EnqueteHebergement MdM 2013[1] (1)

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    MEDECINS DU MONDE MARS 2013

    ENQUETE

    MARS 2013

    LHEBERGEMENT DURGENCEEN 2013

    ETAT DES LIEUX EN PERIODE

    HIVERNALE DANS 3 VILLES DE FRANCE

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    SOMMAIRE

    Introduction ......................................................................................................................................... 3

    Contexte et objectifs de lenqute ...................................................................................................... 4

    Rsultats .............................................................................................................................................. 5

    Conclusions ........................................................................................................................................ 11

    Annexe 1 : Fiche de signalement ....................................................................................................... 12

    Annexe 2 : Principales mesures prises par le gouvernement au cours de lhiver 2012/2013 .......... 13

    Remerciements

    Nous tenons remercier les quipes des missions sans-abri et des Centres dAccueil, de Soins et

    dOrientation (Caso) de Lyon, Strasbourg et Saint-Denis pour leur investissement dans cette tude,

    ainsi que toutes les personnes bnficiaires de ces missions qui ont bien voulu participer lenqute.

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    Lhbergement durgence en 2013 : tat des lieux en priode hivernale dans 3 villes de France o intervient Mdecins du Monde - 2013

    INTRODUCTION

    Selon la Fondation Abb Pierre1, plus de 3,6 millions de personnes seraient non ou mal loges

    actuellement en France et parmi elles 130 000 150 000 seraient sans logement1,2

    alors mme queles places dhbergement durgence slevaient 80 000 en 20122.

    Il existe ainsi une pnurie des capacits daccueil en France, avre par de nombreuses associations

    qui dnoncent rgulirement la saturation du 115. Ce numro, accessible et gratuit pour laccueil

    et laide aux personnes sans-abri et en grande difficult, nest ainsi pas en mesure de remplir sa

    mission de lien entre les personnes sans-abri et les dispositifs de logement alors mme que les

    demandes ne cessent daugmenter.

    Face ces constats, les associations rappellent que le principe fondamental de laccueil

    inconditionnel nest toujours pas respect faute de places dhbergement. En effet, daprs la

    Fdration nationale des associations daccueil et de rinsertion sociale (FNARS ), en janvier 2013

    55 % des demandes dhbergement nont pas donn lieu un hbergement, dans 66 % des cas pour

    des raisons dindisponibilit de places3. Le Baromtre FNARS souligne galement que 40 % des

    personnes qui ont sollicit le 115 en janvier 2013 lavaient dj fait en dcembre, montrant que les

    solutions se font dans lurgence pour des courtes dures et non pas de faon prenne. Enfin, les

    familles sont de plus en plus nombreuses solliciter le 115. Ce dernier rsultat met en vidence un

    changement des profils des personnes la rue .

    Depuis lalternance politique survenue mi-2012, plusieurs mesures ont t annonces pour renforcer

    les capacits daccueil, en augmentant les enveloppes destines aux services daccueil pour lhiver

    2012-2013, et ce en particulier sur les territoires les plus en tension4. Laccent a t mis en particulier

    sur trois points : lvaluation des situations individuelles pour proposer des solutions mieux adaptes

    au court terme; la diminution du recours lhtel au profit de solutions de meilleure qualit et plus

    prennes; et laccompagnement des personnes accueillies en vue de trouver des solutions de

    logement moyen terme. Plus de 10 mois aprs linstallation du nouveau gouvernement et

    lannonce des mesures durgence, quen est-il de la situation pour les populations les plus fragiles

    en matire dhbergement durgence ?

    Comme chaque anne, Mdecins du Monde a souhait partager son constat quant la situation en

    matire de demande dhbergement durgence, dans 3 villes de France dans laquelle lassociation est

    prsente.

    1Fondation Abb Pierre, Etat du mal logement en France, 18

    erapport annuel , 2013, 263 pages.

