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ENVI-F-409 Economie de lʼenvironnement et des ressources naturelles Séance 7 – 29 Février 2012
Tom Bauler – [email protected] Support internet : http://tbauler.pbwiki.com
1° Indicateurs alterna0fs au PIB (suite) 2° Paiements pour services écosystémiques
Contexte • Constat partagé dʼune distorsion profonde entre le projet de société du
3ième millénaire (i.e. la société juste et durable) et sa mesure (i.e. le PIB) post-industrialisme
• Émergence dʼune multitude dʼinitiatives formelles, informelles, revendicatrices, académiques, politiques… à de multiples échelles et niveaux pour « Redéfinir la prospérité ».
• Le levier par excellence: redéfinir la mesure de la prospérité
• Double logique : – « what counts gets counted » (lecture performatrice et managériale de
la société) – la définition dʼune mesure aidera à définir le projet de société (lecture
historique de la constitution du PIB)
Définition • Produit intérieur brut (PIB) (EN: Gross Domestic Product) est…
– « …la valeur monétaire de lʼensemble des biens et services finaux nouvellement produits (et recensés) par une entité (généralement une nation) au cours dʼune période donnée (généralement une année) » (Cassiers, Thiry 2011)
• PIB comptabilise le résultat (annuel) des activités de lʼéconomie marchande
• PIB est une valeur monétaire (sic!) • PIB est un flux annuel (et pas un stock! Ce nʼest pas une mesure de
richesse, mais de « revenus ») • PIB est une métaphore pour le pouvoir dʼachat des citoyens, donc
représente notre capacité à nous ouvrir de nouveaux horizons de consommation, i.e. de bonheur, plaisir…
Nous voulons que cette capacité augmente ! (i.e. croissance du PIB)
Source : Bureau du Plan, janvier 2011
Source : Bureau du Plan, sept. 2011
Source : Bureau du Plan, février. 2012
Source : Bureau du Plan, Janvier 2011, Septembre 2011, Février. 2012
Origine et évolutions du PIB • 1932 : post-krach boursier de 1929, USA donne mandat à Simon
Kuznets (le même) pour monter une mesure de la force (ou faiblesse) économique du pays. Recherche dʼun instrument de pilotage macro-économique. Sera très utile aux USA pendant la 2nd guerre mondiale.
• (REM : lʼétat nazi, dans la pure tradition prussienne dʼune administration comptable, disposait dʼune très performante mesure de lʼéconomie nazi en volume (!), i.e. une mesure du stock en tonnes, litres, ha…)
• +/-1950 : post-WW2, nécessité dʼadopter un instrument de pilotage économique post-crise en Europe. Mesurer la reconstruction, le miracle économique, le plan Marshall… PIB
Récits implicites au PIB • Social : partage des gains de productivité entre salaires et profits
induit une logique de lʼaccroissement continuel des gains, donc du volume marchand, donc du PIB (« on devient plus efficient à réaliser un gâteau de plus en plus grand quʼon se partagera »)
• Macro-économique : Keynésianisme (post WW2) ambiant suppose un rôle fort pour lʼEtat qui doit donc disposer dʼinstruments de mesure
• Coopération internationale : Plan Marshall sʼassied sur une comptabilité nationale normalisée, i.e. homogénéisée mondialement!
• Sociétal : augmentation du niveau de vie ressenti, voire de lʼespérance de vie, va de paire avec la hausse du PIB, du progrès scientifique et social, de lʼaccès à la consommation de masse…
Les « perversions » • Environnementales : PIB comme mesure de lʼactivité économique peut
être inhibé par des considérations environnementales (lois, normes dʼémissions…) le récit du conflit entre environnement/commerce
• Ressources : PIB mesure lʼactivité économique; une pollution peut induire une activité économique (de dépollution, dʼinstallation de filtres…) induisant croissance économique
• Sociales : PIB mesure la partie marchande des activités au sein dʼun pays. Le travail non-marchand, lʼéconomie informelle, lʼentre-aide nʼétant pas rémunérés ne donnent pas lieu à PIB (voir les PIB africains)
• ….
