82
Enseignement Conjoint des Langues Anciennes Etude parallèle des deux langues : Il ne s’agit pas de pratiquer le bilinguisme de matière systématique à chaque séance mais d’organiser l’étude des deux langues de manière à multiplier les comparaisons qui enrichiront les élèves et susciteront davantage leur intérêt.

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

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Etude parallèle des deux langues : ��

Il ne s’agit pas de pratiquer le bilinguisme de matière systématique à chaque séance mais d’organiser l’étude des deux langues de manière à multiplier les comparaisons qui enrichiront les élèves et susciteront davantage leur intérêt.

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2

SOMMAIRE

ENSEIGNEMENT CONJOINT DES LANGUES ANCIENNES 1

• Les raisons de l’ECLA 5

• Nos objectifs 6

• La démarche 7

• Les outils 7

• Notre méthode 8

• Les modalités d’enseignement 9

PROPOSITION DE SEQUENCE N°1 :

FONDATION D’UNE VILLE ANTIQUE : RITES & MYTHES 11

• Objectifs de la séquence 12

• Athènes 14

1. Les héros fondateurs 14

2. Des rites et des fêtes 15

3. Légendes et histoire 16

4. Evaluation 17

5. Textes complémentaires 18

Suggestions pour l’étude des textes proposés 19

• Etude du texte de Justin 19

• Etude du texte de Thucydide 21

• A partir des deux textes de Justin et de Thucydide 22

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• Rome 23

1. Rappel : les origines légendaires de Rome et les héros

fondateurs 24

2. Rites de fondation 25

3. Evaluation 27

• Autres villes : choix de textes latins 28

I. Fondation de Marseille racontée par Justin 28

II. Fondation de Carthage racontée par Virgile 30

III. Fondation de Ségeste racontée par Virgile 31

• Bilan sur les mythes de fondation 32

PROPOSITION DE SEQUENCE N°2 : LE POUVOIR DU ������ 33

• Objectifs de la séquence 33

• Le pouvoir du ������ 35

• L’éloquence 36

• Suggestions pour l’étude des textes proposés 37

o Iphigénie 37

o Latone et les bergers de Lycie 38

o Pour l’invalide 39

o L’affaire Catilina 40

Proposition pour l’étude d’un point fondamental de la syntaxe

grecque et latine : la proposition infinitive 41

Proposition complémentaire : un exemple d’éloquence judiciaire 42

• Bilan sur le pouvoir du ������ 45

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ANNEXES : CORPUS DE TEXTES LATINS ET GRECS 46

• Annexe 1 : La fondation d’une ville antique, rites et mythes 47

o Justin, Histoire Universelle, Livre II, 6 48

o Justin, Histoire Universelle, Livre II, 6 – traduction 49

o Virgile, Enéide, Chant I 50

o Virgile, Enéide, Chant I – traduction 51

o Virgile, Enéide, Chant V 52

o Virgile, Enéide, Chant V – traduction 54

o Tite-Live, Ab Urbe Condita, Livre I, 7 56

o Tite-Live, Ab Urbe Condita, Livre I, 7 – traduction 56

o Thucydide, Guerre du Péloponnèse, Livre II, 15 57

o Thucydide, Guerre du Péloponnèse, Livre II, 15 – traduction 57

o Plutarque, Vie de Thésée, II 58

o Plutarque, Vie de Thésée, II – traduction de Ricard 58

o Plutarque, Vie de Thésée, II – traduction 59

o Plutarque, Vie de Romulus, chapitre 3, 2-3 65

o Plutarque, Vie de Romulus, chapitre 3, 2-3 – traduction 65

o Hérodote, Livre IV, 155 66

o Hérodote, Livre IV, 155 – traduction 66

o Marcus Junianus Justinus Abrégé des Histoires Philippiques

de Trogue Pompée, Extrait du livre XLIII 67

• Annexe 2 : L’art des discours 68

o Euripide, Iphigénie Aulis, Episode 4 (1211-1252) 69

o Euripide, Iphigénie à Aulis, Episode 4 (1211-1252) – traduction 71

o Ovide, Métamorphoses, livre VI 73

o Ovide, Métamorphoses, livre VI – traduction 75

o Lysias, Pour l’invalide, 24, 4-20 76

o Lysias, Pour l’invalide, 24, 4-20 – traduction 79

o Cicéron, 1ère Catilinaire (1,1) 82

o Cicéron, 1ère Catilinaire (1,1) – traduction 82

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

LES RAISONS DE L’ECLA

Cet enseignement se fonde

sur la complémentarité des deux cultures.

Cette méthode plaît beaucoup aux élèves qui aiment passer d’une langue à l’autre.

Ils apprécient la diversité

des cours et des supports proposés.

Les acquisitions ne sont pas moins rapides car l’étude d’une langue aide les élèves dans l’étude de l’autre.

Les fréquentes comparaisons entre les deux langues les entraînent

à rapprocher de manière raisonnée les langues anciennes et vivantes entre elles.

C’EST UN BON MOYEN :

• D’encourager les langues anciennes.

• D’en montrer l’intérêt.

• De les rendre vivantes et efficaces.

• D’élargir le champ des connaissances des élèves

• De décloisonner l’enseignement et de l’ouvrir

sur un espace culturel plus vaste.

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

NOS OBJECTIFS :

Faire étudier en parallèle les deux langues "latin" et "grec",

pour faciliter leur apprentissage et permettre aux élèves de

les comparer sous deux aspects :

• La langue : morphologie, syntaxe et vocabulaire 1. Morphologie et syntaxe

2. Vocabulaire Familles de mots communes ou différentes que l’on retrouve dans les langues vivantes étudiées par nos élèves. Par exemple :

pppaaattteeerrr eee ttt ������������������������������������ ������ �� �� �� père, paternel et aussi padre, father, Vater…

sssccchhhooolllaaa eee ttt ������������������������������������������������ ������ �� �� �� école, scolaire, scholastique …/ scuola

• La civilisation

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

LA DEMARCHE

Dans l’emploi du temps hebdomadaire et l’horaire imparti, l’enseignant a toute liberté de répartir,

avec souplesse et selon les besoins de son enseignement, la proportion du temps accordé à chacune des deux langues

(le latin et le grec).

Certaines séances peuvent être consacrées à la comparaison des deux langues.

LES OUTILS

Les élèves ont un seul cahier de latin et de grec dans lequel la comparaison entre les deux langues (le latin et le grec)

peut se faire sur deux pages en regard.

Aucun manuel mettant en regard des textes latins et grecs sur un genre ou un thème n’existe à ce jour*.

Aussi travaillons-nous à la confection de séquences à proposer aux collègues : nous recherchons des

regroupements de textes latins et grecs qui suscitent une réflexion sur certains points de la culture antique.

*Depuis janvier 2006 le CDDP de Franche Comté a fait paraître 300 FICHES PRATIQUES POUR LE BILINGUISME LATIN GREC

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

NOTRE METHODE

Généralement nous sélectionnons des THEMES ou des GENRES qui sont riches de sens pour nos élèves

parce qu’ils permettent la comparaison, la mise en regard des deux cultures.

Les THEMES peuvent porter sur : la vie quotidienne,

les mythes fondateurs, les personnages historiques ou mythologiques…

Les GENRES ABORDES SONT : la fable,

le théâtre, l’épopée,

le plaidoyer…

L’étude par thèmes ou par genres permet :

de réfléchir sur les civilisations, l’histoire, nos héritages culturels et notre propre civilisation

tout en travaillant sur la langue.

L’étude par thèmes reste soucieuse d’une progression dans les acquisitions linguistiques

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

LES MODALITES D’ENSEIGNEMENT

Rappel de l’horaire officiel de l’option latin et de l’option grec :

5ème : 2 heures de latin 4ème : 3 heures de latin 3ème : 3 heures de latin ou de grec

A ces options on peut substituer, avec l’accord du CA, un « enseignement conjoint » que l’on peut commencer :

• Dès la classe de 5ème.

• Ou bien en 4ème ,

quand les élèves sont déjà familiarisés avec une langue ancienne par une année de latin.

Il est possible de poursuivre cet enseignement conjoint en classe de 3ème.

Au lycée, les élèves choisissent l’une ou l’autre langue ou les deux

mais l’enseignement conjoint ne se pratique pas sauf exception.

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Travail réalisé par Marie-Laure Brunet, enseignante Lettres classiques (collège Mario

Meunier, Montbrison), Martine Pernet, enseignante Lettres classiques (collège Duclos,

Vaulx-en-Velin), Marie-Hélène Saint-Dizier, enseignante Lettres classiques (collège Jean

Perrin, Lyon 9ème), Sophie Dargent, enseignante Lettres classiques (collège Jean Perrin,

Lyon 9ème), Marie-France Gonon, enseignante Lettres classiques (collège Jean Perrin,

Lyon 9ème), Olivier Boudier , enseignant Lettres classiques (stagiaire IUFM - collège Jean

Perrin, Lyon 9ème).

Travail accompagné par Fabrice Carnet, enseignant de Lettres, Pôle académique de

Soutien à l’Innovation.

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11

Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

Propositions de séquences pour un

Enseignement Conjoint des Langues Anciennes ���������

�Proposition n°1 :

FONDATION D’UNE VILLE ANTIQUE :

RITES & MYTHES

Proposition pour une classe de 4ème

On pourrait aussi adapter cette étude pour la classe de 3ème

_______________________

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MYTHES DE FONDATION :

Athènes, Rome et autres villes antiques

Nous avons sélectionné sur ce thème des textes qui soient lisibles par des élèves

de 4ème et pour chaque extrait nous avons repéré ce qui pourrait donner lieu à

des apprentissages linguistiques.

Objectifs de la séquence :

• Faire connaître les légendes qui sont liées à la fondation d’Athènes et

de Rome, en profitant de l’attrait des élèves pour la mythologie.

• Faire réfléchir les élèves sur ces mythes de fondation :

- Quel rapport ont-ils avec la réalité historique ?

- Quelle signification avaient ces légendes et quelle était l’importance

des héros fondateurs pour les Grecs et les Romains ?

Des élèves de 4ème/3ème doivent prendre conscience que ces belles histoires

ne sont que des légendes ; en même temps ils peuvent comprendre qu’elles

ont une signification et qu’elles sont un reflet de l’histoire.

« Les faits qui se passèrent, avant que la ville fût fondée ou qu’on voulût la fonder, sont plutôt

ornés de fables poétiques que transmis par des documents authentiques. Je ne veux ni les réfuter

ni les affirmer. Laissons à l’antiquité le droit de mêler le divin à l’humain pour rendre les

commencements des villes plus vénérables.» Tite-Live*, Histoire romaine, Préface.

[* Tite-Live : 59 av.J.C. – 17 ap. J.C.]

Quae ante conditam condendamve urbem poeticis magis decora fabulis quam incorruptis rerum

gestarum monumentis traduntur, ea nec adfirmare nec refellere in animo est. Datur haec uenia

antiquitati, ut miscendo humana diuinis primordia urbium augustiora faciat.

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Avec les textes proposés ci-après, on peut aménager sa progression de différentes

façons : chacun choisira, agencera et articulera les textes en fonction de sa classe et de

ses objectifs.

Les exercices formatifs et les évaluations seront construits par le professeur, au fur et à

mesure de la séquence, en fonction des besoins des élèves et de leurs acquis.

Quelques suggestions de séquences :

- Une séquence sur les origines d’Athènes + une séquence sur les origines de Rome (proposition ci-après),

- Les héros fondateurs d’Athènes (un texte de Justin) + les héros fondateurs de

Rome (un texte de Plutarque), - Visite d’une exposition (Lugdunum, naissance d’une capitale) + naissance de

Rome + naissance d’Athènes, - D’autres agencements sont possibles…

On trouvera les textes étudiés dans le corpus de textes ci-joint. Parfois nous nous

référons aux manuels en usage, en particulier Lire le grec en 3ème, Hachette.

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Athènes

1) Les héros fondateurs Dans l’Antiquité les origines d’Athènes ont toujours été racontées à travers

des mythes : nous pouvons faire connaissance avec les personnages de ces

légendes grâce à des textes d’époque différentes.

• Commençons par un auteur latin tardif, Marcus Junianus

Justinus : au IIIème siècle ap.J.C., il résuma un gros ouvrage, aujourd’hui

disparu, d’un autre auteur latin Trogues Pompée (contemporain d’Auguste).

En voici un extrait :

Etude d’un texte de Justin

- Traduction

- Recherche documentaire (généalogie des rois)

- Grammaire : pronoms (révision ou apprentissage)

• Nous pouvons maintenant lire un auteur grec, Thucydide ( 460-

395 av. J.C.) : il raconta la guerre du Péloponnèse qui opposa les cités

grecques entre elles à la fin du Vème siècle av. J.-C. Lorsqu’il parle de

l’Attique, région d’Athènes, il explique ceci :

Etude d’un texte de Thucydide

- Vocabulaire : les organes du gouvernement

- Grammaire : le pluriel neutre

- Civilisation : le synœcisme – les institutions

A partir des textes de Justin et Thucydide

Etude bilingue :

Vocabulaire : urbs – civitas - ���� ��

Grammaire : la 3ème déclinaison (radical terminé par une consonne)

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• Dans la vie de Thésée, racontée par Plutarque (50-125 ap. J.-C.),

on retrouve les mêmes explications.

Texte de Plutarque

Lecture et étude d’un texte traduit

On peut retrouver dans ce texte les explications de Thucydide et repérer ce qui

est nouveau. Ce texte peut servir de transition avec le thème suivant (rites et

fêtes).

2) Des rites et des fêtes perpétuaient le souvenir des origines :

- La fête des Panathénées : quelle célèbre frise a immortalisé la

procession de cette fête ?

- Texte de Platon, Phédon (cf Lire le grec 3ème Hachette page 44) : La

mort de Socrate fut retardée à cause d’une fête qui garde en mémoire un des

exploits de Thésée.

- Texte d’Hérodote (480-425 av. J.-C.) ou texte de Pausanias (IIème siècle

ap. J.-C.) (cf Lire le grec en 4ème Hachette pages 176-177).

Sur l’Acropole, à côté du Parthénon, il existait un monument au plan assez

complexe, l’Erechtéion, où l’on rendait un culte aux premiers rois d’Athènes

(Erechtée…).

__________________

• Frise des Panathénées (plusieurs sites, par exemple http://www.ac-

orleans-tours.fr/hist-geo-grece/sixiemes/6p27.htm ),

• Maquette, photo ou plan de l’Erechtéion :

par exemple maquette que l’on trouve sur le site :

http://www.maquettes-historiques.net/page159.html.

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3) Légendes et histoire :

Quels étaient en réalité les premiers habitants d’Athènes ? Que

savons-nous de l’histoire de l’Attique et d’Athènes ?

L’autochtonie :

Textes :

Dans l’Antiquité on a toujours dit que les Athéniens étaient des

« autochtones ».

• ����� ������� ���������������������������������� �������

������������� ��!�(Plutarque, Vie de Thésée, III)

« Thésée remontait par son père à Erechtée et à ces premiers habitants de l’Attique qu’on

appelait autochtones ».

• Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, II 15 - Dans une oraison

funèbre, Périclès rend hommage aux ancêtres des Athéniens :

« Cette contrée, que sans interruption ont habitée des gens de même

race, est passée de main en main jusqu'à ce jour, en sauvegardant

grâce à leur valeur sa liberté. » (Les Athéniens étaient très fiers de leur qualité d'autochtones. Ils ne sont pas installés dans l'Attique en pays

conquis comme les Spartiates qui sont des Doriens venus en Laconie : Périclès le leur rappelle pour les flatter.)

• Aristophane, Les guêpes, 1076 :��

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'Nous sommes) la gent attique, seule noble et vraiment autochtone.

• Justin (Histoire universelle, livre II chapitre 6) :

« Ce ne sont pas des immigrants, ni un ramassis de populations,

collecté çà et là, qui a été à l'origine de la ville, mais au contraire

des gens nés sur le même sol qu'ils habitent, et le lieu d'origine

est le même pour eux que celui de leur établissement. »

• Cicéron (Pro Flacco XXVI) : La ville d’Athènes est si ancienne

qu’elle « a engendré elle-même ses citoyens. »

( )*+,-.+/01�2�3�Dans le texte de Thucydide faisons le rapprochement entre ������� et

����������, mots dans lesquels on retrouve le radical de la terre ��w�/���-. La

présence de la terre ou du serpent, (l’animal qui est en contact avec la terre) est

permanente dans les premiers temps de l’histoire : Cécrops, le premier roi était un roi-

serpent. Un enfant d’Athéna, confié aux filles de Cécrops, s’appelle Erichtonios et il

est gardé par des serpents ! Un autre roi s’appelle Erechtée.

����������������������������3�( )/0�+-44/�Lire le grec 3ème Hachette page 55 pour le radical ���-

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conclusion :

Autochtonie ? Les Athéniens ne sont certes pas nés du sol de l’Attique, on pense

aujourd’hui qu’ils sont le produit de diverses migrations : Pélasges, Ioniens,

Achéens… ces vagues de migration remontent au moins au IIème millénaire ; mais

pour les Grecs ces implantations se perdaient dans la nuit des temps et, plus tard, à

l’époque des premiers écrivains, Athènes paraissait si ancienne qu’elle semblait avoir

toujours existé. L’Attique avait été épargnée lors de l’invasion des Doriens : ses

habitants avaient donc le sentiment de n’être ni conquis, ni soumis, ni colonisés et de

n’être pas venus non plus d’une lointaine contrée5�

Pourquoi des légendes liées à la fondation ? Les Athéniens ont le sentiment

d’appartenir à un même peuple qui a un passé et une histoire que l’on peut raconter, un

passé qui se prolonge des siècles plus tard à travers les rites et les fêtes. Les légendes

donnent ainsi une cohésion et une unité à la cité. D’autre part elles traduisent de

manière symbolique quelques grandes étapes historiques :

- la succession des rois traduit l’enracinement dans l’Attique et légitime

l’attachement des Athéniens à leur terre,

- le synoecisme de Thésée correspond à la réunion des familles et des clans et

au passage progressif vers la notion de cité (voir par exemple Fustel de

Coulanges, La cité antique et Pierre Lévêques).

Autres légendes de fondation à chercher : - Thèbes,

- Cyrène : Hérodote, Histoires, Livre IV, chap. 150-159 (cf corpus de

texte et site HODOI ELEKTRONIKAI : http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm�

- Marseille,

- Rome.

4) Evaluation Elle pourra porter sur les points étudiés dans les séances précédentes (à la fois

la langue -vocabulaire et grammaire- et la civilisation).

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5) Textes complémentaires :

• Textes sur le peuplement : Légende et histoire

« Ce changement, par lequel la population de l’Attique passa de l'état de famille patriarcale à une société un peu plus étendue, était attribué par la légende aux efforts de Cécrops; il faut seulement entendre par là qu'il ne fut achevé qu'à l'époque où l'on plaçait le règne de ce personnage, c'est-à-dire vers le seizième siècle avant notre ère. On voit d'ailleurs que ce Cécrops ne régnait que sur l'une des douze associations, celle qui fut plus tard Athènes; les onze autres étaient pleinement indépendantes; chacune avait son dieu protecteur, son autel, son feu sacré, son chef. Plusieurs générations se passèrent pendant lesquelles le groupe des Cécropides acquit insensiblement plus d'importance. De cette période il est resté le souvenir d'une lutte sanglante qu'ils soutinrent contre les Eumolpides d'Éleusis, et dont le résultat fut que ceux-ci se soumirent, avec la seule réserve de conserver le sacerdoce héréditaire de leur divinité. On peut croire qu'il y a eu d'autres luttes et d'autres conquêtes dont le souvenir ne s'est pas conservé. Le rocher des Cécropides, où s'était peu à peu développé le culte d'Athéné, et qui avait fini par adopter le nom de sa divinité principale, acquit la suprématie sur les onze autres États. Alors parut Thésée, héritier des Cécropides. Toutes les traditions s'accordent à dire qu'il réunit les douze groupes en une cité. Il réussit, en effet, à faire adopter dans toute l'Attique le culte d'Athéné Polias, en sorte que tout le pays célèbre dès lors en commun le sacrifice des Panathénées. »

Fustel de Coulanges, La cité antique III, 3

« Une acropole au milieu d'une cuvette - l'une des rares petites plaines de l'Attique - non loin de la mer, tel est le site d'Athènes. Très tôt les hommes l'occupèrent. Dès l'époque mycénienne, une forte enceinte (XIIIème siècle) couronne l'Acropole où se dressent le palais royal d'Érechthée et le sanctuaire d'Athéna, donnée dès le début comme la protectrice par excellence des Athéniens. Homère évoque « Athènes, la belle cité, peuple d'Érechthée au grand coeur, qu'Athéné, fille de Zeus, jadis éleva, puis installa à Athènes dans son riche sanctuaire ». Athènes peut donc faire remonter son origine aux premiers envahisseurs grecs de l'Hellade. Les nombreux mythes qui y sont localisés transposent des éléments historiques appartenant à l'époque mycénienne. Ainsi l'un des descendants d'Erechthée, Thésée, libère sa patrie du tribut qu'elle devait verser au Crétois Minos. C'est lui aussi qui opère la réunion - ou synoecisme - des différents villages de l'Attique en une cité unique et se révèle donc comme le véritable fondateur de la communauté athénienne. Épargnée par les invasions doriennes, Athènes reste peuplée d’Ioniens et développe dès les âges noirs une brillante civilisation. »

Pierre Lévêque Nous partons pour…La Grèce 1979 page 45

• Textes de Plutarque :

- L’action de Thésée,

- Comparaison entre Thésée et Romulus (cf Corpus de textes).

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Fondation d’une ville antique : mythes et rites - Athènes

SUGGESTIONS POUR L’ETUDE DES TEXTES PROPOSES

Etude du texte de Justin Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée.Livre II, chapitre 6 Pour situer le texte étudié : [(de1 à 6) Puisqu'on en est maintenant arrivé aux guerres des Athéniens, qui furent menées jusqu'au bout en outrepassant non seulement le résultat escompté, mais la foi qu'on peut ajouter à leur récit, et puisque les œuvres des Athéniens produisirent des résultats plus importants que ce qu'ils avaient souhaité, il faut revenir en peu de mots sur l'origine de la ville, parce que, aussi, contrairement aux autres peuples, les Athéniens ne parvinrent pas au faîte de la puissance à partir d'humbles commencements. Ils sont en effet les seuls à tirer gloire aussi de leur origine en plus de leur développement ; puisque ce ne sont pas des immigrants, ni un ramassis de populations, collecté çà et là, qui a été à l'origine de la ville, mais au contraire des gens nés sur le même sol qu'ils habitent, et le lieu d'origine est le même pour eux que celui de leur établissement. Les premiers, ils apprirent à utiliser le travail de la laine, l'huile et le vin. De même, ils montrèrent à ceux qui se nourrissaient de glands à labourer et à semer les céréales. À la vérité, les belles-lettres, l'art de la parole, et l'organisation civique actuelle ont Athènes comme sanctuaire.] 1 5 10 15

(de 7 à 15) 7 Ante Deucalionis tempora regem habuere Cecropem, quem, ut omnis antiquitas fabulosa est, biformem tradidere, quia primus marem feminae matrimonio iunxit. 8 Huic successit Cranaus, cuius filia Atthis nomen regioni dedit. 9 Post hunc Amphictyonides regnauit, qui primus Mineruae urbem sacrauit et nomen ciuitati Athenas dedit. 10 Huius temporibus aquarum inluuies maiorem partem populorum Graeciae absumpsit. 11 Superfuerunt, quos refugia montium receperunt, aut ad regem Thessaliae Deucalionem ratibus euecti sunt, a quo propterea genus hominum conditum dicitur. 12 Per ordinem deinde successionis regnum ad Erechtheum descendit, sub quo frumenti satio est Eleusini a Triptolemo reperta, 13 in cuius muneris honorem noctes initiorum sacratae. 14 Tenuit et Aegeus, Thesei pater, Athenis regnum, a quo per diuortium discedens Medea propter adultam priuigni aetatem Colchos cum Medo filio ex Aegeo suscepto concessit. 15 Post Aegeum Theseus ac deinceps Thesei filius Demophoon, qui auxilium Graecis aduersus Troianos tulit, regnum possedit.

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Etude: 1) Questions (donner uniquement le texte latin livre II, chap.6, 7-15):

1. Repérer le nom roi dans la phrase 7. Quel nom propre se rapporte à « roi » ?

2. Traduire les phrases 8 et 9. 3. Dans les phrases 10, 11 12 13, relever les noms propres et chercher les

légendes relatives à certains noms (Cecrops – Deucalion – Erechtée – Eleusis – Triptolème).

4. Traduire le passage souligné dans les phrases 14 et 15.

2) Bilans : - Légende : récapituler les rois d’Athènes. - Donner la traduction du texte. - Langue : révision ou apprentissage des pronoms (pr. relatif et hic, haec, hoc). 3) Donner la traduction de 7-15 : 7 Avant l'époque de Deucalion, les Athéniens eurent pour roi Cécrops dont ils racontèrent qu'il avait une double forme — toute l'histoire antique est pleine de fables — parce que le premier, il unit en mariage un homme à une femme. 8 Son successeur fut Cranaos, dont la fille, Atthis, donna son nom à la région. 9 Après lui régna Amphictyonide qui fut le premier à consacrer la ville à Minerve, et il donna le nom d'Athènes à la cité. 10 De son temps, un déluge détruisit la plus grande partie des peuples de Grèce. 11 Survécurent ceux qui se retirèrent dans les refuges des montagnes ou qui furent évacués sur des barques chez le roi de Thessalie Deucalion, dont on dit pour cette raison que le genre humain a été fondé par lui. 12 Ensuite, selon l'ordre successoral, la royauté parvint à Érechtée sous lequel la manière de semer les céréales fut découverte à Éleusis par Triptolème : 13 en l'honneur de ce présent, les nuits sacrées des initiations furent instituées. 14 Égée, le père de Thésée, occupa également le trône à Athènes ; Médée s'en séparant par un divorce à cause de l'âge mûr de son beau-fils, se rendit chez les Colches avec son fils Médos, qu'elle avait eu d'Égée. 15 Après Égée, Thésée fut en possession du royaume, et ensuite Démophon, le fils de Thésée, celui qui apporta son aide aux Grecs contre les Troyens.

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Etude du texte de Thucydide Thucydide Guerre du Péloponnèse,Livre II, 15, extraits ��� ������� ���������� ���� ����� ��� ����� ���� ����� ����� �� �������� ������ �� ��

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Etude : 1) Questions (donner uniquement le texte grec):

1. Trouver des mots formés sur le même radical (ou bien donner���� ���� � �����������et trouver un mot de la même famille).

2. Etudier le champ lexical du gouvernement : relever les mots du texte en s’aidant d’une fiche (ex : Lire le grec en 3ème Hachette pages 74 à 81).

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��� Relever une autre forme du nom������� ��#���

��� Relever une autre forme du nom��������� �#��

��� chercher le sens de� �%���� ���� � � ����� &� conclusion sur les changements (passage du pluriel au singulier).�

2) Bilans : �

� Légende : Expliquer le changement opéré par Thésée - « synoecisme » vient de !��� ��� ��#

� Donner la traduction. � Grammaire : le neutre pluriel de la 2ème déclinaison – le nombre un, sa

déclinaison, étymologie (comparaison avec d’autres langues : unus, one, ein…) – faire des exercices (Lire le grec en 3ème Hachette p. 46 et 49).

� Vocabulaire : les organes du gouvernement.

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A partir des deux textes de Justin et de Thucydide

Vocabulaire : urbs / civitas (Justin ligne 5) / ��� �# Grammaire :

• A partir du nom Cécrops, étude de la 3ème déclinaison en latin et en

grec :

Radical terminé par une consonne labiale dans :

Cecrop-em ( texte de Justin),

�����&�� ( texte de Thucydide).

• Distribuer des tableaux comparatifs.

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Rome

1) Rappel : les origines légendaires de Rome et les héros fondateurs

On peut étudier un texte en grec (texte proposé ci-dessous: Plutarque), et/ou un extrait de Tite-Live (corpus de textes) ou de Lhomond (ci-dessous).

• Plutarque(50-125 ap.J.C.) qui a écrit une Vie de Thésée a aussi écrit une Vie de Romulus.

Souligner les noms propres dans l’extrait suivant, les recopier en regroupant les différentes formes d’un même nom. '6��� 7�8���$��� �������� �� %��9:;<� ;��!:�� �� �����#�:= ���� #>� �? � ����� ���� "�>:!�� � @� #!�#��A� ���B���#� "��:$��� #����$������ �C� D���� #$�� � �E� #�� ;��!:�$F � �C� �� ���� ���� ��� %��G��$��� ��!������� ������ ���!������ � �H:���� �A�� ;��!:�$��� I�? � �� �#� (��� ���J��I�"�>:!����C��� �������� :����� 7����6��#��D����� ��K�? � ����� � � �� ���;��!:�$����= �$:����LF#$� � �����= �;�>����� %�� �B�� �������� ����K� �������!� �&#�� � M���!��� �B��N��$���� �#�!O�� �P��������� ������������;!� ������#���>�����M����Q:$�� ��M�#��R ��� ��M�#��S!:��$���T��DU���!#��

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1. Légende : D’Enée à Romulus A l’aide des noms propres, rappeler les origines légendaires de Rome et la généalogie des héros fondateurs (faire un arbre généalogique). 2. Quel rapport ont ces légendes avec la réalité historique ? (voir

textes français d’historiens, par exemple Catherine Salles) 3. Langue : reconnaître ou découvrir le numéro de déclinaison des

noms – révision ou apprentissage de la 1ère et 2ème déclinaison. ]5� Vocabulaire : certains des mots suivants peuvent être

intéressants à commenter : ;��!:�� �Y� �E� ;��!:�$FY� � �A��;��!:�$��Y��#�:= ���Y�#>�Y������Y�%���B��������������KY�

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• Un texte de Lhomond (ou un texte de Tite-Live : cf corpus de textes)

Deinde Romulus et Remus urbem in iisdem locis ubi expositi educatique fuerant condiderunt

; sed orta est inter eos contentio uter nomen novae urbi daret, eamque regeret ; adhibuere

auspicia . Remus prior sex vultures, Romulus postea, sed duodecim, vidit. Sic Romulus

augurio victor Romam vocavit ; et cum eam prius legibus quam moenibus muniret, edixit ne

quis vallum transiliet. Quod Remus irridens transilivit ; eum iratus Romulus interfecit his

increpans verbis : " Sic deinceps malo afficiatur quicumque transiliet moenia mea . " Ita solus

potitus est imperio Romulus .

