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Ouvertures PAGE 138 • LA REVUE PRESCRIRE FÉVRIER 2013/TOME 33 N° 352 Pour mieux soigner : des médicaments à écarter La prudence dans le choix d’un médicament est de préférer les plus éprouvés, dont les effets nocifs sont rendus acceptables par une efficacité démontrée sur des conséquences concrètes. Mais chaque année, de nombreux nouveaux médicaments sont autorisés, souvent sans preuve d’un progrès par rapport aux médicaments de référence. Parfois, ils sont en fait moins efficaces ou plus nocifs. Et en général, une promotion massive leur assure une image positive aux yeux des soignants et des patients. Des leaders d’opinion renommés interviennent en leur faveur dans des congrès et les médias spécialisés. Ces opinions sont relayées de proche en proche par des spécialistes du domaine. Des campagnes de presse mettent en avant le problème de santé visé par le médicament, ce qui pousse les patients concernés à demander le médicament. Etc. Pour d’autres médicaments, plus anciens, les espoirs initiaux d’efficacité sont défaits par les avancées de l’évaluation. Ou bien leurs effets indésirables s’avèrent plus importants qu’on ne pensait. Au final, pour ces divers motifs, de nombreux médicaments sont utilisés, alors qu’ils sont plus dangereux qu’utiles. Mais, les données en défaveur des médicaments et les mises en garde sont peu audibles, noyées dans le flot de la promotion. Les soignants de première ligne qui veulent agir dans l’intérêt premier des patients se retrouvent en difficulté, à contre- courant de l’opinion de nombreux spécialistes, des autorisations de mise sur le marché et des décisions de remboursement des assureurs maladies. En agissant par demi-mesures et en laissant des médicaments plus dangereux qu’utiles sur le marché, les autorités de santé ne font pas leur travail de protection des patients. Prescrire, financée uniquement par les abonnés, n’a pas les moyens de faire le travail des autorités de santé. Et n’y prétend pas. Mais Prescrire s’est organisée pour aider les soignants à mieux soigner. Dans le texte qui suit, l’Équipe Prescrire rappelle les principaux médicaments plus dangereux qu’utiles, à écarter au terme des analyses publiées dans Prescrire de 2010 à 2012. Les patients et soignants ont intérêt à réviser les traitements en cours, à écarter ces médicaments plus dangereux qu’utiles, et à préférer les traitements éprouvés. Sans attendre que les autorités décident enfin les retraits du marché qui s’imposent au vu des données d’évaluation. ©Prescrire Préambule Téléchargé sur prescrire.org le 27/05/2013 Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement

Fàrmacs a evitar. Prescrire 2013

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PAGE 138 • LA REVUE PRESCRIRE FÉVRIER 2013/TOME 33 N° 352

Pour mieux soigner : des médicaments à écarter

La prudence dans le choixd’un médicament est de préférerles plus éprouvés, dont les effetsnocifs sont rendus acceptablespar une efficacité démontrée surdes conséquences concrètes.Mais chaque année, de nombreuxnouveaux médicaments sontautorisés, souvent sans preuved’un progrès par rapportaux médicaments de référence.Parfois, ils sont en fait moinsefficaces ou plus nocifs.Et en général, une promotionmassive leur assure une imagepositive aux yeux des soignantset des patients. Des leadersd’opinion renommés interviennenten leur faveur dans des congrèset les médias spécialisés. Cesopinions sont relayées de procheen proche par des spécialistesdu domaine. Des campagnesde presse mettent en avantle problème de santé visé parle médicament, ce qui pousseles patients concernés àdemander le médicament. Etc.Pour d’autres médicaments, plus anciens, les espoirs initiauxd’efficacité sont défaits par les avancées de l’évaluation. Ou bien leurs effets indésirabless’avèrent plus importants qu’onne pensait.Au final, pour ces divers motifs, de nombreux médicaments sontutilisés, alors qu’ils sont plusdangereux qu’utiles. Mais, les données en défaveurdes médicaments et les mises en