aujourdʼhui ruptures majeures entre le récit principal de ce qui est « comptabilisé » par le PIB et ce qui « compte » dans une société
Problèmes implicites • Rupture entre le récit dʼune société en croissance (qualité de vie en
diminution, vie-chère en augmentation…) et le récit des chiffres, induit une perte nette de confiance dans les statistiques (!); e.g. en GB et en F, seul 1 personne sur 3 a confiance dans les statistiques officielles, et ce dans une société de lʼinformation…
• Perte nette (fatale?) de confiance dans les institutions politiques de générer des situations dʼamélioration de conditions de vie. Une impression de vivre une course politique à la croissance, soumission totale dʼobjectifs sociétaux et politiques à la grande finance…
Solutions ? • Si distance trop forte entre perceptions « populaires », chiffres/
statistiques/indicateurs et adéquation entre chiffres/… et « concepts/philosophies » de vie, alors : – soit adapter le concept, e.g. développement durable,
décroissance, steady-state, état planificateur… – soit adapter la mesure du concept
• Certaines voies revendiquent lʼadaptation de la mesure comme une façon dʼimposer un nouveau concept. Historiquement correct : ce sont les mesures statistiques de lʼemploi ((+/1850) qui ont défini la notion de « travail »; cʼest la mesure de lʼactivité industrielle via le PIB qui a défini la « société de consommation »
Quelle pourrait-être cette mesure ?
Processus en place • Depuis 1965, début dʼun courant académique de contestation du PIB. Mouvement
académique très important dans le domaine des « social indicators ». Abandon vers de cette voie vers 1980; problème de standardisation mondiale.
• Rio, cartable environnemental, développement durable, intégration des dimensions de la vie… processus institutionnel dʼenvergure au niveau des Nations-Unies pour développer des indicateurs DD. Logique des tableaux de bord, matrices… avec pour récit « complexité de la réalité ne doit pas se voir simplifier par un indicateur unique ». Abandon relatif vers 2000, sauf pour le niveau local/urbain
• Depuis 2005, reprise de lʼeffervescence et « casting international » : – OCDE: Measuring the progress of society – Commission et Parlement UE: « Beyond GDP » / « GDP and beyond » – France: Commission présidentielle Stiglitz-Sen-Fitoussi – Allemagne 2011-…: Enquêtekommission Bundestag – UK 2011: Blue Book on Governance – 2012 - Rio+20: indicateurs réapparaissent comme problématique
Une foule de candidats, pas de nominé(s) pour lʼinstant. Exemples.
“Réalités” Indicateurs
Principe de base dʼun indicateur: simplifier la réalité
UElisateurs
• Caractéristiques propres du développement durable : • Complexité • Intertemporalité • Incommensurabilité des éléments ou dimensions • Multitude de niveaux poursuivants des objectifs propres (national vs local)
• Caractéristiques propres aux indicateurs pour un DD : • Complexité • Comparabilité • Problèmes dʼéchelles temps - espaces • Flux transfrontaliers • Coopération interdisciplinaire • Participation des stakeholders • Disponibilité des données
Le problème du choix de la mécanique de lʼindicateur (1/2)
Capital or Stock indicators Assessment of the quantity or quality of
resources (human, natural,
infrastructural, knowledge…).
Econom
ic
app
roach
Rates or Flow indicators Assessment of the extent, speed or
quality of change of given resource
capitals.
Guide-beam indicators;
Distance-to-target indicators
Assessment of evolutions with regard to
desired outcome. Scientific, societal or
political norms define a corridor of
desired evolutions, or the value of the
target situation.
Non-sustainability indicators Assessment of evolutions with regard to
an initial non-desired situation.
Pro
cess-o
rien
ted a
ppro
ach
Capacity building or
institutional or human capital
indicators
Assessment of the capabilities
developed by a society (or institution)
and their adaptability to stress, change,
crisis.