Lhomond, De viris illustribus

1) Repérage de vocabulaire et/ou traduction des passages soulignés.

2) Vocabulaire : contentio/contentieux la ville et la cité : vallum, legibus, moenibus/moenia/ imperio.

3) Grammaire : le parfait – les déponents - les formes du verbe transilio– les emplois du subjonctif (plutôt niveau 3ème).

4) rituels : auspicia adhibuere, augurio.

5) Romulus et Rémus : le meurtre.

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2) Rites de fondation : Plusieurs textes latins évoquent des fondations de ville, tous observent les mêmes rites : Pour en faire la synthèse, repérer les termes qui reviennent d’un texte à l’autre : un verbe (3 fois), des noms

• Texte n°1 - Enée fonde une ville en Sicile (Aceste/ Ségeste) pour ceux qui sont fatigués du long voyage entrepris depuis Troie :

Interea Aeneas urbem designat aratro Sortiturque domos. Virgile, Enéide, vers 755

• Texte n°2 – Caton décrit la même scène : Et ita sulco ducto loca murorum designabant, aratrum suspendentes circa loca portarum.

Caton, Origines,1

• Texte n° 3 – Enée arrive dans le Latium, sur les rives du Tibre. Pendant que des ambassadeurs vont rencontrer le roi Latinus, Enée s’installe :

Ipse humili designat moenia fossa, Molitur locum, primasque in litore sedes, Castrorum in morem, pinnis atque aggere cingit.

Virgile, Enéide, VII , 157-159

Remarque: le pluriel de locus,i est neutre (loca, orum)

Suggestions : - On peut traduire les textes 1 et 2. - Etude ou révision de l’ablatif absolu (sulco ducto). - Verbes déponents : sortitur, molitur - Vocabulaire : urbs, moenia etc…

En complément :

• Texte n°4 : Enée se souvient d’une prédiction de son père

(…) Ibique memento Prima locare manu molirique aggere tecta.

Virgile, Enéide VII, 126-127

A partir du vocabulaire trouvé, on reconstitue les éléments du rite puis on complète avec les textes de Plutarque, Varron et Caton ci-après :

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• Texte n°5 - Au moment où Plutarque raconte la fondation de la ville par Romulus, il explique :

Le fondateur mettant un soc d'airain à une charrue y attelle un boeuf et une vache, et trace lui-même sur la ligne qu'on a tirée un sillon profond. Il est suivi par des hommes qui ont soin de rejeter en dedans de l'enceinte toutes les mottes de terre que la charrue fait lever, et de n'en laisser aucune en dehors. La ligne ainsi tracée marque le contour des murailles; elle porte le nom de "pomerium", mot syncopé qui signifie "ce qui est derrière ou après le mur". Lorsqu'on veut faire une porte, on ôte le soc, on soulève la charrue, et l'on interrompt le sillon. De là vient que les Romains …

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V.-W+0X-1������������Y�chapitre 11, 3-4-5

Compléter la dernière phrase en traduisant le texte grec Vocabulaire à étudier : ������ �����&� ���)��&��� ������� ��#�

• Texte n°6 de Varron (écrivain et homme politique 116-27 av.J.C)

Dans le Latium, bien des fondateurs de cité suivaient le rite étrusque : autrement dit, avec un attelage de bovins, un taureau et une vache, celle-ci sur la ligne intérieure, ils traçaient à la charrue un sillon d'enceinte [...] afin de se fortifier par fossé et muraille. Le trou d'où ils avaient enlevé la terre, ils l'appellaient fossa (fossé), et la terre rejetée à l'intérieur, ils l'appelait murus (muraille) [etc.]" (De la langue latine, 5, 143)

• Reprise du Texte n°2 de Caton : Retrouver dans ce texte le vocabulaire des deux textes précédents.

Conditores civitatis taurum in dextram, vaccam intrinsecus jungebant : et incincti ritu Gabino, ejus togae parte caput velati, parte succincti, tenebant stivam incurvam, ut glebae omnes intrinsecus caderent. Et ita sulco ducto loca murorum designabant, aratrum suspendentes circa loca portarum. Caton, Origines,1 Les fondateurs d’une cité plaçaient sous le joug un taureau et une vache côté intérieur ; et, vêtus à la manière de Gabies, une partie de cette toge leur voilant la tête, l’autre relevée à la ceinture, ils tenaient un manche de charrue courbe de façon à ce que toutes les mottes tombassent vers l’intérieur. Et ainsi, tout en traçant leur sillon, ils délimitaient l’emplacement des murs, relevant la charrue à l’endroit des portes.

Les origines de ces rites 1. Quelles sont-elles selon Varron ?

2. Qu’en dit Catherine Salles ?

Textes d’historiens - Quelques exemples : Pierre Grimal, La civilisation romaine, Arthaud - Raymond Bloch, Les origines de Rome, que sais-je ? - Catherine Salles – L’Antiquité romaine – Larousse.

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Au milieu du IIème millénaire av. J.-C., des peuples indo-européens arrivent en Italie, ce qui correspond grosso modo à l'histoire de l'occupation du Latium par Énée. Entre le IXème et le VIIème siècle av. J.-C., la civilisation latiale prend naissance dans les monts Albains et sur les collines dé la future Rome. Comme au pied des collines se trouvent encore des marécages, ces peuples de pasteurs s'installent sur les hauteurs : il y aurait eu trois villages sur le Palatin, puis trois sur l'Esquilin et enfin un sur le Coelius. Cette installation est confirmée par l'archéologie, grâce à la découverte des cabanes du Germal sur le Palatin (dites «cabanes de Romulus»)

Au VIIème siècle, ces villages s'unissent pour former une coalition, la Ligue septimontiale. Ce n'est pas encore une cité à proprement parler, mais les villages entretiennent entre eux des liens religieux, consacrés par une fête commune, sacrifice offert le 11 décembre par chaque village en l'honneur des Montes. Cette Ligue septimontiale laisse de côté le Capitole, le Quirinal et le Viminal, des Colles occupés sans doute par les Sabins. Montes et Colles, dualisme lexical qui traduit cette différence entre la Ligue septimontiale et les groupements sabins.

Tout change lorsque, aux VIIème-VIème siècles, la péninsule italienne est occupée en partie par les Étrusques, peuple non indo-européen aux origines controversées. Les villages des ligues, latine et sabine, se trouvent sur le Tibre, tête de pont à proximité des deux grandes villes étrusques de Véies et de Fidènes, ce qui donne au site de la future Rome un intérêt stratégique incontestable. C'est probablement au VIIème siècle que les Étrusques investissent ce site et réunissent les villages des deux ligues en fondant une ville. Ils placent cette cité sous la direction d'un lucumon, c'est-à-dire un chef, ce que les Romains interpréteront plus tard comme un nom propre, celui du premier roi étrusque.

Catherine Salles – L’Antiquité romaine – Larousse pages 36-37

La légende de fondation de la ville par Romulus, telle que nous l'avons évoquée plus haut, répond au rite étrusque, ritu etrusco. La ville de Rome est donc une fondation étrusque intégrant des peuples sabins-latins déjà installés sur le site. Les Romains n'ont d'ailleurs jamais nié la domination étrusque, mais ils l'ont fait entrer dans le cadre d'une ville déjà fondée et constituée, affirmant ainsi leur priorité vis-à-vis de leurs dominateurs. Quant au nom même de la ville que les Romains aiment présenter comme l'anagramme du mot Amor (amour), il est probablement en fait d'origine étrusque.

Catherine Salles – L’Antiquité romaine – Larousse page 37

Observation d’œuvres étrusques : � la louve (musée du Capitole), � urnes funéraires en forme de cabanes.

Prolongements : une autre fondation, celle de Lugdunum (exposition temporaire au Musée de la civilisation gallo-romaine site : http://www.musee-gallo-romain.com/site/lugdunum-exposition ).

3) Evaluation Elle pourra porter sur les points étudiés dans les séances précédentes (à la fois

la langue - vocabulaire et grammaire- et la civilisation).

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AUTRES VILLES

CHOIX DE TEXTES LATINS _______

I

Fondation de Marseille racontée par Justin

Marcus Junianus Justinus Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée - Extrait du livre XLIII 8 Duces classis Simos et Protis fuere. Itaque regem Segobrigiorum, Nanum nomine, in cuius finibus urbem condere gestiebant, amicitiam petentes conueniunt. 9 Forte eo die rex occupatus in apparatu nuptiarum Gyptis filiae erat, quam more gentis electo inter epulas genero nuptum tradere illic parabat. 10 Itaque cum ad nuptias inuitati omnes proci essent, rogantur etiam Graeci hospites ad conuiuium. 11 Producta deinde uirgo cum iuberetur a patre aquam porrigere ei quem uirum eligeret, tunc omissis omnibus ad Graecos conuersa aquam Proti porrigit, qui factus ex hospite gener locum condendae urbi a socero accepit. 12 Condita igitur Massilia est prope ostia Rhodani amnis. Texte adapté dans Nathan 4ème p. 102 : 8 Duces classis Simos et Protis fuerunt. Itaque regem Segobrigiorum, Nanum nomine, in cuius finibus urbem condere gestiebant, amicitiam petentes conueniunt. 9 Forte eo die rex occupatus in apparatu nuptiarum Gyptis filiae erat, quam more gentis electo inter epulas genero nuptum tradere illic parabat. 10 Itaque ad nuptias inuitati omnes proci erant, rogantur etiam Graeci hospites ad conuiuium. 11 Ensuite, alors que la jeune fille, à son arrivée, était priée par son père d'offrir de l'eau à celui qu'elle choisissait pour époux, ad Graecos conuersa aquam Proti porrigit, qui factus ex hospite gener locum condendae urbi a socero accepit. 12 Condita igitur Massilia est prope ostia Rhodani amnis Traduction : 8 Les commandants de la flotte furent Simos et Protis. Ils vont ainsi trouver le roi des Ségobriges, appelé Nanus, sur les territoires duquel ils projetaient de fonder une ville. 9 Il se trouva que ce jour-là le roi était occupé aux préparatifs des noces de sa fille Gyptis, qu'il se préparait à donner en mariage à un gendre choisi pendant le banquet, selon la coutume nationale. 10 Et ainsi, alors que tous les prétendants avaient été invités aux noces, les hôtes grecs sont aussi conviés au festin. 11 Ensuite, alors que la jeune fille, à son arrivée, était priée par son père d'offrir de l'eau à celui qu'elle choisissait pour époux, elle se tourna vers les Grecs sans tenir compte de tous les prétendants et offrit de l'eau à Protis qui, d'hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un emplacement pour fonder la ville. 12 Donc, Marseille fut fondée près de l'embouchure du Rhône.

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Fondation de Marseille racontée par Justin

Suggestions pour l’étude du texte 1- Morphologie : a - Révisions du présent, de l’imparfait et du parfait de l’indicatif à la voix active. b - Le passif : voir la formation de l’infectum et du perfectum à partir du texte. c - Les participes présent et parfait. (insister sur le sens actif du premier et le sens passif du second) 2-Syntaxe : a. Ablatif absolu : leçon ou révision.

Electo inter epulis genere b. La proposition relative : in cujus …/ quam … - rappel en français, - repérage des pronoms relatifs et des propositions relatives, - déclinaison des pronoms relatifs (tableau de référence ou apprentissage par cœur selon classe). 3-Champ lexical du mariage et des liens de parenté : Gener, generi : le gendre, Socer, eri : le beau-père, Procus, i : celui qui recherche une femme en mariage, prétendant, amant, Proco, as,are : demander, Nuptiae, arum : noces, marriage, Nuptum tradere : donner en mariage. 4-Commentaire : a. Situez sur une carte Phocée, Massilia , Rhodanus. b. Marseille dans l’Antiquité (recherches effectuées par les élèves). c. Tradition de l’hospitalité/ alliance : amicitia, hospes. (Rappel de l’Odyssée : Ulysse accueilli par Nausicaa chez Alkinoos)

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II

Fondation de Carthage racontée par Virgile Enée observe les travaux de construction de la ville.

Virgile, Enéide Livre I vers 418-429 et 437-438 (cf corpus de textes)

Suggestions pour l’étude du texte : 1- Morphologie : a - Révisions du présent de l’indicatif actif. b - Le présent de l’indicatif des verbes (révision). c - L’infinitif de narration (Corripuere, ducere, moliri, subvolvere, optare, concludere). 2- Syntaxe : a - les constructions parallèles : pars …pars - alii…alii. b - La proposition relative et les pronoms relatifs (voir aussi fondation de Marseille et d’Athènes : textes de Justin). « Qua semita monstrat » « Qui plurimus urbi imminet adversaque aspectat desuper arces » « Quorum jam moenia surgunt » 3- Vocabulaire et Commentaire : a - Choix du point de vue : Enée contemple la ville depuis une colline (collem). b - Etablissement de la ville : matériaux (saxa, strata, rupibus), et bâtiments : muros, arcem, locum tecto, sulco, portus, Theatris , moenia, via, portas. Les fondations politiques : jura, magistratus, senatum. c - Impression d’effervescence due aux verbes d’action et aux infinitifs de narration. Effervescence due au travail humain :Ascendebant, instant ardentes, ducere, subvolvere,effodiunt, excidunt. Mais la ville elle-même semble mue d’un extraordinaire élan : moenia, surgunt. d - champ lexical de la grandeur : lata fundamenta, immanis columnas, decora alta. e - champ lexical de la vue et de l’admiration : une ville digne d’être admirée – adspectat, miratur ( 2 fois).

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III

Fondation de Ségeste racontée par Virgile Abordant en Sicile, Enée fonde Ségeste.

