au-delà des émotions et des plaisirs qu’il pro-cure, est facteur de cohésion sociale. Il facilite une démarche laïque conciliant les volontés émancipatrices des éducateurs et les exigences de reconnaissance des participants. Il invite à faire, à vouloir mieux faire, à prendre conscience de ce qu’on est capable de faire et ainsi de construire une image positive de soi. Mais sa pratique n’est pas à l’abri des conflits que la diversité ne manque pas d’engendrer dans une société où nos concitoyens s’étaient progressivement habitués à plus de discrétion dans les affichages religieux ou iden-titaires. Si l’on veut résoudre ces conflits, ce n’est ni en les niant ni en voulant les interdire mais en les dépassant dialectiquement. Pour cela, je vous propose quatre « R » pour « être » et un ABCD pour « agir ». Il ne s’agit naturel-lement pas d’un catéchisme à appliquer à la lettre mais d’un guide pour vous aider à agir avec discernement pour vous adapter aux diverses situations.

QUATRE « R » POUR « ÊTRE » :

1. Respectueux des personnes et de la diversité. Bien des problèmes se résolvent plus facilement quand les personnes ont le sentiment d’être reconnues, que leurs convictions sont respectées et que leurs demandes sont correctement traitées. Notre société est pluriculturelle et il nous faut prendre en compte cette pluralité. Si nous n’étions pas différents, nous ne formerions pas une société. Si l’idéal était pour chacun de correspondre à un individu modèle abstrait, rationnel et sans spécificité particulière, la vie aurait peu d’intérêt. La démocratie se caractérise certes par l’égalité en droit des citoyens, mais aussi par la reconnaissance mutuelle de ses membres comme appartenant à un même espace de vie, de dia-logue et d’échange. Le respect de l’égale dignité de cha-cun exige de considérer les personnes pour ce qu’elles sont et non pas simplement pour ce qu’elles doivent être. Cela ne pose pas problème pour des éducateurs sportifs car vous savez bien que les meilleurs entraîneurs ne sont pas ceux qui s’enferment dans une vision théorique du

foru

mun « guide » pour les AssociAtions et les comités

Faire vivre la laïcité à l’UfolepVice-président de la Ligue de l’enseignement, Pierre Tournemire propose quelques règles de conduite pour agir « avec discernement » face aux situations où le principe de laïcité peut sembler mis en cause.*

*La version intégrale de ce texte « Laïcité dans le sport » est téléchargeable sur www.laicite-laligue.org Un guide pratique destiné au réseau Ufolep est également en préparation.

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D : Dialoguer. Pour agir sur les mentalités, rien ne rem-place l’organisation d’un dialogue ouvert, généreux et rigoureux. Mais débattre exige à la fois l’affirmation de convictions profondes et l’exercice de cette faculté si riche de l’esprit : le doute, c’est-à-dire considérer qu’il peut y avoir une part de vérité chez l’autre, qui permet l’enri-chissement de ses propres positions par un vrai débat. C’est en effet dans la confrontation avec l’altérité qu’on se construit comme personne libre et qu’on forge ses propres convictions. Ce n’est que lorsque celles-ci ne sont pas suf-fisamment affirmées qu’on a tendance à transformer en conflit la confrontation amicale dans le dialogue, à subs-tituer à l’empathie avec l’autre la méfiance à son égard. Quand on se sent fort dans ses convictions, on a envie de découvrir l’autre. Quand, au contraire, on est faible on a peur de partager car on craint de se perdre dans l’altérité.

POUR CONCLURE

Les questions concrètes qui nous sont posées ou risquent fort de l’être – créneaux réservés dans les piscines, port de signes d’appartenance religieuse, revendications ali-mentaires, pratique du jeûne pendant les activités, prières – doivent être traitées à la lumière de ce que je viens de dire, en examinant chaque situation dans le res-pect des personnes et des exigences collectives. Pour que la laïcité soit une valeur partagée, il nous faut gérer intelligemment les prescriptions et les interdits religieux. Il est indispensable de ne pas mettre le croyant dans l’alternative d’avoir à enfreindre les interdits de sa religion ou de transgresser les contraintes juridiques ou sociales. Dans le strict respect de la loi de 1905, l’affi-chage des appartenances, les revendications alimentaires, vestimentaires ou autres relèvent d’un choix personnel et doivent être examinées à l’aune des problèmes réels qu’ils occasionnent pour les autres ou pour le fonctionnement social. On ne doit pas juger les personnes sur ce qu’elles sont, sur ce qu’elles pensent, ou sur leur apparence, mais sur ce qu’elles font. Nous n’avons pas à condamner des idées ou des signes mais des comportements répréhen-sibles. L’affichage libre et volontaire des convictions per-sonnelles, philosophiques, politiques ou religieuses n’est pas a priori contraire à la laïcité sauf s’il génère des com-portements inacceptables. C’est sur cette base que toute mesure d’interdiction doit être justifiée et explicitée, non sur des considérations religieuses, mais pour préserver l’intérêt général et notre projet éducatif. ●

revendications, on peut être alors rassembleur. En étant rigoureux et sans complaisance mais en faisant preuve d’empathie, on permet aux personnes d’accepter de concéder de leur propre culture la part nécessaire pour vivre intelligemment avec d’autres, sans pour autant renoncer à l’essentiel. Pour faire vivre ensemble des personnes différentes, il faut proposer des perspectives partagées et inviter chacun à apporter sa pierre pour construire un destin commun.