Le problème du choix de la mécanique de lʼindicateur (2/2)
Descriptive
indicators
Assessment of the prevalent existing
situation
Prescriptive indictors Assessment of progress achieved with
regard to desired outcome
Function
al
app
r oach
Normative indicators Assessment of evolution of phenomena with
regard to defined limits or norms
Effectiveness indicators
Assessment of the impacts (i.e. the effects)
of a policy or of a change in the conditions addressed by policy
Efficiency indicators Assessment of t he performance of
resources (human , economic or
environmental) allocated to support a change in a given system
Polic
y-p
erf
orm
ance
app
roach
Outcome indicators Assessment of the means liberated by the
policy decision meant to c ope with the problems identified
Input indicators Assessment of the flow of material or
energy or substances entering a system
(e.g. a nation, a c ity, an industrial sector). Measured in absolute or relative values.
Output indicators Assessment of the flows leaving a system.
Syste
ms! ap
pr o
ach
Throughput indicators
Assessment of the flows passing through a
system without notably altering the system!s quality.
Mode opératoire dʼun indicateur
index
Lʼexemple pyramidal (1/2)
60-80 environmentalpressure indicators
One overall Welfare Index
(intellectual challenges)
(invisible work)
Three indices for economic wealth (=GDP), environment, social performance
Ten environmentalPressure Indices
National environment statistics
Regional environment statistics
Processed data
Raw data
The information
iceberg: from raw
data to highly
aggregated indices
Arborescence : European Environmental Pressure Index
Air
Pollution
Emissionsof nitrogen
oxides(NOx)
Emissions
of NMVOC
Emissionsof sulphurdioxide(SO2)
Emissionsof
particles
Consumptionof gasoline& diesel oil
by road veh.s
Primaryenergy
consumption
Climate
Change
Emissionsof carbondioxide(CO2)
Emissionsof methane
(CH4)
Emissionsof nitrous
oxide(N2O)
Emissionsof chloro-
fluoro-carbons
Emissionsof nitrogen
oxides(NOx)
Emissionsof sulphur
oxides(SOx)
Loss of
Biodiversity
Protectedarea loss,
damage andfragmentation
Wetlandloss
throughdrainage
Agricultureintensity:
area used forintensive..
Fragmen-tation offorests &
landscapes
Clearance ofnatural &
semi-nat.l forests
Change intraditionalland-usepractice
MarineEnvironment
& CoastalZones
Eutrophi-
cationOverfishing
Develop-ment along
shore
Dischargesof heavymetals
Oilpollution atcoast & at
sea
Dischargesof halogena-ted organiccompounds
OzoneLayer
Depletion
Emissionsof chloro-
fluoro-carbons
Emissionsof bromo-
fluoro-carbons
Emissionsof hydro-
chlorofluoro-carbons
Emissionsof nitrogen
oxides (NOx)
Emissionsof
chlorinatedcarbons
Emissionsof methylbromide(CH3Br)
Resource
Depletion
Waterconsumption
per capita
Use ofenergy per
capita
Increase interritory
permanentlyoccupied
Nutrientbalance of
the soil
Electricityproductionfrom fossil
fuels
Timberbalance
(new growth/harvest)
Dispersion ofToxic
Substances
Consumptionof
pesticides
Emissionsof persistent
organicpollutants
Consumptionof toxic
chemicals
Index ofheavy metalemissions to
water
Index ofheavy metalemissions to
air
Emissionsof
radioactivematerial
UrbanEnvironmental
Problems
Energy
consumption
Non-recycled
municipalwaste
Non-treated
wastewater
Share ofprivate cartransport
Peopleendangered
by noiseemissions
Land use(change from
natural tobuilt-up..)