Virgile, Enéide, livreV, vers 715-717 puis 746 à 778 (cf corpus de textes)

Suggestions pour l’étude du texte 1-Expression de l’ordre : a - Impératif présent (delige). b - Subjoncif présent (habeant ) pour 3ème pers. 2-Morphologie : a - Révision du présent de l’indicatif. b - Participe présent : volentem, egentis, rudentis. c - Participe parfait : Praecepta, jussa. 3- Syntaxe : L’ablatif absolu : permisso nomine , patribus vocatis. 4- Commentaire : a-Choix des futurs habitants : longaevos senes et fessas aequore matres , quicquid tecum invalidum metuensque pericli. b- Champ lexical du pouvoir : jussa, praecepta, imperium, jubet. c- Les dieux, le sacré et le destin : Sacerdos, sacer, Jovis imperium, sedes Veneris Idaliae, sortitur. d- Délimitation du territoire : aratro. e- Instauration de lois et d’instances politiques : patribus. 5-En complément : Situer Ségeste sur une carte . Etudier un plan de la ville antique . Que reste-t-il aujourd’hui ? Quelle ville se trouve actuellement près de l’emplacement de l’ancienne Ségeste ?

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BILAN SUR LES MYTHES DE FONDATION

Quelques pistes de réflexion :

• On remarque que très souvent des légendes restent attachées à la

fondation de la cité antique car les héros fondateurs fédèrent les

habitants d’une même cité. Des rites, des fêtes, des monuments

perpétuent le souvenir des origines et donnent une cohésion à la

cité et une continuité à son histoire.

• Une origine légendaire, voire divine, peut rendre la cité plus

vénérable, justifier son existence, son importance et même son

impérialisme.

• Toutes ces légendes correspondent à des faits historiques que les

hommes de l’antiquité ne racontaient pas comme nous de manière

objective et scientifique mais qu’ils exprimaient de manière

symbolique : autochtonie ou migrations, rivalités ou alliances et

fédérations (synoecisme).

• L’idée que les Anciens se sont faite de leur enracinement, de

leurs rapports avec les autres (voisins, étrangers, migrants,

autochtones, colons…) peut nous amener à réfléchir aux rapports

que les hommes entretiennent encore aujourd’hui avec leurs

cités : villes natales ou d’adoption, villes historiques et villes

nouvelles, métropoles et colonies, enracinement, déracinement et

migrations…

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

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Propositions de séquences pour un

Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

�Proposition n°2 :

Le pouvoir du ����������������������������

Proposition pour une classe de 3ème

_______________________

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Nous avons sélectionné sur ce thème des textes qui soient lisibles par des élèves

de 3ème et pour chaque extrait nous avons repéré ce qui pourrait donner lieu à

des apprentissages linguistiques.

Objectifs de la séquence

En liaison avec le programme de français de 3ème qui prévoit l’étude de textes

argumentatifs, nous souhaitons faire découvrir le pouvoir du logos (������),

si présent dans l’antiquité aussi bien dans les textes poétiques, les scènes de

tragédie où s’opposent les protagonistes que dans les discours politiques et

judiciaires.

Cette séquence sur le �������peut�même être une introduction au programme de

seconde qui comporte pour le latin l’éloquence judiciaire et politique à Rome,

et pour le grec la vie démocratique à Athènes. Mais ce peut être aussi tout

simplement l’occasion d’amener les élèves à réfléchir sur le pouvoir de la

parole aujourd’hui (force du discours en politique, poids des mots dans les

médias…).

Déroulement de la séquence :

Nous souhaitons commencer par des situations concrètes empruntées à des

légendes, telles qu’on peut les trouver au théâtre ou en poésie.

Dans un deuxième temps on peut faire une approche de l’éloquence à partir de

quelques extraits d’orateurs grecs et romains.

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I – Le pouvoir du ������������������������ �:

Une scène de tragédie grecque et un texte poétique latin.

• Etude de deux textes :

- Un extrait d’Iphigénie d’Euripide : la prière d’Iphigénie à son père.

- Un extrait des Métamorphoses d’Ovide : le discours de Latone aux

paysans lyciens.

• Bilan :

� L’argumentation – Retrouver les ressorts de l’éloquence : docere,

movere, delectare (Cicéron, De l’orateur, I).

� Langue : étude des pronoms en latin et en grec / l’attribut du COD /

champ lexical du corps.

• En complément :

� Déclamation de vers.

� Œuvres d’art : gestes d’émotion dans la sculpture.

� Orphée (cf paroles d’Iphigénie) : textes documentaires et iconographie.

� Iphigénie de Racine.

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II) L’éloquence extraits d’orateurs

• Etude de deux textes

- Un extrait de Lysias, Pour l’Invalide,

- Un extrait de Cicéron, La Première Catilinaire.

• Bilan :

&� Composition d’un discours : exorde, exposé des faits, argumentation,

péroraison.

& Les cinq actes de l’orateur : inventio, dispositio, elocutio, actio, memoria

à utiliser à l’oral en français.

(http://www2.educnet.education.fr/sections/lettres/pratiques5675/ticlaclg/la

col1/lafrancais)

- Langue : les propositions complétives en latin et en grec.

• En complément :

- Texte : Cicéron, Pro Milone - L’affaire Milon de Florence Dupont.

- Iconographie :

Tableau de Cesare Maccari, Cicéron dénonce Catilina (XIXème siècle,

Rome, Palazzo Madama) - bas-relief (Les rostres, bas-relief de l’arc de

Constantin) – sculpture (statue d’orateur).�

- Films : discours d’Antoine dans Jules César de Joseph L. Mankiewicz -

L’affaire Sextus (docu-fiction britannique de Dave Stewart 2005).

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#�������������#�������������#�������������#����������������� Selon la classe, il est possible de donner la traduction dès le début du cours ou après une lecture magistrale

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Les vers sont d’abord numérotés en ne tenant compte

que de l’extrait étudié, puis, entre

parenthèses, ils sont numérotés selon leur

place dans la tragédie

Le pouvoir du ������������������������

SUGGESTIONS POUR L’ETUDE DES TEXTES PROPOSES

Iphigénie

Euripide, Iphigénie vers 1211- 1252

1-La situation d’énonciation (à l’aide de la didascalie et du texte) 2-Les pronoms et adjectifs possessifs : Relevé des pronoms et adjectifs possessifs qui renvoient au locuteur et à son destinataire . Quelle remarque peut on faire sur leur fréquence ? Quelle conclusion peut-on en tirer ? 3-Vocabulaire :

a- Champ lexical de la famille, b- Champ lexical du corps, c- Champ lexical de l’affection.

4- La troisième déclinaison : masculin/ féminin et neutre. 5- L’objectif d’Iphigénie . a-Grâce aux vers 32 ( 1242 ) et 33 puis au vers 36 (1246 ), préciser l’objectif d’Iphigénie + emploi de la prétérition. b- Quel infinitif du vers 2 ( 1212) et quel groupe nominal du vers 3 (vers 1213) nous montrent de quelle façon Iphigénie aimerait atteindre son but ? c- Grâce à quels moyens procède-t-elle en réalité ? (gestuelle et moyens rhétoriques dont anaphore). 6-Traduction : En fonction des points grammaticaux étudiés, choisir un passage à traduire entre les vers 10 et 22 (1220 à 1232).

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(éventuellement à l’aide d’une

traduction plus large que le simple

discours de Latone)

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Latone et les bergers de Lycie

Ovide, Les métamorphoses, livre VII vers 349 à 360 “Quid prohibetis aquis? usus communis aquarum est. Nec solem proprium natura nec aera fecit nec tenues undas: ad publica munera veni. Quae tamen ut detis, supplex peto. Non ego nostros abluere hic artus lassataque membra parabam, sed relevare sitim. Caret os umore loquentis et fauces arent, vixque est via vocis in illis. Haustus aquae mihi nectar erit, vitamque fatebor accepisse simul: vitam dederitis in unda. Hi quoque vos moveant, qui nostro bracchia tendunt parva sinu:” et casu tendebant bracchia nati. Quem non blanda deae potuissent verba movere?�

1- Morphologie :

a- Révision des futurs et présents de l’indicatif.

b- Pronoms et adjectifs possessifs.

2- Vocabulaire :

a- Champ lexical du liquide.

b- Champ lexical du corps.

c- Champ lexical de la bouche et de la parole.

3- Traduction :

Vers 349 à 354, sauf « quae tamen ut detis ».

4- Arguments de Latone

En quoi les paroles de Latone sont-elles des « verba blanda » ?

Le personnage fait appel successivement :

- au droit,

- à la flatterie,

- à l’émotion.

(étudier à cette occasion les « devoirs de l’orateur » selon Cicéron)

5- Recherche : le bassin de Latone à Versailles

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Pour l’invalide

Lysias, Discours Pour l’invalide

1- Situation d’énonciation :

Donner une introduction ( voir manuel de grec de troisième aux éditions

Hachette page 128 ).

Qui parle ? A qui ? ( déclinaison du pronom personnel de la 2ème personne

du pluriel )

2- Syntaxe : la proposition infinitive et la proposition introduite par �+� #

3- L’art oratoire :

a- Relevé du vocabulaire de la famille et des négations.

Quelles remarques peut-on faire ?

b- Des phrases construites de manière symétrique .( lignes 7 à

9 puis 73 à 76).

c- Traduction des lignes 7 à 9 + apprentissage par cœur de

ce passage afin de pouvoir l’écrire en grec.(« dictée

préparée»).

d- A l’aide de la traduction complétée, remarquer la formule

oratoire : « Je pense que vous savez tous je vais cependant

vous en dire quelques mots ».

4- En complément : la vie sur l’agora

a- les métiers ( voir texte ).

b- les monuments et les activités qui y sont liées ( étude du

plan de l’agora, recherches ).

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L’affaire Catilina

Cicéron, Première Catilinaire, I « Quousque tandem abutere …tamen vivit »

1-La situation d’énonciation :

Repérage du locuteur et des destinataires.

2-Les types de phrases

3-Les anaphores ( nihil ) : que traduisent –elles ?

A ce stade de l’étude, faire traduire éventuellement un passage.

4-Etude de vocabulaire : démesure et sécurité publique

5-Syntaxe et morphologie

a-la proposition infinitive.

b-les outils interrogatifs.

6-Recherche : Qui était Catilina ? Le discours de Cicéron a-t-il été

efficace ?

7-En complément : étude du tableau de Cesare Maccari : Cicéron

dénonce Catilina, XIXème siècle, Palazzo Madama.

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Variante possible

Proposition pour l’étude d’un point

fondamental de la syntaxe grecque et latine :

la proposition infinitive

Textes : Première Catilinaire de Cicéron et Pour l’Invalide de Lysias Etude menée dans le cadre de la séquence intitulée Le pouvoir du ������#������#������#������# Démarche :

A- Support : Distribution des deux textes avec les propositions infinitives préalablement soulignées. Dans ces propositions les verbes, les sujets et les attributs du sujet sont également clairement désignés.

Pour les élèves qui ont déjà acquis la maîtrise de la proposition infinitive en latin (en général abordée en 4ème ) : ne désigner clairement ni le verbe ni le sujet dans les propositions du texte latin mais les faire repérer par les élèves , puis suivre la démarche proposée ci-dessous (il s’agit d’un rappel pour le latin) et faire établir une analogie avec la structure grecque.

B- Questions posées aux élèves : 1- Quel est le mode des formes verbales ? A quel cas les sujets apparaissent-ils ? Quel est le cas de l’attribut du sujet ? A quels cas sont les autres mots de ces propositions soulignées ? Quelle remarque pouvez-vous faire à ce propos ? 2- En français comment appelle-t-on une proposition subordonnée dont le verbe conjugué au mode que vous avez repéré dans les propositions soulignées possède son propre sujet ? 3- Quel verbe principal chaque proposition soulignée complète-t-elle ? Quel est le sens de ces verbes principaux ? Quel mot relie ces propositions aux verbes qu’elles complètent ? 4- Texte grec : à l’aide de la traduction, dites par quel type de propositions ces phrases sont traduites en français. 5- Texte latin : traduisez la phrase latine dans laquelle sont soulignées les deux propositions subordonnées.

Leçon En latin et en grec la proposition infinitive se caractérise par : Absence de connecteur. Un verbe à l’infinitif. Un sujet propre à l’infinitif à l’accusatif. Eventuellement un attribut du sujet à l’accusatif. Eventuellement des compléments aux cas habituels. La proposition infinitive complète un verbe signifiant dire, penser. En français elle est traduite par une proposition subordonnée conjonctive.

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PROPOSITION COMPLEMENTAIRE:

Un exemple d’éloquence judiciaire

CICERON Extrait d’un plaidoyer : Pro Milone [28-29 et 54-55]

On peut trouver cet extrait dans le manuel de 3ème Latin 3ème Ed. Hatier p. 185-186. Avant d’aborder le texte, il convient de rappeler le contexte historique et politique dans lequel s’est déroulé le procès et les rapports de Cicéron avec chacun des deux protagonistes de l’affaire, Clodius, qui meurt lors de l’échauffourée et Milon accusé de l’avoir assassiné. Montrer que bien qu’il s’agisse d’un crime de droit commun, les personnalités mises en cause directement ou indirectement ont un rôle politique éminent dans la vie politique de cette période.

Etude du texte

1° Explication du titre du texte: Pro Milone. On peut interroger les élèves sur ce qu’ils savent : qu’est-ce qu’un plaidoyer? Quelle fonction Cicéron remplit-il en écrivant ce discours? ��A quel cas est Milone? Donner le nominatif et le génitif de ce nom; à

quelle déclinaison appartient-il? Quel sens faut-il donner ici à la préposition pro?

��Après avoir rappelé les différentes parties du discours, indiquer qu’il s’agit

de la narratio ou récit des faits (� ��� � en grec) qui vient après l’exordium ou exorde qu’on peut appeler captatio benevolentiae et qui est suivi de l’exposé des arguments ou confirmatio. La deuxième partie de l’extrait (54-55) permet de mettre en évidence la manière dont l’orateur procède dans la confirmation des faits qu’il a précédemment exposés. On rappelle enfin que le discours est clos par une conclusion ou peroratio dans laquelle l’orateur invite ses auditeurs et particulièrement les jurés à adhérer à son plaidoyer.

2° Lecture du passage (extrait p.185 lignes 1 à 20) et étude. 1. La présentation des protagonistes: relever les deux noms propres et préciser

dans chaque occurrence à quel cas ils sont employés On peut préciser à cette occasion que l’orthographe du nom de Clodius a été modifiée, ce dernier qui appartenait à la grande famille des Claudii ayant pris soin de cacher son origine aristocratique au moment où il se fait adopter par un tribun de la plèbe pour se faire élire tribun lui-même et atteindre Cicéron qui l‘avait fait condamner à l‘occasion de l‘affaire des Mystères de la Bonne Déesse. Clodius s’appelait en réalité Publius Claudius Pulcher. C’est alors qu’il fait voter une loi condamnant à l’exil quiconque aurait fait périr

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un citoyen romain sans jugement. Sans attendre le vote, Cicéron, qui a fait exécuter les complices de Catilina sans jugement, s’exila en avril 58. Peu après son départ, la loi est votée; ses biens sont confisqués, ses maisons détruites, sa famille molestée. Et c’est précisément Milon, ami de Cicéron et partisan du Sénat qui, pour protéger Rome soumise aux excès causés par Clodius et ses bandes armées, va faire à son tour voter le rappel de Cicéron qui rentre à Rome en triomphateur.

