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HAL Id: hal-01851451https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01851451
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Fatigue thermique des aciers Ă outils pour travail Ă chaud
Sylvain Jean, Jean-Paul Arcens, Serge Tovar, Farhad Rezai-Aria
To cite this version:Sylvain Jean, Jean-Paul Arcens, Serge Tovar, Farhad Rezai-Aria. Fatigue thermique des aciers Ă outils pour travail Ă chaud. MatĂ©riaux & Techniques, EDP Sciences, 1999, p. 23-29. ïżœ10.1051/mat-tech/199987010023ïżœ. ïżœhal-01851451ïżœ
FATIGUE THERMIQUE DES ACIERS Ă OUTILS POUR TRAVAIL Ă CHAUDS. Jean, J.-P. Arcens, S. Tovar et F. RĂ©zaĂŻ-AriaEcole des Mines Albi-Carmaux, Campus Jarlard, Albi
THERMAL FATIGUE OF HOT WORK TOOL STEELSA b s t r a c t : Thermal fatigue of X 38 CrMoV 5 (formerly Z38CDV5), a 5% Cr steel, is investiga ted, in as quenched and tempered (47 HRC) as well as annealed conditions. A thermal fatigue rigusinghighfrequency inductionheatingisdeveloped. Tubularspecimensareused. Bymodi fying the specimen geometry, various thermal gradients and therefore different thermo-mecha nical loading i.e. mechanical strain versus temperature loops are generated.Finite element calculations of the thermo-mechanical strains and stresses reveal that the stress state in the centre of the external surface of the thermal fatigue specimen is quasi bi-axial and does not change for the different geometries used. Outside of this region, the stress ratio (i.e. hoop stress (ÏΞΞ) over axial stress (Ïzz)) arises progressively to about 2 to 2.5 (uni-axial condition).Depending upon the maximum temperature of the thermal cycle and the amplitude of the mecha nical strain generated by the thermal gradient, bi-axial oxide-scale spalling or heat checking were observed. Heat checking (bi-axial cracking) was predominantly observed in the centre of the specimens while towards to the ends of the specimens, the uni-axial cracking proceeds. Microhardness measurements at room temperature reveal a thermal fatigue softening in as quenchedand temperedsteel (47HRC). A higher maximumtemperature of the thermal cycle and a higher mechanical strain increases thermal fatigue softening. The role of the number of the thermal cycles was overshadowed by the more important effect of the amplitude of the mechanical strain and the temperature. A quasi linear softening is observed over few milli metresbeneath theexternal surface. Thehardnessachieve thenthe initial hardnessofthesteel. The softening rate i.e. hardness over the thermo-mechanically affected zone width is controlled by the thermal gradient and thus the thermo-mechanical loading. No softening was observed in annealedsteel.
Introduction
D e nombreuses piĂšces industrielles fonctionnant Ă tempĂ©rature Ă©levĂ©e subis sent des sollicitations thermiques et mĂ©caniques lors de leur fonctionnement [1-9]. Par exemple, Ă chaque opĂ©ration de fabrication dâune nouvelle piĂšce
par forgeage, matriçage ou estampage Ă chaud, des variations plus ou moins rapides de tempĂ©rature se produisent Ă la surface de travail de lâoutil en raison de lâĂ©change de chaleur entre le lopin chaud et la surface de contact de lâoutillage [10]. Par conduc tion de la chaleur Ă lâintĂ©rieur de lâoutillage, des vagues de gradients thermiques tran sitoires se dĂ©veloppent dans lâoutil. Lors de lâĂ©jection de la piĂšce fabriquĂ©e, la surface de lâoutillage peut se refroidir plus rapidement que les Ă©lĂ©ments internes. Ainsi, la direction de diffusion de la chaleur sâinverse car les Ă©lĂ©ments internes se trouvent Ă des tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es que ceux de la surface de travail. Le refroidissement de lâoutillage peut ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ© par la pulvĂ©risation dâun lubrifiant liquide sur lâoutillage et aussi par des circuits de refroidissement internes.A chaque instant dâun cycle thermique, la dilatation ou la contraction de chaque Ă©lĂ© ment dâun outil peut ĂȘtre restreinte par dâautres Ă©lĂ©ments qui se trouvent Ă des tempĂ© ratures diffĂ©rentes. En gĂ©nĂ©ral, chaque Ă©lĂ©ment est soumis Ă un chargement multiaxial
ConfĂ©rence prĂ©sentĂ©e au colloque sur les âAciers pourmouleset outilsâorganisĂ© les 27et 28mai 1998Ă lâEcole des Mines dâAlbi parle Cercle dâEtudedesMĂ©taux.