UN A-B-C-D POUR « AGIR »

A : Analyser. Le réel est têtu et la laïcité ne peut se cantonner au ciel des idées. Il est donc important de rester lucides et sereins pour analyser le contexte dans lequel se déroulent nos activités. Même si ce n’est jamais facile face à des problèmes « urticants », c’est pourtant souvent la meilleure façon de les résoudre ! Si une reven-dication relève d’une démarche sincère, il y a toujours une issue raisonnable, conforme aux principes laïques. Et s’il s’agit d’une démarche provocatrice, on ne gagne jamais à entrer dans la provocation. Il faut donc à la fois éviter les dramatisations à propos de manifestations ou de revendications religieuses, et ne pas rester inerte face à des revendications ou des comportements contraires aux libertés fondamentales, aux droits des personnes, à l’égalité homme-femme… Cela suppose de hiérarchiser les problèmes rencontrés et d’éviter autant que possible de tomber dans l’émotionnel, ce qui suppose souvent de résister aux effets médiatiques.

B : Bosser. Mais pour analyser correctement, il faut « bos-ser ». (J’aurai du dire travailler mais il me fallait un B). Trouver des solutions pertinentes exige en effet de tra-vailler, car il n’y a que dans le dictionnaire que la Réussite précède le Travail ! Il ne suffit pas de vouloir ce qui est bien, il faut savoir ce qui est juste et donc connaître le cadre juridique de la laïcité, la philosophie politique qui l’a inspiré et l’histoire qui l’a mis en place. Il faut faire un effort pour dépasser les évidences qui n’en sont pas, les représentations fausses ou incomplètes liées au manque de connaissances historiques ou culturelles. Ce travail indispensable doit se conduire dans une réflexion liée à l’action, aux problèmes locaux concrètement rencontrés. Pour cela, de nombreux outils sont disponibles : des publications ou ouvrages, le site laicite-laligue.org… Et je me réjouis que la publication d’un guide spécifique pour le secteur sportif de la ligue de l’enseigement soit en préparation.

C : Comprendre sans être complaisant. Si l’on veut affronter des situations conflictuelles dans la perspective de les surmonter, il faut comprendre leur nature réelle et les motivations profondes des personnes concernées. Il faut faire preuve d’empathie, c’est-à-dire comprendre le point de vue d’autrui, concevoir son expérience, sa pensée, ses sentiments, sans pour autant se fondre et se confondre avec lui. C’est en faisant confiance qu’on génère la confiance, la suspicion entraînant la méfiance. C’est dans ce cadre et cette démarche qu’on peut appré-cier la nature réelle des revendications religieuses de ceux qui s’estiment mal acceptés par la société française et qui trouvent dans la religion une dignité qu’ils esti-ment malmenée, voire un sens à leur vie.

Pierre Tournemire lors de son intervention – très applaudie – à la tribune de l’assemblée générale de l’Ufolep, le 26 avril 2015 à Orléans.

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clusion par le sport (Dips) sera progressivement élargi.D’une durée de une à deux heures, les séances sont heb-domadaires et l’éducateur Ufolep accompagné du tra-vailleur social attaché à ces personnes dont il connaît les fragilités. « La confiance s’est très rapidement instal-lée entre l’éducateur sportif et les résidents, qui après quelques séances se sont même enhardis à proposer eux-mêmes des activités », témoigne Aline Venant, du centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) de Romorantin (Loir-et-Cher), qui de son côté passe un coup de télé-phone aux résidents volontaires la veille de l’animation sportive « afin de leur rappeler le rendez-vous et de les remotiver si besoin ».

PRATIQUE PARTAGÉE

Mais cela n’est pas toujours nécessaire, en particulier pour les demandeurs d’asile, très demandeurs d’une acti-vité qui leur permet de s’entretenir physiquement et de rompre leur isolement. « Quand je fais du sport, je souffre

Ils et elles ont fui leur pays, sont en situation d’iso-lement ou d’exclusion, subissent des violences à leur domicile ou se trouvent aux prises avec des addictions. Ces personnes ne sont pas à la rue mais

hébergées en centre d’accueil des demandeurs d’asile, de réinsertion sociale, en accueil de jour et autres établisse-ments sociaux chapeautés par la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) Centre-Val-de-Loire. Autant d’hommes et de femmes aux profils très différents qui se voient proposer une pratique sportive régulière encadrée par l’Ufolep.« Au-delà de l’urgence de leur trouver un toit, nous avons le souci de favoriser leur bien-être physique et mental » explique Yassire Bakhallou, conseiller en animation spor-tive à la DRJSCS. L’an passé, cette action expérimentale a concerné plus de 600 personnes dans une cinquantaine d’établissements répartis dans les six départements de la région : Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et Loiret. Reconduit à la rentrée, ce Dispositif d’in-re

port

age « inclusion pAr le sport » en région centre

Le sport, malgré la précaritéEn partenariat avec la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) Centre-Val-de-Loire, l’Ufolep anime dans les six départements de la région des ateliers sportifs pour des personnes en difficulté sociale.

