Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
1Extrait de la publication
Extrait de la publication
collection« PLUME »
Extrait de la publication
du même auteur
La Valise grise, nouvelles, Montréal, La Pleine Lune, 2006
Notes d’une musique ancienne, roman, Montréal, La Pleine Lune, 2007
Extrait de la publication
DE QUELQUES DÉFAUTS QUI FONT LES HUMAINS
Extrait de la publication
Éditions de la Pleine Lune223, 34e AvenueMontréal (Québec)H8T 1Z4
www.pleinelune.qc.ca
Maquette de la couvertureNicole Lafond
Mise en pagesJean Yves Collette
Photo de l’auteurJosée Lambert
Diffusion pour le Québec et le CanadaDiffusion Dimedia539, boulevard LebeauMontréal (Québec)H4N 1S2
Téléphone : 514- 336-3941www.dimedia.com
Distribution pour la FranceDistribution du Nouveau-Monde30, rue Gay-Lussac75005 Paris
Téléphone : (01) 43-54-49-02Courriel : [email protected]
Extrait de la publication
Salah Benlabed
DE QUELQUES DÉFAUTS QUI FONT LES HUMAINS
Pleine lune
nouvelles
Extrait de la publication
La Pleine Lune remercie le Conseil des Arts du Canada ainsi que la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), pour leur soutien financier.
ISBN 978-2-89024-194-7 (papier)ISBN 978-2-89024-286-9 (pdf)ISBN 978-2-89024-377-4 (epub)
© 2009, éditions de la Pleine Lune
Dépôt légal – premier trimestre 2009Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives du Canada
Extrait de la publication
À Rassim, pour qu’il sache bien,À Gilles, mon bon Samaritain,
À Antoine et ses amis...
Extrait de la publication
10Extrait de la publication
11
Prologue
C’est un miracle que notre espèce ait pu traverser le temps et prendre le pas sur les autres malgré la panoplie de tares dont Dieu, le diable ou la nature l’ont accablée ; malgré les siècles de guerre aussi, qui ne l’ont pas épuisée. Il est vrai qu’en cela, nous avons été aidés par notre propension à la trahison, au mensonge, à la lâcheté ou à l’aveuglement.
Notez comme nos dirigeants sont experts dans ces matières !
C’est peut-être là que se trouve l’explication du miracle : à la base, dans les fondations invisi-bles de la pyramide à la gloire du pharaon, loin du vertige des altitudes, se cachent les humbles et les naïfs, les patients et les résignés, les sages aussi ; enfin tous ceux qui font le terreau de la mauvaise conscience de l’inhumanité et vivent dans les histoires que l’on ne raconte pas.
Extrait de la publication
12
13
Le Couple
14Extrait de la publication
15
Une femme n’aime jamais en silence ou alors ce silence parle trop.
Malek Haddad
L’auteur s’était lancé par petits morceaux, hési-tant, sur la pointe de la plume, dans un troisième ouvrage. Il voulait y raconter l’histoire de cet homme qui s’était envolé une nuit de début de printemps, du lit qu’il partageait depuis vingt-sept années avec son épouse. Sans rien emporter ! Pas même sa carte de crédit. De cette étrange et inquiétante affaire, l’écrivain ne savait rien sinon le peu qu’en avaient rapporté les journaux : « ... la veille, ils s’étaient couchés tôt, sans s’être disputés, comme cela leur arrivait souvent depuis que leur unique enfant avait quitté la maison... Les recherches de police n’ont rien donné à ce jour et, depuis trois années, régulièrement, à chaque début du mois de mars, notre quotidien rouvre ce dossier... L’épouse a expliqué à notre correspondant que... blablabla... » et que je t’allonge l’article pour qu’il passe sur quatre lignes !
L’auteur n’en savait rien de plus. N’ayant jamais rencontré ni connu ni même entendu parler de ces protagonistes, mais irrité par cette répétition du vide, il avait simplement décidé de fermer ce dossier et d’inventer au besoin la fin de cette histoire banale qu’en quête de sujet, il avait retenue un jour d’ennui.
