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Association Oiseaux-Nature, agréée : - pour la protection de la Nature (Art. 40 de la loi 76629 du 10/7/76) - pour la Jeunesse et l'Education Populaire - au titre de l'Art. 160-1 du Code de l'Urbanisme Enquête publique concernant le projet d'aménagement foncier sur la commune de Circourt. A l'attention de monsieur Le Commissaire enquêteur. Ce n'est ni par hasard, ni par individualisme, ni par hostilité au progrès que les paysans ont, jadis, favorisé l'implantation de haies, ce maillage protecteur, autour de leurs terres. Nous savons aujourd'hui que l'arasement excessif de ce réseau végétal qu'on appelle « bocage », entraîne l'érosion des sols, une baisse du rendement laitier d'animaux exposés au vent ou privés d'ombre, une altération des cultures soumises aux vents froids ou desséchants et bien d'autres inconvénients. Haies, fossés et talus sont le résultat de plusieurs siècles d'observation et d'expériences paysannes afin d'adapter le paysage aux exigences des sols et du climat. Les haies champêtres protègent donc les sols, les cultures et les animaux en régulant le climat local. Mais ce n'est pas tout. Associées à des boqueteaux, des vergers, des arbres isolés et des petites friches arbustives, elles participent largement à la beauté du cadre de vie des villageois. Ajoutons à tous ces bienfaits la protection de la biodiversité locale et migratrice, un rôle qui, à lui seul, rend les haies de nos campagnes infiniment précieuses. Les haies et la régulation climatique. En s'opposant aux masses d'air en mouvement, les haies de nos campagnes ont un effet brise- vent favorable aux cultures, à l'élevage et aux conditions de vie des habitants. Quand le vent rencontre un ensemble bocager (un secteur riche en haies, vergers et boqueteaux), le ralentissement de l'air est important, car le paysage est « rugueux ». Résultat : un climat local moins venté et moins desséchant. Remarquons que, même si chaque haie bocagère n'est pas un brise-vent parfait, même si certaines sont dégarnies, disjointes, hétérogènes, elles contribuent malgré tout, avec les vergers, les arbres isolés ou en bouquets, à augmenter la rugosité du paysage, donc à tempérer le climat local. Ce qui importe, c'est de conserver un maximum de haies (prunelliers, aubépines, églantiers, noisetiers, sureaux...), de petits bois et de vergers. On sait aujourd'hui que le bocage engendre des modifications micro-climatiques favorables aux cultures et aux élevages. Les expérimentations menées par FI.N.R.A montrent que dans un bocage, la vitesse du vent est réduite de 30 à 50 % par rapport à des zones ouvertes voisines qui ont été arasées par des aménagements fonciers qui ont déstructuré le milieu rural. Ces résultats ont été confirmés par des centaines de mesures qui montrent que les brise-vent freinent l'érosion éolienne, limitent les dégâts sur les végétaux (verse des céréales, chute des fruits, lacération des feuilles) et favorisent la pollinisation dans les vergers. Pour le bétail, les haies sont essentielles. Elles procurent de l'ombre en été et protègent les animaux du vent. Mieux, la haie piège du rayonnement infrarouge, donc de la chaleur. C'est pourquoi le bétail a tendance à se regrouper la nuit le long des haies.

Enquéte publique Sircourt

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Texte remis au commissaire enquéteur

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Page 1: Enquéte publique Sircourt

Association Oiseaux-Nature, agréée : - pour la protection de la Nature (Art. 40 de la loi 76629 du 10/7/76) - pour la Jeunesse et l'Education Populaire - au titre de l'Art. 160-1 du Code de l'Urbanisme

Enquête publique concernant le projet d'aménagement foncier sur la commune de Circourt.

A l'attention de monsieur Le Commissaire enquêteur.

Ce n'est ni par hasard, ni par individualisme, ni par hostilité au progrès que les paysans ont, jadis, favorisé l'implantation de haies, ce maillage protecteur, autour de leurs terres. Nous savons aujourd'hui que l'arasement excessif de ce réseau végétal qu'on appelle « bocage », entraîne l'érosion des sols, une baisse du rendement laitier d'animaux exposés au vent ou privés d'ombre, une altération des cultures soumises aux vents froids ou desséchants et bien d'autres inconvénients. Haies, fossés et talus sont le résultat de plusieurs siècles d'observation et d'expériences paysannes afin d'adapter le paysage aux exigences des sols et du climat. Les haies champêtres protègent donc les sols, les cultures et les animaux en régulant le climat local. Mais ce n'est pas tout. Associées à des boqueteaux, des vergers, des arbres isolés et des petites friches arbustives, elles participent largement à la beauté du cadre de vie des villageois. Ajoutons à tous ces bienfaits la protection de la biodiversité locale et migratrice, un rôle qui, à lui seul, rend les haies de nos campagnes infiniment précieuses.