    2 Rapport dinformation n4221 sur lvaluation de la politique de lhbergement durgence, Danile Hoffman-Rispal etArnaud Richard, Assemble Nationale, janvier 2012.3

    FNARS Baromtre du 115 Hiver 2012/2013 - Janvier 2013 Rapport, fvrier 2013.4 Circulaire DGCS/1A/2012/369 du 23 octobre 2012 relative la mobilisation du dispositif daccueil dhbergement etdinsertion pendant lhiver 2012-2013.

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    CONTEXTE ET OBJECTIFS DE LENQUETE

    Depuis prs de 20 ans, Mdecins du Monde dveloppe des projets mdico-sociaux destination des

    sans-abris (maraudes de rue, actions en squat, etc.). Ces actions ont pour objectifs de : Reprer les personnes en situation de mal logement ou sans-abri ncessitant un

    accompagnement vers les structures mdico-sociales de droit commun et/ou associativessusceptibles de les prendre en charge ;

    Informer les personnes sur leurs droits et les accompagner dans leurs dmarches sincessaire ;

    Certaines missions proposent galement des consultations mdicales (soins de sant primaire) pourrpondre aux besoins des personnes sans couverture mdicale ou qui ne peuvent se rendre dans desstructures de droit commun.

    A partir de ses expriences, MdM tmoigne des consquences nfastes sur la sant du non ou mallogement.

    Cest auprs de ces personnes rencontres par MdM, que lenqute sur lhbergement durgence a

    t mene afin de documenter les rponses faites aux signalements effectus au 115.

    Les objectifs de ltude taient de :

    - Documenter les solutions apportes par le 115 aux demandes dhbergement (absence desolution, types de solutions proposes, nombre de nuites proposes .) ;

    - Documenter les raisons voques par les personnes en cas de refus de contacter le 115 ;

    - Documenter les raisons voques par les personnes en cas de refus de la solution propose

    par le 115.Comme pour lanne prcdente, trois populations ont fait lobjet dune attention particulire : lesmineurs, les femmes enceintes et les personnes malades ncessitant des soins.

    Trois programmes MdM ont particip cette enqute (Lyon, Strasbourg et Saint-Denis) sur lapriode du 3 janvier au 28 fvrier 2013. Au cours de cette priode, une fiche de renseignement (cf.Annexe 1) tait complte pour toute personne (ou tout groupe de personnes) se prsentant auprsdes quipes de MdM et ayant besoin dun hbergement durgence.

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    RESULTATS

    Schma 1 : Solutions apportes par le 115 aux demandes effectues par MdM, 2013

    (a) Sur 136 situations de non logement, soit 317 personnes rencontres la rue par les quipes MdM, une personne arefus dtre signale au 115.(b)

    15 non rponses sur 229 personnes

    Source : MdM, Enqute hbergement durgence janvier-fvrier 2013

    Qui sont les personnes sans logement rencontres par Mdecins du Monde ?

    Sur la priode de lenqute, les 3 quipes MdM ont enregistr 136 situations de non logement

    concernant au total 317 personnes (parmi elles, on comptait 34 mineurs et 9 femmes enceintes).

    Parmi ces situations, 41,2 % concernaient des personnes seules et 58,8 % des groupes de personnes

    (dans 4 cas sur 10 il sagissait dune famille).

    Au total, les situations de non logement rencontres par les quipes MdM concernaient en moyenne

    2,4 personnes (min=1 ; max=7).

    La majorit des personnes sans-abri taient des hommes (73,1 %). La moyenne dge tait de 32,5

    ans (min=0, max=75). Dans prs de 7 cas sur 10, les personnes taient de nationalit trangre,

    parmi elles, 67,5 % taient en situation irrgulire et 20,6 % demandeurs dasile.

    Par ailleurs, 106 personnes prsentaient selon les quipes MdM des problmes de sant (soit 33,5 %des personnes rencontres par les quipes sur la priode de lenqute).