Travail sur l’emploi des pronoms démonstratifs: emploi de hic et is. Quel personnage est désigné par hic? Pourquoi? 2. Etude de la première phrase du premier extrait

Sachant que hic insidiator « ce traître » désigne Milon, montrer l’ironie de l’orateur. En quoi la présentation des personnages s’oppose-t-elle? Montrer que Cicéron veut mettre en évidence la préméditation de Clodius pour placer son client en légitime défense: faire faire un relevé en deux colonnes des expressions qui dépeignent les deux personnages et leur manière de voyager:

Milon Clodius

cum uxore magno et impedito et muliebri ac delicato comitatu in raeda

sine uxore expeditus nullis graecis comitibus nulla raeda

Le tableau ainsi réalisé fait apparaître de manière rapide et claire non seulement la différence dans la manière de voyager mais aussi les moyens stylistiques utilisés: Cicéron joue ici sur les oppositions :

��Jeu sur les préfixes:belle occasion d’expliquer l’étymologie des mots expeditus et impeditus et sur ce que sont les impedimenta.

��Jeu sur les prépositions: cum /sine. ��Les procédés de reprise:nulla, nullis, nullis ( on peut revoir cet adjectif

indéfini et sa déclinaison). ��L’accumulation des adjectifs épithètes qui montrent qu’il s’agit dans le cas

de Milon d’un voyage bien organisé et lourdement accompagné, en tous cas peu propice à une éventuelle attaque : magno et impedito et muliebri ac delicato comitatu.

Enfin revenir sur l’ironie. On peut donc montrer à l’occasion de l’étude de cette phrase comment l’orateur a recours aux figures de style dont par ailleurs les élèves ont pu aborder l’étude dans la classe de français. NB On peut aussi, bien que ce ne soit pas en rapport direct avec l’étude du genre, faire relever et étudier tout le champ lexical du voyage.

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3. Etude de la suite du passage: la rencontre et l’attaque surprise. ��Le temps des verbes: faire relever les présents de narration: faciunt,

occidunt dont on justifie l’emploi. ��Relevé du champ lexical de l’attaque: impetum facere,adoriri,… Comment est décrite l’attitude des esclaves de Milon? Quelle qualité ce comportement confère-t-il à Milon? 3° Lecture du deuxième extrait auquel on peut adjoindre la traduction (lignes 1 à 9 et 14 à 16) Faire repérer les mots et expressions qui réapparaissent dans ce passage: paenula inretitus, insidiator, in raeda impeditus, paenulatus, una sederet uxor impeditissimus, comes, cum uxore, sine uxore… En quoi peut-on dire que ce passage constitue un exposé des arguments qui confirment les faits présentés dans la narratio? L’orateur a-t-il présenté les faits de manière objective et neutre ou a-t-il cherché , comme c’est son propos, à influencer dès cette partie du plaidoyer les jurés qui l’écoutent. Rappeler que le texte que nous possédons n’est pas celui que Cicéron a prononcé lors du procès. Il semble qu’il n’ait à peine pu se faire entendre, troublé et malmené par des jurés choisis un par un par Pompée que soutenait le parti de Clodius et qui avait pris soin de s’installer lui-même le jour du procès avec des troupes sur le Forum. Syntaxe : ��On peut étudier ou revoir l’imparfait du subjonctif et la proposition

introduite par cum. ��Révision de l’ablatif absolu. Morphologie : révision des pronoms démonstratifs.

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BILAN SUR LE POUVOIR DU LOGOS

Quelques pistes de réflexion :

. L’étude de l’éloquence permet d’établir une continuité entre la

troisième et la seconde. Ainsi cette séquence sur le �����, peut-elle être une

introduction au programme de seconde, qui comporte, pour le latin, l’éloquence

judiciaire et politique à Rome et, pour le grec, la vie démocratique à Athènes.

. L’étude de l’éloquence peut ne pas être réduite à l’étude des orateurs.

. L’éloquence n’est pas réservée au seul domaine judiciaire ou politique

mais traverse toute la littérature antique. On en trouve quelques exemples tant

dans les textes poétiques que dans les textes tragiques.

. Un travail sur le thème de l’éloquence permet à l’élève d’approfondir

sa maîtrise de la langue française, notamment à travers l’étude des parallélismes

de construction, de la subordination, du choix des mots, du rythme.

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

ANNEXES CORPUS DE TEXTES

LATINS ET GRECS �

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

ANNEXE 1 LA FONDATION D’UNE VILLE ANTIQUE : RITES & MYTHES

CORPUS LATIN & GREC

Les extraits originaux latins et leurs traductions proviennent du dépôt de textes de la

rubrique Itinera Electronica

se trouvant sur le site Bibliotheca Selecta de l’Université Catholique de Louvain :

bcs.fltr.ucl.ac.be.

Les extraits originaux grecs proviennent de la bibliothèque virtuelle proposée par le site :

www.perseus.tufts.edu.

Ils sont transcrits à l’aide de la police SPIonic téléchargeable sur le site :

www.monachos.net.

A l’exception de Plutarque – traduction de Ricard – les traductions proviennent du site :

remacle.org.

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Justin, Histoire Universelle, Livre II, 6

Nunc quoniam ad bella Atheniensium uentum est, quae non modo ultra spem gerendi,

uerum etiam ultra gesti fidem peracta sunt, operaque Atheniensium effectu maiora quam

uoto fuere, paucis urbis origo repetenda est, et quia non, ut ceterae gentes, a sordidis

initiis ad summa ceruere. Soli enim praeterquam incremento etiam origine gloriantur;

quippe non aduenae neque passim collecta populi conluuies originem urbi dedit, sed

eodem innati solo, quod incolunt, et quae illis sedes, eadem origo est. Primi lanificii et olei

et uini usum docuere. Arare quoque ac serere frumenta glandem uescentibus

monstrarunt. Litterae certe ac facundia et hic ciuilis disciplinae ordo ueluti templum

Athenas habent. Ante Deucalionis tempora regem habuere Cecropem, quem, ut omnis

antiquitas fabulosa est, biformem tradidere, quia primus marem feminae matrimonio iunxit.

Huic successit Cranaus, cuius filia Atthis nomen regioni dedit. Post hunc Amphictyonides

regnauit, qui primus Mineruae urbem sacrauit et nomen ciuitati Athenas dedit. Huius

temporibus aquarum inluuies maiorem partem populorum Graeciae absumpsit.

Superfuerunt, quos refugia montium receperunt, aut ad regem Thessaliae Deucalionem

retibus euecti sunt, a quo propterea genus hominum conditum dicitur. Per ordinem deinde

successionis regnum ad Erechtheum descendit, sub quo frumenti satio est Eleusinae a

Triptolemo reperta, in cuius muneris honorem noctes initiorum sacratae. Tenuit et Aegeus,

Thesei pater, Athenis regnum, a quo per diuortium discedens Medea propter adultam

priuigni aetatem Colchos cum Medo filio ex Aegeo suscepto concessit. Post Aegeum

Theseus ac deinceps Thesei filius Demophoon, qui auxilium Graecis aduersus Troianos

tulit, regnum possedit.

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Justin, Histoire Universelle, Livre II, 6 – traduction

Arrivé au récit des victoires d'Athènes, dont les succès passent notre croyance, comme ils

passèrent son espoir, et même ses désirs, je vais donner quelques détails sur l'origine de

cette ville, qu'on n'a pas vue s'élever comme toute autre, de l'obscurité à la gloire, et du

néant à la puissance ; son illustration remonte à son berceau ; son peuple n'est issu ni de

colonies étrangères, ni d'un ramas obscur d'aventuriers : enfants de la terre qu'ils habitent,

les Athéniens sont nés sur le sol qui les nourrit . Les premiers ils enseignèrent aux mortels

l'usage de la laine, de l'huile et du vin : ils instruisirent même ces sauvages, qui vivaient de

gland, à semer et à labourer la terre. Enfin, les belles-lettres, l'éloquence, la science des

lois et de la politique, semblent avoir choisi Athènes pour temple, avant le siècle de

Deucalion, elle eut pour roi Cécrops, et les anciennes traditions, toujours mêlées de

fables, font de ce prince un être à double sexe, parce que le premier il unit l'homme à la

femme par les liens du mariage. Il eut pour successeur Cranaüs, dont la fille Atthis donna

son nom à l’Attique. Ensuite régna Amphictyon, qui consacra la ville à Minerve, en lui

donnant le nom d'Athènes. Vers cette époque, la plupart des peuples de la Grèce furent

submergés par un déluge. Quelques hommes échappèrent à ce désastre en cherchant un

asile au sommet des montagnes ou en se réfugiant sur des barques, chez Deucalion, roi

de Thessalie, qui fut appelé depuis le père du genre humain. Le sceptre d'Athènes passa ;

par droit de succession, à Érechthée sous ce règne, Triptolème découvrit à Éleusis l'art de

semer le blé ; des cérémonies religieuses, des fêtes nocturnes ont consacré le souvenir

de ce bienfait. Égée, père de Thésée, régna aussi sur les Athéniens. Médée liai donna un

fils appelé Medus ; et lorsque Thésée fut parvenu à l'adolescence, remplie de haine pour

ce fils d'un autre lit, elle se sépara d'Égée et se retira à Colchos avec Medus. Après Égée,

Athènes fut gouvernée par Thésée, et ensuite par Démophoon, son fils, qui secourut les

Grecs au siège de Troie.

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Virgile, Enéide, Chant I

[1,418] Corripuere uiam interea, qua semita monstrat.

Iamque ascendebant collem, qui plurimus urbi

imminet, aduersasque adspectat desuper arces.

Miratur molem Aeneas, magalia quondam,

miratur portas strepitumque et strata uiarum.

Instant ardentes Tyrii pars ducere muros,

molirique arcem et manibus subuoluere saxa,

pars optare locum tecto et concludere sulco.

Iura magistratusque legunt sanctumque senatum;

hic portus alii effodiunt; hic alta theatris

fundamenta locant alii, immanisque columnas

rupibus excidunt, scaenis decora alta futuris.

Qualis apes aestate noua per florea rura

exercet sub sole labor, cum gentis adultos

educunt fetus, aut cum liquentia mella

stipant et dulci distendunt nectare cellas,

aut onera accipiunt uenientum, aut agmine facto

ignauom fucos pecus a praesepibus arcent:

feruet opus, redolentque thymo fragrantia mella.

'O fortunati, quorum iam moenia surgunt!'

Aeneas ait, et fastigia suspicit urbis.

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Virgile, Enéide, Chant I – traduction

[1,418] Cependant, ils prirent vivement la route indiquée par un sentier,

et déjà ils escaladaient la colline qui domine la ville

de toute sa hauteur et d'en haut fait face à la citadelle.

Énée admire l'oeuvre imposante, naguère village de nomades;

il admire les portes, l'animation des rues, leurs dalles pavées.

Les Tyriens s'activent, pleins d'ardeur: les uns élèvent des murs,

bâtissent la citadelle, roulant et hissant de leurs mains des blocs de pierres;

d'autres choisissent l'endroit de leur maison et l'entourent d'un sillon.

On instaure des lois, des magistrats et un sénat vénérable.

Ici, des hommes creusent des ports; là, d'autres disposent

les profondes fondations de théâtres et taillent dans le roc

d'immenses colonnes, fiers décors pour les scènes à venir.

On dirait des abeilles qui, à l'été naissant, dans les champs en fleurs,

s'activent à la tâche, en plein soleil, quand elles font sortir

leurs petits devenus adultes ou accumulent un miel bien fluide

dans les alvéoles gonflées de ce doux nectar ou recueillent la récolte

au retour des ouvrières, ou quand, formées en colonne,

elles écartent des ruches les frelons, cette troupe paresseuse.

La tâche se fait dans l'effervescence, et le miel fleure bon le thym.

"Qu'ils sont heureux, ceux dont les murs déjà s'élèvent!" dit Énée,

portant ses regards vers les constructions les plus hautes de la ville.

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Virgile, Enéide, Chant V

715 longaevosque senes ac fessas aequore matres,

et quidquid tecum invalidum metuensque pericli est,

delige, et his habeant terris sine moenia fessi:

urbem appellabunt permisso nomine Acestam.”

(…)

745 farre pio et plena supplex veneratur acerra.

Extemplo socios primumque arcessit Acesten,

et Iovis imperium et cari praecepta parentis

edocet, et quae nunc animo sententia constet.

Haud mora consiliis, nec iussa recusat Acestes.

750 Transcribunt urbi matres, populumque volentem

deponunt, animos nil magnae laudis egentes.

Ipsi transtra novant, flammisque ambesa reponunt

robora navigiis, aptant remosque rudentesque,

exigui numero, sed bello vivida virtus.

755 Interea Aeneas urbem designat aratro

sortiturque domos; hoc Ilium et haec loca Troiam

esse iubet. Gaudet regno Troianus Acestes,

indicitque forum et patribus dat iura vocatis.

Tum vicina astris, Erycino in vertice sedes

760 fundatur Veneri Idaliae, tumuloque sacerdos

ac lucus late sacer additur Anchiseo.

Iamque dies epulata novem gens omnis, et aris

factus honos: placidi straverunt aequora venti,

creber et adspirans rursus vocat Auster in altum.

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765 Exoritur procurva ingens per litora fletus;

complexi inter se noctemque diemque morantur.

Ipsae iam matres, ipsi, quibus aspera quondam

visa maris facies et non tolerabile nomen,

ire volunt, omnemque fugae perferre laborem.

770 Quos bonus Aeneas dictis solatur amicis,

et consanguineo lacrimans commendat Acestae.

Tris Eryci vitulos et Tempestatibus agnam

caedere deinde iubet, solvique ex ordine funem.

Ipse, caput tonsae foliis evinctus olivae,

775 stans procul in prora pateram tenet, extaque salsos

proiicit in fluctus ac vina liquentia fundit.

Prosequitur surgens a puppi ventus euntes.

Certatim socii feriunt mare et aequora verrunt.

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Virgile, Enéide, Chant V – traduction

715 Les vieillards chargés d'ans, les matrones lasses de la mer,

et tout qui dans ton entourage est sans force et craint le danger,

désigne-les. Ils sont épuisés. Laisse-les installer des murs sur cette terre;

ils appelleront leur ville Acesta, si ce nom vous agrée".

(…)

745 Il les supplie, offrant de la farine sacrée et une boîte pleine d'encens.

Aussitôt, il mande ses compagnons, et en premier lieu Aceste;

il leur dévoile l'ordre de Jupiter, les conseils de son père chéri,

et la décision qui maintenant est fermement fixée en son coeur.

On ne s'attarde pas en réflexions, et Aceste ne récuse pas ces ordres :

750 on enrôle pour la ville; on laisse là les femmes, ceux qui le veulent,

les coeurs indifférents à une grande réputation de gloire.

Ceux qui vont partir remplacent les bancs de rameurs, réparent sur les navires

les planches rongées par les flammes, ajustent rames et cordages.

Ils sont réduits en nombre, mais pleins d'ardeur pour la guerre.