Le dispositif étrenné en région Centre

a permis de développer l’emploi et le

champ « sport et société ».

Tous les comités Ufolep de la région

n’étaient en mesure de proposer d’em-

blée les animations sportives prévues

par le Dispositif d’inclusion par le

sport. Grâce aux financements conjoints du dispositif Cap

Asso (Conseil régional) et du Centre national de développe-

ment du sport (CNDS, qui dépend de l’État), quatre postes,

financés à 80% sur quatre ans, ont été créés à la rentrée

2014 : trois d’éducateurs départementaux (Cher, Eure-et-

Loir, Indre-et-Loire) et un de coordinatrice régionale.

Dans le Cher, le dispositif a également permis d’enclencher

toute une dynamique autour du développement du champ

« sport et société », sur lequel le comité était jusqu’alors

absent. Parallèlement au Dips, et fort des orientations don-

nées par une équipe d’élus renouvelée, le délégué départe-

mental et l’éducateur se sont investis

sur d’autres projets, comme les séjours

« Fun Creps » durant lesquels des jeunes

rencontrent un sportif de haut niveau

mais pratiquent aussi des activités

sportives variées et sont sensibilisés à

des thématiques « citoyennes » (han-

disport, santé, nutrition, mixité...).

Désormais, le comité anime également des séances d’acti-

vités physiques pour des personnes en recherche d’emploi

en formation à l’Ifrep (Institut de formation et recherche

éducation permanente), pour des adolescents suivis par la

PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) et pour des déte-

nus de la Maison d’arrêt de Bourges (1). Enfin, l’Ufolep du

Cher est en contact avec l’Épide d’Osmoy, dédié à insertion

des jeunes les plus éloignés de l’emploi, afin d’y encadrer

des activités innovantes. ● ph.B.(1) Des interventions qui, comme pour les établissements touchés via le Dips, ont donné lieu à l’affiliation de ces structures à l’Ufolep via la formule C3S réservée aux associations à objet non sportif.

COMITÉS UFOLEP : CRÉATIONS D’EMPLOIS ET DYNAMIQUES DÉPARTEMENTALES

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 25

« inclusion pAr le sport » en région centre

l’ACSC, une structure du Secours catholique, accueille des femmes victimes de violences conjugales » précise l’éduca-teur sportif. Les trois créneaux hebdomadaires proposés réunissent en moyenne dix à douze personnes : activités de plein air le mardi matin, sports collectifs et renforce-ment musculaire le mardi soir, sports innovants et jeux de raquette le vendredi matin…« Pratiquer du sport me fait un bien fou : je m’évade, je décompresse, je me défoule. Me sentir bien dans mon corps me motive aussi pour avancer dans ma vie » confie Nathalie Rougy, résidente du Groupe d’entraide mutuelle (Gem Amila) de Blois. Or l’une des finalités du projet est justement d’aider ces personnes en situation pré-caire, souvent fragilisées psychologiquement, à retrouver confiance en elles, à se prendre en main. Aussi, afin d’en mesurer les effets attendus, la DRJSCS et l’Ufolep ont conçu un « livret de suivi » qui renseigne sur l’investissement de chaque participant, son autonomie et son hygiène de vie, avec une part d’auto-évaluation. S’y ajoutent une évaluation des séances par les animateurs sportifs et une enquête de satisfaction auprès des éta-blissements. Les retours sont généralement excellents, et la rentrée 2015 verra l’élargissement du projet à d’autres établissements sociaux, tandis que d’autres fédérations sportives pourraient aussi le rejoindre. En attendant peut-être, l’an prochain, l’ouverture du projet à de nou-veaux publics, comme les personnes en situation de han-dicap ou les habitants des quartiers prioritaires et des communes situées en zone de revitalisation rurale. ●

lAëTiTiA BONNEvillE, cOOrdiNATricE du prOjET pOur l’ufOlEp

un peu mais après je suis contente, je me sens mieux confie Viviane, 27 ans, originaire du Tchad, hébergée au Cada de Blois. Et puis cela me permet de faire des connais-sances : maintenant, il m’arrive de croiser en ville des gens que je connais. Et si au début je vouvoyais les autres, aujourd’hui on se dit “tu” et on discute sur nos vies. »« Durant l’année, le nombre de participants et leur impli-cation n’a fait que croître, toutes structures confondues » confirme Sébastien Nourry, éducateur sportif à l’Ufolep Loir-et-Cher. Les plus « anciens » se chargent en effet eux-mêmes de la promotion de l’activité auprès des nou-veaux arrivants ! « Outre les bienfaits physiologique de l’activité, nous travaillons sur l’estime de soi et le rela-tionnel, tout particulièrement à Blois où nous accueillons conjointement les publics de trois structures différentes. Cette hétérogénéité complique parfois un peu la mise en place des ateliers, mais au final chacun y trouve son compte. Sans le sport, ces personnes ne se seraient jamais croisées, et côtoyer des partenaires de jeu confrontés à d’autres types de problèmes permet parfois de relativiser sa propre situation » observe l’éducateur.