mais, afin de simplifier le problĂšme, nous examinons le cas dâune sollicitation uniaxiale. De la diffĂ©rence entre la dilatation libre, dĂ©finie comme Δth = α x T (α Ă©tant le coefficient de dila tation thermique, et AT Ă©tant la diffĂ©rence entre une tempĂ©ratu re donnĂ©e T et une tempĂ©rature de rĂ©fĂ©rence, par exemple 20°C), et la dilatation restreinte (Δrest) dâun Ă©lĂ©ment donnĂ©, il en rĂ©sulte une dĂ©formation appelĂ©e âmĂ©caniqueâ (Δm = Δrest - Δth) [9]. Quand la dilatation libre dâun Ă©lĂ©ment est restreinte par dâautres Ă©lĂ©ments, la dĂ©formation mĂ©canique (Δm) devient une dĂ©formation en compression pendant que la tempĂ©rature de lâĂ©lĂ©ment sâaccroĂźt. DĂ©pendant de la sĂ©vĂ©ritĂ© du gradient thermique, cet Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre mis en traction pendant son refroidissement. Le trajet tempĂ©rature-dĂ©formation mĂ©canique que subit un Ă©lĂ©ment est appelĂ© âcycleâ ou âhistoireâ thermomĂ©canique.Cependant, pour mettre les piĂšces en forme, des outillages subissent, de plus, des efforts purement mĂ©caniques. Ces forces sâadditionnent aux efforts cycliques dâorigine purement ther mique et câest lâensemble de ces deux efforts qui provoque des sollicitations thermo-mĂ©caniques complexes de lâoutillage. Chaque Ă©lĂ©ment dâun outil est donc sollicitĂ© en fatigue aniso- therme de type gĂ©nĂ©ralement compression/traction avec un cycle thermo-mĂ©canique diffĂ©rent des autres Ă©lĂ©ments.La sollicitation thermique et mĂ©canique cyclique peut altĂ©rer les caractĂ©ristiques mĂ©caniques en sous-surface de contact et aussi en volume des outillages (vieillissement, prĂ©cipitations, transformation de phases, fragilisation, abaissement de la tĂ©na citĂ©, etc.). La perte de la rĂ©sistance mĂ©canique des outillages est assez souvent identifiĂ©e par la mesure de duretĂ© Ă froid et elle est expliquĂ©e par la thermique des outillages (surchauffe), alors que la sollicitation mĂ©canique cyclique peut aussi large ment contribuer Ă la perte de rĂ©sistance mĂ©canique [11-12].Par la rĂ©pĂ©tition du cycle compression/tension, le matĂ©riau sâendommage progressivement par le processus de la fatigue anisotherme. Des fissures sâamorcent et se propagent dans lâoutillage Ă partir de la surface de contact (site privilĂ©giĂ© pour lâamorçage de fissure). La durĂ©e de vie Ă lâamorçage et la vites se de propagation de fissure sont contrĂŽlĂ©es par la sĂ©vĂ©ritĂ© des cycles de fatigue thermo-mĂ©canique que subit lâoutillage. Lâamplitude de la dĂ©formation mĂ©canique Ă la surface de tra vail est contrĂŽlĂ©e par la sĂ©vĂ©ritĂ© du gradient thermique dans lâoutillage, les efforts de mise en forme de piĂšce et par le com portement de lâacier ou du systĂšme de matĂ©riaux utilisĂ©s (acier et couche nitrurĂ©e ou rechargĂ©e, par exemple).Toutefois, le pĂ©rissement des outillages nâa pas uniquement une origine purement thermo-mĂ©canique, mais bien souvent il est le rĂ©sultat dâune sollicitation âthermo-physico-chimiqueâ Ă cause de lâinteraction complexe de la sollicitation thermomĂ©canique et dâun environnement oxydant ou corrosif.
