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Estudio ríos Bretaña-Narcea

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La restauration cologique des cours deau en Bretagne (France) et dans les Asturies (Espagne) : comparaisons pour optimiser les pratiques

http://www.parquederedes.com/public/agua10.JPG

Maud Oberlin Etudiante en anne interstitielle Agrocampus Ouest, Rennes, France ([email protected]) Matre de stage : Ivan Bernez Ingnieur de recherche lINRA de Rennes, UMR Ecologie et Sant des Ecosystmes, France ([email protected])

Septembre 2011 fvrier 2012

Remerciements

Avant toute chose je tiens remercier Agrocampus Ouest pour mavoir permis de raliser cette anne interstitielle, qui ds prsent tient dj toutes ses promesses en me permettant dclaircir mon projet professionnel. Par la suite mes remerciements sadressent mon matre de stage, Ivan Bernez, pour mavoir propos un sujet de stage plus quintressant et formateur, ainsi qu Eva Garcia Vzquez pour mavoir fait une place au sein de son quipe de recherche dans luniversit dOviedo et pour mavoir conseille dans ltude dune rgion qui mtait jusqualors inconnue. Je suis galement trs reconnaissante tous ceux qui sont le sujet mme de ce rapport : les associations de pcheurs, les associations cologistes, les professeurs de luniversit dOviedo, les ingnieurs de Tragsa et de Inmasa, les biologistes de la Confdration Hydrographique Cantabrique et de la Consejera de Medio Ambiente des Asturies pour leur disponibilit et leur patience face toutes mes questions. Cest grce leur ctoiement que jai pu rellement comprendre les problmatiques propres aux Asturies. Il me reste remercier tous ceux qui mont accompagn lors de ce stage : lquipe de lUMR ESE pour le premier mois pass Rennes ; en Espagne, mes fidles compagnons de despachn pour leur bonne humeur chronique : Chechu, Claudia, Ivn, Laura, Marta et Victor mais aussi Chas, Leticia, Marga, Tamara et Yas, qui savent toujours gayer un djeuner ou une pause-caf comme il se doit Bien sr je remercie infiniment ma famille et mes amis en France pour mavoir, comme toujours, accompagn de leur soutien lors des priodes de grand doute. Enfin, ce stage naurait pu tre ralis dans les meilleures conditions sans laide financire du projet AARC et la bourse attribue par la Fondation Pierre et Jeanne Spiegel de Mulhouse.

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SommaireIntroduction................................................................................................................................ 7 I. Objet dtude .......................................................................................................................... 9 1. La restauration cologique des rivires : dfinitions ..................................................... 9 2. Limites actuelles ........................................................................................................... 11 3. Supports europens pour la restauration cologique des rivires.............................. 13 a. La Directive Cadre sur lEau................................................................................... 13 b. Directive Habitats .............................................................................................. 14 4. Problmatique et objectifs........................................................................................... 15 II. Matriel et mthodes........................................................................................................... 17 1. Recherche bibliographique .......................................................................................... 17 2. Entretiens ..................................................................................................................... 17 3. Comparaison de guides ................................................................................................ 19 III. Rsultats et lments de discussion ................................................................................... 21 1. Analyse des entretiens ................................................................................................. 21 a. Implication des personnes/structures rencontres dans la restauration ................. 21 b. Analyse des rsultats ................................................................................................ 25 c. Conclusions .............................................................................................................. 27 2. Organisation de la gestion de leau.............................................................................. 28 d. Cadre rglementaire ................................................................................................ 28 e. Cadre institutionnel.................................................................................................. 31 f. Supports la restauration des rivires .................................................................... 32 3. Les cours deau en Bretagne et dans les Asturies : tat des lieux ............................... 35 a. Prsentation des cours deau dans les deux rgions................................................ 35 b. Altrations constates .............................................................................................. 35 c. Espaces protgs existants ....................................................................................... 51 4. La restauration des rivires en France et en Espagne, suivant les exemples de la Bretagne et des Asturies ...................................................................................................... 53 a. Avance des oprations de restauration et principaux acteurs ............................... 53 b. La mise en pratique de la restauration cologique.................................................. 61 c. Comparaison de guides............................................................................................ 64 Bibliographie ............................................................................................................................ 71

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IntroductionLcologie de la restauration est une science relativement jeune, qui a rellement commenc prendre son essor au cours des annes 1970 dans un contexte de prise de conscience des dgradations occasionnes par lhomme aux cosystmes. Les hydrosystmes se trouvent linterface entre les milieux terrestre et aquatique, ce qui les rend particulirement vulnrables. En effet ce rle dinterface leur confrent une haute valeur biologique, mais les expose aussi de nombreuses convoitises, que ce soit pour lnergie que les rivires fournissent, la ressource en eau, essentielle pour la pratique de lagriculture et les besoins des populations, ou encore les loisirs et laspect esthtique et culturel qui leur sont lis. Il sest bien vite rvl que des approches relevant uniquement de lingnierie traditionnelle ne pourraient venir bout des dgradations profondes affectant les rivires, car bien souvent elles ninterviennent pas au niveau des causes mais plutt des consquences des problmes. En outre la restauration des cours deau ne peut se passer dune approche rflchie dune manire globale et durable, qui intgre les contraintes socio-conomiques existantes. La restauration cologique des cours deau apparat alors comme une solution prometteuse pour retrouver les fonctionnements des hydrosystmes tout en tenant compte des services cologiques quils assurent pour les populations humaines. Le programme europen Interreg IVb, plus connu sous le nom de projet AARC (Atlantic Aquatic Resource Conservation), poursuit comme objectif la protection des espaces naturels, des ressources en eau et des zones ctires. Les poissons migrateurs prsentent lintrt de relier ces diffrents aspects, de plus ils ont un poids culturel et conomique important : ces espces ont ainsi t places juste titre au centre du projet AARC, ainsi que la restauration dun de leurs habitats que sont les cours deau. Ce stage sinscrit au sein du projet AARC, qui implique les diffrents pays europens bordant locan Atlantique. Une tude des pratiques de la restauration des cours deau en France et en Espagne partir des exemples de la Bretagne et des Asturies savrait en effet intressante dans un contexte de dveloppement du partage dexprience entre les pays, pour mettre profit les succs et checs lis aux projets de restauration des cours deau. Nous nous pencherons dans ce rapport sur les diffrents aspects de la restauration des cours deau en Bretagne et dans les Asturies, en prenant soin dexposer le contexte de la restauration dans chacune des rgions puis didentifier et comparer les initiatives existantes. Cela permettra de mettre en avant les faiblesses et les points forts de la restauration cologique des rivires observs dans ces deux rgions.

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I. Objet dtudeDans un premier temps, nous allons prsenter les fondements de la restauration cologique des rivires afin didentifier prcisment en quoi elle se distingue des autres types de restauration menes jusqu prsent. Nous prendrons soin de bien dfinir les termes associs la restauration, et nous mettrons laccent sur les nombreux dfauts maillant encore cette jeune discipline, dont le besoin pressant implique que la restauration soit mise en application avant mme que les thories scientifiques ne soient vrifies. Enfin, nous prsenterons dans quelle cadre europen sinscrit la restauration des cours deau en France et en Espagne, en mettant en avant les directives pouvant apporter un soutien au dveloppement de la restauration des rivires.

1. La restauration cologique des rivires : dfinitionsDaprs la Society for Ecological Restoration International Science (SERI), la restauration cologique est le processus qui assiste lautorparation dun cosystme qui a t dgrad, endommag ou dtruit (SERI, 2004). Lcologie de la restauration est quant elle la science sur laquelle se fonde cette pratique de restauration des cosystmes. La restauration cologique sappliquant aux hydrosystmes repose sur les trois principes suivants (Scheimer et al., 1999) : son approche doit tre fonde sur des concepts thoriques de lcologie des rivires : en effet ils permettent la comprhension des liens entre la gomorphologie, lhydrologie et le fonctionnement de lcosystme (River Continuum Concept, Flood Pulse concept, Fluvial Hydrosystem Concept), la restauration doit se raliser dans une perspective holistique : elle se concentre sur les processus de lcosystme et non uniquement sur les espces quil contient. Il ne sagit pas de restaurer lhabitat dune espce en particulier mais de rtablir lintgrit fonctionnelle de lcosystme : si celle-ci est restaure avec succs, une augmentation de la biodiversit est attendue, il faut sintresser en priorit aux fonctions hydrologiques et gomorphologiques du cours deau afin de laisser la rivire se rtablir par elle-mme.

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Cependant la dimension cologique nest quune des facettes de lcologie de la restauration. En effet elle cherche aussi amliorer la qualit de vie des communauts humaines (Perrow et Davy, 2002) en rtablissant les flux de biens et de services naturels que les cosystmes fournissent la socit, et conserver lhritage culturel et laspect esthtique qui leur sont associs (Clewell et Aronson, 2010). Par ailleurs, lcologie de la restauration intgre la viabilit conomique afin dviter un investissement dmesur dans des projets qui apportent peu de bnfices cologiques et sociaux. Cette science intgre ainsi les trois piliers du dveloppement durable, qui se rfrent aux aspects cologiques, sociaux et conomiques. Cairns dfinit en 1991 la restauration cologique comme tant un retour structurel et fonctionnel complet un tat avant perturbation . Cependant en pratique la restauration cologique dans son sens premier est rarement ralisable : en Europe notamment il est souvent impossible dinverser les processus cologiques car il est ncessaire de prendre en compte lors de ltablissement des conditions de rfrence les nouvelles contraintes cologiques et socioconomiques existantes (Perrow et Davy, 2002).