PLEIN AIR, SPORTS COLLECTIFS ET INNOVANTS

Cette diversité des publics, son homologue Benoît Colliot y est également confronté dans le Cher, où à ce jour cinq structures sont parties prenantes du projet. « Les deman-deurs d’asile sont principalement des hommes de 18 à 35 ans tandis que le public de l’accueil de jour (hébergement d’urgence) est mixte et légèrement plus âgé. La “pen-sion de famille”, ce sont généralement des hommes de 45 à 65 ans, et le “relai” des mères avec enfants. Enfin,

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Lors des séances en gymnase, les pratiques innovantes permettent de mélanger plus facilement les publics.

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26 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

auprès des jeunes des quartiers ou en difficulté. Mais cela se faisait souvent sans avoir suffisamment réfléchi sur ce qui, dans le sport, permet de socialiser, d’éduquer, d’insé-rer ou de développer des compétences professionnelles. Désormais, le but est davantage de favoriser l’épanouis-sement et le bien-être des personnes. C’est moins ambi-tieux, mais plus réaliste. On considère le sport comme un élément de la culture commune auquel chacun doit avoir accès, mais sans le parer de toutes les vertus ni sans y voir la solution à tous les problèmes : c’est en tout cas l’approche qui semblait faire consensus lors du colloque. Si la pratique sportive permet à la personne de se sentir mieux dans sa peau et d’en rencontrer d’autres, de tisser du lien social, le principal objectif est déjà atteint.

Cette approche est-elle partagée par tous les acteurs sportifs ? Dans le passé, la prise d’une licence dans un club était généralement présentée comme gage de réussite d’un processus de sociabilisation…L’une des tables rondes du colloque s’intéressait jus-tement à la place que le monde du sport accorde – ou non – à ces publics. Cette table ronde a mis en évidence deux éléments : d’une part, orienter les bénéficiaires du dispositif vers une pratique régulière en club n’appa-raît pas comme une priorité ; d’autre part, l’offre spor-tive ne répond pas aux attentes d’un public qui n’est pas attiré par l’idée de compétition, de dépassement de soi, ni même de progression technique. Or cette approche demeure celle de la plupart des clubs, au détriment de celle qui considère le loisir et le bien-être comme une fin en soi. Même le président du Comité régional olympique et sportif (Cros) a fini par convenir que ce serait bien que les associations sportives puissent aussi répondre à ces aspirations-là : faire du sport pour s’amuser, sans ce rap-port compétitif qui peut être anxiogène pour ces publics en difficulté, et les éloigner des bienfaits d’une pratique régulière, tant sur le plan physique que psychologique. ●

rEcuEilli pAr philippE BrENOT

F rançois Le Yondre, invité du colloque organisé le 16 juin à Orléans pour fêter la première année du Dispositif d’inclusion par le sport (Dips), vous êtes intervenu sur la pratique

des « personnes vulnérables » : qui sont-elles ?Ce terme de « personnes vulnérables » est avant tout une facilité langagière qui permet de réunir sous un même vocable des publics très différents. Par exemple, j’ai moi-même beaucoup travaillé auprès de chômeurs de longue durée, tandis que le dispositif développé en région Centre s’adresse à la fois à des demandeurs d’asile, des femmes battues et des personnes en situation de handicap mental. Il s’agit néanmoins de personnes qui éprouvent toutes, à un moment de leur vie, le besoin de se ressaisir ou d’être accompagnées pour se reconstruire. C’est d’ailleurs l’un des objectifs affichés de l’offre de pra-tique sportive qui leur est destinée : les aider à retrouver un équilibre ou un mode de vie plus sain.

Quel regard portez-vous plus précisément sur ce dis-positif innovant ?Je ne me suis pas penché sur ce public ni sur ce dispo-sitif en particulier, même si j’ai contribué à la formation de travailleurs sociaux impliqués dans celui-ci. J’observe toutefois qu’il s’inscrit dans une démarche nationale, engagée par le ministère des Sports, qui marque une inflexion des objectifs généralement assignés à ce type d’interventions. Auparavant primait le souci de « trans-former » l’individu, afin qu’il s’intègre au corps social. Évidemment, il était louable de vouloir utiliser le sport pour cette vocation sociale – comme cela fut aussi le cas

« Favoriser le bien-être des personnes »Pour le sociologue François Le Yondre*, le dispositif expérimenté en région Centre illustre une nouvelle façon d’envisager la pratique sportive des personnes en situation de précarité.

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La marche nordique, plébiscitée par les demandeurs d’asile du centre d’accueil de Châteauroux.