Approches techniques et scientifiquesLâendommagement des aciers Ă outils sous sollicitations ther mo-mĂ©caniques peut ĂȘtre Ă©tudiĂ© par deux approches scienti fiques et techniques complĂ©mentaires :
Fatigue thermiqueEn gĂ©nĂ©ral, une Ă©prouvette est chauffĂ©e et refroidie sans contrainte externe. Comme dans un outil en service, des chocs thermiques plus au moins sĂ©vĂšres peuvent ĂȘtre obtenus. Deux types de paramĂštres contrĂŽlent le comportement et lâendomma
gement et donc la durĂ©e de vie des matĂ©riaux en fatigue ther mique : les paramĂštres extrinsĂšques, Ă savoir les caractĂ©ris tiques de cyclage thermique, et les paramĂštres intrinsĂšques, Ă savoir les propriĂ©tĂ©s thermo-physico-chimiques et mĂ©caniques des matĂ©riaux.Les paramĂštres extrinsĂšques (conditions de sollicitation) peu vent ĂȘtre modifiĂ©s soit en changeant les caractĂ©ristiques du cycle thermique (tempĂ©rature maximum et minimum, frĂ©quen ce de chauffage et de refroidissement, etc.) pour une gĂ©omĂ©trie dâĂ©prouvette donnĂ©e, soit en modifiant la gĂ©omĂ©trie dâĂ©prou vette et en maintenant les mĂȘmes caractĂ©ristiques du cycle ther mique [1-3]. Les paramĂštres intrinsĂšques sont liĂ©s au choix des matĂ©riaux et dĂ©pendent fortement donc des propriĂ©tĂ©s physicochimiques et mĂ©caniques du matĂ©riau examinĂ© (le coefficient de dilatation thermique, la conductivitĂ© thermique, la taille de grain, lâorientation cristallographique, le module dâĂ©lasticitĂ©, la limite dâĂ©lasticitĂ©, etc.).Cependant, les sollicitations thermiques et mĂ©caniques ne sont pas directement accessibles et doivent ĂȘtre calculĂ©es par des analyses thermo-mĂ©caniques appropriĂ©es [2, 13-14]. Des lois de comportement sont donc nĂ©cessaires. La performance de ces lois doit ĂȘtre examinĂ©e dans les conditions de sollicitation isotherme (fluage, fatigue, relaxation de contrainte, etc.) et de sollicitation anisotherme (fatigue thermo-mĂ©canique).
Fatigue thermo-mĂ©caniqueUne Ă©prouvette de fatigue subit un cycle de tempĂ©rature-dĂ©for mation mĂ©canique rĂ©pĂ©tĂ© de sorte que le gradient thermique dans sa partie utile soit quasi nul ou acceptable [15-17]. Ainsi, lâhistoire âtempĂ©rature-dĂ©formation mĂ©canique-contrainteâ dâun Ă©lĂ©ment dâun outillage (Ă la surface de travail par exem ple) ou dâune Ă©prouvette de fatigue thermique peut ĂȘtre approchĂ©e par des mesures directes de ces grandeurs. Le cycle hypothĂ©tique de tempĂ©rature-dĂ©formation mĂ©canique de la surface de travail dâun outillage est schĂ©matiquement prĂ©sentĂ© sur la figure 1. Dans ce cycle, dit âcycle hors-phaseâ, lâĂ©prou vette subit une dĂ©formation en compression lors de lâĂ©lĂ©vation de la tempĂ©rature. GĂ©nĂ©ralement, la dĂ©formation mĂ©canique minimale coĂŻncide avec la tempĂ©rature maximale du cycle thermique (Tmax).
Fig. 1 - Sollicitation thermo-mĂ©canique typique dâun Ă©lĂ©ment de la surface de travail dâun outillage travaillant Ă chaud.Fig. 1 - Typical thermo-mechanical cycle of a hot work tool for an element of the contact surface.
ObjectifCet article dĂ©crit le principe dâun banc dâessai de fatigue ther mique (premiĂšre approche) dĂ©veloppĂ© Ă lâEcole des Mines dâAlbi-Carmaux dans le cadre de lâACR-II (Action ConcertĂ©e de Recherche en Forge) pour Ă©tudier et modĂ©liser le comporte ment et lâendommagement anisothermes des aciers martensi- tiques. Le principe du banc est expliquĂ©. Lâeffet de la tempĂ©ra ture maximum, de lâamplitude de dĂ©formation mĂ©canique et du gradient thermique sur la perte de rĂ©sistance et les mĂ©canismes dâendommagement sont discutĂ©s. Le principe de deuxiĂšme approche est reportĂ© ailleurs [17].