755 Pendant ce temps, Énée dessine avec une charrue le tracé d'une ville,

et tire au sort les maisons; il ordonne que cela devienne leur Ilion,

que ces lieux soient leur Troie. Heureux de sa royauté, le Troyen Aceste

fixe une assemblée, convoque les sénateurs et leur donne des lois.

Puis, au sommet de l'Éryx, est fondé, voisin des astres,

760 un temple dédié à Vénus d'Idalie; au tombeau d'Anchise

sont attribués désormais un prêtre et un vaste bois sacré.

Déjà toute la population avait passé neuf jours en banquets,

et les autels avaient été honorés. La douceur des vents aplanit les flots,

et le souffle incessant de l'Auster à nouveau invite à prendre le large.

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765 Des lamentations intenses s'élèvent le long des courbes du rivage;

on s'étreint mutuellement, on retarde le départ d'un jour et d'une nuit.

Maintenant même les femmes, tous ceux qui naguère avaient jugé

redoutable l'aspect de la mer, et son nom même intolérable,

veulent partir et endurer jusqu'au bout l'épreuve d'un départ.

770 Énée, bienveillant, les console par des propos affectueux,

et, en pleurant, les recommande à Aceste, leur frère de race.

Il ordonne ensuite d'immoler trois veaux à Éryx, et aux Tempêtes

une agnelle, puis de détacher progressivement les amarres.

Lui-même, la tête ceinte de feuilles d'olivier bien taillées,

775 debout en haut de la proue, une coupe en main, lance dans les flots salés

les entrailles des victimes, et fait des libations de vin.

Un vent de poupe se lève et les pousse au moment du départ;

et les matelots à l'envi frappent la mer et balayent les flots.

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Tite-Live, Ab Urbe Condita, Livre I, 7

Priori Remo augurium uenisse fertur, sex uultures, iamque nuntiato augurio cum duplex

numerus Romulo se ostendisset, utrumque regem sua multitudo consalutauerat: tempore

illi praecepto, at hi numero auium regnum trahebant.

Inde cum altercatione congressi certamine irarum ad caedem uertuntur; ibi in turba ictus

Remus cecidit. Vulgatior fama est ludibrio fratris Remum nouos transiluisse muros; inde ab

irato Romulo, cum uerbis quoque increpitans adiecisset "sic deinde, quicumque alius

transiliet moenia mea", interfectum.

Ita solus potitus imperio Romulus; condita urbs conditoris nomine appellata.

Tite-Live, Ab Urbe Condita, Livre I, 7 – traduction

Le premier augure fut, dit-on, pour Rémus : c'étaient six vautours; il venait de l'annoncer,

lorsque Romulus en vit le double, et chacun fut salué roi par les siens; les uns tiraient leur

droit de la priorité, les autres du nombre des oiseaux

Une querelle s'ensuivit, que leur colère fit dégénérer en combat sanglant; frappé dans la

mêlée, Rémus tomba mort. Suivant la tradition la plus répandue, Rémus, par dérision,

avait franchi d'un saut les nouveaux remparts élevés par son frère, et Romulus, transporté

de fureur, le tua en s'écriant : "Ainsi périsse quiconque franchira mes murailles."

Romulus, resté seul maître, la ville nouvelle prit le nom de son fondateur.

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Thucydide, Guerre du Péloponnèse, Livre II, 15

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Thucydide, Guerre du Péloponnèse, Livre II, 15 – traduction

En effet, au temps de Cécrops et des premiers rois jusqu'à Thésée, les habitants de l'Attique

étaient répartis par bourgades, dont chacune avait son prytanée et ses archontes. En dehors

des périodes critiques, on ne se réunissait pas pour délibérer aux côtés du roi ; chaque

bourgade s'administrait et prenait des décisions séparément. On en vit même faire la guerre

aux rois, comme il arriva aux gens d'Eleusis conduits par Eumolpos contre Erekhthée. Mais

quand Thésée fut devenu roi, quand par son habileté il eut conquis le pouvoir, entre autres

améliorations il supprima les consuls et les magistratures des bourgades ; les concentra dans

la ville actuelle où il fonda un conseil et un prytanée uniques et forma avec tous les citoyens

une seule cité. Pour ceux qui continuèrent comme devant à cultiver leurs terres, il les

contraignit à n'avoir que cette cité.

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Plutarque, Vie de Thésée, II

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Hom. Il. 7.281

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Plutarque, Vie de Thésée, II – traduction de Ricard

Thésée et Romulus m'ont paru avoir entre eux plusieurs traits de ressemblance : tous deux

nés d'une union clandestine et d'un père incertain, ils ont passé l'un et l'autre pour enfants des

dieux. Reconnus tous les deux pour de vaillants guerriers, ils ont joint la prudence à la force ;

ils ont donné naissance aux deux plus célèbres villes du monde : l'un a bâti Rome ; l'autre a

fondé la cité d'Athènes, en réunissant tous ses bourgs dans une même enceinte. Ils ont tous

deux enlevé des femmes ; ils ont éprouvé l'un et l'autre des dissensions et des malheurs

domestiques. Sur la fin de leur vie, ils se sont attiré la haine de leurs citoyens, si toutefois on

doit croire ce qu'on en rapporte de moins fabuleux et de plus vraisemblable.

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Plutarque, Vie de Thésée, II – traduction

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XXIV. Après la mort d'Égée, il exécuta une entreprise aussi importante que merveilleuse. Il

réunit en un seul corps tous les habitants de l'Attique, et n'en forma qu'une même cité.

Dispersés auparavant en plusieurs bourgs, il était difficile de les assembler pour délibérer

sur les affaires publiques ; souvent même ils étaient en dissension les uns contre les

autres et se faisaient la guerre. Thésée parcourut lui-même les bourgs et les familles pour

leur proposer son plan et le leur faire agréer. Les simples citoyens et les pauvres

l'adoptèrent sans balancer. Pour déterminer les hommes les plus puissants, il leur promit

un gouvernement sans roi et purement démocratique, dans lequel ne se réservant que

l'intendance de la guerre et l'exécution des lois, il mettrait dans tout le reste une entière

égalité entre les citoyens. Il en persuada quelques uns ; les autres, craignant sa

puissance, qui était déjà considérable, et redoutant encore plus son audace, aimèrent

mieux s'y prêter de bonne grâce que de s'y voir forcés. Il fit abattre dans chaque bourg les

prytanées et les maisons de conseil, cassa tous les magistrats, bâtit un prytanée et un

palais commun dans le lieu où ils sont encore aujourd'hui, donna à la ville et à la citadelle

le nom d'Athènes, et établit une fête pour tout le peuple sous le nom de Panathénées. Il

institua aussi un sacrifice qu'il appela Métoicia, et qui se célèbre le seize du mois

Hécatombéon. Il abdiqua ensuite la royauté, comme il l'avait promis, et s'occupa de régler

sa république. Mais avant tout il voulut s'assurer de la volonté des dieux, et envoya

consulter l'oracle de Delphes, dont il reçut cette réponse

O fils de Pitthée et du vaillant Égée,

La céleste faveur pour toi s'est déclarée.

A ta ville aujourd'hui l'arbitre des humains

De cent autres cités attache les destins.

Sûr de voir prospérer la fortune d'Athènes,

Ne livre pas ton coeur à de cuisantes peines

Sur les flots inconstants, tel qu'un vaisseau léger,

Malgré les vents cruels tu sauras surnager.

Longtemps après, dit-on, la sibylle rendit le même oracle à la ville d'Athènes

Comme un liège jamais ne plonge sous les eaux, On te verra toujours surnager sur les flots.

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XXV. Afin de peupler sa ville, il appela les étrangers à tous les droits des citoyens ; et la

proclamation qui se fait encore aujourd'hui en ces termes : " Peuples, venez tous ici, " est,

à ce qu'on prétend, la même que celle de Thésée lorsqu'il voulut faire d'Athènes le lieu

d'assemblée de tous les peuples de la Grèce. Mais comme cette multitude qui accourait

de toutes parts, et qu'il admettait indistinctement, eût infailliblement porté le désordre et la

confusion dans sa république, il la divisa en trois classes : il comprit les nobles dans la

première, les laboureurs et les artisans dans les deux autres. Il confia à la noblesse tout

ce qui regardait le culte des dieux, leur donna toutes les magistratures, les chargea

d'interpréter les lois et de régler tout ce qui avait rapport à la religion. Cette division mit à

peu près l'égalité entre les trois classes. Les nobles l'emportaient par les honneurs, les

laboureurs par l'utilité de leur profession, et les artisans par leur nombre. Thésée est,

suivant Aristote, le premier qui ait incliné vers le gouvernement populaire, et qui se soit

démis volontairement de la royauté. C'est à quoi Homère semble faire allusion lorsque,

dans le dénombrement de la flotte des Grecs, il donne aux seuls Athéniens le nom le

peuple. Thésée fit graver sur la monnaie l'empreinte d'un boeuf, soit à cause du taureau

de Marathon, soit pour sa victoire sur Tauros, général de Minos, soit enfin pour porter les

citoyens à l'agriculture. C'est, dit-on, de cette monnaie que sont venues ces manières de

parler : Cela vaut cent boeufs ; cela vaut dix boeufs.

Il unit à l'Attique le territoire de Mégare, et fit dresser dans l'isthme cette fameuse colonne,

sur laquelle il grava une double inscription en deux vers ïambes qui déterminaient les

limites des deux pays. II y avait sur le côté oriental : Ce n'est pas ici le Péloponnèse, mais

l'Ionie ; et sur le côté occidental, C'est ici le Péloponnèse, et non pas l'Ionie.

Il fut le premier qui, à l'imitation d'Héraclès, établit des jeux dans l'isthme. Comme ce

héros avait institué en l'honneur de Zeus, et en mémoire de ses propres exploits, les jeux

olympiques, Thésée voulut aussi faire célébrer en mémoire de ses belles actions, et à

l'honneur de Poséidon, les jeux isthmiques. Ceux qu'on y avait établis pour Mélicerte se

célébraient la nuit, et avaient plutôt l'air d'une initiation aux mystères que d'un spectacle et

d'une fête publique. Il y a pourtant des auteurs qui prétendent que les jeux isthmiques

furent consacrés à Sciron, dont Thésée voulut par là expier le meurtre, parce qu'il était son

parent, Sciron étant fils de Canéthos et d'Hénioché, fille de Pitthée. D'autres assurent que

ce fut pour Sinis, et non pas pour Sciron, qu'il les établit. Quoi qu'il en soit, il ordonna aux

Corinthiens de céder les premières places aux Athéniens qui viendraient voir les jeux, et

de leur laisser autant d'espace qu'en pourrait couvrir la voile du vaisseau sur lequel ils

seraient venus. C'est du moins ce que disent Hellanicos et Andron d'Halicarnasse.

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XXX (1). Voilà, dans ce que j'ai pu recueillir des actions de Thésée et de Romulus, celles

qui m'ont paru les plus dignes d'être conservées. Maintenant, si nous les comparons

ensemble, nous verrons d'abord que Thésée, qui pouvait succéder à son aïeul dans un

assez grand royaume, et vivre tranquillement à Trézène, se porta de son propre

mouvement, et sans que rien l'y obligeât, aux plus grandes entreprises. Romulus, au

contraire, s'y vit forcé pour fuir l'esclavage et le châtiment dont il était menacé. Il devint,

suivant l'expression de Platon, hardi par peur, et par la crainte du dernier supplice.

D'ailleurs, son plus grand exploit fut la mort du tyran d'Albe seul ; mais les victoires sur

Sciron, Sinnis, Procruste et Corynètes, que Thésée fit périr, pour ainsi dire, en chemin

faisant, ne furent que les préludes de son courage. Par leur punition et par leur mort il

délivra la Grèce de ces tyrans cruels avant même qu'il fût connu de ceux dont il était le

libérateur ; et ce qui ajoute à sa gloire, c'est qu'il pouvait, en prenant le chemin de la mer,

voyager en sûreté, sans avoir rien à craindre des brigands. Mais Romulus n'aurait jamais

été tranquille tant qu'Amulius aurait vécu. Une grande preuve de la supériorité de Thésée,

c'est que, sans avoir reçu aucune insulte de ces brigands, il alla les attaquer pour l'intérêt

des autres. Romulus et Rémus, tant qu'ils ne furent pas personnellement offensés par le

tyran, ne se montrèrent pas sensibles à l'oppression des autres. Si Romulus donna des

preuves d'un grand courage lorsqu'il fut blessé en combattant contre les Sabins, lorsqu'il

tua Acron de sa main, et qu'il vainquit en plusieurs occasions un grand nombre d'ennemis,

on peut opposer à ces belles actions le combat de Thésée contre les Centaures et la

guerre des Amazones. Mais quel dévouement dans ce qu'il osa faire pour affranchir

Athènes du tribut qu'elle payait au roi de Crète ; dans l'offre volontaire qu'il fit

d'accompagner les jeunes filles et les jeunes garçons qu'on y envoyait, et de partager

avec eux le danger d'être ou dévoré par le Minotaure, ou immolé sur le tombeau

d'Androgée, ou enfin, ce qui était le moindre péril qu'il eût à courir, d'être réduit au plus

honteux esclavage, sous des maîtres insolents et cruels ! Pourrait-on dire combien il

renfermait de courage, de magnanimité, de justice, d'amour du bien public, de désir de la

gloire et de la vertu ? Les philosophes ont raison, ce me semble, de définir l'amour un

ministère des dieux pour la sûreté et la conservation des jeunes gens. L'amour d'Ariadne

fut donc l'ouvrage d'un dieu, et un moyen puissant dont il se servit pour sauver Thésée.

Ne blâmons pas cette princesse ; mais plutôt soyons étonnés que tous les hommes et

toutes les femmes n'aient pas eu pour Thésée la même affection. Si elle a éprouvé seule

une passion si vive, je crois pouvoir dire qu'elle méritait l'amour d'un dieu, pour avoir aimé

ce qui était beau et honnête, en s'attachant à un homme d'un si grand courage.

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XXXI (2). Thésée et Romulus étaient nés tous deux pour gouverner ; mais ils ne surent ni

l'un ni l'autre conserver le caractère de roi. Ils firent dégénérer la royauté, l'un en

démocratie et l'autre en tyrannie ; ils tombèrent tous deux dans la même faute par des

passions contraires. Le premier devoir d'un roi est de conserver son état ; et pour cela, il

doit autant s'abstenir de ce qui n'est pas convenable que s'attacher à ce qui est décent.

S'il relâche ou s'il roidit trop les ressorts du gouvernement, il cesse d'être roi : il n'est plus

le chef de son peuple ; il en devient le flatteur ou le despote, et s'attire infailliblement sa

haine ou son mépris. De ces deux défauts, l'un semble venir d'un excès de douceur et

d'humanité, l'autre de l'amour-propre et de la dureté.