Conseiller en animation sportive à la DRJSCS Centre-Val-de-Loire,

Yassire Bakhallou ([email protected]) revient sur

la genèse du Dispositif d’insertion par le sport.

« L’inclusion sociale se définit comme un processus “permettant

aux personnes en danger de pauvreté et d’exclusion sociale de

bénéficier des possibilités et des ressources nécessaires pour parti-

ciper à la vie économique et sociale, en jouissant d’un mode de vie

considéré comme normal dans la société dans laquelle ils vivent.” À

la DRJSCS Centre-Val-de-Loire, nous avons souhaité favoriser cette

inclusion sociale au moyen du sport, avec un dispositif innovant

construit en collaboration avec l’Ufolep : le “Dips”, qui a suscité

un réel engouement. La mixité des publics, venus d’établissements

différents, est également une réussite, tout comme le tandem édu-

cateur sportif-travailleur social. » ●

« UN MODE DE VIE NORMAL »

*François Le Yondre est maître de conférences à l’université Rennes 2.

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 27

seau

Relevées sur l’une des affiches de la petite

exposition retraçant à Villeneuve-d’Ascq

40 ans de « militantisme », ces quelques

phrases traduisent bien l’esprit de l’époque :

« Elles sont tout : gymnastes, entraîneurs,

juges, managers, personnel administra-

tif, formatrices… Mais encore, elles font

des bébés, travaillent, ont une famille…

Mais encore, ont grand plaisir à se retrouver pour développer cette

activité appelée successivement : gymnastique Medau, gymnastique

moderne, gymnastique rythmique et sportive, gymnastique ryth-

mique. Mais encore, elles gardent dans leur cœur un grand bonheur

de cette construction partagée. » ●

FÉMINISME ET JUSTAUCORPS

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40 ans de GRS UfolepLes pionnières de l’activité se sont retrouvées fin mai lors de la finale nationale par équipe. L’occasion d’un coup d’œil dans le rétro.

AnniversAire

d’outils pédagogiques de base pour tous les débutants : programme de masse et pré-collectif, création de degrés de maîtrise, festival… Enfin, l’Ufolep a donné à ces « éclaireuses » les moyens de se retrouver une semaine par an pour formaliser ces contenus, puis animer en région des stages d’initiation qui ont aussitôt suscité un véritable engouement.Quarante ans après, où en est la GRS à l’Ufolep ? Eh bien, même si parallèlement l’activité s’est également dévelop-pée au sein de la Fédération française de gymnastique, en 2013 elle a franchi dans nos rangs le cap des 10 000 licencié(e)s et les rassemblements nationaux, comme celui de Villeneuve-d’Ascq, témoignent de sa vitalité. On peut également se féliciter que, fortes de la progression des activités d’expression, les féminines représentent désormais la moitié des effectifs de l’Ufolep, toutes dis-ciplines confondues ! Souhaitons à celles qui ont repris le flambeau le même plaisir, dans l’innovation et la diversité. Car les « anciennes » en sont persuadées : c’est bien le parti-pris d’une GRS pensée « autrement », au service du sport pour tous, qui a fait le succès de ce qui était alors toute une aventure ! ● ANNiE KrEmpf

*Sur la photo 2015 ci-dessus, on reconnaîtra (de gauche à droite) : Élisabeth Mattéo, Nelly Aradan, Françoise Péchillon, sa sœur Isabelle Jacquet (médaille d’honneur de l’Ufolep lors de la dernière AG d’Orléans), Élisabeth Lebecque et Annie Krempf. Annie Krempf, qui signe cet article au nom de toutes ses camarades, est par ailleurs élue nationale de l’Ufolep et désormais présidente du comité de Dordogne.

L e 30 mai, la finale nationale des championnats de gymnastique rythmique et sportive par équipe organisée à Villeneuve-d’Ascq (Nord) a permis de fêter les 40 ans de la création de la commission

technique chargée de l’activité à l’Ufolep. Aux pionnières réunies pour l’occasion se sont jointes toutes celles qui en ont été membres et fréquentent encore nos champion-nats. En leur honneur, plusieurs équipes du Nord et leurs entraîneurs ont même exécuté le tout premier « imposé » créé pour un « programme de masse » : un enchaînement à quatre pour débutantes qui était encore présent dans bien des mémoires. Surtout la musique, dont l’air fut joyeusement repris en chœur !Cet événement a également permis de mesurer le chemin parcouru depuis les années 1970, quand le combat pour l’égalité hommes-femmes se jouait aussi sur le terrain de la pratique sportive : à l’époque, l’Ufolep était encore essentiellement masculine et principalement tournée vers la compétition. Néanmoins, même si elles ont dû lutter pour cela et vaincre certaines réticences, l’Ufolep a permis à des femmes décidées de mettre en place une activité sportive féminine artistique. Une activité venue des pays d’Europe de l’Est et alors tout juste naissante en France, où tout restait à structurer, et même à inventer !Plusieurs éléments ont concouru au succès de la GRS Ufolep. Le premier fut probablement la farouche volon-té de ces femmes, presque toutes professeures d’EPS, de construire un projet de développement cohérent. Ensuite, ces enseignantes étaient à la fois impliquées dans le sport scolaire UNSS et dans le sport loisir Ufolep, ce qui a favorisé des échanges fructueux et la création

D’un stage à Draguignan en 1979…

… au national par équipe de Villeneuve-d’Ascq en 2015 : une complicité intacte ! *

À l’occasion des 150 ans de la Ligue de l’enseignement, En Jeu met l’accent sur des engagements sportifs qui ont contribué à son rayonnement et à celui de l’Ufolep.