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Ces contraintes sont lies aux activits humaines qui menacent de transformation les cosystmes par leurs impacts sur lenvironnement : on peut citer le rchauffement climatique, les pluies acides, la fragmentation des paysages, les espces invasives. La prsence humaine nest cependant pas toujours lorigine de consquences ngatives. En effet de nombreux cosystmes ont volu avec des pratiques culturelles traditionnelles (incendie volontaire, cueillette, chasse, agriculture), qui font alors partie de leurs processus normaux (Clewell et Aronson, 2010). Cependant de nombreuses cultures traditionnelles ont disparu et ont cd la place la civilisation moderne, dsquilibrant les cosystmes par les impacts prcdemment voqus. Ainsi en ralit il est rarement possible pour un cosystme de retrouver un stade antrieur toute dgradation humaine, en raison des nouvelles contraintes sexerant sur son fonctionnement. Cependant si lon conoit la restauration cologique comme le retour dun cosystme sa trajectoire historique (SERI, 2004), on peut restaurer lcosystme comme on pense quil aurait volu par lui-mme avec les conditions environnementales actuelles et en ne supposant aucune dgradation (Clewell et Aronson, 2010). Concrtement, cela consiste initier ou faciliter la reprise des processus. Pour cela il est ncessaire (SERI, 2004) : de connatre la structure prexistante lcosystme endommag, sa composition et son fonctionnement (cosystme de rfrence), dtudier des cosystmes intacts comparables, de rechercher des informations sur les conditions environnementales rgionales et sur les rfrences historiques et culturelles.

Par la suite lcosystme restaur doit pouvoir sauto-organiser, se prenniser et se maintenir comme un cosystme similaire non perturb situ dans un mme contexte (Clewell et Aronson, 2010). Cependant les cosystmes restaurs ncessitent souvent une gestion continue pour compenser les impacts des activits humaines (SERI, 2004). La restauration cologique est souvent confondue avec dautres pratiques, qui peuvent par certains aspects sy apparenter mais nen poursuivent pourtant pas les mmes objectifs. Nanmoins ces pratiques peuvent certaines occasions sinscrire dans un projet de restauration cologique, et suivant les contraintes en jeu elles peuvent mme dans certains cas constituer une solution plus raliste. Pour sen rendre compte, voici les dfinitions des pratiques les plus courantes (ces dfinitions ne sont pas toujours univoques dans les ouvrages. Les dfinitions suivantes sont les plus couramment employes) : lentretien : il sagit de travaux visant maintenir un cosystme dans un tat donn lorsque cet tat correspond ltat souhait. Les interventions sont lgres, slectives et rgulires (Ledard, Gross et al., 2001). Lentretien se distingue de la restauration par le fait quil nest pas une solution temporaire mais une action toujours rpte. la rhabilitation : elle met laccent sur la rparation des processus de lcosystme, de la productivit et des services, alors que la restauration intgre aussi le rtablissement de la composition spcifique et de la structure des communauts. De plus, la rhabilitation ne se rfre pas un tat de rfrence (Clewell et Aronson, 2010). Cependant on peut considrer que la restauration cologique englobe la majorit des travaux de rhabilitation (SERI, 2004). la rcupration : son application est plus large que dans le cadre de la rhabilitation. Les principaux objectifs consistent stabiliser le terrain, assurer la scurit publique, amliorer laspect esthtique et gnralement retrouver un paysage utile dans le contexte rgional. Une de ses composantes, la revgtalisation, ne rtablit que peu despces. Cependant la plupart des projets de rcupration sont fonds sur des bases cologiques et peuvent tre qualifis de rhabilitation, parfois mme de restauration cologique (SERI, 2004).

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lattnuation : elle tend attnuer les dommages subis par lenvironnement. Quelques projets (mais peu) peuvent tre qualifis de restauration cologique (SERI, 2004). le ramnagement : il sagit de convertir des terres considres comme inutiles pour la production (en gnral agricole ou sylvicole), avec pour objectif principal le rtablissement de la productivit (Clewell et Aronson, 2010). la bioingnierie : elle implique lutilisation de matriaux naturels, dorganismes vivants et de lenvironnement physico-chimique pour rsoudre des problmes techniques. Contrairement la restauration cologique, elle nintgre pas la dimension de limprvu et lventuelle ncessit dajustements dans ses projets. Cependant lorsque ces problmes dimprvisibilit ninterviennent pas, de nombreux projets dingnierie cologique peuvent tre qualifis de restauration cologique (SERI, 2004).

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2. Limites actuellesUn intrt de plus en plus grand est port la restauration cologique des rivires dans le monde entier. Les pays les plus actifs dans la ralisation de projets de restauration et la production de littrature scientifique sont les pays dAmrique du nord (Etats-Unis et Canada) ainsi que les pays dEurope du nord (Grande-Bretagne, Irlande, Finlande, Norvge, Danemark, Sude) et de lest (Allemagne, Autriche). Depuis peu la restauration cologique des rivires a aussi pris son essor en Australie, en NouvelleZlande ou encore au Japon. (Vigier et Caudron, 2008) Cet intrt croissant sest traduit par lexplosion du nombre de projets de restauration depuis les annes 1990. A lheure actuelle, la science de la restauration se trouve confronte un certain nombre dobstacles. En effet, plusieurs drives et lacunes dans la pratique de la restauration ont t constates : - Les termes associs la restauration ne sont souvent pas bien dfinis. Or ces dfinitions sont particulirement importantes dans lcologie de la restauration puisque cette science se situe la croise de plusieurs disciplines qui nutilisent pas le mme vocabulaire, ce qui peut tre source de confusions (Vigier et Caudron, 2008). - La restauration traditionnelle a eu tendance se focaliser sur le rtablissement ou la conservation de quelques espces en particulier. La restauration a longtemps consist recrer la morphologie des cours deau suivant ce qui tait susceptible de prsenter un bon habitat pour ces espces. Ces approches ne prtaient bien souvent pas suffisamment attention aux processus gomorphologiques sous-jacents, ce qui a conduit la cration dhydrosystmes ne pouvant pas sauto-maintenir et ncessitant une gestion permanente. Bien que cette conception de la restauration ait volu ces dernires dcennies, de nombreux projets suivent encore cette approche en ne considrant que quelques espces piscicoles dintrt par exemple. (Clarke, Bruce-Burgess et al., 2003) - La perspective socio-conomique manque souvent dans les projets de restauration. Or les hydrosystmes ne peuvent pas tre considrs comme des systmes isols des populations environnantes, il est ncessaire quelles soient impliques dans la ralisation des projets (Matthews, Reeze et al., 2010). De plus la viabilit conomique des projets impose la prise en compte des contraintes conomiques ds le dbut de llaboration des actions de restauration. - Une grande quantit de connaissances fondamentales en cologie ont t produites depuis les dbuts de lcologie de la restauration, cependant elles restent largement sous-exploites par les gestionnaires et les praticiens de la restauration. Par ailleurs la majorit des travaux de la recherche napporte pas de solutions facilement applicables et qui soient en adquation avec les besoins de la mise en pratique de la restauration. (Palmer, 2009)

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- La plupart des projets de restauration ne font pas lobjet dvaluation, et lorsquelle est ralise elle nest souvent pas assez rigoureuse ou conduite sur une trop courte priode, ses rsultats ne peuvent alors pas tre correctement exploits. Or lvaluation des projets est primordiale, ce nest quainsi que lon peut dterminer si les objectifs dune action de restauration ont t atteints et quoi les checs sont dus, et ainsi tirer parti de cette exprience. De plus il est ncessaire de prouver lefficacit de ces travaux ne serait-ce que pour justifier auprs des financeurs et du public les cots engags dans la restauration (Vigier et Caudron, 2008). Enfin, labsence dvaluation entrane de nombreuses consquences ngatives. Ainsi certaines mthodes pour lesquelles il nexiste pas de relles preuves de leur efficacit ont t banalises : de cette manire sest rpandue linstallation de structures dans le lit des cours deau, ce qui pourtant est une approche interventionniste aux rsultats controverss. Une autre consquence est quil ny a pas suffisamment de recueil dinformations pour alimenter les banques de donnes et permettre daiguiller la recherche (Palmer, 2009) - La communication des avances scientifiques et des rsultats des projets de restauration nest la plupart du temps pas satisfaisante. Ceci est d dune part aux difficults quprouvent les chercheurs traduire leurs rsultats en prconisations que peuvent suivre les praticiens de la restauration, ce qui abouti des projets dconnects des concepts cologiques fondamentaux (Palmer, 2009). Mais la faute revient aussi ceux qui mettent la restauration en pratique, puisque peu dentre eux font la dmarche de partager leurs rsultats (Vigier et Caudron, 2008). - La majorit des actions de restauration sont trop isoles et limites en extension. Or il est indispensable dagir lchelle du bassin versant, entre autre car cest la connectivit des habitats qui dtermine la dispersion de la faune et de la flore. Cependant bien souvent le manque de coordination entre les acteurs de la gestion de leau, qui ne partagent pas suffisamment leurs informations, et les difficults administratives dterminent la porte et la localisation des projets. (Palmer, 2009) Ces diffrents points constituent les principaux enjeux auxquels lcologie de la restauration va devoir trouver une rponse dans les annes venir, afin de parvenir une restauration des rivires la plus efficace et durable possible. Il est par ailleurs primordial de dvelopper les rseaux existants de lcologie de la restauration, afin que les diffrents acteurs puissent changer leurs expriences et ainsi surmonter plus facilement les obstacles prcdemment cits. A ce jour il existe dj un certain nombre dorganisations jouant ce rle de relai entre la science et les praticiens de la restauration travers lorganisation de confrences, la publication de revues spcialises, etc. On peut notamment citer : - La SERI, qui est la plus importante organisation se ddiant lcologie de la restauration : elle a t cre ds 1988 et est implante dans plus de 70 pays, ce qui fait delle le rseau international le plus dvelopp lheure actuelle dans le domaine. - REVER, le Rseau dchanges et de Valorisation en cologie de la Restauration. Cest un rseau francophone existant depuis 2008 qui sinspire du fonctionnement de la SERI. Tout comme elle, il cherche fdrer les gestionnaires, praticiens, tudiants et scientifiques travaillant dans le domaine de la restauration cologique. - Gai, le Groupe dApplication de lIngnierie des Ecosystmes. Ce groupe intervient au niveau de lIle-de-France. Il a t cr en 2006 et se compose de scientifiques et ingnieurs issus de disciplines scientifiques trs varies contribuant lcologie de la restauration. Lobjectif est la rsolution des problmes environnementaux grce lemploi de lingnierie cologique. - Le CIREF, Centro Iberico de Restauracin Fluvial. Cet organisme intervient au niveau de la pninsule ibrique et se constitue de chercheurs, de gestionnaires, de praticiens et de reprsentants dONG qui sont investis dans la restauration des cours deau.