WasteWaste
landfilled
Waste
incinerated
Hazardous
waste
Municipal
waste
Wasteper
product
Wasterecycled/material
recovered
WaterPollution &
WaterResources
Nutrient use(nitrogen &phosphorus)
Groundwater
abstraction
Pesticidesused per
hectare ofagric.l area
Nitrogenused per
hectare ofagric.l area
Watertreated/water
collected
Emissionsof organicmatter as
BOD
Lʼexemple pyramidal (2/2)
Lʼexemple « arborescent »
Sharpe&Osberg
Arbre, pyramide, liste… ??
normalisaEons
listes
autres
monnaie
Unité(s)
unique
mulEples
Avantages: ‐Comparabilité ‐ Simplicité ‐ Transférabilité ‐ Standardisable
Problèmes: ‐Opacité ‐Technicité ‐Compacité
Conven&ons au niveau du passage au dénominateur unique
Conven&ons au niveau de la pondéra&on
Conven&ons au niveau du processus
Le message unique • Question récurrente et fatidique : comment intégrer les pommes et
les poires du développement durable en une seule mesure?
• Techniquement, 2 solutions : – Normaliser : opération purement statistique, consistant p.ex. à
ramener les valeurs d’indicateurs individuels à une échelle unique – Unité unique : par ailleurs, souvent réputée plus compréhensible
pour le décideur-utilisateur « non averti »
problème: il nʼexiste pas dʼunique « unité unique » qui pourrait convenir dans toutes les situations: monnaie? énergie? matières? surfaces?…
Lʼunité unique : monnaie
Source: Earthtrends, WRI, 2006
Adapter le PIB : la monnaie comme unité unique • Mécanique et message : “For every society there seems to be a period in which economic growth (as conventionally measured) seems to bring about an improvement in the quality-of-life, but only up to a point - the threshold point - beyond which, if there is more economic growth, quality-of-life may begin to deteriorate.” (M. Max-Neef, 1995)
Threshold Hypothesis Construire un indicateur qui permet de rendre compte de cet effet de
seuil au niveau macro-économique (voir aussi les ACB) ISEW – Indicator of Sustainable Economic Welfare, rendre compte
de lʼensemble des impacts de nos activités économiques Uncancelled benefits / uncancelled costs
Méthodologie • Une 20aine dʼadaptations de la consommation privée • Quantifications monétaires des différents postes • ISEW =
private consumption expenditures welfare losses from income inequality (-) value of domestic labour (+) non-defensive public expenditures (+) defensive private expenditures (-) capital adjustments (+/-) costs of environmental degradation (-) depreciation of natural capital (-)
• private consumption expenditures (+) • welfare losses from income inequality (-) • value of domestic labour (+)
– data taken from time use studies + number of hours worked multiplied by shadow price (wage rate of cleaning personnel)
• non-defensive public expenditures (+) – defensive expenditures = expenditures that are made to offset a decrease in
welfare – half of public expenditures on health and education
• defensive private expenditures (-) – costs of commuting – private costs of pollution control – costs of car accidents – costs of noise pollution
• costs of environmental degradation – ST (-) – costs of water pollution = rescale US cost estimate + use surface water quality
index to spread estimate over time – costs of air pollution = emissions of 5 air pollutants are valued at their marginal
social costs (estimates)
• (…)
• costs of environmental degradation – LT(-) – costs of climate change = cumulative emissions of CO2 (since 1900) are valued at
estimates of their marginal social costs (fluctuates through time) – costs of ozone layer depletion = cumulative consumption of CFCs in Belgium are
valued at a constant cost per unit estimate • natural capital depletion (-)
– loss of farmlands = quality and qauntity – depletion of non-renewable resources = consumption for non-renewable energy
resources are valued at a replacement cost estimate (renewable substitutes) + escalation factor. + Oil, natural gas, coal and nuclear energy
• capital adjustments (+\-) – durable consumer goods – net capital growth – changes in net international investment position
ISEW / GDP for the UK
Source des graph
ique
s/calculs : Brent BLEYS, V
UB
ISEW / GDP for the USA
Source des graph
ique
s/calculs : Brent BLEYS, V
UB
ISEW / GDP for Sweden
ISEW / GDP for Chile
ISEW / GDP for BE
Source des graph
ique
s/calculs : Brent BLEYS, V
UB
ISEW - 2006 Update
0.0
5000.0
10000.0
15000.0
20000.0
25000.0
30000.0
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
GDP/capita
ISEW/capita
ISEW / GDP for BE
Source des graph
ique
s/calculs : Brent BLEYS, V
UB
Positive Items
-20000.0
0.0
20000.0
40000.0
60000.0
80000.0
100000.0
120000.0
140000.0
160000.0
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
millio
ns o
f 2
00
0!