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 2928 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

bien simple et semble aujourd’hui si désuète, est l’acte fondateur qui fait du rugby un sport à part.Pour vous en convaincre, prenons le système inverse : imaginons un changement de règlement qui permettrait de passer la balle dans n’importe quelle direction. Les répercussions de cette évolution iraient bien au-delà de la simple adaptation des tactiques de jeu. Il se créerait alors une véritable rupture dans l’équipe entre les don-neurs d’ordre, les lanceurs de ballon, et les exécutants, les coureurs. Un système de type plus monarchique en quelque sorte…Il y a dans cette explication une certaine logique socio-logique qui se justifie dans l’historique de la genèse rug-bystique. Ou plutôt dans l’histoire de la passe en retrait, car celle-ci commence bien avant la création même de ce sport. Eh oui ! surprise, le principe de passer uniquement le ballon vers l’arrière était déjà instauré ce jour de 1823 où William Webb Ellis se saisit avec les mains de la balle sur ce fameux terrain de Rugby qui, à ce moment-là, n’en était pas encore un. Comment était-ce possible ? Tout simplement parce que le jeu de « foot-ball » que le jeune impudent avait perturbé, et qui consistait en un affronte-ment entre deux équipes dont la finalité était d’envoyer au pied une balle passer entre les poteaux en forme de T de l’adversaire, ce « foot-ball », donc, comportait déjà ce principe de transmission de la balle. Il existait en effet dans cette distraction à la mode à l’époque un usage qui autorisait un joueur à prendre le ballon dans ses mains, à condition qu’il le passe en arrière à son partenaire, seul autorisé alors à viser les poteaux et à marquer.Le fait de toujours devoir transmettre le ballon à un coé-quipier situé en retrait date donc, au plus tard, du début du xixe siècle, voire même avant, du xviiie. Or cette époque est marquée, en Europe, par la montée des systèmes démo-cratiques comme modèles de gouvernance. (…) ●

© éditions Prolongations

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Morceaux choisis lAurent bénézech

Éloge de la passe en retrait

A ussi longtemps que le ballon se donnera en retrait unique-ment, le rugby possèdera un effet suranné qui n’est pas

près de s’évaporer. Cette règle apporte avec elle les époques passées comme autant de cultures dont ce sport ne pourra se détacher. À chacune de ces passes, une légère traînée sépia lui fait traverser le temps sans qu’il ne prenne un grain de modernité. C’est là sa grande différence.Les autres pratiques sportives n’ont, elles, dans leurs règlements aucun reflet de temporalité. Elles sont seu-lement identifiées par leur actualité. Pour mieux le comprendre encore, posons ici un œil de sociologue et de philosophe. Le principe de la passe uni-quement vers un partenaire situé en retrait est en effet fortement chargé en valeurs symboliques. Il représente le passage de témoin entre le maître, celui qui est devant, et l’élève, celui qui se tient derrière. Le fait que le règle-ment s’applique pour tous de manière similaire va même plus loin dans le signifiant. Il fait de ce sport une repré-sentation quasi idéale d’un régime de type démocratique, tout au moins dans sa définition initiale. Chaque membre de l’assemblée est appelé à être l’élu, le porteur du bal-lon, tout en sachant qu’il devra laisser la place, la passe, à un partenaire dès qu’il le jugera nécessaire en faveur du bien collectif. Ainsi chaque individu est-il à même d’exercer le pouvoir et de le laisser selon les intérêts de la communauté. Et cette règle, qui au départ paraissait

ANATOMIE D’UNE PARTIE DE RUGBYQuinze fois international dans les années 1990, ancien pilier de

Pamiers, du Stade Toulousain, du Racing, des Harlequins de Londres

et du RC Narbonne, Laurent Bénézech a publié en octobre 2014

Rugby, où sont tes valeurs ?, ouvrage où il étayait ses accusations de

dopage et de surmédicalisation dans le rugby professionnel. Celles-ci

lui ont valu un procès en diffamation (dans lequel il a été relaxé) et

une nouvelle notoriété de lanceur d’alerte. Mais cet ancien consul-

tant à l’Équipe 21 et Europe 1, titulaire d’un DEA en économie et

reconverti dans les relations publiques, est d’abord un passionné de

ce jeu qu’il a pratiqué au plus haut niveau. Une passion qui éclaire

cette Anatomie d’une partie de rugby aux accents de « dictionnaire

amoureux ». En témoigne l’extrait où il évoque la philosophie du

jeu, résumée à ses yeux par un geste : la passe en retrait, en laquelle

il n’est pas loin de voir un idéal démocratique. ● Ph.B.