16
« Il faut d’abord que mes lecteurs sachent que je ne dirai que Ma vérité ; et je commence », a- t-il écrit en guise d’avertissement pour se donner du temps.
... La veille, ils se seraient couchés fâchés une fois de plus, à cause d’une lettre qui ne contenait rien d’autre qu’un long poème de leur fils parti faire une longue promenade dans des pays de sable. Elle, serait une fois de plus en train de reprocher au père de l’avoir laissé partir et lui, rappellerait à sa compagne de vie ce qu’il lui avait déjà dit la veille : que s’il n’avait pas lui-même quitté si tôt ses propres parents, ils ne se seraient jamais mariés ! Mais l’argument est trop vieux aux yeux qui s’embuent de la mère, comme chaque fois qu’ils abordent ce douloureux sujet. « Autrefois, oppose-t-elle systématiquement, on gardait moins longtemps les enfants car ils se ma-riaient jeunes ; maintenant il n’est plus question de mariage : on se fréquente le temps du plaisir de la rencontre et on se sépare avant d’atteindre son trop-plein ! » Et cela fait réfléchir cet homme désormais assez mûr pour ne plus attendre de la vie que sa retraite et les douleurs qui l’accom-pagnent logiquement. L’époux n’a donc rien répondu et, devant son mutisme, elle a renchéri que, maintenant trop âgé, trop hargneux, il ne supportait plus personne. À cela non plus, il n’a rien répondu pour bien lui faire prendre cons-cience que : qui ne dit mot consent !
Elle joue donc maintenant sur un court de tennis vide, seule contre un mur. Lui se laisse happer par le vent essoufflé de sa jeunesse. Il
Extrait de la publication
17
vague sur ses vingt ans et se souvient du claque-ment de porte qui avait accompagné sa propre fuite !
L’auteur se dit que cet imbécile devrait ré-pondre que... mais ne trouvant pas de réplique, il préfère offrir un instant d’absence à son per-sonnage. « Il faudrait qu’il se fâche et pour cela, que je la fasse plus revêche, acariâtre, battue ! »
Mais le vieux est calme et ne dit rien. Il est plus sage que l’écrivain ! Elle, est assise maintenant en face de la télé tandis que l’autre idiot lui tourne le dos en croisant des mots silencieux sur la table... Il lui tourne déjà le dos ! Hum, hum !
L’auteur, qui est un homme jeune, ne connaît rien à l’humeur des femmes ; jamais marié, il ne les fréquente que jusqu’au bord de la coupe, et ce sont toujours elles qui l’ont abandonné !
Comment fait-on pour partir quand on a l’âge de la sécurité sociale, cet âge réputé sage où l’on prend du plaisir à se balancer sur la véranda pour regarder sans espoir les jolies voisines ? Comment fait-on pour rire lorsque l’on a abandonné la patience d’attendre calmement ses questions : « Veux-tu de la soupe ou du poisson ? Ne fait-il pas trop froid sur le balcon ? » Ses lointains commen-taires aussi « La soupe au pois est excellente ; le poisson par contre ne semble pas très frais ! As-tu vu la nouvelle voiture des voisins ? Combien ça doit coûter un engin pareil ? ... »
Lui garde le silence, lassé de devoir toujours répondre par les mêmes borborygmes qu’elle interprétera selon ses propres préférences. Voilà
18
pourquoi il a quitté si tôt sa mère, se dit-il, sans penser en faire un argument massue pour le départ hasardeux de leur fils. Il sait bien qu’elle retournerait cette proposition comme ses vieilles chaussettes toujours en nombre impair ; comme à l’habitude, quoi ! De toute façon, cette affaire de départ de l’heureux a quitté son esprit ! Il sait bien pourquoi, mais dire à sa mère que son fils est parti à la recherche de sa muse ne fonctionne plus : la réponse est connue, mâ-chée et toujours régurgitée sous cette forme : « La meilleure muse est dans la tête, va-t-elle rétorquer ; on n’a pas besoin d’aller risquer la sienne pour la trouver ; à son âge, on a surtout besoin de conseils ! »
Rien qu’à cette pensée, l’auteur a mal au crâne et envie de se mettre au lit, mais il sait qu’elle va gentiment ajouter : « Veux-tu une tisane ? As-tu pris tes calmants, tu me sembles si nerveux... » Et l’auteur, qui pressent maintenant son personnage au bord des larmes, se dit : « C’est cela la raison du rut animal : se mettre à la recherche d’une femelle au gré des vents porteurs d’humeurs ! »
Le vieux, comme a décidé de le dénommer l’auteur, ne pense plus à fourbir ses armes : la voisine d’en face vient de lui faire, avec un gentil sourire, un signe de la main qui ne le rend pas plus heureux. Au contraire ! Mais il y répond poliment. Alors il entend au fond de la rue le grondement sourd de la benne à ordures et se précipite vers cette arche de salut. Il se dirige vers la cuisine mais : « C’est inutile, il n’y a presque rien dans le sac ; on attendra lundi... » Comme
19
il aimerait beaucoup d’ordures pour se donner un peu d’air !