    135 signalements au 115,

    soit 316 personnes (a)

    Solutions proposes par le 11591 situations, soit 229 personnes (b)

    Solutions acceptes

    41 situations,soit 119 personnes mises labri

    Aucune solution apporte par le115

    44 situations, soit 87 personnesrestes la rue

    Solutions refuses

    47 situations, soit 105 personnesrestes la rue

    Principaux motifs de refus- Collectif/promiscuit- Dure Hbergement trop

    courte- Peur des violences, vols- Refus des rgles, rveil tt- Eloignement, pas de

    transport

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    Lappel au 115 : un renoncement frquent de la part des personnes sans-abri

    Toutes les situations de non logement rencontres sur la priode ont fait lobjet dune demande

    dhbergement au 115, cependant force est de constater que dans prs dun cas sur 2 (soit 48,6%des personnes), les personnes concernes ont dclar ne pas vouloir appeler le 115 delles -mmes.

    Les quipes ont d persuader les personnes davoir recours ce dispositif. Toutefois, mme aprs le

    contact avec nos quipes une personne la rue a ritr son refus dtre signale au 115.

    Les principales raisons voques pour ne pas contacter le 115 sont le fait davoir connu des refus

    rpts du 115 (29,9 %), la barrire de la langue pour les personnes parlant peu ou pas le franais

    (23,9 %), les dlais dattente trop longs et/ou la non rponse du 115 (22,4 %) et lagacement, les

    mauvaises expriences vis--vis du dispositif (22,4 %).

    Madame H. est nigriane, elle est arrive en France en 2001. Ce jour, elle se retrouve la

    rue, dsuvre, ne sachant o aller. Je contacte le 115 dans la matine. Aprs une duredattente de 1 heure 45 minutes jobtiens un interlocuteur. Une place est rserve pourmadame H. mais malheureusement ladresse de lhtel ne sera communique que laprs -midi. Je dois retlphoner partir de 16 heures. Madame H. passe la journe au Caso. A 16

    heures, je rappelle le 115. Aprs une heure dattente nous obtenons ladresse de lhtel. [Caso de Paris, extrait du Rapport de lObservatoire de laccs aux soins 2011]

    Le refus dappeler le 115 par les personnes sans-abri est souvent relay par les quipes MdM, qui

    dcrivent lagacement ou le ras-le-bol des personnes rencontres suite aux refus frquents du

    115, aux non-rponses, aux longs dlais dattente. Ce phnomne de renoncement est galement

    document par la FNARS, qui met en cause les dures courtes dhbergement qui remettent les

    personnes la rue, les obligeant ainsi solliciter de faon rpte le 115 5. En effet, toujours selon la

    FNARS, 57 % des personnes qui ont sollicit le 115 en fvrier 2013 ont fait plusieurs demandes au

    cours du mois, dont jusqu plus de 6 demandes pour 17% dentre eux.6

    Par ailleurs, certaines personnes la rue connaissent dj les conditions daccueil en hbergement

    durgence et les considrent non adaptes leur situation ou y ont vcu de mauvaises expriences.

    Dautres, de par leur situation administrative irrgulire, ont peur dappeler le 115 et dtre

    dnonces la police et/ou dtre expulses du territoire. Rappelons ce titre que dans notre

    chantillon plus de 46% des personnes sont des trangers en situation irrgulire.

    Labsence de solution pour 1/3 des demandes effectues au 115

    Au total, 135 demandes dhbergement ont t effectivement ralises auprs du 115 sur la priode

    de lenqute. Dans 2/3 des cas une solution a t propose la demande de signalement, cela

    reprsente 32,6% des demandes sans suite. Ce rsultat est lgrement plus favorable que celui

    5 FNARS, Baromtre du 115 Hiver 2012/2013 - Janvier 2013, publi en Fvrier 20136

    FNARS, Baromtre du 115 Hiver 2012/2013 - Fvrier 2013, publi en Mars 2013

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    retrouv par la FNARS en janvier 2013 (55 % des demandes dhbergement nont pas donn lieu un

    hbergement).