garde sont peu audibles, noyéesdans le flot de la promotion. Les soignants de première lignequi veulent agir dans l’intérêtpremier des patients seretrouvent en difficulté, à contre-courant de l’opinion denombreux spécialistes,des autorisations de mise surle marché et des décisionsde remboursement des assureursmaladies.En agissant par demi-mesures et en laissant des médicamentsplus dangereux qu’utiles sur le marché, les autorités de santéne font pas leur travailde protection des patients.Prescrire, financée uniquementpar les abonnés, n’a pas les moyens de faire le travail des autorités de santé. Et n’yprétend pas. Mais Prescrire s’estorganisée pour aider lessoignants à mieux soigner. Dansle texte qui suit, l’ÉquipePrescrire rappelle les principauxmédicaments plus dangereuxqu’utiles, à écarter au terme des analyses publiéesdans Prescrire de 2010 à 2012.Les patients et soignants ontintérêt à réviser les traitementsen cours, à écarter cesmédicaments plus dangereuxqu’utiles, et à préférer les traitements éprouvés. Sans attendre que les autoritésdécident enfin les retraits du marché qui s’imposent au vu des données d’évaluation.

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Préambule

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� En France, début 2013, trop de médi-caments à balance bénéfices-risquesdéfavorable restent commercialisés. Lesautorités de santé n’ont pas fait leur tra-vail de protection des patients en auto-risant ou en laissant ces médicamentsplus dangereux qu’utiles sur le marchémalgré des signaux d’alerte manifestes.

� Pour inciter les autorités à un sursautsalutaire et aider les soignants et pa-tients à se préparer aux retraits du mar-ché justifiés par les données de l’éva-luation, ce texte liste les principaux médi-caments à écarter, au terme des analysespubliées dans Prescrire de 2010 à 2012.

� Souvent d’autres options plus favo-rables existent. Parfois, dans certainessituations, un médicament n’est pas lemeilleur choix. Mieux vaut prendre letemps de les chercher avec les patients.

Rev Prescrire 2013 ; 33 (352) : 138-142.

Chaque mois, Prescrire apportedes informations permettant àchaque soignant de faire évo-

luer peu à peu sa liste de médica-ments à utiliser. Ces informationsmettent aussi en évidence des médi-caments plus dangereux qu’utilespour les patients, qu’il vaut mieuxdéconseiller. Force est de constaterque début 2013, un grand nombred’entre eux restent commercialisés.Certains sont anciens, disponiblesdepuis plusieurs dizaines d’années ;d’autres sont récents, avec des auto-risations de mise sur le marché(AMM) accordées imprudemmentpar les agences du médicament.

En pratique, comment faire face àcette situation ?

Les autorités sanitaires ont la res-ponsabilité de retirer ces médica-ments du marché. Plus elles tardent,plus elles laissent les patients exposésaux dangers injustifiés de ces médi-caments, prescrits ou conseillés pardes soignants trop peu informés dela réalité de la balance bénéfices-risques, ou sous-estimant souventl’ampleur de la pression des firmespharmaceutiques, y compris sur lesexperts sollicités par les autorités.

Les soignants sont alors dans ladifficile position d’expliquer auxpatients que ces médicaments sont

à éviter alors qu’ils sont officiellementautorisés, et prescrits par des pro-fessionnels de santé, parfois spécia-listes, parfois hospitaliers.

D’ici à des décisions de retrait, c’estaux autorités sanitaires de faire savoirlargement aux soignants et auxpatients la réalité de ces médicaments.

D’ici là, les patients comptent surles soignants pour les éclairer, enparticulier les pharmaciens et lesmédecins.

Sur la base des analyses publiéesdans Prescrire de 2010 à 2012 (concer-nant les nouveaux médicaments,mais aussi d’anciens), voici une listedes principaux médicaments à écarterdes soins et retirer du marché. Nousles présentons par domaine théra-peutique, puis par ordre alphabétiquede dénomination commune inter-nationale (DCI).

Il s’agit : − de médicaments actifs mais quiexposent à des risques dispropor-tionnés par rapport aux bénéficesqu’ils apportent ; − de médicaments anciens dont l’uti-lisation est dépassée, car d’autres ontune balance bénéfices-risques plusfavorable ; − de médicaments récents dont labalance bénéfices-risques s’avèremoins favorable que celle de médi-caments plus anciens ; − de médicaments dont l’efficacitén’est pas prouvée au-delà d’un effetplacebo, et qui exposent à des dom-mages disproportionnés ;− d’associations à doses fixes, quicumulent l’exposition aux effetsindésirables et aux interactions desmédicaments qui les composent, sansapporter de gain notable d’efficacité.