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3. Supports europens pour la restauration cologique des riviresa. La Directive Cadre sur lEau La gestion de leau sinscrit dans un contexte europen depuis les annes 1970 : ds le dpart, la qualit de leau a t lune des proccupations de lUnion Europenne. Dans un premier temps travers les usages de leau (eau potable, pisciculture, baignade, conchyliculture) en adoptant des politiques sectorielles, puis cest une approche davantage centre sur le milieu naturel qui sest dveloppe, avec la volont de rduire les pollutions (eaux uses, nitrates) (Ghiotti, 2007). Depuis 1975, ce sont ainsi plus de trente directives ou dcisions concernant la pollution de leau douce et de leau de mer qui ont t labores par lUnion Europenne. La Directive Cadre sur lEau 2000/60/CE (DCE), adopte en octobre 2000, traduit la volont des Etats-membres dharmoniser ces textes europens afin de parvenir une politique communautaire globale et une gestion de leau plus efficace (site Internet de lagence de leau Seine-Normandie). Elle dfinit un cadre pour la gestion et la protection des eaux par grand bassin hydrographique et intgre le concept de dveloppement durable. Cette directive marque un point de rupture dans la politique de leau qui tait jusque l mene : en effet en plus dtablir un cadre communautaire, elle intgre les thmatiques de lconomie et de lamnagement du territoire dans la gestion de leau et devient un vritable outil de planification. Lobjectif gnral de la DCE est datteindre dici 2015 le bon tat cologique et chimique de toutes les masses deau (partie distincte et significative dun cours deau, dun lac, dun estuaire, dun littoral ou dun aquifre) souterraines, superficielles et ctires grce des mesures de protection et de restauration (site Internet de lagence de leau Seine-Normandie). Cet objectif gnral peut se dcliner de la manire suivante (site Internet de lagence de leau Adour-Garonne) : - grer durablement les ressources en eau, - prvenir les dgradations des cosystmes aquatiques, - assurer un approvisionnement suffisant en eau potable de bonne qualit, - rduire la pollution des eaux souterraines et les rejets de substances dangereuses, - supprimer les rejets des substances dangereuses prioritaires. La mthode de travail repose sur quatre documents essentiels : ltat des lieux pour identifier les problmatiques, le plan de gestion pour fixer les objectifs environnementaux, le programme de mesure qui dfinit les actions permettant datteindre ces objectifs et enfin le programme de surveillance, qui assure le suivi de lvolution des actions et latteinte des objectifs fixs (site Internet dEau-France). Plus concrtement, cette mthode de travail consiste pour les Etats membres recenser les masses deaux prsentes sur leur territoire par bassins et districts hydrographiques, les analyser, et enfin adopter des plans de gestion ainsi que des programmes de mesures adapts chacune des masses deau recenses (site Internet de la Commission Europenne). Le respect de la DCE constitue un cadre propice au dveloppement des projets de restauration, notamment depuis quelle a impos la prise en compte de lhydromorphologie dans le bon tat cologique des cours deau. En effet pour atteindre le bon tat cologique, il nest bien souvent pas suffisant dintervenir uniquement au niveau des pollutions physico-chimiques car lorsque la morphologie des cours deau a t modifie (canalisation, recalibrage, etc.), leur dynamique naturelle se trouve perturbe. De plus le manque dentretien des berges et lasschement des zones humides prsentent aussi un impact sur la biologie de la faune et de la flore, en altrant les processus des milieux aquatiques et donc leur tat cologique. (site Internet de Bretagne Environnement)

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b. Directive Habitats La Directive Habitats 92/43/CEE, adopte en mai 1992, vise contribuer au maintien de la biodiversit dans les Etats membres en dfinissant un cadre commun pour la conservation des habitats, des plantes et des animaux dintrt communautaire. Pour cela un rseau cologique de sites dintrt communautaire a t cr, il sagit du rseau Natura 2000. Le rseau se constitue : des Zones de Protection Spciales (ZPS), correspondant aux zones instaures dans le cadre de la Directive Oiseaux 79/409/CEE (adopte en 1979) ou des zones servant daires de reproduction, de mue, dhivernage ou de zones de relais des oiseaux migrateurs. Leur dsignation se ralise lchelon national. des Zones Spciales de Conservation (ZSC), visant la conservation des types dhabitats et des espces animales et vgtales figurant dans la Directive Habitats en raison de leur raret ou de leur rle cologique primordial. Chaque Etat membre doit raliser une liste de propositions de Sites dIntrt Communautaire (SIC), puis aprs approbation par la Commission Europenne les zones obtiennent le statut de Sites dIntrt Communautaire et sont intgres dans le rseau Natura 2000. Ce ne sera quune fois le document dobjectif termin et approuv que les SIC deviennent enfin des ZSP.

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Une fois un SIC dfini, lEtat membre doit prendre toutes les mesures ncessaires (contractuelles, rglementaires, lgislatives) pour empcher la dtrioration des habitats du site. Par ailleurs les Etats membres sont tenus (site Internet de la Commission Europenne) : dencourager la gestion des lments du paysage considrs comme essentiels la migration, la distribution et lchange gntique des espces sauvages, dinstaurer des systmes de protection particulirement stricts pour certaines espces animales et vgtales menaces et dtudier lopportunit de rintroduire ces espces sur leur territoire, dinterdire lutilisation de moyens non slectifs de prlvement, de capture et de mise mort pour certaines espces vgtales et animales.

Cette directive a fait lobjet de nombreuses polmiques, notamment en France : on lui reprochait entre autre le manque dimplication des gestionnaires et des propritaires, une mauvaise de communication ayant engendr, tort, la peur de linterdiction de toute activit dans les zones protges, une stratgie daction ntant pas assez claire (Rameau, 1997). Malgr tout cette directive prsente un fort potentiel pour la mise en place de bases solides pour le dveloppement de la restauration cologique. En effet ce rseau de zones protges connectes par des corridors constitue un intrt certain pour la restauration des hydrosystmes, puisque il favorise le dplacement des animaux et la dispersion des vgtaux et remet en connexion des habitats qui au fil du temps ont pu se retrouver isols et ainsi tre lorigine dun appauvrissement gntique des populations. De plus, tout comme la DCE cette directive permet linstauration dun cadre commun pour la protection de la biodiversit dans tous les Etats-membres. Cela devrait pouvoir faciliter la ralisation de projets transnationaux stendant sur une chelle spatiale plus cohrente quauparavant (Perrow and Davy, 2002).

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4. Problmatique et objectifsLa problmatique de ce travail peut se dcliner en plusieurs questions-cls :

Comment est organise la restauration des cours deau en Bretagne et dans les Asturies ? Dans quel cadre sinscrivent les actions de restauration ? Quels projets ont t concrtement raliss ? Quels sont les acteurs de la restauration ? Quelles sont les avances observes et quels sont les limites au dveloppement de la restauration cologique ?

De ces questions dcoulent des objectifs auxquels le rapport va rpondre. Le premier objectif va consister dans un premier temps comprendre le fonctionnement des deux rgions du point de vue de la rglementation et de la distribution des rles dans la gestion de leau. En effet cest un pralable pour bien cerner les acteurs de la restauration cologique et comprendre sur quelles bases elle se fonde dans chaque pays. Puis il va sagir de faire le point sur ltat des cours deau en Bretagne et dans les Asturies, afin de connatre les pressions sappliquant aux cours deau et par consquent les besoins en restauration. Enfin, il sagira de mettre en vidence o en est la restauration cologique dans chacune des deux rgions, quels sont les aspects qui lentravent ou au contraire lencouragent, et quels sont les enjeux futurs afin quelle puisse se dvelopper dans un contexte favorable et tre la plus efficace possible.

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II. Matriel et mthodesCe rapport repose sur des travaux de diffrentes natures raliss en Bretagne et dans les Asturies qui vont tre prsents dans la partie suivante. Il est important de prciser que le temps pass dans chacune des rgions tait ingal (un mois en Bretagne / quatre mois dans les Asturies), ce qui explique que davantage dinformations aient pu tre collectes dans les Asturies. De plus ce sjour prolong en Espagne a permis de rencontrer de nombreuses personnes, et ces entretiens se sont rvls dune grande richesse pour apprhender la restauration des rivires du point de vue des gestionnaires et des usagers des cours deau. En effet ces acteurs de la restauration font face des difficults bien distinctes de celles quexpriment la majorit des articles scientifiques et des sites Internet.

1. Recherche bibliographiqueUne grande partie du rapport repose sur les recherches bibliographiques ayant t ralises tout au long du stage. Dans un premier temps, il sagissait de se familiariser avec lobjet dtude, la restauration cologique. Cela sest traduit par la recherche dinformations sur ses principes de base, issus de lcologie de la restauration. Au dpart, il a pu se rvler dconcertant de faire la distinction entre les nombreuses pratiques associes la restauration cologique : en effet la restauration est un sujet en vogue dans le contexte actuel de dveloppement durable, et il faut tre prudent face des projets qui sont arbitrairement rattachs la restauration cologique alors quils nen suivent pas la philosophie. De plus, lcologie de la restauration tant une science relativement rcente, peu douvrages lui sont exclusivement consacrs. Cependant laide de quelques ouvrages synthtiques prsentant lcologie de la restauration et sa mise en pratique ainsi que des articles scientifiques valuant des projets de restauration cologique ou dressant le bilan des enjeux actuels, il a t possible de dgager les grandes lignes de lobjet dtude. Par la suite, le travail bibliographique a surtout consist se plonger dans la littrature grise (i.e. qui est destine un public restreint, tel que les rapports, mmoires, actes de congrs, etc.) afin davoir une ide des actions entreprises et des prconisations donnes (notamment travers des guides) en matire de restauration des cours deau lchelle nationale et rgionale. Enfin, une recherche bibliographique davantage tourne vers les sites Internet des diffrentes institutions comptentes en matire de gestion de leau sest rvle ncessaire pour connatre les plans, stratgies et autres actions susceptibles de soutenir le dveloppement de la restauration cologique.