    Daprs les rsultats de notre enqute, 73 % des refus du 115 taient dus au manque de places . Le

    second motif de refus voqu par le 115 tait labsence de places adaptes la situation des

    personnes (couples, personnes ayant des chiens, personnes connues comme violentes, ayantpuis son quota de nuits ).

    Un couple avec huit enfants mineurs souhaitent quitter le terrain rom o ils vivent depuis

    plus dun an en raison notamment des problmes de sant dune de leur fille ge de 5 ans.Leur demande dhbergement au 115 ne peut pas tre satisfaite au regard de la compositionfamiliale ; il est quasi impossible pour le 115 de trouver dans le mme htel suffisamment de

    chambres pour accueillir une famille de dix personnes. Nous avons donc cherch un relais

    auprs du service social de la commune de rsidence de la famille, esprant quunhbergement au titre de lAide Sociale lEnfance soit dbloqu. Le service social nous a

    rpondu quil navait aucune solution dhbergement pour la famille [Saint-Denis] 7

    Mme B. a quitt lAlgrie avec ses deux enfants en bas ge pour sloigner de son mariviolent. La famille est accueillie son arrive en France par des compatriotes. Elle se rend sur

    notre centre pour voir un mdecin et nous fait part de son histoire. Elle nous dit craindre dtremise la rue du jour au lendemain. Nous appelons avec elle le 115 du 93 qui refuse de prendre

    en compte sa demande dhbergement car au moment de lappel cela ne fait pas quinze joursquelle est arrive en France. Nous serons donc amens rappeler le 115 quinze jours plustard qui accordera une place en htel la famille [Saint-Denis] .

    Les solutions proposes : dans plus d1 cas sur 2 refuses par les personnes concernes

    Parmi les solutions apportes par le 115 (n=91), le principal type de logement propos tait les

    Centres dhbergement durgence (50,6 %), suivis par les accueils de jour ou de nuit (37,9 %) et

    lhtel (4,6 %). Toutefois, force est de constater que dans 51,6 % des cas les solutions proposes par

    le 115 ont t refuses par les personnes concernes (soit 103 personnes).

    Le caractre collectif de lhbergement propos et la promiscuit taient cits comme premire

    raison pour le refus de la solution (70,2 %), suivis par la dure de lhbergement juge trop courte

    (21,3 %) et par la peur des violences, du vol ou de la prsence de personnes alcoolises dans la

    structure (14,9 %)8.

    Des solutions dhbergementle plus souvent de trs courtes dures

    Parmi les personnes temporairement mises labri, la dure moyenne dhbergement tait de 2,7

    nuits (min=1 ; max=31) par personne, mais il convient de souligner que la trs large majorit des

    7 Tmoignage recueilli en dcembre 2012, quelques semaines avant le dbut de lenqute.8

    Pourcentage suprieur 100%, plusieurs rponses taient possibles.

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    personnes reloges (84 %) ont eu une proposition pour une seule nuit. Ce rsultat souligne encore

    une fois que les places proposes sont attribues dans lurgence et rarement de faon prenne.

    Lenqute montre que des solutions dhbergement durgence sont plus souvent proposes pour les

    familles ou les groupes de personnes (62,6 % des signalements concernant une famille ou un groupe

    aboutissent une rponse positive du 115) que pour les personnes seules (37,4 %). Ce rsultatsemble en contradiction avec les rsultats prsents par la FNARS qui indique que les rponses

    ngatives continuent de frapper plus durement les familles et les couples sans enfant .

    Cependant, les dures de mise labri sont plus importantes pour les personnes seules

    (moyenne=5,3 nuits) que pour les familles ou les groupes de personnes (moyenne= 2,4 nuits). Ces

    derniers sont donc remis la rue en moins de temps que les personnes seules.