Souvent, une meilleure option estdisponible  ; nous l’énonçons briè-vement quand elle existe.

Cardiologie

− L’aliskirène (Rasilez°), un antihy-pertenseur sans efficacité démontréeen termes de diminution des acci-dents cardiovasculaires, expose à unsurcroît de troubles cardiovasculaireset d’insuffisances rénales (n° 341p. 183  ; n° 349 p. 820). Autant enrester par exemple aux diurétiqueset aux inhibiteurs de l’enzyme deconversion (IEC) éprouvés ;

− le fénofibrate (Lipanthyl° ou autre),le bézafibrate (Befizal°) et le ciprofibrate(Lipanor° ou autre), des hypocho-lestérolémiants sans efficacité cli-nique démontrée, exposent à denombreux effets indésirables, notam-ment cutanés, hématologiques etrénaux (n° 329 p. 193). Le gemfibrozil(Lipur°), le seul fibrate avec une cer-taine efficacité démontrée, est unrecours, à manier avec prudence,quand un fibrate est choisi ; − l’ivabradine (Procoralan°), sans avan-tage dans l’angor et dans l’insuffisancecardiaque, expose à des troublesvisuels, des bradycardies parfoissévères et autres troubles du rythmecardiaque (n° 350 p. 900). Autant enrester aux traitements éprouvés ;− le nicorandil (Adancor° ou autre),un vasodilatateur avec une compo-sante nitrée, sans efficacité démon-trée au-delà de l’effet symptomatiquedans l’angor, expose à des ulcérationscutanéomuqueuses parfois graves(n° 342 p. 268 ; n° 345 p. 516).Autant en rester par exemple à undérivé nitré ; − la trimétazidine (Vastarel° ou autre),une substance aux propriétés incer-taines utilisée dans l’angor sans effi-cacité démontrée au-delà de l’effetsymptomatique, expose à des syn-dromes parkinsoniens, des halluci-nations et des thrombopénies (n° 342p. 260-261). Autant en rester auxtraitements éprouvés ;− les “vasodilatateurs”, particulière-ment ceux dérivés de l’ergot de sei-gle, utilisés dans les “déficits cognitifsneurosensoriels liés à l’âge” : la dihy-droergocryptine (dans Vasobral°), ladihydroergocristine (Iskédyl°), la dihy-droergotoxine (Hydergine°), la nicer-goline (Sermion° ou autre), sans effi-cacité prouvée, exposent à des risquesde fibroses notamment pulmonairesou rétropéritonéales (n° 342 p. 260-261 ; n° 343 p. 361). Autant ne pascompter sur les médicaments dansces situations ; − l’association à doses fixes cafédrine+ théodrénaline (Praxinor°), des sym-pathomimétiques d’intérêt nondémontré sur les hypotensions, etqui exposent à des effets indésirablescardiovasculaires graves ainsi qu’àdes dépendances (n° 344 p. 421).En cas d’hypotension, mieux vautse concentrer sur des mesures nonmédicamenteuses (bas de con-

Résumé

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tention, régime salé, etc.), voireutiliser avec précaution la midodrine(Gutron°), faute de mieux (n° 294p. 263) ;− la triple association à doses fixesamlodipine + valsartan + hydrochloro-thiazide (Exforge HCT°), qui exposeà une utilisation abusive d’une tri-thérapie dans l’hypertension arté-rielle avec multiplication des effetsindésirables et des interactions, à desrisques d’erreurs de dosages liées auconditionnement inadapté (n° 325p. 809). Mieux vaut adapter avecprécision la dose de chaque antihy-pertenseur quand une trithérapiesemble nécessaire.