2. EntretiensLa recherche bibliographique permettant surtout daborder les aspects thoriques de la restauration cologique, il sest rvl ncessaire de rencontrer en parallle les acteurs de la restauration. Ceux-ci ont t plutt difficiles localiser dans un premier temps : en effet il nexiste pas en Espagne de contrats de rivire passs avec des collectivits locales, ou encore de techniciens de rivire. De plus les projets de restauration existants, trouvs grce Internet, sapparentaient davantage des techniques de bioingnierie pure visant rsoudre des problmes bien prcis qu une restauration rflchie de manire plus globale. Les projets de restauration cologique tant ainsi difficilement reprables, le choix des personnes rencontrer sest dans un premier temps port vers les services sintressant la restauration des rivires au sein des administrations comptentes en matire de gestion de leau. Dans ce cadre ont t rencontrs des biologistes travaillant pour la Consejera du dveloppement, de lamnagement du territoire et de lenvironnement des Asturies (que lon appellera par la suite Consejera) au service de la chasse et de la pche, et des biologistes travaillant pour la Confdration Hydrographique Cantabrique (que lon appellera par la suite CHC) au service des 17

tudes environnementales et hydrologiques de la Commission de leau. Cela permettait de savoir plus concrtement si des projets de restauration cologique existaient, sils taient dj en cours de ralisation, qui les ralisait, etc. Ces entretiens ont aussi permis de connatre ceux qui prparent ou ralisent les projets de restauration (entreprises dingnierie) et de prendre contact avec eux. Il semblait par ailleurs important de rencontrer les associations de pcheurs ainsi que les associations cologistes. En effet les associations de pcheurs affirment souvent sur leurs sites Internet raliser du nettoyage (traduction littrale) de rivires : il sagissait donc de vrifier ce quelles entendaient par nettoyage et de voir si cela pouvait tre rattach de la restauration de rivires. Quant aux associations cologistes, de mme il paraissait important de connatre leur niveau dimplication dans les projets de restauration. Enfin, les Asturies ne disposant pas de chercheurs sintressant au thme particulier de la restauration cologique, des entretiens ont t raliss avec des chercheurs spcialiss dans les milieux aquatiques pour connatre leur point de vue sur ltat des cours deau dans la rgion et lventuelle ncessit de leur restauration. Au final les personnes rencontres ont t les suivantes :

6 associations de pcheurs : en effet, il sest vite rvl que la pche jouait un rle important dans les Asturies, et que les principaux acteurs potentiels de la restauration des rivires pourraient tre les pcheurs regroups en associations. Au final trs peu participent la restauration proprement dite des cours deau, mais leurs points de vue et leurs proccupations se sont rvls intressants pour comprendre le fonctionnement de la gestion de leau et les lacunes existantes. Parmi les 6 associations, 5 sont collaboratrices de la Consejera, cest--dire contribuent leffort de repopulation en saumons et en truites, comme cela sera expliqu dans la partie suivante. Cette disproportion est voulue : en effet ce sont les associations regroupant le plus grand nombre de membres et donc tant les plus influentes car elles disposent de plus de moyens. 2 associations cologistes : lune est connue pour tre la plus influente dans les Asturies, et lautre a t rencontre pour son implication dans la stratgie nationale de restauration des rivires. 3 chercheurs de luniversit dOviedo : lun est directement impliqu dans la gestion des cours deau puisquil ralise le suivi de la repopulation pour le compte de la Consejera, et les deux autres travaillent dans le milieu aquatique mais nont pas vraiment de lien avec les gestionnaires. Un biologiste de la Consejera travaillant au service de la chasse et de la pche. Deux biologistes (rencontrs pour le mme entretien) travaillant au bureau de planification hydrologique de la CHC. Le chef de service, biologiste lui aussi, du service des tudes environnementales et hydrologiques de la commission de leau de la CHC. Un ingnieur des travaux publics de Tragsa, entreprise publique laquelle la CHC confie les travaux de restauration. Un gologue travaillant pour le Grupo de cauce de Tragsa : cette quipe est spcialise dans la ralisation des tudes pralables aux projets de restauration de la CHC. Un ingnieur des travaux publics dInmasa, entreprise dingnierie prparant des projets de restauration et dingnierie des rivires qui sont par la suite raliss par dautres entreprises.

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Ces dix-sept entretiens ont permis de recueillir des points de vue varis. On pourrait classer les personnes rencontres dans trois groupes, qui reprsentent les principaux acteurs intervenant dans tout projet de restauration cologique : - les praticiens de la restauration, travers les gestionnaires et les entreprises rencontrs, - les chercheurs : les chercheurs rencontrs ne sintressent pas directement la restauration des rivires, cependant leurs connaissances des hydrosystmes seraient dune grande richesse pour une application la plus efficace possible de la restauration cologique, - le public, travers les associations de pcheurs et les associations cologistes. Elles se situent plus exactement quelque part entre la sphre des praticiens et du public, puisque certaines prennent part aux projets de restauration. Cependant les associations ntant pas impliques permettent davoir un cho de lavis du public, cest--dire des personnes vivant dans la rgion qui ont un avis sur les travaux engags car ils en voient les consquences. Leur connaissance ou non des actions de restauration permet davoir une ide de lefficacit de la communication autour des programmes de restauration. Concernant le droulement des entretiens, au dpart un questionnaire de base avait t ralis. Cependant il avait t rdig en partant du principe que les personnes rencontres prenaient part des actions de restauration des cours deau. Or il sest rvl que la restauration des rivires tant peu dveloppe dans les Asturies, trs peu des personnes rencontres participaient concrtement la restauration. Le questionnaire a donc t d tre retravaill, ne traitant pas uniquement de la restauration cologique mais de la restauration en gnral ainsi que de ltat des cours deau dans les Asturies, afin de savoir si la restauration parat ncessaire et sur quels aspects elle devait se concentrer. Par la suite, le problme se posant tait la diversit des structures rencontres : le questionnaire dveloppe ainsi des aspects plutt gnraux de la restauration des rivires afin que les entretiens puissent tre compars. En parallle aux questionnaires, certaines questions taient approfondies suivant limplication de chacun, ce qui a permis une comprhension globale de la situation dans les Asturies. Le questionnaire dveloppe les grandes lignes suivantes :

Les informations sur la personne rencontre, et suivant le cas sur la structure dans laquelle elle travaille, Les principaux problmes des cours deau dans les Asturies, Ltat des cours deau, en gnral dans les Asturies, ou bien dans les bassins versants dans lesquels interviennent les structures (par exemple les associations de pcheurs). Les aspects dvelopps sont la qualit de leau, la morphologie des cours deau, la ripisylve, la continuit des rivires, la pression foncire, la faune piscicole, les espces invasives, etc. La gestion des cours deau, lobjectif tant de connatre le rle de chacun et lavis que chaque acteur a des autres, La connaissance des programmes de restauration des rivires, la ncessit de leur restauration et les projets existants, Eventuellement, ce que la personne rencontre pense quil faudrait raliser pour parvenir un meilleur tat des rivires.

3. Comparaison de guidesAu cours du stage, plusieurs guides traitant de la restauration des cours deau ont t lus afin didentifier le type de restauration dveloppe dans les rgions tudies. Un ouvrage par rgion a t choisi comme reprsentatif du type de restauration privilgie sur le territoire : le choix sest port sur les guides les plus utiliss par les acteurs de la restauration. Les lignes directrices que prconise la SERI pour la ralisation de projets de restauration cologique ont ensuite t utilises pour analyser ces guides. Cela permettait en effet de disposer de critres pertinents pour caractriser la restauration recommande et dterminer en quels points cette restauration se rapprochait ou au contraire se dtournait des principes de la restauration cologique. 19

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III. Rsultats et lments de discussionDans cette partie, nous nous pencherons tout dabord sur les entretiens raliss dans les Asturies, dont lanalyse permet de dgager les problmatiques spcifiques cette rgion et sert de base pour la comparaison des deux territoires tudies. Puis une prsentation gnrale de lorganisation de la gestion de leau en France et en Espagne permettra de rappeler les bases avec lesquelles les gestionnaires doivent composer pour dvelopper les projets de restauration des cours deau. Par la suite, nous dresserons un tat des lieux pour chacune des rgions tudies en se rfrant aux principales thmatiques que lanalyse des entretiens a permis didentifier. Suivant les thmes, une disproportion se fera sentir entre les deux rgions, la collecte dinformations nayant pas toujours pu tre aussi riche en Bretagne puisquune grande partie du stage sest droul dans les Asturies. Ensuite un aperu des projets de restauration existants et de leurs principaux acteurs en Bretagne et dans les Asturies sera ralis, et nous prsenterons les grandes orientations de la restauration adoptes dans chacun des pays. Pour finir nous comparerons deux guides de restauration qui sont communment utiliss afin de conclure quant au type de restauration prconise en France et en Espagne. Dans cette partie, nous considrerons la plupart du temps la restauration des cours deau en gnral et pas uniquement leur restauration cologique. En effet, la limitation du sujet demble ne permettait pas de dvelopper tous les aspects de la restauration cologique des cours deau. Cependant dans la dernire sous-partie nous ferons clairement la distinction entre les actions relevant de la restauration cologique et les autres.