Les haies et la régulation climatique. En s'opposant aux masses d'air en mouvement, les haies de nos campagnes ont un effet brise-vent favorable aux cultures, à l'élevage et aux conditions de vie des habitants. Quand le vent rencontre un ensemble bocager (un secteur riche en haies, vergers et boqueteaux), le ralentissement de l'air est important, car le paysage est « rugueux ». Résultat : un climat local moins venté et moins desséchant. Remarquons que, même si chaque haie bocagère n'est pas un brise-vent parfait, même si certaines sont dégarnies, disjointes, hétérogènes, elles contribuent malgré tout, avec les vergers, les arbres isolés ou en bouquets, à augmenter la rugosité du paysage, donc à tempérer le climat local. Ce qui importe, c'est de conserver un maximum de haies (prunelliers, aubépines, églantiers, noisetiers, sureaux...), de petits bois et de vergers.

On sait aujourd'hui que le bocage engendre des modifications micro-climatiques favorables aux cultures et aux élevages. Les expérimentations menées par FI.N.R.A montrent que dans un bocage, la vitesse du vent est réduite de 30 à 50 % par rapport à des zones ouvertes voisines qui ont été arasées par des aménagements fonciers qui ont déstructuré le milieu rural. Ces résultats ont été confirmés par des centaines de mesures qui montrent que les brise-vent freinent l'érosion éolienne, limitent les dégâts sur les végétaux (verse des céréales, chute des fruits, lacération des feuilles) et favorisent la pollinisation dans les vergers. Pour le bétail, les haies sont essentielles. Elles procurent de l'ombre en été et protègent les animaux du vent. Mieux, la haie piège du rayonnement infrarouge, donc de la chaleur. C'est pourquoi le bétail a tendance à se regrouper la nuit le long des haies.

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Plus personne ne doit ignorer que les haies de nos campagnes améliorent le rendement des productions végétales et animales (céréales, prairies, pommes de terre..., production laitière). Dans le Bocage Normand, où le bétail vit presque toute l'année dehors, on a même constaté une corrélation entre la densité des haies et la diminution de certaines maladies (tuberculose, brucellose, maladie parasitaires), car les haies diminuent les écarts de température et limitent les risques de contamination d'un herbage à l'autre.

Les haies et la régulation hydraulique. Il est désormais reconnu que les crues (de plus en plus subites et graves), que nous connaissons chaque année en France, ne sont pas seulement dues à une forte pluviométrie. Les dégâts matériels et les drames humains qu'elles causent sont surtout dus à ces déboisements, arasements de haies, drainages et « rectifications » de rivières réalisés un peu partout, souvent au mépris des lois fondamentales de l'écologie. Est-il nécessaire de rappeler que les haies et talus, en ralentissant l'écoulement de l'eau sur les pentes, en lui donnant le temps de s'infiltrer (grâce aux racines), en retardant son arrivée dans les ruisseaux, les rivières et les fleuves, limitent l'intensité des crues et favorisent un débit plus régulier des sources et des cours d'eau en été. Notons au passage le rôle essentiel que jouent les petites zones humides de nos campagnes dans la régulation du régime des eaux (mares, marais, tourbières...). Ces milieux si précieux agissent comme des éponges qui retiennent l'excédent d'eau pour le restituer aux ruisseaux. Sans compter, bien sûr, leur rôle irremplaçable dans la conservation de nombreuses espèces animales (odonates, batraciens...) et végétales. Elles sont, hélas, encore trop souvent remblayées lors des remembrements.

Les haies assurent également une amélioration de la qualité des eaux. L'eau des régions bocagères contient moins de nitrates (Agence de Bassin de Normandie). En s'infiltrant au niveau des haies, l'eau se débarrasse de ses résidus d'engrais, de fumiers, de pesticides. Les haies et talus de pentes (surtout en bas de pente) doivent être impérativement conservés. Dans un milieu vallonné (C'est le cas à Circourt), les haies et talus parallèles aux courbes de niveau empêchent l'eau d'atteindre un volume et une vitesse de ruissellement capables d'abîmer, voire d'arracher les sols. En terrain plus ou moins pentu, les haies diminuent l'érosion des sols et retiennent la terre érodée.