Private Consumption Expenditures Domestic Labour Non-defensive Public Expenditures Capital Adjustments
ISEW / GDP for BE
Source des graph
ique
s/calculs : Brent BLEYS, V
UB
Negative Items
0.0
10000.0
20000.0
30000.0
40000.0
50000.0
60000.0
70000.01970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
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1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
milio
ns o
f 2
00
0!
Losses from Income Inequalities Defensive Private Expenditures Costs of Environmental Degradation (ST)
Costs of Environmental Degradation (LT) Natural Capital Depletion
ISEW / GDP for BE - analyse • GDP/capita : augmentation quasi-linéaire entre 1970-2006 • ISEW/capita :
– 2 périodes de hausse, suivies par des périodes de déclins – 1ier déclin (1985) = net capital growth declines – 2ième période (2000) = net investment position de la Belgique, et augmentation des
coûts liées aux énergies non-renouvelables
Threshold hypothesis? Difficile de conclure Problèmes :
très intensif en efforts de calculs et de conventions dʼadaptation Très sensibles aux incertitudes méthodologiques
Simplification ?
Sensibilités aux incertitudes
• Le problèmes des valuations monétaires (et de leur variabilité)
Sensibilités aux incertitudes • Le problèmes des valuations monétaires (et de leur variabilité)
2° Paiements pour services écosystémiques: les marchés de la biodiversité (par0e1)
Contexte (rappel) • Gestion de l’environnement (par l’acteur public) est aussi régit par la
présence « d’externalités économiques», i.e. des situations où le marché (p.ex. celui des matières premières comme le bois) a développé des incitants d’exploitation non voulus, incontrôlés, « nuisibles » à la société, à lʼenvironnement, bénéficiant au plus petit nombre…
• --> faire face à des « market failures » (défaillances de marché), i.e. des situations qui présentent des externalités (positives ou négatives), des services environnementaux « publics », des droits de propriété peu clairs ou inadaptés, un manque dʼinformation et de connaissance.
• --> parallèlement, les milieux naturels sont reconnus comme livrant une série de services environnementaux (ou écosystémiques) indispensables, p.ex. épuration des eaux, séquestration CO2…, qui ont une valeur économique positive
Services écosystémiques et valeur économique totale
Services écosystémiques et valeur économique totale
(De Groot et al, 2006)
Définitions • Un paiement pour services environnementaux (PSE) (voir Wunder
2005) : – Est une transaction volontaire… – qui concerne un service environnemental précis (ou une utilisation de
l’espace qui fournit le service)… – qui implique (au minimum) un acheteur du service… – face à un (au minimum) vendeur du service… – à condition que ce vendeur (i.e. le fournisseur du service) est en
mesure d’assurer la fourniture du service environnemental en question. • Important : peu de PSE sont « purs », et souvent ils ne présentent
donc pas toutes ces conditions simultanément.
Logique économique : l’exemple d’une conversion d’une forêt en pâturage (ou pas)
1 2 3
Logique économique • Typiquement : situation d’arbitrage entre plusieurs utilisations possibles
des écosystèmes, p.ex. conservation de la forêt vs. pâturages • Le fournisseur de services environnementaux (p.ex. le propriétaire d’une
parcelle) gagnerait en opérant une conversion • Mais, cette conversion induirait des coûts environnementaux /
économiques à dʼautres/ à la société (p.ex. réduction de la capacité dʼépuration, perte de biodiversité…) sans contrepartie réelle de la part du fournisseur: i.e. sans internalisation des externalités.