Cancérologie - Hématologie

Parmi les cytotoxiques commer-cialisés en France, 5  cytotoxiquescités ci-dessous sont à retirer du mar-ché soit parce qu’ils ont une balancebénéfices-risques moins favorableque d’autres cytotoxiques mieuxéprouvés, soit parce que des soinssymptomatiques sans cytotoxiquesont une meilleure option :− le catumaxomab (Removab°) n’aug-mente pas la durée de vie dans l’as-cite maligne, et expose plus de troisquarts des patients à des effets indé-sirables graves (n° 319 p. 332-335) ;− le panitumumab (Vectibix°), n’aug-mente pas la survie dans les cancerscolorectaux métastasés, et expose àdes effets indésirables chez environ90 % des patients, dont des hyper-sensibilités et des atteintes cutanées(n° 323 p. 666) ; − la trabectédine (Yondelis°), sans effi-cacité tangible démontrée dans lescancers de l’ovaire et les sarcomesdes tissus mous, expose à des effetsindésirables graves très fréquents,digestifs, hématologiques et hépa-tiques (n° 326 p. 892) ;− le vandétanib (Caprelsa°), sans effi-cacité démontrée sur la survie dansles cancers médullaires de la thyroïde,expose à des effets indésirables graveschez 1 patient sur 3 (diarrhées, pneu-monies, hypertensions) et à desmorts subites (n° 342 p. 256-259) ; − la vinflumine (Javlor°) n’apportepas de progrès dans les cancers de lavessie, et expose à des effets indési-rables hématologiques fréquents etparfois mortels (n° 320 p. 415).

D’autre part, le fer dextran (Ferri-sat°) expose à davantage d’hyper-sensibilités que les autres spécialitésà base de fer injectable disponibles(n° 349 p. 819).

Dermatologie - Allergologie

− Le tacrolimus dermique (Protopic°),un immunodépresseur dans l’ec-zéma, expose à des risques de cancerscutanés et de lymphomes, dispro-portionnés avec l’affection traitée(n° 343 p. 345 + 361). Autant enrester à un dermocorticoïde géré àbon escient dans les poussées ; − la méquitazine (Primalan°), un anti-histaminique H1 “sédatif” et “atro-pinique” dans les allergies, d’efficacitémodeste, expose plus que d’autresantihistaminiques H1 à des troublesdu rythme cardiaque (n° 337 p. 819).Autant en rester à des antihistami-niques non “sédatifs” et non “atro-piniques” tels que la loratadine (Cla-rityne° ou autre) ou la cétirizine(Zyrtec° ou autre) ; − la prométhazine injectable (Phener-gan°), un antihistaminique H1 dansl’urticaire sévère, expose à desnécroses cutanées et des gangrènes(n° 327 p. 59). Autant en rester à ladexchlorphéniramine injectable (Pola-ramine°).

Diabétologie - Nutrition

− Les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase 4 (DPP-4), alias gliptines)tels que la saxagliptine (Onglyza°), lasitagliptine (Januvia°, Xelevia°) et lavildagliptine (Galvus°), sans efficacitéclinique démontrée sur les compli-cations du diabète (accidents cardio-vasculaires, insuffisances rénales,atteinte neurologique, etc.). Ils ontun profil d’effets indésirables chargé,notamment des troubles de l’immu-nité, des pancréatites, des hypersen-sibilités (n° 347 p. 655  ; n° 349p. 811). Autant en rester aux traite-ments éprouvés, tels la metformine(Glucophage° ou autre), le glibencla-mide (Daonil° ou autre) et l’insuline ;− l’orlistat (Xenical° ou autre) a deseffets indésirables (troubles digestifstrès fréquents, atteintes hépatiques,etc.) et des interactions disproportion-nés au regard d’une efficacité modeste

et temporaire en termes de perte depoids, sans preuve d’effet favorable àlong terme (n° 349 p. 829). Mieuxvaut éviter les médicaments pour per-dre du poids et s’en tenir à des mesuresphysiques et diététiques.

Gynécologie - Endocrinologie

− La tibolone (Livial°), un stéroïde desynthèse dans le traitement hormo-nal substitutif de la ménopause,expose à des effets indésirablesandrogéniques en plus de ceux desestroprogestatifs (troubles cardiovas-culaires, cancers du sein ou del’ovaire, etc.) (n° 320 p. 432). Quandun traitement hormonal est choisimalgré les risques, autant en resterà une association estroprogestativela plus faiblement dosée et pendantla durée la plus courte possible.