Banc dâessai de fatigue thermique
Lâessai de fatigue thermique est conduit sur des Ă©prouvettes avec deux types de gĂ©omĂ©tries, cylindriques et creuses (para mĂštres extrinsĂšques), reprĂ©sentĂ©es figure 2. Ces Ă©prouvettes permettent de simuler et dâĂ©tudier lâeffet dâun refroidissement interne (dans un outil rĂ©el par exemple) et donc la sĂ©vĂ©ritĂ© du gradient thermique sur lâendommagement des matĂ©riaux. Les Ă©prouvettes sont chauffĂ©es par induction avec un gĂ©nĂ©rateur Ă haute frĂ©quence (100 Ă 300 kHz) de 25 kW (Ce l e s ). LâintĂ©rieur des Ă©prouvettes est en permanence refroidi par eau. La surface externe des Ă©prouvettes peut ĂȘtre refroidie par le soufflage dâair comprimĂ©. Les Ă©prouvettes sont tenues par deux porte-Ă©chan tillons qui se vissent sur leurs extrĂ©mitĂ©s. Les deux porte- Ă©chantillons reposent sur des vis mĂ©talliques permettant de positionner et de centrer dâune maniĂšre prĂ©cise les Ă©prouvettes par rapport Ă Taxe de la bobine dâinduction.Dans lâoptique de la mesure de dĂ©formation longitudinale [9], une spire spĂ©ciale a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e [18]. Le centrage de lâĂ©prouvette par rapport Ă la spire est essentiel pour rĂ©duire au minimum les gradients longitudinaux et circonfĂ©renciels sur la surface externe. Ainsi, seul lâeffet du gradient thermique radial dans lâĂ©prouvette est examinĂ©. Ătant donnĂ© que les Ă©prouvettes ne sont pas encastrĂ©es pendant le chauffage et le refroidisse ment, elles peuvent se dilater et se contracter librement.
Fig. 2 - Ăprouvettes de fatigue thermique cylindriques et creuses et empla cement des thermocouples soudĂ©s.Fig. 2 - Thermal fatigue specimens and location of spot-welded thermocouples.
Ăprouvette TempĂ©rature maximum > 500°C
Nombrede
cyclesEtat Type DiamĂštreexterne
Ăpais seur
Dureté(HRC)
trempéet
revenu
cylin-drique
A D1E P 1 47
T 33000B D1
TTmax2
(=Tmax1+50°C)
14000C D2 6700
recuit creuse DD1
e p 2 22 9500
E e p 3 2500
D1 = 0,75 x D2 E P 1 = 2 x EP3 = 1,4 x EP2
Tableau I - Conditions des essais de fatigue thermique.Table I - Thermal fatigue test conditions.
Dans un premier temps la distribution longitudinale et circonfĂ©- rencielle de tempĂ©rature a Ă©tĂ© mesurĂ©e en statique et en dyna mique Ă lâaide de plusieurs thermocouples chromel-alumel (type K) de 0,1 mm de diamĂštre soudĂ©s sur la surface extĂ©rieu re des Ă©prouvettes tĂ©moins (fig. 2). Dans lâĂ©tat actuel, des gra dients dynamiques longitudinaux et circonfĂ©renciels de moins de 15°C sont obtenus dans la zone centrale des Ă©prouvettes. La pĂ©riode totale dâun cycle thermique (chauffage et refroidisse ment Ă lâair comprimĂ©) dont la tempĂ©rature maximale dĂ©passe 500°C, est de lâordre de quelques dizaines de secondes pour des variations de tempĂ©rature de quelques centaines de degrĂ©s. Les surfaces externes des Ă©prouvettes sont polies successive ment, dâabord par des papiers abrasifs et ensuite, dans la der niĂšre Ă©tape, Ă la pĂąte diamantĂ©e jusquâĂ 1 m. Lâessai est rĂ©gu liĂšrement interrompu afin dâobserver la surface aux micro scopes optique et Ă©lectronique Ă balayage. A la fin du test, des coupes circonfĂ©rencielles et longitudinales ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es pour les observations. La microduretĂ© Vickers est mesurĂ©e sous une charge de 200 g Ă froid. Les conditions des essais sont don nĂ©es dans le tableau I.
RĂ©sultats et discussionsLa connaissance des sollicitations thermo-mĂ©caniques est nĂ©cessaire afin dâanalyser lâendommagement des outillages ou des Ă©prouvettes de fatigue thermique. Si une analyse thermoĂ©lastique peut sâavĂ©rer suffisante dans un premier temps, des calculs plus Ă©laborĂ©s sont nĂ©anmoins nĂ©cessaires car lâamplitu de de la dĂ©formation plastique cyclique dĂ©termine Ă la fois lâadoucissement cyclique et aussi la durĂ©e de vie des aciers martensitiques revenus [11-12].