• Situation de gestion visée : garder la fourniture de services environnementaux intacte, tout en assurant au fournisseur du service une « rétribution » adéquate pour couvrir ses « pertes ».
• Plusieurs façons de réaliser cette rétribution : simplement imposer un schéma de gestion précis, ou racheter la parcelle, mise en réserve…
• --> ou: un système de paiements pour services environnementaux rendus
Fausse hypothèse d’application
• Dans littérature, il est souvent supposé que les PSE ne peuvent / doivent s’appliquer que si le bien environnemental visé (i.e. le service) est un bien commun pur (EN: pure public good), càd: – il est impossible de prévenir l’utilisation du service par un acteur: non
exclusivité – l’utilisation du service environnemental par un acteur ne prive pas d’autres
acteurs à faire de même: non concurrence • Exemple-type : la séquestration du carbone en Amazonie (REDD+…) • Mais : beaucoup de services environnementaux ne présentent pas ces
caractéristiques, p.ex. l’utilisation de services aquifères où : – il faut p.ex. être localisé dans le bassin pour profiter de lʼutilisation du service
(i.e. il y a donc bien une forme dʼexclusivité) – il faut détenir des droits d’utilisation (i.e. mise en concurrence)
Caractéristiques d’un schéma de PSE (1/2) • Deux formes d’acheteurs possibles --> deux formes de schémas PSE :
– Les ‘acheteurs-utilisateurs’, PSE financés par les utilisateurs des services, p.ex. Vittel
– Les ‘acheteurs-publics’, PSE financés par une collectivité • Les schémas « PSE-utilisateurs » sont a priori plus efficients, parce que
les acheteurs ont une information directe de la valeur du service, un intérêt direct à assurer la performance du schéma de gestion PSE, observent directement la (non)fourniture des services, peuvent plus facilement renégocier les conventions.
• « PSE-publics » sont confrontés à des objectifs de gestion non-environnementaux, à lʼinaccessibilité à lʼinformation directe
• Mais, existe des cas limites, p.ex. PSE-publics financés par contributions directes et non par le budget de lʼautorité, ou PSE-privés où lʼacteur « privé » est de fait une agence publique (p.ex. sociétés publiques dans le secteur de lʼapprovisionnement dʼeau potable, ex. Munich et NY)
Caractéristiques d’un schéma de PSE (2/2) • Recours à des PSE privés, si :
– Le service environnemental est de fait un bien privé (ou un « club good ») et qu’il est possible d’identifier le bénéficiaire premier
– Le service environnemental fournit des bénéfices suffisamment larges et importants
– --> présence d’oligopsones (peu d’acheteurs) ou monopsones (un seul acheteur) à des échelles locales
• Recours à des PSE publics, si : – Le service environnemental fournit est un bien commun (p.ex. maintien de la
biodiversité) – Le service environnemental est de fait un paquet de services plus ou moins
bien identifiés (p.ex. biodiversité+séquestration+épuration d’eau…), mais où l’on ne maîtrise pas suffisamment les chaînes de causalités pour attribuer un service précis à un acheteur précis
• Dans pratiquement tous les cas, les vendeurs sont des propriétaires terriens, soient formels, soient informels (p.ex. populations indigènes)
Fonctionnement d’un schéma de PSE (1/2) • Le principe est simple : un fournisseur de service environnemental (i.e.
propriétaire) reçoit une somme contre l'abandon d’une utilisation « néfaste » (pour la qualité/pérennité du service) réelle ou potentielle, et/ou pour réaliser des activités de soutien à la qualité du service (p.ex. reforestation). La somme est payée par le bénéficiaire du service.