XXXII (3). S'il ne faut pas rendre la fortune seule responsable des malheurs des hommes,

mais rechercher dans leurs revers la différence des caractères et des passions qui en sont

les causes, on ne peut excuser d'une colère aveugle et d'un emportement précipité la

conduite de Romulus envers son frère et celle de Thésée envers son fils. Mais celui qui

s'abandonne à cette passion est plus excusable quand ses motifs sont plus graves, et qu'il

a été comme renversé par un coup plus violent. Ce fut en délibérant sur des intérêts

publics que Romulus prit querelle avec son frère, et l'on ne conçoit pas comment il put se

porter tout à coup à une telle violence. Thésée, en s'emportant contre son fils, était excité

par des passions que peu d'hommes ont su vaincre, l'amour et la jalousie, aigris encore

par les calomnies de sa femme. Et ce qui met entre eux une grande différence. c'est que

la colère de Romulus alla jusqu'aux effets et eut la fin la plus malheureuse ; celle de

Thésée se borna à des injures et à des malédictions, vengeance ordinaire des vieillards.

Le malheur de son fils semble avoir été le seul effet du hasard. Sous ce rapport, on

pourrait donner la préférence à Thésée.

XXXIII (4). Mais un grand avantage de Romulus sur lui, c'est que les commencements les

plus faibles le portèrent aux plus grandes choses. Esclave avec son frère, passant l'un et

l'autre pour fils de bergers avant même que d'être libres, ils mirent en liberté presque tous

les peuples du Latium, et méritèrent ces titres si glorieux de vainqueurs de leurs ennemis,

de sauveurs de leurs parents, de rois des nations et de fondateurs de villes. Ils fondèrent

ces villes, non en leur faisant changer seulement de forme, comme fit Thésée, qui, pour

réunir plusieurs habitations en une seule, ruina des villes qui portaient les noms des rois et

des héros les plus anciens de l'Attique. Romulus le fit aussi dans la suite, en obligeant les

peuples vaincus à démolir leurs villes et à venir habiter avec les vainqueurs. Ainsi il ne se

borna pas à transférer, à agrandir une ville qui subsistait déjà ; mais il en bâtit une toute

nouvelle, et acquit à la fois une contrée, une patrie, un royaume, des familles, forma des

mariages et des alliances, et cela sans rien détruire, sans faire périr personne. Il fut, au

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contraire, le bienfaiteur d'une multitude de fugitifs, qui, n'ayant ni feu ni lieu, demandaient

à se réunir en un corps de peuple et à devenir des citoyens. Il ne tua pas, à la vérité, des

voleurs, et des brigands ; mais il dompta des nations, des villes, et mena en triomphe des

rois et des généraux d'armées.

XXXIV (5). On n'est pas d'accord sur le véritable auteur de la mort de Rémus ; et le plus

grand nombre des historiens en rejettent le crime sur d'autres que Romulus. Mais tout le

monde convient qu'il sauva sa mère d'une mort certaine ; qu'il replaça sur le trône d'Énée

Numitor son aïeul, qui languissait dans un honteux esclavage ; qu'il lui rendit

volontairement de très grands services, et qu'il ne lui fit aucun tort, même involontaire. La

négligence et l'oubli de Thésée pour l'ordre que son père lui avait donné de changer la

voile de son vaisseau me paraissent impossibles à justifier, même devant les juges les

plus indulgents ; et la défense la mieux préparée ne pourrait, je crois, l'empêcher d'être

condamné comme parricide. Aussi un auteur athénien, voyant que cet oubli ne pouvait

guère s'excuser, a-t-il supposé qu'Égée, en apprenant l'arrivée du vaisseau, courut à la

citadelle avec tant de précipitation, pour le voir aborder au port, qu'il fit un faux pas et se

laissa tomber. Mais est-il vraisemblable que ce prince n'eût pas auprès de lui quelqu'un de

sa suite, ou que, le voyant aller du côté de la mer, personne ne l'eût accompagné ?

XXXV (6). L'injustice qu'ils commirent en enlevant des femmes n'eut dans Thésée aucun

prétexte plausible. Premièrement, il s'en rendit coupable plusieurs fois ; il ravit Ariadne,

Antiope, Anaxo de Trézène ; et après toutes celles-là, Hélène, qui n'était pas encore

nubile, et lorsqu'il avait lui-même passé l'âge de contracter même un mariage légitime. En

second lieu, on ne peut pas l'excuser sur le motif : car, ni les filles de Trézène, ni celles de

Sparte, ni les Amazones, qu'il n'avait pas même fiancées, n'étaient plus dignes on plus

capables de lui donner des enfants que les femmes d'Athènes, qui descendaient

d'Érechthée et de Cécrops. On peut donc le soupçonner de n'avoir suivi en cela que le

goût du libertinage et l'attrait de la volupté. Romulus, qui enleva près de huit cents

femmes, ne prit pour lui qu'Hersilie, et laissa les autres aux plus distingués des citoyens.

Dans la suite même, les Romains, par leur bonne conduite envers ces femmes, par les

égards et l'amitié qu'ils leur témoignèrent, firent de cet acte de violence et d'injustice

l'action la plus sage et la plus politique. Il unit par là deux peuples, lia intimement les

familles ; et l'intelligence que ces mariages établirent entre eux devint la source véritable

de leur puissance.

Mais le temps est un témoin sûr de la pudeur, de l'amour et de la constance qu'il mit dans

l'union conjugale. Pendant l'espace de deux cent trente ans, on ne vit pas un seul mari qui

osât quitter sa femme, ni une femme son mari ; et comme, chez les Grecs, les gens

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versés dans l'antiquité peuvent nommer le premier homme qui tua son père ou sa mère,

de même tous les Romains savent que Spurius Carbilius fut le premier qui répudia sa

femme ; encore en donna-t-il pour raison sa stérilité. Ce témoignage d'une si longue suite

d'années est confirmé par les événements qui suivirent. Un premier effet de ces unions fut

le partage égal de l'autorité souveraine entre les deux rois, et l'égalité de droits pour tous

les citoyens. Mais les mariages de Thésée, loin de procurer aux Athéniens des alliés ou

des amis, leur attirèrent des haines, des guerres et des meurtres, enfin la perte de la ville

d'Aphidna. Ils eurent eux-mêmes bien de la peine à se sauver, et ne durent qu'à la

compassion de leurs ennemis, qu'ils furent obligés d'adorer comme des dieux, de ne pas

éprouver les malheurs qu'Alexandre attira depuis sur les Troyens. La mère même de

Thésée n'en fut pas quitte pour le danger : elle eut le même sort qu'Hécube, et, traînée en

captivité, elle fut abandonnée et presque trahie par son fils, si pourtant cette captivité n'est

pas une fable, comme il serait à désirer qu'elle le fût, ainsi que plusieurs autres traits de la

vie de Thésée.

Ce que l'on conte de la conduite des dieux à leur égard met entre eux une grande

différence. Romulus, à sa naissance, fut sauvé par une protection singulière de la Divinité

; mais l'oracle qui défendait à Égée d'approcher d'aucune femme dans une terre étrangère

semblerait prouver que Thésée vint au monde contre la volonté des dieux.

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Plutarque, Vie de Romulus, chapitre 3, 2-3

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Plutarque, Vie de Romulus, chapitre 3, 2-3 – traduction

(2) La succession des rois d'Albe issus d'Énée passa de père en fils aux deux frères

Numitor et Amulius. Celui-ci, dans le partage qu'il en fit, mit d'un côté la royauté, et de

l'autre l'or et l'argent, avec les richesses qu'on avait rapportées de Troie. Numitor choisit la

royauté; (3) et Amulius, devenu par les trésors qu'il avait, plus puissant que son frère, lui

enleva facilement la couronne. Mais craignant que la fille de Numitor n'eût un jour des

enfants, il la fit prêtresse de Vesta, pour qu'elle restât toute sa vie vierge et sans mari. Les

uns l'appellent Ilia, d'autres Rhéa, d'autres encore Silvia.

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Hérodote, Livre IV, 155

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Hérodote, Livre IV, 155 – traduction

Lorsqu'elle y fut arrivée, Polymnestus, homme distingué, la prit pour concubine. Il en eut,

au bout d'un certain temps, un fils qui bégayait et grasseyait. Cet enfant fut appelé Battus,

suivant les Théréens et les Cyrénéens ; mais je pense qu'il eut un autre nom, et qu'après

son arrivée en Libye il fut ainsi surnommé, tant à cause de la réponse qu'il avait reçue de

l'oracle de Delphes, que par rapport à sa dignité : car Battus signifie roi dans la langue des

Libyens ; et ce fut, à mon avis, par cette raison que la Pythie, sachant qu'il devait régner

en Libye, lui donna dans sa réponse un nom libyen. En effet, lorsqu'il fut parvenu à l'âge

viril, étant allé à Delphes pour consulter l'oracle sur le défaut de sa langue, la Pythie lui

répondit :

“ Battus, tu viens ici au sujet de ta voix : mais Apollon t'ordonne d'établir une colonie dans

la Libye, féconde en bêtes à laine. ”

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Marcus Junianus Justinus Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée, Extrait du livre XLIII

8 Duces classis Simos et Protis fuere. Itaque regem Segobrigiorum, Nanum nomine, in cuius

finibus urbem condere gestiebant, amicitiam petentes conueniunt. 9 Forte eo die rex

occupatus in apparatu nuptiarum Gyptis filiae erat, quam more gentis electo inter epulas

genero nuptum tradere illic parabat. 10 Itaque cum ad nuptias inuitati omnes proci essent,

rogantur etiam Graeci hospites ad conuiuium. 11 Producta deinde uirgo cum iuberetur a patre

aquam porrigere ei quem uirum eligeret, tunc omissis omnibus ad Graecos conuersa aquam

Proti porrigit, qui factus ex hospite gener locum condendae urbi a socero accepit. 12 Condita

igitur Massilia est prope ostia Rhodani amnis.

Texte adapté dans Nathan 4ème p. 102

8 Duces classis Simos et Protis fuerunt. Itaque regem Segobrigiorum, Nanum nomine, in

cuius finibus urbem condere gestiebant, amicitiam petentes conueniunt. 9 Forte eo die rex

occupatus in apparatu nuptiarum Gyptis filiae erat, quam more gentis electo inter epulas

genero nuptum tradere illic parabat. 10 Itaque ad nuptias inuitati omnes proci erant, rogantur

etiam Graeci hospites ad conuiuium. 11 Ensuite, alors que la jeune fille, à son arrivée, était

priée par son père d'offrir de l'eau à celui qu'elle choisissait pour époux, ad Graecos conuersa

aquam Proti porrigit, qui factus ex hospite gener locum condendae urbi a socero accepit. 12

Condita igitur Massilia est prope ostia Rhodani amnis

Traduction :

8 Les commandants de la flotte furent Simos et Protis. Ils vont ainsi trouver le roi des

Ségobriges, appelé Nanus, sur les territoires duquel ils projetaient de fonder une ville. 9 Il se

trouva que ce jour-là le roi était occupé aux préparatifs des noces de sa fille Gyptis, qu'il se

préparait à donner en mariage à un gendre choisi pendant le banquet, selon la coutume

nationale. 10 Et ainsi, alors que tous les prétendants avaient été invités aux noces, les hôtes

grecs sont aussi conviés au festin. 11 Ensuite, alors que la jeune fille, à son arrivée, était priée

par son père d'offrir de l'eau à celui qu'elle choisissait pour époux, elle se tourna vers les

Grecs sans tenir compte de tous les prétendants et offrit de l'eau à Protis qui, d'hôte devenu

gendre, reçut de son beau-père un emplacement pour fonder la ville. 12 Donc, Marseille fut

fondée près de l'embouchure du Rhône.

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Enseignement Conjoint des Langues Anciennes

ANNEXE 2 L’ART DES DISCOURS

CORPUS LATIN & GREC

L’extrait de Cicéron et sa traduction proviennent du dépôt de textes de la rubrique

Itinera Electronica

se trouvant sur le site Bibliotheca Selecta de l’Université Catholique de Louvain :

bcs.fltr.ucl.ac.be.

Les extraits originaux grecs proviennent de la bibliothèque virtuelle proposée par le site :

www.perseus.tufts.edu.

Ils sont transcrits à l’aide de la police SPIonic téléchargeable sur le site :

www.monachos.net.

La traduction d’Euripide est empruntée à Marie Delcourt-Curvers (Editions Gallimard,

Bibliothèque de La Pléiade, 1962) ; celle de Lysias provient du site :

remacle.org.

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Euripide, Iphigénie Aulis, Episode 4 (1211-1252)

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Euripide, Iphigénie à Aulis, Episode 4 (1211-1252) – traduction

IPHIGENIE

Si je pouvais, mon père, parler ainsi qu’Orphée,

Que ma voix pût persuader les rochers de me suivre,

Et attendrir les cœurs que je voudrais,

Je lui demanderais secours. Mais, tout mon art,

Ce sont mes larmes que t’offre. Que puis-je d’autre ?

Comme un rameau de suppliant, j’entoure tes genoux

De ce corps que ma mère pour toi mit au monde.

Ne me fais pas mourir avant mon heure. La lumière est si douce

A regarder. Ne me force pas de me rendre au pays souterrain !

Je fus la première à te dire « mon père », et que tu nommas ton enfant,

La première à laisser aller mon corps sur tes genoux,

A donner et à recevoir de toi le plaisir des caresses.

Tu me disais alors : « Te verrai-je, ma fille,

Mener heureuse au foyer d’un mari

Une vie brillante et digne de moi ? »

Et moi je répondais, suspendue à ton cou,

A ce menton que touche à présent man main suppliante :

« Moi, te verrai-je alors, un vieillard, recevant

L’affectueux accueil de mon foyer, mon père ?

Te rendrai-je les soins dont tu as nourri mon enfance ? »

J’ai bien gardé le souvenir de ces paroles,

Mais toi tu les as oubliées et tu veux me tuer.

Que cela ne soit pas ! J’en adjure Pélops, Atrée ton père,

Ma mère que voilà, qui dans les douleurs m’enfanta.

Quelle douleur la ressaisit en ce moment !

Qu’ai-je à voir aux amours d’Alexandre

Et d’Hélène ? Pourquoi, parce qu’il vint à Sparte, dois-je périr, mon père ?

Ah ! ne détourne pas tes yeux ! Accorde-moi un regard, un baiser,

Pour qu’en mourant j’emporte au moins de toi

Ce souvenir, si ma prière échoue à te fléchir !

Mon frère, tu es bien petit pour secourir les tiens.

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Joins cependant tes pleurs aux miens et demande à ton père

Qu’il épargne la mort à ta sœur.

Les innocents eux-mêmes ont la prescience du malheur.

Vois, qu’a-t-il besoin de paroles ? Il t’implore, mon père.

Ah ! considère-moi, aie pitié de ma jeune vie,

Par ton menton qu’ensemble nous touchons, nous tes deux bien-aimés,

Lui, le petit oiseau, moi déjà une femme.

Un seul mot contiendra ma prière et vaincra. C’est le plus fort de tous :

Le soleil que voilà, tout homme avec joie le regarde.

Sous terre est le néant. Bien fou celui de qui les vœux appellent

Le mort. Vivre honteux vaut mieux que mourir avec gloire.