Pendant la trêve, l’auteur pourrait imaginer qu’elle serait en train de se dire quant à elle : « Je le mettrais bien dans le sac, ce vieux bougon sans espoir ni logique ! Cette vieille bûche même pas de Noël ! La proximité de la retraite ne le rend même pas heureux ! » Mais elle préfère : « Sais-tu, nous pourrions partir en voyage aussi, mainte-nant que nous sommes libres », sans s’apercevoir qu’elle n’a pas donné à son époux les prémices de cette drôle d’idée ! Et sans attendre la réponse, elle s’évade à penser à la belle fille qui fera revenir son fils, tout en tentant de se souvenir du point de croix qui fait de bien belles layettes...
L’auteur aperçoit là une contradiction et laisse à son personnage la possibilité de la corriger en lui proposant de répondre : « Comment veux-tu voyager, toi qui ne fais qu’attendre ton fils pour lui mettre le fil à la patte ? Serais-tu devenue, à ton âge, plus aventurière que lui ? Tu disais tout à l’heure : “ il n’est plus question maintenant de mariage ; on se fréquente le temps du plaisir de la rencontre et on se sépare avant d’atteindre le trop-plein ! ” Ne crois-tu pas qu’il a atteint son trop-plein de nous ? »
Mais si le vieux approuve cette suggestion de l’auteur, il ne l’exprime pas : il sait qu’il va re-gretter aussitôt le temps perdu de sa répartie. Il retourne donc à ses mots silencieux, à sa jeunesse aussi ; jeunesse perdue à attendre le trop-plein et... il s’en ouvre à son fils dans une lettre qui
20
ne partira peut-être même pas : « Va plus loin, petit, mais reviens si tu ressens de l’orgueil, car il est mauvais guide ! Va plus loin et que tes hal-tes soient abrégées par mes rêves ! Fais-toi une place et prends le chemin de ceux qui savent revenir pour raconter leurs histoires, comme les oiseaux gazouillent à leurs petits à la veille de la migration. Fais-moi une place aussi dans tes pensées si tu te sens perdu ou isolé ; ainsi quand tu repartiras, je t’accompagnerai de mes vœux et dirai depuis mon siège : Voilà... j’ai vécu ! »
L’auteur est fatigué : ses deux personnages l’énervent ; ils l’entraînent trop loin dans leur étrange monde ; ils ne s’expriment même plus dans son style. Alors il coupe et finit ainsi cette partie interminable :
... et le matin, quand elle s’était réveillée, son mari n’était plus là ! Parti à la recherche de leur fils, ou simplement à son bureau... Elle ne saura donc la suite qu’à la fin de la journée.
Extrait de la publication
181
Table des matières
Prologue 9Le Couple 11L’Indifférence 19L’Impatience 29L’Aveuglement 37La Traîtrise 45Le Malentendu 53La Naïveté 63La Guerre 71La Lâcheté 81Le Mensonge 89La Chair 99La Superstition 107Le Viol 115L’Amnésie 121La Folie 129L’Orgueil 139Le Désespoir 147La Maladie 153Le Rêve 161La Jalousie 171
Extrait de la publication
182
L’édition électronique deDe quelques défauts qui font les humainscomposé en New Baskerville corps 11
a été complété en février 2012.
Extrait de la publication