1. Analyse des entretiensa. Implication des personnes/structures rencontres dans la restauration des rivires Il ressort des entretiens raliss que trs peu des personnes rencontres interviennent au niveau de la restauration des rivires, et encore moins de leur restauration cologique. Cela donne une premire ide de ltendue du dveloppement de la restauration des cours deau dans les Asturies. Les entretiens ont rvl que la restauration des rivires est seulement depuis peu intgre dans la gestion des cours deau, avec des projets de restauration mens par le service des tudes environnementales et hydrologiques de la commission de leau de la CHC. En effet depuis 2004 il existe une stratgie nationale, la Estrategia Nacional de Restauracin de Ros (que lon appellera ENRR) qui soutient la restauration des rivires. Chaque Confdration hydrographique (correspondant aux grands bassins hydrographiques dcoupant le pays) doit dans ce contexte raliser dix projets de restauration de rivires. La CHC stendant dans tout le nord de lEspagne, seuls trois projets de restauration concernent les Asturies. Cependant bien que ces trois projets soient prts tre excuts (toutes les tapes pralables ont t remplies : tablissement de ltat de rfrence, participation publique, etc.), aucun na encore t ralis. Plus aucun financement nest en effet accord lENRR, dans le contexte actuel de crise quaffronte lEspagne. Cependant la CHC a ralis dautres projets de restauration en parallle lENRR : il sagit principalement de rponses des problmes prcis (rosion des berges, etc.) laide de techniques de bioingnierie, ce qui ne constitue pas part entire de la restauration cologique. En Espagne, la gestion de leau et de la faune et de la flore sont dissocies, ainsi un autre gestionnaire des milieux aquatiques apparat : il sagit de la Communaut autonome des Asturies. Celle-ci intervient travers la Consejera, et plus particulirement travers le service de la chasse et de la pche. La Consejera ne prend pas part lENRR, et donc aucun des projets de restauration cologique. Cependant elle joue un rle primordial dans les Asturies car la pche y est une activit 21

de grande importance en raison de la prsence de salmonids dans la rgion. Ainsi la Consejera prend en charge (le plus souvent en coopration avec la CHC) la restauration de la continuit cologique en recensant les ouvrages hydrauliques devant tre dmantels ou quips de passes poissons et en supervisant les travaux associs. La restauration de la continuit des rivires seule ne constitue pas de la restauration cologique, cependant elle peut sinscrire dans une dmarche plus globale de restauration. Un autre rle jou par la Consejera est la gestion des ressources piscicoles. Du fait de limportance accorde la pche dans la rgion, les Asturies ont choisi de dployer des moyens considrables pour protger les populations de salmonids et surtout conserver la pratique de la pche, qui attire bon nombre de passionns dans la rgion. La Consejera soutient ainsi la repopulation de truites et de saumons : pour cela elle dispose de quatre tablissements piscicoles (trois destins aux saumons et un aux truites). De plus elle encourage depuis 1997 les associations de pcheurs investir dans de tels tablissements, travers loctroi de subventions et de rductions sur le prix des emplacements de pche. Les associations se consacrent quant elles principalement llevage de la truite, car llevage de saumons est plus technique et ncessite davantage de suivi que celui que peuvent assurer les bnvoles dune association. De plus les associations de pcheurs participant leffort de repopulation (qualifies de collaboratrices de la Consejera) peuvent alors siger au Conseil de pche, qui est un organe consultatif rgional. Cela a pour consquence un effet pervers, qui est la surreprsentation des associations collaboratrices au dtriment des autres, tant pourtant peut-tre plus favorables la repopulation naturelle ou la restauration des hydrosystmes. Au sein de ce conseil, la rpartition des siges est la suivante : sept associations de pcheurs collaboratrices, une association cologiste et un chercheur spcialiste des populations piscicoles (il ny a pas de reprsentant du tourisme). Par ailleurs la Consejera rgule le nombre de cormorans, principal prdateur des poissons aux dires des pcheurs, en tuant chaque anne 20% de la population. Tout ceci dmontre bien lorientation nette prise en faveur de la sauvegarde de deux espces emblmatiques, le saumon et la truite (celle-ci dans une moindre mesure, puisquelle peut se passer de migrer en constituant des populations sdentaires). De plus, un entretien avec la Consejera a conduit la conclusion que les populations existantes pourraient probablement se reconstituer toutes seules, mais quelles sont soutenues dans le seul objectif de poursuivre la pratique de la pche. En ce qui concerne les associations de pcheurs, ce quelles appellent nettoyage consiste raliser les tches suivantes : ramasser les dchets (urbains ou lis la pratique de la pche avec la perte de plombs, de cuillres, etc.), laguer les arbres (pour faciliter la pratique de la pche et faire parvenir davantage de lumire jusqu la rivire), rcuprer des zones de frai, lutter contre les espces invasives (crevisse amricaine), recenser les populations de poissons. Ces activits relvent de lentretien des rivires. Nanmoins ces interventions pourraient sinscrire dans un projet de restauration, associs dautres actions. Les associations de pche ralisent par ailleurs la plupart du temps de la sensibilisation (notamment travers des visites scolaires) en enseignant une pratique de la pche quelles jugent plus durable (par exemple la pche sans mort, ou la pche la mouche). Cette sensibilisation et dautres activits sont par ailleurs requises pour les associations collaboratrices en change des subventions perues : en effet elles sont tenues daccorder 75% de leur budget des interventions en faveur des rivires (nettoyage, repopulation, sensibilisation, etc.). Cependant il a t rvl au cours dentretiens que la Consejera ntait pas pleinement satisfaite de leur engagement, jugeant linvestissement des associations de pcheurs pour les activits autres que la repopulation insuffisant. Cependant, certaines associations mnent aussi en parallle des projets en faveur de la protection de leurs rivires. Ainsi deux associations ralisent conjointement avec la fondation Biodiversidad un projet sur le thme Lapport des associations de pcheurs la gestion durable du saumon atlantique . Il sagit damliorer les populations de saumons (repopulation et reconstitution de zones de frai) et de mener des actions de sensibilisation au sujet de la pche durable (site Internet de lassociation Real Asociacin Asturiana de Pesca Fluvial).

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Une autre association, la seule rencontre ntant pas collaboratrice de la Consejera, ralise quant elle des projets davantage tourns vers la protection de lenvironnement et moins vers la repopulation (bien quelle aussi possde un tablissement piscicole). Il sagit de projets tels que la conversion de zones fortement pollues ; la rcupration touristique, environnementale et patrimoniale de bassins fluviaux (projet Leader) ; ou encore la lutte contre lcrevisse amricaine, une espce invasive. De plus lassociation participe un programme de volontariat issu de lENRR, qui consiste en un ramassage de dchets dans diverses rivires. Cette association organise aussi des journes environnementales une fois par an, avec des confrences sur la pratique durable de la pche, ltat des populations de poissons, la protection de lenvironnement. Concernant les liens entre les associations de pche et les gestionnaires, toutes ont des contacts rguliers avec la Consejera travers les chantillons de poissons quelles donnent pour raliser le suivi de la repopulation. La CHC semble quant elle plus distante, ses interventions se limitant du point de vue des pcheurs raliser quelques interventions (installation de dflecteurs de courant, entretien des berges, etc.) et des contrles de la qualit de leau et des dbits cologiques. Les entretiens raliss avec des associations cologistes rvlent que le secteur cologiste est trs peu soud, avec en outre un nombre rduit dassociations rgionales se consacrant la protection des rivires. En effet beaucoup dassociations semploient davantage protger des animaux emblmatiques des Asturies tels que le coq de bruyre, le loup ou encore lours. Au sein du Conseil de pche, seule une association cologiste est ainsi reprsente. Les associations nationales uvrant pour la protection des rivires ne semblent pas avoir beaucoup dinfluence dans la rgion. Les entreprises dingnierie auxquelles fait appel la CHC pour prparer les projets de restauration cologique paraissent trs bien formes en restauration cologique et en bioingnierie : les ingnieurs travaillant sur ces thmes ont ainsi reus des formations adaptes et particip divers sminaires, etc. Le problme se situerait davantage au niveau des entreprises ralisant concrtement les projets, puisquil nexiste pas dentreprise spcialise dans de tels travaux. Par consquent le savoir-faire manque, et les actions entreprises atteignent vite des cots levs. De plus il semblerait que la jeunesse de lcologie de la restauration, lincertitude lie aux rsultats et lentretien devant tre assur aprs la phase de travaux constitue encore un frein au dveloppement des pratiques de restauration cologique, ou mme de la bioingnierie seule. Les entretiens avec les chercheurs mettent en avant le fait que seule la recherche en gntique des populations de poissons est rellement mise profit par les gestionnaires. En effet la Consejera fait appel luniversit dOviedo pour raliser le suivi de la repopulation, en donnant analyser les chantillons demands aux associations de pcheurs disposant dun tablissement piscicole. Pourtant dautres chercheurs sintressent aux hydrosystmes et pourraient apporter leur soutien aux oprations de restauration des rivires. La CHC estime dailleurs quil serait plus que souhaitable de raliser un suivi des rsultats des oprations de bioingnierie et de restauration ralises. Cependant elle affirme ne pas disposer de fonds pour financer de telles tudes. Par ailleurs la Consejera, bien quutilisant les travaux de luniversit dOviedo, ne suit pas toujours toutes les prconisations donnes concernant le type de repopulation effectuer. Les diffrents types dacteurs ont tous voqu le problme de la surveillance des cours deau. Dune part car les gardes se consacrant cette tche (40 gardes de la Consejera surveillant la pche, et 10 gardes de la CHC contrlant les milieux aquatiques en gnral) sont peu nombreux, et dautre part car les rivires sont souvent difficile daccs en raison du fort relief existant dans les Asturies et de la fermeture des paysages. De plus, lentretien avec un reprsentant de la Consejera rvle que davantage de gardes sont affects la surveillance de la chasse qu celle de la pche, ce qui sexpliquerait par un plus grand nombre despces protges surveiller. De plus de manire gnrale le nombre de gardes a tendance rester inchang alors que les taches qui leur sont incombes sont plus nombreuses, en raison de laugmentation du nombre de rglementations environnementales.

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Bo

Nombre de citations

10

02 1 1 2

1

2

3

4

5

6

7

82 2 1 2 7 Cano Braconnage

9

1

Qualit de leau Vgtation Continuit Morphologie

1 1 Pollution Prdateurs

Figure 1 : Principaux problmes des rivires des Asturies daprs les personnes rencontres.

Figure 2 : Etat des cours d'eau des Asturies d'aprs les personnes rencontres.Barrire thermique Pche non durable Occupation des plaines d'inondation Effluents d'levage Fermeture des paysages Mauvais fonctionnement des stations d'puration Barrages Consommer l'eau de manire plus durable

Poissons

(Les chiffres correspondent au nombre de citations. La somme diffre du nombre total dentretiens car les personnes rencontres ont parfois cit plusieurs problmes principaux.)