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Ovide, Métamorphoses, livre VI Finibus in Lyciae longo dea fessa labore

sidereo siccata sitim conlegit ab aestu,

uberaque ebiberant avidi lactantia nati.

Forte lacum mediocris aquae prospexit in imis

vallibus; agrestes illic fruticosa legebant

vimina cum iuncis gratamque paludibus ulvam.

Accessit positoque genu Titania terram

pressit, ut hauriret gelidos potura liquores.

Rustica turba vetat. Dea sic adfata vetantes:

“Quid prohibetis aquis? usus communis aquarum est.

Nec solem proprium natura nec aera fecit

nec tenues undas: ad publica munera veni.

Quae tamen ut detis, supplex peto. Non ego nostros

abluere hic artus lassataque membra parabam,

sed relevare sitim. Caret os umore loquentis

et fauces arent, vixque est via vocis in illis.

Haustus aquae mihi nectar erit, vitamque fatebor

accepisse simul: vitam dederitis in unda.

Hi quoque vos moveant, qui nostro bracchia tendunt

parva sinu:” et casu tendebant bracchia nati.

Quem non blanda deae potuissent verba movere?

Hi tamen orantem perstant prohibere minasque,

ni procul abscedat, conviciaque insuper addunt.

Nec satis est, ipsos etiam pedibusque manuque

turbavere lacus imoque e gurgite mollem

huc illuc limum saltu movere maligno.

Distulit ira sitim: neque enim iam filia Coei

supplicat indignis nec dicere sustinet ultra

verba minora dea, tollensque ad sidera palmas

“aeternum stagno” dixit “vivatis in isto.”

Eveniunt optata deae: iuvat esse sub undis

et modo tota cava submergere membra palude,

nunc proferre caput, summo modo gurgite nare,

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355

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saepe super ripam stagni consistere, saepe

in gelidos resilire lacus. Sed nunc quoque turpes

litibus exercent linguas pulsoque pudore,

quamvis sint sub aqua, sub aqua maledicere temptant.

Vox quoque iam rauca est, inflataque colla tumescunt,

ipsaque dilatant patulos convicia rictus.

Terga caput tangunt, colla intercepta videntur,

spina viret, venter, pars maxima corporis, albet,

limosoque novae saliunt in gurgite ranae.’”

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Ovide, Métamorphoses, livre VI – traduction

6,340] Elle arrive dans la Lycie, contrée fameuse par la Chimère. Un jour que le soleil

lançait sur les campagnes ses feux dévorants, Latone allait succomber à la fatigue d'un

long voyage, au besoin d'étancher une soif ardente; et ses enfants avaient tari ses

mamelles arides. Elle découvre enfin, dans le creux d'un vallon fangeux, une source d'eau

pure. Là des rustres coupaient alors l'osier en rejetons fertile, le jonc, et les herbes qui se

plaisent dans les marais. Elle approche; elle plie un genou, et, penchée sur les bords de

l'onde propice, elle allait se désaltérer : cette troupe grossière s'oppose à ses désirs :

"Pourquoi, dit la déesse, me défendez vous ces eaux ? Les eaux appartiennent à tous les

humains.

6,350] La nature, bonne et sage, fit pour eux l'air, la lumière, et les ondes. Je viens ici jouir

d'un bien commun à tous. Cependant, comme un bienfait, je l'implore de vous. Mon

dessein n'est pas de rafraîchir mon corps fatigué dans un bain salutaire. Je ne veux

qu'apaiser ma soif. Ma bouche est desséchée; elle laisse à peine un passage aride à ma

faible voix. Cette onde sera pour moi un nectar précieux; permettez m'en l'usage : en vous

le devant, j'avouerai que je vous dois la vie. Ah ! laissez-vous toucher par ces deux

enfants qui, suspendus à mon sein, vous tendent leurs faibles bras"; (et par hasard ils leur

tendaient les bras.)

6,360] Quel cœur assez barbare eût pu rester insensible à ces douces prières ! Mais ces

pâtres grossiers les rejettent, et persistent dans leur refus. Bientôt, à l'injure ajoutant la

menace, ils lui commandent de se retirer. Ce n'est pas même assez pour eux. De leurs

mains, de leurs pieds, ils agitent, ils troublent le lac; ils y bondissent, et font monter à sa

surface l'épais limon qui reposait sous l'onde. La colère de Latone lui fait oublier sa soif;

et, sans descendre plus longtemps à des prières indignes de la majesté des dieux, elle

élève ses mains vers le ciel, et s'écrie : "Vivez donc éternellement dans la fange des

marais" !

6,370] Déjà ses vœux sont accomplis. Ils se plongent dans les eaux. Tantôt ils

disparaissent dans le fond de l'étang; tantôt ils nagent à sa surface. Souvent ils s'élancent

sur le rivage; souvent ils sautent dans l'onde; et, sans rougir de leur châtiment, ils exercent

encore leur langue impure à l'outrage; et même sous les eaux, on entend leurs cris qui

insultent Latone. Mais déjà leur voix devient rauque, leur gorge s'enfle, leur bouche

s'élargit sous l'injure, leur cou disparaît; leur tête se joint à leurs épaules;

6,380] leur dos verdit, leur ventre, qui forme la plus grande partie de leur corps, blanchit; et

changés en grenouilles, ils s'élancent dans la bourbe du marais."

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Lysias, Pour l’invalide, 24, 4-20

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Lysias, Pour l’invalide, 24, 4-20 – traduction

Au dire de l'accusateur, je n'ai pas droit à l'allocation que je reçois de la cité, parce que je ne

suis pas infirme et que je ne rentre pas dans la catégorie des invalides, parce que j'exerce

d'autre part une profession qui me permettrait de vivre sans le secours qu'on me donne.

D'après lui, la preuve que je suis bien valide, c'est que je monte à cheval ; la preuve que je vis

largement de mon métier, c'est que je puis fréquenter des gens qui peuvent faire des

dépenses. En ce qui concerne les profits de mon métier et mes autres ressources, vous

savez tous, je pense, ce qui en est. Je vais cependant vous en dire quelques mots. Mon père,

en mourant, ne m'a rien laissé, et quant à ma mère, il n'y a que deux ans, à sa mort, qu'elle a

cessé d'être à ma charge ; des enfants pour me soigner, je n'en ai pas encore. J'ai un métier,

mais qui ne me rapporte pas gros ; j'ai déjà de la peine à l'exercer à moi seul et je n'ai pas

encore pu me payer un esclave pour m'y remplacer. Je n'ai pas d'autres ressources que cette

pension, et si vous me l'enleviez, je risquerais de tomber dans la pire misère. N'allez donc

pas, citoyens du Conseil, quand vous pouvez justement me sauver, me perdre injustement.

Ce que vous me donniez quand j'étais plus jeune et plus fort, ne me l'enlevez pas à présent

que je suis plus vieux et plus faible. Vous avez eu jusqu'ici la réputation d'être très

compatissants, même à l'égard des gens qui n'ont pas d'infirmité : n'allez pas maintenant, sur

la foi de cet individu, traiter durement des malheureux qui inspirent de la pitié même à leurs

ennemis ; si vous avez la cruauté de me faire tort, prenez garde de décourager tous ceux qui

sont dans ma situation. Et voyez quelle inconséquence, citoyens du Conseil ! Lorsque je

n'avais qu'une simple infirmité, on m'a vu recevoir cet argent ; et maintenant qu'il s'y ajoute la

vieillesse, de se faire payer leur désistement. Car les innocents mêmes aimaient souvent

mieux acheter leurs accusateurs que de s'exposer aux risques d'un procès. Mais, dans

l'espèce, l'accusé est un pauvre diable, et son hypothèse est d'une invraisemblance plaisante.

les maladies et tout ce qui s'ensuit, on me l'enlèverait! A quel point je suis pauvre, je crois que

mon accusateur, mieux que personne au monde, pourrait vous en fournir la preuve.

Supposez que, désigné comme chorège pour le concours de tragédies, je lui adresse une

sommation en vue d'un échange de biens : il aimerait mieux exercer dix fois la chorégie que

de faire une seule fois cet échange. N'est-ce pas alors inouï? Il m'accuse aujourd'hui de vivre

largement et de pouvoir frayer sur le pied d'égalité avec les plus riches ; et si ma supposition

se trouvait réalisée, il me jugerait tel que je suis ! Est-il rien de plus méchant? Sur mon talent

de cavalier, dont il a osé vous entretenir, sans craindre la fortune ni montrer de pudeur devant

vous, je serai bref. Je dis seulement, citoyens du Conseil, que les déshérités du sort ne

cherchent qu'une chose, n'en ont qu'une en tête : s'accommoder le mieux possible de leur

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situation. Je suis de ceux-là. Dans le malheureux état où je suis réduit, j'ai trouvé là le moyen

de faire plus facilement les courses un peu longues auxquelles je suis obligé. Voici la

meilleure preuve, citoyens du Conseil, que c'est à cause de mon malheur, et non par

ostentation, comme il le prétend, que je monte à cheval : si j'avais de la fortune, je circulerais

sur une mule bien sellée, au lieu de monter les chevaux des autres. Mais comme je n'ai pas le

moyen de m'en offrir une, je suis bien obligé d'avoir recours. à chaque instant, à des chevaux

d'emprunt. Voyez l'absurdité, citoyens du Conseil : s'il m'avait vu circuler sur une mule sellée,

il se serait tenu coi (qu'aurait-il pu dire en effet?) et, parce que je monte des chevaux

d'emprunt, il essaie de vous faire croire que je suis valide. Si je me sers de deux bâtons

quand les autres n'en ont qu'un, il n'en tire pas argument contre moi ; il ne dit pas que c'est

encore le fait d'un homme valide : mais que je monte à cheval, il en fait état pour prouver que

je ne suis pas impotent. Or, c'est pour la même raison que j'emploie bâtons et cheval. Il est le

plus impudent des hommes quand il essaye à lui seul de vous persuader, tous tant que vous

êtes, que je ne fais pas partie des invalides. S'il le persuade à certains d'entre vous, qu'est-ce

qui empêche que je prenne part au tirage au sort pour la désignation des archontes, et que

vous m'enleviez mon obole, comme valide, pour l'attribuer par un vote unanime à mon

adversaire comme invalide? Car, à coup sûr, le même homme que vous aurez déclaré valide

et à qui vous aurez enlevé son subside, les thesmothètes n'iront pas, comme invalide,

l'écarter du tirage au sort. Mais non, vous n'avez pas cette pensée, ni lui non plus, au fond, et

il fait bien. Il vient me contester mon malheur comme s'il s'agissait d'une fille épicière, et il

prétend vous persuader que je ne suis pas tel que vous me voyez tous; mais, vous, comme il

convient à des gens sensés, croyez-en plutôt vos yeux que ses discours. Il prétend aussi que

je suis insolent, brutal et fort grossier, comme s'il ne pouvait dire la vérité qu'en employant de

grands mots, et qu'un langage modéré n'y suffit pas. Il vous importe, je crois, de bien

distinguer les hommes qui peuvent se permettre d'être arrogants, et ceux qui ne le peuvent

pas. L'insolence n'est pas de mise chez les pauvres diables, les miséreux, mais chez les

riches, qui ont beaucoup plus que le nécessaire ; ni chez les gens qui ont un corps débile,

mais chez ceux qui peuvent le plus se fier leurs forces ; ni chez les hommes déjà avancés en

âge, mais chez ceux qui sont encore jeunes et qui ont les sentiments de la jeunesse. Les

riches, avec leur argent, payent pour ne pas être inquiétés; mais les pauvres, la gêne les

contraint à la modération. On estime que les jeunes gens ont droit à l'indulgence des

vieillards, tandis que, si les vieillards se mettent dans leur tort, jeunes et vieux s'accordent

pour les blâmer. Il est permis aussi à l'homme robuste d'insulter impunément qui il lui plaît : le

faible, lui, est également incapable, quand on l'insulte, de repousser l'agresseur, et, s'il lui

prend fantaisie d'insulter les autres, d'avoir le dessus. Aussi, n'est-ce pas sérieusement,

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j'imagine, que l'accusateur parle de mon insolence : il veut plaisanter ; il ne prétend pas vous

convaincre, mais faire rire à mes dépens, comme s'il faisait là quelque chose de très malin. Il

déclare aussi que ma boutique est le rendez-vous d'une bande de fripons qui ont gaspillé leur

fortune et s'attaquent à quiconque prétend conserver la sienne. Mais remarquez bien tous

que ces accusations ne m'atteignent pas plus que tous les autres commerçants, ni mes

habitués plus que ceux de mes confrères. Vous avez l'habitude d'aller faire votre tour, qui

chez un parfumeur, qui chez un barbier, qui chez un cordonnier, chacun enfin où il lui plaît ; le

plus souvent, c'est chez des commerçants qui sont établis tout près de l'agora, rarement chez

ceux qui en sont très éloignés. Taxer de friponnerie les gens qui viennent chez moi, c'est donc

faire le même reproche à ceux qui fréquentent chez mes confrères et, du même coup, à tous

les Athéniens, puisque tous, vous avez l'habitude d'aller faire un tour et de passer le temps

chez l'un ou chez l'autre.

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Cicéron, 1ère Catilinaire (1,1)

Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? quam diu etiam furor iste tuus nos

eludet ? quem ad finem sese effrenata iactabit audacia ? Nihilne te nocturnum praesidium

Palati, nihil urbis uigiliae, nihil timor populi, nihil concursus bonorum omnium, nihil hic

munitissimus habendi senatus locus, nihil horum ora uoltusque mouerunt ? Patere tua

consilia non sentis, constrictam iam horum omnium scientia teneri coniurationem tuam non

uides ? Quid proxima, quid superiore nocte egeris, ubi fueris, quos conuocaueris, quid

consilii ceperis, quem nostrum ignorare arbitraris ?

O tempora, o mores ! Senatus haec intellegit. consul uidet; hic tamen uiuit. Viuit ? immo

uero etiam in senatum uenit, fit publici consilii particeps, notat et designat oculis ad

caedem unum quemque nostrum.

Cicéron, 1ère Catilinaire (1,1) – traduction

Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina? combien de temps encore

serons-nous le jouet de ta fureur? jusqu'où s'emportera ton audace effrénée ? Quoi ! ni la

garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les forces répandues dans toute la ville, ni la

consternation du peuple, ni ce concours de tous les bons citoyens , ni le lieu fortifié choisi

pour cette assemblée, ni les regards indignés de tous les sénateurs, rien n'a pu t'ébranler !

Tu ne vois pas que tes projets sont découverts? que ta conjuration est ici environnée de

témoins, enchaînée de toutes parts? Penses-tu qu'aucun de nous ignore ce que tu as fait

la nuit dernière et celle qui l'a précédée; dans quelle maison tu t'es rendu; quels complices

tu as réunis; quelles résolutions tu as prises?

O temps! ô moeurs! tous ces complots, le Sénat les connaît, le consul les voit, et Catilina

vit encore! Il vit; que dis-je? il vient au sénat; il est admis aux conseils de la république; il

choisit parmi nous et marque de l'œil ceux qu'il veut immoler.