    Au total, plus dune personne sur deux non hberge suite au signalement

    Au total, parmi les 316 personnes signales au 115, 60,9 % nont pas t hberges suite au

    signalement fait par les quipes de MdM (soit 192 personnes), soit par manque de solution, soit par

    refus de la solution propose (Schma 1). Parmi les personnes restes sans hbergement :

    - 12 % taient des mineurs ;

    - 3 % taient des femmes enceintes ;

    34 % taient malades selon les quipes de MdM (soit 63 personnes malades restes la rue

    correspondant 62 % des personnes malades rencontres par les quipes).

    Un tiers des personnes sans-abri ont au moins un problme de sant

    Parmi les personnes ncessitant un hbergement durgence, un tiers prsentait un problme de

    sant au moment du signalement daprs les quipes de MdM (soit 106 personnes). D ans plus de 8

    cas sur 10, il sagit dun problme chronique avec une prdominance des addictions et des

    pathologies dordre psychiatriques9 [tableau 1].

    La maladie (psychiatrique ou non) lorsquelle est mal prise en charge, peut tre lorigine de

    lexclusion qui aboutit des difficults de logement. Mais il est aussi reconnu que les conditions devie dans la rue ont des effets trs dltres sur la sant. En effet, les personnes sans domicile

    souffrent plus frquemment de troubles digestifs, dermatologiques et psychiques. L exclusion peut

    entraner de fortes souffrances psychiques et/ou renforcer des troubles mentaux prexistants

    comme en tmoigne lenqute Samenta10 mene en le-de-France auprs des personnes sans

    logement. Selon cette tude, un tiers des personnes sans logement souffre de troubles

    psychiatriques svres et un cinquime au moins dune addiction, ces niveaux tant bien plus levs

    que dans la population gnrale.

    9

    Sur les 106 personnes prsentant un problme de sant, seules 76 ont t documents,10 Laporte A., et al., Samenta, la sant mentale des personnes sans logement personnel d le-de-France, Rapport final,Observatoire du Samu Social, Inserm, 2010.

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    Tableau 1 : Problmes de sant reprs parmi les sans-abris rencontrs par les quipes MdM

    Effectifs Pourcentages

    Chroniques 63 79,7Addictions 36 45,6

    Psychiatrique 9 11,4

    Cardio-Vasculaire 8 10,1

    Respiratoire 5 6,3

    Paralysie suite AVC 3 3,8

    Neurologique 2 2,5

    Aigus 14 17,7

    Douleurs 6 7,6

    Traumatologie 2 2,5

    ORL 2 2,5Dermatologie 2 2,5

    Respiratoire 1 1,3

    Digestif 1 1,3

    Autres 2 2,5

    Total gnral 79(a)

    100

    (a) Sur 76 personnes malades rencontres dont on a pu avoir des prcisions sur la pathologie, 3personnes ont dclar plusieurs pathologies.

    Source : MdM, Enqute hbergement durgence janvier-fvrier 2013

    Selon les tudes, on estime que lesprance de vie dune personne sans-abri se situe entre 40 et 45

    ans11,12. Ainsi, le fait dtre sans-abri constitue un risque majeur pour la sant et augmente la

    probabilit de dcder prcocement. Lalcool serait impliqu dans presque la moiti des causes de

    dcs selon Hewett et al. LINSEE souligne que ltat de sant de ces personnes se dgrade

    proportionnellement la dure du temps vcu la rue13. Le recours aux soins de faon tardive et la

    difficult dobserver des traitements du fait des conditions de vie sont ainsi des facteurs aggravants

    pour la sant des sans-abris.

    Daprs les rsultats de notre enqute, parmi ces personnes prsentant un tat de sant fragilis,

    seules 36,4 % ont t reloges, 41,1% ont refus la solution propose par le 115 et 18,7 % nont euaucune solution dhbergement propose.