Analyse thermo-mĂ©caniqueDes calculs thermo-Ă©lasto-plastiques ont donc Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en utilisant les donnĂ©es physiques et mĂ©caniques (module dâĂ©lasti citĂ©, limite dâĂ©lasticitĂ©, etc.) gĂ©nĂ©rĂ©es Ă lâEMAC Ă diffĂ©rentes tempĂ©ratures pour une nuance X 38 CrMoV 5 (anciennement Z38CDV5) [11, 19]. Un calcul thermo-Ă©lasto-plastique permet de dĂ©terminer les contraintes et les dĂ©formations dâun cycle stabilisĂ©. Les calculs reportĂ©s ici ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour mieux comprendre lâeffet de la variation de lâĂ©paisseur sur la gĂ©nĂ©ra tion des dĂ©formations et des contraintes thermiques et dâexpli quer lâendommagement et lâadoucissement sous sollicitation cyclique anisotherme. Dans lâĂ©tat actuel, seules les analyses du premier chargement thermo-mĂ©canique sont rĂ©alisĂ©es et lâadou cissement cyclique nâest pas pris en compte.
Fig. 3 - Distribution de la température calculée au sein des éprouvettes de fatigue thermique lorsque la température est maximale à la surface externe.
Fig. 3 - Calculated temperature distribution in thermal fatigue specimens when the temperature in thermal cycle is maximum at the external surface.
Le logiciel A b a q u s a Ă©tĂ© utilisĂ©. ConsidĂ©rant leur symĂ©trie, un quart des Ă©prouvettes a Ă©tĂ© maillĂ©. Des Ă©lĂ©ments axisymĂ©- triques Ă huit noeuds, CAX8T ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour les calculs thermiques et mĂ©caniques. Ces Ă©lĂ©ments sont respectivement bilinĂ©aires et bi-quadratiques pour le calcul thermique et mĂ©ca nique. Pour le calcul thermique, les tempĂ©ratures mesurĂ©es Ă la surface externe ont Ă©tĂ© imposĂ©es aux noeuds des Ă©lĂ©ments de la surface externe. Pour les Ă©lĂ©ments de la surface interne (cĂŽtĂ© eau), le coefficient dâĂ©change et la tempĂ©rature de lâeau ont Ă©tĂ© fixĂ©s Ă 6000 W/m2.K et Ă 13°C respectivement.En modifiant lâĂ©paisseur et en imposant le mĂȘme cycle de tem pĂ©rature-temps Ă la surface externe, des gradients thermiques diffĂ©rents se crĂ©ent Ă lâintĂ©rieur de lâĂ©prouvette de fatigue ther mique. A titre dâexemple, les tempĂ©ratures calculĂ©es sont reportĂ©es sur la figure 3 en fonction de la distance depuis la surface interne des Ă©prouvettes lorsque la tempĂ©rature est maxi male Ă la surface externe. Ces gradients thermiques gĂ©nĂ©rent des gradients des dĂ©formations mĂ©caniques et des contraintes multiaxiales. Dans la partie centrale de la surface externe des Ă©prouvettes, les gradients longitudinaux sont nĂ©gligeables. Le rapport des contraintes tangentielles (ÏΞΞ) et longitudinalles (ÏZZ) qui est proche de 1 (biaxialitĂ©) devient supĂ©rieur Ă 1 en dehors de cette zone pour atteindre dans certains cas un rapport de 2 Ă 2,5 (prĂšs de deux extrĂ©mitĂ©s des Ă©prouvettes) [18].Les calculs thermo-mĂ©caniques montrent que, dans les condi tions actuelles, la variation de lâĂ©paisseur de lâĂ©prouvette nâaffecte pas d'une maniĂšre dramatique la quasi biaxialitĂ© de lâĂ©tat de contrainte dans la partie centrale de la surface externe. Lâanalyse des composantes de dĂ©formations, en revanche, montre que les boucles dâhystĂ©rĂ©sis de tempĂ©rature-dĂ©forma tions mĂ©caniques longitudinales et tangentielles sont du type hors-phase (compression durant le chauffage) et du type en- phase (tension au chauffage) en direction radiale.A titre dâexemple les boucles dâhystĂ©rĂ©sis de contrainte-dĂ©for mation mĂ©canique totale (longitudinale et tangentielle) sont reprĂ©sentĂ©es sur la figure 4 pour les Ă©prouvettes A, B et C. Les boucles dâhystĂ©rĂ©sis [18] montrent que lâĂ©lĂ©vation de la tempĂ© rature maximum du cycle thermique ou la modification de la gĂ©omĂ©trie de lâĂ©prouvette, changent lâamplitude de la dĂ©forma tion mĂ©canique et de la contrainte.
Fig. 4 - Boucles dâhystĂ©rĂ©sis contrainte-dĂ©formation mĂ©canique calculĂ©es pour un Ă©lĂ©ment critique Ă la surface externe des Ă©prouvettes de fatigue thermique A, B et C.Fig. 4 - Calculated thermal stress-mechanical strain hysteresis loops for a critical element at the external surface of specimens A, B and C.