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nn e Pr D qu ob l ch alit m ar es g g d' es n as sa ra sa uv le O uv in ag Q is ra ua s es ge lit Po S em s e ut e llu di n ile Fe nc tion me t s Ab r o ( re s m re ag nts O fu en etu ric uv ge t e r e am o ra s ou d l e ge po t u lio P r s/ ur rop pa re o b ce le a ys r l ntr m a O s p bo a ge e les u oi nd Ec de a vr ss an he a o s lle an ffec ges ns, te s in V cie ten inu etc su a n t . ff ria ne la tili ) Pr ob M isa tio s c co ss n n n C D lm axi tes du onc tin Pe ana ve e d mu ou ni es uit u lis lop e l m m ve si de at p a d' a au ons io er lib c l e d c n La an /en les ra hel nt re 'ea al fe is ro n tio les ten u rm at ch er n in u et ion em gie de st a es ur / e e s s ll e nr nt re d e de o d n i m s s c he e b ou en pa m c ve ts C ys e p d l a on Es ag nt e ble s t p s ru c e (h r ct e Pr P s l orm ivi io in da c eur is res ns v a oc siv teu he est vill cu e rs tr o n es pa : en p i fa ) c n Im nt l rev aug ten ste pa es iss m si ct pla e en ve n in am t a ga es r tion tif d' ica de ino in l'e nd e xo ati de on ru ra l

b. Analyse des rsultats i) Les principaux problmes des cours deau dans les Asturies

Tout dabord, la premire question pose qui parat intressante analyser est ce que chacune des personnes rencontres estime tre le(s) problme(s) principal(aux) des rivires dans les Asturies (figure 1). Un des problmes voqus se dgage nettement, il sagit de la pollution des rivires. Puis les rponses ont t plus varies, avec peu de rponses identiques (une ou deux citations au maximum pour chaque aspect voqu) : elles dpendaient surtout de la sensibilit et des intrts de chaque personne. Ainsi ont t voqus divers aspects, comme la cohabitation avec les canos (qui concerne quelques rivires seulement), loccupation des plaines dinondations, les barrages et les barrires thermiques gnres par les centrales thermiques, et enfin la difficult pour les Asturies intgrer les manques deau venir avec le changement climatique. Le mauvais fonctionnement des stations dpuration ainsi que les rejets deffluents dlevage ont parfois t directement mis en avant et non la pollution des cours deau en gnral. Les associations de pcheurs ont souvent avanc des problmes troitement lis la pratique de la pche, savoir : la pche non durable, le braconnage, la fermeture des paysage (qui nuisent aux poissons et rendent laccs la rivire plus difficile), la prsence de prdateurs (surtout des cormorans, qui sont une menace relativement nouvelle : il y a quelques annes ils ne saventuraient pas dans les terres). ii) Ltat gnral des cours deau dans la rgion Puis en seconde analyse viennent les rponses concernant lavis gnral sur ltat des cours deau dans les Asturies : cela consiste analyser de manire plus approfondie les rsultats prcdents, car les problmes dj voqus resurgissent avec plus de dtails. De plus les aspects qui apparaissaient secondaires aux personnes interroges sont aussi voqus. Concernant le cas particulier de la plupart des associations de pcheurs et dune association cologiste, les rponses ne sappliquent quaux rivires se situant dans leur primtre daction. Les autres personnes interroges se rfraient quant elles aux rivires des Asturies toutes entires. Il ressort de cette analyse (figure 2) que les aspects les plus abords (citations > 5) concernaient la qualit de leau, la continuit des rivires et la vgtation. Par ailleurs la qualit de leau et la continuit des rivires taient les rubriques ayant fait lobjet du plus grand nombre de dveloppements. Ainsi concernant la qualit de leau, les ractions se rvlent tre trs partages : en effet 6 citations affirment que la qualit de leau est en gnral bonne, stant dj beaucoup amliore grce aux efforts raliss ces dernires annes, alors que 7 avis jugent que les efforts doivent encore tre considrablement intensifis et que 17 avis sur la qualit de leau sont ngatifs. Ces avis ngatifs font surtout rfrence aux problmes dassainissement dus un mauvais fonctionnement des stations dpuration (souvent cause des cots dentretien) ou leur absence dans certains villages reculs, et la pollution agricole (effluents dlevage clandestinement rejets dans les cours deau, pollution diffuse due aux produits phytosanitaires). Dautres avis ngatifs font rfrence la prsence de dcharges sauvages et laugmentation de la quantit de sdiments dans les rivires (lie au dveloppement des routes entre autre). Cependant en gnral tous saccordent dire que le bassin versant Naln-Narcea est de loin le plus dgrad, ce qui est li la prsence de la majorit de la population et des activits industrielles. En ce qui concerne la continuit des cours deau, le principal commentaire entendu (9 citations) est que les barrages et les centrales thermiques affectent considrablement la continuit des rivires. Les autres avis sont tout au plus cits 4 fois et ils sadressent la prsence douvrages hydrauliques inutiliss qui devraient tre dmolis ; au problme que constituent les anciennes concessions (dont la dmolition ou la mise aux normes vis--vis des dispositifs de passage savre trs coteuse) ; la variation du niveau provoque par certains ouvrages (cas trs localis, concerne une rivire) ; un nombre de passes poissons jug insuffisant ou bien des dispositifs mal entretenus et donc inefficaces ; le problme des sdiments, qui lors dun dmantlement 25

3

2 1 Elle est ncessaire Elle n'est pas vraiment ncessaire (rtablissement naturel possible) Ne connat pas l'ENRR A particip une runion de l'ENRR Implication directe dans l'ENRR (ralisation, propositions, volontariat) L'ENRR n'est pas concrte 4

3

7

Figure 3 : Intrt port la restauration des rivires.(Les chiffres correspondent au nombre de citations. La somme diffre du nombre total dentretiens car les personnes rencontres ont parfois voqu donn plusieurs rponses.)

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douvrages peuvent reprsenter un volume considrable ; et la ncessit de dvelopper des nergies alternatives (nergie marmotrice, olienne, exploitation des eaux souterraines). De plus, deux aspects plus positifs concernant la continuit des rivires ont t cits : il sagit de remarques avanant que les ouvrages peuvent aussi tre utiles et constituer des refuges pour la faune aquatique, et dun avis affirmant que le maximum de dispositifs de passage quil tait possible dinstaller avaient t raliss. La vgtation est trs souvent perue comme tant trop abondante et provoquant de ce fait la fermeture des paysages (7 citations). Il a t une fois prcis que la vgtation tait certes trop abondante certains endroits, mais qu dautres elle avait t supprime. La morphologie des cours deau a fait lobjet de remarques contraires : 5 avis disent que les rivires des Asturies ont t beaucoup canalises et disposent denrochements, et 2 avis affirment linverse quhormis les zones urbanises la morphologie des rivires a t peu affecte. La faune piscicole, reprsente par les poissons, est voque concernant limpact ngatif que prsente la fermeture des paysages sur les populations (manque de lumire, diminution du nombre dinsectes) et le fait que la pche serait trop intensive. Il reste enfin quatre sujets qui ont t abords plus rarement : il sagit de la prsence dune espce invasive, lcrevisse amricaine, des prdateurs (surtout les cormorans) qui sont en augmentation, du problme que constituent les constructions dans les plaines alluviales et enfin de limpact ngatif que provoque labandon des pratiques agricoles traditionnelles. iii) Lintrt port la restauration des rivires Sur la figure 3 sont reprsentes les diffrentes opinions exprimes au sujet de la ncessit de la restauration des rivires et des projets en cours. Tout dabord il pourrait paratre surprenant que parmi les personnes interroges, qui sont tous des acteurs de la gestion des milieux aquatiques, certains (3 personnes) naient pas eu connaissance de lexistence de lENRR dveloppe par lEtat travers la CHC : cela pourrait tmoigner dune communication insuffisante autour des projets. Cela peut sexpliquer dune part par le fait quaucun de ces projets na encore t ralis, et dautre part parce que les processus de participation publique, qui ont tous dj eu lieu, ne concernent que deux bassins versants parmi tous ceux que contiennent les Asturies. Sept des personnes rencontres font partie dune structure participant activement lENRR, travers la contribution des programmes ou bien plus en amont travers la conception des projets. Quatre personnes nont fait que participer des runions de participation publique. Trois personnes voquent le fait que lENRR nest pour le moment pas quelque chose de concret, mais plutt des projets qui restent sur le papier. Une personne voque clairement le fait que les rivires pourraient se rtablir sans aide extrieure. c. Conclusions Certes le nombre rduit dentretiens raliss ne permet pas de tirer de conclusions globales quant la restauration cologique des rivires dans les Asturies. Cependant les informations recueillies et la varit des opinions entendues a permis de cerner les principales problmatiques propres aux Asturies concernant les cours deau. De plus les entretiens ont permis de localiser les projets de restauration existants et leur cadre dintervention, et de savoir quelle tait opinion des diffrents acteurs leur sujet. Nous allons prsent nous intresser la gestion des rivires, aux particularits institutionnelles et aux diffrents outils mis la disposition de la restauration des rivires dans chaque pays afin de savoir dans quel contexte sancre la restauration cologique.