Anatomie d’une partie de rugby, éditions Prolongations, 2007, 260 pages, 30 €.

FFR

Le ballon comme une offrande.

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Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18 29

Un petit pavillon d’un petit lotissement d’un village de l’Orne. Il faut trouver à s’occuper. Heureusement, il y a un jardin. Et la télévision (la télé en couleurs, achetée par mon père en

1982, à l’occasion de la finale de la Coupe du monde de foot). Et puis il y a les ambitions, insensées la plupart du temps, que suscite la retransmission des rencontres spor-tives. Juillet, on reste à la maison. Le Tour de France dans le salon. On ne part en vacances qu’en août. Deux vélos d’occasion. Mon grand frère a de l’endurance et j’essaye de le suivre dans les rues du lotissement. J’ai huit ans, je me rêve maillot jaune ! Puis je tombe et me blesse au genou. Petit bobo, mais grosse frayeur. Fin du rêve et fin du vélo...L’année suivante, ce sont les JO de Los Angeles. Mes parents regardent les épreuves de gymnastique – le cheval d’arçon, la poutre, les barres parallèles. À cause de la chaleur, la porte-fenêtre est ouverte et la voix des commentateurs envahit le jardin, dans lequel je tente de reproduire, en léger différé, les figures des athlètes sur le portique en fer installé l’été précédent. Les mains dans les anneaux, les talons sur la balançoire et hop ! Saut périlleux vers le trapèze ! J’ai neuf ans, je me rêve médaille d’or ! Puis je tombe et me casse le bras. Gros bobo, énorme frayeur. Fin du rêve et fin des agrès...Roland-Garros 85. Chris Evert et Mats Wilander s’im-

posent sur la terre battue. Ma mère aime beaucoup Chris Evert. J’ai dix ans, je me rêve Mats Wilander ! Un tournoi est organisé sur le terrain du lotissement. Un terrain en goudron. Ma mère remporte la finale dame. Et moi, pour la finale enfant, je me retrouve face à mon frère, qui me bat à plate couture. Il a la coupe, j’ai la médaille. Il est plus fort, je suis jaloux. Je traîne des pieds en rentrant à la maison, je me fais une entorse à la cheville. Fin du rêve et fin du tennis...Par la suite, je me suis rêvé champion de natation, mais je n’ai jamais su garder la tête sous l’eau. Puis, vers l’âge de treize ans, je me suis soudain rêvé jockey, mais sans avoir jamais monté le moindre canasson. C’est à cette époque-là que ma grand-mère m’a confié qu’elle, elle aurait rêvé de faire de la course automobile : « Pas de la Formule 1, mais des rallyes, tu vois ? Du 4x4 dans la boue ! Si je n’en ai pas fait, c’est parce que c’est dange-reux, et je devais m’occuper de mes filles. » Parfois, les rêves sportifs doivent rester au stade du rêve...Les miens, en l’occurrence, n’ont été qu’une suite de ren-dez-vous manqués. Mais en grandissant, j’ai compris que l’intérêt du sport n’était pas forcément dans la victoire, ni même dans la compétition, mais plutôt dans le jeu. Le plaisir du jeu... Vive les parties de ping-pong, l’été, sous le soleil, avec le pastis et les chips ! ●

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je me souviens... frédéric pommier

Journaliste à France Inter, Frédéric Pommier, 40 ans, présente « Le Carrefour de la culture », le vendredi à 6h45, et la revue de presse du week-end, les samedis et dimanches à 8h30. Il est aussi l’auteur d’une pièce de théâtre et de trois livres de chroniques sur le langage médiatique (dernier paru : L’Assassin court toujours et autres expressions insoutenables (Seuil, 2014, 15 €).

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Lartigue, la vie en couleurs, textes de Martine d’Astier et Martine Ravache, Seuil, 128 pages, 29,90 €. Cet ouvrage fait office de catalogue de l’exposition présentée du 26 juin au 23 août dernier à Paris à la Maison européenne de la photographie.

En 1963, une exposition au prestigieux MoMA de New York révélait au monde entier et à la France l’immense talent de photographe de Jacques Henri Lartigue. Trois décennies après sa mort, en 1986, à l’âge de 92 ans, on découvre à pré-sent que son œuvre ne se réduisait pas au noir et blanc mais s’épanouissait aussi dans la cou-leur. Dès les années 1910, Lartigue l’apprivoise avec des autochromes exigeant un long temps de pose. Puis, à partir des années 1950, il en fait le témoin de ses multiples escapades avec sa troisième épouse, Florette. Comme en ce jour de 1958 à Ascoli Piceno (Italie), où cet éternel enfant ne manqua pas d’immortaliser une course de voitures à pédales. ●