AdoucissementLa perte des caractĂ©ristiques mĂ©caniques et la stabilitĂ© microstructurale des aciers pour outillage Ă chaud est gĂ©nĂ©ralement dĂ©terminĂ©e indirectement par la mesure de duretĂ© Ă froid. Dans la plupart des cas, la diminution de duretĂ© est interprĂ©tĂ©e comme un indice dâune tempĂ©rature de travail Ă©levĂ©e (problĂš me de âsurchauffeâ). En rĂ©alitĂ©, lâadoucissement dâun acier sol licitĂ© cycliquement Ă chaud, comme par exemple un outillage rĂ©el ou des Ă©prouvettes de fatigue anisotherme (fatigue ther mique et fatigue thermo-mĂ©canique), nâest pas seulement dĂ» Ă lâeffet combinĂ© de la tempĂ©rature et du temps mais aussi Ă lâaction simultanĂ©e de lâamplitude de dĂ©formation mĂ©canique cyclique, de la tempĂ©rature et du nombre de cycles. NĂ©gliger ce dernier point peut en effet conduire Ă des interprĂ©tations erro nĂ©es quant aux causes du pĂ©rissement des outillages et aussi Ă une conception et dimensionnement non optimal de lâoutillage (tempĂ©rature maximum Ă la surface de travail, systĂšmes de refroidissement externe et interne, rechargement de lâoutillage, etc.). Les activitĂ©s sur la fatigue isotherme Ă dĂ©formation impo sĂ©e (frĂ©quence 1 Hz) des aciers martensitiques Ă 5% de Cr Ă lâEMAC [11-12] montrent quâen effet, ces aciers prĂ©sentent un adoucissement cyclique. Le degrĂ© de lâadoucissement (pour une duretĂ© donnĂ©e) dĂ©pend Ă la fois de la tempĂ©rature de lâessai et de lâamplitude de la dĂ©formation mĂ©canique cyclique.La figure 5 montre une comparaison entre la duretĂ© mesurĂ©e Ă froid (200g) sur des pastilles dâacier Z38CDV5 traitĂ© Ă 47 HRC qui ont sĂ©journĂ© pendant des temps diffĂ©rents dans un four Ă 550°C sous contrainte nulle [18] et la duretĂ© mesurĂ©e post-mortem Ă froid (200 g) sur des Ă©prouvettes de fatigue iso therme testĂ©es Ă la mĂȘme tempĂ©rature [20]. Dans les conditions expĂ©rimentales reportĂ©es ici, un sĂ©jour Ă 550°C sous contrainte nulle nâaltĂšre quasiment pas la duretĂ© initiale de lâacier, alors quâun sĂ©jour sous une sollicitation cyclique, mĂȘme Ă faible amplitude de dĂ©formation, peut effectivement abaisser sa dure tĂ© Ă froid. Il est bien Ă©vident quâil nâen va pas de mĂȘme pour des tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es [18] oĂč un sĂ©jour statique sous contrainte nulle peut aussi faire abaisser la duretĂ© de lâacier.Les courbes de duretĂ© relative (duretĂ© mesurĂ©e Ă un point donnĂ© sur duretĂ© de lâacier Ă lâĂ©tat initial) en fonction de la pro fondeur relative depuis la surface externe (profondeur de point
Fig. 5 - Comparaison des duretĂ©s mesurĂ©es Ă froid de lâacier X38CrMoV 5 trempĂ©-revenu (47 HRC) aprĂšs un sĂ©jour statique sous contrainte nulle [18] et aprĂšs des sollicitations en fatigue isotherme [20].Fig. 5 - Comparison between the hardness of X38 CrMoV5 steel in as quenched and tempered condition (47 HRC) after static exposures without external loading[18] and after LCF cycling [20].