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2. Organisation de la gestion de leaud. Cadre rglementaire i) Espagne

En Espagne, les ressources en eau sont en thorie suffisantes pour approvisionner tout le pays. Cependant la ressource est ingalement rpartie, avec des prcipitations concentres dans le nord du pays (site Internet de lOffice International de lEau). Cest la raison pour laquelle la gestion de leau a t un aspect fondamental de la politique de dveloppement conomique qui a t conduite durant le XXme sicle en Espagne. Une grande partie de cette priode a t marque par un fort interventionnisme de lEtat, avec une gestion de leau centre sur la construction douvrages hydrauliques pour dvelopper lirrigation et la production dnergie hydrolectrique. Depuis le XXme sicle, plusieurs lois sur leau ont guid sa gestion. Les premires ont t lorigine de principes de base tel que lappartenance des eaux superficielles au domaine public. Jusqu lapparition de la Constitution espagnole de 1978, la gestion de leau tait davantage prise en compte du point de vue quantitatif que qualitatif, la qualit de leau tant uniquement considre lorsquil sagissant de protger lapprovisionnement en eau de la population et de lagriculture face aux usages industriels. Avec cette nouvelle Constitution merge lide que la qualit de leau, en tant que ressource naturelle, constitue une valeur qui doit obligatoirement tre prserve et restaure. Ce tournant pris dans la gestion de leau se confirme avec la loi sur leau promulgue en 1985, puis ladhsion en 1986 la Communaut Europenne : en effet la planification hydrologique succde la politique hydraulique, et un plus grand intrt est port la gestion des ressources et la protection de lenvironnement (Barciela Lpez et Melgarejo Moreno, 2000). Cette nouvelle loi intgre les directives prises avant lentre de lEspagne dans la Communaut Europenne : elle encourage la participation des usagers la gestion de leau et instaure cette gestion lchelle du bassin versant, avec pour outil dorganisation la planification hydrologique (site Internet de lOffice International de lEau). Cette planification se compose dun Plan Hydrologique National, rdig par le gouvernement, dont dcoulent des Plans Hydrologiques de Bassins. Ces derniers sont rdigs par les Confdrations hydrographiques, qui sont les organismes de gestion de la ressource en eau par bassin versant cres en 1926, avec le soutien technique du gouvernement (Blomquist, Giansante et al., 2005). Les Plans Hydrologiques de Bassin doivent contenir la prvision des demandes en eau pour les dix vingt annes venir, ainsi quun programme daction pour y rpondre. Les demandes et les ressources doivent tre attribues chaque secteur (urbain, environnement, irrigation, industrie, nergie hydrolectrique, pcheries et navigation). Par ailleurs les Plans Hydrologiques de Bassin doivent tablir des objectifs de qualit pour chaque type deau de surface existant dans le bassin versant. Enfin ces plans doivent tenir compte des autres politiques et plans en cours, par exemple ceux concernant lutilisation des terres, la conservation de la nature ou encore lagriculture (notamment avec la Politique Agricole Commune). (Blomquist, Giansante et al. 2005) La loi de 1985 a ensuite t revisite par la loi sur leau de 1999 : celle-ci ne modifie pas lesprit de la loi qui la prcde, elle assure uniquement une plus grande prise en compte des exigences environnementales des milieux (par exemple en imposant des dbits minimums aux matres douvrages) et encourage le dveloppement de pratiques tel que le dessalement deau de mer et la rutilisation des eaux uses, ainsi que lamlioration et le contrle des dbits pomps et de la qualit des rejets (site Internet de lOffice International de lEau). Enfin, la transposition de la DCE dans la lgislation espagnole fut ralise en 2000.

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ii) France Depuis les annes 1950, la gestion de leau ainsi que les outils associs ont considrablement volus en France. La gestion par filire dusage, lie la politique de loffre, a t progressivement remplace par une approche plus durable et globale o la ressource puis les milieux aquatiques ont constitu les lments centraux. A partir de la loi sur leau de 1964, leau est prise en compte la fois en tant que ressource et en tant que milieu : il y a ainsi une volution conjointe des impratifs conomiques et environnementaux. De plus la gestion de leau est devenue territoriale avec une organisation institutionnelle et politique centre autour des bassins versants (Ghiotti, 2007). Six circonscriptions administratives, correspondant aux bassins hydrographiques, ont t cres : elles possdent toutes un comit de bassin et une agence de leau (site Internet de la Direction de linformation lgale et administrative). Les agences de leau sont loutil dexcution de la politique dfinie par les comits de bassin : dans une France marque par la centralisation, ceci est une rvolution car les agences de leau peuvent prlever des impts et grer entre elles leur budget, sans le contrle du Trsor Public ou du Parlement (Ghiotti, 2007). A partir des annes 1960 et pendant vingt ans, de nombreuses lois portant sur la protection de lenvironnement ont t adoptes. De nouveaux textes sappliquant plus particulirement aux cours deau sont apparus : ils sintressent la prservation et la restauration de la qualit des milieux aquatiques (faune et flore) et au maintien de leurs fonctionnalits (Ghiotti, 2007). On peut notamment citer : - la loi sur la protection de la nature de 1976, qui instaure les tudes dimpact, - la loi relative la pche en eau douce et la gestion des ressources piscicoles de 1984. Dans les annes 1980-1990, on saperoit que les principes de 1964 sont en dcalage avec les progrs de la connaissance scientifique et les revendications sociales. Le systme juridique et institutionnel savre inadapt aux nouveaux usages de leau (dveloppement de lirrigation, loisirs) et aux nouvelles formes de pollution (pollution diffuse dorigine agricole, pollution urbaine, assainissement insuffisant), et ceci sest vu confirmer par la mauvaise gestion des scheresses rptes qui ont marqu cette priode. La peur du manque deau relance alors les politiques dans le domaine : cest ainsi que la loi sur leau de 1992 fait son apparition (Ghiotti, 2007). La loi sur leau de 1992 reconnait leau comme faisant partie du patrimoine commun de la Nation . Cette loi conforte la gestion par bassin hydrographique puisque la gestion de leau devient planifie et organise partir des Schmas Directeurs dAmnagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), qui fixent les orientations fondamentales de la politique de l'eau pour quinze ans, et par des Schmas dAmnagement et de Gestion des Eaux (SAGE) labors par les Comits de Bassin. Une Commission Locale de lEau (CLE) est charge de llaboration, de la rvision et de lapplication de ce dernier schma. (Site Internet de la Direction de linformation lgale et administrative) La Loi sur lEau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006 ne bouleverse pas fondamentalement la politique de leau qui avait dj t engage, mais elle apporte un certain nombre dvolutions ayant une incidence sur la gestion locale des collectivits en leur mettant disposition de nombreux outils techniques, administratifs et financiers. Ces outils doivent notamment permettre datteindre le bon tat cologique des eaux dici 2015, de rendre plus transparent et efficace le service public de leau et de lassainissement (ces deux premiers critres tant contenus dans la DCE) et de moderniser lorganisation de la pche en eau douce en France. On peut citer parmi les dispositions prises pour atteindre les objectifs la reconqute de la qualit cologique des cours deau par des mthodes dentretien douces ainsi que la restauration de la continuit cologique des cours deau. Par ailleurs un dbit minimum est impos aux ouvrages hydrauliques et les frayres sont protges par des outils juridiques (site Internet de Eau-France).

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ESPAGNE

FRANCE

30Figure 4 : Cadre institutionnel de la gestion de leau en Espagne et en France. (Les mots rdigs en bleu correspondent aux outils de la gestion de leau)

e. Cadre institutionnel Les diffrentes institutions comptentes en matire de gestion de leau dans chacun des deux pays sont reprsentes sur la figure 4. Les diffrents chelons existants (national, bassin versant, local) y sont prsents. Cela permet dans un premier temps de constater quen Espagne, certes la gestion de la ressource hydrique est dcentralise au niveau des bassins versants, mais au sein mme de ces bassins il nexiste pas rellement de dclinaison de la gestion lchelon local, avec des contrats ou dautres accords passs entre les institutions et les municipalits par exemple. Ceci se diffrencie de la gestion de leau en France, o ce type de sous-traitance a t mis en place. Par ailleurs la France et lEspagne se distinguent encore sur deux autres points importants : - le caractre public de leau : en Espagne tous les cours deau sont publics, tandis quen France on distingue les rivires domaniales, qui sont publiques et se caractrisant par le fait quelles sont navigables, des rivires domaniales, qui sont prives. La gestion des cours deau diffre alors suivant que la rivire soit publique ou non. - la gestion de la pche : en France lEtat est linstitution comptente en matire de gestion de leau et des espces aquatiques peuplant les rivires, alors quen Espagne lEtat dlgue la gestion de la faune aux communauts autonomes. Comme nous le verrons plus loin, dans certaines Communauts autonomes la gestion de leau est contrle par lEtat : cela peut alors parfois tre sources de complications puisque la gestion conjointe de leau et de la faune aquatique ncessite une bonne coordination entre les diffrentes institutions concernes. Au niveau national, dans les deux pays lEtat joue bien sr un rle primordial puisque cest lui qui dfinit les grandes orientations de la politique de leau en laborant les lois associes, et un Plan Hydrologique National dans le cas de lEspagne. Que ce soit en France ou en Espagne, lEtat peut sappuyer sur lavis dun Comit national de leau. Au niveau du bassin versant, en Espagne la situation est diffrente suivant les Communauts autonomes. La gestion de leau est comme en France dcentralise au niveau des bassins hydrographiques, mais la situation va tre diffrente suivant que le bassin soit intercommunautaire ou intracommunautaire. Ainsi dans le cas des Asturies (cas reprsent sur la figure 4), le bassin hydrographique la concernant stend sur plusieurs Communauts autonomes : sa gestion est alors assure par une Confdration hydrographique, qui est sous le contrle du gouvernement et du Prsident (site Internet de lOffice International de lEau). Lorsque le bassin est intracommunautaire (ainsi que pour certains cas particuliers, comme la Galice ou le Pays Basque, o un accord a t tabli avec lEtat), la gestion de leau revient la Communaut autonome. Il existe donc dans les Asturies cette dissociation de la gestion des rivires et de la faune piscicole voque prcdemment. Dans la rgion, la CHC labore alors un Plan Hydrologique de Bassin, qui est la dclinaison au niveau du bassin hydrographique du Plan Hydrologique National. En France, au niveau du bassin versant la gestion de leau est assure par les comits de bassin et leur outil excutif, les agences de leau. Les comits de bassin laborent une politique de gestion de l'eau conciliant les besoins du bassin versant avec les orientations nationales, ainsi quun SDAGE qui fixe les orientations de la politique de leau dans le bassin pour les quinze prochaines annes. Pour cela le SDAGE tablit des objectifs de qualit des eaux, de valorisation du milieu aquatique et de gestion quilibre des ressources en eau (site Internet de lAgence de lEau Rhne Mditerrane et Corse). Les agences de leau jouent un rle cl dans le dveloppement de la politique de leau, puisque ce sont elles qui mettent en uvre les orientations dfinies pas les comits de bassin. Pour cela les agences de leau apportent leurs moyens techniques et financiers aux personnes publiques et prives ralisant des oprations d'amnagement des ressources en eau, de lutte contre la pollution et de rhabilitation des milieux aquatiques. Pour subventionner ces oprations, les agences de l'eau peroivent des redevances auprs des utilisateurs de l'eau, calcules selon le principe du "pollueur-payeur" en fonction des quantits de pollution rejetes et des volumes prlevs. (site Internet de la Direction de linformation lgale et administrative)