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30 Octobre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°18

prat

ique E n 2014, 35 000 jeunes ont effectué une mission

de service civique, dont environ 13% dans le sec-teur du sport (1). En vertu de l’agrément natio-nal dont l’Ufolep bénéficie par l’intermédiaire de

la Ligue de l’enseignement, plus de 200 d’entre eux ont effectué cette mission au sein d’un de nos comités dépar-tementaux ou régionaux et, à la marge, de quelques unes de nos associations locales. Il était en effet difficile de promouvoir ce dispositif auprès d’elles en raison du peu de postes ouverts.Mais, avec l’instauration au 1er juin du « service civique universel », assortie de la promesse du président de la République de 150 000 missions proposées aux jeunes d’ici fin 2015, l’Agence nationale du service civique (ASC) devra être en mesure de répondre à l’engouement sus-cité par le dispositif chez les 16-25 ans. Un chiffre en témoigne : pour chaque mission, il y avait jusqu’à présent quatre candidats en moyenne. On les comprend : outre le fait de disposer d’une indemnité mensuelle (2), 75% des anciens volontaires se trouvent en emploi ou en forma-tion six mois après la fin de leur mission (3).Chargé du dossier, le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports a sollicité les fédérations sportives, dont l’Ufolep, qui soutient résolument le projet. Pour un club Ufolep, c’est notamment l’occasion de favoriser l’inser-tion sociale et professionnelle d’un jeune généralement peu diplômé, tout en se donnant les moyens humains de développer son projet associatif.Un catalogue des différents types de missions est dis-ponible (www.service-civique.gouv.fr). En complément, l’Ufolep et la Ligue de l’enseignement finalisent actuel-

Le service civique universelLa réforme du service civique universel, actée le 1er juin, permet d’accueillir plus facilement un jeune au sein de votre association.

lement, en concertation avec l’ASC, des fiches de mission répondant aux besoins spécifiques des associations locales. Parmi les pistes envisagées : l’organisation d’événementiels associatifs, l’animation d’équipements sportifs en milieu rural ou l’accompagnement de nouvelles pratiques.Rappelons en outre que le service civique universel entre dans le cadre du plan « Citoyenneté du sport » impulsé par le gouvernement au lendemain des événements de janvier 2015. ●

piErrE chEvAliEr, dTN dE l’ufOlEp

[email protected]

(1) Chiffre 2013 pour le pourcentage.(2) L’État verse une indemnité de 467 € à laquelle s’ajoute une somme de 106 € versée par l’association, pour un contrat d’une durée hebdomadaire minimum de 24 heures, sur une période de 6 à 12 mois. Le jeune bénéficie d’une couverture sociale et des trimestres validés, de la possibilité de bénéficier de fonds d’assurance formation professionnelle, d’un accompa-gnement dans la mission et d’une formation civique obligatoire.(3) Sondage TNS-Sofres de 2014.

Les droits à acquitter auprès de la Société des artistes, com-

positeurs et éditeurs de musique (Sacem) sont un vrai casse-

tête pour les associations. En effet, pour toute utilisation de

musique, il faut souscrire un contrat qui diffère selon qu’il

s’agit d’un fond sonore lors d’une séance de pratique, d’un

spectacle ou d’un gala, d’une soirée dansante ou d’un événe-

ment animé avec une sono.

Le problème se pose avec une acuité particulière pour les acti-

vités physiques d’entretien. C’est pourquoi l’Ufolep a négocié

avec la Sacem un contrat collectif concernant spécifiquement

les associations dédiées aux APE. Il stipule que « la redevance

Sacem est déterminée en considération du nombre d’élèves

par club participant aux activités sportives en musique, qu’il

s’agisse d’activités traditionnelles en salle ou d’activités dan-

sées ». Établi pour la saison 2015-2016, il sera facturé sur

la base de nos fichiers d’associations et d’adhérents et son

coût sera intégralement pris en charge par la fédération.

Attention : les modalités ne changent pas pour la gymnastique

artistique et sportive ou rythmique et sportive, même si nous

espérons pouvoir apporter des éléments de réponse pour les

saisons suivantes. Et en ce qui concerne les manifestations

exceptionnelles, soirées dansantes et spectacles, nos asso-

ciations doivent toujours remplir une déclaration auprès de

leur délégation régionale Sacem afin d’acquitter la redevance

correspondante. Elles bénéficient toutefois d’un abattement

de 12,5 % en vertu de notre appartenance à un mouvement

d’éducation populaire, la Ligue de l’enseignement.

Nous n’abandonnons pas non plus l’idée d’un « forfait » qui

soulagerait l’ensemble de nos associations de démarches

administratives contraignantes. Si la technicité du dossier

n’a pas encore permis d’aboutir, nous espérons que l’accord

conclu pour les APE sera un premier pas sur cette voie. ● P.C

ACCORD AVEC LA SACEM POUR LES ACTIVITÉS PHYSIQUES D’ENTRETIEN

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Objectif 150 000 missions d’ici fin 2015.

Téléchargez le cahier « service civique » sur www.ufolep.org : http://urlz.fr/2fBV

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l’UFOLEP lance l’année