de mesure sur Ă©paisseur de lâĂ©prouvette) sont reportĂ©es sur la figure 6. La duretĂ© augmente dâune maniĂšre quasi linĂ©aire pour atteindre Ă cĆur des Ă©prouvettes la duretĂ© de lâacier Ă lâĂ©tat ini tial. Quelle que soit la condition de sollicitation thermo-mĂ©ca nique reportĂ©e ici, lâacier trempĂ©-revenu Ă 47 HRC sâadoucit et perd ses caractĂ©ristiques mĂ©caniques (abaissement de duretĂ©). En revanche, la duretĂ© de lâacier Ă lâĂ©tat recuit reste inchangĂ©e.La diminution linĂ©aire de la duretĂ© depuis la surface externe est, en fait, le rĂ©sultat de lâeffet combinĂ© de âtempĂ©rature- dĂ©formation-nombre de cycleâ que subit chaque Ă©lĂ©ment. Or, lâanalyse numĂ©rique a montrĂ© [18] que, durant un cycle, des gradients thermiques et des gradients radiaux de dĂ©formation mĂ©canique se crĂ©ent. Par consĂ©quent, pour une gĂ©omĂ©trie dâĂ©prouvette et un cycle de tempĂ©rature-temps imposĂ© Ă la sur face externe, si chaque Ă©lĂ©ment subit le mĂȘme nombre de cycles, en revanche, son histoire tempĂ©rature-dĂ©formation mĂ©canique est diffĂ©rente des autres Ă©lĂ©ments. Lâabaissement de la duretĂ© de chaque Ă©lĂ©ment est donc contrĂŽlĂ© particuliĂšrement par son histoire tempĂ©rature-dĂ©formation mĂ©canique.Les pertes de duretĂ© des Ă©prouvettes B (environ 40 %, Ă la sur face externe, tableau II) et C (environ 50 %, Ă la surface exter ne, tableau II), dont les diamĂštres externes sont diffĂ©rents mais qui ont subit le mĂȘme cycle de tempĂ©rature-temps Ă la surface externe, dĂ©montrent le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant de lâamplitude de la dĂ©formation mĂ©canique par rapport au nombre de cycle ther mique sur lâadoucissement de lâacier. En effet, pour un nombre de cycles thermiques moins Ă©levĂ© (6700 cycles), lâĂ©prouvette C perd davantage sa duretĂ© car elle est sollicitĂ©e avec une ampli tude de dĂ©formation mĂ©canique plus grande.En revanche, pour les Ă©prouvettes A (environ 25 % de perte de duretĂ© Ă la surface externe, tableau II) et B dont la gĂ©omĂ©trie est la mĂȘme, mais qui ont Ă©tĂ© sollicitĂ©es Ă deux Tmax diffĂ©rentes en surface externe, il faut prendre en considĂ©ration la tempĂ©ra ture maximale subie par chaque Ă©lĂ©ment. A titre dâexemple, la figure 4 montre que les amplitudes des dĂ©formations mĂ©ca niques des Ă©prouvettes A et B Ă la surface externe sont compa rables, mais leurs dĂ©formations minimales coĂŻncident avec des tempĂ©ratures maximales diffĂ©rentes.
Fig. 6 - Variation de la duretĂ© relative (duretĂ©/duretĂ© initiale de lâacier) des Ă©prouvettes de fatigue thermique A, B et C en fonction de la profon deur relative depuis la surface externe.Fig. 6 - Variation of the relative hardness (hardness/initial hardness of the steel) as a function of the relative distance from the external surface of the thermal fatigue specimens A, B and C.
Tableau II - Conditions de sollicitation, mĂ©canismes dâendommagement et la duretĂ© relative Ă la surface externe.Table II - Test conditions, damage mechanisms and relative hardness at the external surface.
Ăprouvette TempĂ©rature Nombrede
cycles
Surface etsous-surface externe
maximum Endomma gement
Duretérelative
trempécylin-drique
A Tmax1 33000 Oxydation 0,77
et B 14000 0,57
revenu C TT max 2 6700 Faïençage 0,49
recuit creuse D (= T max+ 50°C) 9500 et 1,00
E 2500 oxydation
La figure 5 dĂ©montre donc lâeffet marquĂ© de lâamplitude de la dĂ©formation mĂ©canique et de la tempĂ©rature sur lâadoucisse ment cyclique en fatigue anisotherme de lâacier trempĂ©-revenu (47 HRC), comme en fatigue isotherme. Des investigations (mesure de duretĂ© Ă froid et la mesure de contrainte rĂ©siduelle par rayons X) sont en cours pour relier lâabaissement de la dure tĂ© en fatigue thermique et les amplitudes des dĂ©formations mĂ©ca niques calculĂ©es Ă lâintĂ©rieur des Ă©prouvettes examinĂ©es [18].