C'est un avantage énorme ! Araser les haies et talus dans un milieu vallonné est une hérésie, car la terre s'en va, des rigoles se creusent (surtout sur terrain labouré) et les éléments fins du sol partent à la rivière.

Fonctions biologiques des arbres et des haies.

Pourquoi le village de Circourt est-il si beau ? Parce qu'il a conservé ses vergers traditionnels, ses boqueteaux, ses haies champêtres, en un mot, un paysage authentique, harmonieux, riche et diversifié. Supprimons cet écrin de verdure et il deviendra un village banal, ordinaire, isolé dans une campagne banalisée, enlaidie, sans âme, un village comme il y en a trop désormais. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater les dégâts causés par les aménagements fonciers dans certaines communes voisines de Circourt.

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Concernant le maintien de la faune (insectes, oiseaux, petits mammifères...), la haie, à l'instar de la lisière forestière, est une zone de lumière, ainsi qu'une zone de contact entre deux milieux différents, les champs cultivés et l'association végétale qu'elle compose. Les haies de nos campagnes réunissent toutes les conditions pour héberger une flore et une faune variées. Jusqu'à présent, la commune de Circourt à échappé au remembrement et travaux connexes qui y sont liés. C'est une grande chance.

Circourt possède encore un réseau relativement intéressant de haies vives aux essences diversifiées (aubépines, églantiers, coudriers, prunelliers, frênes, aulnes...). De trop nombreuses communes vosgiennes, remembrées avec brutalité, possèdent aujourd'hui un paysage ennuyeux, laid, déprimant, que l'on peut parfois qualifier de « désert biologique ». Les oiseaux normalement les plus communs y sont devenus rares (alouette des champs, bruant jaune, tarier pâtre, pie-grièche écorcheur...) voire inexistants pour certains. Quant aux papillons, aux bourdons, aux syrphes et aux abeilles, leurs populations sont réduites à presque rien.

Il faut retenir que les haies, mais également les bosquets d'aubépines ou de prunelliers (épines noires), les gros arbres isolés, les petits bois et les vergers sont une composante normale et nécessaire de nos paysages ruraux. Sans eux, la faune et la flore sauvages disparaissent purement et simplement.

Remarquons que de rares espèces opportunistes peuvent, par contre, proliférer dans ces paysages dévastés. C'est le cas, par exemple, du corbeau freux (Corvus frugilegus) et de l'étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris}^ deux espèces inféodées aux milieux ouverts, et qui peuvent poser des problèmes à l'agriculture quand ils sont devenus nombreux à cause de la disparition de leurs prédateurs naturels (épervier, autour des palombes...) éradiqués en même temps que les arbres et les haies.

Le milieu bocager favorise donc la richesse de la faune. C'est normal, car tout au long de l'année, la succession décalée des stades végétatifs (débourrement, croissance des feuilles et tiges, floraison, fructification) offre la nourriture indispensable à de nombreux oiseaux, petits mammifères et insectes. N'oublions pas que la raréfaction dramatique des insectes pollinisateurs (hyménoptères surtout), des lépidoptères (papillons diurnes et nocturnes), des coléoptères... est liée directement au manque de nourriture. Quand il n'y a plus assez de plantes sauvages, il n'y a plus assez de nectar, de pollen, et nos abeilles (dont il existe de nombreuses espèces) disparaissent.

Une flore variée, des étages de végétation multiples, des microclimats, tout concourt à faire du bocage un élément essentiel de la préservation de la nature. Le contact entre les haies et les cultures ou pâtures crée ce fameux « effet lisière » si favorable à la petite faune. Tous les naturalistes le savent : les zones de transition entre deux biotopes présentent toujours une diversité et une abondance d'espèces végétales et animales bien plus grandes que les biotopes homogènes. A ce titre, Circourt est une commune importante pour la conservation de la biodiversité de la Plaine des Vosges. Elle possède de très belles haies boisées qui sont des abris et des refuges pour les insectes, qui permettent la nidification des oiseaux inféodés aux zones agricoles et aux lisières, la présence de mammifères insectivores (hérissons, musaraignes) et rongeurs (mulots, muscardins...). Les compositions végétales de Circourt forment également une zone d'alimentation primaire pour les animaux qui se nourrissent de produits végétaux (sève, pollen, nectar, feuilles, baies, graines...).