• Type d’activités presque toujours lié à l’utilisation d’une terre (i.e. une parcelle): --> idéalement, on paierait « par service rendu » (i.e. output-based), mais il est presque toujours impossible d’établir les liens nécessaires, donc on paie pour des utilisations spécifiques du sol (p.ex. par hectare convertit, nombre d’arbres plantés, heures de travail…) (i.e. input-based)
• Conditionnalité est importante (i.e. il faut que le service soit réellement rendu) et donc la mesure de la performance (i.e. le contrôle) aussi: – Contrôle de lʼutilisation du sol visée (p.ex. nombre de ha replantés) – Contrôle de la qualité du service environnemental (p.ex. qualité de lʼeau)
Fonctionnement d’un schéma de PSE (2/2) • Paiement doit résulter en une situation avec un bénéfice supérieur à la situation de
conversion (i.e. minimum payment) • Paiement doit être inférieur aux pertes évitées pour les utilisateurs (i.e. maximum
payment)
Analyse comparative PSE vs. XYZ (1/2)
• Schéma PSE n’est jamais l’unique solution de gestion • PSE vs les taxes/subsides; du point de vue du vendeur, PSE = un
subside; du point de vue de l’acheteur, PSE = une taxe • Or, les subsides présentent des problèmes sérieux:
– additionnalité : difficile de déterminer l’apport réel du subside – « leakage »: peut induire une évasion spatiale du comportement
problématique (ex. délocalisation industrielle) – « perverse incentives »: peut inciter à empirer la situation de départ – hausse de profitabilité: peut devenir rentable d’avoir une activité subsidiée – protectionnisme (économique)
• Les taxes (ou leur exemption) peuvent imposer l’effort sur les créateurs du service et pas sur les bénéficiaires du service (ex. démontrer que le comportement du créateur est à la base du SE; être imposable…)
Analyse comparative PSE vs. XYZ (2/2)
• PSE vs « command-and-control », i.e. régulation, p.ex. interdire tel type dʼactivité agricole sur telle parcelle – PSE a l’avantage d’être volontaire, donc plus flexible pour les
bénéficiaires – Régulation souffre dʼun manque de gouvernance, du moins au niveau local – Les coûts de transaction sont importants (i.e. les coûts opérationnels) – Régulation demande des capacités prévisionnelles et contractuelles
importantes • PSE et le « policy-mix »:
– Il s’agit avant tout d’une situation où il faut être en mesure de combiner les différents instruments à disposition, et pouvoir changer leur poids dans le temps! PSE nʼest pas applicable partout, ni tout le temps, mais peut-être une alternative réelle p.ex. pour amorcer une situation de gestion
Effectivité et efficience des PSE (1/7)
Effectivité et efficience des PSE (2/7) • Axe horizontal = bénéfices nets pour les propriétaires • Axe vertical = valeurs des services environnementaux générés • Quadrant « droite-haut » = situation qui génère des bénéfices privés
positifs et une valeur positive en termes de services environnementaux ==> situation d’arrivée visée
• Quadrant « droite-bas » = les propriétaires réalisent des bénéfices privés positifs, mais au dépens de la société
• Quadrant « gauche-haut » = la société gagne, mais les propriétaires ne font pas de bénéfices
• --> un schéma de gestion PSE veut arriver à générer une évolution de « type A », générer une utilisation de la ressource qui au départ n’est pas profitable pour le propriétaire en la rendant profitable
• La diagonale montre la frontière entre une situation socialement (i.e. en total) profitable (en haut de la droite) ou non (en bas)
Effectivité et efficience des PSE (3/7) • Possibles problèmes et inefficacités :
– Situation B : les PES sont insuffisants pour générer une utilisation désirable en termes de gestion de la ressource
– Situation C : le paiement ne génère pas une adaptation de l’utilisation de la ressource, car les bénéfices sont plus faibles que les coûts
– Situation D : le PES réalise des paiements pour des comportements bénéfiques à la ressource, mais qui sont déjà adoptés (i.e. problème de l’additionalité)