Gastro-entérologie

− La dompéridone (Motilium° ouautre), un neuroleptique, expose àdes troubles du rythme ventriculaireet des morts subites, disproportionnéspar rapport aux symptômes traités,les reflux gastro-œsophagiens ou lesnausées et vomissements (n° 340p. 108 ; n° 341 p. 196). Selon lessituations, d’autres médicaments ontune balance bénéfices-risques plusfavorable, tels les antiacides ou l’omé-prazole (Mopral° ou autre) dans lereflux gastro-œsophagien ; − le prucalopride (Resolor°), un médi-cament apparenté aux neurolep-tiques autorisé dans la constipation,expose à des troubles cardiovascu-laires (n° 328 p. 90-94). Autant enrester à des laxatifs minutieusementchoisis quand une prise en chargediététique ne suffit pas.

Infectiologie

− La moxifloxacine (Izilox°), une fluo-roquinolone pas plus efficace qued’autres, expose à des syndromes deLyell, à des hépatites fulminantes,et à un surcroît de troubles car-diaques (n° 327 p. 12) ;− la télithromycine (Ketek°), unmacrolide sans avantage sur lesautres, expose à un surcroît de trou-

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bles cardiaques, hépatiques et visuels(n° 316 p. 115).

Neurologie

− La flunarizine (Sibelium°) et l’in-doramine (Vidora°), des neurolep-tiques en prévention des crises demigraine, ont des effets indésirablesexcessifs au regard de l’efficacité(n° 318 p. 264 ; n° 321 p. 499).Autant préférer d’autres options,telles que le propranolol (Avlocardyl°ou autre) ; − le natalizumab (Tysabri°), un immu-nodépresseur dont il n’est pas démon-tré qu’il soit plus efficace que les inter-férons bêta dans la sclérose en plaques,expose à des leucoencéphalopathiesparfois mortelles, à des réactions d’hy-persensibilité et à trop d’inconnues àlong terme (n° 333 p. 508) ;− la tolcapone (Tasmar°), un antipar-kinsonien, expose à des atteinteshépatiques parfois mortelles (n° 330p. 273-279). En dernière ligne l’en-tacapone (Comtan° ou autre) est uneoption.

Psychiatrie - Dépendances

Plusieurs médicaments contre ladépression sont à retirer car de nom-breux autres antidépresseurs ont unebalance bénéfices-risques plus favo-rable :− l’agomélatine (Valdoxan°), d’effica-cité douteuse, expose à des troubleshépatiques, pancréatiques, muscu-laires et cutanés (n° 351 p. 26) ;− la duloxétine (Cymbalta°) expose àdes atteintes hépatiques (n° 320p. 423) ;− le milnacipran (Ixel° ou autre)expose à un surcroît de troubles car-diaques et urinaires (n° 338 p. 906) ; − la tianeptine (Stablon°) expose àdes dépendances et à des atteinteshépatiques et cutanées (n° 339 p. 25 ;n° 345 p. 516 ; n° 349 p. 822) ;− la venlafaxine (Effexor° LP ou autre)expose plus que d’autres antidépres-seurs à des troubles cardiovasculaires(n° 343 p. 353).

D’autres psychotropes sont aussià retirer : − l’asénapine (Sycrest°) moins efficaceque d’autres neuroleptiques dans lesépisodes maniaques chez les patients

atteints de trouble bipolaire, exposeà des hypoesthésies buccales et à deshypersensibilités parfois graves(n° 342 p. 255) ;− l’étifoxine (Stresam°), d’efficacitémal évaluée dans l’anxiété, exposeà des atteintes hépatiques (n° 349p. 832). Autant préférer une benzo-diazépine pour une durée la pluscourte possible quand un anxioly-tique est souhaitable ;− le méprobamate utilisé commeanxiolytique dans Kaologeais° (enassociation, dans les troubles fonc-tionnels digestifs avec anxiété), etdans Precyclan° (en association, dansle syndrome prémenstruel), exposeà des effets indésirables cutanés ethématologiques sévères, et à des syn-dromes de sevrage (n° 336 p. 737).Autant préférer une benzodiazépinequand un anxiolytique est souhai-table.