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La présence de ces espèces phytophages permet également le maintien des espèces prédatrices (buse variable, faucon crécerelle, chouette hulotte, chouette effraie, hermine...), assurant ainsi un équilibre écologique remarquable. Car la faune des haies et du bocage est équilibrée. Ce n'est pas du tout le cas dans les secteurs remembrés qui ont perdu la majeure partie de leur réseau végétal. Dans un bocage, qu'il s'agisse d'insectes, d'oiseaux, de mammifères, aucune espèce ne domine par le nombre. On trouve des espèces liées aux champs ouverts, aux milieux forestiers et aux landes. Par exemple, tous les ordres de petits mammifères peuvent être représentés (insectivores, rongeurs, carnivores). Par contre, lorsqu'un remembrement a supprimé l'essentiel des haies, il y a forcément un déséquilibre au profit des campagnols (rongeurs) qui n'ont pas besoin de haies, car ils creusent des galeries. Ils prolifèrent après la disparition de leurs prédateurs qui, eux, ont besoin des haies (rapaces diurnes et nocturnes, mustélidés). Ces pullulations de campagnols (quelle que soit l'espèce) se produisent sur des habitats simples ou simplifiés par l'homme (après remembrement). N'oublions pas que ces pullulations sont très préjudiciables à l'agriculture.

La faune bocagère est d'une grande richesse. Bien des pratiques agricoles sont favorisées par la présence d'oiseaux insectivores nombreux et variés. En toute période (mais surtout au printemps), ils consomment des quantités énormes d'insectes et de larves, assurant ainsi gratuitement un équilibre écologique favorable aux cultures. Mais pour qu'il y ait des oiseaux insectivores, encore faut-il conserver les haies indispensables à leur nidification. Quant aux rapaces diurnes et nocturnes (tous protégés par la loi depuis 1972), ils ont besoin de grands arbres, de bosquets et de bandes boisées susceptibles de leur assurer un minimum de quiétude. A cause de remembrements mal conduits, plusieurs espèces de rapaces sont aujourd'hui menacées dans les Vosges et ailleurs. C'est le cas, par exemple, de la chevêche d'Athéna (Athene noctua), une petite chouette qui niche dans les cavités des arbres présents en zone de cultures. La conservation des vergers traditionnels est vitale pour cet oiseau cavernicole.

La commune de Circourt présente encore un environnement très favorable à la chevêche (vieux vergers entourés de pâturages), mais aussi à d'autres rapaces nocturnes (chouette effraie, hulotte, hibou moyen duc) et diurnes (faucon crécerelle, buse variable, milans royaux de passage, épervier d'Europe, autour des palombes...).

En raison de son environnement préservé, voire exceptionnel si on le compare à celui de certaines communes voisines ayant subi le rouleau compresseur du remembrement, Circourt est un village qui participe à la protection de la biodiversité. Et sauver la vie sauvage est un enjeu urgent et vital de nos jours. On ne le répétera jamais assez. Mais vouloir protéger les oiseaux, les papillons, les abeilles..., tout en continuant à détruire systématiquement leurs milieux de vie, cela n'a aucun sens. En écologie, bien plus que dans d'autres domaines, l'ignorance a toujours des conséquences graves. L'Année de la Biodiversité Mondiale vient de s'achever. Il est urgent de changer notre mentalité et nos comportements.

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Aujourd'hui, dans les Vosges, comme partout en France et dans une grande partie de l'Europe, ce sont les espèces inféodées aux milieux agricoles qui voient leurs effectifs s'effondrer le plus vite. Une véritable hémorragie. La caille des blés (Coturnix coturnix), la perdrix grise (Perdix perdix) ont presque disparu de notre département. La pie-grièche grise (Lanius excubitor), un oiseau magnifique assez commun il y a encore vingt ans, est devenue rarissime en Lorraine. Le tarier des prés (Saxicola rubetra), archi-commun dans les prairies de fauche il y a quinze ou vingt ans, a perdu 75 % de ses effectifs en quelques années, partout en France. Alors, lorsqu'une commune possède encore, presque par miracle, des milieux riches et diversifiés très favorables à la Vie, son maintien en l'état doit être assuré. Dégrader l'exceptionnelle richesse biologique de Circourt en supprimant en partie ses vergers, ses haies, ses friches arbustives, serait contraire à l'intérêt général. Ce serait, en tout cas, une double erreur, sur le plan paysager et sur le plan écologique. Si le lièvre est encore représenté à Circourt, c'est grâce aux buissons de prunelliers qui lui offrent refuges et tranquillité. Si les grives draines et litornes sont nombreuses, surtout au moment des passages, c'est parce qu'elles raffolent des baies de lierre, de prunellier et de gui et qu'elles peuvent chasser les lombrics dans les prés alentour. C'est la richesse des biotopes qui fait la richesse de la faune.