Endommagement de la surface externeSelon les conditions extrinsĂšques et intrinsĂšques de sollicita tion (Tmax, type dâĂ©prouvette, et Ă©tat de traitement thermique de lâacier), deux types dâendommagement ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans la partie centrale des Ă©prouvettes. Dans le cas des Ă©prouvettes A et B, lâoxydation a Ă©tĂ© le mĂ©canisme unique de lâendomma gement. LâĂ©lĂ©vation de la tempĂ©rature, de lâordre de 50°C, nâa pas crĂ©Ă© le faĂŻençage de lâacier Ă la surface externe de lâĂ©prou vette B. Les couches dâoxydes formĂ©es durant la sollicitation thermique sâĂ©caillent et les surfaces nouvellement crĂ©Ă©es sâoxydent de nouveau. En revanche, lorsque lâamplitude de sol licitation mĂ©canique est Ă©levĂ©e (Ă©prouvette C), le faĂŻençage de lâacier est observĂ© dans la zone centrale. Dans cette Ă©prouvette, lâoxydation et lâĂ©caillage de la couche dâoxyde sont aussi observĂ©s.
a) partie centrale
b) extrémité
Fig. 7 - Fissurations typiques observées sur la surface externe des éprou vettes de fatigue thermique: (a) biaxiale (faïençage) et (b) uniaxiale.Fig. 7 - Typical crack initation observed on the external surface of the thermal fatigue specimens: (a) bi-axial (heat checking) and (b) uni-axial.
Dans le cas des Ă©prouvettes D et E (acier Ă lâĂ©tat recuit, dont les caractĂ©ristiques mĂ©caniques sont moins Ă©levĂ©es) testĂ©es dans des mĂȘmes conditions que lâĂ©prouvette C, le faĂŻençage est de nouveau observĂ©. Pour ces Ă©prouvettes, lâoxydation endomma ge aussi la surface externe. En augmentant lâĂ©paisseur de lâĂ©prouvette D par rapport Ă E (diminution du gradient ther-
mique), une densitĂ© de fissure (cumul de longueur par milli mĂštre carrĂ©) moins Ă©levĂ©e a Ă©tĂ© observĂ©e aprĂšs environ 2500 cycles thermiques [18], Dans le cas oĂč les surfaces sont faĂŻencĂ©es, un certain nombre de fissures se propagent Ă lâintĂ© rieur de lâĂ©prouvette. La coalescence de fissure est aussi obser vĂ©e. Le faĂŻençage dans la partie centrale des Ă©prouvettes (lâĂ©tat de contrainte biaxial) devient progressivement une fissuration plutĂŽt uniaxiale, lĂ oĂč le rapport de contrainte ÏΞΞ et Ïzz devient supĂ©rieure Ă 1 (fig. 7) [18].
Conclusion
Un banc dâessai de fatigue thermique est dĂ©veloppĂ© en utilisant lâinduction comme moyen de chauffage. Les essais de fatigue thermique ont Ă©tĂ© conduits sur lâacier X 38 CrMoV 5 dans un Ă©tat trempĂ©-revenu Ă 47 HRC et un Ă©tat recuit (22 HRC) (para mĂštres intrinsĂšques). Le gradient thermique a Ă©tĂ© modifiĂ© Ă la fois en changeant la gĂ©omĂ©trie dâĂ©prouvette de fatigue ther mique et, aussi, en modifiant la tempĂ©rature maximum de cycle thermique (paramĂštres extrinsĂšques).Il a Ă©tĂ© observĂ© que la surface externe des Ă©prouvettes de fatigue thermique peut se faĂŻencer lorsque lâamplitude de solli citation thermo-mĂ©canique (tempĂ©rature et dĂ©formation mĂ©ca nique) est suffisamment grande. De mĂȘme, selon les conditions de sollicitation thermo-mĂ©canique, lâendommagement peut se manifester par lâĂ©caillage de la couche dâoxyde sans pour autant quâil y ait une fissuration dans lâacier. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que sous la sollicitation thermo-mĂ©canique, lâacier trempĂ©- revenu ne reste pas stable, et sâadoucit. Le degrĂ© de lâadoucis sement, mesurĂ© Ă froid par la duretĂ©, dĂ©pend Ă©galement de lâamplitude de la dĂ©formation mĂ©canique et pas uniquement de la durĂ©e et la tempĂ©rature de lâexposition en tempĂ©rature.
RemerciementsLes auteurs tiennent Ă remercier la sociĂ©tĂ© Aubert et Duval pour lâusinage et les traitements thermiques des Ă©prouvettes de fatigue thermique, M. C. Levaillant, Chef du Centre MatĂ©riaux de lâEcole des Mines pour ses nombreuses contributions et discus sions et MM. G. Bernhart et D. Delagnes de lâEcole des Mines dâAlbi-Carmaux pour la mise Ă disposition de donnĂ©es expĂ©rimen tales. Les auteurs sont reconnaissants Ă lâACRII, Action ConcertĂ©e de Recherche en Forge, tant pour son soutien financier que pour son autorisation de publication de ces travaux.
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