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En France, la dclinaison peut se poursuivre lchelon local lorsque cela savre ncessaire. Pour cela il existe des commissions locales de leau, qui laborent des SAGE (dclinaison dun SDAGE sur une unit hydrographique limite), et des comits de rivire, qui laborent et assurent le suivi les contrats de rivire (Ledard, Gross et al., 2001). f. Supports la restauration des rivires i) Estrategia Nacional de Restauracin de Ros (ENRR)

En Espagne, la plupart des rivires ne prsentent pas un tat cologique satisfaisant, ce qui est notamment d une exploitation passe des ressources hydriques nayant pas tenu compte de leur fonctionnement en tant quhydrosystmes. Pour remdier cela, ces dernires annes le Ministre de lEnvironnement et des Milieux Ruraux et Marins a lanc plusieurs initiatives pour amliorer la gestion des rivires et leur tat de conservation. Ceci sest traduit par diffrents programmes et actions, notamment dans les domaines de la qualit de leau et du contrle de son utilisation. Cependant certains aspects comme la morphologie des rivires ncessitaient dtre encore davantage connus et amliors, leur prise en compte tant un pralable pour retrouver la dynamique et la rsilience des systmes fluviaux. Cest dans ce contexte et celui de la transposition de la DCE et de la Directive relative l'valuation et la gestion des risques d'inondation (Directive 2007/60/CE) que vit le jour lENRR en 2004. (Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino, 2010) LENRR est une stratgie proposant une nouvelle conception des rivires, avec de nouvelles lignes de conduite pour encadrer leur gestion et une utilisation plus durable de la ressource en eau. Elle vise par ailleurs remplir les objectifs de la DCE relatifs la prvention de nouvelles dtriorations des ressources hydriques et lamlioration progressive de leur tat cologique. Lobjectif final poursuivi par lENRR est ainsi lamlioration cologique de tous les cours deau espagnols, notamment grce leur restauration. LENRR doit tre un lment de plus dans les programmes daction impliquant les rivires, comme dans les Plans Hydrologiques de Bassin (Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino, 2010). Les objectifs principaux de lENRR sont les suivants (site Internet du Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino): - conserver et rcuprer le bon tat cologique des cours deau espagnols, - minimiser les risques dinondations, - prserver le patrimoine culturel associ aux rivires, - encourager une utilisation rationnelle de lespace fluvial. De ces lignes directrices dcoulent des objectifs plus spcifiques, tel que lintgration de la gestion durable des cosystmes fluviaux dans les politiques dusage et damnagement du territoire, la collecte dinformations et dexpriences afin damliorer les pratiques de restauration, ou encore lintgration progressive de la socit dans la gestion des rivires travers le dveloppement de la participation publique pendant llaboration des projets de restauration (site Internet du Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino). Chaque Confdration hydrographique (ou Communaut autonome suivant le cas) est tenue de raliser dix projets de restauration sur son territoire pour lENRR. Les Asturies, inclues dans un bassin hydrographique plus vaste gr par la CHC qui comprend tout le nord de lEspagne, accueillent trois projets de restauration dans ce contexte. Tous les projets de restauration mens dans le cadre de lENRR suivent la mme dmarche. Ainsi dans un premier temps les conditions de rfrence des hydrosystmes sont dfinies, puis des objectifs et les mesures de restauration permettant de les remplir sont adopts. Ce premier jet du projet est ensuite prsent au public, et ajust en tenant compte des observations et critiques apportes. A la fin de ce processus il est alors possible de dfinir une image objective pour lhydrosystme considr, cest--dire un ensemble dobjectifs qui tiennent compte des contraintes existantes et se veulent ainsi ralistes. 32

Dans le cadre de lENRR est par ailleurs dvelopp un programme de volontariat pour les rivires (Programa de voluntariado en ros), dont les thmes dvelopps sont les suivants (site Internet du Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino) : - sensibiliser la population aux valeurs socio-environnementales associes aux systmes fluviaux, - promouvoir la participation des citoyens travers ltablissement de groupes de volontaires uvrant pour amliorer les connaissances, le diagnostic et lamlioration des hydrosystmes, - protger et restaurer le patrimoine naturel et culturel associ aux rivires en intgrant les principes du dveloppement durable, - encourager et dvelopper les relations entre les diffrents acteurs de la gestion de leau. ii) Outils de contractualisation pour la restauration des cours deau en France En plus des SDAGE et des SAGE, des outils dintervention lchelle des bassins versants existent en France pour aider la mise en uvre des politiques de restauration des cours d'eau. Le plus souvent, ce sont des collectivits territoriales (communaut de communes, syndicat intercommunal, etc.), des communes, des associations, des fdrations ou associations de pche qui y font appel. Suivant les problmes existants et les objectifs fixs, diffrents outils existent : Le Contrat Restauration Entretien (CRE), qui est une dmarche initie et dveloppe par les agences de leau. Ce contrat est un outil de gestion l'chelle du bassin versant et du corridor fluvial. Ses objectifs sont les suivants (site Internet de Bretagne Environnement): - corriger les altrations constates sur les cours d'eau et les zones humides, - restaurer les fonctionnalits dgrades, - favoriser une approche globale et cohrente des milieux aquatiques, notamment en s'articulant avec les objectifs des SAGE existants. La rflexion pralable est mene au niveau dun territoire cohrent (bassin versant ou sousbassin versant), et les actions sont ensuite ralises sur tout ou une partie du rseau hydrographique pour une dure de cinq ans (Ledard, Gross et al., 2001). Le contrat de rivire, tout comme le SAGE, dcline le SDAGE sur un bassin versant en fixant des objectifs de qualit des eaux, de valorisation du milieu aquatique et de gestion quilibre des ressources en eau. Cependant la diffrence du SAGE il na pas de porte juridique, et son principal objectif est daboutir un programme dactions de restauration et de gestion dun milieu. Le SAGE et le contrat de rivire sont donc deux outils complmentaires, l'un tablissant les lignes directrices de la gestion de leau et l'autre permettant le financement des actions. De la mme manire que pour le CRE, les interventions sinscrivent dans un primtre gographique cohrent allant du sous-bassin versant au bassin versant. Le programme des travaux est pilot par un comit de rivire, qui reprsente lensemble des acteurs de leau. La dure moyenne dun contrat est de cinq ans. (site Internet de lAgence de lEau Rhne Mditerrane et Corse)

Par ailleurs il existe en France des postes de techniciens de rivire (une centaine dans toute la France, une trentaine en Bretagne). Ils sont dune grande utilit pour coordonner lensemble des oprations prvues dans le cadre des contrats prsents plus haut. En effet ils assurent la liaison entre lensemble des acteurs, ils connaissent lvolution de la rivire au fil des saisons et ses problmes spcifiques, ils soccupent de la planification avec le matre douvrage et surtout ils jouent un rle danimation et de sensibilisation auprs des riverains et des usagers qui est primordial pour la protection et la gestion de lcosystme rivire. Son rle de mdiateur auprs des riverains lors de la ralisation des travaux en particulier est un gage de russite pour les contrats. (Ledard, Gross et al., 2001)

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Figure 5 : Carte prsentant ltat de dgradation du lit majeur des cours deau bretons (mai 2006).(http://www.observatoire-eau-bretagne.fr/gipbeimage/download/photofullnoright/19925/386474/file/2006_Onema _Etat%20du%20lit%20majeur%20des%20cours%20d%5C%27eau.jpg, site Internet de lObservatoire de leau en Bretagne. Consult le 07/02/12.)

Concentration des altrations morphologiques

Figure 6 : Situation du bassin versant Naln-Narcea dans les Asturies.(http://www.bedri.es/Asturias/Medio_natural/Cuencas_hidrograficas/Mapas_Cuencas/Cuenca_del_Nalon-Narcea_001.jpg. Consult le 07/02/12)

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3. Les cours deau en Bretagne et dans les Asturies : tat des lieuxa. Prsentation des cours deau dans les deux rgions La Bretagne aussi bien que les Asturies se caractrisent par la prsence de rivires courtes se jetant directement dans la mer (petits fleuves ctiers) : ceci sexplique par la situation de presqule de la Bretagne, et par la prsence de la cordillre cantabrique dans le nord de lEspagne pour les Asturies. Les deux rgions bnficient en outre de prcipitations abondantes. Les cours deau bretons prsentent des caractristiques bien diffrentes lest et louest de la rgion, en raison de variations gologiques, topographiques et climatologiques marques. En effet louest de la Bretagne se caractrise par un relief plus accentu qu lest, des rivires plus courtes, une pluviomtrie plus abondante et un sous-sol granitique qui permet le stockage de leau, contrairement au sous-sol sdimentaire de lest o les dbits dtiage sont par consquent trs faibles (Ledard, Gross et al., 2001). Dans les Asturies le relief est trs accentu, avec des sommets dpassant les 2 000 m daltitude. Cela se traduit pour les hydrosystmes par une forte pente et des valles profondes o les plaines alluviales sont de taille trs rduite, la capacit de transport leve des rivires limitant le remplissage sdimentaire des valles (site Internet de la Confdration Hydrographique Cantabrique). b. Altrations constates i) Morphologie des cours deau

Que ce soit dans les Asturies ou en Bretagne, on observe encore les consquences des modifications du monde rural aprs-guerre. En effet avec la modernisation des machines et la diminution de la main duvre conscutive lexode rural, lentretien des berges des rivires par les riverains (exploitation de la ripisylve pour le bois de chauffage, des moulins pour lnergie hydraulique) a t dlaiss (site Internet de Bretagne Environnement). Par consquent les phnomnes drosion et dinondation sont devenus plus frquents et dommageables, les constructions stant rapproches des rivires au fur et mesure de laccroissement de la population. Une rponse brutale au problme a t apporte dans les annes 1960-1970 : des oprations lourdes de recalibrage ont t ralises, avec uniquement une prise en compte de laspect hydraulique des cours deau (Le Gal, Haury et al., 2000). Ces impacts ngatifs sont aujourdhui connus, et des techniques plus douces ont t adoptes : cependant ces modifications physiques sont profondes et il savre souvent compliqu de revenir en arrire en ralisant des travaux de restauration, notamment dans les villes et les zones o les constructions se sont tendues jusque dans les plaines dinondation. Comme on peut le constater sur la figure 5, les zones les plus dgrades en Bretagne sont principalement localises lest. En effet la nat