CONCLUSION

Les remembrements ou aménagements fonciers, tels qu'ils sont pratiqués dans notre pays depuis des décennies, sont le plus souvent très préjudiciables (et c'est un euphémisme) aux paysages ruraux et à leur équilibre écologique. Ils sont le fruit d'une idéologie matérialiste qui mutile les milieux champêtres, éradique la faune et la flore, ignore les besoins des humains en biens immatériels, sources d'harmonie et de beautés, de bien-être et de bonheur. Nous en sommes arrivés à un stade d'exploitation de l'espace rural tel qu'un simple petit marais a souvent, pour la collectivité, bien plus de valeur (conservation de la nature, intérêt esthétique) que le maïs que fournirait sa mise en culture. Sur le plan paysager, la végétation insère les habitations dans le milieu en masquant en partie leurs lignes trop rigides (hangars, bâtiments agricoles...). Circourt est une commune chanceuse. Jusqu'à présent, elle a su conserver son bien le plus précieux : un environnement physique de grande qualité. Elle doit en être fière et tout faire pour le conserver en l'état. Alors que les grandes villes, afin de préserver la santé physique et psychique des citadins, protègent les espaces naturels qui ont échappé au béton ou aménagent des espaces verts, comment peut-on concevoir qu'un village qui bénéficie d'une nature encore riche, envisage de la dégrader ?

Nous avons expliqué tout l'intérêt qu'il y a à conserver les haies vives, les boqueteaux et les vergers de Circourt. Selon nous, il y va de l'intérêt général, tant au niveau local (bien-être des habitants, agriculture, fourniture de bois de chauffage) que départemental (conservation de la biodiversité vosgienne). Certains villages voisins ont déjà subi le remembrement, avec un résultat avéré: une nature appauvrie..., et qui s'appauvrira davantage dans le secteur si le projet d'aménagement foncier de Circourt aboutit.

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En mai 2010 fut créé le collectif « Haies, Biodiversité, Agriculture Responsable », lequel réunit des agriculteurs, des écologistes et des chasseurs. Le 28 mai, 3 membres de ce collectif furent reçus en Préfecture, dont un membre de l'association" « Oiseaux-Nature », laquelle est représentée dans le collectif. Ce fut l'occasion de rappeler le rôle essentiel que jouent les haies champêtres dans la conservation des sols, dans l'amélioration de notre cadre de vie... Nous avons demandé que les remembrements, qui causent toujours d'épouvantables dégâts écologiques dans nos campagnes, fassent l'objet d'un moratoire dans notre département. A l'issue de la réunion, le collectif a décerné un prix symbolique (Gorhey d'or) à un couple d'agriculteurs particulièrement respectueux des haies et vergers de leur exploitation. Des « Gorhey noirs » ont été également distribués afin de susciter des discussions, voire des débats sur le sujet. Si nous relatons cet épisode, c'est pour dire combien « Oiseaux-Nature » est attachée à la conservation des milieux et des paysages vosgiens. C'est d'ailleurs sa principale raison d'être. Répétons-le : vouloir protéger les espèces tout en détruisant leurs biotopes, c'est absurde. Certains, nous n'en doutons pas, rétorqueront qu'on peut très bien replanter des haies après remembrement. C'est vrai et c'est parfois indispensable. Toutefois, outre l'aspect financier de l'opération (non négligeable), il faut savoir que les nouvelles haies n'auront pas du tout l'intérêt écologique des anciennes. En effet, les haies sacrifiées étaient vieilles, donc composées de diverses essences végétales, certaines arbustives, d'autres herbacées. En raison des apports de graines par le vent, les oiseaux et les micro-mammifères, elles se sont enrichies pendant des décennies. Les haies nouvelles ne seront pas assez diversifiées en essences locales pour avoir un vrai intérêt biologique. Elles seront souvent implantées à des endroits moins judicieux (là où elles ne gênent pas). Elles mettront des années avant de s'épaissir suffisamment pour servir d'abri à la petite faune.

L'arbre et la haie modèlent le paysage et sont essentiels à sa beauté. Le bocage est le résultat d'une adaptation laborieuse et séculaire de l'homme à son environnement. C'est un résultat réussi. La commune de Circourt en est un exemple magnifique.

L'association « Oiseaux-Nature » s'oppose donc fermement à l'aménagement foncier de la commune de Circourt, en raison du traumatisme qu'il fera subir à de nombreux habitants attachés à un environnement préservé, de l'impact grave qu'il aura inévitablement sur la faune et la flore locale ainsi que sur les paysages.

Oiseaux-Nature. M. HANS Jean-Louis (secrétaire)