Des médicaments commercialisésdans le sevrage tabagique sont à reti-rer, car ils ne sont pas plus efficacesque la nicotine et exposent à plusd’effets indésirables :− la bupropione (Zyban°), un amphé-taminique, expose à des troublesneuropsychiques, des malformationscardiaques congénitales, des dépen-dances (n° 339 p. 26-27 ; n° 342p. 271) ;

− la varénicline (Champix°) expose àdes suicides (n° 342 p. 271).

Pneumologie - ORL

− L’almitrine (Vectarion°), utiliséecomme “oxygénateur” sans efficacitéclinique démontrée dans la bron-chopneumopathie chronique obs-tructive, expose à des neuropathieset des pertes de poids graves (n° 345p. 505) ;− la pholcodine, un opioïde, expose àun risque de sensibilisation auxcurares (n° 349 p. 830). La toux estune affection bénigne qui ne justifiepas l’exposition à de tels risques ;− les décongestionnants vasocons-tricteurs par voies orale et nasale(l’éphédrine, la naphazoline, l’oxymé-tazoline, le pseudoéphédrine et le tua-minoheptane) exposent à des troublescardiovasculaires disproportionnéspour des médicaments destinés àsoulager des troubles bénins tels quele rhume (n° 342 p. 263-264 ; n° 345p. 505 ; n° 348 p. 738 + 743) ;− l’omalizumab (Xolair°), un anticorpsmonoclonal dans l’asthme persistantsévère, expose à des infections, deshypersensibilités et des troubles car-diaques (n° 324 p. 730-731) ; autanten rester à un corticoïde ;

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− la pirfénidone (Esbriet°), unimmunodépresseur sans efficacitédémontrée dans la fibrose pulmo-naire idiopathique, expose à deseffets indésirables graves, cardiaqueset cutanés entre autres (n° 350 p.888-891). Autant en rester à uneprise en charge symptomatique fautede mieux ;− le tixocortol (associé avec la chlo-rhexidine dans Thiovalone°), exposeà des réactions allergiques à typed’œdèmes cutanéomuqueux de laface, de glossites, voire d’œdèmesde Quincke (n° 320 p. 417). Autanten rester au paracétamol dans lesmaux de gorge.

Douleur - Rhumatologie

Antalgie. De nombreux antal-giques et anti-inflammatoires sont àretirer du marché. Des options avecune balance bénéfices-risques plusfavorable sont disponibles. Le para-cétamol est l’antalgique de premierchoix : il est efficace et présente peude dangers quand sa posologie estrespectée. Certains anti-inflamma-toires non stéroïdiens (AINS), telsl’ibuprofène (Brufen° ou autre) et lenaproxène (Naprosyne° ou autre), àla plus petite dose efficace et pourune durée la plus courte possible,sont une alternative.− les coxibs : le célécoxib (Celebrex°),l’étoricoxib (Arcoxia°) et le parécoxib(Dynastat°) exposent à plus derisques cardiovasculaires et cutanésque d’autres AINS (n° 344 p. 419) ; − la floctafénine (Idarac°), un AINSproposé comme antalgique, exposeà des hypersensibilités dont des bron-chospasmes et des œdèmes deQuincke (n° 321 p. 498) ;− le kétoprofène en gel (Ketum° gelou autre) expose à un surcroît detroubles cutanés par rapport à d’au-tres AINS topiques (n° 319 p. 338-339 ; n° 321 p. 501 et III de couv. ;n° 324 p. 735) ; − le néfopam (Acupan° ou autre), unantalgique, expose à des effets atro-piniques, des convulsions, des trou-bles hépatiques et des dépendances(n° 324 p. 738-739) ;− le nimésulide (Nexen° ou autre),un AINS, expose à des atteintes hépa-tiques graves, voire mortelles (n° 327p. 22-23 ; n° 335 p. 659) ;

− le piroxicam (Feldène° ou autre),un AINS, expose à un surcroît detroubles digestifs et cutanés (dont dessyndromes de Lyell) (n° 321 p. 498).