    Un homme non-voyant en demande dhbergement a t rencontr un soir de maraude 23h30. Lquipe a souhait orienter cette personne vers un foyer. La rponse du 115 et du foyerfut ngative. Les raisons invoques taient que les structures ne sont pas adaptes pour

    11 Hewett, N. Halligan, A., Homelessness is a healthcare issue , Journal of the Royal Society of Medicine, 2010, vol 103no.8, 306-30712

    Hewett, N. et al, Morbidity trends in the population of a specialized homeless primary care service, British Journal ofGeneral Practice, 2011;61:200-20213

    Rochre, B., La sant des sans domicile usagers des services daide , INSEE Premire, n893, avril 2003

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    recevoir des personnes avec un tel handicap. Devant ce refus la seule solution pour lquipe deMdM a t de dposer cette personne dans laccueil des urgences de lhpital o elle a taccepte[Strasbourg]

    Les conditions de vie extrmement prcaires exposent ces populations un fort risque decomplications et les urgences hospitalires deviennent alors souvent le seul recours pour les patients

    sans domicile prsentant un problme de sant, alors que ces personnes pourraient bnficier du

    dispositif spcifique des Lits Haltes Soins Sant (LHSS)14.

    Ce dispositif est destin spcifiquement aux personnes en situation de grande exclusion dont ltat

    de sant physique ou psychique ncessite un temps de convalescence sans justifier une

    hospitalisation15. Malheureusement ce dispositif, trs adapt, est aujourdhui satur (37,8% des

    demandes dadmission sont refuss par saturation des capacits daccueil et par des orientations

    inappropries)16, notamment parce quaucune solution nexiste pour de nombreuses personnes

    souffrant de pathologies chroniques et qui occupent donc ces lits sur une longue priode.

    Les quipes de Mdecins du Monde font ainsi face de nombreuses situations de personnes

    malades et la rue pour lesquelles aucune solution de mise labri naboutit.

    Une personne a t refuse aux Lits Haltes Soins Sant sous prtexte que sa maladie ne

    relevait pas de ce dispositif, alors que cette mme personne prsentait une polypathologie

    svre pour laquelle elle a t hospitalise 15 jours. Le fait de vivre la rue ne lui permettait

    pas d'tre observant par rapport son traitement Saint Denis

    14Loi 2005-1579 du 19 dcembre 2005 relative au financement de la scurit sociale pour 2006, et dcret 2006-556 du 17

    mai 2006, relatif aux conditions dorganisation et de fonctionnement des structures dnommes Lits Haltes Soins Sant .15Ce dispositif sadresse toute personne sans domicile fixe, quelle que soit sa situation administrative, que ses droits lassurance maladie soient ouverts ou pas, dont ltat ne ncessite pas dhospitalisation ou de prise en charge spcialise,

    qui doit recevoir des soins.16 Picon, E., et al, Evaluation du dispositif Lits Haltes Soins Sant (LHSS), DGCS, Rapport final version dfinitive du 12fvrier 2013, 179p

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000815414&fastPos=1&fastReqId=1944769793&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000815414&fastPos=1&fastReqId=1944769793&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000819044&fastPos=2&fastReqId=1641538519&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000819044&fastPos=2&fastReqId=1641538519&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000819044&fastPos=2&fastReqId=1641538519&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000819044&fastPos=2&fastReqId=1641538519&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000819044&fastPos=2&fastReqId=1641538519&categorieLien=cid&oldAction=rechTextehttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000815414&fastPos=1&fastReqId=1944769793&categorieLien=cid&oldAction=rechTexte
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    CONCLUSIONS

    Les rsultats de notre enqute mettent en vidence un manque encore criant de places

    dhbergement durgence adaptes aux besoins des personnes sans-abri. Dans ces conditions, leprincipe dinconditionnalit de lhbergement durgence nest toujours pas effectif en 2013.