• Situation B et C sont socialement inefficients : les bénéfices sont inférieurs aux coûts; soit socialement (comme pour C), soit individuellement (comme en B)
• Situation D est indirectement socialement inefficient, car les fonds investis ne sont plus disponibles pour dʼautres actions, ou PES, qui auraient induit un changement dʼutilisation
Effectivité et efficience des PSE (4/7)
• Autres enjeux d’efficience / effectivité : – « Leakage », i.e. fuite ou délocalisation de l’utilisation nocive de la
ressource en-dehors du périmètre du schéma de gestion PSE – Pérennité, le fonctionnement du schéma PSE est entièrement dépendant
des paiements; si cessation de paiements, alors les incitants disparaissent pour continuer à adopter une utilisation de la ressource positive
– Ciblage des participants et / ou de l’endroit d’application du PSE, il se peut que le nombre de potentiels bénéficiaires excède les fonds disponibles impliquant une sélection des potentiels participants
Effectivité et efficience des PSE (5/7)
Effectivité et efficience des PSE (6/7)
Effectivité et efficience des PSE (7/7)
PSE-privés et PSE-publics : études de cas • Claire différence en termes d’échelle opérationnelle :
– PSE-privés concernent majoritairement des ressources locales (p.ex. une source, une forêt…) et impliquent une étendue spatiale réduite (500 à 5000ha); sauf pour un cas de séquestration CO2 en Ecuador (22000ha)
– PSE-publics ont des étendues larges; à partir de 270000ha (Costa Rica) jusquʼà 14,5millionsha (USA). PSE-publics ont une finalité à sʼétendre par étapes.
• Claire différence en termes de ressources visées: – PSE-privés concernent toujours un unique service (p.ex. qualité de l’eau) – PSE-publics concernent une combinaison de services environnementaux,
mais définis avec peu de précision • Les deux caractéristiques sont évidemment liées, ainsi que le choix de
leur mode opérationnel (public vs privé), ou de leur ciblage géographique (si enjeux est séquestration, alors on a le choix de l’endroit)
PSE-privés et PSE-publics : études de cas
• Conditions minimales nécessaires : – Volonté de payer pour le service environnemental – Volonté de recevoir pour le service environnemental – Droit de propriété bien définis – Compréhension forte des liens de causalités du milieu environnemental – Coûts de transaction peu élevés – Mise en place dʼun mécanisme de paiement (et donc capacité de recevoir) – Responsabilité légale claire – Dialogue actif entres acteurs
PSE-privés et PSE-publics : études de cas - leçons
• Problèmes génériques avec les paiements proprement parlé : – Les sommes sont déterminées p/r au coût de fournir le service
environnemental (i.e. conversion de pâturage en forêt), et non p/r à la valeur du service environnemental (i.e. la valeur économique des espèces conservées)
– Il sʼagit presque toujours de paiements « en espèces » (i.e. du cash), et non pas de crédits (p.ex. dʼimpôts), ou de soutien technique…
• Les paiements dans les PSE-privés sont souvent différentiés (plusieurs tarifs, en fonction des actions mises en place), alors que pour les PSE-publics il s’agit souvent d’un(e) tarif/somme unique (pour des raisons d’équité distributive et de facilité administrative)
• Tous les paiements sont conditionnels (mais plus fortement dans le cas des PSE-privés)
Conclusions • Forte variabilité dans les schémas de gestion PSE • Différentiation importante entre PSE-public et PSE-privé • PSE peut être attractif, car ouvre une nouvelle perspective pour la
gestion des ressources environnementales, et pour les activités de conservation : acheter le service environnemental !
• PSE peut aussi être attractif, car ouvre lʼactivité de conservation aux acteurs de terrain, aux populations locales… et ne se résout pas à lʼacteur public comme seul gestionnaire possible
• Mais : – Quid des enjeux de responsabilité légale? – Comment contrôler les PSE-privés? Comment augmenter lʼefficience et le
ciblage des PSE-publics? – Quels sont véritablement les services environnementaux qui présentent un
potentiel de gestion par PSE? – Que faire pour pérenniser des PSE dans le temps?