Ostéoporose. Plusieurs médica-ments commercialisés dans l’ostéo-porose sont à retirer car leur efficacitéest au mieux modeste et leurs effetsindésirables sont parfois graves. Danscette situation, autant en rester avecprécaution à l’acide alendronique(Fosamax° ou autre), quand lesmoyens non médicamenteux et l’ap-port de calcium + vitamine D3 sontjugés insuffisants :− le dénosumab (Prolia°) en préven-tion des fractures dans l’ostéoporoseet dans la “perte osseuse” au coursdu cancer de la prostate, expose àdes douleurs dorsales et musculos-quelettiques, et à des infections liéesaux effets immunodépresseurs decet anticorps monoclonal (n° 329p. 168-172). Dans la “perte osseuse”,on ne connaît pas de médicamentsatisfaisant ; − le strontium ranélate (Protelos°)expose à des troubles neuropsy-chiques et à des hypersensibilitésdont des syndromes de Lyell et dessyndromes d’hypersensibilité mul-tiorganique (alias Dress), et à desthromboembolies veineuses (n° 338p. 902 + 910) ; − le tériparatide (Forsteo°), un pep-tide, expose à des troubles digestifs,des syncopes secondaires à des hypo-tensions, et peut-être à un risque detumeurs osseuses (n° 315 p. 18).

Arthrose. Des médicaments uti-lisés dans l’arthrose sont à retirer dumarché car ils n’ont pas d’efficacitédémontrée. Autant en rester au para-cétamol en traitement de premierchoix de la douleur :− la diacéréine (Art 50° ou autre),expose à des troubles digestifs, desatteintes cutanées graves et des hépa-tites ; − la glucosamine (Voltaflex° ou autre)expose à des réactions allergiques età des troubles hépatiques (n° 323p. 663) ;

Divers. D’autres médicaments uti-lisés principalement en rhumatologiesont à retirer du marché :− des myorelaxants sans efficacitédémontrée : le méthocarbamol (Lumi-

relax°) expose à de nombreux effetsindésirables, dont des troubles diges-tifs et des atteintes cutanées  ; et lethiocolchicoside (Coltramyl° ou autre),un dérivé de la colchicine, expose àdes diarrhées, des gastralgies, et sem-ble-t-il des convulsions (n° 321 p. 498 ;n° 313  p. 833). Autant en rester àd’autres traitements symptomatiques ;− la quinine (Hexaquine°, Okimus°,Quinine vitamine C Grand°) dansles crampes, expose à des hypersen-sibilités, des troubles hématologiques,des troubles cardiaques dispropor-tionnés au regard d’une efficacitémarginale (n° 344 p. 421). On neconnait pas de médicament avec unebalance bénéfices-risques favorabledans les crampes ;− la spécialité Colchimax° (colchicine +poudre d’opium + tiémonium) en raisonde la présence de la poudre d’opiumet du tiémonium qui masquent lesdiarrhées, un des premiers signes desurdose parfois mortelle de la colchi-cine (n° 350 p. 901). Autant en resterà la colchicine seule (Colchicine Opo-calcium°) ;− l’association dexaméthasone + sali-cylamide + salicylate d’hydroxyéthyle(Percutalgine°) (n° 345 p. 505), etl’association prednisolone + salicylatede dipropylène glycol (Cortisal°) (n° 338p. 898) qui exposent aux effets indé-sirables des corticoïdes et aux réac-tions d’hypersensibilité des salicylés ;autant en rester au paracétamol oralou à l’ibuprofène topique (Advil° gelou autre) pour soulager la douleuren cas d’entorse ou de tendinite, encomplément de mesures non médi-camenteuses (repos, glace, attelles,etc.).

Les soignants et patients ont intérêtà se préparer aux retraits du marchéjustifiés par les données de l’évalua-tion. Définir les objectifs des traite-ments, puis réviser les traitements àl’aune de ces objectifs aident à éviterde nombreux médicaments inutile-ment dangereux (1).

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1- Prescrire Rédaction “Objectifs des traitements àpartager avec les patients” Rev Prescrire 2012 ; 32(345) : 544-546.

Ouvertures Pour soigner au mieux, des médicaments à écarter

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