    En effet, au cours de la priode hivernale tudie, plus de 65% des demandes effectues auprs du115 par les quipes de Mdecins du Monde nont pas donn lieu un hbergement. Ainsi malgrlaugmentation du nombre de places dhbergement durgence, loffre reste nettement insuffisante

    pour couvrir la demande. Par ailleurs, bien souvent les modalits daccueil et les conditions

    dhbergement (locaux dgrads, promiscuit, recours lhtel ) dissuadent les personnes davoir

    recours ces solutions et/ou sont inadaptes lvolution des publics la rue (notamment lesfamilles avec enfants, de plus en plus nombreuses, et les personnes prsentant des problmes desant). Il sagit par consquent de promouvoir des dispositifs dhbergement et de logement adapts

    aux besoins des publics, et en particulier les Lits Halte Soins Sant et les Lits dAccueil Mdicalis, qui,

    selon les conclusions du rapport dvaluation pour ce dispositif, disposent dun nombre de placesinfrieur aux besoins17.

    Lenqute montre galement que les solutions proposes restent trs largement de courte dure et

    ne rpondent absolument pas la volont du gouvernement de proposer des solutions prennespermettant aux personnes les plus fragilises de sortir de ces situations durgence. Dans ces

    conditions, les personnes se retrouvent systmatiquement la rue, en dpit du principe decontinuit de la prise en charge, et doivent renouveler sans cesse leurs demandes auprs du 115, aurisque de se dcourager dfinitivement.

    Jusqu prsent laction mene en faveur des sans-abris a surtout fait lobjet de mesures ponctuelles,mises en place dans lurgence, bien souvent sous la pression des associations, et ne rpondant que

    trop partiellement aux besoins des publics concerns.Le plan quinquennal contre la pauvret et pour linclusion sociale adopt en janvier 2013 constituede ce fait une tape importante dans llaboration dune politique cohrente en faveur despersonnes en difficult de logement. Cependant, plus quune mise labri et dune gestion delhbergement durgence saisonnire, des mesures concrtes et prennes sont attendues,notamment en ce qui concerne les plans territoriaux de sortie de lhiver, sur lesquels les associationsmanquent de visibilit moins dune semaine de la fin du plan hivernal.

    17 Picon, E., et al, Evaluation du dispositif Lits Haltes Soins Sant (LHSS), DGCS, Rapport final version dfinitive du 12fvrier 2013, 179p

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    Annexe 1 : Fiche de signalement

    Fiche de signalement au 115

    Nom intervenant MdM : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 2. Date : __ __ \ __ __ \ 2013 Ville: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

    4. Programme: 1 Caso 2 Maraude 3 Autre, prciser..

    5. Nb de personnes concernes par le signalement/hbergement :\__\__\ 6. Sagit-il dune famille ?1 Oui 2 Non 3 NSP

    7. La (les) personne accepte-t-elle de contacter le 115 ?1 Oui 2 Non, Pourquoi ..

    8. Solution apporte par le 115 (ou ligne directe)

    1 Aucune solution propose 8.1 Motif du refus: 1 Pas de place2 Autre, ..

    2 Solution propose 8.2Logement propos:1 Htel 2 Centre dhbergement durgence

    3 Autre, prciser 8.3La solution propose a-t-elle t accepte ?

    1 Oui, par toutes les personnes concernes

    2 Oui, par une partie des pers. concernes, Prciser: .3 Non, Prciser pourquoi :..

    9. Pour chaque personne concerne par le signalement prciser les lments suivants :

    N Sexe(H/F)

    Age Femme

    ceinte (x)

    Nationalit Sit.

    min.**(DA ; SP ; SR)

    Problmes de sant reprs ? LOGEE(O/N)

    Nb

    s

    1 1 Oui,

    2 1 Oui,

    3 1 Oui,

    4 1 Oui,

    5 1 Oui,

    6 1 Oui, 7 1 Oui,

    **DA : demandeur dasile, SP : sans-papiers (dont dbouts du droit dasile) ; SR : situation rgulire

    Observations: .

    Saisie 1. NumFiche: \_\_\_\

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    Annexe 2 : Principales mesures prises par le gouvernement au cours de lhiver 2012/2013

    Circulaire DGCS/1A/2012/369 du 23 octobre 2012 relative la mobilisation du dispositif daccueil

    dhbergement et dinsertion pendant lhiver 2012-2013

    o Enveloppe de 50 millions deuros pour renforcer les capacits daccueil et de prise en charge,

    notamment dans les territoires les plus en tension, et privilgier lhbergement de qualitplutt que le recours lhtel.

    o Recommandation pour les SIAO dvaluer les situations individuelles pour proposer une

    orientation adapte aux besoins des personnes et des familles. Accent mis sur

    laccompagnement des personnes accueillies.

    o Accent mis sur le suivi de lhbergement et laccompagnement pour la mise en place de

    mesures de sortie de lhiver (viter les mesures de remise la rue), tre prsentes par les

    prfets de dpartement en fin janvier.

    Circulaire interministrielle n DGCS/SD1DGALN/DHUP/DIHAL/2013/02 du 04 janvier 2013

    o Accent mis sur lamlioration des dispositifs dj existants (SIAO) et sur la sortie de lurgence et

    laccompagnement vers le logement de droit commun (y compris par les mesures trs relayes

    par la presse de rquisition dimmeubles prives pour reloger des personnes).o Crdits supplmentaires pour nouvelles places dhbergement et pour augmenter offre de

    logements loyer modr et reloger les familles prioritaire dans le cadre du DALO.

    o Plans territoriaux de sortie de lhiver faits pour et par chaque dpartement rendre en fvrier

    pour viter les remises la rue la fin de la priode hivernale et offrir des rponses adaptes

    aux territoires et aux mnages.

    Plan Pluriannuel interministriel contre la pauvret et pour linclusion sociale (21 janvier 2013)

    o Renforcer les moyens financiers et humains des SIAO pour les rendre pleinement oprationnels

    pour remplir mission dvaluation, dobservation sociale et de mise en rseau des acteurs de

    lhbergement. Rsoudre question oprationnelles (pilotage des prfets, partenariats et

    systme dinformation) pour lanne 2013.

    o Loi de rforme des modalits dattribution des logements sociaux (2013-2014)

    o Rendre le dispositif Droit au Logement Opposable - DALO plus effectif (2013)

    o Mettre fin la gestion au thermomtre de lhbergement durgence et prioriser laccs au

    logement : cration de plus de places pour lhbergement durgence tre prennises, plans

    de sortie de lhiver pas de mises la rue pour les personnes hberges pendant lhiver 2012 -

    2013. Pour 2014, cration de 4000 places daccueil pour demandeurs dasile. Proposition de

    runir les diffrents dispositifs dhbergement et daccompagnement sous un statut unique

    pour rendre laccs plus facile.

    o Renforcer les dispositifs passerelles vers le logement (AVDL, intermdiation locative, rsidences

    sociales) pour faire sortir les personnes de lurgence. Pour 2013, 7000 places dintermdiation

    locative sont prvue en alternative lhbergement. Lide centrale est damliorerlaccompagnement pour linsertion et par consquent pour le maintien dans le logement.

    o Mise en place dune politique lgard de lhabitat des Gens du Voyage : dveloppement

    daires daccueil et rflexion sur le statut juridique de la caravane du point de vue du droit de

    lhabitat.

    o Accompagner les personnes habitant des campements ou des squats : tous les efforts devront

    tre faits pour anticiper dventuelles dcisions de justice requrant lvacuation des lieux,

    associations mobilises pour aider trouver de solutions.

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